Paris Montmartre Juin 2019

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M I D A N I P A R F O N D É

"Aller à l’idéal et comprendre le réel" (Jean Jaurès)

La belle d'Eiffel a

BON ANNIVERSAIRE

MICHOU !

130 ans !

N°13.112 2e trimestre 2019 ISSN 11 53-0618 © Bedneyimages / Freepik

ANTOINE DE MAXIMY « ACCOMPAGNEZ-MOI DANS UNE NOUVELLE AVENTURE… AU CINÉMA ! »

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CHRISTIAN LEBON ET LE TREMPLIN DES TALENTS

DANIEL SIDNEY BECHET MONTMARTRE BOOGIE WOOGIE

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édito UN ÉTÉ EN TERRASSE À MONTMARTRE… Qui aurait cru, il y a 30 ans, lors de mon installation aux Abbesses, que j’aurais un jour la chance d’écrire cet édito ? Qui aurait parié, il y 10 ans, pour l’anniversaire des 20 ans d’Immopolis - alors en couverture de Paris-Montmartre, que j’aurais l’honneur de faire partie du comité de rédaction de ce merveilleux magazine de notre quartier ? Et pourtant, me voilà à vous présenter ce nouveau numéro annonciateur de la saison estivale ! Je remercie Midani M’Barki pour son engagement et son implication dans Paris-Montmartre, je remercie Alain et Marie-France Coquard pour le travail immense qu’ils font à la République de Montmartre pour animer le quartier de riches événements comme l’exposition à la Villa Radet, je remercie aussi Jean-Manuel Gabert pour son implication dans la préservation du patrimoine montmartrois à travers l’association du Vieux Montmartre. Je les remercie tous chaleureusement de leur confiance et de leur amitié.

Alors que les aménagements de la place du Tertre sont achevés*, tandis que notre quartier réinstalle ses terrasses autour desquelles nous

ristes nous permettent à nous, habitants du quartier, de nous retrouver autour d’un verre ou d’un dîner. Il est bien dommage que ces lieux soient source de polémiques au fil des années alors que des consensus entre riverains, élus et commerçants peuvent être trouvés… Autour d’un verre par exemple ! Je tâcherai, à travers mon rôle de président de l’ACLA (Association des Commerçants de Lepic Abbesses), de garder l’authenticité de notre si beau village et de faire se rapprocher ces parties que tout semble opposer mais qui sont en réalité toutes animées par l’amour de Montmartre !

avons tous tant partagé de moments d’amitié, je tiens à rappeler que ce sont ces lieux, ces commerçants qui contribuent à cet « art de vivre » qui nous est si cher à Montmartre. Ce sont ces commerces, ces terrasses, ces bistrots, ces restos, ces cafés qui au-delà d’attirer les tou-

Je renouvelle mes sincères remerciements à tous nos annonceurs sans qui ce numéro ne pourrait se faire. Je vous souhaite à tous un très bel été !

Brice MOYSE Fondateur d’Immopolis, Président de l’ACLA

*« Le Tertre : quelles nouvelles ? » A lire pages 8 et 9

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LE TERTRE, QUELLES NOUVELLES ? LE DRAPEAU NOIR FLOTTE SUR LA MARMITE !

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LA LAITERIE LA CHAPELLE DES FROMAGES PARISIENS AU LAIT CRU 100% FRANCILIEN !

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DANIEL SIDNEY BECHET MONTMARTRE BOOGIE WOOGIE ANTOINE DE MAXIMY « ACCOMPAGNEZ-MOI DANS UNE NOUVELLE AVENTURE… AU CINÉMA ! »

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L’ART MODERNE A UNE PATRIE « MONTMARTRE »

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VÉRONIQUE MATTÉOLI DE RODE ET LE LYCEUM CLUB

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LE COFAS

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BONJOUR MONSIEUR COURBET

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CHRISTIAN LEBON ET LE TREMPLIN DES TALENTS

PA R F O N D É

(Jean Jaurès)

ANTOINE DE MAXIMY « ACCOMPAGNEZ-MOI DANS UNE NOUVELLE AVENTURE… AU CINÉMA ! »

La belle d'Eiffel à

130 ans !

CHRISTIAN LEBON ET LE TREMPLIN DES TALENTS N°13.112 2e trimestre 2019 ISSN 11 53-0618 © Bedneyimages / Freepik

Paris-Montmartre 2e trimestre, juin 2019

M I D A N I

sommaire

"Aller à l’idéal et comprendre le réel"

BON ANNIVERSAIRE

MICHOU !

DANIEL SIDNEY BECHET MONTMARTRE BOOGIE WOOGIE

Edité par la SARL Paris Montmartre Chez Immopolis – 2, place Marcel Aymé 75018 Paris Co-gérants : Alain Coquard, Jean-Manuel Gabert, Midani M’Barki, Brice Moyse. REGISTRE DU COMMERCE Paris B 420 740 045 RÉDACTION ET PUBLICITÉ 13, place du Tertre, 75018 Paris Tél. 01 42 59 19 99 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Midani M’Barki midani1@free.fr

DIRECTEUR ADJOINT ET RÉDACTEUR EN CHEF Jean-Manuel Gabert gabert.jeanmanuel@neuf.fr

RÉGIE PHOTO Jacques Habas, Tél. 06 17 55 57 37 RÉDACTION Jean-Paul Bardet, Eric Boldron, Alexandra Cerdan, Catherine Charrière, Michèle Clary, Marie-France Coquard, Jean-Manuel Gabert, Jacques Habas, Alain Haimovici, Christine Haydar, Grégoire Lacroix, Pascal Le Pestipon, Midani, Pierre Passot, Thierry Sajat, Jean-Marc Tarrit. PHOTOGRAPHIES Jacques Habas, Midani, Alexandre Moyse, Philippe Martineau. DÉPÔT LÉGAL 2e trimestre – juin 2019 RÉGIE PUBLICITAIRE 06 78 78 90 84 MAQUETTE IMPRESSION Rotimpres © Reproduction même partielle interdite

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• Le Coin des Amis [p. 20] • Gestion Immopolis [p. 25] • Roc Eclerc [p. 26] • Restaurant Loyo [p. 26] • Eric Billières [p. 26] • Hôtel Particulier [p. 26] • La Mascotte, L’Écaille [p. 33] • Le Brio [p. 33]

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• La Bohème du Tertre [p. 33] • Meilleurtaux [p. 36] • DS BAT [p. 36] • Michou [p. 51] • Immopolis [4e de couverture] • Au Syndicat d’initiative de Montmartre, 7 rue Drevet, et dans certaines boulangeries du XVIIIe.

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LA VIE DU VILLAGE

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LA ROUTE 66 EST PASSÉE PAR LE 18

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’Association des Commerçants du Quartier Ordener (ACQO 18e) a détourné la mythique Route 66 pour la faire passer sur le flanc nord de la Butte, le temps d’un dimanche… Le 19 mai, de 10 h à 16 h, la rue du Poteau et ses commerces traditionnels ont pétaradé à l’heure américaine : les belles et grosses (voitures) de la grande époque se doraient… sous la pluie, les Bikers chevauchaient leurs montures bien astiquées, les stands alimentaient la légende et le podium sonnait rock, animé par Coco le Rigolo, en grande forme comme toujours. Hommage à Dick Rivers, bien sûr, et joli cadeau, lorsque Alain Turban, guide officiel de Santa e Monica, a appelé en scène le grand Pierre Bil- Marie-Claude Nedan, le maire du 18 Eric Lejoindre, Anne-Laure Adams, Carine Roland, première adjointe à la culture et le président des commerçants Xavier Castex. lon, pour évoquer son ami Johnny... Bravo au pré- Le plus étonnant, c’est qu’au même moment, sans concertasident de l’ACQO, Xavier Castex, à tion aucune, deux fidèles abonnés de PM, Michel et Claudine, Marie-Claude Nedan et à l’équipe des en voyage aux States, nous envoyaient une photo depuis… la bénévoles, les Texas Rangers et les Route 66, l’authentique ! Ils venaient de faire un petit tour sur squaws dynamiques qui ont mené à la plage de Santa Monica… Et dans le restaurant ils avaient fait passer le tube d’Alain Turban, faisant danser tout le monde ! bien cette belle première…

JMG

LE CLUB LIONS DE PARIS BUTTE MONTMARTRE A FÊTÉ SES 40 ANS

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e 28 Février 1979 naissait le club Lions de PARIS BUTTE MONTMARTRE, au Théâtre des 2 ânes et du Sanglier Bleu, sous la houlette de Jacques Bruel, son Président Fondateur, entouré par Maurice Diey, Gouverneur du District 103 Ile de France, ainsi que de son club parrain : le Lions CLUB Paris Palais Royal. En ce 28 février 2019, anniversaire des 40 ans du club, nous étions une cinquantaine de personnes dont : notre Président du Conseil des Gouverneurs Raymond Le, notre Gouverneur d’Ile-de-France Paris Françoise Carpentier, notre PastGouverneur Jean-Pierre Barberel ainsi que notre Vice-Gouverneur élu Christian Chamorand, le Past-Gouverneur et PastPrésident de Paris Palais Royal Dominique Henault, 10 clubs de Paris et des Montmartrois membres ou non du club. Pour ces 40 ans, notre membre Fondateur et past-Président Jacques Vodez a reçu la médaille d’or du Lionisme. Depuis quatre décennies, le CLPBM agit

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L’assemblée, le Doyen récipiendaire : Jacques Vodez.

lors des Banques Alimentaires avec divers magasins du 18ème, œuvre pour le Télé-

thon, La collecte pour Paris Tout’pits, et mène de nombreuses actions avec les associations culturelles et artistiques de Montmartre : Serpolette, doyenne des peintres de la Butte, était avec nous pour nous le rappeler. Au niveau National, nous avons été l’initiateur avec notre Past-Président René Badoux de la Canne Blanche Electronique, nous avons mené des actions contre le diabète et, avec l’Association Amitié Villages issue de notre club de Paris Marais, une action directe en Afrique pour mettre en place des puits, des dispensaires, des écoles. Le futur nous convie de nouveau à nous impliquer dans toutes ces actions. Aussi, à chacune, à chacun, à tous ceux qui nous rejoindrons, nous donnons rendezvous dans dix ans, même jour, même lieu, même ânes, même Sanglier Bleu, pour nos 50 ans.

Alain Durand-Daviau

Président de Paris Butte Montmartre

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LA VIE DU VILLAGE

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LES VŒUX DE LA REPUBLIQUE DE MONTMARTRE

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n des événements marquants de chaque début d’année : les vœux de la RDM adressés par son Président Alain Coquard. En ce jeudi 24 janvier, en grande tenue, la République a accueilli le Maire Eric Lejoindre, Pierre-Yves Bournazel Député, de nombreux élus représentants toutes les sensibilités du Conseil de l’arrondissement, les associations montmartroises et un public très nombreux enchanté de se retrouver dans la belle salle des Fêtes de la Mairie du 18e. Au son de leurs tambours, les P’tits Poulbots ont rythmé et accompagné la soirée pour le plus grand plaisir de tous. Leur présidente Joelle Leclercq a remis le fanion «les P’tits Poulbots»

offert par le Rotary Club Paris Montmartre au Maire, au Président de la République de Montmartre et à Michou. Michou, Ministre de la Nuit, très applaudi, avait tenu à s’associer à cette fête chaleureuse et bon enfant. La cérémonie s’est poursuivie autour d’un buffet convivial. Un regret, cette année le chef Claude Baloche, Ambassadeur, n’était plus là pour le préparer, entouré de sa fidèle équipe de bénévoles. Des vœux ont été échangés avec toute l’assistance pour que cette année 2019 soit porteuse de paix, de solidarité, de liberté et de bienveillance.

Marie-France Coquard

UN FANION POUR LES P’TITS POULBOTS DE MONTMARTRE

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’association des P’tits Poulbots n’avait pas encore de fanion. Grace à l’initiative de Nicole Capoulade, désormais responsable de la communication du club, c’est désormais chose faite et fort bien faite. Le 1er février 2019, dans le local de la Place du Tertre, un superbe fanion a été remis par Guillaume Le Vézouët, président du Rotary Club Paris Montmartre, à l’œuvre des P’tits Poulbots. Une création particulièrement réussie avec le concours de Sacha His, qui avait déjà réalisé le bandeau qui surmonte la porte d’entrée du local ainsi que le graphisme de la plaque d’émail offerte par la République de Montmartre. C’est, bien sûr, une œuvre de Francisque Poulbot qui illustre le fanion à l’image de l’association, de sa présidente Joëlle Leclercq, de son Chef Tambour Joel Ben Hayoun et de ses 35 P’tits Poulbots qui font rayonner Montmartre dans le monde entier. Trois de ces fanions avaient pu être admirés en avant-première, quelques jours plus tôt, lors de la cérémonie des vœux de la République de Montmartre à la Mairie du 18ème. Joëlle Leclercq avait alors remis un fanion à Michou, notre ministre de la Nuit, à Alain Coquard, président de la RDM, association marraine de l’œuvre depuis sa création, et à Eric Lejoindre, Maire du 18e. Depuis sa création, en juin 2014, le Rotary Club Paris Montmartre a régulièrement soutenu les P’tits Poulbots en leur offrant une machine à coudre pour confectionner leur uniforme, des paires

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de chaussures en harmonie avec leur emblématique costume d’infanterie de 1813 et un voyage au Mont Saint-Michel... Bravo au Rotary Club Paris Montmartre pour cette nouvelle et belle initiative. Les P’tits Poulbots – 3,place du Tertre

Marie-France Coquard

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LE TERTRE, QUELLES NOUVELLES ?

LE DRAPEAU NOIR FLOTTE SUR LA MARMITE !

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t voilà, après un an de débats et réunions à la mairie du 18e, après la garantie donnée par l’Hôtel-de-Ville d’une prise en compte réelle de l’avis des Montmartrois et des associations locales, les nouvelles

L’ensemble se retrouve emballé sous une vaste toiture gris anthracite… qui n’emballe personne par ailleurs.

contre-terrasses de la place en acier, grandes bâches sombres, piétons et touristes étonnés, des artistes toujours en marge dans le caniveau et des contredu Tertre ont été installées Structures terrasses toujours étalées sur les 2/3 de la place. pour la saison touristique. Quelles réponses ont-elles été apportées à la demande unanime Ce chapiteau monochrome endeuille sur les réseaux sociaux. Les réactions de partage équitable de l’espace public la place, les arbres, et fait broyer du citoyennes et échanges en ligne sont entre tous, au respect des règlements noir à beaucoup, sur la Butte comme nombreux notamment sur Facebook, et à l’esthétique ? Aucune. Seule apparait une infime « concession » que certains exposent comme le fruit doré de la concertation : l’emprise au sol des sept contre-terrasses a été rabotée de façon minimale sur le fond sud de la place… Un petit geste alibi. En réalité, elles « C’est absolument immonde ! Je ne sais pas comment l’on peut faire ça dans forment toujours le même bloc infranun quartier historique censé être classé.... » chissable, interdisant toute traversée « Ce sont les terrasses des restaurants ? » par les riverains et visiteurs. Sur le plan esthétique, les barrières blanches et « Oui, nouvelle installation cette année, c'est horrible et rien n'a pu freiner la les barnums kitchs ont fait place à un mairie et les commerçants !! » ensemble juxtaposé de solides hyper« Les Halles du Tertre !!!!! » structures d’acier, assez proches d’une construction durable. L’ensemble se « A quoi servent toutes les associations citoyennes ? C'est le triomphe du retrouve emballé sous une vaste toiture commerce pur et dur ! » gris anthracite… qui n’emballe perEtc. sonne par ailleurs.

EXTRAITS DE PROPOS ET ÉCHANGES RECUEILLIS SUR FACEBOOK :

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LA VIE DU VILLAGE

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Rappelons que l’association 60 millions de piétons a lancé une procédure auprès du Tribunal Administratif...

L’association 60 millions de piétons envisage d’engager un référé contre ce qu’elle considère comme une manipulation de nature à tenter de légaliser la situation en pleine procédure judiciaire.

comme vous pourrez le constater - mais pour juger par vous-mêmes, et ressentir le rejet, je vous encourage à venir découvrir la nouvelle place et à écouter les commentaires des touristes et des parisiens. Rappelons que l’association « 60 millions de piétons » a lancé une procédure auprès du Tribunal Administratif, elle est actuellement en cours. Espérons que le bon sens et le droit l’emporteront, dans l’intérêt général !

DE L’ART DE FAIRE PLIER LES LOIS ET RÈGLEMENTS GARANTS DE L’INTÉRÊT GÉNÉRAL POUR LES SOUMETTRE À L’INTÉRÊT PRIVÉ Dernière nouvelle : un arrêté est discrètement paru, le 12 avril dernier, au Bulletin officiel de la ville (BMO), permettant « par exception à l’article DG 10 du titre I et à l’article 4 du titre II » des dérogations spécifiques, afin de valider une situation locale adaptant le règlement municipal des terrasses parisiennes !

AU FAIT… A QUAND UN RIC ? En attendant, j’ai poursuivi nos démarches en écrivant au Président de la République et au Ministre de la Culture afin de leur exposer toute la situation, et leur faire une demande d’inscription du site du vieux village de Montmartre, terre des artistes, au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. M. Riester, le Ministre de la Culture, nous a répondu avoir saisi sur cette proposition les services concernés de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’île-de-France. Affaire à suivre… Midani M’Barki

LES TROTTINETTES SUR LA SELLETTE

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Montmartre comme ailleurs, les trottinettes électriques ont envahi l’espace public, les accidents souvent graves avec les piétons n’ont cessé de se multiplier… Circulant sur les trottoirs à grande vitesse, débouchant brusquement, garés n’importe comment, les engins finissent souvent entassés sur les trottoirs. Après la mairie de Paris, qui a déjà instauré une amende de 135 euros pour ceux qui circulent sur les trottoirs, le ministère des Transports a annoncé que la même contravention s’appliquera prochainement partout en France en s’appuyant sur un projet de décret qui fixera des règles strictes pour la circulation des engins électriques de type monoroues, hoverboards ou trottinettes motorisées. 60 Millions de piétons et son président Gérard Foucault se réjouissent d’avoir été entendus. www.pietons.org

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PRODUCTION LOCALE

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LAITERIE LA CHAPELLE

DANS LE 18ème ARRONDISSEMENT

DES FROM AGES PARISIENS AU L AIT CRU 100% FR ANCILIEN ! PAR MARIE FRANCE COQUARD

Entre les métros Marx Dormoy et La Chapelle, la Laiterie La Chapelle est une laiterie artisanale indépendante ouverte depuis le mois d’octobre dernier. Cet atelier est l'un des seuls à travailler un lait local en collecte directe pour faire des fromages fabriqués et affinés à Paris, sous les yeux des clients. Au 72 rue Philippe de Girard c’est un espace lumineux et accueillant qui avait abrité, il y a quelques années, un temple Ganesh.

