The Red Bulletin FR 10/22

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OCTOBREFRANCE2022 Votreoffertmagazinechaquemoisavec ETGUY2BEZBARLETO Le phénomène et le boss du rap parisien réunis pour RED BULL SOUNDCLASH HORS DU COMMUN

The Buttery Smooth Taste of Speed GRAVITY BUTTER COLLECTION Rider: Loïc Bruni Photo: Paris Gore www.specialized.com

NOSCONTRIBUTEURSÉQUIPIERS

Car c’est une soirée sans équivalent qui s’annonce, que vous soyez présent au Centquatre ou scotché à votre smartphone ou à votre laptop, connecté à la chaîne YouTube Red Bull Binks qui diffusera l’événement. Notre cover story vient vous éclairer sur son concept, et la personnalité de ses deux invités exceptionnels.

Éditorial QUAND LE RAP SE DÉPASSE

MAX VM « Depuis quatre ans, et suite à des débuts de graphisme en culture, je me consacre à 100 % à la photo de mode et de portraits d’artistes, explique Max, photographe de notre sujet de Une. C’était un shoot avec des artistes à l’énergie communicative, voire contagieuse. Le défi de cette rencontre consistait à canaliser leur tempérament entier et parfois imprévisible sans en tirer des images trop lisses. » À voir page 24.

Pour la première édition française de ce concert hors norme, les rappeurs Leto et Guy2Bezbar devront se dépasser créati vement et se challenger lors d’épreuves musicales sans pareil.

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Bonne lecture ! Votre Rédaction

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Depuis leur apparition il y a cinq décennies, les clashs et battles font partie de l’histoire du hip-hop et de son évolution. Côté rap, pour le plaisir de la rime qui frappe fort et met le MC d’en face au tapis. Dans cet esprit, au Red Bull SoundClash, qui se tien dra à Paris, au Centquatre, le 5 octobre, c’est une confrontation d’un nouveau genre qui sera proposée dans cet univers musical.

OUAFA MAMECHE Responsable éditoriale musique pour le site de Red Bull, Ouafa écrit pour le site musical spécialisé L’Abcdr du Son et anime de nombreux conférences et podcasts sur la musique. Éditrice littéraire et cofondatrice de Faces Cachées Éditions, elle s’est entretenue avec Leto et Guy2Bezbar. « La fraîcheur des deux Parisiens est impressionnante », nous dit-elle.

Rappeurs amis et réputés dans les XVIIe et XVIIIe arrondisse ments de Paris, les deux MCs ne cessent de voir grossir leur aura dans tout le pays : leurs fans seront donc au taquet.

CANALICOSTANZAKEROS,(COUVERTURE),VMMAXIME

GUY2BEZBAR ET LETO, LES FRÈRES DE SON Au moment où vous lirez ces lignes, il ne devrait rester qu’une poignée de tickets pour assister au Red Bull SoundClash. Direction redbull.com pour vous procurer une place pour ce show de Leto et Guy2bezbar.

CONTENUS octobre 2022 Sur un fil avec Jimmy Chin. 36 6 Galerie : votre dose mensuelle de folie photographique 12 Le fromage vegan qui pourrait sauver le monde 14 Le foot comme vous le voyez très rarement grâce à Goal Click 15 La playlist intime d’Oliver Sim, chanteur de The xx 16 Tendance : surfer avec des planches en bois hyper lourdes 18 Rejetez les préjugés avec le mé dia altruiste de Newin Bokhari 20 La joueuse de rugby Ellie Kildunne veut être la meilleure au monde 22 Comment Shygirl a réussi, sans vouloir réussir du tout 24 2 fois plus efficaces Leto et Guy2Bezbar ultra-déters pour le Red Bull SoundClash 36 Sur le fil Quand le photographe Jimmy Chin saisit l’exploit critique 46 Petrolettes Le festival de moto européen 100 % dédié aux femmes 56 Monsieur Possible Dans la tête d’un boss du triathlon et de l’Ironman, le Norvégien Kristian Blummenfelt 66 Dialled In Les Sud-Asiatiques de Londres donnent le tempo au grand jour 77 Voyage : windsurf en Allemagne 82 Fitness : un marathon par jour ! 83 Matos : Therabody dans ta face 84 Gaming : chat va cartonner 86 Outdoor : au top pour la rando 96 Ils et elles font The Red Bulletin’ 98 Photo finale : la toile de Vialle 4 THE RED BULLETIN JOHNSON,BRUNELPRODUCTIONS,CHINJIMMY POOLCONTENTBULLBERGER/REDHERMAN

La règle de trois de Blummenfelt. 56 L’Asie du Sud en force à Londres. 66 THE RED BULLETIN 5

GUIZHOU, CHINE

Immense

Le guide outdoor James Xu a visé haut lors de ce trek sur la Grande Arche de Getu, large de 70 mètres, dans le sud-ouest de la Chine, où il a pu admirer Kaj Pandey sur la toute première highline installée à cet endroit. « Cette photo a été inspirée par le cliché de Jimmy Chin montrant Alex Honnold et son partenaire descendant en rappel au milieu de l’arche en 2016, explique Gerald Situ, qui l’a prise. Quand James m’a montré cette photo pour la première fois, j’étais impressionné. » La propre photo de Situ a eu un effet similaire sur les juges du concours photo Red Bull Illume, qui lui ont décerné une place finale dans la catégorie Masterpiece by SanDisk Professional. geraldsitu.com ; redbullillume.com

7 CHONGDAVYDDILLUMEBULLSITU/REDGERALD

MATERA,ITALIE

Sur le vif Murs de pierre, escaliers raides, ruelles pittoresques : le fait que la charmante vieille ville de Matera (sud de l’Italie) soit un spot reconnu pour les compétitions de parkour (entre autres) n’a rien d’étonnant pour les villageois. Ceux qui écarquillent les yeux, ce sont les touristes quand ils distinguent une ombre planant au-dessus de leur tête pour atterrir sur d’étroits murets, comme si de rien n’était. La photographe Anna Rossini, et un chanceux prome neur, ont saisi la grace de l’instant. redbullillume.com

LOS ANGELES, USA La intérieureforce « J’ai toujours été intrigué par les architectures cachées dans les bâtiments », déclare Chris Garrison. Ainsi, lorsque le photographe basé en Floride a décou vert par hasard ce parking intérieur à Los Angeles, il a instantanément vu le potentiel de ses lignes hexagonales étendues et de la parfaite lumière naturelle qui s’y infiltrait par le haut. Avec le rider BMX street Broc Raiford, tous les éléments étaient réunis pour réaliser cette image forte – finaliste dans la catégorie Creative by Skylum du concours Red Bull Illume. chrisgarrisonphotography.com ; redbullillume.com 9 CHONGDAVYDDILLUMEBULLGARRISON/REDCHRISILLUME,BULLROSSINI/REDANNA

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CAROLINE DU NORD, USA Enfermé

Un rush d’exaltation. Le salé des embruns dans les narines. Une légère claustrophobie. Voilà quelques-unes des sensations qu’évoque cette incroyable photo (signée Cody Hammer) du surfeur californien Cody Craig enfermé dans un tube au large des côtes de Buxton, en Caroline du Nord. « Un rouleau venant de l’arrière était sur le point de déferler, explique le photographe originaire de Virginie, à propos de ce cliché, finaliste de la catégorie Emerging by Black Diamond du concours Red Bull Illume. Cody s’est précipité vers lui et l’a atteint juste à temps. Il a posé sa ligne et juste au moment où il commençait à foncer dans le tube, le bord de la vague s’est complètement évasé. J’ai rapidement checké mon appareil photo et je n’arrivais pas à croire ce que j’avais capturé. »

L’alchimie photographique en action. Instagram : @cody.hammer redbullillume.com; CHONGDAVYDDILLUMEBULLHAMMER/REDCODY

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Elle en fait tout un fromage

Magi Richani n’a qu’un seul objectif : fabriquer du fromage vegan qui a le goût du « vrai » fromage. Ce faisant, elle pourrait contribuer à aider la planète.

NOBELL FOODS

« La fermentation est plus coûteuse et pourrait consti tuer un excellent produit de niche, mais je veux fabriquer quelque chose d’accessible et d’abordable. Je veux remplacer le fromage sur les pizza et les hamburgers. » Magi Richani, qui est née et a grandi au Liban, est intolé rante au lactose et c’est la recherche du pourquoi de cette condition qui l’a amenée en 2016, à 27 ans, à quitter son emploi d’ingénieure civile chez Shell et à fonder Nobell. Depuis lors, elle a vu sa société se développer, passant d’elle seule et d’un capital de 100 000 dollars à une entre prise de 60 employés soutenue par un capital d’investissement de 100 millions de dollars. L’enjeu est plus important que le cours des actions des technologies alimentaires. L’in dustrie laitière est l’un des plus importants émetteurs de gaz à effet de serre au monde. En 2015, elle a produit la même quantité de CO² que le trans port maritime et l’aviation réu nis. Les solutions à grande échelle à ce problème sont les bienvenues, et Richani pense en avoir une. « Nous sommes confrontés à la plus grande crise existentielle de l’histoire de l’humanité, déclare Richani. Nous devons recourir à tous les instruments dont nous dis posons pour la combattre ». Si ces instruments font des gourmands et respectent les animaux, il sera difficile de ne pas se mettre d’accord. nobellfoods.com

En juin, à San Francisco qui, pour certains, marque la fron tière entre la ville et la Silicon Valley, une équipe de scienti fiques et de cadres de Nobell Foods a « déconstruit » une pizza, en portant une attention particulière à la mozzarella et à la façon dont le fromage fondu s’étire : le trempage, l’égouttement, le suintement. « Certains de nos scientifiques ont des objectifs et résultats clés basés uniquement sur l’étirement, déclare Magi Richani, PDG, CCM (maîtresse fromagère en cheffe) et fondatrice de Nobell. Cela est crucial pour ce que nous faisons ici. » Nobell développe de la moz zarella et du cheddar non ani mal qui se comportent et ont le même goût que les versions laitières – un graal de l’alimen tation vegan – et fait partie des premiers d’un groupe d’entre prises qui se disputent le prix. Tous ceux qui ont essayé le fromage vegan vous le diront, la seule limite actuelle est la définition du mot « fromage ». La mozzarella de Nobell se comporte et a le même goût que son équivalent au lait de vache. Pour ce faire, Richani utilise des graines de soja génétiquement modifiées pour produire de la caséine, la même protéine qui donne aux produits laitiers le goût et le crémeux que les protéines végétales ne parviennent pas à reproduire.Sanscette protéine « lai tière non laitière », le fromage vegan et les autres produits alimentaires vegan ne seront Magi Richani, ingénieure civile devenue innovatrice en matière de fromage.

jamais aussi appréciés que les produits laitiers d’origine ani male qu’ils espèrent reproduire et peut-être un jour remplacer. Des concurrents de Nobell, dont Perfect Day et Eden Brew, ont mis au point des méthodes de fermentation des protéines de soja pour fabriquer de la caséine non animale. Selon Richani, le choix de Nobell de cultiver des graines de soja génétiquement modifiées est gagnant sur le long terme.

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Cette singulière collection de photographies éclectiques est le fruit du projet Goal Click, initiative internationale invitant les fans de ballon rond à mon trer ce que ce sport représente pour eux et leur communauté.

Les reportages ne visent pas de thèmes particuliers, certains se limitent au foot. Les photos d’Árni Thor Gunnarsson, par exemple, sont techniquement ratées – doigts flous en bordscadre, couleurs ternes typiques des appareils jetables – mais c’est ce qui fait leur charme.

Deux équipes féminines qui s’affrontent quelque part au nord du Pakistan, avec en toile de fond un superbe paysage de montagne ; des victimes de la guerre civile en Sierra Leone prenant la pose juste avant un match de Beach soccer ; quatre jeunes hommes s’échauffant avant un match dans la neige d’Hokkaido, au Japon.

WARDTOMBANGURACLICK/ABRAHAMGOALINAYAT,CLICK/SUMAIRAGOAL

« L’intérêt est de montrer la vie d’un fan de football islandais, confie Gunnarsson, photogra phiant l’équipe qu’il soutient –Leiknir Reykjavík. Le but est de découvrir à travers le beau jeu ce que nous avons tous en commun, au-delà de nos ori gines ou notre religion. » Barrett souhaite aller plus loin en incluant des reportages vidéo et audio, et d’autres sports comme le rugby. Avec la Coupe du monde au Qatar en ligne de mire, Barrett y compte des contributeurs –qu’il surnomme « Les conteurs » – depuis 2019. Goal Click est bien perçu par les Qataris, pré cise-t-il, ils y voient un moyen de donner plus de visibilité aux histoires authentiques de la population.«Donner la parole à ceux qui ne l’ont jamais nous importe beaucoup, déclare Barrett. Nous ciblons les histoires que l’on entend rarement. Cela peut concerner le mondial de football féminin ou des équipes LGBTQ+. La plateforme est ouverte à tous les fans, du moment qu’ils racontent leurs propres histoires. » Une cause noble et nécessaire qui nous rappelle de belle manière l’im pact du football dans le monde. goal-click.com

Fondé en 2014, Goal Click four nit aux snappers – dilettantes uniquement – des appareils photo jetables et met en ligne leurs reportages sur le site web accompagnés d’un récit à la première personne. « Certains reportages nous viennent aussi bien de Corée du Nord que des GOAL CLICK Tirs et buts Cette quête en images d’histoires méconnues du football révèle le véritable impact de ce sport universel. Partout et par tous. À gauche : la première ligue de foot féminin au nord du Pakistan, shootée par sa cofon datrice Sumaira Inayat. Ci-dessous : l’équipe de l’Associa tion sportive des am putés de Sierra Leone, photographiée par son entraîneur, le pasteur Abraham Bangura. montagnes du Pérou », explique Matthew Barrett, cofondateur de Goal Click, qui espère que l’expérience suscitera des débats sur le football, mais pas que. « Le football est fédérateur, il incite les gens à s’intéresser à ce qui se passe dans d’autres pays, à aborder des questions telles que la guerre ou les droits des femmes. »

Placebo Nancy Boy (1996) « À l’adolescence, Stefan Olsdal et Brian Molko (du duo rock britannique Placebo, ndlr) étaient pour moi des extrater restres. J’ignorais tout d’eux, mais je les adorais. J’étais fasciné par le contraste entre les traits fins de Brian et sa musique enragée, un mélange inédit pour moi à l’époque. C’était mon idole, et ce mor ceau compte beaucoup pour moi, car il résonne profondé ment en moi.

Les d’unesonsvie

» Romy Lifetime (2020)

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« Romy (Madley Croft, la guita riste et chanteuse de The xx, ndlr) est une amie, une sœur pour moi depuis que j’ai trois ans. Nous avons fait toute notre scolarité ensemble, de la maternelle à l’université. Et à présent, nous jouons dans le même groupe. C’est son premier titre solo, et je suis très fière d’elle. Romy est une fantastique autrice-composi trice qui excelle dans l’écriture de chansons pop. » Nat King Cole Nature Boy (1948) « Le chanteur écossais Jimmy Somerville m’a fait découvrir cette superbe chanson (reprise maintes fois depuis sa version initiale de Cole, chanteur et pianiste de jazz américain, ndlr). Elle a inspiré mon album solo, en particulier le titre Hideous, dans lequel Jimmy chante les dernières paroles de Nature Boy : “The greatest thing you’ll ever learn is just to love and be loved in return.” Génial, non ? »

À 17 ans, Oliver Sim — leader du groupe The xx — découvre sa séropo sitivité. Un sentiment de peur et de honte l’incite à ne rien dire de son état. Aujourd’hui âgé de 33 ans, il se confie sur son premier album solo, Hideous Bastard, qu’il considère comme antidote « joyeux » à ce qu’il ressent. Le producteur de cet album n’est autre que Jamie xx, membre du trio indé lauréat du prix Mercury. Leur dernier album, I See You, cara cole dans le top 5 des charts français et le top 2 aux États-Unis. Sim nous révèle les quatre morceaux qui ont marqué sa vie et ses textes. Instagram : @hideousbastard Bronski Beat Smalltown Boy (1984) « J’ai toujours admiré Jimmy Somerville (le chanteur du trio synthé-pop Bronski Beat, puis des Communards, ndlr). Non seulement sa voix est l’une de mes préférées, mais il est aussi une figure courageuse et influente en faveur des droits des personnes LGBTQ, des séropositifs et des malades du sida. Ce morceau incarne parfaitement sa musique : une musique pop joyeuse, fun tout en étant émouvante. »

OLIVER SIM

Le chanteur-bassiste évoque les titres qui n’ont cessé d’influencer sa carrière avec le groupe indé The xx ou en solo. Scannez le code QR pour accéder au podcast musical de Oliver Sim sur Spotify.

pendant la houle d’hiver, explique Cossart, 33 ans. La plupart de l’année, les vagues sont petites et il est difficile d’y surfer avec une planche de surf normale. » Il se souvient d’une expérience d’adolescent sur une « kookbox », une planche de surf de 3,60 mètres en bois, ainsi nommée en raison des surfeurs novices, ou kooks (trad. bizarres), qui ont com mencé à la fabriquer et à la monter dans les années 1930. Plus lourde qu’une planche de surf moderne en polyuréthane, son centre creux peut prendre l’eau et elle n’a pas d’aileron inférieur. Pour 100 dollars de bois de pin et de contreplaqué, et quelques après-midis de tra vail, Cossart avait sa kookbox. Selon lui, sa fabrication n’est pas plus difficile qu’un projet final de cours de menui serie au lycée, et les résultats sont impressionnants. « Elle se manie dans l’eau avec une telle

Cossart affirme qu’il conti nuera à fabriquer et à monter des kookbox, mais les heures de travail requises pour en construire une ne sont pas économiquement viables pour les fabriquer à grande échelle. En plus de rationaliser la conception, il envisage d’utili ser d’autres matériaux, peutêtre du plastique recyclé.

