Une Seule Terre N°13

Page 1

Une seule terre

© Siegfried Arends

Journal d’information de Pain pour le prochain n° 13 - avril 2014

Dossier

COMPRENDRE LES CONTEXTES CULTURELS ET RELIGIEUX POUR FAVORISER LE DéVELOPPEMENT Portrait

« La religion nous aide à bâtir un monde plus humain »

événement

Champion solidaire 2014


En aparté

en bref MARCHÉS PUBLICS

Electronics Watch : pour des achats publics responsables dans la branche électronique C’est dans des conditions de travail piteuses que sont souvent fabriqués nos ordinateurs et smartphones. En 2013, des ONG européennes ont lancé Electronics Watch (EW), une initiative financée par l’UE qui réunit aussi les acheteurs publics – communes, cantons, etc. – et des organisations locales de monitoring, notamment dans les pays de production, comme la Chine. Son but est d’examiner les conditions de travail et les progrès accomplis dans la traçabilité des chaînes de production et d’élaborer des standards à l’intention des entreprises qui participent aux appels d’offre et des autorités qui octroient les marchés publics. Pain pour le prochain est membre du comité consultatif. Les ONG du Nord et du Sud ont le même poids dans la direction de l’organisation. DR www.electronicswatch.org/de

Changer, pas une affaire aisée Chacun et chacune le sait, entre les bonnes résolutions et leur réalisation, il y a souvent un monde. Changer n’est pas une mince affaire. Je me souviendrai toujours de mon professeur de piano : Immanuel Tröster, un grand homme, né à Tel Aviv, virtuose et savant. D’emblée, il fallait apprendre la partition par cœur. A chaque fausse note, il s’exclamait : « Non, non, Martina, ce sont des erreurs qui vont rester gravées dans ta mémoire ! » L’esprit humain est ainsi fait. Déjà depuis la toute petite enfance, la répétition des expériences et comportements observés forgent notre personnalité et gravent les choses dans notre cerveau comportemental. C’est aussi là que les valeurs de base se forment et que nous apprenons à distinguer ce qui est juste à nos yeux. Voilà pourquoi il est si difficile de changer. Le cerveau va toujours vouloir suivre la voie tracée, celle qu’il connait.

THÉÂTRE

« Ayiti » – culture et développement main dans la main

Changer signifie emprunter de nouveaux chemins, laisser quelque chose derrière soi – ô qu’il est confortable de se trouver en terrain connu ! Changer, c’est prendre des risques. Même si j’ai un but vers lequel je veux m’orienter, le risque est grand de retomber dans les ornières, tel un tracteur dans la trace qu’il a creusée.

Pour la neuvième année consécutive, Pain pour le prochain et l’Espace culturel des Terreaux ont montré que culture et développement peuvent s’enrichir l’une l’autre. Daniel Marcelin a su tenir le public en haleine pendant une heure et demie. Son « one man show » retrace avec humour l’histoire d’Haïti, montrant que le destin de la première république noire indépendante ne se résume ni au pillage des caisses de l’Etat par ses dirigeants, ni à l’élan de solidarité internationale après le tremblement de terre. Le spectacle était suivi d’un débat avec des expertes du contexte haïtien, dont Dominique Desmangles et Christine Volet, cette dernière étant coordinatrice de l’Armée du Salut, un partenaire de Pain pour le prochain. La valorisation de la culture locale est un ingrédient indispensable à un développement endogène. MS

Pain pour le prochain est décidée à prendre le risque. Grâce à notre « stratégie du changement », nous encourageons à emprunter de nouveaux chemins. Une conscience affinée de notre identité religieuse, d’une part, et une ouverture particulière à celle des autres cultures, sont pour nous les ingrédients indispensables. L’axe transversal « religions, cultures et développement » s’interroge sur la place du religieux et de la culture dans la transformation globale et l’avènement de conditions de vie plus équitables. La plateforme de dialogue « Dialogue4change » y est étroitement liée. Puis, en politique de développement, nous recentrons notre travail sur deux thèmes majeurs : le droit à l’alimentation et l’économie éthique. Le changement commence avant tout par nous-mêmes.

« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. »

Gandhi

Faire entendre les voix des communautés © CP/PPP

Secrétaire romande Pain pour le prochain

EXTRACTION MINIERE

Du 7 au 9 mars a eu lieu à Kolwezi, en République Démocratique du Congo, un séminaire sur le thème de l’industrie extractive, co-organisé par Pain pour le prochain. Pour la première fois dans cette région, près de 70 chefs coutumiers, représentants d’organisations non gouvernementales, des Eglises et des communautés se sont réunis pour discuter des impacts des activités minières sur leurs conditions de vie, les droits humains et l’environnement. L’atelier a permis d’identifier les besoins et d’élaborer des programmes d’activité permettant de renforcer les compétences et la mise en réseau des populations affectées par l’extraction minière. Ce workshop s’inscrit dans le programme de travail « Economie éthique » de Pain pour le prochain. CP


Dossier

© DM – échange et mission

Comprendre les contextes culturels et religieux Pour favoriser le développement

Dialogue interreligieux entre des musulmans et des pasteurs, avec un pasteur stagiaire suisse

en Chiffres

Si la religion et la spiritualité ne sont pas très pré-

80 % des Suisses se définissent comme religieux. Mais 11 % seulement ont une pratique du culte hebdomadaire et 37 %

sentes dans nos sociétés occidentales, dans les

de plusieurs fois par an. Les autres sont des « croyants non pratiquants » ou « chrétiens sociologiques ».

Pain pour le prochain se lance dans cette nouvelle

pays du Sud, on ne peut pas en faire abstraction. thématique, pour le moins complexe.


© Roger Zürcher, DM – échange et mission

Togo, apprentissage de techniques culturales agro-écologiques.

L

a religion peut être un puissant moteur de mobilisation pour une cause, mais aussi un frein au changement. Religion et culture s’imprègnent mutuellement et influencent l’action d’une personne, la vie d’une société et la cohabitation entre communautés d’origines diverses. Le directeur du Centre béninois pour le développement des initiatives à la base, la plus grande ONG du Bénin, a constaté qu’il avait beaucoup de difficultés à mettre en place un système de santé qui fonctionne sur le mode du microcrédit. Les gens croyaient que mettre de l’argent de côté pour prévenir la maladie allait avoir l’effet inverse – attirer le mauvais œil et la maladie, précisément. Lorsque l’ONG a compris cela, elle s’est attelée à déconstruire cette croyance et depuis lors le projet marche très bien.

Vivre bien – vivre autrement Récemment, la critique du développement a remis cette approche en question. Le Nord peut apprendre du Sud son rapport à la terre et à la spiritualité, car prendre soin de la terre pour les générations futures est plus ancré dans certaines cultures – comme l’Ubuntu en Afrique du Sud et le Ying et Yang dans le taoïsme. « En Amérique latine, le concept du Buen vivir est devenu une vision du développement largement choyée et qui attire le regard des Occidentaux », affirme Martina Schmidt. Elle est le reflet d’une spiritualité andine ancestrale et une alternative au modèle occidental, trop centré sur les aspects économiques et les solutions technologiques. Dans le christianisme, il existe un concept similaire, la vie en plénitude, exprimée dans l’Evangile de Jean –, mais la société occidentale est tombée dans une logique utilitariste. Même les paysans doivent produire toujours plus et ils ne

Programme de microcrédit au Bénin. Femmes et enfants avec leurs activités de petit commerce.

© Roger Zürcher, DM – échange et mission

Suivant le contexte du pays, le travail de développement peut se heurter à des résistances culturelles ou religieuses, par exemple en ce qui concerne le rôle des femmes dans des sociétés musulmanes, hindouistes, ou même chrétiennes, à tendance fondamentaliste. Le défi, pour les partenaires de coopération, consiste à comprendre où se situent les rapports de force et à travailler avec les courants progressistes de la société. Souvent il s’agit de groupements de femmes qui prennent conscience de leur condition, car la religion peut aussi être un instrument de domination. Il leur est, par exemple, plus difficile d’accéder au savoir et à la propriété si, au nom de la tradition religieuse inscrite dans la culture dominante, elles sont considérées comme « propriétés » des hommes et que leur rôle consiste avant tout à s’occuper du foyer et de la famille.

« En soixante ans, la coopération au développement a remporté de vifs succès, mais elle n’a pas pris suffisamment en compte les facteurs religieux et culturels. Elle était, et est encore, trop orientée vers le progrès technique et fixée sur les résultats en termes d’âmes sauvées », nous explique la théologienne Martina Schmidt, secrétaire romande de Pain pour le prochain et chargée de piloter l’élaboration du nouvel axe stratégique transversal. D’une certaine manière, les pays industrialisés ont imposé leur modèle de développement économique aux autres, même dans la conduite des programmes de coopération.

