Vol 19 no 1 : Monstravivunt se ipsi non interficient

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revu e li t t é rai re de l’UQ AM



m ai n b lanche

Revue littéraire de l’UQAM



se ipsi non inter fi ci ent

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monstra vivunt


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édi tori al

I l était une fois un monstre mauve à pois ocre qui se cachait sous mon lit. Il était une fois un abcès qui ravageait la jambe d’un prostitué.

Il était une fois un viol, une sorcière dans une forêt, des loups-garous qui punissent celui qui n’a pas fait ses Pâques, des enfants démembrés et un homme pendu pour des raisons saisonnières. La normalité obsède de par ses marges. Déviances, excès, horreurs, étrangetés peuplent notre imaginaire et cherchent à se définir, parce que les frontières entre bien et mal, entre sain et malsain, entre beau et laid ne sont pas statiques et imperméables, mais plutôt poreuses. Nous semblons, à bien des égards, être ces monstres qui nous effraient.

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Il était une fois une guerre, puis deux, puis des milliers de milliers de morts.


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tab le des m ati èr es 9 ˚ Sam u e l Arch i b al d ˚ 11

Téranthropologie

1 3 ˚ Matth i e u P lante ˚ 14

Le Néant

1 7 ˚ Mégan Bédar d ˚ 21

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vaginae dentatae occultae sunt 2 3 ˚ Lau ri ane Lafor tun e ˚ 24

Chemin de la Cabane Ronde

2 7 ˚ Iri s Mi ch el-Huar d ˚ 33

19 Poèmes pour une Blonde que je connus un jour 3 5 ˚ Sam ar Besada ˚ 40

Le Boutte


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Sam u el Arch i bal d

PrĂŠface 9

TĂŠranthropologie


Par coquetterie, il m’arrive parfois de raconter que j’ai conçu le désir d’être écrivain à un âge où les garçons de mon milieu rêvaient jadis de devenir policiers, astronautes ou joueurs de hockey. Ce n’est pas entièrement faux, mais chaque fois que je raconte ça, je tais un rêve de gamin que j’ai véritablement eu et que j’entretiens encore de bien des manières. Enfant, j’aurais voulu, mi-aventurier, mi-savant, parcourir les jungles et océans du globe à la recherche d’Ogopogo, du Mokélé-mbembé, du Sasquatch ou d’Olgoï-Khorkhoï, le redoutable ver-intestin de Mongolie. Enfant, je voulais devenir chasseur de monstre. Et parce qu’on ne réalise jamais ses rêves qu’à moitié, aujourd’hui je chasse des monstres de papier. *** De manière générale, un monstre est un individu qui s’écarte d’une norme ou existe par-delà celle-ci. Cette définition recouvre autant les monstres dans leur acception millénaire que les monstres moraux de la modernité. Les monstres de l’Antiquité étaient de terribles présages, hybrides et hapax, bête à cent têtes ou fléau disproportionné dormant au fond des eaux. Pour les sciences de la nature, le monstre est un individu qui ne correspond pas, à cause d’une anomalie ou d’une mutation, aux standards de son espèce.

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Le monstre est, traditionnellement, une exception, un scandale. Il est prodige venu d’un ancien temps, Kraken ou Balrog, ou aberration des temps modernes, créature de Frankenstein. Le monstre a toujours été une chose unique ou rare, que l’on s’est plu depuis un siècle à imaginer multitude. Zombies, xénomorphes, vampires mutants, notre imaginaire marqué par la science-fiction adore se figurer des races de monstres. L’imaginaire contemporain, paranoïaque et apocalyptique, est friand de scénarios où la communauté est menacée de destruction au sein d’un monde-monstre dévorant. Le monstre est aussi un mangeur d’hommes. Cela vaut autant pour les ogres des contes que pour les loups-garous de légende et pour les monstres humains que sont les tueurs en série, dont les plus saisissants, dans la réalité comme dans la fiction, ont été cannibales. Pour l’humanité qui a décidé très tôt de se soustraire à la chaîne alimentaire, le prédateur qui l’y réinscrit de force est invariablement monstrueux. À dire vrai, le monstre anthropophage est le plus souvent mangeur de femmes ou mangeur d’enfants. La dévoration est souvent une métaphore de quelque chose d’autre et, historiquement, les hommes ont toujours préféré s’imaginer monstres eux-mêmes plutôt que proies du monstre. Ça en dit long sur eux. Le monstre nous échappe, le monstre nous outrepasse, le monstre nous dévore. Le monstre, surtout, dépend de notre regard. Sa qualité monstrueuse est entièrement liée à un comportement primordial : celui qui consiste à édicter des normes sociales, sexuelles, esthétiques ou morales. Certains monstres sont beaux parce que la norme qui les exclut est laide. D’autres monstres, comme Saturne dévorant son enfant, s’érigent en absolu parce qu’aucun monde ne saurait advenir sans qu’ils ne soient d’abord renversés et bannis. *** Le philosophe écrivait : « Celui qui combat des monstres doit prendre garde de ne pas devenir lui-même un monstre. » L’écrivain a, ici comme souvent, une petite longueur d’avance. Lançant un capitaine fou et son étrange tribu à la poursuite d’un cétacé fantastique à bord d’un navire bringuebalant, il sait très bien que le vrai monstre n’est pas la baleine blanche. Celui qui combat des monstres ne se met jamais en guerre qu’avec lui-même.


