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• CHEZ NOS ELEVEURS Les Ecuries du Houmier : un élevage de tradition
CHEZ NOS ELEVEURS LES ECURIES DU HOUMIER
Un élevage de tradition, fidèle à son idéal
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© C. R. Sylvie Lemaire et Philippe Gustin entourés de leurs poulains et poulinières

Pour arriver chez Philippe Gustin et Sylvie Lemaire, on traverse l’entité de Sprimont (en province de Liège) puis le beau petit village de Florzé, que l’on laisse derrière soi pour emprunter le chemin qui mène à l’Elevage du Houmier. Nous pouvons alors découvrir la vue magnifique de ce site qui s’étend sur 40 hectares de prairies, entourées de bois, où nous avons rencontré un couple d’éleveurs passionnés, fidèles à leur idéal et à leurs convictions. Loin des transferts d’embryons et de l’ICSI, l’élevage se veut ici traditionnel et particulièrement respectueux des poulinières...

C’est le père de Philippe, Alphonse Gustin, qui a choisi le nom de l’élevage, il y a une centaine d’années, inspiré par le nom du bois du Houmier où était situé sa ferme, attenante au château de Florzé. Alphonse travaillait dans les champs avec des chevaux de trait, avant l’arrivée des tracteurs, et a exercé l’activité d’étalonnier dès ses 16 ans. A l’époque, il tournait en effet avec son étalon dans la région, de ferme en ferme, pour saillir les juments. D’abord avec des chevaux de trait puis avec des demi-sang. C’est ainsi qu’il est devenu membre du Studbook SBS en 1944.
Un élevage rural
« Quand les tracteurs sont arrivés et ont remplacé les chevaux de trait, mon père s’occupait des tournées avec les étalons et réalisait entre 200 et 300 saillies par an, et son frère s’occupait des vaches de la ferme », raconte Philippe Gustin. « Mais mon oncle est décédé accidentellement et j’ai repris la moitié de la ferme en 1976, j’avais 23 ans et un diplôme de garde-forestier. Je faisais toujours du débardage en forêt avec un cheval de trait, je passais après les abatteurs pour tirer le bois. Mon père m’a donné un bon conseil : investir moins dans les vaches et la ferme et davantage dans les chevaux, et ne jamais dépendre des banques. Aujourd’hui nous avons conservé un troupeau de limousines, indispensables pour le bon entretien des pâtures car les vaches mangent les rejets des chevaux ». Sylvie Lemaire, née dans le même village, vivait à 500 mètres de la ferme. Passionnée par l’équitation, c’est là qu’elle apprend à monter dès ses 6 ans. Philippe et Sylvie se connaissent donc depuis toujours mais c’est bien plus tard, en 1991, qu’ils s’installent ensemble. « A l’époque j’avais une jument SBS de mon beau-père, trop compliquée à monter, URSULAINE DE LA COUR DES CERFS (Magistrat-II x Muskat) et je l’ai mise à l’élevage. Elle nous a donné une dizaine de poulains et c’est grâce à la vente de ces poulains que nous avons pu démarrer notre élevage. Je montais en concours et nous avons décidé d’affiner nos produits, d’aller plus vers les chevaux de sport. La compétition me stressait, j’ai réalisé que ma place n’était pas en concours et que ma véritable passion est de travailler les chevaux à la maison. Nous avons noué une précieuse collaboration avec la cavalière Fabienne Daigneux-Lange pour qu’elle monte nos produits en jumping (Kreole du Houmier par exemple) et cette collaboration dure depuis 25 ans. Sa carrière a eu le développement que l’on sait et la majorité de ses poulains naissent chez nous. Entre elle et nous c’est une relation de confiance absolue. Nous faisons également appel à d’autres cavaliers complémentaires ». Chaque vente de poulain a permis au couple d’avancer et d’investir dans de nouvelles installations. Dans la ferme, l’infrastructure était modeste, dotée de 20 boxes et d’une petite piste. En 1997, ils achètent des terrains à proximité et commencent à construire leurs installations équestres actuelles, dans lesquelles leur maison est intégrée. Les travaux dureront quatre ans, pendant lesquels l’élevage est un peu mis entre parenthèse. Les Ecuries du Houmier disposent désormais de 60 boxes, de deux grandes pistes (intérieure et extérieure), d’un paddock, d’un marcheur, de stabulations et de 40 hectares de prairies. Un poney-club anime l’infrastructure, des leçons sont données et des propriétaires mettent ici leurs chevaux en pension. « Une fois les travaux terminés, en 2001, nous avons repris l’élevage avec plus d’assiduité. Notre but est de dresser nos produits
Alphonse Gustin et son étalon SF QUARTERON (Joli Cœur x Fulminant)
le mieux possible jusqu’au mètre 25, plus haut c’est un autre métier, il faut des cavaliers supplémentaires, même si nos fils ont sauté jusqu’au mètre 35. Charline Catoul a également beaucoup monté nos chevaux, elle a d’ailleurs été propriétaire d’Hortense du Houmier. Ensemble elles ont fait du 1.40m. Charline prenait nos chevaux au débourrage et les montait en concours (Vegas du Houmier, Diaz du Houmier...). Philippe a trois enfants et nous avons eu deux fils ensemble, ils montent à cheval mais ne veulent pas en faire leur métier. Ils nous aident beaucoup et participent au quotidien. Une autre rencontre importante fut celle de Jean Lambert, homme de cheval passionné par le dressage des jeunes chevaux ».