Durant son enfance, la maison familiale de Nole Cossart à Santa Barbara était remplie de souvenirs liés au surf. Des planches dans tous les coins, des photos aux murs, des magazines sur la table basse, des rangées de livres sur les étagères. Il n’est donc pas surprenant qu’il soit devenu surfeur. Mais si Santa Barbara est l’un des joyaux de la côte californienne, elle ne convient pas parfaitement au surf. « Il y a un tas de point breaks à Santa Barbara, mais ils ne deviennent intéressants que fluidité, explique Cossart. Il faut un peu d’énergie pour se mettre en mouvement, mais ensuite, on a l’élan. » Quelqu’un qui trimbale une kookbox sur la rive ne passe pas inaperçu, et Cossart dit qu’il est fréquemment arrêté en chemin, entre la descente de son van et son entrée à l’eau. « Je me suis fait des amis en parlant sur la plage », raconte-t-il. Un court métrage documentaire, Mr. Kookbox, a porté son histoire au-delà du littoral californien. Des surfeurs venus d’Hawaï l’ont contacté pour lui demander des conseils sur la construc tion de leurs propres kookbox. Mais Cossart n’essaie pas de lancer une révolution rétro. « Je suis un peu inquiet pour la sécurité, dit-il. Je porte tou jours un leash quand je monte une kookbox parce que je ne veux pas qu’elle soit emportée par l’eau et qu’elle heurte quelqu’un. Ça pourrait les sonner assez facilement. »

En chevauchant sa kookbox, Cossart puise directement dans l’histoire du surf. « Elle est nerveuse et difficile à contrôler, mais cela ramène au sentiment d’être un débu tant. Tous les progrès que vous faites sont gratifiants. Vous exploitez le fil conducteur de toute l’histoire du surf : l’excitation d’être poussé par une vague. Et c’est la même sensation que les kookbox riders appréciaient cent ans avant nous. Cela vous relie à l’évolution de l’histoire du surf. C’est une façon de participer à l’histoire de l’humanité. » Mr. Kookbox en action vimeo.com/400007039:Nole Cossart au travail sur l’une de ses kookbox.

MISTER KOOKBOX Passez au bois

Un surfeur californien renoue avec les racines de son sport en fabriquant, et en chevauchant, des planches super lourdes des années 1930.

16 THE RED BULLETIN WARDTOMJOHNSONJEFF

Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière. www.mangerbouger.fr DES POURAIIILESTOUSLESGOÛTS.

Ce qu’on remarque dans les médias, c’est qu’on transmet souvent une information telle quelle, par exemple : « Il y a tant de femmes victimes de… il y a tant de … » Concrètement qui sont les personnes derrière ces informations ? Ensuite, l’idée est de comprendre comment elles les vivent et comment elles s’en remettent. Prenons le temps de les découvrir pour moins juger et pour mieux entendre notre société. Dans ce format, on retrouve un travailleur du sexe, un ancien dealer international, un ancien agent de la DGSE… Des personnes pour lesquelles on a tendance à se dire : « Ah ouais, lui, il a fait de la prison, l’autre, elle vend son corps, etc. » donc il y a un jugement !

Comment éviter ce jugement ? Avec Origines, on a pour volonté de mettre en avant les personnes qui ont l’habitude d’être jugées, et de les cacher de ceux qu’elles rencontrent.

Le pari de son média : insuffler de la sociologie et de la psychologie à notre rapport aux autres, afin de mieux les comprendre et de ne plus les juger. Écoutez l’interview intégrale de Newin dans le podcast Aujourd’hui Demain.

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Pour une personnalité enga gée telle que Newin, il était naturel, après être passée par l’industrie de l’entertainment, de se focaliser sur l’humain pour mieux brosser nos réalités actuelles, avec une ligne éditoriale qui a vu le jour un soir alors que la jeune femme s’adonnait à la conception de deux nouveaux formats vidéo pour le social média.

Parlez-nous de votre nouveau for mat, De l’autre côté, dans lequel vous offrez un espace de communi cation sans préjugé, où prime la bienveillance. Un format conversa tionnel dans lequel deux personnes sont séparées par un mur. Elles ne se voient pas et l’une d’elles pose des questions à l’autre sur son identité, statut ou profession.

à s’en sortir, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a plus de trauma, mais plutôt qu’ils sont dans cette démarche : « Okay, j’ai vécu ça, maintenant qu’est-ce que j’en fais » pour avancer. Grâce à cet état d’esprit, il y en a qui ont créé des thérapies, des projets, fondé une famille, et il y a aussi les petites réussites comme se nourrir à nouveau. Quand tu es face à ça, tu prends du recul sur ta vie et sur ce qui se passe dans le monde.

Origines, qui compte plus d’une centaine de vidéos à son actif, se veut un traducteur de notre époque, qui « s’intéresse à l’histoire des his toires ».

Newin Bokhari

Texte MARIE-MAXIME DRICOT Photo LUCIE FROBERT

the red bulletin : Pourquoi avoir créé Origines ? newin bokhari : En France, on a des médias de société, on a le BFM d’Internet, qui est BRUT., on a l’en tertainment avec Konbini et Melty à l’époque mais, on n’a pas de média de l’humain, sociologique, psycholo gique. Donc, je me suis qu’il y avait une place à prendre. Origines aborde notamment le trauma, avec le format Il était une fois, où des personnes racontent l’inceste, le viol, les abus ou les drogues. Des interviews riches, profondes et nécessaires, mais aussi impactantes psychologique ment. Comment faites-vous pour gérer cela à titre personnel ? Ma démarche est très égoïste dans le sens où j’aime l’être humain, c’est ce qui me motive, or on le comprend vraiment lorsqu’il est confronté à des moments complexes, c’est là où on découvre toute sa splendeur. Mais j’ai commis une erreur. Dans l’excita tion du lancement d’Origines, j’ai fait onze interviews d’une durée de deux à quatre heures en une semaine. À la fin de la semaine, je n’arrivais plus à être dans l’instant présent car j’avais été confrontée à des choses beaucoup trop violentes. Et, je me suis dit : « Attention !, il va falloir trouver une balance. » Et puis, j’ai fait une thérapie, car j’ai aussi mon lot de problèmes. Je crois que j’ai cette capacité à entrer en connexion (l’intelligence émotionnelle, ndlr) avec la personne que j’interviewe.

Le premier, Il était une fois, s’inté resse aux traumatismes et expé riences de personnes qui ont su trou ver la force de s’en sortir. Le second, Je suis, présente un focus sur les artistes, où l’on entre dans leur inti mité pour décrypter leur vie en s’ap puyant sur leurs textes, comme avec le rappeur Médine ou Kalash. Pour cette journaliste d’un carac tère altruiste autant qu’optimiste, il était important de tirer une ligne éditoriale sociologique et psycholo gique, une analyse de la société plus profonde, qu’on ne voit pas forcé ment dans les autres médias actuels.

Pourquoi ? Parce que tu si tu ne vois pas ces personnes, les tabous s’en volent et la peur de brusquer dispa raît. On se sent plus libre. Tout le monde a le droit de participer, mais on essaie toujours de convier des personnalités curieuses, atypiques, bienveillantes et à l’aise.

Cofondé par la journaliste Newin Bokhari en janvier 2021, Origines est un média 100 % digital, avec une verticale sociologique et psycholo gique, qui permet de mieux com prendre notre société mais surtout de mieux se comprendre, de mieux s’accepter et se respecter, quels que soient nos bagages culturels, sociaux et familiaux.

Aux Origines, il y a l’humanité

Comment les choisissez-vous ? Qu’elles aient été confrontées à l’in ceste, au viol, à l’homophobie ou au racisme, ces personnes ont réussi

« C’est dans lalaqu’existecomplexitésplendeurdel’autre.» THE RED BULLETIN 19

Les gens me demandent : « Pourquoi courrez-vous comme ça ? » Je réponds : « Pour éviter d’être pla quée ». Entre mêlée ou échappée, je choisis toujours la deuxième option.

Instagram : @elliekildunne

Et aux garçons qui craignent que l’on devienne trop balaises, je leur réponds qu’il ne tient qu’à eux d’être encore plus costauds ! Je m’entraîne dur pour avoir ce corps et je n’ai pas l’intention d’en avoir honte. Quelle a été votre principale inspiration ? Une vidéo que je regardais au moins deux fois par semaine quand j’étais à l’université : Un jour dans la vie, une vidéo sur l’équipe de rugby à sept se rendant aux Jeux olympiques. J’étais accro. Aujourd’hui, grâce aux réseaux sociaux et aux vidéos on a l’impression de mieux connaître une personne laquelle peut devenir une source d’inspiration. C’est pourquoi je réponds aux messages sur Insta –cela peut faire naître une passion pour le rugby et inciter à suivre mon exemple. Le sport en bénéfi ciera. Quand une jeune fille me dit : « Je suis ta plus grande fan », je lui réponds : « Un jour, on jouera côte à côte ». Je n’ai que 22 ans. Et du haut de ses 16 ans si elle continue à pratiquer, elle aura une bonne chance de me croiser sur un terrain dans quelques années. J’espère juste qu’elle n’est ni arrière ni ailier…

En tant que rugbywoman sentezvous l’attente des gens à votre égard ? C’est le lot des femmes dans le sport… Mais les temps changent. Le rugby n’est plus pratiqué seulement par les hommes même s’ils restent majori taires. Néanmoins, les choses bougent. Être une femme « balaise » est bien acceptée. Sur TikTok, la tendance est aux femmes qui font de la muscu pas seulement pour renforcer les fessiers et les abdos, mais qui s’adonnent aussi aux tractions pour muscler bras et dos.

Ellie Kildunne a une idée très pré cise de son avenir : « Je veux devenir la meilleure joueuse de rugby au monde. J’ai la dalle, je veux y arri ver le plus tôt possible, et non à 30 ou 32 ans, quand ma carrière tou chera à sa fin. Je n’ai pas de temps à perdre. » À seulement 23 ans, l’ar rière des Harlequins et de l’Angle terre semble bien partie pour y par venir. Après avoir brillé en début d’année lors du tournoi des Six Nations, elle trépigne désormais à l’idée de participer à sa première Coupe du monde, qui aura lieu en Nouvelle-Zélande en octobre.

Montée en régime

Après avoir fait ses preuves au niveau international, l’étoile montante du rugby anglais se prépare à 23 ans à relever un nouveau défi : la Coupe du monde.

the red bulletin : Que représente pour vous la participation à la Coupe du monde ? ellie kildunne : Il me tarde d’y être ! L’attente est interminable ; le tournoi a été reporté à cause de la pandémie. Le fait d’affronter des équipes de haut niveau lors des Six Nations et des Internationaux d’automne en novembre dernier m’a donné un avant-goût de l’événe ment. On sent déjà l’excitation mon ter chez toutes les équipes. Ça va être génial. J’ai hâte que ça com mence. Étrangement, je suis parta gée entre l’idée qu’il faut bien se préparer et je compte bien être au top de ma forme le jour J, et l’envie d’en découdre tout de suite. À quoi attribuez-vous votre talent exceptionnel de joueuse ? Avant tout à mon esprit de compéti tion ! Comme je ne suis pas la plus costaude sur le terrain, j’évite les contacts, certaines filles déménagent.

Votre devise est : la tiédeur n’a rien de bon. Pourquoi ? La citation est de Roald Dahl (auteur, notamment, de Charlie et la Chocola terie, ndlr). Elle nous invite à ne pas faire les choses à moitié, mais à fond. Cela vaut pour tout. Si vous plongez votre main dans une eau tiède, vous pouvez y rester indéfiniment. Si l’eau est bouillante, vous la retirez instan tanément. La tiédeur est peu propice au changement contrairement à la passion qui pousse à l’engagement total et nous obsède.

Native du Yorkshire, Kildunne joue au rugby depuis l’âge de six ans. À l’occasion de sa première sélection en équipe nationale en 2017, l’année de son baccalauréat, elle s’impose rapidement sur la scène internationale en inscrivant son premier essai pour le XV de la Rose. Depuis, elle a fait une pige dans le rugby à sept afin d’aider l’équipe nationale à se qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo l’an née dernière, fait le plus marquant de sa carrière à ce jour, mais l’incer titude causée par la pandémie la ramène au rugby à XV. La visibilité grandissante du rugby féminin ainsi que la perspec tive de la Coupe du monde 2025 en Angleterre contribuent grandement à la notoriété de Kildunne. The Red Bulletin a rencontré l’étoile montante du rugby anglais à Zante (Grèce), où cette dernière profite de ses pré cieuses vacances d’intersaison. Mais pour l’heure, cette joueuse détermi née n’a qu’une chose en tête…

Texte RACHAEL SIGEE

Ellie Kildunne 20 THE RED BULLETIN IMAGESGETTY

« La

changement,propiceesttiédeurpeuaucontraire-mentàlapassion.»

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Mais tenter c’est aussi potentielle ment échouer, non ? Échouer ne me fait pas peur parce que réussir dans ce métier n’a jamais été un objectif. Ce qui m’a encoura gée c’est que des gens m’écoutent et me suivent là où je veux aller.

Leur idée du rendu était quelques fois à l’opposé de ce que je voulais techni quement. J’ai dû les convaincre que ce qui sonnait faux est ce que je recherchais. Les idées originales sont rares face à l’étendue de la musique et de l’art existants. Nous ne faisons que régurgiter ce que nous avons déjà expérimenté. D’où l’importance de ne pas s’enfermer dans des règles, d’être courageux lorsqu’on crée de nouvelles choses.

Shygirl

Dans quel sens ? Lorsque j’ai commencé à faire de la musique, je ne me projetais pas dans une carrière – je composais des mor ceaux avec mon ami Sega (Bodega, producteur britannique de musique électronique, ndlr) point. Ma voix lui a plu et il m’a proposé de collaborer à ses projets. Travailler sans penser à la suite m’a permis de vivre pleine ment l’expérience. Vous avez une approche ludique de la musique — par exemple, dans CC (morceau de 2017 avec Sega Bodega), la toux que vous aviez en studio est devenue une percussion. Votre approche peu orthodoxe est-elle un frein à la collaboration ? Ça l’a été avec certains producteurs.

« Je n’ai jamais rêvé d’être artiste, célèbre ou même l’objet d’une quel conque attention », confie la jeune femme de 29 ans. C’est raté ! Shygirl est aujourd’hui une rappeuse, chan teuse et DJ que le monde s’arrache.

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tout un chacun : j’ai terminé ma scolarité, fait des études supérieures, décroché un stage puis un emploi à temps plein avant même d’être diplô mée. Me lancer dans la musique n’exigeait rien de tout ça, j’aurais pu le faire depuis ma chambre. Mais tra verser ces étapes permet de découvrir ce qui nous convient le mieux. Une fois adulte on finit par comprendre que la spontanéité est le sel de la vie. J’en ai besoin. Favoriser des situa tions où les choix opposés sont pos sibles est tout ce qui m’importe désor mais. Satisfaire ma créativité reste ma priorité. Vous êtes donc une adepte de l’apprentissage sur le tas ? Absolument ! Je n’ai jamais eu de qualifications pour les emplois que j’ai exercés jusqu’ici. Nul n’a exigé de voir mes diplômes. L’enseigne ment traditionnel n’est pas la seule voie possible ; le tout est de trouver le courage d’essayer sans craindre l’échec. J’espère que ma carrière de musicienne poussera les gens à se lancer sans peur. On avance toujours en essayant, même si l’objectif n’est pas atteint. Et vous irez toujours plus loin que ceux qui n’essaient jamais. Vous avez collaboré avec des artistes parmi les plus visionnaires de notre époque, comme Arca ou la regrettée Sophie. Comment trouve-t-on le partenaire idéal ? Il faut se connaître un peu. J’ai une bonne idée de ce qui me rend heu reuse ou me procure du plaisir. Mais certaines rencontres peuvent aussi vous aider à découvrir ces choses. L’important est de rester suffisam ment ouverte et vulnérable. Il y a dans le fait de ne pas devoir s’adap ter aux autres une forme de recon naissance. En tant que métisse issue d’un milieu modeste, j’ai souvent eu l’impression de m’être adaptée à des situations données afin d’être assimi lable ou simplement à l’aise. Mais grâce aux personnes formidables avec lesquelles je travaille désor mais, cela n’est plus nécessaire. Je me sens libérée d’être qui je suis.

Texte OBKIRCHER Photo AIDAN ZAMIRI

La stratégie de la non-stratégie

Avoir un plan de carrière à long terme nuit-il à la spontanéité ? Cela dépend de votre personnalité. J’ai fait tout ce qui était attendu de

Il y a six ans, Blane Muise, native du sud de Londres, est booker dans une agence de mannequins, bien heureuse d’œuvrer dans l’ombre.

FLORIAN

Shygirl sera en concert au Trianon (Paris) le 10 déc. 2022 ; shygirl.tv

the red bulletin : Généralement, les musiciens se lancent très jeunes dans leur carrière, la vôtre n’a commencé il y a quelques années seulement. Comment expli quez-vous cette fulgurance ? shygirl : Certains savent dès l’école que la musique sera leur vie. Je n’ai jamais eu d’intuition quant à ma vocation. Mais mettre des mots sur mes émotions n’a jamais été un pro blème. Et j’ai toujours été mélomane. S’imposer en musique exige un ego capable de dire : « J’ai aussi quelque chose à dire. » Être dépourvue de cet ego-là a été une bénédiction pour mon parcours initial.

En seulement six ans de carrière, la rappeuse de Londres accumule les fans, parmi lesquels Björk et Rihanna. Succès qu’elle doit, selon elle à son absence d’ambition musicale.

En 2020, Muise participe, aux côtés de Rosalía et de Björk, à l’album KiCk i de la chanteuse pop Arca. L’an dernier, la marque Burberry l’engage avec FKA twigs et Kendall Jenner pour une campagne publicitaire, et Rihanna est l’une de ses fans. Tous adorent sa musique – un mélange érotique de raps susurrés et d’injonc tions torrides sur des rythmes club éthérés. La critique salue ses chan sons qu’elle juge visionnaires, et ce bien que la chanteuse n’ait aucune formation musicale. Avec Muise, sai sissons le pouvoir qu’offre l’inconnu.

« Réussir en musique n’a jamais été un objectif. » THE RED BULLETIN 23

Installé à travers le monde depuis plus de quinze ans, le RED BULL SOUNDCLASH arrive en France pour challenger deux rappeurs parisiens de renom, Leto et Guy2Bezbar, le 5 octobre à Paris (au Centquatre).

2 FOIS EFFICACESPLUSTexteOUAFAMAMECHEPhotosMAXVM

Ce concept de concerts inimitables permet aux artistes de se dévoiler sous d’autres facettes et de se stimuler créativement. En laissant le public affirmer ses préférences.

