2.3 La stimulation cognitive:
La stimulation cognitive en architecture fait référence à la conception intentionnelle des environnements bâtis pour favoriser la cognition humaine, c’est-à-dire le processus de perception, de pensée, de compréhension et de résolution de problèmes. Elle vise à créer des environnements bâtis qui soutiennent et améliorent les processus mentaux des occupants, favorisant ainsi le bien-être, la productivité et la qualité de vie. Une conception attentive aux principes de stimulation cognitive peut créer des espaces architecturaux qui inspirent, motivent et enrichissent la vie quotidienne des individus.

Figure 35: Les facteurs cognitives, Par auteur
2.4 L’expérience et l’interaction à travers l’espace:
“L’architecture commence là où la musique finit.” - Walter Gropius
“L’architecture est une expérience sensorielle totale. Elle engage tous nos sens, pas seulement notre vision.” - Juhani Pallasmaa
Chaque élément de l’architecture, de l’ombre et de la lumière aux couleurs, aux textures et aux matériaux, ainsi qu’à la sonorité, peut influencer profondément l’expérience humaine dans un environnement architectural. En combinant ces éléments dans la conception architecturale, il est possible de créer des environnements qui stimulent les sens, évoquent des émotions positives et améliorent la qualité de vie des occupants. Une conception attentive aux besoins et aux préférences des utilisateurs peut créer des espaces qui inspirent, apaisent et enrichissent l’expérience humaine dans l’architecture.


- Ombre et lumière:
L’ombre et la lumière peuvent susciter différentes émotions chez les visiteurs en fonction de leur intensité, de leur qualité et de leur distribution dans l’espace. Une lumière douce et tamisée peut créer une atmosphère chaleureuse et accueillante, tandis qu’une lumière vive et éclatante peut évoquer une sensation de vitalité et d’énergie.

La lumière naturelle peut être utilisée pour orienter les visiteurs à travers un espace architectural en les guidant vers des points d’intérêt ou des zones spécifiques. Des puits de lumière ou des fenêtres stratégiquement placées peuvent créer des repères visuels qui aident les individus à se repérer dans un bâtiment.

L’ombre et la lumière naturelle créent une connexion avec le monde extérieur, ce qui peut influencer l’humeur et le bien-être des individus. Des vues sur la nature éclairées par le soleil peuvent apporter une sensation de calme et de tranquillité, créant ainsi un environnement propice à la détente et à la réflexion.

- Les couleurs:
“La couleur est un moyen puissant d’expression architecturale, qui permet de créer des espaces qui inspirent, stimulent et apaisent l’esprit.” - Le Corbusier

Figure 41: L’influence de la couleur sur la psychologie, par auteur
- Un espace coloré modifie notre atmosphère:
La couleur a une influence sur la luminosité et par conséquent sur l’atmosphère générale des espaces. On peut, par exemple, redonner un aspect plaisant à une façade ombragée et morne avec une couleur de peinture claire et chaude telle que le jaune.
En intérieur, les couleurs claires et froides des murs procurent plus d’espace à la pièce alors que les couleurs fortes aux tons chauds font paraître la pièce plus petite et plus étroite. Par exemple, une longue pièce est visuellement plus courte lorsqu’on peint ses faces frontales et/ou latérales avec des couleurs plus fortes. La même chose est vraie pour l’extérieur.


- Les couleurs spour nous orienter :
Les couleurs sont également capables de créer des liaisons visuelles dans/entre les espaces et de favoriser l’individualisme de chacun. De même, elles permettent de mettre en valeur un bâtiment et le distinguer par rapport aux autres à ses côtés ; par exemple, peintre un bâtiment avec des couleurs chaudes et intenses, notamment le rouge, permet de visuellement le mette en avant alors que les couleurs plus froides et plus claires telles que le bleu clair et le gris clair, permet de le placer visuellement, plus en arrière-plan. Il est également à savoir que notre champ de vision est fortement guidé et influencé par les couleurs fortes. Ainsi, la couleur peut être un atout facilitant l’orientation dans différents espaces, particulièrement les administrations, les hôpitaux, les écoles et autres espaces publiques.


Figure 43: Les couleurs sont une aide à l’orientation dans les hôpitaux, archdaily
- Texture et matériaux :
les textures et les matériaux sont des éléments clés de la conception architecturale, contribuant à l’esthétique, à la fonctionnalité et à l’expérience sensorielle des occupants. Une sélection judicieuse de textures et de matériaux permet de créer des espaces qui sont à la fois beaux, performants et adaptés aux besoins et aux préférences des utilisateurs.
Pour Zumthor le défi consiste à faire parler les matériaux les uns aux autres et donc à l’utilisateur de s’exprimer.
L’harmonie des matériaux en architecture implique une sélection judicieuse de matériaux qui s’intègrent harmonieusement à leur environnement, qui créent une esthétique visuelle cohérente et qui répondent aux besoins fonctionnels du bâtiment.

