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Le travail à la longe (III
Lors des deux éditions précédentes de notre journal, nous avons passé en revue les prérequis nécessaires à un bon travail du cheval à la longe et je vous invite à relire ces articles avant d’entamer ce qui suit.
Le travail à la longe (III)
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Au stade où nous sommes arrivés à l’issue du dernier article, le cheval est capable de tourner sur un cercle parfait aux deux mains en étant parfaitement connecté, c’est-à-dire que le rythme de ses allures doit être soutenu et régulier, et que la tension de la longe doit être exactement la même dans tous les secteurs du cercle ; jamais la longe ne doit se détendre. Si vous arrivez à atteindre cet objectif, bravo, vous vous êtes bien appliqué mais ne croyez pas que tous vos objectifs sont atteints, ni que vous êtes occupé à travailler votre cheval. Vous avez juste posé les bases et le vrai travail va seulement commencer avec les exercices qui suivent. C’est maintenant que vous allez commencer à développer la musculature et la souplesse de votre cheval et à le transformer. Si votre travail est juste, vous allez vous régaler en constatant l’évolution de votre élève...
Exercice 1 : le carré Exercice 3 : sortir la hanche du cercle
Exercice 2 : agrandir et rétrécir le cercle
C’est ce que j’appelle « l’exercice du carré ». Dans une piste pas trop petite, on met le cheval en cercle (environ 4m de rayon). Après deux tours, on marche parallèlement au cheval qui doit se déplacer sur une ligne droite EN GARDANT LA LONGE TENDUE pendant 15 à 20 m. Au bout de cette ligne droite, on reprend un cercle de 4m de rayon et on continue l’exercice comme décrit dans le schéma qui suit.
C’est l’exercice par excellence pour connecter un cheval et c’est l’examen suprême pour vérifier où vous en êtes dans l’évolution de vos travaux. Il donne énormément de discipline et de régularité à vos chevaux. L’allure idéale pour cet exercice est le TROT car il induit une très bonne IMPULSION. Au début, il faut se contenter d’un circuit ; plus tard, on peut en enchaîner deux ou trois, puis laisser le cheval se détendre au pas afin de respirer. Evidemment, il faut travailler EXACTEMENT le même temps à main gauche et à main droite. Petit à petit, vous allez constater que votre cheval descend sa nuque et tend le bout de son nez vers l’avant : encouragez-le et récompensez-le car c’est le principal objectif que vous poursuivez. A la longe comme sous la selle, lorsque votre cheval est capable de se déplacer aux trois allures dans une attitude RELÂCHÉE et VERS LE BAS, ses postérieurs passent mieux sous sa masse, il développe ses muscles abdominaux et son dos s’arrondit (élongation du ligament supra-épineux). C’est là tout le secret du travail de formation d’un cheval de sport. C’est même LA condition indispensable. Lorsque vous élevez un très bon cheval, la nature vous a offert un trésor. Tout l’art du travail consiste à ne pas détruire ce trésor ! Si le cheval ne travaille pas quotidiennement dans une attitude basse, longue et relâchée, vous entamez une destruction qui s’accumule jour après jour. Un travail juste doit respecter la BIOMECANIQUE du cheval afin que ses articulations et son appareil locomoteur ne s’abîment pas. Quand votre couple sera bien rôdé, vous pourrez pratiquer « l’exercice du carré » au milieu d’un champ de 20 hectares ! Mais au début, choisissez un terrain pas trop grand et contentez-vous de peu. Ne vous fâchez jamais et ne soyez jamais brutal car un autre de vos objectifs est de rester toujours AMI avec votre cheval qui doit être heureux de travailler avec vous. Et dites-vous bien que lorsque cela ne fonctionne pas comme vous le voudriez, ce n’est jamais de la faute du cheval... mais TOUJOURS de la vôtre !


