Ce livre est la propriété exclusive, en totalité et en toutes ses parties, du Réseau Mondial de Prière du Pape L'accès à celui-ci, en totalité ou en partie, est gratuit Ses contenus ne peuvent être modifiés, en totalité ou en partie, sans l'autorisation préalable du Directeur International Le Réseau Mondial de Prière du Pape autorise la distribution gratuite de ce livre Ses contenus peuvent être reproduits, en totalité ou en partie, et présentés sur divers supports (virtuels ou physiques), à condition que la source indiquée soit le Réseau Mondial de Prière du Pape Il ne peut être vendu ou offert sans l'autorisation expresse du Directeur International
Cité du Vatican - 3 décembre 2019 (Révision mars 2023)
Saint-François-Xavier - 175 ans de l'Apostolat de la Prière
CHERS AMIS DANS LE SEIGNEUR
Le Chemin du Cœur est l'itinéraire spirituel proposé par le Réseau Mondial de Prière du Pape C'est la boussole de notre mission, une mission de compassion pour le monde Il s'inscrit dans la démarche initiée par le pape François avec Evangelii Gaudium, "La joie de l'Évangile"
C'est le résultat d'un long processus impulsé par le père Adolfo Nicolás, alors supérieur général de la Compagnie de Jésus Au tout début, avec une équipe internationale dirigée par le père Claudio Barriga SJ, une ébauche avait été rédigée, appelée ici « Cadre de référence » Nous avons présenté cet itinéraire au pape François qui l’a approuvé en août 2014 ; puis nous l’avons publié dans un document intitulé : « Un chemin avec Jésus, en disponibilité apostolique » (décembre 2014) Ce document présentait une nouvelle manière de comprendre la mission de l'Apostolat de la Prière, dans une dynamique de disponibilité apostolique, comme c’était le cas au commencement
Le Chemin du Cœur est essentiel pour la recréation de ce service ecclésial, aujourd’hui Réseau Mondial de Prière du Pape Il s 'agit d'un approfondissement de la tradition spirituelle de l'Apostolat de la Prière pour aujourd'hui, et il articule de manière originale les éléments essentiels de ce trésor spirituel avec la dévotion au Cœur de Jésus Il peut être considéré comme une adaptation des Exercices Spirituels de saint Ignace Le Chemin du Cœur est la clé d'interprétation de notre mission Le commentaire écrit en 2017 souhaitait aider les équipes nationales du Réseau de Prière du Pape à approfondir chaque pas du Chemin du Cœur et à entrer dans sa dynamique interne, afin qu 'elles puissent proposer, avec leur propre créativité, des matériaux adaptés à leur contexte local Nous trouvons ce texte dans chaque livre sous le titre "Dynamique interne du pas "
Nous avons vite compris qu’il était important d’aider les équipes nationales à approfondir davantage Le Chemin du Cœur, sans lequel il serait difficile d’avancer dans le processus de recréation de cette œuvre pontificale C’est pourquoi nous avons commencé à écrire en 2018, avec une équipe internationale, 11 livres Cette équipe était coordonnée par Bettina Raed, aujourd’hui Coordinatrice Internationale du Chemin du Cœur C'est depuis la terre du pape François, avec le soutien de plusieurs compagnons jésuites et des laïcs, que nous avons mené à bien ce labeur En 2020 nous avons publié ce travail en espagnol, sous forme de site internet avec 86 vidéos, 86 podcasts et plusieurs centaines de fiches de présentation: wwwcaminodelcorazonchurch
Vous trouverez ici la traduction française des livres du Chemin du Cœur Une traduction est toujours limitée, et nous laissons à vos soins de l’adapter localement Nous espérons que ce matériel vous aidera à proposer cette mission de compassion pour le monde avec créativité (retraites spirituelles, sessions de formation, réunions du Premier vendredi du mois, etc ) C'est le fondement de notre mission Notre façon propre d'entrer dans la dynamique du Cœur de Jésus.
Original espagnol
P Frédéric Fornos, S J
Directeur International
Boussole pour orienter ce PAS
Mot-clé : AMOUR
Objectif : reconnaître à quel point nous sommes aimés
Attitude clé : reconnaître ce qui m ’ ouvre à la vie, la gratuité de l'amour
Ce que nous recherchons – Fruit : être reconnaissants
Dynamique interne du PAS : passer du « ne pas se rendre compte » à « reconnaître et s’émerveiller ». L’amour dans ma vie.
Cadre de référence
La Parole qui fonde notre vie de foi est l’amour éternel du Père Ce qu’il désire nous dire chaque jour et qui transparaît dans tout ce qu’il fait pour nous, c ’est : je t’aime C’est son essence même, car « Dieu est amour » (Première Épître de Saint Jean 4, 8) Il ne peut que nous aimer L’AMOUR, c ’est sa manière de ne cesser de nous regarder et de nous accompagner, quels que soient les aléas de notre vie, et même si nous avons été séparés de Lui par le péché Son amour est inconditionnel et permanent C’est le principe et fondement de notre chemin spirituel, puisque notre vie commence grâce à son amour, est portée par lui et sera un jour accueillie en lui. Reconnaître cet amour nous pousse à y répondre.
Dynamique interne du PAS
Au commencement, l’Amour Que signifie aimer et être aimé ? Que mettons-nous derrière le mot « amour » ? Faisons un moment de silence
D’abord, un exercice Avons-nous fait l’expérience d’être aimés par nos parents, par nos amis ou quelqu’un d’autre ? L’Amour est au commencement, il nous précède, il nous a donné la vie, même s’il a été blessé. Je peux faire mémoire des visages des personnes qui m 'ont aimé et qui m 'aiment aujourd’hui.
