Texte d'Orientation OLF 2018-2019

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Texte d’Orientation 2018-2019 Assemblée Générale du 2 juin 2018 En 2019, Osez le Féminisme ! fêtera ses 10 ans. 10 ans de militantisme, de sororité, de campagnes et d’actions. La création d’Osez le Féminisme ! a marqué un renouveau dans le milieu féministe français, une nouvelle période de visibilité et d’avancées. Ces dernières années, nous avons “débroussaillé le terrain”, fait émerger des sujets dans la sphère publique et nous les voyons maintenant couramment évoqués par les médias et mieux connus du public. Ce sont autant de victoires culturelles dans la considération du plaisir des femmes à l’écriture épicène, sans oublier bien sûr le coeur de notre action : la lutte contre les violences patriarcales de tout ordre. La dénonciation de Weinstein par des femmes au courage admirable a enclenché un véritable embrasement. Plus qu’une libération de la parole, les conditions étaient enfin réunies pour imposer l’écoute des femmes, la remise en cause des piliers patriarcaux, le décryptage - salutaire - des stratégies des agresseurs. Avec la dénonciation systématique des agresseurs, de Dominique Strauss-Khan à Denis Baupin, nous avons affiné notre discours, développé notre expertise et agrandi notre réseau. Notre lutte contre les agresseurs, partout où ils se trouvent, est sans relâche. De nouvelles dynamiques peuvent maintenant s’appuyer sur ces acquis, cela a été possible grâce à nous toutes et tous, nous pouvons en être fièr.e.s ! Alors que nos adversaires évoluent aussi et pour certains avancent parfaitement masqués, l’année à venir doit être celle des remises à l’endroit, de la dissipation de tous les enfumages ! Il ne faut pas mésestimer les difficultés auxquelles Osez le Féminisme ! est confrontée. Ce texte d’orientation comporte d’ailleurs un travail d’identification de ces risques : asphyxie des moyens, attaques incessantes contre les droits des femmes, en France et dans le monde, arnaques patriarcales, discours et harcèlement anti-féministes. Il est important de partager ce constat pour mieux mener nos actions et réaffirmer que nous sommes où nous devons être, là où les conservateurs et les réactionnaires sont dérangés : du côté des filles et des femmes. Cette première décennie pour Osez le Féminisme ! implique que nous aurons à organiser un grand moment de célébration et de partage dans l’année à venir. Tout en préparant la suite avec toujours plus d’audace et même de courage. C’est à nous que revient la responsabilité de porter l’idée même qu’une autre société est possible, sans aucune forme d’oppression ou de domination. Être féministe, c’est déjà donner de la réalité à cette utopie. Nous opérons depuis presque 10 ans une véritable révolution. Ce document explicite les orientations que le Conseil d’Administration de l’association souhaite prendre pour l’année à venir. Notre ambition est à la hauteur de notre indignation, de l’urgence d’agir pour les droits des filles et des femmes. Nous devrons pourtant accepter que nous ne pourrons pas tout faire, plus encore, savoir savourer chaque victoire dans un monde qui s’organise contre nous. Nous avons besoin de force, de patience, de rester exigeantes dans nos analyses féministes, et de cultiver notre bienveillance envers nous-mêmes et envers chaque femme. Nous savons pouvoir compter sur vous : merci ! Le Conseil d'Administration d’Osez le Féminisme !


