Paris Montmartre - Janvier 2019

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M I D A N I PA R F O N D É

"Aller à l’idéal et comprendre le réel"

N°13.111 1er trimestre 2019 ISSN 11 53-0618

(Jean Jaurès)

Montmartre,

ville libre, Butte sacrée, nombril et berceau du Monde, mamelle granitique où viennent s’abreuver les générations assoiffées d’idéal et d’humanité ! Qu’est-ce que Montmartre ? - Rien ! (Rodolphe Salis) Que doit-il être ? - Tout ! Fondateur du Chat Noir

LA YAM GALERIE SON PREMIER ANNIVERSAIRE

L’ART MODERNE A UNE PATRIE « MONTMARTRE »

LA BRASSERIE DE LA GOUTTE D’OR

AMÉNAGEMENT DE LA PLACE DU TERTRE, UN GRAND DÉBAT


VIVEZ UNE EXPÉRIENCE INOUBLIABLE DANS LE PLUS CÉLÈBRE CABARET DU MONDE ! 60 artistes sur scène, des tableaux de rêve, 1000 costumes de plumes, de strass et de paillettes, des décors somptueux, l’aquarium géant, le grand escalier, ... et le célèbre French Cancan !

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MONTMARTRE

82, BLD DE CLICHY - 75018 PARIS - TEL : 33(0)1 53 09 82 82 WWW.MOULIN-ROUGE.COM FACEBOOK.COM/LEMOULINROUGEOFFICIEL © Bal du Moulin Rouge 2018 - Moulin Rouge® - 1-1028499

Le Moulin de la Galette Restaurant 7/7 — Déjeuner à l’ardoise 83 rue Lepic 75018 Paris — Tél. : 01 46 06 84 77

NOUVELLE DIRECTION


édito POUR QUE LA VILLA RADET SOIT OUVERTE À TOUS LES ARTS Paris Montmartre était associé à la 8ème Biennale d’Art Contemporain, de la Palette, de l’Objectif et du Burin de la République de Montmartre. Plus de 1000 visiteurs sont venus les 10 et 11 novembre à la rencontre de 58 artistes peintres, sculpteurs, photographes dont chacun a pu apprécier la grande qualité des œuvres.

volonté d’en faire un lieu ouvert de rencontres et d’expositions.

d’expositions et d’échanges où l’Art puisse s’exprimer en toute liberté.

Nous sommes heureux que ce projet ait bénéficié du plus large consensus politique.

La Cité Internationale des Arts, gestionnaire, n’a pas encore décidé si la Villa Radet resterait un lieu de rencontres et d’expositions au service des artistes résidents ou non et de leurs publics. Il est également nécessaire que les conditions de location permettent à tous d’y accéder.

Tous sont tombés sous le charme de l’écrin magique qu’est la Villa Radet.

Je sais que nous serons tous vigilants pour veiller à ce que Radet demeure la villa montmartroise des arts plastiques au service de tous les artistes.

La Ville de Paris vient d’en achever la rénovation. Les montmartrois et tous les amoureux de la Butte se sont rassemblés pour y parvenir. Le Collectif constitué de 25 associations de la Butte a alerté et mobilisé pour que la Cité des Arts devienne la Villa Médicis de Montmartre. Son action qui s’est voulue pleinement constructive a été entendue.

Pérennisons cet écrin exceptionnel au service des Arts et de la Création.

Le 12 octobre 2017 lors de sa visite du chantier de rénovation de la Villa Radet Anne Hidalgo a confirmé sa

En effet la Butte, bien que toujours un haut lieu de la création artistique, ne dispose pas d’espaces

Avec la Villa Radet, ouverte sur le monde, le vent de la liberté de création soufflera à nouveau sur la Butte renouant ainsi avec l'esprit du Montmartre de toujours.

Alain Coquard Président de la République de Montmartre


Un kir offert sur présentation du magazine au déjeuner ou au dîner

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Aimer, Manger, Boire et Chanter Ouvert tous les jours 12h – 14h30 & 19h – 22h Y compris les dimanches et jours de fête

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PA R F O N D É

(Jean Jaurès)

N°13.111 1er trimestre 2019 ISSN 11 53-0618

Paris-Montmartre 1er trimestre, janvier 2019

M I D A N I

sommaire

"Aller à l’idéal et comprendre le réel"

Montmartre, ville libre, Butte sacrée, nombril et berceau du Monde, mamelle granitique où viennent s’abreuver les générations assoiffées d’idéal et d’humanité ! Qu’est-ce que Montmartre ? - Rien ! (Rodolphe Salis) Que doit-il être ? - Tout ! Fondateur du Chat Noir LA YAM GALERIE SON PREMIER ANNIVERSAIRE

7

AVEC MICHOU UN JOYEUX NOËL POUR LES P’TITS POULBOTS

10

LA BRASSERIE DE LA GOUTTE D’OR

12

MARIE-PIERRE SALMON TRANSGRESSION ET GÉNÉROSITÉ

20

LE JOURNAL D’UNE PETITE MÔME DE PIGALLE

26

LES 50 ANS DE LA RUE POULBOT

30

L’ART MODERNE A UNE PATRIE : MONTMARTRE

38

AMÉNAGEMENT DE LA PLACE DU TERTRE, UN GRAND DÉBAT

40

LA YAM GALERIE A FÊTÉ SON PREMIER ANNIVERSAIRE

42

LE BICENTENAIRE DE M. OFFENBACH DU FRENCH-CANCAN AUX… « POUX DE LA REINE » !

44

CHEZ MA COUSINE 90 ANS DE PLAISIR ENTRE PIGALLE ET LE PARADIS

L’ART MODERNE A UNE PATRIE « MONTMARTRE »

LA BRASSERIE DE LA GOUTTE D’OR

AMÉNAGEMENT DE LA PLACE DU TERTRE, UN GRAND DÉBAT

REGISTRE DU COMMERCE Paris B 420 740 045 RÉDACTION ET PUBLICITÉ 13, place du Tertre, 75018 Paris Tél. 01 42 59 19 99 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Midani M’Barki midani1@free.fr

DIRECTEUR ADJOINT ET RÉDACTEUR EN CHEF Jean-Manuel Gabert gabert.jeanmanuel@neuf.fr

RÉGIE PHOTO Jacques Habas, Tél. 06 17 55 57 37 RÉDACTION Jean-Paul Bardet, Alexandra Cerdan, Catherine Charrière, Michèle Clary, Marie-France Coquard, Jean-Manuel Gabert, François Garnier, Jacques Habas, Alain Haimovici, Christine Haydar, Grégoire Lacroix, Midani, Pierre Passot, Jean-Marc Tarrit. PHOTOGRAPHIES Jacques Habas, Midani, Alexandre Moyse, Philippe Martineau. ILLUSTRATION Florence Côme, Sthéphane Plouviez. DÉPÔT LÉGAL 1er trimestre – janvier 2019 RÉGIE PUBLICITAIRE 06 78 78 90 84 MAQUETTE IMPRESSION Rotimpres

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• Le Moulin Rouge [p. 2] • Le Moulin de la Galette [p. 2] • Xavier Castex MMA [p. 3] • La Bonne Franquette [p. 4] • Ohvl-international [p. 19] • Gestion Immopolis [p. 23] • Nomelec [p. 24] • Durand Traiteur [p. 24]

• Le Coin Des Amis [p. 24] • Roc Eclerc [p. 28] • Pizzeria Mancini [p. 28] • Eric Billières [p. 28] • Hôtel Particulier [p. 28] • Le Bistrot du Maquis [p. 35] • Meilleurtaux [p. 36] • DS BAT [p. 36]

• La Mascotte, L’Écaille [p. 42] • Le Brio [p. 42] • Le Fusain [p. 42] • Michou [p. 51] • Immopolis [4e de couverture] • Au Syndicat d’initiative de Montmartre, 7 rue Drevet, et dans certaines boulangeries du XVIIIe.


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LA VIE DU VILLAGE

PM 13-111

2019 LE MOULIN ROUGE FÊTE SES 130 ANS

U

n succès jamais démenti depuis 1889. A l’occasion de cet anniversaire, de merveilleuses fêtes se préparent. Des décors de rêve, des paillettes, l’aquarium géant, le champagne, la danse et l’orchestre du Moulin, 60 artistes, 1000 costumes de strass et de plumes, des numéros exceptionnels et, bien entendu, le célébrissime French Cancan vont signer le spectacle Féerie d’une plume unique dans le monde. Pour commencer cette année de magie, le 5 février prochain, le Moulin Rouge et la

famille Clérico offriront la traditionnelle matinée Féerie à 900 aînés du Comité des Fêtes de l’Action Sociale et du Comité d’Action Sociale de notre arrondissement. Un après- midi de rêve inoubliable toujours très attendu. Merci à la famille Clérico pour ce beau cadeau. Que les ailes du Moulin continuent de tourner pour la fête et le plaisir dont il détient le secret depuis 130 ans ! Marie-France Coquard

LE MOULIN ROUGE Montmartre - 82, Bld de Clichy - 75018 Paris Diner et revue à partir de 180 € Revue à 21h & 23 h à partir de 77 € Tel 01 53 09 82 82 - www.moulinrouge.com Facebook.com/le moulinrougeofficiel

LES AMIS D’ALPHONSE ALLAIS ET LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE :

10 ANS D’UN JUMELAGE RÉUSSI

À

l’initiative de Marie Cottinet, son Ambassadrice à Honfleur, la République de Montmartre s’est jumelée avec l’Association des Amis d’Alphonse Allais lors d’une chaleureuse cérémonie à La Crémaillère, son siège social, le 28 novembre 2008. Marie était et demeure, en effet, très active au sein de cette institution ayant pour objectif de pérenniser la mémoire et l’œuvre de ce grand humoriste natif de Honfleur et incontournable habitué du cabaret du Chat Noir. Depuis cette date, les liens n’ont cessé de se renforcer entre les Amis d’Alphonse Allais et notre République

Le 9 juin 2018, à Honfleur

montmartroise. Un bon nombre d’adhérents figure en particulier dans les rangs de chacune d’entre elles. Pierre Passot, Premier ministre en est l’un des administrateurs. Il a également été élu en 2016 à l’Académie Alphonse Allais sur la scène du Théâtre des Deux Ânes à l’occasion d’un hommage rendu à l’un de ses piliers, le regretté Jean Amadou, devenu Président d’honneur de ladite association. Pierre Douglas, Michel Guidoni et Thierry Rocher faisaient partie de cette même “promotion”. Quant à Philippe Davis, président des Amis d’Alphonse Allais, il est depuis une décennie Citoyen d’honneur de la

Il y a 10 ans, à La Crémaillère…

République de Montmartre. Chaque année, de nouveaux Académiciens sont intronisés aux Greniers à Sel de Honfleur. Le 9 juin dernier, c’était le tour de deux grands noms de la scène : Philippe Chevallier et Olivier Lejeune, parrainés par Popek et Thierry Rocher. À l’issue de cette cérémonie orchestrée par Xavier Jaillard, Chancelier de l’Académie d’Alphonse Allais, de nombreux membres se sont retrouvés pour un déjeuner animé à l’Auberge de la Grande Cour et fêter ensemble les 10 ans du jumelage entre leurs deux associations. Une surprise attendait les participants de la République de Montmartre : Philippe Davis avait fait préparer pour le dessert, dix gâteaux chacun surmonté d’une bougie que les convives soufflèrent de concert en se donnant rendez-vous pour un vingtième anniversaire aussi réussi que celui-ci.


LA VIE DU VILLAGE

PM 13-111

AVEC MICHOU UN JOYEUX NOËL POUR LES P’TITS POULBOTS 15 Décembre à la Bonne Franquette, les P’tits Poulbots fêtent Noël. Michou, le ministre de la Nuit de la République de Montmartre, préside à la remise des cadeaux et ce en plein après-midi... sous les roulements joyeux des tambours conduits par leur chef Joël Ben Hayoun. Le député (18ème circonscription) Pierre-Yves Bournazel, Jean-Philippe Daviaud, adjoint à la mairie du 18ème, sont ravis d’être de la partie, reçus par le président de la République soi-même, de la République de Montmartre bien sûr… Alain Coquard. Le généreux donateur de ses droits d’auteur rayonne de plaisir et accueille chacun, chacune avec la chaleur, l’élégante générosité qui sont les siennes. On ne peut s’empêcher de penser que , dans son cabaret mythique, il a reçu de la même façon, pendant plus de 60 ans, des milliers de personnalités de la planète, politiques, médias, show biz, people, stars de la mode et du cinéma, etc. Chaque poulbot est appelé pour recevoir, des mains de Joëlle Leclercq, la présidente, un joli chèque cadeau et un chaleureux bisou de Michou, ému et heureux. Les yeux pétillent, les rires et les cris de

joie fusent. C’est vraiment un très bon moment suivi d’une généreuse collation offerte par Luc et Patrick Fracheboud, les patrons de cette accueillante Bonne Franquette. Xavier Castex est épatant en père Noël qui distribue des ballotins de chocolat. Eric Sureau, président, au nom du COFAS, remet un chèque de 5000 $ à l’œuvre des P’tits Poulbots. Paule et Robert du Vieux Chalet, comme chaque année, ont généreusement participé à ce Noël. Si je ne me trompe pas, Michou, cela s’appelle « Faire le bien dans la joie » et je parie que Francisque Poulbot aurait

aimé partager avec nous tous cet aprèsmidi de cadeaux, de goûter, de chants et de gaité en dépit de la période difficile que nous traversons. Merci Michou pour ce que tu es, ce que tu fais dans la bonne humeur et l’esprit festif dont tu détiens le secret. Continues d’illuminer de bleu les nuits blanches de Montmartre comme tu illumines la vie des gosses de la Butte grâce à ta générosité, ton dynamisme incroyable et ton optimisme communicatif. Marie-France Coquard

SALUT ARTHUR Il est né le petit Arthur A l’époque où l’on fête les rois ! Il a la grâce, une belle nature… Car fils de Brice et Talita ! Il est né le petit Arthur Tout Landernau est en émoi Ils nous ont fait on vous le jure Un beau p’tit lot de Montmartrois !

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LA VIE DU VILLAGE

PM 13-111

DES « TOURIX » À L’ASSAUT DU 44, RUE LAMARCK UN PROJET IMMOBILIER CONTROVERSÉ Nous sommes en 2030 après JésusChrist. Tout Montmartre ou presque est occupé par les touristes… Tout ? Non ! Un quartier peuplé d’irréductibles résidents résiste encore et toujours à l’envahisseur. Et la vie n’est pas facile pour les garnisons de promoteurs et d’exploitants privés… Un scénario qui fait sourire. Pourtant l’affaire est sérieuse. Les Montmartrois ont été bien surpris de découvrir, début octobre 2018, un panneau sur la façade du 44 rue Lamarck annonçant la transformation de cet immeuble de bureaux en hébergement hôtelier. Et pas n’importe quel hôtel. Une auberge de jeunesse « nouvelle génération ».

UNE GARNISON DE TOURISTES

Rien à voir avec la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse (FUAJ) à but non lucratif. Ici il s’agit de faire du chiffre en proposant à une clientèle jeune des dortoirs pouvant contenir jusqu’à 12 lits. Pour les plus fortunés, quelques chambres doubles. Au total 249 lits pour 46 chambres, soit une moyenne de 5,5 personnes par chambre. Et pour gonfler le chiffre, une solution : augmenter la surface et multiplier les prestations. La Mairie de Paris et la Mairie du 18e ont ainsi donné leur accord pour surélever d’un étage le bâtiment et créer un « rooftop » (toit-terrasse) qui accueillera un restaurant-bar sur une terrasse ouverte. Capacité d’accueil : 100 personnes. Au rez-de-chaussée, un café assurera la mixité - très tendance - touristes-résidents. Chaque jour, entre 300 et 400 personnes pourront ainsi transiter par ce lieu.

UN VILLAGE EN DANGER ?

Une décision prise sans aucune consultation avec les riverains. L’immeuble du 44 rue Lamarck est pourtant enclavé dans un ensemble de bâtiments résidentiels, dont certains se trouvent à quelques mètres seulement du futur hôtel. Les riverains redoutent les nuisances sonores et visuelles, mais aussi le ballet quotidien des camionnettes de livraison, de blanchisserie et autres mini-vans dans cette rue à sens unique. En un mot, la dénaturation de leur quartier. Malgré sa proximité avec le Sacré-Cœur,

ce micro-quartier situé sur la face nord de la Butte a su préserver son authenticité. Ici pas de chaînes ni de fast-foods. La rue Lamarck dessert plusieurs crèches, une école primaire et une maison de retraite ainsi que de nombreux cafés et commerces. C’est donc l’atmosphère du quartier et le fragile équilibre entre résidents et touristes qui pourraient être menacés.

ILS SONT FOUS, CES PROMOTEURS !

Mais qui a eu cette idée fabuleuse ? La chaîne britannique Safestay avec la complicité du groupe immobilier Madar, propriétaire de l’immeuble. Safestay est spécialisée dans le juteux tourisme low-cost qui envahit les métropoles européennes. Barcelone, Lisbonne, Venise, Londres, Prague aucune de ces villes n’a échappé au phénomène. A Paris, il existe déjà quatre « Hostel » de ce genre : Generator Hostel, place du Colonel Fabien, St Christopher’s Inn Gare du Nord et le long du canal Saint-Martin ainsi que Les Piaules à Belleville, tous gérés par des concurrents de la chaîne. Sauf que le projet dans le 18e présente une différence de taille. Il est encastré dans un ensemble d’immeubles d’habitation.

MAIS QUE FAIT LA MAIRIE, PAR TOUTATIS ?

Elle n’y voit que du feu et défend « son auberge » censée réduire la fréquentation des Airbnb. Il est vrai que la multiplication des locations saisonnières à Paris diminue sensiblement l’offre locative pour les habitants. Selon un professionnel de l’immobilier, l’objectif serait aussi de diversifier les hébergements touristiques, secteur dans lequel Paris est à la traîne. Et si le choix

s’est porté sur cet ancien immeuble de bureaux, c’est que les surfaces constructibles sont rares à Paris. Pour Safestay, une aubaine… qui ne sera certainement pas de tout repos. Au moindre débordement, elle aura les riverains sur le dos. Et les touristes ? Pourquoi choisir un Hostel plutôt qu’un Airbnb ? Parce que c’est du sans-risque. Comme l’indique d’ailleurs le nom de la chaîne Safestay qui signifie « Séjour en toute sécurité ». Parce que ces chaînes, à l’image des fast-foods, offrent les mêmes prestations dans toutes les villes. On sait à quoi s’attendre. Parce que dormir dans un dortoir de huit personnes est moins cher que de louer en Airbnb. Et surtout, ce sont des lieux festifs, prometteurs de rencontres pour des jeunes du monde entier venus faire la fête à Paris.

BANQUET FINAL : AVEC OU SANS BARDE ?

Si tout se passe comme prévu, les travaux commenceront début janvier 2019, livraison du bâtiment prévue en février 2020. D’ici là, la Butte promet de connaître encore quelques remous. Les riverains et amis de Montmartre ont créé un collectif pour se mobiliser contre le projet. Des irréductibles qui veulent continuer à vivre normalement sans devoir fermer leurs fenêtres. Catherine Charrière

COLLECTIF DES RIVERAINS DU 44 RUE LAMARCK : riverains.lmcparis@gmail.com


PRÉPAREZ VOS PAPILLES !

