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Mosaïque du Nil : le rituel de la Toison d'or
by rogerbbb
Mosaïque du Nil : le rituel de la Toison d'or - Il y a une seconde mosaïque au plancher de la caverne de la Fortuna à Préneste, nommée "Antro delle Sorti", très grande mais presque détruite; sur un fragment, on y voit un homme apporter une toison à une petite statuette d'une sorte de victoire ailée en prière ou en adoration sur un autel, avec un grand trident et un bouclier derrière l'autel, et une figurine de Vieillard de la Mer, Protée, sous l'autel. Pindare à propos de la Toison d'or, Pythiques, IV, L'usurpateur du trône, Pélias roi d'Iolcos en Thessalie, répond à Jason : "Mieux que moi vous pouvez apaiser le courroux des dieux infernaux. L'ombre de Phryxus m'ordonne de partir pour le pays où règne Aétès, de ramener ses mânes dans sa terre natale, et d'enlever la riche toison du bélier sur lequel il traversa les mers pour échapper aux traits impies d'une cruelle marâtre. [] je m'engage à vous rendre le trône à votre retour, et je prends à témoin de mes serments le puissant Jupiter dont nous descendons l'un et l'autre." Encore dit : «Consens à accomplir cet exploit, et je jure que je te céderai le sceptre et la royauté.» - La toison d'or apparaît dans un rituel de royauté dans la pièce d'Euripide, Electre: «ÉLECTRE Maintenant, il faut que tu sois un homme. (Oreste et le vieillard partent, suivis de Pylade et des serviteurs.) Et vous, femmes, signalez-moi les cris de ce combat. Moi, je veillerai. L'épée sera toute prête; je la tiendrai levée. Non, si je suis vaincue, je ne laisserai pas à mes ennemis leur vengeance : ils n'outrageront pas mon corps. LE CHŒUR Strophe I. — L'agneau était encore sous sa tendre mère quand jadis aux montagnes d'Argos, comme en reste le souvenir dans les légendes chenues, soufflant dans ses chalumeaux harmonieux, Pan joua un hymne mélodieux, Pan, le protecteur des campagnes, et entraîna l'agneau à la belle toison d'or. Debout sur les marches de pierre, le héraut crie : «A l'assemblée ! A l'assemblée, Mycéniens ! Venez voir du bonheur de nos tyrans le prodige annonciateur.» Et les choeurs glorifiaient la maison des Atrides. Antistrophe I. — Les sanctuaires se dévoilaient, éclatants d'or incrusté; par la ville étincelait le feu sur les autels des Argiens ; la flûte de lotos envoyait à l'écho ses sons les plus beaux, cette servante des Muses. Des chants portaient jusqu'aux nues les prodiges de l'agneau d'or ... (texte incertain)... En secret, pour sa couche, il a séduit l'épouse chérie d'Atrée. Il emporte le prodige dans le palais. Revenu à l'assemblée, il crie qu'il détient l'agneau cornu à la toison d'or, chez lui. Strophe II. — C'est alors, oui, alors que Zeus changea la route lumineuse des astres, du Soleil (Hermès avait conseillé à Atrée de convenir avec Thyeste que l'agneau et la royauté lui reviendraient si le soleil se levait un jour à l'Occident.) brillant et de l'Aurore au front radieux. C'est vers l'Occident que s'avance la voûte céleste et sa flamme ardente allumée par un dieu; les nuées humides s'en vont vers Arctos; desséchés, les séjours d'Ammon (Zeus-Ammon en Libye) se consument sans connaître la rosée, privés des pluies bienfaisantes de Zeus.» (On y évoque aussi la «toison noir» qui représenterait le «tyran» c'est pourquoi on recherche la toison d'or.) Le Vieillard est un gardien des tombeaux. «ÉLECTRE Mais pourquoi, ô vieillard, ton visage est-il baigné de larmes ? Ou gémis-tu sur le malheureux exil d'Oreste (Électre est la sœur d'Oreste et d'Iphigénie) et sur mon père (Agamemnon)...? ... LE VIEILLARD Oui, en vain! Et pourtant ce n'est pas ce souvenir que je ne pouvais supporter. Mais je me suis détourné de mon chemin pour aller à son tombeau; je me suis prosterné devant lui et j'ai pleuré de le trouver à l'abandon. Ouvrant l'outre que j'apporte pour tes hôtes, j'ai fait des libations; puis autour de la
tombe j'ai déposé des rameaux de myrte. Alors, sur le bûcher même, j'ai vu, immolée en sacrifice, une brebis à la toison noire, son sang qu'on venait de répandre et des boucles coupées à une blonde chevelure. Quel homme a osé venir au tombeau? […] Aujourd'hui nos anciens rois vont régner à nouveau sur le pays, les rois qui nous sont chers. La justice a renversé nos injustes tyrans.» (Il y a un parallèle entre la toison noir du tyran, et la toison d'or royale.)