Celui-ci repose sur la croyance que le progrès est la seule façon de vivre bien et que les pays du Sud doivent rattraper leur retard. Mais un modèle de développement unique et standardisé n’existe pas. Qui doit se développer, dans quel contexte et selon quels objectifs ? Telles sont les questions à poser.


« Chrétien-ne-s sociologiques » ou « croyant-e-s non pratiquant-e-s » En se lançant dans cette nouvelle thématique, Pain pour le prochain n’entend pas mettre en avant son côté religieux ou faire du prosélytisme. Elle vise une approche plus large du développement, interreligieuse et interculturelle, centrée sur le message d’amour du prochain contenu dans l’Evangile, mais pas seulement. Les valeurs et croyances qui régissent nos actions peuvent être d’inspirations multiples, suivant les contextes culturels. Voilà pourquoi Pain pour le prochain parle au pluriel de « religions » et de « cultures ». Si dans les pays en développement le religieux est omniprésent, chez nous, cela peut être mal vu de dire qu’on est croyant. Dès lors, le terme « religion » n’équivaut pas automatiquement à une appartenance confessionnelle. Il s’agit avant tout d’un enracinement spirituel de la personne. Les dernières études en Suisse montrent que la partie de la population qui se définit comme appartenant à une Eglise est en diminution. Toutefois, ayant évolué dans un contexte culturel empreint de valeurs éthiques et spirituelles, ces personnes s’inspirent consciemment ou inconsciemment de valeurs religieuses

En se lançant dans cette nouvelle thématique, Pain pour le prochain n’entend pas mettre en avant son côté religieux ou faire du prosélytisme.

Ateliers de formation à l’adaptation aux changements climatiques pour des groupes partenaires du SECAAR, en collaboration avec PPP et DM – échange et mission.

orientant leurs choix de vie. Ce sont les « chrétien-ne-s sociologiques » ou « croyant-e-s non pratiquant-e-s ». Pour la théologienne et responsable du dossier, « le but est de construire ensemble un monde qui intègre une vision de l’humain plus complète et holistique ». IA

www.dialogue4change.org

1

MOBILISATION

« Stratégie du changement » © Roger Zürcher, DM – échange et mission

Depuis une dizaine d’années, les institutions suisses réagissent. Entre 2002 et 2009, la Direction du développement et de la coopération (DDC) a mené un important processus de réflexion sur le rôle de la religion dans la coopération au développement. Pain pour le prochain a été dès le début associée à ce processus. Puis, face à la recrudescence des conflits à dimension religieuse, le Département fédéral des affaires étrangères s’est doté en 2004 d’une section « Religions, politique et conflits » comme moyen de parvenir à la sécurité humaine. L’approche est pragmatique : au lieu d’épiloguer indéfiniment sur les valeurs des uns et des autres, par la « diapraxis », ou dialogue par la pratique, les parties à un conflit sont amenées à coopérer concrètement sur des problèmes qui les intéressent. Dans le milieu des ONG, l’intérêt pour les questions religieuses va grandissant. En tant qu’organisation liée aux Eglises protestantes de Suisse, Pain pour le prochain est bien placée pour son expertise en la matière. Bien que le lien avec le religieux soit présent depuis toujours dans l’engagement de PPP, il nécessite aujourd’hui une réflexion plus approfondie pour savoir comment il s’articule concrètement dans notre travail sur le terrain.

© Roger Zürcher, DM – échange et mission

pensent pas forcément à préserver la terre, alors que dans la logique ancestrale, il ne faut pas l’exploiter à l’excès. Leonardo Boff, le théologien de la libération, parle du fait de prendre soin de la terre, le cuidado. « Vivre bien » s’oppose au « vivre toujours mieux » de nos sociétés de consommation. Il s’agit de dépasser l’anthropocentrisme et d’adopter un style de vie davantage en harmonie avec les énergies de la nature, les eaux, les montagnes, les forêts. Des pays comme la Bolivie et l’Equateur ont intégré ce concept empreint de spiritualité ancestrale dans leurs constitutions nationales. Mais l’enjeu est de taille : comment traduire cette philosophie de vie dans la réalité politique et économique d’un monde globalisé ? L’échange d’expériences et de bonnes pratiques est fondamental pour rectifier le tir. Pour cela, la plateforme de dialogue Dialogue4change, initiée par Pain pour le prochain, entretient un forum de discussion « Buen vivir »1.

