Première Pluie maG azINe
Valérie Donzelli à Gérardmer, Nicolas Mathieu, Calais, le canal, sexe, jeux et danses de la pluie
Numéro 2 Nancy, Printemps-Été / 2022
Gratuit
OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE
Giacomo Puccini
22 juin 2 juillet 2022 | Opéra
direction musicale
Antonello Allemandi
mise en scène Silvia Paoli
opera-national-lorraine.fr
SOMMAIRE 3 É DITO p 4 OURS p 5 ICVQ p 7 BD p 8 NANCY MUSIQUE p 9 VALÉ RIE DONZELLI À GÉ RARDMER p 11-14 CALAIS, L’INDIGNE EXIL p 16-19 24H AUTOUR DU CANAL p 21-23 GRAND ENTRETIEN, NICOLAS MATHIEU p 24-27 LA CULTURE AU TEMPS DU COVID p 29-30 PREMIÈ RE FOIS p 32-33 EN MARGE p 34 LE TEMPS DES FÊ TES p 35-37 TOUT EN HAUT ÇA BRILLE p 38-41 JEUX p 42 HOROSCOPE p 43 ALLEZ OÙ Y’A p 44 MIAMMIAMIA p 45 REMERCIEMENTS & CONTACT p 46
Août 2021. Épinal. Une grosse machine bruyante superpose les pages en rythme. Disposées en planches de quatre. C’est notre premier magazine. Quelques jours plus tôt, on a cliqué sur le bouton « envoyer », et maintenant on assiste à la naissance physique du projet sur lequel on a passé tout le début d’année. On connaît toutes les pages par cœur, mais on les redécouvre, toutes chaudes. Donc c’est bon ?
On a voulu voir pour de vrai, on a pris une journée de repos, et on a fait le voyage dans les Vosges, en groupe. Comme des gosses dans une fabrique de bonbons pendant les grandes vacances. Ensuite, le magazine a été livré. Un gros camion s’est arrêté. Des dizaines de cartons, portés un par un, passés de main en main. Donc c’est vrai ?
Le premier magazine, c’est notre plus beau coup de bluff. Quand on a commencé à travailler dessus, on a fait comme s’il n’y en aurait pas de deuxième. Pour tout donner. Pour être parfaitement fier·es de ce qu’on allait proposer du premier coup. On a passé des heures sur tous les détails. À tel point que ça a été dur de passer à la suite. Bref voilà un deuxième numéro.
Pour vous qui dites merci pour le premier. Pour les grands yeux quand on dit que c’est gratuit. Pour les remarques sur la qualité du papier, la beauté du graphisme, ou les sujets choisis. Pour le soulagement qui succède au stress après le joyeux bordel du bouclage. Pour le bruit des machines à l’impression, le papier qui sent bon et le poids des cartons. Attention, on va en faire plein d’autres.
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Première Pluie
édi t o
CE MAGAZINE EST ÉDITÉ PAR PREMIÈRE PLUIE
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DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ARTHUR GUILLAUMOT
RÉDACTEURS EN CHEF : ARTHUR GUILLAUMOT, JOSHUA THOMASSIN
COMITÉ DE RÉDACTION : ARTHUR GUILLAUMOT, DIEGO ZÉBINA, ELOISE DAVE, JOSHUA
THOMASSIN, MARIE-FLEUR LIÈVRE, MARIE PAQUER, PAULINE GAUER, ROMAIN BOUVIER
ARTISTIQUE : MATHILDE PETIT / @TITEP.M, VALENTINE POULET / @CHOCDETOI
DIRECTION
PHOTOGRAPHIES : DIEGO ZÉBINA / @DIEGOZEBINA, PAULINE GAUER / @PAULINEGAUER, VALENTIN REGAZZONI / @VALENT1STAGRAM
ILLUSTRATIONS : ANAÏS TAZIBT / @WISPYART_, CAMILLE SCALI / @CAMILLE.SCALI, JEANNE
IDATTE / @JEANNEIDATTE, JOANE GUIHEUX / @JOGHX, MATHILDE PETIT
GRAPHISME : DIEGO ZÉBINA, HUGO AOURAGH, MATHILDE PETIT, NOÉLIE DESSALLE / @ NONOTUTO, VALENTINE POULET
COUVERTURE : DIEGO ZÉBINA
IMPRIMÉ PAR LA NANCÉIENNE D’IMPRESSION (54)
FONTS : OGG ; GOTHAM ; KRAFT ; GRAND ROYAL ; HEAP ; LADI ; MESSAPIA ; MONUMENT ; NEW YORK ; ECKMANNPSYCH;
DÉPÔT LÉGAL EFFECTUÉ À LA SORTIE DU MAGAZINE
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Photos par Diego Zébina
ÀNancy, tout le monde connaît Marcel Picot. Enfin pas Marcel Picot l’homme, sinon ça veut dire que vous n’êtes plus jeune et que vous l’avez connu avant sa mort en 1967. Si vous l’avez connu à sa naissance, je m’inquiète direct, parce qu’il est né en 1893. Mais qui était Marcel Picot l’homme avant de devenir Marcel Picot le stade ?
Marcel voit le jour à Nancy, dans une famille spécialisée dans la broderie, qui bosse notamment pour Eugénie, l’impératrice des français. Marcel s’en fout et s’engage dans l’armée en 1912. Une envie de faire la guerre avant même que ce soit à la mode. Par contre, il est sauvé par son statut d’officier à Verdun puisqu’il est fait prisonnier et envoyé en Bavière.
Après la grande boucherie, Marcel est libéré, revient à Nancy et n’aime toujours pas la broderie. Il se lance dans le business des chapeaux. Là, il fait de la maille, comme on dit dans la broderie. Avec son argent, il devient le Bernard Tapie de Nancy, et investit dans le sport. Notamment le rugby et le foooooot. Président d’un club c’est cool, mais on va pas jouer dans les champs de patates. Marcel Picot obtient de la ville le droit de construire un terrain au Pont d’Essey à Tomblaine.
Inauguré en 1926 par un meeting d’athlé, après 5 ans de travaux, le stade s’appellera Parc des sports du Pont d’Essey jusqu’en 1968. Comme Marcel Picot est mort l’année précédente, on donne enfin son nom au stade, alors que vient d’être créé l’AS Nancy Lorraine.
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ICI VÉCU
Texte par Arthur Guillaumot Illustrations par Jeanne Idatte Graphisme par Valentine Poulet
ICVQ
BD par Jeanne Idatte / @jeanneidatte
NancyMusique NancyMusique
La première fois que je suis venu à Nancy, il faisait chaud. C’était il y a quelques années. C’était l’été. Celui d’après le bac. Comment on peut passer une si grande partie de sa vie sans venir à Nancy ? Je précise que j’ai grandi à 174 kilomètres de là. On a fait le tour des églises de la ville. Allez savoir pourquoi. J’ai pensé que la ville avait 1000 églises. La musique parfaite pour rafraîchir cette ambiance ? L’Adagio for Strings and Organ in G minor de Tomaso Albinoni.
Puis j’ai habité ici. Des tours la nuit, détours le jour. De l’avenue Foch à la rue des 4 Églises, sans négliger le canal, Saint-Epvre comme il faut, et toutes les rues parallèles, pour le goût des rituels, la pluie et le soleil qui se succèdent, dans le bal perpendiculaire des jours ici. J’écoutais Saba, qui venait de sortir son disque Care for Me, sur lequel se trouve Calligraphy, qui m’a obsédé.
J’ai quitté la ville. Je ne suis pas revenu pendant un long moment. Et puis, comme des vieux amis qui se sont disputés pour un motif oublié des deux partis, on s’est tombés dans les bras. Des allers-retours l’été dernier pour inventer le magazine, négocier des trucs, mesurer la ville. J’écoutais Copacabana de Chanceko aussi souvent que possible.
Comme il y a parfois des avenues, des rues, des boulevards, qui montent et descendent, j’ai appris dans cette ville, à jouer avec mes respirations. Pongo a fait des hymnes parfaits pour ça. Je lance Kuzola dans mes écouteurs à fils, pour fêter ce que la vie nous réserve. Hop.