Saint Paul dit que « L’amour prend patience, l’amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il n’entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne disparaît jamais ». (Première Lettre aux Corinthiens 13, 4-8)
Même si nous ne pouvons pas reconnaître cet amour dans notre vie, une chose est certaine, bien qu ’elle ne soit pas immédiatement perçue : Celui qui est la source de la vie, de l’univers visible et invisible, nous a aimés depuis toujours Il nous dit : « Je t’aime », « Voici que sur mes paumes je t’ai gravée » (Prophète Isaïe 49, 16) Il nous aime non pas d’une manière générale, mais d’une manière concrète et personnelle, au point d’avoir donné sa vie pour nous, pour nous jusqu’au sang, pour que nous puissions reconnaître toute la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur de son amour pour chacun de nous Son Amour est si grand que les océans ne pourraient le contenir, ni les rivières l’éteindre ! Cet Amour est impossible à traduire, à transmettre, même avec la plus belle écriture, car c ’est une rencontre amoureuse. Nous avons tous lu des livres et des romans sur ce sujet, et bien des films nous ont émus, mais le sentiment amoureux transforme tout, c ’est un monde nouveau qui s ’ ouvre à nous.
Avec la mort et la résurrection de Jésus-Christ un monde nouveau est advenu « La Résurrection nous dit que la voie de l’amour, suivie inconditionnellement par Jésus jusqu’au don de sa vie, n ’est pas une voie sans issue, une sorte de cul-de-sac qui ne déboucherait sur rien La voie de l’amour est aussi la voie de la vie » (Louis Evely) En Jésus-Christ nous avons l’assurance que l’amour existe et que nous sommes aimés Saint Jean dans sa première lettre dit: « C’est à ceci que désormais nous connaissons l'amour : lui, Jésus, a donné sa vie pour nous » (Première Lettre de saint Jean 3, 16) L’Amour est le chemin, la vérité et la vie
C'est pourquoi il est essentiel de reconnaître cet amour dans nos vies et de remercier le Seigneur, source de tout bien Le reconnaître pour devenir reconnaissant
➔ Pour approfondir, allez dans les Ressources, l’Annexe 1 : « Aimer. Qu’est-ce que l’amour ? »
Entrée depuis la perspective biblique
La Bible exprime le secret de l’amour Beaucoup de fiancés l’ont compris et reprennent dans la liturgie de leur mariage l’hymne cité dans la Première Lettre aux Corinthiens (Cf ci-dessous) Cette page de Saint Paul nous révèle ce que signifie vraiment aimer
La Bible (qui signifie bibliothèque) nous raconte, tout au long de l’histoire, l’Amour de Dieu pour son peuple À quelque endroit que nous ouvrions la Bible, nous y trouverons toujours différentes manifestations de l’Amour de Dieu pour sa création, spécialement pour les hommes et les femmes, créés à son image et à sa ressemblance.
La Bible, à travers tous les livres qui la composent, est le récit de l’expérience de l’Amour de Dieu racontée par des communautés d’hommes et de femmes qui reconnaissent dans leur vie la Présence infinie de l’amour de Dieu qui les précède, les comprend et les comble C’est le récit de l’histoire d’amour et de salut du Créateur envers ses créatures, inspiré par Dieu et raconté par ceux qui ont vécu cette expérience dans leur vie C’est une parole qui est valable pour tous, qui ne se démode jamais et qui s ’adresse à chacun en particulier Une Parole vivante et efficace, toujours actuelle pour chacun de nous, qui nous invite à faire notre propre expérience d’amour et de salut en la découvrant et en la tissant avec le Seigneur dans nos vies et à l’aide de ces textes Qu’ont-elles à nous dire ces paroles d’Amour adressées par Dieu à l’homme d’aujourd’hui ? L’expérience de l’Amour de Dieu racontée dans la Bible se renouvelle dans la vie de chacun d’entre nous et elle nous propose de nombreuses images
Nous trouvons de nombreuses images de Dieu comme amant éternel, toujours attentif à sa créature : « Je t’aime d’un amour d’éternité » (Prophète Jérémie 31, 3) ; comme un père qui prend soin de ses enfants et les protège avec amour : « La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas ! dit le Seigneur Voici que sur mes paumes je t’ai gravée » (Prophète Isaïe 49, 15), et encore « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » (Psaume 2, 7) Le Seigneur est aussi le berger qui prend soin de ses brebis avec un dévouement inlassable, en particulier des plus fragiles et de celles qui ont davantage besoin de son amour et de sa tendresse : « Comme un berger il fait paître son troupeau, de son bras il rassemble ; il porte sur son sein les agnelets, procure de la fraîcheur aux brebis qui allaitent » (Prophète Isaïe 40, 11)
La Bible est l’histoire de l’Amour de Dieu pour son peuple, et les réponses de ce dernier envers son Créateur n ’ont pas toujours été des réponses d’amour La Bible nous parle d’un Amour qui nous crée, qui prend soin de nous, qui nous sauve et qui nous cherche afin que nous soyons auprès de Lui : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur de frais herbages, il me fait coucher ; près des eaux du repos, il me mène, il me ranime. Il me conduit par les bons sentiers, pour l’honneur de son nom » (Psaume 22, 1-3)
L’Amour du Seigneur fortifie, reconstruit, relève et console celui qui est tombé, et il est fidèle depuis toujours : « Toi que j’ai tenu depuis les extrémités de la terre, toi que depuis ses limites j’ai appelé, toi à qui j’ai dit : "Tu es mon serviteur, je t’ai choisi et non pas rejeté" » (Isaïe 41, 9).