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- La vierge Iphigénie et la toison : Iphigénie est la fille vierge adorée d'Agamennon qui décide de la sacrifier à Aulis pour calmer la tempête et partir pour Troie; cependant la déesse Artémis la sauve in extremis. Euripide, Iphigénie en Tauride : «Première fleur éclose dans la chambre nuptiale, la pauvre fille de Léda [Hélène] ne m’avait enfantée et nourrie que pour être la victime de l’odieux outrage paternel et une offrande peu joyeuse». Iphigénie, une fois résolue à la mort, demande à ses proches : «Donnez, apportez des bandelettes pour ceindre mon front – voici mes tresses à couronner» Souvent représentée avec une très petite statue, accompagnée de plusieurs symboles (thyrse, parasol, toison); derrière elle peut se trouver un arbre-myrte aux fleurs blanches, en plus d'apparaître avec les Dioscures visibles par la double-lance, souvent prêt d'un temple à colonnes; (Ceci qui la rapproche du rituel de Karneia et de la représentation de la petite fille près du temple aux soldats. Trait très particulier, d'abord elle semble tenir une toison représentant la biche qui l'a substitué lors de son sacrifice rituel à Aulis, secondement son visage n'est pas dessiné mais ressemble à une représentation de l'hymen; «un visage vierge» la personnifie comme «la virginité même». Le cratère en calice apulien du musée Pouchkine, no 504 (photo noir et blanc), montre Iphigénie dans la forme d'Isis-Aphrodite, mais une légère tunique la couvre encore, la statuette-poupée est à ses pieds, les deux lances des Dioscures présente, et le thyrse d'osier. Cette membrane virginal, «l'hymen de la guerre», est l'intégrité du royaume car la guerre n'a pas percé son temple, au contraire de Troie qui s'est fait volé le Palladium sacré et protecteur. Sur la Mosaïque on voit une petite statuette dans le fond du temple, derrière les 3 cornes de la victoire. Le mythe-rituel veut éviter «l'odieux de la défaite». Sur le cratère «Ermitage B 1715» de Leningrad (ci-haut à droite), on y retrouve des symboles précis, un parasol ouvert en bas; cela exprime qu'elle est exposée au soleil de la divinité, ou qu'elle ne l'est plus puisque sauvée par Artémis; le parasol est présent sur un fragment non restaurée de la Mosaïque – voir à la fin. Ce faisant, du lien aux Karneia et la «serviette d'or» d'Hérodote, il est concevable que la biche substituée à Iphigénie serve de «toison d'or» lors des rituels qui s'ensuivent avec celle-ci.) Euripide, Iphigénie en Tauride : «Le soleil, dirigeant ses coursiers rapides, a détourné leur marche, et nous a dérobé sa brillante lumière. Des calamités diverses fondent sur la maison royale, toutes amenées par le rapt de la Toison d’or. Le meurtre suit le meurtre, la douleur suit la douleur. Depuis ce trépas funeste des fils de Tantale, une furie vengeresse s’est attachée à sa race, et un génie ennemi te poursuit.» Un peu plus loin Oreste veut prouver à Iphigénie qu'il est son frère : «Iphigénie. Que dis-tu ?… Peux-tu m’en donner quelque preuve ? Oreste. Je te dirai d’abord ce que j’ai appris de la bouche d’Électre. Tu connais la querelle qui divisa Atrée et Thyeste ? Iphigénie. On me l’a racontée ; c’était au sujet de la toison d’or. Oreste. Tu sais donc aussi que tu l’as représentée sur un tissu brodé de tes mains ?» (Iphigénie agit comme le remplacement de la toison d'or


