pagES Blanches Vol1 N1

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Vol. 1. No 1 Gratuit Portes Ouvertes

r e t t o P y r r a H l a i c é p S

e h t y m n u ’ d La magie

Dans ce numéro Métyvié parle de passion Écrire pour les garçons selon MarieMarie-France Desrochers Des nouvelles, de la poésie, des BD et encore plus!


À propos de la page couverture

La page couverture de ce premier numéro de la revue pagESBlanches est une réalisation d’une élève de cinquième secondaire de l’école secondaire Serge-Bouchard de Baie-Comeau, Émy Gagné-St-Laurent. Étudiante au programme en Éducation Internationale, Émy est une passionnée du dessin sous toutes ses formes. Elle a remporté plusieurs concours de dessins, notamment le prix provincial au Défi de l’affiche de la fête du Canada en 2006. Elle a aussi illustré la page couverture de la revue littéraire de son école en 2006. Vous pouvez également admirer ses œuvres sur Internet, à l’adresse suivante : http://anastasiaxrasputina.deviantart.com Ci-dessous, l’illustration de la page couverture de la revue ESSB, lancée à l’automne 2006.


Éditorial Vous tenez entre vos mains le premier numéro d’une toute nouvelle revue littéraire. Produite par des élèves de l’École secondaire de Bromptonville, cette revue vous fera découvrir de nouveaux talents. Que ce soit par la nouvelle, la bande dessinée ou la poésie, vous trouverez de tout pour tous les goûts dans cette publication. Dans ce premier numéro, vous pourrez lire un dossier spécial sur Harry Potter. Avec la sortie du septième et dernier tome de la série, il était temps de faire le point sur ce mythe. La littérature a été transformée avec la venue de ce jeune sorcier. Léon Bibeau-Mercier analyse la portée de ce phénomène alors que Mme Chantal Gagné vous parle de sa relation avec les livres de J. K. Rowlings. Vous aurez aussi le plaisir de suivre les aventures de quatre inspecteurs de police très différents les uns des autres : L’inspecteur Laroche (L’affaire classée), l’inspecteur Preston (Meurtre au soleil), Charles Pookie (Plongée meurtrière) et Jonathan Meilleur (Rafiot). Plusieurs nouvelles agrémenteront également votre lecture. On pourrait dire, en parlant de ces nouvelles, qu’il ne faut jamais se fier aux apparences. Certains élèves participent à un concours, Mots de terre. Ces textes seront publiés dans un volume au courant de l’année. Vous trouverez quelques-uns de ces textes dans ce numéro. Métyvié, caricaturiste renommé, et Marie-France Desrochers, auteur jeunesse de la région, ont accepté de répondre à nos questions. De plus, vous pourrez lire un extrait de leurs travaux. Les bandes dessinées auront aussi une place dans nos pages. Antoine Desruisseaux et Nicolas Lajoie se partageront le travail dans ce numéro. Un gros merci aussi à Mme Francine Chcoine qui nous a offert un haïku, devenu notre slogan. Merci aux professeurs de français qui ont soumis certains textes ou qui ont donné de leur temps pour la correction. Finalement, Alexandre Bourassa, notre poète en résidence, signera quelques poèmes. Bonne lecture! Donald Thibault, Rédacteur en chef

Mot de la direction générale C’est avec grand plaisir que je réponds à l’invitation de M. Donald Thibault à écrire un mot à l’occasion de la première publication de cette revue littéraire. Je suis très heureux de son initiative parce qu’elle implique à la fois des élèves et des membres du personnel. Ces derniers auront l’occasion de se prononcer par écrit sur différents thèmes. Nous nous exprimons souvent verbalement, mais l’expression par l’écriture permet d’approfondir sa pensée et de la préciser pour mieux la formuler. Je souhaite longue vie à cette nouvelle revue dans notre école. Merci à celles et à ceux qui accepteront d’y partager leur opinion ou leurs connaissances, et qui permettront ainsi une longue vie intellectuelle à cette revue! F. Jean-Guy Beaulieu, s.c. Directeur général