Ces derniers jours, je trouve que Harbour de Cate Le Bon est le morceau parfait pour explorer des nouveaux endroits ou en rejoindre d’autres qu’on connaît depuis longtemps. Comment naissent les chorégraphies ? On pourrait en inventer une, pour le matin d’été, café en terrasse. À Nancy, il faut la Bande-Originale des énergies particulières.
1 / Adagio for Strings and Organ in G minor - Tomaso Albinoni 2 / Calligraphy - Saba
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/ Copacabana - Chanceko 4 / Kuzola - Pongo
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/ Harbour - Cate Le Bon 9
Texte par Arthur Guillaumot Photo et graphisme par Diego Zébina
24.25.26 JUIN
PARC DE CHAMPAGNE Music Festival Reims
LE CRÉDIT MUTUEL DONNE LE DEPUIS La Cartonnerie présente
DRÔLE D’ENDROIT POUR UNE RENCONTRE
Un festival de cinéma de genre, les pieds dans la neige. C’est le plan. Le Festival International du film Fantastique de Gérardmer s’installe tous les ans sur les bords du fameux lac, la dernière semaine du mois de janvier. Belles frayeurs et grands films, au milieu de l’hiver. On a testé pour vous. de la place Albert Ferry fait figure d’augure local. On converge pour le consulter : Est-ce qu’on va chuter sur les pistes ? Quel film triomphera de la compétition officielle ? La bande du jury est emmenée cette année par Julie Gayet, avec entre autres Valérie Donzelli, Bertrand Mandico, Mélanie Doutey ou Grégory Montel. Le Grand Prix et le Prix du jury jeunes sont allés à Egō, le premier film de Hanna Bergholm, tandis que le jury a attribué le sien à La abuela de Paco Plaza et à Samhain de Kate Dolan. Des films intenses, comme tous ceux qui sont projetés là, qui grattent, qui font parfois se cacher un peu les yeux, mais qui interrogent par la profondeur des frissons qu’ils mettent en place. Les journées commencent tôt et se finissent tard, on rentre en pleine nuit, le sol est gelé, on glisse, on est bien. On imagine des loups qui descendent de la forêt, et des monstres qui grouillent dans le lac. Pas de doute, on s’est imprégné du festival. Il faudra partir pourtant. Après une édition 2021 en ligne, tout le monde était content de se retrouver. Nous, on a découvert. Et on reviendra.
Pour arriver à Gérardmer, il faut un peu le mériter. Depuis Nancy, on peut choisir dans un premier temps de rallier Épinal, Saint-Dié-des-Vosges ou Remiremont. On opte pour la préfecture du département 88, où on s’enfile un modeste mais chic sandwich avant de monter dans un bus qui rappelle les grandes heures de nos sorties scolaires. Il a neigé récemment, les grands sapins exhibent leur parure de saison sur notre passage. Les routes se tortillent laissant présager qu’on gagne en altitude, jusqu’à dévoiler la fameuse cité inca, nichée près de son lac et de ses reliefs. Les haut-parleurs des rues de la ville diffusent des chansons populaires, tandis que des vacanciers en fin de séjour croisent des journalistes aux mines pâles.
C’est forfait de ski contre badge presse. Aux tables des restaurants, on parle aussi bien des pistes rouges et de la qualité de la poudreuse que d’After Blue (Paradis Sale), le dernier Mandico. Venir ici, c’est accepter l’expérience. Du trajet à l’ambiance. On se balade de l’espace Lac au cinéma Paradiso en passant toujours par le ciné du Casino. Le manège
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/ VALÉRIE DONZELLI À GÉRARDMER
En prenant toujours le soin d’accorder à la réalité la touche de magie qui lui fait défaut, Valérie Donzelli s’est fait une place à elle dans le paysage du cinéma français. Elle vient notamment de réaliser une série pour Arte, Nonaetsesfilles. Au Festival du film Fantastique, elle faisait partie du jury longs-métrages, alors on lui a posé des questions.
Ici, à Gérardmer, vous êtes un peu la locale de l’étape. Je suis née à Épinal. Mes parents sont lorrains, ils sont nés à Bar-Le-Duc tous les deux. Du côté paternel, ce sont des immigrés italiens. Mon arrière-grand-père est venu au Luxembourg avec sa famille pour restaurer le pays après la Première Guerre. Avec ses enfants qui étaient petits. Ils étaient artistes, peintres, sculpteurs. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ils sont partis à Valence, en zone libre. Mon grand-père est remonté en Lorraine pour se faire un nom, puisqu’il vivait dans l’ombre de son père. Il a monté une petite école d’art à Saint-Mihiel qui existe toujours. Il a restauré toutes les églises de la région, dans la Meuse. C’est là que sont mes souvenirs d’enfance. Près de Com-
mercy. Je connais vraiment bien le coin. Je n’ai jamais été scolarisée à Nancy, mais j’ai beaucoup de famille dans la région. Et c’est une région dans laquelle, vous situez parfois vos films.
Oui ! Main dans la main, je l’ai tourné à Commercy. Et c’est aussi le cas dans Notre Dame par exemple, puisque Maude Crayon vient des Vosges.
Oui, elle vient d’Épinal aussi. Je suis née dans les Vosges, mais j’ai grandi en ban-
lieue parisienne, puis j’ai vécu à Lille. Je suis à la fois une enfant de la province et une banlieusarde. Paris c’était la ville où tout était possible, qui me semblait doublement inaccessible, même en habitant à côté. C’est proche et loin, c’est frustrant. Mon adoles-
cence c’était dans les années 80-90, il n’y avait pas internet. On manquait de cinéma, on devait prendre le RER, le bus ne passait pas. C’était une expédition. Mais dès que
je pouvais y aller j’y allais. Ma tante habitait près des Champs-Élysées, le quartier chic de l’époque, des stars. On pouvait voir Jean Reno. Le Paris un peu de la nuit. Trois regards, les villages, la banlieue, et l’intérieur de la grande ville. C’est ça. C’est ce qui fait que j’ai toujours été sensible à ces interrogations de classes. De milieux sociaux. En France, il y a quelque chose d’assez codifié. Ce pays a toujours été centralisé sur Paris. La ville du Roi et de la Lumière en quelque sorte. Et la province c’était les ploucs. Malgré la Révolution, ce truc violent de castes est resté. Avec un grand centralisme.
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On le ressent particulièrement quand on rentre dans un milieu comme le cinéma ?
C’est un peu bizarre. J’ai un parcours un peu bizarre. Je n’ai jamais rêvé de faire du cinéma. Je n’ai pas convoité ça. C’était presque par nécessité, par besoin de faire. Ça m’a dépassé. Mais je n’ai jamais cherché à rentrer. Mais oui, c’est un milieu dans lequel il est compliqué d’entrer.
Comme femme réalisatrice, depuis votre premier film en 2009, est-ce que vous sentez une évolution dans les regards, dans la confiance qu’on vous accorde ?
Je suis peut-être un mauvais exemple encore une fois, parce que j’ai toujours fait les choses dans mon coin. Avec une énergie de faire sans rien demander à personne.
En allant même jusqu’à vous produire vous-même.
Exactement. Mais je vois arriver une vague de femmes réalisatrices, c’est plutôt chouette et joyeux. Elles ont énormément de choses à dire et elles sont brillantes. J’espère que la question du cinéma fait par des femmes ne se posera bientôt même plus. Qu’il y aura juste des réalisatrices et des réalisateurs qui font des films. Mais on sent le mouvement. Là on a vu quelques films, 3 réalisés par des femmes et 2 par des hommes.
Et c’est bon signe que ça infuse jusque dans le cinéma de genre.
Oui, d’autant plus que la figure féminine est très présente dans le cinéma de genre. Chez les sorcières ou dans les questions de relation mère-fille. Je ne m’en rendais pas compte, mais la femme est très présente dans le champ visuel du cinéma fantastique.
Et à toutes les strates, enfant, victime, sorcière ou tueuse.
Oui, c’est très étonnant. Il y a peut-être plus de représentations de femmes que d’hommes. Ça m’a marqué.
C’est votre première expérience dans le cinéma de genre, ici ?