volée, rachète un hymen royale perdu; elle est sans tâche, sauvé et agréée par la déesse.) - À propos du visage d'Iphigénie, Euripide dans Iphigénie à Aulis, vers 1089–97, traduction de François Jouan : «Où donc le visage de la pudeur, où donc celui de la Vertu garde-t-il quelque empire, quand l’impiété est souveraine, quand les hommes tournent le dos à la vertu (honneur) et la négligent, quand l’anarchie triomphe des lois et que les mortels renoncent à avoir leurs efforts pour conjurer la venue du ressentiment divin?». Autre élément intéressant, la lettre donnée par Iphigénie est associée au marteau qui imprime le sceau; Agammenon avait tenté de renvoyer Iphigénie avant qu'elle n'arrive pour le sacrifice et avait envoyé une lettre en y plaçant son sceau. «Le sceau-matrice est la bague ou la gemme qui laisse une empreinte sur le cachet... les matrices sont des bijoux. En tant qu’objets précieux, elles peuvent servir d’offrandes religieuses et être consacrées à un dieu... placé les sceaux parmi les objets de valeur dont il souligne la puissance. [...] en Grèce ancienne les sceaux ferment les portes et les bâtiments – ou même les coffres –autant que les messages. [...] Certains chercheurs sont même partis de cette occurrence [le sceau de chasteté] pour percevoir la lettre d’Agamemnon dans Iphigénie à Aulis comme un équivalent du corps d’Iphigénie, et en particulier de son pubis, lequel doit être scellé jusqu’au mariage» [53] (Ce mariage de la vierge au temple, l'union au dieu se nomme hieros-gamos. Le sceau sur le vase en question est collé aux symboles du chien de garde, et la coquille protectrice; et ceux-là sont représentés aussi par les Dioscures. Sur ces matrices en gemmes se trouvent des noms ou des images comme la sphinge; ce qui contextualise les gemmes placées sur la Mosaïque, ainsi que les animaux, comme des symboles de puissances de leurs dirigeants, en acte et en parole, de leur crédit et confiance.) Iphigéni en Tauride : «Que ne puis-je, portée sur des ailes, parcourir l'immensité des cieux (58), où le soleil promène ses ardents rayons ! J'arrêterais mon vol au-dessus de la maison paternelle : je me mêlerais aux chœurs de danse où, vierge destinée à un noble hyménée, j'animais sous les yeux de ma mère la troupe des jeunes filles de mon âge, et je disputais à mes compagnes le prix de la beauté, laissant ondoyer les tissus précieux et les boucles flottantes qui voilaient mon visage.» - Analyse du sacrifice : (Voilà mon hypothèse. C'est pour représenter le charnel qu'Iphigénie est placée au bas de la fresque. Le sacrifice n'est pas un meurtre proprement dit où l'offrande d'une simple vie, mais cette âme est séparée de la corruption charnelle pour lequel l'hymen terrestre était prévue; et cette virginité est spiritualisée pour le roi ou le peuple; l'esprit libéré de la chair évolue dans un monde mythique, idéel, non plus physique. Comme l'union carnassière est abandonnée à travers le sacrifice passionnel au divin, il n'a pas lieu d'arriver en propre puisqu'il est agrée. Cette virginité de l'esprit est alors symbolisée par la toison, laquelle prend part aux rituels de Karneia. Lorsque la toison est emportée à l'autel de Poséidon ou Protée dans la cave près des eaux souterraines - mosaïque de la Cave -, elle purifie ses eaux de la mort, et elles vivifient alors les fleuves de ce territoire, l'ensemble de la fresque; les formes deviennent mythiques et la Physis n'est plus vulgaire, les temples, les animaux mythiques et les xoanon prennent aussi vie. Le procédé est aussi celui de l'Aphrodite qui promet à Pâris cette Hélène, un hymen terrestre pour lequel la Guerre de Troie fût faite; essentiellement, le rituel d'Iphigénie, qui précédait l'armada envoyé à Troie, cherche à faire remonter l'âme vers l'Aphrodite Ourania. Finalement la jeune fille au temple peut encore représenter Hélène enfant, qui à 7 ou 10 ans (Hellanicus fr. 168b Fowler) fût enlevée par Thésée lorsqu'elle participait à un