Dieu en prend l’initiative, c ’est Lui qui nous aime tant et avec une telle force que son amour est créateur Il ne peut pas aimer sans faire entrer dans sa vie celui qu’Il aime Dans son amour infini, Il nous communique sa vie et nous invite à y entrer Ainsi, l’Apôtre Jean nous dit : « Voici ce qu’est l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime d’expiation pour nos péchés » (Première Épître de Saint Jean 4, 10) Jésus Lui-même nous parle de son amour pour nous et de l’amour de Son Père : «Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » (Évangile selon Saint Jean 15, 9)
Dieu seul peut aimer vraiment, et son amour ne peut ni décroître ni diminuer, quoi qu’il arrive et quoi que nous fassions Dans son Épître aux Romains, Paul fait abondamment référence à la profondeur et à l’immensité de l’amour de Dieu, qui est une réalité inimaginable et impossible à comprendre. Cet amour est si fort que rien ni personne ne peut nous en détourner. Selon saint Paul, l’amour de Dieu s ’exprime dans l’offrande de Jésus-Christ qui a donné sa vie pour nous. Ainsi l’amour de Dieu pour nous est inconditionnel et éternel, et rien ne pourra jamais changer cela.
« Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ? selon qu’il est écrit : "À cause de toi nous sommes mis à mort tout le long du jour, nous avons été considérés comme des bêtes de boucherie" Mais en tout cela, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Autorités, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur » (Épître aux Romains 8, 35-39)
● « Je t’aime d’un amour d’éternité » (Prophète Jérémie 31, 3).
● « La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas ! dit le Seigneur. » (Isaïe 49, 15)
● « Voici ce qu’est l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime d’expiation pour nos péchés » (Première Épître de Saint Jean 4, 10)
● « Dieu nous a choisis en Christ avant la fondation du monde pour que nous soyons saints et irréprochables sous son regard, dans l’amour » (Épître aux Éphésiens 1, 4)
Exercice: Nous vous proposons de lire attentivement le Psaume 135 (136), en savourant les paroles que le psalmiste met dans la bouche du peuple d’Israël Arrêtez-vous sur les phrases qui résonnent le plus en vous et répétez-les intérieurement comme s’il s ’agissait d’une musique qui accompagne le rythme de votre respiration. Enfin, prenez votre carnet et écrivez-y votre propre action de grâce en faisant mémoire de l’action de l’amour de Dieu en acte dans votre histoire personnelle.
Entrée
depuis la perspective de la foi
L’Amour
« Le Verbe de Dieu fait homme, par qui tout a été fait, s’est lui-même fait chair et est venu habiter la terre des hommes. Homme parfait, il est entré dans l’histoire du monde, l’assumant et la récapitulant en lui, point par point C’est Lui qui nous révèle que ‘‘Dieu est Amour’’ » (Première Lettre de saint Jean 4,8) (Gaudium et Spes n 38)
Nous chrétiens nous reconnaissons dans le Christ Jésus « l’image du Dieu invisible » (Épître aux Colossiens 1, 15) Par lui, nous entrevoyons à la fois ce qu ’est Dieu et ce que nous sommes appelés à devenir en tant qu’êtres humains : une plénitude d’accueil et de don Dans le don total de Dieu en Jésus et de Jésus en Dieu se manifeste le mystère dont nous recevons grâce sur grâce (Évangile selon Saint Jean 1, 16)
Au commencement, il n ’ y avait que Dieu et Dieu est Amour Or l’Amour est une communication, un don, et ce don est à l’origine de la création de tout l’univers Notre existence ne peut être comprise que comme celle de créatures de Dieu, fruit de l’Amour de Dieu.
L’Être Un et Unique se communique à nous du plus profond de lui-même comme Source originelle (le Père), comme Réceptacle ayant capacité constitutive d’accueillir (le Fils) et comme Flux constant d’une dynamique d’amour permettant ainsi aux êtres créés d’advenir et de naître à eux-mêmes (l’Esprit) Nous sommes invités à participer à cette relation, bien que nous n ’ ayons jamais cessé d’y être inclus En Dieu est contenue la réalité tout entière Il n ’ y a pas de réalité en dehors de Dieu
Dans son Amour pour nous, le Dieu de Jésus-Christ a voulu se révéler à l’être humain là même où les relations affectives et les actions prennent sens et s’inscrivent dans l’histoire Le Dieu éternel et Tout-puissant a décidé d’entrer dans l’histoire afin de nous inviter à vivre en un dialogue personnel avec Lui L’univers tout entier a été créé pour ce dialogue, où Dieu attend et respecte passionnément chaque réponse de notre part « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai la cène avec lui et lui avec moi » (Apocalypse 3, 20) « Se tenir à la porte » signifie attendre, or il n ’ y a pas d’attente sans temps. Mais qu ’est-ce que Dieu attend ? Ni plus ni moins que l’accueil favorable de son interlocuteur, l’être humain : entrer, s ’asseoir à table et dîner avec lui. Et l’homme, en répondant positivement « prendra la cène avec Dieu ». Le souper commun rend les convives tous égaux et, dans cette égalité, Dieu attend que nous changions notre attitude envers Lui, envers le monde et envers tous les hommes, en particulier ceux qui sont les plus démunis
Jésus est la conjonction de Dieu en tant que Fils éternel et de l’être humain soumis au temps : vrai Dieu, né du vrai Dieu, il s ’est fait fils dans l’humain afin de réveiller en nous la capacité de nous reconnaître « capax Dei », capables d’Amour, créés afin de recevoir le don de Dieu, et destinés à devenir le contenu pour lequel nous avons été faits récipients
L’intériorisation du Christ Jésus en chacun de nous est possible parce qu ’ en se faisant humain, le Christ s ’est uni en quelque sorte à toute personne (Gaudium et spes 22, 2).
C’est un processus continu, tout comme l’est l’acte créateur de Dieu.
