Paris Montmartre septembre 2017

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« Aller à l’idéal et comprendre le réel » DEPUIS 1987

(Jean Jaurès)

INTERVIEW DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR :

GÉRARD COLLOMB À MONTMARTRE

ELAINE KIBARO

N°13.108 3e trimestre 2017 ISSN 11 53-0618

AUX FOLIES BERGÈRES POUR LA PAIX

XAVIER JAILLARD

NOUVEAU CHANCELIER DE L’ACADÉMIE ALPHONSE ALLAIS

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INTERVIEW :

P.Y. BOURNAZEL

NOUVEAU DÉPUTÉ DE MONTMARTRE ET PLUS ENCORE !

ADIEU

JANBRUN

LE CARICATURISTE BIENVEILLANT

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édito

45 milliards d’intérêts à effacer ! Chers amis, Je sais bien que je n’ai rien d’un économiste, ni d’un financier… Mais enfin, le « citoyen lambda » que je suis, comme vous peut-être, finit à la longue par s’interroger. L’envie de vous en faire part, et de mettre en relation certains faits avérés, me taraudait depuis un certain temps… Il parait que les intérêts de la dette de la France s’élèvent à 44,5 milliards d’euros, soit 10,7% du budget national ; et que le paiement des intérêts de la dette représente aujourd’hui le quatrième poste de dépenses de l’État. Il paraît aussi qu’il arrive à certains pays d’effacer les dettes – capital et intérêts – de certains autres pays, lorsque ces derniers sont en difficulté. Il paraît encore que lorsque les banques elles-mêmes se trouvent prises dans la tourmente, les états n’hésitent pas à les financer pour les sauver de la faillite. Mais, chose curieuse, ces mêmes banques n’hésitent pas à couper instantanément les vivres à tous ceux qui se trouvent en mauvaise passe – États, collectivités ou particuliers – en refusant les prêts ou en augmentant démesurément les taux d’intérêts et cautionnements, et en imposant des mesures économiques insupportables à un État dit « en faillite » et à son peuple.

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Certains états (tels que les États-Unis, la Suisse, la Norvège, etc.) possèdent leurs propres Banques centrales nationales, qui frappent la monnaie et financent ainsi directement l’action publique de l’État sans taux d’intérêts aucun et sans intermédiaire. Alors que, chose curieuse, l’Union Européenne a opté pour une Banque centrale commune, qui s’interdit quant à elle de financer directement les états, confiant cette tâche à des banques privées – qui modulent alors à leur guise les taux d’intérêt, usuriers parfois pour les plus faibles et light  » pour les autres ; en «  même temps, les états se sentent obligés de renflouer ces banques avec des fonds publics quand elles sont dans la mer… Ainsi, les organismes financiers privés prospèrent-ils au détriment des états et des peuples. Et, cerise sur le gâteau, connaissez-vous l’existence de cette directive européenne récente, passée complètement inaperçue du grand public, qui permet aux établissements bancaires en crise de s’approprier la totalité des dépôts des clients au-delà de 100 000 € ? Au vu de ces informations vérifiables, on est en droit de se poser quelques questions telles que : Puisqu’il est d’usage, dans certains cas, d’effacer la dette d’un État ; puisqu’il est aussi

visiblement facile de renflouer les établissements bancaires ; et puisqu’il existe des prêts à taux zéro, pourquoi ne pas effacer, pour la France, je n’ose pas dire toute la dette, capital et intérêts confondus, mais au moins les 45 milliards d’intérêts annuels que nous coûte cette… plaisanterie ? Et ce pour quelques années, le temps que la situation économique du pays se rétablisse, en garantissant tout de même le capital emprunté. Puisque les banques se servent de nos économies quand elles s’écroulent, pourquoi ne feraient-elles pas un tel geste pour sauver l’économie du pays tout entier (dont elles sont partie intégrante) ? Certains, comme l’Islande, ont carrément supprimé la totalité de la dette et ses intérêts, par simple referendum ! Les spécialistes diront sans doute que je m’égare complètement, que « c’est du n’importe quoi » !… mais que voulez-vous, chers amis, il y a quand même des choses qui me semblent extravagantes. Surtout lorsqu’on songe aux lourdes procédures immédiatement lancées pour un simple petit chèque sans provision, ou un petit découvert de quelques jours, sans oublier les fameux agios. Mais, bien sûr, je ne suis pas un spécialiste… Très bonne rentrée à tous les « citoyens lambda » ! Midani

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« Aller à l’idéal et comprendre le réel »

Paris-Montmartre 3e trimestre, juin 2017

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le 18 Juin 2017 : une date anniVersaire Pour Michou et Pierre-YVes BournaZeL doMinique Pace directrice générale de BiBlioneF Pierre-YVes BournaZeL le nouVeau déPuté et les ProPositions Pour MontMartre XaVier JaiLLard élu nouVeau cHancelier de l’acadéMie alPHonse allais L’artiste de MoraVis l’élÈVe de la Place du tertre charLes schneider « ViVre d’un Metier Qu’on cHoisit est un luXe »

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eLaine KiBaro cHante et oeuVre Pour la PaiX

GÉRARD COLLOMB À MONTMARTRE

ELAINE KIBARO AUX FOLIES BERGÈRES POUR LA PAIX

N°13.108 3e trimestre 2017 ISSN 11 53-0618

sommaire

DEPUIS 1987

(Jean Jaurès)

INTERVIEW DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR :

XAVIER JAILLARD

NOUVEAU CHANCELIER DE L’ACADÉMIE ALPHONSE ALLAIS

INTERVIEW :

P.Y. BOURNAZEL

NOUVEAU DÉPUTÉ DE MONTMARTRE ET PLUS ENCORE !

ADIEU

JANBRUN

LE CARICATURISTE BIENVEILLANT

REGISTRE DU COMMERCE Paris B 420 740 045 RÉDACTION ET PUBLICITÉ 13, place du tertre, 75018 Paris tél. 01 42 59 19 99 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Midani M’Barki midani1@free.fr

DIRECTEUR ADJOINT ET RÉDACTEUR EN CHEF Jean-Manuel gabert gabert.jeanmanuel@neuf.fr

RÉGIE PHOTO Jacques Habas, tél. 06 17 55 57 37 RÉDACTION Jean-Paul Bardet, linda Bastide, alexandra cerdan, catherine charrière, Michèle clary, Marie-France coquard, Michel-a. daguet, Jean-Manuel gabert, François garnier, Jacques Habas, alain Haimovici, christine Haydar, grégoire lacroix, sophia Mezières, Midani, Pierre Passot, Jean-Marc tarrit. PHOTOGRAPHIES J.P. Bardet, Jacques Habas, Frédéric loup, Midani, lisbeth Passot, Viola schiviz. ILLUSTRATION eric Boldron, Florence côme, Jérôme Feugueur (gégé), Janbrun, sthéphane Plouviez. DÉPÔT LÉGAL 3e trimestre – septembre 2017 RÉGIE PUBLICITAIRE Michèle dura 06 43 57 74 94 email : pmparismontmartre02@gmx.fr

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La Vie du Village

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84e édition de la Fête des Vendanges de Montmartre « Le 18e fête les Lumières » du 11 au 15 octobre

L

es vignes du Clos Montmartre, propriété de la Mairie de Paris, avec leurs 1.762 pieds de cépages (Gamay et Pinot noir, principalement) seront une nouvelle fois célébrées avec faste, autour du thème « Montmartre fête les Lumières », du 11 au 15 octobre. L’actrice Sarah Biasini, la fille de Romy Schneider, et le chanteur Hugues Aufray seront respectivement marraine et parrain de cette 84e édition. La Fête des Vendanges de Montmartre, 3e plus grand événement parisien en chiffres de fréquentation, a attiré l’an dernier plus de 500.000 visiteurs. L’édition 2017 sera placée sous le signe des Lumières. Anne-Marie Gazzini, directrice artistique, précise que ces Lumières doivent être comprises comme « à la fois celles de la ville, mais aussi les feux de la rampe et celles qui guident l’humanité comme la démocratie, la tolérance religieuse et la paix

universelle ». Une thématique importante donc, avec un programme en conséquence, riche et diversifié, culturel, artistique, gastronomique, étendu à un grand nombre de lieux du XVIIIe. Hôtels, bibliothèques, centres sociaux, théâtres, musées, galeries, écoles, sites inattendus ou méconnus, gymnases, jardins... accueilleront de multiples événements : « spectacles et bals, expositions, cinéma, conférences, ateliers écologiques de lampes réinventées, painting light, visites d’ateliers d’artistes, balades poétiques ou historiques, street art, graff, craie art, découverte de goûts et de saveurs, des vignes et du vin... » Sans oublier une reine des vendanges, une reine de la nuit, et, entre autres nouveautés, un grand Bal Dalida, le dimanche 15 octobre à 17 h, au square Louise Michel.

Une récolte exceptionnelle pour la « Cuvée des Lumières » (récolte 2016) Dimanche 5 novembre 2017

8e Biennale du livre de la République de Montmartre De 14h à 18h à la Bonne Franquette (2, rue des Saules) 50 écrivains dédicaceront leurs livres. Entrée libre. www.republique-demontmartre.com

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Depuis 2014, la vigne de Montmartre est labellisée par Oasis Nature, association d’Hubert Reeves pour la défense de la biodiversité. Elevée selon les normes bio, chaque cuvée permet de produire en moyenne un millier de bouteilles de 50 cl vendues au profit des œuvres sociales du XVIIIe. Mais l’an dernier, 1.923 kgs de raisins ont été récoltés, ce qui a permis la production remarquable de plus de 1 200 bouteilles de rosé et 1 200 bouteilles de rouge. Vous pourrez acheter ces bouteilles pendant la Fête sur les stands du COFAS et

de l’Office de tourisme de Montmartre, en participant ainsi généreusement aux œuvres sociales du Comité des Fêtes tout au long de l’année.

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La Vie du ViLLage

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le 18 Juin 2017 : une date anniVersaire Pour Michou et Pierre-YVes BournaZeL

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e soir du dimanche 18 juin 2017, ils avaient tous les deux quelque chose à fêter ! d’une part, l’icône de la nuit parisienne, Michou, fêtait ses 86 printemps, du côté de la rue des Martyrs, et c’est en quelque sorte Montmartre qui affirmait, à travers lui, son insolente jeunesse et son esprit festif et généreux. Pendant ce temps, en ce jour de second tour des élections législatives, la rumeur grandissait et finissait par se confirmer : Pierre-Yves Bournazel était élu député de la 18e circonscription de Paris, dominant

l’ex-ministre du Travail Myriam El Khomri. Une victoire s’inscrivant dans un contexte très particulier, certes, mais considérée par beaucoup comme une forme d’exploit. Chez Ginette, rue Caulaincourt, où les sympathisants et les medias avaient attendu l’arrivée du nouveau jeune député, on put entendre « PYB » déclarer qu’il tenait absolument, malgré l’heure tardive, à aller saluer et fêter le Prince Bleu de la

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Butte, pour lui dire « Bon anniversaire, Michou ! » Ce que Bournazel a fait d’un pas alerte, avant de revenir au cabaret à l’occasion du repas spécial anniversaire offert par Michou aux aînés de la Butte. Et nous vous proposons de lire cicontre en exclusivité le joli mot envoyé par Pierre-Yves Bournazel à celui qui, par son talent, fait rayonner Montmartre dans le monde – ce Montmartre dont le nouveau député devra défendre les valeurs et la qualité de vie, en ces temps difficiles. JMg

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La Vie du Village

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Exposition photos « 13 à la douzaine » à La Mascotte

écaillers ont une influence très importante sur la réputation des établissements gastronomiques.

Fête de la Gastronomie Cette année, la Fête de la Gastronomie s’est installée sur le Haut Montmartre les 22, 23 et 24 septembre. En partenariat avec le Ministère de l’Agriculture, le Ministère de l’Economie et la Mairie de Paris, l’Association des Commerçants du Haut Montmartre a organisé un grand rendez-vous gastronomique sur le thème des produits régionaux, avec les restaurants partenaires : Le Cadet de Gascogne (Auvergne), La Mère Catherine (menu Cosaque, origine du mot Bistro), La Crémaillère 1900 (Normandie), le Sabot Rouge (Pays Basque), Chez Ma Cousine (l’Alsace), La Bonne Franquette (Savoie) et Tartempion (Maghreb) qui proposaient, pour seulement 25€, un menu régional complet (entrée-plat-dessert). Un weekend réussi, festif et gastronomique, à renouveler vite !

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Tout a commencé en 1890, lorsqu’un restaurateur parisien débute la commercialisation des huîtres avec des livraisons à domicile, en bicyclette. Bientôt, il s’adjoint les services d’un conducteur de fiacre originaire de Savoie (Canton de la Chambre) pour livrer ses plateaux ; puis il l’embauche comme écailler… Ce savoyard fit connaître ce nouveau métier à ses compatriotes « sans travail » pendant les mois d’hiver (mois en ‘r’), un métier à la mesure de ces montagnards, capables de passer des journées entières dehors, les mains dans la glace, à ouvrir des huîtres pour les clients des brasseries parisiennes. Les Savoyards ont été jusqu’à un millier à travailler

à Paris et font incontestablement partie de ces provinciaux qui ont créé un métier à part entière… Chaque photo de l’exposition sera mise en vente au profit de l’association les P’tits Poulbots. 52, rue des Abbesses, 75018 Téléphone : 01 46 06 28 15 *Fondée en 1889, La Mascotte, fréquentée par Michou, est une institution à Montmartre. Cette brasserie chic et chaleureuse fait la part belle aux fruits de mer et aux huîtres en particulier. Thierry Campion, fils d’aveyronnais de Pons, près d’Entraygues, passionné de coquillages, a fait de son établissement une des meilleures références en la matière.

Quand la magie de Montmartre rencontre celle de Venise

Photo Dominique Sicot

La Mascotte* organise une exposition photos originale et inédite intitulée « 13 à la DOUZAINE », du 1 octobre 2017 au 7 janvier 2018. Véritable coup de projecteur sur le métier d’écailler, les clichés, réalisés dans toute la France, sont une ode à un savoir faire unique mal connu du grand public. Le métier d’écailler requiert de nombreuses compétences, dont une connaissance approfondie des fruits de mer et particulièrement des huîtres (terroirs, saisonnalité, techniques d’élevage), une excellente maîtrise des gestes techniques, une rapidité d’exécution. Directement en contact avec les consommateurs, les

Corrado Scarcsia, ambassadeur à Venise, a accueilli une délégation de 35 personnes de la République de Montmartre et ses invités les P’tits Poulbots. On s’est retrouvés le soir du 21 août 2017 gare de Lyon. Voyage en train de nuit avec un émerveillement à l’arrivée en gare de Santa Lucia : la traversée de la lagune vers une Venise mystérieuse. Venise qui a souvent la réputation d’être envahie de touristes, bruyante et polluée, a ouvert ses bras pour montrer la fascination de ses faces cachées, de son charme au-delà du réel : réception très privée dans la vigne de Zitelle, dans celle de l’île de San Michele avec la découverte des caves de l’ancien

monastère médiéval, dégustation des vins vénitiens à l’arôme subtilement porteur du sel de la lagune et du vin non moins mythique du Clos Montmartre. Les visites se sont succédées avec la découverte des secrets de l’Arsenal militaire et des bateaux du Musée Naval, la visite aux souffleurs de verres à Murano, le clocher de San Marco et la magie des rues où l’on aime se perdre… La République de Montmartre en grande tenue et 17 Poulbots en costume avec leurs tambours ont fait crépiter des centaines de flashs place Saint Marc ! Une réception exceptionnelle toute de gastronomie vénitienne a été offerte par le magicien Corrado dans

les magnifiques jardins de son Ambassade, en plein cœur de la Cité des Doges. Ici, dans cet environnement de rêve, on oublie les paquebots de croisières qui polluent et détruisent la lagune, sans parler des milliers de touristes qui consomment « du Venise », dépensant bien peu en nourriture et en boutiques, mais laissant poubelles et détritus derrière leur bref passage. Beaucoup auraient aimé prolonger le voyage, mais c’était déjà le soir du 24 et le train allait les ramener à Paris avec des souvenirs plein la tête à ramener à Montmartre. Marie-France Coquard

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La coin du ViLLage

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UN P’TIT COIN D’PARADIS, OÙ JAMAIS ON N’S’ENNUIE…

Les terrains, l’été, vus depuis la rue Saint-Vincent.

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politique d’embellissement et une volonté d’ouverture sur ce village de Montmartre qui conserve toute sa magie.

Et l’entrée, en hiver, rue Becquerel.

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de Pétanque et de Jeu Provençal (FFPJP) depuis 1958, ce qui en fait un des plus anciens clubs de pétanque sportive de Paris. régulièrement, des concours interclubs sont organisés avec d’autres clubs parisiens afin de conserver l’esprit amical que représente D’hier… ce sport. L’intérêt majeur de ce club privé est l’équilibre entre l’esprit sportif (par son implication dans les championnats parisiens et la forte représentation des joueurs dans les concours individuels) et l’esprit association de quartier (pour …à aujourd’hui le côté pétanque loisir et jeux divers). Il est ouvert toute l’année. Chacun des 160 sociétaires, jeunes ou moins jeunes, sportifs ou retraités, y trouvent leurs avantages. 2017 est une année charnière, avec les 60 ans de la Pétanque du Tertre, une

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n 1957, une trentaine d’artistespeintres de Montmartre (dont Marcel Masson, célèbre peintre) créaient la Pétanque du Tertre dans la Cité des artistes de la rue Norvins. Mais, par la suite, le manque d’espace se faisant sentir, ils s’installent en 1965 sur un ancien terrain vague, cerné par la rue Becquerel, la rue de la Bonne et la rue Saint-Vincent, qui Marcel Masson, Peintre deviendra le site émérite de Montmartre, co-fondateur du club. actuel. La particularité de cet endroit est que le mur du haut abrite les soutainements nord du Sacré-Cœur (côté rue Saint-Vincent). Après avoir aménagé le lieu en terrasse, ils purent s’adonner à leur sport favori. Année après année, les sociétaires en firent un lieu magique, une oasis de verdure au milieu de la pierre parisienne, par le travail des haies, l’installation des sanitaires, puis de la buvette, etc. L’évolution du club suit toujours son cours par la bonne volonté de ses membres (modernisation des locaux et du mobilier etc.) Le club est affilié à la Fédération Française

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depuis 60 ans, cachée au cœur du Montmartre historique se trouve une oasis de verdure qui accueille un des plus anciens clubs de pétanque de Paris : la Pétanque du Tertre.

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à la rencontre de

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Dominique Pace

par Pierre Passot

directrice générale de Biblionef

Dominique Pace, native de Montmartre, dirige Biblionef, une ONG qui se mobilise depuis 25 ans pour favoriser le développement de la lecture en langue française par le don de livres neufs à des enfants défavorisés, dans le monde entier. Paris Montmartre : Bonjour Dominique. Vous auriez donc, vous aussi, des racines montmartroises ? Peut-on savoir lesquelles ? Dominique Pace : Merci de m’accueillir sur cette Butte où j’ai fait mes premiers pas et où j’ai passé mon adolescence. En effet, je suis née à la maternité qui existait rue des Martyrs et j’ai habité avec mes parents rue Versigny, près de la mairie, puis avenue Junot. Mon père était Jacques Demarny. Il a été Ambassadeur de la République de Montmartre auprès de la Sacem, dont il fut Président, et a été l’auteur d’un millier de chansons parmi lesquelles tous les grands succès d’Enrico Macias : Les Gens du Nord, Mon Cœur d’attache, Vous les femmes, Noël à Jérusalem Les Millionnaires du dimanche, Enfants de tous pays…

Paris Montmartre : Vous êtes aujourd’hui à la tête de Biblionef, une importante organisation non gouvernementale qui s’est donné pour mission d’aider à l’éducation des enfants les plus démunis sur les cinq continents. Comment cette aventure a-t-elle commencé ? Dominique Pace : Est-ce un mystère de la transmission ? Ce n’est qu’au décès de mon père en 2011 que j’ai compris que ses Enfants de tous pays étaient entrés dans ma vie depuis 1992 quand l’idée de Biblionef m’est venue à la suite de rencontres

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avec des enfants qui habitaient des cités insalubres ou qui étaient isolés dans la jungle. Ils voulaient vivre et apprendre. Ils manquaient de tout. Ils manquaient de livres. Alors, de ces rencontres est né un rêve que j’ai partagé avec un grand humaniste, Maximilien Vegelin van Claerbergen, ambassadeur des PaysBas, aujourd’hui disparu : un voilier de haute mer qui aurait fait le tour du monde, acheminant des cargaisons de livres neufs dont ces enfants et ces jeunes avaient besoin. Ce voilier est resté un rêve mais les envois de livres neufs, eux, sont devenus réalité. Et c’est Biblionef, association loi 1901, qui en a la charge depuis déjà un quart de siècle ! C’est une aventure humaine et un combat passionnant que nous menons depuis, chaque jour, avec ceux qui s’embarquent à nos côtés.

Paris Montmartre : Biblionef partage-telle la conviction que l’éducation par la lecture est une clé majeure du développement et d’une meilleure insertion sociale ? Dominique Pace : Bien entendu. Selon l’Unesco, 751 millions de personnes à

travers le monde sont analphabètes soit 14% de la population mondiale. 250 millions d’enfants ne possèdent toujours pas les acquis de base en lecture, calcul, écriture… Or, il est prouvé qu’en dessous d’un seuil de 50 % d’alphabétisation, aucun développement n’est durable, et c’est le cas dans de nombreux pays. En cultivant l’envie d’apprendre, nous contribuons aussi au rayonnement de notre langue en offrant à nos jeunes lecteurs du monde entier la possibilité de lire et de rêver en français.

Paris Montmartre : Pouvez-vous nous donner quelques chiffres représentatifs de la réussite de Biblionef ? Dominique Pace : Oui, volontiers. Depuis

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à la rencontre de

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25 ans, nous avons mené à bien plus de 1 000 projets dans une centaine de pays en équipant plus de 3 000 bibliothèques avec l’envoi de 3,5 millions de livres neufs. On estime avoir atteint une cible de plus de 100 millions d’enfants.

Paris Montmartre : C’est, en effet, une belle performance. De quels moyens disposez-vous pour la poursuivre ? Dominique Pace : Nous bénéficions d’un partenariat fidèle et à grande échelle avec

Paris Montmartre : Et quels sont les soutiens de Biblionef sur le plan financier ? Dominique Pace : Biblionef profite du soutien de certaines fondations. Cependant, sur ce plan, chaque année est un nouveau défi. En raison du désengagement généralisé de l’État, nous sommes en permanence à la recherche de nouveaux mécènes. Bien que nous fassions en même temps œuvre d’intérêt général, la suppression quasi-totale des subventions publiques nous fait cruellement défaut, notamment celles qui

des dotations. Chaque projet est conçu sur mesure à partir de notre expérience acquise de longue date et des préférences exprimées par nos bénéficiaires à partir de l’inventaire de notre stock roulant qui leur est proposé.

Paris Montmartre : Cela doit supposer une logistique bien huilée… Dominique Pace : Oui, vous avez raison. La gestion de l’entrepôt de Biblionef, situé près de Strasbourg, est confiée à la société

Enfants Ben-Sridi

de grands noms de l’édition française : Belin, Gallimard Jeunesse, Gründ, Hachette, Larousse, Kanjil, Milan, Nathan… qui nous font don d’ouvrages excédentaires récents d’une réelle qualité littéraire et esthétique. Ils nous permettent de disposer ainsi d’un fonds renouvelé d’environ 250 000 livres neufs et de quelques 1 800 références, toutes destinées à la jeunesse.

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nous étaient accordées par le ministère de la Culture et celui des Affaires étrangères.

Paris Montmartre : Sur un plan pratique, comment procède l’équipe de Biblionef dans l’élaboration de ses projets ? Dominique Pace : Nous identifions en amont les besoins sur le terrain et ne travaillons qu’avec des structures solides, capables de garantir la bonne utilisation

LDE qui assure la réception des ouvrages de la part des éditeurs, le stockage et la préparation des livres pour chaque projet avant de remettre les palettes aux transitaires chargés des expéditions vers les destinations finales. Pour chaque projet, un suivi est réalisé grâce aux comptes-rendus réguliers des bénéficiaires. Biblionef effectue des contrôles réguliers et peut également diligenter des missions d’évaluations sur le terrain.

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à la rencontre de

Paris Montmartre : Au vu de votre site internet www.biblionef.com, je suis impressionné par le nombre de pays dans lesquels Biblionef est intervenu en 2016 : plus d’une trentaine, France incluse. Avezvous prévu une action particulière pour la Tunisie ? Dominique Pace : Oui, précisément. Pour une période de quatre ans, Biblionef mettra à disposition 65 000 livres neufs et choisis afin de multiplier les points d’accès à la lecture et de faire vivre de petites bibliothèques dans des écoles rurales, notamment dans les régions de l’intérieur et du Sud délaissées depuis de nombreuses années. Et aussi dans quelques collèges et Centres de formation. Ce projet d’envergure sera cofinancé par la fondation Drosos et aura trois associations partenaires sur le terrain. Son objectif au bout de ces quatre ans sera d’avoir touché plus de 30 000 élèves âgés de 6 à 14 ans fréquentant 120 écoles primaires et collèges

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dans 17 des gouvernorats que compte la Tunisie. Il visera également à sensibiliser le ministère de l’Éducation nationale tunisien

et ses 26 délégations régionales à l’importance du livre dans le parcours scolaire d’un enfant.