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e quartier se rénove. Il était anciennement celui que décrivit Zola ; Des blanchisseries, des ateliers de couture, Joseph le fabricant de gants et chaussons fourrés et aussi Mr Durieux l’artisan tapissier… Aujourd’hui, la laiterie s’ouvre sur la rue Philippe de Girard. Vous pouvez voir une équipe de trois personnes qui travaillent, fabriquent et affinent des fromages parisiens au lait cru 100% francilien. « L’enthousiasme des voisins pour l’installation de la Laiterie dans le quartier La Chapelle est très motivant » se réjouit le patron Paul Zindy. Le lait est issu de vaches élevées dans le parc naturel régional du Vexin français (95) situé à seulement 35 km de Paris. Trois à quatre fois par semaine, dès 4 heures du matin, Paul prend le volant de son camion pour aller chercher 400 litres de lait dans une ferme qui compte 55 vaches. Dès son retour, le lait est versé dans la cuve et commence alors la transformation, sous l’œil intéressé et curieux des passants Les produits sont ensuite vendus dans la boutique juste de l’autre côté du mur. C’est essentiellement une clientèle de quartier. Le bouche à oreille marche fort bien pour des produits frais que l’on a vu fabriquer. On trouve à la boutique les faisselles, les yaourts nature ou parfumés à la griotte, la framboise, la rhubarbe, la vanille de Bourbon - l’étuve permet de fabriquer de vrais yaourts sans adjuvants chimiques -, le

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riz au lait, les crèmes renversées mais aussi des confitures, de la bière de Thermicourt, de la confiture de lait, le jus de pomme de Giverny, le saucisson de Franche Comté, les œufs d’Auvers sur Oise livrés chaque mardi, du vin, du lait entier frais à 1,60 € le litre, de la cervelle des canuts et bien sûr les fromages. Actuellement la laiterie fabrique deux sortes de tomme à un prix très raisonnable, entre 23 et 25 € le kg : la tomme La Chapelle, souple, fondante, fruitée, et la tomme Le Dormoy, ferme aux arômes intenses car plus affinée. Elle a déjà obtenu le label « Fabriqué à Paris ». Demain s’y ajoutera la tomme Le Pajol à pâte mi-cuite. Au total, après quatre mois d’existence, déjà 30 références et toutes bio. Les bouteilles et les pots en verre sont consignés 0,50 € , « comme dans le temps… » mais aujourd’hui avec la volonté d’une démarche écologique. Prochainement, on produira de la crème AOP crue, épaisse, bien maturée. Des ateliers de fabrication fromagers pour le public et les élèves des écoles sont en prévision. La belle cave de pierre de 22 m² va être aménagée pour l’affinage des fromages. Avec cette laiterie dans Paris, son fondateur Paul Zindy, ingé-

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nieur agronome de formation devenu fromager, a réalisé ce qui est essentiel pour lui : une production artisanale au lait cru dans Paris - une reconnexion aux vrais produits - des circuits courts et transparents. Le tout à des prix accessibles pour les consommateurs. Passionné de fromages, issu d’une famille d’agriculteurs, Paul Zindy est diplômé de l’Institut agronomique de Montpellier. Il a d’abord travaillé pour la Maison du Lait et accompagné pendant 6 années des producteurs de lait AOP, des fromagers et des affineurs avant de se lancer à son tour dans la production et la transformation. « L’idée a germé il y a quelques années, en lisant un article sur une initiative similaire à New-York. J’ai trouvé ça génial de remettre de la production en cœur de ville. Ça a du sens, les consommateurs sont très en demande et c’est légitime ! » Et puis, déclic supplémentaire, Paul avait observé qu’il avait déjà existé des laiteries dans Paris et en banlieue. Le choix du 18ème ? La proximité de la banlieue nord pour pouvoir s’approvisionner en lait cru local. En outre, les plus anciens se souviennent d’une laiterie avec production pasteurisée dans la rue de la Chapelle à quelques encablures de cette nouvelle laiterie. Elle se fournissait également, en lait de l’autre côté du périphérique. Dans les années 30, il y en avait aussi à Montreuil, à Montrouge.

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Le local a été trouvé via le GIE Paris Commerces qui propose à la location des boutiques et des locaux d’activités situés en rez-de-chaussée des immeubles appartenant à Paris Habitat la RIVP et Elogie-Siemp. Cette nouvelle structure s’inscrit dans le dispositif « Paris Commerces » mis en place par la Ville pour simplifier et faciliter l’installation des entrepreneurs, en particulier des commerçants et artisans de proximité. Le budget participatif de la ville de Paris a apporté 20 000 € arrivés à point pour compléter son emprunt personnel.

LAITERIE LA CHAPELLE Paul Zindy 72 rue Philippe de Girard – Paris 18e courriel : contact@laiterielachapelle.com Telephone : 06 84 64 91 02 Site : http://laiterielachapelle.com Du mardi au vendredi de 15h30 à 19h30 Le samedi de 10h à 19h30

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Ce serait donc aujourd’hui une sorte de retour aux sources que la Laiterie La Chapelle ? Souhaitons-lui tout le succès que son authentique savoir-faire mérite. Marie France Coquard

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RENCONTRE AVEC...

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DANIEL SIDNEY BECHET MONTMARTRE BOOGIE WOOGIE

©Photo : Philippe Baudry

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el est le titre d’une des musiques (1955) d’un géant du jazz, Sidney Bechet. Il voit le jour 14 mai 1897 à la Nouvelles-Orléans, une ville de Louisiane située sur les rives du Mississippi. Le jazz est un genre musical originaire du Sud des États-Unis, créé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle au sein des communautés afroaméricaines. Avec plus d’un siècle d’existence, du ragtime au jazz actuel. Dans les années folles, Sidney Bechet, clarinettiste, saxophoniste soprano et compositeur de jazz se produit à Montmartre et à Paris, il accompagne Joséphine Baker en tant que musicien dans la revue « Nègre », ils firent découvrir le Charleston (1925). Un soir de décembre 1928, à l’époque des borsalinos, rue Fontaine une bagarre éclate entre deux musiciens, Sydney Bechet et Mike Mac Kendrick. Quelques coups de feu sont tirés, blessant trois passants dont une femme enceinte touchée au bras. Les deux sont condamnés le 7 mai 1929 par le tribunal à de la prison ferme pour blessures volontaires et à des dommages et intérêts. Sydney Bechet est conduit à la prison de Fresnes. Après avoir purgé sa peine, le jazzman américain est expulsé de France. Il reviendra à Paris en 1949 pour se produire lors d’un concert pour l’ouverture du festival de Paris. Sydney Bechet, d’une renommée internationale, est accueilli triomphalement. Il se marie en 1951 avec Elizabeth Ziegler, une allemande et s’installe à Grigny, où il achète une maison. Un an plus tard, c’est

la rencontre avec Jacqueline Peraldi et de cette union naîtra Daniel-Sidney Bechet qui sera son unique héritier. Sidney Bechet achète une autre maison à Garches pour son fils et sa maman, il sera jusqu’à la fin de ses jours très partagé entre les deux femmes. Il décède le 14 mai 1959 à Garches d’un cancer des poumons. Comme disait l’illustre Duke Ellington, « tout ce qu’il jouait venait de l’âme ». Daniel Sidney-Bechet, reprend en quelque sorte et très humblement, la relève. Né le 3 avril 1954, Franco-Américain, Daniel Sidney-Bechet est un musicien et compositeur, il pratique la batterie (à 13 ans), les percussions et le piano. Ses styles sont très variés, de la World Music aux rythmes afro-cubains en passant par les ambiances ethniques, le jazz-rock et la variété. Après avoir vécu aux Etats-Unis, accompagnant des artistes américains, Daniel Sidney-Bechet rencontre Peter Gabriel qui, séduit par ses compositions, lui propose de collaborer sur Sledgehammer et Sun City. Daniel crée avec Olivier Franc le SydneyBechet Quintet en 1999 et se produit en 2015, à l’Olympia. « Il y a 60 ans, mon père nous quittait en laissant derrière lui un lourd héritage et d’inoubliables musiques avec une interprétation unique. Il est maintenant au Panthéon des musiciens de Jazz qui ont innové, influencé et fait rêver musiciens et mélomanes de tous pays. Il restera une référence et j’en suis fier. » Daniel Sidney-Bechet. Alexandra Cerdan

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COUPS D'ŒIL

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INTERVIEW Alexandra Cerdan : Pourquoi avoir choisi comme instrument la batterie et le piano ? Daniel Sidney-Bechet : Depuis ma petite enfance j’ai eu une attirance pour le piano, mon père avait un petit instrument qui ressemblait à un synthétiseur et je jouais beaucoup avec. Vers l’âge de 13 ans j’ai commencé la batterie. A.C : 60 ans après la disparition de votre père, quel souvenir gardezvous de lui ?

D.S-B : Bénéfique, je ne sais pas, car j’étais un petit garçon timide, donc cela ne m’a pas spécifiquement aidé - à l’époque ce n’était pas évident d’être le fils d’une telle star. J’ai hérité, c’est inéluctable, de cet amour pour la musique. En tant que musicien, j’étais attendu au tournant car je suis le fils de Sidney Bechet, mondialement connu. Je n’osais pas jouer sa musique… à présent, ce n’est plus le cas.

A.C : Hormis le jazz, quel genre de musique écoutez-vous ?

A.C : Que penseriez-vous d’un film sur la vie de votre père ?

D.S-B : Montmartre c’est un tout. Ça fait un peu paradis, un peu Chicago, c’est ce qui fait sa richesse. J’y ai vécu un temps et je me sentais parfois comme un touriste ! Montmartre, c’est surréaliste.

D.S-B : J’ai beaucoup de souvenirs malgré ses absences, car il était souvent en tournée. Je me souviens qu’il venait avec de nombreux cadeaux, c’est un peu mon papa noël. Il était fier de se balader avec moi, son unique enfant. C’était un événement extraordinaire.

D.S-B : En 1984/85 à New-York, la première personne à m’avoir suggérée cette idée, c’était Woody Allen. Oui, j’aimerais bien que cela se réalise…

A.C : Vers quel âge avez-vous réalisé que vous portiez un tel patronyme ? Etre « fils de » vous a-t-il été bénéfique ou parfois le contraire ?

D.S-B : Oui ! J’y suis allé plusieurs fois et cela continue sur le plan musical et sur le plan touristique.

A.C : D’après vous, la NouvelleOrléans a-t-elle gardée la même atmosphère ?

D.S-B : J’aime beaucoup la musique brésilienne, la musique classique, sans oublier les grands de la chanson française, Aznavour, Brassens, Brel, Piaf, etc. J’écoute toutes les musiques que j’aime. Mais j’ai un penchant pour la musique anglo-saxonne. A.C : Que vous inspire Montmartre ?

A.C : Quelle est votre actualité, toujours en tournée ? D.S-B : Oui, toujours sur les routes, en concert un peu partout, en France et ailleurs.

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NOUVELLE DIRECTION

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HISTORIQUE

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PETITE ANTHOLOGIE DES POÈTES ET CHANSONNIERS DE MONTMARTRE

La Petite anthologie des poètes et chansonniers montmartrois, débutée avec le trentenaire de Paris-Montmartre poursuit son chemin, un nouveau chemin plein de promesses. Certes, si ces hommes sont plus ou moins connus, nous espérons que vous continuerez de les découvrir et de les apprécier avec plaisir. Qu’ils soient venus du club des Hydropathes du Quartier Latin, pour rejoindre les cabarets du bas de la butte, ou qu’ils se soient tout simplement formés, sur le tas, ici à Montmartre, nous continuons de vous les présenter selon l’ordre alphabétique, d’André Barde à Léon Xanrof. Chacune de leur biographie, précédée d’un rapide résumé d’évènements survenus au cours de leur année de naissance est illustrée d’une ou plusieurs de leurs œuvres.

H yspa (6)

Par Jean-Paul

BARDET

VINCENT HYSPA

est né à Narbonne le 7 novembre 1865

Poète, chansonnier, surnommé le “Prince des pince-sansrire”, Maurice Donnay disait : « De son grand-père, potier, il avait conservé en mémoire les vieux airs que celuici chantait dans son atelier, face à son tour, façonnant quelques jolis vases de ses mains ! ». Sans doute, comme ses parents le souhaitaient, se serait-il destiné à la magistrature s’il n’avait pas rencontré, par pur hasard, en 1883, alors qu’il étudiait la philosophie en terminale au lycée de Montpellier, le “Journal du Chat Noir” - journal dont une certaine légende disait qu’il était peu conseillé de demander à la marchande de journaux, sur le boulevard de Rochechouart, face à l’établissement : « Mademoiselle, avez-vous le ”Chat Noir” ? » Agréablement surpris et fortement ravi de cette découverte, ne résistant pas au désir d’y collaborer, il commença par s’y abonner. Puis, sans attendre adressa à son rédacteur en chef un sonnet qu’il signa “Le philosophe”! Tout au long de son service militaire, qu’il effectuera à Perpignan, le “Journal du Chat Noir” sera son compagnon, son “journal de chevet” ! Libéré, de retour à Narbonne, il ne cesse d’adresser à la rédaction du Chat Noir des vers, des envois qui demeureront sans réponse. En 1887, le jour même où ses parents l’envoient à Pa-

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ris pour passer sa licence en droit, il se rend au cabaret. Accueilli par Albert Tinchant, alors secrétaire général de rédaction du journal, ce dernier le conduit auprès de Rodolphe Salis et le présente avec ces quelques mots : « Voici Vincent Hyspa, dit “Le philosophe”, notre plus ancien abonné ». « Ah oui, répondit Salis, le “Vieux grincheux” ! » Car Salis se souvenait très bien de la lettre de réclamation qu’il lui avait adressée et dont sa réponse avait été des plus désobligeante. Mais ce jour là, la paix fut signée entre eux. Ils se quittèrent d’une chaleureuse poignée de mains ! Bien qu’inscrit à la Faculté de droit, Vincent Hyspa prend la décision de s’installer en permanence à l’accueillante Hostellerie du Chat Noir, y composant des vers que publiera par exemple le « Courrier Libre ». Un soir, alors que Mac-Nab était souffrant, Vincent Hyspa, qui connaissait par cœur la quasi-totalité de son répertoire, accepta sans hésitation de le remplacer. Ce remplacement, il l’assura bénévolement durant une année ! Lassé de se trouver relégué à cet emploi de doublure, il décida un soir de ne pas se présenter au cabaret. Aussitôt, Salis, furieux, ordonna à Albert Tinchant, le pianiste «à la pipe» du cabaret, d’aller immédiatement à sa recherche avec l’unique mission de le ramener, lui proposant cinq francs par soirée pour continuer de tenir son rôle. Fortement vexé, il refusera l’offre durant trois années, désertant le Chat Noir au profit de l’Auberge du clou. Il y écrira pour le théâtre d’ombres de l’établissement, un Noël qu’illustrera Miguel Utrillo puis que son ami, Erik

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Satie, mettra en musique (Alfredi-Erikit-Leslie Satie). Finalement ramené, non sans peine au Chat Noir, par Tinchant, Salis l’engagera raisonnablement. Avec son sens inné de la parodie, vêtu d’une redingote à longs pans, d’un gilet montant et d’un pantalon à la hussarde, il remportera rapidement de nouveaux succès. Après avoir à nouveau quitté le cabaret du Chat Noir, on le verra un peu partout : aux Quat’zarts, au cabaret du

HISTORIQUE

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Chien Noir, à La Lune Rousse… Mais voilà, les temps changeant, le public des cabarets se modifie : « les gens ne vont plus au cabaret pour rire, mais pour rigoler », Vincent Hyspa n’est plus tout à fait de mode ! Vincent Hyspa est décédé à Villiers-sous-Grez en 1938. C’est en 1896, au cabaret des Quat’zarts, qu’il présenta « Le toast du Président », l’une de ses chansons les plus connues :

Le toast du Président

(Extraits)

Je suis heureux…, je vous en remercie Du grand espoir que vous fondez sur nous… Je suis heureux…, et puisqu’on m’y convie, Je dirai plus…, je dirai…comme vous. La République sera toujours prospère, Tant qu’elle vivra…dans la prospérité… C’est dans cet esprit que je lève mon verre Et que je bois à la félicité. Je suis heureux…, lorsque je considère Que le progrès…a marché…jusqu’ici… Vos hôpitaux sont pleins…, tout est prospère…, Et le négoce ne va pas trop mal, merci. Les banquiers prennent au-delà des frontières Vos intérêts…et votre capital… C’est dans cet esprit que je lève mon verre Et que je bois au progrès général. Je suis heureux…, ma joie…est ineffable, Et c’est un peu pour ça que je vous le dis, Heureux…de boire, - en ce jour mémorable, Qui tous ensemble…ici…nous réunit Aux habitants tout comme aux fonctionnaires, Aux étrangers…qui ne sont pas d’ici… C’est dans cet esprit que je lève mon verre Et que je bois en ce jour…d’aujourd’hui. Je suis heureux…, comme vous j’ai l’espérance De voir un jour le pays…plus uni… Je n’en parle jamais…sans que j’y pense, Et cependant…ça ne sera jamais ainsi. Tant que la France, Hélas !...puis-je le taire, Sera divisée…par les départements. C’est dans cet esprit que je lève mon verre Et que je bois toujours…en attendant. Je suis heureux…, car mon âme…est joyeuse… De cette joie…qui fait…notre bonheur ; Et ta sœur ? Dites-vous, est-elle heureuse ? Elle est heureuse ma sœur…, elle est ailleurs !

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Elle est ma sœur…, parce que je suis son frère, Je suis son frère…parce qu’elle est ma sœur… C’est dans cet esprit que je lève mon verre Et que je bois à tous les liens du cœur. Je suis heureux…, comme tout vous l’indique, Je crois d’ailleurs…, vous l’avoir déjà dit… Quand je voyage, ce m’est une joie unique De trouver quelqu’un pour causer… du pays ; Malheureusement les jours…sont éphémères… Il va falloir que je foute le camp d’ici… C’est dans cet esprit que je lève mon verre Et que je bois…tout comme je vous le dis.

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Jouy HISTORIQUE

JULES JOUY

Jules Jouy est né le 12 avril 1855, à Paris, à l’ombre des entrepôts de Bercy où son père exerçait la profession de boucher.

