Le cheval de sport belge

MITSUKO SITTE (Exocet du Houssoit x Ogano Sitte), né chez Daniel Boudrenghien 7904 Pipaix, a remporté le championnat de Wallonie de saut en liberté des 3 ans
MITSUKO SITTE (Exocet du Houssoit x Ogano Sitte), né chez Daniel Boudrenghien 7904 Pipaix, a remporté le championnat de Wallonie de saut en liberté des 3 ans
sont les deux maîtres-mots entendus à l’issue de la présentation de chaque concurrent lors du récent concours d’élevage de Ghlin.
En appliquant ce double critère d’éva luation à leur jumenterie et au choix de leurs étalons reproducteurs, les éleveurs s’appuient non seulement sur une génétique de plus en plus incontour nable (le génotype) mais aussi sur les qualités intrinsèques de chaque individu (le phénotype).
Et à cet exercice, les éleveurs SBS, venus en nombre à l’Hippodrome de Wallonie,
se sont montrés sous leur meilleur jour : ils occupent toutes les places d’honneur face à une concurrence de très haute tenue, comme vous le lirez dans notre reportage en pages intérieures. Des résultats de fort bon augure pour les années à venir !
Il n’en reste pas moins que le Studbook SBS doit rester attentif à chaque situa tion particulière : tout éleveur doit pouvoir choisir sa politique d’élevage et définir ses priorités personnelles, sportives ou de loisir. Aucun ne peut être exclu car « Il faut des chevaux pour tous les budgets » comme le souligne
fort à propos une agence de vente. C’est la raison pour laquelle le Studbook SBS a décidé de reconduire une vente de chevaux de sport âgés de 3 et 4 ans lors du prochain « International Selection Show ». Les modalités sont en cours de préparation et la formule proposée devrait répondre aux aspirations des vendeurs et des acheteurs : moins de frais de vente, une communication optimale et un lieu de rencontre idéal, les 4, 5 et 6 mars 2022 à Gesves. Soyez donc attentifs à nos prochains courriers électroniques et surtout, ne manquez pas de réserver la meilleure suite à
• CHEZ NOS ELEVEURS
L’approbation des étalons à la monte publique, le SBS International Selection Show, se déroulera les 4-5-6 mars 2022 à Gesves. Tous les candidats étalons auront reçu préalablement un avis favorable de la Commission vétérinaire inter-facultaire du SBS.
Pensez à prendre rendez-vous ! Les services agréés en Belgique sont les suivants :
• Université de Liège, Clinique Equine Sart-Tilman T. +32 4 366 41 03
• Universiteit Gent, Faculteit Dierge neeskunde, T. +32 9 264 76 18
Par ailleurs, le SBS rend obligatoire pour les candidats étalons les vaccinations contre la grippe équine (Influenza) et la rhinopneumonie (EHV 1-4). En tenant compte des délais entre la primo vacci nation et le rappel, il est temps de faire vacciner les produits que vous comptez présenter !
Règlement et infos sur : https://www.sbsnet.be/ fr/international-selec tion-show-2022-exper tise-officielle-des-etalons
l’appel de cotisation pour 2022 qui vous parviendra dans quelques semaines.
Nous ne pourrions pas terminer cet éditorial sans évoquer avec émotion la mémoire de Madame Nadine Borrenbergen, notre fidèle collaboratrice et amie, qui fut Directrice du Studbook SBS de 1998 à 2011, contribuant ainsi de manière précieuse au développement de notre association. Ses funérailles ont eu lieu le 5 octobre dernier à CourtSaint-Etienne.
Dr Marc Pierson Secrétaire généralLes Ecuries du Houmier : un élevage de tradition p. 2-3
• VU DE FLANDRE
Pieter Vandendorpe, un concentré de bon sens p. 4-5
• CONCOURS D’ELEVAGE
Carton plein à Ghlin ! p. 6-7
• CHEZ NOS ELEVEURS
L’élevage de Virton de la famille Discret p. 8-9
• DRESSAGE
Une SBS championne de France des 6 ans p. 9
• ELEVAGE
Le travail à la longe (III) p. 10
• LE CONSEIL VETERINAIRE
Les pathologies dentaires du jeune cheval p. 11
• The SBS International Selection Show p. 12
Pour arriver chez Philippe Gustin et Sylvie Lemaire, on traverse l’entité de Sprimont (en province de Liège) puis le beau petit village de Florzé, que l’on laisse derrière soi pour emprunter le chemin qui mène à l’Elevage du Houmier. Nous pouvons alors découvrir la vue magnifique de ce site qui s’étend sur 40 hectares de prairies, entourées de bois, où nous avons rencontré un couple d’éleveurs passionnés, fidèles à leur idéal et à leurs convictions. Loin des transferts d’embryons et de l’ICSI, l’élevage se veut ici traditionnel et particulièrement respectueux des poulinières...
C’est le père de Philippe, Alphonse Gustin, qui a choisi le nom de l’élevage, il y a une centaine d’années, inspiré par le nom du bois du Houmier où était situé sa ferme, attenante au château de Florzé. Alphonse travaillait dans les champs avec des chevaux de trait, avant l’arrivée des tracteurs, et a exercé l’activité d’étalonnier dès ses 16 ans. A l’époque, il tournait en effet avec son étalon dans la région, de ferme en ferme, pour saillir les juments. D’abord avec des chevaux de trait puis avec des demi-sang. C’est ainsi qu’il est devenu membre du Studbook SBS en 1944.
« Quand les tracteurs sont arrivés et ont remplacé les chevaux de trait, mon père s’occupait des tournées avec les étalons et réalisait entre 200 et 300 saillies par an, et son frère s’occupait des vaches de la ferme », raconte Philippe Gustin. « Mais mon oncle est décédé accidentellement et j’ai repris la moitié de la ferme en 1976, j’avais 23 ans et un diplôme de garde-forestier.
Je faisais toujours du débardage en forêt avec un cheval de trait, je passais après les abatteurs pour tirer le bois. Mon père m’a donné un bon conseil : investir moins dans les vaches et la ferme et davantage dans les chevaux, et ne jamais dépendre des banques. Aujourd’hui nous avons conservé un troupeau de limousines, indispensables pour le bon entretien des pâtures car les vaches mangent les rejets des chevaux ».
Sylvie Lemaire, née dans le même village, vivait à 500 mètres de la ferme.
Passionnée par l’équitation, c’est là qu’elle apprend à monter dès ses 6 ans.
Philippe et Sylvie se connaissent donc depuis toujours mais c’est bien plus tard, en 1991, qu’ils s’installent ensemble. « A l’époque j’avais une jument SBS de mon beau-père, trop compliquée à monter, URSULAINE DE LA COUR DES CERFS (Magis trat-II x Muskat) et je l’ai mise à l’élevage. Elle nous a donné une dizaine de poulains et c’est grâce à la vente de ces poulains que nous avons pu démarrer notre élevage. Je montais en concours et nous avons décidé d’affiner nos produits, d’aller plus vers les chevaux de sport. La compétition
me stressait, j’ai réalisé que ma place n’était pas en concours et que ma véritable passion est de travailler les chevaux à la maison. Nous avons noué une précieuse collaboration avec la cavalière Fabienne Daigneux-Lange pour qu’elle monte nos produits en jumping (Kreole du Houmier par exemple) et cette collaboration dure depuis 25 ans. Sa carrière a eu le dévelop pement que l’on sait et la majorité de ses poulains naissent chez nous. Entre elle et nous c’est une relation de confiance absolue. Nous faisons également appel à d’autres cavaliers complémentaires ». Chaque vente de poulain a permis au couple d’avancer et d’investir dans de nouvelles installations. Dans la ferme, l’infrastructure était modeste, dotée de 20 boxes et d’une petite piste. En 1997, ils achètent des terrains à proximité et commencent à construire leurs installa tions équestres actuelles, dans lesquelles leur maison est intégrée. Les travaux dureront quatre ans, pendant lesquels l’élevage est un peu mis entre paren thèse. Les Ecuries du Houmier disposent désormais de 60 boxes, de deux grandes pistes (intérieure et extérieure), d’un paddock, d’un marcheur, de stabula tions et de 40 hectares de prairies. Un poney-club anime l’infrastructure, des leçons sont données et des proprié taires mettent ici leurs chevaux en pension.