Guy2Bezbar (en jaune) et Leto seront en combinaison lors du Red Bull SoundClash au Centquatre, à Paris, le 5 octobre prochain. 25

«

Purs produits de leur environnement, les références musicales des deux jeunes hommes sont d’abord composées des rappeurs de leurs quartiers qui ont com mencé avant eux ainsi que tous les gros noms du rap en général. D’origine congo laise, Leto et Guy ont naturellement grandi avec des sonorités africaines ainsi que des tubes de rap américain. Guy est très branché « nineties comme années 2000 », aime écouter Lauryn Hill, Alicia Keys mais aussi Angèle. Navigant entre leurs cercles proches et leurs influences internationales, Leto et Guy se sont construits en écoutant et en apprenant des autres, pour en tirer Pour sa première édition en France, le Red Bull SoundClash mise sur deux jeunes rappeurs parisiens qui pèsent. À 25 et 24 ans, Leto et Guy2Bezbar sont des artistes bien identifiés dans le paysage musical français, multipliant les millions de vues sur leurs clips, les collaborations et les certifi cations. Deux carrières en ascension, deux amis, mais surtout deux ambianceurs qui offriront sans aucun doute une performance à la hauteur de l’événement.

Leto et moi, c’est d’ondesd’énergiebeaucoupetpositives.

Le rap influence Paname, Paname influence leur rap Fiers représentants de leurs arrondisse ments respectifs, Leto et Guy2Bezbar brandissent haut l’étendard de leur quartier. Guy le porte dans son nom d’artiste, « Bezbar » pour Barbès, le célèbre quartier du XVIIIe arrondisse ment bien connu dans le rap français qui a vu éclore des artistes comme Doc Gynéco, Flynt, Hugo TSR, Sopico ou encore le groupe La Scred Connexion. De son côté, Leto est originaire du XVIIe arrondissement, là où il a formé son premier groupe, PSO Thug, pour Porte de Saint-Ouen, la localisation précise de son fief. Un de ses titres solos à succès est d’ailleurs tout simplement intitulé Paris c’est magique. Pour Leto, c’est incontestable, « tout le quartier, toute [leur] zone, tout Paris [les] a guidés pour en être là aujourd’hui ».

» Red Bull SoundClash 27

Red Bull

Leto et Guy se lient donc d’amitié et ont énormément de choses en commun : « Il y a beaucoup d’énergie et d’ondes positives chez nous. C’est mon frère, on a vraiment le même délire, on fait des sorties ensemble, on se voit hors musique », avance Guy, à propos de leur relation, devenue si naturelle au fil des années.Leto, alias « Capitaine Jackson », commence à rapper deux ans avant Guy, aux alentours de 2013, se testant aux freestyles avec son jeune groupe PSO Thug. La formation débutante se fait découvrir l’année suivante avec un pre mier morceau puis se retrouve sur la mixtape du rappeur Kaaris en 2015.

1. La plus symbolique : 2014, Bosnie-HerzégovineZenica, Le groupe bosniaque de dub rock Dubioza Kolektiv a affronté le groupe serbe de rock alternatif S.A.R.S. Originaires de pays issus de l’ex-Yougoslavie, et moins de vingt ans après la fin de la guerre qui a vu leurs patries s’affronter, les deux groupes ont uni leurs forces artistiques pour offrir un show de qualité. Cette affiche SoundClash a offert de beaux mélanges de pop, rock, reggae, hip-hop et blues au public présent.

le meilleur. « On n’a pas eu de personnes plus expérimentées en tant que coaches pour nous dire quoi faire pendant nos enregistrements par exemple, dit Guy, c’était plus des petits conseils venant de la part de tout le monde. » Leurs modèles viennent surtout des États-Unis, là où les artistes issus des cultures noires-américaines ont totale ment dépassé la simple case du rap. Des noms comme celui de l’entrepreneur Damon Dash ou celui du Snoop Dogg sont par exemple cités dans le titre Fais de l’argent : « Ce sont des personnes influentes qu’on a pu suivre dans notre jeunesse. Leurs parcours sont bons, positifs et droits, donc c’est un peu normal pour des artistes comme nous de revendiquer ce genre de modèles », explique Guy. Complémentaires dans la vie comme en studio Ces deux-là se connaissent depuis l’ado lescence, ayant fréquenté le même lycée du XVIIe arrondissement. Les deux bandes d’amis se mélangent et passent beaucoup de temps ensemble, devenant une seule unité, comme une famille.

SoundClash

28 THE RED BULLETIN POOLCONTENTBULLVUCKOVIC/REDPREDRAG

La même année, Guy, qui se fait surnom mer « Coco Jojo », entame son chemin en faisant notamment une apparition aux côtés du rappeur Niska. Il faut cependant attendre 2021 pour voir naître une première collaboration entre Leto et Guy malgré les nombreuses d’an nées d’amitié déjà installées. « On aurait pu faire un feat depuis un petit moment, dit Guy, mais j’attendais d’être au top

LE RED HISTORIQUESENSOUNDCLASHBULLTROISÉDITIONS

Mélange des genres en Bosnie.

« Guy, il lescainry,vraimentestc’estvraimentStates.»

POOLCONTENTBULLTAREK/REDAHMED Le public du Caire acclame son favori.

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2. La plus fédératrice : 2019, Le Caire, Égypte Durant trois jours consécutifs, SoundClash a pris place dans la capitale égyp tienne pour offrir trois beaux spectacles. D’abord un show 100 % jordanien oppo sant le groupe indie Autostrad au groupe de grunge Akher Zapheer. S’en est suivie une confrontation entre le groupe de soft rock cairote Wust El Balad et le groupe de rock ammanien JadaL. Enfin, le groupe de reggae/pop rock égyptien Sharmoofers s’est retrouvé face au chanteur de rock jazz jordanien Aziz Maraka. En tout, près de quinze mille spectateurs sont venus désigner les vainqueurs au Caire.

Red Bull SoundClash

« Ce show, pour nous deux, exceptionnel.c’est»

Pour se préparer au grand show et afin de mieux appréhender le concept, les deux rappeurs ont eu l’occasion d’assister à un SoundClash en Allemagne et de se rendre en Autriche, pour des moments surprenants : un tour en hélicoptère de voltige avec Felix Baumgartner (l’homme du Red Bull Stratos) et le pilotage de voitures de course. Avec des challenges physiques en tête (car le show le sera !). Leto et Guy ont donc dû freestyler en plein vol, en enchaînant les loopings lors de leur sortie en hélico. Exercice que les deux rappeurs avides d’adrénaline ont particu lièrement apprécié. À l’approche de l’événement, Leto et Guy se sont préparés encore plus intensément aux différentes manches, en enchaînant notamment les sessions

POOLCONTENTBULLHALL/REDBRIAN

à ma manière. Je n’étais pas forcément à un niveau où je pouvais me permettre de collaborer avec lui. » Cette démarche est représentative du respect que se portent les deux amis et du travail néces saire pour bâtir leurs carrières. Il est vrai qu’entre-temps, le natif de Barbès a énormément évolué et a marqué les esprits avec son titre Bebeto sorti en 2020. « Le premier feat ensemble c’est Favelas de Paname (La Calle 4), et dès qu’on l’a fait, on ne s’est plus lâchés », continueContinuantGuy. sur cette lancée, Leto et Guy ont abouti à une poignée de titres en duo, dont un aux côtés de la star congolaise Fally Ipupa. Il faut dire que travailler ensemble n’est que la conti nuité des liens qu’ils ont dans la vraie vie. Guy est très éloquent à ce sujet : « Notre façon de travailler est très impressionnante car on passe 75 % du temps à s’amuser. On peut avoir une séance studio qui est censée durer six heures mais en une heure, le son est plié, et pendant le reste du temps, on rigole ou parfois, on part même sur un autre son. C’est une autre manière de travailler. »

L’aventure Red Bull SoundClash Fidèles à leurs personnalités, Leto et Guy ont réagi chacun à leur façon face à la proposition de participation au SoundClash. Le premier a d’abord dit non sans connaître le principe, comme une manière de défense face à l’in connu : « Je suis comme ça, dès que je ne connais pas quelque chose, je dis non, et ensuite je pose des questions et je change d’avis », explique Leto amusé. Plus fougueux, Guy a accepté directe ment, surtout en apprenant que Leto serait en face de lui. « Le concept est original, faire un show à deux, c’est exceptionnel pour deux artistes comme Leto et moi. Entre jeunes Parisiens, ça peut bien donner et faire du bien au public », L’originalitéavance-t-il.duconcept a donc plu aux deux amis qui s’amusent déjà de l’épreuve du Take-Over (terminer un morceau de l’autre artiste) prévue au programme de l’événement qui se tien dra au Centquatre, à Paris, le 5 octobre.

continue son ami du XVIIIe. De nom breuses qualités qui feront de Leto et de Guy de redoutables adversaires lors du Red Bull SoundClash.

3. La plus Grammy Awards : 2021, Nashville États-Unis : c’est dans le Tennessee que se sont affrontés le chanteur de pop Jake Wesley Rogers et le chanteur de RnB/soul Bren Joy. Ce qu’il fallait retenir de la soirée, c’est sans conteste l’invité surprise du premier compétiteur.

« Rapper un son de Leto, poser sur son tempo et son texte, c’est sortir de ma zone de confort. Je pense partir sur un titre qui me correspond un peu quand même », dit Guy. De son côté, Leto pense également partir sur « quelque chose où ça kicke grave ». La dynamique, ce côté « banger » du rap, c’est là où les deux jeunes rappeurs se retrouvent et se ressemblent musicalement.

Lorsqu’il faut qualifier instinctive ment l’autre, Leto appuie sur la fraîcheur de Guy : « Il y a toujours du renouveau chez lui. Il est imprévisible, tu ne peux t’attendre à rien avec lui, tu seras tou jours surpris. C’est vraiment cainry, c’est vraiment les States. » Guy est un person nage lumineux et fédérateur qui a de nombreuses qualités pour capter l’atten tion du public. C’est ce grain de folie et l’innovation permanente qu’il propose que Leto évoque comme étant « à l’américaine ». Selon Guy, Leto est également un concurrent de taille avec comme point fort son côté compétiteur : « Il peut faire face à plein de rappeurs et leur tenir tête. S’il fallait envoyer un mec au cassepipe pour nous représenter, ce serait lui. » Depuis ses débuts, Leto a croisé le micro avec de nombreux artistes en place comme Ninho, Bigflo & Oli, Booba, et même Ed Sheeran sur un remix. Le rappeur du XVIIe arbore une belle confiance en lui et parvient à s’im poser sur chaque titre. « Il y a toujours du nouveau dans ses textes, dans sa manière de poser, il a beaucoup de flows et c’est un très bon freestyleur »,

Red Bull SoundClash

Et pas des moindres : la superstar de la country Sheryl Crow, détentrice de neuf Grammy Awards, a rejoint Jake Wesley Rogers sur scène. Ils ont tous les deux repris Strong Enough, l’un des morceaux phares de la chanteuse sorti en 1993, offrant un beau moment de partage au public présent. Sheryl Crow, une desurprisetaille.

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Red Bull

Snoop Dogg fume

en studio de répétition. L’occasion de tester de nouvelles combinaisons, mais surtout de dépasser leurs habitudes.

« J’aimerais bien surprendre le public et montrer que je peux aller sur autre chose, que je peux être sur tous les ter rains », avance Guy, qui attend impa tiemment l’épreuve de réarrangement (l’épreuve du SoundClash), lui qui a tou jours voulu travailler avec un orchestre. À une étape charnière dans leur car rière et dans la hiérarchie du rap, ces artistes sont un pont entre l’ancienne et la nouvelle génération, puisant l’expé rience chez les doyens et s’inspirant de l’énergie des nouveaux venus. « C’est important d’être à l’écoute et proches de ceux qui arrivent après nous, dit Leto, c’est comme ça qu’on avance. » Selon Guy, les deux amis ne sont ni des « nou veaux rappeurs » ni des « vétérans du game », mais plutôt « des jeunes entre preneurs qui font ce qu’ils ont à faire dans la musique ». Il utilise d’ailleurs le terme de « jeunesse dorée » pour se qualifier, une manière d’inclure son entourage dans cette catégorie jusquelà réservée aux jeunes bourgeois blancs de la capitale. Car les visages des Pari siens ont changé et Leto et Guy2Bezbar sont assurément de ceux-là. Retrouvez Leto et Guy2Bezbar pour le Red Bull SoundClash, au Centquatre (Paris), le 5.10 ; à partir de 20 h 45 en live sur la chaîne YouTube Red Bull Binks ; redbull.com

SoundClash

UN SHOW UNIQUE OÙ LES ARTISTES SE DÉPASSENT ET LE PUBLIC INTERVIENT

TexasSoundClashdurantl’assistanceleRedBullauen2011. 34 THE RED BULLETIN RAVISÉAD:CLÉOBEAUTY,UP:FLOWENCHYMAKESTYLISTS:LADURÉE/DADA,POOL,CONTENTBULLDEPUTAT/REDJEREMY

En 2006, Red Bull proposait pour la première fois une expérience musicale inédite : le Red Bull SoundClash. Deux artistes, deux scènes, deux groupes de musiciens, quatre étapes, le tout présenté par un maître de cérémonie, ambiancé par un DJ et jugé à l’applaudimètre par le public. Le but étant d’offrir un divertissement de qualité, des combinaisons originales et des propositions musicales uniques pour permettre au public de découvrir ses artistes préférés sous un nouvel angle. Eindhoven (Pays-Bas) a été la première ville à accueillir le concept novateur et a vu s’affronter deux groupes locaux, Beef (reggae/ska) et C-mon & Kypski (hip-hop/funk). Aux origines de cette idée – et bien avant les battles bien connus dans la culture hip-hop – les sound systems jamaïcains des années 1950 qui investissent les rues avec des sonorisations imposantes afin de permettre aux habitants des ghettos de profiter de la musique sans se faire discriminer à l’entrée des clubs. Chaque DJ y donne le meilleur de lui-même pour se démarquer grâce à la foule qu’il attire à l’aide des nouveautés musicales qu’il diffuse. Le principe du Red Bull SoundClash est simple : à tour de rôle, les deux compétiteurs s’opposent dans différentes épreuves afin de déployer leurs talents et se challenger. Chauffer la salle avec trois titres de son catalogue (le Warm-Up) ; interpréter à tour de rôle un hit d’un autre artiste à sa façon (la Cover) ; débuter un titre de son répertoire pour laisser l’adversaire le terminer (le Take-Over), et inversement ; proposer une réorchestration dans un autre genre musical d’un de ses morceaux (le SoundClash) ; intégrer un invité surprise dans une version exclusive d’une chanson de son catalogue (la Carte Blanche). Dès l’année suivant le lancement du concept, le Red Bull Sound Clash s’exporte : Russie, Taïwan, Australie, Pakistan, Japon, Pérou ou encore Liban, ce sont plus de quatre-vingt-cinq shows qui ont eu lieu depuis sa création. Par dizaines, des artistes établis dans leur pays et des stars internationales se sont soumis sans filet au jugement populaire du public. Rap, pop, country, électro, métal, rock alternatif, etc., aucun genre musical n’est oublié, créant ainsi des moments de pure performance et des rencontres parfois improbables entre les artistes. Citons parmi les plus connus les rappeurs américains Snoop Dogg, Ludacris, Danny Brown ou Talib Kweli; le chanteur de pop anglais Jake Wesley Rogers ; la chanteuse américaine Erykah Badu ; le groupe sud-africain Tumi and the Volume ; le groupe électropop canadien Dragonette et bien d’autres. Ce sera au tour de Leto et Guy2Bezbar le 5 octobre à Paris.

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Texte PETER FLAX Photos JIMMY

LA SURVIEUN FIL

Justine Dupont Surfeuse de grosses vagues Au cœur de l’épisode consacré à cette surfeuse française révolution naire se trouve un horrible accident survenu en 2018 à Jaws, le légen daire et monstrueux break du North Shore de Maui. L’épisode explore comment Justine absorbe ce revers et comment elle se recentre pour un retour obtenu à l’arraché. « Pour faire ce que Justine fait, il faut par fois passer outre l’instinct de sur vie, explique Chin. Justine est vrai ment consciente que d’autres jeunes femmes l’admirent, et cela influe fortement sur sa manière de se comporter et ce qu’elle fait. »

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Dans sa série en dix épisodes, Edge of the Unknown, à voir sur Disney+, le photographe outdoor Jimmy Chin révèle les athlètes d’aventure dans ce qu’ils savent faire de mieux. Il nous livre ici sa vision sur la manière dont ces talents d’élite ont relevé leurs plus grands défis. CHIN

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On adore regarder les athlètes faire des choses incroyables : chevaucher ou skier la ligne parfaite, surfer la plus grande vague, faire des figures aériennes les plus longues possible, mais cela ne se fait pas sans de sérieux sacrifices, explique Chin. Vous devez avoir une volonté et un engagement profonds pour accomplir ces choses… Voici un aperçu de ce qu’il faut vraiment pour y arriver. »

Edge of the Unknown with Jimmy Chin sur Disney+

« Dans le monde des sports d’aventure, la fron tière entre transcendance et drame peut être assez mince. » C’est ce qu’af firme Jimmy Chin, athlète outdoor d’élite et créateur de contenu qui a passé sa carrière à documenter cette ligne. Chin et sa femme, Chai Vasarhelyi, qui ont coréalisé le documentaire oscarisé Free Solo, et se sont à nouveau associés pour produire une série en dix épisodes qui propose une étude intime d’aventuriers de classe mondiale confrontés aux moments les plus mar quants de leur vie et de leurs réactions. Chaque épisode de Edge of the Unknown with Jimmy Chin se plonge dans la vie d’un athlète, racontant viscéra lement un point d’inflexion existentiel dans sa carrière et donnant au public un remarquable aperçu tant du parcours de l’athlète que de sa personnalité. « Souvent, lorsque l’on observe les meilleurs athlètes, ceux qui sont de véritables maîtres dans leur art, il peut être difficile de concevoir qu’ils sont d’abord humains et vulnérables », explique Chin. Mais ici, le public est aux premières loges pour voir ces athlètes affronter des moments de vie ou de mort. On y voit un snowboardeur de haute montagne rat trapé par une avalanche, une surfeuse de grosses vagues prise dans des eaux violentes, une exploratrice polaire traquée par un ours, un alpiniste d’élite victime d’une crise cardiaque dans l’Himalaya. Mais il ne s’agit pas d’un regard voyeur sur des épreuves, mais plutôt d’un regard attentif et intime sur le processus et le travail mental de ces athlètes de haut niveau.