Paris Montmartre : D’autres projets dans un avenir proche ? Dominique Pace : Oui et même à très court

terme, du 11 au 15 octobre prochain. Pour la première fois depuis des années, la France va être l’invitée d’honneur de la Foire internationale du livre de Francfort. À cette occasion, Biblionef a noué un partenariat avec l’Institut français et mettra à sa disposition plus de 30 000 beaux ouvrages issus de son fonds pour créer la scénographie du Pavillon de la France sous la forme d’une «Bibliothèque éphémère». Une belle manière de célébrer notre 25e anniversaire en mettant en lumière notre action dans la transmission de la culture et de la langue française !

Paris Montmartre : En effet ! Alors, permettez-moi de souhaiter bon anniversaire à Biblionef et bon vent pour les 25 prochaines années.

Propos recueillis par Pierre Passot

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l'entretien du trimestre

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Pierre-Yves Bournazel

Le nouveau député et les propositions pour Montmartre

Conseiller régional d'Île-de-France, président du groupe LR au conseil du 18e arrondissement depuis 2010, Pierre-Yves Bournazel est Vice-président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée-nationale. Il a été élu député de la 18ème circonscription (comprenant la Butte Montmartre) en juin dernier. Compte tenu des nombreuses et parfois graves questions qui se posent à Montmartre, depuis des années, en termes de tourisme, de culture, de sécurité, de protection du site, des artistes et des commerces, il nous a semblé indispensable d’aborder tous ces points avec le jeune et nouveau député.

Commerce : Tandis que les grandes enseignes s’emparent des Abbesses, et font reculer sensiblement le petit commerce et l’artisanat de proximité, les environs de la place du Tertre ont été monopolisés par le commerce touristique le plus médiocre. Le dernier avatar du genre est la prolifération de fausses galeries dont les toiles produites à la chaîne en Asie portent atteinte à ce haut site de l’histoire artistique, et au travail authentique des artistes du carré. Quelle analyse faites-vous de la situation ? Comptez-vous y remédier et si oui comment ? Pierre-Yves Bournazel : Il est indispensable pour la qualité de vie dans notre village de lutter contre la monoactivité et la disparition des commerces de proximité. Cette situation n’est pas une fatalité. A plusieurs reprises, j’ai proposé des vœux au Conseil d’arrondissement et au Conseil de Paris afin de protéger notre tissu d’artisans et de commerçants. Il faut renforcer les zones protégées afin de favoriser l’implantation de commerces de bouche ou culturels de qualité. En ce qui concerne les toiles produites à la chaîne en Asie, j’ai déposé en Conseil de Paris la proposition de créer un « Label Montmartre » afin d’avoir une véritable traçabilité des œuvres, et un affichage indiquant clairement la provenance des peintures vendues. Je déplore que cette proposition n’ait pas été suivie. Sans cela, nous assisterons à la disparition progressive de notre patrimoine local. Je m’y refuse catégoriquement ! Enfin, j’ai été récemment interpellé par des artistes de la Place du Tertre. Depuis

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quelques mois des agressions ont lieu entre artistes non autorisés et artistes autorisés. Je condamne fermement ces actes, j’ai d’ailleurs saisi officiellement la commissaire du 18e arrondissement et le Préfet de Police afin que des mesures appropriées soient prises.

L’insécurité, les nuisances diverses : C’est le plus grand paradoxe, alors que policiers et militaires sillonnent le site, de voir continuer de se dérouler, sans aucune inquiétude, la multiplicité des nuisances, commerces illicites et délinquance. L’arrivée sur la Butte par Anvers est simplement scandaleuse et nous vaut le boycott du site tout entier par de nombreux tour opérateurs. Voleurs au Bonneteau, tresseurs clandestins de bracelets, vendeurs à la sauvette, pickpockets et autres brigades mobiles de Roms agrémentent le parcours du combattant du touriste. Un préfet en Pierre-Yves Bournazel avec Gérard Collomb et Frédéric Loup visite a pu y être lui-même agressé, sans autre consél’attente exaspérée des riverains, des quence Montmartre, symbole de touristes et des acteurs du quartier en Paris, est la victime d’un inadmissible matière de sécurité ? laxisme de la part des responsables. Le ministre de l’Intérieur vient de venir J’étais présent lors de la visite du ministre sur le site. Quel en est le résultat ? Que de l’intérieur et je connais bien ces procomptez-vous faire pour répondre à blèmes comme habitant du quartier. C’est

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une bonne chose qu’il soit venu sur le terrain. J’en ai profité pour échanger sur l’ensemble des problèmes du quartier et du 18e arrondissement. Je lui ai signalé, entre autres, ce problème de petite délinquance du quotidien qui est source d’insécurité et qui nuit à l’image internationale de Paris. Je ne critiquerai pas l’action de la police nationale car depuis la mise en place de l’Etat

Il est indispensable pour la qualité de vie dans notre village de lutter contre la monoactivité et la disparition des commerces de proximité. de l’urgence nos forces de l’ordre sont au maximum de leur capacité d’action. Néanmoins, je compte sur la mobilisation de la Préfecture de Police afin de mettre un terme à ces agissements. La remontée des filières et des réseaux doit être une priorité et les sanctions appliquées. En revanche, cela montre clairement qu’il y a besoin de la création d’une Police municipale, à pied et à vélo et disponible 24h24. Paris est la seule grande ville de France ne possédant pas de police municipale. Elle serait un maillon complémentaire et efficace dans la chaîne de sécurité pour sanctionner les nombreuses incivilités, mais aussi lutter contre l’occupation illégale du domaine public, les trafics et les ventes à la sauvette.

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La place du Tertre :

Circulation et propreté :

Défigurée par les immenses chapiteaux qui saturent son terre plein en saison, la place du Tertre, cœur du site historique et touristique, mérite au moins d’être repensée en fonction de son atout primordial et principal attrait : les artistes, actuellement « exilés » sur un espace de bordure. Les guides attitrés de la Butte peuvent tous témoigner que cette situation choque beaucoup les visiteurs, encore plus ceux qui ont connu la place autrefois. Que faire pour repenser une place du Tertre à la hauteur de son mythe ?

Livraisons et camions tout au long de la journée, nombreux véhicules (banlieue, étranger) sillonnant le site en cherchant vainement une place de parking rendent désagréable et difficile (voire dangereuse) en saison la promenade en groupe sur le site - sans parler des encombrements taxis, trains, livraisons sur la place Jean Marais (devant l’église St-Pierre). Ne faut-il pas repenser la circulation à Montmartre en termes de respect, d’environnement et de facilité piétonne, comme c’est souvent le cas en province pour les sites protégés ?

Précision : la rénovation annoncée de la place depuis plusieurs années, est toujours repoussée. Il existait au moins les premiers temps des réunions et concertations générales avec les parties concernées. Elles semblent se poursuivre mais les artistes en sont désormais tenus à l’écart. Vous l’avez souligné, ce qui fait la renommée de notre butte, c’est son panorama exceptionnel mais aussi la beauté de ses couchers de soleil, ses ruelles pavées qui serpentent autour de la basilique, ses places mythiques ses artistes et ses terrasses de café, on vient y chercher l’âme de Paris. La Place du Tertre doit être un lieu ouvert à tous, les artistes y ont donc toute leur place et doivent être davantage valorisés. J’ai déposé un vœu au Conseil de Paris pour que la concertation sur la piétonisation de la place du Tertre soit relancée et que le projet aboutisse enfin. Chacun y gagnerait en qualité de vie. En tant qu’élu d’opposition, je n’ai pas de pouvoir de décision, mais je cherche à faire des propositions utiles.

Oh que oui ! combien de fois l’ai-je dit aux élus de Paris. Nous avons besoin d’une circulation plus apaisée à Montmartre, en raison de sa configuration et de son esprit de village.

Nous avons besoin d’une circulation plus apaisée à Montmartre, en raison de sa configuration et de son esprit de village.

C’est d’ailleurs l’objet du vœu que j’ai déposé au Conseil de Paris demandant la mise en place dans les plus brefs délais d’un dispositif permettant de fermer la rue Norvins aux véhicules extérieurs, en concertation avec les riverains et les commerçants. J’ai aussi demandé que soit engagée une étude pour la piétonisation complète de la Place du Tertre. Le déplacement de la station de taxis est également nécessaire. Signalétique déficiente, saleté des rues et escaliers, stationnement débordant de deux roues, les problèmes de voierie sont multiples en ce secteur phare de l’imaginaire collectif. C’est aussi une question sensible pour les visiteurs. Comment envisagez-vous ces problèmes du quotidien ? Le problème de la saleté est un problème majeur pour la qualité de vie des habitants

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et l’image de la capitale, que ce soit à Montmartre ou dans d’autres quartiers de notre ville. Cette situation n’est pas digne de Paris. S’il y a un manque de civisme de certains habitants et de visiteurs, c’est d’abord le résultat de l’absence d’une réelle stratégie de lutte contre la saleté des rues. Tout d’abord il est capital de réorganiser l’ensemble des services de la propreté afin qu’ils soient plus efficaces. Il y a un gros problème de management des services et des agents. Il y a aussi besoin de remotiver des agents qui manquent de considération et de moyens. Ensuite, il faut décentraliser les compétences de propreté aux maires d’arrondissement qui sont au plus près du terrain. Aujourd’hui, vous le savez, un Maire d’arrondissement n’a pas de prise sur ces services et sur les agents, alors que c’est bien au niveau de l’arrondissement que la question de la propreté doit être traitée, au plus près du terrain. Enfin, l’application réelle de sanctions contre les incivilités doit passer par la création d’une Police Municipale. On ne peut continuer de laisser sans sanction des personnes qui salissent le domaine public, mais il faut s’en donner les moyens. J’ajoute que je souhaite développer dans l’école l’éveil au respect du domaine public, à son entretien et sa propreté.

L’accueil des visiteurs : Le comportement et l’accueil dans certains établissements du site touristique laissent pour le moins à désirer, comme hélas chacun a pu le constater. C’est l’image de Paris et de la France qui est aussi en jeu. Qu’en pensez-vous ? Malheureusement notre capitale traîne parfois une mauvaise réputation en matière d’accueil des touristes. Nous devons travailler avec les professionnels du tourisme et de la restauration à élever notre standard d’accueil. Cela passe par exemple par la formation aux langues étrangères de ces professionnels. C’est un chantier qui a été ouvert par Valérie Pécresse au Conseil Régional. J’ai toute confiance dans notre capacité collective à être à la hauteur.

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La crise du tourisme à Montmartre : Alors même que les medias répètent en boucle que les chiffres du tourisme sont en hausse, Montmartre vivraitil une crise particulière ? De fait, la saison touristique, juin, juillet, aout a été une fois de plus désastreuse (équivalant aux mois d’hiver d’il y a dix ans). Un contexte sinistré et une sinistrose ambiante. Quelle analyse faites-vous de cette situation, comparée à l’ensemble de l’Ile de France ? Nous avons constaté une hausse de la fréquentation touristique à Paris depuis le début de l’année 2017. Cette hausse fait suite à la grave baisse de la fréquentation causée notamment par les attentats qui ont endeuillé notre ville. Cette baisse a concerné l’ensemble des grands édifices parisiens. La basilique Montmartre a vu sa fréquentation stagnée en 2016 à 10 millions de touristes. Cela a eu des conséquences négatives sur l’activité commerciale et artistique. J’espère que d’ici la fin de l’année les chiffres définitifs en matière de fréquentation touristique seront meilleurs. Mais de manière structurelle, il faut aider Montmartre à renouveler son offre et à se montrer innovant. Il faut appuyer les bonnes initiatives émanant du terrain : acteurs culturels, associatifs, économiques du quartier. Ils ont d’excellentes idées. Nous avons besoin de renouveler la création de parcours culturels et d’évènements festifs pour mettre en valeur notre patrimoine et nos artistes.

Promotion de Montmartre et ses artistes : Comment expliquer qu’en termes de communication générale, la promotion des artistes de Montmartre soit aussi complètement oubliée par les élus et les acteurs de ce site, marqué pourtant par la richesse unique de son histoire artistique ?

Je pense que la ville de Paris a trop laissé Montmartre vivre sur ses acquis. Il y a aujourd’hui un réel besoin de renouveler son offre pour valoriser son patrimoine historique et artistique. Il faut le protéger, mais aussi faire preuve d’innovation. Il faut donner envie aux parisiens de venir à Montmartre et se réapproprier ce lieu magique. C’est un lieu unique chargé de poésie. Plus qu’un lieu de visite, c’est un imaginaire que propose par Montmartre. Des noms mythiques : le Lapin Agile, le Bateau-Lavoir ou le Moulin de la Galette qui sonnent autant comme des souvenirs que des promesses. Des artistes qui ont marqué la Butte de leurs empreintes, de Bruant à ToulouseLautrec en passant par Picasso, Apollinaire et Dalida. Ici à Montmartre, les artistes ont transmis un esprit, parce qu’ils y trouvaient

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l’inspiration, mais surtout parce qu’ils aimaient y vivre. Et aujourd’hui, quel bonheur de croiser Michou à la terrasse d’un café, lui qui incarne tant la joie et l’amour de ce quartier ! La rénovation du Musée de Montmartre que j’ai soutenue avec force est une excel-

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des œuvres. Je souhaite que la mairie se montre active sur le sujet. Je voudrais également dire un mot sur Janbrun, disparu le 8 septembre dernier. C’était un personnage magnifique qui va manquer dans le paysage de Montmartre. Je souhaite que nous trouvions un moyen

au caractère inadapté à l’esprit de la Butte. Il existe déjà des moyens pour protéger les sites remarquables à Paris grâce à la loi Malraux. La Commission du vieux Paris qui veille à la cohérence architecturale en matière de construction mais sur le patrimoine parisien a son importance

Je souhaite également que nous développions une politique forte en termes de création de résidences d’artistes, en particulier à Paris et en petite couronne.

également. Je suis attaché à ce que ses avis soient respectés par la ville de Paris. Montmartre se doit d’être accueillant et ouvert tout en protégeant son patrimoine exceptionnel. lente nouvelle pour tous les amoureux de l’esprit Montmartrois. Il faut davantage faire connaître ce lieu merveilleux. Préserver et faire vivre ce patrimoine, c’est aussi par exemple le sens de ma proposition de créer un « Label Montmartre » de protection des artistes et de traçabilité

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pour que la mairie du 18e arrondissement puisse honorer la mémoire de cet artiste caricaturiste de grand talent.

Protection générale des sites à caractère remarquable :

Deux petites questions personnelles : Pensez-vous à la mairie du 18e ou à la mairie de Paris, le matin en vous rasant ? Vous savez le matin, je pense surtout à ne pas me couper et au programme de la longue journée.

N’existe-t-il aucun moyen juridique efficace de protéger un tel site d’une manière complète, petits commerces et artisans (en accordant la préférence des baux), architecture, environnement, accueil des visiteurs, etc. ? Il semble pourtant bien exister de tels plans locaux en province, pour des sites remarquables.

En revanche, j’apprends beaucoup à la rencontre des habitants comme conseiller de Paris d’opposition élu du 18e. Je pense par ailleurs comprendre les enjeux d’attractivité économique et culturelle de notre capitale et l’aspiration d’amélioration de la vie quotidienne de tous les habitants.

Rappel : Une telle protection a existé à Montmartre, depuis le milieu des années cinquante jusqu’au milieu des années 80, sous la forme du Plan de sauvegarde mené par l’architecte urbaniste Claude Charpentier. Depuis, on voit surgir des réalisations architecturales pour le moins discutables, telles que les récentes constructions de l’impasse MarieBlanche, ou les plates réalisations (en cours) d’immeubles sociaux Ville de Paris rue Tholozé, Lepic, Drevet,

Je ne suis pas un homme sectaire, je pense qu’il faut garder certaines bonnes idées de Bertrand Delanoë et de Madame Hidalgo. Je trouve toutefois que Paris est géré de manière trop dogmatique. Ce dernier mandat est un mandat dur. Mon exigence première est de porter des idées neuves, concrètes, utiles à tous les parisiens quel que soit leur condition sociale, leur âge et leur quartier. J’aime fédérer les énergies et rassembler. Il faut davantage de bon sens et de pragmatisme. J’y travaille, je prends mon temps, j’écoute, j’échange, je réflé-

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chis et, le moment venu, nous verrons. Pour le moment je suis à ma tâche, et elle est déjà bien fournie. Quel premier bilan tirez-vous de vos premières semaines passées au sein de cette nouvelle assemblée nationale atypique ? Le rôle du député est d’abord de voter la loi et de contrôler le gouvernement. Il y a beaucoup de dossiers depuis le début de la mandature. Les réformes avancent. D’abord celle de l’école, avec des mesures fondamentales comme le dédoublement des classes en primaire, les devoirs faits au collège, le rétablissement des classes bilangues et de l’enseignement du latin/grec. Le 18e arrondissement sera d’ailleurs le 1er bénéficiaire de la réforme du dédoublement des classes en REP+ dès cette rentrée : il y aura 12 élèves par classe dans les écoles Richomme, Oran, Cavé, Polyvalente de la Goutte d’Or, Championnet, Fernand Labori, Gustave Rouanet, Françoise Dorléac A et B.

J’aime fédérer les énergies et rassembler. Il faut davantage de bon sens et de pragmatisme.

Nous avons également travaillé sur plusieurs grands textes de loi (ordonnances pour le dialogue social, loi de confiance dans l’action publique entre autres). Ces lois vont dans le bon sens, c’est pourquoi je les ai votées dans l’intérêt général. J’ai aussi apporté ma contribution dans l’élaboration de ces textes, notamment dans le projet de loi de moralisation de la vie publique en proposant une extension des peines d’inéligibilité à toute personne définitivement condamnée pour antisémitisme, racisme et homophobie ou toute forme de discrimination. Ces dispositions ont été reprises par le Gouvernement et je m’en félicite. Aussi, en vue du projet de loi de finances prévu pour octobre et novembre 2017, j’ai été désigné comme rapporteur de l’avis budgétaire en charge des questions «sport, jeunesse et vie associative»

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Enfin, comme je l’avait dit lors de la campagne des législatives, je souhaite être un député de proximité, à l’écoute des habitants et des préoccupations de terrain. J’ai organisé ainsi une première réunion publique le jeudi 21 septembre à 19h30 au café Jazz y Jazz situé à la Porte Montmartre.

Tony Estanguet en tête, avec Denis Masseglia au CNOSF (Comité national olympique et sportif français et Emmanuelle Assmann pour le CPSF (Comité paralympique et sportif français). C’est un enseignement de nos échecs précédents: les politiques se sont unis derrière ce projet d’intérêt

Cette réunion a eu pour but d’expliquer aux habitants les résultats de mes trois premiers mois à l’Assemblée nationale mais aussi d’écouter les propositions et porter les bonnes initiatives émanant du terrain. Vous êtes vice-président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée-nationale. Quels sont vos priorités pour la culture ? Avant de démissionner de la Région Île-de-France j’étais président du fonds de soutien au cinéma. Je reste particulièrement attaché à défendre la liberté de création des artistes et le rayonnement de cette industrie. Il est indispensable de poursuivre crédit d’impôts qui a permis d’attirer de nombreux tournages dans la Région capitale. Le soutien et la promotion de la filière 3D et de la filière d’animation sont aussi très l’importante pour faire reconnaître cette excellence française. Je souhaite également que nous développions une politique forte en termes de création de résidences d’artistes, en particulier à Paris et en petite couronne. C’est essentiel pour notre ambition de «villemonde». Paris doit être à nouveau le lieu où les artistes du monde entier rêvent de venir créer. Il faut s’en donner les moyens. Aujourd’hui nous avons un retard dans ce domaine par rapport à des métropoles comme Berlin ou Londres. Je soutiens le projet initié par la République de Montmartre de transformer la cité des arts en véritable « Villa Médicis ». Paris vient d’être désignée ville hôte pour accueillir les Jeux olympiques et Paralympiques de 2024. Vous avez été délégué spécial de la Région Îlede-France pour la candidature, quel impact ce projet peut avoir pour Paris ? Cette candidature a été portée dès le départ par les sportifs, Bernard Lapasset et

général pour les accompagner et les aider. Cette unité a été notre force. Accueillir le plus grand événement au monde est une grande fierté pour Paris et la Region capitale. C’est un message de confiance et d’optimisme pour notre pays et pour notre jeunesse. Nous l’avons conçu comme un grand projet de société qui doit permettre d’accélérer les politiques publiques dans tous les domaines: transports avec le Grand Paris Express, logements avec la reconversion du village olympique en Seine-Saint-Denis en éco-habitat pour les franciliens, développement de la pratique sportive pour tous (en particulier pour le handisport), création d’emplois et valorisation de notre savoir-faire. Les Jeux olympiques et paralympiques vont remettre les projecteurs sur notre pays. 2024, c’est à la fois un horizon et une date butoir qui nous engage pour bâtir des politiques de long terme pour améliorer la vie quotidienne des parisiens et des franciliens.

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historique

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PetIte ANtHoLoGIe DeS PoÈteS et CHANSoNNIeRS De MoNtMARtRe

Paris-Montmartre poursuit sa Petite anthologie des poètes et chansonniers montmartrois débutée avec le numéro de son trentenaire. Certains sont bien connus, d’autres moins, qu’ils soient passés du club des Hydropathes aux cabarets du bas de la butte, ou qu’ils se soient tout simplement formés directement à Montmartre, ils sont toujours présentés selon l’ordre alphabétique, ce qui évite toute hiérarchie arbitraire. Pour chacun d’eux, une courte biographie, un résumé des principaux évènements survenus l’année de leur naissance, accompagnent une ou deux de leurs œuvres, poèmes ou chansons.

Boucher (2)

Par Jean-Paul

BARDET

ÉMILE BOUCHER

Émile Boucher, est né à Bourdeaux (Drôme) le 29 juillet 1864.

Cette année là, « La Société Générale » ouvrait ses premiers guichets. Thiers, après douze années d’absence, étant à nouveau élu député, l’opposition se regroupe au sein d’un nouveau parti : « Le tiers parti » ! Suite à son intervention à l’Assemblée, sur les libertés nécessaires, le droit de grève, non violente, est rétabli, ce qui va permettre au syndicalisme de se développer ! Mac Mahon est nommé gouverneur général de l’Algérie. Le 22 août, la Convention de Genève reconnait « La Croix Rouge », un organisme humanitaire dont Henry Dunant, témoin des malheurs et des horreurs commises au cours de la bataille de Solferino (1859), fut le principal fondateur. Gounod vient de terminer la composition de son opéra « Mireille ». Dumas (fils) présente sa pièce de théâtre : « L’ami des femmes ». Poète et journaliste, Émile Boucher s’est toujours mo-

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destement placé à l’écart afin de ne pas être classé parmi les littérateurs, bien qu’il se soit très souvent manifesté dans les journaux et les revues de l’époque. L’ensemble de ses écrits, contes, poésies, auxquels s’ajoutent quelques monologues autant amusants que littéraires, pourrait fournir assurément de quoi assurer la publication de plusieurs excellents ouvrages. Émile Boucher a été un moment en charge des destinées du Journal du Chat Noir, lorsque Rodolphe Salis, malade, lui en confia la rédaction. Il en deviendra même le Directeur de rédaction, comme l’ont été d’éminents prédécesseurs : Émile Goudeau, Alphonse Allais, Léon Gandillot… Ce journal, que Rodolphe Salis lui céda, en 1895, il en sera le directeur au décès de ce dernier. C’est en raison de cette activité que l’on peut considérer Émile Boucher comme un «peu montmartrois». Cela se passe alors au début d’une nouvelle époque où, bien que nombreux, les poètes et les chansonniers commencèrent à ne plus être maîtres dans l’Hostellerie de la rue Victor Massé (ex rue Laval, du nom de marie Montmorency Laval, 46ème et dernière abbesse de Montmartre), la direction ne leur accordant guère plus l’accès à la « Salle des Fêtes », que comme spectateurs ou simples machinistes !

