Actuel no 28
l’estampe contemporaine
Anne Leloup pour la lithographie de couverture et pour le tirage de tête de ce numéro : une édition pour la revue limitée à 20 exemplaires
Actuel est une émanation du groupe Facebook
« Parlons Gravure »
Comité de sélection :
Sabine Delahaut
Jean-Michel Uyttersprot
Catho Hensmans
Comité de rédaction :
Sabine Delahaut
Richard Noyce
Christine Pinto
Jean-Michel Uyttersprot
Mise en page :
Jean-Michel Uyttersprot
Pierre Guérin
Relecture :
Annie Latrille
Sauf indications particulières les dimensions sont celles des matrices et les légendes des images sont à lire de gauche à droite et de haut en bas, les mesures sont celles de la surface imprimée, hauteur par largeur
Sauf indication particulière, les visuels appartiennent aux auteurs.
(4) Anne Leloup
(16) Ève Luquet
(22) Laurence Malherbe
(28) Martha Ensign Johnson
(34) Atelier Alma
(44) Elián Stolarsky
(52) Martin Ševčovič
(56) Jean-Claude Loubières
(60) Librairie
Pour toutes informations : magazine.actuel@gmail.com www.actueldelestampe.com
Éditeur responsable :
K1L éditions.
Contact publicités : magazine.actuel@gmail.com
Prix de vente : 20 €
ISSN : 0774-6008
EAN : 978-2-930980-51-5
Automne 2023
Ont collaboré à l’écriture de ce numéro : Anne Leloup, Veronika Mabardi, Ève Luquet, Laurence Malherbe, Judy L. Larson, Ph. D., Gladys Brégeon, Elián Stolarsky, Alain de Wasseige, Christine Gendre-Bergère et Jean-Marie Bergère, Brigitte Madeline
Nous vivons dans un monde où le nombre croissant de catastrophes naturelles dues au changement climatique, l’augmentation de la population et la diminution des ressources créent des menaces majeures pour notre planète. En tant qu’artistes ou amateurs d’art, tout cela doit nous préoccuper, car l’avenir des arts eux-mêmes est concerné, autant que bien d’autres aspects de notre vie. Les catastrophes environnementales et les conflits militaires ne fournissent pas la sérénité dont les arts ont besoin pour s’épanouir, mais, paradoxalement, de tels événements peuvent apporter une profonde inspiration aux artistes, comme le montre toute l’histoire de l’art. Dans ce contexte particulièrement sombre, je pense parfois à la gravure ; non pas à sa technique ou aux œuvres produites, mais aux ressources consommées. En tant que graveur, combien de feuilles de papier, de litres d’encre, de matériel d’encadrement ou lors de montage d’expositions, et combien d’autres matériaux consommez-vous par an, de combien d’espace le travail que vous produisez nécessite-t-il ?
Multipliez cela par le nombre de graveurs dans ce numéro d’Actuel, dans le pays où vous vivez ou dans le monde, et les chiffres deviennent très importants.
Tout cela m’amène à penser au sort de toutes ces estampes, dans les ateliers, les collections personnelles, les musées et leurs réserves, et dans tous les tiroirs de rangement à travers la planète.
Nous pouvons imaginer les histoires que Borges ou Pamuk pourraient écrire sur de telles questions... Mais, même si les graveurs et les collectionneurs prennent le temps de penser à cela, il est peu probable qu’ils décident soudainement d’arrêter de produire ou de collectionner. La gravure, à juste titre, devient une passion, les graveurs impriment, les collectionneurs collectionnent…
Une autre pensée me vient à l’esprit alors que j’écris cet éditorial. Le travail des graveurs peut être divisé en deux catégories très distinctes : l’abstraction et la narration. Le processus créatif du graveur et les perceptions du collectionneur sont très différents, même si la passion et le plaisir impliqués sont égaux dans leur effet sur nos vies. Au fil des ans, j’ignore combien d’estampes j’ai vues, lors des jurys de sélection, des expositions, des visites d’ateliers et chez les collectionneurs. Parfois de très grandes impressions numériques ou abstraites en linogravure – souvent de tons très sombres –, mais aussi de délicates gravures miniatures ou des manières noires dont les détails éblouissants racontent des histoires. Bien sûr, j’ai des préférences personnelles, mais je pense avoir toujours découvert et observé ces impressions avec un esprit ouvert. Le monde de la gravure est un endroit merveilleux. Il continue à produire des œuvres qui suscitent la réflexion, sont divertissantes et éclairantes, ajoutant considérablement à notre appréciation des compétences extraordinaires que l’esprit créatif de l’artiste est capable d’utiliser pour exprimer sa vision. L’avenir est inconnu, mais la gravure se poursuivra et des approches inédites seront découvertes, comme dans tout art vivant qui se renouvelle.
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Anne Leloup
Conversation avec Veronika Mabardi
Les images d’Anne Leloup me déplacent vers un endroit où les mots n’ont plus cours. J’y suis libre de regarder, me mettre en rapport, m’éloigner et revenir vers elles. Une émotion fine, labile, et les formes continuent de danser bien après que mon regard a quitté le papier. Si je tente de nommer ce que je vois, et la manière dont les images s’agencent entre elles sur l’ensemble du mur où elles sont accrochées, quelque chose en moi trébuche et reste en suspens, comme lorsqu’on se surprend à observer des corps qui dansent dans un espace ouvert, seuls, mais en relation, en résonance.
D’abord, ce sont des moments, dit Anne, des points de rencontre avec une forme. Je travaille toujours à partir de quelque chose que j’ai vu. Je m’installe dehors, avec mon carnet, je regarde autour de moi, je perçois autrement ce qui est là, j’observe d’un autre endroit, sans intervenir. J’ai des carnets remplis de formes prélevées dans la nature. Ce sont mes notes. En les revoyant, je peux dire : c’était telle année, tel endroit. Elles sont le paysage, elles le restituent.
En feuilletant les carnets, ces formes ne sont plus reliées de manière visible au terreau dont elles sont extraites, même s’il reste encore un lien.
Dans l’atelier, je ne suis plus dans l’observation, mais dans ce que l’image me donne à voir ; ça se transforme. À l’arrivée, il y a des choses impossibles, des formes que je ne peux pas avoir vues, des aberrations. C’est végétal, mais ça ne peut pas fonctionner dans la nature, il y a eu une contrariété. C’est une botanique contrariée. Le cauchemar des plantes… le cauchemar de tout le monde.
Les formes prélevées dans le carnet, on les retrouve d’une image à l’autre.
C’est un vocabulaire, une langue qui s’enrichit, se transforme, s’augmente au fil du temps. Il y a des formes, des couleurs, on les agence, la langue évolue…
En lithographie, le temps de l’atelier est un temps long, non quantifiable, élastique. Il y a toujours quelque chose à faire ; imprimer une pierre, en poncer une autre, réfléchir à ce que je ferai sur la troisième. Le travail se fait par étapes couleur après couleur. Après le premier passage, je ne sais pas avec quoi je vais revenir. Une forme en appelle une autre. Ce qu’on pose sur le papier sera forcément influencé par ce qui est déjà là. J’aime cette construction par couches successives, je la reproduis volontiers en peinture.
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Comme le regard, la pierre est poreuse, et la lithographie superpose les moments et les traces.
