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Mosaïque du Nil : les modifications à l'original

Mosaïque du Nil : les modifications à l'original

- L’état d’origine de la mosaïque, nous est révélé par les dessins réalisés v. 1630 pour le compte de Cassiano Dal Pozzo, érudit proche du Cardinal Barberini alors propriétaire de la mosaïque. Ainsi les dessins schématiques précèdent la restauration; ces images ne sont que esquissés. Plusieurs détails varient dans sa fresque, la statuette emportée sur l'arche n'est plus là, le sarcophage est cubique. Le monticule de l'Hydre à gauche et celui de la sphinge à droite sont amalgamés. - Le fragment d'une ombrelle a été restaurée mais non pas ajouté à la fresque; il est délaissée au sol devant une écoutille du temple. «L'existence de ce fragment implique que le quai et le mur d'enceinte crénelé qui s'élève à droite du grand édifice à colonnes étaient plus longs qu'ils ne le sont dans la mosaïque actuelle.» L'autre fragment qui continue le coin inférieur droit montrerait une femme en adoration. L'ombrelle est un des signes de la puissance royale pharaonique.

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- Le bateau qui accoste le «temple de Memphis». C'est flou mais au centre de ce bateau on voit qu'il transporte une amphore, et sur le schéma c'est un tableau, peut-être Hélène, peut-être un papyrus. Dépendant des versions de photos prises de la Mosaïque certains détails apparaissent différemment, en plus on voit clairement un bouquet de fleur près d'un bateau qui a été effacé.

- L'inversion de la Mosaïque? On voit encore sur une copie de Denis Diderot, L'Encyclopedie, 1751-1757, que l'arbre où était l'homme-grenouille n'avait pas de colline derrière. La photo noir et blanc de Diderot est inversée gauche-droite (que j'ai ré-inversé sur le cliché), peut-elle laissée présumer que la Mosaïque actuelle est inversée. (À ce point ajoutons que Géryon le géant de pierre touché par la flèche d'Héraclès est à droite de la Mosaïque, mais Géryon, le roi d'Érythrée, est situé dans au pays de l'Ouest lointain, et justement il est montré à gauche de la Mosaïque.) La copie de Diderot montre encore un glyphe sur l'autel du chien, et le vase est une sorte de pilier.

