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Déferlement de folies théâtrales sur la ville

Autre grande nouveauté, la journée du 9 octobre, spécialement pensée pour les aînés, réunira des spectacles en EMS, des ateliers autour du conte, de la jonglerie et de la pratique théâtrale. Tandis qu’un programme dédié aux professionnels de la scène s’attellera à favoriser les rencontres autour de la création contemporaine. Enfin, dès le 10 octobre, la manifestation rayonnera à travers tout le canton, grâce à la complicité d’une vingtaine de théâtres et autant d’institutions non-culturelles partenaires. De la Comédie de Genève au Théâtre de Carouge, en passant par le Forum Meyrin, le Musée d’Art et d’Histoire ou encore l’Université Ouvrière de Genève, une multitude de lieux s’ouvriront à la fête. Spectacles, ateliers, coulisses ouvertes et propositions inattendues viendront célébrer les innombrables facettes du 6e art.

Une soirée menée par trois conteuses professionnelles dans l’ambiance d’un bar, des capsules spontanées dans l’espace public, des lectures ou des balades théâtralisées, une déambulation de marionnettes à taille humaine en interaction avec les passants… Autant d’expériences insolites à savourer sans modération. Sans oublier le traditionnel Marathon de la Fête du Théâtre, qui permettra aux plus curieux d’enchaîner les pièces les unes après les autres, pour une immersion totale dans la scène vivante genevoise. MK

Du 5 au 12 octobre en ville et dans plusieurs communes. Gratuit, ouvert à tous. Programme et infos: fetedutheatre.ch

Sexo: activités partagées p. 18

Horoscope: quelle semaine? p. 18

«L’amour sorcier» revisité p. 17 A vélo du Léman à la Méditerranée p. 20

La 13e Fête du Théâtre s’annonce généreuse et éclectique. PHOTOS MAGALI GIRARDIN

THÉÂTRE DES MARION-

NETTES • Programme alléchant au TMG qui illumine le présent entre magie intemporelle et création, poésie, arts visuels, univers sonores et émotions. A travers toutes les techniques marionnettiques, tous les publics s’y retrouvent, de la petite enfance à l’âge adulte. Avec un taux de fréquentation de 95% pour la saison écoulée, le théâtre qui vient de souffler ses 95 bougies poursuit allègrement sa trajectoire sur le fil de quatorze nouvelles pépites. A découvrir dès octobre La première fois, reprise du malicieux spectacle sur les premières fois qui jalonnent nos existences, d’après l’album de Vincent Cuveiller adapté et mis en scène par Isabelle Matter. Nos différentes manières de grandir, c’est aussi les deux têtes d’affiche de début 2026: Tu comprendras quand tu seras grand, apologie du cancre de Steven Matthews, riche en effets visuels et théâtre d’ombres, et Sur les pas d’Oodaaq, petit héros à la curiosité insatiable créé sur un tempo de dessin animé par la Cie Les Décintrés. Mais auparavant, on plongera, cet automne, dans les abysses oniriques et colorés d’Océan d’Angélique Friant. On revisitera l’enfance avec des yeux d’adultes dans Les lettres de mon

et, en décembre, nous rirons de nos étrangetés Ouch!, reprise du fameux concert festif de la Fanfare du Loup, en coproduction avec le TMG.

Au nombre des temps forts 2026, zoom sur deux créations «maison» portées par de jeunes équipes prometteuses. Du 2 avril au Feu au lac! de Noël Forissier et Lou Golaz, revitalise avec panache la marionnette politique à travers des épisodes méconnus de l’histoire sociale romande. Les 9 et 10 mai, en coproduction avec l’Orchestre de chambre de Genève, Philémon et Baucis réécrit, sur une mise en scène de Kim Crofts, l’opéra marionnettique de Joseph Haydn livré aux fureurs divines face à la cupidité des humains. Au chapitre des événements festifs, retenons l’invitation du TMG à plonger dans sa collection de marionnettes et dans un atelier de fabrication, du 5 au 12 octobre prochain, lors de la Fête du Théâtre. Le célèbre espace de la rue Rodo continue de s’ouvrir à tous grâce à des structures d’accessibilité adaptée comme «Sorties Relax» et «Ecoute Voir» pour malentendants et malvoyants. VS www.marionnettes.ch

Eclectisme de haut vol

SPECTACLES ONÉSIENS • Après le fulgurant succès de la 37e édition, la nouvelle saison poursuit son ascension sur la ligne de l’éclectisme auréolé d’imprévisible. Ente valeurs confirmées et artistes en devenir, spectacles suisses et internationaux, le menu est copieux. Petite sélection parmi les 27 spectacles mêlant voyages sonores, théâtre, humour, animations pour le jeune public… La magie du jazz est à l’honneur le 2 octobre avec Anne Paceo, la compositrice et batteuse virtuose dont le nouvel Atlantis nous embarque dans des vagues sacrément envoûtantes. Le 16 octobre, c’est toute la puissance du reggae roots jamaïcain des légendaires Twinkle Brothers qui mettra le feu aux planches. Le 20 novembre, place au groove puissant des Sirens of Lesbos, le duo pop-soul suisse-soudano-

érythréen. Côté humour, grands soirs sous le signe des fous rires et de l’enchantement les 7 et 8 novembre avec La Belle Histoire de Coline Serreau, qui raconte, sans fards et sur un texte semi-improvisé, son incroyable trajectoire artistique traversée de succès et de ratages désopilants. Jeune talent genevois du rire au parcours déjà fulgurant, Bruno Péki nous entraîne, les 18 et 19 octobre, dans ses drôles d’humeurs et son injonction au bonheur. Hommage en noir et blanc à Charlie Chaplin, les 4 et 5 novembre avec Smile, la pièce de Nicolas Nebot et Dan Menasch nominée aux Molières 2023 (dès 7 ans). Et le 13 janvier, Lumière! la folle histoire vraie des inventeurs de l’électricité est au programme (dès 12 ans). Les 3 et 4 mars, The Loop, le nouveau spectacle déjanté de Robin Goupil, nous emporte dans les tourbillons d’une comédie absurde et rythmée façon polar américain des années 80, servie par une mise en scène follement orchestrée. A ne pas manquer. VS www.spectaclesonesiens.ch

