Pas 5 : Il nous appelle ses amis

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Avis Juridique

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Cité du Vatican - 3 décembre 2019 (Révision mars 2023)

Saint-François-Xavier - 175 ans de l'Apostolat de la Prière

CHERS AMIS DANS LE SEIGNEUR

Le Chemin du Cœur est l'itinéraire spirituel proposé par le Réseau Mondial de Prière du Pape. C'est la boussole de notre mission, une mission de compassion pour le monde. Il s'inscrit dans la démarche initiée par le pape François avec Evangelii Gaudium, "La joie de l'Évangile".

C'est le résultat d'un long processus impulsé par le père Adolfo Nicolás, alors supérieur général de la Compagnie de Jésus. Au tout début, avec une équipe internationale dirigée par le père Claudio Barriga SJ, une ébauche avait été rédigée, appelée ici « Cadre de référence ». Nous avons présenté cet itinéraire au pape François qui l’a approuvé en août 2014 ; puis nous l’avons publié dans un document intitulé : « Un chemin avec Jésus, en disponibilité apostolique » (décembre 2014). Ce document présentait une nouvelle manière de comprendre la mission de l'Apostolat de la Prière, dans une dynamique de disponibilité apostolique, comme c’était le cas au commencement.

Le Chemin du Cœur est essentiel pour la recréation de ce service ecclésial, aujourd’hui Réseau Mondial de Prière du Pape. Il s 'agit d'un approfondissement de la tradition spirituelle de l'Apostolat de la Prière pour aujourd'hui, et il articule de manière originale les éléments essentiels de ce trésor spirituel avec la dévotion au Cœur de Jésus. Il peut être considéré comme une adaptation des Exercices Spirituels de saint Ignace. Le Chemin du Cœur est la clé d'interprétation de notre mission. Le commentaire écrit en 2017 souhaitait aider les équipes nationales du Réseau de Prière du Pape à approfondir chaque pas du Chemin du Cœur et à entrer dans sa dynamique interne, afin qu 'elles puissent proposer, avec leur propre créativité, des matériaux adaptés à leur contexte local. Nous trouvons ce texte dans chaque livre sous le titre "Dynamique interne du pas " .

Nous avons vite compris qu’il était important d’aider les équipes nationales à approfondir davantage Le Chemin du Cœur, sans lequel il serait difficile d’avancer dans le processus de recréation de cette œuvre pontificale C’est pourquoi nous avons commencé à écrire en 2018, avec une équipe internationale, 11 livres Cette équipe était coordonnée par Bettina Raed, aujourd’hui Coordinatrice Internationale du Chemin du Cœur C'est depuis la terre du pape François, avec le soutien de plusieurs compagnons jésuites et des laïcs, que nous avons mené à bien ce labeur En 2020 nous avons publié ce travail en espagnol, sous forme de site internet avec 86 vidéos, 86 podcasts et plusieurs centaines de fiches de présentation: wwwcaminodelcorazonchurch

Vous trouverez ici la traduction française des livres du Chemin du Cœur Une traduction est toujours limitée, et nous laissons à vos soins de l’adapter localement Nous espérons que ce matériel vous aidera à proposer cette mission de compassion pour le monde avec créativité (retraites spirituelles, sessions de formation, réunions du Premier vendredi du mois, etc ) C'est le fondement de notre mission Notre façon propre d'entrer dans la dynamique du Cœur de Jésus.

Original espagnol

P Frédéric Fornos, S J

Directeur International

Boussole pour orienter ce PAS

Mot-clé : SE DECIDER

Objectif : Etre déterminé à suivre Jésus.

Attitude clé : Détermination. Enthousiasme et décision d’adhérer au projet de Jésus.

Ce que nous recherchons – Fruit : ouverture et écoute Disponibilité à l’appel de Jésus

Dynamique interne du PAS : Passage de « son projet personnel » à « l’amitié personnelle avec Jésus et son projet »

Cadre de référence

Jésus-Christ nous appelle ses amis et nous invite à une alliance d’amour personnelle, intime et affective avec Lui Il est toujours vivant, prêt à intercéder pour nous, agissant avec détermination pour nous attirer à Lui, car nous sommes précieux à ses yeux Notre amitié avec Lui nous conduit à voir le monde avec ses yeux, à souffrir de ses souffrances et à nous réjouir de ses joies, à offrir notre personne pour travailler avec Lui au service de nos frères et sœurs Il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde

Dynamique interne du PAS

Dieu ne veut rien faire « sans nous », c ’est toujours « avec nous » C’est pourquoi la première chose que fait Jésus, c ’est d’appeler d’autres à être avec lui, au service de sa mission : « Comme il passait le long de la mer de Galilée, [Jésus] vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter le filet dans la mer : c'étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : "Venez à ma suite et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes." Laissant aussitôt leurs filets, ils le suivirent » (Évangile selon saint Marc, chap. 1, 16-17).

Ceux qui le suivent, ses disciples, marchent avec lui de village en village, partagent son repas, écoutent ses paroles et méditent ses actions, peinent avec lui pendant le jour et veillent avec lui pendant la nuit Chaque jour, ils désirent le connaître un peu plus intérieurement, avec le cœur, et chaque jour grandit davantage en eux le désir de l’aimer et de le suivre

Détermination à suivre Jésus-Christ

Souvenez-vous : c ’est, à l’écart, au nord de la Galilée, dans la région de Césarée de Philippe, là où personne ne les dérangera, que Jésus va les interroger : « Au dire des hommes, qui est le Fils de l’homme ? » (Évangile selon saint Matthieu, chap 16, 13) Jésus s’interroge sur tous ceux qui entendent parler de lui, tous ceux qui viennent l’écouter, qui cherchent la guérison ou du pain et du poisson, tous ceux qui, de la Judée et de la Samarie, de toutes origines, juifs et grecs, viennent à lui Que cherchent-ils ? Ont-ils des yeux pour voir et des oreilles pour entendre ? Comprennent-ils qui il est vraiment ou projettent-ils sur lui leurs désirs, leurs peurs, leurs rêves ? Et ceux qu’il a appelés à être avec lui, dans sa mission, ont-ils vraiment reconnu qui il est ? Sont-ils prêts à le suivre jusqu’au bout ? Jésus leur demande de se déterminer vis-à-vis de lui

Vivre selon le style de Jésus

Suivre Jésus-Christ, c ’est participer aujourd’hui par nos décisions, paroles et gestes, à sa mission et à son dessein d’Amour pour l’humanité Pour cela, le disciple est appelé à entrer dans l’itinéraire humain de Jésus, dans son style de vie Un style où il y a concordance entre la parole et le geste Jésus dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit Sa parole agit, son geste parle Parler de concordance entre nos paroles et nos actes est une autre manière de parler de sainteté Jésus nous appelle à entrer dans son style de vie, une existence livrée qui va jusqu’au bout de l’amour, dans l’ouverture au monde, et en particulier auprès de ceux qui souffrent, sont exclus et rejetés

« Heureux vos yeux parce qu'ils voient, et vos oreilles parce qu'elles entendent. En vérité, je vous le déclare, beaucoup de prophètes, beaucoup de justes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l'ont pas entendu » (Évangile selon saint Matthieu, chap. 13, 16). Il s ’agit de voir et d’entendre Jésus. Plus d’un s ’est perdu à chercher Dieu. Jésus seul nous le révèle. Il en est le chemin, la vérité et la vie.

Se décider

L’Amour que Jésus-Christ nous révèle ouvre à la vie et fait grandir en liberté Mais l’ennemi veut toujours nous faire douter de l’Amour de Dieu Il veut nous faire croire que nous devons être parfaits, impeccables, pour être aimés de Lui, au point de nous séparer des sacrements, de la prière, de Dieu, parce que nous ne serions pas dignes de nous présenter devant le Seigneur ; il veut nous faire croire que c ’est par nos mérites que nous serons aimés Non, le Seigneur nous aime gratuitement - Voilà la

Bonne Nouvelle ! - sans rien attendre en retour, sans aucun mérite de notre part, par Amour, tels que nous sommes La grâce n ’exige rien Le croyant n ’ y est pour rien « Le mot gratuitement est à prendre au pied de la lettre » S’il y était pour quelque chose, l’amour de Dieu ne serait pas totalement gratuit

Jusqu’où devra-t-il aller pour que nous puissions vraiment croire qu’Il nous aime sans rien attendre de nous, sinon un cœur ouvert ? N’a-t-il pas déjà tout donné en son Fils ? Ne nous laissons pas prendre par les « tromperies de l’ennemi » qui ne désire pas que nous suivions Jésus sur le chemin de l’Amour jusqu’au bout.