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Boukay

Réciter des poésies, évoquer leurs travaux, leurs créations, n’était accepté, ne devenait donc possible qu’au cours de rares soirées intimes, plus ou moins réservées dans la modeste « Salle Villon ». Ainsi, au cours de ces soirées, ne devaient-ils pas se considérer encore bien heureux de voir que leurs créations, leurs chansons ou leurs poésies, ne soient pas réduites qu’à illustrer les feuilles du Journal du Chat Noir, marquant ainsi les prémices de la future disparition des cabarets artistiques traditionnels. Émile Boucher a également exercé, pendant plusieurs années, les délicates fonctions de secrétaire général de l’Odéon, à la grande satisfaction de tous ceux qui ont eu recours à son amabilité et à ses services. Voici deux courts extraits de deux de ses compositions :

Á un ami qui me demande si j’ai changé, depuis que nous nous sommes vus. (Extraits)

Ah ! Pauvre cher ami, que fragiles nous sommes, Combien le temps vieillit et ravage les hommes ! Depuis les biens longs mois où nous nous sommes vus Le juvénile attrait dont nous étions pourvus A fui comme un fétu que l’ouragan emporte, Ta résistance à toi fut telle un peu plus forte ? Il se peut, malgré que pour toi comme pour moi Le destin nous soumette à sa fatale loi, Et fasse qu’ici bas nos plus belles années Soient, à l’heure qu’il est, autant de fleurs fanées Dont, hélas, aujourd’hui les pétales défunts Ont perdu de leur éclat, ainsi que leurs parfums. Mon physique, que l’âge et travaille et torture, N’est plus, de son passé, que la caricature, Et quand, dans un miroir, j’aperçois son reflet, J’en viens presque à sourire, en le voyant si laid ! Et voilà que c’est toi qui veux que je te dise

historique

Remerciements à mon ami D. P. (Extraits)

« Le temps irréparable fuit » A dit notre divin Virgile, Le temps, qui de son pas agile Vers le but final nous conduit. Où nous mène-t-il de la sorte ? Quel chemin s’ouvre sous nos pas, Qui doit précéder le trépas ? Puisque nul ne le sait, qu’importe ! Laissons donc là les vains frissons, L’inconnu dont l’âme s’épeure, Et, faisant nos soixante à l’heure, Puisqu’il faut vieillir, vieillissons.

MAURICE BOUKAY

Maurice Boukay (Maurice Couyba, dit) est né en 1866 à Dampierre-sur-Salon.

En 1866, le «Tiers Parti», fondé en 1864, en opposition au retour de Thiers aux affaires, présente des projets de réforme visant à plus de libéralisme. Napoléon III refusant par deux fois de répondre à la demande de Maximilien, empereur du Mexique, de la de soutenir, il enverra le général De Castelnau organiser le désengagement des troupes françaises au

Si les ans m’ont changé ? Quelle étrange hantise T’incite à me poser semblable question ? C’est de la cruauté, de l’aberration ; Oui, certes, c’est vouloir, dans ta douce folie, Qu’en outre du poison, je boive encore la lie ! Pourtant, puisque tel est ton fantasque plaisir Je veux, sans hésiter, me rendre à ton désir. Il n’en est pas moins vrai, sombre destin des choses, Que ma beauté vécut ce que vivent les roses Et que le frais attrait de mes joyeux vingt ans S’est enfui pour jamais sur les ailes du temps. Mais qu’y faire ?...malgré toutes les patenôtres, Il faut bien en passer par où passent les autres, Et si d’amers regrets vous viennent assaillir, Il est encore heureux que l’on puisse vieillir.

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historique artisan

Mexique, ainsi que son rapatriement de Maximilien, ce qu’il refusera. Offenbach, présente son illustre opérette « La Vie Parisienne », symbole des divertissements parisiens, témoignage de l’insouciante bourgeoisie naissante sous le Second Empire ! C’est sous ce nom que Maurice Couyba se fit connaître comme poète et chansonnier. Issu d’une famille modeste, il revendique, de bon droit, d’être le fils de ses œuvres ! Après des études secondaires brillantes, licencié ès lettres, licencié d’histoire, agrégé de l’Université, il débuta par le professorat. Nommé professeur au lycée Arago, il y oubliait fréquemment les soucis de

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d’Amour, Chansons Rouges, Chansons du Peuple.

Paris », dont le maréchal Lyautey était le commissaire général.

Verlaine, dans la préface de « Chansons d’Amour » écrira : « Voilà donc enfin retrouvée la bonne chanson, la chanson simple et vivante, dans le goût de Pierre Dupont, avec je ne sais quoi de la grâce du XVIIIe siècle et de la vraie poésie ; le cri, en quelque sorte, de la passion, le chant vibrant, la simplicité, la note vraie du cœur ».

Le poème et la chanson qui suivent ont été respectivement mis en musique par Paul Delmet, Marcel Legay et René de Buxeuil.

Peu de temps après, Sully Prud’homme lui écrivait, en exergue de ses «Nouvelles Chansons» : « L’esprit a retrouvé ses droits dans le domaine de la chanson, cet esprit qualifié gaulois, qui n’empoisonne pas ses traits, mais, au contraire, en assainit la pointe trempée de bon sens, de justice et de charité même, car souvent les piqures en sont vengeresse de la misère.» En 1896, alors qu’il vient de rejoindre les « Quat’zarts », où il se produit, certes modestement (!), au nom de l’art et de la démocratie, il profitera, ce qui lui permettra d’assurer, aux moindres frais, sa propagande électorale, des voyages gratuits, que lui offrent les fréquentes et joyeuses tournées du cabaret.

la pédagogie, par distraction, alors qu’il partageait conjointement son temps entre son travail d’enseignant et ses soirées sur les tréteaux de l’Hostellerie du Chat Noir, rue Laval, devenue la rue Victor Massé. Apôtre infatigable de la poésie, de l’humour et de la bonne chanson, on le retrouvera vice-président de l’œuvre de La Chanson Française, créée pour « Les fauvettes parisiennes », par Ernest Chébroux et Lucien Descaves. Maurice Boukay, toujours fidèle à son amour de la bonne chanson, déterminé à lutter vigoureusement contre l’invasion de couplets pornographiques qui se présentait au café-concert, militera intensément, développant ses idées dans de nombreux journaux et revues littéraires et publiant de plus, en exemple, plusieurs volumes, consacrés à la chanson : Chansons de Jeunesse, Chansons

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Élu député de 1897 à 1907, Maurice Boukay devient sénateur de la Haute-Saône, de 1907 à 1920. Au dire de certains, il aurait pu se faire, dans le monde politique, une situation des plus enviables, mais ce ne sera pas exactement le cas ! Appelé ministre, une première fois, comme ministre du «Commerce et de l’Industrie» du 27/06/1911 au 14/01/1912, sous le gouvernement de Joseph Caillaux, il est nommé une seconde fois ministre, comme ministre du “Travail et de la Prévoyance sociale” du 13/06/1914 au 26/08/1914, sous le gouvernement René Viviani. Malgré ces deux nominations, sa carrière politique demeurera sans éclat. On dit même que son seul vrai titre de gloire est celui d’avoir rimé pour le compositeur Marcel Legay la magistrale série des «Chansons Rouges» où l’on trouve un de ses chefs-d’œuvre : “Tu t’en iras les pieds devant”, dont nous reproduisons bien sûr des extraits ci-dessous. Maurice Boukay est décédé à Paris en cette année 1931, année de « L’Exposition coloniale internationale de

Tout simplement ! Tout simplement, comme une rose, Que l’on cueille, un jour, sans raison Vous avez pris mon cœur morose, En passant devant ma maison. Mon cœur est une fleur d’automne : Sans savoir ni pourquoi, ni comment, Vous l’avez pris, je vous le donne, Tout simplement ! Vous avez, à votre corsage, Mis la fleur de mon cœur rêveur. La fleur écoutait le langage Et les regrets de votre cœur. Faisant plus douce votre haleine, Sans savoir ni pourquoi, ni comment, Ma peine endormait votre peine, Tout simplement ! Sous le tendre amour qui l’effleure, Troublant votre rêve ingénu, La fleur a grandi d’heure en heure Au frisson de votre sein nu Parmi les désirs et les fièvres, Sans savoir ni pourquoi, ni comment, Elle a fleuri jusqu’à vos lèvres Tout simplement !

B

Sous le baiser qui l’ensorcelle La fleur a fleuri tout un jour. Votre bouche est rose comme elle ; Le ciel se fait rose à son tour Laissons-la vous baiser sans trêve… Et qu’un soir, sans savoir comment, Elle meure avec votre rêve, Tout simplement !

Le grand voyage ou Tu t’en iras les pieds devant !

Tu t’en iras les pieds devant, Ainsi que tous ceux de ta race, Grand homme qu’un souffle terrasse. Comme le pauvre fou qui passe Et, sous la lune, va rêvant De beauté, de gloires éternelles, Du ciel cherché dans les prunelles, Au rythme pur des villanelles, Tu t’en iras les pieds devant ! Tu t’en iras les pieds devant,

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historique

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Roi, guerrier, juge, aristocrate, Et toi qui voulais, démocrate, Bâtir la maison de Socrate. Pleine d’amis dorénavant ! Tu posais la dernière pierre ; Un traître survient par derrière ! Jésus fut trahi par saint Pierre Tu t’en iras les pieds devant ! Tu t’en iras les pieds devant, Duchesse aux titres authentiques, Catin qui cherche les pratiques, Orpheline aux navrants cantiques, Vous aurez même abri du vent, Sous la neige, en terre grise, Même blason, même chemise : Console-toi, fille soumise : Tu t’en iras les pieds devant ! Tu t’en iras les pieds devant, O toi qui mens quand tu te signes, Maîtresse qui lira ces lignes, En buvant le vin de mes vignes A la santé d’un autre amant ! Brune ou blonde, être dont la grâce Sourit comme un masque grimace, Voici la Camarde qui passe : Tu t’en iras les pieds devant ! Tu t’en iras les pieds devant, Grave docteur qui me dissèque, Prêtre qui chante mes obsèques, Bourgeois, prince des hypothèques ! Riche ou pauvre, ignorant, savant, Camarade, au grand Phalanstère Nous aurons tous six pieds sous terre : Vers la justice égalitaire Tu t’en iras les pieds devant !

Bruant ARISTIDE BRUANT

Aristide Bruant, est né à Courtenay (Loiret) le 6 mai 1851.

Cette année là, un complot orléaniste visait le Prince-Président Louis Napoléon Bonaparte. Accusé d’infraction à l’article 68 de la Constitution, les comploteurs cherchaient à obtenir, par un vote, sa destitution. L’année se termina par le coup d’état du 2 décembre, suivi le 21 décembre, d’un plébiscite qui, après avoir réuni plus de 7 millions de voix, ratifiait le coup d’état. L’année suivante, le 2 décembre l’Empire sera

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proclamé ! Victor Hugo, vif opposant à Louis-Napoléon se réfugie à Bruxelles avant de rejoindre Jersey puis Guernesey. A Paris débute la construction des pavillons des Halles, sous la direction de Baltard. Le physicien Foucault met en évidence à l’aide de ses pendules, installés au Panthéon et au Conservatoire des Arts et Métiers, la rotation de la terre. Gérard de Nerval publie « Voyage en Orient ». Sur son acte de naissance, son nom figure avec un « d » ! Ce serait luimême qui aurait modifié l’orthographe du nom de son père, Louis Pierre Edmé Bruand. Chansonnier très populaire, auteur d’excellentes chansons pour le café-concert, certaines de ses chansons sont pleines d’une spirituelle fantaisie

comme par exemple « La Chaussée de Clignancourt », lancée par Paulus, ou « Henri IV a découché », avant de faire son entrée au cabaret du « Chat Noir ». Auprès de Rodolphe Salis, avec lequel il ne s’entendra guère, il est admis, dès ses débuts, comme un suppléant occasionnel. Sans cachet, condamné souvent à payer ses propres consommations, c’est tout juste si Rodolphe Salis l’autorisait à vendre les «petits formats» de ses chansons, voire de temps en temps lui permettre de faire la quête ! Dans ces conditions, n’y trouvant vraiment pas sa place, Aristide Bruant ne tarda pas à quitter le « Chat Noir » pour fonder son propre cabaret « Le Mirlition » dans les anciens locaux, devenus libres, du «premier « Chat Noir «, 84

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historique

boulevard de Rochechouart, rachetés en sous-main à l’aide d’un prête-nom, M. Arcanger, en raison de la forte hostilité entre les deux hommes ! Profitant alors d’une nouvelle liberté, d’une véritable autonomie, Aristide Bruant y crée un nouveau genre, un nouveau style, «Le style gouailleur » ! Très vite à la mode, l’établissement devient le rendez-vous des gens du “Meilleur Monde”. On voit le «TOUT-PARIS» se précipiter au « Mirliton », en équipages, accompagné d’horizontales de grande marque, comme d’honnêtes dames, tous moins animés par le plaisir d’applaudir de belles chansons, que dans l’espoir de s’encanailler un peu et de s’entendre invectiver par l’homme à la chemise rouge qui ne cesse de se promener au travers de la salle, de tables en tables, ne ménageant pas les clients qu’il apostrophe de façon incongrue. Ce n’est pas tout, il leur impose de renouveler régulièrement leurs consommations. Chose étrange, le public, souvent assez proche des «personnages de Balzac», bien que prévenu des us et coutumes de la maison, accepte, avec sérénité de se frotter, sans se confronter, à la gouaille populaire du personnage ! Ces injures proférées à leur égard, il les pense et les partage avec son ami Lautrec qu’il visite souvent dans son atelier, rue

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Tourlaque : « Un tas d’idiots qui ne peuvent comprendre ce que je leur chante, ne sachant pas ce que sont les meurt-de-faim, eux qui sont venus au monde une cuillère d’argent dans la bouche…. ». « Ils croient que je plaisante, en réalité, je me venge ! » Les chansons et les monologues de Bruant sont souvent considérés comme de précieux documents, car ils sont de véritables témoignages, sur la vie des « classes fainéantes », en opposition à ces classes dites laborieuses de cette fin de XIXe siècle. On y découvre un vaste panorama représentatif des mendiants, des « Bohêmes de Paris », des « Nymphes du trottoir », des « Messieurs du dimanche », bref de tout un monde ironique et besogneux, qui passe de la prison à l’asile de nuit, après être passé par le dépôt ! De même, il découvre chez ces Nymphes du trottoir », cette insouciance ricaneuse qui n’est jamais à court d’esprit ! Bruant, comme tous les vrais artistes, était cependant tout capable de placer au sein de son œuvre des passages de tendresse délicieux, tout en dépeignant, avec franchise, sans hypocrisie, tout ce monde hétéroclite qui vivait en deçà des lois. Suivant Laurent Tailhade, on peut affirmer qu’Aristide Bruant, qui a su et osé dépeindre sans hypocrisie, avec une totale franchise, sans la moindre atténuation, ce monde

hétéroclite qui vivait en dehors des lois, aura laissé dans le Parnasse contemporain une place mémorable. Ses chansons et ses monologues ont été réunis dans divers recueils : « Dans la rue », trois volumes dont deux ont été illustrés par Steinlen – « Sur la route », ….sans oublier ses deux romans populaires : « Les Bas-fonds de Paris » et « Fleur de Pavé » et bien sûr son dictionnaire de l’Argot du XXe siècle paru en 1901. Aristide Bruant est décédé à Montmartre (rue Christiani) le 10 février 1925.

Je suis de l’avis du gouvernement (extraits)

Y en a qui s’plaisent à contredire, Qui n’aiment rien et s’plaignent de tout : Royauté, République, Empire, On n’peut jamais faire à leur goût ; Quoi qu’on fasse, quoi qu’on écrive, Moi je n’y mets pas d’acharnement. Mais, toujours, et quoi qu’il arrive, J’suis de l’avis du gouvernement ! Depuis quelque temps, on parle du divorce. C’est là qu’on va se débarrasser.

LE Restaurant

15 rue du Mont-Cenis 75018 Paris Tél : 09 70 38 61 60

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Courteline

Quand faut aimer un’ femme de force J’prétends qu’il faut mieux s’en passer. Moi, la mienne est bête et jalouse, Et je pense avec attendrissement, Que j’vais pouvoir changer d’épouse… J’suis de l’avis du gouvernement ! Y a des gens qui l’font à la pose Et qui s’en vont, disant partout : Plus ça change, plus c’est la même chose, Moi j’trouve pas ça, chacun son goût. Dans le temps, Quand j’parlais politique 9a me causait du désagrément. Maint ‘nant je cris vive la République ! J’suis de l’avis du gouvernement ! Partout la joie est générale, Depuis qu’en vertu d’un décret, Notre fête nationale Doit avoir lieu l’quatorze juillet ; Quand je vois, pour fêter la France, Choisir la date d’un évènement Qui lui rappelle sa délivrance, J’suis de l’avis du gouvernement !

Philosophie

Va, mon vieux, va comme j’ te pousse, A gauche, à droite, ça fait rien, Va, pierre qui roule n’amasse pas mousse, J’ m’appelle pas Pierre et je le sais bien, Quand j’étais petit, j’ m’appelais Émile, A présent on m’appelle Éloi ; Va, mon vieux, va, n’ te fais pas de bile, T’es dans la rue, va, t’es chez toi. Va, mon vieux, pousse toi de la ballade En attendant le jour d’aujourd’hui ; Va donc, y a qu’ quand on est malade Qu’on a besoin de pioncer la nuit ; Tu t’ portes bien, toi, t’as de la chance, Tu t’ fous du chaud, tu t’ fous du froid, Va, mon vieux, ne fais pas de rouspétance, T’es dans la rue, va, t’es chez toi. De quoi donc ? …On dirait d’un merle, Et j’ viens d’entendre un coup de sifflet !... Mais non, c’est moi que j’ lâche une perle, Sortez donc, Monsieur, s’i vous plait… Ah ! Mince, on prend des airs de flûte, On s’ régale d’un p’tit quant à soi… Va, mon vieux, pète dans ta culbute, T’es dans la rue, va, t’es chez toi. D’abord et j’ comprends pas qu’on s’gêne, Et j’ suis ami de la liberté, Je ne fais pas ma Sophie, mon Ugène, Quand j’ pète, et j’ dis : j’ai pété. Et pis, nous sommes en république, On n’est pas sur le pavé du roi ; Va, va, mon vieux, va, pousse ta chique, T’es dans la rue, va, t’es chez toi.

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historique

GEORGES COURTELINE

Georges Courteline (Georges Moinaux, dit) est né à Tours le 25 juin 1860.

1860, année du Traité de Turin qui assure le rattachement du Comté de Nice et du Duché de Savoie à la France (les provinces dites sardes), un acte approuvé par plébiscites favorables des populations concernées. Au théâtre, Labiche fait représenter « Le voyage de M. Perichon ». En médecine, le chirurgien Velpeau assure le développement de l’usage de sa bande de contention.

Son père, Jules Moinaux est auteur dramatique. Il a cinq ans lorsque ses parents s’installent rue de la Fontenelle (rue de la Barre), dans une maisonnette modeste. Les évènements de la Commune l’exilent à Meaux. Après des études au collège de Meaux, Il est de retour au collège Rollin (le lycée Jacques Decour). A Montmartre, il habitera différentes adresses, rue d’Orchampt, rue Lepic…, fréquentera fidèlement « L’Auberge du Clou », avenue Trudaine. Georges Moinaux effectua son service militaire au 13ème régiment de chasseurs à cheval à Bar le Duc. De son passage au régiment, il conserva tout un ensemble de souvenirs, d’études, de récits qui lui vaudront de grands succès de librairie comme : « Les Gaîtés de l’Escadron », « Le train de 8 h. 47 » ou « Lidoire et Potiron ». Après avoir longtemps collaboré à « L’écho de Paris », puis au « Journal », Georges Courteline publie de nombreux contes et nouvelles, ce qui lui fera occuper une place à part dans notre littérature contemporaine : son enthousiasme, son esprit d’observation, la justesse et la force de ses études satiriques, sont associés à une maîtrise pittoresque et impeccable de l’écriture. Très vite attiré et séduit par le théâtre, Georges Courteline sera à l’origine de très nombreuses comédies dans lesquelles il saura dépeindre, avec plus ou moins d’ironie, avec toute l’absurdité, en cette fin du 19ème siècle, de la vie bourgeoise, vécue dans l’administration ou dans l’armée, de certains de ses contemporains. Régulièrement reprises, un grand nombre de ses comédies sont devenues aujourd’hui de véritables classiques : « Les Gaîtés de l’Escadron » furent adaptées à la scène dès 1896, à l’Ambigu ; « Le commissaire est bon enfant », au théâtre Antoine en 1900 ; « Les Boulingrin », « La paix chez soi », au Théâtre Antoine (1903) ; « Messieurs les ronds de cuir », à la Comédie Française (1906)), sans oublier, bien sûr « Boubouroche » entrée, comme plusieurs de ses pièces, au répertoire de la Comédie Française. Georges Courteline est décédé à Paris en 1929. Élu à l’Académie Goncourt en 1926, il aura pour successeur Roland Dorgelès.

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historique

A l’aveuglette En baisant sa gorge lisse Comme la chair d’un bébé, Advint que mon coeur novice Est entre ses seins tombé.

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Et glissait entre mes doigts. Je m’attachais sur sa trace, Fougueux, rageur, entêté ; J’ignore jusqu’où la chasse, Jusqu’où la chasse eut été !

De ce fait-divers la belle Me voyant tout confondu : « Bah ! Ne pleurez pas dit-elle, « Votre cœur n’est pas perdu.

Mais, déjà, de ces chairs douces, Ma main scrutant l’horizon, Percevait au cœur des mousses Une exquise floraison.

« L’incident n’est que bizarre ; « Pourquoi s’effaroucher ? « Puisque votre cœur s’égare, « Il le faut aller chercher ».

La cinquantaine

A ce conseil vraiment sage, Qu’un sourire accompagnait, Ma main prompte en son corsage Disparut jusqu’au poignet. Et, dans les flots de guipure, Cherchant mon cœur à tâtons, J’avançais l’aventure Avec mes doigts pour bâtons. Mais, plus je prenais à tâche De fouiller les bons endroits, Plus il m’échappait le lâche,

Voici enfin venue cette semaine, Fête du cœur comme du souvenir Qui voit ici fleurir la cinquantaine D’une union que rien n’a su flétrir. Hélas, le temps fuit avec les années ! Mais si l’hiver poudre nos cheveux blancs, Baisons portant nos lèvres embaumées ! Nos cœurs, ma Jeanne, ont toujours leurs vingt ans. En vain les ans fuyant à tire-d’aile, Sue nos baisers, luirent cinquante fois,

Le même feu qui darde en mes prunelles Garde à mon front mes pudeurs d’autrefois. Viens donc encore, étrange magicienne, Griser mon œil de ts charmes troublants ; En rougissant, mets ta main dans la mienne, Nos cœurs, ma Jeanne, ont toujours leurs vingt ans. Toc, toc ! Qui frappe à cette heure à la porte ? Ciel, c’est la mort ! Jeanne ne tremble pas, La mort n’est rien, si notre amour plus forte, Survit encore au plus prochain trépas. Dans le cercueil, où nos cendres glacées Sommeilleront en l’horreur des néants, Pour nous chérir au bout de mille années, Nos cœurs, ma Jeanne, auront toujours leurs vingt ans.

J.P. BARDET 3/2017

Exposition permanente des œuvres de

Viola Schiviz et

Midani M’Barki Sur rendez-vous 59 bis, rue du Mont-Cenis 75018 Paris Tél. : 06 78 78 90 84

4, place du Tertre - 75018 Paris Tél. : 01 46 06 71 73 www.cadet-de-gascogne.com

Cadet de Gascogne • PM13108 —22 09 17.indd 24

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L E

K I O S q U E

M O N T M A r T r O I S

Texte : François Garnier – Dessin : Florence Côme

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à L'esPrit

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xAVIER JAILLARD

PAr PIErrE PASSOT

ÉLU NOUVEAU CHANCELIEr dE L’ACAdÉMIE ALPHONSE ALLAIS Suite au décès d’Alain Casabona le 16 mai dernier, les 75 membres de l’Académie Alphonse Allais ont été amenés à élire son successeur dans le cadre on ne peut plus démocratique d’un scrutin majoritaire à un tour. À une immense majorité, Xavier Jaillard a ainsi été choisi par ses pairs pour occuper les fonctions de Chancelier de cette belle académie administrée par l’Association des Amis d’Alphonse Allais, initialement fondée en septembre 1934 avant d’être recréée à Paris en novembre 1987.

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L

’association a pour voca- noble institution à laquelle il fut élu en tion de promouvoir la 2005 avant d’en devenir le porte-parole mémoire, l’esprit, l’œuvre en 2008. Parmi les derniers introniet la continuité de la pen- sés, et non des moindres, figure Jeansée de ce grand humoriste, pilier du Claude Carrière, reçu dans les salons Chat Noir, que fut Alphonse Allais, né de la SACd par ses illustres parrains : en 1854 à Honfleur et décédé à Paris rené de Obaldia, de l’autre Académie, dans un hôtel de la rue d’Amsterdam en pour honorer la plume de l’écrivain, et Claude Lelouch, ses talents de scéna1905. Jumelée avec la république de Mont- riste, acteur et réalisateur. martre, cette association a établi son siège social à la Crémaillère 1900, Une des illustrations les plus récentes place du Tertre. Elle agit en organisant de la poursuite de l’esprit allaisien fut, des manifestations qui s’appuient no- en juin dernier, la commémoration par l’Académie Alphonse tamment sur la notoriéAllais d’un canuté d’un collège de perlar entré dans les sonnalités du monde Je serai heureux anales : l’invitation des Arts, des Lettres, et fier d’être de députés à venir du Spectacle et de la à Poil le 31 mars… à Poil honorer la Culture, réunies au statue d’Hégésippe sein de l’Académie Simon, personnage Alphonse Allais, créée né de l’imagination en août 1954 par le célèbre dialoguiste Henri Jeanson. Elle fertile de Paul Birault. En janvier 1914, soutient également des artistes fidèles ce journaliste invite en effet tous les à une forme d’humour absurde inspiré radicaux de l’Assemblée à venir le 31 de celui d’Alphonse Allais. Le lundi 2 oc- mars commémorer le centenaire de tobre sera ainsi programmé le premier ce «Grand Précurseur», dont il ne dit Festiv’Allais au Studio raspail où se pro- rien de plus, et à dévoiler, dès le lenduiront dans différentes disciplines de demain, sa statue dans son petit village jeunes talents du rire parrainés par de natal de Poil, dans la Nièvre.. Il reçut 18 réponses favorables : « Je serai heugrandes pointures du métier. depuis le 20 juin dernier, Xavier Jaillard reux et fier d’être à Poil le 31 mars… » est donc devenu Chancelier de cette dont celle d’un ministre qui ajoute qu’il

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À l'esprit

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a bien connu le Grand Précurseur. Personne n’a remarqué que le 31 mars est la veille du 1er avril… Les lettres, publiées par le journaliste, firent grand bruit. La France fut morte de rire, et le parti radical, déstabilisé. 103 ans plus tard, l’Académie Alphonse Allais a commémoré l’événement en inaugurant avec les édiles une plaque de marbre dans la cité de Poil le samedi 24 juin à 19h07, rendez-vous ayant été pris pour être tous à Poil en face de l’église à 18h30, apéritif en main pour se donner du courage ! Comme on le voit, on n’était pas loin du canular monté en 1910 par Roland Dorgelès, celui du tableau «Et le soleil s’endormit sur l’Adriatique» peint par la queue de l’âne du père Frédé sur la terrasse du Lapin Agile. Alphonse Allais, décédé cinq ans plus tôt que la révélation de cette supercherie et neuf ans avant cette histoire de Poil, n’aurait certainement désavoué ni l’une ni l’autre.