L'expérience d’être aimés nous ouvre à la possibilité d’aimer. « Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour » (Première Épitre de Saint Jean 4, 8) Saint Augustin, dans son ouvrage De Trinitate écrit : « Êtes-vous en train de penser qui est Dieu ou comment Il est ? ( ) Afin que vous puissiez en avoir un avant-goût, sachez que Dieu est Amour, ce même amour avec lequel nous aimons ( ) Que personne ne dise : ‘‘Je ne sais pas ce que je suis en train d’aimer’’ Il lui suffit d’aimer son frère et il aimera Dieu du même amour Parce qu ’ en réalité, il connaît mieux l’amour qui lui fait aimer le frère, que le frère qu’il aime Il peut donc connaître Dieu mieux qu’il ne connaît son frère ; beaucoup mieux, parce que Dieu est plus présent, plus proche, plus intime, plus sûr1 »
Lorsque nous aimons, Dieu « habite » en nous, qui sommes des êtres limités Autrement dit, « quiconque aime est né de Dieu », à la manière d’un fils Ce don d’amour de Dieu, qui nous habite et nous rend semblables à Lui, est un cadeau qu’il nous fait afin que nous puissions être ses interlocuteurs et même des co-créateurs dans son projet d’humanisation de la création.
Nous agirons comme Dieu si nous consentons à agir avec la même attitude que celle de l’amour divin : se donner gratuitement et pleinement.
Nous sommes plongés dans l’Être de Dieu. C’est là que l’Amour nous a créés afin que demeurant en Lui et en vivant l’expérience de l’Amour, nous puissions aimer à notre tour L’amour réel, l’amour que nous connaissons, l’amour avec nos propres limites
Dieu demeure en nous Nous avons l’Incréé, le Tout-puissant, l’Absolu en nous Il ne s ’agit pas d’une grâce que nous aurions reçue, un cadeau, un don divin Il est Lui-même tissé à notre existence Il est lui-même don pour nous
Face à un tel cadeau, ne serai-je pas reconnaissant ?
➔ Pour approfondir, voyez dans les Ressources, l’Annexe 2 : « Au milieu des tempêtes, seul l’Amour »
1 Patrologie latine 42, 957-958.
Entrée depuis la perspective spirituelle
Dieu se donne dans notre existence bien concrète C’est dire l’importance d’examiner la vie, d’apprendre à regarder le passage de Dieu dans notre quotidien et de découvrir la façon dont Dieu se fait présent Examiner ou relire notre vie, c ’est regarder, observer, rendre possible qu ’advienne du nouveau Qu’est-ce qui est en jeu dans la relecture de notre vie ? Et comment procéder ?
Lors de la relecture, vous adoptez la posture d’un spectateur de votre vie, comme si vous regardiez le film de ce que vous examinez Dans ce « regard », rendez présent ce que vous avez vécu Bien sûr, au cours de cet examen, vous ne serez pas neutre, et vous adopterez un point de vue qui sera influencé par les sentiments qui vous habitent.
L’examen est essentiellement une façon spéciale de prier. Il ne s ’agit pas seulement d’une évaluation intellectuelle ou d’un parcours purement rationnel, et ce n ’est pas non plus une lecture sentimentale des événements Examiner, c ’est prier, c ’est ouvrir un espace de silence intérieur et se préparer à la rencontre avec Dieu Ainsi, quand nous faisons un examen, nous nous rendons disponibles pour rencontrer le Seigneur dans ce que nous examinons Voilà pourquoi, nous disons de cet examen qu’il invite à « regarder le passage de Dieu »
Vu qu’il s ’agit d’un temps de prière, d’une manière particulière de prier, il est très important de commencer cet examen en étant présent à soi-même, en prenant conscience de ce que l’on ressent et des sentiments que l’on éprouve Pourquoi cette prise de conscience est-elle importante ? Parce que ces sentiments ont la capacité de transformer ceux éprouvés lors des événements qui font l’objet de l’examen En d’autres termes, si au moment d’examiner votre journée, votre cœur est rempli de joie et d’enthousiasme, les moments tristes que vous avez pu vivre avant pourront être accueillis et transformés par cette même joie.
L’objectif de cet examen est de découvrir comment le Créateur travaille dans votre vie, comment il se rend présent, comment il vous habite, vous accompagne, vous aide et vous console Il s ’agit également de percevoir comment Il peut corriger votre chemin et vous mettre en garde contre tout égarement Pour cela, l’examen s ’effectue dans un contexte particulier C’est comme une clé de lecture qui nous permettra d'avoir une perspective différente sur notre vie, une manière de la regarder et examiner sous un angle nouveau
L’expérience de l’amour de Dieu, la découverte qu’Il nous aime à la folie dans son infinie miséricorde, est le point de départ et la perspective de lecture de tout examen Cet amour est concret, il se donne en premier, prend l’initiative et n ’attend pas que nous fassions quelque chose de particulier pour se manifester à nous Il s’incarne dans les évènements de notre vie, vient à notre rencontre et nous rejoint
Si nous relisons notre journée, à la lumière de l’amour divin, nous découvrons que la Vie qui nous est offerte est un don purement gratuit Ce don se manifeste par de nombreux dons particuliers qui, tout au long de la journée, forment ensemble un cadeau. Être vivant, respirer, avoir la santé plus ou moins bonne, les personnes qui nous accompagnent sur notre chemin, le travail, la nature, nos talents, nos capacités… Nous pourrions continuer ainsi à nommer tous les bienfaits que nous recevons et qui nous ont été donnés
Lorsque nous avons fait cette expérience et que nous en avons reçu tant de bienfaits, la gratitude jaillit spontanément du fond de notre cœur Notre âme comprend alors que notre vie est soutenue par le don Reconnaître et être reconnaissant pour le bien reçu dans notre vie, pour cet amour concret qui nous est offert, est le cadre initial ou la perspective de l’examen, c ’est la clé de lecture initiale dont nous avons parlé précédemment
L’examen que vous allez effectuer doit débuter avec une perspective de gratitude dans votre cœur Reconnaître tout ce qui est beau et bon dans notre vie nous pousse à être reconnaissants envers l’amour gratuit de Dieu C’est pourquoi, quand vous commencerez votre examen, posez-vous les questions suivantes :
Qu’ai-je reçu qui mérite d’être remercié ?
Quelle grâce particulière ai-je reçue aujourd’hui ?
Pour quelle chose je souhaite exprimer ma gratitude envers le Père ?
