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IMMEUBLES DE RAPPORT ET HABITATIONS À BON MARCHÉ

Dans les quartiers périphériques du Mans, la typologie des immeubles collectifs apparaît timidement à la fin du xixe siècle. Les premiers exemples associent l’habitation du propriétaire, généralement une maison individuelle, à un immeuble collectif mitoyen mis en location. Cependant, peu de cas de ce type ont pu être appréhendés tant la forme de la maison individuelle reste ancrée dans les quartiers périurbains du Mans jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Malgré cette permanence, des immeubles portés par des structures de type HBM émergent par endroits pendant l’entre-deux-guerres. Ils rompent avec la physionomie de la ville faubourienne héritée du xixe siècle et s’imposent progressivement dans le paysage urbain manceau.

L’immeuble à commerces de Saint-Pavin

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L’immeuble d’angle sur la place Saint-Pavin illustre les modifications profondes soutenues par la municipalité dans ce quartier à la toute fin du xixe siècle. Le croisement des rues Montoise, Saint-Gilles, Saint-Pavin et de la Croix-d’Étamine est ancien et correspond à un réseau viaire déjà implanté sous l’Ancien Régime. À la suite de la fusion de Saint-Pavindes-Champs avec la ville du Mans, les pouvoirs locaux ont souhaité améliorer ce carrefour. Des trottoirs sont construits en 1867, l’alignement de la rue Montoise est projeté en 1871. Avec l’installation de la caserne du 117e régiment d’infanterie et l’urbanisation accrue du quartier, la prolongation de la rue

Gambetta est votée en 1892. Des maisons rues Saint-Pavin, de la Perrine, des Mûriers, Kléber et Fleury sont détruites pour que la pénétrante soit percée. La réception définitive de la nouvelle voie a lieu le 22 mars 1898. Le premier tronçon de rue descendant de la place de la République est d’une largeur de 13 mètres. Pourtant, le prolongement projeté côté Saint-Pavin doit être légèrement plus ample, avec 15 mètres de large, afin de ménager une « perspective générale » jusqu’à la caserne. Cette théâtralité urbaine, propre aux aménagements de la IIIe République, qui développe la notion de gabarit, est renforcée par les prescriptions énoncées dans le cahier des charges déposé chez Maître Le Bihan, notaire, qui encadre les nouvelles constructions. À partir de 1898, les terrains bordant la nouvelle voie sont vendus et peuvent être lotis. Les maisons, alignées sur la rue, doivent être construites dans les deux ans suivant l’acquisition du terrain, avec une façade de 10 mètres de long et un étage —1.

Le premier lot, au carrefour Saint-Pavin, est acheté aux enchères publiques par Maurice Portais, charcutier. Il y fait construire un immeuble à angle coupé sur trois niveaux : un rez-de-chaussée, un étage et des combles mansardés —3. Le rez-de-chaussée est occupé par le commerce, identifié par inscription en façade sous la corniche —2. La famille Portais vit au premier étage et loue l’étage sous combles. En 1909, l’immeuble traversant à l’arrière est construit par les mêmes propriétaires, qui font appel à l’architecte local Maurice Levesque. Chaque appartement est mis en location. Le décor sculpté et les matériaux (brique et pierre) utilisés pour l’immeuble d’angle suivent les formes développées dans l’architecture urbaine à la charnière des xixe et xxe siècles. Le second immeuble rend compte, une décennie plus tard, d’une évolution esthétique.

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