« Une fois les travaux terminés, en 2001, nous avons repris l’élevage avec plus d’assi duité. Notre but est de dresser nos produits
le mieux possible jusqu’au mètre 25, plus haut c’est un autre métier, il faut des cavaliers supplémentaires, même si nos fils ont sauté jusqu’au mètre 35. Charline Catoul a également beaucoup monté nos chevaux, elle a d’ailleurs été propriétaire d’Hortense du Houmier. Ensemble elles ont fait du 1.40m. Charline prenait nos chevaux au débourrage et les montait en concours (Vegas du Houmier, Diaz du Houmier...).
Philippe a trois enfants et nous avons eu deux fils ensemble, ils montent à cheval mais ne veulent pas en faire leur métier. Ils nous aident beaucoup et participent au quotidien. Une autre rencontre impor tante fut celle de Jean Lambert, homme de cheval passionné par le dressage des jeunes chevaux ».
« Notre philosophie est de bien faire ce que nous savons faire. Le travail de l’ombre nous convient très bien, nous n’aimons pas nous mettre en évidence. Développer un poney-club et des pensions permet de nous diversifier. Si on vend moins bien nos produits une année, on se rattrape sur autre chose. Notre clientèle est familiale. Nous vendons surtout à des personnes qui recherchent des chevaux de loisir. La vente d’un cheval de sport, c’est la cerise sur le gâteau. Philippe a également exercé le métier de maréchalferrant, dès ses 14 ans. »
« Nous formons nos chevaux essentiel lement à l’extérieur, en faisant beaucoup de balades, de trotting et de dénivelé. Le bon moral d’un cheval, c’est la base ! Le travail en piste est nécessaire pour les dresser mais il n’est pas naturel. On respecte la personnalité de chaque cheval, on ne peut pas les mettre tous dans le même moule. Les poulinières restent au pré toute l’année, même en hiver, cela les rend plus résistantes, notamment pour leurs articulations. Un cheval est fait pour courir et pour vivre en liberté, à l’extérieur ! D’autant que nous sommes persuadés que la bonne santé du poulain est transmise en grande partie par sa mère. Si la mère a des soucis, son poulain développe souvent les mêmes soucis de santé. »
Des poulinières de base et un étalon maison
« Nous avons désormais deux cavalières maison, deux jeunes filles qui ont tout appris ici, elles entraînent nos chevaux et les montent en concours, notre fils aîné aussi. En procédant ainsi, nous allons sans doute moins vite et moins haut mais cela nous permet de gérer à notre façon chaque étape de la formation du jeune cheval. Nous restons fidèles à notre idéal et à la ligne de conduite qui nous convient depuis trente ans. Nous vendons nos chevaux entre 6 et 8 ans. On ne fait jamais le cycle classique des 4 ans. On les débourre à 3 ou 4 ans, c’est tard mais ils sont mieux construits, à 4 ans les choses se mettent en place plus facilement, ils apprennent plus vite par après car ils ont un meilleur équilibre. C’est un choix ».
« Nous avons été jusqu’à faire naître entre 5 et 10 poulains chaque année, aujourd’hui nous en produisons maximum 3 par an. Le monde d’argent que devient l’élevage aujourd’hui, la recherche du profit avant tout, ne nous conviennent pas ; nous sommes des artisans, nous ne sommes pas des gens de commerce. Nous avons misé sur le travail des jeunes chevaux et conçu un système qui nous permet d’être autonome et d’obtenir des chevaux bien dressés. Nous avons régulièrement vendu à des cavaliers professionnels de l’étranger : au Brésil, aux USA, en France, au Maroc, en Allemagne, en Suisse... »
Nous sommes allés à la rencontre de Pieter Vandendorpe sur ses terres, au cœur de ce terroir où il s’est installé avec sa famille dans la ferme de ses ancêtres. Nous nous sommes retrouvés dans un des plus beaux villages des Ardennes flamandes pour un entretien avec un jeune agriculteur qui travaille dur pour pérenniser un élevage de chevaux de sport auréolés d’or ! Les visiteurs – nombreux – du petit village de Mullem ont l’impression de se retrouver dans les Cotswolds en Angleterre. Pas seulement à cause des maisons aux façades de couleur ocre. Le paysage y est aussi pour beaucoup, ce bocage vallonné où alternent prairies et terres de culture. Il n’est pas donné à n’importe quel agriculteur de réussir à se maintenir dans un tel biotope. Pieter Vandendorpe nous a convaincus qu’avec une bonne dose de respect pour l’homme et l’animal, mais avec aussi et surtout de la loyauté, c’est parfaitement possible. Le plus remarquable chez notre éleveur est son bon sens qui lui permet d’allier sa passion pour les chevaux à une diversification réaliste de l’agriculture.
Pieter Vandendorpe a repris l’exploi tation agricole de ses parents il y a 5 ans, après avoir abandonné sa première vie de délégué commercial dans le secteur agricole. Le fait d’être un sympathique bavard m’empêche pas notre homme
d’être constamment à l’écoute. « J’avais promis à mes parents de continuer l’exploi tation agricole et j’ai donc tenu parole, sans me mettre le couteau sur la gorge. Je me suis dit que j’allais prendre la vie telle qu’elle se présentait et remplacer selon mes moyens le matériel défectueux. Il n’était pas question de me noyer dans des investissements énormes. »
Pieter Vandendorpe s’est petit à petit constitué un cheptel de Limousines et de Blondes d’Aquitaine. « Des races rustiques, faciles à élever et robustes. Elles nécessitent moins de médicaments et d’antibiotiques.
Les naissances se déroulent facilement et plus naturellement. Ainsi, je peux dormir tranquille. En parallèle, j’ai décidé de développer un élevage de chevaux de sport de qualité. Dans un premier temps, tout ce qui concernait les chevaux n’était qu’un hobby, mais cela m’a permis de rencontrer des gens avec qui je désire continuer à travailler. » Fort de ses expériences, notre jeune éleveur parle avec un immense respect de ceux qui lui ont appris tant de choses dans le domaine équestre. « J’ai mis beaucoup d’obstination et de soin à créer ma propre trajectoire qui s’est concrétisée par le changement de l’affixe “van ’t Neerhof” en “d’Or”. » C’est bien ce que nous écrivions : nous sommes dans un élevage de chevaux auréolés d’or!
« J’ai vu des chevaux à la ferme pendant toute ma vie », nous apprend Pieter lorsque nous tentons d’en savoir plus sur la transmission du virus équestre au sein de la famille Vandendorpe. « Jusqu’à l’arrivée des tracteurs, mon grand-père utilisait des chevaux de trait pour le travail de la terre. Il était très actif dans leur élevage et était étalonnier. Mon père
appréciait moins les chevaux mais il y a toujours eu des poneys à la ferme pour les loisirs. J’ai hérité d’une forme très agressive du virus du mon grand-père et je l’ai laissé se développer. Dans mon for intérieur, j’ai toujours su que je finirais par élever des chevaux de sport de qualité. » Encore fallait-il que l’apprenti-éleveur fasse ses premières armes. Il en aura l’occasion lors de la mise à l’élevage de la ponette GRIET, dont les deux produits ont été enregistrés au Studbook SBS.