Après avoir un moment exercé le métier de son père, composant, entre deux livraisons, ses premiers couplets, Jules Jouy se rend compte que ce métier ne le satisfaisait pas. Après un timide essai au métier de la reliure, le voilà émailleur, une activité qui lui permet de passer à la peinture sur porcelaine, mais là encore vainement, ce n’est pas pour lui ! Enfin, Jules Jouy trouvera sa voie lorsqu’il fera ses premiers pas dans le journalisme. C’est au « Tintamarre » qu’il fera ses débuts, vite apprécié avec ses articles remplis de sa verve mordante et de son ironie agressive. Remarqué, muni de sérieuses références, reconnu comme parolier, alors qu’il vient de présenter au café-concert ses premières chansons, Jules Jouy va être

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appelé au club des Hydropathes, ce club du quartier latin que dirige Émile Goudeau, dont il deviendra l’ami. Au club des Hydropathes, Charles Cros, Maurice Rollinat, comme bien d’autres seront de ses confrères. Parmi ses premières chansons données au café-concert, certaines sont demeurées célèbres : « Derrière l’omnibus », « Mademoiselle écoutez moi donc » ou « La Diguediguedon ». Le jour où il s’était permis de soumettre à Paulus, le manuscrit de « Derrière l’omnibus », un texte qui le fera connaître, il était loin de se douter du succès qu’il en adviendrait ! Il est aussi l’auteur de : « La Soûlarde » que créa Yvette Guilbert, et de « La Veuve », que chanta Damia. Sa parodie du « Temps des Cerises » de Jean Baptiste Clément, « C’est ta poire » ou « Le temps des crises », deviendra, chose curieuse, en dépit des opinions de l’auteur - connu comme implacable adversaire du mouvement dirigé par le général Boulanger - le chant de ralliement des “boulangistes” ! En 1881, il apparait, au Chat Noir, le cabaret que vient d’ouvrir Rodolphe Salis 84, boulevard de Rochechouart. Muni de ses chansons réalistes et parfois macabres, ce cabaret sera pour lui un véritable tremplin. En particulier, la rencontre qu’il y fait avec Jules Vallès, décidant de son entrée au journal le « Cri du Peuple, où il publiera sa « chanson quotidienne », ainsi qu’au « Parti ouvrier », puis au « Figaro » et au « Rire ». Ses premières publications seront principalement dirigées contre le général Boulanger (qu’il surnommera « L’infâme à barbe ») et son état-major politique. Quoi qu’ils puissent penser de l’inspiration de ces atellanes, Aurélien Scholl, Ludovic Halévy, Jules Lemaître, Octave Mirbeau ou Dominique Sarcey, louèrent son talent satirique. La quasi-totalité de ses chansons politiques seront réunies dans un important recueil intitulé : « Chansons de l’année » - ses chansons de lutte journalière seront à leur tour réunies dans un second recueil : « Chansons de bataille ». Sur des dessins d’animation de Jules Depaquit, lui aussi collaborateur au « Rire », Jules Jouy sera l’interprète au théâtre d’ombres du Chat Noir du « Rêve de Zola ». En 1893, Jules Jouy quitte le cabaret du Chat Noir pour prendre la direction du «Concert des Décadents », rue Fontaine, « ex-Café des Incohérents », où Jules Lévy organisait des expositions de tableaux des « Arts Incohérents » et où se produisaient sous sa direction une troupe composée de Paul Delmet, Vincent Hyspa, Marcel Legay et quelques autres. Propriétaire d’une modeste villa dans la banlieue parisienne,

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chacun s’attendait à ce qu’il y achève tranquillement son existence, alors qu’il allait sombrer dans la folie, s’imaginant tantôt persécuté, tantôt officier d’Académie, commandeur de la Légion d’honneur, président de la République, voire empereur des français ! En mai 1895, atteint de paralysie générale et de démence, Jules Jouy est interné dans la maison de santé du docteur Goujon, dans la division des fous furieux, où il décèdera après vingt-deux mois d’internement, en 1896, le jour même où les chansonniers de Montmartre célébraient l’élection à la chambre des députés de leur camarade Maurice Boukay ! Il est inhumé au Père-Lachaise. Les chansons qu’il chanta au cabaret du Chat Noir, parurent dans la collection artistique de Guillaume. Une rue de Montmartre, joignant la rue Francoeur à la rue Cyrano de Bergerac, honore sa mémoire. J.P. Bardet à suivre

Le mari et la femme (Extraits)

Pour faire un ménage, il faut un mari Une femme. Le complément logique du mari, C’est la femme : Que pourrait faire de bon le mari Sans la femme ? Nous-mêmes que ferions-nous sans mari, Faibles femmes. Qui doit suivre tout partout son mari ? C’est la femme. Pourtant, on voit sortir plus d’un mari Sans sa femme. Chacun, alors, cause sur le mari, Sur la femme,

Et s’en va répétant : « Pauvre mari ! » Pauvre femme ! » Quand un homme se montre bon mari Pour sa femme, Qui doit rester fidèle à son mari ? C’est la femme. Au contraire, lorsqu’un méchant mari Bat sa femme, Qui doit en faire porter le mari ? C’est la femme. Toujours hélas ! Que l’on soit le mari Ou la femme ; Que les torts soient du côté du mari,

De la femme, On verra cornifier les maris Et les femmes, Tant que sur terre il y aura des maris Et des femmes. Le code dit : « L’esclave du mari, C’est la femme. » Portant qui doit commander au mari ? C’est la femme. Être toujours l’obéissant mari De sa femme, Voilà messieurs, le seul droit du mari Sur la femme.

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VOYAGE, VOYAGE

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ANTOINE DE MAXIMY

« ACCOMPAGNEZ-MOI DANS UNE NOUVELLE AVENTURE… AU CINÉMA ! »

E

n septembre prochain, Antoine de Maximy se lance dans une nouvelle aventure et il compte tourner son premier long-métrage de fiction : un film pour le cinéma qui repose sur la série J’irai dormir chez vous. La sortie du film au cinéma est prévue pour le premier semestre 2020. Antoine, quel est donc ce nouveau projet cinéma ? « C’est une nouvelle idée un peu tordue. Mais vous savez bien qu’on fait des choses plus intéressantes en sortant des sentiers balisés. En 15 ans, j’ai parcouru plus de 60 pays avec J’irai dormir chez vous, dans la plus totale improvisation. Ça a donné toute sorte de rencontres, drôles, tendres, sur-

prenantes, souvent exceptionnelles. Mais, vous l’avez vu, je me suis retrouvé aussi dans des situations compliquées, voire dangereuses… Vous est-il arrivé de vous demander comment j’allais m’en sortir ? Eh bien moi, dans les moments les plus tendus, je me demandais : et si ça tournait vraiment mal ? Et si j’avais un accident, si je disparaissais ? Qui pourrait savoir ce qui m’est arrivé ? C’est justement le sujet de mon film. J’irai mourir dans les Carpates est une fiction pour le cinéma, avec un vrai scénario et des acteurs. Mais ce sera un film qui me ressemble, un peu décalé. Pour produire ce film, vous avez décidé de lancer une grande campagne de financement participatif auprès du grand public en association avec le site KissKissBankBank. Encore une originalité… « Pourquoi faire appel aux internautes pour financer mon film ? Tout simplement parce qu’une fois de plus je sors des cases. Mon film est atypique. J’aime sortir des sentiers balisés mais c’est toujours une route plus compliquée ! Lorsque je parle de ce projet de film, je reçois le même accueil qu’il y a quinze ans, lorsque j’ai lancé J’irai dormir chez vous. A l’époque, toutes les grandes chaines de télévision ont refusé le programme et personne n’y croyait. C’est grâce aux téléspectateurs que J’irai dormir chez vous existe. Les professionnels du cinéma aiment le scénario, mais pour l’instant ils n’ont pas décidé d’investir sur le film. Via cette campagne, je souhaite réunir ma communauté et prouver qu’ils veulent aller voir ce film. Un film dans lequel on retrouvera l’atmosphère de JDCV : fantaisie, rencontres, rigolade, mais aussi comme dans la série, surprises, inquiétude, danger...

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Le lancement officiel de la campagne a eu lieu le 16 mai, via la plateforme Kisskissbankbank. Si vous souhaitez accompagner Antoine dans cette aventure de cinéma et participer à la campagne de financement de son film J’irai mourir dans les Carpates, il vous suffit de vous rendre dès maintenant sur la page Facebook de la série J’irai dormir chez vous. Vous trouverez toutes les infos pour faire un don, du montant de votre choix.

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L’HISTOIRE DU FILM

Vous pourrez également en savoir beaucoup plus sur le film et connaitre les contreparties de votre financement. Elles sont elles aussi, comme le film, parfois un peu surprenantes. Antoine de Maximy les a concoctées luimême pour ceux qui le soutiendront. Ainsi, on pourra par exemple recevoir une carte postale collector envoyée par Antoine des montagnes des Carpates, ou la fameuse chemise rouge signée, ou avoir l’opportunité de venir sur le tournage. Tout le monde y trouvera son compte.

« Parce que j’aime bien faire les choses pas comme les autres, je propose deux petits bonus sous la forme « 1 chance au grattage, 1 chance au tirage ». Le dernier jour de la campagne, dix contributeurs tirés au sort viendront dormir chez moi. Et au moment de la sortie du film en salles, un autre tirage au sort désignera cent privilégiés à qui je présenterai le film en avantpremière à la maison. »

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A la fin d’un tournage de JDCV, Antoine a un accident de voiture sur une route montagneuse des Carpates. Emporté par une rivière en crue, le corps n’est pas retrouvé. Les bagages et le matériel sont rapatriés à Paris. Agnès, la monteuse de la série, récupère les images tournées par Antoine et décide de terminer ce dernier épisode. Mais à mesure qu’elle avance dans le montage du film, en regardant de plus près les images, Agnès commence à avoir des doutes. Les choses ne sont peut-être pas aussi simples. La vérité sur le sort d’Antoine serait-elle cachée dans les images ? Seuls les yeux aiguisés d’une monteuse pourraient la découvrir….

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LES PATATES DE GREG

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PAR GRÉGOIRE LACROIX

Des patates qui parlent, on en connait tous... mais reconnaissez que celles-ci ont bien plus d’esprit ! Rubrique signée par Grégoire Lacroix, de l’académie Alphonse Allais.

3 Haïkus Absurdes Un cardinal désorienté a besoin de faire le point alors qu’un point n’est jamais désorienté quand il est cardinal. Il vaut mieux mettre son pied sur un parchemin que sa main sur un marchepied. Un clou parfait n’a pas de vices. Mais une vis qui n’a pas de pas ne vaut pas un clou en tant que vis.

CONFÉRENCE DE PRESQUE Il faisait presque nuit et je n’avais presque rien à faire. Comme la marée était presque haute j’ai, presque imprudemment, pris la mer. On annonçait presque un orage et ce fut presque un ouragan. Mon voilier s’est presque retourné ! L’eau était presque froide mais moi je me suis presque noyé ! Comme je n’étais que presque naufragé je me suis contenté d’une presqu’île presque déserte et où il n’y avait presque personne. Sur la plage, presque belle, je me suis presque reposé en écrivant « SOS » presque sans fautes. C’était presque une fresque ! Puis, presque par hasard, j’ai trouvé une bouteille presque vide. Presque sans y croire, j’y ai mis un message et je l’ai jetée dans une eau presque noire… Comme je suis presque croyant j’ai prié Saint Malo qui est presque le patron des marins et alors, j’ai vu un navire qui n’était presque pas loin. Il est venu, presque trop lentement, me sortir de cet enfer qui, en fait, était presque un paradis. Si vous avez lu, presque jusqu’ici, cette histoire qui est presque vraie, c’est que vous y avez presque cru ! Alors moi, je suis totalement satisfait !

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LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE

PAR CHRISTINE HAYDAR

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LE JOURNAL D’UNE PETITE MÔME DE PIGALLE Tiré du roman « Simone », Editions J.C Lattès

Montmartre, été 1954 - 10 e épisode RÉSUMÉ DES ÉPISODES PRÉCÉDENTS Simone, 11 ans, vit dans une chambre de bonnes avec ses parents et son frère aîné. Elle n'est pas heureuse et rêve de changer de famille.Invitée à goûter chez une copine du cours de danse , fille de banquier, dans un hôtel particulier de l'avenue Frochot, elle découvre un autre monde...

J

te la raccommode. Je vais t’en prêter une autre en attendant. Elle a ouvert une penderie à faire pâlir d’envie ma maternelle. Elle faisait tout un côté de la chambre, avec des paires de chaussures à tire-larigot. - Tiens, je vais te montrer mes tutus. Ses tutus. Parce qu’elle en a plusieurs !

' ai suivi Isabelle vers l’escalier à grand spectacle qui occupe presque tout le hall. Elle m’a emmenée directement dans sa chambre au premier étage. Il y avait un super piano, tout blanc, mais plus petit que celui que j’avais aperçu dans le salon du bas par la porte ouverte. - Vous êtes combien ici ? j’ai demandé. - Juste mes parents et ma grande sœur. Plus les domestiques naturellement. Pourquoi ? - Comme ça. Y a combien de pièces ? - Je ne sais pas. Je n’ai jamais compté. Sacrée Isabelle. Ca, c’est la classe. La fille et le marin, dessin de Chas Laborde La gouvernante a apporté un grand plateau comme je les aime. Miel. Quatre au total. Deux blancs, un court Confiture. Brioches à volonté. Un grand et un long, plus la même chose en bleu. pot de chocolat mousseux et bien sucré. - Tu veux les essayer ? elle a demandé. - Donne ta jupe à madame Sylvie, qu’elle - Pas la peine. J’ai les mêmes avec les

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diadèmes assortis. Ils viennent de chez qui ? J’ai regardé une des étiquettes d’un air dégagé. Ca venait de chez Crait. - Ouais, c’est pas mal, j’ai dit. Mais je préfère ceux de chez Repetto. Et je suis allée me servir un bol de chocolat. Je suis pas d’un naturel jaloux, mais il y a des limites. Pendant qu’on s’empiffrait, surtout moi, la gouvernante a fait couler un bain. J’avalais ma dernière brioche quand on a frappé. Elle a passé la tête dans l’entrebâillement. - C’est prêt, mademoiselle Isabelle. - Merci, madame Sylvie. On y va tout de suite. J’étais pas au bout de mes surprises. Putain la salle de bains ! Trois fois plus grande que notre foutue piaule de la rue Pigalle... Il y avait pas une baignoire, il y en avait deux. Exactement de la même taille, avec des robinets dorés à tête de faucon. Elles étaient séparées par deux lavabos jumeaux avec les mêmes robinets. Des miroirs immenses rendaient la pièce encore plus grande et multipliaient baignoires et lavabos à l’infini. J’en étais baba. Ca existe ailleurs que dans les films, des trucs pareils ? - Laquelle prends-tu ? Isabelle m’a demandé. - Ca m’est égal, j’ai dit. Pour la première fois de ma vie, je me

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LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE

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Boulevard de Julien Duvivier, 1959. Jean-Pierre Leaud et Monique Brienne - Fondation Jerome Seydoux-Pathe DR. Orex Films

suis prélassée dans un bain de mousse parfumée. Au début, on disait rien. - Tu retournes au cours de danse, à la rentrée ? Isabelle a demandé au bout d’un moment. - J’espère, j’ai dit, prudente. Avec des vieux comme les miens, on n’est jamais sûr. - Pourquoi, tu espères ? - Pourquoi j’espère, j’ai répété pour gagner du temps. Parce que c’est pas encore certain. On va peut-être déménager après les vacances. - Ce serait dommage, elle a dit. Parce que je pars après-demain pour deux mois. Alors on ne se verrait plus. - Ah, où tu vas ? - En Italie. A Capri, dans la villa de mes parents. Et toi ? J’ai pas répondu tout de suite. Il fallait que je trouve quelque chose. J’ai fait semblant d’avoir du savon dans l’oeil. - Je fais une croisière avec mon père et ma mère. Sur le Liberté. On va à la Jamaïque. - Tu en as, de la chance, de faire un grand voyage, elle a dit. Nous, on va toujours au même endroit. - T’as raison. Ca doit être drôlement ennuyeux, j’ai compati. Isabelle a tiré un cordon qui pendait au-dessus de la baignoire et qui devait

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actionner une sonnette chez les domestiques parce que madame Sylvie s’est pointée aussitôt avec des peignoirs qu’elle nous a tendus. Ils étaient doux comme du velours. Elle avait réparé les dégâts sur ma jupe. Elle était effectivement très douée. Ca se voyait à peine. Je me suis rhabillée.

J’étais pas au bout de mes surprises. Putain la salle de bains ! Trois fois plus grande que notre foutue piaule de la rue Pigalle...

aurait dit la Sainte Vierge. Sûrement Mme Karstein. Même ma mère faisait pas le poids à côté d’elle. Isabelle m’a raccompagnée jusqu’à la grille du jardin. Aucune trace des trois clébards à pedigree. Je suppose que le foutu trio a un quinze pièces au sous-sol... - La prochaine fois, si tu n’as pas déménagé, on ira goûter chez toi. D’accord ? elle a dit. - Bonne idée, j’ai répondu. Tu parles. Si y a un endroit où elle ira jamais, Isabelle, c’est chez moi . - Alors au revoir, Simone. Amuse-toi bien en croisière. Tu me raconteras. - Compte sur moi. Au revoir, Isabelle. Bonnes vacances. Je suis allée jusqu’à la grille qui sépare l’avenue Frochot du reste du monde sans même me retourner. *

J’avais hâte de partir. J’en avais assez vu et assez entendu. Six heures ont sonné à la grosse horloge de l’entrée. Au fond du hall, j’ai aperçu une dame qui parlait à madame Sylvie. Putain, qu’estce qu’elle était belle. Brune, comme Isabelle, elle portait une robe en soie couleur ivoire. Elle avait une raie au milieu et des bandeaux se rejoignaient sur sa nuque dans un chignon doux. On

Ma mère m’attendait sur le palier, furibarde. - Qu’est-ce que tu fabriquais ? Ca fait des heures que ton frère et moi on t’attend pour aller aux douches. - Allez-y sans moi. Je me suis lavée chez une copine. J’ai posé mes affaires, j’ai descendu l’échelle et j’ai disparu au grenier. Sans

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LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE m’arrêter, j’ai pris une vieille caisse dans le nôtre et je suis allée jusqu’à celui de Mr Tomaso. J’ai posé la caisse sous le vasistas. Je l’ai ouvert et je suis montée sur le toit. Le zinc était brûlant. C’est vrai que la journée avait été chaude. Le toit était légèrement en pente. J’ai marché avec précautions jusqu’à l’ombre de la grande cheminée et je me suis assise tout près du chéneau, juste au bord, côté cour. Quand même un peu à l’abri des regards. Je sais pas si on a le droit de se balader sur les toits. Je me suis penchée un peu. Putain que c’était haut. J’ai jeté un petit caillou mais j’ai pas entendu son atterrissage. J’étais triste à crever. Qu’est- ce que j’ai fait au bon dieu pour venir au monde dans une famille pareille, j’ai pensé. C’est vraiment trop injuste. Je pouvais même pas continuer à être copine avec Isabelle. C’est vrai. Si elle voyait comment je vis, c’est sûr qu’elle m’inviterait plus jamais. Elle a une de ces chances de partir à la mer. Elle s’en rend même pas compte. Dans trois jours, c’est au tour de mon vieux et dans une semaine c’est mon frangin qui fout le camp. Je vais me retrouver seule avec ma mère. C’est pas possible. J’aurai jamais le courage de passer l’été sur ce toit. Je sauterai bien avant la fin. Une grosse boule montait et descendait dans ma gorge. Un miaulement m’a tiré de mes pensées. Tiens, Caruso. Encore en balade, minou ? Alors c’est là que tu passes ton temps pendant que ton maître te cherche partout dans le quartier ? Il a posé sa patte sur ma main pour quémander une caresse. Je l’ai pris dans mes bras et je l’ai serré contre moi. Il a commencé à ronronner comme un perdu en me donnant des petits coups de tête affectueux. C’était le seul habitant de ce bon dieu d’immeuble capable d’un peu de tendresse. Un foutu greffier. Le seul ami auquel j’avais droit. Tu vas pas recommencer à t’apitoyer sur ton sort, j’ai dit. Je crois bien que si, j’ai répondu. Et j’ai fondu en larmes dans la fourrure de Caruso. Il a été très patient. Au bout d’un moment, il a émis un petit miaulement, style te mets pas dans un état pareil, je suis là moi. Après, il a approché sa jolie petite gueule noire et blanche de mon visage et il s’est mis à lécher mes larmes. C’était pas le bon moyen

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pour que j’arrête. Alors j’ai continué. Ca a duré assez longtemps. Tout d’un coup, il en eu marre. Il a sauté de mes genoux et il s’est intéressé à un couple de pigeons qui roucoulaient pas loin de là. J’ai sangloté encore un peu sur ma lancée mais ça allait mieux. Je me suis levée en faisant attention de ne pas glisser et je suis partie en exploration. J’ai contourné la cheminée centrale, avec tous ses petits chapeaux qui ressemblent à des pots de fleurs sans fleurs. Au bout du toit de notre immeuble, il y avait un à-pic impres-

sionnant mais j’ai quand même pu passer sur le toit d’à côté. Ca donnait sur la rue Fontaine. De l’autre côté, il y avait une cour triangulaire. Deux des murs étaient aveugles. C’est comme ça que ça s’appelle quand y a pas de fenêtres. Le troisième en avait douze, deux par étages. En me penchant un tout petit peu, je pouvais toutes les voir. Ca devait être celles de l’hôtel à côté de chez nous, l’hôtel de Paris, parce que toutes les chambres étaient meublées pareil, avec des couvre-lits à rayures rouges et vertes. J’allais partir quand la porte d’une des chambres du quatrième s’est ouverte. La grosse Lydie est entrée. Elle était avec un marin américain. Quelque chose me disait que je devrais pas rester mais la curiosité a été la plus forte. J’ai juste reculé un peu pour être hors de vue. T ‘as tort, Simone. Tu risques de voir des choses que tu devrais pas voir, j’ai dit. T’as sûrement raison, j’ai répondu. Dans une minute, je m’en vais. Le marin a sorti un billet de sa poche et l’a donné à Lydie qui l’a fourré dans son sac. Après, il s’est mis tout nu. Lydie a gardé sa robe. Elle était debout près du lavabo et lui a fait signe de la rejoindre. La minute est passée, j’ai dit. Tais-toi un peu, j’ai répondu. Lydie a pris la bistouquette du marin,