Oui. C’est un cinéma que je ne connais pas tellement. Je me situe plutôt du côté des films plus romanesques. Mais finalement, mes films flirtent parfois avec le genre, avec le décalé. Je me rends compte que je ne connais pas très bien mais qu’en même temps, ça m’est familier. J’y suis sensible.
On s’y permet des choses ?
Oui, mais je note une façon de raconter des traumatismes ou des souffrances, autrement que par des mots. Avec des choses très abstraites. Donc je suis contente, c’est une expérience très enrichissante
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dans l’Est.
Ça pourrait donner naissance à l’envie de tenter des choses, dans ce genre-là?
Encore une fois!
Bah là déjà je fais un film, que je tourne bientôt, qui est beaucoup plus sombre, plus
dur que d’habitude. Qui parle d’une renaissance, mais qui passe par le mental. C’est
une histoire d’emprise, qui touche un peu plus près du thriller. En plus, le film se passe
s’auto-diriger?
Reinhardt [auteur né à Nancy, ndlr]. Je suis en train de le faire.
Hâte de voir. Vous jouez toujours dans les films que vous réalisez, sauf Marguerite
Mais oui ! Cette fois c’est l’adaptation de L’amour et les forêts (2014, Gallimard) d’Éric
J’aime être à une autre place que celle d’uniquement metteuse en scène. Mettre en
et Julien, qu’est-ce que ça apporte d’être à la fois l’actrice et la réalisatrice, de
scène c’est une place lourde, on peut se sentir très seule. Je tiens à me mêler aux ac-
dique prend le dessus. De quoi chaque nouvelle réalisation doit-elle être la première fois?
trices et aux acteurs. Quand je ne joue pas, je ne me sens pas intégrée. C’est une façon
de me cacher pour diriger le film de l’intérieur. J’aime ça. Ça emmène le film dans une
énergie. Je ne suis pas à l’aise en cheffe de bord. Ce que j’aime dans le cinéma, c’est
écrire, penser les films. Le tournage est un endroit qui m’angoisse, il y a beaucoup de
J’ai l’impression que ça appartient au cinéma. Chaque film est un prototype. Ce qu’on
pression. Malgré tout, j’adore tourner, parce que ça veut dire qu’on fait un film et c’est
apprend sur un film ne va pas forcément nous servir sur le suivant. La plupart des pro-
beau, mais je me lève le matin avec la boule au ventre. Mais quand je joue, le côté lu-
blèmes sont différents. C’est ce qui est beau avec les films. C’est une régénérescence
absolue et permanente. L’histoire, l’écriture, la façon de filmer, le matériel. Il n’y a pas
de films qui se ressemblent. Tout est nouveau à chaque fois. Là j’ai fait l’adaptation de
L’amour et les forêts, mais avant j’avais écrit un autre film, une comédie musicale pour
laquelle l’écriture a été laborieuse. Chaque film est une aventure et une première fois.
VALÉRIE DONZELLI
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Texte et discussion par Arthur Guillaumot Illustrations et dessin par Camille Scali Graphisme par Valentine Poulet
Calais, l’indigne exil
Depuis l’existence de la Jungle de Calais, démantelée en 2016, la crise migratoire ne cesse de s’aggraver. Des familles et des hommes seuls originaires de pays en conflit comme le Soudan, la Syrie, l’Éthiopie, l’Érythrée ou l’Afghanistan, continuent de survivre dans les quelques friches restantes de cette ville du nord de la France, en attendant de traverser. Après un long périple, les 43 kilomètres de la Manche les séparent de ce paradis d’asile inaccessible : l’Angleterre. Les violences policières et les politiques migratoires inhumaines rythment un quotidien de détresse où l’espoir s’essouffle.
Azamat survit depuis des mois dans la jungle de Hospital, en périphérie de la ville. Il a fui l'Afghanistan après qu’une bombe ait détruit sa maison, prenant la vie de sa famille. Il a parcouru des milliers de kilomètres jusqu’à Calais, dans l’espoir de rejoindre l’Angleterre.
Texte et photos par Pauline Gauer
Dans les lieux de vie, les exilés sont évacués de force toutes les 48 heures par les CRS, sur ordre des autorités. Parfois sans prévenir, ils confisquent couvertures et affaires personnelles et perquisitionnent les tentes. Certains exilés sans papiers sont embarqués dans des camions pour être emmenés dans un Centre de rétention administrative (CRA).
Une chaussure repose sur l’herbe d’un sol encore verdoyant, abandonnée par un jeune réfugié qui pousse un lourd caddie de nourriture et de duvets. La jungle de Hospital abrite une communauté d’hommes seuls, originaires d’Afghanistan et de Syrie. Pendant les évacuations des jungles, ils font face au racisme et à l’humiliation des forces de l’ordre.
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Les nombreuses associations de Calais viennent en aide aux exilés et dénoncent une situation inhumaine. Au milieu des palettes et des cartons de fruits de l’association Refugee Community Kitchen, des œuvres sur les conteneurs des associations de Calais témoignent de la vie dans les jungles depuis 2014.
La musique résonne dans la cour du Secours Catholique de la ville. Pour le nouvel an, autour d’un repas, exilés et bénévoles ont partagé la piste de danse pendant le concert de Dallo, un rappeur soudanais qui raconte dans ses chansons le trajet depuis le Soudan jusqu’à la frontière franco-britannique.
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L’association Utopia 56 conduit des exilés à un arrêt de bus, en direction d’un Centre d’Accueil et d’Examen des Situations administratives, pendant une durée maximale de 11 jours. Dans ces centres, les couples et familles peuvent se reposer et commencer s’ils le souhaitent leurs démarches pour une demande d’asile.
Le 7 janvier dans la jungle de Stadium, des exilés érythréens célébraient le Genna, Noël du calendrier julien. Il marque la naissance du Christ dans la religion orthodoxe. Un moment de fête malgré la menace d’une intervention policière, où l’on partage un repas chaud et du café autour du feu de camp, près d’un rond-point de la ville.
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autour du canal à Nancy 24 heures
Expédition aux alentours de l’eau nancéienne. Et ceci sur une journée complète, car il faut au moins 24H pour voir tous les détails d’un lieu.
On se concentre sur la seule eau traversant les limites strictes de la cité ducale : notre célèbre canal, qui est une partie du canal de la Marne au Rhin.
7h-10h : Arriver au paradis du jogging
Et oui, il le faut, vous le savez, il n’y a plus qu’une pratique sportive qui compte vraiment : le jogging. Et rien de mieux pour l’effectuer que de s’aider d’un canal. Car un canal est plat, et accompagné de trottoirs plats, pour permettre de courir de façon plate. De plus, l’eau est un catalyseur de puissance, décuplant votre faculté de course, c’est prouvé. Le canal est donc le meilleur endroit jogging de la ville, sans contestation. C’est votre première étape pour devenir riche et populaire.
10h-12h : Admirer le jardin d’eau, à côté de l’eau
Parce que l’eau du canal n’est pas suffisante pour apaiser les cœurs, le meilleur aménagement sur ses bords est sans aucun doute le jardin d’eau. Composé de plusieurs parties toutes différentes, c’est un endroit de calme et de lévitation. Oui, léviter, c’est comme voler mais pour les humains. Si vous arrivez à vous concentrer assez, vous pourrez peutêtre rejoindre cet îlot situé au centre du bassin des nymphea. Il est plus beau après le printemps.
12h-16h : Suivre un oiseau, ou deux, ou trois
Les humains sont interdits de baignade dans le canal, et c’est assurément pour notre bien. Mais les oiseaux n’ont pas cette contrainte et ils ont l’air d’apprécier l’eau trouble, surtout les canards. Ils s’y prélassent avec tant d’élégance que cela peut rendre jaloux, et comme si cela ne leur suffisait pas, ils plongent même à l’intérieur. Si vous êtes ingénieux, vous arriverez à les suivre le long de leur périple migratoire et si vous êtes encore plus ingénieux, vous pourrez les dresser pour qu’ils vous suivent.