La ponette GRIET, aujourd’hui âgée de 31 ans, est le chouchou de la famille Vandendorpe. « Griet est la ponette qui nous a mis en selle et qui nous a éduqués à l’attelage. Enfants, nous ne savions pas que le sang d’Ambriosius et d’Almé coulait dans ses veines via sa lignée paternelle. Mais cela explique certainement pourquoi elle brillait en concours dans les catégories réservées aux poneys. Avec mon camarade Peter De Clercq, elle bouclait les parcours sur 1m20 sans aucun problème. » Mais les talents de Griet ne se limitaient pas au plaisir de enfants. Elle fut l’une des premières partenaires d’un certain Kashmir van Schuttershof. Son produit OEDY VAN ’T NEERHOF obtint le titre de Champion provincial et démarra en national avec Jolien Demeester avant de concourir en CSI3* sous la selle Perry Gerryl. « J’ai donc repris Kashmir comme père pour le deuxième produit de Griet, CHANCE VAN ‘T NEERHOF. Cette jument est actuellement au travail au centre sportif du Bloso à Waregem mais elle revient bientôt à la maison pour ancrer la souche Griet x Kashmir dans mon élevage. »
Dans la famille Vandendorpe, on est chasseur de père en fils. Notre homme ne fait évidemment pas exception à la règle. La jument SYMFONIE VAN DE CENTAUR (Cesar des Fontenis x Nabab de Rêve) est arrivée à Mullem pour aider Pieter à concrétiser ses ambitions.
« C’était mes années folles ! Je voulais absolument m’essayer à la chasse à courre.
Très vite, j’ai dû me rendre à l’évidence : ma place n’était pas en selle mais à pied, sans que le cheval y soit pour quelque chose. Je n’ai tout simplement pas la morphologie pour monter à cheval. »
étaient abordables. Regardez où Emerald en est maintenant ! Idem pour Kashmir van Schuttershof. Mes juments furent ses premières partenaires. Ce fut également le cas pour Cadence van ’t Gelutt. Tous ces étalons avaient en commun d’apporter le sang performant si recherché aujourd’hui. Pour moi, ces choix furent une évidence. J’ai toujours voulu apporter du “jus” à mes juments. »
Pieter Vandendorpe possède une intuition équestre hors du commun. Mais il est également un éleveur à l’écoute et qui va droit au but. Le dialogue entre l’éta lonnier et l’éleveur est d’une importance capitale pour lui, l’ouverture d’esprit et la confiance sont les mots clés. Sa relation avec Daniel et Nicolas Boudren ghien est exemplaire en la matière. « Ma confiance en Daniel Boudrenghien n’est pas uniquement liée à la réussite de la saillie de ma jument WALESA VAN DE DURMSTEDE. Daniel et Nicolas possèdent ce je-nesais-quoi qui inspire confiance et permet à tout un chacun de se sentir à l’aise. Ils excellent à répondre à vos questions avant même que vous les posiez. Leur connais sance de l’élevage est impressionnante. Il
faut néanmoins toujours attendre ce que donnera le poulain. Les juments méritent les bons choix et il en est de même pour les jeunes étalons. Il ne faut pas forcément choisir les étalons à la mode. Regardez Greco Sitte. Même tout jeune, il montrait déjà les qualités liées à sa lignée. Il faut voir et sentir qu’un cheval est “juste”. Pour cela, l’expérience est primordiale et est difficile à décrire en mots ».
« Voilà comment Greco Sitte a fait son entrée dans mon petit élevage. Je l’ai choisi pour WALESA VAN DE DURMSTEDE (p. Palestro vd Begijnakker), la jument sur laquelle je voulais construire mon nouvel élevage performant affecté du suffixe “d’Or”. Ce qui devait être le début d’une belle diversification de mon exploitation agricole s’est transformé en cauchemar. Walesa était une jument solide avec du sang et du chic. Elle m’a donné MISTER SPECIAL D’OR (2018-p. Greco Sitte) mais est malheureusement décédée juste après la naissance, victime d’une grave hémorragie. Son regard juste avant son décès m’accom pagnera toujours. Comme si elle voulait dire : je compte sur toi pour prendre soin de mon poulain. C’est ce que j’ai fait en lui
cherchant une jument adoptive de qualité. Mister Special a 3 ans maintenant et lorsque je l’ai vu sauter pour la première fois, je me suis dit qu’il était né pour ça. »
Tout est dit … Walesa van de Durmstede est une jument inoubliable. « Et j’ai trouvé un ami pour la vie en la personne de son éleveur Karel Morthier. C’est d’ail leurs chez lui que j’ai acquis Emiel d’Or van de Durmstede. Ce produit de Wandor van de Mispelaere hors de Walesa, était doté d’une robe étincelante comme de l’or lorsqu’il galopait au soleil. C’est ainsi que l’affixe “d’Or” a vu le jour. » Emiel a débuté sa carrière sous la selle de Lorenzo di Luca avant de partir pour le Canada où il saute en CSI avec Carly Kist. « Comme un hommage à Walesa », ajoute un Pieter ému. « C’est aussi à Karel Morthier que je dois me relation de confiance avec l’éleveur Johan Torck, chez qui j’ai acquis Querle d’Or van de Gaverstede (p. Wandor van de Mispelaere). Je l’ai également fait saillir par Greco Sitte. » Encore une belle histoire de respect et de loyauté !
Pieter Vandendorpe est conscient de l’importance des éleveurs qui se cachent derrière les chevaux. Son immense respect pour eux lui permet de construire des relations durables. C’est ainsi que la jument JAVA ROUGE (Bleu Blanc Rouge II hors de Dirka de Revel) a fait son entrée dans sa vie. Cette jument appartient à la fameuse lignée Selle Français 7 par Quidam de Revel. Le SBS a enregistré trois produits mâles hors de Java Rouge, tous par Kashmir van Schuttershof, dont FLOBERT VAN ‘T NEERHOF, le plus jeune, né en 2011 chez Pieter Vandendorpe. «Flobert» fait référence aussi bien au cheval du baron de Mullem qu’à son fusil également baptisé «Flobert». Impossible de douter des origines de Flobert van ’t Neerhof lorsqu’on le voit à l’obstacle sur Youtube. Au fil des années, la confiance que notre éleveur a mise dans le légen daire Kashmir van Schuttershof ne s’est jamais démentie, depuis ses années de jeune reproducteur jusqu’au monument qu’il est devenu aujourd’hui.
Photos: Philip Parrein et collection privée Vandendorpe
Mullem est un endroit paradisiaque où les chevaux font partie du décor. Le village est classé : la couleur ocre-doré qui habille les façades typiques des charmantes maisonnettes villageoises – telle la maison du garde forestier sur notre photo – ne peut pas être modifiée. Quant au château, il appartient à la famille de Gerlache de Gomery connue pour les expéditions polaires d’Adrien et Gaston de Gerlache de Gomery. Florence de Potter d’Indoye, éleveuse de chevaux de sport au Haras de la Bastide à Barvaux-Condroz, une parente, témoigne de la tradition équestre de la famille. C’est avec beaucoup d’admiration, de respect et de gratitude que Pieter Vandendorpe nous raconte ceci. Il est l’heureux locataire des prairies qui entourent le château. Un environnement exceptionnel dont il est fier !