Xavier Jaillard : l’Allaisie pour patrie

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e nouveau Chancelier de l’Académie Alphonse Allais débarque sur terre dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Ça ne s’invente pas. C’est même plutôt de bon augure pour ce futur artiste protéiforme de la littérature, de la scène, du cabaret, du théâtre et du cinéma. S’il n’est pas né à Montmartre, il n’en mérite pas moins le passeport puisqu’à douze ans, sa famille s’installe rue des Martyrs au troisième étage au dessus de chez Michou. Ses parents ouvrent un cours privé, le cours Jaillard, au 27 avenue Trudaine. Lui poursuit ses études jusqu’au bac au lycée Jacques

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Decour. Truffé de diplômes d’études supérieures en lettres modernes obtenus tant en France qu’au Goethe Institut ou à l’Université de Salzburg, il épouse la voie de l’enseignement. En parallèle, se dessine une vocation d’auteur-compositeur, journaliste et présentateur, notamment à l’Échelle de Jacob, avant de s’associer avec Francis Blanche pour créer au square d’Anvers le Théâtre du Roi Lyre. Entre 1968 et 1978, Xavier y donne son tour de chant et neuf revues coécrites et jouées avec Francis Blanche. L’ombre d’Alphonse Allais a donc pointé son nez assez tôt dans la carrière du bonhomme. Se produisent notamment

à ses côtés : Pierre Dac, Mary Marquet, Jacques Fabbri, Robert Rocca, les Frères Ennemis, Raymond Devos, Maurice Horgues, Jean Amadou, Anne-Marie Carrière… Après la mort de Francis Blanche en 1974, Xavier Jaillard travaille comme auteur et comédien. Il joue dans 18 des pièces qu’il a écrites et dans près d’une trentaine d’autres, servant aussi bien des textes de Jean Anouilh et de Molière que de Labiche et de Tchékhov. Passons sur ses autres activités, parfois plus commerciales dans le domaine audiovisuel, encore qu’il ne soit pas peu fier que le groupe Wilner qu’il a fondé en 1980 ait été récompensé en

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À l'esprit

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novembre 2002 par le Grand Prix du Film médical des entretiens de Bichat pour le film Phares qu’il a réalisé. Depuis 2000, il est encore davantage sur tous les fronts. Jugez plutôt : fondateur et directeur du Festival Bourguignon des Auteurs et Adaptateurs Vivants, auteur des textes et bande-son du spectacle son et lumière Saint Louis à la collégiale de Poissy et, depuis cette année, Président du Salon de la Nouvelle (à Decize) et Fondateur et directeur du Prix Littéraire Jules Renard. Ouf ! Évidemment, je ne peux pas oublier sa participation à l’ouvrage collectif de l’Académie Alphonse Allais, le célèbre Dictionnaire Ouvert jusqu’à 22 heures édité au Cherche Midi et en collection poche chez Points, ni ses Humeurs jaillardes et encore moins,

parmi tant d’autres, Vers l’Ouest, son récent roman paru chez Scrinéo. Impossible également de ne pas mentionner que, parmi d’autres belles récompenses, Xavier Jaillard a reçu en 2008 le Molière de l’adaptation pour La Vie devant soi et le Molière du Meilleur spectacle privé. Cette boulimie d’activités lui laissera-t-elle la latitude de faire face à ses nouvelles responsabilités de Chancelier de l’Académie Alphonse Allais ? Personnellement, j’en ai la certitude car, comme l’aurait dit Francis Blanche, le terrain n’étant pas argileux, il ne sera pas tenté, en plus, de trouver le temps de faire des briques… Pierre Passot

Intronisation de Jean-Claude Carrière à l’Académie Alphonse Allais le 15 mai 2017 au siège de la SACD

De haut en bas et de gauche à droite : François Rollin, Alain Rey, Alain Créhange, Gérard Sibelle, Alain Meridjen, Philippe Davis, Fred Zeitoun, Jean-Claude Dreyfus, Gauthier

Fourcade, Patrick Préjean, Gregoire Lacroix, René de Obaldia, Pierre Passot, Claude Turier, Lucien Jérôme, Gregory Baquet, Albert Meslay,

Claude Lelouch, Jean-Claude Carrière, Marcel Amont, Thierry Geffrotin, Alex Vizorek, Philippe Geluck, François Morel et Xavier Jaillard.

30 membres de l’Académie Alphonse Allais étaient présents à cette cérémonie... Un record absolu !

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nouVeautés

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« Montmartre en Mélodies » UNE PrOMENAdE GUIdÉE... à TrAVErS MONTMArTrE SUIVIE dU rÉCITAL dE LA CHANTEUSE PATTIKA : « LES VOIX dU PASSÉ »

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’union originale d’une visite guidée et d’un spectacle vivant sur une scène mythique de la Butte Le 27 juin dernier, des visiteurs venus de Paris et de l’Ile-de-France ont pu découvrir en avant-première la nouvelle visite guidée « Montmartre en Mélodies », alliage inédit d’une promenade commentée et d’un spectacle chanté d’esprit cabaret, dans une célèbre salle de la Butte. Conduits à travers ruelles et villas, en-dehors des sentiers battus, par le guide JeanManuel Gabert, président de la société historique Le Vieux Montmartre et rédacteur en chef du magazine Paris-Montmartre, le public a pu découvrir les secrets de ce site aussi légendaire que méconnu – éclairé par le regard des artistes qui l’ont célébré, peint, filmé et chanté…

A la fin du parcours, entrée exclusive au Ciné 13 Théâtre de Claude Lelouch, la salle où fut tournée une scène d’Edith et Marcel. Accueilli par Salomé, la fille du cinéaste, le public put assister au récital de Pattika – un tour de chant original composé de titres mythiques (Piaf, Barbara, Jeanne Moreau, etc.) et de nouvelles chansons, dont la superbe « Les Voix du Passé » titre phare écrit par Bruno Gef pour le prochain Cd (4 titres) de l’artiste. Chaque chanson était introduite en voix off par un commentaire ou une anecdote historique de Jean-Manuel Gabert, et la promenade montmartroise trouvait ainsi son accomplissement à travers la superbe voix et le talent de Pattika. Un grand succès pour la première de cette balade artistique, historique et musicale, qui de l’avis de tous les participants

répond à une vraie attente, et permet de retrouver le visage le plus authentique de Montmartre. Cette visite « Montmartre en Mélodies » peut être mise en place sur réservation. Pour tout renseignement : Port. 06 16 09 20 77 Mail : gabert.jeanmanuel@neuf.fr A noter : le spectacle inédit de Pattika « Les Voix du Passé » (40 minutes – chansons et commentaires) a toujours lieu en journée sur la scène d’une salle montmartroise historique, selon disponibilités (Ciné 13 Théâtre, cabaret Au Lapin Agile…) Il peut aussi être associé à un déjeuner ou à un dîner (au jardin d’hiver cabaret de l’auberge La Bonne Franquette…).

« COURANT D’AIR » AVEC LES PORTES OUVERTES DE LA CITE MONTMARTRE AUx ARTISTES

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urant deux week-ends, les vendredi 13, samedi 14 et dimanche 15 octobre 2017 de 14h à 21h, et les vendredi 20, samedi 21 et dimanche 22 octobre 2017 de 14h à 21h, ne manquez pas d’aller découvrir Courant d’air – une installation artistique éphémère et collective, en noir et blanc et sur papier, constituée de peintures, estampes et photographies

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d’artistes résidents et invités. des kakémonos géants dans les cages d’escaliers aux petites galeries d’art sur les paliers, jusqu’aux verrières habillées : une invitation ludique à s’aventurer dans la cité Montmartre aux Artistes, pour en découvrir la spécificité architecturale et visiter les ateliers dont les portes seront ouvertes, « courant d’air » oblige !

Le saviez-vous ? Avec ses 177 ateliers, la cité « Montmartre aux Artistes » est un ensemble architectural exceptionnel (Arts décoratifs) le plus grand en Europe. 187 / 189 rue Ordener 75018 Paris Site : http://montmartre-auxartistes.org Facebook : https://www.facebook.com/MontmartreOartistes

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Montmartre, c'est vous !

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L’ARTISTE DE MORAVIS L’élève de la place du Tertre S

rba Milosevic a choisi son nom l’inatteignable perfection. Je n’ai jamais pris d’artiste : De Moravis – Peintre, de cours. » A Montmartre, il apprend en premier lieu l’art portraitiste de la place du Tertre. C’est un bel homme imposant par du portrait, en regardant les autres peintres. sa stature, mais aussi par sa personnalité C’est son école ! Pour apprendre le dessin, hors du commun ! Quels que soient les obs- la peinture, nous dit-il, il faut commencer tacles à traverser, rien ne l’arrête pour arri- par le plus difficile : le portrait. Peindre une ver à réaliser ses projets. Il y met du temps, maison, un paysage, avec un arbre, devient déploie des efforts, des trésors de compré- possible pour un amateur, mais un visage, il faut que la personne se reconnaisse ! hension et de l’acharnement. Quant il était dans son pays, en Serbie, il « Tout ce que je sais, je l’ai appris place du avait une agence immobilière. A Paris, il Tertre ! La Faculté de Montmartre. En plus, le monde entier défile ici, sous vos yeux… » était entrepreneur. Il y a 8 ans, sa vie a été bouleversée par un Il a corrigé ses dessins, retravaillé sans hasard qui vraisemblablement ne peut pas cesse, insatisfait souvent, développant sa technique, exigeant en être un… Mais plud’atteindre l’excellence ! tôt un rendez-vous avec Maxime, un artiste son destin. Serbe, l’a encouragé. Un copain, dans une « C’est grâce à lui que galerie de Montmartre, Ce qui me caractérise je suis devenu peintre ! lui demande de venir le plus particulièrement, je Certains autres se movoir, car il a besoin d’un devine l’âme du sujet qui quaient de moi : « Ah ! traducteur : Srba parle pose. Je cerne et dévoile Ah ! Tu vas devenir un 6 langues, apprises en peintre ! »… Parfois, il y autodidacte. sa personnalité ! Chez a eu des bagarres. » Ce jour là, autour de moi, c’est comme ça ! Mais Srba fait preuve lui, les gens parlent des de pugnacité avant de grands peintres, de leur devenir De Moravis. technique. Quand il commence « Moi pendant ce temps, je réalise un petit croquis en quelques se- quelque chose, il aime aller jusqu’au bout. Il condes, sur un papier, sans intention parti- a réussi à s’imposer parmi les peintres de la place du Tertre. culière, comme ça… » Là, un monsieur dans la galerie s’arrête et « Je suis reconnu comme quelqu’un qui sait dessiner et d’une manière originale. » lui dit : « J’ai une facilité d’appréhender un visage. « C’est toi qui a fait ça ?... » Sur la toile, je rajoute, je joue, je cherche « Oui, Mais je ne suis pas un dessinateur ! » « Alors tu as raté ta vie, car tu es un peintre pour que le rendu soit réaliste, mais beau. » De Moravis peut tout peindre ! Des payné et tu l’ignores… » Après cet épisode inattendu, Srba a acheté sages, des animaux, des scènes de vie… un crayon, un bloc, pour commencer à des- Il est en mesure d’utiliser toutes les techsiner dans le métro et aux terrasses des niques, le crayon, l’aquarelle, l’huile, les marcafés. C’est à 55 ans qu’une nouvelle vie queurs… Des portraits en grand format 3 ou 4 m2 ne lui font pas peur du tout. Mais s’ouvre à lui ! « J’avais en tête que ma main suivait mon avant d’en arriver là, il a énormément travailcerveau ! Alors j’ai dessiné sans cesse ! Des lé, jour après jour, avec cet acharnement de milliers de portraits ! Cherchant toujours réussite qui le caractérise.

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Montmartre, c'est vous !

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« Maintenant je privilégie les marqueurs en couleur. Tous mes outils sont dans ma poche. Avec ceux-là, je crée un portrait de très bonne qualité, rapidement, entre 5 et 15 minutes. Je suis un artisan « volant » sur la rue, place du Tertre.» Une phrase ne quitte pas De Moravis : « Savoir voir ! » Tout est là. Voir un visage, les proportions, mais plus essentiel encore, qui est devant vous ? Mettre en jeu l’intuition, pour composer la réalité. Voir et comprendre, sinon ça ne marche pas. « Ce qui me caractérise plus particulièrement, je devine l’âme du sujet qui pose. Je cerne et dévoile sa personnalité ! Chez moi, c’est comme ça ! » De Moravis a crée son style, qu’il appelle : le Serbism. Des touristes, pour lesquels il a composé des portraits, place du Tertre, l’ont invité à Beyrouth, afin de dessiner des invités lors d’un mariage. Il a été aussi convié à Lausanne par un monsieur qui avait ouvert un studio photos, pour réaliser des portraits de ses amis. « Il y a des choses étonnantes qui se passent place du Tertre ! » De Moravis a une maison en Serbie avec un grand atelier d’artiste, où il peint des tableaux en grand format. Là-bas, la télévision l’a invité à une émission pour dessiner en direct. « Mais je n’ai pas le trac. Même, cela me donne une force de montrer aux autres comment je fais ! » De Moravis explique qu’il a été borgne toute sa vie de l’œil droit. « Les dernières années, j’ai commencé à revoir de cet œil-là. Les médecins ne me croient pas, ils disent que c’est impossible. En même temps, je ressens aujourd’hui

Brigitte Bardot

les couleurs d’une façon très forte. Les contrastes, je les appréhende bien. Le jeu avec les nuances aussi. Pourquoi je vous dis cela ? Parce qu’en ne voyant pas bien, on ne comprend pas les profondeurs. » L’artiste s’exclame avec une joie triomphante : « C’est un petit miracle de Montmartre ! » Il sait la chance merveilleuse qu’il a d’avoir rencontré sa passion du dessin et de la peinture, car maintenant cela accompagnera toute sa vie « d’aventurier ». Une rencontre déterminante avec son destin, à l’âge de 55 ans, lui a ouvert l’univers de l’art. Son histoire est un enseignement, un hymne à la vie !

De Moravis s’exprime avec ses marqueurs, de coups de traits de maître, en couleur. Il sait voir, poser, analyser, entendre le silence des traits d’un visage. Psychologue, intuitif, il va dans une fulgurance composer, telle une symphonie, le visage vivant sur le papier ! Mais étonnamment, ses dessins lui ressemblent dans sa puissance et son appétence à la vie. De Moravis est un talent, un créatif, il peut tout dessiner, tout peindre et, à tous les coups, vous bouleverser ! La place du Tertre est le cœur de sa passion. Quand il dit « Ici j’ai tout appris ! » Une lueur jaillit dans ses yeux, avec un sourire radieux, car c’est bien d’une histoire de cœur dont il s’agit. De Moravis, Montmartre c’est vous ! Michèle Clary

De Moravis, portraitiste

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Visages du Village

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Photo Michèle Clary

CHARLES SCHNEIDER

I

l est reconnu dans les rues du XVIIIe arrondissement et partout en France ! Sa célébrité lui est venue par la série policière PJ où il jouait le rôle du capitaine Bernard Léonetti. Depuis, les gens l’interpellent et lui parlent comme s’il était vraiment le personnage du film. «Ils connaissent ma tête mais pas mon nom ! » Il est populaire, car il représente l’acteur le plus attachant de cette série policière. Pourquoi ? Peut-être parce qu’i y incarne un grand sentimental qui enchaîne les déboires amoureux retentissants ! Il est très malheureux. Pour cause, dans cette série, il se fait plaquer par sa première femme. Se retrouve à la rue… Puis il tombe amoureux d’une sado masochiste qui, un beau jour, se donne la mort. Dès lors, il noie son chagrin dans la boulimie… Le scénario ne lui épargne rien, les problèmes sont tous prévus pour lui ! Mais grâce à son talent d’interprétation, il exercera son art pendant 12 ans pour PJ, une grande aventure qui changera sa vie. En plus : « ça vous achète l’appartement ! J’ai beaucoup tourné et appris la rigueur que je n’avais pas forcément. Là, il fallait être professionnel et très carré. » Cependant il a joué dans de nombreux films : Kamikaze de Didier Grousset, Romuald et Juliette de Coline Serreau ; Un, deux, trois, soleil de Bertrand Blier… La liste est longue ! Plus des courts-métrage comme Le Coup du lapin de Raphaël Riva ; Un avenir ra-

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« VIVRE D’UN METIER QU’ON CHOISIT EST UN LUXE »

dieux de Xavier Delagnes, des téléfilms, des rôles dans certains épisode de séries télévisions très connues – Navarro, L’instit, Les Cordier, Juges et flics, Avocats et associés, Joséphine ange gardien… Mais il a plusieurs cordes à son arc ! Car le théâtre aussi a fait appel à lui : La pièce La Tondue de Nicolas Pomiès et Le don d’Adèle de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy… En ce

Cela m’a emballé ! Je ne l’envisageais pas comme métier au départ, juste pour le plaisir. Mais ensuite, quelque chose s’est passé, c’était devenu important pour moi… J’avais le trac.

moment, il joue dans la série à succès sur France 2 : Plus Belle la vie. « C’est vraiment une équipe très sympa ! J’apprends à travailler autrement. J’ai été surpris par le rythme rapide des tournages : un épisode par jour pendant 365 jours, et le nombre de caméras, il y en a trois ! J’ai vécu toutes les évolutions du tournage. » Il travaille avec des jeunes de 18 à 25 ans – pour eux, c’est encore mieux qu’une école d’art dramatique, explique-t-il. « Une fois qu’ils sont capables de travailler comme

ça, ils peuvent prétendre à d’autres films ! » Charles a joué dans un téléfilm au côté de Pierre Vaneck, une grande vedette. Aujourd’hui, il joue avec son petit fils Thibaud, « un très bon comédien » dans Plus Belle la vie. « Cela donne un petit coup de vieux ! Mais ça prouve que je suis encore là ! » Mais comment Charles est-il devenu acteur ? Sa réponse « Par hasard ! » Ses parents n’appartenaient pas du tout au milieu artistique. Il a suivi des études de droit qui ne l’intéressaient pas. Mais son destin bascule pendant des vacances en Normandie avec sa mère, quand, à 18 ans, il rencontre Sophie Lefrou De La Conloge dans un club de voile. Cette dernière fait du théâtre et lui propose de venir essayer cet art. De retour à Paris, il la retrouve et s’improvise comédien. « Cela m’a emballé ! Je ne l’envisageais pas comme métier au départ, juste pour le plaisir. Mais ensuite, quelque chose s’est passé, c’était devenu important pour moi… J’avais le trac. » Charles a suivi les cours Raspail et le prestigieux cours Florent, puis il a réussi un concours. Il a eu comme célèbres professeurs : Francis Huster, Pierre Roman, Jacques Weber. Très vite il a été engagé pour des tournages, ce qui n’a pas manqué de l’encourager. Puis il a monté une compagnie avec Dominique Serreau, le frère de Coline Serreau. Quand Charles ne pouvait pas vivre de sa

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Visages du Village

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passion de comédien, il travaillait à côté sans relâche et exerçait de nombreux métiers aussi étrangers les uns aux autres. Il s’est improvisé serveur, chauffeur de maitre, garde du corps, il a même tenu un restaurant…

d’être acteur, mais sa mère adorait ! A 30 ans, Charles a joué dans Lorenzaccio au Rond Point . « Ma mère et ses copines ont vu la pièce 150 fois. Papa, lui, ne l’avait jamais vue. Je lui ai donc dit de venir ! Il m’a alors demandé : « A quel moment on te voit le plus ? » -« En seconde partie. » L’incroyable, quand même, c’est qu’il est venu… en seconde partie !

Charles a aujourd’hui 58 ans et il peut jouer tous les rôles « en passant par le plombier ! » dit-il en souriant. Le métier de comédien a été un bienfait, affirme-t-il, une aide psychologique. Au fait, à part le talent, qu’est ce qui oriente vers le choix d’un comédien ? « Vous êtes engagé par rapport à ce que vous représentez. Moi, je représente le bon gars. D’ailleurs, les gens me le disent ! Mon rêve, j’aimerais enfin jouer une ordure ! Les vrais salauds sont des gens normaux et sympas... » Charles n’a jamais cherché à être une star. Il ne fait pas partie d’une famille, il n’est pas dans le sérail. Indépendamment du travail, il y a aussi un facteur chance inhérent à ce milieu. Quant à sa philosophie de vie, il considère voir le verre à moitié plein, jamais à moitié vide, et affirme avec son sourire radieux qu’il compose

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« Pour le métier d’acteur, il ne faut pas avoir peur d’affronter l’incertitude de payer son loyer. Au début, ne pas savoir de quoi sera fait demain, il faut pouvoir le supporter. Mon métier, ce sont des rencontres. Il y a des moments où je travaille beaucoup et d’autres moments pas du tout. Il n’y a pas de règle. Je ne fais pas partie des vedettes, mais des bons seconds rôles. » Charles explique qu’il mène une vie assez cool, simple avec confort et liberté. Il n’aurait jamais pu être un salarié avec un quotidien et des horaires réguliers. Son père n’appréciait pas du tout qu’il ait choisi

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Avec Michèle Clary

Mais quand j’ai participé à une pub pour les pages jaunes de l’annuaire, pour mon père, là, c’était un métier… mais le théâtre, non ! »

son métier d’acteur comme un artisan.

Charles reçoit un jour la proposition de jouer dans une pièce intitulée Les côtelettes de Bertrand Blier, au Théâtre Edouard VII, avec des monstres sacrés : Bouquet et Noiret. Mais contraint de choisir, il a préféré le rôle de Leonetti dans la série PJ. « Finalement, c’était le bon choix puisque mon contrat a duré 12 ans ! »

Son talent, sa jovialité et son énorme capital sympathie, nous font aimer l’homme à la ville comme à l’écran. En fait, Charles est un vrai bonheur !

« Tout simplement parce que j’aime la vie, j’aime les gens ! »

Michèle Clary

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actualité

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La sécurité une priorité et une urgence Gérard Collomb à la rencontre des montmartrois

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ébut juillet, le Collectif des Associations Montmartroises a décidé de saisir le nouveau Ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, sur la question de la situation sécuritaire à Montmartre et ses conséquences économiques. Pickpokets, vols avec violences, bonneteau, agressions, vente de cigarettes et d’objets, trafic de drogue, mendicité agressive… ces délits ne semblent pas réprimés à la hauteur des nuisances qu’ils constituent pour les riverains et les touristes. La situation est particulièrement grave autour de la station de métro Anvers (boulevard de Rochechouart, rue de Steinkerque, place Saint-Pierre...) ainsi qu’en

haut de la Butte autour de la place du Tertre et la rue Norvins, le parvis du Sacré Cœur… Des patrouilles Vigipirate sillonnent en permanence ces secteurs mais elles ne semblent pas avoir pour mission de réprimer cette délinquance qui continue donc de prospérer. La population et les professionnels sont excédés. Dès le 21 juillet, le Ministre s’est rendu sur la Butte en compagnie du Préfet de Police à la rencontre des forces de sécurité et des acteurs de la vie montmartroise. Il a été accueilli par Pierre Yves Bournazel, le nouveau Député, et Carine Rolland, Première adjointe du 18e. Il a longuement échangé avec les riverains, les

PARIS MONTMARTRE : Monsieur le Ministre, vous avez tenu à vous rendre compte personnellement et très vite de la situation sur laquelle votre attention avait été appelée. Ainsi, le 21 juillet, vous êtes venu y rencontrer les forces de sécurité, les élus et des acteurs de la vie locale. Comment avez-vous perçu cette visite et votre rencontre avec des montmartrois et des touristes ? Gérard COLLOMB : Après une période marquée par une baisse de la fréquentation touristique suite aux attentats qui ont endeuillé notre pays, on observe depuis quelques mois un changement de tendance, avec un retour des visiteurs étrangers en France, notamment dans les quartiers comme Montmartre. J’en ai rencontré un certain nombre le 21 juillet : ils étaient très heureux d’être à Paris et se sentaient en sécurité. Pour les acteurs de la vie locale, les élus, il s’agit évidemment d’un soulagement, d’une grande satisfaction. Cela nous encourage donc à continuer à avec force pour assurer la sécurité. A la fois en luttant contre le terrorisme – c’est l’objet de la loi que je porte actuellement à l’assemblée – et en développant de nouveaux outils pour combattre l’insécurité du quotidien.