Nous savons, par expérience, que le Seigneur a été fidèle dans notre histoire, jour après jour, c ’est pourquoi il le sera aussi demain. Ce qui dépend de nous, c ’est de nous déterminer à le suivre, à vivre selon son style de vie, à être son ami Toute décision est entourée d’incertitude Et pourtant, aucune vie ne grandit sans le risque d’une décision

La décision vraie est une réponse à un appel, à un don et non une décision par devoir ou obligation Pour saint Ignace, l’amour est une communication réciproque (Exercices Spirituels, n°231) et c ’est en elle que s’inscrit une décision Il peut y avoir beaucoup d’amour, de générosité, mais s’ils ne s’inscrivent pas dans une décision, aussi petite soit-elle, ce n ’est que du vide En revanche, si cet amour et cette générosité s’incarnent dans une décision, même fragile, ils peuvent faire basculer le monde entier C’est le mouvement même de l’incarnation

Se décider par rapport au Christ, c ’est se décider à vivre l’Évangile : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive » (Évangile selon saint Marc, chap. 8, 34).

Ce n ’est qu ’alors, lorsque nous nous déterminons à le suivre jusqu’au bout, en étant jour après jour au plus près de Lui, que Jésus nous dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur reste dans l’ignorance de ce que fait son maître ; je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu auprès de mon Père, je vous l'ai fait connaître » (Évangile selon saint Jean, chap 15, 15)

Ainsi, le véritable « serviteur du Christ », comme nous dit l’Écriture, est un « ami » C’est-à-dire, quelqu’un à qui Jésus a fait connaître « ce qu’il a entendu auprès du Père» Cela signifie une familiarité, une proximité, une intimité, le fait d’être au plus proche de son Cœur Pour grandir dans cette intimité avec le Christ, nous sommes invités à manger sa Parole, mais aussi à le rencontrer dans les sacrements

Entrée depuis la perspective biblique

L'amitié est l'un des dons les plus merveilleux que Dieu nous ait offerts Nous aimons tous avoir des amis dans nos vies, des amis qui marchent avec nous, que nous aimons et qui nous aiment

Notre vie de foi donne une coloration très spéciale au don de l'amitié, car Jésus-Christ, l'envoyé du Père dans le monde, qui nous réconcilie et nous aime infiniment, a fait de l'amitié quelque chose de sacré Lui, le Fils même de Dieu, a voulu partager sa vie sur terre avec d'autres qu'il a choisis et appelés ses amis L'amitié avec Jésus est un cadeau qu'il nous fait et, grâce à elle, nous sommes invités à être avec Lui, à partager, avec son style, sa vie et sa mission

Jésus a choisi ses amis et continue de les choisir aujourd'hui. Dans son amour infini, il nous fait entrer dans son cercle intime, nous confie les secrets de son Père, nous invite à être avec lui et à collaborer à la construction du Royaume de son Père.

Déjà dans l'Ancien Testament, Dieu nous fait savoir son choix d'amour, son amitié et sa prédilection : « Je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi. Tu as du prix à mes yeux, tu es précieux et je t'aime » (Livre d’Isaïe chap 43, 1 4) L'évangéliste Marc nous dit : « Jésus monte dans la montagne et appelle ceux qu'il voulait. Ils vinrent à lui et il en établit douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher » (Évangile selon saint Marc, chap 3, 13-14) Aux Douze, il donna le nom d'apôtres

Jésus nous invite à être ses amis et à participer à sa mission en vue du Royaume de son Père, afin qu ’ en adoptant son style, nous entrions dans son projet de salut du monde : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur reste dans l’ignorance de ce que fait son maître ; je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Évangile selon saint Jean, chap. 15, 15).

Jésus nous offre son amitié, c 'est donc une initiative de sa part. En elle, nous sommes invités à donner une réponse d'écoute et de disponibilité à son appel, une réponse concrète dans notre situation de vie et dans le temps historique que nous vivons : «Les deux disciples, l’entendant parler ainsi, suivirent Jésus. Jésus se retourna et, voyant qu’ils s’étaient mis à le suivre, il leur dit : "Que cherchez-vous ?" Ils répondirent: "Rabbi – ce qui signifie Maître –, où demeures-tu ?" Il leur dit : "Venez et vous verrez." Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là ; c’était environ la dixième heure [environ quatre heures de l’après-midi]» (Évangile selon saint Jean, chap 1, 37-39)

Ainsi, comme cela est arrivé aux premiers disciples, les modes par lesquels Dieu nous appelle à son amitié seront divers Quelle que soit la forme que prend l'appel, nous ne répondons pas seuls à cet appel, nous rencontrerons des frères et des sœurs avec qui partager Ceux-ci nous mèneront à Jésus, mais nous-mêmes nous pourrons les mener à lui pour qu'ils puissent également répondre à cet appel : « André (...) va trouver, avant tout autre, son propre frère Simon et lui dit : "Nous avons trouvé le Messie !" – ce qui signifie le Christ. Il l’amena à Jésus. » (Évangile selon saint Jean, chap 1, 40-42 )

Saint Ignace de Loyola, dans son livre des Exercices Spirituels, présente Jésus qui invite à devenir ses amis et à travailler au projet du Royaume du Père : « Celui qui voudra me suivre devra se contenter de la même nourriture que moi, de la même boisson, du même vêtement, etc Il devra aussi peiner avec moi le jour et veiller la nuit ( ) » (Exercices Spirituels, méditation du Règne du Christ, n ° 93) C'est l'appel que le Christ fait à ses amis pour suivre son style de vie, sa manière de procéder et ses décisions (cf Évangile selon saint Matthieu, chap 16, 24)

Jésus nous invite aujourd'hui à entrer en amitié avec Lui, à accepter son invitation à être l'un des siens, de ceux qui s ’unissent au projet des béatitudes, de ceux qui travaillent pour le Royaume de son Père avec son style, afin que nous soyons avec Lui et que nous fassions partie, comme Lui, des bienheureux du Royaume de Dieu : « À la vue des foules, Jésus monta dans la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Et, prenant la parole, il les enseignait : "Heureux les pauvres de cœur (...), les doux (...), ceux qui pleurent (...), ceux qui ont faim et soif de la justice (...), les miséricordieux (...), les cœurs purs (...), ceux qui font œuvre de paix (...), ceux qui sont persécutés pour la justice (…)". » (Évangile selon saint Matthieu, chap. 5, 1-12.)

Jésus continue de dire à ses amis que vivre en amitié avec lui, en suivant ces préceptes du Royaume, les rend « lumière et sel de la terre ». Les amis de Jésus ne seront pas des docteurs de la Loi, mais ils vivront selon le style de Jésus, selon ses gestes et ses décisions Jésus attend de ses amis qu'ils soient ceux qui donnent du goût et illuminent la terre avec la saveur et la lumière qui irradient du propre ami Jésus : « Vous êtes le sel de la terre (…). Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée. Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. » (Évangile selon saint Matthieu, chap 5, 13-15 ) Les amis de Jésus sont ceux qui vivent selon le projet du Royaume de Dieu, et leurs œuvres reflètent la lumière du Père de Jésus : « Que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Évangile selon saint Matthieu, chap 5, 16 )

Il nous invite et c’est à nous de Lui répondre.

● « Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. (…) Du fait que tu vaux cher à mes yeux, que tu as du poids et que moi je t’aime » (Livre d’Isaïe, chap 43, 1 et 4)

● « Il monte dans la montagne et il appelle ceux qu’il voulait. Ils vinrent à lui et il en établit douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher avec pouvoir de chasser les démons » (Évangile selon saint Marc, chap. 3, 13-14).

● « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur reste dans l’ignorance de ce que fait son maître ; je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Évangile selon saint Jean, chap 15, 15)

● « Pierre, s’étant retourné, vit derrière lui le disciple que Jésus aimait, celui qui, au cours du repas, s’était penché vers sa poitrine » (Évangile selon saint Jean, chap 21, 20)

● « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps » (Évangile selon saint Matthieu, chap 28, 20)

● « C’est pourquoi il est en mesure de sauver d’une manière définitive ceux qui, par lui, s’approchent de Dieu, puisqu’il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur » (Épître aux Hébreux, chap. 7, 25).

● « Celui qui voudra venir avec moi devra se contenter de la même nourriture que moi, de la même boisson, du même vêtement, etc. Il devra aussi peiner avec moi le jour et veiller la nuit (…) » (Exercices Spirituels de Saint Ignace n ° 93)

➔ Pour approfondir. Ressources. Annexe 3. « Il nous appelle ses amis ».

➔ Pour approfondir. Ressources. Annexe 4. « Des saints non seulement sur les autels ».

Entrée depuis la perspective de la foi

Suivre le Christ.