Je l’ai compris alors que je regardais Les dents de la mer avec mon amoureuse. Elle m’a demandé pourquoi j’aimais tant ce film-là et je me suis lancé dans une grande théorie à propos du fait que le film est en réalité une espèce de western nautique, où trois personnages comme autant de facettes de la masculinité devaient aller jusqu’au bout d’eux-mêmes et régler leurs différends afin de protéger leur communauté du monstre. Mon amoureuse a ri et a dit : « D’après moi, c’est juste l’histoire de trois gros cons qui vont à la pêche au requin. » *** Je me suis mis à écrire à un âge où je commençais à devenir un homme en rêvant d’être un jour chasseur de monstre.

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Tout ça, c’est un peu la même chose.


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Matth i e u P la n te

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Le NĂŠant


Pensez à votre situation présente, à la suite d’événements qui se sont enchaînés jusqu’à maintenant. Ce conglomérat de circonstances, d’inattendus, de constructions et de désirs crée un ensemble logique et cohérent, raisonnable parce que tissé par une subjectivité consciente et moulante. Pensez à votre adolescence, à tous les choix qui ont pondéré la direction, aux crises qui ont fait zigzaguer les trajets, aux détours qui ont constitué autant de chemins tracés confusément, et aux obstacles auxquels vous vous êtes buté irréparablement. 14

Pensez à votre enfance, faites la comparaison : l’ignorance presque absolue du monde qui entourait votre personne, les frontières affables, si réconfortantes. Déjà, les souvenirs sont flous, les autres vous aident à tout reconstituer. Pensez à votre naissance, vous n’en savez rien. Le ouï-dire est la seule consolation: au moins vous étiez là. Pensez à ce qui précède cette naissance, et c’est l’abolition totale de votre conscience; ils étaient là, vous non. Pensez-y fort, rappelez-vous l’acuité de ce moment.


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MĂŠ gan BĂŠ dard

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vaginae dentatae occultae sunt


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Mes recherches sur les altérations du réel par l’imaginaire m’ont souvent amené à explorer les contrées les plus inquiétantes de l’esprit, là où les peurs infantiles sont à l’origine de comportements et de phénomènes plus incroyables les uns que les autres. Or, jamais mes observations ne m’avaient poussé auparavant à faire l’expérience, personnellement, de l’horreur et du surnaturel. Ma conclusion était simple : l’enfant est atteint de psychose puisque se brouillent, dans son imagination, les frontières entre réel et fiction. Le fantastique traverse le seuil de l’esprit pour se déverser dans le monde conventionnel de la réalité où se mêlent alors créatures merveilleuses et animaux de compagnie, châteaux inquiétants et maisons abandonnées, océans monstrueux et marais cachés dans la forêt. L’enfant, comme le psychotique, tente de partager cette perception du réel avec les autres, nous, les adultes, qui avons oublié non seulement l’enchantement de l’apparition merveilleuse, mais aussi l’angoisse de la menace du monstre tapi dans l’obscurité. Nous avons réussi à faire taire les voix de nos amis imaginaires, mais la peur du Croquemitaine n’est jamais bien loin, tout comme le placard au pied du lit.

La première victime était Thomas. Durant quelques mois, il s’était plaint des attaques du Croquemitaine qui se cachait dans son placard. Il nous racontait en tremblant que, lorsqu’il se réveillait en pleine nuit, il entendait des gémissements et des grattements. Puis, en tentant d’apercevoir à travers l’obscurité ce qui provoquait ces bruits inquiétants, il voyait une ombre se mouvoir rapidement dans les coins de sa chambre. Malgré l’apparition de longues marques sur les portes du placard, nous nous efforcions de lui montrer que la garde-robe de sa chambre n’était hantée par aucune entité monstrueuse. Je me souviens que plus d’un mois avant l’incident, Thomas avait perdu sa première dent de lait. Il l’avait placée sous son oreiller, comme ses parents le lui avaient suggéré, pour que la Fée des dents vienne l’échanger contre une pièce de monnaie. Le lendemain, Thomas était ravi de trouver sous son oreiller deux pièces de monnaie. L’étrangeté de la chose n’avait pas été soulevée, chaque parent pensant que l’un avait ajouté une pièce sans avertir l’autre. Le lendemain, il nous fit le récit du rêve étrange qu’il eut cette nuit-là. Il s’était réveillé en pleine nuit en entendant, de son placard, des cris qu’il relia à la Fée des dents. Comme il lui semblait qu’elle appelait à l’aide, Thomas était allé ouvrir pour découvrir la chose la plus horrible que l’imagination d’un enfant ait jamais pu inventer. J’ai encore du mal à croire que cette histoire m’ait été racontée par un garçon de sept ans. Il avait aperçu la Fée des dents, penchée en avant, le visage et le dos lacérés et ruisselants de sang. Celle-ci était recouverte d’une ombre informe qui grognait et gémissait tout en s’appliquant à arracher les ailes de la Fée. De longs lambeaux de peaux se détachaient et pendaient en laissant s’accumuler le sang féerique sur le sol. La frêle créature en convulsions laissait s’échapper de petites plaintes aiguës sous les coups de l’ombre. Thomas ne se souvint plus de ce qui se passa ensuite. C’est en entendant des cris que ses parents s’étaient précipités dans la chambre, le trouvant caché sous les couvertures, tremblant et en sueurs. La porte du placard était fermée et aucun son n’en sortait. C’est environ deux semaines plus tard qu’ils l’ont trouvé mort dans son lit, la mâchoire pendante montrant ses gencives édentées, son corps minuscule entièrement recouvert de sang. Si j’avais su à l’époque ce qui allait arriver par la suite et toute l’étendue de l’horreur qui avait été invoquée dans