Les SBS étaient particulièrement bien représentés au grand concours d’élevage de Ghlin, ces 2 et 3 octobre. Nombreux à se présenter dans les différentes épreuves, ils ont monopolisé les classements et les podiums ! Le public était bien présent et une belle ambiance régnait dans l’Hippodrome de Wallonie. Encore une édition réussie pour l’AHECS qui organisait ici son 20ème concours d’élevage.
Dans la catégorie réservée aux poulains et pouliches de deux ans, NOTRE CHANCE DU VERT PIGNON (Juke de l’Epinette x Ugano Sitte), née chez Mathilde van Quickelberghe à Honnelles et propriété d’Océane Defoirt, réunit beaucoup de qualités. Sérieuse dans le modèle et très appliquée au travail, la grise a montré de beaux atouts dans l’ensemble de l’atelier de saut en liberté. Attentive, équilibrée, elle décompose parfai tement ses sauts. Elle obtient 18/17/17 pour la technique et 18/17/16 pour les moyens, ce qui lui vaut une belle 2ème place. Son frère Krak du Vert Pignon (Greco Sitte x Ugano Sitte) fut champion des foals à Ghlin en 2018.
Deuxième classée, la SBS NUTS T.I. DE L’EPINETTE (Greco Sitte x Lord Calando) nous vient de France. Isabelle Thery de Bellancourt (80) en est la naisseuse et toujours la propriétaire. C’est une fille de Greco Sitte et d’une mère par Lord Calando/Thurin. Faite dans le sang, la baie montre beaucoup d’élasticité et de respect Avec 17/16.5/17 pour la technique et 17.5/16.5/17 pour les moyens, elle figure provisoirement sur troisième marche du podium. Elle finira à la 4ème place du général.
NUROFEN D’ALPHI (Dayton Sitte x Ugano Sitte) est une des représentantes de l’élevage du même nom à Marche-enFamenne chez Philippe Evrard et Anne-Laurence Grevisse. Elle obtient une belle 6ème place. D’un type moderne, NUROFEN frappe le sol à la battue avec beaucoup de conviction et utilise parfaitement son dos. Sa bascule est remarquable et elle répète ses sauts de manière très régulière. Pour la technique, elle obtient 18/16.5/16 et 17/17/15.5 pour les moyens.
Toujours dans le « Top Ten », NOWTAXE DU SEIGNEUR (Hortaxe du Seigneur x Aganix du Seigneur). La protégée de Marc Van Langendonck (Elevage du Seigneur à Honnelles) est une fille de l’étalon-maison Hortaxe du Seigneur et d’une jument par Calato. Nowtaxe est la sœur utérine de Just Boy du Seigneur (Boyfriend du Seigneur) et d’Inoui du Seigneur (Jenson vh Meulenhof). Issue d’une souche très labellisée obstacle, elle a montré d’excellentes dispositions : passage de dos et réactivité entre autres.
A l’issue du concours, le juge Carlos Pinto nous livrait ses impressions : « Pour des 2 ans, ces chevaux présentent très bien, ils sautent facilement. D’habitude à cet âge les chevaux sont fort impressionnés, ici on voit qu’ils sont déjà rôdés. Aujourd’hui les épreuves d’obstacle sont beaucoup plus techniques qu’avant, je trouve important de juger la technique d’un cheval dès ses 2 ans, sa technique sera très importante dans le sport de haut niveau. » Pour Luc Tilleman, juge également, « ce concours est très bien organisé, on n’a pas eu beaucoup de problèmes avec les candidats, il y a eu peu de refus et très peu de barres sont tombées. Les chevaux étaient bons mais on souhaiterait davantage de cas extraordinaires ».
A la deuxième place avec 88.75%, MAKAO DES HAUTS MONCEAUX (Hortaxe du Seigneur x Vulcain du SaintHomme), copropriété d’Olivier Desutter, Marie Dive et Julie Deneckere, une pouliche grise avec de l’étendue et du sang qui fait preuve de beaucoup de réactivité à l’obstacle. Les moyens ne manquent pas et devraient lui valoir une intéres sante carrière sportive : T (18/18/18) et M (17.5/18/17).
Troisième place du podium des trois ans pour MOI JE SUIS LA RIVEREUILLE (Eternity du Seigneur x Corland), un élevage du même nom que l’on retrouve à la 5ème place avec MAIS C’EST CA RIVEREUILLE (Cornet’s Prinz x Canadian River) : T(15/18/17.5) M (17/18.5/18.5). Belle récompense que ce doublé dans le Top Ten pour le travail persévérant de Viviane Beernaert, installée à Estinnes, fidèle membre effectif et bénévole du Studbook SBS depuis de longues années.
On retrouve aux honneurs dans les 10 premiers MIAMI PYC (Greco Sitte x Ugano Sitte), compagnon d’écurie de MADEMOISELLE PYC (Fidelgo du Houssoit x Karioka del Follée), nés tous deux chez Pierre-Yves Crombé à Maffle. MAESTRO DE VERCOURT (Bisquet Balou vd Mispelaere x Carthago), co-naisseurs Perrine Delcourt et Julien Vercruysse, MY WAY TO MB D’EEL (Elite de l’Herse x Castronom Z), un produit signé Vandekerckhove -Boxstael à Ronse et MORPHINE D’ALPHI (I’m Special de Muze x Landor S), présentée par Philippe Evrard de Marche-en Famenne, complètent le palmarès des dix meilleurs de cette magnifique épreuve.
Le Studbook SBS peut être fier de cette très impression nante délégation au Championnat de Wallonie 2021 : nos futurs ambassadeurs sportifs sont en place et notre génétique confirme !
Venons-en aux trois ans. Là aussi, le SBS truste les lauriers avec non moins de 9 représentants classés parmi les 10 premiers ! La victoire revient à MISTSUKO SITTE (Exocet du Houssoit x Ogano Sitte), une sérieuse pouliche grise signée Horse Of Belgium qui d’emblée, sur les cavalettis, montre son application et son sens de la barre. Au fur et à mesure de l’atelier de saut, elle impressionne par son calme et progressivement, par ses moyens. Les juges ont apprécié cette pouliche très complète en lui octroyant la victoire : T (16.5/19/19) M (17/19/18.5) soit un score qui deviendra intouchable de 90.83% !
Chez les foals en option Dressage, l’élevage de Rivereuille est récompensé par une belle victoire de PREMIER REGARD SUR RIVEREUILLE, à la belle robe noire, un fils de First Step Valentin et d’une mère de Don Juan de Hus. Notons qu’à l’heure où paraissent ces lignes, First Step Valentin est devenu vice-champion de Belgique 2021 de la discipline du dressage sous la selle de Larissa Pauluis : une belle filiation !
PALO ALTO DE LA COMOGNE (So Unique x Sandro Hit), né chez Chris de Cooman à Focant, occupe la troisième place et PHOENIX DE LA BONNE ÉTOILE (Kheops d’Hathor x Quidam de Revel) la cinquième pour le compte de l’écurie Deuwel à Vieux-Condé (FR).
Catégorie nombreuse et toujours fort attendue le dimanche, la nouvelle cuvée de pouliches et poulains né(e)s en 2021 s’avère de belle qualité. Après le long examen d’une centaine de candidats (il faudra sans doute les répartir en différentes catégories dans le futur), 19 d’entre eux se retrouvent pour la finale devant un double jury. Membre du jury, Thierry Morrier venait de France pour s’intéresser aux éleveurs belges : « Il y avait une grande diversité dans cette sélection, de très bons foals et de moins bons, c’est cette diversité qui est intéressante ».