Qui je souhaite remercier ?
Commencez à parcourir votre journée pour y reconnaître le passage de Dieu et tout don reçu, pour lequel vous souhaitez rendre grâce
Terminez votre examen en remerciant Dieu pour tant de bienfaits reçus !
Entrée à partir des paroles du Pape
Pape François, Evangelii Gaudium, nos 9-13
Le bien tend toujours à se communiquer. Chaque expérience authentique de vérité et de beauté cherche par elle-même son expansion, et toute personne qui vit une profonde libération acquiert une plus grande sensibilité devant les besoins des autres Lorsqu’on le communique, le bien s ’enracine et se développe C’est pourquoi, celui qui désire vivre avec dignité et plénitude n ’ a pas d’autre voie que de reconnaître l’autre et de chercher son bien Aussi, certaines expressions de Saint Paul ne devraient pas nous étonner : « L’amour du Christ nous étreint » (2 Co 5, 14) ; « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16)
Il nous est proposé de vivre à un niveau supérieur, mais pas pour autant avec une moindre intensité : « La vie augmente quand elle est donnée et elle s ’affaiblit si elle s’installe dans l’isolement et l’aisance De fait, ceux qui tirent le plus de profit de la vie sont ceux qui mettent la sécurité de côté et se passionnent pour la mission de communiquer la vie aux autres » Quand l’Église appelle à l’engagement évangélisateur, elle ne fait rien d’autre que d’indiquer aux chrétiens le vrai dynamisme de la réalisation personnelle : « Nous découvrons là une autre loi profonde de la réalité : que la vie s ’obtient et mûrit au fur et à mesure qu ’elle est livrée pour donner la vie aux autres. En définitive, c ’est cela même la mission ». Par conséquent, un évangélisateur ne devrait pas avoir constamment une tête d’enterrement Retrouvons et augmentons la ferveur, « la douce et réconfortante joie d’évangéliser, même s’il faut semer dans les larmes [ ] Espérons que le monde d’aujourd’hui – qui cherche, tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance –, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non pas d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Évangile dont la vie rayonne de ferveur, ayant reçu eux-mêmes la joie du Christ »
Une annonce renouvelée donne aux croyants, même à ceux qui sont tièdes ou qui ne pratiquent pas, une nouvelle joie dans la foi et une fécondité évangélisatrice En réalité, son centre ainsi que son essence, sont toujours les mêmes : le Dieu qui a manifesté son amour immense dans le Christ mort et ressuscité Il rend ses fidèles toujours nouveaux, bien qu’ils soient anciens : « Ils retrempent leur énergie : ils prennent de l’envergure comme des aigles, ils s’élancent et ne se fatiguent pas, ils avancent et ne faiblissent pas » (Is 40, 31). Le Christ est « I’Évangile éternel » (Ap 14, 6), et il est « le même, hier, aujourd’hui et pour l’éternité » (He 13, 8), mais sa richesse et sa beauté sont inépuisables. Il est toujours jeune et source constante de nouveauté.
L’Église ne cesse pas de s’émerveiller de « la profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! » (Rm 11, 33 ) Saint Jean de la Croix disait : « Cette épaisseur de sagesse et de science de Dieu est si profonde et immense que, bien que l’âme en connaisse quelque chose, elle peut pénétrer toujours plus en elle » Ou encore, comme l’affirmait saint Irénée : « Dans sa venue, [le Christ] a porté avec lui toute nouveauté » Il peut toujours, avec sa nouveauté, renouveler notre vie et notre communauté, et même si la proposition chrétienne traverse des époques d’obscurité et de faiblesse ecclésiales, elle ne vieillit jamais Jésus Christ peut aussi rompre les schémas ennuyeux dans lesquels nous prétendons l’enfermer et il nous surprend avec sa constante créativité divine. Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui En réalité, toute action évangélisatrice authentique est toujours « nouvelle »
Bien que cette mission nous demande un engagement généreux, ce serait une erreur de la comprendre comme une tâche personnelle héroïque, puisque l’œuvre est avant tout la sienne, au-delà de ce que nous pouvons découvrir et comprendre Jésus est « le tout premier et le plus grand évangélisateur » Dans toute forme d’évangélisation, la primauté revient toujours à Dieu, qui a voulu nous appeler à collaborer avec lui et nous stimuler avec la force de son Esprit La véritable nouveauté est celle que Dieu lui-même veut produire de façon mystérieuse, celle qu’il inspire, celle qu’il provoque, celle qu’il oriente et accompagne de mille manières Dans toute la vie de l’Église, on doit toujours manifester que l’initiative vient de Dieu, que « lui, le premier, nous a aimés » (1 Jn 4, 19) et que « Dieu seul compte, lui qui fait croître » (1 Co 3, 7). Cette conviction nous permet de conserver la joie devant une mission aussi exigeante qui est un défi prenant notre vie dans sa totalité. Elle nous demande tout, mais en même temps elle nous offre tout.