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commerçants et les artistes. Dans un courrier du 4 août 2017 il avait écrit au Président de la République de Montmartre, Alain Coquard : « J’ai pris connaissance de vos observations avec attention et je tiens avant tout à vous assurer de ma totale détermination à garantir, pour tous, le droit à la sécurité. Suite à votre courrier, j’ai d’ailleurs décidé de me rendre sur place… » Les montmartrois souhaitent et espèrent que des réponses durables seront apportées afin que Montmartre redevienne notre village dans lequel il fait bon vivre, flâner et travailler. Marie-France Coquard

PM : La population, les professionnels et les touristes sont excédés par les pickpockets, vols avec violences, bonneteau, agressions, vente de cigarettes et d’objets, trafic de drogue, mendicité agressive… ces délits ne semblent pas réprimés à la hauteur des nuisances qu’ils constituent. Quelles mesures pensez-vous prendre pour les enrayer et redonner envie de vivre, de créer, de venir sur la Butte ? Gérard COLLOMB : Je l’ai dit dès ma prise de fonction : la sécurité du quotidien sera une de mes priorités. On ne peut accepter que, dans notre pays, une femme hésite à rentrer seule du travail le soir parce qu’elle a peur de se faire agresser. On ne peut accepter non plus qu’une personne âgée craigne de sortir de chez elle dans la journée. Il faut donc poser des actes forts. Le premier, c’est la forfaitisation de certains délits. Aujourd’hui, quand vous consommez du cannabis, vous pouvez être arrêté, mais la procédure pour condamner est longue et complexe. Demain, les policiers pourront infliger au délinquant une amende importante. Ce sera plus dissuasif. Autre axe d’action : la possibilité d’interdire à un individu la possibilité de fréquenter un lieu précis. Chacun a en tête l’exemple d’une

personne ou d’un groupe de personnes qui, présents en bas d’un immeuble, gênent la vie quotidienne des riverains par des incivilités ou des délits jamais réprimés. Ce dispositif nouveau, qui sera proposé au parlement, permettra d’y remédier. Enfin, nous voulons remettre des policiers sur le terrain. Car c’est bien cela qui est le plus dissuasif pour les délinquants : être confrontés en permanence à des femmes, des hommes en uniforme. C’est le sens de la création de la police de sécurité du quotidien qui sera expérimentée sur certains territoires au début de l’année 2018. PM : Envisagez-vous d’organiser une concertation associant les élus, les forces de sécurité, les professionnels, les associations, les artistes qui font notre renommée afin de rassembler toutes les énergies pour relever ensemble ces défis ? Gérard COLLOMB : Tous les spécialistes le disent : la sécurité ne peut plus être aujourd’hui la seule affaire de l’Etat, des polices municipales ou des sociétés spécialisées dans le domaine. Non, ce doit être une co-production, engageant l’ensemble des acteurs. C’est déjà le cas à l’échelle des communes : les maires président les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance. Il existe également des initiatives intéressantes au niveau des quartiers. Je suis évidemment favorable à ce que les montmartrois s’engagent sur cette voie.

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PLeins FeuX sur...

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ANTOINE DE MAxIMY « J’IrAI dOrMIr CHEZ VOUS ! »

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ne série télévisée qui aurait pu aussi s’intituler « Voyage, voyage » (le titre phare de desireless). Antoine de Maximy nous fait découvrir dans ses reportages des pays lointains, avec leurs cultures différentes, la découverte de l’autre dans toute son authenticité. Antoine de Maximy se pare de ses deux caméras à l’épaule et d’une troisième à la main. Le voilà harnaché à tout son attirail, prêt pour rencontrer l’inconnu. Arrivé à destination, il loue un véhicule pour s’éloigner des villes et au gré du hasard, il rencontre les autochtones. Une fois la communication établie, il leur propose de dormir chez eux, une nuit. Il aura bien du mal à convaincre cette jolie blonde en Argentine, dans un lieu semblable à Montmartre… Tous ces reportages sont filmés par Antoine de Maximy, uniquement, et à ses risques et périls. Comme une nuit en Espagne, où il a été attaqué par un chat fou. Lors d’un reportage, il se retrouve en pleine fusillade aux Caraïbes. Ce sont les risques des quartiers malfamés, d’autant plus qu’il travaille sans filet. Il est seul… Imperturbable, Antoine continue de parcourir le globe, de multiplier les rencontres diverses et variées. Cet aventurier nous fait voir « l’ailleurs » tel qu’il est réellement, passionnant. Sur les cinq continents, il y en a pour tous les goûts. Alexandra Cerdan INTErVIEW Alexandra Cerdan : Comment avez eu l’idée de créer cette série de reportages ? Antoine de Maximy : Je faisais à l’époque des reportages avec des gros moyens et beaucoup de contraintes, accompagné d’une équipe, et tout le monde donnait son avis, etc. J‘avais donc envie de lever les voiles pour retrouver ma liberté. dans le passé, j’avais été réalisateur, ingénieur du son, cadreur et je voulais être indépendant pour réaliser des portraits de gens « normaux ». A.C. : Lorsque vous étiez grand reporter à CBS NEWS, vous avez été envoyé dans des pays en guerre comme : Iran-Irak, Beyrouth (guerre civile). Pourquoi avoir cessé ? A.deM. : C’était trop stressant. Au bout d’un moment, j’en ai eu marre. A.C. : dans quel pays avez-vous eu le sentiment de ne pas être le bienvenu ?

A.deM. : Je ne dirais pas que je n’ai pas été le bienvenu. C’est juste que c’est un peu plus difficile dans certains pays comme le Japon ou les Emirats arabes unis. A.C. : Vous voyagez partout dans le monde, sauf dans les endroits touristiques, pourquoi ? A.deM. : Je préfère aller à la rencontre des habitants qui n’ont pas l’habitude de voir des touristes, c’est plus intéressant. A.C. : Lors d’un reportage, vous avez mangé un « Space-cake* » quel souvenir gardez-vous de cette expérience ? A.deM. : Je n’ai pas aimé du tout. Ces choses là, ce n’est pas pour moi. A.C. : Pouvez-vous évoquer une mésaventure que vous avez vécu à l’étranger ? A.deM. : C’était en Tanzanie, j’ai été pris à parti par quelqu’un qui considérait que je ne devais pas le filmer.

A.C. : Combien de pays avez-vous visité et quelle est votre prochaine destination ? A.deM. : J’ai visité plus de 100 pays et j’ai beaucoup de pays encore à découvrir comme la république Tchèque, le Botswana ou l’Equateur… A.C. : Avec toutes ces différentes et enrichissantes rencontres, quel message avez-vous envie de transmettre ? A.deM. : Alors là, c’est clair, je n’ai pas de message ! Avec cette série, j’ai voulu apporter du divertissement. A.C. : Gardez-vous un contact avec les personnes chez qui vous allez dormir ? A.deM. : Toujours ! Ils ont mon adresse et j’ai la leur, je leur fais toujours parvenir un dVd souvenir.

* Gâteau au cannabis – Émission bonus « J’irai dormir chez l’homme qui brûle » tournage : Salt Lake City/États-Unis

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« IL FAUT DÉTRUIRE MONTMARTRE !! »

À

l’origine de cette injonction pour le moins iconoclaste, placardée initialement sur les murs de Paris, puis publiée dans l’édition du 13 juillet 1913 de Paris-Journal, se trouve un homme, Felix Del Marle, et un courant esthétique, le Futurisme. Ce dernier prend naissance en Italie, à l’initiative du poète Filippo Tommaso Marinetti qui publie à la Une du Figaro le 20 février 1909, soit quatre ans auparavant, Le Manifeste du Futurisme. La presse italienne ne peut le diffuser en raison d’un violent tremblement de terre dans le détroit de Messine, qui occupe toutes ses colonnes. Et comme le dit si justement Gertrude Stein « Paris est l’endroit où était le XXème siècle ». C’est donc à Paris que les thèses de ce courant pluridisciplinaire englobant toutes les expressions artistiques (peinture, musique, théâtre, littérature, cinéma, photographie, architecture, féminité ) voient le jour. Un bref survol historique rappelle que le premier « manifeste », en tant que texte programmatique émanant de la main même d’un artiste, remonte à 1855, lorsque Gustave Courbet, dans la préface du cataFelix Del Marle logue de sa première exposition personnelle, exalte Le Réalisme en art. De nombreux autres suivront : le symbolisme des montmartrois Puvis de Chavannes et Gustave Moreau, les manifestes du synthétisme et du néo-traditionalisme

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de Sérusier et Maurice Denis « prophétisant » les Nabis, la Sécession munichoise, les manifestes Dada et surréalistes de Tzara et de Breton, eux-mêmes montmartrois, pour n’en citer que quelques-uns. Il arrive, il est vrai, que certaines œuvres s’imposent

émancipation appuyée sur une déclaration écrite, solennelle et publique, imposant, expliquant, détaillant leurs intentions et leurs aspirations (avéré également pour notre dernier exemple avec le manifeste de l’Excessivisme !). La pratique « manifes-

d’elles-mêmes comme des « manifestes » tel Impression soleil levant de Monet ou Et le soleil se coucha sur l’Adriatique de Boronali… ! Mais, dans la plupart des cas, les artistes expriment la nécessité d’une

taire », accompagnant tous les « ismes » de l’art moderne, relève d’une volonté de rupture, de faire table rase du passé, le méprisant souvent, le critiquant toujours, afin d’imposer de la nouveauté qui, parfois

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même avant d’être définie, s’exprime par la simple et violente négation d’un art jugé convenu, passéiste et « embourgeoisé ». Le Manifeste du Futurisme de Marinetti de 1909 n’échappe pas à la règle et va ouvrir une avant-garde explosive. Prenant acte de l’avènement d’un monde fondé sur la technologie, le machinisme, le nouveau crédo cinématographique, le culte de la vitesse induit par l’automobile et l’aéroplane, le manifeste proclame la nécessité d’intégrer le mouvement dans la création artistique afin d’épouser le progrès technique et l’essor industriel qui s’ensuit. Marinetti écrit : « Nous déclarons qu’il faut balayer tous les sujets déjà usés, pour exprimer notre tourbillante (sic) vie d’acier, d’orgueil, de fièvre et de vitesse… ». Très vite, des peintres italiens vont adhérer au courant de Marinetti en signant le 11 février 1910 le Manifeste des peintres futuristes, où se retrouvent, pour citer ceux dont l’histoire de l’art retiendra le nom, Boccioni, Carrà, Russolo, Balla, et Severini. Seul ce dernier vécut sur la Butte et installa son atelier successivement au 36 rue Ballu, 23 rue Turgot et 5 Impasse Guelma, où il aura pour voisins immédiats, Utrillo, Valadon, Braque et Dufy. Gino Severini laissera des toiles exceptionnelles sur Montmartre et ses cabarets et sera un compagnon de route sincère de ses poètes comme de ses artistes. L’exposition des peintres futuristes de février 1912 à la Galerie Bernheim-Jeune, alors dirigée par Felix Fénéon, fera scandale, mais ne désemplira pas ! Toutefois, la majorité des artistes français réfutent avec vigueur toute accointance

Felix Del Marle, La Patineuse, 1913

avec le futurisme. Seul, l’un d’entre eux va y souscrire et se distinguer d’assez surprenante manière, Felix Del Marle. Originaire d’une famille de brasseurs du nord de la France, il suit des études aux BeauxArts de Valenciennes et de Lille où il se fait remarquer par la qualité son travail. Attiré comme tant d’autres par l’effervescence artistique de la capitale, Felix Del Marle (1889-1952) arrive à Paris en 1912 et publie des caricatures à consonnances politique et sociale. Il rencontre rapidement l’avant-garde montmartroise et se lie avec Apollinaire et Severini. Dès 1913, il adhère aux thèses futuristes et présente rue Laffitte, chez le marchand Clovis Sagot, des toiles aux sujets emprunts de

cinétique comme La Patineuse ou L’Effort, aujourd’hui dans les collections de grands musées américains. Après sa rencontre en juin 1913 avec Marinetti, lors de l’exposition des sculptures de Boccioni à la Galerie La Boétie, A.F. Mac Delmarle, de sa signature futuriste, publie le 13 juillet dans ParisJournal un brulot iconoclaste, le Manifeste futuriste à Montmartre, virulente critique des peintres montmartrois et de la Butte, qualifiée de « vieille lèpre romantique ». La publication de ce texte ô combien provocateur, publié à nouveau deux jours plus tard dans Comœdia va susciter de vives controverses. Nous présentons ci-dessous le texte intégral de ce fameux et trop peu connu manifeste :

Felix Del Marle, Autoportrait, 1913

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« Manifeste Futuriste à Montmartre »

Q

uand nous avons dressé à Paris le solide piédestal du Futurisme, nous avons pensé à toi Montmartre, vieille lèpre romantique. A présent que les derniers de tes enfants, avortons et dégénérés, glapissent auprès de toi des paroles de secours, nous nous levons enfin et crions très haut :

Hardi les démolisseurs !!! Place aux pioches !!! Il faut détruire Montmartre !!! Et c’est bien de la butte qu’il s’agit, que l’on ne s’y trompe pas. Peu nous importe les bars et restaurants nocturnes. Mais nous avons assez des aventures sentimentales, des petites maisons, des petits jardins, des petits oiseaux…. Finis donc, Montmartre, monticule eczémateux, d’abriter à l’ombre de ton goitre affreux dédié au Sacré-Cœur, toute la gent canaille d’antiquaires et de vieux boutiquiers retirés des affaires.

Depaquit Comoedia, 18 juillet 1913

Et nous ne parlons pas de ton triste apanage, de ces antiques culottes à la hussarde, artistes (!) rabâcheurs passéistes et vermoulus. Oui, nous le savons, il y a la rue SaintVincent, la rue des Saules, la place du Calvaire !! Eh ! que nous importe encore !!! Tout cela est d’une autre époque ; ce fut une fleur, c’est aujourd’hui un fumier, et nous sommes jeunes, vivants et forts et pour ces ruelles maladives et infectes, aux maisons branlantes, quasi-closes, nous n’avons que du mépris et de la haine. Finis donc d’attirer du fond de leurs pro-

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vinces ces figurants d’opéra-comique, ces grands blocs de maisons aux étages infinis. rapins aux cheveux longs, à qui tu pompes Et vous rirez avec nous, alors, de votre attales moelles et que tu laisses croupir ensuite chement à ces détritus d’un autre siècle. Vous chercherez comme nous à dégadans les eaux sales de tes ornières. Ah ! oui, tu les as aimés, ces amants d’un soir, ces bohèmes arrivistes, et, comme une femme défend « son homme », tu les as parfois poussés très loin dans la honte, parfois même jusqu’au pont des Arts. As-tu oublié, Montmartre, que tu fus autrefois un bloc compact de résistance à tout ce qui était d’hier, à tout ce Poulbot, Comoedia, 18 juillet 1913 qui s’affichait pompier ? Mais Donnay a quitté le « Chat Noir » ; ger toute la beauté neuve des constructions Pierrot, syphilisé par les honneurs, pose sa géométriques, des gares, des appareils candidature à l’Institut, et Louise, veule et électriques, des aéroplanes, de toute notre repentissante, a réintégré le sein honnête vie tourbillonnante d’acier, de fièvre et de vitesse. de sa famille. Oh, vous pouvez disparaître vieilles maiIl y a des morts qu’il faut sons titubantes, murs lépreux, palissades qu’on tue ! abritant des montagnes d’excréments. Il faut tuer Montmartre !!! Allez-vous-en, vils marchands d’objets pieux, aux gestes raccrocheurs de filles, Les derniers moulins vont tomber, les tenanciers de cabarets pseudo-ar- ruelles vieillottes aux allures de béguinages tistiques, bric-à-brac épouvantables, s’écroulent. cimetières d’objet d’art. Fuyez dans Place à la pioche la nuit du passé, avec vos défroques futuriste !!! bariolées, vos rêves mort-nés, emportez avec vous vos Mimis Pinsons, Montmartre aura vécu. Ce ne sera plus à la voix éraillée, et vos musettes le cerveau pourri couronné d’une calotte sexagénaires. cléricale, pesant sur Paris s’éveillant au Mais vous vous obstinez à pourrir génie aveniriste. sur place. Vous n’avez même plus Et, le soir, quand le soleil disparaitra, l’énergie de la révolte et ce ne sera les mille lampes électriques troueront de que de la poussière puante que nous leurs faisceaux lumineux les grandes artrouverons dans les démolitions. tères pleines de bruits et de mouvements. Appelez-nous sauvages, barbares, que Les majestueuses façades aux enseignes nous importe ! nous sommes forts, vous multicolores s’éclaireront violemment : on dis-je, et nous montons à l’assaut de votre entendra la folle trépidation de nos merveilvermineux gruyère suivis par toute l’armée leux engins de vitesse et, à la fenêtre de des vainqueurs, aux échafaudages métal- Louise disparue, oubliée, les affiches lumiliques, armés de dynamite et d’explosifs. neuses tournoieront inlassablement dans le Votre Moulin de la Galette disparaitra ciel enfin conquis. fatalement dans une gare de métro. Il faut détruire Votre pouilleuse place du Tertre sera Montmartre !! traversée par les autobus et les tramways et de tout le fumier que vous voulez déA.F. Mac Delmarle fendre aujourd’hui s’élèveront dans une apothéose les gratte-ciels trouant son azur, les

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F

ace à ce « blasphème », à ce crime de lèse-majesté, la presse et la critique s’insurgent contre Del Marle. Severini, lui-même, pourtant acquis aux principes futuristes, s’en offusque et publie dans le Gil Blas une lettre ouverte dénonçant un «  plagiat de quelqu’un qui désire se faire de la réclame à l’aide du futurisme ». Marinetti, coupe court à cette passe d’armes entre les deux amis futuristes en donnant son blanc-seing à Del Marle en ces termes, peu élogieux pour Montmartre : «  Nous approuvons intégralement et avec enthousiasme votre manifeste futuriste, batterie d’idées à tir rapide pointée contre tout ce qu’il y a de plus vermoulu et de plus passéiste à Paris  ». On s’en doute, les artistes montmartrois ne se font pas prier pour monter au créneau. Apollinaire écrit : «  les futuristes, eux, n’ont presque pas de préoccupations plastiques ( ) C’est la peinture la plus dangereuse que l’on puisse imaginer ». Pour André Salmon, le futurisme est un « Opera buffa prétendant au seriosa » ! De leur côté, Depaquit, Poulbot, Warnod et le peintre Ange Supparo contre-attaquent, dessins à l’appui, dans l’édition du 15 juillet de Comœdia: « Il faut tuer Montmartre déclarent les futuristes ! Venez-y voir ! ..., répondent les artistes montmartrois ». Les trois dessins que nous reproduisons montrent avec quel humour, quel souci des références montmartroises nos dessinateurs-humoristes répliquent à l’importun « foutouriste » ! Tout en crayonnant le dessin publié dans Comœdia, Poulbot s’adresse au journaliste du quotidien : « J’ignore ce nécroman ; puisqu’à

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son avis nous sommes morts, pourquoi vient-il nous déterrer ? C’est évidemment, le chef d’une secte de buveurs d’eaux, à moins que. Ether, cocaïne, morphine, opium , oui, il doit y avoir quelque chose comme ça »

rapidement ; comme le dit le philosophe Bergson « tout devenir est fuite ». Rien n’est immobile. Le geste que nous voulons reproduire sur la toile ne sera plus un instant fixé du dynamisme universel, ce sera simplement la sensation dynamique

Felix Del Marle, Le Port, 1913

Non content de s’en prendre aux icônes montmartroises, Del Marle croise le fer la même année dans Le Nord illustré avec l’avant-garde du Bateau-Lavoir, précisant par là-même ses intentions esthétiques : « Tout bouge, tout se transforme

elle-même ». Il poursuit : « Par-delà les cubistes, dont l’esthétique, par la négation de la couleur et du sujet, relève d’un académisme masqué, nous chercherons un style du mouvement, ce qui n’a jamais été essayé avant nous ». Ces propos ne trouvent

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guère écho auprès de Braque et Picasso, quement. Laissant l’orthodoxie cubiste cir, intégrer la couleur et traiter du mouvetrop absorbés par leurs recherches, dans au sacro-saint Bateau-Lavoir de Picasso, ment, alors que les œuvres des futuristes, ces années 1912-1913, sur la transition Braque et Gris, un syncrétisme va s’opé- quant à elles, vont tendre davantage vers les ocres et les gris et entre cubisme analys’inspirer des données tique et synthétique. formelles du cubisme. Toutefois, le tableau de Cette synthèse trouve Felix Del Marle consison apogée dans les déré comme le plus actoiles de Duchamp, Picompli de sa démarche cabia, Kupka ou Robert futuriste, Le Port, peint Delaunay, les trois preen 1913 et exposé au miers ayant eu leur ateSalon des Indépendants lier à Montmartre. Cette de 1914, se veut une hybridation cubo-futuréponse à l’ uvre de riste, cette fusion des Picasso, Souvenir du deux courants majeurs Havre de 1912, dans de l’avant-garde, dans laquelle Del Marle voit laquelle notre colline une possibilité de perdes Arts joua un rôle méabilité entre cubisme essentiel, connaîtra un et futurisme. Mais c’est destin mondial et préfisurtout auprès des gurera le Suprématisme peintres du Groupe de de Malevitch comme Puteaux, nommé par le Constructivisme Jacques Villon Section Lampadaire, 1926 de Vladimir Tatline et d’Or, qu’une « hybrida- Couleurs dans l'espace, 1946 Alexandre Rodtchenko. tion » entre cubistes et Pour revenir à Felix Del Marle, il se futuristes va s’opérer. En 1914, Umberto rer progressivement, sous l’influence de la Boccioni envisage une symbiose entre ces Section d’Or et de ses principaux protago- tourne, après ce magistral coup d’éclat deux écoles, l’une décomposant le sujet nistes, Gleizes, Picabia, Metzinger, Kupka montmartrois, vers une période artistide manière statique (les cubistes), l’autre et les frères Duchamp. La palette des quement plus figurative. Dans les années (les futuristes), le décomposant dynami- cubistes du Groupe de Puteaux va s’éclair- vingt, il est séduit par le néoplasticisme de

L'Effort, 1913

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Mondrian et se rend au Bauhaus de Dessau. Après-guerre, il est le co-fondateur du Salon des Réalités Nouvelles et son Secrétaire général de 1947 à sa mort. Considérant la peinture, l’architecture, la sculpture et l’Art en général comme des phénomènes sociaux, il fonde avec l’architecte André Bloc le Groupe Espace, afin de porter les idées du constructivisme et du néoplasticisme dans l’urbanisme et l’architecture. Dans ce groupe de réflexion, se côtoient des artistes comme Sonia Delaunay, Victor Vasarely ou le sculpteur cinétique montmartrois Nicolas Schöffer. Adepte du Purisme de Le Corbusier et d’Amédée Ozenfant, Felix Del Marle réalise la polychromie architecturale des usines Renault de Flins. Initiateur de formes, il conçoit du mobilier d’intérieur,

Fauteuils, 1927

tables, fauteuils et lampadaires qui sont aujourd’hui encore des références en matière de design. Sur la fin de sa vie, après sa conversion au catholicisme, il traitera de sujets d’inspiration religieuse et laissera de nombreux croquis sur la vie monacale. Bien que n’ayant jamais habité la

Butte, Felix Del Marle n’en reste pas moins essentiel pour Montmartre au sens où son Manifeste à Montmartre aura ouvert la réflexion sur la question de savoir si le passé a un avenir ! Seul français des peintres futuristes, il n’est toutefois pas le seul français du futurisme. Une femme, une seule en effet, fit partie de cette avant-garde, Valentine de Saint-Point (1875-1953), femme de lettres et femme du monde. Elle publiera deux manifestes et cela ne nous étonnera pas : Le Manifeste de la femme futuriste (1912) et le Manifeste futuriste de la Luxure (1913). Tout un programme… ! Futuriste… non ? Avec un « F », comme les revues du Moulin Rouge ! Jean-Marc TARRIT

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LE BESTIAIRE Poèmes de GASTON G. – Dessins de STÉPHANE PLOUVIEZ

LA PIEUVRE Un beau jour, au Tribunal, Une pieuvre jeune et belle, Vint se plaindre, c'est banal, d'un mari dur et cruel.

Il me frappe à tour de bras dit-elle. L'autre avoua. Je bats ma poulpe, c'est vrai, Mais point ne le referai.

LA CHOUETTE Il fait nuit, mais la chouette S'éveille et part à la chasse. Adieu, pauvre souricette, Voilà le destin qui passe.

Ce n'est pas qu'elle m'effraie, – Pardon pour ce mot fumeux – Mais cependant, on dirait qu'elle me mange des yeux...