THÉÂTRE AM STRAM GRAM • Ici, tout part de l’enfance et de l’adolescence à partir de leur regard accueilli sans tentative de formatage. La nouvelle croisière de ce théâtre devenu une référence internationale promet une succession de temps forts, à commencer, en septembre, par la reprise de Actapalabra qui part pour une grande tournée. Sur scène, Joan Mompart et Philippe Gouin font les clowns en explorant l’art du dialogue muet, cher à Samuel Beckett. En octobre, expédition à la cave avec Noir et humide, une sorte de thriller sur les peurs enfantines de l’immense dramaturge norvégien Jon Fosse, mise en scène par Christophe Laluque. Retenons aussi les magies dansantes de Bachibouzouk de Philippe Saire, dans le cadre du Festival des P’tits Malins, et l’épopée vertigineuse de Spécimen qui remonte aux origines de la vie. Une création de la Cie Arnica, en coréalisation. Suivra Mazùt de la compagnie Baro d’evel toujours en quête d’un art total. Fin novembre, les Aventures de Peer nous emmènent dans le folklore nordique et la célèbre musique de Grieg interprétée en live par le Lemanic Modern Ensemble. En décembre, mime, peinture, mandoline et parfum de plage: telle est l’invitation de Bright spots & eye-catchers emmenée par le fabuleux Breloque Theater Group. 2026 démarre avec A Simple space, succès planétaire de la compagnie australienne Gravity & Other Myths qui pousse les limites du cirque à son extrême. En février, place à Copiarou l’art de la copie ! –, un spectacle de la compagnie Animal Religion animé par l’acrobate Quim Giron, rejoint par une bande d’enfants du public. En mars, on revisite le mythe de Cléopâtre avec Cléo de Rémi De Vos, dans une mise en scène de Dan Jemmett, et on réinvente le monde avec Ambre, une performance ludique et participative d’Hinde Kaddour. MK www.amstramgram.ch

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Actapalabra. ARIANE CATTON BALABEAU
Coline Serreau.

Ultime saison électrisante

SALLE DU LIGNON, VERNIER

Agnès Jaoui, comédienne et chanteuse française.

• Avant qu’une nouvelle page ne s’ouvre en septembre 2026 à Concorde espace culture, la Salle du Lignon dévoile une dernière saison luxuriante, marquée par 27 spectacles, hommages à la musique, au théâtre, à la danse, au rire, et par la venue d’Agnès Jaoui, le 31 janvier, qui nous promet un étonnant tour du monde musical sous le titre Dans mon salon, avec l’ensemble Canto Allegre et l’orchestre Carabanchel. En avril, c’est Lina, la chanteuse portugaise de fado délicieusement bluesy qui revisitera les poèmes de Luis de Camoes. De la danse, le 7 décembre, avec Prélude de Kader Attou, pionnier virtuose du hip-hop, et le 18 janvier avec Sêma, l’hypnotique spectacle inspiré par les derviches tourneurs présenté par la compagnie vaudoise Linga. L’humour se taille aussi une part belle, le 19 septembre, avec le Craquage libérateur de Marion Mezadorian, suivie, le 7 novembre, par Fanny Ruwet délicieusement ironique.

Côté théâtre, place au drame hilarant de Rouille et Paillettes, un tourbillon déjanté offert le 27 novembre par le Teatro La Fuffa. Le 10 janvier, Le Grand jour nous immerge dans un mordant huis clos familial porté par la Compagnie Aléthéia. Les arts urbains seront aussi à l’honneur. En mars, la Compagnie Chute Libre explorera l’art du temps avec 2048, en partenariat avec le festival international Groove’N’Move. En mars encore, Dyptik, la compagnie française de danse hip-hop, nous emballera dans son Grand Bal, présenté dans le cadre du festival Steps. Une fête débordante et du rythme plein les veines. Audelà des spectacles tous publics à profusion, la Salle du Lignon invite à ses Interstices offerts à d’autres moments de découvertes. Soirée de lancement, le 25 novembre à 21h, avec le concert du Trio Skeba, en collaboration avec La Cité Bleue, l’Orchestre de chambre de Genève, Cinélux, le MEG et la Haute école de musique de Genève-Neuchâtel. VS www.vernier.ch/billeterie

Billetterie également via migros-infomaniak.events et les points de vente Migros

Du rire qui claque

ESPACE CULTUREL DU BOIS-DES-ARTS • Situé au sein de l’Ecole du Bois-des-Arts à Thônex, le centre s’anime jusqu’à la fin de l’année sur le fil d’une riche programmation qui mêle théâtre, concerts, humour et spectacles pour les enfants. Le 17 septembre, ça pique, ça provoque, ça ironise en stand up avec la nouvelle génération d’humoristes issue du Joker Comedy Club. Les tours de passe-passe abracadabresques, c’est le 1er octobre avec Tiziano Avola, cocktail explosif de magie, d’improvisations et d’humour Le 1er novembre, place aux mythiques solos et à l’ambiance rock inoubliable de Carlos Santana avec Tribute de Santana, hommage du groupe Flor de Luna. En première partie, les jeunes musiciens de la Trampa issus des ateliers de l’eMA mettent le feu aux poudres sur des rythmes latino-tropicaux. Place au cinéma les 8 et 9 novembre, avec deux projections en avant-première dans le cadre du Festival FILMAR. Le samedi soir, une séance à la découverte du cinéma d’Amérique latine, et le dimanche, une matinée pensée spécialement pour les enfants et leurs familles. Le 15 novembre, voici deux immenses figures du début du 20e siècle, Georges Clémenceau et Claude Monet, en face-à-face dans La Colère du Tigre. Inspiré par leur amitié aussi improbable qu’indéfectible, le texte de Philippe Madral monte sur les planches avec le Théâtre du Miroir. Le 23 novembre, un concert riche en contraste nous invite au lyrisme tchèque d’Anton Dvorak et au tango novateur du génial Astor Piazzolla qui a fait d’une danse de bal un art