La notion de trace, de choses qui réapparaissent, est dans le médium. Pour pouvoir revenir sur la pierre avec une deuxième couleur, il faut poncer. J’aime garder un fantôme du tirage précédent – c’est comme cela qu’on appelle l’ombre du dessin qui reste sur la pierre tant qu’elle n’est pas entièrement poncée. Cette forme peut remonter à l’impression et réapparaître dans l’image suivante ; je peux jouer avec les fantômes, décider de la place que je leur laisse.
C’est toujours de l’ordre du dessin, de la ligne, de la couleur. Je m’interroge sur la mise en suspension. Ces formes suspendues, on ne sait pas comment elles tiennent, dans quel sens, et puis, à un moment, cela s’équilibre.
Le blanc a presque plus d’importance que le dessin. Le blanc a un rapport avec l’équilibre. Ce n’est pas le vide, c’est ce qui permet au reste de tenir. L’endroit où ça parle ne tient que parce qu’il y a du silence autour. J’ai besoin de moments de silence, où il n’y a rien. Quand il ne se passe rien, c’est là que pour moi ça commence.
Au mur de l’atelier, une forme étrange, trouée, se décline en plusieurs couleurs
Ces ombres de marronniers, je les ai vues. Elles étaient là, sur le sol, un jour de promenade. L’ombre des marronniers est étrange – il y a ce trou au milieu, que je ne m’explique pas, ces doigts comme une méduse, une amibe, une forme un peu bancale. J’ai dessiné leurs contours, fait des photos, essayé de refaire ces nuées. Je les ai déclinées en dessin, en gravure, en négatif, découpées dans le métal. Ces ombres sont dans le monde, comme le reste, en même temps que la guerre. C’est un réel concomitant d’un autre réel, terrible ou joyeux, parmi une foule de petites choses en mouvement. Ce qui m’intéresse, c’est prélever ces moments, leur faire de la place, et les raccrocher au monde, sans bavardages inutiles autour. Dans un monde où il faut toujours plus, plus grand, plus fort, plus beau, prendre le contrepied
Anne Leloup vit et travaille en Belgique. Elle se partage entre une recherche personnelle qui inclut la peinture, le volume et la lithographie, et un travail d’éditeur au travers des éditions Esperluète.
Ses œuvres sont régulièrement exposées tant en Belgique qu’à l’étranger. Elle reçoit, en 1995, le Prix de la gravure pour ses lithographies.
Elle porte une attention particulière aux détails, à l’infime, aux traces, aux brindilles et au vent… ces petits riens qui portent en eux-mêmes leur universalité.
Elle aime que ses images rencontrent les mots d’auteurs de tous horizons comme pour Marche dans la nuit, texte d’Albane Gellé paru cette année.
En 2017, un catalogue, Trouvé par terre (notes d’atelier), lui a été consacré.
Expositions à venir :
À la Plateforme – Galerie des Beaux-Arts de Wavre, du 30 septembre au 28 octobre 2023.
Chez Kamer Negen / K9 – Espace privé pour l’art contemporain, du 2 au 24 mars 2024.
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Lithographies :
Couverture : Rivière, gué, 2020, 45 × 55 cm
Page 4 : Trois tulipes, 2022, 32 × 24 cm
Page 5 : Botanique XI, 2023, 32 × 25 cm
Page 6 : Suspend, 2021, 32 × 25 cm
Page 7 : Marronniers verts, 2019, 32 × 25 cm
Pages 8-9 : Orage I, 2021, 48 × 65 cm
Pages 10-11 : Rivière, partition, 2020, 45 × 55 cm
Page 12 : Sous-bois, 2015, 48 × 65 cm
Page 13 : Rivière (petite), 2019, 32 × 25 cm, Deux formes I, 2023, 32 × 25 cm, Feuilles rouges, 2022, 32 × 25 cm, Deux formes II, 2023, 32 × 25 cm
Pages 14-15 : Deux, 2016, 48 × 65 cm
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Ève Luquet
Fragments de notes prises à l’atelier
Le sujet de mon travail est depuis toujours la lumière, à travers les éléments, les objets, les corps. Elle est devenue peu à peu le thème central, dans le sens du thème musical qui revient en variations infinies.
(…)
Le dessin (ou la gravure) vit quand il reste une part de mystère, quand ce qui est vu ne peut être totalement identifié, mais évoque et laisse la place au rêve pour celui qui regarde.
(…)
Que le travail en cours participe de ce Tout, de l’unité fondamentale du monde, où le souffle et la lumière traversent les formes diverses de la manifestation.
(…)
Que l’acte de peindre et de graver devienne contemplation.
(…)
Le « Tout » englobe tout… L’extrêmement grand et l’extrêmement petit, le vivant et ce que nous croyons inerte. Le Tout est une Vie unique sous des formes multiples.
Quoi que j’essaie de saisir du monde, c’est un fragment du Tout, comme je le suis moi-même, comme un atome, une galaxie, une pierre, une herbe, un hérisson.
(…)
Quant à ce qu’on appelle « l’inspiration » ?
Je la ressens comme quelque chose qui m’arrive, que je ne fabrique pas, qui m’est donné. Mais ce cadeau, précieux et rare, n’arrive qu’après beaucoup de travail, après avoir creusé un sillon, labouré, semé, arrosé. Il y a des choix à faire ; il faut prendre une orientation et renoncer aux autres, je dirais que le chemin se rétrécit et s’approfondit.
(…)
Il s’agit de prendre conscience, et c’est progressif, de ce qu’on a à dire, en fait de la cause profonde de cette activité, ou de son but : montrer l’invisible ? Dire l’indicible ? Amener au jour, dans une image, ce que je perçois comme l’essentiel de la vie ?
Et puis, relativement à ce désir, je suis bien obligée de constater la différence, quelquefois le précipice, qui sépare le projet de ce qui est sur le papier.
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Ève Luquet est née en 1954, à Paris. Après l’École nationale des beaux-arts, à Paris (atelier Jean-Marie Granier), elle pratique le dessin, la gravure, pointe sèche sur cuivre principalement. Les gravures sont imprimées à l’atelier.
Les thèmes récurrents de son travail, au départ inspirés de la nature, sont : la lumière, les éléments, les forces et les mouvements du vivant. Il ne s’agit pas de représentation, mais plutôt d’images intérieures, qui suscitent le rêve chez celui qui regarde. Le but n’est pas de figurer le monde, mais de rendre visibles le souffle, l’énergie qui l’anime, et la vibration de la lumière.
Conception et gravure de timbres depuis 1986 (48 timbres pour la France et l’Andorre, dont la Marianne « Liberté, égalité, fraternité » en 1997).
www.eve-luquet.com
Page 16 : Champs, 2016, pointe sèche sur cuivre, 14 × 25 cm
Page 18 : Monoblet, 2021, pointe sèche sur cuivre, 30 × 20 cm
Page 19 : Partage des eaux, 2017, pointe sèche sur cuivre, 20,5 × 24,5 cm
Page 20 : Passage, 2022, pointe sèche sur cuivre, 40 × 50 cm
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Parole d’un graveur, à d’autres graveurs, à propos du numérotage
Ma technique n’autorise qu’un petit nombre de tirages, puisque je travaille exclusivement à la pointe sèche, à part de très rares petites reprises au burin. Quand j’imprime une pointe sèche, vient un moment où la « barbe » commence à être écrasée par la pression. La qualité des contrastes et de l’impression baisse et il faut arrêter l’édition. Il est impossible de savoir à l’avance quand cela va arriver, c’est différent d’une plaque à l’autre, mais étant donné la façon dont je grave, avec des éléments très gestuels et légers, mes gravures « tiennent » pour quinze exemplaires seulement, et pour certaines ce sera bien moins. Pour beaucoup, je n’atteindrai pas les dix exemplaires ! En quarante ans (j’ai commencé en 1976), ma façon de graver a eu le temps d’évoluer pour arriver à mes pratiques actuelles :
– Je reprends un cuivre ancien et le retravaille de façon différente, parce que mon œil a changé.