LE PERROQUET qu'il soit Ara aux tons chauds, Cacatoès, Amazone ; En bleu, en vert, rouge, jaune, Ou même simple Jacquot ;

Il peut parler, chanter, rire. Il est donc pareil à l'homme. S'il bavarde, c'est en somme, Très souvent pour ne rien dire.

LA gIRAFE Les finauds disent partout, Voyez si elle est crédule, On lui dore la pilule, Et on lui monte le cou !

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Or je ne suis pas si bête, Ou sans-culotte héroïque, Pour porter ma propre tête A la pointe d'une pique !

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Gégé nous e

C'est la nouvelle recrue de la rédaction du magazine. Humour et dérision à l’honneur. Un jour ou l’autre, vous subirez les effets salutaires et acerbes de sa griffe. Et maintenant, Mesdames et Messieurs, voici Jérôme Feugueur… dit « Gégé » !

Ruddy : alias Édouard Philippe ;

Mirna: serveuse au "Sabot Rouge";

à défaut de le limoger, le président de la république à préféré muter son ministre au "Sabot Rouge"...! Il gère tant bien que mal les artistes du carré !

ses yeux de velours et sa voix de miel vous enchanteront, mais, attention à ses griffes, les tatouages sur son décolleté en témoignent, c'est une panthère!de paris en kaléidoscope.

Jean-Pierre - peintre : un des

Rasoul - peintre : aquarelliste et

dinosaure du carré; de New Orléans a Tampa via Naples en Floride , ses dessins aux perspectives épurées et ses marines de l 'america's cup lui ont fait jeter "l 'encre" au "port du tertre" ou il navigue régulièrement!

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imitateur confirme de Jacques Chirac (que l'on peut parfois confondre avec Jean-Paul Belmondo!), triomphe avec son arc de la place de l 'étoile et sur la planète du tertre.. . !

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gégé arrive ...

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s en fait voir...

Les As du carré aux artistes

Pour chaque numéro, cette nouvelle rubrique vous invite à découvrir huit visages d’artistes actuels du carré de la place du Tertre, « croqués » par leur confrère et néanmoins ami Gégé. Une façon amusante de faire connaissance avec ces personnages originaux qui animent le célèbre site.

Marie-Noëlle - portraitiste :

Jacques - peintre : il s'exprime à l'encre

Stéphane - portraitiste : aux techniques diverses, allant du feutre à la sanguine en passant par le café colombien réputé pour ses ocres et sa densité de pigment; l'artiste souhaiterait parfois échanger sa mine de plomb contre le Walter ppk de double zéro sept...! Agent double aussi efficace sur le carré que dans les pages de "Paris Montmartre"!

Hemmy - peintre : des "converse all

souvent imitée, jamais égalée , ses portraits prêtent au débat ; elle s'estampille "norme française!"

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noire sur papier, capable du pire comme du meilleur, ses dessins comme ses toiles aux ciels changeants suivant les saisons, nous rappellent que le peintre est aussi marin au Long court... "Tonnerre de Brest !"

star", aux z 'animo de tous poils z'et de toutes plumes, son bestiaire ravi la place du tertre surchargée de Tour Eiffel z 'et de monuments de Paris... Son zoo d'aquarelles est ouvert tous les jours et toute l'année! Aurait-t-elle hérité son talent de son père , une autre vedette sur la place..!?

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Elaine Kibaro E

laine Kibaro est auteure, compositrice et interprète. Elle a été découverte par TF1 dans les années disco avec sa fameuse chanson « Aurore » qui la fit surnommer « la chanteuse à quatre bras ». Après ses passages sur les scènes du Lucernaire, du théâtre Déjazet, du Trianon, de l’Olympia, ses spectacles et évènements tures  » (roman autobiographique), et dans le cadre de la Semaine Mondiale une intégrale des textes de ses chanpour le Désarment parrainés par l’ONU sons «  Transcendance  » aux Editions ont investi les scènes de la Mutualité, du du Net, ainsi que « Les Contes de la Gymnase, du Grand Palais, du Casino Licorne » chez Edilivre. Elle sort égade Paris, etc. Elle a sorti 20 albums CD lement deux doubles CD/DVD de ses et 13 DVD, réalisé spectacles « Sur 10 longs métrages mon cheval Blanc, pour le cinéma les autoroutes de et la télévision, la Paix » et « Elaine Je pense que la violence sorti une douzaine et les Nations  ». pourrait disparaître. de livres. On l'a Son nouveau docuPar l’éducation, en revue plus récemmentaire « Paix » ment sur de nom(épisode 2) a été enseignant cela dès le breuses chaînes projeté récemment plus jeune âge, les choses TV dans « Que soit au Club UNESCO à peuvent changer. Paris, tout comme la Paix », chanson ses autres séries enregistrée avec psychomusicales la Musique de la éducatives pour Garde Républicaine qui l'accompagnait sur la scène toute la famille « Rencontres de Temps du Casino de Paris. Elle a aussi écrit Nouveaux », « Naissances » et « Couple : « Les Contes de la Licorne » (contes sortir du scénario de destruction  ». musicaux pour le jeune public). Durant toute sa carrière, la chanteuse Elle a créé en 2013 Bonneheure tv la n’a eu de cesse de chanter pour la paix. chaîne de l'éducation à la Paix. Elle vient Ayant habité cinq ans sur la Butte Montde publier cinq livres « God Mystère » martre, au 18 Rue de l’Armée d’Orient, (roman fantastique qui sera l’objet d’une elle vient d’être nommée Ambassadrice prochaine série TV), « L’Amour avec des de la République de Montmartre qui a mots » (pièce de théâtre qui a été adap- toujours œuvré pour la Paix et précotée pour le cinéma en 2012), « Confi- nisé de « faire le Bien dans la Joie ».

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Entretien avec Elaine Kibaro, artiste et artisane de Paix Paris Montmartre Sommes-nous tous des artisans de paix à travers ce que l’on fait, lorsqu’on essaie de le faire le mieux possible ? Elaine Kibaro Oui. C’est dans ce but que j’ai créé bonheure.tv, une chaîne d’éducation à la paix. Toute petite, dès l’âge de 5 ans j’ai pris conscience de l’importance de la Paix dans le monde. Je suis née à La Goulette Casino, le Port de Tunis. C’est un endroit paradisiaque, au bord de la mer, sous un ciel tout bleu. Il n’y avait que des bonnes choses dans cet endroit-là. Toutes les religions y vivaient en paix et en harmonie. On suivait les fêtes des uns des autres, c’était ce pays, la Tunisie qui voulait cela. Il n’y avait qu’une seule ombre au tableau, les bruits de la révolution d’Algérie ; j’entendais les conversations des parents. Ils n’en parlaient pas beaucoup devant nous mais on sent bien les choses lorsqu’on est petit. Les bruits de guerre me faisaient très peur. Je faisais donc des prières pour la paix. Puis, lorsque j’ai commencé à chanter, c’était évi-

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demment pour la paix. Mon premier single « De l’autre côté du Miroir » enregistré en Français, Arabe, Hébreu, Espéranto, etc. parlait de la paix sous toutes ses formes. Paris Montmartre Quelles sont vos actions pour favoriser cette paix ?

Elaine Kibaro Mon prochain spectacle aux Folies Bergère le 2 Octobre prochain viendra en soutien à plusieurs œuvres humanitaires pour les enfants les plus démunis. Il parlera beaucoup de mon pays natal, la Tunisie, qui vient de traverser de grands changements. Il sera rempli de chansons aux couleurs orientales, de musiques traditionnelles et aussi de medleys de toutes mes années de scène. Je fêterai en effet mes quarante ans de chansons avec toutes les communautés qui chérissent ce pays magnifique et ce public si merveilleux qui me suit depuis le commencement ! Entre temps je commencerai à distribuer les Trophées de la Paix aux personnalités qui soutiennent notre action depuis maintenant douze ans et que l’on peut retrouver dans l’onglet « Témoignages » de Bonneheure.tv. On commencera à remettre ces trophées d’Elaine au cinéma de Jean-Pierre Mocky Rue des Ecoles à Paris, le 25 Mai, lors de la diffusion de mon film « L’Amour avec des mots » (ou « La naissance d’une chanteuse » multi diffusé sur la chaine Télif et déjà plus de 224 000 spectateurs). A travers mes films, mes émissions, mes conférences, mes écrits et tous les évènements que je produis, je donne des outils qui favorisent la paix tant intérieure qu’extérieure. Le but est de montrer aux gens qu’ils ont à en eux-mêmes une puissance qui leur permet de réaliser tout ce qu’ils veulent ; c’est ce que je transmets à travers tous mes spectacles. On peut apprendre à rentrer en contact avec cette faculté qui est à l’intérieur de chaque être humain. Si vous savez que vous pouvez résoudre telle ou tel chose, vous n’allez pas agresser votre voisin. Je pense que la violence pourrait disparaître. Par l’éducation, en enseignant cela dès le plus jeune âge, les choses peuvent changer. Chasser le désespoir résultant du fait qu’on ne sait pas comment solutionner les grandes difficultés de l’existence pourrait anéantir toute violence. Dans tout ce que l’on dit, il y a une énergie, dans les mots comme dans les gestes. Si l’on arrive à mettre uniquement de l’énergie

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de vie qui va nous faire du bien, les choses vont s’améliorer. Des savants ont fait des expériences sur l’eau (Masaru Emoto, ndr), ils ont mis un petit papier où il était écris « Tu es très belle » sur un bocal, et en regardant l’eau au microscope, ils ont constaté que la molécule d’eau était très belle, comme un diamant, parce qu’on a prononcé ces mots ; avec la phrase « Tu es très moche », la molécule apparaissait très laide. L’énergie contenue dans les paroles,

agit sur la matière. Si l’on répète à un enfant : « Tu es paresseux, tu n’arriveras jamais à rien », cela ne lui fera pas du bien et risque de bloquer son développement. Si chaque individu prend conscience de cette capacité inhérente à chaque être humain, une grande amélioration peut envahir la planète. C’est une affaire individuelle au départ. Toutes les œuvres humanitaires travaillent main dans la main pour faire avancer les choses en vue d’une plus grande harmonie sur Terre. Maintenant il y a un réveil des esprits, c’est certain. Nous sommes donc tous des artisans de paix à travers ce que l’on fait lorsqu’on essaie de le faire le mieux possible.

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ELAINE KIBARO CHANTE ET œUVRE POUR LA PAIX

N

ous avons rencontré Elaine juste quelques jours avant le spectacle qu’elle donne à la « Maison de Tunisie » à Paris. Née à la Goulette (port de Tunis), d’une famille de six enfants dont elle est l’avant dernière. Elaine est bercée dès son enfance par le bruit des vagues de la mer méditerranée, éblouie par le soleil, envoutée par les notes jouées au piano par son père sicilien Salvatore Chibaro di Castronuovo (prononcer kibaro) qui encourage déjà sa fille à poursuivre dans le domaine musical, car Elaine écrit et interprète des poèmes dès son jeune âge. Sa maman très imprégnée de la culture tunisienne aimait chanter en français et en arabe, tout en s’occupant des travaux ménagers ; elle faisait des vocalises qui enchantaient les voisins et berçaient ses enfants. Le coeur déchiré la famille a du quitter la Tunisie tant aimée, la Goulette, ce paradis, cette plage aux eaux cristallines, pour aller s’installer en France, à Strasbourg avec - 20°. Elaine a 13 ans, est une adolescente qui commence à rêver et en découvrant l’émission « salut les copains », commence à sentir son attrait pour la chanson et pour en faire son métier. Elle poursuit à Strasbourg ses études dans une institution catholique et après avoir obtenu le baccalauréat, elle se lance dans la vie active pour aider ses soeurs à poursuivre leurs études. Elle travaille dans différents secteurs d’activité et notamment dans le domaine artistique. Elle écrit des textes , des mélodies, chante dans les bals et rêve de devenir une artiste reconnue. Après une expérience à la direction esthé

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tique d’une marque de produits de beauté, elle crée un spectacle « Miroirs » et se lance dans le métier qui lui tient à coeur. En 1977 elle enregistre son premier 45 tours, le titre est dédié à un message de paix en français, arabe, hébreu, espéranto :

« de l’autre côté du miroir». Franc succès grâce aussi à son jeu de scène totalement novateur, elle enjolive ses paroles par des gestes issus de la danse indienne. Ce spectacle illustre la puissance phénoménale cachée dans chacune de nos paroles, capable de transformer notre vie dit-elle. Elle se passionne pour sa nouvelle découverte. Ainsi est née la parole magique. Elle lance

son propre jeu de Tarots et ses phrases à elle. Elle précise que ce tarot sert à effacer du subconscient les croyances limitatives et à attirer le meilleur dans notre vie. Elle décide alors d’associer les images positives au tarot. C’est une passion qu’elle développe. Elle organise des stages qui rencontrent un grand succès car grâce à ces séances plusieurs réalisations s’accélèrent. Des problèmes personnels l’éloignent un moment de la scène et en 1981, elle poursuit dans la pensée positive en formulant des phrases qu’elle écrit, dit et affirme, elle dit et redit ces phrases positives qui deviennent réalité. Elaine rencontre l’homme de son coeur qui va l’aider à se faire connaître et produire des spectacles. Elle met au monde entre deux productions un garçon (réalisation d’un rêve enfoui d’être mère),prénommé Mikaël . Pour concilier les deux fonctions de mère et artiste elle se met à écrire ; le premier ouvrage sort « parole magique ». Elle produit aussi un spectacle pour enfants « les contes de la licorne » en 1994. ELaine Kibaro se voit confier la réalisation pour la France des différents évènements liés à la semaine mondiale du désarmement parrainée par l’ONU. Et la ronde déferlante du succès prend place, Elaine se produit dans plusieurs salles mythiques et notamment en 1992 à l’olympia, au Théatre Dejazet en 1994, théâtre de Trévise en 1995, à la Mutualité en 2006, au Théâtre du Gymnase en 2008, au Casino de Paris (1989, 1998, 2001, 2007, 2009/ONU, 2012/ONU), au Grand Palais en 2010, et 2013/ONU, au Théâtre l’Archipel 2010, 2013, 2014/ONU, à l’Espace Cardin

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et l’Archipel Aurore en 2015 etc… Elaine Kibaro a créée BONNEHEURE TV, c’est la WebTV de l’association Orian qu’elle a fondée pour une éducation à la paix. Pour cette chaine, Elaine a approché et interviewé différentes personnalités du show biz, écrivains, acteurs, romanciers, hommes et femmes célèbres, acteurs hommes de paix, cinéastes, chanteurs, artistes, politiques, hommes de foi ect.. qu’elle interpelle au sujet de leur définition de la PAIX. Elle a créé et testé avec des centaines de personnes, une méthode originale qui a fait ses preuves, pour utiliser les potentiels latents du subconscient à l’aide de la puissance des mots. Elle propose d’éduquer à la paix et au respect dès le plus jeune âge par la juste utilisation du langage. Ses conférences, contes, et spectacles sont autant d’actions sur le terrain qui permettent la prise de conscience de ce puissant outil de transmission. En 2010, Elaine reçoit la médaille d’or de la Ligue Universelle du Bien Public pour toutes ses actions. Elle est en outre marraine d’honneur de l’association Urgence Humanitaire au Viet Nam. Elaine participe à Kréatika, fête de la chanson francophone présidée par Fabienne Thibault. Elaine Kibaro a été nommée Ambassadeur de la République de Montmartre. Elle a par ailleurs réalisé différents films, courts et longs métrages, docufictions, documentaires..) et ce toujours dans l’objectif de promouvoir la PAIX, de donner des outils qui favorisent la paix tant intérieure qu’extérieure. Elle affirme que « dans tout ce que l’on dit il y a une énergie dans les mots comme dans les gestes. Si l’on arrive à mettre uniquement de l’énergie de vie qui va nous faire du bien, les choses vont s’améliorer ». Elaine précise « nous sommes donc tous des artisans de paix à travers ce que l’on fait lorsqu’on essaie de le faire le mieux possible ». La discographie d’Elaine Kibaro se compose de 17 albums, 14 quarante cinq tours et singles, ainsi que Onze DVD/VOD. Elle a en parallèle écrit et édité plusieurs livres dont « Parole Magique » « Ces phrases qui ont changé ma vie », « L’Amour avec des mots », « Transcendance » ainsi que son dernier

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persévérante sont les termes qui décrivent cette artiste hors normes qui réalise en douceur tous ses objectifs. Elaine sensible au pouvoir du verbe l’exprime à travers ses chansons. Elle est consciente que la graine qu’elle a planté en réalisant ce qu’elle est venue faire sur terre va germer et s’épanouir et que sa mission sera accomplie grâce à toutes ses actions et prières. Mais ce qui la tient le plus à coeur est : son RETOUR A LA GOULETTE(cité de la tolérance et pont entre toutes les cultures), retrouver le pays qui l’a vue naitre, se produire en TUNISIE, respirer l’odeur de la méditerranée de son enfance, chanter là où elle est née pour ses frères et soeurs de coeur et en hommage à sa maman tunisienne à qui elle dédiera son spectacle « LE JASMIN DE MA MERE ». En attendant de réaliser son voeu le plus cher, Elaine s’est produite dimanche 6 Novembre à « la Maison de la Tunisie » devant un parterre de natifs de Tunisie, cette Tunisie multicolore, accueillante et tolérante, berceau des trois confessions. Elle sera accompagnée par l’excellent groupe Midisun et du célèbre et talentueux violoniste tunisien Farhat Abid. Le 2 Octobre prochain Elaine dédiera un spectacle exceptionnel à la Tunisie , pays de sa reconnaissance et offrira à des personnalités méritantes la coupe de la Paix. Souhaitons lui un franc succès et espérons que son rêve de se produire dans le berceau de son enfance : La Goulette se réalisera très rapidement. Nouvel Album CD/DVD - Elaine et les Nations

« Confitures » qui relate sa vie de la Goulette à Strasbourg. ELAINE Kibaro a plusieurs « casquettes » à son actif et elle orchestre sa carrière avec

Désirée HADDAD BELLAICHE calme, douceur et brio. Elle est à la fois : auteur, compositeur, interprète, metteur en scène, journaliste, productrice, écrivaine, formatrice. Sa voix cristalline porte un message, celui de la paix. Un parcours hors norme, des fans toutes générations confondues, des albums, des livres, des conférences, des spectacles, qualifie Elaine. Passionnante, émouvante, attachante, très

Journaliste-Ecrivaine Vice Présidente AFJET (association Française des Journalistes et Ecrivains du Tourisme) France Nord - Ambassadrice Paris-Ile-de-France Correspondante à Paris de Tribune Plus Tunisie Rédactrice de "News Euro-Méd" Présidente Association NEAPOLIS

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Le feuilleton de Paris-Montmartre

Par Christine Haydar

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LE JOURNAL D’UNE PETITE MÔME DE PIGALLE Tiré du roman « Simone », Editions J.C Lattès

Montmartre, été 1954 - 6 e épisode Résumé des épisodes précédents : Simone, 11 ans, vit dans une chambre de bonne avec ses parents et son frère aîné.Elle n'est pas heureuse et rêve de changer de famille.Sa mère, un peu trop serviable au gré de Simone, l'envoie sans arrêt faire des courses pour les voisins âgés du palier. Monsieur Martinaud et Monsieur Tomaso sont au coude à coude pour la première place de nonagénaires, mais madame Levasseur ne va pas tarder à les coiffer au poteau...

Au cinema notre quartier est de plus en plus en vogue

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C

’est aujourd’hui que Mme Levasseur a ses cent ans. Ces derniers jours, elle était tout excitée. C’est à cause de ses enfants, ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants. Elle les voit jamais. Ils habitent pas à Paris. Mais là, pour ses cent ans, ils vont tous venir. C’est obligé. Elle leur a écrit. Ils ont pas encore répondu, mais elle leur en veut pas. Ils sont tellement occupés. Son fils aîné est receveur des P.T.T à Dijon. C’est quelque chose, receveur des P.T.T, vous croyez pas, madame Bobinet ? Elle est venue nous emprunter un peu de margarine et elle s’incruste. Pour la grande occasion, elle s’est fait faire une indéfrisable vachement serrée. Comme elle a pas beaucoup de cheveux, elle ressemble à un très vieux mouton. Un de ses bas en coton gris joue de l’accordéon sur sa cheville. Sa robe tablier à rayures noires et grises a l’air d’avoir le même âge qu’elle. La pauvre. Le pire, c’est son odeur. Une odeur de moisi. Un mélange de poussière et d’encens, comme à l’église. Ca me fait penser à la mort. Pourvu qu’elle m’embrasse pas. Heureusement, elle y pense pas. Elle a pas tellement de temps si elle veut que tout soit prêt pour midi. Hier, l’assistante sociale de la mairie lui a apporté un colis pour ses cent ans. Trois boîtes de pâté de foie, une plaque de chocolat, une boîte de lait concentré sucré Nestlé, des sardines à l’huile, du café, de la chicorée Leroux, une bouteille de mousseux, de la crème de marrons, et un biscuit avec plein de fruits confits. Plus deux boîtes de Pilchards. C’est

des maquereaux à la sauce tomate. J’en ai bouffé une fois chez une copine de mes vieux qui est poétesse à Saint-Germain-des -Prés. C’est tellement dégueulasse que j’ai été malade pendant deux jours. Enfin, avec tout ça, elle va préparer un foutu festin pour toute sa petite famille. Déjà huit heures vingt. Je me sauve à l’école. Quand je reviens à onze heures et demie, sa porte est entrouverte. Tout est prêt. Elle a fait plein de sandwiches minuscules sur un plateau. Le gâteau aux fruits confits a été coupé sur une des assiettes en carton. La bouteille de mousseux rafraîchit dans la cuvette sur l’évier. Mme Levasseur s’est changée. Elle a mis une autre robe tablier, avec les mêmes rayures grises et noires, mais plus neuve. Pour égayer, en dessous elle a un chemisier en dentelle blanche avec un grand col. On dirait une vieille écolière. Elle est mignonne. Elle est assise sur son lit, sagement. En face d’elle, en demi-cercle, elle a disposé toutes les chaises qu’elle a pu emprunter à droite à gauche. Je reconnais celles de Loretta et les nôtres. Forcément, si ils viennent tous, ils vont être au moins trente. Je sais pas comment ils vont faire. En entendant mon pas, elle se lève aussi vite qu’elle le peut et se dirige vers la porte. Elle marche en traînant les pieds, tout doucement, les jambes écartées comme une qui a fait dans sa culotte. — Ah, c’est toi, Simone. Je croyais que c’était mes enfants qui arrivaient. — Vous inquiétez pas. Ils vont plus tarder maintenant, madame Levasseur. Elle est retournée s’asseoir. Quand je suis repartie, à une heure et demie, ils étaient toujours pas là. Elle était en haut de l’escalier, à guetter la moindre allée et venue. — Je commence à m’inquiéter, elle a dit. Pourvu qu’ils n’aient pas eu un accident.

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— Mais non, madame Levasseur. Vous devriez pas rester debout comme ça, j’ai rétorqué. Quand même, elle commençait à exagérer, sa foutue progéniture. A la sortie de l’école, j’ai eu un pressentiment. J’ai monté la rue Pigalle et les escaliers en courant. Au sixième, silence de mort. La porte de madame Levasseur était toujours entrouverte. Elle était toujours assise sur son lit. Toute seule. Les sandwiches étaient tout racornis mais il en manquait pas un. Elle devait pas avoir eu le cœur à manger. Cette fois, elle a même pas bougé en entendant mon pas. Elle avait perdu la foi, Mme Levasseur. C’était pas supportable. Je me suis convoquée pour une conférence expresse. Simone Bobinet, j’ai dit. Si tu laisses Mme Levasseur crever de chagrin seule dans sa piaule le jour de ses cent ans, t’es rien qu’une chienne puante tout juste bonne pour l’abattoir. Rien à dire, j’ai répondu. T’as raison. Alors, j’ai filé à la maison déposer mon cartable. Le père Bobinet, en tricot de corps et short colonial comme Tintin en porte dans Tintin au Congo, répétait Viens Poupoule à la clarinette pour le thé dansant du Royal-Lieu. — Quand t’auras fini, range pas ton instrument, je lui ai dit. Je vais avoir besoin de toi. Il a eu l’air un peu surpris que je lui parle sur ce ton mais il a pas bronché. Il a juste dit : — OK, bouchon. Et il a mis un nouveau bec à sa clarinette. Mon paternel, c’est comme ça qu’il faut lui parler. Ma mère sait pas s’y prendre. — Tu ne goûtes pas ? elle m’a dit, tout étonnée. J’étais déjà à la porte. — Plus tard, j’ai pas le temps. C’est vrai. Il y a des jours où il y a plus important que son goûter. J’ai foncé chez Loretta. Un coup de pot, elle était seule chez elle. Elle s’apprêtait à redescendre. Je lui ai expliqué mon plan. — Toi, alors. T’es vraiment un sacré numéro, elle a dit.