« Comme Jésus se mettait en route, quelqu’un vint en courant et se jeta à genoux devant lui ; il lui demandait : "Bon Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle en partage ?" Jésus lui dit : "Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul Tu connais les commandements : Tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, tu ne feras de tort à personne, honore ton père et ta mère." L’homme lui dit : "Maître, tout cela, je l’ai observé dès ma jeunesse." Jésus le regarda et se prit à l’aimer ; il lui dit : "Une seule chose te manque ; va, ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens, suis-moi." » (Évangile selon saint Marc, chap 10, 17-21 )

En écoutant ce récit de l’Évangile, nous pourrions penser qu’il s ’agit d’un appel à la vie consacrée, comme celle des religieux, religieuses et prêtres Comme si l’expression « vendre tous ses biens pour ensuite suivre Jésus » ne concernait que cette forme de vie. En réalité, c ’est un appel à devenir disciple de Jésus. Un récit qui nous concerne donc tous.

Jésus a rencontré beaucoup de personnes sur les routes de Galilée, mais toutes ne sont pas devenues ses disciples La multitude qui est venue de Judée, de Jérusalem et d’au-delà du Jourdain s ’est pressée autour de Lui, et sa parole et ses gestes faisaient beaucoup de bien Pensons à la femme hémorroïsse, à Zachée, à la femme syro-phénicienne Cependant, ils ne l’ont pas suivi, ils ne sont pas devenus ses disciples Ils pouvaient être favorables à Jésus, mais ils ont continué à vivre dans leur bourg et n ’ont pas quitté leur activité pour Lui L’attitude du disciple est de marcher derrière, de suivre le Maître

D’autres personnes, qu’Il rencontre sur son chemin, dans les villes et les villages, au contraire, vont se mettre en marche et suivre Jésus ; elles entendront son appel : «Suis-moi !»

La vocation chrétienne.

Parler de vocation, c ’est parler d’un « appel ». C’est Jésus-Christ qui appelle. Lorsque nous entendons « vocation » et nous pensons souvent à la vie religieuse, aux consacrés. Cependant, parler de vocation, c ’est parler de vocation chrétienne. Par notre baptême, étant donné que nous sommes oints comme prêtres, prophètes et

rois, nous sommes tous appelés à mettre nos pas derrière ceux de Jésus, le Christ, pour suivre son chemin La vocation chrétienne est une réponse à l’appel à devenir disciples du Christ

Le disciple désire connaître le Maître : « Où demeures-tu ? » (Évangile selon saint Jean, chap 1, 38) Il désire le connaître intérieurement afin de l’aimer et le suivre davantage Le disciple désire prendre le chemin de Jésus et suivre ses pas Les récits évangéliques racontent la vie de Jésus et ce qu’Il devient pour ceux qui croisent son chemin. À ceux qui répondent à son appel et deviennent ses disciples, Il communique, peu à peu, son identité, sa manière d’être, qui devient, comme nous le verrons, la forme même de l’existence du disciple.

Devenir disciples de Jésus-Christ, en intimité avec Lui, demande d’être à l’écoute et d’être dociles à la vie de l’Esprit C’est ce que nous voyons dans l’appel au « jeune homme riche » qui, poussé par un profond désir de vie, de « vie éternelle », dit à Jésus qu’il observe tous les commandements depuis sa jeunesse Jésus lui répond : «Une seule chose te manque ; va, ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, suis-moi. » (Évangile selon saint Marc, chap 10, 21 ) Cet appel que lui fait Jésus dépasse le simple accomplissement de la Loi «Viens, suis-moi ! » est un appel à notre liberté, qui dépasse la simple observance et nous invite à entrer dans une histoire, l’histoire du Christ Son histoire devient ainsi notre propre histoire, une histoire que nous inventons aujourd’hui avec Lui, qui se déploiera avec notre « oui » et dans la liberté de Son Esprit Devenir disciples de Jésus est un appel à entrer dans la vie de l’Esprit C’est là l’unique vocation chrétienne

Entrer dans la vie de l’Esprit.

Revenons à l'Évangile et imaginons. Un homme marche la nuit dans les ruelles sombres de Jérusalem. On entend le bruit de ses pas. Il a un rendez-vous important. Cet homme est un notable juif, un érudit, un docteur d'Israël, reconnu comme enseignant la sagesse de la Loi, la Torah Son nom est Nicodème Il vient rencontrer Jésus « Rabbi, nous savons que tu es un maître qui vient de la part de Dieu, car personne ne peut opérer les signes que tu fais si Dieu n'est pas avec lui. Jésus lui répondit : "En vérité, en vérité, je te le dis: à moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu." Nicodème lui dit: "Comment un homme pourrait-il naître s'il est vieux ? Pourrait-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître ?" Jésus lui répondit : "En vérité, en vérité, je te le dis : nul, s'il ne naît d'eau et d'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne pas si je t'ai dit : ‘Il vous faut naître d'en haut’.

Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il

va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit." » (Évangile selon saint Jean, chap 3, 1-8)

Nous avons entendu dans cette histoire comment Jésus aide Nicodème à découvrir le chemin de la vie dans l'Esprit Nicodème est un homme de la Torah Il connaît la sagesse de la Loi, mais même en ayant beaucoup de savoir il est dans la nuit Car accéder au « Royaume de Dieu », au monde nouveau, n 'est pas une affaire d'observance de la Loi ou de connaissance, mais de naissance Il s 'agit de « naître de nouveau », « naître d'en haut » Il s 'agit sans cesse de naître à la vie dans l'Esprit En effet, du fait que l’on pratique telle ou telle vertu ou que l’on obéit à la Loi ou aux commandements, on n ’accède pas encore pleinement à la vie dans l'Esprit.

On accède à la vie dans l'Esprit, à la vie spirituelle, lorsqu'on s ' ouvre aux « motions », c 'est-à-dire aux « mouvements » de notre affectivité, inspirés par l'Esprit Alors, celui qui entre dans cette vie grandit en familiarité avec sa vie intérieure qu'il parvient progressivement à déchiffrer, il apprend à se disposer à accueillir les mouvements de l'Esprit et à reconnaître la voix d'un Autre qui cherche à Lui parler C'est le propre du discernement spirituel

Jésus lui-même était un homme de discernement Un homme docile à l'Esprit Comme nous le voyons dans de nombreux épisodes de l'Évangile, il cherchait constamment à reconnaître son chemin dans la prière auprès de son Père Sa vie n'était pas programmée à l'avance Prendre ce discernement au sérieux, c 'est prendre au sérieux son humanité

Un épisode significatif est celui de la femme grecque, d'origine syro-phénicienne, dont la fille avait un « esprit impur » (Évangile selon saint Marc, chap. 7, 24-30). Après les tensions avec les pharisiens et les scribes, Jésus s 'est retiré en pays païen, dans la région de Tyr, et il ne voulait pas qu ’ on le sache. Pourtant, cette femme grecque le reconnaît et lui demande de « chasser le démon hors de sa fille ». Au début, Jésus lui oppose une fin de non-recevoir : « Laisse d’abord les enfants se rassasier, car ce n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens » Ses paroles sont dures Jésus ne semble comprendre sa mission que dans le cadre d'Israël, avec qui Dieu a fait alliance (Évangile selon saint Matthieu, chap 15, 24) Cependant, Jésus entend la réaction pleine d’à propos de la femme Il entend sa « parole » Il ne s 'enferme pas dans sa position, il n 'essaie pas d’argumenter davantage, il se laisse toucher par cette parole et déplacer dans ses convictions A cause de cette « parole », il libère l’enfant Jésus est un homme qui est capable d’accueillir l'autre au point d'être transformé par lui Il se laisse déloger de ses certitudes Désormais, après cette rencontre, l’Évangile nous raconte que Jésus va s 'ouvrir aux païens et parcourir leur région Cette rencontre lui a en effet permis de discerner sa mission

Le disciple est appelé à son tour appelé à entrer dans la vie de l'Esprit, il est appelé à discerner sans cesse comment suivre Jésus dans le monde d'aujourd'hui, comment être docile à son Esprit Cet appel est aussi pour toi

Entrée depuis la perspective spirituelle

Jésus au centre de notre vie

Notre grand défi, en tant qu’êtres humains, que nous soyons croyants ou pas, est de trouver de nouvelles façons de rendre la vie plus humaine, digne et saine Cependant, en tant que disciples de Jésus, nous devons aussi nous inspirer de son style de vie Sa manière d’être et d’agir insufflaient aux personnes qu'il rencontrait l'espoir d'un monde plus fraternel et solidaire En l'imitant, nous continuons aujourd'hui à collaborer au projet du Royaume de Dieu La question est : comment ?

