Mystical Andes. Bolivia FRANÇOISE GAUJOUR
A Roméo, grâce à qui la vie est éblouissante.
« Sans image, il n’y a pas d’histoire »
Textes et photographies Françoise Gaujour Conception graphique Studio Pessinger Fabrication Pixalib Ouvrage imprimé, disponible à la vente sur commande auprès de www.pixalib.com : 35 euros Imprimé en septembre 2015
FRANÇOISE GAUJOUR
Soleils brûlants, nuits glaciales, l’Altiplano Bolivien est un haut plateau situé à environ 5000 mètres d’altitude, dans la Cordillère des Andes, en Amérique du Sud. Cet ancien territoire Inca, aride, balayé par les vents est austère et grandiose. On entre dans un monde oublié, vide, un univers minéral, habité de volcans sacrés et d’arbres de pierre. L’ambiance est lunaire, unique. Connecté à l’univers dans ces paysages géants, on entend parler la terre, on s’étonne du miracle enivrant de la vie. On ressent très fort la présence de puissances qui dépassent l’homme. Les Andes sont mystiques.
Burning suns, freezing nights, the Bolivian Altiplano is a high plateau located at about 16,000 ft height, (5.000 meters) above sea level in the Andes, in South America. This ancient Inca territory is arid, windswept, austere and imposing. We enter in a world, empty, forgotten. A mineral universe, inhabited by sacred volcanoes and stone trees. The atmosphere is lunar, unique. Connected to the universe, in these giant landscapes, we can hear the earth and be amazed by the heady miracle of life. We strongly feel the presence of powers beyond us. The Andes are mystics.
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LES CHEMINS
TRAILS
Là où je vais, il n’y a pas de route, seulement des chemins qui ne mènent nulle part. Il faut partir et ne s’arrêter que n’importe où...
Where I am going, there is no road, only paths that lead nowhere. We have to start and stop anywhere...
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EL SILLAR
EL SILLAR
Les rochers découpés d’El Sillar ont des teintes sauvages, des incandescences que seuls voient les poètes. Plantés les uns à côté des autres comme des gratte-ciels, ils tendent vers les cieux dans un même élan mystique. Au milieu de cette ville de pierre, on croit voir au loin un château géant, un château des merveilles qui s’enflamme au soleil. Il est le roi de la lumière, il veille sur ce monde endormi...
The jagged rocks of El Sillar, have wild tones, incandescences that only poets can see. Planted beside each other like skyscrapers, they tend towards the sky with the same mystical impulse. In the middle of this city of stone, we dream we see away a giant castle, a castle of wonders which ignites in the sun. It is the king of the light, it watches over this sleeping world...
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LE SALAR D UYUNI
SALAR DE UYUNI
Les déserts sont perdus comme les paradis. Le Salar d’Uyuni a la beauté brutale. Blanc, plat, pur, plus lumineux que le ciel, il exalte la lumière. C’est un miroir géant, un cristal qui reflète un soleil assassin. Il s’étend à perte de vue et courbe l’horizon. Il flotte entre blanc et bleu seulement. Il éblouit, captive, ensorcelle. Il est d’un autre monde. Il a la grandeur de ceux qui sont nés d’un chaos.
Deserts are lost as well as paradises. The Salar of Uyuni has a brutal beauty. White, flat, pure, brighter than the sky, it magnifies the light. It is a giant mirror, a crystal that reflects a murderous sun. It stretches out of sight and curves the horizon. It floats between only blue and white. It dazzles, mesmerises, bewitches. It is from another world. It has the greatness of those born from chaos.
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LES FLAMANTS ROSES
FLAMINGOS
Comme des danseuses, les flamants roses ont des jupons de mousseline, qu’ils gonflent et qu’ils ébrouent. Rassemblés dans un énorme bouquet, ils dansent, dans une mélodie de tons pastel. Tout à coup un nuage poudré décolle léger comme un pétale de rose. L’aile ouverte, les flamants planent, libres dans le ciel pur, ils nagent dans l’azur à la rencontre des nuages... voyageurs de l’infini.
As dancers, flamingos have muslin petticoats that they swell and snort. Gathered in a huge bouquet, they dance in a melody of pastel colors. Suddenly a powdery cloud fly off, light as a rose petal. With open wings, flamingos glide, free in the pure sky. They swim in the azure until they meet the clouds ... unlimited travelers.
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L ILE INCAHUASI
INCAHUASI ISLAND
C’est un ilot de naufragés au milieu d’un océan blanc. Un jardin d’épines entre bleu rare et vert d’eau clair. Un eden étrange, fait de totems, boules, colonnes, doigts et bras : une armée de divinités à l’allure racaille, un trésor Inca doux et piquant. La chaleur monte et avec elle les mirages...