Le pilier du boulevard

THÉÂTRE DE L’ESPÉRANCE • Avec plus de 10'000 spectateurs pour trois pièces, la saison dernière, et des abonnements toujours en hausse, le nouveau programme de ce temple du théâtre amateur reste fidèle au registre vaudevillesque, son indéfectible marque de fabrique. A commencer, du 13 au 29 novembre, par Frou-Frou Les Bains, le célébrissime burlesque musical de Patrick Haudcoeur, qui ne cesse de dynamiser les scènes depuis 2001. Menées par Christian Wille et Bernard Delpiano, les mésaventures d’une cure thermale privée d’eau enchaînent un ballet fou de quiproquos et d’imbroglios délirants. Une vraie cure de rires. Après ce

«La Colère du Tigre». DR

majeur. Le 6 décembre, incontournable Hommage au Buena Vista Social Club et à la musique cubaine, emmené par le Big Band de Dardagny Russin dont on connaît la remarquable présence sur scène. Festive, la saison se termine en beauté, le 14 décembre avec Sable et Lumière. Un conte de Noël tout public, des histoires qui s’animent sous vos yeux grâce au dessin sur sable projeté sur un grand écran. Cet univers visuel unique dans lequel se mêlent sand art, chansons et arts de la scène ne manquera pas d’émerveiller toute la famille! VS www.thonex.ch

Molière du meilleur spectacle, place à Pour le meilleur et pour le pire de Jean Franco et Guillaume Mélanie, du 29 janvier au 14 février. Au fil de dialogues mouillés à l’acide, une comédie jubilatoire mise en scène par Chantal Girard et Marianne Huber, qui narre les déboires des préparatifs d’un mariage chic virant à un réjouissant cauchemar. Du 23 avril au 9 mai, Un stylo dans la tête , une pièce aussi drôle que touchante de Jean Dell sur la force de l’amitié et ses ambiguïtés. Interprété à sa sortie à Paris, en 2012, par le merveilleux François Perrin, l’homme au stylo est un auteur à succès qui s’inspire de ses amis – deux sœurs névrosées, l’ex de sa femme et un homosexuel – pour écrire une comédie hilarante. Mais la réaction de ceux-ci est consternante et le règlement de comptes impitoyable... Mis en scène par Furio Longhi, un spectacle désopilant qui interroge: peut-on rire de ses amis sans les perdre?

Alors, pour cette saison jouissive, pourquoi ne pas prendre un abonnement pour les trois spectacles?

Renseignement et commande au 076 720 41 66, du lundi au vendredi de 12h30 à 14h et de 19h à 21h. VS www.theatre-esperance.ch

Après «Espèces menacées», des nouveaux fous rires en vue.

Les temps forts de la saison 25 — 26

Opéras

Madame Butterfly (Puccini)

Un Américain à Paris (Gershwin)

Tannhäuser (Wagner)

L'Italienne à Alger (Rossini)

Ballets de Sidi Larbi Cherkaoui de Damien Jalet de Marcos Morau

Concerts

Joyce DiDonato

Peter Mattei

Les Chants de Noël

CHRISTOPHE LARTIGE

Pétillant anniversaire

Une affiche haute en couleur pour fêter les trois décennies du théâtre meyrinois. DR

MEYRIN CULTURE/SERVICE

CULTURE DE MEYRIN • Hommage au Forum Meyrin qui ne cesse de se réinventer depuis 30 ans, la nouvelle saison se hisse à la hauteur d’un rayonnement qui dépasse largement les frontières genevoises. On démarre sous les meilleurs auspi-

ces du 2 au 6 septembre dans le cadre de la Bâtie Festival avec la nouvelle installation artistique et participative de Dan Acher, créateur de l’extra-ordinaire dans nos imaginaires citadins. Le 25 septembre, la comédienne Olivia Csiky Trnka nous envoie en solo sur la planète Mars avec Protocole V.a.l.e.n.t.i.n.a, un spectacle galactique fou-dingue. Parmi les pépites pour enfants et ados, retenons le pur moment de grâce et d’humour de Sono Io? offert les 2, 4 et 5 octobre, par les deux artistes du Circus Ronaldo, proches de la commedia dell’arte. Après une tournée romande à guichets fermés, Patrick Chapatte, célèbre dessinateur de presse, remonte en scène le 20 novembre pour croquer l’actualité tout en finesse entre

satire politique et liberté d’expression. Le 27 novembre, Sésame 2025 célèbre la diversité sonore à travers le précieux dialogue entre l’Orchestre de chambre de Genève et des musiciens amateurs d’Inde, de Turquie et d’Italie et leurs traditions musicales. Il y aura la Biennale de la créativité meyrinoise en avril, la Fête de la danse en mai, les rendez-vous de la Bibliothèque, la programmation rayonne à Meyrin au-delà des arts vivants. On va aussi s’inviter tout au long de l’année dans l’effervescence de temps forts rythmés par les habitants, le service culturel communal et Radio Bascule, qui feront vibrer les murs du Forum. VS www.meyrinculture.ch