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l’a mise sous le robinet et lui a fait sa toilette comme à un bébé avec de l’eau savonneuse. Ca avait l’air de lui plaire, au marin. Son zizi est devenu grand. La grosse Lydie s’est mise à le laver avec plus de frénésie en y mettant tout son cœur. Tant pis pour toi, Simone. Quand tu brûleras en enfer, il faudra pas venir pleurer, j’ai dit. Tu crois pas que t’exagères un peu, j’ai répondu. Elle fait rien de mal, Lydie. Tout d’un coup, l’Américain a rejeté la tête en arrière avec une drôle d’expression, comme s’il avait mal mais qu’en même temps ça faisait du bien. Après quelques secondes, Lydie a arrêté le robinet. Avec la serviette, elle lui a bien essuyé toute sa petite boutique. Terminé pour la toilette. Au point où j’en étais, autant rester jusqu’à la fin. Le blondinet est allé s’asseoir sur le lit et a voulu y attirer Lydie mais elle avait pas l’air d’accord. Elle a ramassé ses fringues et les lui a tendues. Il était pas content, l’Amerloque. Ils ont discuté un peu. Finalement, il s’est rhabillé et il s’est tiré en claquant la porte. La grosse Lydie a tapoté le dessus-de-lit pour le défroisser avec un drôle de petit sourire, elle a pris son sac, s’est recoiffée devant la glace et s’est dirigée vers la porte. J’étais un peu rassurée quant au salut de mon âme mais en même temps, j’étais vaguement déçue. Alors c’était ça, le Grand Mystère des Putes ? Pour ça que j’avais vu une vieille tout en noir faire des signes de croix en passant près de Lorette et Malika en faction devant le Nebraska ? Des créatures du diable, des filles perdues, mes copines ? Tu parles. D’innocentes laveuses de zizis, voilà ce qu’elles sont. Les moins raisonnables dans cette histoire, c’est les clients. S’ils faisaient leur toilette tout seuls, ça leur ferait de sacrées économies. Je suis retournée sur notre toit. Caruso avait disparu. A la maison, ma mère repassait une liquette pour mon paternel pendant qu’il écoutait Grégoire et Amédée sur Paris-Inter allongé sur son pieu avec ses chaussures. Moi je trouve ça absurde. Je préfère Signé Furax, c’est plus poilant. J’avais pas envie de parler à mes vieux. J’ai remis l’échelle à sa place et j’ai filé sur le balcon... A suivre...

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ÉVÉNEMENT

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BON ANNIVERSAIRE MICHOU ! Le 16 mai, les aînés de la Butte ont comme à l’accoutumée été invités « à la table de » Michou, dans le cadre du cabaret, pour partager un excellent déjeuner prolongé d’un spectacle inédit. De la convivialité revigorante pour tous, du bonheur, des rires, un inoubliable moment de « vraie vie » qui a fait resplendir les visages des personnes âgées… Des larmes d’émotion aussi, lorsque la comédienne Sandrine Bonnaire a rejoint la scène pour faire une déclaration passionnée à son cher Michou, en chantant : « Que je t’aime » de Johnny, reprise par la salle. Oui, vraiment, que nous t’aimons, Michou !

Michou, Sandrine Bonnaire, le député de Montmartre Pierre-Yves Bournazel et de nombreux amis.

L’artiste Bernard Azzopardi, créateur d’étonnants « tableaux bijoux » constitués de perles de Thaïlande et paillettes, a réalisé cette œuvre pour l’anniversaire de Michou, le 18 juin. Au nom de tous, Michou, bel et heureux anniversaire !

« Heureux anniversaire, Michou ! » tableau bijou de Bernard Azzopardi.

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ON EN PARLE

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À LA COMMANDERIE DU CLOS MONTMARTRE

LE MOULIN ROUGE FÊTE SES 130 ANS !

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ans le cadre des 130 ans du Moulin Rouge, la Commanderie du Clos Montmartre présente une exposition dédiée au cabaret le plus célèbre au monde : le Moulin Rouge. Rétrospective inédite regroupant plus de 70 photos, affiches, ac-

cessoires…qui illustrent l’histoire du cabaret. A découvrir également les 12 panneaux extérieurs, installés sur les grilles de la Commanderie (visibles 24/24 - 7/7jrs) et illustrant l’histoire du Moulin Rouge à travers les différentes époques : de 1890 à nos jours ! Le Moulin Rouge, un lieu qui a fasciné de nombreux artistes…et qui nous illumine encore aujourd’hui... Jusqu’au 30 juin 2019, « 130 ans du Moulin Rouge » Tous les jeudis, vendredi, samedi, dimanche et jours fériés de 14h à 19h. Entrée libre Commanderie du Clos Montmartre – 9 bis rue Norvins – 75018 Paris – Métro : Abbesses

LE MONTMARTROBUS REBAPTISÉ N°40

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epuis le 20 avril 2019, les bus de la capitale et de la petite couronne ont inauguré un nouveau plan de circulation. Il y a ceux dont on connaît le trajet par cœur. Ceux que l’on découvre avec bonheur au hasard d’un rendez-vous. Mais le 20 avril, c’était une révolution qui attendait les usagers des bus parisiens. Fini de grimper les yeux fermés dans votre bus préféré. Il va falloir faire travailler son cerveau pour mémoriser les arrêts nouvellement desservis et les nouveaux trajets redessinés…notamment notre cher Montmartrobus, devenu aujourd’hui un banal n°40 ! En effet, avec la mise en place de l'opération Grand Paris des bus, le Montmartrobus perd son caractère

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de ligne spéciale pour devenir une ligne régulière numérotée 40. La nouvelle ligne 40 se trouve prolongée au nord vers la Mairie du XVIIIe et au sud jusqu’à NotreDame-de-Lorette. Mais pourquoi l’avoir rebaptisé ? On ne voit pas trop. Gommer ainsi le nom historique de ce bus, c’est un peu tourner le dos à son histoire. En effet, depuis 1983, le Montmartrobus fait partie du paysage, de la place Pigalle à la Mairie du XVIIIe. Et c'est le seul transport en commun autorisé à circuler dans les petites rues de notre cher village. Son nom reflétait une des singularités de la Butte ; un village avec ses particularités : une République et son Président, une Commune Libre et son Maire … Et son Montmartrobus ! Ces particularités, simples banalitées pour certains, constituent pour d'autres un veritable patrimoine. Le patrimoine constitue une source d’identité, attention de ne pas la perdre … N.L

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L’ART MODERNE : A UNE PATRIE « MONTMARTRE » PA

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2 ème PARTIE

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on loin du musée de la littéralement « panthéonisé » de son Vie Romantique, Eugène vivant. Son œuvre sans doute la plus Delacroix (1798-1863) vit célèbre, La Liberté guidant le peuple, dans son appartement-ate- pourtant exécutée en 1831, mais jugée lier du 54, rue Notre Dame trop séditieuse sous la Restauration, de Lorette, dans ce quar- ne sera montrée au public que lors de tier dit de la Nouvelle- cette Exposition, sur autorisation spéAthènes, construit sous la ciale de Napoléon III. Restauration. Son architecture néo-classique explique l’appellation qui lui fut donnée par un poète tombé dans l’oubli, Adolphe Dureau de la Malle. Delacroix y travailla de 1844 à 1857, avant de s’installer place Fürstenberg. C’est sur la Butte qu’il reprend l’écriture de son Journal, délaissé pendant vingt ans. Remarquable épistolier, enthousiasmé par Dante, Byron et Shakespeare, Delacroix, témoin d’une époque, nous livre sa philosophie artistique, ses critiques et ses réflexions sur Camille Corot-Le moulin de la Galette-1840 la beauté en art. Cet ouvrage, bien qu’inachevé, demeure une réféNous retrouvons également dans le rence. Peintre reconnu avant même son bas-Montmartre Jean-Baptiste Corot voyage en Afrique du Nord au début (1796-1875), peintre voyageur, maître des années trente, Delacroix s’attaque incontesté de la lumière des sous-bois, dans sa période montmartroise, à la des clairières et des ciels d’Italie, dont demande de son ami Adolphe Thiers, la discrète touche de peinture rouge à ses grands décors et peintures mu- tient souvent lieu de signature. Corales pour le Palais Bourbon, le Palais rot réside l’essentiel de sa vie au 56, du Luxembourg, le Louvre, l’Hôtel de rue du Faubourg Poissonnière, où il Ville et l’église Saint-Sulpice. Devenu décèdera. Il laisse deux toiles montl’icône de la peinture française, il sera, martroises remarquables, Moulin de la lors de l’Exposition Universelle de Galette (1840) et Rue Saint Vincent 1855, la première se tenant à Paris, (1850). Comme le précise Vincent Po-

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marède, l’un des spécialistes du peintre et ancien Conservateur au musée du Louvre, Corot est « l’un des artistes les plus copiés et imités de l’histoire de la peinture française », dont la notoriété était telle, qu’il attisa l’appétit des faussaires de son vivant. Ce qui fera dire, non sans humour, au critique et historien de l’art René Huyghe : « Corot est l’auteur de 3.000 tableaux, dont 10.000 ont été vendus en Amérique » ! Ces artistes romantiques, parfois lyriques, se côtoient dans ce « bas-Montmartre », devenu depuis 1790 le neuvième arrondissement de Paris, à la suite de la construction, sous Louis XVI, du mur des Fermiers Généraux, dont les travaux débutèrent dès 1784. Ce mur, faisant dire aux Parisiens « le mur murant Paris, rend Paris murmurant… », coupera de fait le territoire de Montmartre en deux, induisant des identités sociales et administratives distinctes. Il ne sera détruit qu’en 1860 par le Baron Haussmann, les limites de Paris s’inscrivant désormais dans l’enceinte de Thiers, le long des « fortifs », elles-mêmes démantelées définitivement en 1929. Le Montmartre du Haut, commune demeurée indépendante entre 1790 et 1860, sera alors rattaché au nouveau XVIIIème arrondissement.

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Le Second Empire s’inscrit dans un contexte de profonds bouleversements urbanistiques, scientifiques et sociétaux transformant les consciences françaises. Artistiquement, comme une espèce de contrepoint, cela se traduit par une nouvelle perception du réel, imprégnée de spiritualité et d’idéalité. S’attachant davantage aux états d’âme, à l’analyse des impressions et du ressenti, par le bais d’allégories mystiques ou oniriques, le Symbolisme va voir ses principaux représentants s’installer après les années 1850 à Montmartre. Pierre Puvis de Chavannes (18241898) nous livre de son atelier du 11, place Pigalle une immense œuvre, Le Bois Sacré (1884), installée dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, pour laquelle sa maitresse, Suzanne Valadon, sert de modèle pour tous les personnages. Ses thèmes allégoriques, souvent monumentaux, traités avec une grande économie de moyens, une palette restreinte et une lumière constante, confèrent à son œuvre un sentiment de sérénité. Gustave Moreau (1826-1898), dans sa maison-atelier du 14, rue de la Rochefoucauld, transformée en 1902 en musée, nous offre un panthéon mythologique foisonnant de couleurs sacrées. Son style aux teintes émaillées, aux ombres dorées et à la pâte complexe, nous plonge dans un univers fantastique qui ne manquera pas d’influencer les surréalistes. A l’opposé, la douceur des camaïeux gris-brun d’Eugène Carrière (1849-1906) nous entraine dans l’intimité de ses maternités et de ses portraits, floutés dans une espèce de brouillard. Installé pendant une quinzaine d’années à la Villa des Arts, rue Hégésippe Moreau, où il décèdera, il fonde en 1890, avec Puvis de Chavannes et son grand ami Rodin, la Société nationale des Beaux-Arts, dont le siège se situe aujourd’hui rue Saint-Georges. Co-créateur en 1903 du Salon d’Automne, dont l’appellation trouve son origine dans la volonté de se démarquer de celui des Indépendants tenu traditionnellement au printemps, Eugène Carrière forme dans son

Théodore Rousseau-Vue sur la plaine de Montmartre

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Eugène Carrière – Autoportrait – 1903

atelier de nombreux peintres fauves et notamment Derain et Matisse. Ce dernier se souviendra plus tard : « Je me décidai à prendre quelques toiles, que je croyais intéressantes, sous mon bras, et j’allais voir Carrière, rue Hégésippe Moreau. Il me reparla de mon exposition et me dit : « Quand vous referez une exposition, prévenez-moi, j’irai l’accrocher avec vous ». J’ai trouvé cela très touchant de la part d’un homme qui m’avait vu travailler sans jamais dire un mot sur mon travail. Il me dit : « Je me suis toujours intéressé à vous, mais j’ai senti que vous aviez votre idée et je n’ai pas voulu vous contrarier ». Remarque à la fois délicate et visionnaire ! Une belle statue d’Eugène Carrière se dresse dans le bas de l’avenue Junot et une rue montmartroise porte son nom, hommage justifié pour cet homme ouvert aux idées de justice et de tolérance, compagnon de Zola lors de l’Affaire Dreyfus et militant de la cause féminine. Souvent qualifiée de pré-impressionniste, l’Ecole de Barbizon, « colonie » de peintres paysagistes inspirés par le britannique John Constable et désireux de travailler sur le motif, nous transporte dans la campagne et les sous-bois de Seine-et-Marne. Rappelons qu’à l’époque, le paysage est considéré comme un genre mineur. Cependant, le développement des transports, l’invention de la peinture en tube, commercialisée pour la première fois en France en 1860, vont permettre aux artistes de peindre en extérieur

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MONTMARTRE et ainsi valoriser ce thème. Toutefois, s’ils travaillent dans ce charmant village proche de Fontainebleau, leurs ateliers et domiciles parisiens sont à Montmartre, très proches les uns des autres. Théodore Rousseau (18121867), artiste connu pour ses ambiances sombres et inquiétantes des sous-bois, habite avenue Frochot puis Villa des Arts, et réalise une très belle œuvre de jeunesse, Vue sur la plaine de Montmartre. Son premier tableau véritablement remarqué, Le Télégraphe de Montmartre date de 1836. Venu de son Cotentin natal, Jean-François Millet (1814-1875), avant de s’installer définitivement à Barbizon après les évènements de 1848, travaille au 42, boulevard Rochechouart puis au 12, rue de La Rochefoucauld. Au-delà de la simple peinture naturaliste sur le motif, les recherches de Millet portent davantage sur le réalisme social, la condition paysanne et l’exaltation du labeur. Ses tableaux les plus célèbres, L’Angelus, Le Semeur ou Les Glaneuses, font toujours l’objet de nombreux produits dérivés, d’un goût parfois douteux ! Narcisse Diaz de la Pena (18071876), bordelais d’origine espagnole, débute comme peintre sur porcelaine illustrant des scènes mythologiques. Sa rencontre avec Théodore Rousseau au Louvre l’incite à se tourner vers le paysage et il rejoint le groupe de Barbizon en 1837. Il vit place Pigalle, dans l’immeuble qui abritera l’Abbaye

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de Thélème. François Daubigny (18171878), aquafortiste à ses débuts, admirateur de l’école hollandaise du XVIIème, se distinguera de ses amis par une touche plus fraiche et lumineuse.

Felix Ziem – Autoportrait

Ami de Corot et de Daumier, son atelier montmartrois se trouve au 44, rue Notre Dame de Lorette. Millet comme Diaz de la Pena reposent au cimetière de Montmartre. Une Ecole de Barbizon décidemment très montmartroise… ! Proche des maîtres de Barbizon, Felix Ziem (1821-1911) occupe une place singulière dans l’art du paysage en rai-

son de la chaleur rougeoyante et ocrée de sa palette et de la permanence obsessionnelle de ses sujets…. D’origine polono-arménienne, ce peintre flamboyant quitte sa bourgogne natale pour s’installer à Montmartre en 1853, à l’âge de 32 ans. Célèbre pour ses vues de Venise et de Constantinople qu’il visita dans sa jeunesse, il ne quittera plus jamais la Butte, se faisant construire une maison au 72, rue de l’Empereur (rebaptisée rue Lepic en 1864) puis, en 1889, un deuxième atelier, un peu plus haut, à proximité du Moulin de la Galette. Amoureux de Montmartre, mais littéralement « habité » par Venise, Felix Ziem, aux accents empreints de védutisme, ira jusqu’à se faire fabriquer dans son atelier une imposante maquette de la ville, afin de mieux ressentir les splendeurs de la Sérénissime ! En homme généreux et fidèle, il organise en 1860 avec ses amis, Rousseau, Diaz, Corot, Isabey et quelques autres, une vente aux enchères de leurs propres toiles au profit de Jongkind alors dans un profond dénuement, permettant ainsi au peintre hollandais ayant choisi la France comme seconde patrie, d’y rester. Peu avant son décès, Ziem sera en 1910 le premier peintre à être exposé au Louvre de son vivant…. (À suivre…)

Puvis de Chavannes - Le Bois Sacré - 1884

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POÈTES, VOS PAPIERS !

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mis de ma poésie, bonjour ! Cette nouvelle rubrique, conduite par le troubadour Thierry Sajat, poète, auteur, éditeur (mais oui, c’est compatible !) souhaite vous ramener, Amis montmartrois, au bonheur de la poésie originelle - vous savez, celle qui nous touchait tant, celle des joueurs de flutiau et des grands fabulistes, épris d’une langue claire et limpide - que les Trissotins prétentieux essaient d’ensevelir

l’Ours du Mont Martre C’est, dit-on, depuis ce temps-là Qu’à Montmartre fleurit le lilas.

Montmartre ne fut pas de tous temps ce haut-lieu Que l’on sait. Jadis plaisant repère de fées Et de farfadets, Le tertre devint religieux Sous l’égide de Mars. Et puis Saint-Denis vint, lavant son corps épars. Loin du port de Lutèce aux funestes drakkars, Ou des succulents traquenards Des succubes démons, Un asile isolé se dressait sur le Mont : Modeste monastère Où quelques moines débonnaires, Intercédaient pour le Salut des Parisii, Peuple paillard, festif et batailleur, Jouissant sans retenue à l’ombre du Seigneur. Et de Lutèce ou de Paris Nos moines n’eurent pas fini. Or il arriva qu’un bon Père, Qui se livrait à l’exercice –salutaire– De la lecture du bréviaire, En longeant l’obscure futaie Dont le Mont Martre se haussait, Vit surgir devant lui un énorme grizzli ! Bête carnassière... et impie ! Que faire ? Se sauver, ou engager la lutte ? La robe et les sandales, À l’exercice se prêtent fort mal. Le plantigrade est bête brute Mais vive ! Le chapelain se vit perdu... or, La foi chevillée au corps,

sous leur phraséologie absconse… Au point qu’aujourd’hui, écoeurés, beaucoup se sont éloignés d’un genre littéraire qui a fini par faire peur… Souhaitons que ce retour à la source les réconcilie avec la poésie qui ne se la joue pas, mais qui chante au cœur. Suivez la plume de Thierry ! Et pour cette première, un hommage à Montmartre, bien sûr, village inspirant !