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Vous me reprocherez sûrement d’ignorer les explications rationnelles qui auraient pu justifier ce qui m’est arrivé. Ceux qui pensent ainsi n’ont jamais vécu l’angoisse d’être confronté à la monstruosité de ses peurs infantiles. Si l’esprit psychotique de l’enfant peut considérer comme réelles ces créations surnaturelles, pourquoi ne le seraient-elles pas? Pour lui, il n’y a aucune frontière : le Croquemitaine et la Fée des dents existent et ils se cachent lorsque le soleil se lève. Mais qu’arrive-t-il alors lorsque l’horreur n’attend plus la nuit pour se montrer? L’angoisse résulte de cet hybride entre fiction et réalité, ceux-ci se perdant l’un dans l’autre pour ne former qu’une entité monstrueuse, indescriptible et innommable. Devant cet échec du langage, la seule solution qui me reste alors pour en témoigner sera ce catalogue de faits que je vous livre ici.


notre monde, il est évident que je n’aurais pas attendu aussi longtemps avant de tenter de chasser la chose à l’origine de ce massacre. Malheureusement, notre esprit rationnel nous a induits en erreur. Peu après, une fillette du même âge environ fut retrouvée de la même façon : sadiquement édentée. On m’a raconté que son petit corps était paralysé dans une position impossible, les yeux grands ouverts exprimant encore une terreur douloureuse. Les meurtres s’accumulaient : des enfants étaient sauvagement assassinés, les uns après les autres, chaque nouvelle découverte plongeant la ville dans une panique sans précédent. Un tueur en série véritablement inhumain semblait s’en prendre aux jeunes enfants, mais les enquêtes ne menaient à rien : aucun indice, aucune trace. Une connaissance m’avait raconté que, depuis quelques semaines, sa fille se plaignait de la présence de monstres dans son placard. C’est à ce moment que l’idée d’approfondir les recherches m’est venue. J’ai alors entrepris de faire la lumière sur ces phénomènes en passant toutes les nuits qui suivirent dans la chambre de Sophia, la jeune fille en question. On m’avait aménagé un coin de la pièce en y installant un lit de fortune. À l’exception d’un sommeil agité, je n’avais rien remarqué d’anormal chez la fillette. Durant cinq nuits, il régnait un calme angoissant et parfois, je croyais entendre de faibles bruits. C’est lors de la sixième veille que je l’aperçus. Cette image me hantera toujours, la nuit comme le jour. Quiconque aurait la malchance d’être témoin d’une scène aussi monstrueuse ne pourrait plus jamais vivre en paix.

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C’est autour de deux heures que des grattements ont commencé à se faire entendre dans la garde-robe, nets et forts. Puis, la porte s’est entrouverte, lentement et en silence. Une ombre se glissait jusqu’au lit de l’enfant. J’entendais plus que je ne voyais la chose puisqu’il semblait qu’elle laissait traîner les longues griffes de ses mains sur le sol. Un long râle, froid, désespérant, me nouait les tripes. Le grincement des griffes sur le bois et les déchirures dans les fibres du tapis s’accompagnaient d’un bruit continu : un claquement d’os constant qui rythmait sa lente marche. Dans un mouvement de panique, j’ai allumé en pensant que la chose qui était à l’origine de ces bruits disparaîtrait, qu’on pourrait se réveiller de ce cauchemar en se disant, dans un rire nerveux, que l’imagination humaine possède réellement des capacités phénoménales. La chose était là, à quelques mètres de moi, au pied du lit. Qu’était-ce? Ce monstrueux hybride, l’enfant né d’un viol, ce viol dont avait été témoin Thomas. Malgré sa forme humanoïde, le corps de la créature laissait paraître un squelette grisâtre acéré sur lequel étaient attachées au niveau des omoplates d’énormes mains telles des ailes inutilisables parce qu’uniquement formées d’os pointus. Les pieds et les mains n’étaient que de longues griffes pendantes. Et sa tête, sa tête! Dans les orbites vides poussaient de minuscules dents acérées disposées en rangs et, en dessous, une énorme bouche s’étirait infiniment en longues ouvertures effilées au fond desquelles il m’était impossible de voir autre chose que ténèbres et obscurité. Elle avançait vers la fillette, indifférente à la lumière qui l’exposait dorénavant à mes yeux. Paralysées, mes cordes vocales ne pouvaient plus émettre le moindre son. Mes muscles tétanisés me clouaient au sol, m’obligeant à assister à cette scène d’horreur indescriptible! Les griffes traînantes de la chose grinçaient alors qu’elle s’approchait, avide, levant ses mains tremblantes vers le visage de Sophia. Les ailes osseuses dessinaient de longues ombres inquiétantes sur le visage déformé de la petite enfant dont le regard alternait entre la créature et moi, dans une panique suppliante. Je regardais le sang éclabousser les draps à chaque dent arrachée! Une à la fois, chacune d’elles étaient extraite violemment par les longues griffes pointues de la créature. Ses mains osseuses et tranchantes violaient la petite bouche qui se déchirait sous la pression. Je voyais tout, mon cerveau engourdi par l’horreur, comme dans un ralenti : les dents s’accumulant sur le plancher maculé! Les morceaux de gencives! Les lèvres déchirées se gorgeant de liquide noirâtre! Les sanglots et les cris! Les yeux révulsés et les convulsions du petit corps, impuissant, coincé sous cette forme monstrueuse tout en os et en pointes! Ses membres se tordaient, formant des angles inquiétants sous la pression de la créature. Les os pointus déchiraient le matelas recouvert de sang et dessinaient de longues ouvertures dans les membres fragiles de la jeune fille. J’entendais mes cris enfin, mes sanglots, en voyant l’enfant