L’harmonie des matériaux implique également un équilibre des proportions et des échelles. Les matériaux doivent être utilisés de manière à créer un rythme visuel agréable et à mettre en valeur les caractéristiques architecturales importantes du bâtiment.
- Silence et bruits:
Le silence et les bruits jouent un rôle essentiel dans l’architecture, influençant l’expérience des occupants et la qualité de l’environnement construit.
L’architecture tient compte de la façon dont les sons se déplacent à travers un espace et de la manière dont ils sont perçus par les occupants. La conception acoustique vise à contrôler la propagation du son et à minimiser les sources de bruit indésirable, tout en maximisant la qualité sonore de l’espace.
En outre, le silence et les bruits influencent la qualité de vie des occupants d’un bâtiment. Un environnement calme et silencieux peut favoriser la concentration, la relaxation et le bien-être, tandis qu’un environnement bruyant peut causer du stress, de la distraction et des troubles du sommeil.

45 : La chambre la plus calme au monde, pinterest
le silence et les bruits sont des composantes importantes de l’architecture, influençant la qualité de vie des occupants, la fonctionnalité des espaces et l’expérience sensorielle globale d’un environnement construit.
3. Les caractéristiques architecturales des tiers lieux:
3.1 Spatialité et architectonique:
L’objectif poursuivi dans un tiers-lieu est l’ecouragement du dialogue et de la collaboration, les espaces dédiés à la conversation peuvent être séparés de l’espace consacré à l’activité pratiquée.
Le tiers-lieu nécessite une certaine flexibilité de son espace pour des questions d’aménagement et de circulation. De plus, il acceuille en général au moins une dizaine d’utilisateurs et doit donc disposer de surfaces adéquates pour pouvoir se réunir ou disposer de matériel et de mobilier nécessaires à l’activité pratiquée. Cela signifie donc que la structure doit permettre de grande portées tout en occupant le moins d’espace possible.
Les matériaux de revêtement se révèlent tout aussi important car ils permettent de contrôler l’ambiance du lieu, autrement dit, l’atmosphère visuelle est-elle aussi rendue neutre par l’utilisation de couleurs très claires sur la plupart des parois des espaces où sont pratiquées les activités, limitant ainsi les stimulations visuelles non désirées. Là où les éléments contructifs des lieux peuvent être rendus visuellement neutres, le mobilier semble être utilisée comme élément dictant l’ambiance du lieu, par exemple, un espace où le mobilier se caractérise par sa couleur et sa diversité dans un but de domestication de l’atmosphère du lieu. L’utilisation de mobiliers collectifs semble aussi être de mise pour favoriser les échanges entre les utilisateurs.
3.2 L’ambiance:
Le but recherché dans le tiers-lieu est de fournir un espace suffisament ouvert pour permettre l’organisation de plusieurs groupes d’utilisateurs tout en leur permettant de converser entre eux confortablement et sans gêner les autres. Ce contrôle acoustique passe donc par les choix de matériaux mis en oeuvre, la hauteur sous plafond et dans certains cas le cloisonnement des espaces. En ce qui concerne la lumière, on peut noter une certaine contradiction entre la hauteur sous plafond et dans le cloisemment des espaces.
Au niveau de la lumière, on peut noter une certaine contradiction entre la hauteur sous plafond régulée et la nécessité de larges surfaces. Les larges surfaces mènent à une grande profondeur d’espace et donc à une pénétration de la lumière solaire plus difficile sans hauteur sous plafond importante. Ceci amène donc à l’utilisation de lumière artificielle.
4. Les tiers lieux vers un archétype architectural :
Les tiers lieux jouent un double rôle : celui d’offrir un lieu d’activité où l’usager est proactif et celui de promouvoir la socialisation. Toutefois, la structure spatiale de ces deux fonctions diffère et définit le type de tiers-lieu présent. De plus, le système de services est une troisième constante des tiers-lieux, qui peut être déterminé ou non par un espace servant.
Espace de socialisation: Espace d’activité: bar, lobby.. Coworking, atelier..
5. Les différents types des tiers lieux:
5.1 Le tier lieu unitaire:
Ce type combine l’espace consacré à la socialisation des individus et l’espace consacré à l’activité dans un même espace. Il est possible d’utiliser ce genre de tiers-lieu lorsque l’activité qui y est exécutée ne nécessite pas de prérequis techniques spécifiques. Il est donc considéré comme un espace unitaire, mais qui peut être aménagé de manière à créer des espaces supplémentaires tels que des tables de réunion,... etc.Afin de maintenir un niveau sonore agréable, il sera nécessaire d’utiliser des matériaux absorbants et/ou des hauteurs régulées sous le plafond afin d’éviter des effets de réverbération trop sévères.
Figure 47: Type unitaire: fusion entre socialisation et acitivié pratiquée, par auteur
5.2 Le tier-lieu disjoint:
Dans ce genre de lieu, il y a une distinction nette entre les espaces de socialisation et d’activité. Toutefois, l’espace de socialisation est accessible même à l’utilisateur qui ne souhaite pas participer à l’activité de l’endroit. Ainsi, cet espace sert de transition entre l’interface et l’espace d’activité, à la manière du lieu. Ce qui distingue donc ce lieu, c’est l’autonomie de chaque espace qui le constitue.
Figure 48: type disjoint: coexistance et indépendances, par auteur
5.3 Le tier-lieu bipolaire:
Ce genre s’apparente au tiers-lieu disjoint, à la différence près que l’espace de socialisation n’est pas nécessairement conçu pour l’utilisateur qui ne souhaite pas participer à l’activité en place. Cet espace de socialisation est en effet considéré comme un support de l’activité et non comme un espace autonome, même si l’on observe une séparation spatiale entre les deux.
Ce genre de tiers-lieu se distingue donc par la connexion entre ses espaces, même si ils sont séparés.
Figure 49: type bipolaire: coexistance et interdépendance, par auteur
6. Configuration spatiale pour les seniors :
6.1 Hall et circulations :
Dans les établissements pour personnes âgées, le hall et les circulations prennent une importance particulière. Plus que de simples lieux de passage, ce sont des lieux de vie.
L’espace d’acceuil est à la fois la vitrine de l’établissement et un lieu très apprécié des résidents pour son animation. Bien conçu, il devient un lieu de séjour, de rencontre, de convivialité informel entre résidentss, visiteurs, personnel.
Largement ouvert sur l’extérieur, il doit être suffisamment grand pour y installer fauteuils, tables.. Pour les personnes dépendantes peu mobiles, l’espace d’acceuil peut intégrer certains services urbains.
Il peut alors devenir un espace convivial présentant une certaine urbanité sous forme de place ou de rue interne.