Nous ne devrions pas non plus comprendre la nouveauté de cette mission comme un déracinement, comme un oubli de l’histoire vivante qui nous accueille et nous pousse en avant La mémoire est une dimension de notre foi que nous pourrions appeler « deutéronomique », par analogie avec la mémoire d’Israël Jésus nous laisse l’Eucharistie comme mémoire quotidienne de l’Église, qui nous introduit toujours plus dans la Pâque (cf Lc 22, 19) La joie évangélisatrice brille toujours sur le fond de la mémoire reconnaissante : c ’est une grâce que nous avons besoin de demander Les Apôtres n ’ont jamais oublié le moment où Jésus toucha leur cœur : « C’était environ la dixième heure » (Jn 1, 39) Avec Jésus, la mémoire nous montre une véritable «nuée de témoins » (He 12, 1) Parmi eux, on distingue quelques personnes qui ont pesé de façon spéciale pour faire germer notre joie croyante : « Souvenez-vous de
vos dirigeants, qui vous ont annoncé la parole de Dieu » (He 13, 7) Parfois, il s ’agit de personnes simples et proches qui nous ont initiés à la vie de la foi : « J’évoque le souvenir de la foi sincère qui est en toi, foi qui habita d’abord en Loïs ta grand-mère et en Eunice ta mère » (2 Tm 1, 5) Le croyant est fondamentalement «quelqu’un qui fait mémoire »
Entrée
depuis la perspective de la prière
Être reconnaissants nous humanise
Nous avons pris l’habitude de demander, d’exiger ou de réclamer des choses aux autres. Pourquoi? Peut-être parce que nous sommes conscients qu’il nous manque quelque chose sans eux, que nous sommes un « produit » inachevé et que nous avons besoin d’eux pour nous « compléter » Mais pour compléter quoi ? L’intensité avec laquelle nous exigeons des choses aux autres, comme l’affection, l’attention ou le temps, par exemple, est proportionnelle à la prise de conscience de notre incomplétude Nous apprenons plus ou moins rapidement que nous avons besoin des autres, mais il est important de comprendre que personne ne nous doit rien Nous ne sommes pas venus au monde pour réclamer quoi que ce soit, et les autres ne sont pas là pour répondre à nos attentes Nous sommes ici pour apprendre ce que signifie aimer et être aimés, et pour en être reconnaissants Ce qui nous manque, c ’est la capacité de remercier pour l’amour que nous recevons Nous devons apprendre à être reconnaissants pour l’amour, l’affection et le temps que les autres nous donnent gratuitement La meilleure façon de compléter ce qui nous « manque », est d’apprendre la gratitude. Si nous n ’abandonnons pas l’idée que « quelqu’un » nous doit quelque chose, quoi que ce soit, nous ne pourrons jamais développer cette attitude vitale pour notre développement et notre croissance personnelle. L’amour que nous recevons des autres vient compléter ce qui nous manque, mais c ’est un pur cadeau, et nous devons leur en être reconnaissants
La reconnaissance est un ingrédient clé dans l’expérience d’aimer et d’être aimé La personne au cœur reconnaissant sait reconnaître l’amour de Dieu qui œuvre et se donne aux autres Être reconnaissant, c ’est aussi faire place à la dynamique de l’Esprit de Dieu qui renouvelle notre vie dans l’amour
Afin de comprendre la logique de l’amour de Dieu, il est essentiel de sortir du domaine du devoir et d’entrer dans celui du don Sans cette étape, il nous sera difficile d’être reconnaissants Parfois, le devoir nous fait perdre de vue tout ce pour quoi nous devrions être reconnaissants Notre vie est souvent remplie de projets, de rêves et d’objectifs, de lieux à découvrir, d’espaces à conquérir et de sommets à atteindre Cette course effrénée risque de transformer notre âme en un mur où accrocher des médailles, ou bien en une étagère à trophées, voire en un réservoir de diplômes. Mais notre vie ne se résume pas qu’à des devoirs à accomplir : nous sommes là pour apprendre à reconnaître que nous sommes aimés gratuitement, au-delà de nos réalisations. Sans cet apprentissage, nous ne saurons jamais ce que signifie être reconnaissants Se sentir aimés et pardonnés est « presque » impossible si nous
n ’approfondissons pas le mystère de l’amour gratuit de Dieu
Comment apprendre à être reconnaissant ? Pour cela, nous devons être conscients que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre dans l’amour humain bien plus que ce que nous pouvons imaginer Les personnes reconnaissantes sont avant tout des personnes qui ont les « yeux bien ouverts », qui sont éveillées, c ’est-à-dire conscientes, attentives, en bref, mystiques
Pour développer une attitude de reconnaissance, il faut de notre part une disposition intérieure : l’aptitude à reconnaître le bien qui se produit près de nous, sans que nous en soyons les auteurs. Sans cela, il nous sera difficile de sortir du devoir pour entrer dans le domaine de la gratitude. Chaque jour, nous devons décider de vivre dans la gratitude. Cela ne signifie pas qu’il faille peindre la réalité en rose, ni nier les problèmes ou les conflits, mais seulement nous exercer à trouver ce don caché aux yeux pragmatiques et utilitaristes Ainsi, lorsque nous décidons d’être reconnaissants, nous pouvons trouver un « côté positif » dans chaque situation de la vie, même si elle semble tragique Le simple fait de « donner » et de dire « merci » nous incite à adopter cette attitude complète, propre à « tout être humain » Il s ’agit de reconnaître le don reçu pour devenir reconnaissants La gratitude nous rend humains
➔ Pour approfondir, voyez dans les Ressources, l’Annexe 3 : « La vie... depuis la reconnaissance et la gratitude. »
Exercice - La relecture
Pour se préparer à ce temps de relecture de la journée et prendre du recul par rapport aux événements vécus, il est bon de chercher un endroit tranquille et de s ’arrêter. Le Seigneur attend cette rencontre, Il m ’attend. Prenez le temps de respirer profondément et lentement, et de prendre conscience de votre corps, de votre respiration et de ce que vous ressentez ici et maintenant.
Premier temps : merci
J’observe où la lumière est présente dans ma vie, tout ce qui produit en moi une ouverture et me fait vivre en profondeur (un geste, une parole ou un sourire, des rencontres ou des événements, etc ) Il est important de s ’ exercer à reconnaître la vie dans les plus petites choses du quotidien pour toujours mieux reconnaître Celui qui est la source de la vie Nous le savons : la vie et l’amour ne font pas de bruit ; c ’est pourquoi nous avons tant de difficultés à discerner la présence du Seigneur Seul celui qui aime reconnaît l’être aimé Plus je suis reconnaissant et plus je trouve des raisons de l’être
Pour approfondir le premier temps de la relecture
Il s ’agit de parcourir votre journée depuis l’aube jusqu’au moment où vous trouvez quelque chose à remercier. Regardez sans jugement, arrêtez-vous dans les endroits où vous êtes allés, avec les personnes que vous avez rencontrées, pensez à la nature, à l’air, au soleil, aux oiseaux, aux couleurs, etc. Revivez les saveurs et les odeurs de ce jour.