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édentée sous l’éclairage froid de l’ampoule électrique. La tête de la chose horrible s’est tournée vers moi et j’ai vu, j’ai vu l’horreur! J’ai vu ces orbites vides aspirer la lumière et cette longue bouche s’ouvrir encore davantage pour me lancer un cri! Un cri dont l’écho hante toujours mes oreilles! Un cri ne ressemblant à rien d’humain, rien de vivant. Elle me le lança, telle une menace, avant de se précipiter vers la fenêtre ouverte, les os acérés arrachant les rideaux tirés. J’ai regardé comme un tableau le lit et le mur, peints de rouge et de noir encadrant un petit corps tordu et lacéré dont la mâchoire arrachée exhibait des gencives en lambeaux. La tête était tournée vers moi. Les paupières ouvertes laissaient voir des yeux blancs, sans pupilles. Sur le sol coulait encore le sang autour des dents de lait éparpillées. J’ai regardé, longtemps, puis, plus rien.


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Lau ri ane Lafortun e

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Chemin de la cabane ronde


« Ouvre la portière de l’eau boueuse jusqu’à la taille dans le fossé le bruit des insectes le chuchotement des feuilles présence supposée ce n’est qu’une pancarte

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remonte à la surface marche jusqu’à la prochaine adresse écris le numéro des remorqueuses qui ne viendront pas les lumières qui alternent une voix au bout du téléphone ce n’est que de la tôle froissée retire l’argile qui obstrue les phares et étale-la sur ta peau sur les fissures qui saignent, sur ta peur »


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Iri s Mi ch el-Huar d

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19 Poèmes pour une Blonde que je connus un jour


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1—

Une grasse blonde se brasse se brosse Les cheveux qui grichent sur du polyester Elle est ronde, la grosse blonde Des joues de jambon, des jambes qui tombent Qui trébuchent dans l’assise de Saint-François Elle frotte le papier, que ça efface ! Elle se gratte le cuir – si seulement Si seulement – elle n’avait pas de visage ! Mais la grosse blonde a une intention Sauvage

Un gâteau ne pourra jamais se découdre En assez de morceaux pour ma ronde blonde Qui, conne, compte la particule de calorie L’important c’est la longue droite Avant la fin Ma futile Conquérante du futur Évidemment, du meilleur des deux futurs… A-t-elle de la cervelle, cette demoiselle ? Sûrement autant qu’elle fait semblant Un pain d’épices, du piquant Ô, ma grosse… 3—

Y a-t-il des femmes au sang rose ? Qu’elle gruge, qu’elle ronge ! Nous verrons bien si, de ses doigts de jambon Que se ronge la saucissonne Jaillira si oui du sang si oui comment Eau de vie à la gomme balloune ? Nous verrons si l’égoïsme peut mener Au self-cannibalisme Ne serait-ce pas merveilleux ? 4—

Ma rubiole a sourit ! D’une grande craque dans sa graisse, Elle s’est fendue de cet honneur Au milieu de son polyester Le groin en l’air, fière Une dent par dessus l’autre Fichant dans mon cœur son œil de Minotaure Es-tu porcine, es-tu bovine ? Rubiole !