PM 13-111

LA RECETTE DU TRIMESTRE

GREGORY MILLOT DU MOULIN DE LA GALETTE L’AUTHENTIQUE CRÊPE SUZETTE PAR « J’ai perdu le tête En goûtant aux crêpes Suzette… Du Moulin de la Galette !... » Gregory Millot vous accueille chaleureusement au nouveau Moulin de la Galette, 7 jours sur 7, de 12 h à 22 h 30 sans interruption, pour savourer de vrais plats traditionnels maison, à prix très raisonnable. Enfin, on a retrouvé notre Moulin ! Pour cet hiver, Gregory nous propose de redécouvrir la saveur inimitable de la vraie crêpe Suzette, préparée dans le respect de la recette traditionnelle et flambée sur chariot devant votre table. Tout un spectacle ! D’abord, préparation d’un onctueux beurre pommade, avec zestes de

citron, d’orange, et cognac, mélange qui va venir fondre de bonheur et blondir dans la poêle, jusqu’à obtention d’une belle couleur caramel. Puis passage du citron entier dans la sauce – pour couper le goût trop sucré – et arrosage au jus d’orange pour déglacer. Les crêpes peuvent alors venir rejoindre la préparation liquide pour s’en imprégner (longuement). Le respect des étapes et du temps nécessaire fait toute la réussite de ce dessert célèbre, mais si souvent maltraité. Alors vient le clou du spectacle, le grand flambage de l’alcool… qui s’évapore et libère toutes les saveurs ! Résultat : l’Excellence !

Ce classique français devient cet hiver le dessert signature du Moulin, sa Galette d’Or : élégance et modestie, voilà ce qu’un graphologue pourrait dire de cette signature-là… ! MOULIN DE LA GALETTE 83 Rue Lepic, 75018 Paris Réservations : lemoulindelagalette.fr, lafourchette.com - Tél : 01 46 06 84 77

BON ANNIVERSAIRE À LA CHARCUTERIE DURAND, L’EXCELLENCE ARTISANALE ! Le 1er février, Christian et Nathalie Durand fêteront le 4ème anniversaire de l’installation de leur boutique de CharcuterieTraiteur rue d’Avron, dans le 20ème arrondissement de Paris. On leur dit « Bon Anniversaire » quand même, preuve que nous ne sommes pas rancuniers… Car ils nous manquent toujours, et l’on a encore une pointe de regret en passant rue des Abbesses… Bon, allez, on leur pardonne : d’abord parce qu’il est vrai que la boutique d’Avron est belle et spacieuse, et le labo où œuvre Maître Christian moderne et superbe. D’ailleurs, nombre de Montmartrois font le déplacement jusqu’au « village » frère d’Avron. Nathalie et Christian sont fidèles en amitié, ils n’oublient pas la Butte et bientôt, belle nouvelle, leur petit temple de gastronomie terroir deviendra « Ambassade de la République de Montmartre » dans le 20ème… Parmi le vaste choix de produits entièrement fabriqués sur place, souvent médaillés : le jambon blanc sans sels nitrités (préparation en décoction de légumes, sel blanc et ferment naturel – à base de légumes), les pâtés maison sans sels nitrités, pâté et mousse de foie de volaille, rillons, fromage de tête, boudin noir… Et la rôtisserie de poulets fermiers. Ajoutons une belle

sélection de vins – en direct de chez le producteur (Chinon, Bordeaux rouge et blanc, Mâcon, Julienas… – et de fromages affinés. Et même un miel d’exception (Médaille d’Or catégorie Crémeux) de Florian Legrand… Neveux de Nathalie et Christian, Florian a de qui tenir ! A bientôt pour l’inauguration de la nouvelle ambassade du Goût… J.M.G.

DURAND - TRAITEUR 2 Rue d'Avron, 75020 Paris Téléphone : 01 43 73 03 95

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PRODUCTION LOCALE

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LA BRASSERIE DE LA GOUTTE D’OR

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h oui, on brasse la bière à la Goutte d’Or ! A l’endroit même où se trouvaient autrefois des vignes qui produisaient un vin fort renommé. Depuis six ans déjà, le 18e arrondissement abrite la première fabrique parisienne de bières artisanales. La brasserie s’est installée au pied d’un immeuble social, au 28, rue de la Goutte d’Or. Ce fut l’occasion pour Thierry Roche, le fondateur habitant du quartier, de faire revivre un artisanat en étant précurseur du concept dans la capitale. Désormais, au croisement des goûts, des épices et des couleurs, cet endroit parisien très cosmopolite constitue un point d’ancrage idéal.

Crédits photos double-page : ©Philippe Martineau

Thierry est aujourd’hui accompagné de son associé d’origine Antoine Gautier et d’Alex Benoit, arrivé depuis un an de Montréal en tant que Maitre brasseur – Alex avait œuvré pendant de nombreuses années au sein de brasseries canadiennes. Au total c’est une équipe de six personnes qui créé,

brasse, fermente, met en bouteille et commercialise la bière.

SI LA BIÈRE DE LA GOUTTE D’OR EST LABÉLISÉE « FABRIQUÉ À PARIS », ELLE DÉFEND UNE VISION COSMOPOLITE Une salle de fermentation avec 6 cuves, du brassage à la fermentation jusqu’à la mise en bouteille pour une production annuelle de quelques 1000 hectolitres dans un espace de 200 m². Non filtrées, non pasteurisées, ces bières « vivantes » possèdent une palette aromatique inspirée des cultures du quartier et du reste du monde. Des notes de dattes, de piment ou encore d’hibiscus revendiquent l’identité spécifique du 18e arrondissement.

LA BIÈRE DE LA GOUTTE D’OR SE VEUT OUVERTE SUR LE MONDE ET CRÉATIVE On est fort loin des bières produites uni-

quement pour se « désaltérer » ! Des spécialités ouvrent de nouveaux horizons gustatifs dans une recherche du goût et du plaisir des amateurs pour des dégustations ou des accords mets-bière. Des appellations de proximité signent ainsi une cartographie du quartier :

LA ROUSSE CHÂTEAU ROUGE Bière rousse épicée de 6°5 aux arômes végétaux de fruits rouges et épices.

LA MYRHA Bière blonde de 5°, cette Pale Ale aux arômes fruités la Myrha est sèche c’est-àdire peu sucrée, elle est amère et désaltérante. A déguster avec une tomme de Savoie.

L’ERNESTINE 7° une véritable India Pale Ale à l’américaine dans le 18e (IPA). Très houblonnée, elle offre une note de biscuit et de caramel et est appréciée par les amateurs de houblons.


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PM 13-111

LA CHAPELLE Une bière de blé belge aux épices du chaï avec ses 5°. Si la Môme, une des premières bières de la brasserie, a disparu, elle était inspirée du restaurant La Môme tout près à l’angle de la rue Stéphenson et JF Lépine.

DE NOMBREUX ET NOUVEAUX CHOIX SONT OFFERTS AUX AMATEURS LES PLUS EXIGEANTS En plus des bières régulières, Alex et Thierry élaborent des bières éphémères

Ainsi, une vingtaine de bières nouvelles peuvent être créées chaque année en fonction de sélections saisonnières, des rencontres, des collaborations nationales avec des brasseurs français ou internationales avec le Québec, le Pays de Galles, l’Ecosse, le Danemark etc. Des étiquettes illustrées par des artistes apportent une touche inédite. Par exemple, la superbe décoration de la bouteille Golden Side of the Moon de style milkshake IPA au café.

DES PRIX BIEN ÉTUDIÉS Pour les bières à emporter : de 3 à 3,50 € les 33 cl En pleine croissance le growler – du nom du créateur du concept – une bouteille d’un litre qu’on remplit sur place pour un prix qui va de 9,50 € à 13 €. Quant aux bières consommées sur place : Un galopin c’est autour de 2 € Un demi de 25 cl pour environ 3,50 € Une pinte de 50 cl à partir de 6 € Bien sûr, de la petite restauration et des boissons sans alcool sont proposées.

soirs d’ouverture avec concerts de jazz, des jam. L’été, des soirées conviviales attirent beaucoup de monde quand on ouvre les baies sur la rue des Gardes. A l’extérieur, des bars organisent des événements avec les bières de la Goutte d’Or. Des festivals sont en projet pour la saison prochaine. La bière de la Goutte d’Or est présente chaque année à la Fête des Vendanges avec un stand très fréquenté ! Elle participe aussi très souvent aux manifestations de la Mairie du 18e. Les livraisons approvisionnent de nombreux restaurants du 18e, comme le super coin rue Baudelique, des caves à bières de Paris et de la banlieue. Progressivement, Antoine développe l’export notamment outre atlantique où de nombreux amateurs de bière en visite n’hésitent pas à faire un décroché par la Goutte d’Or pour visiter cette brasserie à la réputation désormais internationale allant jusqu’en Australie et au Japon. Marie-France Coquard

DES ÉVÉNEMENTS QUI SE DÉVELOPPENT

voire saisonnières pour élargir l’offre et répondre à tous les goûts en se tournant résolument vers le renouveau constant des fabrications.

Depuis un an, du jeudi au samedi en fin d’après-midi et jusqu’au soir, le bar accueille les consommateurs, tandis que la brasserie pousse ses palettes pour installer tables, tabourets et chaises. Le restaurant propose des tapas de 5 à 7 € confectionnés dans le quartier ainsi qu’une fois par mois des accords bières-fromages en partenariat avec La Laiterie de Paris. On y déguste la Myrha avec une tomme de Savoie. La brasserie multiplie les événements les

LA BRASSERIE DE LA GOUTTE D’OR 28, rue de la Goutte d’Or 75018 Paris Jeudi de 18h à Minuit vendredi de 18h à 23h et le Samedi de 16h à 23h. www.brasserielagouttedor.com annonce des nouveautés sur les réseaux facebook et instagram

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MONTMARTRE C'EST VOUS !

PM 13-111

MARIE-PIERRE

SALMON TR ANSGRESSION ET GÉNÉROSITÉ

PAR MICHÈLE CLARY

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n passant par la place du Tertre, vous longez la rue Norvins, en vous mêlant à la foule des touristes. Mais arrivée au 22 de cette rue, s’érige une grande demeure aux pierres blanches, si majestueuse que tous les regards fascinés des passants s’arrêtent là… devant la Folie Sandrin. Nom du fondateur en 1774. Après des acquéreurs successifs, ce lieu est devenu une maison de santé. Le docteur Blanche reçut là des personnalités célèbres comme un des plus grands poètes, Gérard De Nerval. Sans compter que bien des années plus tard Jean Marais y élira son domicile et aussi Gérard Oury. Aujourd’hui, vous poussez la porte de la Folie Sandrin, vous voilà comme par enchantement dans une soudaine sérénité ! Un rêve éveillé vous a arraché au tumulte des passants… « Ici tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté »… Sur le perron Marie-Pierre Salmon vous attend dans ce décor de féerie. Elle vous accueille chaleureusement et spontanément vous pensez « elle ressemble au lieu qu’elle habite. Grande avec un noble port de tête, elle a une élégance naturelle, de la classe dans la simplicité ! Un ton de voix qui tout de suite en impose mais sans la moindre prétention. Marie-Pierre est originaire du Pas De Calais, « Je suis Ch’ti et j’en suis très fière ! ».

Elle est arrivée à Paris assez jeune pour faire ses études et ensuite enseigner la gestion à La Sorbonne. Ses parents qui adoraient Paris ont acheté un pied à terre 5 rue Tardieu à Montmartre. « Venant du Pas De Calais on arrivait directement dans le 18e. »

J’aime les animaux, mais comme je ne pouvais pas prendre un chien ou un chat, j'ai pris un cheval !

C’est à l’âge de 9 ans, qu’elle découvre Montmartre pour passer toutes les vacances. Avec ses parents, Marie-Pierre allait souvent au marché Saint Pierre. elle se souvient : « Mon nez arrivait juste au raz des comptoirs des tissus Reine, pour moi petite fille c’était formidable ! » En famille, ils se promenaient dans les grands magasins, les musées, au théâtre et voyaient de nombreuses opérettes, la grande époque de Francis Lopez au Châtelet. Après ses études parisiennes, Marie-Pierre habite rue Tardieu jusqu’en 1978. Un quartier très vivant.

A cette époque, à Montmartre il y avait du danger avec quelques gangsters, rue Joseph de Maistre et au bistrot le Sorlut rue des Martyrs qui était un repaire à la fois de policiers et de demi-monde. Des scènes d’allées et venues très pittoresques qu’elle observait du restaurant avec sa Maman. « Depuis 1957 j’ai vu évoluer tout le quartier des Abbesses. À l’époque rue Tardieu, il y avait encore un boucher, un boulanger, un vrai charcutier, un marchand de vin. De nombreux petits commerçants qui emplissaient de vie cette rue, extrêmement joyeuse. Ce qui lui plaît beaucoup à Montmartre, c’est le côté transgressif. Elle a pu observer que Les montmartrois ne sont pas liés à leur classe sociale, ni à l’argent détenu. Chacun peut vivre comme il le veut. Il y a une ouverture d’esprit et une certaine culture. Toutes les opinions se côtoient. « Voilà un melting pot qui me plait ! » En vivant entre Montmartre et Deauville, Marie-Pierre explique qu’elle a la particularité d’habiter en zone touristique internationale. « Ça me va très bien ! J’en suis très contente. » Les changements à Montmartre : « Le restaurant chez Mimiche, chez Barbe ont disparu au profit de sandwicheries ou restaurants à touristes. Heureusement, il y a le vieux Chalet avec Robert et Paule, sans


MONTMARTRE C'EST VOUS !

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oublier le chanteur guitariste Charly qui accompagne les dîners. Avant il y avait en face de chez moi la boulangerie la plus peinte et photographiée au monde. Disparue et remplacée par une boutique de souvenirs.» Ses endroits préférés : Tout ce qui est autour du théâtre de l’Atelier, la rue Tardieu… rue d’Orsel. Le haut de Montmartre, la rue Poulbot où elle a vécu 20 ans. Elle aime beaucoup les bistrots de la rue des Abbesses. Également le restaurant la Mascotte où elle est une habituée depuis de nombreuses années. Le haut de la rue Marcadet avec les brocanteurs… Marie-Pierre constate un rajeunissement dans Montmartre, mais ne le déplore pas au contraire. « Il faut être dans son époque. »

a quitté son atelier d’artiste rue Poulbot pour s’occuper pendant de nombreuses années de sa Maman. Cette dernière très âgée vivait à Trouville. Dès lors Marie-Pierre s’installe près d’elle à Deauville et prend un pied à terre à la Folie Sandrin. Sa maman est décédée il y a 4 ans et Marie-Pierre se retrouve alors désoeuvrée par cette perte. A Deauville, la ville du cheval, des amis vont l’aider à surmonter l’épreuve en lui présentant un jeune entraîneur absolument formidable Romain Ledren Doleuze et sa femme Marine. Il l’a convaincue de rentrer dans leur milieu. «  J’aime les animaux, mais comme je ne pouvais pas prendre un chien ou un chat, j'ai pris un cheval ! » Ditelle en riant. Je me suis lancée dans l’univers du cheval de course. J'ai trois chevaux qui courent sous mes couleurs rose et noir. C’est devenu presqu’une passion ! Et depuis le mois d’août, chacun a gagné. Elle a fait une très belle saison grâce à son entraîneur. Enfin Marie-Pierre est passionnée par la cuisine où elle met toute sa générosité pour recevoir ses invités. Lors de ces occasions, elle porte toujours des tabliers de chez Zélia. Elle peut tout cuisiner, des plats régionaux, des coquilles saint Jacques, des tartes aux figues… Montmartre c’est aussi ses amis : Jean-Pierre, Henri et Zygmund qui vient de nous quitter. Mais MariePierre a une très grande amie la comédienne et actrice Andrea Ferréol.

Vue du jardin de Marie-Pierre, au cœur de Montmartre

« Vivre à La Folie Sandrin, c'est magique ! Cela me fait l’effet d’être toujours en vacances et la sensation d’habiter dans un hôtel de luxe. La campagne en plein cœur de Paris. C’est quelque fois un peu étonnant vis-à-vis de l’extérieur, car parfois des gens que je ne connais pas me disent « c’est vous qui habitez la Folie Sandrin ? » Cette bulle privilégiée, un univers protégé à part. Les gens ici sont gentils et particulièrement bien élevés. » Quand Marie-Pierre a pris sa retraite, elle

Pour le futur, Marie-Pierre souhaite que Montmartre arrive à se rajeunir en restant à la fois élitiste et transgressif. La Folie Sandrin, ce lieu d’exception doit toujours rester dans sa fascinante beauté. Marie-Pierre est hors du commun ! Son intelligence vive et sa curiosité intellectuelle font que l’on voudrait tous une amie comme elle. Captivante, chacun

Marie-Pierre à Deauville

l’écoute avec un réel intérêt. En plus, elle connait toutes les bonnes adresses montmartroises ! Si sa porte et ses fenêtres sont sans rideaux, c’est pour garder cette ouverture sur les autres comme dans le Nord. Mais sous ce jour aimable, cela n’empêche pas un caractère très affirmé, elle ne se laisse pas faire ! C’est un esprit libre qui aime l’exceptionnel ! Sa devise : Vive valeque ! Vis et porte toi bien. De ces mots, il y a un écho car tous ceux qui la connaissent autour de moi, crient d’une seule voix « Marie-Pierre on t’aime ! ». Vous pouvez la croiser dans sa Smart rose rue des Abbesses, seule voiture rose que nous connaissons dans notre village. Enfin, quand Marie-Pierre m’a raccompagnée pour traverser le perron de la Folie Sandrin, j’ai perçu la résonance de sa sensibilité avec l’âme de ce lieu merveilleux. Marie-Pierre, Montmartre c’est vous !

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COUPS D'ŒIL

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LES GROTTES DES CANALETTES LE VERSAILLES SOUTERRAIN

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ituées non loin de la cité médiévale de Villefranche dans les Pyrénées-Orientales, classées au patrimoine mondial de l’Unesco, les célèbres grottes des Canalettes nous font pénétrer dans les entrailles de la terre. Par le plus grand des hasards, elles furent découvertes par M. Motte en 1951. Quelques années après, en 1957, l’hydrologue Henri Salvayvre prend connaissance de cette cavité souterraine. Il s’associe avec Edmond Delonca, foreur, en 1978. Une petite équipe se forme pour explorer les profondeurs de cette grotte et ils entreprennent des travaux impressionnants d’aménagement pour permettre l’accès au public. Avec une température de 14° (été comme hiver), les lieux sont vraiment fantastiques. Le plaisir est intense face à dame nature, même pour les claustrophobes. Alexandra Cerdan GROTTES DES CANALETTES Route de Vernet les Bains, 66500 Villefranche-de-Conflent Tél : 04 68 05 20 20

KEVIN CRAMBES

FACE AU CHAMPIONNAT DE FRANCE DE CROSS-COUNTRY

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e cross-country est une discipline très physique, d’endurance tout terrain, semée de difficultés extrêmes, qu’elles soient artificielles ou naturelles. L’histoire commence sous l’occupation, quand le journaliste Jean Leulliot crée une course cycliste disputée sur la butte Montmartre, appelée cyclo-cross de Montmartre. Les marches du Sacré-Cœur, les rues pavés et les escaliers en font un support sportif, un vrai parcours d’endurance : départ de la rue Caulaincourt, passage devant le Moulin de la galette, détours au pied du Sacré-Cœur, puis direction place du Tertre pour l’arrivée. Aujourd’hui, l’un des champions français de cette discipline, reconnue par la fédération française de motocyclisme, se nomme Kevin Crambes : tout jeune déjà, Kevin avait une passion certaine pour cet engin à 4 roues, le Quad. Il tient ça de son père, un vrai casse-cou. En 2012, lorsqu’il fait ses débuts prometteurs en compétition, Kevin n’a que 16 ans. Il décroche la

Daniel Leskovac, âgé de 9 ans, descendant les marches du Sacré-Cœur en juin 1957

3ème place du podium, puis il termine 2ème dans la catégorie « solo Yamaha » du Trophée National des Bajas*. Pour la saison 2014 et toujours dans la même catégorie, Kevin remporte le trophée Off Road. Après avoir rencontré un incident d’ordre mécanique lors de la compétition en

*Les Bajas sont des rallyes tout-terrain se déroulant sur deux ou trois jours maximum.