53 Nicolas Siron, «Le sceau d’Agamemnon», Images Re-vues, 2018, http://journals.openedition.org/imagesrevues/6124
rituel pour Artémis Orthia (Plut. Thes. 31) et fût récupérée par les Dioscures; un mythe équivalent à la victoire sur Troie.) L’Exégèse de l'âme retrouvé en 1945 à Nag Hammadi explique précisément cette virginité de l'âme qui survient comme un retournement face à la matière, laissant l'amant terrestre pour retrouver le «roi» à l'intérieur, l'intellect. «lorsqu’elle tomba dans un corps et vint en cette vie, elle tomba au pouvoir de nombreux brigands et les violents se la passèrent l’un à l’autre et la souillèrent. Certains la prirent par violence, d’autres en la séduisant par un cadeau illusoire. Bref, elle fut souillée et perdit sa virginité. [...] [Si] la matrice de l’âme se tourne vers l’intérieur, elle est baptisée et aussitôt purifiée de la souillure extérieure qui fut imprimée sur elle, de même que les vêtements quand ils sont tachés sont mis à l’eau et retournés jusqu’à ce que soient enlevées leurs taches et qu’ils soient purifiés. [...] De même aussi [Hélène] dit : "Mon cœur en moi s’est retourné, je veux revenir à ma maison." Elle sanglotait en effet, disant : "C’est Aphrodite qui m’a trompée. Elle m’a enlevée de mon village. Ma fille unique, je l’ai abandonnée, avec mon mari bon, sage et beau." Si l’âme en effet abandonne son mari parfait à cause de la tromperie d’Aphrodite — celle qui réside en ce lieu dans le processus de génération —, alors elle subira des dommages... [] Il exige d’elle en effet qu’elle détourne son visage de son peuple et de la foule de ses amants adultères au milieu desquels elle était auparavant. Elle est attentive à son seul roi, son seigneur naturel. [] L’âme se meut donc d’elle-même et a reçu du Père le divin pour qu’elle se renouvelle afin d’être ramenée là où elle était à l’origine. C’est la résurrection d’entre les morts, c’est le rachat de l’emprisonnement, c’est l’ascension pour monter au ciel...»
- Iphigénie et la malédiction du Palladium. Ce que Sinon dit aux Troyens pour faire accepter le Cheval de Troie dans l'Énéide. «Mais du jour où le fils impie de Tydée et cet inventeur de crimes, Ulysse, ... ont saisi la sainte image, où de leurs mains sanglantes ils ont osé toucher les bandelettes virginales de la déesse, de ce jour l’espérance des Grecs s’en allait, s’effondrait ; leurs forces étaient brisées et l’esprit de la déesse se détournait d’eux. Ils ne pouvaient (que) se tromper aux prodiges significatifs que leur donna la Tritonienne. À peine sa statue fut-elle placée dans le camp que de ses yeux grands ouverts et fixes jaillirent des étincelles et des flammes ; ses membres se couvrirent d’une acre sueur, et trois fois du sol, chose merveilleuse, elle bondit elle-même avec son bouclier et sa lance frémissante. Aussitôt Calchas vaticine qu’il faut s’embarquer et fuir, que Pergame ne peut être anéanti sous les coups des Argiens s’ils ne retournent à Argos chercher des auspices et s’ils n’en ramènent la faveur divine [] Sur son conseil, comme expiation de leur triste sacrilège, pour remplacer le Palladium, pour réparer l’outrage à la divinité, ils ont construit cette effigie (le Cheval). [] Si vos mains profanaient cette offrande à Minerve, – que les dieux tournent plutôt ce présage contre Calchas lui-même ! – alors ce serait une immense ruine pour l’empire de Priam et pour les Phrygiens. Mais si, de vos propres mains, vous la faisiez monter dans votre ville, l’offensive d’une grande guerre conduirait l’Asie jusque sous les murs de Pélops : tels sont les destins qui attendent nos descendants. Ces paroles insidieuses, cet art de se parjurer nous firent croire ce que disait Sinon ;» (Donc la statue a été