ELEVAGE
Que faire au printemps pour l’entretien de vos prairies ? Tout au long de l’année, les prairies où paissent des chevaux subissent des contraintes et des agressions (sécheresse, humidité excessive, piétinement, surpâturage…) dont il est nécessaire de corriger une partie des effets par son entretien. En quoi consiste cet entretien ? Que faire à la sortie de l’hiver et au début du printemps ? Nous avons demandé les conseils de l’ASBL Fourrages Mieux, spécialisée dans la gestion des prairies et des fourrages.
E
ntretenir sa prairie permettra d’obtenir au printemps suivant une herbe de qualité et surtout de préserver la longévité du couvert. Au contraire, le manque d’entretien sera à la base de nombreux problèmes, dont entre autres la diminution de la qualité de la flore et l’augmentation des vides et des adventices indésirables. Herser, sursemer, éliminer les mauvaises herbes, faucher les refus : la liste des opérations susceptibles d’être réalisées sur prairie est longue ! Voici deux opérations recommandées en sortie d’hiver ou en début
de printemps : le hersage et l’élimination des plantules d’érable sycomore.
lement des crottins entraîne la dispersion des larves parasites contenues dans ceux-ci. Cette pratique est donc déconseillée dans le cas d’animaux sensibles (chevaux non vermifugés ou poulains).
En prérequis, il faut toujours avoir à l’esprit que, lors du travail de la prairie par un outil traîné (par exemple une herse), deux conditions essentielles doivent être respectées : la prairie doit être rasée (herbe à 5-6 cm), il faut agir avant la pousse ou la repousse ; les conditions climatiques doivent être favorables, c’est-à-dire suffisamment humides, il faut à tout prix éviter le travail par vent du nord ou de l’est et par temps de gel !
Associé à un sursemis de bonnes graminées/légumineuses prairiales, le hersage permet de préparer le lit de semence du sursemis et de favoriser les graminées (ray-grass, houlque, pâturin, etc.), par rapport à une flore à faible valeur nutritive (renoncules, plantain, pâquerettes, pissenlits…). Un sursemis est conseillé dès que la proportion de sol nu dépasse 10% du couvert de la prairie. A noter que le sursemis de printemps
Herse et sursemis
dépend fortement des conditions climatiques et ne réussit pas toujours. Les mousses, quant à elles, ne sont que partiellement arrachées au hersage. Leur élimination nécessite souvent une adaptation de la gestion (chaulage, pâturage, fertilisation). Les problèmes de compaction et de tassement des sols sont fréquents dans les prairies à chevaux. Contrairement à certaines idées reçues, le hersage ne permet ni d’aérer le sol des prairies, ni de résoudre leur problème de tassement. Seul un travail profond du sol, suivi d’un resemis total de la prairie, permet l’aération des sols compactés.
La fauche d’élimination des plantules d’érable sycomore
Fauche précoce
Une plantule d’érable sycomore avec ses cotyledons et sa première paire de feuilles
U
Le hersage
L
e hersage peut se faire avec différents matériels ayant différents niveaux d’efficacité et une agressivité plus au moins forte sur le couvert de la prairie. Tout dépend de l’effet recherché. Un hersage très agressif doit toujours être suivi d’un sursemis, pour éviter l’apparition de vides et leur colonisation par des adventices indésirables. Réalisé
ne maladie émergente est associée au pâturage des équidés : la myopathie atypique. Elle est due à l’ingestion de graines ou de plantules d’érable sycomore, respectivement en automne et au printemps. Pour prévenir la maladie au printemps, on peut éliminer les plantules d’érables sycomore au moyen de fauches précoces.
en fin d’hiver, le hersage permet entre autres de niveler le sol de la prairie et d’étaler les crottins ou les taupinières. Dans les parcelles fauchées, il est conseillé pour éviter le salissement du fourrage à la récolte. Dans les parcelles pâturées, le hersage ne peut être réalisé que si les chevaux sont correctement vermifugés ! L’éta-
Une fauche très précoce peut se faire sur herbe courte (environ 5 cm), quand les plantules viennent d’émerger et ont deux cotylédons (début avril). Dans ce cas plusieurs passages de la faucheuse « à rebrousse-poil » sont nécessaires pour bien couper toutes les plantules. La fauche est laissée à décomposer sur la prairie. Les équidés peuvent être remis en prairie deux semaines plus tard, le temps que la fauche se décompose. Une fauche précoce, sur herbe un peu plus haute (plus ou moins 10 cm), permet de couper les plantules quand elles
Herse étrille Koekerling
Le cheval de sport belge
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Mars/Avril 2021
ont deux cotylédons, voire une paire de feuilles (fin avril). Un seul passage de la faucheuse est nécessaire car l’herbe maintient les plantules. La fauche doit être exportée de la prairie et comme elle contient du matériel toxique, elle ne peut pas être donnée à des équidés. Les chevaux peuvent être remis en prairie deux semaines plus tard, le temps que la tige des plantules se décompose. Quelle que soit la fauche choisie, il faut toujours inspecter sa pâture avant de remettre les équidés en prairie. Des plantules peuvent échapper à la fauche et survivre à cause de reliefs localisés, comme des traces de pneus par exemple. Informations : Fourrages Mieux ASBL, Rue du Carmel 1 à B-6900 Marloie www.fourragesmieux.be
Dégâts occasionnés par des sangliers
Picture ©Denis Procureur
Pictures ©Fourrages Mieux
Fauche très précoce