A la suite de cette deuxième présentation, PACTOLE MGC DE LEUZE (Grandorado TN x Darco), présenté par Marie-Guy Chanoine à Grandmetz, un important mâle bai qui se déplace avec force, remporte le titre convoité de Champion de Wallonie 2021. Il précède PALISCO DU PRE DES SAULES (Cartaro 2 x Greco Sitte), deuxième, un produit de l’élevage de Julie Destrebecq à Minvault et PENELOPE BIOLLEY (Chacoon Blue x Converter), troisième, née chez Brigitte de Biolley à Beerlaar et acquise par l’espagnol Pedro Mateos.
Complètent le tableau SBS parmi les dix premiers : PATTON DE LA TOURNEE DU MOULIN (Jobolensky Sitte x Alcatraz), 5ème ; PROMESSE DE CANTRAINE (Jobolensky Sitte x Calvaro), 6ème ; PYPER DES PRÉS HD (Jobolensky Sitte
Légende des photographies
x Cupido), 7ème ; et PASSE PARTOUT RIVEREUILLE (Armison x Querelle), 9ème. Ils sont nés respectivement chez Julien Léonard à Houffalize, Sarah Cougneau à Erquennes, Jessica Haussy à Dour et Viviane Beernaert à Estinnes : des éleveurs motivés et toujours à la recherche de qualité. Nous ne pouvons que les en féliciter !
C. Rasir & M. Pierson
Tous les résultats sur : https://www.sbsnet.be/sites/default/files/ resultat-ghlin-2021.pdf
A Le champion de Wallonie de saut en liberté des 2 ans : JENEPI STE HERMELLE (SF, Qlassic Bois Margot x Iron Man vd Padenborre)
B La championne de Wallonie de saut en liberté des 3 ans : MITSUKO SITTE (SBS, Exocet du Houssoit x Ogano Sitte), née chez Nicolas Boudrenghien à Pipaix
C Le champion de Wallonie des foals option Dressage : PREMIER REGARD SUR RIVEREUILLE (SBS, First Step Valentin x Don Juan de Hus), né chez Viviane Beernaert à Estinnes
D Le champion de Wallonie des foals option Obstacle : PACTOLE M-G C LEUZE (SBS, Grandorado Tn x Darco) et à gauche, son éleveuse Marie-Guy Chanoine à Grandmetz
1) La vice-championne de Wallonie de saut en liberté des 2 ans : NOTRE CHANCE DU VERT PIGNON (SBS, Juke de l’Epinette x Ugano Sitte), née chez Mathilde Van Quickelberghe à Soignies, présentée par sa propriétaire Océane Defoirdt 2) NUTS T.I. DE L’EPINETTE (SBS, Greco Sitte x Lord Calendo), né chez Isabelle Thery à Bellancourt (FR), 4ème du championnat de Wallonie de saut en liberté des 2 ans
3) NUROFEN D’ALPHI (SBS, Dayton Sitte x Ugano Sitte), né chez Philippe Evrard à Marche-en-Famenne, 6ème du championnat de Wallonie de saut en liberté des 2 ans
4) NOWTAXE DU SEIGNEUR (SBS, Hortaxe du Seigneur x Aganix du Seigneur), né chez Marc Vanlangendonck à Honnelles, 7ème du championnat de Wallonie de saut en liberté des 2 ans
5) MAKAO DES HAUTS MONCEAUX (SBS, Hortaxe du Seigneur x Vulcain du Saint Homme), vice-champion de Wallonie de saut en liberté des 3 ans
6) MAKAO DES HAUTS MONCEAUX présenté par Marie Dive, une de ses copropriétaires félicitée par Marcel Poulain, président du SBS
7) MOI JE SUIS LA RIVEREUILLE (SBS, Eternity du Seigneur x Corland) et son éleveuse Viviane Beernaert (Estinnes), 3ème du championnat de saut en liberté des 3 ans, et Marcel Poulain
8) MIAMI PYC (SBS, Greco Sitte x Ugano Sitte), né chez Pierre-Yves Crombé à Maffe, se classe 5ème du championnat de Wallonie de saut en liberté des 3 ans
9) MY WAY TO MB D’EEL (SBS, Bisquet Balou vd Mispelaere x Carthago), né chez Lee Vandekerckhove et Mathieu Boxstael à Ladeuze, 8ème du saut en liberté des 3 ans
10) PALO ALTO DE LA COMOGNE (SBS, So Unique x Sandro Hit), né chez Christiane De Cooman à Focant et présenté par Maxime Henry, 3ème du championnat des foals option Dressage
11) Le 1er champion de réserve des foals option Obstacle : PALISCO DU PRE DES SAULES (SBS, Cartaro 2 x Greco Sitte) et à droite, son éleveuse Julie Destrebecq à Mainvault
12) La 2ème championne de réserve des foals option Obstacle : PENELOPE BIOLLEY (SBS, Chacoon Blue x Converter), née chez Brigitte de Biolley à Beerlaar, présentée par son propriétaire Pedro Mateos
Marc Discret et Françoise Hanus élevaient d’abord des chevaux en amateurs mais Marc, fraîchement diplômé docteur vétérinaire de Cureghem en 1987, accompagné de son épouse Françoise, s’est lancé dans l’élevage de chevaux de manière plus professionnelle en France, dans le petit village lorrain de Rupt-sur-Othain, à 25 km de Virton.
Avec l’achat de quelques bonnes souches, les Discret créent une jumenterie sur de solides bases belgofrançaises. Parmi les premiers achats, on trouve Meadow de l’Othain qui, croisée avec Andiamo, produira Pablo de Virton, phénoménal gagnant international : un cheval avec du tempérament mais avec des résultats exceptionnels. Suivront Image de Madon et Diane du Chauffour, toutes deux croisées avec Nidor Platière puis avec Kashmir van Schuttershof. Les produits de l’élevage vont se succéder et accumuler les performances : Hotess de Rosières, Jiva de l’Othain, Vestal de l’ Othain , Ramses de Virton, Silver 2 de Virton, Psyché de Virton, …
Le magazine du Studbook Selle Français fera un reportage chez les Discret en 2015 et titrera : « De Virton, le plus français des élevages belges » : les Discret ont toujours gardé un pied en France et un pied en Belgique. Virton, capitale de la Gaume, est et restera belge et ce pour longtemps encore ! L’intérêt des Discret pour les compéti tions françaises a toujours été doublé du même intérêt pour Libramont, un ville distante d’à peine 60 kilomètres de Virton, pour les compétitions belges du Cycle classique et pour notre studbook SBS.
En 1991, les circonstances de la vie poussent la famille Discret à revenir à Virton où Marc s’installe, prenant la succession d’un papa Discret déjà vétérinaire.
La famille Discret, c’est comme un pâté gaumais : cela se déguste lentement, sans stress et accompagné d’un Orval local.
Marc, chaque matin, secoue sa tignasse blanche, met en place son oreillette pour répondre au téléphone et enfile sa salopette pour partir au boulot tandis que Françoise assure l’intendance, l’admi nistration et la promotion de l’élevage de Virton, notamment en assurant sa visibilité constante sur Facebook. Ce qui permet de suivre les naissances des poulains, l’agneau orphelin nourri au biberon dans le salon de Françoise, les deux chiens qui accompagnent Marc dans sa tournée en 4x4, l’évolution des foals, yearlings et 2 ans produits par l’élevage… Bref, on se sent partie intégrante de l’élevage de Virton.