souillée lorsqu'elle fût prise et Sinon ici convainc les Troyens que cela a découragé les Grecs et que refusé le Cheval dédié à Athéna attirerait la même malédiction.) - Iphigénie. Le sujet de la pièce d'Iphigénie en Tauride (Crimée actuelle), d'Euripide, est le secours qu'Oreste porte à sa soeur Iphigénie, voulant rapporter la statue sacrée à Athènes. Le sujet est déclaré comme la statue sacrée d'Artémis mais elle n'est pas nommée ainsi, et c'est Minerve-Athéna qui porte son secours. Par un trompe-l’œil et un langage énigmatique, Euripide a pu évoquer le Palladium d'Athéna. Iphigénie introduit son périple lorsque Artémis la sauve du sacrifice à Aulis, avant la Guerre de Troie. La même malédiction cité en Virgile pèse sur cette statue : «IPHIGÉNIE. La statue de la déesse a reculé de sa place et s'est détournée. THOAS. D'elle-même, ou par l'effet d'un tremblement de terre ? IPHIGÉNIE. D'elle-même, et ses yeux se sont fermés.» Mais voilà ce qu'elle en dit : «La déesse m’établit prêtresse de ce temple, où, parmi les rites auxquels elle se complaît, il en est un qui n’a de beau que le nom. Je garde le silence sur le reste, par crainte de Diane. En vertu d’une coutume antique de ce pays, j’immole tout Grec qui aborde sur cette terre.» Oreste parle «Ô Phébus... tu m’as répondu d’aller dans la Tauride, où Diane ta sœur a des autels, et d’y enlever la statue de la déesse, qu’on dit être 'descendue du ciel' dans ce temple [] faisant entendre sa voix par le trépied d’or, Apollon m’ordonne de venir en cette contrée, pour enlever 'la statue descendue du ciel' et la déposer sur le sol d’Athènes. [] Mais écoute ce que je pense : si cet enlèvement déplaisait à Diane, Apollon aurait-il ordonné de transporter la statue de la déesse dans la ville de Minerve ? [] Oreste enlève sa sœur sur son épaule gauche, s’avance dans la mer, et, montant à l’échelle, dépose sur le vaisseau Iphigénie, avec la statue de la fille de Jupiter tombée du ciel. Alors du milieu du navire une voix s’élève : Matelots de la Grèce, mettez à la voile, et faites blanchir les flots sous la rame : nous possédons l’objet pour lequel nous avons traversé le Pont-Euxin et affronté les Symplégades. [] Je loue ton obéissance, car le Destin règne sur toi, et même sur les dieux. Soufflez, vents favorables, portez à Athènes le fils d’Agamemnon : j’accompagnerai son navire et je veillerai sur la statue auguste (augere 'augmentée') de ma sœur.» (Simplement il faut lire par expression, non pas la statue tombée du ciel dans le temple, mais la "statue tombée du ciel" dans ce temple. Par le Pont-Euxin, Euripide peut faire une référence historique, «nous les Grecs». Le Pont-Euxin est relié à l'Hellespont où sont passés les troupes allant vers Troie; autrement, l'endroit est lié aux Argonautes. Athéna est la fille de Jupiter-Zeus et de Métis telle qu'on appelle la statue. La "statue tombée du ciel" est culturellement le Palladion, il n'y a pas d'autres mythes associés à la Tauride qui en font état, le rapport avec Athéna en est un de proximité. Le seul à méprendre la statue pour celle d’Artémis est celui-là même qui est trompé, Thoas. Par ce mythe, Euripide rapproche le culte des symplégades et celle du voile d'hyménée qu'Iphigénie porte au visage avec Sparte. Comme on
verra sur les barques sacrées athéniennes, celle que l'on voit avec un naos doit marquer le retour de la statue sacrée. Ce n'est pas la première oeuvre qui userait de jeu de mot, au chant IX de l’Odyssée lorsqu'Ulysse se sauve du cyclope Polyphème, il dit s'appeler «Personne» et celui-là ne réussit pas à l'identifier et ses frères ne le prennent pas au sérieux. Ulysse qui était aussi présent lors du vol du Palladium.)