Foi de Charpentier je le crois, résista. Et la Grâce peut tout ! Mains jointes, il tomba à genoux, Tels ces martyrs qu’on vit dans Fabiola; (Ces chrétiens de l’Église des Catacombes Dont la foi allait soulever le monde.) Puis il se mit à balbutier : « Mon Dieu, que Votre volonté Soit faite ! Mais... ô mon Dieu, je vous en prie, faites Un prodige, donnez à cette bête Des sentiments chrétiens ! » et…et… Le miracle se produit ! En l’instant calmé, Le fauve s’agenouille en face de lui,et Joignant les deux pattes de même, Il dit :« Seigneur... bénissez ce repas, amen !». Ne soyons point naïfs : Ours chrétien, musulman ou juif, Un prédateur sera toujours un ennemi. Nos vertus ne lui couperont pas l’appétit.

Extrait de Fables et Estampes (Editions Thierry Sajat) Yves Tarantik

Le Sacré Cœur au loin lève ses bras au ciel Sur son tertre d’azur. Montmartre resplendit Dans sa robe de brume aux matins essentiels Où l’on dirait qu’un vent venu du paradis

Montmartre, huile sur toile d’Elysée Maclet

Frôle l’aile d’un ange en caressant la Butte Sous un voile de lune à peine décroissante Dans la rumeur du jour… Et le soleil débute Dans une roue superbe un songe sur la sente Des blanches pierreries en fleurs de ballerine, Pas de danse et d’Amour dans les airs montmartrois

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Où la colombe chante, plume alexandrine, Jusqu’à toucher le ciel pour atteindre la Croix Que burine le temps… Un silence d’argile A défeuillé l’hiver. Les poètes en frères Descendent, titubant, vers le Lapin agile Pour y boire musique et poème…. Et extraire Dans les yeux d’une muse un dernier vers En liberté…

Thierry Sajat

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MONTMARTRE, C'EST VOUS !

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VÉRONIQUE MATTÉOLI DE RODE ET LE LYCEUM CLUB M

ontmartroise depuis 2017, elle s’émerveille de l’ambiance, de l’accueil des gens malgré la horde de touristes. Comme elle marche énormément, elle parcourt joyeusement notre village dans ses moindres recoins. Ce qui lui fait dire « Montmartre est passionnant ! Tout me plait ! » En même temps, elle découvre que Paris tout comme Rome, ou encore d’autres villes sacrées de l’Antiquité, est bâtie sur 7 collines. Mme Mattéoli de Rode, née à Paris, a fait des études de lettres (hypokhâgne au Lycée Molière), puis licence d’anglais et philosophie à la Sorbonne. Parallèlement, elle suit les cours de l’EFAP nouvellement créé par Denis Huismans. C’est ainsi qu’elle a commencé sa vie profession- neutralité politique et confessionnelle. C’est nelle. Ses parents, artistes reconnus, (Fran- une grande première en ce début de XXème çoise Adret-chorégraphe et directrice de siècle. Le nom Lyceum, dérivé du mot grec compagnies, François Guillot de Rode, agrégé « Lukeion », était utilisé à New-York pour de philosophie et journaliste au Figaro Litté- désigner un lieu de culture et de réflexion. Son succès est immédiat et dépasse rapideraire) vivaient le plus souvent à l’étranger. ment les frontières. Dès Après un mariage et trois lors le Lyceum club de enfants, elle développe Berlin est crée en 1905, sa vie professionnelle en celui de Paris en 1906, qualité de directrice des Elle insiste beaucoup puis d’autres clubs ressources humaines de rayonnent en Europe et plusieurs entreprises de sur les valeurs portées à travers le monde. prestige. En fin de carrière, par le Lyceum, En 2009, Véronique elle crée successivement Matteoli De Rode est deux sociétés de travail telles que l’amitié, conviée à pusieurs réutemporaire dont elle se l’écoute, l’ouverture nions et conférences au séparera par la suite, après d’esprit, le partage Lyceum club internatioplusieurs années d’exploinal de Paris : « Cela m’a tation « successfull ». des découvertes plu ! Une fois intégrée culturelles, et les lors de la session bianFille unique, elle accoméchanges divers si nuelle, j’ai eu la chance pagne pendant de longues d’être sollicitée pour années sa mère atteinte enrichissants. entrer au Conseil d’Adde la maladie d’Alzheimer. ministration. Ce qui m’a C’est dans cete période difpermis de voir le Club ficile qu’elle découvre le sous un autre aspect et Lyceum Club International, grâce à l’une de ses amies, qui lui propose de me sentir beaucoup plus impliquée dans de faire partie de cette association culturelle son organisation. En 2013, j’ai été cooptée présidente du Club de Paris pendant 4 ans. exclusivement féminine. D’origine anglaise, le premier club est crée Puis j’ai été élue à la présidence de la Fédéà Londres en 1903 par Constance Smedley, ration de France en 2016 et je termine mon jeune femme énergique, visionnaire et cha- mandat de 3 ans. rismatique. Son but est de créer un espace Je n’envisage pas de le renouveler : 6 ans, réservé aux femmes s’intéressant aux arts, c’est beaucoup, On perd de l’énergie, de aux lettres, aux sciences, aux problèmes l’enthousiasme, de l’imagination : il faut sociaux et à la promotion continue du savoir. du sang neuf, des idées nouvelles, afin de Mais également de développer la convivialité donner la meilleure impulsion aux clubs et et l’amitié entre femmes en conservant la leur permettre d’évoluer sans pour autant

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perdre leur âme. Mme Mattéoli De Rode raconte avec un enthousiasme communicatif sa fonction de présidente. En premier lieu, il faut déterminer le fil rouge qui doit être tissé tout au long d’un mandat. Elle insiste beaucoup sur les valeurs portées par le Lyceum, telles que l’amitié, l’écoute, l’ouverture d’esprit, le partage des découvertes culturelles, et les échanges divers si enrichissants. « Il faut faire vivre ces valeurs. » Pour animer un club, il faut bâtir des programmes culturels intéressants, rechercher des conférenciers hors pairs, découvrir des sites originaux, proposer des visites attractives et peu connues. Les Lycéennes, c’est ainsi qu’on les appelle, ont beaucoup d’appétence intellectuelle, et sont habituées à des programmes très élaborés, et friandes de découvertes originales (leurs dernières visites de Montmartre, « sur les pas de Marcel Aymé », de l’Académie Française et de la Bibliothèque de l’Arsenal les ont comblées.) Ayant souvent de multiples talents, certaines sont mises à l’honneur (distinguées aux Arts et Lettres, à la Légion d’honneur, ou au Mérite, Madame Mattéoli souligne : « Lorsque l’une d’entre nous est à l’honneur, on se sent toutes à l’honneur ! » Au sein de chaque Club existent également des Cercles rassemblant une douzaine de « lycéennes » et couvrant des sujets très variés tels que la conversation anglaise ou italienne, la littérature, la musique, la philosophie, la peinture, le théâtre, le cinéma, mais aussi la marche ou le bridge. Le bon fonctionnement de ces Cercles fédèrent les lycéennes entre elles, et contribuent à la

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MONTMARTRE, C'EST VOUS !

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solidité et l’enracinement du Club. Chaque club s’appuie sur des statuts, avec un tronc commun, mais conserve toute indépendance pour l‘organisation de ses programmes généralement bi ou trimestriels. Selon les cas, des responsables sont chargées des conférences, des expositions, des visites etc… « Le plus important est de mettre en valeur les Lycéennes de l’association en délégant autant que faire se peut. Ainsi, créer un lien, un partage. Leur donner confiance en elle et parfois même les révéler à elles-mêmes. Je vous assure, rien ne remplace la satisfaction que cela apporte ! » Au Lyceum , le maitre mot est «amitié». Et dans la joie comme dans les difficultés personnelles (elles sont souvent nombreuses) le club est là pour aider, soutenir ses amies et partager dans le meilleur et dans le pire cette amitié à la fois discrète, présente et solide. Le Lyceum a également pour vocation de soutenir le patrimoine, par des actions mécénales, de soutenir de jeunes artistes en début de carrière et parfois d’apporter une aide a des associations caritatives (Le Lyceum Club de Paris a soutenu plusieurs années la Fondation « Imagine » (œuvrant pour la recherche des maladies génétiques et orphelines chez les enfants) à travers une très belle vente aux enchères animée par maitre Pierre Cornette de Saint Cyr puis un concert avec le Trio Edgar Moreau. « Nous étions les premiers donateurs, car ils étaient très peu connus, ils n’avaient pas les sponsors d’aujourd’hui. » Une fois par an, ont lieu les Rencontres Culturelles Internationales organisées par un club d’un pays chaque fois différent.

Des moments exceptionnels répartis entre séances de travail et découvertes culturelles. Mme Mattéoli De Rode explique l’importance de ce réseau extraordinaire qui permet de créer des échanges dans les deux hémisphères : le Lyceum est présent dans 17 pays à travers 74 clubs. « L’année dernière, j’ai pu résoudre la problématique de trois lycéennes recherchant des structures d’accueil pour leurs enfants ou pe-

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personnes dans les deux Hémisphères. La pérennité des clubs passe par le recrutement et c’est la raison pour laquelle certains clubs (Paris entre autres) proposent des programmes adaptés aux femmes en activité. Une fois par mois, une exposition en nocturne, une conférence rassemblent les « plus jeunes » afin qu’elles mesurent leur appartenance à un grand ensemble. Quelles sont les qualités phares des lycéennes ? « Les valeurs de l’esprit portées par celles de l’amitié » font appel à l’essentiel des qualités requises pour une véritable lycéenne et les marraines qui proposent une candidate ont un rôle prépondérant dans le choix et l’accompagnement de leur « filleule ». Mme Mattéoli de Rode est investie si complètement dans cette magnifique histoire humaine qu’elle communique toute son énergie aux lycéennes. Une véritable passion ! « Ma philosophie de vie, ce sont les autres, leur porter attention en donnant le meilleur de moimême. » Mais elle n’oublie pas sa gratitude envers chacune d’entre elles qui l’ont fait grandir, consolidée, aidée. « C’est pour vous et grâce à vous que j’ai pu réaliser ce tissage entre toutes, grâce à ce magnifique travail en commun. »

tits enfants : grâce au contact entre les clubs, (Italie, Australie, etc.) en une semaine tout était organisé ! » En terme d’adhérentes le Club de Paris comporte environ 150 femmes, les 14 clubs de France un pu moins de 1000 et environ 8000

Alors le Lyceum, oui, c’est « Le gôut des autres et celui de l’esprit », investi dans l’amitié, support indéfectible de cette magnifique association ! Véronique Mattéoli De Rode, Montmartre c’est vous ! Michèle Clary

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L'ACTUALITÉ DU COFAS

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LE COFAS EN 2019

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. A CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

Le COFAS est le Comité des Fêtes et d’Actions Sociales du 18eme et de Montmartre. Son conseil est composé de 21 membres tous motivés par le développement de l’association avec la volonté de toujours faire plus d’actions sociales dans l’arrondissement. Le Comité des Fêtes et d’Actions Sociales a pour première vocation d’assurer la vinification du Clos-Montmartre avec son œnologue Sylviane Leplâtre qui, depuis quelques années, a su faire progresser la qualité du vin. Les fruits de la vente du vin et des produits dérivés sont en totalité utilisés pour les actions sociales du Comité des Fêtes. Depuis son élection, le président Eric Sureau fourmille de projets. Tout au long de l’année, il faut saluer le dévouement des bénévoles de l’association qui œuvrent sans relâche dans une ambiance montmartroise festive. Ils accueillent un grand nombre de personnes dans les manifestations dont voici quelques exemples : Pour commencer l’année nous invitons 400 personnes âgées à venir partager la traditionnelle galette dans la grande salle des fêtes de la Mairie du 18ème. Ce

La Paulée à la Bonne Franquette

moment festif est l’occasion de faire chanter nos anciens avec des artistes comme Alain Turban venu cette année célébrer Montmartre pour la plus grande joie du public. L’événement se termine par un grand bal où chacun retrouve le plaisir de danser. Invitées par le Moulin Rouge, et cela depuis 40 ans, 900 personnes participent à une représentation en après-midi du spectacle magique. Il est toujours émouvant de voir le bonheur des invités dans ce temple de la gaieté et du french cancan. Pour beaucoup d’entre eux, habitant pourtant depuis des lustres à Montmartre, c’est la première fois qu’ils franchissent la porte de l’institution montmartroise dont le prestige s’étend dans le monde entier.

Chaque année avant Noel, le COFAS invite 1100 personnes âgées à venir partager un repas de fête dans les restaurants de la butte Montmartre. Nous avons confié au Centre d’Action Sociale du 18ème la distribution des invitations destinées à des personnes nécessiteuses de notre arrondissement. Ce repas toujours attendu est très apprécié de nos invités car pour une grande partie d’entre eux ce sera leur seul moment de fête de cette période de fin d’année. Nous sommes heureux de lire toute la joie qui scintille dans leurs yeux. A l’occasion de la fête des vendanges de Montmartre, qui se déroule tous les 2ème week – end du mois d’octobre, le COFAS organise une grande chorale regroupant 900 enfants des écoles qui chantent

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Règlement : Chèque à l’ordre du COFAS Le bon de réservation et le règlement sont à retourner à : COFAS, Mairie du 18ème, 1 Place Jules Joffrin, 75018 Paris Vous recevrez par courrier la confirmation de votre réservation. L’enlèvement ou la livraison du vin se fera au plus tard courant septembre 2019.

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L'ACTUALITÉ DU COFAS

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des chansons en relation avec le de la Mairie. Les textes ont été thème de la fête. Le COFAS remet lus par la comédienne Simone alors à chacun des participants Hérault qui est aussi la voix de (élèves et encadrants) un teela SNCF depuis plus de 30 ans. shirt souvenir fabriqué spéciaLe Clos Montmartre a été servi lement pour cette occasion. Le pendant qu’Eric Sureau parlait COFAS offre également à tous les des vignes, de la Fête des Venparticipants un goûter confecdanges et du vin. tionné par les membres bénéCette année le COFAS a participé au restaurant La Bonne voles de l’association. Durant le week-end, nous avons le plaisir Lecture au Caveau avec Simone Hérault, entouré par Eric Sureau et Pascal Le Pestipon Franquette à la 3ème Paulée de rencontrer les acheteurs du organisée par l’association des Clos-Montmartre, de leur faire déguster Hayoun, le chef tambour, développent Sommeliers de Paris. En bonne place, le notre vin et de vendre divers produits avec cœur et enthousiasme. C’est aussi Clos Montmartre a pu être dégusté par un dérivés, le tout en faveur de nos actions le Secours Populaire dont nous soute- panel de professionnels avec des retours sociales. nons l’épicerie solidaire et l’association très positifs quant à la qualité du Clos. Le COFAS c’est aussi des dons pour les Atouts Cours pour sa lutte contre l’anal- Dans le cadre de la tradition établie associations du 18ème. Citons par exemple phabétisme. depuis plusieurs années, le Comité des Les Papillons Blancs. Cette association Fêtes et d’Actions Sociales organise une consacrée aux handicapés est très ap- Dans le cadre du Centre Culturel du Vieux vente primeur du Clos Montmartre qui a préciée pour le travail effectué en faveur Montmartre, dont la directrice est Michèle lieu jusqu’au 20 juin. Ne tardez pas à de cas douloureux ; c’est aussi les P’tits Trante, et de l’association Lire Autrement renvoyer votre bulletin de réservation. Poulbots que l’on ne présente plus tant présidée par son Président Jacques Pa- (page 35) l’œuvre est l’âme de Montmartre que sa gniez, une lecture de textes fort appréPascal Le Pestipon Présidente Joëlle Leclerc et Joël Ben ciée a eu lieu dans le caveau mythique Le Secrétaire Général du COFAS

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LES COUPS DE CŒUR

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UN HOMME ET UNE FEMME CINQUANTE ANS PLUS TARD Claude Lelouch a présenté hors compétition au Festival de Cannes l’épilogue de son film culte, intitulé Les plus belles années d'une vie. Faire rejouer les mêmes personnages d’une histoire d’amour iconique, par les mêmes comédiens, 53 ans après, c’est le pari le plus fou du cinéma, la plus troublante mise en abyme qu’on y ait osé. Ici, plus de transfiguration, de sublimation, mais une nouvelle explosion des codes cinématographiques. Tout recommence pour le couple mythique Anne et Jean-Louis, Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant. Le film, juste d’un bout à l’autre, évite tous les écueils et les facilités, entre humour et émotion, sans rien épargner à personne : et vous, qu’avezvous fait de vos vies ? Anne Gauthier mène une vie feutrée dans un village de Normandie, où le fils d’un amour perdu vient la trouver. Il lui demande de venir visiter son père, Jean-

Louis Duroc, pensionnaire d’un Ehpad confortable. La mémoire de l’ancien pilote de course est en perte de vitesse, la poésie a pris sa place. L’homme qui n’a pas su garder l’amour perd la mémoire mais il rêve. Le rêve est une seconde vie, comme le cinéma. Et le rêve est toujours traversé par la même femme. Un jour, une « nouvelle venue » qui ressemble à la femme inoubliable s’assoit près de lui, dans le parc. Elle éveille la folie de la dernière cavale, l’envie de traverser la ville en bolide et de finir sur la falaise, au bord du vide. Le vieux pilote, un peu bandit, un peu Nerval, s’enfuit avec elle sur les chemins normands qui mènent à la chambre d’une autre vie. Clyde au visage buriné sous le chapeau ne cesse de rêver et de s’enfuir, Bonnie aimée tire sur les gendarmes, tout est encore possible à la lisière où le ciel et l’eau se rejoignent sur un fil… Un film sans fard, déchirant, drôle, terriblement beau. Lelouch filme autour, ce qui reste de l’espoir quand tout est perdu, ce qui demeure de l’amour quant tout est oublié. Il fait du visage d’Anouk Aimée le point d’ancrage de la vie, de la beauté. Sa caméra cerne le souvenir de retrouvailles, révèle des traces de pas effacées sur le

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sable. Dans leurs voyages, les amants désunis nous prennent à la gorge, nous embarquent et nous interrogent. On bifurque

entre fantasme, souvenir et réalité, au flux et reflux de la mer cérébrale ; on affronte le ravage du temps, la perte de l’identité, on demande pardon pour le gâchis avec Jean-Louis, on retrouve la joie pure de l’aventure et la folie, on court presque sur la grève au couchant vers un rêve d’éternel retour que Lelouch ne filme pas, mais qu’il dépose comme un peu de sel sur les lèvres.

Jean-Manuel Gabert

Crédit photo : StudioCanal

COUP DE CŒUR CINEMA

COUP DE CŒUR DVD

VENISE N'EST PAS EN ITALIE La famille Chamodot est fantasque et inclassable. Bernard, le père, un peu doux-dingue, fait vivre tout le monde dans une caravane, et la mère, Annie, teint les cheveux de son fils Emile en blond, parce que, paraît-il, il est plus beau comme ça… Quand Pauline, la fille du lycée dont Emile est amoureux, l'invite à Venise pour les vacances, l'adolescent est fou de joie. Seul problème, et de taille, les parents décident de l'accompagner avec leur caravane, pour un voyage aussi rocambolesque qu'initiatique. Benoît Poelvoorde et Valérie Bonneton sont de retour dans une comédie déjantée à la fois drôle et émouvante, réalisée par Ivan Calbérac (« L’étudiante et Monsieur Henry »). Un film très attendu avec un duo formidable, à découvrir en salles à partir du 29 mai 2019 !