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Écrits et nouvelles

Providence Par Joseph Archambault

- Assez! Vos vaines séductions ne pèsent aucunement sur mon cœur! Laissez donc en paix une jeune fille, peut-être belle et gracieuse, devant le choix de son époux! Retournez chez vous, priez pour trouver votre dulcinée, mais laissez-moi seule avec mon âme brisée! La pauvre Odile se fâcha, épuisée par ces visites incessantes dans le château de ses parents Alphonse et Clothilde, barons de Bressuire. Sans dire adieu à ce visiteur catastrophé, elle courut dans sa modeste chambre, à l’autre bout de cette véritable forteresse. En passant par le jardin, elle aperçut une tourterelle faisant la cour à sa future moitié. Pour reprendre son souffle, elle s’assied sur un banc, à travers les lys purs et les hémérocalles écarlates. Elle s’assied et réfléchit. Elle réfléchit à sa vie choyée de petite enfant jouant aux poupées sous l’œil attentif de sa mère, brodant. Elle se souvient, lorsque son valeureux père partit à la guerre, laissant sa triste épouse avec une fille fougueuse et un fils naissant. Elle revoit l’infini bonheur de sa mère, courant au devant de la troupe triomphante de son brave époux. - Mademoiselle voudrait-elle m’épouser? demanda une voix rigolote derrière le pommier en fleurs où les deux tourterelles, liées pour la vie, avaient décidé de bâtir leur petit nid. - Oh! Mais à qui ai-je l’immense honneur de parler? répondit Odile, entrant dans le jeu que menait son jeune frère. - Au noble et vaillant Émile, souverain du Royaume de France. Jouant la comédie, elle fit mine de s’évanouir de joie sur le siège rustique, transformé en trône, à la manière d’un conte de fées. Le vent sifflait entre les branches du pommier, laissant tomber une pluie de pétales, rendant l’atmosphère chaleureuse. Les deux portes qui bordaient le jardin, devenu un véritable paradis terrestre, s’ouvrirent en grinçant. D’un côté, un grand homme courbé par la vieillesse entreprit d’interrompre ce théâtre, complètement arriéré. De l’autre porte, sortit une femme indignée qui s’avança, d’un pas pressé, vers le centre du jardin. Entendant les portes, Odile et Émile se levèrent, se secouèrent vigoureusement des pétales et firent la plus belle révérence qui soit pour faire pardonner ce jeu enfantin. - Pourquoi, ma chère fille, pourquoi avez-vous rejeté cet homme avec tant de suffisance? Cet homme vous siérait à merveille! déclara la mère, découragée. Que vous êtes difficile! En voici cinq qui sont venus, tous de titres différents, et vous les traitez tous de la même manière! Vous m’affligez! - Jeune fille, votre comportement n’est point digne de la fille d’un baron continua le père sur un ton à la fois sec et dur. Vous bafouez les règles, les vertus d’obéissance et de soumission! Vous êtes trop jolie pour toutes ces bassesses…

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Voyant que sa sensible sœur allait éclater en sanglot, Émile coupa son père, ce qui était très impoli et méritait une gifle : - Mais si son âme-sœur ne s’était point déclarée! Si l’orage de l’amour était encore latent; mais quand frappera-t-il ses élus? Laissez donc faire la Providence! 

À ce suave mot de Providence, elle se jeta sur ses genoux, comme tombée en extase devant une petite image de la Vierge, Refuge des pécheurs, elle s’écria : - Oh! Douce Providence! Guidez mon chemin vers mon salutaire Époux! Oh! ViergeMarie, soyez mon refuge dans ma triste détresse! Le père, la mère et le fils étaient bouche bée. Le clair roucoulement d’une colombe immaculée interrompit le silence. Le baron ne savait que dire : - Euh… qu’arrive-t-il à notre fille, ma douce? - Aucune, enfin… euh… je ne sais. Émile, comme illuminé par la sereine clarté du visage d’Odile, répondit à ses parents : - Ne comprenez-vous donc pas le délicieux élan du cœur de ma chère sœur? Son âme s’offre tout entier en sacrifice à son divin époux, le seul qui a pris toute la place. Son cœur n’est point à partager. Écoutez-le, guérissez-le, exaucez-le!  C’est ainsi que la jeune Odile de Bressuire devint religieuse au rude monastère de la Grande Chartreuse où la sainte vocation de son cœur la guida sur le droit chemin, vers le vrai Paradis, où ne règnent que la joie et l’unique Amour. Son frère Émile n’eut pas grande difficulté à trouver son destin. Il devint un fervent et ardent abbé puis il mourut saintement dans les bras de son Épouse à lui; la Vierge, Refuge des pécheurs. Bande dessinée