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Texte par Josh Graphisme et illustrations par Mathilde Petit Photos par Valentin Regazzoni Retouches par Diego Zébina
16h-18h : Fantasmer sur des ponts qu’on ne peut emprunter
Il n’y a pas tellement de ponts sur ce canal, et il n’y en a d’ailleurs pas besoin de plus. Mais votre inconscient vous contraindra de l’attendre, le prochain pont, sans forcément désirer l’emprunter. C’est alors qu’en croisant des faux ponts, vous aurez l’envie de revenir en arrière dans notre histoire pour être de nouveau un primate et pouvoir grimper aisément sur ces ponts en tube qui ont l’air très agréables à franchir.
21h-7h : Danser avec les péniches
Le canal compte ses propres habitants, on les appelle des péniches. Certaines ont l’air d’être là depuis des millénaires et sont devenues des maisons qu’il sera dur de déloger. Mais d’autres ne sont là que pour le plaisir, et logent donc au port de plaisance. Avec ces péniches là, tout est permis : vous pouvez pique-niquer avec elles puis enchainer sur une soirée fête où seul votre déhanché se fait attendre. Libérez-vous au contact de l’eau et de ses habitants.
18h-21h : Juste un banc
Parce qu’on peut s’activer autant qu’on veut, trouver les meilleurs voyages et destinations, être fan de tourisme en tout genre, parfois tout se résume à juste un banc. Être là, assis.e, de façon calme, sans rien attendre de particulier à part que le paysage se bouge, ou pas. Juste profiter de son banc et du fait que les fesses soient particulièrement en aise avec le bois qui les accueille. Et le bonheur ici, c’est que c’est bien plus que juste un banc, c’est un banc de canal.
Vous trouverez le canal à l’est de la ville, à quelques centaines de mètres de la place Stanislas. Prenez le tram (gratuit le week-end) et descendez à Division de Fer ou sinon en deux roues (station vélOstan’ lib à proximité, gratuit le week-end aussi) ou avec vos pieds, selon votre préférence. Attention, ne confondez pas le canal et les rives de Meurthe (plus stylées mais pour un prochain magazine).
NICOLAS MATHIEU, TERRE BRÛLÉE
La sortie de Connemara, le nouveau roman de Nicolas Mathieu, plus de trois ans après son prix Goncourt, devait forcément constituer un événement. Un roman qui continue le travail entamé avec Leurs enfants après eux : celui d’une grande peinture. Et la force de frappe a augmenté. Discussion avec l’auteur.
À votre avis, quand on fait un nouveau roman, on augmente ou on corrige le précédent ?
Ah. C’est une vraie bonne question. Un peu les deux. On l’augmente. J’ai l’impression que des boutures prennent d’un roman à l’autre. Des personnages qui sont joués d’une autre manière, des thématiques qui sont creusées, des sujets qui sont redépliés. Dans les deux derniers, j’ai essayé de pousser plus loin certains efforts. Il y a une volonté, comme on dit, d’empuissantement. Et en même temps, sans doute qu’on corrige aussi. Quand on rencontre les gens, on entend des choses sur son roman. Sur l’idée de réussite, par exemple, on me disait beaucoup que les personnages de Leurs enfants après eux n’avaient pas de chance, qu’ils étaient des ratés. Il y a la volonté de prendre en compte ce genre de choses, de ressentis. Redire autrement, ça procède d’une forme de correction. Il y a un côté palimpseste. On refait le même, par dessus.
Vous pensez avoir trouvé un bloc de marbre, une matière, à travailler plusieurs fois avant d’arriver au bout ?
Vous savez je ne crois pas que ça soit délibéré ou volontaire. J’ai l’impression que souvent on fait ce qu’on peut, avec les moyens dont on dispose. J’ai des hantises, j’ai des obsessions, j’ai mon histoire et mes curiosités. À la jonction de tout ça, j’essaie d’écrire des romans. À la fin, si tout va bien, ça fait un monde.
Je pose un personnage, et au fur et à mesure, avec les interactions avec les autres personnages, son histoire se déplie dans le mouvement de l’écriture. Il va prendre de la chair et se mettre à exister. Je n’attends pas d’avoir capitalisé de la matière avant de me lancer. Chez moi, quasiment rien ne préexiste à l’écriture.
Donc quand vous lancez le personnage d’Hélène par exemple, dans Connemara, vous ne savez presque rien d’elle ?
J’ai quelques idées. Je l’image un peu physiquement. J’ai des points de repère dans ma vie à moi. Mais globalement, c’est dans l’écriture que ça se développe oui.
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Et sur l’environnement, le monde qui est le sien, il y avait une envie de vous y intéresser, dès le début ?
Oui. Ça oui. Comme je le disais, un roman, ça bourgeonne à la croisée des hantises, des curiosités. Le monde de l’open space, du consulting, j’avais envie de travailler là-dessus. Ça me travaillait depuis très longtemps. C’est quelque chose que j’ai subi. Donc j’avais envie de me venger sans doute.
Elle peut servir à ça, la Littérature, à se venger de certaines choses ?
Pas toute la Littérature, mais celle que je fais sert un peu à ça oui. Ça devient un art un peu martial, qui vise à inverser le rapport de force. Des forces s’exercent sur moi ? J’oppose la Littérature. Le temps passe ? Je fixe des histoires, des affects, des personnages. C’est une bataille contre la vie. Pas la Littérature en général, mais celle que je fais moi. Tout dépend du métabolisme que l’on a. Le mien est un peu guerrier.
LA LITTÉRATURE,
C’EST UNE BATAILLE CONTRE LA VIE.
Littérature belliqueuse.
Oui, absolument. Ça me va bien. C’est pour ça que ça commence aussi par la colère. C’est un bon carburant pour mener une bataille. Je ne me soigne pas en écrivant, je mène une guerre contre la bêtise. C’est une affaire sérieuse.
Ceci dit, sans vous soigner, est-ce que tout ça serait moins supportable sans la Littérature ?
Oui, clairement. D’ailleurs, quand je n’écris pas, je me sens vite perdu. Je peux même broyer du noir. L’écriture donne du sens à ma vie et me permet d’empoigner les choses qui me posent problème. Mais c’est aussi un corset. Ça me discipline. Un athlète veut sa médaille, mais son entrainement, c’est ce qui lui permet de se constituer un corps. Comme tout art, la Littérature est un mode d’être.
Vous défendez une Littérature comme hygiène ?
Oui, c’est totalement ça. Une forme d’ascèse.
Quand on reçoit le prix Goncourt, qu’est-ce qui est le plus pénible ?
La première angoisse, c’est de se dire qu’on va être privé d’écrire pendant un bon moment. C’est inquiétant. Il y a des cas de gens qui ne se sont jamais remis de ça, qui n’ont plus fait de bons livres après. Il y a une hantise de perdre la main.
Et de prendre la confiance ?
Plutôt une peur de perdre du muscle. Par manque de pratique. Comme un sportif blessé alors, si on revient à l’hygiène.
Voilà ! Et il y a aussi une angoisse de la répétition. Partout, pendant un an et demi, vous êtes amené à répéter tout le temps la même chose.
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La tournée de Connemara est pas mal non plus. Mais c’est bon signe non ?
Oui. Je tenais à ce que le livre ait du succès. C’est une satisfaction personnelle, mais il y a aussi l’objectif politique. Que le livre soit lu. Qu’il rentre dans les têtes. Qu’il ait de l’effet sur les gens. Je suis du côté populaire de la chose.
Que ce nouveau roman paraisse, avec ses thématiques et son ancrage, en année présidentielle, c’est un choix ?
Je n’avais pas calculé mon coup quand j’ai commencé à l’écrire. Mais quand il s’est avéré que si je le finissais trois mois plus tôt que trois mois plus tard, on pourrait le sortir en février 2022, c’est devenu un choix.
Vous êtes content de l’interprétation qu’on peut en faire ?
La réception me convient. Il y a toujours des malentendus sur la nostalgie. Sur le Grand Est. Mais ce sont moins mes questions finalement. Mais bon, voilà. Je ne suis pas le petit garde-chiourme, ou le douanier du sens de mes romans. Ça se construit aussi avec la lecture. Je n’ai pas vocation à donner tort aux lecteurs.
Pourquoi à votre avis une certaine partie du lectorat voit Hélène et Christophe dans Connemara ou les protagonistes de Leurs enfants après eux comme des ratés ?