- Retour sur l'origine de la Mosaïque à Préneste. Le dard entre dans un second personnage à gauche. Et tout cette scène est l'ombre du pêcheur ou commandant. La mort d'Ulysse : Une prophétie est d'abord donnée par Tirésias après la Guerre de Troie dans le chant 11 de l'Odyssée : «Noble Ulysse, tu désires retourner heureusement dans ta patrie ; mais un immortel te rendra ce voyage difficile, et je ne pense pas que tu puisses jamais échapper au redoutable Neptune. Le dieu des flots, furieux de ce que tu as privé de la vue son fils chéri, est irrité contre toi. Pourtant tu arriveras dans Ithaque, ... tu trouveras les bœufs et les brebis de l'astre du jour, du Soleil qui voit et connaît toutes choses. [...] Longtemps après, la Mort cruelle, sortant du sein des mers, te ravira le jour au milieu d'une paisible vieillesse, et tu laisseras après loi, noble Ulysse, des peuples heureux. — Je t'ai dit la vérité.» Scholie du v. 11,134 de l'Odyssée : «Les poètes récents ont forgé l'histoire de Télégonos, le fils de Circé et d'Ulysse, qui passe pour être venu à Ithaque, en quête de son père, et pour l'avoir fait périr avec un aiguillon de raie. Mais Eschyle, dans les Meneurs d'âmes, dit d'une manière particulière : [Fr.275 Radt] Un héron envol dans le ciel, relâchant son ventre, t'atteindra d'une fiente et, dans cet excrément, le dard d'une bête de mer gangrènera ton vieux cuir déplumé» [87] (Il est possible que cette raie soit imagée dans le coin inférieur droit de la Mosaïque, près des éphèbes de Spartes, où l'on voit très bien un gros dard venant d'une masse aquatique, exception fait que la forme pourrait être une pétale dont on ne voit pas la tige. La seconde version de l'histoire est ordinaire mais ressemble plus à la masse aquatique brune, et le fait que des oiseaux se tiennent sur un toit à sa droite. On supposera, pour l'usage commun, que la pointe dans l'eau désigne un "bélier", le fendoir au-devant de trirème.) Lycophron confirmerait l'histoire : Lycophron, Alexandra, v.789-814. «Finalement, tel la mouette qui court sur les vagues, tel le coquillage corrodé tout autour par le sel, après avoir trouvé son bien dévoré dans des banquets de Proniens, pour la Laconienne bachique (Pénélope), il mourra la peau ridée, après avoir quitté le logis sur la mer, corbeau, les armes à la main, près des chênes du Nériton (à Ithaque). En le frappant au flanc, la pointe funeste le tuera, blessure incurable de l'aiguillon du poisson de Sardaigne.» Le chant 11 de l'Odyssée disait encore : «Tu arriveras dans ta patrie sur un navire étranger, et ... tu trouveras des hommes orgueilleux qui consumeront tes richesses, et qui, désirant s'unir à ta chaste épouse, [...] Lorsque tu auras frappé de ton glaive, soit par ruse, soit ouvertement, tous ces fiers prétendants, empare-toi d'une brillante rame et navigue jusqu'à ce que tu trouves des peuples qui n'ont aucune connaissance de la mer, des peuples qui ne se nourrissent point d'aliments salés et qui ne possèdent ni navires aux rouges parois, ni rames éclatantes qui servent d'ailes aux vaisseaux.» (Intéressant rapport au «poisson de Sardaigne», car il est dit qu'un chef d’Afrique du Nord (Libye) appelé «Sardus, prétendu fils d’Hercule», était un fondateur de la Sardaigne; c'est que la partie inférieure droite de la Mosaïque présentent des gens à la peau foncée dont je pense qu'ils sont des libyens de Cyrène venus en fête des Karneia et de l'échange de silphium, eux qui ont les mêmes rites que Sparte. La résolution la plus simple à toutes ces énigmes est de penser qu'il est mort d'un empoisonnement alimentaire dans les jours de sa vieillesse, et c'est pourquoi on évoquerait le «flanc» donc l'estomac; car pour revenir à l'Odyssée «la Mort cruelle, sortant du sein des mers, te ravira le jour au milieu d'une paisible vieillesse, et tu laisseras après loi, noble Ulysse, des peuples heureux.».)

- Sur la forme aqueuse : lorsque les Argonautes approche l'île de Circé, s'étant auparavant égarés près sur

87 https://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_1992_ant_463_1_1335