"A STAR IS BORN" (WARNER) Certains films sont légendaires : « A Star Is Born » a connu trois versions - en 1937, 1954 et 1976 - devenues trois classiques ! Aujourd'hui, le film revient dans une nouvelle version très moderne. Bradley Cooper est devant et derrière la caméra, aux côtés de Stefani Germanotta : Lady Gaga, dans son premier grand rôle à l'écran. Le scénario est original : star de country un peu oubliée, Jackson Maine découvre Ally, une jeune chanteuse prometteuse. Tandis qu'ils tombent follement amoureux, Jack propulse Ally sur le devant de la scène, faisant d'elle une artiste adulée par le public. Bientôt éclipsé par le succès de la jeune femme, il vit de plus en plus mal son propre déclin… La mise en scène, avec son style très années 80, est superbe, le casting exceptionnel. Un film mémorable récompensé aux Oscars, à (re)découvrir en DVD.

Alain Haimovici

Alain Haimovici

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Crédit photo : Warner

Merci à Martine Lelouch pour son invitation à ce drôle de voyage

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ARTNNIVERSAIRE

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BONJOUR MONSIEUR

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PAR MARIE-FRANCE COQUARD

e maitre du réalisme aura 200 ans GUSTAVE COURBET EST LE MAITRE le 10 juin prochain. Ses tableaux DU RÉALISME. sont dans les plus grands musées Le réalisme est un mouvement artistique du du monde. Il nous laisse une XIXe siècle qui se consacre essentiellement oeuvre grandiose entre peintures, à la société et à la représentation de sa vie illustrations et sculptures. Chaque quotidienne. exposition qui lui est consacrée Pour Courbet d’aucuns le qualifient de surest un événement international. Souvenons-nous des rétrospectives au musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne en 1999, à la Fondation Mona Bismarck en 2011 ou encore au Grand Palais à Paris en 2008. A chaque fois, il fallut en prolonger la durée. Gustave Courbet, artiste puissant et complexe n’a cessé de peindre son amour de la vérité, de la liberté de penser et de créer. Il en a payé le prix fort pour son implication dans la Commune de Paris suite à la destruction de la colonne Vendôme. Quand je serai Ecoutons-le : «  mort, il faudra qu’on dise de moi ; celui- là n’a jamais appartenu à aucune école, à aucune académie, à aucune église, à aucune instituLa rencontre ou bonjour monsieur Courbet, 1854 - musée de Montpellier tion surtout à aucun régime, si ce n’est le régime de la liberté ». naturaliste ; je ne saurai trop m’avancer Courbet peintre romantique ? — Non sur ce point. En revanche, j’affirme qu’il est Des accents romantiques dans les toiles de un champion de la peinture allégorique. ses 20 ans mais très vite ce sera la rupture Il traite des scènes simples, proches du avec tout idéalisme. peuple, du quotidien, de la nature mais leur Courbet peintre académique ? — Non interprétation s’avère complexe. En fait, ses Il va déclarer la guerre simultanément à toiles sont à appréhender au second degré l’académisme dominant et au romantisme dans la perspective d’une vision détournée finissant. de l’histoire. Courbet peintre classique ? — Non, S’il peint ce qu’il voit et entend peindre la Ses sujets choquent et bouleversent les réalité qui l’entoure, au-delà de la toile, règles bien établies du classicisme. souffle le vent de la liberté et de l’indéCourbet peintre impressionniste ? — Non pendance. Toutefois, il sera une référence pour la génération montante des impressionnistes. CELUI QUI A BOUSCULÉ LES CODES, LES Courbet peintre sulfureux ? — Non CLOISONNEMENTS, LA HIÉRARCHIE DES Surtout formidablement audacieux. Sachez SUJETS, DES GENRES, DES FORMATS. qu’une de ses œuvres, encore inégalée, Avec son style, ses thèmes et sa technique, continue depuis 153 ans à défrayer la chro- en traduisant les mœurs, les idées de son nique. époque, Courbet a infléchi le cours de

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l’histoire de l’art occidental. Il a cherché et réussi à faire éclater des concepts de l’art considérés comme immuables. Sans compromissions, il est parvenu à sa refondation qu’il a menée vers sa modernité. Combien de peintres ont su comme Courbet faire rayonner avec leur pinceau les libertés sexuelles, artistiques, sociales et politiques en martelant que c’est l’art qui sauvera la société ? Force est de reconnaitre que ce sont à la fois le scandale, érigé comme mode de vie, un travail acharné ainsi qu’une confiance en son génie qui l’ont conduit sur les chemins périlleux de l’indépendance intellectuelle et de la célébrité. GUSTAVE COURBET OU LA VOLONTÉ FAROUCHE DE L’INDÉPENDANCE DANS SON ŒUVRE, SA VIE, SES ENGAGEMENTS POLITIQUES. Approchons d’un peu plus près ce « Courbet sans courbettes ». Le 10 juin 1819, Gustave nait à Ornans, au bord de la Loue, un village du Doubs au cœur de la Franche -Comté. Une famille aisée de propriétaires terriens aux idées républicaines. Ainé de 4 sœurs, c’est un enfant choyé attiré surtout par la nature. Il étudie sans enthousiasme au petit séminaire d’Ornans préférant l’enseignement artistique du père Beau, ancien élève de Gros. En 1837, il est interne au collège royal de Besançon. Peu assidu, il se consacre surtout au dessin. Des lithographies et les premiers paysages d’Ornans datent de cette époque. Arrivé à Paris en 1839 avec l’ambition de réussir, Courbet abandonne vite les études de droit espérées par son père. Il a la ferme volonté de se consacrer uniquement à la peinture. Il suit quelques cours chez le baron Von Steuben puis comme beaucoup d’artistes autodidactes, passe des journées entières au Louvre. Seul, il étudie les tech-

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niques des maitres en copiant des centaines d’œuvres sur des carnets Géricault, Delacroix, Vélasquez, Rembrandt et Caravage. Il y aurait beaucoup à dire sur les points communs entre ce dernier et Courbet. Au quartier latin, il mène une vie de bohème, en adopte le style barbe, pipe, cheveux longs, bières et chansons. Bourreau de travail, il peint inlassablement l’univers de son enfance où il retourne régulièrement. Sait- on suffisamment qu’il a été un témoin lucide de son temps, ami de Baudelaire, Monet, Vallès, Whistler, un adepte de Proudhon qu’il visitait en prison ? Tout ce monde politique, intellectuel, artiste se retrouvait à la brasserie Andler, rive gauche, véritable annexe de l’atelier de Courbet. Néanmoins, le maitre du réalisme ne manque pas d’utopisme quand il déclare partager les idées de Proudhon et « vouloir que l’homme se gouverne lui-même selon ses besoins, à son profit direct et suivant sa conception propre. » Une personnalité hors normes avec des élans quelquefois teintés de mégalomanie, non dépourvus de paradoxes. Un composé de socialisme, d’anarchisme et de pacifisme. Un style provocateur qu’il cultivera comme son propre instrument de communication. Aussi, Courbet a-t-il eu des admirateurs fervents et des ennemis farouches. Jusqu’à sa mort, les batailles qu’il a soulevées pour son action comme pour son œuvre artistique susciteront les polémiques et le scandale de ses contemporains mais aussi l’attrait de collectionneurs privés souvent étrangers. COURBET ET MONTMARTRE Il faut attendre une vingtaine d’années de vie parisienne avant que le peintre, alors au fait de sa notoriété, traverse la Seine depuis son atelier de la rue Hautefeuille au quartier latin avec sa fameuse brasserie Andler. Il commence par fréquenter le Café de Madrid au 6 boulevard Montmartre. Véritable pépinière des lettres et des politiciens, les habitués sont des républicains opposés à l’empire Gambetta, Spuller, Champfleury. Courbet y donne l’image d’un peintre–philosophe aux opinions républicaines, socialistes, anticléricales. A cette époque, il écrit beaucoup notamment sur la destination sociale de l’art dont Proudhon s’inspirera. Peu à peu, il va se rapprocher de Montmartre. Le fait que Montmartre vienne

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d’être annexé à Paris depuis 1859 n’y est pas pour rien bien que la Butte soit toujours un village avec des champs, de la vigne et des moulins. A partir de 1863, nous allons le retrouver à la brasserie des Martyrs au 7-9 de la même rue, tout près de la rue Notre Dame de Lorette, l’une des plus populaires de Paris. Elle est au pied de la colline dont artistes et écrivains habitent déjà les sommets. Peutêtre qu’à l’instar de Renoir il a ressenti les limites du « style rive gauche à l’atmosphère un peu spéciale » ? Courbet se rapproche de la bohème de Montmartre dont l’influence ne va cesser de grandir. Cette brasserie des Martyrs est en train d’en être l’épicentre.

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André Gill, le virtuose de la caricature, est l’auteur du célèbre lapin de l’enseigne du cabaret montmartrois Le Lapin Agile. Auparavant Rendez-Vous des Voleurs puis en 1869 le Cabaret des Assassins. La réputation sulfureuse du lieu ne l’empêche pas de cuisiner une spécialité fort appréciée : le lapin. En 1875, André Gill y peint un lapin sautant d’une casserole. Ce tableau lui assurera une célébrité mondiale. Le lapin à Gill devient bientôt le lapin agile en raison de la rapidité de l’animal. Toutefois en cette année 1875, Courbet alors exilé et malade en Suisse, ne pourra pas apprécier le tableau qui deviendra le symbole du mythique cabaret en référence à son ami André Gill. La Société du Vieux Montmartre possède plusieurs caricatures de Courbet par André Gill. Il y a fort à parier que ces deux- là se sont retrouvés dans le cabaret montmartrois de la rue des Saules. En 1868, André Gill rend hommage au maitre d’Ornans pour le tableau qui représente un pauvre faisant l’aumône à un mendiant « Que ceux qui sont nés peintres vous suivent. Vous êtes loin devant tous, vous qui voyez juste et qui peignez sincèrement.» tandis que Castagnary ajoute qu’avec Courbet cette toile a « tiré l’horoscope de la France à venir et que les instinctifs sont prophètes quelquefois. » Deux ans plus tard, la Commune va faire basculer la vie de Courbet. Plus d’espoir pour lui de vivre la bohème montmartroise que fréquente déjà Forain futur président de la République de Montmartre !

DE NOMBREUX TABLEAUX, DE NOMBREUX AUTOPORTRAITS Bien qu’il y ait vécu trente ans, CourCaricature d’André Gill - Société du Vieux Montmartre bet n’a pas peint la capitale, hormis, incidemment et pour y placer ses amis Aujourd’hui, c'est un supermarché Carre- ou encore un aperçu de quelques maisons depuis la fenêtre de sa prison. De même, four ! Lieu de rendez-vous des peintres, poètes, rien sur la Commune à part un fusain poiécrivains, chansonniers, journalistes pho- gnant évoquant l’écrasement sanglant des tographes, acteurs, politiques mais aussi communards. Son sujet de prédilection de dames seules et de futurs modèles pour c’est son pays natal ; cette Franche-Comté les peintres. Avec Courbet, l’établissement à la forte identité à laquelle nous devons va devenir le plus tumultueux de ce quar- tant d’hommes d’exception de Pasteur à tier du bas Montmartre. On l’entend rugir Victor Hugo en passant par Louis Pergaud : contre les « ingristes » mais aussi contre « Pour peindre un pays, il faut le connaître. l’Empire, son militarisme, son arbitraire. Moi je connais mon pays, je le peins. Ces Il y côtoie Vallès, Baudelaire Daudet, des sous-bois, c’est chez moi, cette rivière, artistes de la Butte tels Daumier, Dupont, c’est la Loue, celle-ci le Lison; ces rochers, Manet, Renoir, Monet, Boudin, Pissarro, ce sont ceux d’Ornans et du Puits noir. Nadar qui tirera de superbes portraits de Allez-y voir, et vous reconnaîtrez tous mes tableaux ». Courbet et… André Gill.

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ARTNNIVERSAIRE Entre 1863 et 1864, il réalise 13 tableaux de la source de la Loue ! Courbet, grand chasseur, a été l’un des premiers à peindre des scènes de chasse, souvent éclaboussées de neige et de sang, dans des paysages franc-comtois. Citons simplement le rut du printemps au musée d’Orsay et le renard dans la neige aujourd’hui au Dallas Museum. Le succès de ses tableaux de chasse l’a rapidement conduit à se produire à l’étranger Pays Bas, Belgique, Allemagne... Une période un rien mondaine chez le maitre, mais très rentable. Nombreux séjours à la Haye où il est plus apprécié qu’en France ! Peut- être que la puissance des formes et des couleurs rappelle Rubens aux flamands ? Bien que Courbet le taxe de poncif, il achète quelques toiles de Rubens avant que les versaillais ne les lui confisquent. La puissance créatrice de Courbet est impressionnante, des paysages, des portraits, des scènes de genre, de chasse, des natures mortes, des nus par centaines. Il faut ajouter de nombreux autoportraits à toutes les périodes de sa vie « j’ai écrit ma vie en un mot.» Ils vont bien au-delà de ce que l’on pourrait qualifier d’égocentrisme. Dans ce domaine règne aussi l’allégorie tel le célèbre autoportrait le «désespéré ». Et puis, nombre de peintres n’ont-ils pas été leur propre modèle ? Après avoir essuyé des refus, en 1844, pour son premier Salon, il n’est pas peu fier d’exposer son portrait dit « Courbet au chien noir » encore qu’il eut « préféré un tableau plus considérable » de nature à lui donner une médaille. Ambitieux Courbet sûr de son talent ! Cette peinture, tout comme la plupart de celles qui suivront,

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soulève des questions dans ses détails. Elle représente un personnage multiple dont les attributs ont été soigneusement choisis : bohème, artiste, dandy, montagnard. Courbet est une personnalité dont on a longtemps ignoré la multiplicité des facettes. Courbet se révèle très vite grande gueule, coureur de filles, buveur et solide mangeur. En fait, un bon vivant comme le fut Danton. Depuis le Cabaret des Assassins rue des Saules, Courbet a probablement adhéré à l’invitation du tribun inscrite chez la mère Catherine également à Montmartre « Buvons et mangeons car demain nous mour-

La truite ou l’allégorie de ma destinée, 1872 - musée de Zurich

rons». Outre le même goût pour le peuple, la chair des femmes, les repas arrosés, la chasse, la pêche et… la République il a appliqué sa devise. DE L’AUDACE, ENCORE DE L’AUDACE, TOUJOURS DE L’AUDACE Des toiles sont refusées au Salon, d’autres y sont source de violentes polémiques. Néanmoins,Courbet remporte des succès éclatants et atteint la célébrité dès la trentaine. A côté des séjours à Ornans, il voyage en

France, Normandie, Languedoc, Charente et à l’étranger. Il veut vivre de la vente de sa peinture tout en gardant sa liberté « sans jamais avoir menti un seul instant, à ma conscience ». Bref, passionnément, Courbet veut exister. 1849 : Avec l’extraordinaire « un enterrement à Ornans » Courbet fait entrer le petit peuple au Salon officiel. Ce choix d’un format de 21 m²- la surface d’un appartement - est voulu pour peindre un banal enterrement de campagne. Il va choquer car de telles dimensions sont habituellement réservées aux thèmes religieux, mythologiques ou historiques. Pour mémoire le Sacre de Napoléon par David mesure 60 m² ! Courbet veut représenter la réalité sans fard, des personnages anonymes, un curé peu avenant, des bedeaux éméchés, des notables et des vieux paysans.Il va montrer ses contemporains avec la force et le caractère auparavant dévolus aux dieux, héros ou rois. Il dédaigne l’idéal et bafoue la rigidité de l’ordre moral. Simplement, il offre la réalité grandeur nature sans narration ni idéalisme en affirmant le droit de l’artiste de choisir, selon son gré, les formats et les sujets. Le tableau transgressif fait scandale, jugé comme le comble de la laideur « le Watteau du laid » dira Théophile Gautier. Cela ne dérange pas l’artiste, je dirais au contraire, car sa conquête de la notoriété s’appuie à la fois sur la confiance en son talent et une stratégie « publicitaire » fondée sur le coup d’éclat, clef essentielle de sa réussite. Il faut reconnaitre que la méthode a bien fonctionné puisqu‘en cette même année 1849 –il a trente ans- la République lui achète Une après dinée à Ornans et lui remet une médaille d’or. En 1852, il vend

Un enterrement à Ornans, 1849 - musée d’Orsay

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ARTNNIVERSAIRE

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en direct Les demoiselles de village au duc de Morny. La presse commente « Courbet force les portes du Salon avec neuf tableaux / depuis longtemps on a vu succès si brusque » ou encore « C’est un boulet de canon dans le mur » ! QUAND UN AMATEUR D’ART ACHETE LE RETOUR DE LA CONFERENCE POUR…LE DETRUIRE En 1863 jugé iconoclaste et scandaleux par son acquéreur, cette toile a été achetée pour être brûlée comme au temps de l’inquisition. Certes, en pleine période de cléricalisme triomphant, Courbet avait osé représenter des curés rentrant complétement ivres de la conférence à l’évêché. Si le tableau a disparu dans les flammes il nous reste au musée Courbet d’Ornans, trois panneaux tracés à l’huile blanche sur des morceaux de bois peints en noir qui ébauchent cette scène iconoclaste. Ces esquisses sont éblouissantes de mouvement. Courbet est aussi un excellent dessinateur. Pour son bicentenaire, entre autres manifestations, le musée – son ancienne demeure – lui consacre une exposition inédite dédiée à son talent de dessinateur avec 65 pièces fort rares. UNE TECHNIQUE PICTURALE QUI LUI EST PROPRE : On reconnait Courbet à ses cadrages serrés qui fixent le sujet en laissant des perspectives floues ; ce n’est pas sans rappeler la technique photographique en plein essor à l’époque. Le grand chêne de Flagey en demeure l’un des meilleurs exemples. Un «rude et robuste coloriste» selon Maupassant légèrement méprisant pour le « peintre du peuple » qui applique la peinture au doigt, à la brosse, au couteau, au chiffon parfois au pouce. Il commençait par un fond sombre qu’il éclaircissait progressivement par demi-teintes. Un cuisinier de la peinture qui travaille les vagues, les fruits, la chair des femmes au couteau ; à dévorer des yeux ! C’est ainsi qu’il apporte à la toile ses reliefs, ses mouvements si vivants, si vrais. Avec Courbet fleurs, fruits, visages, arbres semblent sortir du tableau. « La rencontre » devenue par la critique