– J’utilise un tirage de gravure pour l’intégrer à une œuvre qui va englober du dessin, de la peinture ou du collage, marouflés sur toile.
– Je fais quelques tirages, cinq ou six, avant la première exposition, je n’ai pas le temps d’en faire plus, je préfère faire une gravure nouvelle. Et quand je veux refaire des tirages, si j’ai vendu les premiers, j’aime pouvoir retoucher la plaque.
– J’aime faire pour une même gravure des impressions différentes, nous savons à quel point une même plaque peut donner des tirages très dissemblables !
– Quand j’imprime une gravure composée de plusieurs petites plaques sur un même papier, j’aime pouvoir jouer sur la composition et varier l’ordre des plaques, cela donne chaque fois un résultat nouveau. Je me suis longtemps conformée aux usages et habitudes du marché, et je numérotais à dix (ou exceptionnellement quinze) exemplaires. De plus en plus, je vis le numérotage comme un carcan, quelque chose qui m’empêche de travailler selon mes exigences intérieures…
Je vends mes gravures par principe à des prix très abordables, entre 80 et 200 €, à des personnes qui les aiment, qui ont envie de vivre avec elles, loin de tout objectif de spéculation.
J’ose dire qu’à mon âge, je commence à me sentir plus libre de faire les choses comme je les perçois, d’une façon qui correspond à mon désir profond.
Voilà pourquoi j’ai décidé en 2015 de ne plus numéroter mes gravures.
Ève Luquet, Monoblet, mars 2016
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Laurence Malherbe
Historique
Autodidacte, j’ai travaillé pendant plus de 20 ans comme illustratrice naturaliste auprès d’institutionnels œuvrant à la préservation de l’environnement. En 2017, le désir de me libérer des contraintes de la figuration conjoint à des opportunités de formation pour les artistes-auteurs m’a menée à intégrer un premier stage d’initiation à la gravure et impression taille-douce auprès de Charlotte Reine, incroyable pédagogue, artiste et passeuse. La gravure a été un coup de foudre, j’ai eu le sentiment d’avoir trouvé une piste à suivre. J’avais une image obsolète de la gravure, une image de cathédrales et de portraits obscurs… J’ai découvert l’incroyable vivacité et la force de l’estampe contemporaine. Depuis, je m’y consacre quasi exclusivement. D’autres stages ont suivi.
J’ai découvert le burin, mon outil de prédilection, à travers le travail d’Akira Abe. J’ai été happée par ce mélange de force, de précision et de subtilité. Lorsque j’ai compris que la pureté de ce trait-là était liée à l’outil (et à la « ô combien » maîtrise d’Akira Abe), je suis allée à l’atelier Contrepoint, où il a longtemps travaillé avant son retour au Japon, afin de voir d’autres œuvres de l’artiste. J’en suis repartie avec une adresse où me procurer des lames de burin et j’ai commencé à travailler… L’année d’après, j’ai suivi cinq jours de formation auprès de la grande buriniste Catherine Gillet, une semaine qui m’a permis de comprendre et de lever certaines difficultés (particulièrement l’affûtage, LE point à régler, je crois, pour avoir un exercice apaisé du burin). Et puis, bien entendu, une pratique quasi quotidienne.
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Argument
L’abstraction et le noir et blanc, dans lesquels s’ancre mon travail depuis quelques années, sont pour moi une écriture et un langage me permettant de m’approcher de ces zones sensibles de l’intime, des fragilités et des forces qui nous habitent.
La gravure est aussi un intermédiaire et une protection : par la distance et le long processus de maturation entre dessin, objet gravé et l’estampe soumise au regard s’ouvre à moi la possibilité de dire, d’effleurer, de laisser entrevoir…
Face à mon travail, on me parle souvent de chaos minéral ou d’océan tempétueux, j’aime à croire qu’il s’agit aussi de questionnements et de cheminements intérieurs, de leur traduction formelle.
Je souhaiterais rendre palpable cette dualité entre l’harmonie, l’équilibre apparent et ce que l’on décèle en s’approchant : ce qui bouleverse, les failles, les éclats, les accidents, les doutes, les silences, les violences…
Comme on s’approche de l’autre, de soi.
Il n’y a pas de ligne droite dans mon travail ; toujours une courbe, une inflexion, et toujours mes gravures sont arrimées au moins à l’un des bords. Un ancrage solide dont j’ai besoin.
J’aspire à une expression qui s’épure, qui s’apaise. Et c’est un long voyage.
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Process
Le burin est un outil austère, quasi ascétique. Il me parle de force retenue, d’énergie et de délicatesse. Au préalable, il y a le dessin. Réalisé à même la matrice dans un moment très intense et physique, où il s’agit de rythme, d’énergie, qui s’apparente, je crois, à une musicalité.
Un temps de décantation de quelques jours me permet ensuite de confirmer ou non si l’intuition du dessin était juste et non le fruit d’un éphémère enthousiasme. Si la structure, la composition générale et quelques détails sont toujours en accord avec cette sensation de justesse, si reste présent le sentiment de dire quelque chose qui « sonde », quelque chose que je peux partager, alors je garde ce dessin sur lequel je peux construire. Le travail de gravure commence. À la loupe, le cuivre posé sur un coussin de cuir, au fil des semaines, sous un burin affûté plusieurs fois par jour, certaines parties disparaissent, d’autres évoluent, mais la structure initiale demeure ; il est primordial de garder la musicalité du départ.
J’imprime à l’atelier. Ma première presse est une Richebé de passage 56 cm, qui m’a suivie de Paris. Récemment nous a rejoints une Vincent Moreau de 80 cm qui m’entraîne vers de plus grands formats.
Projections
Poursuivre, avec détermination, le sillon ouvert au fil du burin et, sans un instant renier ce merveilleux outil, m’autoriser à explorer d’autres voies, d’autres techniques, des combinaisons de techniques pour d’autres vocabulaires sans doute. User pleinement du grand privilège que nous avons de pouvoir tenter, essayer, jouir de notre liberté de création. Quant au point de vue formel, aller vers de plus grands formats, aborder le volume, tendre vers plus de sobriété, de netteté, de nudité.
Laurence Malherbe est née en 1968 à Paris. Elle vit et travaille, grave, imprime à Lagrasse, un beau village des Corbières.