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2—


5—

Peut-être faut-il lui pardonner son ignorance, La regarder pendant qu’elle mange Qu’elle mâche et remâche Du fromage orange Ça fait retour entre ses dents Ça s’écrase avec sa bave Et elle l’avale, contente, Belle blonde bovine malhabile. 6—

Ma chère très chère ô tas de chair, N’a pas vécu l’Inquisition C’est pour ça qu’elle est si pleine Rose bonbon de sa peau N’a pas vécu la Colonisation Qui priva d’eau et d’ablation Plus d’un milliard de populations Mais elle a vécu l’intimidation À travers les médias de la société De consommation 7— 30

Ma blonde, comme toute chose, a un estomac Madame est maniaque et coriace Elle a bu de l’eau Pour faire passer le fromage Le laisser mariner aux tréfonds d’elle-même, De son estomac plein de gras (et d’acides). La grosse blonde il faut le dire n’est pas peu fière Elle a vaincu la honte de sa race Race des cochons rose bonbon rose cochon sale brun gris La grosse est mammifère (Largement mammifère Ceci étant dit). 8—

L’esthétique chez cette concubine anonyme N’est certainement pas un tic, sinon, la question Serait franchement tout autre Mais tout de même c’est un essai Comme on dit chez elle, si c’est propre, c’est beau Et puis il faut le dire aussi, elle porte des bottes de montagnarde. Alors forcément Je pose des questions sur son pays Et elle ne me répond pas.


9—

Surgit donc à cette heure-ci la question des origines Situer l’espèce dans le temps et dans l’espace Dis-moi, mon enveloppée, où tu es née Avec qui comment et par quel trou ? Y avait-il des ânes, un bœuf, une religion ? Est-ce qu’on t’a dite hermaphrodite Ou bien encéphalite Ou bien tout de suite petite bibitte ? 10—

Question numéro 10, Assieds-toi sans déborder, Je vais t’étonner Réponds Allons Redresse-toi Dans une heure, tu mangeras Allons, ma grosse, un peu de contrôle ! Je te trouvais belle, quand tu étais rose, Continue d’écouter.

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11—

La rose grosse fausse, dit, d’un ton suraigu : « Je ne peux pas » C’est un mot d’ordre, une télécommande Un marxisme, un hécatombe (C’est pluriel et féminin à la fois) Elle ne peut pas c’est tout voilà Car dans ses bottes de fromage Et sa montagne plein la bouche Elle ne peut pas, plus, voir plus arrière que son polyester Et c’est bien dommage, mesdames et messieurs. 12—

Elle ne se souvient pas Préfère ne pas, non s’il-vous-plaît Merci Laissons au lecteur dire l’indicible Décomposer le temps, retracer les faits Accuser le premier des coupables et choisir une victime Le grand public sera ravi 13—

Porte-malheur


14—

La porte s’ouvre mais ma pâle ne passe pas Elle a une boîte à lunch et ça l’encombre Elle la jette au loin, en ayant vidé Le contenu comestible Qu’elle dévorera tranquille Une fois passées toutes les épreuves. Tout ce qu’il y a de l’autre côté de la porte, À travers laquelle elle ne passe pas, On ne lui a jamais montré. 15—

Parlant d’aveuglement, Il y a une partie d’elle Qu’elle n’a pas vue depuis longtemps Ça cause une débalance flagrante Entre la fragrance et la flageollance Car une partie d’elle voudrait voir l’autre partie Une autre partie encore cherche à oublier Et d’un autre côté La partie n’est pas terminée 16— 32

Ma triple mie, ma mie cubique, Reste assise-là sur son banc en plastique Compte ses calories calculette Théorise les résultats Et au rythme de sa ferveur S’enlaidit en cadence Danse en trois temps, yeux câlins Saute une fois tourne encore, yeux catins Apprends-moi cette démesure ! 17—

Deviens la plus grosse du monde, Et je t’aimerai toujours Plus tu t’épands, plus de cœur Dans ma place tu prends Bientôt tu seras mon cœur en entier Et tu pourras te nourrir des autres pauvres organes Comme l’ingrate que tu es, Mais je t’aimerai.


18—

Ainsi ma douce amère calcule éperdument Avide, le ratio, à vide Ratio miette par calorie Et puis laisse tomber et mange la miette. Vous vous demandez peut-être pourquoi ? Pourquoi je vous parle de ça, De sa graisse qui remue, De ses pieds qui puent ? Elle-même ajoutera peut-être : Pourquoi ne me regardes-tu pas en vrai de vrai Femme de l’ère moderne contraire au courant ? Elle dira : vois, dans les profondeurs de mon être, Tente d’apercevoir mon âme !

Et moi je lui dirai : écoute, ma dodue, Pour toi, comme pour tout, la surface prend le dessus, La Grèce éclipse les autres Parce que le soleil y brille plus fort Qu’y peuvent les autres ? Ta graisse cache ton cœur. Le temps ne fait rien à l’affaire, Quand on est con, on est con, Disait un guitariste, Qui savait de quoi il retourne. Mais regarde, toi épaisse et potelée, Je t’accepte telle quelle, sans remboursement Regarde, je te légitime, Je te couche sur le papier et je t’étale. 20—

Mais pour Sa Corpulence Royale, Il n’y a pas ni demi-mot ni demi-rien, Surtout pas demi-mesure ni demi-géométrie, Ni symétrie ni dichotomie, Ni négligence ni dysenterie, Sinon on n’en serait pas là. Je l’ai fâchée, me dit-elle, C’est trop. Puis elle s’en va, loin.