Mélanger les genres et les arts

THÉÂTROCHAMP • Des spectacles qui mélangent les genres et les âges de comédiens, avec au cœur, le feu sacré pour l’humain à travers les préoccupations des jeunes et les défis sociétaux de notre époque. C’est la proposition de ce théâtre atypique et pionnier qui, depuis 1981, dispense une formation dans l’art de la mise en scène et du théâtre pour enfants, adolescents et jeunes adultes, et qui, depuis 2 ans, a sa troupe professionnelle. C’est une pépinière de talents qui monte régulièrement sur scène. Fin septembre au P’tit Music’Hohl, reprise de Elles ont été héroïques, hommage à huit femmes suisses qui ont fait bouger les lignes des Lumières à nos jours. Sur un texte d’Aurélia Loriol, la troupe évoque des profils d’exception, de Germaine de Staël, femme de lettres insoumise, à Ella Maillart, la grande aventurière, en passant par l’arbitre de fo otball, Nicole Petignat, ou encore par Christiane Brunner, féministe de la première heure. Après le succès de Interconnecté-e-s de Fanny Cochard, qui explorait avec sensibilité la vie virtuelle

des jeunes et les alternatives possibles, le théâtre revient avec un nouveau projet sur deux thématiques fortes: Le harcèlement de Fanny Cochard et La pornographie, abordée par Aurélia Auriol. Deux écritures, deux univers, une même volonté: ouvrir le dialogue avec intelligence et émotion sur des réalités qui touchent directement les jeunes d’aujourd’hui. En fin d’année à l’Espace culturel du Boisdes-Arts, à Thônex, le Spectacle des différences soulignera combien il est une joie et une richesse de vivre-ensemble. Rien de tout cela n’aurait été possible sans la passion et l’audace d’Anouchka Chenevard Sommaruga, fondatrice et directrice de ce théâtre créé à Jussy en 1981. Elle a porté son projet avec conviction. Depuis, près de 2500 élèves ont profité de cet espace. Certains sont devenus des professionnels reconnus, d’autres ont trouvé la force de dépasser la peur du regard des autres. «Au Théâtreauchamp, chacun apprend à oser être soi, oser partager, oser s’exprimer.» VS www.theatrochamp.ch

30e saison, l’héritage!

COMPAGNIE CONFITURE • Chapeauté par Philippe Cohen et Gaspard Boesch, le théâtre fou, frondeur et décalé remet une couche cette 30e saison pour nous condamner à rire. Avec en prime un cadeau anniversaire pour les anciens abonnés, les «avéaisses» qui recevront un 2e abo à offrir ( mode d’emploi sur le site Internet), Quant à la déferlante de créations originales et de collaborations, elle démarre, du 14 au 18 octobre, par Tout le plaisir est pour nous, la pièce vaudevillesque de Ray Cooney adaptée par Sébastien Castro. Le Feydeau anglais nous livre un enchaînement de quiproquos explosifs sur fond de nuit torride. Une co-production Compagnie Confiture/Les Exilés. Du 6 au 15 février 2026, Le Cabaret de mes parents

réveille l’esprit du cabaret à travers les époques, avec la complicité de nombreux orfèvres de la rime et du swing, de Bruant à Jimi Hendrix. La comédie est imaginée et mise en scène par Philippe Cohen. Du 26 au 28 mars, place à Et si c’était le dernier?

Christian Mukuna s’interroge sur le temps qui passe et raconte, avec malice nos petites habitudes et nos «dernières fois». L’humoriste neuchâtelois s’est entouré de Gaspard Boesch (mise en scène) et Sacha Judaszko (plume de grands noms de l’humour francophone).

Dr. Jekyll et Lady H, seront sur scène du 21 avril au 10 mai. Plus de 30 ans plus tard, la pièce de Philippe Cohen résonne avec une acuité nouvelle, en phase avec les débats sur les frontières mouvantes entre les genres. Avec On ne peut pas rouler avec sa maison, mais on peut habiter sa bagnole, de Serge Martin, la fin de saison, du 21 avril au 10 mai, se révèle hilarante avec ces clowns à la retraite qui rejouent pour le plaisir des moments de leur vie. A voir dans trois lieux: Salle Centrale Madeleine, Théâtre Les Salons et Scène Caecilia. VS www.theatre-confiture.ch

Feux d’artifice

THÉÂTRE ALCHIMIC • Vingt ans pile, c’est l’âge de ce théâtre des Acacias dont les pépites contribuent chaque année à enfler son renom. Entre créations et accueils, la saison anniversaire renouvelle la magie du lieu, dont la soirée festive offerte au public le 27 octobre se fera l’écho. L’ouverture de saison a lieu le 18 septembre, avec Illusion, une création tendre avec l’humour caustique d’Ivan Viripaev, sur les aveux extra-conjugaux de deux couples au crépuscule de leur vie. En octobre, on s’immerge dans un cartoon de Tex Avery avec Chez lui, qui a fait l’événement au festival d’Avignon, un spectacle de Michel Courtemanche et Patrick Cottet-Moine. De fin novembre à mi-décembre, on s’envole dans l’au-delà avec Invisible, une fable fantastique de Yasmine Saegesser et Denis Correvon. De mi-janvier à début février, le saut dans la nouvelle année sera désopilant avec VIDÉO CLUB de Sébastien Thiéry et la caméra qui espionne un couple marié. En février, l’addiction aux nouvelles technologies conduit aux frontières du fantastique avec Algorithme d’Emilie Génaédig. En mars, L’imposture de Lucie Hanoy et son collectif, questionne la différence et le genre. En mars La Tête Ailleurs, trophée de la Comédie Musicale 2025, catégorie «meilleur livret» et «Révélation masculine» pour Youri Rebeko, qui explore notre inconscient affectif. En avril et en mai, Lapin Lapin de Coline Serreau exprime avec humour le chant de joie d’une famille en pleine misère. En mai encore, la passion déchirée entre une juive et un nazi, pendant la Deuxième Guerre mondiale, s’exprime dans Un rapport sur la banalité de l’amour de Mario Diament. La clôture de saison sera jouissive avec J’aime pas l’bonheur, une irrésistible comédie de Marjolaine Minot revisitant les codes du bonheur. VS www.alchimic.ch

L’affiche de la saison 2025-26. DR
La troupe de «Tout le plaisir est pour nous».
THÉÂTRE CONFITURE

LE DOUZE DIX-HUIT • Fidèle à sa ligne, le théâtre propose une programmation éclectique qui aborde les questions de société avec douceur, humour et une pointe d’audace. Coup de cœur assuré en octobre avec l’humoriste et chanteuse valaisanne FORMA qui nous entraîne dans son premier spectacle solo débordant d’autodérision. En novembre, place à la première édition du Festival du long format improvisé, porté par Impro.ch et la Compagnie lesArts. A l’approche des Fêtes, l’inspecteur Reynolds fait son grand retour au Chelsea hotel pour une ultime enquête immersive qui promet son lot de surprises. Chaque soir, un invité différent tentera de démasquer le ou la coupable. Mystère garanti!