Depuis 2000, Laurence est illustratrice et plasticienne. Elle entre en gravure en 2017.
www. laurencemalherbe.net Instagram/laumalherbe
Burins sur cuivre, imprimés sur Velin d’Arches
Page 22 : Mnème, 2022, 30 × 40 cm
Page 23 : Just As Long As You Stand, Stand By Me, 2019, 10 × 30 cm
Page 24 : La Disparition, 2021, 30 × 40 cm
Page 25 : L’Esquive, 2018, 7 × 15 cm
Page 26 : Des Équilibres, 2021, 30 × 40 cm
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Martha Ensign Johnson
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Fragilité
L’effacement des repères de mon enfance a provoqué un choc lors de mon retour en Caroline du Nord, mon pays de naissance, après des décennies d’absence. Une grande partie des terres, de la ferme et des maisons de ma famille se trouvent sous des autoroutes. Les montagnes qui ont abrité des événements mémorables précieux ne sont tout simplement plus là. C’est ainsi qu’a commencé un travail axé sur ce que j’appelle ma série effacement (Erasures Qu’arrive-t-il à nos montagnes ?). À ce stade, j’essaie d’éviter d’être trop locale ou personnelle. Bien que le travail traite de problèmes spécifiques sur lesquels j’ai fait des recherches, je reconnais que ces sujets ne sont pas seulement régionaux mais universels. Ainsi, la mort des pruches causée par l’invasion d’un insecte non indigène, le puceron lanigère, illustre localement la forêt qui disparaît. En d’autres endroits de la planète, ce sont d’autres arbres et d’autres causes non indigènes. Ces forêts qui se meurent déclenchent des phénomènes d’érosion, tout comme l’exploitation minière à ciel ouvert et les coupes radicales des forêts de la planète, ce qui me fait poser la question plus large : qu’est-ce que nous effaçons ? Mon titre préféré de cette série est Les nuages se souviennent-ils des montagnes ? La réponse à cela est multiple ; à un certain niveau, elle est bien sûr que non, mais en réalité, faire disparaître une montagne modifie les conditions météorologiques, la lumière et affecte radicalement les possibilités de cultures dans les fermes voisines. Ces clichés des montagnes ont été réalisés par paires, avec des vues avant et après : de quoi souffre la pruche ? Qu’est-ce qui s’érode ? Qu’est-ce qu’on arrache ? Est-ce que ça se « stabilise » ? Un repère disparaît avec Les nuages se souviennent-ils des montagnes ?
Les gravures de la série intitulée Un inventaire des objets perdus sont au format de pages d’herbier médiéval, cousues ensemble sur deux pages. Les herbiers médiévaux étaient de précieux recueils de sagesse médicale et populaire sur un monde naturel donné. En fait, mon inventaire est l’inverse de cela, car il répertorie plutôt ce que nous perdons ou ce qui n’existe plus. Chacun traite d’espèces spécifiques, en voie de disparition ou disparues, dans un habitat donné. Poursuivant le travail sur les espèces menacées et disparues dans un format plus large, pendant la pandémie, j’ai acquis du zinc vieux de trente ans lorsque les circuits d’approvisionnement l’ont rendu indisponible. J’ai choisi d’imprimer les plaques telles qu’elles étaient, avec toute l’oxydation accumulée et la crasse de l’atelier lorsque je les ai reçues pour une première série de couleurs. Avec trois plaques à peu près de la même taille, j’ai d’abord imprimé en ocre, en rouge et en bleu de Prusse. Ensuite, j’ai gravé les plaques et imprimé sur la première série de couleurs, et j’ai accumulé l’oxydation et les dégâts successifs. Ce processus qui consiste à imprimer des traces accumulées et des modifications m’a fascinée en tant que graveur dès mes premières années d’impression et de formation à Florence, en Italie. Les plaques de zinc restantes d’un mètre de longueur sont un peu surdimensionnées pour moi et m’offrent des défis uniques. Leur format appelle des vues panoramiques. En France comme en Caroline du Nord, j’habite près de carrières. Lorsque nous supprimons ou effaçons des montagnes, nous modifions la ligne d’horizon et l’espace habité, ainsi que le microclimat à proximité.
La fragilité de la Terre
La fragilité de notre place sur cette planète
La fragilité de l’équilibre précaire de toutes choses dans le monde naturel
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C’est l’origine de mon travail et c’est là qu’il a toujours commencé.
La gravure est le moyen d’expression de prédilection de Martha Ensign Johnson. Les processus de gravure qu’elle a développés sont des formes d’expression tout à fait personnelles qu’elle appelle l’impression élargie. C’est ainsi que Johnson Ensign communique. Elle l’appelle « mon alphabet et ma langue ». Ensign Johnson est née en Caroline du Nord et a grandi dans le sud des États-Unis. Elle attribue à ses racines du Sud son intérêt pour l’illustration narrative et son goût de l’objet bien conçu.
Judy L. Larson, Ph. D., directeur, Westmont Ridley-Tree Museum of Art et professeur d’histoire de l’art
Martha Ensign Johnson, née en 1953 en Caroline du Nord, aux États-Unis, a étudié et travaillé à Florence, en Italie, et dans de nombreux États des États-Unis (Michigan, Minnesota, Californie, Caroline du Nord) où elle a enseigné. Elle a passé beaucoup de temps dans les montagnes cévenoles. Elle travaille principalement en gravure sur métaux et bois, parfois du bois indigène abattu en raison du changement climatique, dans son atelier personnel à Black Mountain, en Caroline du Nord.
marthaensignjohnson.com
Facebook.com/marthaensignjohnson
Page 28 : Last Sighting, 2 plaques, oxydation de zinc, aquatinte, pointe sèche, 50 × 40 cm
Page 30 : Erasures: What Is Happening to Our Mountains ?, 2019, eaux-fortes et gravures sur bois 102 × 64 cm
Page 31 : Moving Mountains, oxydation et sucre, aquatinte, pointe sèche, gravure 2 traits, 46 × 92 cm, The Curtain Falls, 3 plaques de cuivre, oxydation de zinc, aquatinte, pointe sèche, 50 × 40 cm, Night Flying, 2023, cuivre, oxydation de zinc, aquatinte, pointe sèche, 50 × 40 cm
Page 32 : Satyrs, Pitchers, and Flying Things, Missing Melodies and Blooming Things, gravures sur plusieurs plaques de cuivre, 21 × 23 cm
Page 33 : Tall Tress, Tall Tales, and Ghost Painters, Fens, Bogs, and The Smaller Things, gravures sur plusieurs plaques de cuivre, 21 × 23 cm
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Atelier Alma Maison de l’estampe des Grands Moulins
Depuis 1975, l’Atelier Alma imprime l’estampe classique et contemporaine sur le territoire rhônalpin. Un premier atelier, rue Burdeau à Lyon, fut créé par des artistes des Beaux-Arts de Lyon. Un second à la suite, au Centre d’art du Fort du Bruissin à Francheville. Enfin l’Atelier Alma actuel, à Gleizé, au nord de Lyon, dans le parc d’activités dont il a aujourd’hui pris le nom : Maison de l’estampe des Grands Moulins.
Géré par un groupement d’artistes spécialisés dans la gravure contemporaine, l’Atelier Alma est un atelier professionnel équipé pour la gravure en taille-douce et taille d’épargne.
Espace de création et de résidence d’artistes, la Maison de l’Estampe accueille des artistes professionnels permanents ou de passage pour des projets originaux.
Elle offre également les services d’un taille-doucier pour l’impression d’estampes gravées sur bois, linoléum, cuivre ou zinc.
L’Atelier Alma diffuse l’estampe depuis sa création à travers une production éditoriale. Faisant suite aux éditions Alma des années 90 avec Favier, Skoda, Drahos, Ye Xin, Gong Yi, Guan Jun, les éditions de bibliophilie alma.encrage sont imprimées depuis quinze ans sur les presses de la Maison de l’estampe.