L'homme moderne ressent une perte de sens et d'horizon dans sa vie, ce qui engendre insécurité et méfiance à cause d'un progrès démesuré à son détriment. La science, la technologie, la médecine, l'informatique, et les nombreux progrès dans divers domaines n 'ont pas réussi à satisfaire le profond désir d'aimer et de se sentir aimé.

De plus en plus de personnes expriment ouvertement leur insatisfaction Elles ont tout pour être heureux, ou du moins le pensent-elles, mais elles ne le sont pas ; c 'est peut-être la plus grande frustration et pauvreté de ce siècle

Les hommes et les femmes d'aujourd'hui, bien que vivant souvent dans un monde qui leur offre de nombreuses alternatives, manquent de l'essentiel pour vivre Ils souffrent de faim, mais pas comme ceux qui n 'ont rien à manger et errent dans les rues en se nourrissant de ce qu'ils trouvent dans les poubelles, mais d'une faim féroce et brutale qui les tue par inanition affective et spirituelle, car ils ne se sentent pas aimés par Dieu et par leurs semblables

Même sans en être pleinement conscients, nous désirons que Jésus et son Royaume soient au centre de notre vie C'est pourquoi nous devons nous situer au cœur du monde, avec une spiritualité centrée sur le Cœur de Jésus : un cœur compatissant et miséricordieux qui s'implique dans la vie des gens pour la rendre plus digne.

Mais cette nouvelle manière de nous situer sera possible si nous renouons une relation personnelle et affective avec Jésus. De la rencontre personnelle et irremplaçable que nous avons avec Lui dans la prière, naîtront en nous les sentiments et les attitudes qui ont animé le Cœur de Jésus face à la souffrance de tant de gens Il a cherché avant tout à rendre la vie des personnes plus digne et a proposé par sa vie un style particulier qui puisse rendre le monde plus juste En nous rapprochant du Cœur de Jésus, nous nous rapprochons aussi de ses souffrances et de ses sentiments pour tous, et Il nous conduit à une mission de compassion pour le monde

Nous devons laisser l'Amour de Dieu nous rejoindre Mais avant de nous enthousiasmer pour sa cause ou sa mission concrète, nous devons cultiver une relation personnelle avec Jésus-Christ Entrer en amitié profonde avec Lui Ce n 'est qu 'ensuite que nous pourrons nous passionner pour son projet d'une vie plus humaine, saine et heureuse pour tous C'est Son amour qui forgera en nous le style de vie qui fera de nous des disciples et des collaborateurs dans son projet du Royaume Le cœur de l'apôtre, qui reste disciple, doit toujours être à l'écoute de la voix du Maître

Dans l'espace sacré de la prière, nous nous accordons aux sentiments de Jésus de telle manière qu ' au fur et à mesure, et de manière invisible, se produit une véritable «transplantation de cœur » jusqu'à ce que nous assumions son mode d'être et de procéder L'Esprit Saint nous apprend à regarder les choses avec ses yeux, à ressentir comme Lui, et à désirer que le monde se transforme en Royaume de Dieu

L'amour du Père manifesté en Jésus n 'est pas théorique Il ne l'a pas exprimé seulement en paroles, mais Il l'a rendu concret, par des gestes de compassion et de miséricorde C'est pourquoi notre manière de suivre Jésus doit être marquée par son mode de procéder Ce n 'est qu 'ainsi que, comme apôtres de Jésus et «disciples-missionnaires », nous pourrons refléter un visage plus semblable au sien

Contempler la vie de Jésus.

Pour connaître Jésus en profondeur, il est nécessaire de connaître sa vie, son style, sa manière de décider et d'agir. Dans les Évangiles et les autres livres du Nouveau Testament, nous trouvons des récits sur sa vie qui sont lumière et guide pour la nôtre.

Ce n 'est qu ' en consacrant du temps à « manger » et à nous nourrir de cette Parole, source de vie en abondance, que nous pourrons entrer en amitié profonde avec Jésus, le Fils de Dieu.

Lire les Évangiles et contempler la vie de Jésus est une manière de prier, d'entrer en intimité avec Lui et de laisser sa vie interpeller la nôtre ; c ’est un chemin de transformation intérieure Contempler l'Évangile, c 'est s 'arrêter sur les images, regarder, voir, écouter ce que nous disent les récits de la vie de Jésus Permettre que les détails des personnages et de la scène s'imprègnent dans notre cœur, jusqu'à ce que les moindres réflexes de Jésus, ses gestes, ses manières de penser, de ressentir, de regarder, d'agir se reflètent dans les nôtres

Saint Ignace de Loyola, dans son livre des Exercices Spirituels, met à l'épreuve l'exercitant avant de lui proposer de suivre Jésus En tant que personne formée aux

arts de la chevalerie, il comprenait profondément ce que signifiait « suivre le roi » Il recrée ainsi l’appel qu ’ un roi, aimé et respecté par ses sujets, adresse à ces derniers pour les rallier à sa cause C’est ainsi qu’il déclare : « Celui qui voudra venir avec moi devra se contenter de la même nourriture que moi, de la même boisson, du même vêtement, etc Il devra aussi peiner avec moi le jour et veiller la nuit, etc , pour prendre part ensuite avec moi à la victoire comme il l’aura prise à la peine » (n° 93)

Saint Ignace oriente ici l’attention vers l’appel du Christ, le Roi éternel, et invite à se rendre disponible à cet appel. Il présuppose que celui qui fait les Exercices a déjà été enthousiasmé dans sa vie par des projets humains, par de bonnes causes portées par des personnes de bien. Car si cela n ’avait pas eu lieu, suivre Jésus pourrait se réduire à une fantaisie ou une utopie. À travers cet exercice, Saint Ignace introduit la personne qui souhaite suivre le Christ à chercher à le faire de manière concrète et incarnée Cet exercice aide à « mesurer » la détermination de celui qui désire suivre le « Roi Éternel », Jésus-Christ C'est donc pour lui un moyen d’évaluer le degré «d'authenticité » de sa décision

Avez-vous pu réfléchir à votre enthousiasme pour vous engager dans des projets humains ? Ou à votre implication dans des projets d'autres personnes qui contribuent à communiquer des valeurs telles que le bien, la vérité, la justice ou le soutien des plus fragiles ? Quelles sont les choses qui vous passionnent ou motivent votre engagement, votre temps, vos ressources, votre disponibilité intérieure ?

Dans une autre partie de son livre des Exercices Spirituels, Saint Ignace de Loyola invite à demander « la connaissance intérieure du Seigneur qui s ’est fait homme pour moi » (n° 104). Cela signifie connaître intimement Jésus, comprendre son cœur, ce qui le touche, ce qu'il désire et ce qu'il attend. Pourquoi cette connaissance est-elle importante ? Pour l'aimer davantage et le suivre. Saint Ignace a découvert que, pour suivre Jésus-Christ, il faut l'aimer profondément et librement, et pour l'aimer ainsi, il faut d'abord le connaître On n 'aime pas ce qu ' on ne connaît pas

Le grand mystère de l'amour réside dans le fait que plus nous connaissons Jésus et pénétrons les traits de sa vie sur terre, plus nous réalisons que le suivre consiste à nous laisser aimer et guider par Lui C'est Lui qui prend l'initiative, qui nous invite et nous propose, et il ne nous reste qu'à accueillir cette invitation et à décider de le suivre

Cette expérience n 'est pas théorique ni simplement déclarative ; c 'est une expérience de vie que nous ne pouvons vivre qu ' en cheminant avec Jésus, en le contemplant dans les Évangiles, en nous laissant refléter dans sa vie, et en laissant sa Parole nous transformer Saint Ignace nous offre un guide pour « faire l'exercice de

contemplation» : voir les personnages du récit, écouter leurs paroles, observer leurs actions, puis réfléchir, c 'est-à-dire laisser l'image nous parler, se refléter en nous, et laisser résonner les paroles du Seigneur dans notre cœur Ainsi, les Exercices nous aident à tirer profit de notre contemplation pour notre vie

Suivre Jésus, c ’est donc rejoindre son projet, travailler à sa mission, mais selon son style de vie, sa manière d’être et d’agir, sa manière de procéder C'est vivre sa Vie de manière à ce que notre existence reflète la sienne Cela ne se réalisera que si nous nous laissons transformer par la contemplation de sa vie, afin qu ’elle prenne vie dans la nôtre.

➔ Pour approfondir. Risorse. Ressources. Annexe 2. «Vivre un temps différent».