Productrices de maïs cultivé selon des méthodes agro-écologiques. La nouvelle stratégie de Pain pour le prochain pour les années 2014 et suivantes s’inscrit dans une perspective de changement libérateur et répond à l’objectif formulé dans les statuts de la fondation : « soutenir dans le

monde entier des êtres humains sur le chemin de leur libération de la pauvreté, de la détresse et de la faim ». Pain pour le prochain est par conséquent en chemin vers la « transformation globale », vision qui est largement partagée par le mouvement œcuménique. Le thème « Religions, cultures et développement » est l’axe transversal de notre stratégie et il prend en compte les aspects culturels et religieux qui influencent plus ou moins directement les processus du développement humain et socio-économique. Comprendre les enjeux, mobiliser l’espérance grâce aux campagnes œcuméniques, mettre en mouvement par notre travail de politique de développement et partager les compétences et les ressources, ce sont là des étapes obligées pour améliorer durablement les conditions de vie dans les pays en développement. MS


PROJET

© DM – échange et mission

L’Evangile pour transformer le monde, ici et maintenant

DM – échange et mission mène des projets où la foi et la culture sont de puissants vecteurs de développement.

«

Après la décolonisation, un pasteur de l’Eglise évangélique togolaise disait : tout l’Evangile à tout l’homme. Pendant trop longtemps on a tronqué l’Evangile, on l’a présenté comme étant pour l’au-delà et non pour ce monde. On l’a réservé à la vie de l’esprit et pas assez à la vie pratique », regrette Roger Zürcher, de DM – échange et mission, un partenaire de Pain pour le Prochain. Il est chargé du SECAAR (Service chrétien d’appui à l’animation rurale), un réseau d’Afrique francophone qui forme les responsables d’Eglise à la notion de développement holistique, en insistant sur le fait que le « salut » est aussi pour ici et maintenant. « Notre relation à la terre est différente des projets classiques. On ne parle pas « d’exploitation » agricole, mais de « bonne gérance des ressources ». On prône une agriculture agro-écologique en utilisant des principes bibliques », continue-t-il. Dans le passé, on a utilisé surtout des

références bibliques qui montrent que l’homme est supérieur aux plantes. Pourtant, de nombreux textes de la Bible affirment que l’homme a été mis sur terre pour la garder et la cultiver. Le CIPCRE (Centre international pour la défense et la promotion de la création) est l’une des institutions les plus qualifiées parmi les partenaires du SECAAR. « Son mandat est d’appréhender la création dans sa globalité, de la protéger, de l’accompagner et de la travailler », nous explique Priscille Girardet Sokpoh, secrétaire exécutive pour l’Afrique centrale chez DM – échange et mission. Le Centre est situé en zone bamiléké, la plus attachée aux traditions, aux rites et au culte des ancêtres du Cameroun. Les habitants considèrent que tout est lié à des forces spirituelles, bonnes ou mauvaises, et qu’on ne meurt jamais de mort naturelle, mais à cause d’une force de la nature. Lorsqu’une femme devient veuve, on se demande si ce n’est

Des membres du CIPCRE avec une envoyée de DM

pas elle qui a tué son mari. Les rites de veuvage sont terribles. En associant les sages et les chefs du village, le CIPCRE a réussi à monter de puissants plaidoyers contre ces rites, considérés comme barbares par les Camerounais eux-mêmes. En travaillant sur les croyances et les traditions, des membres du CIPCRE ont pu pénétrer dans les villages et les écoles publiques pour protéger l’environnement et promouvoir le respect de l’autre. En renouant le lien entre Dieu et la nature, ils aident les agriculteurs à cultiver des plantes médicinales délaissées et à prendre soin d’eux-mêmes. Et en respectant la terre, les rendements s’améliorent. « Ils ne font pas de prosélytisme, assure la responsable du projet. Toutes leurs actions transpirent le respect de la création et de ce qui a été donné aux hommes, mais il n’est pas question que cela s’adresse seulement aux chrétiens. » IA


Portrait

A découvrir CAMPAGNE EXPOSED – PLEINS FEUX SUR LA CORRUPTION La Suisse, Dieu et l’argent

« La religion nous aide à bâtir un monde plus humain » Quel rôle joue la religion dans l’engagement d’une chrétienne, d’une bouddhiste et d’un musulman ? Regards croisés de trois personnalités proches de Pain pour le prochain. Au-delà de leurs différences, des valeurs qui se rejoignent.