Kevin Crambes

2016, il accède à la 2ème place au championnat de France. Ce jeune Quadeur, âgé de 21 ans, se consacre à présent au championnat de France de cross-country. A quand une petite démonstration sur la Butte, Kevin ? A. C.


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FRÉDÉRIC LONGBOIS UN CHANTEUR QUI DÉCOIFFE

le Bateau-lavoir, Picasso… Montmartre est intemporel, un peu hors mode, un lieu où le temps n’existe pas. Avant de connaître la popularité en tant qu’artiste, que faisiez-vous comme métier ? J’ai tenu un salon de coiffure à Deauville, mais parallèlement j’ai toujours chanté dans les cabarets et les théâtres. Frédéric Longbois et Colette

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évélé par The Voice sur TF1, c’est ainsi que Frédéric Longbois s’est fait connaître par des millions de téléspectateurs. Avec des interprétations surprenantes et émouvantes, le talent de cet artiste est remarquable. Autant par sa voix, sa prestance et son humour mais aussi par son comportement scénique, sa gestuelle et son regard. Frédéric Longbois commence le piano dès l’âge de 11 ans et devient une pointure dans cette discipline. Parti de Trouville, il pose ses valises en 1986 à Paris, pour poursuivre son rêve d’artiste. D’une maman comédienne, Frédéric Longbois est endeuillé par son récent départ pour le firmament. Ce « Monsieur » de la chanson française s’est produit un peu partout dans le monde et même au restaurant montmartrois de Pascal Sevran, « Coin de rue » rue Lepic. Il fut le grand ami d’Anny Gould, qui donna l’un de ses derniers concerts au Trianon, à Montmartre, en 2010. Compositeur, Frédéric Longbois a obtenu le 1er Prix du conservatoire de chant et de piano à Paris. Il a composé la plupart des musiques pour Sylvie Joly. Comédien, Frédéric Longbois a été l’un des personnages fétiches de Jérôme Savary. Alexandra Cerdan

INTERVIEW Alexandra Cerdan : Lors de l’audition à l’aveugle pour votre sélection dans The Voice sur TF1, vous-avez choisi la chanson ” Bécassine “ de Chantal Goya, pourquoi ? Frédéric Longbois : Bécassine, en quelque sorte, s’est imposée à moi. J’ai lu et relu le texte et je trouve que c’est une chanson sur la différence. Lorsque j’ai revisité la chanson, je me suis surpris, donc j’ai voulu en faire de même pour le public et le jury. Et puis, j’aime bien aussi les challenges. Que vous a apporté The Voice ? C’est avant tout une merveilleuse aventure humaine et la visibilité par des millions de téléspectateurs. J’ai mon miroir dans vos regards. A vos débuts, où avez vous chanté à Montmartre ? J’ai chanté dans plein d’endroits à Montmartre, mais il y avait un restaurant que j’aimais beaucoup, c’était le Piano de la butte, en haut de la rue Lepic. C’était dans les années 90. Que représente pour vous Montmartre ? Montmartre représente pour moi un village, cela représente pour moi Paris, qui bourdonne autour de son silence. Ça représente aussi la chanson La Bohème,

Vous préparez un album, pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Il contient 12 chansons, avec des surprises comme la reprise Bad romance de Lady Gaga. J’ai enregistré cet album avec Roland Romanelli, qui est un merveilleux musicien accordéoniste*. Quels sont les artistes qui peuvent vous influencer ? A l’heure actuelle : Stromaé, Maitre Gims et Christophe Maé. Mais mon influence première c’est Barbara, j’adore l’écriture de Brassens et aussi la musicalité de Brel. Vous pratiquez souvent l’humour sur scène et pourtant vous n’êtes pas un chanteur fantaisiste, alors pourquoi ? Je peux l’être parfois. J’adore faire rire, je suis un peu protéiforme. J’aime rendre les gens heureux, j’aime surprendre. Et la vie de famille dans tout ça ? J’ai mes cousins(es) que j’adore, si loin géographiquement. C’est ça ma famille, je suis fils unique. Et puis, j’ai mes amis et mon public. *Cet album de 12 titres s’intitule «Je viens vers vous» (chez Universal)

Le 19 février et le 19 mars, Frédéric Longbois se produira à la NOUVELLE EVE 25 Rue Pierre Fontaine, 75009 Paris Tél : 01 48 74 69 25

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HISTORIQUE

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PETITE ANTHOLOGIE DES POÈTES ET CHANSONNIERS DE MONTMARTRE

Fursy (5)

Par Jean-Paul

BARDET

HENRI FURSY

Henri Fursy (Henri Dreyfus dit) est né à Paris le 26 février 1866.

En politique, le «Tiers Parti», fondé en 1864, en opposition au retour de Thiers aux affaires, présente en cette année 1866, des projets de réforme visant plus de libéralisme. Le droit de grève, non violente est rétabli, en même temps que de nouvelles dispositions ouvrent quelques perspectives au syndicalisme. Le compositeur, Offenbach, présente son opérette « La Vie Parisienne », symbole des divertissements parisiens et de l’insouciance qui gagnait la grande bourgeoisie sous le Second Empire !

Son père, chef de service au journal officiel, mit très tôt, malgré lui, son fils en contact avec de nombreux hommes politiques, des personnages qu’il ne manquera pas de brocarder plus tard. C’est au moment où il occupait le poste de secrétaire du directeur du journal La France, qu’il publia sa première œuvre littéraire : « La Locomotive du général », une allusion bien sûr au général Boulanger, élu député de la Seine. En 1893, le jeune journaliste qu’il est, fera au Carillon, 45 rue de la Tour d’Auvergne, ses débuts de chansonnier. Cette entrée est pour lui l’occasion de révéler au public ses premières chansons, sous le titre de “Chansons rosses”. Très applaudi, souvent réclamé, il sera très vite invité à

La Petite anthologie des poètes et chansonniers montmartrois, débutée avec le trentenaire de Paris-Montmartre poursuit son chemin, un nouveau chemin plein de promesses. Certes, si ces hommes sont plus ou moins connus, nous espérons que vous continuerez de les découvrir et de les apprécier avec plaisir. Qu’ils soient venus du club des Hydropathes du Quartier Latin, pour rejoindre les cabarets du bas de la butte, ou qu’ils se soient tout simplement formés, sur le tas, ici à Montmartre, nous continuons de vous les présenter selon l’ordre alphabétique, d’André Barde à Léon Xanrof. Chacune de leur biographie, précédée d’un rapide résumé d’évènements survenus au cours de leur année de naissance est illustrée d’une ou plusieurs de leurs œuvres.

venir se faire entendre et réentendre, si bien que, deux années plus tard, on lui confiera la direction artistique de l’établissement. Entre temps, Henri Dreyfus avait échangé son nom patronymique contre celui de son anagramme “de Fursy”, puis, par modestie, “Fursy”, son véritable nom étant de son propre avis trop marqué par “l’affaire” qui défrayait la chronique ! Appelé aux Tréteaux de Tabarin, il mènera le cabaret au succès. En 1899, plus ou moins chassé des Tréteaux, les anciens locaux, voisins, de l’ancienne Hostellerie du Chat Noir, rue Victor Massé, ex-rue Laval, se trouvant libres, il s’empressa de les louer afin d’y installer son futur établissement : La boîte à Fursy. Là, il rassemblera, auprès de lui, toute une pléiade de “maîtres chansonniers” : Théodore Botrel, Vincent Hyspa, Gabriel Montoya, Dominique Bonnaud composèrent la troupe. Fursy fit de son cabaret l’un des plus florissants de Montmartre. Quand les Tréteaux de Tabarin, qu’il venait de quitter, connurent des jours difficiles, il décida de le racheter et de s’y transporter. Son fidèle public l’y suivra. Durant une quarantaine d’années, à Paris, pas un gala ne se déroulait sans qu’il soit présent et à chaque visite d’un monarque étranger, sa présence était souvent réclamée. En 1920, Henri Fursy fonda l’Association Amicale des Chansonniers de Cabaret. Cet homme, très généreux, sera aussi à l’origine de « L’œuvre de secours », chargée d’assurer des obsèques et une sépulture convenable à ses camarades adhérents dans « Le Caveau des chansonniers », une concession à perpétuité acquise au cimetière parisien de Saint-Ouen (division 8 – ligne 9 nord – tombe 15). À l’époque, les chansonniers étant tous amateurs, voyaient


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HISTORIQUE

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L’obsession du Roi de Norvège (Extraits) Après ses trois jours à Paris, Trois journées, pendant lesquelles, Il ne put même pas changer d’habit, Sans harangue présidentielle, Le Roi Haakon, enchanté, De la population parisienne, Reprit en compagnie de la Reine, Le train qui l’avait apporté. Comme on refermait la portière, Il pencha la tête au dehors, Pour sourire une fois encore. Mais soudain, il eut un haut-le-corps : Devant lui se dressait Madame Fallières ! « - Ah ! dit-il, sacré nom d’un chien ! « je la revois, c’est encore elle : « Elle doit savoir le norvégien, « Elle ne m’a pas lâché d’une semelle ! « A l’arrivée, elle était là, « A table, elle était à ma droite, « Et dans ma loge, trop étroite, « Elle s’étalait au gala, « On m’aurait montré Lavallière, « Miss Crampton ou bien Otéro, « Même au besoin cette bonne Cléo ! « C’eut peut-être rigolo, « Mais je n’ai vu que Madame Fallières !

leurs tours de chant peu ou pas rémunérés par les propriétaires de cabarets. Henri Enthoven en occupa la première place, faisant déclarer quelques années plus tard à Lucien Boyer : « Jamais je n’accepterai d’être enterré avec ce plagiaire, il serait encore capable de me chiper mes vers ! » Le dévouement qu’il démontra à l’égard de ses camarades lui valut une Légion d’honneur bien méritée. Fursy, accompagné de sa troupe, organisait aussi de fréquentes tournées en province. C’est au cours de l’une d’elles, à Nice, que Fursy crut pouvoir s’opposer à un groupe de spectateurs mécontents, accompagnés d’hommes de main, qui l’agressèrent mortellement. Le coup de poing qui lui fut porté par l’un d’eux lui fut fatal : Fursy décéda des suites de cette agression le 14 avril 1929. Son corps repose à Paris au cimetière Montparnasse.

« C’est à ce point, que dans l’intimité, « Quand, le soir, ma porte était close, « Et que la Reine à mes côtés, « Mes idées, devenaient plus roses, « Ne voulant pas être dérangé, « (Y a des moments où tout vous trouble), « J’allais pousser le verrou double, « Pour qu’elle ne puisse pas entrer ! « Et quand j’éteignais la lumière, « Je dressais l’oreille au moindre bruit, « C’était même tout ce que dans la nuit, « Je pouvais dresser…j’étais cuit : « Je ne pensais qu’à Madame Fallières ! « Aussi je le dis franchement, « Malgré que j’adore la France, « Je n’y reviendrai officiellement, « Que sous une autre présidence ! « J’y reviendrai…si le successeur « De ce brave Monsieur Fallières « Est veuf ou bien célibataire, « Et s’il n’a ni fille, ni sœur ! « Car, durant ma vie entière, « Je ma souviendrai terriblement, « Qu’étant venu à Paris gaiement « Pour y voir quelques monuments, « J’ai surtout vu Madame Fallières ! »


Goudeau 18

HISTORIQUE

ÉMILE GOUDEAU

Émile Goudeau est né en 1850 à Périgueux.

L’année de sa naissance est une année terrible pour les parisiens. À Paris, une épidémie de choléra fait chaque jour près de 600 morts ! En sciences, le physicien Foucault réalise, ainsi que dans divers milieux, les premières mesures terrestres de la vitesse de la lumière. Une de ces mesures fut d’ailleurs effectuée depuis Montmartre, à l’aide d’un dispositif placé entre Montmartre et le belvédère de sa maison de Suresnes. Georges Sand publie « François le Champi ».

Le petit Émile fit ses premières études au petit séminaire de Bergerac, avant d’aller au lycée de Périgueux. Alors qu’il vient d’être nommé, tout juste âgé de dix-neuf ans, professeur de cinquième au lycée d’Évreux, il se retrouve, l’année suivante, au cours du conflit absurde de 1870, affecté comme sous-lieutenant auprès des mobiles de Dordogne, là où il est né, dispensé qu’il était de service militaire pour myopie. La guerre terminée, il retrouve un emploi de fonctionnaire au Ministère des Finances. Venu

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à Paris, il sera modestement logé dans un hôtel meublé, rue de l’Ancienne Comédie, au cœur du Quartier latin, un hôtel peu confortable, ainsi que lui permettait son maigre traitement de fonctionnaire. Voisin des nombreux cafés « littéraires » du quartier, il va progressivement se mettre à les fréquenter : le café Voltaire, place de l’Odéon, le Petit Truc, boulevard Saint-Germain, le Sherry-Cobbler boulevard Saint-Michel. Bien qu’âgé de vingt ans, le jeune Émile Goudeau n’en était pas à ses premiers essais de poésie : « Triolets de misère » et « Les fleurs de bitume », publiées en 1870, ayant été très bien accueillies. Ce succès lui valut l’honneur d’être nommé à la présidence du « Club des Hydropathes », près de Charles Cros, Alphonse Allais, Mac-Nab, François Coppée, Jules Jouy. La publication, par Le Figaro, de sa pièce : « La Revanche des Bêtes » renforça sa popularité, au moment où la maladie se saisit de lui, car la fonction d’Hydropathe n’est pas de celle que l’on pratique, sans qu’il vous en cuise, les séances du club étant souvent tapageuses ! Après un repos bien mérité, le voilà enfin prêt à rejoindre Montmartre. Les Hydropathes passent les ponts, franchissent la Seine, assurant la fusion entre le Quartier Latin et la Butte. Poète brillant, romancier de talent, il est accueilli par Rodolphe Salis au Chat Noir, qui en fera son directeur en chef de rédaction de son journal. Émile Goudeau est décédé à Paris le 17 septembre 1906. Nous ne l’illustrerons que d’un court sonnet. J.P. Bardet à suivre

Mièvre sonnet Me vient sourire en votre doux sourire, Me vient chagrin en vos minces chagrins, Me vient désir en vos désirs sans freins, Me vient lyrisme alors qu’êtes ma lyre. Me vient délire en vos nuits de délire, Me vient douceur en vos moments sereins, Me vient musique en vos chants souverains, Me vient fureur à l’heure de votre ire. Me vient poursuite, hélas ! si vous fuyez Me vient tristesse alors que vous riez, Me vient plaisir quand vous versez des larmes. Me viendra Jour si livrez vos appâts, Me viendra Nuit si durent mes alarmes, Me viendra Mort si ne te revois pas.


COUPS DE CŒUR

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Par Alain Haimovici

COUP DE CŒUR CINEMA

COUP DE CŒUR DVD

LES FAUVES

"THE PASSENGER" (Studio Canal) : depuis la trilogie "Taken",

C'est l'été, dans un camping en Dordogne, des jeunes gens disparaissent. Les rumeurs les plus folles circulent, on parle d'une panthère qui rôde...

Copyright photo : Studio Canal

Copyright photo : Kazak Productions/ Diaphana Distribution.

Liam Neeson est devenu le héros de nombreux films d'action. Cette fois-ci, il interprète un homme sans histoires victime d'une machination. Alors qu'il est dans un train, il reçoit l'appel d'un inconnu qui l'oblige à identifier un passager avant le dernier arrêt. S'il n'obéit pas, sa famille sera en danger...Le film bénéficie d'un scénario digne d'Hitchcock et de la réalisation musclée de Jaume Collet-Serra. Accrochez vos ceintures ! A. H.

"CRIMINAL SQUAD" (Metropolitan Video). Un casse incroyable à Los An-

geles et un face-à-face impitoyable entre un gang de braqueurs et un groupe de flics loin d'être irréprochable. Dominé par Gerard Butler, le casting est impeccable et la réalisation particulièrement efficace. Une suite est d'ores et déjà envisagée...

Un sentiment de danger permanent au cœur duquel s’épanouit Laura, 17 ans. La rencontre avec Paul, un écrivain aussi attirant qu'inquiétant, la bouleverse. Une relation ambigüe se noue. Jusqu’à ce qu’un prétendant de Laura disparaisse à son tour et qu’une étrange policière entre dans la danse…

"ESCAPE PLAN 2" (Metropolitan Video). Après avoir fait équipe avec Arnold Schwarzenegger dans le premier film, Sylvester Stallone partage cette fois-ci l'affiche avec Dave Bautista (Spectre, Le Gardiens de la Galaxie). La star de "Rocky", qui pour l'anecdote connait bien Paris et Montmartre, va tenter de s'évader d'une nouvelle prison de haute sécurité. Un film original, qui sort directement en DVD. A découvrir dans son fauteuil !

Le nouveau film de Vincent Mariette réunit un casting particulièrement original avec notamment Lily Rose Depp (fille de Vanessa Paradis et de Johnny Depp), Laurent Lafitte et Camille Cottin. Côté scénario, le long-métrage oscille avec talent entre le thriller et le drame. Une belle surprise, à découvrir en salles à partir du 23 janvier 2019.

"JURASSIC WORLD : FALLEN KINGDOM" (Universal) : ce nouveau film

réalisé par Juan Antonio Bayona ravira les cinéphiles. En effet, le scénario est cette fois-ci vraiment original (les animaux préhistoriques sont à nouveau menacés d'extinction) et les enjeux liés aux manipulations génétiques sont plus que jamais abordés. Une réussite et comme toujours du grand spectacle.

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LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE

PAR CHRISTINE HAYDAR

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LE JOURNAL D’UNE PETITE MÔME DE PIGALLE Tiré du roman « Simone », Editions J.C Lattès

Montmartre, été 1954 - 9 e épisode RÉSUMÉ DES ÉPISODES PRÉCÉDENTS Simone, 11 ans, vit dans une chambre de bonne avec ses parents et son frère aîné. Elle n’est pas heureuse et rêve de changer de famille.En attendant son nouvel ami, Kurt le lilliputien, dans sa roulotte de la Galerie des Monstres, elle tombe sur un manuscrit qui semble être ses Mémoires. Après un bref combat contre sa conscience , elle ouvre le classeur rouge et commence à lire...