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Chin, qui a escaladé l’Everest et participé à des expédi tions à haut risque dans le monde entier, voulait que la série aborde les questions difficiles que ces athlètes doivent se poser. « Lorsque les enjeux sont aussi élevés, il vaut mieux être assez clair sur les buts dans sa vie, dit-il. Les athlètes que nous présentons ont les highs de la transcendance, mais aussi les downs des échecs et des moments extrêmement conséquents durant lesquels ils doivent réfléchir profondément à la façon dont ils veulent vivre leur vie.

Jimmy Chin partage ici, dans ces légendes détaillées, son point de vue sur les athlètes et les aventuriers présen tés dans sa nouvelle série et sur les points d’inflexion de vie ou de mort auxquels ils ont été confrontés.

Travis Rice Snowboardeur Il y a une scène émou vante et intime dans cet épisode où Rice monte dans un hélicoptère après avoir plus ou moins sur vécu à une grosse ava lanche en Alaska. Vous ressentez la souffrance muette de ce moment. « Si vous êtes un athlète de montagne profession nel, lorsque vous êtes pris dans une avalanche, c’est un signe très clair que vous avez fait une erreur de calcul, dit Chin, qui a lui-même vécu une telle situation. Et les athlètes professionnels ne sont pas censés faire des er reurs. Mais nous en fai sons. » L’épisode poursuit en explorant comment Rice digère cette erreur lourde de conséquences – et finit par s’en sortir. Pour l’Américain, il s’agit en partie de remettre en question toute son ap proche du snow. « Ces questions autoréflexives sont importantes, car lorsque les enjeux sont aussi élevés, il vaut mieux avoir des buts clairs dans votre vie », dit Chin.

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Sarah McNair-Landry Exploratrice polaire

Cet épisode intense suit l’exploratrice polaire de deuxième génération qui, selon Chin, « redéfinit l’image de l’explorateur arctique », alors qu’elle affronte les éléments les plus redoutables lors d’une traversée hivernale du passage du Nord-Ouest. Le point culminant de cette aventure péril leuse survient lorsque la Canadienne est traquée par un ours polaire agressif. « Pour la plupart des gens, les ours sont effrayants, mais la plupart des ours ne cherchent pas à vous manger, dit Chin. Les ours polaires sont différents. Ils chassent. Ils vont réellement vous traquer. » En fin de compte, alors que l’ours attaque son campement, McNair-Landry doit mettre en balance sa sur vie et celle d’un animal sauvage dans son environnement naturel. « Ce sont les moments que j’aime examiner parce qu’on y voit la vraie nature des gens », conclut le cinéaste.

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Conrad Anker Alpiniste et grimpeur L’Américain Conrad Anker est une légende de l’alpinisme, mais cet épisode aborde un moment effrayant de sa vie : une expédition de 2016 sur une face non escaladée de l’Himalaya, où Anker, alors âgé de 54 ans, fait une crise cardiaque à 6 000 mètres d’altitude. Anker a effectué, seul, une descente pour obtenir des soins. « Il est si incroyablement résistant que c’en est hallucinant, raconte Chin de son ami de longue date. Dans cette scène, nous n’avons pas besoin de mention ner à quel point Conrad est un dur à cuire, nous n’avons qu’à montrer un homme capable de se sauver lui-même d’un sommet himalayen de 6 700 mètres alors qu’il d’avoir une crise cardiaque et qu’il se traîne jusqu’au camp de base. En comparaison, une ascension de l’Everest sans oxygène supplémentaire semble un projet tout à fait relax. »

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SerrasolsesGerd Kayakiste

Dans la séquence-clé à couper le souffle de cet épisode, le kayakiste espagnol est, de l’avis général, mort. En fran chissant une chute d’eau de 15 mètres dans le Chiapas, au Mexique, Gerd Serrasolses est assommé puis entraîné sous l’eau avant d’être finalement réanimé par ses coéquipiers. Selon Chin, cela nous rappelle « à quel point il est impor tant d’avoir les bons par tenaires lors d’une expé dition ». Et dans la foulée, le kayakiste, marié avec enfants, doit faire face à des questions existen tielles sur sa passion pour ce sport extrême. « Gerd est confronté à une déci sion presque impossible, entre la passion qui lui in suffle l’envie de vivre et ses obligations familiales, explique Chin. Cette déci sion n’est jamais aussi simple qu’il n’y paraît quand on la considère de l’extérieur. »

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Angel Collinson Skieuse de grande montagne « Mère nature – les montagnes, l’océan – peut rendre humble les plus grands athlètes, explique Chin, décrivant l’épisode centré sur sa grande amie Angel Collinson. Au niveau auquel ils jouent, vous ne pouvez pas vous voiler la face. Vous devez être vraiment honnête avec vous-même.

Et ce genre d’honnêteté est difficile. » Dans cet épisode, la skieuse fait une chute catastrophique – dégringolant de plus de 300 mètres le long d’une montagne escarpée de l’Alaska – déclenchant un processus de réflexion qui change son parcours professionnel. « Il y a différents types de bra voure », observe Chin. L’Américaine a eu la conscience de dire : « Vous savez quoi ? Je vais tirer profit de ce moment et de ce point d’inflexion dans ma carrière et dans ma vie pour faire quelque chose de différent. C’est une marque de bravoure et de courage. »

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Will Gadd Grimpeur de glace et de roche Cet épisode évoque la tentative audacieuse du Canadien d’escalader Helmcken Falls, une chute d’eau gelée de 130 mètres en Colombie-Britannique, au Canada. À un moment, sa vie est sus pendue à un mousqueton qui s’est détaché. « Will a été si actif – la longévité de sa carrière est incroyable, s’exclame Chin. C’est un maître absolu du métier. Il fait des choses qui ne sont pas seulement incroyablement difficiles au point de vue physique – la logistique de ce qu’il essaie de faire nécessite l’expérience de toute une vie. » Chin dit que cet épisode entre autres offre une fenêtre sur le processus des maîtres. « Même les grands maîtres n’ont jamais l’impression de perfectionner leur art. Il y a toujours un autre niveau à atteindre. Et seuls les vrais maîtres peuvent voir ce prochain niveau. Leur horizon est tellement différent. C’est comme infini. »

Texte LOIS PRYCE Bande à part ZUMBRUNHEIDI

En fondant la communauté de motardes PETROLETTES, la bikeuse allemande Irene Kotnik pensait avoir créé un petit groupe de copines. Aujourd’hui, le festival Petrolettes est le plus grand rassemblement moto féminin d’Europe. Des motardes du monde entier réunies pour trois jours de solidarité féminine libératrice à plein pot.

Irene photographiéefondatriceKotnik,dePetrolettes,àBerlinenjuilletdernier. 47

« Mais les autres motards qu’on a rencon trés aux États-Unis étaient tous de vieux types conduisant des cruisers aussi énormes que leurs bides à bière, dit-elle. Pas vraiment le genre de truc qui me fai sait rêver. Jusqu’à» ce que par hasard, en 2013, Kotnik atterrisse sur le Wheels and Waves, festival branché de Biarritz réunissant motos vintage, surf et skate. Un coup de foudre immédiat. « J’ai compris que sitôt rentrée à Berlin, je devais m’acheter une bécane dépouillée et la customiser moi-même. » Mais elle n’a pas vraiment de copains, et encore moins de copines sur deux roues. Les traditionnels rassemblements

de motos super machos et leur cohorte de bombasses en string (« tellement années 1970 ! ») ne la branchent pas non plus. Elle se tourne donc vers les réseaux sociaux pour trouver des motardes parta geant son état d’esprit. Petrolettes est née. XXIe siècle oblige, l’appli Petrolettes connecte plus de 12 000 motardes dans 43 pays. Dédiée à la culture moto, la plate forme permet d’échanger des conseils et de trouver des compagnes de route. L’idée a germé pendant la pandémie. « Le festival est tombé à l’eau pendant le lockdown, explique Kotnik, mais les gens avaient quand même envie de se faire des sorties moto ensemble, à distance respectueuse, bien sûr. Je me suis retrouvée noyée sous les mails à essayer de tout mener de front avant de réaliser qu’une appli pouvait tout faire à ma place ! » L’idée couvait depuis un moment déjà, inspirée par un roadtrip en solitaire le long de la côte ouest des États-Unis en 2015. « J’allais sur Facebook pour trouver des motardes chez qui dormir sur la route et je me suis dit : “Est-ce que j’ai vraiment envie de me pointer chez une inconnue pour squatter son canap ?” Ce qui manque, c’est une plateforme regroupant toutes les bikeuses pour faciliter les contacts et la solidarité. » Le couch-surfng est la fonction la plus populaire de l’appli : les Petrolettes du monde entier y sont représentées par un point sur une carte interactive. Chaque profl détaille une liste de services, lit, moto ou atelier. Une parfaite mise en pra tique de la philosophie communautaire chère à Kotnik. Et ça marche : dans le cadre du festival, une Petrolette britan nique a prévu de faire une pause chez une consœur allemande en rentrant, et une Américaine a déjà un contact sur Paris pour poursuivre son périple européen. Vendredi après-midi, un groupe de motardes arrive, accompagné de plusieurs photographes de Los Angeles et de New York, ainsi que de la guest-star, la pilote iranienne Behnaz Shafei. Cofondatrice du club de moto féminin The Curves et du garage communautaire Craftwerk, Cäthe Pfäging a réuni la petite troupe à Berlin pour parcourir ensemble les 300 km les séparant du festival. De son côté, Alischa Jewko arrive du sud de l’Allemagne sur sa Harley. Elle a utilisé l’appli pour trouver d’autres Petrolettes dans sa région après s’être séparée de son petit ami. « On faisait des sorties avec un club du coin, expliquet-elle, mais quand on a rompu, c’était clair que c’est lui qui allait rester dans le club,

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rencontrer des femmes partageant la même passion et ça a débouché sur cet événement créé par la communauté pour la communauté. »

Elle a apparemment comblé une lacune dans l’univers de la moto en Europe : le rassemblement de 250 motardes pour une course de rue sauvage dans la banlieue de Berlin en 2016 est devenu un festival annuel organisé un peu partout en Alle magne, attirant des centaines de bikeuses du monde entier, sans parler des presti gieux sponsors. C’est en passant son per mis moto huit ans plut tôt pour accompa gner son père sur la mythique Route 66 que Kotnik découvre l’univers des bikers.

ELDEMGILCANANZUMBRUN,HEIDI

Petrolettes ur une scène improvisée surplombant le plus ancien circuit sur route d’Allemagne, Irene Kotnik électrise les foules, martelant son message avec cette énergie bien à elle : « Liberté ! Egalité ! Sororité ! » Partout à la fois sur son chopper Triumph customisé, cette petite blonde vêtue d’une combi en jean noir est la fondatrice des Petrolettes, première communauté de motardes au monde. Et aujourd’hui, elle se donne à fond sur le festival du même nom, le plus grand rassemblement de motos d’Europe réservé aux femmes. Ce choix 100 % fémi nin lui vaut pas mal de discussions avec des mâles offensés (ou tout simplement intrigués). Mais elle refuse pourtant l’éti quette de « féministe militante ». « Ce n’est pas une position politique, insiste-t-elle. L’idée de base c’était d’avoir cet espace pour mes amies et moi, sans réféchir aux implications. Je voulais

çadec’estPetrolettes,unehistoiremotos,maisvaplusloin.

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pas moi. Certains membres ne font même pas de moto. Ça tourne clairement plus autour des mecs que des bécanes.

Le festival Petrolettes, c’est avant tout une histoire de motos, mais ce n’est pas seulement une histoire de motos. Ça va beaucoup plus loin. Certes, les courses de vitesse apportent leur lot de sensations fortes et les animations propres à ce genre d’événements, salons de tatouage et groupes de rock (tous féminins, bien sûr) aux riffs endiablés répondent présents. Mais il y a aussi une tente de yoga et une masseuse qui propose ses services à des bikeuses épuisées et ravies après avoir roulé plusieurs centaines de kilomètres depuis le Portugal, l’Italie, la Pologne, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas. Le cortège incessant de motos se poursuit tout au Petrolettes

»

Girl power : (en haut à gauche) la pilote professionnelle iranienne Behnaz Shafiei ; (en bas à gauche) Katja Karasev et Otti Fuchs avant la course sur la piste du Schleizer Dreieck ; (au-dessus) le drapeau à damier annonce le sprint.

En Iran, Shafiei se déguisait en homme et roulait de nuit.

Berlin. Elle se souvient de sa rencontre avec les Petrolettes en 2016 : « Je fais de la moto depuis toujours mais en tant que femme de couleur, j’ai constamment la trouille de participer à des rassemble ments de motards en Allemagne et de croiser des types de l’AfD (parti d’extrême droite allemand, ndlr), ou de sentir tous ces regards posés sur moi. Mais quand je suis allée au premier festival des Petro lettes, j’ai quasiment fondu en larmes ! Moi qui suis super bavarde et extravertie, j’étais toute réservée, bouleversée, je vou lais juste m’imprégner de tout ça. Je n’y croyais pas. Je me suis dit : “J’ai enfn trouvé ma bande.” » Depuis, Ducksworth fait partie du noyau dur des Petrolettes. Le samedi après-midi, elle trimbale un haut-parleur de 2 000 watts jusqu’à la

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Le message est clair : toutes les femmes sont les bienvenues, ou, comme le précise Kotnik avec insistance, surtout toutes les « fxmmes », qu’elles soient non-binaires, intersexes, trans ou s’identifant comme femme.C’est cet esprit d’inclusion qui a conquis Yvonne Ducksworth, musicienne et entrepreneuse canadienne vivant à

long de la soirée. Certaines arrivent seules, d’autres par deux, d’autres encore en groupe. Le parking n’est bientôt plus qu’une longue rangée de bécanes, des motos de trail cuvée seventies aux scram blers customisés en passant par les impo sants tourers BMW neufs et rutilants, les café racers minimalistes et les Harleys sauvages. Indifférentes à la pluie et aux températures anormalement basses, les bikeuses montent leurs tentes et vident leurs sacoches avant de se rassembler autour de la scène pour le discours d’ou verture de Kotnik. On comprend au premier coup d’œil qu’il n’existe pas un « style » typique Petrolettes : toutes les générations et tous les looks sont repré sentés, rétro glamour, chic parisien, tatouage facial intégral, grunge, etc.

On the road again : la bikeuse Yoko Rae prête pour le départ au festival des Petrolettes.

»

» Autre sujet brûlant qui anime les conversations autour des stands de vente : la pitoyable sélection de vêtements de moto proposée aux femmes. C’est tou jours la même chose : rien ne passe au niveau des hanches et des seins, et les fringues sont invariablement roses. Céline Froissart, motarde parisienne, a pris le taureau par les cornes après une

Même AC/DC peine à couvrir les centaines de moteurs fébriles.

ligne de départ et fait vibrer le circuit sous le gros son d’AC/DC. Cette année, le festi val a lieu sur le Schleizer Dreieck, légen daire circuit de route de l’ex-RDA qui voit le jour presque par hasard lorsque, en 1922, un pilote de course et ingénieur allemand remarque que trois routes entourant la paisible ville de Schleiz for ment un triangle presque parfait. Consi déré comme l’un des meilleurs circuits « naturels », il est limité à la compétition entre pays communistes après la Seconde Guerre mondiale et la division de l’Alle magne, puis enfn rouvert au reste du monde après la chute du mur de Berlin en 1989. Mais viennent les années 2000 et les notions de santé et de sécurité : jugée trop dangereuse, la piste fait radica lement peau neuve en 2003 pour assurer la tenue de courses moins furieuses mais plus sécurisées. Aujourd’hui, elle accueille des épreuves de contre la montre et autres compétitions prestigieuses qui font vibrer chaque été la ville endormie. Le moment fort du festival sera donc l’épreuve de sprint, cette année. Et si la nouvelle piste est lisse et étincelante, l’in frastructure et les bâtiments, épargnés par les liftings du nouveau millénaire, conservent ce côté ex-union soviétique délabré où les peintures écaillées le dis putent aux clôtures en mailles de chaîne et aux gradins battus par les intempéries. Sous un ciel gris-ardoise métallique, la voix rauque de Bon Scott peine à couvrir les furieux rugissements d’une centaine de moteurs fébriles. Une excitation analo gique et lo-f plane dans l’air. Kotnik s’em pare du micro. Dernier cri de ralliement survolté, le drapeau à damier est levé… Gaz ! Les pilotes s’affrontent par paires, accélérant dans le sprint de 100 mètres tels des lévriers d’acier libérés de leurs cages. Dans cette compétition libre, tous les modèles et toutes les marques de motos s’affrontent dans une ambiance conviviale. Kotnik annonce les gagnantes qui montent sur le podium pour l’indis pensable douche de champagne. Celles qui ne sont pas occupées à tester leurs limites peuvent participer à des sor ties guidées ou à des ateliers pratiques avec, pour thème, la moto sous toutes ses coutures : mécanique, équilibre, photo d’aventure, amélioration de ses compé tences off-road. Des sessions qui ne font pas vraiment partie des rassemblements de motards traditionnels. Au cours du fes tival des Petrolettes, on parle très ouverte ment et honnêtement de la peur. Comme le souligne très justement Kotnik, c’est également un sujet dont les hommes parlent rarement, alors qu’ici, on le consi dère comme un aspect central de l’esprit moto. Cette peur, il faut l’accepter et la surmonter. Dans un champ voisin, Tina Meier, grande habituée du Paris-Dakar, explique comment améliorer ses compé tences off-road. Elle est également prof de yoga, discipline qu’elle met à proft pour prendre le problème à bras le corps et inculquer cette confance corps-esprit qui permet de dominer tous les types de ter rain. « En descente, c’est le chien couché et en montée, le cobra », explique-t-elle en montrant les différentes positions de conduite, avant de faire participer son groupe à une épreuve pratique : traverser un terrain accidenté en ôtant la main gauche du guidon pour attraper une balle attachée à une fcelle. Cette action, explique-t-elle, empêche de regarder le terrain devant soi et envoie un message subliminal au cerveau : le corps peut effectuer deux mouvements en même temps. « Faire du off-road, c’est entrer dans un fow, précise Tina. On n’apprend pas ça dans les manuels.