Françoise a elle-même de belles origines d’éleveuse puisque son père fut en son temps propriétaire de l’étalon admis Royalmé. Marc, lui, assume avec compétence son job de veto : c’est un
job de tous les instants, volant tout son temps : il se réveille cheval, il vit cheval, pense cheval, rêve cheval, cauchemarde cheval, pleure cheval et parfois, il rit cheval…
Chez les Discret, on se retrouve dans la ruralité, pas dans le clinquant : Marc est un véto rural qui fleure bon le terroir, il est généraliste et le revendique ! Il soigne des boivins et son cabinet petits animaux fonctionne avec efficacité mais sans tape à l’œil. Sa passion des chevaux, il la vit en se spécialisant en gynécologie équine et en assurant le suivi échographique et l’insémination en semence congelée pour ses clients habituels. En saison de monte, les journées sont trop courtes car les échographies se suivent à un rythme effréné...
Les installations équestres sont situées sur deux zones : l’une avec une carrière
pour les jeunes chevaux au travail, et l’autre plus destinée à l’élevage dans le village de Saint-Mard : les Discret y ont acquis progressivement des prairies sur les hauteurs et autour du village. Ces prairies entourées de haies à l’ancienne permettent de garder à l’herbe les poulinières et leurs foals une bonne partie de l’année. Pour conserver une qualité suffisante de l’herbage, Marc élève aussi une centaine de moutons qui mangent les refus des chevaux et qui assurent l’ambiance en période d’abattage ou de Ramadan : Marc promotionne aussi le mouton ardennais roux !
Kashmir van Schuttershof
Dans les années 90, les gagnants sortent de chez Marc comme les petits pains du four du boulanger ! Ce visionnaire tombe
amoureux de Kashmir van Schuttershof âgé de seulement 4 ans, qu’il croise avec ses meilleures juments. En 1999, il fait naître quatre Kashmir : Lune, Luron, Lipton et Willy, tous gagnants internationaux. Ses deux meilleurs produits de Kashmir sont SILVER DEUX DE VIRTON par Vestal de l’Othain, grand gagnant international sous la selle de Kevin Staut, et bien sûr TRESOR DE VIRTON par Lys de l’Othain, Trésor étant étalon agréé au Selle Français en 2012 et devenu le nouvel étalon fétiche de Marc.
En 2016, Marc s’associe à Jan Sterckx pour défendre les couleurs de Gauguin de Bellerose, un fils de Trésor par Ramona van’t Schuttershof, une jument SBS Recommandée Obstacle, par Chatman. Gauguin fera le cycle jusqu’à 6 ans, sera agréé au SBS et restera disponible en sperme frais chez Marc.
En 2018, Marc Discret décide de promouvoir son nouvel étalon fétiche, Rotchild du Bosquetiau, disponible seulement en sperme congelé. Cet étalon fut cheval de l’année SBS en 2010. Sa production, quoique confidentielle, est prometteuse et Marc a déjà élevé quatre produits, tous inscrits au SBS. Le seul mâle, appelé NEW LOOK DE VIRTON, est né en 2019, issu du croisement de Rotchild et de Grande Dame de Bellerose, une fille de Trésor de Virton par Aloha du Clair de Lune. Marc y croit tellement qu’il a recroisé Grande Dame avec Rotchild et a obtenu ONDINE DE VIRTON en 2020 et PRALINE DE VIRTON en 2021. Jan Sterkx semble approuver les choix de Marc puisqu‘ il a fait naitre en 2021 un petit mâle nommé PALADIN DE BELLEROSE & VIRTON (Rotchild x Jazzy de Virton par Silver Deux de Virton).
Mais quel est le secret de la réussite de Marc Discret ? L’intéressé explique : « J’apprécie particulièrement les labels RO et RO+ du SBS car les petits éleveurs n’ont pas toujours les moyens de mettre en valeur chaque produit de leur élevage à cause du coût ! Un bon poulain vaut 5000 euros à la naissance mais coûte ensuite minimum 2000 euros par an : six mois de prairie à 100 euros par mois et 6 mois de stabulation à 200 euros par mois, soit 1800 euros auxquels il faut rajouter les vaccins, les vermifuges, le maréchal-ferrant… Si je mets un 3 ans en route, il me coûte déjà 10.000 euros avant tout travail ! »
« Alors pour éviter de me tromper, je teste mes poulains en saut en liberté et j’élimine impitoyablement ceux qui ne montrent pas les qualités souhaitées : sur 10-12 poulains produits chaque année, je castre en moyenne 4 mâles sur 5 car seul le meilleur vaut la peine d’être gardé entier.
J’élève ensuite ce 2 ans entier en prairie au milieu des hongres du même âge afin de préserver ses relations sociales et d’éviter qu’il ne s’échauffe trop tôt. »
« Bref, après des choix réussis de bonnes souches de juments, j’ai essayé de ne pas me tromper en choisissant de jeunes étalons prometteurs en qui je croyais comme Kashmir van Schuttershof qui a prouvé ensuite ses qualités durant sa carrière sportive. Rotchild du Bosquetiau est plus âgé et moins connu mais il a eu une carrière fantastique : ce cheval plus dans le sang et plus dans le sport, amène de réelles qualités dans ma jumenterie. Enfin, je mets beaucoup d’espoir dans New Look de Virton, un 2 ans qui cumule les qualités des élevages de Virton, de Bellerose et du Bosquetiau : un condensé belge de chevaux tous purs SBS, issus des meilleurs élevages luxembourgeois, anversois et hennuyers ! »
Lors de la Grande semaine de Dressage de Fontainebleau, en septembre 2021, la finale des 6 ans a vu la victoire de JIN-XIN DU MONTROYER (Belantis x Weltmeyer, par Minelli du Montroyer), une SBS née chez Catherine et Lionel Guenin à Villars-Montroyer, en France (Haute-Marne). Confiée à Victor Brua, la baie brune a montré de belles aptitudes, cotée à 84,2% par le jury. Présent à Fontainebleau, Lionel Guenin, propriétaire de l’élevage du Montroyer, a expliqué les débuts de sa jument, pour qui tout n’était pas gagné d’avance...
«Aujourd’hui, j’ai trouvé la jument très fatiguée : des défauts au trot, les changements de pied au galop qui ne passaient pas, c’étaient des preuves de fatigue car le premier jour elle les a réussis », répond l’éleveur au micro de GrandPrix. « Il faut savoir qu’il s’agit d’une jument très anxieuse, on a tout un processus car elle monte vite dans le stress dès qu’elle est à l’effort. On a résolu plusieurs problèmes au cours de l’année. Très jeune elle nous a fait une colique grave, on l’a sauvée grâce à l’ingéniosité du Dr Patrick Collard qui a pensé à une infection de l’estomac et c’était ça. Et depuis on n’avait pas vraiment résolu tous les problèmes. Elle avait des problèmes d’ovulation. Après on a changé son alimentation en cours de saison, ce qui a fait qu’elle a énormément progressé ces derniers mois. Pour moi elle n’était pas encore vraiment prête pour gagner les 6 ans cette année, elle était encore juste, j’étais plus dans l’objectif des 7 ans. Dès qu’elle a eu 3 ans, c’était une très grande jument qui manquait de force, il fallait attendre. Son père Belantis lui a donné un dos assez long, assez difficile à travailler. Par contre elle a des jambes en béton, elle avait de bonnes dispositions morpholo giques. Elle avait plus l’orientation d’un cheval d’élevage qu’un cheval de sport (...) C’est sur les conseils du Dr Collard que j’ai choisi Belantis qui était un jeune étalon, premier au championnat d’Allemagne en 4 ans. On a continué, on a eu trois poulains très prometteurs de cet étalon. »
nières depuis 30 ans, on croise, c’est un aboutissement. La réussite c’est qu’avec Victor Brua, j’ai enfin trouvé un cavalier qui a l’humilité, la simplicité, l’intelligence et le travail. Dans le monde du cheval il n’y a pas beaucoup de gens besogneux et acharnés. Nous, nous sommes des éleveurs, nous sommes derrière, c’est un ensemble. Ce qui est génial c’est que l’on était tous les deux un peu dans une impasse : moi j’avais des Ferrari que je ne savais pas monter, et lui n’avait plus de Ferrari. Maintenant il a la Ferrari, il a gagné avec la Ferrari, nous allons envisager les 7 ans et plus. Ensuite je pense qu’il en aura d’autres, d’autres éleveurs vont lui faire confiance, il va enfin s’épanouir dans sa passion »...