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19—


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Sam ar Be sada

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Le Boutte


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Je fais l’amour en boulimique. Orange-noire et orgueils sonores dans ton lit icitte. Aweye icitte dans ton litte. J’te bouffe de partout, j’te prends, j’te tends, j’te nœud, j’te crache, j’te tire, j’te mâche, j’te revire, j’t’attache, j’te suce, j’te puce, j’te reviens, j’te braille dessus Diamond Shower… Ça fait vraiment trop cruel, genre film post-futuriste électro-féministe tra-tra-trash. Tu m’croyais ici en niaise, cheveux détachés, mon string du samedi qui me rentre dans la craque. J’porte les boxers de l’Autre que toi pis j’ai encore ses mains sur ma peau. On s’humecte comme ça moi pis lui. J’te dis des choses sur lui pour te faire mal. J’veux te dire que t’es juste ici pour que j’te prouve qu’y a rien icitte d’une femme assise, pare-brise, auto-mise, qui s’lâche d’en dedans quand tes yeux me mirent. Ça m’fait un boutte en écaille qui s’colle à mon gros intestin. Tu l’sais pas encore, mais chuis venue avec mon agrafeuse parce que quand tu m’as texté l’autre soir que tu voulais me rebaiser, j’avais pensé à l’autre moment quand l’autre, ton ami, m’avait parlé de la façon de me venger sur ton boutte.

J’ai apporté mes souliers rouges à paillettes écarlates. Écarte, parce que there’s no place like home, there’s no place like home, there’s no place like home. Cré moi, tu veux pas un dessin au titre : «J’vais te couper le boutte». Get the picture, ça va faire mal. Viens icitte que j’me dise des choses dans la tête pendant que tu m’touches, que j’fake qu’il y a quelque chose de ton tas qui me touche pour vrai, qui me touche, que j’vomis tellement que tu me touches. Viens ici, j’te ferai pas l’innocente comme toujours. J’t’arracherai jamais de ta grande fierté, mais cette fois y’aura des choses dans mon crâne, des choses intellos, des rires granos, des choses louches et ben dark, comme un poème de Baudelaire. Pendant que tu vas penser tout t’avoir en moi, pendant que tu sueras comme un gros cochon d’inde nourri au fastfood pour cochon d’inde du WalMart, y’aurait une épilepsie dans mon sexe mais ça sera pas toi qui l’aura dit. Je me branle en pensant à lui qui me coince la face dans l’oreiller pis qui m’nique comme dans « Nique ta mère ». C’est surtout pas toi qui me nique. Viens, viens icitte. On va jouer à la Belle et la Bête. Tu l’sais pas encore, mais c’est moi la bête. * J’sonne à ta porte pas propre, aux tags de bad boys pubères et puceaux à croute pizza fromage dans’ face. Je sonne encore comme une conne ; entonne pis je me cogne au mur de ton sweat de chest. Tu ne me regardes pas. Tu biberonnes ta bière ben haut pour me montrer comme tu bois vite. Wow, comme tu bois vite, ma p’tite bite.

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Tu l’sais pas que j’vais te faire mal, et c’est moi, juste moi, oui, moi, rien que moi qui va faire quelque chose qui ressemble à de la pénétration de l’autre.


Je me dis ça dans la tête, mais je sais que tantôt ça va rien valoir. Ça sera ton boutte dans ma main qui me servira de micro. Je vais faire comme Dalida, mais à l’envers : je vais te faire mourir sur scène. Trouver ton boutte. Faut que je m’imagine te castrer. C’est comme dans The Secret, ou ben dans L’Alchimiste : il faut que je suive ma « légende personnelle ». Non, je ne peux pas te suivre, mon héros. Moi, chuis une « femme du désert ». Je ricane tu seule. Tu me vomis des bulles sur les cheveux pour me montrer que t’as fini ton biberon pendant que chuis en pleine quête de ton boutte. Dur, dur avec ta graisse de bedaine. Tu me rotes : « C’est moé le champion de la bière ». Tu te trouves ben drôle et tu ris ben rond – genre, tu ris obèse pour te dire. Ton caleçon sale que t’as lavé avec du rouge fait rose. Je me demande si t’as une couille qui dépasse… En chœur, on débute le rituel dans ta crasse de studio de Côte-des-Neiges. Tu fittes tellement bien avec la marde, c’est hallucinant. Tu vas quêter la Lumière derrière la porte de ton fridge. T’enjambes la pile de livres où tu m’as déjà pitché et enculé en me disant que tu pouvais tout me faire, que je ne peux pas dire non anyways. La pile où tu m’as traité de pute nègre. La pile où tu m’as expliqué que les négresses c’est les salopes à qui on peut tout faire. 38