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Le feuilleton de Paris-Montmartre

On s’est partagé le travail. — Tu prends le haut de la rue Pigalle, la rue Duperré, et la rue de Douai, j’ai dit. Moi, la rue Fontaine et la rue Chaptal. Ca te va ? — Banco, elle a dit. On est descendues ensemble. — A tout de suite, ma poulette. — A tout de suite, Loretta. Et on s’est dirigées chacune vers son sec-

pas à dire, les putes, c’est des filles sur qui on peut compter... Arlette était passée chez l’Italien chercher quatre bouteilles d’Asti Spumante. Moi, je m’étais chargée du gâteau. Une grosse meringue à deux étages avec plein de bougies. Les cent ans de Mme Levasseur, c’était une bonne occasion pour entamer mes deux cents balles.

teur. Après ma tournée, j’en avais plein les pattes de tous ces escaliers, mais Loretta et moi, on a pas perdu notre temps. Une demi-heure après, elles étaient toutes là. Muguette et Hortense, évidemment. Mais aussi Arlette, Camille et la grosse Lydie. Malika était avec un client. Elle devait nous rejoindre dès qu’elle aurait fini. Il y avait aussi Pierrette, qui s’habille toujours en vert, Andréa, Marguerite et Dany la Bretonne. Y a

Je suis allée chercher mon paternel, toujours en short et maillot de corps. J’ai aussi prévenu M. Tomaso et même M. Martinaud. On était au moins quinze. On est allés sur la pointe des pieds jusqu’à la porte entrouverte. C’est moi qui portais le gâteau avec les bougies allumées. — Vous êtes prêts ? j’ai murmuré en me retournant. Ils ont fait oui de la tête. Du bout du pied,

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j’ai poussé la porte sans crier gare. C’était le signal. On a tous entonné à tue-tête « Bon anniversaire, nos vœux les plus sincères ». On lui a foutu une de ces trouilles, à Mme Levasseur. Surtout la clarinette. Quand on s’y attend pas, ça saisit. Elle a levé la tête, nous a lancé un regard halluciné et s’est affalée raide sur son pucier, les yeux grands ouverts. — Putain, on l’a tuée, j’ai dit. J’ai posé le gâteau sur une chaise et j’ai couru vers le lit. — Appelez un médecin, une des filles a crié. — Je vais voir si M. Bocquet est chez lui, Pierrette a dit. Elle le connaît bien. Il habite au 49. C’est un spécialiste des maladies vénériennes, je l’ai vu sur sa plaque. Je me suis toujours demandé ce que ça voulait dire... On était tous autour de Mme Levasseur, à lui tapoter les mains et les joues avec un gant de toilette mouillé. Finalement, elle a ouvert les yeux. Elle avait du mal à respirer. Son regard s’est fixé sur moi. — Maryse, ma chérie. Aïe ! A tous les coups, elle m’a prise pour son arrière-petite-fille. Elle s’est redressée et m’a serrée dans ses bras à l’improviste. J’ai pas eu le temps de bloquer ma respiration. J’ai pris une bouffée

Ces dames et l'uniforme

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de moisi plein les narines. C’est pas grave. Elle était pas morte, c’était le principal. Elle a vite retrouvé ses esprits malgré toutes ces émotions. Les filles ont défilé avec leurs cadeaux. La grosse Lydie avait acheté les bas en coton gris que je lui avais suggérés. Camille de l’eau de Cologne. Elle en pleurait, Mme Levasseur. Ca valait pas ses enfants, mais bon. Tous des foutus salopards, j’ai pensé. Celui qui est receveur des postes, ça lui aurait fait mal au ventre, d’envoyer un télégramme ? On a fait sauter le bouchon d’une bouteille d’Asti, on a rempli les gobelets et on a trinqué. Mme Levasseur a fait cul sec en s’étranglant un peu. M. Tomaso s’est occupé de l’animation musicale. Il est allé chez lui mettre des valses de Vienne sur son vieux Teppaz, porte grande ouverte pour que tout le monde en profite. Après, il a pris Mme Levasseur par la main, il l’a emmenée jusqu’au milieu du palier, et ils ont ouvert le bal sous les applaudissements. Elle a protesté un peu, mais pas longtemps. Elle était déjà pompette. C’est là que le docteur Bocquet est arrivé, escorté de deux hirondelles, averties on ne sait comment de ce rassemblement suspect de filles de joie. — Où est la malade ? il a demandé d’un air inquiet. — C’est moi, Mme Levasseur a dit en rigolant. Comment allez-vous, docteur ? Vous prendrez bien un petit verre d’Asti avec nous. Vous aussi, messieurs, elle a dit aux poulets. On n’a pas tous les jours cent ans, comme dit la chanson. Déchaînée, l’ancêtre. Impossible de lui résister. Le toubib a posé sa sacoche, a plié ses lunettes et les a mises dans sa poche. Les bourres ont regimbé un moment pour la forme. — On peut pas. On est en service. — Nous pas, Lydie et Marguerite se sont esclaffées. Elles leur ont enlevé képis et pèlerines et les ont entraînés dans une valse endiablée. C’est le moment que Jean-Paul a choisi pour rentrer du lycée. Il a marqué un temps d’arrêt sur le dernière marche. Putain, le regard méprisant qu’il a eu... Surtout pour les archers. C’est pas un marrant, mon frangin. S’il était déjà leur supérieur, ils seraient bons pour un blâme. Il s’est frayé un chemin à travers tous ces foutus insectes en délire et il s’est barricadé à la maison. On a bien picolé. Même moi. Les sandwiches étaient immangeables. Le gâteau aux fruits confits aussi. Alors on a mangé ma meringue. Comme on avait oublié d’éteindre les bougies, rapport au malaise de Mme Levasseur, elle avait un peu un goût de cire, mais bon. Mon vieux trouvait Dany la Bretonne vachement à son goût et il a commencé à la serrer de près. Ma mère n’a rien vu, elle dansait un tango avec le docteur Bocquet. Aux étages du dessous, des verrous se sont tirés, des portes se sont ouvertes. Piétinements. Conciliabules. Les bourgeois commençaient à s’énerver. — Si vous n’arrêtez pas ce chahut, on va appeler la police. Vous êtes prévenus, ils ont crié. — Elle est déjà là, la police, bande de rabat-joie, Camille a riposté. Un murmure de protestations s’est élevé. — Il faut les faire expulser, ce n’est plus possible. Malika a fini par arriver, tout essoufflée. — Nos hommes nous cherchent partout. Il vaudrait mieux pas trop s’attarder.

L'épicerie

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Les filles sont allées récupérer leurs sacs et faire la bise à Mme Levasseur. Entre-temps, les bourgeois s’étaient enhardis. M. romanese et Mme Nollin ont pointé leur nez à miétage. Ca leur a redonné de la conscience professionnelle, aux deux flicards. Surtout que dans le lointain, la sirène de Police-Secours a retenti. Ils ont remis leur pèlerine et leur képi et se sont postés sur la première marche, bloquant le passage. — Une seconde, mesdames. Contrôle d’identité. Vous avez vos papiers ? J’en revenais pas. quels enfoirés ! Ils seraient capables de me les rafler, mes copines. Heureusement, Mme Levasseur a un grand sens de l’à-propos. C’est le moment qu’elle a choisi pour s’évanouir une deuxième fois. Le docteur venait de partir. — Au secours, police, j’ai crié. Les deux perdreaux ont rappliqué illico. Pendant qu’ils transportaient la pauvre vieille sur son lit, les filles en ont profité pour se faire la malle. Elle est revenue à elle une fois de plus. — Ah, tu es là, ma chérie. — Il faut l’emmener à l’hôpital, un des flics a dit. T’es de la famille, toi ? J’ai pas eu le temps de répondre. — Ma petite Maryse, ne les laisse pas m’emmener à l’hôpital, j’ai juste besoin de dormir, elle a murmuré.

Le FeuiLLeton de Paris-MontMartre

Et maintenant voilà Miss Pigalle au cinoche, on croit rêver

— Oui, je suis son arrière-petite-fille, j’ai dit. Laissez-la ici. Ma mère va arriver d’une minute à l’autre. Ils ont même pas vérifié, ces tocards. Après leur départ, on a déshabillé Mme Levasseur, Loretta et moi, et on l’a mise dans les draps. Elle était quand même contente. Elle nous a remerciées. Je lui ai tenu un peu la main. Elle a fini par s’endormir. Loretta et moi, on est sorties. J’avais la clé. Je viendrais plus tard voir comment elle allait. J’y suis retournée avant d’aller me coucher. Elle respirait paisiblement. Avant de sombrer dans le sommeil, j’ai pensé au bon dieu. Je suis sûre que pour une fois, il était content de moi.

Le lendemain matin, Mme Levasseur était morte. Elle a eu une attaque pendant la nuit. C’est moi qui l’ai trouvée. On aurait dit qu’elle dormait mais je suis pas arrivée à la réveiller. C’est là que j’ai compris. Je suis allée prévenir. Pour l’enterrement, ils étaient tous là. Ses enfants, ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants. Sacrée Mme Levasseur. Elle a été obligée d’employer les grands moyens, mais elle a quand même réussi à la faire venir à Paris, sa bon dieu de famille... À suivre...

COUP dE PrOJECTEUr SUr LES « FIFTIES »

…LES « HIRONDELLES »

« Les Hirondelles » foulent pour la première fois le sol parisien en 1901. Leurs collègues et les habitants les surnomment ainsi à cause de leur cape flottante qui rappelle l’oiseau. Avec trois brigades par arrondissement, la ville comptait 2819 policiers sur roues en 1950 ! Ces policiers spéciaux étaient chargés de faire régner l’ordre et le calme durant la nuit. Ils enfourchaient donc leurs précieuses « Hirondelles » pour faire acte de présence et non pour poursuivre

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de dangereux malfrats… En effet, ces agents de proximité étaient souvent les plus âgés car ils n’avaient qu’à pédaler tranquillement dans les rues de la capitale. Les Parisiens connaissaient leur brigade, les saluaient et parfois même trinquaient avec eux ! « Les Hirondelles » sont rayées définitivement de la carte en 1984. (source Préfecture de police)

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Les Patates de greg

PAr GrÉGOIrE LACrOIX

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des patates qui parlent, on en connait tous... mais reconnaissez que celles-ci ont bien plus d’esprit ! rubrique signée par grégoire Lacroix, de l’académie alphonse allais.

Laure aime les acteurs ; elle a ses favoris Le Gros jamais content et le Maigre ahuri. Pour les voir au ciné, bravant les interdits C'est une risque-tout qui ne craint pas la nuit. Moralité :

Laure elle est hardie

On peut aimer le missionnaire Pour sa partie de jambes en l'air. Mais faire l'amour en cavalier Décuple la félicité. Moralité :

Le faire à cheval ça porte bonheur

Elle arrivait droit de Berlin Par le premier train du matin Un parisien lui proposa De faire à deux un tour au bois. Elle esquiva, dit "non merci" Déçu et triste il repartit Moralité :

C'est la loi de l'offre et de l'allemande

Il était mal en point ce tombeau On en commanda donc un nouveau Et lorsque enfin il arriva Au vin primeur on l'arrosa. Moralité :

Le mausolée nouveau est arrivé

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La renaissance de la Cité des Arts de Montmartre est engagée ¡ Viva Villa ! , le festival des résidences d’artistes initié par la Villa Médicis à Rome, la Casa de Velázquez à Madrid et la Villa Kujoyama à Kyoto, se déploie du 30 septembre au 7 octobre à la Cité internationale des arts, sur son site au cœur de Montmartre. Vous aurez exceptionnellement accès aux ateliers d’artistes et au jardin pour découvrir les œuvres de plasticiens, de musiciens, d’écrivains, d’artisans d’arts, de cinéastes, de vidéastes ou encore de photographes. Et vous comprendrez pourquoi le Collectif des Associations Montmartroises s’est mobilisé depuis trois années pour que ce site exceptionnel, propriété de la Ville de Paris, perdure dans sa vocation et soit réhabilité dans son ensemble, bâtiments et parc, avec aménagement de la Villa Radet en centre artistique et salles d’exposition. Le festival ¡ Viva Villa ! a été conçu comme un rendez-vous de la jeune création contemporaine où se croise, se rencontre et dialogue la pluralité des disciplines, des

regards et des perspectives. Après une édition « zéro » en 2016 dans les jardins du Palais-Royal, le festival réunit cette année les œuvres des résidents de trois prestigieuses résidences artistiques – la Villa Médicis, la Villa Kujoyama et la Casa de Velázquez – ainsi que de nombreux artistes invités, autour du thème Les approches. Des résidents de la Cité inter-

nationale des arts sont conviés à participer à l’événement. « Le choix, cette année, de la friche artistique de Norvins, Cité internationale des arts à Montmartre, autorise une déambulation d’’atelier en atelier, de bosquet en terrasse herbeuse, de placette

en escalier, d’intérieurs au jardin, comme autant de plans rapprochés puis distanciés, de promenades ponctuées d’arrêts successifs sur des propositions singulières… » expliquent Cécile Debray et Federico Nicolao, les commissaires de l’exposition. Au programme de ce festival au cœur de la Butte, entres autre surprises et créations : films, photographies matiéristes, concert électroacoustique, lectures, installations et performances, un ensemble de peintures de natures mortes métaphysiques, des contrearchitectures dans le jardin, des poèmes vidéos dans les interstices du lieu, des meubles en papier, un orgue pour faire entendre le cri du papier, une sculpture flottante, des façades anamorphosées par la vidéo... Entrée libre, sans réservation. Du samedi 30 septembre au samedi 7 octobre – sauf le lundi 2 octobre Horaires : de 12h à 21h30 tous les jours Programme spécifique pour la Nuit Blanche, le samedi 7 octobre de 12h à 2h L’entrée se fait par la Villa Radet : Place Dalida, au 16 rue Girardon.

LE premier FESTIV’ALLAIS 2017 aura lieu le lundi 2 octobre 2017 à 20 heures précises au Studio Raspail, 216 boulevard Raspail à Paris 14e Six artistes « allaisiens » seront intronisés à l’Académie Alphonse Allais avec la complicité de René de OBALDIA, POPECK, Gérald DAHAN, Marcel AMONT, Pierre PASSOT, Éric BOUVRON, Max BIRD et Xavier JAILLARD, Chancelier de l’Académie.

20e EDITION DU PRIX WEPLER FONDATION LA POSTE Pour sa 20e édition, le Prix Wepler-Fondation La Poste pérennise ses principes fondamentaux, qui le différencient de bien d’autres prix : le renouvellement intégral du jury, sa mixité de lecteurs et de professionnels, son indépendance, son engagement et son exigence visionnaire qui explore les territoires de la création romanesque. Treize auteurs nominés, et le soutien d’un mé-

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cénat financier de 10 000 euros pour le Prix et 3 000 euros pour « la mention spéciale » grâce à la Fondation La Poste, la brasserie Wepler et la librairie des Abbesses. LE PRIX WEPLER 2017 SERA REMIS LE LUNDI 13 NOVEMBRE A LA BRASSERIE WEPLER

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arts et Lettres

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Un Amour de Rose de Marie b. Guérin

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n amour de roman. délaissant Montmartre où elle a ses repères et ses restaurants favoris, Marie B. Guérin nous invite à suivre rose, son héroïne, sur les pentes d’une autre colline parisienne, la Butte-aux-Cailles où elle a posé ses pénates dans le quartier de la MaisonBlanche, rue des Cinq-diamants. Entre Paris et Nantes, la ville natale de rose, l’action de ce nouveau roman nous fait vibrer aux élans, aux affres, aux interrogations et éventuelles infidélités d’un couple d’aujourd’hui. Autant épris de soif de vivre ensemble que d’indépendance et de liberté, Marc et rose expriment après une année de rencontre toute la complexité d’une rupture que chacun d’eux se refuse à admettre, jusqu’au jour où… Mais il serait mal venu de dévoiler ici l’épilogue de ce ro-

man attachant, si bien ciselé que plusieurs éditeurs n’ont pas hésité à proposer à son auteur de l’adapter pour le grand écran en en faisant un scénario de long métrage à la manière d’un film de Lelouch ! Il est vrai que Marie B. Guérin dessine au cordeau le portrait de rose, comme celui de Marc, auteur de bandes dessinées, charmeur un brin volage, passionné du Belem, l’illustre trois-mâts dont il fait le héros de ses best-sellers. à noter que sa rencontre avec rose, myope comme une taupe et bras droit du directeur d’un magasin d’optique, ne manque pas de piquant. des quais de la Loire à ceux de la Seine, Un Amour de Rose, nous entraîne ainsi dans la ronde des émotions où la fougue de la passion côtoie les vertiges de la souffrance. Autopsie d’un amour éperdu ?

Plutôt un récit léger, sensuel, souvent drôle, où l’envie de résister et de rebondir devient source d’espoir. Bien qu’habitant Paris depuis des années, Marie B. Guérin, de même origine que son héroïne, situe nombre de scènes de son roman dans la ville ou dans les environs de Nantes qu’elle connaît comme sa poche. Grande cinéphile, elle n’a pas hésité à faire pertinemment appel à quelques références du septième art pour enrichir son récit. Cette dévoreuse de littérature anime avec succès des ateliers d’écriture en France et à l’étranger. Marie B. Guérin a été promue récemment au rang de chevalier de l’Ordre National du Mérite. Pierre Passot Un Amour de Rose roman, 192 pages, Éditions Artena 18 Euros

ANDRé ROUSSARD, LA BIOGrAPHIE :

CINqUANTE ANS à MONTMArTrE, CINqUANTE ANS dE PEINTUrE

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ophie roussard, galeriste à Montmartre, publie la biographie de son beau-père, André roussard. Au travers d’un ouvrage extrêmement documenté qui comporte plus de trois cents photographies d’archives sur Montmartre et l’histoire de leur galerie éponyme, elle retrace la vie d’André roussard, de sa petite enfance au pied de la Butte en pleine deuxième guerre mondiale, à son décès en 2013. On découvre un petit garçon au caractère très affirmé devenu un jeune homme fantasque, aux premiers élans amoureux, et tâtonnements dans la recherche de projets professionnels, avant que son oncle, par un coup de fil inattendu, ne lui propose de reprendre sa galerie d’art. A vingt-trois ans, André devient alors le « plus jeune galeriste de France », tel que l’appellera la presse pendant de longues années.

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Toute la vie de Montmartre des années 60 à la fin des années 2010 est retracée à travers sa biographie. On se remémore Fred Bretonnière, Zizi, Patachou, Labric, rocky, dimey, tous les personnages pittoresques qui auront marqué la Butte. Mais surtout, le livre reprend les cinquante ans de carrière d’André roussard, avec une précision incroyable. Plus d’un an de recherche dans les archives familiales et le recueil de nombreux témoignages ont été nécessaires. André a été le marchand d’artistes renommés, et il a défendu les peintres de Montmartre avec pour étendard de faire rayonner la Butte dans le monde. C’est ainsi qu’il a organisé des expositions magistrales sur Foujita, Modigliani, Gen Paul, Herbin, Utrillo…

Michou et André Roussard, galerie Roussard

André Roussard et Lorànt Deutsch, galerie Roussard

Prix : 25 euros En vente à la galerie roussard : 13, rue du Mont Cenis, 75018 Paris. Séance de dédicace le 28 septembre à partir de 18 h, à la galerie. Sortie du livre le 29 septembre 2017.

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Conférences et spectacles, extraits du programme du Centre Culturel Le Vieux Montmartre Voici quelques conférences et spectacles à noter sur vos agendas : Montmartre, décor de cinéma Le Mardi 24 octobre à 18h45 Dans le cadre de l’exposition, Antoine de Baecque parle des grands cinéastes montmartrois : Marcel Carné, Jean-Pierre Melville et Fran­çois Truffaut. Musée de Montmartre, 12 rue Cortot, Paris 18e Sur réservation au Vieux Montmartre, par téléphone ou par mail • 6 € pour les adhérents • 12 € pour le public extérieur Zabulon de René de Obaldia Le 30 octobre à 18h45 Lecture théâtrale au Ciné 13 d’une pièce inédite de René de Obaldia, le grand auteur de théâtre et Académicien français.

Ciné 13, 1 avenue Junot, Paris 18e Sur réservation au Vieux Montmartre, par téléphone ou par mail • 12 € pour les adhérents • 16 € pour le public extérieur Befikre Projection de film Le 29 novembre à 19 heures Befikre (“Insouciants” en hindi) sorti en 2016, est le premier film bollywood réalisé par Adita Chopra entièrement tourné dans l’Hexagone, dont de nombreuses scènes à Montmartre. En présence d’Anne Seibel, chef décoratrice, responsable du département décoration à la FEMIS. La FEMIS, 6 rue Francoeur, Paris 18e Sur réservation au Vieux Montmartre, par téléphone ou par mail • Spectacle gratuit pour tous

Louise Weber dite “la Goulue” Le 18 décembre à 18h45 Une Pièce de Delphine Gusteau écrite pour Delphine Grandsart Louise Weber (1866-1929) racon­te sa vie toujours au présent. Le public assiste à un déroulé “à l’en­vers” en quatre étapes : vieillesse, âge adulte, jeunesse et enfance. Ciné 13, 1 avenue Junot, Paris 18e Sur réservation au Vieux Montmartre, par téléphone ou par mail • 12 € pour les adhérents • 16 € pour le public extérieur Liste complète des conférences et toutes réservations : Le Vieux Montmartre Directrice du Centre culturel : Michèle Trante Tél. : 01 42 57 68 39 E-mail : centreculturel@levieuxmontmartre

EN AVANT LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE !

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ans son nouvel ouvrage la République de Montmartre retrace les grandes et belles heures de son histoire en évoquant les personnalités qui ont œuvré à sa fondation et celles qui l’animent aujourd’hui. Francisque Poulbot, « Cœur de la Butte», en fut l’initiateur avec d’autres artistes peintres, dessinateurs, affichistes et illustrateurs de renom qui ont insufflé leur talent comme leur notoriété. Grâce à leur énergie, leur altruisme hors normes, la République de Montmartre voit le jour à la fin de l’année 1920. Son objectif initial est de resserrer les liens entre plasticiens, écrivains et musiciens pour venir en aide aux plus âgés ou plus démunis d’entre eux quand n’existait ni retraites ni sécurité sociale.l’action philanthropique de cette république «pour rire», s’étend rapidement au soutien de l’enfance malheureuse ou défavorisée.

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Près de cent ans plus tard, cette grande association montmartroise poursuit le chemin tracé par ses fondateurs au travers de manifestations solidaires, culturelles, littéraires, artistiques tout en innovant sans cesse et en rassemblant le plus grand nombre. Gardienne des traditions de son village, la République de Montmartre a, notamment, contribué à la plantation des vignes de la rue Saint-Vincent et, plus près de nous, à la réhabilitation de la Cité internationale des Arts de la rue Norvins. Elle est aussi la marraine de l’Œuvre des P’tits Poulbots, engagement qui, à lui seul, justifierait sa devise : « Faire le bien dans la joie. » Quand retentit son hymne «Mont’ la d’ssus», on comprend que les députés, sénateurs, consuls, ambassadeurs, ministres et citoyens d’honneur de la République de Montmartre soient fiers de porter haut et fort l’esprit et le rayonnement de la Butte

partout en France et dans le monde. Bonne lecture de l’histoire de cette République joyeuse, bachique, unique, mythique. Marie France COQUARD Lancement sur le stand de la République de Montmartre, devant l’église Saint-Pierre, pendant la Fête des Vendanges Du vendredi 13 au dimanche 15 octobre 2017 Egalement à La Bonne Franquette le dimanche 5 novembre 2017 de 14 à 18h Editions : La République de Montmartre 216 pages – Couverture cartonnéeimpression couleur – plus de 300 illustrations Prix 25 Euros

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Adieu Janbrun

le caricaturiste bien veillant N

ous garderons comme un cadeau son regard pétillant et son sourire lumineux. Janbrun à l’expression malicieuse, nous souriant, c’est l’image qui s’est imposée à moi comme une évidence, pendant la cérémonie d’adieu à l’église Saint-Pierre où tant d’amis étaient présents, le cœur en peine.

caricatures, beaucoup attendaient avec impatience leur tour d’être mis en boîte, toujours heureux du résultat… Et toujours, Janbrun le généreux leur offrait leur portrait… C’était l’un des jolis cadeaux des soirées de Paris-Montmartre. Après, au cours du dîner, les « croqués » du jour regardaient en miroir leurs reflets au tracé

Jean Brunier – Janbrun de son nom d’artiste – nous a quittés à l’improviste, avec discrétion. Il vient d’ajouter son nom sur le grand album du dessin d’humour et de la caricature, dont la belle histoire est intimement liée à l’esprit libre et souriant de Montmartre. Nos lecteurs, habitués des soirées de parution du magazine, garderont le meilleur souvenir de ce « croqueur » sans méchanceté qui les invitait à prendre la pose : et pendant qu’il officiait, on admirait, pressé autour de lui, l’avancée de son trait raffiné de maître de la ligne. D’ailleurs, même s’il s’agissait de

élégant, avec jubilation. Ce caricaturiste-là exerçait son art sans jamais lui adjoindre la méchanceté facile ou l’agressivité attendue dans ce genre, tempérant toujours son trait de bienveillance. Au contraire, raffinement d’artiste, il lui plaisait de traiter avec délicatesse les têtes « particulières ». Il aura maintenu jusqu’au bout son style et son esprit, imperméable à la cruauté chère à notre époque. On comprend qu’il laisse à tous un souvenir joyeux, souriant, chaleureux et optimiste. Avec lui, la « ligne claire » méritait pleinement son nom, sur le fond comme sur la forme.