Artistes permanents et invités sont accompagnés de textes d’autrices et d’auteurs, tels Victor Hugo Louise Labé, Annie Mollard-Desfour, Michel Onfray, Stephen Hawking, Patrick Dubost, Mohammed El Amraoui et Armand Dupuy pour le dernier ouvrage en 2023. Les éditions alma.encrage sont déposées à la Bibliothèque nationale de France, à Paris, et figurent dans des collections publiques et privées. Lieu de formation des pratiques artistiques de la gravure, l’Atelier Alma propose tout au long de l’année des ateliers hebdomadaires et des stages d’initiation et de perfectionnement. De la découverte de la discipline à la réalisation de projets : édition, livre d’artiste, exposition, concours… chaque stagiaire, amateur ou professionnel, bénéficie d’un accompagnement personnalisé.
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Pour aller à la rencontre des publics hors les murs, l’atelier a créé Almamobile, une mallette pédagogique sous forme d’atelier mobile destinée aux écoles, centres d’art, musées, prisons, hôpitaux et à tout organisme désireux de pratiquer la gravure dans ses locaux, avec des projets adaptés, sous la direction d’animateurs expérimentés.
La Maison de l’Estampe ouvre régulièrement les portes de ses ateliers lors des Journées européennes du patrimoine, des métiers d’art, de la Fête nationale de l’estampe ; organise des rencontres, lectures, expositions de multiples originaux en région Auvergne-Rhône-Alpes et au-delà : « Multiple en mai », galerie le116art, Villefranche-sur-Saône ; « Papiers amoureux », galerie Jules-Verne, La Ricamarie (Loire) ; « Envers et avec elle(s) », MAC de Pérouges (Ain) ; « Atelier Alma 40e édition », MAPRAA Lyon ; présente ses éditions lors de salons de livres d’artistes à Lucinges (Haute-Savoie), Pollionnay (Rhône) et Paris, à « PAGES », Saint-Sulpice…
L’Atelier Alma est une association loi de 1901 soutenue par les villes de Gleizé, Villefranche-sur-Saône, Lyon, la Communauté d’agglomération Villefranche Beaujolais Val de Saône, la Région AURA et la DRAC.
Atelier Alma, Maison de l’Estampe des Grands Moulins 856, route de Tarare, 69400 Gleizé, France contact@atelier – alma.com www.atelier-alma.com
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Les artistes de l’Atelier Alma
Isabelle Braemer est une artiste à différentes facettes. En peinture, elle nous livre ces sous-bois en pagaille, où l’entrelacement du végétal n’est pas un piège, mais un nid. La création chez elle est toujours le conflit entre l’aléatoire et la maîtrise, cela produit un paysage presque imaginaire, comme magnifié par le souvenir. Ses dessins colorés nous offrent des compositions kaléidoscopiques de fragments de vie intime, de réminiscences et de rêves. isabellebraemer.com
Page 36 : Soldat français, état 3, 2015, aquatinte imprimée sur BFK Rives, 56 × 76 cm, édition de 7 exemplaires.
Page 37 : Sous-bois 2, 2023 et Sous-bois 1, 2021, aquatintes imprimées sur BFK Rives, 75 × 105 cm, éditions de 10 exemplaires.
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Vanessa Durantet est une artiste plasticienne originaire de Lyon. Dessinatrice de formation, elle a trouvé dans la gravure une dimension nouvelle qui lui permet de se connecter plus en profondeur aux sources du vivant. Elle vient chercher des lumières insaisissables et des mémoires enfouies dans la matière en développant des procédés de taille-douce où le geste et l’accident s’enrichissent mutuellement. vanessadurantet.com
Page 38 : Microcosme 9, 2019, gravure imprimée sur BFK Rives, 40 × 40 cm, issue d’une série de 9 gravures, édition de 7 exemplaires, Crépuscule 60, 2022, fleur de soufre, aquatinte et eau-forte sur cuivre de 7,5 × 10 cm, Ingres teinté et appliqué sur Hahnemühle 24 × 32 cm, épreuve unique.
Page 39 : Prisme E.1, 2023, gravure issue d’une série de 11 aquatintes de 36 × 30 cm à 42 × 59 cm, imprimées sur papier BFK Rives, épreuve unique.
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Gladys Brégeon travaille principalement sur papier, pratique le dessin, l’estampe, la photographie argentique et numérique, conçoit des livres d’artistes, crée des objets, dispositifs, vidéos, performances, et écrit des textes. Ses recherches plastiques s’intéressent aux processus de formation des images et des corps, qu’elle ausculte dans l’épaisseur de leur sens, au-delà du visible. gladysbregeon.net
Page 40 : Écriture du silence, 2021, livre d’artiste conçu et imprimé par l’artiste sur des textes de Claude Louis-Combet imprimés sur Rivoli Vélin accompagné de 9 gravures imprimées sur Awagami Kozo et Mingeishi, 31 planches sous étui 30 × 45 cm, édition de 10 exemplaires. Page 41 : Ventres IV, 2023, gravure issue d’une série de 8 estampes (eaux-fortes et gaufrages) imprimées sur BFK Rives gris de 25 × 34 cm à 31 × 42 cm, édition de 3 exemplaires
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Page 42 : Gladys Brégeon, Anatomie d’un point II, 2021, pointe sèche et roulettes imprimée sur BFK Rives, 50 × 65 cm, édition de 8 exemplaires.
Gladys Brégeon, Ab ovo, 2021, pointe sèche et roulettes imprimée sur BFK Rives, 56 × 76 cm, édition de 6 exemplaires.
Vanessa Durantet, La Grande Nuit, 2022, gravure imprimée sur BFK Rives, 120 x 80 cm, épreuve unique.
Isabelle Braemer, Soulages, portrait de l’artiste, 2020, gravure imprimée sur BFK Rives, 35 x 35 cm, édition de 10 exemplaires.
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Telle une moniale dans la solitude de l’atelier, mireï l. r. traque les gestes de sa main. En historienne de l’art, son savoir est source, ressource. Les livres d’heures enluminent le temps qui passe ; démarche qu’elle fait sienne entre 2015 et 2021. Estampes-autoportraits imprimées sur dos de papier peint – signes signatures – montées sur cadres photo tel un cabinet de curiosités. Les Riches Heures de mireï l. r mireilr.com
Page 43 : Bleu pour les filles, 2018, livre d’artiste composé de 30 estampes de mireï l. r., de textes d’Annie Mollard-Desfour et Catherine Herbertz, imprimés sur Magnani, 46 pages, typographie Moulin du Got, reliure Delbar cartonnier, 16 × 30 cm, édition de 7 exemplaires, Les Riches Heures de mireï l. r., 2015 – 2021, installation d’estampes, dimensions variables
© Aline Périer 43
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Elián Stolarsky
Exploring my Artistic Journey : Mémoire, migration et histoire dans la gravure
Dans mon domaine artistique, je me lance dans une exploration méticuleuse de la mémoire, de la migration et de l’histoire. Ces fils s’entrelacent, façonnant subtilement, mais profondément, l’essence même de mon travail créatif. Cette expédition explore le processus complexe de construction de l’histoire, l’influence transformatrice de la migration sur les expériences humaines et les liens sociétaux, ainsi que le rôle de la mémoire en tant que pont intangible qui nous relie à un niveau profondément humain. Un thème sous-jacent constant dans mon travail est l’impact durable laissé par les séquelles de la guerre et ses conséquences profondes.