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« Bonjour Monsieur Courbet » mérite qu’on s’y arrête. En 1854, le riche mécène Alfred Bruyas accueille Courbet chez lui à Montpellier. La toile ne donne pas une image très modeste de Courbet bien qu’elle se veut l’allégorie de la supériorité de l’Art sur l’argent. Il faut bien reconnaitre que la modestie ne fut pas la qualité première de Courbet ! Tel un apôtre de l’Art le jeune peintre, en tenue de marcheur, arrive par la malle poste. Son mécène chétif, richement vêtu accompagné de son valet, lui ouvre les bras mais seul

teurs d’art, le poète Baudelaire, Proudhon etc… Si Victor Hugo voit dans cette singulière allégorie la représentation de « l’artiste solitaire et solidaire » Courbet laisse au spectateur la liberté de l’interpréter puisque le moindre aspect de la réalité peut contenir une valeur allégorique et les genres comme les hommes sont égaux devant l’artiste. Courbet voit nombre de ses toiles- dont l’Atelier - refusées à l’exposition universelle de 1855. Pourtant, avec l’Atelier, il espérait frapper les esprits, en faire un manifeste soutenu par ce format impressionnant. Furieux, en marge de l’exposition, il fait construire à ses frais, avenue Montaigne, un bâtiment en briques qui abrite 40 de ses toiles. Il édite un catalogue contenant la liste de ses œuvres précédée d’un texte « Le réalisme » sorte de revendication d’une importance capitale pour l’indépendance de l’artiste moderne. En 1920 l’Etat fait l’acL’Atelier ou l’allégorie réelle, 1855 - musée d’Orsay quisition de l’Atelier et Courbet répand au sol une grande ombre. le place au Louvre jusqu’à son transport au Alfred Bruyas n’y a pas droit. Normal, car musée d’Orsay. Courbet lui seul peut arrêter les rayons du LA TRUITE OU L’ALLÉGORIE DE soleil dira-t-on ! Scandale au salon pour SA DESTINÉE cette provocation. Cela n’empêchera pas Alfred Bruyas d’offrir le tableau au musée C’est au premier regard simplement un de Montpellier en 1867, soit du vivant de poisson hameçonné qui agonise. Mais le visiteur ne peut le fixer sans émotion tant son auteur. l’expression du désespoir est poignante. On touche la sensation de la mort sous sa L’ATELIER DU PEINTRE OU forme la plus concentrée. La truite est enL’ALLÉGORIE RÉELLE 1855 Courbet plante son chevalet au milieu core vivante bien que doublement vaincue de ses propres œuvres. La toile, reconnue par le hameçon et la rive sur laquelle le pêcomme un chef d’œuvre, intrigue et fait cheur la tire. Peinte en 1872, à l’époque de immédiatement scandale. D’abord, par sa sa condamnation et son emprisonnement dimension gigantesque de 22 m² ensuite ce serait, dit- on, le testament de Courbet parce qu’il s’y réserve la meilleure place. Il qui signe en ajoutant in vinculis faciebat est le centre du tableau en train de peindre (faite dans les fers). Une façon pour lui de un paysage, près de lui, son modèle-muse raconter son propre malheur de prisonnier plantureux dont la nudité choquera le pu- victime de l’acharnement qui ne le lâchera blic « Vous voulez que je peigne des déesses plus et dont il ne se remettra pas. ? Montrez moi–z-en » rétorque- t-il. Il a mis dans cette œuvre tout ce qui A suivre dans notre prochain numéro qui constitue sa peinture : la politique, la place évoquera l’œuvre la plus audacieuse de de l’artiste dans la réalité de son temps Courbet et la fin en exil du géant foudroyé. dont il est le témoin attentif, la famille, Marie-France Coquard les amis. A gauche, un prêtre, le peuple misérable et ses exploiteurs. Pensif et falot ce serait Napoléon III en braconnier de la République. A la droite du maitre, ses amis dont le mécène Bruyas, un couple d’ama-

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À LA DÉCOUVERTE

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CHRISTIAN LEBON

ET LE TREMPLIN DES TALENTS Christian Lebon croit aux rencontres, à la chance qui en découle - et toute sa vie n’en témoigne-t-elle pas ? Ce Vierzonnais « monté » à Paris pour auditionner au petit conservatoire de Mireille, a eu la chance de faire de belles rencontres humaines et artistiques, sans lesquelles il n’est pas possible d’évoluer. C’est pour permettre aux artistes d’en bénéficier à leur tour, que le souriant Christian organise sans relâche concours artistiques et soirées parisiennes, où se côtoient débutants, célébrités, profession-

nels du spectacle et des medias. Ce chanteur interprète, spécialiste du répertoire de Charles Trenet, mène ainsi de front depuis plus de trente ans ses spectacles personnels et l’organisation du « Tremplin des talents » : un tremplin authentique, sans inscription payante, qui a permis de révéler des artistes aujourd’hui reconnus. Il l’anime avec fougue et générosité pour un public enthousiaste, avec l’aide précieuse d’Anthony, de Michèle Leyne, la présidente de son fan-club, et des membres bénévoles de l’association.

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out commence donc par une ren- bleue qu’on a lancé le premier tremplin. la Butte. « Notre concept était simple : contre, celle du jeune chanteur Caroline Legrand, pour qui Feldman avait découvrir les jeunes talents à travers la débutant Christian Lebon avec le écrit « J’aurais voulu te dire », en fut la France et leur permettre de se produire grand Charles Trenet. À 22 ans, première lauréate. C’était en 1985. » Le sur scène devant un jury. Mais aussi les Christian reprend le répertoire concept se prolongera au Théâtre de aider à se construire, les conseiller, leur faciliter le contact avec les produ « fou chantant » au Club Med d’Agadir et sur de petites fessionnels au fil d’événements scènes parisiennes. « Je logeais et de soirées. Nous les aidons à alors rue de Tocqueville, chez mettre le pied à l’étrier, dans un une vieille dame de 98 ans, qui contexte en évolution. La scène avait été la première main de est pour l’artiste ce que la forge Coco Chanel. Un matin, très tôt, est au forgeron. » Et d’ajouter : mal réveillé, je reçois un appel : « Aujourd’hui, plus de plans « Bonjour, c’est Charles Trenet ». de carrière, de moins en moins Je raccroche aussitôt, ne troude place aux variétés à la télé, beaucoup moins de fenêtres : vant pas le canular très drôle. alors, la boucle revient sur la Rappel de Trenet. Là, j’écoute, scène, c’est au sens propre le je n’en crois pas mes oreilles. » retour en scène ! » Christian est invité chez Trenet, à la Varenne. Il deviendra durant Dans un tel contexte, l’écoute des années un familier du chanet la bienveillance sont essenteur poète, et fera même une prestation remarquée à son côté tielles, insistent Christian et à l’émission Sacrée Soirée. « Je Anthony. Ce dernier, qui a prédois tout à Mireille, pour la forféré l’aventure artistique aux études pharmaceutiques, prémation - c’est la dernière époque cise : « Les artistes sont hyperdu Petit conservatoire - et à Charles Trenet pour la rencontre sensibles. Ils doivent se sentir humaine. C’est la conjonction de Christian Lebon s’est imposé comme le meilleur interprète de Charles Trenet, dont il protégés, rassurés. Et il y a le alterne grands titres et inédits. Dans un autre de ses spectacles, l’artiste interprète ces deux personnalités qui m’a Bécaud, Ferré, Ferrat… vide post-spectacle. Quand ils fait évoluer». doutent, on les « rebooste »… Christian Lebon devient l’animateur Dix-heures, et sillonnera le pays avec les Travailler avec des artistes, c’est aussi une de L’Orange bleue, un club cabaret in- Intervilles de FR3 produits par Guy Lux forme de thérapie ». Le public fidèle de contournable, que lui a fait connaître dans les régions françaises. Par la suite, ces soirées y trouve visiblement, lui ausGeorges Verrier, où se presse le Tout à Paris, le « Tremplin des Talents » n’a si, un plaisir réparateur. L’ambiance y est Paris. Pendant des années, il reçoit dans plus cessé de se développer en prenant fraternelle, de la scène à la salle, très loin ce lieu mythique une clientèle artistique ses marques sur la scène de cabarets cé- d’un certain cynisme show-biz. variée, faisant passer sur scène François lèbres : Le Divan, L’Opus café, La Balle « Nos valeurs sont celles du jury et des Feldman, François Valéry, Alain Cham- au bond… et cette scène montmartroise habitués adhérents de l’association. Le fort, Alain Turban, etc. « C’est à l’Orange hélas disparue : Le Canotier du pied de Tremplin n’est pas une machine de guerre

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À LA DÉCOUVERTE

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Le Tremplin des Talents poursuit sa route avec pour valeur-clef le respect, celui de l’artiste comme celui du public. Et ses animateurs passionnés sont fiers d’avoir accueillis pour leurs premiers pas sur scène des artistes tels que Sandrine Alexis, Jean Dujardin, Eric et Ramzy, Bruno Salomone, Magali Vaë, qui suivit les séances du dimanche durant des années… avant de remporter la Star Academy 5, ou encore Alexandre Chassagnac, devenu finaliste d’Incroyables Talents, et tant d’autres. Depuis trois ans, le Tremplin des Talents s’inscrit dans le cadre du Cabaret des Artistes, accueilli par L’Artishow* : « L’Artishow est aujourd’hui notre partenaire officiel, ce sont des gens formidables, sensibles, ajoute Christian Lebon. Nous disposons d’une grande

À NOTER Les Tremplins s’adressent à tous les artistes, interprètes, auteurs compositeurs interprètes, visuels, humoristes, ventriloques, imitateurs, danseurs, musiciens… Pour en savoir plus : www.letremplindestalents.fr Pour tout contact, inscription artistes, organisation d'événementiels ou adhésion à l’association fan club Christian Lebon, contacter Michèle Laheyne au 06 12 43 41 98.

scène, de belles coulisses, tout le confort. Le cadre est très important, pour les artistes et aussi pour faire venir les gens du spectacle. Le bouche à oreille, des artistes, du jury, du public fonctionne très bien. » Pour chaque séance, le Jury (tournant) se compose de grands noms du monde

mière partie concours suivie d’un spectacle, s’ajoutent les soirées prestige, hors concours, notamment celles organisées au Biz*, le bar restaurant lounge, élégant et cosy, de la rue Favart : on y croise des artistes talentueux dans un esprit de simplicité conviviale, facilitant les échanges Photo : Jacques Habas

à faire rentrer de l’argent - reprend Christian Lebon - chez nous, c’est le cœur qui parle. L’amitié et la fidélité vont de pair : Bruno Moneroe (Nouvelle Star 2006), pionnier des télé-crochets musicaux français dont il est l’une des plus belles voix, vient toujours nous voir… Nous sommes heureux aussi de retrouver des artistes comme Pattika, qui ne ressemble à personne - on apprécie la fantaisie, le grain de folie de son univers… ».

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Grande soirée au Biz avec l’immense Charles Dumont, entouré par Christian Lebon, Anthony, Frankie Vincent, Dora Carbonnel, Bernard Menez, Pattika, Jean-Pierre Mocky…

artistique, tous genres confondus - parmi les familiers, citons : Fabienne Thibaut, Charles Dumont, le grand ténor José Todaro, Jean-Pierre Mocky, Bernard Menez, le compositeur arrangeur Michel Leclerc, Jean-Pierre Pasqualini de Télé Melody, Mourad Achour de Beur-FM, le comédien Patrick Préjean, « L’Empereur » Pierre-Jean Chalençon, Stone, le producteur Germinal, Tex, Julie Pietri… Et aussi nombre de journalistes, producteurs, tourneurs, agents, attachés de presse… Durant l’année, la « compagnie Lebon » parcourt les terroirs à la recherches de talents, avec de nombreuses antennes : à Dreux, Romilly, Tours, Bourges, bientôt Toulouse et le Midi, mais aussi à Bruxelles, à Marrakech, en Polynésie… Aux traditionnels Tremplins, constitués d’une pre-

entre tous, débutants et célébrités, sans barrière. En septembre, octobre et novembre viennent les trois demi-finales, où se retrouvent les 24 artistes sélectionnés : 6 seront retenus pour la finale nationale, complétés par les trois sélectionnés de Belgique, Maroc et Polynésie. La grande finale se déroule toujours dans un lieu prestigieux : Le Trianon, les Folies-Bergères, le Casino de Paris, l’Eldorado… La finale 2019 s’est tenue le 21 janvier dernier au Palais des Glaces, où Charles Dumont a remis le Trophée à Sébastien Leyx. Et pour nombre de sélectionnés, entrés dans la grande famille Lebon, le spectacle continue ! Jean-Manuel Gabert

*L’Artishow : 3 Cité Souzy, 75011 Paris – artishowcabaret.com *Le Biz : 18 Rue Favart, 75002 Paris – lebiz.fr

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PAROLES ET MUSIQUE

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PAR JEAN-MANUEL GABERT

« J’AI UN MILLION D’AMIS », LE NOUVEL ALBUM DE PATTIKA UNE DÉCLARATION D’AMOUR À LA CHANSON FRANÇAISE ET À LA SCÈNE Ils nous avaient déjà offert l’album Le Paris de t’aimer, en 2014 : la chanteuse Pattika - chanteuse et auteur de nombreux titres - et l’auteur compositeur Bruno Gef refor-

ment leur duo pour un nouvel EP de quatre titres intitulé J’ai un million d’amis. Sous une belle pochette graphique, un CD taillé comme un diamant, à l’écriture ciselée, serti de mélodies très réussies - Bruno Gef, inspiré - au carrefour de la modernité et d’un classicisme élégant. Même si, cette fois, Pattika ne signe pas de texte, elle y donne le ton sur deux titres, qu’on sent inspirés de sa fantaisie un peu amère, J’ai un million d’amis et Aimer chanter. J’ai un million d’amis réussit, sur le mode d’une ironie subtile, à croquer la supercherie des réseaux sociaux sans pousser la caricature. Avec une grâce un peu mordante, la chanson dessine les enfantillages de l’Ego-réseau, en jouant à cloche-pied sur une mélodie moderne qui prend des airs de comptine. Les Voix du passé : sans étendard,

une ode à la chanson française, dont le texte habile repose sur un assemblage de titres en kaléïdoscope. Passé recomposé, vivant, qui participe au présent de la vie. Ses sonorités envoûtantes emportent le morceau et vous hantent longtemps. J’aime les gemmes, tout en légèreté et humour tendre, donne la mesure de la fantaisie façon comédie américaine, tandis qu’Aimer chanter habille d’une déclaration d’amour à la scène et au public la nudité de l’artiste, sa solitude assumée. L’ensemble laisse infuser un nuage de mélancolie qui a l’élégance de rester en coulisses. Un bel exemple de collaboration artistique réussie, entre Pattika et Bruno Gef, comme une quintessence du précédent album. Pour commander le CD : gefrecords@gmail.com Pour contact concert : Ida au 06 63 11 37 73

ALAIN TURBAN

MES ANNÉES VINYL'S On l’a vu revenir en grande forme, au côté de son pote Pierre Billon, pour la fête de « La route 66 à Montmartre », un événement organisé par Xavier Castex qui aime les belles américaines… (lire page 6). On était heureux, rassurés, et dès son arrivée, tout sourire et œil malicieux, il a embarqué le public pour une joyeuse virée du côté de Santa Monica… Alain Turban offre ici à ses fans et aux autres,

qui pourraient le devenir, sa discographie complète des années 1978 à 1990 (hors albums Poulbot et Légende de Montmartre). Un coffret de trois CD pour parcourir l’univers artistique du chanteur, incluant beaucoup de surprises, chansons de l’ombre à remettre en lumière, la découverte de sept inédits et un bonus collectors.

Pattika, Christine et Pierre Billon, Alain Turban et sa femme Nöelle.

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Au total, 34 titres dont Quatrième dimension, La marionnette, Je dors toujours tout seul, Santa Monica, L’amour et la nuit, L’amour Air Lines, On s’écrivait Annie, Les yeux plus grands qu’le cœur, Mystique, De l’autre côté de la vie… Ceux qui aiment le Turban « tubesque », avec sa palette de couleurs eighties rafraîchissantes seront satisfaits, ceux qui préfèrent le suivre dans ses traversées du miroir, pour jeter avec lui un coup de troisième œil vers la quatrième dimension le seront tout autant… Et les autres se diront que tous les Turban n’en font qu’un… et qu’ils n’en veulent pas d’autre. Pony Music - Pour commander le CD : www.alainturban.com

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PAROLES ET MUSIQUE

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MICHOU EN CHANSONS

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Le Best Of

Enfin le voice, le CD Best Of tant attendu pour chanter et faire la fête avec Michou ! Michou et la maison de disques Marianne Mélodie, Stéphane Gonnon et Mathieu Moulin directeur artistique, sortent 23 titres en versions originales remastérisées. Au début des années 70, Michou décide d’expérimenter un nouveau domaine, cette fois c’est celui de la chanson. Sa joie de vivre communicative et sa voix reconnaissable entre toutes enchantent. Il enregistre alors, au temps béni des vinyl’s, plusieurs disques 45 tours estampillés "Michou". Des chansons légères et joyeuses et d’autres plus profondes avec des paroles et des musiques que l’on retient facilement, excusez du peu, signées Loulou Gasté, Jean Claudric, Darry Cowl, Jim Larriaga, Charles Level, Tony Rallo, Bernard Dimey, Hervé Leroy, André Verchuren, Alain Turban ou encore Jean-Jacques Debout. Mais pas de compilation dans ces années là, quel dommage ! Il faut dire que le support du CD Best Of n’était pas encore né. Aujourd’hui et pour la première fois, nous découvrons le meilleur des années Michou en chansons avec la parution de ce Best Of unique en son genre. 23 titres parmi lesquels les inoubliables "Moi j’suis Michou", "Plus joli qu’une fleur", "Qu’est-ce qui m’attend à la rentrée ?", « L’homme à femmes », le cultissime «On vous le dit avec des fleurs », écrit et composé par Alain Turban, interprété par Grégory Martel, qui chaque soir ouvre le spectacle de Michou, depuis des années. Sans parler de son dernier enregistrement en studio - ce sera le seul - réalisé en duo avec

Annie Cordy "85 % d’amour et 60 ans de cabaret". Ne pas oublier le non moins célèbre «Au 80 rue des Martyrs» d’Alain Turban pour les paroles et Mario Santangeli pour la musique. Pour la postérité, cette super compilation restera le témoignage et le révélateur du talent de notre Michou, certes exceptionnel meneur de revue, mais aussi chanteur charmant et charmeur de grand talent. Notre prince bleu de Montmartre Michou, figure emblématique des nuits parisiennes, connu dans le monde entier, nous revient, à l’aube de ses 88 ans. Disponible chez Marianne Mélodie à partir du 10 juin 2019. Marie-France Coquard

Notre amie Linda Bastide a reçu le Prix de Poésie Théodore de Banville,

remis par la Société des Poètes Français, pour son poème La Fontaine de la Turlure, choisi par le jury - à sa grande surprise dans un livre magnifique intitulé «Les Fontaines de Paris». A savoir : la Société des Poètes Français est la seule société de Poésie en France, reconnue d'Utilité Publique, dont la plupart des grands noms de la poésie ont été membres -

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Hugo, Baudelaire, Cocteau... Quant à la fontaine « élue », il s’agit de celle qui agrémente le joli jardin de la Butte, à l’ombre de la basilique… Une nouvelle fois, Linda est honorée, et elle honore Montmartre… Un grand bravo et Merci à Toi, Linda, au nom de tous tes amis Montmartrois !

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ARTS ET LETTRES

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«LA VALSE DU BONHEUR»

LE NOUVEAU LIVRE D’YLLJET ALIÇKA, ANCIEN AMBASSADEUR D’ALBANIE EN FRANCE, ET AMOUREUX DE MONTMARTRE… !