C’est un exercice très bénéfique pour le renforcement de la sangle abdominale du cheval ainsi que pour l’engagement du postérieur intérieur. Cet exercice fait fonctionner les mêmes organes locomoteurs que le travail des deux pistes pratiqué sous la selle par les bons dresseurs (épaule en dedans, appuyer, pas de côté, ...). Les bons cavaliers pratiquent très fréquemment cet exercice sous la selle car c’est celui qui permet le mieux de développer les muscles du PSOAS. Comme toujours, il ne faut pas être trop exigeant sur la sévérité de l’exercice au début et ne pas le faire durer trop longtemps ; au fil des séances, on augmente la rigueur en demandant un cercle de plus en plus petit. En pratique, on met le cheval sur un cercle parfait de 15m de diamètre au trot, puis on diminue PROGRESSIVEMENT le diamètre EN CONSERVANT L’IMPULSION, c’est-à-dire le même RYHME et la même VITESSE DE JARRET. Après deux ou trois tours, on desserre le doigts sur la longe en augmentant l’impulsion et le cheval agrandit progressivement le cercle jusqu’à reprendre son cercle initial de 15 mètres. Dans l’idéal, le contact avec la bouche doit toujours être identique et évidemment, la longe ne doit jamais se détendre. Cet exercice est aussi très efficace pour rompre les résistances du postérieur inférieur.
Au cours de ce mouvement, on passe constamment d’un pli faible du corps du cheval à un pli beaucoup plus important. Lorsqu’on a bien réussi l’exercice quatre à cinq fois à chaque main, il faut cesser et récompenser, ou passer à autre chose. Pour que l’exercice soit parfait, il faut que le cheval rester constamment « sur ses quatre pieds », c’està-dire qu’il ne charge pas un latéral plus que l’autre ; autrement dit, qu’il ne penche pas son corps vers l’intérieur ou vers l’extérieur du cercle. Pour apprécier cette qualité, vous allez développer votre « troisième œil », celui qui observe ce que les autres ne voient pas. Si vous ne le possédez pas dans tout ce que vous faites avec les chevaux, les choses sont mal engagées... En routinant votre cheval dans l’exercice 2, vous avez préparé les bases nécessaires pour aborder celui-ci. C’est l’équivalent à pied de l’extraordinaire figure de dressage monté que l’on appelle « L’EPAULE EN DEDANS ». Un livre complet lui a été consacré à la fin du 19ème siècle sous le nom « L’épaule en dedans, secret de l’art équestre ». C’est dire son importance... Pour le réaliser à la longe, on met le cheval sur un très petit cercle de 4 à 5m de diamètre, au trot et avec assez de rythme ; ensuite, on augmente le contact avec la bouche du cheval et on mobilise la hanche avec la chambrière et les aides propulsives. La hanche sort alors du cercle et le postérieur intérieur s’engage très fort sous la masse.
Au début, il faut se contenter de deux ou trois pas bien réalisés et immédiatement diminuer la pression car cet exercice est très dur pour le physique mais aussi le mental du cheval. Mais s’il est bien réalisé, il transforme votre élève. Comme dans les exercices précédents, le RYTHME doit rester le même tout au long de l’exercice.
Exercice 4 : transitions TROT-GALOP et GALOP-TROT
Ici encore, cet exercice est bien connu des bons cavaliers qui le pratiquent sous la selle. C’est l’exercice préféré du crack allemand MARCO KUTSCHER. Tous les cavaliers formateurs de jeunes chevaux devraient le pratiquer chaque jour. A première vue, cet exercice paraît ultra simple et beaucoup vous diront que tout le monde sait le faire ; mais lorsque vous leur demanderez de le réaliser devant vous, vous aurez bien des surprises. Partez du trot et demandez le départ au galop, sur un cercle de 15 mètres de diamètre environ. Après un tour au galop, passez au trot durant un tour et redemandez le galop, ainsi de suite. Lorsque vous réaliserez facilement cet exercice, devenez plus exigeant en demandant un demi-tour de galop suivi d’un demi-tour de trot. Cet exercice développe la CONCENTRATION du cheval et vous constaterez rapidement qu’il va obéir de plus en plus vite à votre signal de départ au galop. Au fil des jours, il améliore considérablement la qualité de l’équilibre de son galop car l’exercice lui demande de mettre rapidement ses postérieurs sous sa masse pour partir au galop par « PRISE D’EQUILIBRE ». Dans le prochain épisode, nous aborderons les exercices de saut d’obstacles à la longe. Bon travail à tous en attendant !