— PREMIER CHAPITRE —

C

ette histoire commence en Toscane, à Florence pour être précis, quelques années avant la Grande Guerre. C’est à l’occasion d’un bal au palais Pitti que la grande-duchesse Francesca Maria Farnese, ma mère très chère et vénérée, fut présentée au prince Alessandro Volterra e Arezzo, le futur auteur de mes jours ...Au premier regard, ils s’éprirent follement l’un de l’autre. Moins de six mois plus tard, ils se marièrent au cours d’une messe solennelle dite par le

Montemerano en Toscane

pape Pie X en personne et s’installèrent à être eût-il mieux valu pour mes infortuMontemerano, dans le château familial. nés géniteurs que je mourusse. Dieu ne La toute nouvelle princesse rêvait de don- leur accorda pas cette grâce. Je survécus ner à l’époux qu’elle chérissait au moins donc, mais cessai de grandir... dix héritiers. Hélas, le destin en avait décidé autrement. Et l’instrument de ce Ca, c’est la meilleure, j’ai pensé, en destin funeste ne fut autre que le premier éjectant d’un mouvement impatient fruit qu’elle porta en son sein. Je vins au la mouche qui venait de se poser sur monde le 18 mai de l’an 1912. Ma nais- le bout de mon nez, interrompant ma sance donna lieu à des lecture. Kurt Piccofestivités inimaginables. lino, l’écuyer miniaJusqu’à mon deuture de la galerie xième anniversaire, je des monstres, un Mon père n’avait rien fus un enfant à la santé authentique prince négligé pour faire de florissante qui faisait la de sang ? Quelle joie et l’orgueil de ses foutaise. Il me fera moi un être accompli, parents. C’est ce jourjamais avaler un truc sinon par la taille, du là, alors que, hissé sur pareil. Quand même, moins par la culture. un haut tabouret, je j’avais bien envie de venais de souffler, sous lire la suite. Histoire les acclamations, les de voir jusqu’où il deux bougies qui brûpoussait le délire. laient gaiement au sommet d’un énorme Après m’être assurée qu’il y avait pergâteau à trois étages, que tout bascula. sonne à l’horizon, je suis allée me rasComme si j’avais fourni un effort trop seoir. violent, je m’effondrai sur la pièce montée, en proie à un accès de fièvre aussi inA l’immense désespoir de mon père, je tense que soudain, endommageant pour ne dépassai jamais la taille que j’avais jamais mon costume de velours bleu roi atteinte à ce moment de ma vie : 85 cenaux culottes bouffantes et ma chemise à timètres. Ma mère, que j’idolâtrais, somjabot en dentelle de Torcello. Le méde- bra dans une profonde dépression. Bien cin de famille diagnostiqua tout d’abord que la maladie qui m’avait frappé ne fût une grave infection de la glande thyroïde pas congénitale, elle se refusa à procréer qui ne tarda pas à dégénérer en « myxoe- de nouveau et ferma à son époux la dème ». Un mot barbare pour une mala- porte de sa chambre à coucher. D’objet die plus barbare encore. Les professeurs d’adoration, je devins peu à peu objet de les plus éminents se succédèrent à mon répulsion. On avait honte de moi. On me chevet. Malgré cela, je restai plusieurs cachait lorsque des visiteurs arrivaient à semaines entre la vie et la mort. Peut- Montemerano.


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Un jour, je venais d’avoir quatre ans, le majordome vint me chercher pour m’emmener dans une aile éloignée du château. Un appartement à mes mesures y avait été aménagé. Rien ne manquait. Une salle de gymnastique avec tous ses agrès – sans doute mon père espérait-il que le sport favoriserait mon improbable développement – une salle de musique, tous les jouets que l’on pût souhaiter. Non, rien n’y manquait. Excepté l’amour de ma mère. Rongée par le chagrin, la honte, et qui sait le remords, la princesse Francesca Maria Volterra e Arezzo avait fini par sombrer dans la folie. Mon père ne me le pardonna jamais. De simple lieu d’isolement, ma cage dorée devint prison. Pendant toutes ces années, jamais le prince ne me rendit visite. J’espérais toujours l’apercevoir lorsque je sortais pour ma leçon d’équitation mais mes espoirs furent toujours déçus. Ma vie s’écoulait tristement entre mes précepteurs et les domestiques affectés à mon service. Si je pleurai beaucoup durant cette période, j’appris aussi beaucoup. Leçons de français, de russe, d’allemand, de sciences, de harpe, de piano, de dessin. Mon père n’avait rien négligé pour faire de moi un être accompli, sinon par la taille, du moins par la culture. Sans doute un recoin de son inconscient torturé par le drame qui avait bouleversé sa vie espérait-il, par ce paradoxe, me voir sortir grandi de cette éducation irréprochable... J’ai continué ma lecture encore un bon moment avant de m’apercevoir que le soir tombait. Kurt se pointait toujours pas. Alors, j’ai refermé le classeur rouge, j’ai tiré la porte derrière moi et j’ai repris le chemin de la maison. En tout cas, on peut pas dire qu’il manque d’imagination, le Piccolino. A ce qu’il paraît, quand sa vieille a cassé sa pipe, il s’est barré avec un cirque ambulant. Il avait dix-sept ans et il avait jamais revu son paternel. Si

LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE c’est vrai, ses parents sont quand même de belles enflures. Ce serait arrivé chez des pauvres, je suis sûre qu’ils auraient pas fait tant d’histoires. Après tout, ça a ses avantages, un môme qui grandit pas. C’est vrai, ça fait de sacrées économies de fringues. Je parie que ma mère serait pas mécontente si j’arrêtais de grandir.

Au coin de la rue Victor Massé, je tombe sur mon frangin qui arrive du lycée. Il est en train de dévorer un petit pain au chocolat. - Alors, la grenouille, encore en virée ? - Ca te regarde ? Cette chère madame Rita était encore en séance, figure-toi. Tu m’en files un bout, j’ai pas goûté. - Des clous. T’as qu’à t’en acheter un toi-même. - J’ai pas de fric. Mon cartable est en haut. - Arrête, je vais pleurer. On dirait qu’il a repris du poil de la bête, ce salopard.... - Décidément, je soupire, je crois que je vais être obligée d’avoir une petite conversation avec notre maternelle. Ca va lui faire de la peine, de savoir ce que son fils bien-aimé friLa station de metro devient touristique cote dans les cabinets. - Tu peux aller te faire voir. J’en ai plein le dos, de tes menaces. - D’accord, Benito. Comme tu veux. N’empêche que ça va lui faire de la peine. - Je lui ferai jamais autant de peine que toi. - Comment ça ? - C’est pas moi qui ai failli la tuer en venant au monde, il m’a balancé dans les gencives. Pas de doutes, mon frangin est bel et bien le roi des enfoirés. C’est quand même pas de ma faute si je me suis présentée par le siège. - T’es vraiment un beau dégueulasse de me rappeler ça, je me suis indignée. Mais t’inquiète pas, tu feras plus l’insolent très longtemps. - T’es mal placée pour parler d’insolence, il a répliAvenue Frochot par Hugo Birger qué. Pour ça, t’es vraiment Le seul problème, c’est que je pour- la championne. T’étais pas née que tu rais toujours courir pour être danseuse l’étais déjà, insolente. étoile. L’un dans l’autre, il vaut quand - Qu’est-ce que tu me chantes, encore ? même mieux être normal. - Je te chante qu’une gamine qui décide J’espère que ma mère a fini avec ses dans le ventre de sa mère que la prefoutues clientes. Avec tout ça, j’ai pas mière chose qu’elle montrera au monde, pris mon goûter, moi. Il faudrait pas que c’est son derrière, ça veut dire bien des ça devienne une habitude. choses, tu crois pas ?

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LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE Quel gland ! Il a trouvé ça tout seul, cet abruti ? Cette fois, il a passé les bornes. Je vais tout dire à maman. Ma patience a des limites. On est descendus jusqu’à notre immeuble sans ajouter un mot. Benito a dû sentir qu’il avait un peu exagéré. En entrant dans le hall, il m’a tendu le reste de son pain au chocolat avec un sourire forcé. - Tiens, la grenouille, il sera pas dit que je laisse ma petite sœur mourir de faim. Je l’ai pris sans même dire merci. Mais il y pas à tortiller, c’est beau l’esprit de famille.

à l’avant et il est venu nous ouvrir les portes de la bagnole. Une Buick noire longue comme un corbillard. J’étais bien contente parce que, juste quand je suis montée, Eliane Béranger sortait de chez Mme Salomon. Elle m’a jeté un regard féroce et envieux à la fois. Après une manœuvre tout en douceur, la

*

Au cours de danse, je me suis fait une copine. Isabelle Karstein, elle s’appelle. Son père est propriétaire d’une banque. Je la trouve vraiment jolie comme fille. Elle est brune avec des cheveux jusqu’à la taille et des yeux bleu foncé. Aujourd’hui, pendant qu’on se rhabillait, elle m’a invitée à goûter chez elle. - Je peux pas, j’ai dit. Il faut que j’aille prendre une douche. J’ai pas cru bon d’ajouter « aux bainsdouches de la rue de Douai. » - Moi aussi mais ne t’inquiète pas. On la prendra ensemble à la maison, elle a répondu. En bas, le chauffeur l’attendait en promenant trois lèche-mottes à poil dur. Deux au bout d’une laisse rose, un au bout d’une laisse bleue. Pas croyables, ces clebs. Les femelles s’appellent Philomène et Pénélope, le mâle Parsifal. On croit rêver. - Comment ça se fait que leurs noms commencent tous par un P ? j’ai demandé. - C’est parce qu’ils ont un pedigree, elle m’a répondu. J’ai fait celle qui savait ce que c’est. Evidemment, s’ils ont un foutu pedigree, ça explique tout. J’en ai déjà vu sur un bouquin. Des chie ouah ouah, ça s’appelle. C’est marrant comme marque pour des chiens. Le chauffeur les a installés dans un panier posé à côté de lui

voiture s’est engagée dans la rue Pigalle. Entre Parsifal et moi, ça a été la haine immédiate et réciproque. Dressé dans son panier sur les pattes arrière, pattes avant appuyées sur le dossier, il me fixait en grondant d’un air hargneux. Il avait dû sentir qu’on était pas du même monde. Je l’ai fixé aussi. T’as raison, Parsifal, on bouffera jamais dans la même gamelle, toi et moi. - Couché, Parsifal, le chauffeur a ordonné. Le bon dieu de cador n’a pas obéi mais il a arrêté de grogner. En cinq minutes, on était arrivés. L’avenue Frochot, c’est juste à côté de la place Pigalle, et pourtant on se croirait à la campagne. C’est plein de maisons particulières avec des jardins. Je savais même pas que ça existait. Il faut dire que c’est bien protégé, avec une grille en fer forgé de chaque côté. La Buick s’est arrêtée devant la plus belle baraque. Ca ressemblait à un petit château. Sitôt dans le jardin, le chauffeur a lâché les clébards. Parsifal en a profité pour courir vers moi. Il a reniflé ma socquette blanche d’un air connaisseur, il s’est mis de côté, et il a levé la patte.

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Ma parole, il te prend pour un réverbère, ce con, j’ai dit. Tu vas quand même pas laisser un foutu chie ouah ouah te pisser dessus ? Il en a jamais été question, j’ai répondu. D’un coup de pied discret mais efficace je l’ai envoyé valdinguer à deux mètres. Personne n’a rien vu. Il s’est pas avoué vaincu pour autant. Il s’est relevé. On s’est regardés un moment droit dans les lotos. J’ai essayé de l’hypnotiser. Si tu recommences, je te mords. T’as compris, sale cabot, mon cerveau a émis à pleine puissance. Ca n’a pas marché. Il m’a foncé dessus et a chopé le bas de ma jupe dans sa sale petite gueule en grondant. - Parsifal, au pied, le chauffeur a crié. Parsifal, il en avait rien à foutre. J’ai tourné sur moi-même à toute vitesse pour l’éjecter, mais il avait de bons crocs, le sale corniaud. - Jean-François, faites quelque chose, Isabelle a crié. Le larbin a attrapé le le foutu roquet par la peau du cou et a tiré de toutes ses forces. Philomène et Pénélope perdaient pas une miette du spectacle. Ca avait l’air de leur plaire. On a entendu un bruit de tissu qui se déchire et Parsifal s’est retrouvé comme un con avec un grand morceau de ma jupe bleue entre les dents. Moi, j’étais bonne pour une engueulade. Il m’aurait mordue, c’était pas grave, mais toucher à mes nippes... J’aurais dû me méfier. Avec les bourgeois c’est comme ça. Il y a toujours des problèmes. Isabelle était drôlement enquiquinée. - Ne t’inquiète pas, La gouvernante va la recoudre pendant qu’on prend notre bain. Ca ne se verra même pas. A suivre...


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Des patates qui parlent, on en connait tous... mais reconnaissez que celles-ci ont bien plus d’esprit ! Rubrique signée par Grégoire Lacroix, de l’académie Alphonse Allais.

Toutes réflexions Fêtes

Pour un sapin, être reconnu comme « de Noël » n’est pas une promotion mais une condamnation.

Sur les cadeaux que l’on reçoit ceux que l’on offre ont un réel avantage, eux au moins on peut les choisir. Joseph n’a jamais pardonné à Marie d’avoir accouché juste le jour de Noël, sans lui laisser le temps de trouver une baby-sitter pour le réveillon de la saint-Sylvestre. L’étoile du berger c’est le GPS des rois mages. La neige c’est une pluie que le froid rend timide.

Le remonte-pente est au tire-fesse ce que le soutien-gorge est au string. Le slalom est une façon élégante d’enfoncer des portes ouvertes. Il y a risque de collision quand le skieur est plus givré que les sapins. L’an nouveau ne le restera pas longtemps. Le père Noël est peut-être une ordure mais l’assassaint Sylvestre court toujours. Les vœux de début d’année sont toujours les meilleurs mais on ne dit pas meilleurs que quoi… Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras. La nuit du Réveillon on est tous des Attachés d’Embrassade dans une ambiance tropicole... A quoi bon s’agiter, on est toujours plus jeune que l’année prochaine ! Ce que j’aime en hiver, c’est que chaque jour qui passe nous rapproche du printemps. Grégoire Lacroix

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LES 50 ANS DE LA RUE POULBOT

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ai 68. Période troublée s’il en est, où le bagnard. Il l’a écrite pour René Bolon, contestataires de tous bords mani- un authentique bagnard repenti, écrivain festent à qui mieux mieux, rendant à ses heures et habitué du Poulailler, rue Paris invivable. Norvins : Le mercredi 15 mai, à partir de 18h30, Émile Kerambrun, président de la Répu« La guerre avait tué son âme blique de Montmartre, les P’tits Poulbots Et dans sa vie marquée d’un blâme, et René Trotoux, fondateur de l’Historial, Il avait pour seule maison le musée de cire de la Butte, invitent leurs Les quatre murs d’une prison… » amis et la presse à partager à l’Historial de Montmartre la joie du lendemain : l’inauguration de la rue Poulbot. Majorettes en tête, l’impasse Traînée retentit du roulement des tambours des Poulbots. La révolution, Sire ? Non, la fête ! À Montmartre, ce n’est pas d’hier que tous les événements sont bons pour boire un coup et s’amuser. Et une nouvelle rue, une rue Poulbot qui plus est, ça ne peut que s’arroser. La plupart des invités sont venus à pied, certains en voisins, d’autres par nécessité, les taxis étant, eux aussi, en grève ce soir-là. Après quelques mots de bienvenue prononcés par Émile Kerambrun et René Trotoux, moins bon orateur que créateur, les tonneaux de rosé vont Jeudi 16 mai 1968, être mis en perce et le bufla plaque est dévoilée fet campagnard pris d’assaut. (photo P. Passot) J’aide au service. Je suis un des guides du musée, étudiant payé aux pourboires, selon le bon vouloir des visiteurs. La scène du Lapin agile où figurent le Père Mick Micheyl, devenue meneuse de revue Frédé, Roland Dorgelès, Francis Carco et au Casino de Paris, se voit remettre avec Pierre Mac Orlan en statues de cire, va rapi- émotion un dessin de Poulbot, elle qui dement prendre vie. Line Floret, accompa- immortalisa si bien Un gamin de Paris. gnée à la guitare par Maurice Albas se fait Lucienne et Michel Marchand, les costuentendre dans son répertoire. L’assistance miers de grand talent, sont venus en amis, reprend en cœur À la Bastille ; l’ambiance depuis leur atelier du 18 rue Gabrielle. En y est. Christian Pierre, venu de sa Bretagne fait, ils habitent plus près encore du munatale émeut avec sa chanson Mon ami sée, place du Calvaire. Certains vêtements

habillant les personnages de cire leur sont familiers : ils en sont les créateurs. Michel Marchand, s’accompagnant à la guitare, révèle des dons de chanteur qu’il aurait pu exploiter professionnellement si son frère, le comédien Jean-Pierre Marchand, ne lui avait plutôt donné le goût du théâtre. Luc Barney et Éliane Varon viennent d’arriver, presque en chaussons, avant d’aller retrouver la scène du Châtelet pour de nouveaux succès. Jean Lapierre dédicace sa dernière chanson, Impasse Traînée, à Lucien Valbert, le patron du TireBouchon. Il m’en donne le texte ! Une gravure de Louis Guillet sur le même sujet est offerte en tirage limité aux invités de marque, ravis. Oui, vraiment, une belle soirée que Poulbot n’aurait pas reniée. L’impasse Traînée était l’une des plus anciennes voies du village de Montmartre. Son nom ne manqua pas de faire sourire bien des touristes supputant à son évocation l’hommage rendu à une probable prostituée locale. En fait, bien des historiens s’interrogent pour en connaître l’origine exacte. L’impasse débouchait dès le XVIIIe siècle sur la rue Traînée devenue rue Norvins en 1868, il y a… cent-cinquante ans ! Selon le Guide historique des rues de Paris, rédigé par des historiens sérieux des Archives de France et des Archives Nationales, une traînée était alors, très prosaïquement, une suite de maisons. Banal, non ? Plus étonnante est l’explication qu’en donna le pourtant très érudit Jacques Hillairet dans son Évocation du vieux Paris. Selon lui, une traî-


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née était alors le nom donné à une sorte de piège à loup : on traînait de la viande jusqu’au piège pour y amener le loup qui