It is an island of castaways in the middle of a white ocean. A garden of thorns, between unusual blue and light sea green. A strange Eden, made of totems, balls, columns, fingers and arms: an army of divinities with riffraff looks, a sweet and spicy Inca treasure. Heat rises and with it come the mirages...
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LA LAGUNA COLORADA
RED LAGOON
A certaines heures la Laguna Colorada s’embrase et devient rouge. Elle ressemble à la planète perdue des rêveurs d’univers. Il y a des soleils noirs noyés dans ses eaux obscures. Les hauts flamants, flottent et voyagent comme des mirages errants. Le ciel est juste au dessus d’eux. Ici, on goute la sensation absolue, impérieuse, de la vie…
Depending on hours the Laguna Colorada flares up and becomes red. It looks like the lost planet of universe dreamers. There are black suns flooded in its dark waters. The tall flamingos hover and travel like stray mirages. The sky is just above them. Here we can taste the absolute, the immediate sensation of life.
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LES LAGUNES ANDINES
ANDES LAGOONS
Au commencement était le premier monde, fait de silence et de vide, immobile, aveugle. La terre était dans le ciel et le ciel sur la terre. Tout était confus et mélangé. Du vide sont nés la nuit et la lumière. Les Dieux venaient de créer les cieux et la planète...
At the beginning was the first world, made of silence and emptiness, immobile, blind. The earth was in the sky and the sky on the earth. Everything was confused and mixed. From emptiness were born the night and the light. The gods had just created the heavens and the earth...
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LES BOLIVIENNES
BOLIVIAN WOMEN
L’image des « cholitas », les Boliviennes, coiffées de longues nattes et d’un chapeau melon en équilibre sur la tête, est familière. En 1849, à la demande de l’armée Britannique, les frères Bowler inventaient un petit chapeau rond en feutre. Il s’agissait de protéger la tête des gardes chasse des branches basses lorsqu’ils étaient dans les forêts du royaume. Le chapeau s’est retrouvé dans les valises des ingénieurs anglais lorsqu’ils sont allés construire le chemin de fer en Bolivie. La légende raconte qu’un commerçant vendant ses chapeaux à perte aux Boliviens, les a proposé aux Boliviennes en les assurant qu’il leur apporterait une grande fertilité. C’est ainsi que le « Bombín », accessoire colonial, s’est intégré à la culture du pays.
The image of «cholitas», the Bolivian women wearing long braids and a bowler hat balanced on his head, is familiar. In 1849, upon request of the British army, the Bowler brothers invented a small round felt hat. The aim was to protect the head of gamekeepers from lower branches when they were in the forests of the kingdom. The hat was found in the luggage of British engineers when they went to build the railroad in Bolivia. Legend says that a trader selling at lost to the Bolivian men, proposed those hats to Bolivians women, assuring them that the bowler hat would bring them great fertility. This is how the «Bombín», colonial accessory, has become integrated in the culture of the country.
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SAN PABLO DE LIPEZ
SAN PABLO DE LIPEZ
Perdue comme une île déserte, entourée de sommets enneigés, San Pablo de Lipez est accablée par un froid féroce, la nuit, par un soleil cruel, le jour. Et souvent giflée par les vigoureux orages andins. Les vies sont cachées derrière les volets fermés. La ville est insaisissable, indifférente, oubliée du temps et des heures. Figée dans un interminable ennui.
Lost as a desert island, surrounded by snowy peaks, San Pablo de Lipez is overwhelmed by a fierce cold at night, by a cruel sun during the day. And often slapped by vigorous Andean thunderstorms. Lives are hidden behind the closed shutters. The city is elusive, indifferent, forgotten by time and hours. Constrained in an interminable boredom.
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LES PAYSAGES LUNAIRES
LUNAR LANDSCAPES
Ici la terre est grandiose mais sans bonté, sans douceur. On n’entend que la palpitation du vent. C’est une terre de passions. Les montagnes sont nues, le soleil est décadent. En fuyant, il lance des flèches d’or. Au crépuscule les ombres ressemblent à des géants exaltés. Les nuées se défont déchirées par l’orage. On rêve qu’on ne rêve pas, on voyage au bras d’un nuage...
Here, the earth is grand but without goodness, without sweetness. We only hear the pulse of the wind. It is a land of passions. The mountains are bare, the sun is decadent. While fleeing, it launches golden arrows. At dusk shadows look like exalted giants. The clouds fall to pieces, torn by the storm. We dream that we don’t dream. We travel on a cloud’s arms...