Une fusion entre moto et esprit zen au cœur des conversations tout au long du week-end. Elle aussi prof de yoga à Rome, Sohar fait de la moto depuis à peine un an mais a déjà avalé 10 000 km sur sa Honda NC750S. « Je ne fais pas de différence entre la moto et le yoga : j’affronte mes peurs et mes doutes tout en assouvissant ma soif d’aventure, d’indépendance et mon amour de la vitesse. Et comme le yoga, ce sont d’abord des processus indi viduels, mais par la suite, un lien se crée avec les autres Petrolettes grâce au par tage et à l’apprentissage. Nous sommes toutes confrontées aux mêmes problèmes et c’est très valorisant.

Petrolettes

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En roue libre : solidarité et amitié sont dans l’ADN des Petrolettes .

Toutes les femmes sont les bienvenues, surtout les « fxmmes ».

Tout aussi glamour, Marie, une copine rennaise qui donne un coup de main sur le stand, raconte ses déboires avec les motards français : « Ils balancent des trucs

expérience amère dans un magasin de motos français. « Je cherchais une paire de jeans mais il n’y avait que des tailles basses. Quand j’ai demandé au vendeur s’il avait des modèles taille haute, il m’a répondu que les femmes étant assises à l’arrière, il était logique qu’elles portent des tailles basses pour montrer leur string. » L’insulte de trop qui a poussé Céline à créer 2MileSix, sa propre ligne de vêtements pour motardes. « Niveau fabrication, je n’y connaissais rien, rigolet-elle. C’est tout juste si je savais faire une ligne droite avec une machine à coudre. » Cela ne l’a pas empêché de lâcher son poste dans la communication aérospatiale pour se lancer dans la conception d’une série de jeans, vestes et tee-shirts. « C’est du made in France et…, ajoute-t-elle en désignant une élégante veste en cuir bor deaux, c’est pensé pour nos seins. »

du style : “Qu’est-ce que tu fais en moto un dimanche ? C’est pas la journée les sive ?” Et j’en passe. » Elle secoue la tête, dégoûtée. « Mais les choses sont en train de changer. Il y a de plus en plus de femmes qui font de la moto. En général, les mecs fnissent par nous soutenir quand ils comprennent que c’est du sérieux. » Et sérieuses, elles le sont. En France, la moitié des nouveaux motards sont des motardes, et le pays a accueilli son tout premier festival de moto 100 % femmes : baptisé Femmes et Moto, il a eu lieu du 23 au 25 septembre à l’aérodrome d’As pres-sur-Buëch (dans la région PACA). Céline explique qu’il y a deux tranches d’âge bien distinctes parmi ces nouvelles recrues : les amatrices de sensations fortes âgées de 18 à 20 ans, et des femmes de 40 à 50 ans qui, comme elle le dit, « ont fait tout ce que la société attendait d’elles et veulent maintenant faire quelque chose pour elles-mêmes ». Marie partage cet avis et attribue ce changement sociétal au mouvement #MeToo : « Les Françaises

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écouter Shafei raconter comment elle a vu pour la première fois une femme à moto en visitant un village iranien à l’âge de 15 ans. « J’ai tout de suite su que c’était ma vocation », dit-elle par le biais d’une traductrice. Diffcile d’écouter l’appel du destin dans cet Iran post-révolutionnaire : Shafei se déguise en homme et fait de la moto de nuit pour ne pas se faire repérer par la Gašt-e Eršād, la police des mœurs iranienne chargée de surveiller le com portement et la tenue des femmes en public. Grâce à sa passion, elle parcourt le globe entre circuits américains et euro péens, apparaît sur les écrans du monde entier et communique avec des centaines de milliers de fans via les médias sociaux. Mais le coût personnel est élevé : bien que sa mère ait toujours soutenu ses ambi tions, le reste de sa famille l’a rejetée. La nuit avance, et la pluie diminue. L’entrée en scène du duo suisse de powerpop Ikan Hyu, puis les mélodies postpunk des austro-britanniques Friedberg font repartir l’énergie de plus belle. La fosse se transforme en bain de boue. Pas un souci pour les Petrolettes. Le groupe quitte la scène mais la foule reste là, hypnotisée par le fnal, le freakshow de Princess Tweedle Needle et ses comparses tatouées, percées et désarticulées, Evilyn Frantic et Zora Van der Blast.

Grün, bouillonnante Française respon sable de FreeW, une entreprise de voyages à moto qui forme et emploie des guides locales dans des pays comme le Népal et l’Iran ; Judith Pieper-Köhler, de Two Wheels for Life, organisation caritative pourvoyeuse de motos pour livrer des médicaments et autres soins médicaux aux communautés rurales d’Afrique ; et enfn Behnaz Shafei, pilote iranienne qui coache des centaines de femmes et de jeunes flles en Iran, même s’il leur est interdit de faire de la moto en public. Dans la foule, l’exaltation fait place à un silence respectueux : on se rassemble pour Dans le monde réel, une femme à moto reste un acte subversif.

Les gagnantes : Anna Ritter (première), Cathleen Roos (deuxième), Simone Lucht (troisième) et Cathë Pfläging (finaliste) sur le podium.

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Le samedi soir, Kotnik monte sur scène pour discuter avec ses trois invitées d’un sujet qui lui tient à cœur : le Ride with Purpose, association à but non-lucratif organisée par le Cercle des Petrolettes pour le soutien et la promotion des femmes dans le sport motocycliste. En tant que fondatrice, elle considère qu’il est de son devoir de promouvoir la moto pour améliorer la condition féminine à un niveau global. Comme elle le répète au public avec sa verve habituelle, faire de la moto est la quintessence de la libéra tion féminine et devrait donc être acces sible à toutes. Ses invitées sont Alison

The Curves, acquiesce en connaissance de cause : « Pour éviter des confits sans fn, beaucoup d’entre nous ont attendu d’avoir leur permis pour annoncer à leur famille qu’elles voulaient faire de la moto. » Petit à petit, les Petrolettes replient les tentes trempées, contrôlent les niveaux d’huile et remettent les moteurs en marche pour la longue route du retour. Le circuit vide scintille sous les dernières gouttes de pluie, les Petrolettes enflent leurs casques et s’éloignent dans un rugissement de moteurs pour répandre la parole de Kotnik en Europe et ailleurs, dans ce monde réel où une femme qui roule à la moto reste un acte subversif. petrolettes.com Petrolettes en ont marre de toutes ces conneries du passé. » Une tendance qui dépasse les frontières de l’hexagone : au RoyaumeUni, le groupe AutoTrader a ainsi mis en évidence que 48 % des utilisatrices recher chant des motos sur son site en 2021 étaient de nouvelles venues âgées princi palement de 20 à 30 ans. Une situation comparable à celle existant aux États-Unis depuis déjà quelques années : le Motorcy cle Industry Council (organisation com merciale de différents fabricants et distri buteurs de motos américains) a constaté une augmentation de 52 % du nombre de bikeuses entre 2003 et 2008. Une étude menée par Harley Davidson sur le sol américain a même révélé (ô surprise !) que faire de la moto rendait les femmes plus heureuses, ce que ne contredit pas l’ambiance chaleureuse du festival des Petrolettes, où diverses générations de bikeuses se croisent et partagent conseils et savoir-faire professionnel. Ineke et Margriet, deux amies venues des PaysBas, partagent la même passion pour la construction de motos. Pilote de dirt devant l’éternel, Ineke, 62 ans, vit et res pire bécane depuis qu’elle est tombée sur un mini chopper quand elle avait 16 ans. Fabricante respectée, elle a fondé les EnduroCats (un club hollandais 100 % femmes) et est la chef de fle de la section néerlandaise du Trans Euro Trail (un iti néraire off-road de 51 000 km traversant 34 pays). Elle fait pour ainsi dire partie de la royauté motocycliste sur le vieux conti nent. Sous sa tutelle, Margriet, 32 ans, vient d’achever son premier projet : trans former une Yamaha XJ900, « une vieille moto de gentleman » selon ses propres mots, en un scrambler épuré. Prise par le virus, elle travaille désormais dans le garage d’Ineke, ou plutôt la « womancave », comme elle dit en rigolant. « On y va pour bosser, il n’y a ni canapé, ni télé, ni frigo à bières », enchaîne Ineke.

Une performance qui occupe encore les pensées des Petrolettes lorsqu’elles se réunissent le lendemain autour d’un petit-déjeuner. Les flles parlent beaucoup de l’histoire de Shafei, et de la chance qu’elles ont de pouvoir faire de la moto et s’habiller comme elles veulent. Mais ce combat pour vivre sa passion des deuxroues n’est pas isolé : d’autres femmes, tous âges et toutes nationalités confondus, racontent comment elles ont dû cacher leur passion à leurs familles. Pfäging, cofondatrice de l’association berlinoise

Ces 12 derniers mois, KRISTIAN BLUMMENFELT a redéfini les limites du possible en triathlon. Médaille d’or, titres mondiaux, Ironman le plus rapide de l’histoire, le Norvégien a tout réussi… sauf de battre le plus grand champion de la discipline sur son parcours le plus mythique.

Texte BRAD CULP Photos EMIL SOLLIE MONSIEUR POSSIBLE

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En un an, Blummenfelt a signé un doublé historique : médaille d’or olympique et titre mondial d’Ironman. Si vous pensez qu’il est satisfait pour autant, vous le connaissez mal.

Kristian 15(Norvège),villephotographiéBlummenfeltdanssanataledeBergenles14etjuinderniers.

Pendant les cinq semaines par an qu’il passe dans sa pluvieuse ville natale, c’est son terrain de jeu préféré pour pratiquer le vélo et la course à pied. Au sommet, non loin d’un point de vue où les touristes emmitouflés dans des ponchos en plastique mitraillent la ville en contrebas de leurs caméras, une modeste grange en bois abrite un troupeau de chèvres. Chaque fois qu’il passe devant, Blummenfelt fait presque toujours la même blague : il assure que c’est la maison de Jan Frodeno. Champion absolu et incontesté depuis plus de dix ans, le triathlète alle mand de 41 ans est généralement considéré comme le meilleur de tous les temps, the Greatest of All Time, ou GOAT (mot qui signifie également « chèvre » en anglais).

Certains coéquipiers de Blummenfelt ont baptisé chaque chèvre du nom d’autres légendes du triathlon, mais pour lui, ça reste la maison de Frodeno (triathlète allemand surnommé le GOAT). Jusqu’en mai dernier, le géant allemand était le seul triathlète à avoir remporté à la fois l’or olym pique et le championnat du monde d’Ironman, prouesse quasi miraculeuse tant les différences de distance et de parcours sont grandes. Les épreuves des JO consistent en 1,5 km de natation, 40 km de cyclisme et 10 km de course à pied. Sur un Ironman, il faut enchaîner 3,8 km de natation, 180 km de vélo et un marathon de 42 km. Frodeno remporte le triathlon des JO de Pékin 2008 à l’issue d’un sprint phénoménal, puis l’Ironman sept ans plus tard lors de sa seconde tentative.

Kristian Blummenfelt 59

quittant le centre-ville de Bergen, les pentes com mencent : l’ancien port norvégien est en effet encerclé par sept montagnes dont la plus célèbre s’appelle Fløyen. Pour accéder à son sommet situé à 400 mètres au dessus du niveau de la mer, on peut prendre le funiculaire, ce que s’empressent de faire les grappes de touristes venues ici par bateau.

En Sept ans. Pour la plupart des sports, une éternité. Mais en termes de triathlon, avec la quantité de pré paration requise pour remporter une épreuve presque quatre fois plus longue, c’est un battement de pau pières. Personne ne pensait qu’un tel exploit pourrait être répété. Et puis, Blummenfelt est arrivé et a rem porté le championnat du monde d’Ironman au cours de sa première tentative en mai dernier, tout juste neuf mois après être monté sur la plus haute marche du podium à Tokyo. L’équivalent serait de remporter la médaille d’or aux 10 000 mètres puis le marathon de Paris la même année. Du jamais vu. Mais il faut ajouter deux astérisques de taille au titre de Blummenfelt : il a remporté l’Ironman à St. George, dans l’Utah, alors que depuis sa première édition en 1978, l’épreuve se déroule immuablement à Kona, sur l’île d’Hawaï. Mais après avoir été annulée deux fois de suite à cause de la de la pandémie et du nombre très limité de lits d’hôpitaux sur Kona, il a bien fallu choisir un hôte temporaire. Précisons qu’Ironman et Kona sont intrinsèque ment liés, un peu comme Roland-Garros et son court central. Si une édition de Roland-Garros était dépla cée à Paris-Bercy, elle perdrait de son charme pour le public comme pour les athlètes. Oser l’appeler « Roland-Garros » aurait même des allures de blasphème.Pourremplacer l’édition initialement prévue en octobre 2021 à Kona, les organisateurs ont donc choi si l’un des parcours les plus difficiles parmi les 65 à leur disposition : celui de St. George, où Blummenfelt s’est imposé en mai. Le championnat du monde d’Ironman 2022 fera enfin son grand retour sur son île d’origine en octobre, ce qui nous amène au second astérisque.Iln’yaque deux hommes actuellement capables de battre Blummenfelt, et aucun n’a pris le départ de la course. Jan Frodeno s’est blessé au tendon, ce qui nous a privé d’un premier duel entre ces deux cham pions qui ne se sont jamais rencontrés ni parlé. L’autre absent était Gustav Iden, qui connaît mieux Kristian que quiconque. À 26 ans, l’autre étoile montante de Bergen a déjà remporté deux fois le championnat du monde d’Ironman 70.3 (la moitié d’un Ironman complet). Les deux hommes passent plus de 300 jours par an à s’entraîner et voyager ensemble. Victime tout comme Blummenfelt d’une infection respiratoire

Kristian Blummenfelt, 28 ans, champion olympique de triathlon et d’Ironman, connaît bien cette mon tagne, mais préfère la gravir par ses propres moyens.

une semaine avant le départ, Iden, contrairement à son aîné, n’a pas été autorisé par les médecins de l’équipe à participer à l’épreuve. Tout tourne autour de l’équipe dans le triathlon norvégien, et les équipes viennent presque toutes de Bergen. A vec une population de 300 000 habitants, cette ville située au sud-ouest de la Norvège est la deuxième plus grande agglomération du pays et la plus éloignée du reste de la Scandina vie. Elle fait un peu figure d’outsider par rapport aux principaux centres géographiques comme Oslo, Stockholm et Copenhague qui partagent de nom breuses similitudes culturelles, à l’image de ce senti ment très scandinave appelé hygge. Difficile à tra duire, il exprime une aspiration au bonheur, un bonheur simple et discret sans égoïsme ni démons trations excessives. Les Scandinaves ne passent pas leur temps à proclamer que leurs villes sont les meil leures du monde (même si les statistiques abondent régulièrement en ce sens).

Pour se préparer aux J.O de Tokyo, Kristian a transformé une partie de son logement en salle d’entraînement thermique.

Une confiance qui ne fait pas non plus défaut à Blummenfelt, même s’il ne l’étale pas autant qu’Iden et les autres, à tel point que ses collègues disent en plaisantant qu’il est socialement incompé tent, ce qu’il ne nie pas. Introverti, il n’aime pas faire la conversation et affirme n’avoir peur que d’une chose : les rendez-vous galants. « Rencontrer une femme me stresse dix fois plus qu’un championnat du monde. J’aimerais bien avoir quelqu’un dans ma vie mais pas au point de sacrifier mon sport, pas pour l’instant en tout cas. »

Kristian Blummenfelt 60

Le hygge, à Bergen, on ne connaît pas. La ville la plus humide d’Europe ne manque ni d’ego ni de personnalité : ici, on est d’abord de Bergen et ensuite de Norvège. Lors des matches de foot de l’équipe locale, l’hymne de la ville passe avant l’hymne natio nal et les deux drapeaux flottent à la même hauteur.

« On se comporte tous comme si on était le peuple et la ville les plus formidables au monde, explique Iden à propos de sa ville natale. Notre équipe de foot est si nulle que nous sommes en deuxième division, ce qui est un peu navrant pour la deuxième plus grande ville du pays, mais pour nous, c’est la meil leure équipe du monde. C’est ce qui fait notre particularité : on a un niveau de confiance surdi mensionné et on en est très fiers. »

Pour le moment, il n’est jamais aussi à l’aise que quand il se donne à fond dans le sport. Il s’entraîne environ trois fois par jour et consacre le peu de temps libre qu’il lui reste à dévorer toutes les publica tions possibles et imaginables sur le triathlon. Avide de médias sociaux, il lit presque tous les commen taires à son sujet pour savoir si les gens croient en lui ou pas. Son carburant pour se concentrer encore plus sur le triathlon. En fin de journée, il se réfugie dans

Kristian s’entraîne au vélo et à la course à pied sur des distances d’Ironman depuis l’âge de 17 ans.

« Les gens me demandent comment je suis ca pable de souffrir autant, dit-il. Ma réponse est tou jours la même : ce qui me donne des forces, dans « Ce qui me donne des forces, dans une course, c’est la douleur de perdre. »

B lummenfelt grandit dans ce que lui et ses co équipiers appellent en plaisantant le ghetto de Bergen. Nés d’un père ouvrier et d’une mère infirmière, lui et ses deux sœurs aînées reçoivent une éducation de classe moyenne clas sique, plutôt aisée selon les standards norvégiens.

On ne peut pas dire que ses parents étaient de grands sportifs, Kristian se souvient même que son père fumait comme un pompier. Mais comme la plupart des familles norvégiennes, ils passent presque tout leur temps libre à l’extérieur, entre randonnée, ski et camping.

les modestes appartements qu’il occupe soit à Bergen, soit dans les endroits où il pratique l’entraî nement en altitude comme Font-Romeu, en France ou dans la Sierra Nevada espagnole, puis règle une alarme pour se rappeler de tout éteindre deux heures plus tard. Sa parenthèse avec le triathlon, c’est cinq minutes sur Netflix et dodo.