Lionel Guenin poursuit : « Le titre de championne de France, c’est une finalité, il faut le reconnaître. Depuis 15 ans, détrôner le Haras de Hus était quasiment impossible. On élève des juments pouli
Une histoire de confiance entre l’éleveur et le cavalier, et l’aboutissement de plusieurs années de travail... Lionel Guenin inscrit tous ses produits au SBS. JIN-XIN DU MONTROYER est toujours propriété de son éleveur qui a fait naître deux frères de Jin-Xin : KANDINSKY DU MONTROYER, 7ème des 5 ans à Fontainebleau, vendu en juin 2021, et ORLOSWKI DU MONTROYER, né en 2020, dont le cavalier Victor Brua est proprié taire et qui sera, à terme, à vendre lui aussi.
« Nous avons gagné le championnat des 6 ans avec une Ferrari »
Lors des deux éditions précédentes de notre journal, nous avons passé en revue les prérequis nécessaires à un bon travail du cheval à la longe et je vous invite à relire ces articles avant d’entamer ce qui suit.
stade où nous sommes arrivés à l’issue du dernier article, le cheval est capable de tourner sur un cercle parfait aux deux mains en étant parfaitement connecté, c’est-à-dire que le rythme de ses allures doit être soutenu et régulier, et que la tension de la longe doit être exactement la même dans tous les secteurs du cercle ; jamais la longe ne doit se détendre.
Au
Si vous arrivez à atteindre cet objectif, bravo, vous vous êtes bien appliqué mais ne croyez pas que tous vos objectifs sont atteints, ni que vous êtes occupé à travailler votre cheval. Vous avez juste posé les bases et le vrai travail va seulement commencer avec les exercices qui suivent. C’est maintenant que vous allez commencer à développer la musculature et la souplesse de votre cheval et à le transformer. Si votre travail est juste, vous allez vous régaler en constatant l’évolution de votre élève...
C’est ce que j’appelle « l’exercice du carré ». Dans une piste pas trop petite, on met le cheval en cercle (environ 4m de rayon). Après deux tours, on marche parallè lement au cheval qui doit se déplacer sur une ligne droite EN GARDANT LA LONGE TENDUE pendant 15 à 20 m. Au bout de cette ligne droite, on reprend un cercle de 4m de rayon et on continue l’exercice comme décrit dans le schéma qui suit.
Quand votre couple sera bien rôdé, vous pourrez pratiquer « l’exercice du carré » au milieu d’un champ de 20 hectares ! Mais au début, choisissez un terrain pas trop grand et contentez-vous de peu. Ne vous fâchez jamais et ne soyez jamais brutal car un autre de vos objectifs est de rester toujours AMI avec votre cheval qui doit être heureux de travailler avec vous. Et dites-vous bien que lorsque cela ne fonctionne pas comme vous le voudriez, ce n’est jamais de la faute du cheval... mais TOUJOURS de la vôtre !
C’est un exercice très bénéfique pour le renforcement de la sangle abdominale du cheval ainsi que pour l’engagement du postérieur intérieur. Cet exercice fait fonctionner les mêmes organes locomoteurs que le travail des deux pistes pratiqué sous la selle par les bons dresseurs (épaule en dedans, appuyer, pas de côté, ...).
Les bons cavaliers pratiquent très fréquemment cet exercice sous la selle car c’est celui qui permet le mieux de développer les muscles du PSOAS.
Comme toujours, il ne faut pas être trop exigeant sur la sévérité de l’exercice au début et ne pas le faire durer trop longtemps ; au fil des séances, on augmente la rigueur en demandant un cercle de plus en plus petit.
En pratique, on met le cheval sur un cercle parfait de 15m de diamètre au trot, puis on diminue PROGRES SIVEMENT le diamètre EN CONSERVANT L’IMPULSION, c’est-à-dire le même RYHME et la même VITESSE DE JARRET.
Après deux ou trois tours, on desserre le doigts sur la longe en augmentant l’impulsion et le cheval agrandit progressivement le cercle jusqu’à reprendre son cercle initial de 15 mètres.
Dans l’idéal, le contact avec la bouche doit toujours être identique et évidemment, la longe ne doit jamais se détendre. Cet exercice est aussi très efficace pour rompre les résistances du postérieur inférieur.
En routinant votre cheval dans l’exercice 2, vous avez préparé les bases nécessaires pour aborder celui-ci. C’est l’équivalent à pied de l’extraordinaire figure de dressage monté que l’on appelle « L’EPAULE EN DEDANS ». Un livre complet lui a été consacré à la fin du 19ème siècle sous le nom « L’épaule en dedans, secret de l’art équestre ». C’est dire son importance...
Pour le réaliser à la longe, on met le cheval sur un très petit cercle de 4 à 5m de diamètre, au trot et avec assez de rythme ; ensuite, on augmente le contact avec la bouche du cheval et on mobilise la hanche avec la chambrière et les aides propulsives. La hanche sort alors du cercle et le postérieur intérieur s’engage très fort sous la masse.
C’est l’exercice par excellence pour connecter un cheval et c’est l’examen suprême pour vérifier où vous en êtes dans l’évolution de vos travaux. Il donne énormément de discipline et de régularité à vos chevaux. L’allure idéale pour cet exercice est le TROT car il induit une très bonne IMPULSION. Au début, il faut se contenter d’un circuit ; plus tard, on peut en enchaîner deux ou trois, puis laisser le cheval se détendre au pas afin de respirer. Evidemment, il faut travailler EXACTEMENT le même temps à main gauche et à main droite. Petit à petit, vous allez constater que votre cheval descend sa nuque et tend le bout de son nez vers l’avant : encouragez-le et récompensez-le car c’est le principal objectif que vous poursuivez. A la longe comme sous la selle, lorsque votre cheval est capable de se déplacer aux trois allures dans une attitude RELÂCHÉE et VERS LE BAS, ses postérieurs passent mieux sous sa masse, il développe ses muscles abdominaux et son dos s’arrondit (élongation du ligament supra-épineux). C’est là tout le secret du travail de formation d’un cheval de sport. C’est même LA condition indispensable.
Lorsque vous élevez un très bon cheval, la nature vous a offert un trésor. Tout l’art du travail consiste à ne pas détruire ce trésor ! Si le cheval ne travaille pas quotidiennement dans une attitude basse, longue et relâchée, vous entamez une destruction qui s’accumule jour après jour. Un travail juste doit respecter la BIOME CANIQUE du cheval afin que ses articulations et son appareil locomoteur ne s’abîment pas.
Au cours de ce mouvement, on passe constamment d’un pli faible du corps du cheval à un pli beaucoup plus important. Lorsqu’on a bien réussi l’exercice quatre à cinq fois à chaque main, il faut cesser et récompenser, ou passer à autre chose.