Revisitez les activités et le travail que vous avez réussi à accomplir, l’aide que vous avez donnée et reçue, vos capacités physiques et mentales et vos sentiments
Arrêtez-vous sur les conversations, écoutez à nouveau les paroles, revoyez les gestes des personnes Qu’avez-vous appris ? Pour quelle chose pouvez-vous rendre grâce ?
Refaites passer par le cœur tout ce que vous avez vécu Pour quelle raison devez-vous être reconnaissant ? Quelle grâce particulière avez-vous reçue aujourd’hui ? Quelle a été la surprise qui a illuminé votre journée ? Quand vous êtes-vous senti comblé ?
Prenez le temps de dire au Père : « Merci pour ceci... pour cela... pour cette situation...»
Notez ce qui est significatif et terminez votre prière.
Ressources
Annexe 1
Aimer. Qu’est-ce que l'amour ?
Jésus disait : « Un second commandement est aussi important : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (Évangile selon Saint Matthieu 22, 39 )
Il n ’est un secret pour personne que l’amour est essentiel, sans aucun doute la réalité centrale, car il est à l’origine du don, de ce don premier don qui se diffuse dans les langages. L’amour est le besoin humain fondamental et l’accomplissement de l’espérance humaine qui nous tourne vers Celui dont le Nom est Amour et que nous appelons Dieu
L’amour est l’essence de toute vie humaine, la seule réalité véritable Il est capital C’est pourquoi il est si souvent contredit Au fond, le péché n ’ a blessé qu ’ une chose : l’amour Et la grâce de Dieu, gagnée pour nous par le Christ sur la croix, n ’ a restauré qu ’ une chose et, à travers elle, toutes les autres : l’amour Le manque d’amour est le nom du malheur La plénitude d’amour est le nom de la Vie Parce que Dieu est Amour
L’amour semble bien être à l’origine de l’humanité : créés par amour et rachetés par amour, les êtres humains ont pour première référence, premier langage, unique bonheur et fondamentale espérance l’amour. Son importance dans notre vie ne peut donc jamais être sous-estimée. Se tromper en cela, c ’est se tromper en tout.
En effet, l’amour est notre première référence, car notre être lui-même n ’ a pas été négocié mais simplement accordé. Donner et se donner qualifient la nature même de l’amour La première expérience que nous avons vécue s ’appelle donc « l’amour » Et c ’est à partir de cette première expérience fondamentale que nous regardons et apprécions les autres expériences
L’amour est notre premier langage, car au moment précis où l’amour a rendu la vie possible «ma vie, ta vie » , il nous a ouverts à l’autre et aux autres Depuis que nous sommes installés dans « l’être », la seule clé qui nous ouvre s ’appelle « l’amour»
Les langages que nous apprenons plus tard, tels que ceux des gestes, des caresses, des pleurs et des paroles, sont toujours des langues secondaires dont la force expressive dépend de la langue première de l’amour Lorsque l’amour vient à
manquer ou qu’il a de graves carences, aucun geste, aucune caresse, aucun pleur ni aucune parole ne pourront le remplacer
L’amour est un besoin humain fondamental et nécessairement gratuit Il est notre unique source de bonheur, car c ’est seulement dans l’amour que s ’accomplit notre aspiration innée à être heureux Appeler bonheur ce qui a une fin, ce qui déçoit, ce qui s ’achète ou ce qui ne rassasie pas est une erreur La vie passe, la vie s’épuise et s’écroule, et seul ce que l’amour a construit peut continuer à s ’appeler vie
L’amour est notre espérance fondamentale, car l’appétit d’aimer et d’être aimé est ce que nous attendons dans ce que nous espérons. Est-ce que ce sera ici-bas ? Est-ce que ce sera lui ou elle ? Tout dépend de la réponse à une seule et même question : m ’aimera-t-il, ou m ’aimera-t-elle ? Heureux celui qui peut répondre « oui », parce que son Nom est Amour
Annexe 2
Au milieu des tempêtes, seul l’Amour...
Parfois, dans la vie, nous traversons des moments où nos certitudes et nos sécurités sont ébranlées Ce sont des temps de tempête où notre barque est secouée et où les réalités sur lesquelles nous nous appuyions chavirent Un événement inattendu peut changer le scénario de notre vie Durant ces moments, nous sommes assaillis par des sentiments d'incertitude et de vertige, perdant ainsi la clarté de nos idées et l'équilibre de nos émotions Ce sont des temps de rupture, de changement et de crise, dans lesquels nous vivons l'expérience que les vagues du lac de notre vie sont agitées et s'élèvent bien au-dessus de ce que nos forces peuvent contenir
Durant ces moments difficiles, nous pouvons être tentés de garder notre regard figé sur l'immensité des vagues qui nous entourent Nos pensées peuvent s 'empêtrer dans l'ampleur de la difficulté ou des pertes subies, ou encore devant les problèmes qui nous assaillent. Si nous en restons là, notre cœur restera prisonnier du désespoir et nous ne réussirons pas à franchir le cap ni à surmonter la tempête.
Pour sortir de ces périodes difficiles, nous pouvons poser notre regard et nos mains sur le gouvernail de notre barque. C'est-à-dire sur l'élément qui nous permettra de manœuvrer pour contourner les vagues et échapper aux problèmes Qui dirige le gouvernail de notre vie ? Où avons-nous placé notre confiance et nos sécurités ?