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de Paris, Joël Le Tac et Constant Teffri, quelques instants plus tard, évoquer la vie respectivement député et maire du XVIIIe, et l’œuvre : ces derniers ayant activement agi pour que « Né en 1879, il vint dès 1902 habiter sur soit accepté le projet de la Butte pour vivre près de ses modèles, les dénomination d’une rue enfants de Montmartre. Ce fut un extraorPoulbot. S’étaient joints dinaire dessinateur du Paris populaire. Ses à cet aéropage, madame très nombreux dessins d’enfants révèlent Binoche, maire-adjoint, une grande bonté. Le nom de Poulbot est monsieur Bonnet, juge devenu un nom commun de notre langue, de paix, et de nom- désignant cet enfant typiquement parisien, breuses autres personna- éveillé et frondeur… » lités du Conseil Munici- Kerambrun devait ensuite monter sur pal de l’arrondissement. l’estrade et, s’avouant peu doué pour les Les P’tits Poulbots, tous discours, déclamer un savoureux poème silencieux pour une fois, écrit pour la circonstance, Chanson pour attendirent avec une une traînée, dont j’ai eu la chance d’avoir impatience mêlée de cu- la primeur. riosité que se dévoilât la Après ces couplets touchants, précédés par plaque rendant hommage les tambours des Poulbots, les invités se à leur créateur. retrouvèrent à l’Historial autour d’un nouAuprès d’eux, le Chapitre veau buffet pour oublier leurs émotions et Majorettes et Chapitre artistique de Montmartre dans la nouvelle rue Poulbot (photo M. Berton) artistique de Montmartre, arroser dignement la nouvelle rue qui sorses grands maîtres Schaf- tira le musée… de l’impasse ! en flairait la trace. Curieux quand même, fner et Patrice d’Hervalganthe en tenue ne trouvez-vous pas, ce côté suicidaire des d’apparat et, ce jour-là, Patrice sans son Pierre Passot Montmartrois de l’époque qui, comme dans singe. Les Échansons de Paris, sous l’autola chanson de Serge Reggiani, auraient fait rité du grand chancelier André Bonnin, en entrer les loups dans la ville pour mieux toge bordée d’hermine, étaient les piéger ? également présents. Les majoIl faudra attendre le jeudi 16 mai 1968 rettes de Montmartre, en mipour que, sans que cesse toute polémique, cro-jupettes, accompagnaient la traînée s’efface devant le nom du grand la cérémonie de leur charmant sourire, se demandant bien pourquoi elles étaient là. Quant à la République de Montmartre dont Francisque Poulbot fut l’un des principaux créateurs L’impasse Traînée était en 1921, son gouvernement l’une des plus anciennes était bien entendu au grand voies du village de complet, Émile Kerambrun, son Montmartre. Son nom président, étant entouré de ses ministres et députés, ceints de ne manqua pas de faire Constant Teffri, Émile Kerambrun, Mme Hoyau-Morel et Mick Micheyl à l’Historial leur écharpe bleue et jaune à sourire bien des touristes (photo M. Berton) bande tricolore. supputant à son évocation Enfin allait prendre effet la l’hommage rendu à une décision du Conseil Municipal de Paris, à la suite des demandes réitérées du député probable prostituée locale. Joël Le Tac et de nombreux admirateurs à la fois de l’homme et de l’artiste : Poulbot allait avoir sa rue. Extrait de Poulbot qui n’avait pas encore trouvé de La parole fut donnée à madame Hoyau-MoMontmartre, le Guide rue à la hauteur de son talent. rel, exécutrice testamentaire de madame de l’Historial, souvenirs d’un musée L’inauguration officielle sera programmée Poulbot, représentant la famille du desside cire disparu. à 11h30 au coin de la rue Norvins et de nateur. Remerciant d’une voix tremblante l’impasse agonisante. Autour de la petite d’émotion le Conseil Municipal de Paris, (ouvrage à paraître) estrade prirent place Michel Caldaguès, elle se réjouit de voir la Capitale apporprésident du Conseil Municipal de Paris, ter un témoignage de reconnaissance au assisté de M. Planchet, syndic de la ville grand homme dont Michel Calgaguès allait,


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L’ART MODERNE A UNE PATRIE : « MONTMARTRE » PA

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i Montmartre est renommé futuristes, les dadaïstes, les surréapour sa vie festive débridée, listes…, tous trouvèrent sur la Butte sa forte identité spirituelle matière à création. Sans parler de et ses évènements politiques quelques individus qui, par leur vie majeurs, il faut cependant même, la nature de leur travail ou reconnaitre que c’est grâce leur créativité novatrice, méritent une à ses artistes que la Butte place à part comme Lautrec, Van Gogh, est entrée dans l’histoire universelle. Toutefois, pour nombre de touristes comme pour beaucoup de montmartrois, le spectre artistique de Montmartre se limite aux peintres liés à la vie nocturne, à quelques impressionnistes et à un nombre très limité de figures tutélaires…. Reconnaissons-le, sorti de Lautrec, Renoir, Utrillo, Picasso, voire Steinlen, grâce à son affiche du Chat Noir, point de salut ! Or, en matière artistique, Montmartre est le seul lieu au monde où ont émergé et se sont épanouis tous les courants de l’art moderne et Theodore Gericault - Le four à plâtre - 1822 ce, dans un espace géographique et temporel très restreint. Sur l’ancien Cézanne, Picasso ou Utrillo. Cette territoire de l’Abbaye Royale des Dames « magie » a été rendue possible grâce de Montmartre, situé sur tout ou partie à cet Ailleurs de Paris, ce village urbain des IXe, XVIIe et XVIIIe arrondissements à l’aspect campagnard et maquisard du Paris actuel, est né l’art moderne, propice à une bohème endémique, à c’est-à-dire au sens des historiens, la topographie parfaitement délimitée une période de l’histoire de l’art située facilitant les rencontres et à un prix entre 1875, avec la naissance de l’im- du foncier alors très faible. De plus, pressionnisme, et le début des années la Butte jouissait déjà au-delà de nos 1960. Même la Renaissance ne peut se frontières d’une notoriété affirmée par targuer d’un tel exploit ! son passé politico-religieux et par l’efLes impressionnistes, les division- fervescence intellectuelle, littéraire et nistes, les fauves, les cubistes, les festive de ses nombreux bals et caba-

rets, attirant ainsi les artistes étrangers. Dans la première moitié du XIXe siècle, des bals en plein air, véritables Tivolis, se sont installés le plus souvent à l’extérieur du mur des Fermiers Généraux et de ses barrières d’octroi. Hors les murs et « hors taxes » …, le vin y était moins cher qu’intra-muros. Pour les parisiens, franchir les barrières pour aller taquiner la demi-mondaine ou la grisette, boire, danser et parfois « ramponner », devint vite à la mode. De la barrière de Clichy à celle des Poissonniers se succèdent le Bal de la Reine Blanche, la Boule Noire, l’Elysée Montmartre, les Folies Robert, le Grand Turc, le Bal du Château Rouge…, pour ne citer que les plus fréquentés ! Quelques décennies plus tard, dans les années troublées qui suivirent la défaite de 1870 et la Commune de Paris, et dans le contexte des conséquences fratricides engendrées à la fin du siècle par l’Affaire Dreyfus, l’heure n’était plus aux bals, mais plutôt à l’engagement, à la rupture avec les traditions bourgeoises, à la dérision nihiliste, à la culture anarchiste et à la fête, pas toujours insouciante… ! La danse en plein air n’est plus de mise. On se retrouve plutôt dans des lieux clos, enfumés, où pour certains, l’absinthe et le haschich autorisent les paradis artificiels. Vont alors naître les cabarets dont l’imporAry Scheffer - Madame Charles de Rémusat - 1843


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MONTMARTRE tance sera capitale dans l’émergence de l’art moderne et dans l’avènement de ce que l’on va nommer la « Bohème » montmartroise. Les artistes sans le sou, les rapins, vont s’y regrouper, formant les futurs courants artistiques. Du Chat Noir au Lapin Agile, le seul à avoir survécu, en passant par Le Néant ou Les Quat’z’Arts et par certains cafés comme Le Guerbois, Le Rat Mort ou La Nouvelle Athènes, ces établissements vont devenir le symbole de Montmartre et tisser la toile sur laquelle l’art moderne s’écrira.

SUR LES CHEMINS DE LA MODERNITÉ

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surprendre, tant dans les scènes paysannes de sa Normandie natale, que dans les postures fougueuses des Écuries impériales de Versailles. En 1818, tout en restant domicilié rue des Martyrs, Géricault loue pour la réalisation de son immense toile, Le Radeau de La Méduse, un second atelier plus vaste dans le Faubourg du Roule, à proximité de l’hôpital Beaujon. Afin d’étudier la position des corps dérivants sur les flots en furie, il se fait livrer par le personnel soignant cadavres et morceaux humains, transformant son atelier en une véritable morgue ! Certains de ses amis poseront également, mais de manière plus « vivante », à l’image de Delacroix. Il y reste quasi cloîtré pendant les huit mois nécessaires à l’achèvement de son œuvre la plus célèbre, exposée au Salon de 1819. À Montmartre, il se lie d’amitié avec son voisin du

Avant même l’avènement de l’art moderne, il convient d’évoquer des courants picturaux qui vont préfigurer l’émergence de la modernité en art. Ainsi, des artistes majeurs de l’école dite romantique, vaste mouvement de la première moitié du XIXe siècle, installent leurs ateliers sur la Butte. Théodore Géricault (1791-1824) habite avec son père, de 1813 à son décès prématuré, au 23, rue des Martyrs et nous lègue une œuvre évoquant les carrières de gypse de Montmartre, Le four à plâtre (1822). L’année qui précède son arrivée à Montmartre, âgé d’à peine plus de vingt ans, il envoie son premier ta- Horace Vernet - L'atelier du peintre - 1820 bleau au Salon, l’Officier de chasseurs à cheval de la garde impé- 11 rue des Martyrs, le peintre Horace riale chargeant, exaltant la gloire de Vernet, dont le père, Carle, fut son l’Empire. Bien que d’idéal monarchiste, professeur dans son atelier de la rue il espère ainsi obtenir la reconnais- Saint-Lazare. À l’époque, comme c’était sance des autorités. Ses espoirs seront souvent le cas, le 11 et le 23, rue des doublement comblés par l’accueil plus Martyrs communiquent par des terrains qu’enthousiaste du chef de file du mou- vagues ou de vagues jardins…, situés vement néo-classique, Jacques-Louis à l’arrière des maisons donnant sur rue, David, et par l’obtention d’une mé- facilitant ainsi le « vivre ensemble », daille d’or. Grand spécialiste des sujets selon une expression actuelle ! Horace équestres, affirmant que « les chevaux Vernet nous laisse une toile très intésont les acteurs les plus intelligents et ressante de L’Atelier du peintre (1820) les plus merveilleux », il excelle à les du 11, rue des Martyrs. Les Vernet, père

et fils, reposent au cimetière de Montmartre. Le peintre hollandais Ary Scheffer (1795-1858) arrive pour sa part à Paris en 1811. A l’âge de seize ans, il entre à l’Ecole des beaux-arts dans l’atelier de Guérin qui dispense également son savoir aux jeunes Géricault et Delacroix avec lesquels se noueront des liens durables. Connaissant un succès rapide dans un style à la fois romantique et symboliste, Scheffer intègre les plus hautes sphères de la société en enseignant le dessin aux enfants du Duc d’Orléans. Le futur Louis-Philippe lui passe de nombreuses commandes officielles et, une fois sur le trône, l’intègre parmi les artistes en charge de réaliser des tableaux pour le musée d’Histoire de France, au Château de Versailles. Il se retirera judicieusement de la vie artistique à la chute du Roi en 1848. Entre-temps, devenu un artiste reconnu, il acquiert un hôtel particulier au 16 rue Chaptal, à quelques numéros d’un jeune marchand d’art, Adolphe Goupil, qui deviendra célèbre non seulement pour sa réussite professionnelle, mais aussi pour avoir embauché les frères Van Gogh comme courtiers… ! Transformant les bâtiments en ateliers, il y dispense des cours avec son frère Henry et sera, grâce à ses relations, d’une aide précieuse pour les futurs peintres de Barbizon. La demeure-atelier de la rue Chaptal, habitée plus tard par son gendre Ernest Renan, sera le rendezvous de toute la vague néo-classique et romantique, accueillant, Ingres, Vernet ou Delacroix, sans oublier, dans d’autres domaines artistiques, Liszt, Chopin, Georges Sand ou Lamartine. Elle abrite de nos jours le Musée de la Vie Romantique. (À suivre…)


PAROLES ET MUSIQUE

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NICOLAS PEYRAC « SUFFIT QUE TU OSES »

Il y a des artistes que l’on oublie et d’autres pas. Nicolas Peyrac fait partie des inoubliables. Né à Paris dans le 14e arrondissement, Nicolas Peyrac passe son enfance en Bretagne. Auteur-compositeur et interprète entre autres de So far away from L.A, Je pars, Mon père, Nicolas Peyrac est aussi un romancier avec déjà quelques ouvrages à son actif comme : « Qu’importe le boulevard où tu m’attends », « J’ai su dès le premier jour que je la tuerais », « Elsa ». Après avoir connu un énorme succès dans les années 70, il met les voiles pour Montréal où il restera 15 ans, pour vivre autre chose. Il voyage aussi à travers le monde avec son appareil photo pour immortaliser ses souvenirs. Des clichés de toute beauté. Après avoir été frappé par la maladie (une leucémie), Nicolas Peyrac nous revient avec un album (peut-être le meilleur) : « Suffit que tu oses », qui contient 13 chansons, aussi belles l’une que l’autre. Nicolas Peyrac n’a pas fini de nous réjouir avec des mélodies mémorisables, des textes bien écrits et des mots bien choisis dignes d’un grand poète. A présent, il se produit un peu partout en France avec des concerts acoustiques, seul en scène avec juste sa guitare… un vrai bonheur. Alexandra Cerdan

ENTRETIEN Alexandra Cerdan : Comment passe-t-on de la médecine à la musique ? Nicolas Peyrac : En étant plus que patient puisque j’avais l’écriture et la musique dans la tête depuis très longtemps et que j’ai eu l’opportunité d’aller jusqu’en 6e année de médecine avant que les choses bougent… A.C : Vous avez sorti votre dernier album remarquablement bien réalisé : « Suffit que tu oses ». Pourquoi craignez-vous que ce soit un album de trop ? N.P : Parce qu’aujourd’hui il faut bien être conscient que les dinosaures dont je fais partie n’intéressent plus beaucoup les maisons de disques et les médias et que vous risquez de faire un album pour rien… à part le fait de vous faire plaisir, et ce quel qu’ait pu être le temps consacré à l’écriture et l’enregistrement des chansons… En plus, au delà d’un certain âge, vous risquez de ne jamais passer à la radio, c’est un fait ; c’est comme ça et donc quand vous pensez à tous ces éléments, vous vous dites forcément que c’est peut-être l’album de trop et qu’il est grand temps de faire simplement des concerts et surtout pas de disques… Et puis j’aime tellement les concerts acoustiques que je fais

depuis quatre ans maintenant que pour moi c’est du bonheur concentré ! A.C : Nolwenn Leroy reprend dans son dernier album” So far away from L.A”. Quel est votre ressenti ? N.P : Ça fait d’autant plus plaisir que c’était absolument inattendu, je ne l’ai appris qu’une fois le projet terminé… J’aime beaucoup le résultat parce que Nolwenn a su garder l’atmosphère de la chanson et que c’est très simple et touchant… Quand elle avait repris Brest de Miossec, je m’étais dit que Miossec avait bien de la chance et cette fois-ci c’est une de mes chansons qui a été choisie, donc évidemment je suis aux anges… A.C : Vous avez vécu ici à Montmartre, quel souvenir en gardez-vous? N.P : Un très bon souvenir parce que c’est un endroit privilégié, comme figé dans le temps… Trop de touristes, c’est vrai, mais quand on marche dans Montmartre on a le sentiment qu’on va croiser des peintres ou des artistes comme Picasso et tant d’autres; même impression que ce que j’éprouvais quand j’ai découvert Los Angeles et que je marchais sur Hollywood Boulevard ou Laurel Canyon.

A.C : Vous avez été vendangeur d’un jour de la vigne de Montmartre, pouvez-vous nous en dire plus ? N.P : Pas vraiment, je me souviens de l’avoir fait en compagnie de madame Chirac et de Mireille Mathieu, mais si vous me demandez de préciser je ne peux absolument pas… A.C : Vous êtes aussi écrivain, y-a-t-il un livre en préparation ? N.P : On peut dire ça mais en fait je n’en sais rien, parce que depuis six mois au moins je n’ai pas écrit un mot ni mis une virgule au milieu d’une phrase… A.C : Quels sont les artistes qui peuvent vous influencer ? N.P : Aucune idée… Des émotions ressenties en écoutant ou en regardant et qui ponctuellement vont être associées à un artiste, mais citer quelqu’un c’est impossible… A.C : Quel regard portez-vous sur la société actuelle ? N.P : Comme disait mon père, en évoluant et en vivant dans le monde d’aujourd’hui, on ne peut qu’être un optimiste qui voit la vie en gris ou un pessimiste qui voit la vie en rose…

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UN HOMME, UNE ŒUVRE

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BENGT OLSON Bengt Olson est l’un des grands noms de la peinture contemporaine. Son art singulier, conducteur d’une énergie subtile où fusionnent la culture scandinave et l’expression française, fait de cet artiste discret un authentique passeur de rêves, maître des enchantements intérieurs. En 1989, le Musée d’Art de Göteborg organisait une très importante rétrospective de ses œuvres. En 2001, c’est à Paris, au musée Maillol, Fondation Dina Vierny, que s’est tenue une nouvelle rétrospective, composée de 78 huiles sur toile, saluée par la critique et le public.

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déplacement culturel transforme sa manière de peindre en profondeur, après un passage angoissé, quasi alchimique, par l’Œuvre au Noir, dont témoignent certaines toiles rayées d’éclats de lumière préfigurant les recherches de Soulages. Ses explorations d’un monde organique inconnu sont irriguées par l’inquiétante

é le 22 juin 1930 à Kristinehamn, une région suédoise composée de grandes forêts et de nombreux lacs, fils du peintre Allan Olson, Bengt a été l’élève d’Endre Nemes à l’École d’Art Valand (Göteborg) de 1948 à 1952. De Nemes, artiste d’origine hongroise chassé d’Europe centrale par le nazisme, Olson apprend « une domination de soi bien difficile à accepter pour le jeune homme que j’étais, c’est-à-dire un maximum de discipline dans une liberté dont il fallait comprendre ce qu’elle signifiait. » Puis Olson, aimanté par la France, choisit de venir travailler à Paris, alors capitale de la jeune création. En 1953, il s’inscrit dans l’atelier de Fernand Léger qui lui transmet sa vision de l’espace et une certaine fraîcheur de couleurs qui enchante le jeune artiste. Il cô- Huile sur toile (215 / 114 cm) 1966 toie alors la nouvelle génération de la branche abstraite de l’école de Paris étrangeté - Charles Estienne y reconnait – Poliakoff, Viera da Silva, de Staël... des « formes aux allusions obscures et troublantes parce que en relation avec ce que nous ressentons nous-mêmes ». L’INVITATION Elles se poursuivent en pures traverAU VOYAGE sées de miroir, où les réminiscences de En 1960, Olson choisit de se fixer défini- la libre nature nordique surgissent des tivement en France. Comme Van Gogh, le profondeurs, où la toile prend la trans-

parence de la lumière du Nord, celle des peintres. Mais c’est toujours l’invisible qu’il nous donne à voir. Bengt Olson est profondément épris de la France, et si l’imprégnation culturelle originelle détient peut-être la clef poétique de son art, il est bien un artiste français : Jean-Jacques Lévêque le rapproche de Bonnard, car éloigné de la peinture violente menée par le mouvement nordique Cobra, et il perçoit d’abord en lui le magicien subtil de la mémoire et des méandres qu’elle emprunte à travers l’imaginaire. Ses toiles sans titres aux formes onduleuses sont une invitation au voyage intérieur, à la liberté, elles sont imprégnées d’une nostalgie et d’une lumière qui viennent de ces régions du rêve qu’on ne peut nommer. L’éclaircie traversant la forêt de l’enfance.