« On n’a pas vraiment remarqué d’aptitudes physiques spéciales chez Kristian, mais on a tout de suite vu qu’il était différent ici, dit Gjelsvik en pointant sa tempe du doigt. Le potentiel ou les gros poumons, c’est une chose, mais lui, il est né avec cette dureté qui ne s’apprend pas. C’est un Viking. » Avant l’arrivée de Blummenfelt en 2010, Gjelsvik n’avait encore jamais recruté de triathlète pour le lycée et la Norvège jamais envoyé non plus de triathlète aux JO depuis l’introduction de cette disci pline en l’an 2000. Nageurs, cyclistes et coureurs étaient déjà sélectionnés, il arrivait donc à point nommé. Iden rejoint à son tour l’école deux ans plus tard. L’objectif est simple mais ambitieux : produire une médaille olympique d’ici 2020. Expert en sciences du sport et triathlète, Arild Tveiten est engagé pour diriger le programme, et les choses commencent à bouger assez vite par rap port aux standards du triathlon. Avec une équipe d’entraîneurs norvégiens qui ne cesse de s’étoffer, Tveiten établit un programme basé sur des tests rigoureux et sur l’analyse de données ; si ce n’est pas mesurable, on jette. La mission de Blummenfelt : faire le plus de vélo de route et de course à pied possible, ce qui explique en partie ses performances exceptionnelles quelle que soit la distance : il avale des kilomètres de parcours de type Ironman depuis l’âge de 17 ans. Trois ans plus tard, devenu l’un des juniors les mieux classés d’Europe, le voilà prêt à se consacrer à plein temps au triathlon, épaulé par une nouvelle fédération bien décidée à accompagner un ou deux athlètes au sommet du sport. Il mène une vie de nomade et ne s’enrichit certes pas, mais il bénéficie d’un soutien à faire pâlir les athlètes issus de fédéra tions plus reconnues. Il passe des mois à s’entraîner en altitude dans les Pyrénées et les Alpes et subit une quantité astro nomique de tests. Un niveau de professionnalisme inédit pour les triathlètes professionnels. Certains doivent payer de leur poche pour rejoindre des groupes d’entraînement internationaux ou se faire coacher par des pros reconnus. La Norvège garde son petit groupe ensemble et lui apporte le finance ment nécessaire pour réaliser ses objectifs.

À 22 ans, Blummenfelt devient le premier triath lète à représenter la Norvège aux JO de Rio 2016. Second plus jeune des 55 concurrents, il termine à la treizième place. Un immense exploit pour la jeune fédération selon les observateurs extérieurs, un véritable fiasco pour Blummenfelt, qui s’est hissé plusieurs fois sur le podium lors des courses de pré paration en vue des JO. Bien connue des athlètes, la fameuse dépression post-olympique le touche de plein fouet, mais va lui permettre de devenir ce monstre assoiffé de victoires qu’il est aujourd’hui.

Kristian Blummenfelt 62 THE RED BULLETIN POOLCONTENTBULLBERGER/REDHERMAN

Sur son vélo prototype de triathlon, les mots « ÇA FAIT PLUS MAL DE PERDRE » sont inscrits en lettres d’or. Il ne sait plus exactement quand, mais après Rio, ce mantra l’a poussé à réaliser l’année la plus dominante et la plus improbable de l’histoire relativement courte du triathlon.

Son goût de la compétition lui vient de la nata tion, discipline dans laquelle il arrive à tirer son épingle du jeu sans exceller pour autant. Du haut de son mètre soixante-dix, sa taille est son principal ennemi dans l’eau, mais sur la terre ferme, c’est un adversaire redoutable : il distance régulièrement ses coéquipiers lors des entraînements de course à pied et, à 12 ans, il boucle les 10 kilomètres en 36 mi nutes, un chrono exceptionnel pour un préado. Repéré par l’un de ses entraîneurs, il participe à l’un des premiers triathlons de Norvège. À 14 ans, il est le plus jeune des 32 participants et s’impose en tête. Certes, ses concurrents ne font pas partie de l’élite mondiale, mais Bergen l’orgueilleuse est fermement décidée à produire des champions olym piques et mondiaux et son résultat attire tout natu rellement l’attention de Tertnes Toppidrett, le lycée sportif local. Car contrairement au nord de l’Europe, où les jeunes sportifs les plus prometteurs intègrent traditionnellement les écoles militaires pour s’en traîner au plus haut niveau, le cursus est différent en Norvège : des lycées sportifs permettent aux meilleurs de s’entraîner comme des athlètes d’élite avant même de savoir conduire. Physique de déménageur, voix de stentor et un nez incomparable pour les talents sportifs, Roger Gjelsvik, touche-à tout de génie, recrute des athlètes au potentiel olympique pour Tertnes Toppidrett.

MODE SUB7

Plus qu’un coup, un tour de force véritable. Trois semaines seulement après avoir remporté le championnat du monde d’Ironman à St. George, Blummenfelt s’est lancé dans une exhibition de triath lon inédite pour voir s’il était possible, en supprimant la plupart des règles, de passer sous la barre des sept heures sur une distance d’Ironman. Suivi par des cyclistes pros sur la partie cyclisme et des marathoniens pros sur le marathon, il a bouclé les 226 km du circuit de Dekra Lausitzring en Allemagne en 6 h 44 min 25 sec, soit 36 mi nutes de moins que son propre record du monde d’Ironman actuel (7 h 21 min 12 sec). Deux hommes et deux femmes ont participé à ce challenge exceptionnel. Côté féminin, l’objectif était de passer sous la barre des huit heures : accompli ! Blummenfelt avait pour concurrent Joe Skipper, star anglaise d’Ironman qui a réalisé un temps incroyable de 3 h 16 sur le vélo, soit une moyenne de 54,91 km/h sur 180 km. Blummenfelt a donc entamé le marathon avec un retard de trois minutes pour le boucler en 2 h 30 min 50 sec et rempor ter l’épreuve avec un peu plus de trois minutes d’avance.Onnesait pas encore si Sub7/Sub8 (financé par le milliardaire Sebastian Kulczyk pour promouvoir son ONG Pho3nix) aura en core lieu avec des objectifs plus fous. Quand on voit la facilité avec laquelle Kristian a franchi la barre des sept heures, celle des 6 h 30 semble à portée de main. Blummenfelt est le premier homme à boucler un Ironman sous la barre des 7 heures en juin.

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L’année de tous les records, mais il lui reste un objectif de taille : gagner à Kona.

A près Tokyo, Blummenfelt s’est emparé du triathlon comme Frodeno n’a jamais pu le faire. Après sa médaille d’or, il remporte son premier titre de champion du monde de triathlon, devenant le seul athlète capable de réussir une telle prouesse la même année. Le championnat d’Ironman ayant été décalé au printemps, il décide de faire ses débuts à l’Ironman de Cozumel en novembre et détruit le record de la distance. Mais Cozumel est connu pour ses distances hasardeuses et la partie natation est à contre-courant. C’est pour cela que finalement, en triathlon, les records du monde importent peu. Mais les records de parcours, c’est une autre histoire et s’agissant d’Ironman, de deux choses l’une : soit vous l’avez fait à Kona, soit vous ne l’avez pas fait du tout. Oui, Blummenfelt a fait le parcours de St. George en 7 h 49, soit deux minutes de moins que le temps de Frodeno à Kona. Oui, il y avait deux fois plus de dé nivelé positif pour le vélo comme pour le marathon. Oui, d’un point de vue analytique, cela fait que la performance de Blummenfelt est bien meilleure que tout ce que Frodeno a pu accomplir à Hawaï. Oui, mais : c’est comme de battre Djokovic à Bercy sans l’avoir jamais battu à Roland-Garros. Pour être le GOAT, il faut battre le GOAT, ou au moins avoir son nom au-dessus de lui dans le livre des«records.Jem’en fiche un peu de toute cette mystique de Kona et du respect des champs de lave, dit Blummenfelt à propos d’Hawaï, qu’il découvrira pour la première fois trois semaines avant la course. D’accord, le parcours est chaud et humide, mais on sait comment s’y préparer. Tout comme pour la dis tance. Gagner cette course est un défi que je res pecte, mais tous ces racontars – un débutant n’a aucune chance de gagner ou ce genre de trucs –ça ne m’intéresse pas. » Prétentieux ? Sans doute, mais le fils spirituel de Bergen s’en fiche. Remporter Kona, battre Frodeno ou Iden n’est qu’un défi de plus à cocher sur sa liste avant de se lancer une nouvelle mission impossible. « Ma préoccupation, c’est de savoir ce que je vais être capable d’accomplir à l’avenir que personne d’autre ne sera capable de faire. » Instagram : @kristianblu

plus vite malgré leur physique, ça me motive. C’est marrant : quand j’ai commencé la natation, j’étais le nabot de service et à Kona, je vais devoir lever la tête pour regarder Frodeno. »

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Lorsque Blummenfelt annonce vouloir remporter le titre mondial d’Ironman après sa victoire aux JO, il se fait détruire sur les réseaux sociaux. Depuis 44 ans que cette course existe, un seul athlète a réussi à gagner lors de sa première participation, et personne n’a réussi à être aussi bon aux JO qu’à l’Ironman la même année. Les athlètes le précédant avaient toujours eu besoin de suivre une progression linéaire. Mais Blummenfelt et son équipe disposent de suffisamment de données pour savoir qu’il est tout à fait possible d’effectuer ces trois disciplines sur une période de temps plus longue : il faut juste faire quelques tests supplémentaires et ajuster son rythme.Legabarit de Blummenfelt en déroute plus d’un. Avec son 1,73 mètre et ses 76 kilos, il passe pour un gros par rapport à l’élite des triathlètes, ce qui alimente pas mal de blagues sur Twitter. Frodeno, en comparaison, le dépasse de près de 20 centi mètres pour seulement quelques grammes de plus. Blummenfelt a mis fin au mythe selon lequel il faut avoir un corps grand et longiligne pour gagner des sports d’ultra-endurance. Avec ses entraîneurs, il souligne que le moteur compte plus que la carrosserie.«Recevoir des messages de gens qui me disent que je les ai aidés à penser qu’ils pouvaient courir

Kristian Blummenfelt

« Aider des gens à penser qu’ils peuvent courir plus vite malgré leur physique, ça me motive.

une course, c’est la douleur de perdre ou de penser que j’aurais pu creuser encore plus dans mes réserves. Je vais peut-être avoir très mal pendant les dix ou quinze prochaines minutes, mais ce ne sera jamais aussi grave que la dépression des prochains jours, semaines ou mois à venir si je ne le fais pas. »

Les cinq années de parenthèse entre Rio et Tokyo ont été marquées par davantage de défaites que de victoires. C’est le lot de ce genre de courses où quelques millièmes de secondes décident du vain queur. Il remporte quelques victoires en s’essayant à l’Ironman 70.3, établissant notamment un nou veau record du monde lors d’une course exception nelle à Bahreïn. Dans ce sport, les records du monde ne signifient pas grand-chose, mais la vitesse est la vitesse, surtout dans la course à pied. Blummenfelt a démontré qu’il pouvait courir plus vite que tout le monde quelle que soit la distance. Lors de la dernière épreuve de 2019, il remporte enfin sa première victoire importante sur le circuit de la Grande Finale ITU en Suisse. Malgré le repos forcé l’année suivante en raison de la pandémie, il fait désormais partie de la poignée de favoris olympiques.Lorsqu’on lui demande si cette année de prépara tion supplémentaire l’a aidé pour sa victoire à Tokyo, il se contente de hausser les épaules. « Je doute que cela ait fait une grande différence, on était de toutes façons parfaitement préparés pour 2020 et 2021. » Les trois Norvégiens présents dans le groupe de cinquante concurrents ont terminé respectivement premier, huitième et onzième. Les deux autres (Iden a fini huitième) ont eu du mal à cacher leur déception.

Le festival Dialled In honore les talents anglais originaires d’Asie du Sud et donne du pouvoir à une certaine génération.

Le festival Dialled In à Londres met à l’honneur la scène Asian Under ground en invitant toute une génération d’artistes à s’exprimer.

DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE

Texte ALICE AUSTIN Photos BRUNEL JOHNSON 67

Au 68 THE RED BULLETIN

Sud-Asiatiques.les»ShivumSharma

milieu d’une foule en transe, une jeune femme pleure, les yeux fermés. Ses paupières sont fardées d’un violet éclatant en accord avec la couleur de son sari, et son front est orné d’un bijou rappelant l’œil de Shiva. Cela fait bientôt trois heures qu’elle pleure, presque sans interruption. C’est en enten dant Pxssy Palace démarrer son set que les larmes ont commencé à couler, et elles coulaient encore lorsque des artistes comme Suchi, Yung Singh, DJ Priya et Gracie T sont montés sur scène. Et chaque fois qu’elle entend un mix de punjabi garage, tout son corps vibre, son visage s’illumine dans une gri mace extatique et ses mains miment des coups de revolver. Car ce ne sont pas des larmes de tristesse, mais de joie qui inondent cette jeune fille issue de la communauté sud-asiatique de Londres, visiblement transfigurée d’avoir enfin trouvé un lieu où expri mer son envie de faire la fête et son identité cultu relle. Cette ambiance survoltée, les couleurs cha toyantes des saris, les mix improbables et jouissifs de punjabi garage poussés à fond : tout cela fait du festival Dialled In, premier festival Asian Under ground au Royaume-Uni, un événement unique. Cette scène, particulièrement dynamique, désigne les musiciens issus de la diaspora sud-asiatique (notamment l’Inde, le Pakistan, le Sri-Lanka et le Bangladesh) au Royaume-Uni, dont les styles musi caux puisent dans les musiques traditionnelles de leurs pays respectifs et les musiques underground occidentales.Pourlesmusiciens de ce mouvement, 2021 aura été une année phare : d’abord avec la naissance de Daytimers, un collectif d’artistes et de musiciens issus de cette diaspora sud-asiatique, puis une soirée mémorable au Boiler Room à Londres, avec le set légendaire du DJ Yung Singh, membre du collectif et célèbre pour ses sets mêlant punjabi garage et dance music britannique. C’est encore cette même année que la première édition du festival Dialled In a vu le jour, offrant un tremplin de choix aux meilleurs artistes de la scène sud-asiatique : projet inédit et porté par les collectifs Asian Underground les plus importants de Grande-Bretagne (Daytimers, No ID et Chalo), le premier festival dédié à ce mouvement a connu en avril dernier sa deuxième édition – jouée à guichets fermés. Un succès fulgurant qui témoigne de la vitalité de cette communauté et de sa scène –et de l’intérêt croissant qu’elle suscite au Royaume-Uni.Ilyaquelques années pourtant, personne n’au rait osé imaginer qu’un tel festival puisse voir le jour. Pour se rendre compte du chemin parcouru, il faut se rappeler que dans les années 70, à l’époque où leurs copains blancs expérimentaient les drogues hallucinogènes et l’amour à plusieurs, les enfants de la première diaspora sud-asiatique immigrée au Royaume-Uni ne jouissaient pas des mêmes libertés : les obstacles se trouvaient aussi bien à l’intérieur de leurs communautés qu’à l’extérieur, avec un racisme ambiant qui empêchait souvent les ados de fréquen ter les clubs. À cheval entre deux cultures qui, sou vent, ne se comprenaient pas, il ne leur restait plus « Au Dialled In, on peut exploser les clichés sur

Dialled In

Dialled In, le festival qui connecte : (page opposée) le DJ Yung Singh en pleine concentration ; (ci-contre) les clubbeurs viennent s’éclater sur des mix de grime, de hip-hop et de punjabi garage.

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Elley est né au Pakistan, à Rawalpindi, la qua trième ville du pays. Arrivé avec sa famille à l’âge de 13 ans en Angleterre, à Sandy dans le Bedfordshire, il s’aperçoit qu’il est presque le seul musulman de sa nouvelle ville. C’est le même constat à la fin des années 2000, pendant ses études à l’Université de La scène UndergroundAsianet ses étoiles : Ahad Elley, co-fondateur du festival (ci-dessus) ; les DJ Gracie T et Priya (page opposée, en haut) ; Shivum Sharma (ci-dessous), orfèvre du son. « On veut consolider nos propres structures afin de devenir autonomes.

Dialled In

qu’à s’inventer leur propre espace d’expression, loin des regards désapprobateurs de leurs parents.

»

C’est à ce phénomène que fait allusion le terme daytimer, qui a inspiré le nom du collectif éponyme : les fêtes devaient avoir lieu dans la journée, avant le retour des parents et aussi parce qu’on pouvait louer un local moins cher durant la journée. Partout en Angleterre, la jeunesse se retrouvait dans ces salles souterraines louées à moindres frais pour des day party, des fêtes en pelin jour, endiablées, se tré moussant sur des mix de punjabi et de bhangra – en faisant émerger, imperceptiblement, l’un des mou vements les plus créatifs de l’histoire de la musique au Royaume-Uni.

T out au long des années 80 et 90, ces événements fetsifs ont permis à des artistes comme Panjabi Hit Squad, Joi, Nasha, Bombay Jungle et Asian Vibes de s’exprimer et d’inventer leurs identités musi cales, à la croisée des musiques occidentales, noires et sud-asiatiques. Mais alors que la musique under ground des communautés noires devient, avec la popularisation des cultures urbaines, de plus en plus appréciée à partir des années 90, celle qui animait les soirées de la jeunesse indo-pakistanaise est long temps restée dans l’ombre… jusqu’à récemment : et pourtant, quelle créativité, quelle énergie ! Il suffit de se rendre au festival Dialled In pour s’en rendre compte : la jeunesse sud-asiatique du Royaume-Uni n’a jamais cessé de faire la fête. Figure emblématique de la scène Asian Under ground, Yung Singh symbolise à lui seul le destin de cette contre-culture hybride qui revendique de plus en plus ses multiples racines : né dans les Midlands anglais, élevé dans une famille originaire du Punjab (il porte le turban des Sikhs), ce DJ et producteur britannique a fait un buzz mondial lors d’un set d’anthologie au Boiler Room londonien en 2021, posté sur YouTube. Le monde découvre alors, émer veillé, ses mix surprenants mêlant dancehall, hiphop, jungle et le punjabi garage des années 90. Quand il explose au grand jour, Singh n’en est pour tant pas à ses débuts, pas plus que la musique qu’il représente : où qu’il apparaisse, il tient d’ailleurs toujours à rappeler ses multiples inspirations et tous les artistes géniaux qui sont passés avant lui.

