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L’ENTRE-DEUX-GUERRES, UNE PÉRIODE FASTE ?

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, les matrices cadastrales et les dépôts de permis de construire révèlent une constante hausse des constructions nouvelles. Le pic des années 1860-1870 est suivi d’un ne t ralentissement dans les années 1880, conséquence de la c rise économique européenne. Au début du xxe siècle, Le Mans présente une organisation clairement é tablie avec des quartiers polarisés. L’étalement u rbain qui caractérise aujourd’hui la ville s ’observe déjà. Durant cette période, le type d’habitat majoritaire reste la maison individuelle en rez-de-chaussée a vec jardin à l’arrière : en 1906, dans le quartier de Pontlieue, 2 279 maisons sont ainsi dénombrées p our 2 347 m énages. Au sortir de la Première Guerre mondiale, des lotissements programmés sont repérables dans tous l es quartiers f aubouriens et reflètent une certaine évolution du t erritoire urbain.

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Une Industrialisation En Mutation

Les industries implantées a vant la P remière G uerre m ondiale retrouvent et même dépassent leur niveau de production d’avant le conflit : les moulins de Saint-Georges deviennent ainsi l’une des minoteries de France au plus fort rendement. Les coopératives agricoles laitières expédient en 1920 jusqu’à 6 000 tonnes de beurre vers la région parisienne. Les industries lourdes, telles que les fonderies Carel et Fouché ou Bollée, développent des champs de compétences nouveaux et figurent parmi les premiers employeurs sarthois. Le secteur tertiaire fleurit par le biais des mutuelles d’assurances grâce, entre autres, à l’obligation pour les blessés de guerre de contracter une protection sociale. Les Mutuelles du Mans, fondées en 1828, augmentent considérablement leur capital. Les locaux sont agrandis et le nombre d’employés croît jusqu’à faire de cette entreprise un symbole manceau. Pendant cette période, la Compagnie des chemins defer de l’Ouest reprend le projet de gare de triage au sud de Pontlieue, qui avait été ralenti par la guerre. Le paysage des landes laisse place à un quartier cheminot et à de nouvellesindustries, attirées par la gare. Ces nouvelles usines d’ampleur nationale, voire internationale, favorisent l’apparition de nouveaux quartiers autour de la ville du xixe siècle.

Du fait de la guerre, Le Mans accueille à partir de 1918 la grande industrie décentralisée dite de « défense nationale ». La production de ces usines proches de la frontière allemande est transférée à l’ouest dans la crainte d’un nouveau conflit. C’est le cas, en 1927, de la société d’armement Manu-Rhin qui s’installe à Pontlieue, dans le quartier de La Cartoucherie. En 1939, l’entreprise fabriquant des moteurs d’aviation Gnome et Rhône rejoint le sud du Mans avec plus de huit cents ouvriers qualifiés. Les usines Renault font établir dès la fin de la guerre des ateliers à proximité de la gare de triage, sur un terrain de 255 000 mètres carrés, et se spécialisent progressivement dans la production de tracteurs. Également issue des décentralisations s tratégiques, la fondation d es a teliers Renault a u Mans ma rque encore l’activité et le paysage manceaux.

Un Largissement Urbain Continu

Entre 1919 et 1937, des cités ouvrières sont installées à proximité des nouvelles usines. Le quartier cheminot du Maroc est loti par la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, qui fait construire des pavillons doubles entourés de jardin clos. Les ouvriers de Renault s ont l ogés d ans d ifférentes ci tés comme celle d es Courbes, constituée de m aisons isolées avec jardin p our les agents de m aîtrise, ou La G autrie, où sont installés des chalets de bois. Cependant, l’intensification du nœud ferroviaire et l’arrivée massive d’employés des chemins de fer amènent un éparpillement géographique des quartiers cheminots. Les cités des Eaux et des Fleurs, de part et d’autre de la rue de Ruaudin, sont aménagées à la hâte avec des wagons de bois posés à même le sol. Certains de ces wagons sont toujours visibles aujourd’hui ; l’isolation par un revêtement en ciment a modifié leur aspect. Plusieurs zones échappent aux lotissements programmés et voient abonder des baraquements sur des terres encore vierges de constructions. Les difficultés liées à la crise de 1929 intensifient le phénomène. Une vague de paupérisation, en par ticulier d ans c es cit és o uvrières et l es q uartiers s uburbains, est à l’origine d’un habitat insalubre. Ces espaces sont majoritairement composés de baraquements quasiment autoconstruits, ce qui devient notamment le mode de croissance du sud Pontlieue. En 1931, Paul D elaunay, g éographe érudit m anceau, décrit c es quartiers où « on voit s’accumuler des logements exigus, souvent insalubres, aux latrines rudimentaires ». Cette citation reflète le contexte national, où la crise immobilière et économique et l’extension u rbaine son t p régnantes. D es t émoignages dénonçan t les développements périurbains anarchiques sont communs à toutes les grandes villes de France, en particulier dans les quartiers ouvriers. Ce phénomène national conduit à la promulgation de plusieurs lois, dont la loi dite Cornudet du 14 m a rs 1919, p uis les lois Sarraut et Loucheur en 1928, qui accroissent l’engagement des pouvoirs publics dans la lutte contre cette catégorie d’habitat et favorisent l’accession à la propriété.

Alors que la population sarthoise diminue pendant l’entre-deuxguerres, c elle du Mans c ontinue d’augmenter. E lle p asse de 71 783 habitants en 1921 à 84 525 en 1936. Cet accroissement

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