J’ai rétorqué que je n’aime pas les propos racistes. Ça m’a pris tout mon p’tit courage, te dire cette phrase conne. T’as ri de moi pis continué à me fourrer parce que même avec les livres tu réussis. Tu m’as cloîtré jusque dans les parties de cache-cache avec ma sœur. Tu m’as séquestré quelque part entre la section jeunesse de la bibliothèque de ma banlieue pis l’atterrissage de ton boutte dans ma gueule. Je regarde les livres sur lesquels ta mèche abrégée a déchargé sa dèche. Les grands yeux d’enfant coupable de mon père me fixent. Il nous droppait-là à chaque matin pendant les vacances d’été. Il nous planifiait ce qui était comme notre camp de jour d’enfants pauvres. Après nos inscriptions aux bains libres, il partait se casser le cul avec des illettrés. Je regarde mon père pis ses diplômes d’ingénieur qu’il n’osait pas encadrer pis ce qu’il s’est pris sur le dos pour une chiasse du bonheur de ses filles. Je vois ma mère ensevelie dans son Nil de cheveux. Son sarcasme nous demande si on aime ça passer quatre heures par jour, cinq jours sur sept, à la bibliothèque. Elle me hurle qu’elle lisait aussi des livres à mon âge. Elle me murmure que L’histoire d’Helen Keller, la petite sourde-muette-aveugle, lui avait confirmé que les filles aussi ça peut tout faire dans la vie, même sourdes, même muettes, même aveugles, pis même les trois combinés. Chuis vissée au regard de ma mère qui me recommande le seul livre qu’elle m’ait recommandé de ma vie. Les pages sèches jaunissent et j’ai les yeux embrumés. Je voudrais les sauver de l’espace-temps. Je me dis que même ça, tu l’as cassé en moi pis que ces pourritures de livres sont tous L’histoire d’Helen Keller, pis que je me suis fait mettre ton boutte sur le dos d’une petite sourde-muette-aveugle. * J’ai le gout de te raconter. C’est moi aujourd’hui qui vais te jaser. J’ai pas envie de t’écouter te crisser de comment que je feel moi.


Je veux te dire comment c’était la semaine dernière en camping. Je veux te dire qu’à un moment donné je trouvais pu personne de mes potes ou des chums de mes potes. Je trouvais tellement pu personne que c’est comme s’ils n’avaient jamais existé. J’ai fini par me fumer le joint roulé pour la soirée tu seule. Pour une soirée, je m’assumais, je faisais comme une grande, je partais tu seule en camping me fumer des splifs. Faque je me suis assumée. J’ai traversé tout le Camping Woodstock pour me rendre au dépanneur, qui servait aussi de casse-croute. Je leur ai acheté un gros hot-dog américain, comme ceux du Costco. J’ai traversé tout l’esti de camping pour me faire demander d’où je venais par un mononcle pas ben diplomate. Genre, pour te dire, je m’étais trainée la patte en fixant le sol pendant un bon dix minutes. Tout ça pour enfin arriver à un dépanneur et casse-croute qui m’a fait réaliser qu’on n’est pas à Montréal pis que les Québécois sont trop gentils à Montréal, mais pas à Rawdon, sapristi! J’avais envie d’y répondre : « sapristi », juste pour dire. Je voulais qu’il fasse de moi une superstar pis qu’il me mette sur son Wall of fame à côté de Ginette Reno avec une légende qui dit : « L’immigrante Sapristi, retourne pas dans ton pays. » J’y ai faite ma face de femme insoumise, mais il m’a pas cru. Il m’a pas aimé non plus faque j’ai pris mon gros fat hot-dog américain. J’ai fait gicler dessus trois grosses pompes de mayonnaise, pis chuis partie en trouvant ça drôle parce qu’un gros hot-dog mayonnaise ça fait comme une bite dans un bun avec plein de sperme dessus.

Ça réveillait des esprits qui réveillaient des esprits et qui réveillaient des esprits, pis il y avait plein d’esprits autour de moi. Ils traversaient mes cheveux et soufflaient sur ma nuque et dans mes tempes et entre mes coudes et dans le fond de ma plotte. Ils soufflaient partout, pis mon hot-dog mayonnaise coulait là, pis la structure de la tente rouillait là, pis la toile qui hurlait de la détacher de là. Mon hot-dog mayonnaise était beau beau beau à couler là avec son huile qui se détache de ses œufs. J’ai vu du charbon pis des flammes, faque j’ai enlevé mes cargos, mes bottes de trucker pis mes bobettes avec des éléphants dessinés dessus. C’était dur de faire tout ça assis dans une tente tempêtée, mais comme il y avait un déluge dans ma plotte, j’ai persévéré. J’ai pris le gros hot-dog pis j’ai laissé faire le pain moite parce que ça me disait rien, sexuellement parlant. Ça dit jamais grand-chose, du pain à hot-dog en général, dans la vie, sauf que c’est drôle enroulé autour d’une queue. Je me suis couchée en plein milieu de la tente, sur tous les sacs de couchages sauf le mien. Pis je me suis essayée avec le hot-dog entre les cuisses pis ça me sortait de partout. Pis c’était drôle, mais ça marchait ben, faut le dire. La tente se secouait pis la toile a lâché des deux bouttes en même temps. J’entendais juste des cigales qui chantaient des tounes quétaines à mourir, mais c’était parfait parce qu’il y avait pu rien. Il y avait pu rien qui me séparait des étoiles de Rawdon. Il y avait juste le moustiquaire tendu pis je me disais que c’était kif-kif que ça soit de même. Faque j’ai continué en regardant les étoiles pis y’avait personne dans la vie, même pas moi ; personne n’existait, sauf des étoiles qui me regardaient me rentrer un hot-dog mayonnaise dans la plotte. *

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Dans la tente, j’ai badtrippé un peu. Je me suis posé des grosses questions existentielles, pis ça aidait pas qu’il vente ce soir-là.