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octeur en Sciences pédagogiques et didactiques, professeur d’Éthologie à l’université de Tirana, Ylljet Aliçka fut Ambassadeur d’Albanie en France et Délégué permanent de son pays auprès de l’UNESCO. Écrivain, scénariste, il publie en 1999 son ouvrage remarqué, Les Slogans de Pierre, dont il signera l’adaptation cinématographique en 2001, Slogans, sélectionné au Festival de Cannes, lauréat du Prix de la Jeunesse, et Golden Prize au Festival International du Film Tokyo. Deuxième ouvrage traduit en français, La Valse du Bonheur (2019, éd. L’Esprit du Temps), comme Les Slogans de Pierre, évoque dans une écriture limpide mêlée d’humour noir aux accents souvent tragi-comiques, l’Albanie de la dictature communiste d’Enver Hoxha, mort en 1985, et la difficile transition démocratique de ce pays méconnu, longtemps coupé du monde, ayant de nos jours rejoint le concert des nations. Ce roman, basé sur des faits réels, peut faire froid dans le dos, s’il n’était assorti de l’espoir de tout un peuple de s’ouvrir à l’Occident. Le grand écrivain albanais Ismaïl Kadaré, candidat malheureux et, disons-le, de

manière surprenante, au Prix Nobel de Littérature, signe la préface de ce très beau roman, hommage rare et d’autant plus respectueux du talent littéraire d’Ylljet Aliçka. Ami fidèle de la Butte et de ses acteurs, Ylljet Aliçka fut élevé en 2011 au rang de Citoyen d’Honneur de la République de Montmartre, en présence des montmartrois Roger Dangueuger, Jean-Manuel Gabert, Frédéric Loup, et du regretté Philippe-Marie Christophe, Président de l’Amicale des Artistes de Notre-Dame de Montmartre. Souhaitons le succès qu’il mérite à ce nouveau roman d’Ylljet Aliçka, comme à l’adaptation cinématographique qui en sera réalisée prochainement. Ses amis montmartrois seront toujours heureux de l’accueillir sur la Butte ! Jean-Marc Tarrit

« UN LIVRE, UNE ROSE… » La 21e édition de la Fête de la Librairie par les libraires indépendants s’est tenue le le 27 avril dernier : ce jour-là, 480 librairies en France mais aussi en Belgique, au Luxembourg et en Suisse francophones, ont offert à tous leurs clients un ouvrage imprimé spécialement pour la Fête ainsi qu’une rose... Depuis deux décennies, avec l’association Verbes, Marie-Rose Garnieri – de la

Librairie des Abbesses, par ailleurs initiatrice du prix Wepler – crée l’événement en réunissant libraires, journalistes, éditeurs, auteurs, lecteurs. La force de cette journée est de mettre en valeur ce que la librairie apporte d’irremplaçable à la vie du livre et plus particulièrement à la création, en rééditant un véritable trésor de l’édition française : cette année, il s’agissait d’un ouvrage illustré tiré à 16 exemplaires en 1947, intitulé Elle se fit élever un palais… – une superbe alchimie entre 11 compositions gravées sur bois en pleine page par Serge Rezvani et un poème de Paul Eluard. 28  500 exemplaires en coédition avec les Éditions Gallimard, ont ainsi été offerts aux clients des librairies participant à la journée.

Marie-Rose Garnieri et le personnel de la librairie des Abbesses, rue Yvonne-Le-Tac, avec Abd Al Malik, invité à faire une lecture poétique.

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Nouveauté de l’édition 2019, une action menée auprès des jeunes, dans un esprit d’initiation à la culture et à l'histoire du livre, non inscrite dans les programmes scolaires. Les 480 librairies se sont associées à

480 classes sur tout le territoire français. Avec le soutien de la Fondation du Crédit Mutuel pour la lecture et du CNL, le bel ouvrage Elle se fit élever un palais… a été offert aux trente élèves de la classe de chaque enseignant choisi par chaque libraire. Ce cadeau constituera, pour les élèves, le point de départ de multiples apprentissages autour du livre. Un grand bravo et une rose à Marie-Rose pour sa passion et ses initiatives ! JMG

Un superbe bouquet, créé par Muse Montmartre, le fleuriste inspiré de la rue Burq.

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ARTS ET LETTRES

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INGRID ASTIER L

’écrivain, désormais montmartroise, vient de publier La Vague, son quinzième ouvrage. Femme intrépide et écrivain envoûtant, metteur en scène de talent également, peintre et dessinateur, cette normalienne, agrégée de lettres, a la passion de la création chevillée au corps. Un roman noir palpitant, une intrigue passionnante soutenue par la profondeur des personnages dont le principal est à la fois la plus belle vague du monde et la plus dangereuse. Elle attire touristes et surfeurs du monde entier mais aussi des personnages bien loin des traditions ancestrales de l’ile. C’est Teahupo’o, à Tahiti, la vague mythique du bout du monde. Ingrid Astier vous accueille sous des cieux paradisiaques par un bienvenue en enfer pour vous faire découvrir «le diable en robe d’écume», celui qui broie tant des plus téméraires surfeurs. Bien loin des cartes postales, dans un style à couper le souffle, sous la houle audacieuse de ses mots, l’auteur nous emporte avec virtuosité dans un monde où paradis et enfer, douleur et plaisir, vie et mort se mêlent dans une cruelle harmonie. Quelles réponses apporte Ingrid Astier aux questionnements philosophiques, métaphysiques, sacrés qu’elle soulève ?

Avec La Vague, l’élément liquide occupe toujours la première place. Tahiti, ses paysages luxuriants, ses lagons, ses vagues de cristal, ses traditions séculaires mais aussi la pauvreté, le chômage, l’obésité, l’alcool, le paka, ce cannabis insulaire et la redoutable ice, cette drogue de synthèse qui ravage la jeunesse. Les conséquences de la mondialisation sur la société tahitienne sont précisément exposées. Quand la précision des analyses socio-économiques se conjugue avec l’imagination et le rêve. Un grand roman noir, à lire absolument. Marie-France Coquard

Une seule : l’amour. Les lecteurs de polar ont pu découvrir Ingrid Astier en 2010 avec la parution dans la Série Noire de Quai des enfers. Le personnage principal était alors la Seine et les protagonistes les policiers de la brigade fluviale. Après deux autres ouvrages parus dans la prestigieuse collection Gallimard, l’auteur retrouve Equinox.

La Vague par Ingrid ASTIER est paru aux éditions Equinox / Les Arènes Chez Folio : Quai des enfers – Angle Mort – Petit Eloge de la nuit

UNE CÉRÉMONIE DE CERTIFICATION POUR LES

« ROUTES DES IMPRESSIONNISMES » L

De gauche à droite : Françoise Inghelaere, Conseillère Municipale d'Argenteuil déléguée à la Culture, Pierre Bedouelle, Président des Routes des Impressionnismes, Georges Lucenet, Vice-Président et Délégué Général des Routes des Impressionnismes, et Stefano Dominioni, Secrétaire Exécutif de l'Accord Partiel Elargi sur les Itinéraires Culturels.

es ”Routes des Impressionnismes”* ont célébré leur certification 2018 en tant qu’« Itinéraire Culturel du Conseil de l’Europe » le 19 Mars dernier au Collège des Bernardins, à Paris. L’événement était organisé par le réseau de gestion de l’itinéraire Culturel « Eau et Lumière », placé sous le patronage du Ministère de la Culture et du Ministère des Affaires Etrangères de France. Des représentants des membres de l’Itinéraire venant de France, d’Espagne, des Pays-Bas, de Slovénie et d’Allemagne ont participé à cette cérémonie qui réunissait plus de 200 participants. Stefano Dominioni, Secrétaire Exécutif de l’APE, a salué le travail de Pierre Bedouelle, président de l’association « Eau & Lumière » et celui Georges Lucenet, vice-président et Directeur Général, ainsi que des nombreux sites de l'impressionnisme, leurs maires et des autorités locales en France et en Europe.

*Les « Routes des Impressionnismes » visent à créer et à renforcer un lien entre les sites qui ont inspiré les impressionnistes européens et les peintres de plein air du milieu du XIXème siècle jusqu’au milieu du XXème siècle, les endroits où ils ont vécu et établi des colonies d’artistes ainsi que les villes et musées dans lesquels sont aujourd’hui exposées leurs œuvres, au sein du continent européen. L’Itinéraire a obtenu sa certification lors de la réunion du Conseil de Direction de l’Accord Partiel Elargi sur les Itinéraires Culturels du Conseil de l’Europe (APE) à Luxembourg, le 18-19 avril 2018. Cette certification, avec celle de la Via Charlemagne, porte le programme des Itinéraires Culturels du Conseil de l’Europe au nombre de 33 Itinéraires certifiés.

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FRANK REICHERT UNE GRANDE PLUME S'ENVOLE... "Ballade pour un voyou", "Same Player Shoots Again", ça vous dit quelque chose? Nous sommes quelques inconditionnels des "années Futuropolis" à avoir conservé ces albums dans nos bédéthèques. Frank - un nom qui fut longtemps son unique signature - en était le scénariste. Et lorsque nous lisions (et nous les avons tous lu) les aventures de Snoopy et de Charlie Brown - le fameux "Peanuts" de Schulz - c'était la traduction française de Frank que nous lisions. Frank traduisait également "Krazy Cat" de Herriman, la famille Illico de Mac Manus, Dick Tracy de Chester Gould, Franka de Kuijpers, Calvin et Hobbes de Watterson et j'en passe. Sa connaissance de l'USA slang (argot américain) lui donnait une aisance particulière pour ses adaptations qu'il savait rendre savoureuses, hilarantes, sensibles. Il aura ainsi adapté indifféremment romans, polars, ouvrages de science-fiction, livres pour la jeunesse mais aussi la plupart des grands classiques, réécrivant pour l'illustration ou la BD des auteurs comme les frères Grimm, Perrault, Jules Verne, Prokofiev, traduisant au passage Jodorowski ou Crepax, traitant des oeuvres telles que "La Belle et le Bête", "Le Chat Botté", "Peter Pan", "Le livre de la jungle", "Le petit Chaperon Rouge" et - après tout, pourquoi pas - "Boucle d'or" ou "Mickey". Travailleur forcené, Frank a produit une oeuvre si considérable qu'on ne peut tout énumérer ici. Car au dessus du "gentleman traducteur", comme on l'appelait parfois, il faut considérer l'auteur, l'écrivain, le scénariste, le poète... Au départ, il était promis à une toute autre carrière. À 20 ans, résidant avenue Junot, ce fils d'assureurs ne se sent guère enclin à reprendre la relève de l'affaire familiale, passionné qu'il est des grands mouvements littéraires, particulièrement ceux qui traitent des grandes révolutions ou des courants anarchistes. On le voit régu-

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lièrement fréquenter l'épicerie-buvette de la mère Venet, rue Lepic où il cotoie les peintres du coin, des comédiens comme Lucchini, des chanteurs comme Polnareff, tous inconnus à l'époque. Frank va même tourner - en compagnie de quelques habitués de "l'épicerie" - dans "la Bande à Bonnot" de Philippe Fourastié, film tourné en 1967... Place du Tertre, à la Crémaillère d'Antoine Marino, on voit Frank disputer des parties d'échecs et c'est peut-être là que va commencer à se former autour de lui, un de ces groupes de discussions où l'on débat, non

sans dérision, sur tout et sur rien: actualité, littérature, Histoire, poésie, vie quotidienne... Une habitude - ce qui révèle bien son sens sacré de la camaraderie - qu'il aura gardé jusqu'au bout. Avec eux, Frank aura eu l'occasion de partager son fameux rhum, le bien connu rhum Neisson, production de sa chère cousine Claudine. "Ne vous asseyez pas là, disait Elyette, aux clients impromptus qui entraient dans son bar, j'attends "l'équipe du jeudi"!.." Elyette, du Rêve, avait baptisé ainsi Frank et son groupe de penseurs décalés qu'elle était habituée à voir débarquer chez elle en milieu de semaine et auxquels elle n'oubliait jamais de réserver une place. Frank Reichert a donc fait beaucoup de traductions de polars, écrit également des romans de gare sous plusieurs pseudonymes, mais son oeuvre se révèle surtout en 1979 lorsqu'il crée avec le dessinateur Golo (Guy

Nadaud), "Ballade pour un voyou", pour Charlie mensuel. Frank et Golo créeront encore ensemble des oeuvres mémorables comme "Same player shoots again", "Le bonheur dans le crime", "Rampeau". Inspirés à la fois par les grands maîtres du roman noir américains et les écrivains français comme Mac Orlan, Dabit ou Carco, les scénarios de Frank décrivent, sur fond de trame policière, un climat urbain, bercé de chansons et d’expressions populaires. Frank et Golo feront aussi un album-hommage à Hergé. En 1981 Frank travaille avec le dessinateur Edmond Baudoin. Ils créeront ensemble des oeuvres ma rq ua nt e s c o m me "Théâtre d'ombres", "Avis de recherche", "La danse devant le buffet", "La croisée". Parmi les complices de création de Frank, on peut encore citer les dessinateurs Nicolas Wintz, Jeanne Puchol et Daniel Goosens. Frank aura travaillé avec des maisons comme Fleuve noir, Le Masque, Rivages, Le Square (Hara-Kiri, Charlie Mensuel), Futuropolis, Dargaud, les Humanoïdes associés, Casterman, L'Echo des Savanes... À Montmartre, ses "terrains d'expressions" étaient le Rêve, et plus récemment le Grand Huit, le Soleil de la Butte, le Nansouty... Il n'était pas rare de croiser Frank Reichert accompagné de Golo, Edmond Baudoin, Charlie Schlingo, Margerin, Claire Brétécher, qui fréquentèrent, comme lui, le Festival d'Angoulême - là encore on ne peut tous les citer - il avait tellement d'amis... Frank nous a quitté le 23 novembre 2018, à l'aube de ses 76 ans. Il repose près des siens au cimetière de Montmartre. Toute notre affection à son épouse Virginie, à Mathias, son fils, à Claudine Neisson, sa cousine et à tous ses proches et amis... Merci à Elyette Segard-Planchon Eric Boldron

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DERNIERS ET GRANDS BRAVOS POUR

L’AMI DICK !

© Mac et Margot

Son manager, Denis Sabouret, annonçait via les réseaux sociaux le décès de Dick Rivers le 24 avril dernier, jour de l’anniversaire de ses 74 ans, et invitait ses amis et admirateurs à lui rendre hommage lors de ses obsèques célébrées à Saint-Pierre, le jeudi 2 mai à 15h30. Deux heures avant la cérémonie, le parvis de l’église était déjà noir de monde et j’ai rarement connu une foule aussi nombreuse emplissant intégralement sa nef. Sans compter les moins chanceux, obligés de rester dehors, attendant sous une petite pluie fine de pouvoir applaudir une dernière fois l’artiste à la sortie de son cercueil blanc. Dick sera inhumé au cimetière Montmartre dans l’intimité familiale. Ses meilleurs amis du métier étaient présents, dont Francis Cabrel, Nicoletta, Pierre Billon, Alain Turban, Isabelle Aubret et Christophe Dechavanne. L’assistance apprécia les hommages rendus à Dick Niçois d’origine, Dick deviendra Montmartrois d’adoption en et, tout particulièrement, ceux prononcés par Éric Naulleau et habitant rue de l’Armée de l’Orient avec Monique, dite Mouche, Jean-Charles Liozu, le beau-fils du chanteur. Il fut, bien entendu, puis rue Championnet avec sa charmante Babette. Très éplorée rappelé que le Niçois Hervé Forneri débuta à l’âge de quinze ans par le départ de celui qu’elle a épaulé amoureusement jusqu’à ses dans le groupe Les Chats Sauvages où il rencontra ses premiers derniers moments, nous la saluons affectueusement ici. succès avec des tubes tels que Twist à Saint-Tropez. Son admiration Dick était un personnage entier, sincère et attachant. Je le revois pour Elvis Presley lui devra son pseudonyme inspiré du nom du dînant chez moi avec Babette et Liesbeth après m’avoir rappelé héros du film Loving you dans lequel son idole avait la vedette. ceci : « Surtout, tu ne me fais pas de magret ni de confit, tu sais Les Chats ne seront qu’une courte période de sa vie artistique que je déteste le canard. Et je viendrai avec mon Coca triple zéro qu’on ne trouve pas partout. » Très concentré, puisque, à la suite de dissensions, il quittera il écouta avec attention les maquettes des ce groupe moins de deux ans après sa deux chansons que François Grimaldi et moi création pour se lancer dans une carrière lui proposions. Je le revois aussi un soir que solo. Il sera avec Johnny Hallyday et Eddy Il sera avec Johnny nous avons passé ensemble au restaurant Le Mitchell le troisième pionnier du rock’n’roll Hallyday et Eddy Mitchell Lamarck où le même François Grimaldi qui à la française. Dick restera plus fidèle que avait commencé à chanter un tube de Dick, ses deux comparses aux origines américaines le troisième pionnier du s’est vu rejoint au micro par l’artiste qui de cette musique qui l’imposera souvent à rock’n’roll à la française. nous a gratifié d’un concert improvisé d’une la tête de hit-parades, tant en France qu’en heure de demie ! Et au sortir du restaurant Angleterre et au Canada. vers les deux heures du matin, plusieurs L’une de ses forces, au-delà de sa superbe voix dizaines de fans, avertis on ne sait comment, grave de crooneur, sera de savoir associer son talent à celui d’autres pointures telles qu’Alain Bashung, Francis l’attendaient sur le trottoir pour lui faire signer des autographes ! Pour celles et ceux qui n’ont pas eu la chance de le côtoyer, Dick Cabrel, Benjamin Biolay, Mickey 3D ou Axel Bauer. En 55 ans de carrière, en dehors de son côté show-man, Dick Rivers nous laisse en héritage 33 albums studio et 3 albums live. En a été un homme particulièrement prolixe. Animateur d’émissions 2018, il enregistra une reprise d’Africa avec Julien sur son CD Vous de radio sur RFM et France Bleue, il fut aussi acteur dans deux & moi. films de Jean-Pierre Mocky (La Candide Madame Duff en 1999 et Et pour en savoir encore bien davantage sur son étonnant parcours, Le Furet en 2003), et comédien dans le rôle du Lieutenant des notre Montmartro-Niçois s’est confié dans deux ouvrages : Paravents de Jean Genet au Théâtre national de Chaillot, en 2004. Very Dick paru chez Michel Lafont en 1996 et Rock’n’roll, édité au Il prit aussi la plume en écrivant des romans tels que Complot à Pré aux Clercs en 2006. Memphis en 1989 et Texas Blues en 2001. Ses derniers succès, il Pour conclure, et comme on le dit souvent – mais là, c’est de tout les rencontrera sur scène en 2018 lors de la tournée Âge tendre, cœur : Salut l’Ami, salut l’Artiste ! produite par Christophe Dechavanne et pendant sa tournée 100% Pierre Passot Rock qui s’ensuivit. Son dernier concert eut lieu le 16 décembre 2018 à Le Thor, dans le Vaucluse.

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Fête de Parution

dre le réel" "Aller à l’idéal et compren

(Jean Jaurès)

2019 er N°13.111 1 trimestre

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AU MOULIN DE LA GALETTE ! Une soirée remarquable pour la parution du précédent numéro de Paris-Montmartre : rendez-vous avait été donné aux abonnés, artistes, annonceurs et amis du magazine pour trinquer sous les ailes du Moulin de la Galette… dans le mythique restaurant montmartrois. Après un apéritif « collé serré », la soirée s’est poursuivie par un dîner exceptionnel, succulent, généreusenombril et libre, Butte sacrée, viennent Montmartre, villemamell e granitique où et d’humanité ! berceau du Monde, ons assoiffées d’idéal s’abreuver les générati (rodolphe Salis) rtre ? - Rien ! noir Fondateur du Chat Qu’est-ce que Montma Que doit-il être ? - Tout !

La YaM GaLerIe son Premier AnniversAire

L’Art moderne A une PAtrie « MontMartre »

La BraSSerIe De La GoUtte D’or

aMenaGeMent De La PLaCe DU tertre, un GrAnd deBAt

ment servi, concocté par Gregory. Le nouveau maître des lieux, aussi grand professionnel qu’homme chaleureux, a fait l’unanimité dans l’assistance. Gregory nous a fait oublier en une soirée des années… oubliables, le nouveau Moulin de la Galette est revenu à la hauteur de sa légende, c’est une belle nouvelle ! Et Paris-Montmartre était heureux d’organiser ces retrouvailles festives avec les Montmartrois…

F O N D É

PA R

M I D A N I

Bulletin d’abonnement à Paris-Montmartre "Aller à l’idéal et comprendre le réel" (Jean Jaurès)

ANTOINE DE MAXIMY « ACCOMPAGNEZ-MOI DANS UNE NOUVELLE AVENTURE… AU CINÉMA ! »

La belle d'Eiffel à

130 ans !

N°13.112 2e trimestre 2019 ISSN 11 53-0618 © Bedneyimages / Freepik

CHRISTIAN LEBON ET LE TREMPLIN DES TALENTS

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