le fleuve Eridan menant à la fois chez Circé ou encore en Sardaigne; Circé dévoile ses formes aqueuses. Apollonius de Rhodes Argonautiques livre IV «l'odeur infecte qui s'exhalait de l'Eridan les suffoquait pendant le jour, et la nuit ils entendaient les cris aigus et les plaintes des filles du Soleil, dont les larmes, semblables à des gouttes d'huile, paraissaient au-dessus des flots. De ce fleuve, le vaisseau fut conduit dans un autre, dont les eaux se mêlent en murmurant à celles de l'Éridan. Il porte le nom de Rhône et prend sa source aux extrémités de la terre, près des portes du couchant et du séjour de la nuit. Une de ses branches se jette dans l'Océan, l'autre dans la mer Ionienne, en se confondant avec l'Éridan, la troisième enfin se rend par sept embouchures au fond d'un golfe de la mer de Sardaigne. [...] Étant enfin parvenus à la mer après être sortis du fleuve par l'embouchure du milieu [...] De là, voguant à la vue du pays des Tyrrhéniens, ils traversèrent la mer d'Ausonie, et arrivèrent au port fameux d'Aea. Ils aperçurent sur le rivage Circé, occupée d'une cérémonie religieuse, qui se purifiait dans les eaux de la mer. Un songe affreux venait de la remplir d'épouvante. Elle avait cru voir, pendant la nuit, son palais inondé de sang et les poisons avec lesquels elle enchantait les étrangers en proie à un incendie qu'elle s'efforçait d'éteindre avec le sang qu'elle puisait à pleines mains autour d'elle. Alarmée de ce présage, elle s'était levée dès l'aurore et était sortie de son palais pour baigner dans l'onde amère ses cheveux et ses vêtements. Mille monstres différents marchaient sur ses pas comme un troupeau qui suit son pasteur. Leurs corps, bizarre assemblage de l'homme et de la bête, ressemblaient à ceux qui sortirent autrefois du limon de la terre lorsqu'elle n'avait pas encore été comprimée par l'air ni desséchée par les rayons du soleil, et que les espèces, distinguées depuis par le temps, étaient encore confondues. [] Aussitôt qu'elle eut achevé de se purifier et qu'elle eut chassé de son esprit les frayeurs de la nuit, elle reprit le chemin de son palais en faisant signe aux héros de la suivre.» (Avant même d'aborder l'île de Circé, dès l'embouchure menant en mer Ionienne et aussi en Sardaigne, ses formes se laissent entrevoir, celles de ses filles.) - Exemple de Trirème. «the earliest Geometric period representation of a warship appears on the catchplate of a bronze fibula from Grave 41 in the Kerameikos cemetery at Athens (Kubler, 1954). It belongs to one of two chains of fibulae found within the amphora containing the ashes of the deceased. The grave can be dated by its pottery, which belongs to the Transitional Early Geometric II - Middle Geometric I period, to c.850 (Coldstream, 1968).» (On peut distinguer une sorte de sirène ailée qui lève la tête sur un mât à l'avant.) - Fondation de la ville de Préneste par un fils d'Ulysse : trois versions s'affrontent sur sa fondation : Télégonos un fils d'Ulysse et de Circé ; le fils de Latinus ; et rapportée seulement par Diodore de Sicile, à Latinus lui-même. Selon la Théogonie d'Hésiode : «Circé, fille du Soleil, petitefille d'Hypérion, eut, de son union avec le malheureux et courageux Ulysse, Agrios et le grand et valeureux Latines (Latinus), et elle donna le jour à Télégonos, grâce à la brillante Aphrodite.» Selon PseudoPlutarque, Parallèles mineurs: «Télégonos, fils d'Ulysse et de Circé, envoyé à la recherche de son père, reçut l'ordre de fonder une ville là où il rencontrerait des laboureurs couronnés et dansant. Arrivé en un certain lieu de l'Italie, il aperçut des villageois, couronnés de rameaux de chêne, qui se livraient au plaisir de la danse ; il fonda une ville, Prineste, dont le nom rappelait cette rencontre fortuite ; les Romains en ont tiré le nom de Préneste : c'est ce que raconte Aristoclès dans le troisième livre des Italiques.» - Préneste apprend aux rois romains l'antique Troie : assassinat de César. Le poète épicurien Horace, qui avait combattu à Philippes aux côtés de Brutus, a décrit, dans une Satire le roi Agamemnon comme un tyran fou furieux. Il a adressé au jeune Lollius Maximus, apparenté au consul de 21 avant J.-C., une épître :