- Les 3 cornes doivent représenter celles d'un héros troyen, Géryon : La généalogie de Géryon, ennemi d'Héraclès, est un peu confuse. Géryon serait un fils de Callirhoé, une Océanide, fille d'Océan et de Téthys. Cependant on trouve du même nom une Callirhoé mère d'Ilos et grand-mère de Laomédon, fille du dieu fleuve Scamandre, descendant d’Océan et Téthys. Géryon habite vers l'ouest de la Méditerranée. Un fragment de la Géryonide de Stésichore (VIe siècle av. J.-C.) cite «Là ou le monstre Geryon vit la lumière pour la première fois, Erytheia ‘Pays Rouge’, la fameuse nous apparaît. Né le long des rivières d'argent sans fond, qui brillent parmi les rochers caverneux, et nourrissent le fleuve de Tartessos» (Ce mot Erytheia serait rattaché aux Hespérides. La scholie d'Apollonios de Rhodes donne Phorcys et Céto comme parents des Hespérides. Or Céto est un monstre marin ravageur de Troie. Phérécyde (3F73 FGrH) nous dit qu'Héraclès tue Émathion au cours de son voyage pour aller dérober les pommes d'or du jardin des Hespérides, soit en Arabie ou en Éthiopie. Hésiode lui prête un frère, Memnon, un héros de Troie. On en conclu donc qu'il fait déjà la guerre à Troie à travers ses pérégrinations. Voir encore le Prométhée Délivrée cité sur la fresque de Cenchrées.) Voler les boeufs de Géryon est le 10e des Travaux d'Hercule. Et quand Héraclès sauve Hésione la fille du roi troyen, Héraclès qui suivait Jason et les Argonautes à la recherche de la toison d'or était sur son retour; ou selon Apollodore est de retour de son Travail contre les Amazones (9e Travaux). Apollodore, Bibliothèque Livre 5 : «Ce prince les ayant promis, Hercule tua le monstre, et délivra Hésione. Laomédon ayant ensuite refusé de tenir sa promesse, il partit en le menaçant de revenir ravager Troyes, et alla aborder à Ænos. ... De là il vint à Thasos, soumit les Thraces qui habitaient cette île, et la donna aux fils d'Androgée. De Thasos, il alla à Toroné ... Ayant enfin porté le baudrier à Mycènes, il le donna à Eurysthée. § 10. Le dixième des travaux qu'on lui ordonna fut d'amener d'Erythie, les bœufs de Géryon. Erythie était une île située près de l'Océan, qu'on nomme maintenant Gadîre. Elle était habitée par Géryon, fils de Chrysaor et de Callirhoé, fille de l'Océan.» (Récapitulation, Héraclès lorsqu'il s'aventure à Troie pour sauver Hésione en est à faire son 10e Travaux, celui de Géryon.) Dans la Bibliothèque du pseudo-Apollodore Géryon s'arme de ses trois boucliers, trois lances et met ses trois casques. Il poursuit Héraclès et tombe, victime d'une flèche empoisonnée qui avait été plongée dans le venin de l'Hydre de Lerne. (Les 3 cornes de Géryon serait un trophée remémorant Héraclès, vainqueur du héros troyen, le géant Géryon; ci-dessus le vase présente les 3 cimiers dont un est tranché, cette figure est récurrente. On peut encore lier les 3 cornes à la figure d'Iphigénie sur la Mosaïque du Nil, puisque Héraclès était en voyage avec Jason lorsqu'il alla à Troie, ou lorsqu'il devait faire son 10e Travaux avec Géryon.) Héraclès ramène les boeufs de Géryon à travers l'Italie (Troie) et le Péloponnèse (Sparte) : Héraclès lors de son travail des boeufs de Géryon