«

Le bouddhisme nous enseigne qu’il faut avoir un cœur compatissant et aider les gens qui souffrent », affirme Sherab Dolma Rana, responsable du label STEP à Katmandou – un partenaire de Pain pour le prochain qui œuvre pour de meilleures conditions de travail dans la fabrication des tapis. C’est la foi qui pousse cette Tibétaine à servir de médiatrice entre les noueurs et les noueuses de tapis et leurs employeurs. Une tâche qui s’avère plus aisée lorsque l’employeur est lui-même bouddhiste, avoue-t-elle. Même son de cloche chez Mohsen Mirzaabolghasemi, un Iranien musulman employé par le même label au Népal, pour qui la religion aide à créer la confiance. Concrètement, cela facilite les contrôles dans les usines de tapis, surtout dans les zones rurales où les travailleurs sont plus empreints de religion. Pour Martina Schmidt, secrétaire romande de Pain pour le prochain, le lien entre foi et engagement social a toujours été une évidence. « J’ai eu la chance de côtoyer des théologiens de la libération comme le père Gustavo Gutiérrez et Leonardo Boff. Cela m’a convaincue que croire et agir sont deux choses à ne jamais séparer. Etre chrétien-ne ne signifie pas fermer les yeux face aux injustices et se réfugier dans une foi qui attend la récompense des souffrances terrestres dans l’au-delà. C’est ici et maintenant que les choses doivent changer. » La religion et la spiritualité donnent un sens plus profond à l’engagement de Pain pour le prochain. « Mes convictions religieuses me permettent de lire la réalité sociopolitique et économique à la lu­mière de la Bible. Ces valeurs éthiques, du christianisme d’abord, mais que l’on trouve de manière semblable dans d’autres

religions, sont mes « lunettes » et mon cadre de référence. La foi en la justice divine, de même qu’en l’universalité des droits humains, est un puissant moteur de mobilisation ! » Pour nos trois interlocuteurs-trices, il est important que Pain pour le prochain se lance dans cette nouvelle thématique. « Toutes les religions visent à davantage d’humanité et il est important de créer un monde plus humain, souligne Sherab, la bouddhiste. Les plus vulnérables ont parfois besoin d’aide, mais surtout d’empowerment (autonomisation). Il faut apprendre aux gens à pêcher, au lieu de leur donner du poisson. Moi-même, je suis arrivée ici, mais j’ai eu la chance de pouvoir étudier et soutenir ma famille. » « J’encourage Pain pour le prochain à travailler dans ce domaine, car la religion trace le chemin vers une économie équitable, renchérit Mohsen, le musulman. La religion dicte des lois. Si on les applique, les droits humains seront respectés. Si les gens ont un sentiment religieux, nous aurons la paix, la justice et l’égalité. » « Je souhaite à Pain pour le prochain qu’elle parvienne à enrôler beaucoup de monde dans un mouvement d’espérance. Une mobilisation de compagnons (origine du mot : com-pain) qui se nourrissent de valeurs éthiques et spirituelles qui donnent du sens à nos vies : l’amour de l’autre, de la terre, de la culture, de la liberté, de l’égalité, de la convivialité, du partage… Mon rêve est que beaucoup de gens adoptent une éco spiritualité au sens large qui les pousse à s’engager », conclut Martina, la théologienne protestante. IA (collaboration YMA à Katmandou)

La corruption, ce n’est pas seulement l’octroi de pots-devin, mais aussi toute pratique qui relève de la mauvaise gouvernance économique. Plus de 1’000 milliards de francs issus de l’évasion fiscale sont placés dans nos banques, alors que sept milliards de francs de recettes fiscales manquent chaque année aux pays en développement. De l’optimisation à la spéculation sur les denrées alimentaires, notre pays s’illustre par des pratiques nuisibles et pourtant, le plus souvent, parfaitement légales. Légales, mais injustes. IA La Suisse, Dieu et l’argent, dossier Vivre N° 36, Editions Je Sème 2013