1. Créer une opposition féministe solide et unie Osez le Féminisme ! réaffirme son indépendance, une indépendance que nous défendons farouchement, en dénonçant les tentatives de récupérations et d’instrumentalisation. Cela ne nous dispense pas, bien au contraire, d’analyser les dynamiques à l’oeuvre, des partis politiques jusqu’à l’action gouvernementale et présidentielle, voire leur inaction quand il s‘agit des droits des femmes... Après une année de mandat présidentiel, Osez le Féminisme ! tire les conclusions qui s’imposent. La grande cause nationale du quinquennat restera à l’état d’annonce. L’égalité femmes-hommes ? Rien à espérer du côté du gouvernement Dès le mois de juillet 2017, le budget des droits des femmes (toujours plus petit budget de l’Etat) était baissé de 25%. La suppression de la réserve parlementaire ainsi que la baisse des subventions pour les associations féministes menace la viabilité de nos actions collectives en faveur des droits des femmes. Nous attendions une loi-cadre transversale contre les violences sexistes et sexuelles : le projet de loi porté par Marlène Schiappa, tout en ne répondant pas aux besoins identifiés sur le terrain, va jusqu’à entériner la correctionnalisation des viols sur mineur.e.s. Le gouvernement discrédite aussi directement les associations féministes, qui accompagnent les femmes victimes de violences depuis des années. Dernière cible en date : l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT). Ces prises de décisions nous mettent toutes en danger. Comment garantir une aide efficace aux femmes si les moyens pour y parvenir ne sont pas à leur disposition ? A minima, en opposant à nos détracteurs un front uni. Osez le Féminisme ! a su être réactive en se mobilisant activement pour défendre l’indispensable travail de ces structures. Nous relayons régulièrement leurs décryptages et leurs victoires, qui nous inspirent dans notre analyse féministe de la société patriarcale et de ses multiples arcanes. Nous entendons poursuivre ce rôle très important de relai et de valorisation du travail féministe, qui fait notre force à toutes. Ces attaques répétées, couplées à l’absence de moyens, sonnent comme une alarme pour la suite. La stratégie d’épuisement et de division du mouvement féministe mené par le gouvernement ne laisse place à aucun doute : Osez le Féminisme ! sera dans l’opposition à Emmanuel Macron, car il s’oppose déjà aux droits des femmes. Garantir l’unité du mouvement féministe Ce climat défavorable voire néfaste pour les droits des femmes nous oblige à nous préparer aux futures attaques, nous incitant à toujours plus de vigilance. Vigilance ne veut pour autant pas dire repli sur soi. C’est au contraire en s’ouvrant et en dialoguant avec les autres organisations féministes que nous arriverons à renforcer nos positions, à garantir l’unité du mouvement féministe et donc sa capacité à agir. Osez le Féminisme ! assumera sa position centrale dans le débat féministe français et tâchera de construire des ponts entre les différentes initiatives. Il nous importera particulièrement de maintenir les liens précieux construits avec les associations expertes dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles telles que l’AVFT (Association contre les violences faites aux femmes au travail) et le CFCV (Collectif féministe contre le viol). Cette union féministe devra se concrétiser sur l’ensemble du territoire par un développement de nos différents


partenariats. Un seul objectif : nous associer toujours plus et mieux dans l’intérêt des filles et des femmes. Porter un féminisme universaliste, solidaire et internationaliste Nous continuons bien sûr d’inscrire nos actions dans les mouvements féministes internationaux, nous sommes toujours présentes au niveau européen et international pour faire avancer la lutte pour l’égalité dans tous les domaines. Nous soutenons les mobilisations de nos soeurs espagnoles avec #YoTeCreo, des polonaises et des argentines dans leur lutte pour le droit à l’avortement, et nous nous réjouissons de la victoire récente des irlandaises. Par ces actions, nous défendons une vision internationaliste du féminisme : une union internationale autour de nos valeurs, qui nous fait avancer tout.e.s ensemble et ainsi, dans nos propres combats. Ces apports nous renforcent, cultivons-les !

2. Lutter contre l’anti-féminisme La méthode d’Osez le féminisme ! est de féminister toutes les sphères de la société. Cela passe aussi par l’identification de nos adversaires et la lutte contre leurs diverses attaques. Le backlash ou “retour de bâton” : le frétillement des masculinistes L’année 2017 fut l’année #MeToo, celle d’un formidable élan féministe. Mais historiquement, à chaque avancée des droits des femmes, suit un “retour de bâton”. Susan Faludi l’expliquait déjà en 1993 dans son essai “​Backlash, la guerre froide contre les femmes” ​qui dévoilait “​l’excessive réactivité des hommes face aux victoires les plus microscopiques des femmes​”. Le cyber-harcèlement contre les féministes est devenu systématique. Les agresseurs contre-attaquent en criant à la “chasse aux sorcières” (comme Polanski avait osé le faire après son éviction de l’Académie des Oscars), et/ou en poursuivant leurs victimes pour diffamation. Les masculinistes (comme les associations de pseudo-défense des “droits des pères”) luttent pour maintenir le statu quo de la domination masculine. Nous resterons vigilantes et combatives contre tout backlash masculiniste. Rester mobilisé.e.s contre les conservateurs et les réactionnaires Si nous nous félicitons de la victoire des irlandaises, qui ont enfin obtenu par référendum le 27 mai 2018 le droit à l’avortement, nous observons aussi le retour de la droite anti-IVG et des conservatismes religieux partout en Europe. En Pologne ou à Malte, l’IVG est encore interdit ; dans beaucoup d’autres pays, l’accès à l’IVG est rendu très difficile (par exemple en Italie où 70% des médecins refusent de la pratiquer). Avec le collectif “Avortement, les femmes décident”, nous continuerons à défendre le droit à l’avortement partout en Europe. En France, dans le sillage de la Manif pour tous, les conservateurs, réactionnaires lesbophobes et homophobes continuent à se mobiliser ; nous serons là pour les contrer et défendre le droit à l’avortement et la PMA pour toutes. Au-delà de la défense des droits sexuels et reproductifs, nous expliquerons les enjeux d’une véritable libération féministe des sexualités des femmes et des filles,