Début 2026, place à une collaboration inédite entre DJ Zebra, maître français du mashup, et le chanteur genevois Jerrycan qui signent Djerzyba, un spectacle musical pour le

Surprenants classiques

jeune public… et les grands curieux! La compagnie belge Chantal & Bernadette nous revient avec Kévin, un spectacle-documentaire qui questionne notre rapport à l’école, entre rigueur scientifique et théâtre engagé. En mars, Mickaël Délis interroge le modèle de l’homme conquérant avec Le Premier Sexe. Un pendant sensible au «Deuxième Sexe» de Simone de Beauvoir. Le printemps sera passionné avec Phèdre!, le monologue virtuose de Romain Daroles, et Amour(s), création de la Compagnie lesArts qui explore les territoires affectifs dans toute leur complexité. Côté cinéma, Le Petit Black Movie revient dès septembre avec une série de courts-métrages. En mars, le Festival Animatou célébrera le cinéma d’animation contemporain. VS www.ledouzedixhuit.ch

POUR-CENT CULTUREL MIGROS GENÈVE • Forte de son succès, l’ouverture à 180° des Migros Classics inaugurée l’an dernier s’affiche en lettres majuscules dès la rentrée. Formidable, inattendu, étonnant, ce seront assurément les commentaires d’un large public ravi par les concerts de cette nouvelle saison où toutes les audaces sont permises. Au Victoria Hall, métissages, réinterprétations singulières et performances feront éclater les schémas musicaux traditionnels. A commencer, le 26 octobre, par The Limitless Orchestra mené par l’intrépide Aleksey Igudsman et l’audacieux Hyung-ki-loo qui transfigurent la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak en une fascinante aventure artistique. Le 27 novembre, l’Orchestre de chambre suédois et son chef Martin Fröst invitent à une odyssée acoustique unique offrant une nouvelle perspective sur la Symphonie No 7 de Beethoven. Et quand la musique classique devient une explosion de fantaisie débridée, on la doit aux Musiciens du Louvre qui, le 20 janvier 2026, réveillent toute la malicieuse ironie de Jacques Offenbach. Le 20 mars, l’Orchestre symphonique d’Islande, accompagné par Kian Soltani, offre des paysages sonores nordiques, à travers des classiques d’Elgar et de Sibelius, avec cerise sur le gâteau, la (déjà) fameuse composition contemporaine ARCHORA de Thorvaldsdottir. Après l’Oiseau de feu de Stravinski, l’Aurora Orchestra de Londres revient le 30 avril avec une lecture originale du Sacre du Printemps. Le 31 mai, ultime temps fort de la saison avec Titan de Mahler et l’unique requiem de Berg, deux chefs-d’œuvre réunis sous la direction magistrale de Teodor Currentzis, fondateur de l’ensemble Utopia, accompagné de Vilde Frang, éminente violoniste. Ce programme vibre grâce au Pour-cent culturel – instauré par le fondateur de Migros. Il soutient la création et la diffusion de spectacles et de concerts en partenariat avec plusieurs lieux culturels à Genève et Nyon. VS Billets disponibles aux points de vente Migros Change Rive, Migros Change MParc, Stand Info Balexert ou en ligne: migros.infomaniak.events.

THÉÂTRE DU GALPON

ENSEMBLE BIFURQUONS

SAISON 2025-2026

WWW.GALPON.CH

Entre grands opéras et raretés

GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • En partance pour le Deutsche Oper de Berlin, le directeur Aviel Cahn marque sa septième et dernière programmation genevoise par de célèbres opéras et quelques audacieuses raretés. Intitulée «Lost in Translation», la saison verra aussi, dès janvier 2026, la délocalisation des spectacles au Bâtiment des Forces Motrices (BFM) durant les travaux de machinerie au Grand Théâtre. Avec Tannhäuser, du 21 septembre au 4 octobre, l’auguste bâtiment de la place de Neuve poursuit son aventure wagnérienne, dans une mise en scène de Michael Thalheimer et sous la direction du Britannique Mark Elder. Au chapitre des trois opéras chorégraphiés, on pourra apprécier Pelléas & Mélisande de Debussy, du 26 octobre au 4 novembre, par Sidi Larbi Cherkaoui, Damien Jalet et Marina Abramovic. Une œuvre enfin donnée en public après sa diffusion en streaming en 2021 pour cause de Covid, qui entrera en résonance avec la reprise, en novembre par

le ballet du GTG du Boléro de Ravel, monté par le même trio. Une première suisse rythmera les fêtes de fin d’année avec la comédie musicale Un Américain à Paris de Gershwin, emballée par Christopher Wheeldon, star des scènes dansées anglo-saxonnes, et par le charismatique Wayne Marshall à la direction de l’OSR.

