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LE CONSEIL VÉTÉRINAIRE Les pathologies dentaires des équidés

LE CONSEIL VETERINAIRE Comprendre les pathologies dentaires des équidés

Cet article a pour but d’expliquer les différents points qui conduisent les dents du cheval à présenter des problèmes qui lui sont spécifiques. Si le cheval est bien un herbivore monogastrique construit pour manger de l’herbe au sol toute la journée, sa domestication par l’homme et les changements alimentaires qu’il a apporté dans son régime ont entrainé l’apparition de toute une série de pathologies moins fréquentes chez les chevaux sauvages. Ses problèmes dentaires sont tout aussi handicapants. La position qu’occupe le cheval dans la pyramide alimentaire le place bel et bien au rang de proie et non de prédateur. De même, c’est un animal grégaire qui vit en troupeau à l’état naturel. Ce qui entraine un comportement particulier dans les manifestations de la douleur liée aux problèmes dentaires. En effet nos équidés sauvages ou domestiques seront peu démonstratifs, sous peine d’attirer à eux les prédateurs. Ce comportement conservé par nos chevaux domestiques rend les problèmes dentaires sous-diagnostiqués !

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Composition de la dent

Pour pouvoir broyer le fourrage en petits morceaux, les chevaux ont besoin d’une surface à mâcher avec autant de crêtes d’émail dur que possible. Ce n’est que lorsque le fourrage grossier a été finement broyé qu’il peut être avalé et que les nutriments peuvent en être extraits. Une dent de cheval se compose de 3 éléments formant des structures anatomiques différentes : – Cément : c’est la couche la plus externe de la dent qui protège l’émail. Le ligament qui maintient la dent dans l’alvéole dentaire est attaché au cément. Les molaires supérieures ont également deux coupelles centrales en cément bordées d’émail : c’est l’endroit où les caries peuvent facilement se développer. – Émail : il s’agit d’une matière vitreuse très dure.

L’émail présente un motif irrégulier afin d’obtenir la plus grande surface possible sur la surface de mastication. Cela garantit que le matériel végétal peut être finement broyé. – Dentine : la dentine est située au centre de la dent et entoure la pulpe dentaire (nerf de la dent). La dentine secondaire devient brune sous l’influence des pigments de l’herbe. Les différentes structures de la dent sont donc le siège de pathologies qui leur sont propres.

Usure ou croissance ?

Une autre particularité des dents du cheval, responsable de l’apparition de pathologies qui y sont liées, est l’usure liée à l’alimentation riche en fibres. Les dents raccourcissent de 2 à 3 mm par an. Pour compenser cette usure, la dent est lentement tirée vers la cavité buccale par ses ligaments (qui la fixent dans l’alvéole dentaire). Cela s’appelle “l’éruption” et elle se produit à la même vitesse que l’usure. De cette manière, la même quantité de dent reste visible dans la cavité buccale (couronne visible ou couronne clinique). À l’âge de 25 – 30 ans, les dents de votre cheval sont presqu’usées. Ce processus n’est possible que parce qu’une grande partie de la couronne de la dent du cheval est cachée dans l‘alvéole dentaire (couronne de rechange ou couronne de réserve) et que les molaires d’un jeune cheval mesurent environ 10 cm de long. Cela implique qu’à l’âge de 25 à 30 ans, les molaires sont presque usées et la racine est atteinte. Manger du fourrage normal devient alors très difficile, voire impossible pour certains chevaux séniors !

Les chevaux ont des dents hypsodontes: une couronne longue (visible + réserve) et une racine courte.

Couronne clinique

Couronne de réserve

Racine Particularités anatomiques du cheval

La largeur de la mâchoire supérieure du cheval, 30% plus importante que la mâchoire inférieure et la courbure imprimée à la table dentaire entrainent une usure spécifique des dents, du côté de la joue pour les dents supérieures et du côté de la langue pour les dents inférieures.

Courbure et usure des dents. Dentisterie équine Tilman Simon

Des pathologies « âge dépendantes »

En conclusion, les pathologies dentaires sont intimement liées à l’âge du cheval et à l’évolution de ses dents au fil du temps. Elles sont aussi en étroite relation avec les structures atteintes. Il faut donc en tenir compte lors de l’examen de la bouche du cheval. Cela aura non seulement une influence sur le diagnostic des différentes maladies mais également sur le traitement de celles-ci. On peut distinguer trois catégories d’âge : le jeune (de 0 à 5 ans), l’adulte (de 5 à 17 ans) et les séniors (plus de 17 ans). Dans la première catégorie, les pathologies liées au développement et à l’éruption des dents ainsi que celles liées au développement crânio-faciale sont les plus fréquentes. Dans la deuxième catégorie, ce sont les pathologies liées au défaut d’occlusion, à l’usure ou au vieillissement prématuré des dents. Dans la troisième, outre l’ensemble des pathologies rencontrées dans les deux précédentes catégories, on trouvera également des pathologies spécifiques au cheval âgé tel que le syndrome d’hypercémentation, les diastèmes séniles (espace entre les dents) ou encore certaines tumeurs. Ces pathologies feront l’objet de prochains articles dans votre revue.

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