Parce qu’ils se font une idée de la réussite qui est constituée par les a priori de notre temps et que ça ne coïncide pas avec les vies que moi je décris. C’est de l’idéologie tout ça. Une manière de penser le monde à partir de prérequis que la société ou l’épique nous met dans la tête.
Est-ce que ça arrive qu’en situant vos livres dans des environnements aussi proches du vôtre, vous puissiez craindre d’abimer au grand jour des choses ou des êtres qui vous sont précieux et qui pourraient se reconnaître ?
Oui. J’en suis même parfois inquiet. Ce n’est pas autobiographique pourtant. Mais comme ma littérature se nourrit de ce que je connais, j’ai parfois peur de ça oui.
Pourquoi cette évidence frappante chez vous, de mêler les histoires intimes et la marque de l’époque ?
C’est intuitif. Je ne peux pas vous dire pourquoi. C’est ce qui m’intéresse. J’aime quand on passe sans cesse du minuscule au majeur. Du taffetas de la robe, à la fresque. Comme chez Flaubert ou chez Annie Ernaux. Les années , c’est un roman qui m’a bouleversé et qui raconte ça, comment l’intime croise l’Histoire. Je suis très sensible à ça.
JE SUIS DU CÔTÉ DE LA BESOGNE, DE L’ARTISANAT, DU GESTE
De quoi chacun de vos livres, s’ils s’augmentent, doivent-ils être l’expérience, la première fois ?
Je pense quand même qu’à chaque fois, dans chaque livre, j’essaie de pousser un peu plus loin, un peu au-dessus du précédent. Comme quand on soulève de la fonte.
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Vous commencez avec 20 kilos et vos muscles renâclent. Mais au bout d’un moment, ils se font à cette force-là. Alors vous mettez 25, puis 30, puis 35. J’ai l’impression d’essayer d’aller toujours plus loin. Chaque roman serait la première tentative de passer un palier. Je ne sais pas si j’y arrive, mais j’ai ça en tête.
Une pédagogie de la violence pour que le lecteur puisse suivre ?
Ce n’est pas un accroissement de la violence par rapport au lecteur, mais plutôt un accroissement de la capacité d’expression. Dire les choses de mieux en mieux. Avec des phrases de mieux en mieux faites et qui atteignent de plus en plus puissamment.
Qu’est-ce que vous avez hésité à garder dans Connemara ?
La scène de la masturbation d’Hélène dans le premier chapitre. J’ai beaucoup hésité. C’est une scène qui est venue spontanément. J’ai lu des livres sur le regard masculin, sur l’appropriation. J’en ai beaucoup parlé. J’ai fait lire à des amies, qui m’ont dit que c’était mon job de faire ça. Ce n’est pas le regard d’un homme sur la masturbation féminine. C’est le travail d’un écrivain qui se met à la place d’une femme. Mais je me suis posé la question. Je l’ai gardée parce que ça raconte Hélène, sa puissance libidinale intacte, sa liberté. C’est une machine désirante. Il y a tellement de livres, de films où les femmes sont juste l’objet du désir, et pas les actrices du désir.
Dans l’écriture, vous croyez à l’énergie, à la véracité du jet spontané ?
Non. D’ailleurs, je retravaille beaucoup. Mais, de fait, il y a des choses qui apparaissent dans l’écriture et qui n’étaient pas prévues. Le personnage de Lison est apparu dès le premier chapitre alors que je n’y avais jamais pensé.
Et ce qui apparaît par hasard, vous ne le considérez pas comme “ sacré ” ?
J’essaie de nuire de toutes mes forces à l’idée de l’artiste magicien ou démiurge. J’ai fait un mémoire de maîtrise sur Terrence Malick, où j’interrogeais l’image sociale du philosophe, mais on peut se demander aussi ce que c’est l’image sociale de l’artiste. Comment la société perçoit l’artiste ? Pendant très longtemps, l’artiste apparaît démiurgique, avec un statut spécial. Moi j’essaie de casser ça. Je suis du côté de la besogne, de l’artisanat, du geste. Et pour la non séparation entre le créateur et le lecteur.
Qu’est-ce que vous n’avez pas encore réussi à faire, à dire ?
Je pense souvent à ma première lecture de Voyage au bout de la nuit . Le sentiment que j’avais eu de quelqu’un qui disait vraiment le monde tel qu’il est. De manière parfaite. Ça avait été une révélation. Une subjugation, presque. Je voudrais écrire un roman comme ça, qui foute le monde à genoux, et moi le premier.
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Discussion par Arthur Guillaumot Illustrations et dessin par Joane Guiheux Graphisme par Valentine Poulet Connemara est paru le 2 février chez Actes Sud, 22 euros
LES SOLITUDES Recueil de nouvelles disponible en commande sur arthurguiomo.bigcartel.com ARTHUR GUIOMO
--^ - ^ la culture au temps du covid-
à une àutre epoque, on devàit signer des pàpiers pour visiter les ràyons de pàtes vides des supermàrches. à l’heure ou on fete les deux àns du premier confinement, retour sur deux àns d’ànnulàtions et de reports de d àtes d à ns l à culture. l’àutre cànàl, l’operà nàtionàl de lorràine et nàncy Jàzz pulsàtions nous ont livre leurs meilleures à necdotes pour comprendre les ràpports tendus entre là culture et le covid. qui dit quoi ?
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la culture au temps du covid
un voyage annule, un mariage decale ? au-dela de sa gravite, et de ses dangers, le covid a bouleverse les plans de tout le monde. mais imaginez si vous aviez du tirer un trait sur votre saison de concerts ou renoncer a votre unique festival de l’annee. coup dur. pendant toute la duree de la crise sanitaire, la culture a ete la derniere roue du carrosse, et la premie re a qui on demandait de baisser le rideau quand les contaminations repartaient a la hausse. et quand les activites ont eu lieu, elles impliquaient un fremissement d’autant plus intense.
« Ce que j’ai trouvé fun c’est d’improviser un DJ set avec mon iPhone sur des enceintes de festival en plein air (je n’aurais jamais pensé le faire à NJP), le dernier des 4 jours d’open air à la Pépinière lors de l’édition 2020, alors que les concerts étaient terminés. Et là, on a pu constater l’effet salvateur de ce moment, notamment sur le groupe Kolinga (et sa chanteuse Rebecca M’Boungou) qui m’a confié ressentir un plaisir intense, du fait de la privation due au long confinement »
thibàud rollànd, directeur & progràmmàteur de nàncy Jàzz pulsàtions
« Pour jouer la générale de La Flûte Enchantée en décembre 2021, on a dû remplacer 8 musiciens de la petite harmonie qui étaient positifs ou cas contacts. Ensuite, parmi les 3 Knaben, 3 enfants, qui ont des rôles aussi importants que les solistes, 1 était positif, donc les deux autres étaient cas contacts. Autant dire que trouver pour le lendemain des enfants qui savent chanter le rôle en allemand … Impossible. On a cherché à en faire venir d’Allemagne, mais on y a renoncé. On a pris 3 figurants enfants qui faisaient les mêmes mensurations que les 3 titulaires.
« Le concert de Josman, reporté 5 fois, c’est une des dates emblématiques de la période des reports. C’est une date produite par une boîte extérieure. Si la jauge est mauvaise, ils peuvent annuler. Heureusement, elle a marché tout de suite. Mais en musique, ce qui fonctionne aujourd’hui peut ne plus fonctionner deux ans plus tard. Pour nous, au niveau de la communication, c’est un travail intense au niveau des reports. On assure un gros travail de relation avec le public pour leur donner les meilleures informations »
nàthàn roux, àssistànt de communicàtion, l’àutre cànàl
Une fois qu’on avait les enfants-figurants pour répéter, on a dû demander une autorisation auprès de la préfecture pour non seulement faire travailler des enfants, mais en plus les faire travailler de nuit. Un dossier qui prend 3 mois normalement… Heureusement on a trouvé un accord. Et puis les enfants ne chantaient pas, on a engagé 3 solistes, des femmes sopranos, qu’on a trouvé à droite et à gauche pour chanter en coulisse les rôles des enfants. Intense »
màtthieu dussouillez directeur generàl, operà nàtionàl de lorràine
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Texte par Eloise Dave et Marie-Fleur Lièvre Graphisme par Valentine Poulet
Photo par Arthur Guillaumot Retouches par Diego Zébina
Dessine moi un...