LES ŒUVRES MONUMENTALES : LE RETOUR DE L’ARTISTE DANS LA VILLE

Olson a mis en œuvre le projet de Léger du retour de l’artiste dans la ville, de sa participation à la création architecturale, en réalisant de nombreuses œuvres monumentales, parmi lesquelles de grandes compositions murales, principalement situées en France : la façade du tunnel d’entrée de l’autoroute de Normandie à Saint-Cloud, la façade du Palais de justice de Créteil, le grand hall de la Préfecture du Val-de-Marne à Créteil ou la patinoire de la Défense. Parmi les techniques mises en œuvre, la « bétogravure », sorte de gravure sur le béton, qui nécessite de revêtir scaphandre, masque et gants pour attaquer la surface au moyen d’un jet de sable sous six kilos de pression.


UN HOMME, UNE ŒUVRE

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« Je trouve qu’il est plus amusant, dans un décor de béton, de faire aujourd’hui un décor à la Tiepolo qu’un décor Vasarely, qui s’insère trop dans le registre architectural moderne, alors que le décor à la Tiepolo casse visuellement le béton et transforme le mur. J’essaie de rendre le mur vivant, de lui donner un rôle actif » explique-t-il.

Lorsqu’on interroge Bengt sur son parcours artistique, il avance d’abord les noms de ceux qui n’ont cessé de soutenir son travail : son épouse Cricia, rencontrée en 1970, Sylvia Agid, qui lui a ouvert les premières portes artistiques à Paris, les galeristes Daniel Gervis, Lajos Flesser, Heidi Broström.

Pour le hall de la préfecture de Créteil – quatre murs totalisant 500 m² de surface et 300 m2 de poteaux – le résultat final est décrit par Michel Ragon comme « une sorte de gigantesque peinture en creux qui évoque un murmure de vent, ou un frémissement sur une eau calme ». Olson réalise l’une des plus vastes compositions murales en France pour la patinoire du centre de la Défense, et développe pour la piscine du complexe une peinture sur céramique de Gien qui s’harmonise avec les brillances de l’eau. L’art s’incruste au cœur du réel, il en révèle l’intériorité, met à jour le tissu de l’imaginaire qui s’y trame. Une œuvre qui ne remplit pas l’espace mais qui l’ouvre, une œuvre au-delà de l’œuvre.

Bengt Olson a été fait Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par l’ambassadeur de France David Cvach, à Stockholm, dans les salons de l’ambassade.

Huile sur toile (147/ 89 cm) 1992

Bengt Olson conçoit l’abstraction comme une captation du réel. Il explore les formes organiques, viscères et ligaments, toute la densité du matériau vivant et mortel, d’une beauté baudelairienne, atroce et fascinante, jusqu’à la déliquescence. Paradoxe ou évidence, l’organique retrouve l’évanescent. C’est ainsi qu’Olson, à l’opposé, capte la fluidité et le liquide, l’eau et la lumière, la circulation des sèves et des rêves qui

se cristallisent en efflorescences sur les murs de béton des villes nouvelles. La matière obscure et la lumière, les deux composantes irréconciliables et déchirantes, élaborent dans l’œuvre d’Olson d’étranges accords, qui se répondent, s’affrontent et résonnent, comme nulle part ailleurs. Jean-Manuel Gabert

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NOUVEAUTÉ

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« POUR VOIR LA VIE EN ROSE IL FAUT LA PEINDRE EN BLEU »

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ans son nouvel ouvrage, Alain Turban retrace avec émotion la vie de Michou et 40 ans d’ami-

tié. En 62 pages, ce petit bouquin réserve de grands moments de frissons. 62 pages de vie, de sincérité, d’humour, de poésie vous attendent, révélant un Michou unique, inégalable, inégalé  ; une personnalité hors du commun au physique de jeune premier, au destin exceptionnel qui marquera de façon incontournable l’histoire de Montmartre. Nous connaissions déjà les liens qui les unissent grâce à 5 chansons consacrées à Michou dont Alain est l’auteur, compositeur, interprète : Michou en 2007 ; 77 % d’amour en 2008 ; Au 80 rue des Martyrs en 2011 ; 85 % d’amour et 60 ans de cabaret en 2016 ;

Bleu de Montmartre, icône des nuits parisiennes, qui a accueilli des milliers de personnalités et d’amis dans son cabaret mythique. Un véritable hymne à l’amitié et à l’amour pour Montmartre qu’ils partagent tous deux avec passion. POUR VOIR LA VIE EN ROSE IL FAUT LA PEINDRE EN BLEU En vente à partir de février en librairie GRRR… Art Editions - 12€ www.grrrart-editions.fr

S’il faut le dire avec des fleurs en 2016. Dans ce témoignage-confession passionnant, Alain Turban nous livre son admiration indéfectible pour le Prince

Du même auteur aux Editions GRRR…Art : Un taxi dans les Etoiles (2014) ; Variétés Citron Pressé (2016) 16 albums : dont MES ANNEES VINYL’S (2018) - PONY MUSIC 50 titres Marie-France Coquard

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DE VOUS À NOUS

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PAUSE MONTMARTROISE J La solitude de la rue St Rustique m'apaise. J'ai une âme de bistrot, de rues, de gens à part qui ont une fois pour toutes écrit leurs noms dans la marge, dès l'école primaire. Et sur ce petit morceau de planète, je n'ai que l'embarras du choix. Souvent on ne se dit rien, un regard suffit, un lien invisible me chuchote et chuchote à la fille à la capeline violette : On se connait... Depuis quelques instants, c'est vrai. Mes amis peintres peinent à vendre leurs œuvres. Les touristes préfèrent les vues de Montmartre reproduites à la chaine, en usine, en Chine ou par là-bas... La Butte s'est resserrée autour de moi comme deux bras qui me tiennent et

me retiennent. La rue Caulaincourt est ma frontière. Plus loin, c'est l'étranger, c'est Paris où je ne vais jamais. Je cherche parfois à la deviner, cette ville engluée de brume, de vapeurs, de bruits, de pollution d'où émerge une Tour Eiffel anémiée et squelettique. L'asphyxie assourdit les sons, étouffe et endort la ville sous un édredon cotonneux. Sur la Butte, on respire, on vit, on se sent petit à côté de la métropole géante, mais on la domine, elle est à nos pieds, et l'on se découvre plus fort qu'elle. Et plus libre, de corps et d'esprit ! En ce qui me concerne, je m'y trouve surtout tellement plus heureux... Jean-Pierre Ziegler

© Robert Capa

e ne connais rien de mieux que ce bistrot de la place du Tertre où je tiens mes quartiers d'été, mes quartiers d'hiver, mes quartiers divers, au gré de mon humeur, de ma tristesse diffuse, de mon envie de voir du monde, ou de faire le tour du monde autour de mon demi de bière. J'y ai ma table, dans un coin à l'intérieur, près de la vitrine, ou tout au bout de la terrasse. De là, j'embrasse du regard les passantes, assiste au spectacle des peintres du carré, m'étourdit de la vie qui coule, et s'écoule, et s'écroule parfois quand cette foule me secoue et me soule, et me donne l'envie de partir. On dirait que la serveuse le sent. - Je t'en remets un ? - Merci... je repars - Je sais.

La place du tertre vue par Robert Capa

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PLEINS FEUX SUR...

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AMÉNAGEMENT DE LA PLACE DU TERTRE, UN GRAND DÉBAT

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epuis la présentation du projet d’aménagement par la mairie du 18ème, en novembre 2017– et le tollé suscité – la célèbre place du Tertre fait couler beaucoup d’encre et défiler les images dans les medias. Depuis des années, visiteurs, amoureux de la Butte et associations de protection du site, affligés par la

On gardait confiance, en écoutant les propos rassurants de la maire de Paris, Anne Hidalgo, prononcés lors de la cérémonie du 1er mai, devant une assemblée de représentants de la République de Montmartre : « Rien ne se fera sans les habitants, sans ceux qui vivent la Butte au quotidien. Rien ne se fera sans vous. Il n’y aura pas un projet technocratique dessiné par je ne

en réalité une décision ne prenant pas en compte les impératifs réclamés par tous, au nom de l’intérêt général. La rénovation de la voirie a commencé en janvier, et si l’on s’accorde sur la pose de bornes rétractables pour préserver le secteur de la circulation à certaines heures, on s’interroge sur l’important agrandissement du plateau côté Norvins... Mais le véritable problème, c’est encore et toujours celui des énormes superstructures des contre-terrasses couvertes qui envahissent en saison touristique les trois-quarts du terre-plein, confisquant l’espace public et les droits légitimes de circulation. Le mince rétrécissement des contre-terrasses côté sud, présenté comme un cadeau aux artistes, ne change rien à la configuration : les sept contre-terrasses continueront de couvrir la majeure partie du plateau, jour et nuit, du 1er avril au 1er novembre, juxtaposées sans respect de l’espace de séparation réglementaire. Quant à leur amélioration esthétique… De son côté, déplorant cette situation, l’association 60 La place du Tertre en ce temps-là… Un temps pas si lointain… En ce temps-là, les piétons traversaient librement le terre-plein (voir le grand Millions de Piétons, présidée passage ouvert à droite, entre les peintres), les peintres disposaient d’un réel espace de travail, et les jolis parasols couvraient discrètement par Gérard Foucault – dont les tables de terrasses aux dimensions raisonnables – depuis remplacés par les immenses « Barnums » qui défigurent le site. l’objet est de défendre la place et les droits des piétons dénaturation de ce haut lieu, espé- sais quelle Direction de la Ville, très com- dans la cité (où ces droits ne cessent de raient un nouveau projet prenant enfin pétente, je veux leur dire que j’ai toute se voir bafouer) – a entamé une procéen compte le respect du site historique, confiance en eux. Mais des sujets aussi dure auprès du tribunal administratif avec le partage équitable de l’espace public emblématiques que la place du Tertre, tou- le soutien des montmartrois. entre les usagers, la sécurité et l’esthé- cher à la place du Tertre où la butte Mont- Une belle occasion de porter un regard tique. La proposition municipale, d’em- martre, cela se fait en concertation et en sur cette dynamique association, l’imblée controversée, a légèrement évolué recherche de consensus. (…) Il faut que ce portance de ses actions pour la sécurité depuis mais reste très loin de satisfaire soit notre projet commun. Cela se fera en publique, ses projets et son implication toutes ces exigences. L’association 60 commun. J’en prends l’engagement ici. » à Montmartre, site parisien remarquable. Millions de Piétons, dénonçant la vio- Malgré ces belles paroles, la demande de Pour ce faire, nous avons interrogé son lation du Règlement parisien des Éta- participation au débat émise par les asso- vice-président, Laurent Jeannin-Naltet. lages et Terrasses, vient d’entamer une ciations montmartroises est restée vaine. procédure devant le tribunal adminis- Aujourd’hui, nous voici face au résultat tratif. d’une prétendue concertation aboutie,


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RENCONTRE AVEC LAURENT JEANNIN-NALTET VICE-PRÉSIDENT DE 60 MILLIONS DE PIÉTONS (EX-LES DROITS DU PIÉTON)

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e constat de l’association est clair : la sécurité des piétons, sur la voie publique (chaussée et trottoir) ne cesse de se dégrader. Les trottoirs sont couramment empruntés par des usagers d’engins roulants (vélos, patins et planches à roulettes, gyropodes, trottinettes électriques, etc.) avec tous les dangers que l’on sait. De plus, l’espace s’y rétrécit pour les piétons : stationnements de deux roues, tolérés et sauvages, multiplication des terrasses de cafés et de restaurants s’emparant des trottoirs (Montmartre en sait quelque chose)… L’objectif est donc tout aussi clair : restituer aux piétons l’exclusivité de la portion de voie publique qui leur a été attribuée, en œuvrant seuls ou en coordination avec des collectifs, tel le « Collectif pour une France accessible » qui regroupe une trentaine d’associations.

les trottinettes électriques, sur les espaces réservés aux piétons.

P. M. : À Montmartre, l’association vient de déposer une requête auprès du tribunal administratif, concernant l’emprise des sept contre-terrasses installées sur le terre-plein de la place du Tertre, en saison touristique. L. J. : D’abord, il faut savoir que les autorisations de terrasses attribuées par la Mairie de Paris en violation de ses propres règlements se comptent par centaines sur l’ensemble de la capitale. Il nous a paru que

Comparons maintenant ce plan avec un plan de la Direction de la Voirie et des Déplacements montrant la place avec les arbres et le mobilier urbain (visuel 2). La comparaison des deux plans est très «parlante» : quand on sait que le Règlement parisien des Étalages et Terrasses interdit toute occupation privative autour des arbres et de leur entourage et prévoit une zone de 1,60 mètre entre deux contre-terrasses mitoyennes, on mesure l’ampleur des passe-droits dont bénéficient les sept restaurateurs de la place depuis des décen-

P. M. : Quand l’association a-t-elle été fondée ? L. J. : L’association nationale « 60 Millions de Piétons » a été créée en 1959, sous le nom « Les Droits du piéton ». C’est une association non subventionnée et déclarée œuvre d’intérêt général, composée de bénévoles issus du secteur juridique, de la fonction publique d’Etat et diverses autres professions. 1- Plan de la Direction de l’Urbanisme montrant les 2 - Plan de la Direction de la Voirie et des Déplacements Nous déplorons la faiblesse de la ré- autorisations de terrasses sur la place du Tertre montrant la place avec les arbres et le mobilier urbain. pression des infractions constatées sur les trottoirs et les passages piétons. Il faut contraindre les responsables la situation était poussée jusqu’à la « cari- nies… Et on comprend mieux leurs interpolitiques à prendre ce sujet à bras-le-corps cature », si j’ose dire, sur la très embléma- ventions auprès des autorités municipales en nous unissant. 60 Millions de Piétons tique et touristique place du Tertre, où les pour laisser perdurer cette situation. aide les usagers à formuler leurs réclama- contre-terrasses couvertes recouvrent la tions et fait pression auprès des autorités majeure partie du terre-plein… La requête introduite par 60 Millions de publiques. Nous avons obtenu des résultats Voici un plan de la Direction de l’Urbanisme Piétons a pour but de faire cesser cette mais Il y a tant à faire aujourd’hui ! montrant les autorisations de terrasses sur situation scandaleuse qui pénalise les piéla place du Tertre, qui vaut tous les dis- tons dans leurs droits de libre circulation, P. M. : Quelques objectifs à atteindre ? cours (visuel 1). On voit au premier coup et aussi les artistes, figures emblématiques L. J. : Disposer d’un recensement exhaustif d’œil que la zone en jaune représentant les du lieu, qui attirent les touristes sur le site des accidents dont sont victimes les pié- contre-terrasses constitue un bloc infran- – nombre d’entre eux étant contraints de tons sur chaussée comme sur trottoir. Ob- chissable occupant près de 80 % de la s’installer en pourtour, le chevalet à demi tenir une vraie définition du trottoir inté- surface totale du terre-plein. Encore cette posé sur la chaussée... grée à l'article R.110-2 du Code de la route. représentation laisserait-elle supposer un www.pietons.org La tolérance zéro des infractions commises léger espace de séparation entre certaines Tel : 07 82 24 55 66 par les deux roues motorisées, vélos, EDP terrasses, ce qui n’est pas le cas – elles (Engins de Déplacement Personnel) comme sont juxtaposées.

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CIMAISES

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LA YAM GALERIE A FÊTÉ SON PREMIER ANNIVERSAIRE

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epuis le 7 octobre 2017, la petite galerie Roussard créée en 1953 par André Roussard Senior est devenue la YAM Young Artists Montmartre. A vingt mètres de la maison mère, au 7 de la rue du Mont Cenis, cet espace superbe, anciennement «  la blanchisserie du village », est rapidement devenu une référence artistique innovante.

Jaeraymie

Rappelons que, depuis plus de 60 ans, la galerie Roussard, au 13 de la même rue, n’a jamais cessé d’enrichir ses collections pour devenir ce lieu incontournable pour les amateurs d’art montmartrois mais aussi pour tous les amoureux des arts dans le monde. Les personnalités les plus célèbres la fréquentent assidument. Le superbe ouvrage de Sophie Roussard, fruit de quatre années de recherches, en hommage à André Roussard, son beau-père, retrace toute son histoire – celle d’une belle saga familiale mais aussi partie intégrante de celle de Montmartre et des montmartrois. Grace à Maryse, Julien et Sophie Roussard, véritables ambassadeurs du street art à Montmartre, l’art contemporain s’est installé dans cette ancienne boutique familiale de notre village. Comme quoi tradition et modernité ne s’opposent pas mais se complètent pour magnifier la plus belle expression humaine; celle de l’Art. YAM a su placer à nouveau au cœur de Montmartre la nouvelle création artistique qui avait vu le jour, vous vous en souvenez ? à la fin du 19e siècle avec Degas, Renoir, Lautrec… puis Utrillo, Juan Gris, Picasso… pour sembler s’arrêter avec Gen Paul. Nonobstant, il y eut dans la seconde partie du 20e siècle

Miss Tic

Sophie et Julien Roussard

Schöffer et Combas, ce fleuron de la figuration narrative, qui installèrent un moment leur atelier sur la Butte. Dans un style résolument contemporain, les expositions de la YAM se succèdent à un rythme époustouflant, souvent deux par mois, pour présenter les œuvres tout aussi époustouflantes de jeunes artistes. Le souffle de la créativité, sou-

...il faut attirer ceux qui veulent exposer par souci artistique authentique, qui passe bien avant tout intérêt commercial

vent inattendu et bluffant, est bien au rendez- vous sur la Butte avec des artistes en plein devenir tels Bust The Drip, TOC TOC, Jaerayme, Codex Urbanus, Ardif & Matttieu et d’autres encore. Les vernissages y sont un vrai moment festif et convivial, sorte de « happening » qui se prolonge quelquefois fort tard avec des chants, de la musique, des danses, dans une rue du MontCenis fort animée… Le 18 octobre dernier, le vernissage du premier « solo show » de Bust The Drip, accompagné du DJ Selecta Thot avec Performance Live de danse, a enthousiasmé de très nombreux visiteurs séduits par ce jeune street artiste gestuel qui se positionne dans la mouvance de l’expressionnisme. Arrêtons nous un instant sur le parcours de Jaerayme. Sous l’impulsion de Julien Roussard, en quelques mois de l’année 2017, il est passé du street art


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exclusif à une première peinture acrylique sur bois. Dès décembre 2017, au début de l’ouverture de la YAM, il est la vedette d’une exposition très remarquée… bientôt suivie en juin 2018 par « once upon a time in America » dont le succès reste dans les mémoires.

RENDEZ-VOUS AU YAM LE 14 MARS PROCHAIN

L’aura de Montmartre ne s’est jamais altérée chez les artistes. Ce berceau de l’art moderne reste toujours un lieu d’inspiration unique pour les nouveaux jeunes artistes (25-35 ans) qui y vivent.

Bust the drip

Eric Sureau président du COFAS, Joelle Leclercq présidente des P’tits Poulbots, Alain Coquard président de la République de Montmartre, etc... Le tout sous les flashes et les projecteurs de la TV, pour l’émission de TFI « 7 à 8 » de janvier 2019.