Du 23 janvier au 5 février au BFM, on découvrira une Italienne à Alger de Rossini portée par le metteur en scène romand Julien Chavaz et le maestro Michele Spotti. Du 19 au 29 mars, place à l’opéra-ballet baroque Castor & Pollux de Rameau, sous la baguette du maestro Leonardo Garcia Alarcon et avec la mezzosoprano franco-suisse Eve-Maud Hubeaux. Suivra, du 23 avril au 3 mai, Madame Butterfly de Puccini, mise en scène par Barbora Horakova qui signe ses débuts sur la scène romande. La saison s’achève sur un surprenant feu d’artifice avec la très rare fresque musico-théâtrale 200 Motels, une œuvre psychédélique de Frank Zappa, portée par l’OSR, des musiciens de la HEM et un groupe de rock. VS www.gtg.ch

Patrimoine
Lost in Translation, saison 2025-26. TRENT PARK
La fabuleuse violoniste
Vilde Frang.
MARCO BORGGREVE
Chelsea hotel, saison II, Compagnie lesArts. SEBASTIEN BOVY

Eclats de miroirs

LA CITÉ BLEUE • Mené par le chef Leonardo Garcia Alarcon, ce bijou acoustique, audacieux théâtre polymorphe de toutes les musiques, s’offre comme un miroir «qui ne se contente pas de refléter, mais qui révèle, surprend, interroge», invitant aux résonances inattendues entre les époques et les cultures. Du baroque à la création contemporaine, de la musique aux arts visuels en passant par l’opéra, le cinéma et la danse, 25 spectacles attendent le public de cette petite salle (300 places) qui a tout d’une grande.

Au nombre des rendez-vous mémorables, trois opéras. Le baroque, en septembre, avec Pompeo Magno de Francesco Cavalli porté par Cappella Mediterranea et une distribution d’exception. En novembre, croisée entre sacré et profane, art classique et expérimental avec Graals, mystère lyrique en trois actes, pour comédiens, chanteurs, continuo et électronique sur des musiques de Henry Purcell et Kevin Juillerat. Zoom sur février avec la première mondiale en français de Les Dinos et l’Arche, miniopéra qui invite le public de tous âges à une réflexion joyeusement absurde sur notre société

en mutation. Un voyage spatio-temporel visuellement audacieux, musicalement savoureux et brillamment dirigé par Leonardo Garcia Alarcon. Au-delà des concerts et récitals de haut vol, dont les canciones argentinas de Mariana Flores et le fascinant Mediterraneo, hommage à l’œuvre poétique de Joan Manuel Serrat, La Cité Bleue continue plus que jamais d’élargir son esprit d’ouverture. Notons les deux incursions dans l’univers du cinéma. L’un, hommage à Sophia Loren, en sa présence, le 4 octobre, mêlant musiques de films, photos et projection du chefd’œuvre Une journée particulière.

L’autre, le 15 novembre, avec la projection de Alfonsina, documentaire de Christophe Kühn, qui s’inscrit dans le cadre du festival latino-américain FILMAR. Il y a aussi ces instants rares, inattendus, tels un concert à l’aube et une nouvelle Nuit Bleue qui composent avec l’identité de ce puissant lieu de création, de transmission et de circulation des imaginaires.

Tarifs: un large éventail de réductions ainsi que les billets solidaires de la Ville de Genève permettent l’accessibilité à toutes et tous. VS www.lacitebleue.ch

Chavrier, directrice du théâtre genevois.

Promesses de nectars

THÉÂTRE DE CAROUGE • Face à la barbarie et aux rythmes accablants de l’actualité, le théâtre comme une quête de sens, la nécessité d’écritures fortes, des choix jamais formels de pièces portées par de grandes comédiennes et talentueux comédiens. Symbolisée par un fantastique bouquet de mimosas, la dernière cuvée orchestrée par Jean Liermier a tout pour égaler le bilan génial de la saison dernière qui a cumulé plus de 63'000 spectatrices et spectateurs et a frôlé le taux de fréquentation de 100%.

Au nombre des temps de grâce: Le Poisson-scorpion, du 4 novembre 2025 au 1er février 2026. Une errance à bout de souffle vécue comme un exorcisme par Nicolas Bouvier dans les suffocantes touffeurs de Ceylan. Emmené par Catherine Schaub, Samuel Labarthe tutoie la démesure de ce récit envoûtant où l’humour imprègne le

magique et le bizarre. Evénement hors norme du 18 novembre au 21 décembre 2025: Les Bijoux de la Castafiore d’après Hergé ressurgit sous les feux de la rampe 25 ans après sa création au Théâtre Am Stram Gram. Dans cet effervescent huis clos mis en scène par Christiane Suter et Dominique Catton, Yann Philipona reprend le rôle de Tintin alors joué par Jean Liermier.

Début 2026, ode à la vie avec Les Messagères d’après Antigone de Sophocle. Neuf comédiennes afghanes ayant fui le régime taliban en 2021 éclaboussent l’obscurantisme pour que vacille la tyrannie. Une limpide retraversée d’un classique, mis en scène par Jean Bellorini, prochain capitaine du Théâtre de Carouge dès janvier 2027. Du 3 mars au 2 avril 2026, le futur ex-directeur de ce haut-lieu de création coiffe sa casquette de metteur en scène pour

L’affiche, un spectaculaire bouquet.

sa version du Tartuffe de Molière, incarnée par une formidable brochette d’interprètes. VS www.theatredecarouge.ch

Un pétillant cocktail

SAISON CULTURELLE DE PLAN-LES-OUATES •

Zoom particulier sur les nouvelles créations suisses avec cette 20e saison prête à larguer les amarres entre théâtre, concerts, danse, humour et spectacles pour jeune public. Relevons les premières de deux créations en coproductions. A commencer, du 24 octobre au 2 novembre, par Là où j’ai peur j’irai de la Cie de l'Ourag'enchant'é. Ponctué de chansons en hommage Anne Sylvestre, un spectacle pétillant d’humour et d’humanité qui claque, secoue et réconcilie. En mars, place à Des milliers de Sankara une pièce dramatique du Collectif Puck et mise en scène par Alexis Bertin, qui suit le parcours d’une jeune femme Burkinabé sur les traces du président Thomas Sankara, figure emblématique de la lutte pour la dignité humaine. En novembre, sur fond de questions (quasi !) métaphasiques, Julien Doquin de Saint Preux dévoilera ses Tergiversations d’un homme au ventre vide pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques. Une autre bonne dose d’humour avec Alouette de Marc