Entrée à partir des paroles du Pape

Prendre l’initiative, s’impliquer, accompagner, fructifier et fêter

« L’Église “ en sortie” est la communauté des disciples missionnaires qui prennent l’initiative, qui s’impliquent, qui accompagnent, qui fructifient et qui fêtent “Primerear –prendre l’initiative” : veuillez m ’ excuser pour ce néologisme La communauté évangélisatrice expérimente que le Seigneur a pris l’initiative, il l’a précédée dans l’amour (cf Première Épître de saint Jean, chap 4, 10), et en raison de cela, elle sait aller de l’avant, elle sait prendre l’initiative sans crainte, aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin et arriver aux croisées des chemins pour inviter les exclus Pour avoir expérimenté la miséricorde du Père et sa force de diffusion, elle vit un désir inépuisable d’offrir la miséricorde Osons un peu plus prendre l’initiative ! En conséquence, l’Église sait “ s’impliquer” Jésus a lavé les pieds de ses disciples Le Seigneur s’implique et implique les siens, en se mettant à genoux devant les autres pour les laver. Mais tout de suite après il dit à ses disciples : “Vous serez heureux si vous le mettez en pratique.” (Évangile selon saint Jean, chap. 13, 17). La communauté évangélisatrice, par ses œuvres et ses gestes, se met dans la vie quotidienne des autres, elle raccourcit les distances, elle s ’abaisse jusqu’à l’humiliation si c ’est nécessaire, et assume la vie humaine, touchant la chair souffrante du Christ dans le peuple Les évangélisateurs ont ainsi “l’odeur des brebis” et celles-ci écoutent leur voix Ensuite, la communauté évangélisatrice se dispose à “ accompagner ” Elle accompagne l’humanité en tous ses processus, aussi durs et prolongés qu’ils puissent être Elle connaît les longues attentes et la patience apostolique L’évangélisation a beaucoup de patience, et elle évite de ne pas tenir compte des limites Fidèle au don du Seigneur, elle sait aussi “fructifier” La communauté évangélisatrice est toujours attentive aux fruits, parce que le Seigneur la veut féconde Il prend soin du grain et ne perd pas la paix à cause de l’ivraie Le semeur, quand il voit poindre l’ivraie parmi le grain, n ’ a pas de réactions plaintives ni alarmistes Il trouve le moyen pour faire en sorte que la Parole s’incarne dans une situation concrète et donne des fruits de vie nouvelle, bien qu ’apparemment ceux-ci soient imparfaits et inachevés Le disciple sait offrir sa vie entière et la jouer jusqu’au martyre comme témoignage de Jésus-Christ ; son rêve n ’est pas d’avoir beaucoup d’ennemis, mais plutôt que la Parole soit accueillie et manifeste sa puissance libératrice et rénovatrice. Enfin, la communauté évangélisatrice, joyeuse, sait toujours “fêter”. Elle célèbre et fête chaque petite victoire, chaque pas en avant dans l’évangélisation. L’évangélisation joyeuse se fait beauté dans la liturgie, dans l’exigence quotidienne de faire progresser le bien L’Église évangélise et s’évangélise elle-même par la beauté de la liturgie, laquelle est aussi célébration de l’activité évangélisatrice et source d’une impulsion renouvelée à se donner » (Pape François, La joie de l’Évangile n ° 24)

Entrée depuis la perspective de la prière

Il nous appelle à être ses amis

L’amour de Jésus ou son amitié est un cadeau si grand qu’il peut susciter en nous le sentiment d’en être indignes. Parfois aussi est-il blessé. Ainsi, le pardon ravive l'amour en nous, un amour à la fois libre et généreux C'est un amour qui nous pousse à nous identifier au Christ, à refléter les traits du Fils Cet amour nous invite à partager les mêmes sentiments que Celui qui nous appelle amis Jésus nous convie à être avec Lui, à collaborer à sa mission Dans ce PAS du Chemin du Cœur, il est essentiel de recentrer notre vie sur la personne de Jésus, d’ordonner et harmoniser les affections qui animent notre existence

Nous savons ce que notre Père est capable de faire en nous lorsque nous l’accueillons dans notre cœur, nous connaissons le don de Dieu, et c 'est pourquoi nous nous laissons conduire par Jésus Nous nous laissons séduire par Lui, comme un amoureux, au point qu'Il transforme tout en nous. Nous désirons être transformés par son invitation et sa promesse, nous laisser habiter par Lui afin de placer en Lui toute notre confiance et notre espérance. Nous répondons à son appel parce que nous reconnaissons dans son invitation un chemin radical et profond vers la vie et la vie en abondance.

Lorsque nous disons « c ’est à moi » ou bien « c ’est mien », est inscrit si profondément dans notre esprit et notre cœur qu'il nous est difficile d'adopter d’autres expressions comme « c 'est pour nous deux » ou « c 'est pour tous » Enfants, lorsque l'on nous disait « c 'est pour vous deux » ou « c 'est pour tous », cela revenait à déclarer un conflit Pourquoi ? Parce qu'il y a en nous une tendance à vouloir « tout pour moi » Partager est vient après l'égoïsme C'est un signe de dépassement personnel, un indicateur de progrès et de maturité Dès notre enfance, nous devenons conscients de qui nous sommes, de ce qui se passe autour de nous, et nous ressentons souvent l'amour des personnes qui ont une affection « préférentielle » pour nous, réalisant combien ces personnes sont importantes et nécessaires C'est la première étape de notre vie

L’étape suivante est marquée par la nécessité d'apprendre à être avec les autres, avec ceux que nous aimons et qui nous aiment, mais cette étape n ’est pas facile à franchir. C'est un changement total de perspective qui exige de se mettre à la place de l'autre. Nous ne pourrons nous engager dans ce nouveau paradigme que si nous avons bien traversé la première étape et que nous sommes prêts à traverser la mer de l'égoïsme pour entrer dans la vie des autres : découvrir un nouveau monde Cette deuxième

étape commence dans l'enfance, lorsque nous commençons à avoir des amis Dans les Exercices Spirituels n ° 95, Saint Ignace de Loyola met dans la bouche du Roi Éternel un appel aux disciples afin qu’ils entrent dans cette nouvelle perspective, disant : « Celui qui voudra venir avec moi doit peiner avec moi, afin que, me suivant dans la souffrance, il me suive aussi dans la gloire »

Jésus nous invite à franchir les frontières de notre « moi » afin de commencer à percevoir la vie depuis le « nous », et c ’est un pas qui requiert courage et bravoure, car cela signifie abandonner ses sécurités et conforts pour vivre selon son style de vie. Il faut travailler dur, transpirer abondamment et être prêt, parfois, à pleurer la perte « des oignons et de l’ail d'Égypte » (Livre des Nombres, chap. 11, 5). Traverser la première étape de notre vie signifie faire un saut qualitatif, réaliser un exode intérieur que beaucoup n 'osent pas entreprendre Jésus nous appelle amis et nous invite à prononcer et à conjuguer, chacun avec sa propre vie, le verbe « partager » Si la première chose que nous apprenons est à valoriser ce que nous sommes, c 'est-à-dire le « moi », l'étape suivante est d'avoir de l’empathie avec le « nous »

Bien que cela puisse sembler étrange, la configuration avec le style de Jésus se fait à mesure que nous acquérons l'attitude de partager En peu de mots, la maturité dans la suite de Jésus, à être son disciple, se mesure par notre capacité à nous donner Adopter l'attitude de partager signifie rompre et sortir, peu à peu, de la « coquille » de l'égoïsme pour découvrir la beauté de la vie à travers les yeux de Jésus Lorsque nous contemplons le monde à travers les yeux de Jésus, nous nous trouvons dans une nouvelle perspective de la réalité qui nous fait découvrir toutes choses sous un jour nouveau.

Partager est une attitude fondamentale pour être avec Jésus. Il peut sembler simple de donner quelque chose, une partie de ce qui nous appartient, mais se donner soi-même est un chemin qui nous fait trembler. Donner ce que nous sommes est une tâche difficile, car elle touche les fibres les plus intimes de notre être centré sur soi-même Nous ne sommes pas toujours disposés ou préparés à rompre l'inertie de tourner autour de notre propre nombril Partager est un combat intérieur qui nous accompagnera toute notre vie Ce combat vise à libérer l'amour et son potentiel : la générosité Nous devons apprendre à vivre « tout » ce que nous sommes et ce que nous avons, en complétant « je suis » par « nous sommes » Partager est une attitude qui nous oblige à affronter le détachement et le renoncement pour vivre selon le style de Jésus

Ce n 'est qu ' en traversant bien cette deuxième étape que nous serons prêts à valoriser le « nous » Sans ce processus de conscience humaine et de développement affectif, nous ne comprendrons pas pleinement ce que signifie nous donner, nous offrir, « nous partager » avec les autres

➔ Pour approfondir. Ressources. Annexe 1. « La joie de l’Évangile ».