Face à ce succès, Elley veut garder la tête froide : « Les médias nous adorent maintenant, mais on n’y croit pas trop, explique-t-il. On préfère consolider nos propres structures pour devenir autonomes. »

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O n rencontre Ahad Elley, l’un des organisateurs de Dialled In, à EartH Hackney, un immense centre dédié aux arts de la scène, situé à Dalston, une petite ville à l’est de Londres. Tee-shirt orange, regard alerte et jovial, Ahad nous raconte ce qu’il a fait après avoir été contacté par la mairie du coin pour lancer le festival : s’assurer qu’il avait le contrôle absolu du line-up et de l’organisation. En effet, selon lui, la mainmise des médias et de la société britanniques a longtemps fait du tort à sa communauté et à l’image qu’elle renvoyait, et ce festival ne pouvait se permettre d’échapper encore une fois à la communauté qu’il visait. Aujourd’hui, Dialled In dépasse le cadre musical en proposant des programmes de parrainage, des rendez-vous d’information, des soirées ciné – et se prépare même à lancer son propre magazine.

Ahad Elley

« J’ai souvent été harcelée en tant que femme queer, la musique était mon refuge. » Mya Mehmi (à droite)

Mais sa passion pour la musique l’a rattrapé : après la création de son premier label de produc tion, Elley se produit en parallèle pour d’autres labels, pour la radio et pour des clubs londoniens comme Fabric, XOYO et Brixton Jamm. Ses parents

Aujourd’hui, elle apparaît resplendissante dans un sari rouge vif, bardée de bijoux : elle et sa grande copine, DJ Gracie T, font partie des têtes d’affiche du festival. Les deux sont bien décidées à prendre toute la place qu’on leur offre : il faut dire que le fes tival respecte une stricte parité pour encourager les femmes et les membres de la communauté LGBTQ+ à monter sur scène. « Ce soir, on va s’assurer que les femmes et toutes les personnes non-binaires, trans et queer sont sur le devant de la scène avec nous, Pionnières du genre : Nadine Noor et Mya Mehmi, du collectif Pxssy Palace, haut-lieu de la scène LGBTQ+.

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Un virtuose à l’œuvre : Nikhil Beats transporte la foule dès la première note.

Au sein des communautés sud-asiatiques qui s’installent au Royaume-Uni, faire une carrière artistique ou musicale n’est pas forcément bien considéré : il faut dire que les parents, qui ont quitté l’Inde, le Pakistan, le Sri-Lanka ou le Bangladesh pour offrir un meilleur avenir à leurs enfants, ne comprennent pas toujours que leurs rejetons décident de ne pas faire de longues études alors qu’ils en ont enfin la possibilité. Elley, lui, a attendu de finir ses études de chimie pour intégrer l’équipe du Boiler Room, la première plateforme en ligne à diffuser des live en direct. « Pour mes parents, la musique était juste un passe-temps, raconte-t-il. Ils m’ont toujours encouragé à suivre la voie académique. »

E n grandissant au sein d’une communauté sud-asiatique à l’ouest de Londres, DJ Priya s’est toujours sentie à part, à cause de ses che veux teints en rouge, de ses piercings et son pen chant pour le punk. Longtemps tiraillée entre deux cultures, elle a mis longtemps à trouver sa place :

« J’avais la peau trop foncée pour me sentir à l’aise au milieu des filles blanches, et j’étais trop occidentali sée pour les filles de ma communauté, résume-t-elle. J’avais un vrai problème d’identité. »

finissent par accepter la carrière de leur fils, mais Elley continue de chercher en vain une communauté qui lui ressemble. Finalement, il se décide à en créer une : c’est ainsi qu’est né le collectif No ID.

Surrey : la vie communautaire y est pratiquement inexistante. Parallèlement, il se prend de passion pour le dubstep et commence à faire le DJ ici et là, distillant dans la région ses mix de bass, de funk et de garage UK.

Dialled In

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N ikhil Beats est un de ces rares virtuoses auquel aucun instrument ne semble résister. Il lui suf fit de poser ses mains sur n’importe lequel –une guitare, un violon, voire ce qu’on appelle un hornucopian dronepipe, cet instrument-ovni inventé par le studio MONAD (en Floride) – et l’on dirait que l’instrument se plie à ses moindres volontés. Aujourd’hui, il apparaît au festival pour la première fois avec son nouveau groupe : un saxophoniste, deux percussionnistes, un joueur de bouzouki élec tronique et Nikhil à la guitare, pour un concert mémorable où le R&B, le hip-hop et le jazz Rencontre au sommet entre le public et ses stars. « On joue pour les marginaux » : Priya (à gauche) et Gracie T, aux platines.

annonce Priya. Nous, on joue pour les marginaux. » Priya sait aujourd’hui que devenir DJ a été la meil leure décision de sa vie. Après une enfance et une adolescence passées dans des familles d’accueil, entre les mauvaises rencontres et les fugues qui tournent court, elle revient de loin. Un jour qu’elle se sent particulièrement mal, elle tombe sur une pub pour des cours de DJ : « Je me suis mise aux platines et ça a été une libération », se souvient-elle. Désor mais, elle promène ses mix de bass et de grime aux sonorités punjabi à travers tout le Royaume-Uni. « La musique m’a transformée : ça m’a donné une raison de vivre. Malgré» l’étendue et la richesse de la scène Asian Underground britannique, beaucoup d’artistes à l’af fiche de Dialled In ne se connaissaient pas avant de participer au festival. Désormais, les liens se tissent, Daytimers entretient un groupe de discussion sur Discord, sur lequel on s’échange des recettes, de la musique et des offres d’emploi. Et si l’un des membres doit s’absenter, que ce soit aux États-Unis ou en Inde, il peut désormais activer un réseau de contacts solidaires et bienveillants. Sharma raconte que les rencontres qu’il a faites grâce au festival l’ont motivé à assumer son héritage. « Parmi ces artistes, nom breux sont ceux qui se sont sentis étouffés par l’image qu’on a calquée sur eux, par des clichés sur le manque de créativité de gens comme nous, sous-entendant qu’il n’y avait pas de quoi être fier de notre culture, explique-t-il. Ce festival permet de faire exploser tous ces préjugés. »

Deux silhouettes féminines ondulent aux platines posées devant le dancefloor de The Hall, salle caver neuse qui est le cœur du centre artistique. À l’aise dans leur body ultra serré et avec leurs ongles aussi longs que leurs talons aiguilles, elles se succèdent à la manœuvre devant un public en transe qui s’épuise, euphorique, aux rythmes des stroboscopes et des sets savamment orchestrés de ces deux repré sentantes du Pxssy Palace. Et lorsque Mehmi place un remix punjabi du Bitch Better Have My Money de Rihanna, c’est l’extase.

On retrouve Yung Singh dans la grande salle –l’ambiance est électrique : la foule ressemble à un même corps qui tressaute en rythme. On se croirait davantage à un concert punk qu’à un festival. Après le dernier morceau, Elley s’empare du micro : « Et maintenant, nos têtes d’affiche ! Je veux voir toutes les femmes devant ! » DJ Priya et Gracie T se mettent aux platines, et c’est parti. Priya balance le morceau Cho de Popalik, la tête s’inclinant au rythme des basses, et quand Gracie lance un remix par UKG du Gasolina de Daddy Yankee, sa copine monte sur une enceinte et balance à la foule en délire des faux billets de banque à l’effigie des deux artistes. La jeune femme en sari violet s’élance pour en attraper un et le garde contre elle, comme un pré cieux souvenir de cette soirée mémorable. Quelques secondes plus tard, en entendant le tube 212 d’Azealia Banks, les yeux se ferment et son visage s’éclaire dans un large sourire – comme si cette musique ne jouait que pour elle. dialled-in.com « Désormais, les jeunes assument leurs racines. » Nikhil Beats fusionnent sur des mélopées scandées comme du rap ou plus suaves. C’est un extrait de mon nouvel album, lance-t-il à la foule dans un accent londonien à couper au couteau. Alors si vous aimez, je veux le voir d’ici. » Le charisme de ce chanteur-musicienproducteur est tel, sa joie d’être sur scène si mani feste qu’il est impossible de ne pas aimer sa musique.

À 17 ans, Mehmi quitte l’Inde pour s’installer à Londres et y faire de la musique, mais ce n’est qu’en entamant sa transition que les choses ont vraiment démarré pour elle : « Avant cela, j’essayais juste de trouver ma place en tant qu’homme, dans le monde de la musique. Mais rien n’était naturel, tout simplement parce que je n’étais pas un homme. »

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Le cocktail parfait : la DJ Nadine Noor de Pxssy Palace balance un mix jouissif de garage, breaks et booty bass, pour chauffer le dancefloor.

Avant que les Daytimers n’arrivent, chacun fai sait ses trucs dans son coin, explique-t-il. Si vous demandiez à l’époque de vous citer d’autres artistes de la scène South Asian, je n’aurais pas pu vous répondre. Mais ce collectif a vraiment réussi à sortir les membres de la communauté au grand jour. »

En 2017, c’est la rencontre avec Pxssy Palace, elle découvre le milieu trans, les discours sur la nonbinarité. Quand son amie Elie Che, une activiste trans, décède en 2020, Mehmi réalise qu’elle ne peut plus continuer à vivre dans le mensonge : dans la même semaine, elle décide d’entamer sa transition. Elle qui se définit culturellement comme Punjabi avoue que la plupart de ses références lui sont venues de la culture noire, tant elles étaient inexistantes dans sa propre culture. « J’adore le fait que deux femmes trans soient en tête d’affiche du festival, dit-elle. C’est une grande avancée pour notre culture, et cela montre que notre tolérance à la connerie est de plus en plus faible.

Pxssy Palace se décrit comme un « club de débau chés et débauchées qui célèbre les femmes queer, les trans, les non-binaires et les personnes BIPOC (pour Black, Indigenous & People of Colour en anglais, ndlr) intersexués et intersexuées ». C’est aussi ce qui a per mis à Mehmi d’assumer sa véritable identité. Pour elle, la musique fut même un acte de survie : « J’ai souvent été harcelée en tant que femme queer, et la musique a toujours été un refuge pour moi, une motivation. »

La deuxième génération de la diaspora a grandi entre deux mondes, dans un fossé culturel où ils devaient trouver leur place : des événements comme Dialled In jettent un pont entre ces deux univers et permettent aux enfants de la diaspora de se sentir chez eux dans cet espace hybride. « Quand j’étais petit, je n’ai pas le souvenir que c’était cool d’être indien, poursuit Nikhil, mais maintenant les jeunes sont fiers d’assumer leur héritage, leurs origines, et ce n’est pas une mode – c’est vraiment notre culture. »

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SURFER SUR LES MOUTONS Philip Köster, quintuple champion du monde de planche à voile, nous emmène à Sylt, l’île chérie des Allemands PERSPECTIVESExpériencesetéquipementspourunevieaméliorée 77 POOLCONTENTBULLSUPANZ/REDGEORG

PERSPECTIVES voyage

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S ylt est pour moi un lieu très par ticulier et unique. Car c’est là que se déroule chaque année la Coupe du monde de windsurf, qui m’a fait vivre des moments extraordinaires.

Le véliplanchiste allemand Philip Köster, quintuple champion du monde Un paysage typique de Sylt : le célèbre phare de List-Ost, au nord de

Le rendez-vous des véliplanchistes pros Westerland est la principale station balnéaire de toute l’île. C’est là que se pressent la plupart des touristes pour « Pas de vent pour windsurfer ? Alors je fais du vélo. Sylt a tellement à offrir. »

Avis de tempête sur le littoral La Coupe du monde se tient toujours en septembre pour une raison évidente. C’est la période où les tempêtes autom nales balayent l’île, offrant aux profes sionnels les conditions optimales à la pratique de la planche à voile. Si vous êtes à l’aise sur une planche et que vous aspirez à un peu plus d’action, venez à Sylt entre septembre et novembre : sur place, n’oubliez pas de consulter régulièrement les horaires des marées, car les vagues sont toujours plus fortes à marée haute.

En 2012, j’ai réussi une figure que je n’avais encore jamais réalisée aupara vant, un loop à 360 degrés dans les airs, suivi d’une rotation supplémentaire sur l’eau. Et pour couronner le tout, j’ai rem porté la compétition. C’est un moment que je n’oublierai jamais ! Gagner la Coupe du monde à domicile devant des milliers de fans allemands sur la plage est quelque chose d’unique.

Desl’île.vagues, du bonheur, du soleil, et un Philip Köster aux anges : il vient de terminer son entraînement sur la plage de Brandenburg.

profiter de la promenade aménagée, le long de laquelle se succèdent les magasins proposant les spécialités et souvenirs du coin, et les restaurants. Le groupe de rock allemand Die Ärzte a même consacré une chanson à cette petite ville sobrement intitulée Wester land. La plage de Brandenburg, où se déroule la Coupe du monde, est mon point de chute lorsque je séjourne à Sylt. L’île se situe au nord et à l’extrême ouest de l’Allemagne, et la plage sur la côte ouest de l’île. Et comme le vent vient généralement de cette direction, la plage attire tous les véliplanchistes comme moi. Les vagues y sont idéales pour effectuer des sauts d’enfer.

Westerland List

Ellenbogen Plage Brandendeburg Königshafen SYLT Allemagne

La plage la plus au nord de l’Allemagne : Ellenbogen. Par temps clair, on peut y voir jusqu’au Danemark.

S’y rendre En voiture : depuis Paris direction Niebüll, compter environ 12 heures de trajet via l’autoroute A1. Au termi nal, la voiture est chargée sur le DB Sylt Shuttle. Le train auto (Autozug) atteint Sylt en 35 minutes par la digue Hindenburg. L’aller-retour en navette coûte environ 100 €. En avion : à partir de 180 €, vol avec escale de Paris-Charles de Gaulle à l’aéroport de Sylt. En train : de Paris, il faut compter environ 13 heures pour se rendre à Westerland, avec plusieurs changements en Allemagne. Bon à savoir Où dormir ? Où manger ? Où aller et que faire sur l’île quand il n’y a pas de vent ? HÔTEL Les adeptes du luxe apprécieront le Miramar. L’hôtel 5 étoiles (à partir de 230 € environ la nuit) propose de nombreux traitements spa. Idéal lorsque la pluie s’invite et que l’on préfère rester au chaud. hotel-miramar.de RESTAURANT Point de chute des surfeurs quand la faim les sort de l’eau, le Sunset Beach fait face à la plage de Brandenburg. Des planches de surf ornent le plafond et des photos en noir et blanc de compétitions de surf légendaires ornent les murs des lieux. On y déguste de délicieux burgers, pâtes ou poissons avec une vue imprenable sur la mer. sunsetbeach.de LOCATION DE VÉLOS À partir de 10 € par jour chez M+M Fahrradverleih Sylt notam ment. Partez explorer les dunes pittoresques de l’île à bicyclette et laissez-vous enchanter. sylt.de

THE RED BULLETIN 79 POOL,CONTENTBULLSUPANZ/REDGEORGPICTUREDESK.COM, REICHMAXIMILIANSTOCKADOBESUNSETBEACH.DE,ALAMY,

PERSPECTIVES voyage

REICHMAXIMILIANPOOLCONTENTBULLSUPANZ/REDGEORG

Philip Köster, 28 ans Instagramphilipkoester.com:@philip_koster

« Le temps à Sylt est imprévisible. C’est pourquoi on ne s’y ennuie jamais.

200 kilomètres de pistes cyclables La marée basse permet de laisser sa planche sur la plage et d’enfourcher un vélo pour explorer l’île. Les shops de location sont présents à chaque coin de rue et avec 200 kilomètres de pistes cyclables, Sylt est un paradis pour les cyclistes. D’autant plus que l’île est relativement plate. Seul le vent contraire titille parfois les mol lets. Qu’à cela ne tienne, il y a les vélos électriques. Le trajet de Westerland à List est un classique : une promenade d’environ 2,5 heures en suivant l’an cienne voie ferrée à travers un pay sage de dunes pittoresques et de pai sibles villages comme Kampen. Et si vous vous égarez, pas de panique : sur une île, tous les chemins mènent à la côte. Et une fois au bord de l’eau, le bon chemin n’est jamais très loin.

Surfer et observer La baie de Königshafen offre un peu plus de calme. Cela vaut autant pour le vent que pour la foule, la baignade y étant interdite. La baie se trouve au nord de l’île, entre List et la langue de terre Ellenbogen, et fait partie du parc national de la mer des Wadden. Pour moi, c’est le joyau de l’île. Entre les dunes, des phoques somnolent, des moutons paissent et des espèces d’oi seaux rares y nichent. Le windsurf reste toutefois autorisé, même si l’on y croise plutôt des touristes en goguette. Les dunes protègent la mer du vent. L’eau est généralement calme et peu profonde même à marée haute où elle dépasse rarement les hanches. Des conditions idéales pour se fami liariser en toute sécurité avec les sports nautiques. Pour info, la localité est une propriété privée. Les visiteurs en voiture doivent s’acquitter d’un droit d’entrée, contrairement à ceux qui s’y rendent à vélo ou à pied.

Philip Köster est champion de Wave, discipline où le planchiste utilise la vague pour faire des sauts grandioses.

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»

Une invitation à la réflexion, un espace où coexistent des solutions et des idées propres à notre époque, à travers les dansmentconstruireCommentpersonnellesexpériencesdenosinvités.souhaitons-nousunenvironnesainpours’inscrireun«bienensemble»? UN PODCAST DU RED BULLETIN Écoutez nouveauxlesépisodes

Ne vous arrêtez pas « Même lorsque je suis au travail après une course, il est très rare que je reste assis sur une chaise – je me déplace, je garde mes jambes actives. Il ne faut pas s’arrêter – c’est à ce moment-là que l’on ankylose et que les petits bobos surviennent. » Faites des sacrifices « Je ne peux pas prendre un petit-déjeuner complet avant de courir, car cela ne me convient pas. Ce sont donc les mêmes deux tranches de pain grillé avec de la confiture et deux tasses de café, tous les jours. Mais je fais attention à mon corps : si vous avez soif, vous êtes déjà déshy draté. Vous auriez dû boire avant d’en arriver là. »

COURIR

Tous les matins depuis le premier janvier, cet Anglais de 53 ans, originaire de Cleator Moor, au RoyaumeUni, sort de son lit et enfile l’une des quelque vingt paires de chaussures de course qu’il a en rotation constante, franchit la porte de son domi cile et ne revient pas avant d’avoir accompli le kilomé trage de la journée.