Le chien : Yeux doux

Dessins et scénario Antoine Desruisseaux

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DOSSIER HARRY POTTER Boutefeu chinois… Oreilles à rallonge… Pattenrond… Vif d’or… Ces mots ont dû éveiller en vous des souvenirs reliés à la série de romans, Harry Potter. Ou peut-être vous rappelez-vous des extraits de films ? Avec la parution, en français, du dernier tome des aventures du sorcier à lunettes, pagESBlanches a décidé de vous présenter son analyse de l’œuvre. Où l’auteur a-t-elle puisé certains éléments de son histoire ? Qu’est-ce qui a fait que la série a connu un tel succès ? En deuxième partie, laissez-vous porter par les mots de Mme Chantal Gagné, enseignante d’anglais à l’école secondaire de Bromptonville. Comme plusieurs d’entre vous, elle a été emportée par la magie d’Harry Potter. 23


Dossier : Harry Potter

Harry et moi Par Chantal Gagné À l’été 2000, mon adolescente de 12 ans me parlait souvent d’un roman qu’elle lisait « Harry Potter ». Elle était fascinée par l’histoire et les personnages. Elle me donnait des détails sur un certain Ron (qu’elle prononçait « rond »), une Hermione (qu’elle prononçait « èrmionne ») et sur un personnage sombre dont on ne devait pas prononcer le nom. J’écoutais avec une attention distraite, comme les parents font parfois, loin de me douter que je serais sous peu prise dans la Pottermania. Le 24 décembre 2000, je suis en visite à Québec pour les fêtes. Le livre est là, sur la table du salon « Harry Potter à l’école des sorciers ». Bon. Qu’est-ce que je perdrais à y jeter un coup d’œil ? J’ouvre et commence à lire. Le monde réel s’arrête pour faire place à Privet Drive et à Oncle Vernon, puis à un géant qui vient annoncer à un orphelin qui dort sous l’escalier qu’il est sorcier et qu’il ne doit pas rater sa rentrée scolaire à une école spéciale où l’on apprend la sorcellerie. Je suis sous le charme. La magie opère. Je réussis à peine à me sortir du livre pour souhaiter un joyeux Noël aux gens qui m’entourent. Vingt-cinq décembre au soir. Harry Potter, avec l’aide de ses acolytes, a réussi à déjouer les plans de Celui-donton-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Mon personnage préféré? Sans contredit Dumbledore! Si espiègle et sage à la fois! Un certain professeur Rogue m’intrigue. Est-il bon ou méchant? Je retourne chez-moi dans le Connecticut. Assoiffée de connaître la suite, je me plonge dans The secret chamber. Petit choc : je dois m’adapter aux termes différents en anglais. L’école s’appelle Hogwart et non Poudlard (Traduction littérale : pou de lard = Hogwart), des gens ont changé de nom. Rogue, entre autres, est devenu Professor Snape avec le S de la maison Slytheryn. L’intrigue me fascine encore. Harry comprend et parle le parselmouth, la langue des serpents. C’est renversant! Un frisson désagréable me parcourt l’échine lorsque j’entends mes amis au Québec parler de « Rond » et « Èrmionne ». Qu’on se le dise une fois pour toutes : C’est RON (comme dans le début de RONALD) et HERMIONE (avec le « H » aspiré) Her- My-Oh-Nee! He-who-must-not-be-named est encore très méchant. Quant à Snape, je ne le sais pas encore. Dumbledore est charmant et attachant. J’ai de la chance, il me reste encore deux volumes à lire dans la série. Je ne réalise pas encore que le supplice de l’attente sera cruel. The prisonner of Azkaban me touche profondément. Enfin, Harry a de la famille, un parrain qui l’aime et qui pourrait le protéger comme un chien fidèle. Il aurait pu vivre avec lui plutôt que de retourner chez les Dursley qui ont le profil pour un signalement à la DPJ. Le sort, ou Mme J.K. Rowling en a décidé autrement. Sans le condamner entièrement, je me méfie encore de Snape. Ma mère m’avait avertie : Tu vas adorer le 4ème! Il y a tellement d’action! Et avec raison : c’est, je crois, le plus divertissant de la série avec le Goblet of fire. Harry Potter qui sauve à la fois Ron et la petite sœur de Fleur de Lacour au fond du lac, c’est génial! Un personnage meurt. L’adolescence confrontée à la mort, c’est triste. Voldemort devient de plus en plus puissant. Comme disent les chinois : SAVAMALACHOP!