EXERCICE

Exercice : L’offrande dans la vie quotidienne.

Le rythme quotidien de prière que nous proposons dans le Réseau Mondial de Prière du Pape comprend au moins trois moments spécifiques, comme nous l'avons vu dans l'introduction au Chemin du Cœur Nous vous invitons ici à mettre en pratiquer ce premier moment avec une attention particulière. Dans l'offrande quotidienne, nous nous remettons au Seigneur pour collaborer avec Lui, en nous rendant disponibles à sa mission. C'est le moment de la journée où nous exprimons particulièrement notre désir de grandir en disponibilité apostolique, qui est une ouverture du cœur à l'action du Seigneur, à sa parole, pour qu'Il nous conduise Cette disponibilité consiste à être à l'écoute de sa voix, ce qui peut ou non se concrétiser dans une action, mais qui commence par une totale disposition intérieure envers Lui

Le matin, en commençant la journée « Avec Jésus le matin », dans un moment de silence, nous nous rendons présent au Christ ressuscité qui est présent, avec nous Nous demandons au Père de nous rendre disponible à la mission de son Fils pendant cette nouvelle journée, en nous offrant avec ce que nous sommes et avons Nous demandons alors à l'Esprit Saint d'ouvrir notre cœur aux défis de l'humanité et de la mission de l'Église, et nous prions pour cela selon les intentions du Pape pour le mois en cours Nous pouvons faire cette offrande quotidiennement, par exemple via l'application Click to Pray

Nous vous proposons de prier chaque matin avec Click to Pray et de présenter cette prière au Père :

« Père très bon, je sais que tu es avec moi Me voici en ce jour nouveau Mets mon cœur, une fois encore auprès du Cœur de ton Fils Jésus qui s ’offre pour moi et qui vient à moi dans l'Eucharistie Que ton Esprit Saint fasse de moi son ami et son apôtre disponible pour sa mission de compassion Je remets en tes mains mes joies et mes espérances, mes activités et mes souffrances tout ce que j’ai et possède en communion avec mes frères et sœurs de ce réseau mondial de prière Avec Marie, je t'offre cette journée pour la mission de l'Église pour les intentions de prière de mon évêque et du Pape : ce mois-ci… » Amen

Exercice : Offrande de plus grand prix, de plus grand amour et don.

Nous vous proposons de faire un exercice inspiré des Exercices Spirituels de Saint Ignace Ce saint sait que tous n ’atteignent pas la même disponibilité intérieure dans la décision et l’engagement à la suite du Seigneur Chacun fera cependant sa propre offrande et donnera sa propre réponse à l'invitation du « Roi Éternel » Ignace pressent que certains « voudront s 'attacher plus étroitement » (cf. n ° 97), c 'est-à-dire qu'ils voudront aller un peu plus loin et désireront se donner non seulement au travail, mais aussi se donner eux-mêmes, leur propre personne, à la peine pour le Royaume de Dieu. Même lorsqu'ils sentiront que c 'est difficile et génère des résistances intérieures, ils le feront par amour et gratitude à l'appel de ce Seigneur. C'est pourquoi nous vous invitons à « éprouver votre propre offrande » Jusqu'où êtes-vous prêt à aller pour la cause de Jésus-Christ ? Qu’est-ce que vous êtes prêts à donner au Seigneur ? Quels engagements êtes-vous prêts à assumer ?

Imaginez que vous vous présentez devant le Seigneur et que là se trouvent tous les saints et saintes du ciel, toute la cour des anges et la Mère du Ciel, qui sont témoins de ce moment où vous vous disposez à vous offrir au Seigneur Vous lui dites que vous êtes prêt à le suivre, à aller où Il vous conduira, à travailler là où Il a besoin de vous, même si vous devez traverser des situations difficiles, dures ou injustes

Imaginez ce moment où vous demandez au Seigneur d'accepter votre offrande, de vous recevoir à son service et de vous prendre avec Lui pour sa mission Que lui diriez-vous ? Comment serait ce moment ? Écrivez votre offrande, dites au Seigneur comment et pourquoi vous vous offrez à Lui et demandez-lui de vous recevoir dans sa mission s'Il a besoin de vous

Exercice : Apprendre à contempler la vie de Jésus.

Nous vous proposons de faire un exercice de contemplation de la vie de Jésus. Cette manière de prier est particulièrement appropriée pour les scènes bibliques où il y a des personnages à voir et à écouter. Contempler c ’est plus qu ' une manière de faire, c 'est une manière « d'être avec » Jésus-Christ. Lorsque je contemple par exemple un paysage, un ruisseau, avec l’eau bondissant sur les galets, je peux rester là longtemps, simplement, sans rien faire, sans rien penser, seulement présent Je goûte ce moment, j’accueille ce que je vois et ce que j’entends

Cette même attitude que nous vous invitons à avoir avec les récits de l'Évangile Il s 'agira de contempler Jésus lui-même, ses paroles et ses gestes, sa vie, comme si vous étiez présent

Nous vous invitons maintenant à écouter l'appel des premiers disciples dans l'Évangile de Matthieu Écoutez ce récit comme si vous y étiez Imaginez ce que vous voyez et entendez comme si vous y étiez, vous aussi, au bord du rivage Prenez le temps de savourer sans vous presser Souvenez-vous : « Ce n ’est pas d’en savoir beaucoup qui satisfait et rassasie l’âme mais de sentir et de goûter les choses intérieurement » (Saint Ignace de Loyola).

« Comme il passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter le filet dans la mer : c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : "Venez à ma suite, et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes." Laissant aussitôt leurs filets, ils le suivirent Avançant un peu, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, qui étaient dans la barque en train d’arranger leurs filets. Aussitôt, il les appela. Et laissant dans la barque leur père Zébédée avec les ouvriers, ils partirent à sa suite» (Évangile selon saint Marc, chap 1, 16-20 ; cfr Évangile selon saint Matthieu, chap 4, 18-22)

Ce qui peut aider à entrer dans une contemplation plus profonde, c ’est d’avancer pas à pas, sans se précipiter Comment ?

Préparer ce temps de contemplation comme un rendez-vous important Nous avons déjà abordé dans les PAS antérieurs du Chemin du Cœur l’importance de la

disposition intérieure, pour préparer le corps et le cœur et entrer dans une contemplation plus profonde

Il s ’agit d’abord de voir, voir les personnes présentes dans ce récit

VOIR

Il y a une manière de regarder sans voir. Je prends donc le temps de voir vraiment

Comment les personnes sont-elles habillées, quels sont leurs visages… Qui sont-elles ? (leur histoire, leur tempérament, leurs joies et leurs peines, leurs aspirations).

Je peux aussi m’impliquer dans cette scène. Je ne contemple pas alors ce récit comme si j’y étais extérieur, mais du dedans Je peux être au milieu de la foule, être un disciple, un pharisien, ou un malade, et tout voir à partir de lui Comment il a vécu cette scène, qu ’est-ce qu’il voyait de là où il était, comment il a vu Jésus, etc

Puis prendre le temps de « sentir et goûter les choses intérieurement » (Exercices, n ° 2), en laissant résonner dans mon cœur ce que je vois Comment tout cela rejoint ma vie ? Il y a peut-être une image, un geste, un regard, qui m ’ont touché Je peux rester là tant que j’ai du goût

Comment avancer dans la contemplation ? Le premier pas consiste à voir les personnages du récit biblique comme si vous y étiez Le deuxième pas consiste à écouter

ÉCOUTER

Il y a une manière d’écouter sans entendre. Nous sommes souvent trop plein de nous-mêmes, de nos pensées, de ce que nous pensons savoir et il nous est difficile d’accueillir ce que l’autre dit vraiment. Ici il s ’agit de prendre le temps d’écouter sans remplir ma prière de bavardages, écouter pour entendre

Que disent les personnes de ce récit biblique, par exemple les disciples ou Jésus, quelle est leur voix, leur intention, le poids de ce qu’ils disent ? J’écoute les paroles et ce qu ’elles révèlent de celui qui parle, le silence qu ’elles portent Il ne s ’agit pas de réfléchir sur ces paroles mais de les écouter, de les accueillir, de les laisser résonner dans mon cœur

Si j’écoute vraiment, comme si j’y étais présent, sans forcer, il peut m’être donné d’entendre des paroles comme si elles m’étaient personnellement adressées

Après avoir pris le temps de « sentir et goûter les choses intérieurement », je peux

revenir sur telle ou telle parole pour m ’ y arrêter et en tirer profit pour ma vie Qu’est-ce que j’ai entendu qui me concerne ? Je reste là tant que j’ai du goût

Les divers moments de la contemplation ne sont pas forcément séparés Il peut arriver que « voir » et « écouter » se rejoignent Si cela vous aide à être plus proche de Jésus-Christ, tant mieux Si vous sentez au contraire que vous vous éloignez du texte biblique, il est préférable de revenir au premier moment, « voir », pour avancer pas à pas

Un troisième moment de la contemplation consiste à considérer ce qui se passe dans le récit.