6.2 Les espaces communs :
Les epaces de détente doivent être comfortables mais aussi favoriser les échanges, stimuler la vie sociale, permettre d’observer l’animation intérieure ou extérieure. Il est donc souhaitable qu’ils nes soient pas clos mais au contraire ouverts sur le hall, les circulations.
Pour inciter les visiteurs à les investir, ils doivent être lisibles, identifiables. L’espace de sociabilité priviligié peut être aussi plyvalente, utilisée pour d’autres usages que la restauration. Largement vitrée elle peut être prolongée par une terrasse. Elle doit bénificier d’un bon éclairage naturel et d’une bonne acoustique.


6.3 Lumière, Couleurs, Matériaux :
La lumière
La lumière joue un rôle essentiel pour les personnes âgées qui souffrent souvent d’une baisse d’acuité visuelle, sont plus sensibles à l’éblouissement et ont plus de difficultés d’adaptation aux forts contrastes lumineux. Importante pour la santé, elle constitue également un repère temporel (jour/ nuit).La lumière naturelle doit être privilégiée au maximum dans tous les espaces y compris les couloirs... Les brisesoleils, auvents... permettent d’éviter l’éblouissement.Pour palier au déficit visuel, le niveau d’éclairage artificiel doit être augmenté mais en préservant une ambiance chaleureuse, en multipliant par exemple différentes sources d’éclairage (plafonniers, appliques...). Pour passer d’un lieu très éclairé à un lieu moins éclairé (par exemple de l’extérieur à l’intérieur) des transitions sont nécessaires.


Les couleurs
La couleur a un impact sur notre système nerveux et influe sur nos émotions. Elle joue sur l’ambiance d’un lieu le rendantagréable, reposant, excitant, stressant... Au même titre que la lumière naturelle, la couleur intervient dans la perception de l’espace et le repérage. Les couleurs chaudes (rouge, orange, jaune...) sont plus dynamiques et excitantes, les couleurs froides (bleu, vert...) plus reposantes et apaisantes.
Les personnes âgées ont souvent des difficultés à distinguer les couleurs (vision floue, contrastes atténués...). Les tons pastel ne sont pas adaptés. Il est préférable d’utiliser les couleurs chaudes ou lumineuses, mieux perçues, et de jouer sur les contrastes. Dans les établissements d’accueil, un code couleur, cohérent avec l’architecture et l’usage des lieux peut faciliter le repérage (par exemple: couleur par niveau, par fonction...). Ils doivent aussi s’adapter aux déficiences des personnes âgées, en particulier pour les revêtements de sols: instabilité, risques de chute, d’éblouissement... Les sols inégaux, glissants, créant des reflets sont donc à proscrire. Dans les établissements d’accueil, la robustesse et la facilité d’entretien doivent aussi être prises en compte.