Il n ’est pas nécessaire de penser à des choses mauvaises ou nuisibles En effet, même de bonnes choses peuvent lier et asservir notre cœur, comme le travail, les amis, les efforts personnels, les choses bien connues ou une situation de notre vie, lorsqu'elles deviennent le centre de notre existence Les tempêtes qui font sombrer ces réalités sont souvent l'occasion de « recalculer » la route et de recentrer notre cœur
Au milieu des tempêtes, lorsque certaines bonnes choses coulent, il est sain de cesser de regarder l'ampleur des pertes et de s'interroger sur le centre de notre vie Qui est en train de tenir le gouvernail de notre barque ?
Seule l'expérience de l'Amour de Dieu, le fait de se sentir des créatures aimées jusqu'à l'infini, mises dans ce monde pour être aimées de Dieu et pour vivre en fraternité en aidant ceux qui ont besoin de nous, pourra remplir notre vie et nous aider à « recalculer notre route » au milieu des tempêtes Un proverbe éclairant déclare que de nombreuses « réalités finies » ne pourront jamais assouvir notre soif d'infini
Dieu seul remplit nos espaces Dieu seul suffit
Annexe 3
La vie... depuis la reconnaissance et la gratitude.
Le mot "merci" fait partie de ces mots chargés de sens positif Il est tellement puissant que lorsqu'on le prononce ou qu ' on le reçoit, il crée une aura de reconnaissante qui dilate les cœurs, les adoucit, les attendrit et les fait palpiter plus harmonieusement
Regarder les situations, les personnes, les détails et les expériences du point de vue de la gratitude, c 'est réduire le champ d'action de notre juge intérieur. Cela change notre façon de voir le monde. C'est comme se préparer à regarder ce qui est abondant, ce qui nous est donné, en considérant la réalité à partir du don, de l'opportunité et du cadeau. Cela nous apprend à voir ce qui est bon et positif dans notre vie, plutôt que de nous concentrer sur ce qui ne va pas ou sur ce qui nous manque
Remercier, c 'est aussi espérer Regarder nos attentes et nos désirs avec reconnaissance, c 'est vivre comme si nous possédions déjà ce que nous aspirons C'est comme si nous commencions à profiter à l'avance de l'objet de notre désir et à inviter notre désir à construire la réalité avec ses propres forces Être reconnaissants pour ce que nous désirons, c 'est rendre ce désir présent, concret et palpable En cultivant la gratitude pour nos aspirations, nous créons un état d'esprit positif qui nous aide à atteindre nos objectifs et à construire une vie plus satisfaisante
Le "merci" s'inscrit dans la persévérance Regarder la réalité avec reconnaissance, quelle qu ' en soit la couleur, c 'est réduire l'espace du jugement critique et s'interroger sur la valeur de chaque circonstance C'est apprendre à saisir l'exceptionnel lorsque tout semble mal tourner Être reconnaissants, c 'est sauver la présence du don, de la vie et du charme que la réalité nous offre, même dans les situations les plus difficiles Car il y a toujours des exceptions de bonté, même au milieu de ce qui ressemble à une catastrophe En cultivant la gratitude, nous apprenons à voir les choses sous un angle différent et à trouver des raisons d'espérer, même dans les moments les plus sombres.
Le regard reconnaissant est un style de vie qui se forge, s 'entraîne et se désire. C'est une façon de voir le monde qui accepte la réalité telle qu 'elle est, claire ou sombre, et qui choisit de vivre dans la clarté Le cœur profond finit par désirer l'incessante reconnaissance, comme une impulsion et une poussée de vie donnée par le regard initial
Le regard reconnaissant élargit l'âme et réjouit le cœur Il nous permet de reconnaître la valeur, la source et la cascade d'Amour qui nous entoure Ce regard se tourne vers les visages, les gestes, les couleurs, notre vie et celle de notre prochain, dans les rires et dans les larmes Il est présent en toute occasion où l'existence nous fait savoir que la Vie est là et que nous en faisons partie En cultivant ce regard reconnaissant, nous apprenons à voir la beauté et l'amour qui nous entourent, même dans les moments difficiles, et à vivre avec plus de gratitude et de joie
Le "merci" est parfois un combat. Regarder avec reconnaissance, rendre grâce et reconnaître ce qui nous est donné, cela demande de l'effort et de l'engagement. C'est oser vivre d'une source qui ne se tarit pas, défier les obscurités et les douleurs, car l'Amour a gagné la partie. Et donc, oui, toujours oui, il y aura toujours un don pour lequel nous pourrons être reconnaissants
Ensuite, le "merci" rapproche de Dieu Regarder avec reconnaissance et nourrir son regard de la gratitude, c 'est découvrir le Dieu des détails, le Dieu des petits, le Dieu proche qui vient à notre rencontre C'est apprendre à voir la présence divine dans les moments les plus ordinaires de notre vie et à reconnaître que tout ce que nous avons est un don de Dieu En cultivant la gratitude, nous nous rapprochons de Dieu et nous apprenons à vivre dans une relation plus profonde et plus intime avec lui
Adopter une attitude de reconnaissance signifie gagner du terrain C'est gagner du terrain face aux attitudes de jugement et de critique C'est dire à Dieu tout ce que
nous apprécions et que nous voulons continuer à recevoir de lui, afin qu'il ne cesse jamais de nous les accorder C'est comme si nous voulions rappeler à ce Dieu d'amour que nous nous nourrissons de ses dons et que nous voulons continuer à les recevoir En le remerciant à l'avance, nous exprimons notre confiance en sa générosité et en sa bonté infinie
Enfin, le "merci" aide à vivre de Dieu Regarder avec reconnaissance, vivre de la gratitude, c 'est simplement vivre du Dieu qui est présent dans toute notre vie C'est découvrir combien la Vie est précieuse et généreuse, et apprendre à voir la main de Dieu dans chaque détail de notre existence. En cultivant la gratitude, nous apprenons à vivre en communion avec Dieu et à nous ouvrir à sa présence dans notre vie quotidienne.
Suite au livre suivant : le PAS 2 du Chemin du Cœur : « Le cœur humain, un cœur inquiet et en recherche »