Pour que l’exercice soit parfait, il faut que le cheval rester constamment « sur ses quatre pieds », c’està-dire qu’il ne charge pas un latéral plus que l’autre ; autrement dit, qu’il ne penche pas son corps vers l’inté rieur ou vers l’extérieur du cercle. Pour apprécier cette qualité, vous allez développer votre « troisième œil », celui qui observe ce que les autres ne voient pas. Si vous ne le possédez pas dans tout ce que vous faites avec les chevaux, les choses sont mal engagées...
Au début, il faut se contenter de deux ou trois pas bien réalisés et immédiatement diminuer la pression car cet exercice est très dur pour le physique mais aussi le mental du cheval. Mais s’il est bien réalisé, il trans forme votre élève. Comme dans les exercices précé dents, le RYTHME doit rester le même tout au long de l’exercice.
Ici encore, cet exercice est bien connu des bons cavaliers qui le pratiquent sous la selle. C’est l’exercice préféré du crack allemand MARCO KUTSCHER. Tous les cavaliers formateurs de jeunes chevaux devraient le pratiquer chaque jour.
A première vue, cet exercice paraît ultra simple et beaucoup vous diront que tout le monde sait le faire ; mais lorsque vous leur demanderez de le réaliser devant vous, vous aurez bien des surprises.
Partez du trot et demandez le départ au galop, sur un cercle de 15 mètres de diamètre environ. Après un tour au galop, passez au trot durant un tour et redemandez le galop, ainsi de suite. Lorsque vous réaliserez facilement cet exercice, devenez plus exigeant en demandant un demi-tour de galop suivi d’un demi-tour de trot.
Cet exercice développe la CONCENTRATION du cheval et vous constaterez rapidement qu’il va obéir de plus en plus vite à votre signal de départ au galop. Au fil des jours, il améliore considérablement la qualité de l’équi libre de son galop car l’exercice lui demande de mettre rapidement ses postérieurs sous sa masse pour partir au galop par « PRISE D’EQUILIBRE ».
Dans le prochain épisode, nous aborderons les exercices de saut d’obstacles à la longe. Bon travail à tous en attendant !
Daniel BoudrenghienDans un article précédent, le développement des dents et l’usure de celles-ci au cours de la vie du cheval nous avait conduit à déterminer trois catégories d’âge. Chacune d’entre elles était liée à une conformation et à des particularités propres de la dentition. Ainsi, on peut distinguer la première catégorie, le jeune cheval, de 0 à 5 ans ; ensuite l’adulte de 5 à 17 ans et enfin le senior après 17 ans. En effet, les pathologies dentaires gériatriques s’observent déjà à partir de 17 ans chez les chevaux. Nous allons ici nous intéresser à la première catégorie d’âge et à ses pathologies spécifiques.
Les pathologies du jeune cheval sont liées au désordre du développement et de l’éruption des dents ainsi qu’aux anomalies du développement crânio facial. Dans les anomalies du dévelop pement crâniofaciale, la plus fréquente est la brachygnathie (mâchoire inférieure plus courte), la prognathie (mâchoire supérieure plus courte) est elle plus rare. La plus impressionnante reste sans aucun doute le Wry Nose ou campy lorrhinis lateralis qui consiste en une déviation de la mâchoire inférieure par rapport à la supérieure. Le diagnostic de toutes ces pathologies est facile à réaliser en levant les lèvres du poulain et en observant. Elles peuvent donc être détectées et prises en charge de façon précoce. Leur traitement reste chirur gical.
Les désordres du développement dentaire constituent un autre groupe de pathologies qui affecte régulièrement les jeunes chevaux. On y distingue les dents surnuméraires. Elles affectent tout type de dent allant des incisives en passant par les canines, les prémolaires et les molaires. Ces dents surnuméraires dans la majorité des cas entrainent un déplacement et une position incor recte des autres dents voisines créant alors un espace entre elles (diastèmes) dans lequel les aliments vont s’accu muler, provoquant de la gingivite puis de la périodontite. C’est une situation très inconfortable pour le cheval qui en souffre. Cette situation, si elle n’est pas prise en charge, peut aboutir à une extraction de la ou des dents impliquées.
Un autre désordre du développement dentaire est la dysplasie et consiste en une anomalie structurelle de la dent elle-même, soit au niveau de la pulpe (nombre de chambres pulpaires anormale), soit au niveau de la compo sition des éléments constituant la dent (émail, dentine, cément). Ce type d’ano malie entraine souvent des problèmes apicaux qui se soldent par une extraction.
La rétention des dents déciduales (dents de lait) est un autre désordre du développement qui lui aussi peut être lourd de conséquences. La persis tance de dents de lait peut entrainer des défauts de positionnement des dents définitives au moment de leur éruption. Elle peut également empêcher l’éruption correcte de la dent définitive. Certaines dents définitives sont alors impactées et une réaction de l’os de la mâchoire ou du chanfrein peut apparaître. Ce sont les kystes d’éruption, bumps en anglais. Ceux-ci peuvent être accompagnés d’un écoulement lorsque la dent impliquée est impactée verticalement.
La dernière pathologie qui fait partie des désordres du développement et que nous aborderons dans cet article est le déplacement des dents au moment de l’éruption. Les incisives et les mâche lières (prémolaires et molaires) sont surtout concernées. Elles peuvent être déplacées par manque de place si une dent surnuméraire est présente mais elles peuvent également être le siège d’un défaut de positionnement lors de leur éruption. Les dents entreprises dans ces deux phénomènes pathologiques peuvent être le siège d’excroissance sur la surface occlusale car elles sont le siège d’une usure tout à fait anormale. Elles sont aussi souvent impliquées dans la formation de diastèmes (espace entre les dents) qui doivent alors être nettoyés ainsi que les poches parodontales qui les accompagnent, élargis mécani quement et traités à l’aide de techniques permettant la cicatrisation de la gencive qui est enflammée. Les excroissances peuvent être éliminées à l’aide de matériel électrique.
En conclusion, le nombre de patho logies liées au jeune âge du cheval nécessite d’une part un diagnostic précoce et d’autre part une prise en charge rapide car la majorité de ces problèmes dentaires, s’ils sont traités de façon adéquate, peuvent rentrer dans l’ordre et ne plus être préjudiciables pour le reste de la carrière du cheval. Un examen visuel dans les six premiers mois de vie du poulain devrait donc être envisagé pour pouvoir exclure les problèmes de développement. Ensuite un examen tout les 6 mois de 2 à 5 ans permet de gérer la cohabitation entre les dents de lait et les dents définitives jusqu’à ce que le cheval dispose de sa dentition complète d’adulte. La gestion anticipative des pathologies d’éruption
permet comme en médecine humaine d’éviter au maximum les extractions prématurées.
Fabrice BodeüsDr.Med.Vet. (ULg), Certificate Avanced Equine Dentistry (ULg), Centre Vétérinaire des Templiers, Médecine dentaire Ambulatoire et Médecine dentaire Avancée Rue des Templiers, 6 • 6464 Forges
Fig. 1,2,3 Brachygnathie et correction chirurgicale par la pose d’un cerclage bloquant la mâchoire la plus longue Fig. 4 Wry Nose
Fig. 5 Prémolaire surnuméraire Fig. 6 Anomalie d’éruption
Fig. 7 Anomalie de positionnement des incisives due à une dent surnuméraire Fig. 8 Persistance des incisives de lait Fig. 9 Kystes d’éruption suite à une impaction de la première molaire
Fig. 10 Déplacement d’une prémolaire inférieure
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