l’Iliade comme le récit de l’anarchie causées par des rois incapables de maîtriser leurs passions. Horace, épître I.2 «TRÈS cher Lollius Maximus, pendant que toi, à Rome, tu déclames, moi, à Préneste, j’ai relu l’historien de la guerre de Troie. C’est que, vois-tu, on y trouve, exprimé de façon bien plus approfondie et bien plus claire que chez Chrysippe et Crantor, ce qui est honorable et ce qui ne l’est pas, ce qui est bénéfique et ce qui ne l’est pas., [...] une guerre sans fin à cause des amours de Pâris a pour matière la déraison des rois et des peuples ballottés par les passions. [..] Toutes les folies des rois, les Achéens en portent la peine. Désunion, fourberies, crime, caprice, colère, ce ne sont que fautes dans les murs et hors des murs d’Ilion. [...] Celui qui retarde indéfiniment le moment de vivre selon le bien est pareil au paysan qui attend que le fleuve ait cessé de couler ; il coule et coulera, roulant ses eaux jusqu’à la fin des temps. [...] S’il compte profiter des biens qu’il a amassés, le propriétaire doit avant tout rester en bonne santé. Pour celui qui est habité par la convoitise ou la crainte, sa maison, sa richesse, présentent autant d’attrait qu’un tableau pour celui qui a des yeux infectés, qu’un emplâtre pour un rhumatisant, qu’un air de cithare pour celui qui a les oreilles rendues douloureuses d’être obstruées. Si le vase n’est pas propre, tout ce qu’on y verse devient aigre. [] Le jeune chien de chasse ne remplit correctement sa tâche en forêt qu’après avoir longtemps aboyé après une peau de cerf dans la cour de la maison.» (Horace, s'il est bien l'auteur, semble avoir eu accès à ces mosaïques, la Mosaïque du Nil, il fait bien état de la clarté de l'oeil, des tableaux qui inspirent l'âme, du fleuve de la vie, le chien symbole protecteur de Sparte qui pourrait référencer Ulysse, et de l'opulence de Troie; cependant comme moyen d'élever Rome plus haut que Troie.) - Une autre forme est visible à droite de la galère spartiate, comme un enfant conversant avec un chien de mer, un oiseau-chien. (Serait-ce le fils d'Ulysse? Serait-ce un échange de don, un lien indéfectible? L'éphèbe? L'arrivée de Télémaque, fils d'Ulysse, chez Hélène et Ménélas à Sparte est décrite au Chant IV de l'Odyssée. Hélène lui sert un breuvage qui fait oublier les mots, possiblement avec le silphium, imagé lui-même sur le coin inférieur droit de la Mosaïque.) - Ulysse platonicien. L'episode de Circé, était d'après Porphyre, «un exposé allégorique des doctrines de l'âme professées par Pythagore et Platon (Porphyre apud Stobée. I. 49. 60 W); Homère nous décrit le périple de l'âme dans le cercle de la génération et il fait de Circé le mouvement circulaire de la métempsychose (Plutarque, Vie d'Homère)» Eustathe (1389, 40 ss.) nous apprend de ceux qu'il nomme (alexandrins?), et qui sont en l'occurrence des Neo-platoniciens : «lls interprètent Calypso (retenant Ulysse) par l'allégorie comme le corps de chacun d'entre nous ; c'est elle qui enveloppe la perle de l'âme à la manière d'une coquille : c'etait aussi celle-ci qui emprisonnait le philosophe Ulysse, ainsi qu'un homme emprisonné dans sa chair» Odyssée, Chant 1 «Minerve-Athéna répond : Mais mon cœur est dévoré de chagrin en pensant au sage Ulysse, à cet infortuné qui, depuis longtemps, souffre cruellement loin de ses amis, dans une île lointaine, entouré des eaux de la mer (aux deux rives). [] Ulysse, dont le seul désir est de voir s'élever dans les airs la fumée de sa terre natale, désire la mort.» Eustathe (1391, 25 ss.) «C'est une allégorie, par fumée, il veut dire l'obscurité qui monte à la tête en même temps que la connaissance philosophique qui n'est pas encore lumière». Selon le texte des Philosophoumena d'Hippolyte (V, 7, 38) : «Cet Océan, expliquent les Gnostiques, c'est celui qu'Homère désigne comme le père des dieux et des hommes ; le flux et le reflux l'entraînent en sens contraire incessamment. Quand l'Océan descend, c'est la naissance des hommes mais quand il monte vers la mer, la palissade et la Roche blanche, alors c'est la naissance des dieux» On explique que la Roche Blanche est une homonymie avec la Roche Leucade, nom d'une île au nord d'Ithaque, île d'Ulysse. (On peut effectivement rassembler les fragments. La palissade, ici le barrage imagé par la galère, est une image de l'île d'Ulysse, entre deux mers, et le dard est semblable à la transformation de Circé. C'est par la mort à soi-même qu'on entre dans la vie, qui est encore imagé par le

rejet de son ombre, soit que l'immortalité du héros prévaut sur sa propre vie. Ceci entre dans la logique de la doctrine spartiate, comme le dit le poète de Spate Tyrtaeus «Fear ye not a multitude of men, nor flinch, but let every man hold his shield straight towards the van, making Life his enemy and the black Spirits of Death dear as the rays of the sun. [] as for them that turn to fear, all their valour is lost -- no man could tell in words each and all the ills that befall a man if he once come to dishonour. For pleasant it is in dreadful warfare to pierce the midriff of a flying man, and disgraced is the dead that lieth in the dust with a spearpoint in his back.» La disgrâce est sur l'homme effrayé ayant reçu un coup dans le dos en fuyant, ce qui n'est pas le cas d'Ulysse; mais l'ombre qui reçoit le dard est son corps, et Ulysse est tel le héros commandant sur son île.)

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