VACANCES SOLIDAIRES

Voyager pour préserver la planète Comment profiter des vacances pour se faire du bien, tout en faisant du bien ? Suivez Isabelle. Cette journaliste et ancienne déléguée du CICR, publie un guide de circuits éthiques, inventés par elle-même ou proposés par des associations. Participez à la caravane de la paix en Tunisie, ou à une chevauchée sauvage pour amener des médicaments dans les régions reculées du Rajasthan. Partez sur la route du miel à Madagascar, ou arpentez les Andes à l’enseigne du commerce équitable. Pour amener son petit grain de sable au développement durable. IA Isabelle Alexandrine Bourgeois, 42 voyages extraordinaires et solidaires dans le monde, Editions Favre, février 2014. Voir aussi http ://planetpositiveaction.com/

COUPE DU MONDE DE FOOTBALL

Grands événements sportifs : le revers de la médaille Le rideau est tombé sur les jeux Olympiques d’hiver de Sotchi et, avec lui, la communion planétaire. Car les grand-messes du sport ne sont pas synonymes de prospérité pour tout le monde. Destructions de quartiers, expropriations foncières, cadences infernales imposées aux travailleurs du bâtiment… Les jeux Olympiques ont notamment déplacé deux millions de personnes en vingt ans, mais à cause des énormes intérêts en jeu, cela reste peu documenté. IA CETIM, La coupe est pleine ! Les désastres économiques et sociaux des grands événements sportifs, Genève, 2013


VARIA Agenda 15 avril, 6 mai et 20 mai, de 9 h à 10 h 30 La théologie de la libération et la coopération au développement, cours donné par Martina Schmidt dans le cadre de Connaissance 3 (www.unil.ch/connaissance3) 26 avril 2014 20 km de Lausanne Du 5 au 16 mai Atelier climat en Afrique du Sud 7 mai, de 13 h 30 à 16 h Salle de réunion PPP Plateforme œcuménique romande ; en guise de remerciement pour le soutien à la campagne 2014 17 mai 2014 Journée cantonale des enfants 1000 couleurs pour notre terre.

éVéNEMENTS COURIR AUTREMENT

Champion solidaire 2014 Les « Champions solidaires » seront présents pour la 5e fois aux 20 km de Lausanne, qui auront lieu le 26 avril 2014 au stade de Coubertin. L’objectif de l’édition 2014 des « Champions solidaires » est de parcourir les 8’000 km qui séparent Lausanne de… Madagascar ! Pour cela, chaque visiteur de notre stand sera invité à courir durant une minute sur un tapis de course. Cette minute de solidarité vaudra 20 km et nous comptons ainsi parcourir les 8’000 km qui nous séparent de l’île-continent, où se trouve l’un des projets que nous soutenons. Son but est d’aider les enfants malgaches à accéder à l’éducation et de renforcer la qualité pédagogique des quelque 560 écoles primaires et secondaires qui accueillent plus de 150’000 élèves. Vous aussi, courez autrement ! Venez nous trouver sur notre stand de la place des Fêtes à Coubertin. Choisissez un bandana et, si le cœur vous en dit, montez sur le tapis de course et faites vos 20km de Lausanne en 1 minute ! Rendez-vous le 26 avril. www.championsolidaire.ch DT

JOURNEE CANTONALE DE L’ENFANCE DE L’EERV

Mille couleurs pour notre terre

Le Service de l’enfance de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud organise, le 17 mai à Morges, une rencontre des enfants des paroisses âgés de 6 à 10 ans. Sur le thème biblique « Babel et Pentecôte », les enfants seront sensibilisés à la question des différences – celles qui excluent, celles qui enrichissent aussi. Les trois œuvres d’entraide Terre Nouvelle animeront des ateliers au cours de cette journée. Pain pour le prochain proposera, pour sa part, une animation autour de la nourriture – un thème au centre de notre travail – sous le titre « Dis-moi ce que tu manges… ! ». D’autres informations sous www.enfance.eerv. ch/2014/03/10/journee-cantonale-enfance/ AJN

Avenue du Grammont 9 – 1007 Lausanne Tél. 021 614 77 17 – Fax 021 617 51 75 ppp@bfa-ppp. ch – www. ppp. ch CCP 10-26487-1 Editeur : Pain pour le prochain Rédaction : Isolda Agazzi, Anne-Lise Jaccaud Napi, Yvan Maillard Ardenti, Chantal Peyer, Daniela Renaud, Martina Schmidt, Daniel Tillmanns Corrections : Carine Huber Michoud Graphisme : Corrado Luvisotto, Grafix, Fribourg Impression : Imprimerie St-Paul, Fribourg Prix de l’abonnement : 10 francs suisses Tirage : 14 500 exemplaires ISSN 2235-0780


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.