Donnet-Monay, le plus british des humoristes suisses. Quant à Brigitte Rosset, elle présentera, fin janvier, son dernier stand up piquant et introspectif: Merci pour le couteau à poisson, les conversations et les délices au jambon. On aura l’occasion de s’immerger dans le répertoire de Maxime Le Forestier avec le duo romand Aliose, de percer à jour l’icône de nos cuisines avec la Compagnie des Plaisantes et son Signé Betty, de se laisser transporter par les chants rituels calabrais ou de s’offrir un morceau de douceur pour jeune public avec Les petites variations #3 du Théâtre l’Articule, qui parle de nos liens avec nos grands-parents. L’incontournable Pierre Richard sera de retour en octobre avec son nouveau spectacle Je suis là mais je ne suis pas là qui tord le cou aux mauvaises langues: non, il n’est pas aussi maladroit qu’on le croit. Ne laisse plus qu’à laisser libre cours à notre curiosité et au bon goût du plaisir! VS www.saisonculturelleplo.ch L’humoriste genevoise Brigitte Rosset. STETMUTZ

Brûlante traversée contemporaine

LA COMÉDIE DE GENÈVE • Après une première saison fulgurante qui a réuni quelque 36'000 spectateurs pour plus de 40 spectacles, sans oublier les créations de cette fabrique de théâtre portées à travers l’Europe, l’ère de Séverine Chavrier a signé une réussite qui devrait s’avérer contagieuse. La directrice promet un nouveau programme foisonnant, traversé par les complexités du monde. Parmi les fils rouges de la saison: une pleine ouverture à l’internationale autant qu’aux artistes suisses, des accents forts sur les artistes femmes, la danse

et le cirque. A l’affiche, la crème de la scène contemporaine, de l’incendiaire Espagnole Angélica Liddell, en novembre, qui provoque la mort avec Vudù (3318) Blixen, premier volet de la Trilogie des funérailles, au géant de la scène berlinoise Thomas Ostermeier, en mars, qui met en scène l’écrivain Edouard Louis, en passant, en avril, par la Brésilienne Carolina Bianchi et The Brotherhood, spectacle dantesque sur les violences sexuelles.

Dans la foultitude de propositions, retenons aussi le focus particulier sur les artistes franco-

phones durant la première quinzaine de janvier, où l’on croisera notamment la réalisatrice franco-sénégalaise Alice Diop et l’actrice genevoise Kayije Kagame pour Le Voyage de la Vénus noire. L’autre focus de la saison mettra le cirque à l’honneur au printemps prochain. Impossible d’être exhaustif. Pour tous les spectacles, qu’il s’agisse de l’emblématique ballet Café Muller de Pina Bausch ou de la reprise de Aria de Capo de Séverine Chavrier, les réservations sont vivement conseillées. VS www.comedie.ch

Séverine
Leonardo Garcia Alarcon. GIULIA CHARBIT

Les Racines du Ciel

SCÈNES DU GRÜTLI • Follement généreux, les objectifs d’Eric Devanthéry sont atteints. Sous sa direction, les deux scènes offertes à la pluralité des formes théâtrales ont fait salle comble la saison dernière, sans compter les «pop-up» dans des lieux insolites, offerts à la rencontre de nouveaux publics. Pour sa deuxième programmation, il continue de présenter une affiche où la création contemporaine engagée et le théâtre classique côtoient la performance et la danse, tout en offrant – fait rare – trois semaines de représentations aux spectacles. Autant de propositions réunies par une thématique commune, «Les Racines du Ciel», titre emprunté à Romain Gary, qui exprime une mise en tension entre le pouvoir d’en haut et la contestation sociale. Retenons quelques points forts dans cette saison excitante qui démarre en septembre avec plusieurs spectacles dans le cadre de La BâtieFestival, dont Les Corps Incorruptibles, performance plastique et théâtrale d’Aurélia Lüscher sur nos rites funéraires, et Nowhere, l’ici et maintenant de Khalid Abdalla, alors engagé dans la révolution égyptienne de 2011. En octobre, Léa Pohlhammer incarne Orlando, personnage du roman de Virginia Woolf, à cheval entre les siècles et les genres. Courir, en décembre, c’est le fabuleux marathon en musique de Thierry Romanens qui relève le défi d’Emil Zatopek, l’athlète tchécoslovaque multimédaillé qui paya lourdement son engagement politique au Printemps de Prague. Marquant la nouvelle

année, Echo minéral d’Alexandra Tiedemann, Rachel Gordy et Pauline Epiney se fonde sur des témoignages de femmes alpinistes pour tisser un dialogue entre montagne, féminisme, écologie, solidarité et espoir. En mars, plongée hyperréaliste et poétique dans La couleur des choses, la BD hors des clous du Genevois Martin Panchaud, un thriller aux accents d’odyssée initiatique adapté par Michel Lavoie. En avril, Eric Devanthéry nous propose sa vision d’Henry IV de Shakespeare. Du 28 avril au 13 mai, les Genevois Matteo Zimmermann et Mathieu Mégevand signent Hé, Prométhée! Dis-moi pourquoi je brûle… ou quand une tragédie antique questionne les tourments d’aujourd’hui. Divers abonnements en ligne ou à la billetterie de la Ville de Genève. VS www.grutli.ch