Dans ma quête d’une perspective historique distincte, j’harmonise des techniques artistiques traditionnelles telles que le dessin, les textiles et la gravure avec des matériaux innovants et des méthodes de composition. Cette fusion va au-delà du simple mélange de médiums ; elle incarne le cœur même de ma vision artistique. Les couches d’époques historiques distinctes, entrelacées et encapsulées les unes dans les autres, convergent vers un moment présent qui défie les récits linéaires traditionnels. Au contraire, il évolue dans une transformation fluide et perpétuelle.
Si mon premier voyage dans la gravure a commencé par les nuances complexes de la xylographie, la pointe sèche est mon compagnon fidèle depuis plus d’une décennie. Cette technique, qui rappelle la gravure tout en étant subtile, me permet d’insuffler à mes gravures une profondeur sculpturale. Par le prisme de la transparence, j’orchestre une danse de lumières, d’ombres et de strates qui donnent à mes installations toute leur vitalité.
Dans ce jeu, une tension harmonieuse émerge, équilibrant les détails méticuleux et les grandes dimensions.
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Le terme espagnol grabado intrigue sur le plan linguistique. Il a une double signification, englobant à la fois le processus de gravure en tant que technique et l’acte de préserver des souvenirs. Cette subtilité linguistique influence considérablement mon choix délibéré de la gravure comme principal mode d’expression. Elle entrelace élégamment les domaines de la production créative et de la commémoration.
Alors que je navigue au confluent de la mémoire, de la migration et de l’histoire, mes œuvres d’art offrent une toile pour la contemplation. Elles invitent le spectateur à plonger dans les couches du temps, à observer l’évolution des circonstances tout en conservant une essence de continuité. Elles incitent à la réflexion sur le parcours complexe de l’être humain, où tradition et innovation se mêlent, entremêlant compétences et émotions dans mon art. Cette interaction nous rappelle doucement l’influence durable des images, capables de transmettre des récits qui résonnent à travers l’étendue du temps.
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Pages 44-45 : Cuando las palabras ardan en la chimenea, pointe sèche sur plexiglas. Ces œuvres font partie de l’installation solo show au musée Cabildo, Montevideo, Uruguay, 2017
Page 46 : Coloured, pointe sèche sur plexiglas imprimée sur papier et objet, pièces imprimées, dimensions variables. Cette œuvre fait partie de l’installation de l’exposition à KALA Art Institute, Berkeley, USA, 2017
Page 47 : Cuando las palabras ardan en la chimenea, extrait d’une série de trois impressions, pointe sèche sur plexiglas, 40 × 60 cm, papier Munken Lynx Rough 240 g et chine collé sur Fabriano ;
Cuando las palabras…, ibid., pointe sèche sur plexiglas
Ces œuvres font partie de l’installation solo show au musée Cabildo, Montevideo, Uruguay, 2017
Page 48 : Cuando las palabras…, ibid., extrait d’une série de trois impressions, 40 × 60 cm, papier Munken Lynx Rough, 240 g et chine collé sur Fabriano
Page 49 : Coloured : pointe sèche sur plexiglas (imprimé sur papier et objet), 16 × 21 cm et 28 × 12 cm. Ces deux œuvres font partie de l’installation de l’exposition à KALA Art Institute, Berkeley, USA, 2017
Page 50 : Images fixes de l’animation Checoslovaquia, animation basée sur des gravures à la pointe sèche sur plexiglas, durée 7 secondes en boucle, 2018
Page 51 : La Condición humana, 2012, pointe sèche sur plexiglas, objet, 20 × 20 × 5 cm
Elián Stolarsky est née en 1990 à Montevideo (Uruguay). Artiste, poète, diplômée en arts visuels de l’École nationale des beaux-arts de Montevideo, elle obtient un master avec grande distinction en techniques d’installation et de graphisme au Kask Conservatorium, Hogent (Gand, Belgique). Elle s’est aventurée à plusieurs reprises dans le monde de l’illustration, de l’animation 2D et de la conception de décors de théâtre. Elle est la plus jeune artiste à avoir eu une exposition personnelle au Museo nacional de artes visuales à Montevideo. Elle a reçu plusieurs prix internationaux, bourses et résidences, et se partage entre l’Espagne et l’Uruguay depuis 2018. Elián termine actuellement un doctorat à l’université Complutense de Madrid sur les effets silencieux de la violence sur les troisièmes générations et comment l’art devient un outil de digestion et de survie ; tout en continuant en parallèle à créer des œuvres mêlant techniques traditionnelles et technologie numérique.
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Martin Ševčovič
L’homéostasie de la technique de la matrice liquide
Martin Sevčovič, artiste visuel slovaque, communique principalement par le biais du médium graphique, ses œuvres sont concentrées en cycles interconnectés. Ses recherches dans le domaine des médias graphiques ont évolué, pour aboutir à une technologie que Ševčovič a appelée Liquid Matrix. Celle-ci lui a permis de réaliser le cycle intitulé Building Blocks of Mental Individuality. L’homme intérieur et la profondeur de son âme sont consignés dans un cycle d’œuvres intitulé Probes. Les œuvres de Martin cherchent à visualiser le code imaginaire de l’homme. Ce qui nous constitue intérieurement et mentalement. Les formes géométriques font référence au côté rationnel, et les autres, à notre côté irrationnel... Il a réussi à créer une variété de couches en utilisant des combinaisons de différentes techniques graphiques. La forme verticale des objets, à son tour, soutient l’intention de faire référence au besoin de croissance intérieure de l’homme et au sens général de la vie. En utilisant des techniques graphiques classiques, il n’obtenait qu’une empreinte statique. C’est pourquoi Ševčovič s’est mis à la recherche d’une empreinte qui serait en évolution et ferait mieux référence au monde intérieur changeant de l’homme.
Né à Piešťany en 1983, Martin Ševčovič travaille à Bratislava. www.martinsevcovic.com https://www.instagram.com/martin_sevcovic/
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Pendant longtemps, l’auteur s’est concentré sur l’observation de nouvelles positions expérimentales du médium graphique chez les auteurs slovaques, l’artiste lui-même cherchant à toujours repousser les limites de ses réalisations imprimées. En termes de contenu, il s’est attaché à trouver un moyen de créer une impression qui soit processuelle. Les solutions minérales l’ont aidé à y parvenir, notamment par la création de la technique appelée Liquid Matrix. Lors de la réalisation d’une impression, la plupart du temps, le relief est réalisé dans des matériaux solides tels que le métal, la pierre, le plastique ou le bois. D’autre part, avec le développement de la technologie informatique et son utilisation pour la réalisation de l’image et son impression ultérieure au moyen de dispositifs matériels, est apparue la matrice immatérielle ou électronique. Cette dernière est à l’état liquide. La matrice liquide fonctionne sur la base des propriétés des éléments chimiques, ce que l’on appelle le décalage de Becket des métaux. Nous pourrions dire qu’il s’agit d’une manière non conventionnelle de réaliser une impression à partir de solutions minérales, ce qui nous permet d’obtenir une impression qui est en cours de réalisation. C’est le processus de changement qui caractérise le mieux le travail de Sevčovič.