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Et voilà. C’est tout. The Order of the phoenix n’est pas encore sorti. Je devrai attendre plus de deux longues années. Juin 2003, il y a de la frénésie dans l’air. Les librairies organisent des soirées et commenceront à vendre le volume à minuit sonnant le 23 juin. Les gens sont fous! Je ne vais tout de même pas faire la queue pendant des heures pour un simple livre! Je suis une adulte équilibrée et je vais patienter sagement! Vendredi soir, 22 juin, 21 heures. Chez moi, le film à la télé est d’un ennui mortel. Je ne fais que songer à Harry Potter. Je laisse mon époux et mes enfants pour me précipiter à la librairie ouverte la plus près. C’est à une heure de route. Les gens sont fous et moi aussi. Je ne suis pas la seule fan : des centaines de personnes sont là à attendre. Une fille n’est là que pour l’ambiance : sa copie commandée longtemps d’avance sera livrée par Purolator avant 9h demain matin. Minuit sonne. Les caisses commencent à sonner. Quelle idiote je suis de ne pas avoir réservé mon livre! Je dois attendre jusqu’à une heure du matin pour enfin tenir la précieuse copie dans mes mains. Pourquoi ne peut-on pas lire et conduire une voiture à la fois? Il est deux heures du matin, mais je dois savoir. Pendant deux jours et demi, le monde se résumera à mon livre. Les enfants mangeront des sandwichs et la lessive attendra. Snape monte dans mon estime. Il est du bon côté, je crois. En plus, Dumbledore lui fait confiance! Je prends un malin plaisir à détester Ms. Umbridge, la nouvelle directrice de l’école. L’attente, encore l’attente. Heureusement, il y a les films pour aider à supporter le temps qui sépare de la sortie du prochain tome. Dans l’adaptation cinématographique, l’intrigue se veut amputée d’éléments importants. Les initiés s’y retrouvent, mais les profanes n’y voient qu’un film d’action au scénario un peu décousu. Tant pis pour eux! Le Half blood Prince sort en juillet 2005. Vive les vacances et les sandwichs! Le monde s’arrête encore pendant 2 jours et demi pendant que mes yeux parcourent les mots décrivant les aventures du sorcier héros. Je referme le livre et je me réjouis de l’aboutissement d’amitiés profondes en relations amoureuses chez les protagonistes. Je déteste Snape plus que tout. Une figure de sagesse s’est éteinte. Je suis en deuil. Cela vaut-il la peine de continuer? Juillet 2007. La fin attendue arrive. Tout défile pour à la fois éblouir le lecteur et faire jaillir la lumière. Je pleure, je ris, je reverse quelques larmes avant de terminer une histoire qui m’habitera longtemps. Je cherche à saisir ce qui m’a tant touchée : le thème classique de la lutte entre le bien et le mal? Le monde parallèle fantastique dépeint par Rowling? Les personnages qui sont devenus comme des amis au fil des lectures? Des phrases du genre : Il est maintenant temps de choisir entre ce qui est facile et ce qui est bien ? C’est un peu tout cela. Quant au Professor Snape, pour ceux qui l’ignorent encore, je vous laisse lire le sort qui lui a été réservé… Poésie

Guerre, erreur humaine... Envahi de peur et de haine Entouré par le néant Confronté à mes souffrances Et au désespoir du temps Sans me lever, je pense À la douleur et à la souffrance même Que les gens envoient au ciel Sous forme de prière sainte La guerre… erreur humaine… Alexandre Bourassa 32