Non qu’il ait manqué de caractère, ni d’idées ! Bien au contraire ! Son esprit vif, toujours en alerte, au caractère méridional bien épicé, le portait même assez volontiers à la dialectique, voire à la polémique ou la sainte colère ! Esprit de contradiction, esprit critique, il observait et pointait sans relâche les tares de la société, de la politique et de la vie sociale. Exprimant chaudement des convictions ferventes ! Pendant de nombreuses années, il avait tenu dans Paris-Montmartre sa rubrique rédactionnelle « La Lettre de mon moulin » en la pimentant de son esprit rebelle au politiquement correct du temps : un billet d’humeur où Janbrun déployait sa verve chansonnière, celle qu’il exerçait simultanément sur la scène du cabaret Chez ma cousine, en illustrant les faits et gestes de l’actualité. Publiant régulièrement dans les journaux nationaux, il représentait aussi régulièrement l’art et l’esprit français, en participant à de nombreux salons et expositions – comme les rendez-vous de « Maisons de France » : ce convivial était un animateur de soirées et événementiels prestigieux très recherché. Grand défenseur de la place du Tertre et de ses artistes, dont il était fier de faire partie, Janbrun fut l’un des fondateurs de l’association de défense des artistes de Montmartre, à l’origine de l’actuel « carré aux artistes ». Restant fidèle au magazine, il avait choisi il y a quelques années de clore sa rubrique rédactionnelle, pour revenir à la source de son art en offrant aux lecteurs ses dessins drôles et surprenants où la verve méridionale – Jean avait

Portrait à l'aquarelle par Christos Karamisaris

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N VEILLANT

Papa, toi qui chaque jour respirais la Lumière, dans ta relaxation quotidienne, pendant ton Tai chi, ou quand le soleil apparaissait... Je sais que tu es là avec nous, dans ton corps de Lumière… l’accent et le dessin chantant – se teinte d’un esprit loufoque, absurde, presque anglo-saxon. Une rencontre entre Pagnol et Lewis Carroll ! dessins peuplés de gentils fous qui redonnent de la poésie au monde, de l’espèce des clowns, ou de celle des « ravis » de son joli pays. Ce sage aux gestes maîtrisés de maître en arts martiaux, avait préservé, comme tous les vrais sages, la malice de l’enfance, un brin de folie et une compréhension généreuse de son prochain. Il manquera à tous, à sa famille, à son fan-club de Montmartre, à ses amis de partout. Mais il nous laisse le meilleur, son sourire d’humoriste tendre, de caricaturiste bienveillant, et cette œuvre sans une once de vulgarité, sans jamais un coup bas, où la poésie et la fantaisie font si joli ménage. Salut, au nom de toute la rédaction, à notre Ami ! Jean-Manuel gabert

« Quand je ne serai plus là, lâchez-moi ! Laissez-moi partir Car j'ai tellement de choses à faire et à voir ! Ne pleurez pas en pensant à moi ! Soyez reconnaissants pour les belles années Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour ! Vous ne pouvez que deviner Le bonheur que vous m'avez apporté ! Je vous remercie pour l'amour que chacun m'a démontré ! Maintenant, il est temps pour moi de voyager seul. Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine. La confiance vous apportera réconfort et consolation. Nous ne serons séparés que pour quelques temps ! Laissez les souvenirs apaiser votre douleur ! Je ne suis pas loin et la vie continue ! Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai ! Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je sera là, Et si vous écoutez votre cœur, vous sentirez clairement La douceur de l'amour que j'apporterai ! Quand il sera temps pour vous de partir, Je serai là pour vous accueillir, Absent de mon corps, présent avec Dieu ! Je ne suis pas mort…. »

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Sophia Canta

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Denis Servonnat

Un grand artiste sort du cadre - Bonjour Martine, bonjour Denis ! - Bonjour Pierre, comment ça va ? - Bien. Je vous apporte du travail ; j’ai trouvé un petit dessin de Steinlen à vous faire encadrer. - Montre voir… Il n’est pas mal… Veux-tu un porto ? - Non, merci Denis, il est déjà midi passé et je suis attendu pour déjeuner au Vieux Chalet, chez Robert. - Allez, juste un doigt, pour trinquer ! - Si tu veux, mais je ne m’attarde pas. - Ah, ben, tu vois c’est marrant, c’est le deuxième Steinlen que je vais encadrer cette semaine. Dis donc, Martine, c’est comment déjà le nom de la dame qui les collectionne ? Le tien est mieux. Il avait un sacré coup de crayon, ce type ! D’ailleurs, tu sais qu’il avait son atelier rue Caulaincourt et que… - Denis, je suis un peu pressé et… - Bah ! T’as bien cinq minutes, elle t’attendra ! Une autre petite goutte ?

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t c’est ainsi qu’on pouvait annuler contre son gré un déjeuner où l’on risquait d’arriver, au mieux, au dessert. Sacré Denis ! Nous serons nombreux à avoir un pincement au cœur en passant désormais devant son atelier fermé depuis le 16 novembre 2015, au 16 rue Chappe. Denis Servonnat y aura exercé pendant près de cinquante ans son Denis Servonnat et Sophia Loren dans l'atelier activité d’encadrement et de dorure sur bois, complétée par la Bretonneau, Denis s’y est éteint à l’âge restauration de tableaux effectuée avec de 85 ans, le samedi 15 juillet dernier, et talent par sa complice, Martine Deheinze- repose désormais dans son caveau familial de Haute-Saône. lin, arrivée à ses côtés en 1973. Le non renouvellement de son bail, qui a Denis est un verseau né le 30 janvier ému bien des Montmartrois, l’a profon- 1932 à Dajoutin, dans le Territoire de dément touché. La fatigue des ans et la Belfort. Orphelin de père, il connaît les rimaladie auront eu raison de son enthou- gueurs de la pension avant de poursuivre siasme, de sa gaîté, de son profession- ses études au lycée de Dijon. Pour s’en nalisme et de son écoute amicale de évader, il s’adonne à des activités paroischacun. Après un court séjour à l’hôpital siales et, pour se donner de l’air, prend

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des leçons de parachutisme ! Il aurait fort bien pu devenir pharmacien, comme l’étaient ses parents mais, prétendait-il, «ça aurait été trop facile». Ses dons artistiques prennent le dessus et il commence sa carrière en Espagne en tant que photographe, spécialiste des corridas. Il devient ensuite sculpteur avant de succéder en 1968 aux Mignardot en leur «Atelier de Dorure sur bois à l’Or fin et restauration» de la rue Chappe qu’il ne quittera que 47 ans plus tard, la mort dans l’âme. Sa disponibilité et son savoir-faire sont vite reconnus et il enchaînera tout au long de sa vie de multiples travaux d’encadrement, tant pour des particuliers que pour de prestigieux musées comme la maison de Monet à Giverny, le Louvre, le musée de Montmartre, ou des expositions telle qu’une de celles dédiée à Picasso, au Japon. Peut-être est-ce aussi en raison de

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Denis Servonnat dans l'altelier

ancêtre qui aurait été, au quatorzième siècle, chirurgien de Jean 1er de Bourgogne, dit Jean sans Peur. On ne comptera jamais le nombre de tableaux que Denis aura su magnifier. Son talent incontesté a été de savoir mettre en valeur des œuvres qu’il toisait d’un simple coup d’œil, en virtuose de la baguette, maître de son art. Il est parti redorer les étoiles car, depuis son départ, le ciel de notre Montmartre est devenu bien gris. Pierre Passot

son goût marqué pour la photo d’art qu’il sera choisi pour encadrer des prises de vue lors de l’inauguration de la Cité de la Villette, du Festival de Cannes, de l’ouverture de l’hôpital Bretonneau ou pour promouvoir les Rencontres de la photographie d’Arles. De nombreuses célébrités ont fréquenté son atelier. En témoigne notamment un cliché immortalisant la visite dans le capharnaüm de la rue Chappe, de Sophia Loren accompagnée du grand modiste Jean Barthet. Quand son agenda lui en laissait le loisir, il se livrait à des recherches approfondies sur la généalogie de sa famille et il n’était pas peu fier d’avoir pu remonter jusqu’à son plus ancien La façade de la boutique

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Par ERIC BOLDRON

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Les nouVeLLes du cieL

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automne Voici vos Nouvelles du Ciel et son langage des couleurs, que vous pouvez retrouver sur le Magazine Paris Montmartre. Après un été touché par les effets de plus en plus visibles du changement climatique, cet Automne sera impacté par l'arrivée de Jupiter en Scorpion, le 11 Octobre. Cette planète alimentera des perturbations sur le plan écologique et sanitaire. Sur le plan individuel, c'est sans doute les natifs marqués par l'élément Terre qui seront le plus en vedette en cette fin d'année, avec la Grande Conjonction en Capricorne. Pour notre pays, sur le plan des grandes réformes menées par le gouvernement actuel, avec notre Président Emmanuel Macron, Sagittaire Ascendant Capricorne/Verseau, la période sera plutôt dynamisante et énergique. L’équinoxe d'Automne, sera une période où l’activité planétaire sera intense. En fin d’année, cela débouchera sur l'ouverture d'un portail énergétique encore inédit à ce jour ! Les vibrations cosmiques de cette grande conjonction de fin d'année vont réunir le Soleil, Vénus, Pluton et Mercure. Cela annoncera l’émergence d'un monde nouveau ! "Soyez courageux et dites-vous, que lorsque le Soleil se couche, les étoiles apparaissent toujours dans le ciel ".

a Bélier du 21 mars au 20 avril Mars, votre planète, mettra à mal votre rigueur

professionnelle. Organisez-vous le mieux possible si vous voulez parvenir à cristalliser vos projets dans la durée. Sachez vous entourer de personnes marquées par l'élément Terre, notamment liées au signe de la Vierge, sous peine de voir des excès de nervosité vous déstabiliser. dans votre sphère amoureuse, la complicité sera de mise. Portez des couleurs qui reflètent la nature, comme les camouflages verts et marron.

b dans votre sphère familiale, ne perdez pas votre Taureau du 21 avril au 20 mai

temps dans des querelles insignifiantes. Profitez plutôt d'un climat astral positif pour booster votre activité professionnelle. La Nouvelle Lune de fin Septembre vous ouvrira de nouvelles voies. A vous d'avoir la finesse intellectuelle pour en capter les effets. Côté cœur, Mercure et Vénus vous inviteront au voyage. Vous serez transporté sur un petit nuage de douceur très coloré. Portez les roses, les rouges et les violets lilas.

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c dans vos amours, il sera plus facile d'ouvrir votre cœur gémeaux du 21 mai au 20 juin

que votre porte-monnaie ! Pourtant, pour la rentrée, il faudra injecter du blé à votre moulin, histoire de ne pas vous attirer les foudres de votre partenaire et ne pas passer pour le pingre du Zodiaque. Côté pro, vous partirez en quête de la Toison d'or, afin de maintenir votre train de vie. Mercure, votre planète vous poussera à multiplier les projets. Période de chance jusqu'en Octobre. Harmonisez vos tenues de blanc et de mauve.

d Vous aurez le choix : subir les événements ou les Cancer du 21 juin au 22 juillet

provoquer ! dans vos amours, un souffle nouveau vous bercera par sa fraîcheur. Cela va créer une atmosphère extrêmement chaleureuse. Pourtant, il y aura un piège à éviter : vivre dans la nostalgie ou dans une routine sécurisante. Le climat astral vous permettra de bousculer votre vie. Sur le plan pro, les effets de la Nouvelle Lune de fin Septembre vous donneront des opportunités. Côté couleurs, usez de toutes les nuances de l'automne.

e Vous devrez faire tomber les masques opaques qui Lion 23 juillet au 22 août

assombriront vos rapports avec les autres. C'est vraiment votre vie sociale qui sera mise en lumière, avec davantage d'implication dans le monde collectif. Les créations et projets artistiques seront fructueux. A vous de décrocher le Pompon ! Pour vos amours, attendez-vous à vivre durant l’automne un coup de foudre. Pour les couples, certaines vérités ne seront pas toujours agréables à entendre. Portez du rouge et du jaune safran.

f Vous serez sans doute le plus chanceux du Zodiaque et Vierge du 23 août au 22 septembre

ce, grâce à une tendance planétaire dopante. A vous de sortir votre épingle du jeu côté pro, car de belles surprises seront à prévoir, notamment à travers une hausse des responsabilités. Si vous avez une demande de mutation à formuler ou une envie de formation, c'est le moment de la faire. Côté cœur, votre meilleure arme pour combler l'autre de bonheur sera de vous rendre plus disponible. Portez du vert et du marron.

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Balance du 23 septembre au 23 octobre

Sous l'Opposition Mars/Neptune, vous aurez parfois tendance à fuir la réalité. Vous devrez combattre vos propres faiblesses, notamment sur le plan pro où vous devrez retrousser vos manches. durant l’Automne, il y aura du pain sur la planche. Côté cœur, ce ne sera pas la panacée ! Mais, si vous enlevez votre mauvaise foi, la vie à deux sera plus qu’agréable. Portez des couleurs chatoyantes qui vont rehausser votre plan vibratoire.

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Scorpion du 24 octobre au 22 novembre

Ce n'est pas le moment de fléchir. redoublez de vigilance afin de préparer l'arrivée de la planète Jupiter dans votre signe, le 11 Octobre prochain. Vous ne tolérerez pas la demi-mesure, car, avec vous, ce sera tout ou rien. Sur le plan professionnel, vos qualités d'endurance feront merveille et votre motivation en sera décuplée. Ainsi, vous n'aurez aucun mal à atteindre vos objectifs pour réaliser vos ambitions. Côté sentimental, ce sera avec la générosité du cœur que vous vivrez vos plus belles histoires d'amours. Portez du violet, et du bleu.

i Cet Automne sera directement impacté par la sortie de Sagittaire du 23 novembre au 21 décembre

Saturne et l'entrée de Mercure dans votre signe. Symbole d'aventure et de conquête de nouveaux espaces, le voyage sera au rendez-vous. Côté cœur, Vous serez en quête d'équilibre et le romantisme de l'amour fera son effet. Les couples devront se serrer les coudes pour ne pas être emportés par les tourbillons des tentations. Au travail, des propositions vous seront soumises, mais il faudra éviter d'en faire trop. Côté couleurs, portez des verts et roses pastel, cela adoucira votre nervosité.

j La tendance sera compliquée au début de l’Automne. Capricorne du 22 décembre au 20 janvier

Mais, dès la fin de l'année, le succès sera au rendezvous. Octobre et Novembre seront compliqués, car le Carré de Mars provoquera quelques désagréments. Heureusement, votre magnétisme sera éblouissant. Cela se traduira dans votre sphère de cœur par un renouveau. Côté pro, vous pourriez être très créatif. Côté couleurs, le bleu et le rose seront parfaits pour dynamiser votre quotidien !

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Verseau du 21 janvier au 18 février

Avec le Nœud Sud dans votre secteur, vous allez vivre des situations pas toujours agréables. La prudence sera de mise pour une bonne partie du trimestre. L'Opposition Mars/Uranus vous rendra têtu, surtout face à une situation familiale plutôt tendue. Côté cœur, vous pourriez vous épuiser dans une relation. Côté pro, c'est là que vous devrez utiliser votre potentiel pour atteindre vos objectifs et ils seront nombreux. Coté couleurs, Portez les bleus très clairs et les violets sauges.

l Préparez-vous pour vivre le départ du Space Montain, Poissons du 19 février au 20 mars

car, avec la Conjonction Vénus/Mars en opposition à Neptune, rien ne se passera comme prévu : maux de tête à prévoir… Les mises au point seront nécessaires, mais elles seront constructives. Au travail, les contrariétés iront bon train, et il faudra miser sur la sécurité en évitant les prises de risques inutiles. Mieux en fin d'année. Portez des couleurs vives et multicolores.

A bientôt pour découvrir vos prochaines nouvelles du Ciel ! Cet horoscope est rédigé par Sophia Mézières Astrologue Diplômée de l'école Jupitair.

www.sophia-mezieres.fr

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Coups de cœur

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Le coup de cœur du président

Brice Moyse, président de l’association des commerçants Lepic Abbesses, nous livre son coup de cœur du trimestre pour un commerce insolite du village : Curiositas.

Curiositas

L’antre de l’Insolite sur la Butte

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uriositas vous propose de découvrir, à la manière d'un cabinet de curiosités du XIXème siècle, de nombreux objets d'histoire naturelle, des fossiles, des objets scientifiques, des bougies, de la décoration décalée mais aussi de la belle papeterie, ainsi que des affiches ou impressions anciennes, vintage ou des rééditions de qualité. Laissez-vous rêver aux contrées lointaines et exotiques grâce aux objets ethnographiques tels que les rostres d'espadon sculptés… Faites un bond dans le temps, n’hésitez pas à glisser dans la quatrième dimension de l’imaginaire, en franchissant le seuil de « Curiositas » : ce décor intimiste et raffiné où Grégory vous accueille toujours avec le sourire vous réservera bien des surprises... Le poète Max Jacob, Mage de la rue Ravignan, dont la chambre sans fenêtre, ouverte seulement sur les arcanes du rêve, se trouvait juste à côté, aurait aimé connaître ce lieu surprenant : il y aurait sans doute passé des heures… Prévoyez de prendre votre temps... Brice Moyse Grégory JACOB CURIOSITAS www.curiositas.paris 7,rue Ravignan - 75018 PARIS

Deux poulbots relancent Le Poulbot !

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écidément, ça bouge dans la rue Poulbot ! Aujourd’hui, les jumeaux Thomas et Mathieu Bellair viennent de reprendre et rénover la petite salle du restaurant Le Poulbot, et la charmante fresque extérieure a repris des couleurs. Thomas et Mathieu, nés au Venezuela, sont arrivés en France à l’âge de quatre

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ans, pour s’installer en famille dans le 18e arrondissement, qu’ils n’ont pas quitté depuis ce temps – leurs grands-parents habitaient sur la Butte, en face du Moulin de la galette. Mathieu a fait son premier stage au Plazza athénée, il a travaillé un an avec un chef étoilé au théâtre Édouard VII. Parfois les jumeaux ont œuvré ensemble

dans la même cuisine, au restaurant Le Square rue Marcadet, ou dans la brasserie de luxe Montparnasse 1900. Mais il était temps pour eux de s’installer dans leur établissement, et c’est chose faite, sur la Butte où ils ont grandi, dans la petite rue Poulbot, la bien nommée. Ils y proposent une carte évolutive basée sur une cuisine française de tradition, intégrant parfois des produits « d’ailleurs ». Saveur et fraîcheur garanties, et prix très raisonnables. Large choix de bières artisanales et une très belle carte des vins (sélection de vins respectant la biodynamie, et d’autres 100% naturels). Le Poulbot 3, rue Poulbot 75018 Paris Tél. : 01 42 23 32 07

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couPs de cœur

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COUP dE CœUr CINÉMA

« LA PASSION VAN gOgH »

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tourné comme un film en prises de vue réelles avec des acteurs en chair et en os, puis chaque plan a été peint à l’huile. Le résultat final est un mélange entre le jeu des comédiens et le travail des peintres-animateurs. 62 450 plans ont ainsi été peints et plus de 130 tableaux ont été utilisés. Tous les personnages du film sont interprétés par d’authentiques comédiens qui ont joué dans des décors spécialement construits pour évoquer des toiles du peintre ou sur des fonds verts. dans ce dernier cas, des tableaux de Van Gogh y ont ensuite été incrustés par compositing, puis animés en infographie. Côté casting, on découvre notamment robert Gulaczyk (Vincent Van Gogh), douglas Booth (Armand roulin), Jérôme Flynn (dr Gachet, dont le portrait a détenu le record du tableau le plus cher de tous les temps pendant 14 ans)… Une véritable prouesse.

es amateurs d’art le savent bien : le destin de Vincent Van Gogh, né aux Pays-Bas, est hors du commun et en partie lié à Montmartre. Cet automne, un film entièrement peint à la main (c’est une première) nous permet de découvrir sa vie et son oeuvre. Le scénario nous transporte ainsi en 1891, à Paris. Armand roulin est chargé par son père, le facteur Joseph roulin, de remettre en mains propres une lettre au frère de Vincent van Gogh, Theo. En effet, la nouvelle du suicide du peintre vient de tomber. Armand, peu enchanté par l’amitié entre son père et l’artiste, n’est pas franchement ravi par sa mission. à Paris, le frère de Van Gogh est introuvable. Le jeune homme apprend alors par Père Tanguy, le marchand de couleurs du peintre, que Theo, visiblement anéanti par la disparition de son frère aîné, ne lui a survécu que quelques mois. Comprenant qu’il a sans doute mal jugé Vincent, Armand se rend à Auvers-surOise, où le peintre a passé ses derniers mois, pour essayer de comprendre son geste désespéré. En interrogeant ceux qui ont connu l’artiste, il découvre combien sa vie a été surprenante, parfois mystérieuse et surtout passionnée. « La Passion Van Gogh » a d’abord été

copyright : la Belle company

Alain Haimovici A découvrir en salles à partir du 11 octobre 2017

MICHOU dÉdICACE SON LIVrE à LA BIENNALE dE LA rÉPUBLIqUE MICHOU PRINCE BLEU DE MONTMARTRE

à

l’occasion de ses 85 ans et des 60 ans de son cabaret, Michou a eu envie de remettre ses pas dans ceux de son enfance, de dévoiler ce qui se cache derrière ses lunettes bleues si énigmatiques. d’Amiens à Montmartre, des débuts risqués et osés de son cabaret à ses années fastes, Michou nous révèle son parcours incroyable, les obstacles franchis avec force et courage pour parvenir à la reconnaissance. Michou nous offre une véritable leçon de vie. d’hier à aujourd’hui, le Prince bleu de Montmartre se livre avec simplicité et honnêteté.

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Editions du Cherche Midi 256 pages (140*220) – 17€ Marie-France Coquard Michou dédicacera son livre en avant-première à la Biennale de la République de Montmartre Le dimanche 5 novembre 2017 De 14h à 18h A La Bonne Franquette Invitée d’Honneur : Nadine Monfils

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» comprendre le réel

(Jean Jaurès)

DEPUIS 1987

« Aller à l’idéal et

Fête de Parution

30 ans ! Paris-Montmartre a fêté son trentenaire peu avant les vacances d’été, sous la forme d’un buffet dînatoire, organisé sur la terrasse couverte, aménagée à cette occasion, du café restaurant Le Sabot rouge, sur la place du Tertre. Ce fut l’occasion, une fois de plus, de se retrouver dans un cadre festif, et de vivre une soirée convivial entre habitués fidèles, nouveaux venus, annonceurs et abonnés, sur les lieux mêmes où l’aventure commença, en 1987, avec un petit groupe de peintres et de chroniqueurs, décidés, sous la houlette de Midani, à se doter

d’un organe de presse apte à faire entendre une voix originale. Une manière de ressusciter la tradition des journaux montmartrois, émanation des esprits libres de la Butte depuis le Journal du Chat-Noir. Petit journal est devenu beau magazine, certains fondateurs ont, d’une manière ou l’autre, quitté le navire, mais l’histoire continue. de nouveaux lecteurs découvrent Paris-Montmartre, de nouveaux rédacteurs rejoignent l’équipe… On en reprendrait bien pour 30 ans… Continuez de nous soutenir par vos abonnements ou vos annonces ! quant à nous, nous continuerons de mettre notre énergie et nos combats au service du Montmartre authentique, contre vents et marées !

Photos : Habas

2017 e N°13.107 2 trimestre

ISSN 11 53-0618

e Spécial 30 anniversaire

Bulletin d’abonnement à Paris-Montmartre « Aller à l’idéal et comprendre le réel » DEPUIS 1987

(Jean Jaurès)

INTERVIEW DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR :

GÉRARD COLLOMB À MONTMARTRE

ELAINE KIBARO AUX FOLIES BERGÈRES POUR LA PAIX

abonnement : 25 , (35  hors cee) et abonnement de soutien à partir de 50 . chèque à l’ordre de Paris-Montmartre. Bulletin à remplir en lettres majuscules et à retourner à Paris-Montmartre 13, place du tertre, 75018 Paris

INTERVIEW :

P.Y. BOURNAZEL

NOUVEAU DÉPUTÉ DE MONTMARTRE ET PLUS ENCORE !

nom :

Prénom :

N°13.108 3e trimestre 2017 ISSN 11 53-0618

adresse : e-mail : XAVIER JAILLARD

NOUVEAU CHANCELIER DE L’ACADÉMIE ALPHONSE ALLAIS

ADIEU

JANBRUN

LE CARICATURISTE BIENVEILLANT

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tél :

date :

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e qui donne des couleurs à vos nuits blanches L’Hommm Bernard Dimey

Votre Soirée Soirée Dîner Spectacle à 20h30 dinner and show 8.30 pm

MENUS

PARI S

MICHOU

115 euros

145 euros

(cocktail et vin inclus)

(cocktail et champagne inclus)

Soirée Spectacle à 22h30 show with champagne 10.30 pm

+33(0)1 46 06 16 04 www.michou.com

Cabaret Michou - 80 rue des Martyrs - 75018 Paris

• PM13108 —21 09 17.indd 67

21/09/2017 15:39


LA

S I G N AT U R E

Création : www.thierryfougerol.fr - crédit photo : SvetlanaSF

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