Thème : «Ton printemps»
Cette page, elle est à vous : Collez, dessinez, peignez, insérez une photo, écrivez quelques mots... En bref, créez !
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Première Fois Le désir
Le désir sexuel… Une pulsion ? De l’amour ? Un besoin ? Une chose est sûre : Le désir nous fait envie et la quête du désir nous fait vibrer. Cette fois-ci on se pose deux questions : Pourquoi et Comment ?
Instant définition : le désir est une envie d’assouvir un besoin – généralement – d’ordre sexuel. Ce besoin n’est pas vital mais il peut occuper ton esprit durant une réunion SUPER importante. Rien n’y fait : des images de ton partenaire s’allongeant sur toi ne cessent d’apparaître dans ton esprit.
Les causes sont en réalité nombreuses : augmentation du taux de tes hormones*, nouvelles rencontres, nouvel environnement, nouveau toi.
Et au niveau physiologique ? Ce sont en majeure partie les hormones et les neurotransmetteurs qui interviennent. Testostérone, œstrogènes, dopamine, sérotonine, monoxyde d’azote, prolactine, noradrénaline, etc. Chacune aura un effet bien précis : la fréquence cardiaque s’intensifie, contractions du périnée, lubrification 100% naturelle 100% bio, augmentation de l’afflux du sang et pour finir tu chauffes… littéralement. Et puis, pour entrer dans le cœur du sujet, le désir ne vient pas uniquement avant un rapport mais également pendant ! Il permet par ailleurs de prolonger l’acte sexuel.
Il est compliqué d’assurer que le désir est une cause ou une conséquence. Selon moi il est les deux. Il peut venir petit à petit, à mesure que tu apprends à connaître ce gars…mais il peut également être ce qui te fait te rapprocher de cette belle brune ténébreuse.
Mais alors, y a-t-il des règles avec le désir ? Une seule : c’est qu’il n’y en a aucune. Il faut savoir que le désir sexuel est propre à chacun.e et même inexistant chez certaines personnes. Celles-ci sont asexuelles. Tu peux ressentir du désir pour une seule personne ou plusieurs, voire même aucune ! Tu peux avoir envie d’une personne du même sexe que toi, d’une personne que tu viens de rencontrer, de ton meilleur ami depuis toujours et peut-être que tu souhaites vivre tes envies solos et c’est OK.
Ce qui est aussi ok c’est de ne pas avoir nécessairement envie d’acte sexuel en tant que tel et de ne vouloir que des papouilles ou des câlins.
En réalité, nos désirs évoluent constamment, on se découvre, on découvre les autres, on a envie, ou pas envie. Le plus important c’est d’être en phase avec soi-même et avec la ou les personnes concernées. Alors tu voudras peut-être essayer avec tes coussins, des sextoys, seul.e, accompagné.e, embrasser, toucher, mordre, caresser, etc. Le tout c’est de savoir que tu es libre de désirer, de désirer sans aimer et d’aimer sans désirer.
*Article détaillé à retrouver sur notre site premierepluie.com : “Hormones et périodes estivales
Texte par Marie Paquer - Cul Pidon Illustration par Anaïs Tazibt
”.
Le désir est une passion qui regarde l’avenir – Descartes
POUR S’ACCORDER UN DROIT AU SOMMEIL
Ce qui est bien avec le sommeil c’est qu’on en a tous fait l’expérience, en d’autant de façons différentes que d’humains ont existé. Dormir fait partie de ces choses universelles, obligatoires, nécessaires à la vie. Néanmoins, le sommeil n’est régi par aucun droit, et en tant que société, on n’y accorde pas assez de soin.
Sans savoir qui l’a imposé le premier, notre société a décidé d’une heure universelle où l’on doit commencer à produire pour elle : 8h, été comme hiver.
62% des Français estiment ne pas dormir assez, et 32% déclarent se réveiller trop tôt au moins 4 à 5 fois par semaine, selon une étude Ipsos. Pourtant, on le sait toutes et tous, seules de mauvaises choses viennent après un sommeil de basse qualité : être plus désagréable donc moins heureux, capacités cérébrales réduites (manquer de 2h de sommeil équivaut à avoir bu 2 bières), plus de douleurs physiques, moins de productivité (si tant est qu’on doit l’être), etc.
Alors pourquoi ne dorton pas plus ? Car, vous avez pu l’expérimenter, on ne décide pas de quand l’on se réveille, ou alors on a beaucoup de chance.
Et ça commence dès qu’on a des dents. Au début c’est logique, l’école suit le rythme de l’enfant (même si elle pourrait laisser parents et enfants profiter du réveil). Mais elle garde la même base lorsque ce rythme est révolu. Quel intérêt de garder des journées d’enseignement commençant à 8h au collège puis au lycée, et même pendant les études ?
On impose aux adolescent.es et étudiant.es de se lever plus tôt que le soleil et donc, pour garantir leur bonne santé, de se coucher à une heure où l’on sait qu’il est impossible qu’ils s’y couchent naturellement. Pas impossible par manque de volonté, en grandissant l’endormissement se fait plus tardif, c’est biologique. De plus, on est entourés d’écrans et de sollicitations permanentes via ces derniers, ce qui retarde l’heure du coucher. Pourquoi la société ne s’adapte-t-elle pas à elle-même ?
Continuer de commencer les journées de cours à 8h, c’est sacrifier petit à petit les jeunes. Dormir trop peu leur cause à la fois difficultés scolaires, troubles de l’humeur et de l’attention, et favorise l’obésité. Une révolution du sommeil est donc impérative.
On a toutes et tous le droit d’entretenir notre développement personnel en mettant le réveil à 4h30 mais il faut cesser cette règle tacite d’un début à 8h, en commençant en priorité par la jeunesse : de la primaire aux études supérieures. Cela se répandra ensuite sur les horaires de travail car, comme tout, cela ne ruisselle pas par le haut mais par le bas.
C’est un devoir fondamental de l’État de permettre à chacune et chacun de dormir confortablement chaque nuit et c’est loin d’être le cas aujourd’hui, même dans notre pays dit “développé”. Pour une société qui rêve en tranquillité et profite de son réveil, arrêtons de nous croire plus forts que le soleil et accordons-nous le droit au sommeil.
Continuer de commencer les journées de cours à 8h, c’est sacrifier petit à petit les jeunes.
Texte par Josh
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Photo par Diego Zébina Graphisme par Noélie Dessalle
Le Temps des Fêtes
Le Temps des Fêtes
À partir du 1er avril, la place Carnot accueillera lumières, sourires, friandises, canards en plastique, ballons d’hélium et diverses fumées.
C’est le retour de la Foire, une douce vague multicolore déferle sur les cailloux blancs.
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Série photo
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Photos par Diego Zébina Graphisme par Mathilde Petit
Les poissons-humains flottent comme des canettes de soda en apesanteur dans le bâtiment en verre superposé à la gare. Le tas a poussé là. Là, juste en face, à côté du chemin de fer qui s’apprête à rentrer dans le hangar voûté qui sert de gare à la ville. Un tas si haut, que quand on est en face de lui, on ne voit que les derniers étages des immeubles de l’autre côté. La nuit, les dernières fenêtres semblent briller, trésor d'au-dessus du grand tas. D’une matière bizarre le tas. Personne ne sait vraiment. De loin, la couleur de l’océan, de près la consistance des petits cailloux, et de partout l’odeur du sable, qui drape la ville.
— Vous avez vu le tas ?
— Le matin même. J'étais un des premiers.
— Moi à midi seulement. Il était déjà comme ça ?
— Tout pareil.