CONSIDÉRER

Après avoir pris le temps de regarder les personnes présentes dans le récit et d’écouter leurs paroles, je peux aussi considérer leurs gestes, leurs attitudes, leurs réactions, leurs intentions Ce n’est pas un temps de réflexion, je demeure dans une attitude intérieure de contemplation. Il s ’agit de goûter de l’intérieur, de peser ce qu’ils cherchent à faire, de laisser résonner en moi ce qui se passe dans ce récit Laissez résonner en vous cette expérience Que signifie-t-elle ?

Après, j’essaye de sentir comment ce que j’ai « considéré » parle de ma vie, parle de mon histoire, de moi. Là aussi, sans forcer, j’accueille ce qui vient

Pour contempler un récit évangélique il est important de prendre le temps de préparer son corps et son cœur, sans se précipiter. Si je vais trop vite pour entrer dans la contemplation je risque d’en rester à la tête. Je peux considérer, à partir de ce que j’ai vu et entendu, comment ce que vivent les premiers disciples dans leur rencontre avec Jésus (voir Évangile de Matthieu chap. 4, 18-22) rejoint mon histoire personnelle.

Contempler un texte biblique pas à pas. Résumé

A. Contemplation

● Voir les personnages quels sont leurs visages… Qui sont-elles ? (leur histoire, leur tempérament, leurs joies et leurs peines, leurs aspirations).

● Écouter ce qu’ils disent Entendre ce qu’ils disent, comme si j’y étais présent. Quel est le ton de leur voix et leur intention?

● Considérer ce qu’ils font

Quels sont leurs gestes, leurs attitudes, leurs réactions, leurs intentions ? Peser cela pour essayer de sentir ce qu’ils cherchent à faire

Après chacun de ces temps sentir et goûter intérieurement Laisser résonner en moi les paroles et les gestes, Etre à l’écoute de ce que cela produit en moi Comment l’histoire contemplée me parle-t-elle et rejoint ma vie ?

Pour conclure la rencontre

A la fin du temps qu ’ on s ’est fixé pour cette contemplation je prends un temps pour parler au Seigneur « comme un ami parle à son ami » (Exercices spirituels, n ° 54). Cela signifie qu ’avant j’ai surtout pris le temps de contempler. Maintenant je lui dis simplement ce que cette contemplation a mis dans mon cœur Je peux finir ce temps avec les mêmes mots que Jésus : « Notre Père »

B. Pratique de la relecture du temps de prière.

Nous vous invitons maintenant à relire l'exercice :

Prenez cinq minutes pour vous remémorer votre temps de contemplation et repérez ce que vous avez fait et ressenti

J’observe ce que j’ai fait (la forme de la contemplation) Est-ce que les indications antérieures m ’ont aidé ? (le lieu, la durée, la position corporelle, etc ) Ai-je pris le temps de me rendre présent au Seigneur ou je me suis précipité sur le texte ? Est-ce que j’ai demandé ce que « je cherche et désire » au Seigneur ?

J’écoute ce que j’ai éprouvé (le contenu de la contemplation). Est-ce que j’ai reçu ce que je demandais ou mon désir s ’est-il déplacé ? Y a-t-il une parole qui m ’ait touché particulièrement ? Qu’est-ce que j’ai découvert sur moi, le monde, et le Seigneur ? Dans quel état je suis maintenant ? Joie, paix, confiance, sécheresse, sentiment de vide, d’enfermement

Prenez des notes pour garder mémoire et repérer ainsi, jour après jour, comment l'Esprit du Seigneur vous conduit

Ressources

Annexe 1

La joie de l’Évangile

Une caractéristique notable de ceux qui vivent selon le style de Jésus est leur capacité à se réjouir du bonheur des autres Même lorsque nous ne sommes pas directement responsables de ce bonheur, parce que nous traversons des moments difficiles Ou bien, est-ce que nous nous réjouissons-nous du bonheur des autres uniquement si nous en sommes nous-mêmes la cause ou les protagonistes ? Il est merveilleux de rencontrer des personnes capables de sourire aux réussites des autres, même lorsqu'elles traversent elles-mêmes des situations difficiles et compliquées À l'inverse, il est surprenant de voir des gens qui s 'allient à la tristesse et s 'obstinent à se replier uniquement sur leurs propres problèmes Il est admirable de constater combien de temps nous pouvons passer à ruminer des pensées qui distillent amertume et ressentiment Nous savons tous que la joie dans ce monde ne sera jamais parfaite ni complète, mais nous ne devons pas oublier ou négliger ces petites et précieuses manifestations de joie des autres pour nous en imprégner. Dieu nous console aussi à travers les joies des autres.

Apprendre à sourire du bonheur des autres est une attitude qui semble contraire à celle du monde qui veut nous convaincre que l'on ne peut être heureux que si l'on parvient à réaliser et conquérir tous ses rêves Nous pouvons aussi être heureux en partageant les joies des autres Celui qui apprend et développe cette capacité à sortir de ses propres puits d'amertume sera de plus en plus proche d'être un citoyen du Royaume des cieux

Nous entendons souvent dire que les vrais amis sont ceux qui vous accompagnent et vous soutiennent dans les « moments difficiles », mais je pense que cette idée est incomplète Les vrais amis sont aussi ceux qui sourient avec nos joies, éclatent de joie quand ils nous voient heureux et s'émeuvent avec nous lorsque nous obtenons des succès Montrer de la peine et de la compassion pour celui qui souffre quand je vais bien est facile, mais se réjouir pour l'autre quand je me trouve dans une situation difficile signifie avoir élargi les frontières du cœur au-delà des barrières de l'égoïsme.

Peut-être est-ce pour cela que Jésus a dit que le Royaume des Cieux est semblable aux noces qu ' un Roi a préparées en l'honneur de son fils, car pour entrer et participer à la joie des autres, il faut être capable de sortir de soi-même.

Pour terminer, je veux partager avec vous cette pensée de José Luis Martín Descalzo, prêtre écrivain espagnol (1930-1991) : « Un beau sourire est plus un art qu ' un héritage Quelque chose qu'il faut construire patiemment, laborieusement, avec un équilibre intérieur, avec la paix dans l'âme, avec un amour sans frontières Les gens qui aiment beaucoup sourient facilement, car le sourire est, avant tout, une grande fidélité à soi-même Un aigri ne saura jamais sourire Moins encore, un orgueilleux »

Annexe 2

Vivre un temps différent

Le psychiatre autrichien Viktor Frankl a dit avec sagesse : « Celui qui a un pourquoi pour vivre peut supporter presque n'importe quel comment », citant Nietzsche La plénitude de notre vie ne se trouve pas dans ce que nous atteignons ou possédons, mais dans la raison qui donne sens à notre existence.

Pour beaucoup, la vie semble perdre son sens une fois leurs objectifs atteints, et l'enthousiasme se dégonfle comme un ballon après la fête. Sans une raison qui transcende le temps et l'espace, ou sans la capacité de « ressentir et savourer » le chemin parcouru, la vie devient fade et le voyage ardu

Pourquoi donc perdons-nous l'intérêt une fois que nous avons atteint ce qui nous semblait si motivant et stimulant ?

Lorsque nos raisons de vivre s 'alignent sur le dessein de Dieu, notre expérience change Vivre ancré dans le « kairos » nous place dans une dimension temporelle différente : nous comprenons notre vie Ce n 'est pas le temps quantitatif, le «chronos», qui importe, mais le temps qualitatif du kairos, qui valorise chaque pas, chaque progrès, et aussi chaque recul, chaque trébuchement Le « chronos » fixe des objectifs qui s'évanouissent comme la glace au soleil du printemps Nous devons nous situer dans le « kairos », ce moment opportun où la vie est perçue comme un don à apprécier, savourer et partager. Dans le « kairos », le temps de Dieu, nous trouvons un « pourquoi » qui nous permet de supporter presque n'importe quel «comment ».

La foi nous offre une perspective plus large que les objectifs immédiats et nous permet une vision créative de la réalité ; et pour créer, il faut croire Notre raison de vivre ne doit pas être comme la « carotte pour l'âne », qui pousse la bête d'un endroit à un autre Elle ne doit pas non plus être comme un train à grande vitesse, pressé

d'arriver à destination sans apprécier la beauté du paysage traversé La vie est ce temps, cadeau de Dieu, que nous apprenons à apprécier ici et maintenant, tout en gardant en vue notre destination

Recevoir l'Évangile.