YAM

GALERIE YOUNG ARTISTS MONTMARTRE 7, rue du Mont Cenis - Tel : 01 46 06 73 09 www.yam-galerie.com contact@yam-galerie.com instagram : @youngartistsmontmartre GALERIE ROUSSARD 13, rue du Mont Cenis - 01 46 06 30 46 www.roussard.com galerieroussard@gmail.com facebook.com/galerie.roussard LA BIOGRAPHIE ANDRÉ ROUSSARD 50 ans à Montmartre - 50 ans de peinture Par Sophie Roussard Editions André Roussard - 35 €

La galerie YAM, audacieuse et avant-gardiste, est incontestablement un plus qui attire un public nouveau, notamment avec les circuits touristiques de street art. Voici donc Montmartre au cœur d’un nouveau souffle artistique. Pour ce faire, nous confie Julien Roussard, « Il faut évoluer sans cesse, aller au-devant des artistes en utilisant ce bouche à oreille si précieux dans notre microcosme parisien, il faut attirer ceux qui veulent exposer par souci artistique authentique, qui passe bien avant tout intérêt commercial ».

En avant-première, sachez qu’une exposition collective se prépare pour le 14 mars 2019. Très attendue, elle mêlera des œuvres d’artistes de la nouvelle scène du street art avec celles de Jérôme Mesnager, figure emblématique du mouvement depuis les années 80, qui logeait au pied de la Butte. Il y revient aujourd’hui, ravi d’y retrouver les traces de ses trente ans. En seulement un an d’existence, la YAM a su s’imposer. La peinture et Montmartre, les deux passions d’André Roussard, plus que jamais nous tendent la main sous l’œil bienveillant de Maryse, son fils Julien et Sophie Roussard, qui vous attendent avec chaleur et passion. Marie-France Coquard

© Mesnager / YAM

A la YAM, la fin de l’année s’est achevée en fanfare avec un Friday Christmas qui a réuni une palette d’artistes tels JeanMarie Lerat et ses œuvres originales, Ardif, Eye By Y avec sa « performance live », Darksnootyn, Jaerayme, Codex Urbanus, Miss Tic et son affiche devenue si célèbre « Je ne fais que passer ». S’y sont retrouvés aussi beaucoup de Montmartrois dont

pour le vernissage d'une exposition collective autour de Jérôme Mesnager, figure emblématique du street art depuis les années 80, avec trois jeunes artistes, Le Bichon, Matttieu et Marion Harduin. Chacun des quatre artistes livrera des œuvres personnelles sur le thème du rêve et de l'imagination ainsi que des œuvres collaboratives faites sur différents supports, papier et toile mais aussi matériaux de récupération...

SOPHIE ET JULIEN ROUSSARD n'ont pas fini d'innover. Ils lancent en ce début d'année un nouveau site internet de vente d'art en ligne : frenchartcollection.com pour mettre en avant la peinture française. Ce site réunit des œuvres de jeunes artistes, celles des peintres exposés dans la galerie Roussard – Gen Paul, Stupar, Renoux, etc. des paysages français de facture post-impressionniste, de jolies vues de Paris à l'huile ou à l'aquarelle et de nombreux artistes montmartrois...

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ANNIVERSAIRE

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LE BICENTENAIRE DE M. OFFENBACH

DU FRENCH-CANCAN AUX… « POUX DE LA REINE » ! PA

2019, Une année riche en célébrations : Le Moulin Rouge, Berlioz, Offenbach et son époque, marquée par la montée en puissance de l’aristocratie financière, de la suprématie de la haute finance, marquée aussi par la naissance d’une économie internationale, l’invention du Boulevard, de la Bohème artistique et mondaine visible dans les salons, les théâtres, les cafés, la foule emportée par l’effervescence des expositions universelles et la Marseillaise chantée par Louis-Philippe, se donnant des airs de la meilleure des Républiques… La voilà la société du second Empire, celle qui va accoucher, avec Offenbach, de toute une série d’opérettes, à l’image de la société bourgeoise de cette époque. Cette « Café Society » cosmopolite avant l’heure, pouvait se contempler dans un miroir tendu à cet effet en plein Boulevard, l’Opéra Garnier, symbole et legs de l’Empire à la France. Il y a deux siècles, naissait à Cologne Jacques Offenbach (1819-1880 ) l’inventeur de l’opérette et le créateur d’un style musical qui échappe à toutes les conventions. Son immense corpus, ses chefs-d’oeuvre : La Vie parisienne, Les Contes D’ Hoffmann, Orphée aux enfers, La Périchole, Madame Favart, La Belle Hélène, ne sont que la partie visible de son immense répertoire – cent dix œuvres scéniques, parmi les six cent cinquante, allant du concerto au ballet, de la musique religieuse à la valse de salon. L’année 2019

BA R J ACQUES HA

S

est celle du bicentenaire du « petit Mozart des champs-Elysées », ainsi que le surnommait Rossini. Superbement méprisé par les milieux officiels de son temps en raison de son génie, il fut, selon le mot de Karl Krauss, « L’un des plus grands créateurs satiriques de tout les temps et de toutes les cultures ».

Pince-sans-rire, Offenbach arrive à Paris en 1833, nourri de ce qu’il a appris à la synagogue, à cheval sur les cultures allemande et juive de son enfance : il est parvenu à faire une synthèse brillante de l’humour juif, du romantisme allemand et de l’esprit français adopté pour la vie, à

Paris, la ville lumière, qui lui permettra de se réaliser pleinement et va faire de lui un musicien de renommée mondiale. Le Paris de Louis-Philippe et la monarchie de Juillet ont offert aux savants et artistes Juifs une égalité et une ascension sociale sans obstacle au sein des institutions réputées les plus prestigieuses d’Europe, comme le Conservatoire de musique. Ainsi un journal musical écrit en 1837 : « On ne saurait le nier, Paris est le centre intellectuel du monde ; Paris impose à l’Europe attardée ses révolutions et ses modes ; Paris est le Panthéon des vivants, le Temple où l’homme devient Dieu pour un siècle ou pour une heure, le foyer brûlant qui éclaire et qui consume toute renommée ». L’énorme succès mondial d’Offenbach, accueilli comme une super star, lui a pourtant valu le mépris des institutions françaises, toute réussite est mal vue, trop de jalousie, de dédain pour un musicien burlesque, qui ose parodier les modèles classiques, qui caricature de façon satirique l’Opéra à la Meyerbeer, l’impérialisme allemand et la société du second Empire avec son cortège de cynisme et d’hypocrisie. L’esprit fumiste d’Offenbach est sensible dans ses œuvres, pétillantes, entraînantes et comiques. La légèreté de l’ Offenbachiade, venue des chansons populaires, semblables aux contes de fées, nourrissait cet empire de la gaieté française, pleine de poésie et de fraîcheur. La fameuse « Valse des rayons » remaniée par Offenbach, réapparut pour deux pièces nouvelles. Cette valse des papillons et des elfes, fut reprise en 1908 au Moulin


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Bal Mabille 1867 ( J-L Charmet )

Rouge par Max Dearly et Mistinguett, sous forme de « Valse chaloupée », surnommée « The Apach’s Dance », et obtint un tel succès qu’elle fut copiée, sans cesse remaniée, et demandée dans le monde entier. Ainsi, va germer l’idée que le génial Offenbach est un musicien de music-hall, puisque l’Olympia va, en 1895, monter « L’Ile de Tulipatan » transformé en « opérabouffe ». En 1904, le Moulin Rouge affiche une « Offenbach-Revue », « pantomime musicale à grand spectacle, en deux parties » de Fernand Mérielle. La courtisane Liane de Pougy est de la partie sur scène où, pendant plus d’une heure, va défiler le répertoire d’Offenbach. Le reproche qui sera fait au Music-hall est d’associer le French-Cancan au dernier acte d’Orphée aux Enfers, et de dénommer « cancan » le « galop infernal ». La mauvaise réputation du cancan, jugé inconvenant, a été fatale au compositeur qui le mit lui-même en scène dans « Croquefer », en 1857, sans jamais le nommer ouvertement – ses galops et les quadrilles tirés de ses opéras arrangés par Olivier Métra étaient au service du cancan. Venu du lointain carnaval, du bal des barrières, de l’esprit de révolte des fêtes estudiantines, puis, tombé dans l’oubli après la Commune, le chahut-cancan, danse impro-

visée, fut repris à partir de 1837, par le « père Lahire » à la Chaumière. Ancien grenadier de la garde, ce fut sous sa houlette que naquirent la polka, une danse plus

Paris est le Panthéon des vivants, le Temple où l’homme devient Dieu pour un siècle ou pour une heure, le foyer brûlant qui éclaire et qui consume toute renommée. osée dite la « Robert Macaire » (du nom du bandit héros de L’auberge des adrets) et le cancan. Lahire inventa lui-même un quadrille, baptisé « le chahut », vite interdit à cause de sa « chorégraphie » scabreuse ! Le cancan fit scandale à Londres en 1868 à l’Alhambra : un ballet intitulé « Mabille in London » dans lequel dansait Finette, était associé à Offenbach. En 1865, était joué à Cologne ainsi qu’a Hambourg « Le Cancan devant la justice ». Sous la Monarchie

de Juillet, les bals publics les plus importants de Paris avaient leurs vedettes. Au bal Mabille, au bal Bullier, et sous le second Empire, triomphent la reine Pomaré, Céleste Mogador, Rigolboche, vedette du cancan au Casino Cadet et Finette, toutes expertes en mazurka, polka, et de cette contredanse échevelée, devenue le cancan. L’Elysée-Montmartre et le Moulin de la Galette avaient leur danseuses attitrées, des vedettes confirmées, dont certaines faisaient école. Avant de devenir la Reine du French-Cancan au Moulin Rouge, la Goulue était une petite vedette à l’ElyséeMontmartre. On ne soulignera jamais assez l’importance de son partenaire attitré, Valentin le Désossé, et du succès de l’affiche de Lautrec. L’esprit d’Offenbach est à notre époque à cent lieues du « galop infernal » d’origine, alors même que le French-Cancan du cabaret le plus célèbre du monde pourrait sans rougir se produire à l’Opéra Garnier (nombreuses sont les danseuses qui viennent de la danse classique). Honte à l’Opéra de Paris qui n’a rien programmé pour le bicentenaire de l’artiste, il y a toujours des envieux et des médiocres dans le paysage musical. Jacques Habas

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CHEZ MA COUSINE

Par Marie–France Coquard

90 ANS DE PLAISIR ENTRE PIGALLE ET LE PARADIS

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e 5 octobre, le cabaret a fêté cet anniversaire au cours d’une soirée grandiose à la hauteur des 90 ans du cabaret légendaire. Chez Ma Cousine : Un lieu exceptionnel tout contre la place du Tertre, au 12 de la rue Norvins au charme médiéval et à la vie nocturne trépidante. La bâtisse, du début du 19ème siècle, semble avoir constitué une partie de la propriété de la famille Guillaume. Elle devint un atelier de forgeron maréchal-ferrant puis une laiterie-fromagerie sous l’enseigne Maggi, ensuite de façon brève la boutique d’un antiquaire et également le logement du serrurier Bauché. La rue Norvins était très commerçante avec ses petites boutiques artisanales sans prétention. Tout lemonde se connaissait dans le quartier.

POURQUOI UN CABARET À L’ENSEIGNE DE CHEZ MA COUSINE ? Ne me le demandez pas car on l’ignore… « Chez » est une appellation fréquente. Tout près d’ici il y avait chez Patachou et bien sûr toujours le mythique chez Michou. Mais pourquoi Chez ma Cousine ? Avez-vous une idée sur qui était la cousine? Ce que nous savons, c’est que 1928 a vu la création du cabaret par madame Gestaing et son fils, fabricant de meubles bretons. Le cabaret se nomme alors le Petit Breton et adopte un décor breton que l’on retrouve encore en partie aujourd’hui. Bravo pour cette fidélité aux origines ! Notre époque qui se veut moderne « design » détruit trop souvent notre patrimoine en le privant de son âme. Différents propriétaires du cabaret vont se succéder depuis la période troublée de l’occupation jusqu’en 1960. Savez-vous que dans ces années-là

Roger Dangueuger accueillant Fanny Rabasse du Moulin Rouge (à droite)

Bourvil grimpait à vélo – mais oui ! déjà - pour demander à se produire dans ce petit cabaret déjà connu? C’est donc autour de 1960 que débarque sur la Butte et au cabaret un certain Jean Méjean. Expérimenté, il le reprend avec succès car il faut préciser qu’il était organisateur de spectacles et avait contribué à la réussite de grands artistes comme Brassens, Perret, Brel et Gainsbourg. C’est ensuite Monsieur Guérin un industriel polymorphe qui en devient le patron. Il place aux commandes Maurice Martelier. Ancien artiste, ce dernier donne alors au cabaret un cachet ancré dans la tradition française, voiturier, champagne, humour, spectacle, chansons. Des personnalités de tous horizons s’y côtoient pour des soirées arrosées qui se prolongent quelquefois bien tard !

En 1974, il laisse la place à une aristocrate, châtelaine du Château des Tours, madame de Montigaud, qui n’est autre que la mère du chanteur François Deguelt. L’artiste talentueux, au cœur sur la main, célèbre et très apprécié du public n’est pas très bon gestionnaire. Avec lui, le champagne coule à flots au cabaret…. Aussi dès 1976, prudente la châtelaine place t-elle un directeur André Lalanne. Ex gérant de la mère Catherine il embauche immédiatement devinez qui ? Tel Zorro, arrive alors Roger Dangueuger comme maitre d’hôtel. Mais les temps ont changé ; la mode pour les parisiens est de partir en weekend à Deauville ou dans leurs maisons de campagne. Beaucoup de cabarets montmartrois et parisiens ferment alors leurs portes. André Lalanne et Roger tiennent bon.


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On ouvre un restaurant au rez de chaussée et on embauche de jeunes artistes pour de nouveaux spectacles

ROGER DANGUEUGER LE PATRON CHARISMATIQUE En 1976, maitre d’hôtel au cabaret, il manage la petite équipe, assure le service et l’animation avec une bonne humeur communicative. Son oeil pétillant, son rire tonitruant, ses blagues mettent à l’aise les plus coincés. Il va

sine est devenu Le Cabaret montmartrois incontournable. Artistes et serveurs sont aussi talentueux qu’accueillants. Depuis 40 ans, Nelson Véga, son complice, animateur vedette, contribue au succès que le professionnalisme et l’enthousiasme de Roger ont su sublimer ! Si Roger est grand, sachez que Nelson fut son prophète dans un tandem inouï pour notre plus grand plaisir. Méfiez- vous tout de même, mesdames, car Roger est aussi un redoutable sé-

détente, rire et émotion garantis dans le jus un peu kitch mais authentique du décor bretonnant d’origine. Artistes, chanteurs, illusionnistes, magiciens, fantaisistes, imitateurs, ventriloques, humoristes se succèdent sur la petite scène de 4 m² pour la joie de 90 spectateurs. Dans le cabaret « sous les applaudissements de la foule en délire » selon la formule rituelle, on rit aux éclats, on chante, le public fait partie intégrante du spectacle. Que de talents sont passés chez ma Cousine ! Piaf y vient écouter Mouloudji, On y entend ou on y rencontre Jacques Brel, Pierre Doris, Pierre Perret, Catherine Sauvage, Léo Ferré, Jean Constantin, Ricet Barrier, Roger Pierre et Jean-Marc Thibaut, Darras, Serrault, Pierre Douglas, Jean-François Balmer, Alain Delon, Sim, Belmondo, Bernard Hinault et tant d’autres…. L’album photos de Ma Cousine est décidément très étoffé. Pour ses qualités professionnelles et humaines, son dynamisme et son investissement à Montmartre, en 2006, Roger devient Président du Syndicat d’Initiative de Montmartre au 21 place du Tertre. Rassembleur, il y reste jusqu’en 2015 quand il décide de lever le pied et baisser le coude en s’installant dans le midi. Il est également Grand Maitre du Baillot Bordelais depuis plus de vingt ans et j’en oublie tant son activité est débordante.

Xavier Dangueuger, le nouveau maître du lieu, bien entouré par Jean-Lou Bouvier, Marielle-F. Turpaud (Commune Libre) et Joëlle Leclercq (Les Petits Poulbots)

modeler le cabaret de façon unique. En outre, il ne se plaint jamais et sait positiver en toutes circonstances. Avec une personnalité aussi charismatique et hors du commun s’ouvre une ère nouvelle dans l’histoire mouvementée du cabaret. Bientôt notre Roger sera élevé au rang de monument de la Butte ! Haut en couleur et en générosité, bon vivant, plein d’humour, il suscite l’empathie générale avec sa joie de vivre contagieuse. Il détient comme personne le sens de la fête. Que de soirées mémorables telles Roger en cosaque, en abbé Patureau ou même en père Noël ….. Gérant de l’établissement le 8 octobre 1983, dès 1988, il achète le fonds. Il l’exploitera jusqu’en 2013 quand il laissera le cabaret à ses fils Xavier et Alexandre. Grace à Roger Chez ma Cou-

ducteur. Cela ne l’empêcha pas de se consacrer pleinement à son cabaret afin de lui donner un essor exceptionnel. Et ce rappelons le, en dépit de la disparition des cabarets montmartrois tels que La grange au Bouc, le Poulailler, Haut en couleur et en chez Plumeau, chez générosité, bon vivant, Attilio, Patachou, René la Branlette. plein d’humour, il suscite Chez ma Cousine l’empathie générale avec sa reste là « debout sur joie de vivre contagieuse ses deux pattes ». Très vite, cela se sait à Montmartre, à Paris, en France et dans le monde ! Comme personne, Roger attirera un public charmé par le spectacle de qualité accompagné d’une table et de vins eux aussi de grande qualité. Chaleur, ambiance conviviale et bon enfant, plaisir,

Ce soir d’anniversaire des 90 ans du cabaret des mets succulents, des flacons d’exception suivis par le feu d’artifice des 90 bougies, on applaudit plus que jamais les artistes attachés à la maison et à son public . Tout d’abord, son présentateur vedette Nelson Vega puis Jonas, Jean-Jacques Delaunay, Karine Davis, Arsène, Daniel Ravier, Karine Ersang, Homère, Aimery de Gonzague, Sacha Mercier, Michel Guidoni, Brigitte

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Moatti etc… Alain Turban notre chanteur montmartrois ravit la salle avec sa chanson : « Chez ma cousine Qu’est -ce qu’on est bien chez ma cousine Y a du bon vin Ya des copains, y a des copines » Comme c’est vrai ! Amis, Collègues, touristes, comités d’entreprise, anniversaires en famille on vient passer un moment inoubliable «Chez Ma Cousine» avec de bons plats, du bon vin et un spectacle qui a su faire rire un nombre incalculable de personnes ; lesquelles à leur tour l’ont fait découvrir à leurs proches. Comme le vin qui se bonifie avec l’âge, «Chez Ma Cousine» a su en faire autant en 90 ans de cabaret qui ont imprégné les murs d’une aura magique sur scène comme dans la salle. Roger Dangueuger puis aujourd‘hui ses fils Alexandre, Xavier avec toute l’équipe en sont l’illustration. Force est de reconnaitre qu’ils ont tété tout gamins l’ambiance unique du cabaret. Si le chef Gamal Ata excelle aux fourneaux sachez que Xavier est un remarquable cuisinier formé dans les établissements les plus réputés de la capitale avant de reprendre les rênes de la maison tandis qu’Alexandre est chaque jour sur le pont. Grace à cette belle équipe soyons assurés que Chez Ma Cousine restera cette légende qui sait graver l’esprit Montmartrois dans les cœurs puisque : « Chez ma Cousine On connait la combine Pour se faire du bien » Marie–France Coquard

CHEZ MA COUSINE 12 rue Norvins 75018 Paris Chaque soir à partir de 20 heures Tel 01 46 06 49 35 www.cabaretchezmacousine.com

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NELSON VEGA L’artiste animateur est la cheville ouvrière du cabaret depuis 1978. Perfectionniste, ponctualité sans failles, sourire amical, humour ravageur mais jamais méchant. Arrivé de sa Barcelone natale après un bac philo, guitare en bandoulière, Nelson débarque à Paris en 1968. Il possède déjà une solide expérience musicale acquise dans des cabarets barcelonais olé ! olé !

chansons et on ne sent pas le temps passer. Avant tout Nelson est un musicien que nous apprécions tous. Extraordinaire guitariste, il sait tout jouer sans barrières de style ou d’origine, Un talent cosmopolite et généreux : rock, variétés françaises, musique, anglo-saxonne et surtout latinoaméricaine si chaloupée, si sensuelle.