«Orlando», incarné par Léa Pohlhammer. ANOUK SCHNEIDER

Jouissifs itinéraires au bois

LE GALPON • Adonné tous azimuts aux arts de la scène, le théâtre qui commerce avec l’Arve au pied du Bois de la Bâtie, nous offre des cheminements riches en créations théâtrales, chorégraphiques et performances inattendues. Le festival Cataclysme Piano ouvre le bal du 4 au 7 septembre. Une quatrième édition proposée par Boxing Piano qui part à l’assaut de terres pianistiques inconnues, à travers une série d’hommages iconoclastes et furieusement poétiques à cet instrument maître. A l’effondrement d’une pyramide de pianos sur un lit de notes croquantes succédera Méandres, une création irriguée d’images et de mots pour réenchanter le monde, signée Justine Ruchat avec le Théâtre EnQuête. En prolongement de ces rêveries scéniques, Camille Lacroix présente Eclipse. Une performance qui nous convie à fermer les yeux pour mieux sonder les contours ou la substance de la beauté. En novembre, on s’offre un cadre de fête foraine corrosive pour dire «merde à la guerre» avec Ubu Roi, une création du Studio d’Action Théâtrale menée par Gabriel Alvarez. En décembre, le théâtre se fait noir avec Les larmes de Tatiana de Pierrandré

Boo. Une création de Multiput X d’après les écrits révolutionnaires d’Elisabeth d’Autriche. Janvier s’annonce impitoyable sous la férule d’Howard Barker, «l’aboyeur» du théâtre anglais qui nous provoque avec Judith ou le corps séparé. Un duel à en perdre la tête du Studio d’Action Théâtrale. Février invite la parole féconde de la conteuse Catherine Gaillard, dont Les Voyages inattendus nous plongent dans les méandres humains. Début mars, la danse vient au secours des mots coincés au fond de la gorge avec Stuck de Mounia Nassangar, programmé par le Festival Groove’n move. Suivra Portraits, une création de la Cie_Avec qui, entre texte, jeu d’acteurs, musique et séquences filmées, offrant des regards étonnants sur d’autres Genève. Et après Pas de deux de Pascal Gravat et Julien Mages, surgit un torrent déchaîné dans lequel nous entraîne le récital Insuline, une création du Théâtre Tom Trois. En juin s’élèvent de nouvelles voix, seules ou en chorales jusqu’au silence de l’échafaud dans Dialogues des Carmélites, l’opéra de Poulenc, proposé par la HEM! VS www.galpon.ch

Le captivant tour de piste de Martine Corbat

LE POCHE • Mené par Martine Corbat, la nouvelle directrice, ce «nid» des auteurs contemporains s’apprête à faire palpiter ses engagements avec une nouvelle énergie pétillante: des écritures engagées sous toutes leurs formes avec un accent sur les auteurs suisses, une troupe à demeure, des créations originales, une part belle donnée à des femmes artistes, l’esprit d’inclusion et de durabilité. La programmation élaborée avec la complicité de l’écrivaine jurassienne Elisa Shua Dusapin propose sept titres tissés autour du «Cœur de la Terre», un thème qui nous promet un retour poétique et joyeux à nos racines et des premiers rendez-vous qui deviendront incontournables chaque année. Le rythme est donné dès septembre avec Le vieil incendie, le pudique roman d’Elisa Shua Dusapin qui explore les retrouvailles entre deux sœurs, adapté avec finesse par Ludovic Chazaud. Avec Sous la peau, Valérie Poirier sculpte un texte théâtral sur le temps, la transmission entre les époques, les générations et l’aujourd’hui, à travers deux archéologues passionnés. Une plume à la fois perçante et sensible mise en scène par Tamara Fischer. Le mois de janvier nous invite aux Territoires intimes, une odyssée théâtrale hors normes portée par des personnes issues de parcours migratoires mises en scène par Paola Pagani et Jonas. Un partenariat avec l’association AMIC. En février, entrez déguisés dans le car-

naval qui fête cette première saison! La Lettre à mon directeur qu’Eugène adresse au tyran roumain Ceausescu donne lieu à un tourbillon qui nous emballe autour du comédien Vincent Babel et de la Pierre Omer’s Swing Revue. La fin de saison sera tendre et comique avec Eugénie Rebetez, la diva jurassienne qui revient en soliste avec Comeback. La saison compte aussi de nouveaux rendez-vous. Après le Poche Cabaret écrit pour les Fêtes, Mars Pugnace marque le début du printemps avec La grande ourse, de Penda Diouf (mise en scène d’Evelyne Castellino). VS www.lepoche.ch

L’Amour sorcier, entre ombre et lumière

SPECTACLE • Réinterpréter

L’Amour sorcier de Manuel de Falla en version de chambre, tout en y insufflant une pulsation résolument contemporaine, tel est le pari relevé par Maria-Angeles Cuevas et Esteve Molero. Pendant deux ans, le duo d’artistes revisite cette œuvre culte avec une formation atypique – piano, contrebasse, trompette, percussions flamenca – enrichie d’une voix, d’une danseuse et d’un comédien. Il en émerge Ne m’ensorcelle pas, l’amour, une création vibrante et intense à la croisée de la musique, du théâtre et de la danse.

Sur scène, l’univers du compositeur espagnol dialogue avec le jazz, le flamenco et la narration, dans une mise en scène épurée mais chargée d’émotion. Le livret original, signé María de la O Lejárraga mais longtemps attribué à son mari, est ici mis en lumière. A travers des textes inédits et

une scénographie subtile, le spectacle rend hommage à cette figure oubliée tout en explorant les méandres de l’âme humaine.

«Au-delà de la relecture musicale, ce spectacle parle de nos fantômes intérieurs, de tout ce qui nous empêche d’avancer, de ce que l’on doit traverser pour retrouver notre lumière», confie María Angeles Cuevas. Une œuvre pensée comme un rituel contemporain, où chaque geste, son ou silence nous plonge au cœur de nos émotions, tel un passage de l’ombre vers la lumière. MK

Le 6 septembre à 20h à la salle communale Jean-Jacques Gautier, route du Vallon 1, Chêne-Bougeries. Billetterie et infos: www.chene-bougeries.ch

10 INVITATIONS À GAGNER

Martine Corbat, la nouvelle directrice du Poche.
Le visuel de la saison. CAMILLE LACROIX
Maria-Angeles Cuevas DR

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