L’objectif principal est de créer des représentations abstraites – des signes visuels qui se réfèrent à ce que l’on appelle les éléments de construction des individualités mentales. L’artiste perçoit ces éléments de construction en termes de deux polarités, positive et négative. Il s’agit d’une représentation artistique de la personnalité humaine, qui a la possibilité de changer, tout comme les empreintes sédimentaires d’une matrice liquide, qui sont constamment en cours de transformation.
On trouve dans ses œuvres des reflets de la seconde nature (Hegel) – la civilisation, artificielle, produite, tout en cherchant des images de sa beauté sublimée résiduelle…, des couches subtilement accumulées qui associent des processus lents mais irréversibles de changement (transformation) et leurs sédiments1 Pour l’auteur, la plus grande contribution de la procédure décrite est l’empreinte obtenue au cours du processus. Par rapport aux impressions conventionnelles qui sentent la couleur ou le relief, il a réussi à trouver un moyen d’équilibrer les surfaces, qui changent en fonction de l’influence de l’environnement. Un processus sans fin de disparition et donc d’émergence de quelque chose de nouveau.
Page 52 : De la série Sonde, 2010, objets graphiques (aquatinte, manière noire, pointe sèche, technique personnelle), 240 × 25 × 25 cm, 3 pièces de 320 × 25 × 25 cm, 400 × 25 × 25 cm
Page 53 : De la série The Buildings Blocks of Mental Individualities (détail), 2014, gravure en relief sur cuivre, 85 × 50 cm
Page 54 : De la série Sonde, 2011, objets graphiques (aquatinte, manière noire, pointe sèche, technique personnelle), 140 × 15 × 15 cm
Page 55 : De la série The Buildings Blocks of Mental Individualities, 2017, impression sur aluminium avec la technique de la matrice liquide, 70 × 70 cm
Page 56 : de la série Sonde, 2014, objet graphique, impression sur aluminium avec la technique de la matrice liquide, 340 × 68 × 68 cm
Page 57 : de la série Explicate Interpretation, 2021, gravures en relief sur cuivre (technique personnelle), 100 × 70 cm
1- Les reproductions de l’article Liquid Matrix proviennent des archives de l’auteur.
L’auteur des reproductions est Peter Čintalan.
Affiliation : l’article est un résultat du pr ojet KEGA No.001KU-4/2023 « Embodied experience with the use of artaction II - against stagnation in adulthood and the elderly ».
Bibliographie[1] Vrbanová A. (2017).
Methexis : catalogue d’exposition, Trebatice : Young Art Show, o. z., 2017. 37 p.ISBN 978-80-972813-0-4.
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Jean-Claude Loubières
Jean-Claude Loubières est un artiste français créateur de livres d’artistes. Un plasticien qui prend en charge toutes les étapes de réalisation d’un livre : de l’idée initiale à sa diffusion en passant par le choix d’images (les siennes ou celles de quelques photographes), de textes (les siens ou ceux d’écrivains de son choix), de typographies, papiers, formats, types d’impression et d’assemblage. Selon cet artiste, seules ces exigences, et les savoir-faire qu’elles requièrent, sont à même de porter la cohérence du concept initial et la particularité de chaque livre, de lui conférer la lisibilité nécessaire et sa transmission au lecteur.
Loubières répond en cela au rêve formulé ou non par chaque écrivain : chaque idée de livre requiert une présentation et un usage spécifiques. Son œuvre est traversée de quelques grandes thématiques : le quotidien, son proche environnement, son rapport à l’art et aux arts populaires, et forcément, puisque nous sommes dans le domaine de l’art et de la lecture, mettre en forme et en page la question de la lisibilité elle-même.
Toutes les éditions sont tirées, fabrication artisanale oblige, à un nombre limité d’exemplaires : de 100 pour de petits livres accordéons à une trentaine, voire moins, pour les ouvrages plus importants comme Incipit/Rideau1
Partant de ses livres d’artiste, Loubières réalise des tirages en sérigraphie, mais de plus grands formats que les images figurant dans les livres. Il déploie aussi ses savoir-faire dans des boîtes. 24 chefs-d’œuvre. Réunit 24 titres en 24 lettres de 24 tableaux célèbres dont les lettres sont réalisées avec de la pelure de pamplemousse plongée dans de la paraffine (2010), ou encore ces courtes phrases qu’on peut faire tourner et qui sont placées dans des boîtes transparentes servant à conserver le coulommiers (2018-2019).
1 Depuis la fin des années 80, Jean-Claude Loubières réalise trois ou quatre livres par an. On peut découvrir sa production sur le site de l’artiste : http://www. jeanclaudeloubieres.com ou via un film réalisé en 2020 par son fils : https://vimeo.com/497838661.
En 2022, Loubières conçoit et réalise Incipit. Cette édition d’artiste réunit dans une boîte incluse dans une reliure entoilée 12 incipit de romans connus tamponnés sur des disques en papier recyclé fait maison qui conservent à l’évidence leur fabrication artisanale (ronds imparfaits et bavures du papier). Ils sont retenus entre eux par un ruban noir. Les tampons ont été faits grâce à un graveur laser. Quant à la boîte et à sa reliure, elles ont été imprimées en sérigraphie. Ces disques de papier blanc tamponnés de texte rouge sont en quelque sorte des pastilles-hosties. Les œuvres littéraires comme soin à nos souffrances et comme union avec elles. En 2023, sous le titre Incipit/Rideau, Jean-Claude Loubières reprend et développe cette création. De 12 incipit, il passe à 69 (formant 10 séries de 6 incipit auxquels il ajoute, en dernier et en forme de signature, un tampon-autoportrait). Le ruban noir relie les 70 disques-pastilles pour former un rideau d’incipit de 170 × 70 cm qui n’est pas sans évoquer ces rideaux formés de bandes de plastique de couleur qu’on retrouve l’été entre deux pièces des maisons du Sud. D’où l’impératif de reprendre les incipit aussi bien au verso qu’au recto. Le tout est placé dans une boîte qui inclut un bâton de bois dans lequel viennent se glisser des anneaux (ruban en satin) retenant ruban noir et disques de papier. Comme tout livre dont cette œuvre s’inspire, Incipit/ Rideau se devait d’être nomade.
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L’extension de ce « livre d’artiste » met en évidence la trame qu’il forme entre disques de papier et rubans. Lien étroit entre un éventail d’incipit d’œuvres (romans, nouvelles, journaux, essais d’écrivains, essentiellement, mais également d’un plasticien et d’un anthropologue des xviiie , xixe et xxe siècles principalement français, mais aussi allemands, américains, italiens, russes, suédois et tchèques). Les œuvres évoquées sont tantôt parmi les plus célèbres, tantôt parmi les plus méconnues. Œuvres de maturité et ouvrages de jeunesse. Pas de hiérarchies de valeur, de temps, de forme, de sujet ou de lieu.
Ce qui les réunit ? L’attrait de Jean-Claude Loubières pour les paradoxes et l’étrangeté des situations (J’espère que ce livre ne sera jamais lu – Yourcenar, ou Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas – Camus), son intérêt pour les évidences (Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon – Tolstoï), l’art des grands écrivains de camper une situation (C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar – Flaubert), la banalité la moins « littéraire » possible (Ouah ! ouah ! ouah ! ouah ! ouah ! – Henry Miller), sans oublier les débuts de romans parmi les plus célèbres (Longtemps je me suis couché de bonne heure). Loubières retient la phrase brève (même chez Proust) et, pour notre plus grand plaisir, un éventail de positionnements par rapport aux normes littéraires.