Vues aériennes des infrastructures des Ecuries du Houmier, à Florzé


La piste extérieure permet aux cavalières maison d’entraîner les jeunes chevaux.



Les Ecuries du Houmier comptent 60 boxes et deux grandes pistes. « Notre philosophie est de bien faire ce que nous savons faire. Le travail de l’ombre nous convient très bien, nous n’aimons pas nous mettre en évidence. Développer un poney-club et des pensions permet de nous diversifier. Si on vend moins bien nos produits une année, on se rattrape sur autre chose. Notre clientèle est familiale. Nous vendons surtout à des personnes qui recherchent des chevaux de loisir. La vente d’un cheval de sport, c’est la cerise sur le gâteau. Philippe a également exercé le métier de maréchalferrant, dès ses 14 ans. » « Nous formons nos chevaux essentiellement à l’extérieur, en faisant beaucoup de balades, de trotting et de dénivelé. Le bon moral d’un cheval, c’est la base ! Le travail en piste est nécessaire pour les dresser mais il n’est pas naturel. On respecte la personnalité de chaque cheval, on ne peut pas les mettre tous dans le même moule. Les poulinières restent au pré toute l’année, même en hiver, cela les rend plus résistantes, notamment pour leurs articulations. Un cheval est fait pour courir et pour vivre en liberté, à l’extérieur ! D’autant que nous sommes persuadés que la bonne santé du poulain est transmise en grande partie par sa mère. Si la mère a des soucis, son poulain développe souvent les mêmes soucis de santé. »
Des poulinières de base et un étalon maison
« Nous restons des artisans. La base de notre élevage, ce sont les quatre poulinières SYLVA DU HOUMIER, URSULAINE DE LA COUR DES CERFS, EOLE DU HOUMIER et KREOLE DU HOUMIER. Nous ne faisons pas recours à des transferts d’embryons ni à des ventes d’embryons, c’est un élevage à l’ancienne. Nous avons toujours eu des étalons maison, tel BAZOOKA DE HUS (ex-Florian de la Vie, Caspar alias Eurocommerce Berlin x Coriano). Il est brave, il ne bouge pas et a bien tempéré nos produits car nos juments avaient trop de sang. Nous ne mettons pas des prix de fous dans le choix de nos étalons. Le charismatique JENSON VAN’T MEULENHOF (Vagabond de la Pomme x Quidam de Revel), monté par Niels Bruynseels, temporise également le tempérament excessif de nos juments. Il a notamment produit HOBBIT DU HOUMIER (par Kreole du Houmier) qui saute 1.40m sous la selle de Gauthier Mercenier, avec lequel nous entretenons une collaboration très agréable. Mais avec le temps, nos juments deviennent plus zen ». « Nous avons désormais deux cavalières maison, deux jeunes filles qui ont tout appris ici, elles entraînent nos chevaux et les montent en concours, notre fils aîné aussi. En procédant ainsi, nous allons sans doute moins vite et moins haut mais cela nous permet de gérer à notre façon chaque étape de la formation du jeune cheval. Nous restons fidèles à notre idéal et à la ligne de conduite qui nous convient depuis trente ans. Nous vendons nos chevaux entre 6 et 8 ans. On ne fait jamais le cycle classique des 4 ans. On les débourre à 3 ou 4 ans, c’est tard mais ils sont mieux construits, à 4 ans les choses se mettent en place plus facilement, ils apprennent plus vite par après car ils ont un meilleur équilibre. C’est un choix ». « Nous avons été jusqu’à faire naître entre 5 et 10 poulains chaque année, aujourd’hui nous en produisons maximum 3 par an. Le monde d’argent que devient l’élevage aujourd’hui, la recherche du profit avant tout, ne nous conviennent pas ; nous sommes des artisans, nous ne sommes pas des gens de commerce. Nous avons misé sur le travail des jeunes chevaux et conçu un système qui nous permet d’être autonome et d’obtenir des chevaux bien dressés. Nous avons régulièrement vendu à des cavaliers professionnels de l’étranger : au Brésil, aux USA, en France, au Maroc, en Allemagne, en Suisse... » Cette année, trois poulains sont nés : PEPS DU HOUMIER (No-Comment de Septon x Vegas du Houmier par Kashmir van Schuttershof), PADDEL DU HOUMIER (Jenson van’t Meulenhof x Dobbel du Houmier par Ugano Sitte) et PATOUCHE DU HOUMIER (Jewel’s Fee de Septon x
Kartouche par Florian de la Vie). Nous leur avons rendu visite en prairie, où ils sont encore avec leurs mères, et manifestement les produits du Houmier sont particulièrement sociables et affectueux !
Christine Rasir
KREOLE DU HOUMIER à 5 ans en circuit testage, sous la selle de Fabienne Lange, en 1999

La référence en clôtures équestres, champêtres et forestières www.countryfences.be
