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Marc Fortin, PDG du RQRA, rencontre les chefs des principaux partis en lice aux élections provinciales 2022
by RQRA
PAR DIANE BEAUDIN, RESPONSABLE DU MAGAZINE L’ADRESSE, RQRA
LE RQRA S’EST IMMISCÉ DANS LA CAMPAGNE ÉLECTORALE PROVINCIALE AFIN D’OBTENIR LE POULS DE CE QUI POURRAIT ADVENIR DES RÉSIDENCES POUR PERSONNES ÂGÉES (RPA) DANS LES PROCHAINES ANNÉES CONSIDÉRANT LA POSSIBILITÉ D’UN CHANGEMENT DE POUVOIR OU DU MAINTIEN AU POUVOIR DE LA COALITION AVENIR QUÉBEC.
En planifiant des entrevues avec chacun des chefs de parti, qui ont d’ailleurs tous été sollicités, le RQRA s’est assuré de son objectivité. Les mêmes six questions concernant les enjeux reliés à l’avenir des résidences privées pour aînés ont été abordées avec chacun. Éric Duhaime, chef du Parti Conservateur du Québec
Paul Saint-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois, Éric Duhaime, chef du Parti Conservateur du Québec, Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec et Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec Solidaire ont accepté notre invitation. Voici les informations que nous avons recueillies.

Paul Saint-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois
Marc Fortin : Comment voyez-vous le partenariat entre leGouvernement du Québec et les résidences privées pour aînés pour assurer aux aînés un hébergement et des soins de qualité, en fonction de leur état et de leurs besoins, mais surtout de leur capacité de payer ?
Paul Saint-Pierre Plamondon : Nous avons mis en place un « Plan à la dignité » qui favorise la volonté des aînés à demeurer à leur domicile. Nous désirons mettre un frein à l’approche Maisons des aînés et créer un poste de Protecteur des aînés.
Éric Duhaime : Nous sommes favorables à un partenariat avec les secteurs privés. On croit que le privé peut offrir des services à meilleur prix et de meilleure qualité. On voudrait mettre fin au monopole de l’état dans la gestion des aînés.
Dominique Anglade : C’est une énorme préoccupation que le revenu des aînés n’augmente pas alors que nous sommes dans une période intense d’inflation. Oui, nous devons faire des partenariats pour aider nos aînés. Au parti Libéral du Québec, nous proposons une allocation aux aînés de 2 000 $ libre d’impôt par année pour les aider à subvenir à leurs besoins.
Gabriel Nadeau-Dubois : La priorité est le bien-être des aînés. Certains font le choix de vivre en RPA. Ils doivent être protégés au même titre que tous. Aussi, il y a plusieurs types de RPA. Elles n’ont pas toutes les mêmes réalités et les mêmes besoins. Certaines font de l’argent et n’ont pas besoin de la même aide financière que les petites en milieu rural ou sans but lucratif. Il faut s’adapter à chaque type de RPA.

Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec
MF : Comment voyez-vous l’adoption d’une approche différenciée pour les RPA concernant les loyers, considérant que c’est actuellement la même grille qui s’y applique que pour un bloc appartement standard, n’offrant aucun service à la personne ?
PSPP : C’est un enjeu qui aurait dû être réglé et nous comptons conclure le dossier. On doit avoir des baux qui sont adaptés aux RPA et la protectrice du citoyen a déjà fait la même demande. C’est évident que ça doit être adapté.
ED : Ce n’est pas le rôle de l’état de dire aux partenaires combien ils doivent charger et dire aux individus combien ils doivent payer. On croit à la liberté des marchés, il y a un équilibre qui va se développer, adapté à leurs besoins et leurs moyens. L’état doit s’assurer d’un minimum, d’un standard, réglementer pour limiter la souffrance et assurer un logement adéquat.
DA : Un des principes que nous mettons de l’avant au sein de la plateforme libérale, c’est la question du mur-à-mur versus du « sur mesure ». On veut introduire une charte afin d’avoir une réalité beaucoup plus sur mesure et adaptée en fonction des décisions que nous prendrons. Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec Solidaire
GND : Je ne m’oppose pas à l’idée d’une approche spécifique pour les RPA. Cette approche nous permettrait de mieux protéger les locataires des RPA souvent plus vulnérables que les locataires moyens. Toutefois, il faut, comme société, mettre le cap sur les soins à domicile qui sont insuffisants et adapter le virage du maintien à domicile.
MF : Nous demandons depuis plusieurs années que soit mis en place un mécanisme du genre « ombudsman des RPA » afin que les RPA puissent porter plainte de mauvaises interprétations et décisions, sans crainte d’en subir des représailles. Que pensez-vous de l’instauration d’un tel mécanisme ?
PSPP : On pourrait voir si le mandat du Protecteur des aînés pourrait être élargi et inclure les RPA pour un dialogue plus efficace. On a perdu de vue les aînés avec tous les changements qui ont eu lieu au fil des ans dans les CISSS et les CIUSSS. On ne ferait pas une réforme de structure majeure, mais on aura une approche qui fera avancer une dynamique qui est problématique.
ED : Le meilleur Ombusman, ce sont les aînés et leurs enfants. Les utilisateurs et les payeurs sont les meilleurs évaluateurs. Le rôle du gouvernement est de s’assurer qu’il y a une saine concurrence et le bon nombre de joueurs et qu’il n’y ait pas d’abus. On croit à une grande décentralisation. Les décisions doivent se prendre plus près de la personne âgée.
DA : Je suis en faveur de tout mécanisme qui permet davantage de transparence. Pour nous permettre de ne pas appliquer un mur-à-mur, avec la charte des régions, s’il y a des réalités différentes d’une région à l’autre, on applique du « sur mesure ». On sait qu’il y a une omerta et pour que ça arrête, il faut qu’il y ait de la transparence.
GND : S’il y a des abus, il y a un problème et il faut y remédier. On est ouvert à considérer cette proposition. Il faut que chacun dans le système comprenne son rôle. Le gouvernement doit maintenir la rigueur au niveau de la certification, mais s’il y a des abus, il faut certainement y mettre fin.

Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec Solidaire
MF : Il n’existe pas de standards nationaux quant au remboursement des soins donnés par les RPA pour les CLSC et les CISSS-CIUSSS. Que pensez-vous de mettre en place une entente standardisée et nationale pour les soins prodigués aux aînés dans les RPA ?
PSPP : Je suis d’accord pour une entente standardisée qui permettrait de mieux prendre en compte les besoins des résidents et ainsi d’alléger les déplacements dans les hôpitaux.
ED : Au Parti Conservateur, on croit à l’addition du secteur privé. On veut mettre en place un Programme Santé. Lorsque les soins sont médicalement requis, on doit rembourser. On doit instaurer un système parallèle, public et privé, en matière de santé.
DA : Ça ne fait pas directement partie de notre plateforme actuelle, mais nous le considérerons. De manière générale, c’est la question des soins à domicile. L’importance des soins à domicile doit être orchestrée. On a besoin d’une vision globale et on s’engage à aller de l’avant dans cette direction.
GND : La position de Québec Solidaire sur cette question est claire. Les soins de santé sont publics ce qui veut dire que les soins de santé prodigués en RPA doivent être dispensés par les employés du public. Ce qui implique une standardisation sur le plan national. D’où l’importance d’investir massivement dans les CLSC pour qu’ils aient les moyens de fournir des soins et des services à domicile à tous.
MF : Comment comptez-vous soutenir les RPA qui DOIVENT embaucher davantage d’employés pour servir les aînés qui y résident ?
PSPP : On veut motiver les travailleurs plus expérimentés à demeurer plus longtemps sur le marché du travail avec des incitatifs. On pense connecter l’immigration plus au besoin en région. Le gouvernement offrirait une aide directe pour les petites RPA.
ED : On veut qu’il y ait de la concurrence au niveau des employeurs dans le domaine de la santé et offrir de meilleures conditions de travail, pas seulement le salaire. Il est temps de miser sur la formation. Dans notre programme en santé, on parle de former 2 000 médecins. On veut avoir davantage de gens dans le réseau.
DA : En premier lieu, il faut reconnaître qu’on a un enjeu. On ne peut pas tout robotiser. On met en place des incitatifs pour le retour au travail de gens expérimentés. On propose que les gens de 65 et plus ne paient de l’impôt qu’à partir de 30 000 $ de revenus. Ensuite, on mise sur l’immigration et la régionalisation avec la charte des régions. On demande aux régions de devenir responsables des personnes qu’elles souhaitent accueillir en termes de logement pour s’assurer d’une intégration réussie.
GND : Toutes les RPA ne sont pas dans la même situation. Là où il y a des défis réels, notamment dans le milieu rural, nous ne sommes pas fermés à revoir l’aide financière. Ce qui viendra avec des exigences de transparence pour s’assurer que l’argent public est dépensé convenablement. On est également intéressé à encourager le développement de RPA sans but lucratif. Dans cet objectif, on souhaite mettre en place un système qui permettrait la conversion des RPA qui sont menacées de fermeture avec un programme de subvention.

Éric Duhaime, chef du Parti Conservateur du Québec
MF : Le gouvernement a introduit des primes salariales pour compenser, en partie, l’écart salarial entre les préposés dans le secteur privé par rapport au secteur public. Ces primes devaient prendre fin avec l’urgence sanitaire, mais elles ont été maintenues pour éviter des ruptures de service. Comment voyez-vous le soutien du gouvernement au personnel des RPA qui prend soin des aînés qui y habitent, considérant la capacité de payer limitée des aînés qui y résident ?
PSPP : Je n’ai pas de solution spécifique dans le programme. On est ouvert à évaluer les conséquences sur le secteur des RPA. On est favorable à de meilleures conditions dans le système privé ou public. Mieux les gens sont payés, plus on a de chance de livrer de la qualité à nos aînés. On ne peut pas généraliser le modèle des RPA, elles n’ont pas toutes le même modèle, ce qui complique le travail.
ED : On ne peut surtout pas baisser le salaire des employés tant que l’inflation n’est pas sous contrôle. Ce serait utopique et dangereux d’explorer cette avenue. C’est une crise causée par une sur-réglementation ce qui fait que la rentabilité des RPA n’est plus au rendez-vous.
DA : On veut introduire l’allocation des aînés pour alléger la capacité de payer des aînés. L‘enjeu numéro un est la pénurie de main-d’œuvre. Il faut régler ce problème avant tout. Tout le monde doit être considéré comme des partenaires avec lesquels le gouvernement doit s’associer. Le gouvernement ne peut pas livrer seul la marchandise.
GND : Il faut d’abord voir de quel type de RPA on parle. En fait, le phénomène réel est plus l’appauvrissement des aînés. Il faut s’attaquer de front au problème en remettant de l’argent dans les poches des aînés pour leur donner des moyens de faire leurs choix. C’est une roue qui tourne. La bonne approche serait de lutter contre l’appauvrissement des aînés, protéger les locataires aînés et aider les RPA qui en ont besoin.
Note : En lien avec les dates de tombée du magazine et la date du déclenchement des élections, nous n’avons pas pu recevoir le programme de la Santé du parti de la Coalition Avenir Québec dans les délais requis.