Entrevue

La passion selon Métyvié Par Grégoire Bruno

Né à Lévis en 1954, MÉTYVIÉ a acquis la notoriété grâce à la télévision, mais il ne faut pas oublier qu'il entreprit sa carrière professionnelle au journal Le St-Laurent-Écho de Rivière-duLoup (1977-1981) comme caricaturiste d'actualité. Par la suite, il est apparu régulièrement au petit écran dans l'émission "Le 745", à TéléCapitale (1982-1984), puis tout le Québec a découvert MÉTYVIÉ dans la série télévisée Faismoi un dessin, sur le réseau TVA (1988-1992); toute la colonie artistique a eu l'honneur (ou le malheur?) de passer sous le vilain crayon de MÉTYVIÉ. Aujourd’hui, il donne des formations en dessin aux enfants avec « La faune en dessin ». Il est venu donner une conférence à l’école en mai 2007. Voici une entrevue que j’ai réalisée avec lui. 1.- Qu'est-ce qui vous a poussé vers le métier de caricaturiste ? À vrai dire, c'est assez confus, je dirais que ce sont les circonstances de la vie. Au départ, dès mon adolescence, je voulais devenir un artiste, un gars connu et peut-être même célèbre, et tout ça, grâce à mon art, mais quel art? Je dessine depuis l'âge de cinq ans. Très tôt, mes parents m'ont fait suivre des cours de dessin privé puis de peinture. J'ai toujours détesté la peinture parce que c'est long et laborieux et, en bout de compte, on n’est pas toujours satisfait du résultat, bref! Il faut avoir du temps à perdre. De plus, la vie d'artiste peintre ne fait pas vivre son homme, sauf quand on a atteint un statut respectable, mais encore là, ça prend parfois toute une vie. La BD m'a effleuré l'esprit, car j'étais un grand lecteur de BD et j'ai toujours admiré le travail colossal de ces auteurs, mais encore là, il faut du temps, de bons contacts auprès des éditeurs et un personnage qui lève et fait vendre beaucoup de livres. De plus, il faut pratiquement percer le marché international pour arriver à en vivre convenablement, et là-dessus, je lève mon chapeau à mon ami Tristan Demers et son personnage «Gargouille» de même qu'à mon ami Jacques Lamontagne qui travaille maintenant pour un grand éditeur international. Quand on est au Québec, la BD, ce n'est pas évident. Puis, il y avait l'enseignement qui m'a effleuré l'esprit! Enseigner les arts plastiques! Et puis non! Je n'avais pas l'âme missionnaire et surtout pas la patience d'endurer des meutes de jeunes dont les trois quarts n'auraient montré aucun intérêt à cette discipline. Alors j'ai eu le coup de foudre pour un certain Monsieur Normand Hudon qui faisait des caricatures à la télévision de Radio-Canada dans les années soixante. Ah! Ça c'était mon truc: dessiner et faire de la télé!... Puis j'ai eu un second coup de foudre caricatural pour les caricatures de Chapleau qu'il publiait dans le «Perspective», un supplément du journal «Le Soleil» (fin 60, début 70). C'est alors que je me suis mis à la caricature tout en poursuivant mes études en graphisme au Cégep de Rivière-du-Loup. Je savais que je voulais devenir un artiste, un musicien, un comédien ou un caricaturiste, mais j'étais loin de me douter que j'en vivrais toute ma vie. J'ai toujours voulu être en avant d'une foule et performer devant eux, me donner en spectacle et impressionner les gens, c'est pourquoi, pendant trente ans, j'ai trainé la caricature sur scène et devant les caméras. Je ne suis peut-être jamais devenu «célèbre», mais je peux dire que je me suis fait connaître pas mal partout.

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2.- Quels sujets avez-vous en priorité lorsque vous faites des caricatures ? Quand je travaillais sur scène ou dans le cadre d'évènements corporatifs, je devais avant tout caricaturer les gens qui voulaient bien se prêter à l'exercice, alors, la priorité était avant toute chose la ressemblance, puis en second lieu, la mise en situation. Mais, maintenant que je travaille au niveau de l'actualité pour plusieurs journaux, je dirais que la priorité est davantage la situation cocasse dans laquelle les acteurs se retrouvent, de même que le message que l'on veut faire passer. 3.- Craignez-vous les critiques de vos œuvres ? Il fut un temps où, étant jeune et prétentieux, je sentais toujours le besoin d'argumenter lorsqu'on faisait une critique sur mon travail. Je trouvais des raisons à tout défaut et m'obstinait à ne pas reconnaitre les lacunes de mon travail soulevées par la critique. Et on me disait toujours que je n'acceptais pas les critiques. Aujourd’hui, j'ai vieilli et bien que j'aie toujours de la difficulté à les accepter, je suis plus ouvert et réceptif, même que je suis le premier à m'autocritiquer...et beaucoup plus sévèrement que le ferait un critique averti. 4.- Avez-vous des contraintes pour les œuvres que vous faites, ou bien vous êtes libre de faire ce qui vous plaît ? Nous avons toujours la possibilité de faire n'importe quoi, mais nous avons également un devoir moral envers la réputation des autres et surtout....nous avons un «boss» qui freine parfois nos ardeurs impudiques. Lorsqu'on travaille à l'intérieur d'un journal, il y a une loi nonécrite qui nous guide afin d'être mordant sans forcément être méchant. 5.- Qu'est-ce que vous aimez le moins dans votre métier ? Ah! Les «Dead-line» ou heures de tombée, c'est toujours stressant. 6.- Où publiez-vous vos œuvres principalement ? Bon! Je travaille dans l'actualité pour: Québechebdo (Transcontinental) à Québec, le journal "Chefs d'Entreprises" à Québec, le journal de Lévis, Le Métropole à Montréal, le journal «La Réussite» de Montréal et pour des magazines spécialisés comme: La revue Custom Tour (Moto) et le magazine «Délire» de Montréal ; La Presse-Nautique et Aviation Québec de TroisRivières. 7.- Pensez-vous finir votre vie avec ce métier et ne pas changer ? Effectivement, je le souhaite.... jusqu'à cent ans. 8.- Quelles sont les études à faire pour devenir caricaturiste ? Beaucoup de dessin et d'originalité. Je dirais aussi beaucoup de ténacité. Malheureusement, il n'existe pas d'école de caricature au Québec. 9.- Qu'est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ? Les défis, dans ce métier, il n'y a pas de routine, tout est à découvrir à chaque fois. On ne refait jamais la même chose, c'est fascinant et enrichissant d'autant plus qu'on en apprend continuellement. Notre style évolue sans cesse et, par le fait même, on devient meilleur d'année en année.