Si nous demandions à ceux qui accueillent des missionnaires chez eux s'ils ont vraiment reçu l'« évangile », c 'est-à-dire une bonne nouvelle, quelles réponses aurions-nous ? Rappelons-nous qu'évangéliser vient du mot Évangile, qui signifie Bonne Nouvelle.

Dans la mission des 72 disciples (Évangile selon saint Luc, chap. 10, 1-11), Jésus les prépare à la « réalité » à laquelle ils sont envoyés, leur donne des instructions sur ce qu'ils doivent emporter et comment agir Il les place ensuite dans « la maison » où ils arriveront Cette maison peut être la vôtre, celle de votre voisin, ou celle de toute personne que vous allez visiter

Dans ces « maisons », nous rencontrons souvent des personnes en quête de réconfort, de compréhension, de santé physique et spirituelle, car elles traversent des situations difficiles et complexes Elles attendent un Seigneur miséricordieux

Quelle que soit la réalité dans ces « maisons », nous sommes appelés à apporter la bonne nouvelle, l'Évangile d'un Dieu qui aime gratuitement et sans conditions C'est pourquoi la première instruction de Jésus est d'arriver dans les foyers comme une « bénédiction », sans préjugés ni discours préparés ; avec des paroles de bonté, humbles, dénuées d'impositions et de lois, animées par la miséricorde. La consigne est de faire corps avec ceux qui y habitent, en les respectant et en les accueillant tels qu'ils sont. Le Royaume de Dieu est venu jusqu'à eux à travers les missionnaires qui les visitent.

Ne pas accueillir le Royaume de Dieu est une perte pour ceux qui, pouvant découvrir et accueillir la paix et la miséricorde du Père, refusent cette expérience C'est pourquoi nous nous engageons, avec passion et créativité, à continuer de semer, car « la moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux »

Jésus était une bonne nouvelle, une bénédiction, car il était convaincu que Dieu son Père est la Bonté même : pour Jésus, Dieu était l'Abba, Père bien-aimé Il parcourait la Galilée, entrant dans les « maisons » et dans la vie des gens qu'il rencontrait, partageant leurs repas, car ils étaient pécheurs, pauvres et malades Il se faisait aimer, il les accueillait et leur redonnait confiance dans le Dieu qui est Amour

C'est pourquoi l'instruction Jésus, lorsqu’il envoie ses disciples, recommande de dire « Paix à cette maison » à l'arrivée, car ceux qui arrivent sont « des messagers de paix et des artisans de paix » Quand Dieu entre dans une maison, son règne est offert à ceux qui l’habitent

Comment pouvons-nous rendre présent le Royaume de Dieu auprès de nos frères et sœurs qui vivent dans la douleur, la solitude, ou dans des environnements hostiles, violents, et sans compassion ? Quelle est la véritable attitude missionnaire, le comportement qui fera sentir la présence de Dieu le Père parmi eux ?

Annexe 3

Vous avez dit « ami » ?

« Je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi. Tu as du prix à mes yeux, tu es précieux et je t'aime. » (Livre du prophète Isaïe, chap. 43, 1-4). Ces paroles, mises par Isaïe dans la bouche d'un Dieu qui nous aime profondément, sont répétées et incarnées par Jésus à divers moments de sa vie. Du choix de ceux qu'Il appelle à être avec Lui au service de sa mission (Évangile selon saint Marc, chap. 1, 16-17) à sa déclaration d'amitié : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis » (Évangile selon saint Jean, chap 15, 15)

Quels sont les traits distinctifs des véritables amis de Jésus ?

Se laisser séduire. « Tu m'as séduit, Seigneur, et je me suis laissé séduire » (Livre du prophète Jérémie, chap 20, 7) C'est une personne qui a été captivée par Jésus-Christ On pourrait dire que Jésus s 'est installé au centre de son cœur, irriguant et nourrissant toute sa vie

Une confiance totale et absolue en Jésus, jusqu'à pouvoir dire avec Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle » (Évangile selon saint Jean, chap 6, 68)

Un projet de vie centré sur Jésus.Celui qui a été séduit par Lui et qui a placé sa confiance en Lui ne peut avoir d'autre projet de vie que celui de Jésus lui-même : un grand amour pour Dieu le Père, le soin des faibles, l'estime des pauvres... en somme, libérer, guérir, donner la vie, offrir paix et joie. Un véritable disciple de Jésus accepte la personne, la mission et le destin de Jésus Il s ' engage avec fidélité, unissant sa vie à celle de Jésus

Être un signe de contradiction. Il accepte la contradiction et la persécution dans

l'esprit des béatitudes Suivre Jésus, être son ami, ce n 'est pas seulement être séduit, cela implique aussi d'affronter des contradictions (Évangile selon saint Matthieu, chap 5, 11-13)

Une dernière caractéristique : une joie constante, parfois intense Cette joie qui permet de se sentir bien dans sa peau, serein au milieu des contrariétés, capable de transmettre l'espoir même quand tout autour semble déception et vide Dans le suivi de Jésus, il n ' y a pas que la contradiction ; il y a aussi la consolation « Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps » (Lettre aux Philippiens, chap. 4, 4).

Annexe 4

Pas seulement des saints sur les autels

Il arrive parfois que Dieu nous permette de comprendre l'amour qu'il nous porte, en découvrant comment un homme ou une femme, comme vous ou moi, est capable d'aimer Vous me direz peut-être, ce sont les saints ! Oui, les saints le sont par leur capacité à aimer et servir Dieu et leur prochain ; mais je ne parle pas des saints canonisés, plutôt de ces personnes de chair et d'os que nous croisons dans la rue, assises sur un banc dans la place, partageant leur temps avec des amis, aidant et servant ceux qui ont besoin de soutien et de réconfort, et qui embellissent notre monde

Qu'est-ce qui les rend spéciaux alors ? Justement qu'ils n 'ont rien de spécial Leur amour n 'est pas extraordinaire, c 'est simplement de l'amour Comme l'amour de Dieu, il est à la fois simple et généreux. Parfois, ils ne sont même pas conscients de l'amour qu'ils sont capables de donner. Ils ne se sentent pas différents des autres. Ils sont simplement eux-mêmes. Leur capacité à aimer (pardonner, compatir, se sacrifier, etc.) passe inaperçue pour eux, mais pas pour ceux qui savent que cette qualité d'amour provient de la Source de l'Amour : Dieu.

Récemment, j'ai rencontré une telle personne Je ne veux pas révéler son nom par respect, mais son histoire m ' a captivé En l'écoutant, j'ai été surpris Elle était un peu nerveuse et pouvait même paraître gênée, mais dans sa voix, j'ai perçu une sérénité croissante à mesure qu 'elle racontait son histoire, malgré les pauses causées par les larmes C'était une histoire de douleur et d'amour Une histoire de péché et de pardon Une histoire de perplexité et de confiance Une histoire de pertes douloureuses et de retrouvailles En quelques mots, quelqu'un qui a appris ce que signifie aimer

Les personnes qui développent et renforcent leur capacité à aimer ont souvent

traversé des moments très difficiles dans leur vie Parfois même tragiques Mais au lieu de sombrer dans la douleur, la plainte ou la dépression, elles ont tiré de précieuses leçons de ces expériences C'est comme si la douleur les avait renforcées dans la bonté et l'amour Les difficultés ne les effraient pas et les échecs ne les empêchent pas de continuer Qu'ont-elles donc de particulier, ces personnes qui semblent invincibles ? Elles se sont connectées à la Source de l'Amour L'amour qu 'elles portent envers les autres, et leur envie de vivre, dépassent les limites du bien-être personnel Elles ne sont pas motivées par les sentiments mielleux des publicités télévisées qui incitent à donner pour n’importe quelle collecte de fonds, mais aimer et servir est devenu un style de vie pour elles.

Lorsque nous entrons en relation avec Dieu, qui s ’est révélé en Jésus-Christ, et comprenons que son amour pour nous est plus grand que n'importe quelle difficulté, lorsque notre confiance en Jésus est plus forte que la mort, et que nous réalisons que rien ne pourra nous séparer de Lui, nous découvrons qu'à chaque chute, une main ferme et forte se tend pour nous relever C'est Dieu, le Père bienveillant et miséricordieux qui nous aime comme nul autre Un amour qui ne se comprend que lorsqu'on le vit, ou que l'on perçoit dans le cœur de ceux qui savent aimer Votre cœur, est-il capable d'aimer et de servir ?

v 07/2024

Suite au livre suivant : le PAS 5 du Chemin du Cœur « Il nous appelle ses amis »

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