Après le Jockey à Montparnasse il monte sur la Butte pour ne plus jamais la quitter. On lui doit le jingle qu’il a créé dès son arrivée au cabaret, par hasard, en écoutant la radio :

Nelson confie son amour indéfectible pour Montmartre en termes fort émouvants « je quitterai Montmartre seulement le jour où il faudra passer par l’église Saint-Pierre ». Pour partager son attachement à ce village mythique et millénaire voici, en avantpremière, pour Paris Montmartre un couplet de sa prochaine création qui sortira tout bientôt sur les réseaux du net. Une superbe valse musette vous attend.

« C’est à Montmartre Cœur de Paris Entre Pigalle et le paradis » Et c’est parti pour un merveilleux moment depuis 40 ans ! Chaque soir souriant, chaleureux, Nelson l’animateur humoristique hors pair nous accueille sur « le podium géant de chez ma Cousine sous les applaudissements de la foule en délire ». Il règle la sono, les éclairages, présente les artistes , assure les enchainements sans failles, fait son numéro et vous chauffe une salle comme nul autre avec des blagues quelquefois coquines mais jamais vulgaires. Il enchaine guitare et

« A Montmartre, Place du Tertre, rendez-vous là-haut La Place du tertre a vu naitre Les Moulins de Montmartre Et l’église Saint-Pierre La Commune de Paris Et le Temps des cerises pour aimer Ou combattre, Ou combattre » Marie-France Coquard


A VOS AGENDAS !

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DEMANDEZ LE PROGRAMME ! Le centre culturel de la Société Le Vieux Montmartre, animé par Michèle Trante, vous propose chaque trimestre un cycle de conférences originales, mêlant souvent aux évocations historiques et artistiques, des animations musicales. Pour découvrir et se divertir… A bien noter sur vos agendas ! Attention : n’oubliez pas de réserver votre place * ! Pour info : l’adhésion à la Société Le Vieux Montmartre permet de bénéficier du demi-tarif pour les conférences, et autorise l’entrée gratuite toute l’année au Musée de Montmartre. HECTOR BERLIOZ - CONFÉRENCE DE MIREILLE PÉDAUGÉ Lundi 4 février à 18 h 30

Hector Berlioz et sa femme, la co­ médienne Harriet Smithson ont habité une maison à Montmartre pendant une partie de l’année 1834, puis de 1835 à 1836, au 10-12 de la rue Saint Denis (rebaptisée rue du MontCenis en 1868) où il com­posa une partie de ses oeuvres et accueillit nombre de compositeurs et hommes de lettres de son

temps. À l’occasion des 150 ans de sa disparition, Mireille Pédaugé évoquera la vie et l’oeuvre de ce “romantique malgré lui” ainsi que ses années montmartroises. La conférence s’achèvera par l’interprétation de mélodies des Nuits d’été par Mireille Pédaugé, accompagnée au piano par Pascal Heuillard. Salle Poulbot - Musée de Montmartre 12 rue Cortot, Paris 18e • Sur réservation • 6€ pour les adhérents • 12€ pour le public extérieur

harmonisées et chantées au piano par Francis Matter. Salle paroissiale de l’Église St-Pierre-de-Montmartre, 2 rue du Mont-Cenis, Paris 18e • Sur réservation • 6 € pour les adhérents • 12 € pour le public extérieur

LA SCÈNE 1900 À L’AFFICHE : FASCINANTS REGARDS D’ACTRICES Spectacle musical proposé par les Amis d’Alfredo Müller jeudi 21 février à 18h30

Nous traverserons cette ancienne fourmillière du Sentier, dédiée depuis le XIXe siècle au secteur de la mode et de la confection à travers ses boutiques, ses ateliers. Nous découvrirons également l’ancien épicentre de la presse populaire autour de “la République du Croissant” et de la personnalité incontournable de Jean Jaurès. Rendez–vous au métro Sentier • Sur réservation • 6€ pour les adhérents • 12€ pour le public extérieur + Fourniture d’un audio guide : 3€€

Le temps d’une soirée, les actrices mythiques de la scène 1900, Sarah Bernhardt, Cléo de Mérode, Marthe Mellot, Suzanne Desprès et la belle japonaise Sada Yacco qui a fait chavirer les coeurs, sont de retour. La presse d’époque se mêle aux poésies de Baudelaire, Verlaine et Rimbaud

A LA DÉCOUVERTE DU PITTORESQUE QUARTIER LE SENTIER Visite guidée de la conférencière Sandra Benoist-Chappot Jeudi 14 mars à 13 h 45 précises

L’AVÈNEMENT DU MÉTRO BELLE HISTOIRE Une lecture d’Elfriede Dubort, auteur et Brigitte Gouesse, chanteuse Jeudi 21 mars à 18 h 30

site, en suivant Maxence à travers Paris et son métro. Nous sommes entraînés dans un chassé-croisé entre le passé et le présent, entre rêve et réalité où s’harmonisent poésie et narration, jeu théâtral, chant et accordéon. De la Tour Montparnasse à la Butte Montmartre, entre le miroir du vécu et l’information sous forme féérique. Salle paroissiale de l’Église St-Pierre-de-Montmartre 2 rue du Mont-Cenis • Sur réservation • 6€ pour les adhérents • 12€ pour le public extérieur

*IMPORTANT : Pour vos réservations, téléphonez ou envoyez un mail : Tél. : 01 42 57 68 39 centreculturel@ levieuxmontmartre.com A noter : À partir de mars 2019 vous pourrez découvrir au Musée de Montmartre une exposi­ tion des œuvres de Georges Dorignac (1879–1925), peintre et dessinateur dont Auguste Rodin disait « Dorignac sculpte ses dessins ». Il résida à Montmartre lors de sa 1ère venue dans la capitale.

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HOMMAGES

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DOMINIQUE BLANCHAR A QUITTÉ LA SCÈNE

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e rideau est tombé, les feux de la rampe se sont éteints, sa voix s’est tue, Dominique Blanchar nous a quittés discrètement à 91 ans, le lundi 19 novembre dernier. Fille des comédiens Pierre Blanchar et Marthe Virot, Dominique Marie-Thérèse Blanchard voit le jour dans le 18e arrondissement, le 2 juin 1927. Elle deviendra une grande comédienne, ne conservant pour son pseudo que son premier prénom et en supprimant le “d” final de son patronyme. Dès l’âge de vingt ans, en 1947, Louis Jouvet la dirige dans L’Apollon de Marsac de Jean Giraudoux au Théâtre de l’Athénée, Dom Juan de Molière, Ondine, à nouveau de Jean Giraudoux, puis dans L’École des femmes au Théâtre des Célestins. Après de tels débuts, sa carrière va s’accélérer tant au théâtre qu’au cinéma et à la télévision. Sur les planches, elle sera notamment mise en scène par Jean-Louis Barrault dans On ne badine pas avec l’amour, Jean Le Poulain dans Robinson, Jean Mercure dans Julien Green, François Périer dans Le Mal d’amour... Albert Camus, Antoine Bourseiller, Marcelle Tassencourt, André Barsacq, Raymond Rouleau... la mettront également à l’honneur. Tout ceci sans oublier Qui rapportera ces paroles ? sous la direction d’acteurs de François Darbon, son mari, et deux pièces magnifiquement mises en scène par son amie Béatrice Agenin : Indépendance, jouée au Théâtre de la Renaissance en 1998, et Les Femmes savantes, au Théâtre 13, qui lui vaudra son deuxième Molière de meilleure comédienne dans un second rôle, son premier lui ayant été décerné trois ans plus tôt, en 1997, pour son interprétation dans Tout comme il faut de Luigi Pirandello, mise en scène par Jacques Lassalle à Hébertot. Ses talents seront remarqués par de grandes pointures du cinéma puisque l’on retrouvera Dominique à l’affiche de nombreuses productions à succès telles que Le Secret de Mayerling de Jean Delannoy, L’Avventura de Michelangelo Antonioni, ou Une Étrange Affaire de Pierre GranierDeferre.

La télévision ne sera pas en reste tant on a peine à lister toutes les dramatiques et séries dans lesquelles elle est apparue. En 1956, elle est une Eugénie Grandet remarquable sous la direction du réalisateur Maurice Cazenave. En 1988, Josée Dayan la choisit pour tourner dans Le Cheval-

lier de Pardaillan tandis que Jean-Michel Ribes lui confie un rôle de gardienne inénarrable dans la série Palace. Dominique Blanchar, que ses meilleurs amis appelaient affectueusement Minou, était une Montmartroise viscéralement attachée à son somment de la rue Lamarck où l’appartement qu’elle partageait avec François Darbon, son mari comédien et

metteur en scène, et son chat bénéficiait d’une vue imprenable sur le Sacré-Cœur. Elle n’aimait vraiment pas la campagne où, disait-elle, « On s’ennuie le jour et on a peur la nuit ». Il m’est arrivé de multiples fois d’avoir le plaisir de dîner avec elle et François au Clocher de Montmartre, en bas de chez elle, notre restaurant favori tenu par PierreMichel et Chantal Haas. Comme tous ses proches, j’ai pu apprécier l’humour pince-sans-rire de Minou, sa modestie malgré ses succès, sa gentillesse naturelle et son attention permanente aux autres. C’est au Relais, à une encablure du Clocher, que Béatrice Agenin lui remettra en 2000 son Molière qu’elle était allée chercher en son nom lors de la cérémonie de remise à laquelle son état de santé l’avait empêchée de participer. Et c’est au Clocher qu’elle recevra, très émue, le livre de souvenirs écrit par François, Le Jardin de Talence, pour lequel ses amis s’étaient cotisés pour en assurer l’édition, peu de temps après son décès, en 1998. C’est encore dans ce même Clocher, aujourd’hui hélas disparu, que Minou réunira autour d’elle de très nombreux spectateurs pour l’écouter dire avec sa merveilleuse diction des textes de Marcel Proust lors de lectures consacrées à cet auteur qu’elle appréciait énormément. Il est évident que son départ laisse un grand vide dans le cœur de toutes celles et ceux qui ont eu la chance de partager des moments inoubliables avec elle. C’est ce qui est ressorti des témoignages d’affection que lui ont été adressés par ses amis du spectacle et ses proches, Montmartrois ou non, lors de la célébration de ses obsèques le lundi 26 novembre dans la salle de la Coupole du Père Lachaise. Une cérémonie chaleureuse et digne, remarquablement organisée, oserais-je dire orchestrée, par sa fidèle amie qui l’a accompagnée jusqu’à son dernier souffle : la comédienne et metteur en scène, elle aussi de grand talent, Laurence Renn-Penel.

Pierre Passot


HOMMAGES

PM 13-111

LETTRE À MON AMI

D

FRANCIS LAI

ans le P-M du 1er trimestre 2017, en hommage à Pierrot - Pierre Barouh - j'écrivais : « Après cinquante ans d'une amitié discrète, aussi forte qu'au premier jour malgré les silences en pointillés de quelques mois ou années, mon ami Pierrot a terminé son passage prévu sur terre » On était en janvier et Pierrot était parti en chantant le 26 décembre. Cette même phrase, j'ai le chagrin de la redire aujourd’hui pour notre ami commun Francis Lai. Un 7 novembre comme les autres ou presque, je lui avais envoyé un courriel le matin même, « il n’y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous ». Mais je voudrais juste vous raconter trois petites histoires de cette grande histoire d'amitié : par un petit après-midi de printemps, nous nous promenons, Pierre Barouh et moi, le long du Bd de Clichy. « Viens, je t'emmène voir un ami, un frère, un musicien, un mec super. » C'était il y a 50 ans ++ Nous entrons d’abord dans une cour, puis dans la loge de la gardienne - et là Avant même de pouvoir parler, j'éclate de rire : tout du long des murs des caisses de bois, des à étagères, des à casiers, des super grandes, des moyennes, et peintes de toute les couleurs ! Pas un meuble. Une planche bleue posée sur deux caisses en guise de table basse : je me retrouve dans le garage de mon grand-père du Sud. Mon fou-rire est contagieux, et le garçon brun qui récupère son décor de bois chez les commerçants de la rue Lepic, puis les peint selon l’humeur du jour, berce en riant un accordéon, et Pierrot me dit : « Voilà Francis ! » Ce fou rire nous a rapprochés sur l'instant et pour la vie. C'était toujours il y a 50 ans ++, après la projection du film La Dérive, et cette scène où je fredonne à voix basse une vieille chanson : « tu l'as voulu, t'en plains pas, fallait pas y aller, ma Rosalie fallait pas y aller et puis voilà !... » Francis me dit aussitôt : « J'ai une nouvelle chanson, et c'est toi qui va la chanter. C'est trop bien ! » Je

jure que je ne mens pas : cette chanson, c'était « Chabadabada ». Et Francis, tout dépité parce que je lui affirme que je suis, à part ces petites chansons d'enfance, incapable de sortir le moindre son agréable ! J'ai rencontré plus tard Nicole Croisille dans un village-château dans les Pyrénées - Dalida, Alexandra Stewart, étaient là aussi - cet improbable Castelnou où nous avons servi de mannequins d'un jour à un peintre-couturier un peu fou ! ! ! Je ne lui en ai pas parlé...

toujours là, près de lui, et un jour où je lui montrais mes dernières chansons, il les regarda, et tout à coup en choisit une et se mit à lui inventer un air. « Les lunettes magiques » sont toujours dans mon grand carton bleu ! C'est Francis qui chante et je garde sa voix comme un trésor. « Il y a très très très longtemps, tu voyais le vert de mes yeux dans le vert des lacs romantiques… T'as paumé tes lunettes magiques / Au plus profond du temps qui passe / Moi, j’ai des envies frénétiques / de me tirer loin dans l'espace » Sur ses conseils, j'ai envoyé la cassette à une chanteuse à lunettes qui m'a retourné une lettre d’injures gratinées, me parlant de sa célébrité et me disant entre autres amabilités que j'étais « super culottée » de m’attaquer à ses lunettes… Francis a beaucoup ri…

Francis, tu es devenu, de disques d’or en disques de platine, l'un des compositeurs les plus en vue du cinéma français et du monde. Avec Cedric Naimi et Jacqueline Bouillon, maire de Saint-Ouen Pour tes amis tu resteras ce garçon, puis cet homme sensible et discret, presque sauvage, « acagnardé » - c'est un mot de chez nous, du Sud, qui veut dire « caché dans un coin » - avec sa famille et ses amis autour de lui, juste là-haut dans les nuages de Paris, ton accordéon éternel près de toi. J’allais terminer ces quelques lignes, quand mon ami Cedric Naimi m’envoie une photo prise en 2011, à l'occasion de Linda Bastide et Francis Lai pendant « La Fête à Bernard Dimey » la promotion du livre de Pierre Barouh, Les Rivières souterraines, j'en suis restée bouleversée. Tu C'était en septembre 1995, à La Caverne du étais descendu de ta personnelle tour Eiffel Barbu où l'on rendait hommage à Bernard pour bavarder avec ton ami Pierrot… Avec Dimey. Nous sommes heureux de participer cette photo tombée du ciel, la boucle est à la fête qui célèbre la pose de la plaque bouclée depuis le lointain Bd de Clichy des pour Bernard, sur le mur de sa maison, rue années 65 jusqu’à ce matin du 7 décembre Germain Pilon. Tout Montmartre était là ! 2018, où je t’avais envoyé un mail que tu Le soir au fond de La Caverne, Francis et n’as jamais lu ! moi, posons ensemble devant le portait de Mais Francis, tes musiques flotteront éterDimey peint par Yvette Cathiard. nellement dans l’air de tous les temps à venir…. Depuis, c’est en face de la Tour Eiffel que Linda Bastide je grimpais dans le triplex habité par Francis… Son accordéon électronique était

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...C’EST LUI, L’ARTISTE ! OUI, C'EST KARL LAGERFELD QUI A "LANCÉ" LA MODE DES GILETS JAUNES !

Soirée de Parution UNE SOIRÉE DE PARUTION GASTRONOMIQUE DANS LE NOUVEAU MAGASIN METRO DU 18ème

(Jean Jaurès)

DANIEL GUICHARD À L’OLYMPIA

et « supporters » du magazine, étaient conviés au cœur de Chapelle International, le quartier en pleine mutation du 18ème, pour découvrir les nouveaux magasins de Metro La Chapelle. Le directeur Eric Portelli et son équipe, tous efficaces et charmants, ont accueilli princièrement les amis de ParisMontmartre, au sous-sol de l’hôtel logistique de Chapelle International, les conduisant vers un magnifique buffet de haute gastronomie où la convivialité et les échanges montmartrois purent s’épanouir jusqu’à une heure tardive… BENOÎT FEYTIT

LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE METRO FRANCE CASH & CARRY

N°13.110 3e trimestre 2018

ISSN 11 53-0618

Ce fut une soirée des plus originales pour fêter la sortie du précédent numéro de Paris-Montmartre : les invités, amis

"Aller à l’idéal et compre ndre le réel" « MICHO PRINCE BLEU DEU MONTMARTRE »

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UN GRAND ARTISTE SUÉDOIS À LA BIENNAL DE LA RÉPUBLIQUE DE E MONTMARTRE

ILS NOUS ONT QUITTÉ

S VIOLETTE MEDRANO, AGNÈS RISPAL, JEAN CLAUDE BALOCHE, CHARLES AZNAVOUR PEZAREIX, ET FARIBA SOLATI.

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Bulletin d’abonnement à Paris-Montmartre "Aller à l’idéal et comprendre le réel"

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Abonnement : 25 e, (35 e hors CEE) et abonnement de soutien à partir de 50 e. Chèque à l’ordre de Paris-Montmartre. Bulletin à remplir en lettres majuscules et à retourner à Paris-Montmartre 13, place du Tertre, 75018 Paris Nom :

Prénom :

N°13.111 1er trimestre 2019 ISSN 11 53-0618

Adresse : Montmartre, ville libre, Butte sacrée, nombril et berceau du Monde, mamelle granitique où viennent s’abreuver les générations assoiffées d’idéal et d’humanité ! Qu’est-ce que Montmartre ? - Rien ! (Rodolphe Salis) Que doit-il être ? - Tout ! Fondateur du Chat Noir LA YAM GALERIE SON PREMIER ANNIVERSAIRE

L’ART MODERNE A UNE PATRIE « MONTMARTRE »

LA BRASSERIE DE LA GOUTTE D’OR

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E-mail : Tél :

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51

PM 13-111

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Création : www.thierryfougerol.fr - crédit photo : SvetlanaSF

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