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LES MARCHES DE LA PAZ
MARKETS OF LA PAZ
La Paz, la ville qui touche les nuages. La cité aux étals étranges, aux tréteaux boiteux. Au marché, les regards endormis soupèsent le temps, les jambes engourdies se déplient lourdement, les corps se balancent au rythme des châles remplis comme des sacs à dos. Légumes, fruits, feuilles de coca, poudres magiques, onguents mystérieux, insectes, fœtus de lamas séchés, autant de remèdes traditionnels ou d’offrandes àla Pachamama, la mère nature, déesse entre les déesses...
La Paz, the city that reaches the clouds. The city with strange stalls, with lame trestles. At the market, the sleepy eyes feel the weight of time, numb legs unfold heavily, bodies are swaying to the rhythm of shawls filled as backpacks. Vegetables, fruits, coca leaves, magic powders, mysterious ointments, insects, dried llama foetuses: many traditional remedies or offerings to the Pachamama, mother nature, goddess among goddesses...
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LE SALAR DE COIPASA
COIPASA LAKE
Il y a des îles dans le ciel, elles voguent sur des mers de brume. Elles voyagent ivres de mirages et s’évanouissent quand on avance. La réverbération de l’air crée des apparences trompeuses, des exaltations de lumière. Diaphanes, légers, libres dans le ciel pur, les mirages sont des illusions. Il y a dans la vision de ces chimères la grandeur d’être parfois halluciné comme un prophète.
There are islands in the sky, they sail on seas of mist. They travel drunken with mirages and vanish when one moves forward. The air reverberation creates deceptive appearances, light exaltations. Translucent, light, free in the clear sky, mirages are illusions. There is in the vision of these chimeras greatness of being sometimes hallucinated as a prophet.
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LES VILLAGES DE L ALTIPLANO
VILLAGES OF THE ALTIPLANO
Ici le ciel paraît plus grand qu’ailleurs. C’est une terre de montagnes vides, une terre d’absences. Même l’air se fait rare. Les villages des Andes sont immobiles, couverts d’une chape de silence. On sursaute quand l’ombre fugitive d’un nuage passe sur la pierre des masures. On cherche en vain la preuve irréfutable de la réalité des choses. L’ Altiplano, c’est le désert de l’absolu, une grande place nue pour la lumière, le lieu de la rencontre entre l’homme et la ferveur.
Here the sky looks larger than elsewhere. It is a land of empty mountains, a land of absences. Even the air is scarce. The Andean villages are motionless, covered with a weight of silence. We jump when the fleeting shadow of a cloud passes over the stone hovels. One seeks vainly the irrefutable proof of the reality of things. The Altiplano is the desert of the absolute, a large bare space for the light, the place of the encounter between man and fervour.
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UYUNI, LA VILLE
UYUNI CITY
Uyuni au milieu de nulle part, tristesse magnifique. Dans les rues de poussières et de terre, on n’entend que la voix du vent qui souffle jour et nuit. Il n’y a personne, les vies sont invisibles. Parfois on perçoit une ombre fugitive, pressée, un naufragé d’un autre monde. Uyuni, ciel étincelant au dessus d’une ville fantôme. L’air grésille, le silence est ténu, l’endroit est absurde, le temps ne passe plus.
Uyuni, in the middle of nowhere, beautiful sadness. In the dirty and dusty streets we only hear the voice of the wind blowing day and night. There is no one, the lives are invisible. Sometimes a fleeting shadow is perceived, a castaway from another world. Uyuni, sparkling sky above a ghost town. The air crackles, silence is tenuous, the place is absurd, time does not fly anymore.
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FRANÇOISE GAUJOUR
Après une solide carrière de journaliste, à la télévision et à la radio, Francoise Gaujour débute la photo au Mali, dans les années 2000, attirée par les couleurs de l’Afrique. Depuis, ses séries invitent a méditer les beautés de la planète. Elle cherche à colorier le monde, autant parfois qu’a témoigner. Sa démarche est poétique, parfois graphique, souvent à la recherche de l’abstrait... Francoise Gaujour a exposé ses images dans plusieurs galeries francaises, mais aussi à travers le monde.
After a solid career as radio and TV journalist, Francoise Gaujour begins photo in Mali in the 2000s, attracted by the colors of Africa. Since, her series invite to meditate the beauty of the planet. She seeks how to color the world, and sometimes she want to testify. Her approach is poetic, sometimes graphic, often in search of abstract... Francoise Gaujour exhibited his pictures in several french galleries, but also around the world.
www.francoisegaujour.com