Les matériaux
Par leurs matières, leurs textures, leur valeur culturelle, les matériaux peuvent également faciliter le repérage et stimuler les sens chez les personne âgées.

56 : Maison de retraite de Pesmes, archdaily
7. Configuration spatiale pour les enfants :
L’enfant acquiert dès son plus jeune âge la notion d’espace. Il l’explore grâce à ses sens et à son corps : le toucher, l’odorat, la vue, l’ouïe sont ses moyens de communication et de communication et de se reconnaître dans son entourage.


Les enfants acquièrent des compétences visuelles, tactiles et auditives pour reconnaître et percevoir la taille, la forme et le contexte spatial, ce qui leur permet de s’y adapter.
57 : Maple street preschool, USA, archdaily
7.1 Proportions et echelle :

58 : Ergométrie pour enfants, Neufert
Afin de faciliter la compréhension de l’espace, il est nécessaire de donner à l’enfant une architecture minimaliste en ce qui concerne les proportions et l’aménagement. L’objectif est donc de créer un espace adapté à l’enfant.
C’est pourquoi l’enfant a la liberté de se promener et de déambuler, ce qui lui procure un sentiment d’épanouissement tout en l’encourageant à découvrir sans être guidé.

Figure 59 : Galerie de la bibliothèque scolaire Umbrella, Brazil

Figure 60 : Crèche, RAM et Maison de quartier, ZAC de la Remise, Voisins-le-Bretonneux
7.2 Texture et matériaux :



Comme matière et lumière sont parfois mises en scène dans une complémentarité recherchée, on trouve des espaces qui sensibilisent l’enfant à la nature grâce à l’immersion du bâtiment à travers des textures.
Mettre l’enfant en contact avec des matériaux de différents textures (durs, doux, froids, granuleux,) lui permettre d’enrichir ses expériences sensorielles et son imagination.
○ Expérience du mur interactif: L’expérience du mur interactif est un mur sensoriel qui offre une variété de textures: bois, carton, ardoise, ce présente une interface de communication type de mur avec l’espace et stimule l’imagination chez l’enfant.
7.3 Les formes:

Figure 64 : Forme des meubles

: Dalezhiye Kindergarten, Chine

Les diverses variations de la forme nous conduisent à diverses possibilités. Il s’agit d’une manière pour l’enfant de se situer et également de stimuler son imagination et sa curiosité.

La Tokyo Fuji School est un bâtiment ovale dont l’architecte souhaitait supprimer les obstacles physiques qui existent dans les établissements éducatifs classiques de la petite enfance afin de créer un espace continu où l’apprentissage et les loisirs sont infinis.
7.4 Les couleurs :



L’enfant commence à comprendre l’espace, à établir des relations projectives en utilisant des outils de stimulation tels que la couleur. La couleur a un rôle pratique , elle facilite la localisation et l’orientation de l’enfant dans l’espace. Ainsi, l’emploi des différentes teintes à l’intérieur et à l’extérieur facilite la reconnaissance des différentes fonctions et activités de son propre espace par l’enfant.
Par ailleurs, contribuer au développement de leur personnalité et de leur créativité en instaurant une ambiance propice à leur épanouissement. L’utilisation de la couleur dans la conception de l’espace vise à générer un effet ambiant.
Conclusion
du chapitre
Les tiers lieux se révèlent être des espaces cruciaux pour le développement des interactions sociales et intergénérationnelles, ils facilitent les échanges et les collaborations entre des individus de différents âges, cultures et horizons.
Ces espaces permettent non seulement la transmission de savoirs et d’expériences entre les générations, mais aussi l’émergence de nouvelles idées et innovations grâce à la diversité des perspectives qu’ils accueillent.
Les tiers lieux jouent un rôle fondamental dans le renforcement de la cohésion sociale en brisant les barrières générationnelles et en créant des opportunités de partage et d’apprentissage mutuel.
Ils contribuent à maintenir les aînés actifs et impliqués dans la vie communautaire tout en f ournissant aux jeunes des mentors et des modèles inspirants. Ainsi, les tiers lieux deviennent des foyers de créativité et de solidarité, où chaque génération peut apporter sa contribution unique à la communauté.
Comment peut-on concevoir un espace qui favorise la pratique des relations intergénérationnelles?