Ce sens du jeu, cet artiste le suscite chez ceux qui parcourent/regardent ses livres d’artistes. Car on peut jouer à « Qui a écrit ça ? ». Retrouver les plus grands dans la mise à distance de leur talent. Jouir de ce melting-pot artistique. Rideau.
Jean-Claude Loubières est né en Lorraine en 1947. Après 25 ans passés en région parisienne et à Paris, il vit à Calès, dans le Lot. Sculpteur dans un premier temps, il est l’auteur, depuis 1989, d’une importante production de livres d’artistes et d’estampes réalisées en sérigraphie. Les estampes reprennent certaines images contenues dans les livres. De 1989 à 2004, il les publie en collaboration avec des éditeurs existants.
Depuis 2003, il s’affirme comme autoéditeur et publie depuis, au rythme de quatre ouvrages par an. Artiste autodidacte, il apprend différentes techniques en fonction de l’esprit et de la logique de ses projets. Ses réalisations de livres d’artistes obéissent à quelques paradigmes qui permettent de comprendre son œuvre, ses différentes thématiques, ses dispositifs ainsi que les préoccupations qui la traversent.
En 2021, le Centre Daily-Bul & C° lui a consacré une monographie largement illustrée intitulée À justes titres
Elle met en avant les paradigmes, thématiques et dispositifs mis en œuvre avant de soulever quelques questions transversales telles que le jeu, l’humour, la mémoire et le temps.
Jean-Claude Loubières. À justes titres / Writefully par Alain de Wasseige
23 × 22 cm, 84 pages, français-anglais
Centre Daily-Bul & C° et A & L Éditions, juin 2021
ISBN 978-2-931052-02-0, 15 euros
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Alain de Wasseige
Retrouvez toutes les techniques de la taille-douce indirecte
Après avoir présenté les outils et les étapes clés du processus, ce troisième guide, écrit par Olivier Dekeyser, décompose les techniques principales de la gravure en taille indirecte à travers des séquences complètes en photographies pas à pas. Les méthodes explorées comprennent l’eau-forte et l’aquatinte, et abordent également des variantes telles que la gravure à la manière noire avec de la laine d’acier, la chromoplaxographie, le lavis encre litho, le spit bite, la gravure au crayon, celle au bicarbonate de soude et papier carbone, ainsi que la gravure à la marbrure, au sucre, à la gouache, au soufre, à l’huile essentielle ou au papier émeri.
Que vous soyez un novice ou un expert en gravure, cet ouvrage vous dévoilera un aspect captivant de cette discipline aux multiples possibilités. Les pages sont enrichies de reproductions d’œuvres réalisées par des artistes talentueux venant des quatre coins du globe.
Pratiquer la gravure en creux, taille indirecte Eau-forte, aquatinte, crayon, sucre, chromoplaxographie, etc.
Editions Eyrolles
Collection : Les techniques de l’estampe Olivier Dekeyser, Éditions Eyrolles, sept. 2023 126 pages, broché A4, 20 € ISBN 978-2-416-01199-3
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EXPOSITIONS LIBRAIRIE
Le livre qui présente le travail de Christine GendreBergère prend au sérieux les usages associés à la tradition des monographies d’artistes. Elle est bien plus qu’un catalogue ou un inventaire des œuvres imaginées, inscrites dans l’épaisseur de la plaque de cuivre et imprimées sur des papiers choisis avec soin depuis plus de 20 ans dans son atelier de l’Est parisien. Les gravures, suites gravées, portfolio et livres d’artistes reproduits tout au long des 172 pages d’un ouvrage mis en page et composé de manière très dynamique sont accompagnés de courts textes qui parlent du rapport de l’artiste à sa création, à sa technique, à ses outils, mais aussi de son rapport à notre époque. L’ensemble est organisé de telle manière que se croisent d’un côté les sources d’inspiration, qu’elles témoignent de ce qui enchante Christine, les textes de Beckett, ce chiffre mystérieux inscrit sur un trottoir parisien ou l’amitié de ses copines graveures, et de ce qui la révolte, le sort des réfugiés et des sans-domicile ou l’envahissement de notre planète par des déchets toxiques, et de l’autre, une histoire (et une préhistoire), un parcours, une filiation, une possible relève et un engagement devenu exclusif. D’un côté comme de l’autre, les portraits et les regards s’imposent. On ne les oublie pas.
Une bonne nouvelle : une série inspirée de la vie de Camille Claudel est signalée comme « en cours ». Lors de sa publication, une monographie d’artiste vise l’exhaustivité (sans l’atteindre !), elle ne clôt pas une œuvre, elle invite à la poursuivre, à l’enrichir. Nous attendons donc les suites « gravées », forcément gravées puisque Christine l’écrit avec fierté : « Je suis graveure à plein temps. J’ai trouvé ma place. »
172 pages. Juillet 2023. 48 euros. https://k1l.eproshopping.fr/1867403-GraveurUne-monographie-de-Christine-Gendre-Bergere ou auprès de l’auteur.
39 NOUVELLES EN TROIS LIGNES DE FÉLIX FÉNÉON
« Je connaissais Félix Fénéon pour avoir vu entre autres sur les toiles de Lautrec et de Signac le portrait de ce jeune homme au visage étonnamment moderne. Mais j’ignorais qui il était vraiment avant de découvrir chez un libraire d’Amiens (dont l’enseigne représentant le réjouissant nombril labyrinthique du Père Ubu m’avait semblé de bon augure) un exemplaire des nouvelles en trois lignes. J’ai passé un weekend dans une cabane des hortillonnages à lire et relire ce petit livre désopilant. Fénéon est un personnage étonnant. Ce collectionneur, critique d’art, galeriste et éditeur a un jugement tellement sûr en matière littéraire et picturale que l’on se demande s’il n’est pas un voyageur temporel égaré au xixe siècle et qui savait à l’avance ce qui deviendrait important dans le futur. »
Textes, dessins, linogravures et eau-forte
Alfred M. Fabry
Format A4
64 pages
© Éditions K1L 2023
https://k1l.eproshopping.fr/
1877151-Du-sang-a-la-une-Alfred-M-Fabry
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GRAVEURE UNE MONOGRAPHIE DE CHRISTINE GENDRE-BERGÈRE
LIBRAIRIELIBRAIRIE
éditions K1L
Tarifs 2023
Abonnement
1 an, quatre numéros plus 1 gratuit
Abonnement un an /quatre numéros plus 1 gratuit avec gravures signées et numérotées.
Belgique Europe Monde
100 € 120 € 150 €
Belgique Europe Monde
300 € 320 € 370 €
Pour vous abonner, il vous suffit de virer le montant sur le compte : BE39 0689 0083 8219 BIC:GKCCBEBB avec en communication : Abonnement à Actuel de l'Estampe, votre nom, votre adresse et votre numéro de téléphone. Ou, sur le site www.actueldelestampe.com
NUIT D’ENCRE ExpositionGravure Du 15/09/23 au 19/01/24 MCFA | Marche
ISBN 978-2-930980-51-5 9 782930 980515 >