passe plusieurs endroits. Dans les chapitres 17 à 24 du livre IV de Travaux de Diodore, le héros part de Crète et, passant par la Libye puis l'Egypte, arrive au sud de l'Ibérie à Gadeires où il s'empare des fameux troupeaux de Géryon. Il poursuit son chemin par la Celtique jusqu'à Alésia, franchit les Alpes et passe en Ligurie. Il longe la Tyrrhénie et parvient sur le site de la future Rome. Puis il descend en Campanie vers Cumes, le lac Averne, Posidonia, Rhégion et Locres. Il passe alors en Sicile et entame un tour de l'île qui le mène du cap Pélorias au mont Eryx, en passant par Himère et Ségeste, puis poursuit sa route jusqu'à Héraclée, Syracuse, Leontion. Enfin, «Quand lui-même (i.e.Héraclès) eut fait le tour de l'Adriatique et contourné à pied ce golfe, il arriva en Epire et gagna ensuite le Péloponnèse; son dixième travail achevé, il reçut l'ordre de ramener à la lumière Cerbère qui vivait aux enfers» Chez

Apollodore, Heraclès passe aussi en Ligurie (Nord de l'Italie) (Ainsi Hercule revient à Sparte vers le Péloponnèse, comme s'il partait de la Troie italienne. Ce ne serait pas un hasard donc d'avoir les 3 cornes du monstrueux Géryon comme si Héraclès avait ramené les boeufs à Sparte, puisque la Mosaïque propose aussi la chasse rituelle du bétail. Héraclès est le premier à ravager la Troie de Laomédon avant la Guerre avec les Grecs. Était-ce cette Troie anatolienne ou italienne? L'Italie troyenne se trouve au coeur du passage d'Héraclès qui tue Géryon, s'empare des boeufs, et atteint d'autre part les Hespérides; rien ne sert de s'attarder ici aux confusions des lieux mais on en retiendra ces ascendants.) Héraclès aurait aussi dû traverser l'Océan dans une coupe d'or pour trouver les boeufs. Le poète Pisandre, au livre II de son Héracléide, nommait la grande coupe d'or à boire hèracléion : elle avait servi à Héraclès lors de sa traversée de l’Océan pour Érythie. (On remarquera cette grande coupe d'or près des 3 cornes sur la Mosaïque, c'est un symbole cosmologique. Comme noté ci-haut, le scorpion sur le bouclier représente aussi Héraclès.) La figure du Triple-Héraclès : La Bibliothèque historique de Diodore mentionne 3 Héraclès. Le plus ancien est l'Héraclès égyptien, qui a élevé la stèle de Libye. Le deuxième a institué les Jeux Olympiques. Le troisième est le fils de Zeus et d'Alcmène; ayant vécu dix mille ans après l'Héraclès égyptien et cent ans avant la guerre de Troie. Hérodote distingue l'Héraclès égyptien ancien (dieu) et l'Héraclès grec plus récent. (Pour dire vrai Gilgamesh me semble une autre forme d'un Héraclès ancien; et Héraclès hérite d'un nom héroïque.)
- Les éphores spartiates. Littéralement «surveillants», du grec ancien oráô «surveiller». Ceux-ci assistent les rois. Pour Hérodote et Xénophon, c'est une création de Lycurgue, créé selon Plutarque environ 130 ans sa mort, environ vers le VIIIe siècle av. J-C. On compterait parmi eux, si ce n'est un instigateur, Chilon, un des 7 sages lié aux inscriptions du temple de Delphe. (Ce sont ces figures je crois que l'on peut voir dans la tour près du grand temple, symbole de loi et d'ordre. La fresque de la tour ressemble à un village avec un temple.)