Tout le monde a parlé du tas pendant une bonne semaine. Il faut dire qu’il a poussé d’un coup. Un matin il était là. Et comme tout le monde passe devant pour aller au travail, la discussion était dans toutes les bouches. Les rumeurs disent que même le maire était surpris de l’arrivée du tas. Et qu’il aurait interrompu le conseil municipal pour venir le regarder. Mais c’est des rumeurs. D’autres disent que le maire en personne a ordonné qu’on mette un tas là, pour faire parler. Enfin, certains chuchotaient que le tas était le résultat d’un pacte avec le diable. Pendant une semaine tout le monde est venu souvent. Parfois des groupes se figeaient à son ombre. On se montrait le tas. Il fallait être vu près du tas. Le premier dimanche après l’apparition du tas, toutes les poussettes de la ville roulaient dans le coin. Tous les rendez-vous se donnaient “au tas”. Mais vite, le tas devint une habitude, une silhouette familière, comme celle de la trop grande tour du centre de la ville. Un référendum citoyen fut organisé en hâte, le dimanche suivant l’apparition du tas, pour savoir si la ville devait en faire son emblème. Déjà, la hype était retombée et la proposition reçue une mention majoritairement défavorable.
Pendant une semaine donc, la présence du gamin passa totalement inaperçue. Un petit garçon, semblable aux autres qui passent par là en groupe pour aller à l’école, ou la main vissée dans celle d’un grand.
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Pas le genre toujours la main fourrée dans un paquet de bonbons, son slip ou sur son téléphone. Non, les mains ballantes en face du tas.
Il se plantait là. Plusieurs heures par jour. Le quartier commença à s'intéresser à son cas. Et comme souvent, les boulangeries devenaient les bureaux des renseignements.
— Il dort là le petit ?
— Non, c'est le fils de Nono.
— Hein ? Et il surveille pas son fils ?
— Tu sais, Nono … Son fils … Mon ardoise. C’est pareil. Il s’en fout.
— Quand même. Le pauvre petit. Et qu’est-ce qu’il fait planté là ?
— On sait pas. Personne sait. On ose pas demander.
— Pourquoi ?
— On dirait pas comme ça, mais il est bizarre.
Le môme restait là même les jours de pluie. Il restait un peu en face du tas, dégoulinant d’eau. Toujours habillé pareil. Un coupe-vent trop large et un jean. Les baskets roses. La mine défaite mais le regard bien allumé, avec lequel il regarde le tas fixement. Au bout d’un moment, il finit toujours par se sentir observé, alors il tourne le dos pour marcher un peu dans un sens puis dans l’autre. Parfois il fait le tour du quartier. Dix minutes plus tard, il retrouve sa position. Il veille. Les bras ballants, auxquels il n’accorde jamais le repos offert par les poches de son coupevent. Le môme a déjà la science des gens qu’on condamne à attendre. Il est là de 16h à 20h. Il vient aussi parfois le matin mais on ne peut jamais vraiment savoir d’avance. Il semble le maudire ou le vénérer, son tas. Pendant la réunion de fin de saison, les commerçants en ont eu marre.
— Il est là tout le temps. Il fait peur aux clients, commence la boulangère.
— Vous parlez du tas ou du môme ? blague le garagiste.
— Le môme.
— Il a pas l’air méchant. Mais bon, acquiesce l’agent immobilier, le môme en plus du tas immonde, ça fait beaucoup.
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Texte et illustrations par Arthur Guillaumot
— Entre lui et les végans ! en profite le boucher.
— Il faut qu’on fasse quelque chose. Ça va être les vacances … Il va être là tout le temps, professe le patron du bar.
— Puisqu’il faut que quelqu’un s’y colle, j’irai lui parler, termine la boulangère.
Le matin, quand on écoute bien, dans cette ville comme dans une autre, les oiseaux chantent. Le soir, ils chantent encore, mais fatigués, ivres de quelque chose, et leurs chants de défaite sont éclipsés par les bruits humains. Le jour où la boulangère a parlé à l’enfant du tas, tout le monde se promenait les jambes à l’air depuis un moment. L’école allait finir bientôt pour laisser place aux vacances de 36 000 jours. L’été, la boulangerie ferme et le couple de faiseurs de pain part à la mer. La boulangère tenait à quitter la ville l’esprit tranquille.
— Tiens, pour ton goûter. Il est encore tout chaud.
— Merci. Je le garde pour plus tard.
— Super. Derien. Alors qu’est-ce que tu fais là tout seul ?
— Rien. En fait j’attends. J’attends qu’ils enlèvent le tas.
— Comme tout le monde. Mais tu viens tous les jours non ?
— Oui, j’attends quoi. Vous savez quand ils vont l’enlever ? Le tas ?
— Si seulement. Il partira comme il est venu. C’est ce qu’on dit. Si le tas part, tu pars ?
— Bah oui. J’ai juste oublié quelque chose en dessous. Et après il y a eu le tas.
— Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ?
— J’ai laissé mon vélo là un soir. J’habite de l’autre côté et mon père a dit qu’il voulait plus voir le vélo.
— Ton père c’est le Nono ?
— Hm hm.
— Son ardoise, ton père, tu pourras lui dire ?
— Il me parle pas trop depuis que j’ai perdu mon vélo.
— Mais ton vélo est sous le tas ?
— Oui.
Une petite armée s'activait dès le matin du dimanche 4 juillet suite à l’appel sur les réseaux de la boulangère. Des grands gaillards, équipés de pelles jusqu'aux mamies qui donnaient les consignes pour le vidage des brouettes. Avec tous les efforts de la communauté, la grande dune semblait s'affais-
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ser doucement, comme percée. Le gros gâteau retombait doucement, comme s’il manquait un ingrédient. On observait deux stratégies, celle des alpinistes qui grimpaient en haut du tas pour le réduire par son sommet, et celle des mineurs, qui l’entamaient par le bas. La première technique était la plus risquée, le sommet agissait comme un sable mouvant, parfois solide, parfois piégeux. Le garagiste se laissa engloutir profondément et la communauté dut se résoudre à attendre le secours d’une grue pour continuer.
La matière extraite du tas était étalée un peu partout aux alentours. On ne comprenait toujours pas de quoi il était fait. Même les plus anciens, qui ont toujours un avis sur tout, paniquaient. — C’est des météorites. — Du charbon décomposé. — Des matériaux nucléaires. — De l’intérieur de fils électriques. — De la terre peinte. Bref, les théories fusaient.
Mais pas de vélo, nulle part. Le môme avait supervisé de près la dissolution du tas. On lui demandait s’il voyait son vélo. Non. — Et de quelle couleur il est ce maudit vélo ? — Bleu je crois, c’était il y a longtemps. Lui seul savait qu’il n’y avait pas de vélo. Pendant tout ce temps, le môme croyait voir quelque chose briller au-dessus du tas. Un trésor imaginaire. Dès la première semaine, il avait compris qu’il aurait besoin des autres pour venir à bout du tas et en avoir le cœur net. Il n’y avait rien. C’était juste la lumière des immeubles qui dépassaient.
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Vertical :
1 - Elle arrive le premier avril place Carnot
3 - Plan d’eau et chaîne de télé
4 - Cité du lac et de la neige
5 - Ça tombe des nuages
8 - Ça emmerde la culture depuis 2 ans
JEUX
Super dur d’inventer des jeux,
céréales comme à l’époque
Horizontal :
2 - La ville
6 - Prix obtenu par Nicolas Mathieu et village de Haute-Marne
7 - Vêtement et prénom de stade
9 - Montagne de cailloux et tribunal pour les gens du sport
10 - Le nouveau plat préféré de votre bande
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les
croisés : Tu connais Je, je, je :
dans les jeux 2 7 3 10 6 8 9 5 4 1
pendant
Les
Nous
On a piraté le site de Météo France pour vous prédire le futur : c’est sur cette page que vous saurez qquelle gueule aura votre été, que vous soyez Gémeaux ou un élu corrompu, Verseau ou ambassadeur du tri. Aucun animal n’a été blessé durant la confection de cet horoscope.
VERSEAU
Vous demandez des dents en or à votre dentiste et sortez du cabinet avec des dents en ordinateur. Il était distrait. Vous allez regretter l’époque des masques.
Vous faites des abdos et des pompes plusieurs jours d’affilée. Débordant de confiance en vous, vous tentez de casser la gueule à un videur pour impressionner la file d’attente postée devant une boîte. Vous infligez 2 points de dégâts et en encaissez 728.
BÉLIER
La matière qui compose votre foie devient un chewing-gum qui fait des bulles gigantesques quand on en mange un petit peu. Vous serez picoré tous les jours par des inconnus mais
tranquille ça repousse.