J’ai pas pu te dire que j’ai switché ta dèche pour de la mayonnaise. Je me suis contentée de serrer mon sac avec mes souliers à paillettes rouges écarlates de marque There’s no place like home. À la place, tu me racontes tes cochonneries. Tu sens un de tes chandails sales pis tu me le lance au visage. En l’enlevant de mes yeux, ta face est déjà rendue là, devant la mienne. Tu retiens le chandail sale, pis oui, il pue celui dont tu checkais l’odeur. Tu le serre autour de mon cou faque j’essaie tout de suite de penser à l’Autre que toi pour m’enfuir. Mais c’était trop tard. Tu l’as déjà enroulé autour de ma face. T’as déjà caché mon nez avec pis tu me dis déjà à voix basse : « Tu portes tu ça une burka des fois au litte? » J’commence à respirer gras, faque je t’ai répondu que non avant de gerber, pis ça me prend déjà tout mon p’tit courage. « Tu devrais. J’enculerai ben une p’tite burkette qui peut pas se dévierger du cunt. Tsé une burka noire pis un trou de cul… » J’ai pas pu rassembler mon p’tit courage. J’ai mis ma main dans ma poche pis j’ai serré fort mon agrafeuse, pis j’ai pensé à l’Autre que toi, pis j’ai pensé que c’est pas de ta faute si tu le sais pas encore. Mais c’est moi la bête.

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Avi s à tou -te-s

Les qualités requises pour ce poste sont, il va sans dire, une excellente maitrise de la langue française, une très bonne assiduité dans le suivi des courriels et un désir de participer au projet « Main blanche ». Le poste est entièrement bénévole. Pour toutes questions ou pour envoyer votre curriculum vitae, veuillez écrire à notre réviseure en chef à l’adresse suivante : revision.mainblanche@gmail.com Au plaisir de vous compter parmi nous, L’équipe de Main blanche

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La revue littéraire Main blanche est à la recherche de collaborateurs et de collaboratrices pour constituer son équipe de réviseur-e-s.


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Équ i pe e t collab orateur s Équ i pe de ré dactio n

Stéphanie Roussel Jérémi Robitaille-Brassard Charles Roy Catherine Dupuis Ré vi seu re en chef

Jici Lord-Gauthier Équ i pe de révi s io n

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Couverture Fred Jourdain Articulations visuelles Pierre-Alexandre Rampage Légaré Graph i sm e

Shed espace créatif Megan Bédard Logo

Jeik Dion contact

Revue littéraire Main Blanche 405, rue Sainte-Catherine Est Pavillon Judith-Jasmin, J-1080, Montréal (Québec) H3C 3P8 514.987.3000 (3905) mainblanche@gmail.com mainblanche.uqam.ca

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Illu st rati on


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Étudiants et étudiantes de l’UQAM, Main Blanche est votre tribune littéraire ! Vous pouvez soumettre votre texte en tout temps pour l’une des deux sections : Création

Vous pouvez nous envoyer poèmes en prose ou en vers, nouvelles, micro-récits, fragments, etc. Il est possible de nous envoyer un maximum de 2 textes ou suites poétiques (ou suites de fragments) à la fois. Chacun de vos textes peut contenir jusqu’à 9 000 caractères.

Le texte doit être de format .doc ou .rtf. Vous devez indiquer, en tête de document, votre nom, votre adresse courriel et le titre de votre texte. N.B. Les textes sélectionnés sont révisés avec les auteurs avant publication. Envoyez vos textes à mainblanche@gmail.com

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Critique

Vous pouvez nous envoyer essais, réflexions et compte-rendus qui concernent de près la littérature contemporaine. La forme de votre texte critique peut être tout à fait libre. Rigueur, originalité et intérêt sont évidemment des qualités essentielles aux textes critiques publiés dans nos pages. Il est possible de nous envoyer un maximum de 2 textes critiques à la fois. Chacun de vos textes peut contenir jusqu’à 10 000 caractères.


Tirage 1000 copies. Dépôt légal à la bibliothèques et archives nationales du Québec. Main Blanche est la revue des étudiants et étudiantes en études littéraires de l’UQAM. Son contenu ne peut être reproduit, en tout ou en partie, sans une autorisation écrite. Chaque auteur est responsable des propos tenus dans son texte. Cette revue, financée par l’AEMEL-UQAM, l’AFÉA-UQAM et le Service à la vie étudiante, offre un espace d’écriture libre aux étudiants et se veut un organe de communication privilégié pour ceux-ci.



m onstra vi vu nt se i p si non in ter fic ien t

[...] La normalité obsède de par ses marges. Déviances, excès, horreurs, étrangetés peuplent notre imaginaire et cherchent à se définir, parce que les frontières entre bien et mal, entre sain et malsain, entre beau et laid ne sont pas statiques et imperméables, mais plutôt poreuses. Nous semblons, à bien des égards, être ces monstres qui nous effraient.

v19 ˚ n01 ˚ A2013

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