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10.- Si vous aviez des conseils à donner à un débutant, que lui diriez-vous ? Je suis bien mal placé pour donner des conseils, mais je pense qu'il n'y a pas de conseils spécifiques pour cette discipline, pas plus que pour les autres. Ce que je pourrais dire s'applique, au fond, à tous les domaines susceptibles d'intéresser un débutant: A- Il faut d'abord découvrir ce qui nous passionne le plus, ce qui nous branche. B- S'assurer qu'on a bien les aptitudes et les pré-requis (avoir du talent, ça aide). C- Explorer tous les domaines que couvrent cette discipline afin de sonder les endroits où sont nos forces ou nos faiblesses. Par exemple: quelqu'un veut faire carrière dans le showbusiness; est-il capable de jouer d'un instrument ou est-il meilleur comme chanteur ? Est-il heureux sur scène ou préfère-t-il travailler arrière-scène? Est-il meilleur compositeur qu'interprète ? Peut-être n'est-il pas assez talentueux pour être chanteur, mais il ferait un excellent gérant d'artiste? Et tout cela reste dans le même domaine, le show-business! D- Quand on a cerné ce dans quoi on excelle (et c'est déjà un immense pas de fait), on s'attelle et c'est parti! Il ne faut pas avoir peur d'essayer des choses, d'expérimenter, de présenter des projets. De travailler, travailler, travailler. Il n'y a pas de secrets, ni de recette magique là-dedans, la clef du succès c’est le TRAVAIL. ET SURTOUT, IL NE FAUT PAS COMPTER SES HEURES. Quand on fait ce qu'on aime et qui nous passionne, on se fiche du temps que ça prend. E- Et puis, peu importe les chemins que vous prendrez, mes jeunes amis, et peu importe le montant que ça paie, le meilleur conseil que je puisse vous donner est: «FAITES DONC CE QUE VOUS AIMEZ LE PLUS». Faites-le avec amour et passion, le succès finira bien par être au rendez-vous ! Pour terminer en beauté cet entretien, quoi de mieux que d’admirer le travail de Métyvié. Voici une caricature réalisée pour Québec Hebdo. Mots de terre

Un potage polluant!

1er ingrédient

2ième ingrédient

Dans une grande casserole, un peu de pétrole. Trouvés à coté , des canards noyés

Un glacier innocent, qui avec ce réchauffement, a apporté un ours polaire, qui n'avait rien à faire. Maintenant, il a un passe temps, se trouver un nouveau logement. FINITION Mélangez tous ces problèmes, ensuite regardez , ce que la pollution peut donner , alors aidez et contribuez , c'est la manière la plus solidaire.

Clémence Benoît-Fortier 47


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BANQUE DE MOTS Horizontal 1. 2. 3. 4. 5.

Vertical

Mot de même famille que « littéraire » 6. Ce qui est nouveau… Nom commun : donner son opinion sur un film ou un livre 7. Synonyme de magazine Longue histoire, peut être policier, fantastique ou biographique 8. La Presse en est un… Courte histoire souvent dans un recueil prévu à cet effet 9. Synonyme de revue… Synonyme de conte 10. On en écrit quelques fois à des personnes qu’on connaît


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