Vos 33 vertèbres font des jaloux : vous devez faire face à plusieurs raids d’invertébrés bien décidés à devenir des vertébrés en vous volant vos vertèbres. Vous n’avez aucune chance de vous en tirer.
Joey Chestnut est l’homme qui a le record du monde de hot-dogs engloutis en 10 minutes : 76. Vous tentez de le battre, un soir d’orgueil. Un pitoyable 7, du vomi partout et la promesse de ne plus jamais regarder les bâtisseurs de l’extrême sur RMC Découverte.
TAUREAU
Vous héritez d’une énorme fortune mais vous vous faites sauvagement arnaquer au téléphone immédiatement après à cause de l’émotion. Drôle de journée.
LION
Vous avez goûté à la concurrence. Votre marque de céréales préférée a décidé d’organiser une pénurie dans un rayon de 300km autour de chez vous en représailles.
Rappelez-vous, l’été dernier, quand vous avez participé à cette tombola obscure : vous recevez un coup de fil qui vous annonce que vous avez gagné la commune de Plombière-Les-Bains. Bravo !!!!
BALANCE
GÉMEAUX
Vous travaillerez plus pour gagner plus, au nom de la République.
Une drôle de fleur a poussé dans votre jardin. N’en faites surtout pas des tisanes ou vous finirez par dormir avec les poissons (mort).
Vous aviez 5 ans pour organiser des voyages sur Jupiter. Le mec en école de commerce que vous aviez arnaqué à l’époque veut être remboursé. All inclusive.
Votre employeur a décidé de vous payer en visibilité. Votre tête est sur tous les abribus de la ville.
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Texte par Arthur Bouvier et Romain Guillaumot Illustrations par Anaïs Tazibt Graphisme par Hugo Aouragh Photo par Diego Zébina
ALLEZ OÙ Y’A !
TOUS LES CHEMINS RAMÈNENT À NANCY
Nancy c’est cool. C’est même la meilleure ville selon une enquête de Première Pluie magazine. Mais parfois, il faut partir pour mieux revenir. Alors cet été, on se chauffe pour partir à la découverte de Charleville-Mézières.
Nancy a la plus belle place de France et même d’Europe. Mais la place Ducale de Charleville-Mézières est un beau morceau. Construite entre 1606 et 1624 sous l’ordre du duc de Nevers, Charles de Gonzague, elle mérite le détour. Et une story insta.
Tous les deux ans a lieu le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes et tous les deux ans aussi, la Biennale de poésie “Les Ailleurs”. Tous les ans, CM fête la fin des vacances d’été avec le festival musical du Cabaret Vert. La prog est toujours incroyable et l’expérience est unique.
Ok, pourquoi tourner autour du pot ? CM, c’est la ville d’Arthur Rimbaud. Le seul duc c’est lui. Le poète aux semelles de vent représente le 08 dans ses sons, enfin ses textes. C’est là qu’il a grandi, qu’il a commencé à écrire. Plus tard, il fugue, revient, repart, revient, repart. Sa vie et sa poésie respirent la ville. Il est enterré là.
Pour la culture, sachez que les habitant.es s’appellent les Carolomacérien.nes. Patti Smith est citoyenne d’honneur de la ville et a acheté la ferme Rimbaud à Roche, à côté de la ville.
Pour y aller depuis Nancy :
Par la route : Entre 2h40 et 3h30 en fonction de l’itinéraire.190 à 260 kms.
Carburant : 23 - 30€ (pour l’instant)
En blablacar : Environ 3h00
Entre 15 et 25 €.
Par les rails : 3h 1 correspondance Environ 40€.
Dans la ville, essayez de louer un vélo.
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Texte par Arthur Guillaumot Illustration par Chloé Héreau Graphisme par Valentine Poulet
INGRÉDIENTS
(pour 4 personnes affamées)
500g de riz (celui que vous préférez)
500g de haricots rouges en conserve 75g d’emmental râpé
75g de cheddar râpé
400g de sauce tomate de votre choix (tant que c’est rouge)
PRÉPARATION
1. Faites cuire votre riz, dans de l’eau qui bout dans une casserole c’est préférable.
2. Quand la cuisson du riz vient à son terme, égouttez les haricots rouges puis chauffez-les au micro-ondes pendant 2 minutes. Égouttez ensuite le riz et réunissez les deux ingrédients principaux dans la casserole.
3. Versez dans la casserole la moitié de la sauce rouge que vous avez choisie et mélangez en profondeur.
4. C’est désormais à l’emmental râpé de rentrer en piste et d’être mélangé au reste pour donner l’aspect bouillie à la bouillie.
5. Ajoutez le petit bonus gourmet s’appelant cheddar râpé au mélange pour que le tout devienne dur à mélanger.
6. Versez l’autre moitié de la sauce rouge pour finir en beauté. La bouillie est prête à être dégustée.
PRÉSENTATION
Le plus simple (pour 4 personnes) est de servir dans 4 assiettes différentes avec fourchette ou cuillère à soupe à l’appui selon la préférence. À manger chaud dans la convivialité et la faim.
HISTOIRE DE LA BOUILLIE DE JOSH
Cette recette a été créée à Marseille l’été dernier dans un petit magasin, en cherchant des ingrédients à mêler pour un plat jovial. Réussite totale.
La bouillie a été réutilisée pour aider au bouclage du premier magazine, et elle a encore servi à nous rassembler pour ce deuxième numéro. Plat à partager sans modération.
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LA BOUILLIE DE JOSH
30 min Riz Haricots
Cheddar râpé Recette et texte par Josh Graphisme par Hugo Aouragh Illustrations par Mathilde Petit
Emmental râpé
Sauce Tomate
rouges
Le prochain numéro sortira en août 2022. Il va être super.
Première Pluie est un média collectif, ouvert à toutes les formes de collaboration. Vous avez envie d’écrire, de prendre des photos, de faire des dessins, de discuter, de poser des questions sur nos activités, de prendre part au prochain numéro ?
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quand on se croise au théâtre ou dans la rue.
le coup. Merci à celles et ceux qui crient qu’ils aiment trop
un magazine gratuit c’est dur mais si vous le lisez ça vaut
Merci à vous d’avoir lu ce numéro et/ou le premier. Faire
dans le cadre du dispositif Ma Ville, mon Projet.
soutien de la mairie de Nancy et la métropole nancéienne,
l’association Zikamine (Metz). Première Pluie bénéficie du
la Magnifique Society (Reims), le festival Zikametz et
le festival du Cabaret Vert (Charleville-Mézières), le festival
Pulsations (Nancy Jazz Kraft), le Hat Shop et 10.200clothing,
L’Autre Canal, l’Opéra National de Lorraine, Nancy Jazz
Nos partenaires, pour ce numéro :
forêt de Charmoilles et nos familles.
Marie Schaaff, Yves, Siméon Zébina, Antoine Dupont, la
Dave, Marie-Fleur Lièvre, Claire Bouffaron, Alice Chatard,
Mathilde Petit, Ismael Azmi Dahmani, Marie Tissot, Eloise
Regazzoni, Elea Fouchard, Hugo Aouragh, Noélie Dessalle,
Arrojo, Guillaume Malvoisin, Valentine Poulet, Clément
Limacher, Chloé Héreau, Sarah Junker
Yasmin, Juliette
Eloïse Remy, Joane Guiheux, Pierre-Olivier Bobo, Elise
Paquer, Jeanne Idatte, Florentine Colliat, Juliette Jeannin,
Benmokhtar, Anthony Gaborit, Laure Gaurois, Marie
Valentin Regazzoni, Emma Tuellion, Nathan Roux, Sabrina
Tinon, Loic Zimmermann, Marianne Thiry, Léo Verhaeghe,
Dufour, Eric Gauthier Amoussou, Camille
Scali, Camille
Emma Bojan, Mélina Rard, Nicolas Petit, Anaïs Tazibt, Paul
/ ont participé à la vie du média :
Celles et ceux qui composent Première Pluie ou participent
Merci à :
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c o n tact
OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE opera-national-lorraine.fr V E N D I M
André Messager 24 30 avril 2022 | Opéra direction musicale Marta Gardolińska mise en scène Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-Française
WWW.LAUTRECANALNANCY.FR
PHOTO : BENPI