Afin de contribuer à une collecte de fonds pour la recherche sur le cancer, avec le Macmillan Cancer Support. Bien qu’il ait encore du chemin à parcourir jusqu’au 365 e jour, McKee (à droite sur la photo) est confiant. « J’appréhende chaque mara thon, comme ma course du jour – c’est ce que je me dis. »

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« C’est en courant qu’on devient bon coureur. » Gary McKee Même sans l’avoir tenté, nous sommes pour la plupart conscients de la préparation nécessaire pour courir un marathon : ce sont des mois d’entraînement, la fin de sa vie sociale et la découverte de nouveaux usages de la vaseline. Mais que se passe rait-il si vous couriez tous les jours ces 42,195 km, soit pendant 365 jours consécu tifs, l’équivalent de treize fois l’aller-retour Paris-Bordeaux?

Tout en jonglant avec un emploi à temps plein et une vie de famille ? C’est ce que Gary McKee a décidé de faire cette année.

MarathonMan

ALLENBYCHARLIEREINACARLOS

Voici ses conseils pour aller plus loin, bien plus loin… 42 kilomètres plus loin. Allez-y

PERSPECTIVES

fitness

Comment réussir un marathon – par un athlète qui en court un par jour toute l’année durant.

« Quand vous pensez au pourcentage de personnes qui vont réellement courir un marathon, c’est quelque chose comme 0,1 %. Pour la plupart des gens, cela dépasse leur compréhension. Mais une fois que vous com mencez à vous entraîner et que vous vous sentez bien sur vos jambes, cela devient rapidement réalisable. Ce que vous pensiez qui serait difficile ne l’est plus, parce que vous croyez en vous. »

Courez, recommencez « C’est en courant qu’on devient bon coureur. Plus vous allez loin et plus vous vous motivez, plus cela devient facile. Et si vous pou vez faire un marathon, vous pouvez en faire d’autres. De plus, je fais le même parcours tous les jours (de son domicile de Cleator Moor aux villages avoisinants, puis retour, ce qui prend en moyenne trois heures et 45 minutes, ndlr) Quand quelque chose fonc tionne, pourquoi changer de recette ? »

Bravez les éléments « Les conditions météorolo giques sont ce qu’elles sont –il faut juste s’y adapter. Elles ne seront comme ça que pendant les heures où vous courrez, et ce ne sera pas toujours désagréable. Quand vous pensez aux gens pour qui vous faites ça, ils vivent quelque chose de dix fois pire que vous. Pas le temps de se plaindre. » Les dons pour sa collecte de fonds au proft du Macmillan Cancer Support et de Hospice at Home West Cumbria sur justgiving.com/threesixfve: ; Twitter : @Marathon_Man365

Le microcourant – électricité de faible niveau – souvent considéré comme un « lifting non invasif » capable de sou lever et de raffermir les mus cles. La technologie cryother mique (administrée ici par des anneaux chauds et froids) réduit les poches et les inflammations. Ou encore la luminothérapie par LED, mise au point par la NASA pour faire pousser les plantes et, plus tard, pour guérir les blessures.Destechnologies connues, mais leur utilisation à domicile était coûteuse. Les avoir toutes dans un seul appareil était inédit. Attendons-nous à présent que ses utilisateurs trouvent à leur TheraFace des fonctionnalités inattendues ! therabody.com

laSauverface

RAJEUNIR

Lorsque le Theragun est sorti en 2016, il est devenu l’outil de récupération intégrale par excellence. Un pistolet pour muscles profonds de 2 400 percussions par minute à une profondeur de 16 mm, les athlètes pros et les fans de fitness l’ont adoré. Mais lorsque ses fabricants, Thera body, ont entendu parler de personnes qui l’utilisaient sur leur visage, ils se sont inquié tés. Et ont eu l’idée de créer quelque chose de plus adapté. Avec ses 43 muscles, le visage peut souffrir de dou leurs, de crampes et de ten sions. Sa peau est exposée au soleil, à l’environnement et aux bactéries. Le TheraFace a été conçu pour lui faire du bien. Utilisant toujours la thé rapie par percussion (à seule ment 3 mm de profondeur) pour détendre les mâchoires serrées et les nuques raides, il emploie également une série d’autres sciences réparatrices.

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Les innovateurs qui ont ouvert la voie à la thérapie par percussion visent maintenant votre visage.

PERSPECTIVES matos Face à face (dans le sens de l’horloge, depuis la gauche) : tête de net toyage, anneau froid, cône de percussion, TheraFace avec percussion plate, anneau chaud, micro-point et tête de microcourant.

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Sautez à pieds joints

» Anita Kelsey, experte en chats SOYEZ Félin pour l’autre

La capacité inouïe à se remettre à l’endroit dans les airs est sans conteste le plus grand atout du chat. « Cela tient à la souplesse de leur colonne vertébrale et à l’ab sence de clavicule », précise Kelsey. Le jeu reproduit cette agilité et assiste vos bonds afin que ceux-ci soient dignes d’un félin. Dans la vraie vie, cela nécessiterait un cours intensif de parkour. Mais la morale est ailleurs, dans les sauts que la vie nous impose. Celui qui s’adapte retombe toujours sur ses pieds. Soyez vous-mêmes « Tout comme nous, le chat est curieux de nature et aime explorer. Mais contrairement à l’humain, son incapacité à évaluer les risques le met sou vent dans des situations péril leuses. » En revanche, ils sont doués pour se tirer d’affaire.

« Acculé, il attaque pour se défendre, non sans avoir au préalable sifflé et grogné pour tenter de dissuader un préda teur téméraire. Mais souvent, les chats se cachent. » Il n’y a donc aucune honte à être un chat apeuré. Si vous observez, chat va cartonner Si les chats naissent avec des capacités instinctives –grimper, chasser, se battre –qu’un humain mettrait des années à acquérir, ils les développent cependant de la même manière que nous : par l’observation, l’entraînement et l’incitation. « Les chats apprendront d’autant plus une nouvelle tâche si celle-ci pro cure une satisfaction, précise Kelsey. En général, cela implique de la nourriture et des répétitions. » Identifier la récompense liée à un appren tissage en facilite l’acquisition. Stray est dispo sur Windows, PS4 et PS5 ; stray.game gaming peut-elle nous aider à navi guer dans ce simulateur de chat cyberpunk et au-delà, dans nos propres vies ? Auteure de Parlons des chats: Conversations sur le compor tement félin, la comportemen taliste pour chats Anita Kelsey répond… Sachez vous fier à votre odorat La vue d’un chat est très diffé rente de celle d’un humain : sa vision périphérique et noc turne est meilleure que celle de Sapiens, mais sa myopie dix fois plus importante. « Il appréhende le monde par l’odorat et l’ouïe, explique Kelsey. Son odorat est en effet quatorze fois plus puissant que celui de l’homme, ce qui lui assure une orientation très précise. Il s’en sert pour reconnaître les endroits qu’il marque de son urine, avec ses déjections, les frottements de

ses glandes sudoripares, ou encore en se grattant », pour suit Kelsey. Aurions-nous inté rêt à plus utiliser notre nez ?

«

« Les l’odoratappréhendentchatslemondeparetl’ouïe.

Tout le monde veut devenir un cat », chante Scat Cat dans Les Aristochats, le film de Disney de 1970. Ceux qui ont vu James Corden dans Cats en 2019 ont peut-être changé d’avis depuis. Pour tant, ce nouveau jeu « d’aven ture féline à la troisième personne » pourrait bien remettre l’incarnation d’un félin digital au goût du jour. Stray livre aux adeptes le parfait animal pour jeu vidéo : celui qui a neuf vies. Ce mythe populaire doit beaucoup à l’agilité naturelle du chat, à son instinct de survie et à sa capacité à retomber sur ses pattes, des qualités vitales pour errer dans les rues d’une ville futuriste saturée de néons – une ambiance à la Blade Runner, mais entière ment peuplée de robots amicaux ou hostiles – dans laquelle notre protagoniste à quatre pattes cherche sa famille disparue et un moyen de sortir de cet enfer dysto pique. « Il faut aborder ce jeu avec l’esprit du chat, explique Swann Martin-Raget, l’un des producteurs du jeu. Vos bonds vous donnent accès à tous les lieux. Et le jeu récompense les joueurs curieux. » Mais qu’y a-t-il à apprendre de la pensée féline ? Comment

PERSPECTIVES

Stray est un nouveau jeu vidéo requérant des compétences très particulières pour survivre : les superpouvoirs d’un chat.

658914502ParisRCSSASU,FranceBullRed Gran Turismo® 7 : Connexion Internet requise pour les caractéristiques présentées. Progression du jeu requise pour accéder à la plupart des véhicules. IL S’AGIT D’UN CONCOURS DE PHOTO VIRTUELLE. IL FAUT AVOIR UN COMPTE RED BULL (GRATUIT), UNE CONSOLE PS4/5, UN COMPTE PLAYSTATION™NETWORK, ET UN ACCES AU(X) JEU(X) POUR PARTICIPER. 09/05/22-10/30/22. Pour participer, suivez les étapes sur le site redbull.com/capturepoint pour soumettre une photo d’un jeu participant. Organisateur : Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658. «PlayStation», «PlayStation Family Mark», «PS4 Logo», et «PS5 Logo» sont des marques déposées ou des marques déposées de Sony Interactive Entertainment Inc. Horizon Forbidden West est une marque déposée de Sony Interactive Entertainment LLC. « Gran Turismo » et « GT » sont des marques déposées ou des marques de commerce de Sony Interactive Entertainment Inc.

Envie d’escapades à la seule force de vos jambes ? Pour trois heures ou la journée ? Peu vous importera la distance si vous optez pour un équipement d’aisance et de qualité. Photos MADS L’APPELPERCH DE LA PERSPECTIVESRANDO outdoor

Sarah porte une casquette TERREX AeroreadyGraphic,Five-Paneladidas.fr; un débardeurpicture-organic-ORGANICPICTURELoni,clothing.com; sa propre brassière ; un sac à dos Nowhere,MikeyMIZUnixon.frroxy.frSummereu.cotopaxi.comCosoCOTOPAXI2LHip,;unshortROXYNostalgia,;dessandalesTEVAOriginal,teva-eu.com;unemontredigitaleNIXONStaple,;unebouteilleV5,mizulife.comPatrickporteunecasquetteNIXON5Panel,nixon.fr;untee-shirtPOLERpoler.com;unshort686Everywhere,eu.686.com 87

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PERSPECTIVES outdoor

page

Toutes les pièces portées par Sarah sont créditées sur la précédente.

Casquette et tee-shirt à manches chaussuresstubbleandco.comBasecamp,MONTANElonguesCanvasmontane.com;sacàdosSTUBBLE&CO,;pantalonJACKWOLFSKIN,jack-wolfskin.fr;chaussettesSMARTWOOLCrew,smartwool.eu;derandoTERREXAX4Primegreen,adidas.fr;montreG-SHOCKUrbanUtilityGBA-900Series,gshock.casio.com

Chapeau unisexe SALOMON Techtee-shirtsalomon.comClassic;mancheslon-guesHELLYHANSENCrew,hellyhansen.com;sacàdosOSPREYHikelite32,ospreyeurope.com;leggingARC’TERYXEssentHigh-Rise,arcteryx.com;chaussettesSMARTWOOLHikeClassicEdition,smartwool.eu;chaussuresderandoKEENTerradoraII,keenfootwear.com;montreGARMINInstinct2Solar,garmin.com

Veste micro shell HELLY HANSEN hellyhansen.comVerglas,; sac à dos MONTANE Trailblazer 24 L, montane.com;bouteilleDOMETIC THRM 120 Thermo, dometic.com; pantalon Bernauer JACK WOLFSKIN, Jag,chaussuresStripeHikechaussettesjack-wolfskin.fr;SMARTWOOLLightCushionTubeCrew,smartwool.eu;derandoDANNERglobal.danner.com PERSPECTIVES outdoor THE RED BULLETIN 91

Veste SCOTT SPORTS Explorair Light Dryo 2,5 L, scott-sports. com; sac à dos édition limitée BACH EQUIP MENT ROC 28 chaussuresbach-equipment.comL,;pantalonBernauerJACKWOLFSKIN,jack-wolfskin.fr;DOLOMITESteinbockWTGTX,dolomite.it 92

Toutes les pièces portées par le duo sont créditées sur les deux pages précédentes. PERSPECTIVES outdoor

PERSPECTIVES outdoor Bonnet MONTANE Top Out, montane.com; veste isolante BERGHAUS Affine, berghaus.com;sweatàcapuche RAB Dihedral, rab.equipment; sac à dos JACK WOLFSKIN Alpspitze 32 L, jack-wolfskin.fr;pantalonOdinMuninn et gants Odin Liner HELLY HANSEN, merrell.comMERRELLchaussureshellyhansen.com;derandoMoab3MidGTX, 94 THE RED BULLETIN

Mannequins : SARAH SMITH @ W Model Management ; PATRICK O’DONNELL @

ospreyeurope.commarmot.comUpflow,BonnetSelectMONTANEmontane.com;vesteetgantsconnectésMARMOTShadow,;sacàdosOSPREYUNLTDAirScape68,;pantalonTHRUDARK,thrudark.com;chaussuresderandoLA SPORTIVAUltraRaptorIIMidGTX,lasportiva.com

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THE RED BULLETIN Suisse, ISSN 2308-5886 Country Editor Stefania Telesca Country Coordinator Christine Vitel Country Project Management Meike Koch Media Sales & Brand Partnerships Christian Bürgi michael.wipraechtiger@redbull.coMichaeljessica.puenchera@redbull.comJessicamarcel.bannwart@redbull.comMarcelchristian.buergi@redbull.com(dir.),Bannwart,Pünchera,Wipraechtiger, Goldbach Publishing Marco marco.nicoli@goldbach.comNicoli, THE RED CountryAllemagne,BULLETINISSN2079-4258Editor Maximilian Reich Révision Hans Fleißner (dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Country Project Management Lisa Masten Publicité Thomas Hutterer (dir.), Michael Baidinger, Maggie Childs, Franz Fellner, Ines Gruber, Wolfgang Kröll, Gabriele Matijevic Beisteiner, Alfred Vrej Minassian, Nicole Okasek Lang, Britta Pucher, Jennifer Sabejew, Johannes Wahrmann Schär, Ellen Wittmann Sochor, Ute Wolker, Christian Wörndle, Sabine Zölss THE RED BULLETIN USA, ISSN Country2308-586XEditor Peter Flax Rédactrice adjointe Nora O’Donnell Révision Catherine Auer, David Caplan Publishing Management Branden Peters Publicité Todd tanya.foster@redbull.comTanyadave.szych@redbull.comDavetodd.peters@redbull.comPeters,Szych,Foster, THE RED Royaume-Uni,BULLETINISSN 2308-5894 Country Editor Ruth McLeod Secrétariat de rédaction Davydd Chong Publishing Manager Ollie Stretton Publicité Mark mark.bishop@redbull.comBishop, THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel Country Project Management Alexis Alexis.Bulteau@redbull.comBulteau, Traductions Willy Bottemer, Fred & Susanne Fortas, Claire Schieffer, Jean-Pascal Vachon, Gwendolyn de Vries Relecture Audrey Plaza Abonnements Prix : 18 €, 12 getredbulletin.comnuméros/an Siège de la rédaction 29 rue Cardinet , 75017 Paris +33 (0)1 40 13 57 00 Impression Quad/Graphics Europe Sp. z o.o., Pułtuska 120, 07-200 Wyszków, Pologne Publicité Yoann +33yoann.aubry@redbull.comAubry,(0)764152960 THE RED BULLETIN Autriche, ISSN 1995-8838 Country Editor Nina Kaltenböck Révision Hans Fleißner (dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Publishing Management Bernhard Schmied Publicité Thomas Hutterer (dir.), Michael Baidinger, Maggie Childs, Franz Fellner, Ines Gruber, Wolfgang Kröll, Gabriele Matijevic Beisteiner, Alfred Vrej Minassian, Nicole Okasek Lang, Britta Pucher, Jennifer Sabejew, Johannes Wahrmann Schär, Ellen Wittmann Sochor, Ute Wolker, Christian Wörndle, Sabine Zölss Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. SO PRESS n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs. MENTIONS LÉGALES

Retrouvez votre prochain numéro en septembre en abonnement avec et avec , dans une sélection de points de distribution et sur abonnement.

HORS DU COMMUN

Une peinture dans The Red Bulletin? On se demande qui serait à même de saisir un pilote aussi fulgurant. Il s’agit bien d’une photo, prise par Samo Vidic, le 7 août dernier à Uddevalla (Suède). Elle représente le Français Tom Vialle, champion du monde 2020 de MX2 en 250 cm³, ici en plein saut lors des championnats du monde de motocross. En toile de fond, cet invraisemblable bouillonnement de couleurs offert par les drapeaux de fans de cross venus du monde entier pour soutenir leurs champions respectifs.

Le prochain THE RED 27sortiraBULLETINleoctobre2022.

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Pour finir en beauté

Trompe-l’œil

5 CENTQUATRE-PARISOCTOBRE2ARTISTES.2SCENES.1SHOWINFORMATIONSETBILLETSREDBULL.COM/SOUNDCLASH 658914502ParisRCSSASU,FranceBullRed

LONGINES SPIRIT ZULU TIME 8’850 KM Le 5 octobre 1931, Clyde Pangborn et Hugh Herndon Jr., deux courageux aviateurs américains, ont e ectué pour la première fois de l’Histoire un vol transpacifique sans escale, du Japon aux États-Unis. Ils décollèrent puis atterrirent 41 heures plus tard à Wenatchee, Washington, après avoir parcouru une distance de 8’850 km. Il s’agissait alors du plus long vol jamais e ectué au-dessus de l’eau.

PIONEERING TIME ZONES PIONNIERS DANS LA MAÎTRISE DES FUSEAUX HORAIRES

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