pour enfin jouir sans entrave ! Cette libération passe aussi par un engagement permanent contre la lesbophobie et pour la visibilité des lesbiennes. Lutter contre les arnaques patriarcales D’ailleurs, au sein même du mouvement social et progressiste, nous continuerons à dénoncer et combattre les arnaques d’une pseudo “libération sexuelle” des mouvements soi-disant “pro-sexe”. On voudrait nous faire croire que dénoncer les violences sexistes et sexuelles inhérentes à la prostitution ou à la pornographie seraient “anti-sexe”. Les défenseurs de la prostitution, ramenant toute la question de la sexualité à celle du “libre choix”, dépolitisent la lutte et masquent le système d’oppression qu’est la domination masculine. La sexualité et le corps des femmes sont les champs de bataille du patriarcat. Le privé est politique. Nous nous battrons pour promouvoir l’abolition de la prostitution et défendre une véritable libération sexuelle, qui nous délivrerait des psychotraumatismes des violences masculines. En cette année 2018 où nous célébrons le cinquantenaire de mai 1968, nous reprendrons le slogan des militantes du MLF qui écrivaient déjà en 1971 : “Votre libération sexuelle n’est pas la nôtre” ! Nous refusons également de tomber dans une vision individualiste du féminisme, qui efface l’aspect systémique des violences masculines en essayant de nous faire croire que le genre serait un choix libre et individuel. Cette logique est dangereuse en cela qu’elle implique que les femmes seraient coupables de naître femmes et de choisir de le rester. Il devient impossible d’analyser la domination d’une catégorie sur l’autre lorsque celles-ci deviennent abstraites et interchangeables. Notre combat féministe vise au contraire à l’abolition des genres, à l’égalité réelle. Nous nous opposons donc logiquement aux mouvements (d’ailleurs souvent dirigés par des hommes) qui appellent à la haine et à la violence contre les femmes et les féministes lorsque nos positionnements divergent. Cet anti-féminisme protéiforme n’a rien de nouveau puisque les conservateurs, les intégristes religieux, les ultra-libéraux savent toujours se réinventer. Notre constance est une force car nous ne transigerons pas sur nos valeurs et continuerons à analyser ces attaques pour mieux les contrer. Nous serons exigeant.e.s dans les mouvements sociaux que nous rejoindrons, afin d’y imposer une lecture féministe des événements. Sans cela, impossible de lutter contre les violences masculines commises contre les filles et les femmes.

3. Mettre Osez le Féminisme ! au service des femmes et de leurs droits Osez le Féminisme ! suppose de parler à toutes les femmes, afin de leur donner envie de s’engager et de leur donner le pouvoir d’agir. Chacune est à un stade différent de son engagement militant féministe. Pour autant, chacune doit avoir sa place au sein de l’association : nous souhaitons créer une place pour chaque femme, et l’encourager à la prendre. L’ouverture à toutes est absolument nécessaire pour faire avancer le combat pour l’égalité. Le féminisme doit permettre à toutes les femmes de s’épanouir et de s’émanciper. Parler à toutes pour politiser nos vécus et porter ensemble nos revendications


Le féminisme est loin d’être un combat dépassé, au contraire; les obstacles et réactions auxquels sont confronté.e.s les filles et les femmes quand elles s’expriment le prouve. Notre message doit être à la fois exigeant et accessible pour permettre au plus grand nombre de s’y retrouver et d’y découvrir des clés pour comprendre les dominations patriarcales. Nous avons une opportunité unique à saisir : la vague #MeToo ne doit ainsi pas laisser la parole et les témoignages des femmes sans suite, nous devons rendre concrète cette envie de mettre fin au patriarcat. Il est indispensable de faire de ces paroles un combat politique, seul moyen de porter nos revendications plus haut, plus loin, pour toutes les femmes. Nous le rappelions plus haut : le privé est politique. En accompagnant les femmes c’est le féminisme que nous consolidons. Faire grandir les forces militantes d’Osez le Féminisme ! Cette politisation, ce passage de vécu individuel à une lutte collective, se fait grâce et au sein d’Osez le Féminisme !. Il nous faut continuer d’ouvrir l’association pour y accueillir le plus grand nombre, diversifier nos thèmes et nos formats d’actions pour permettre à un maximum de femmes de s’y retrouver. Nous bénéficions d’une grande visibilité, et devons l’entretenir grâce à une stratégie médiatique et militante (outils de communications, réseaux locaux, interventions directes). C’est ainsi que nous serons identifié.e.s par les futur.e.s militant.e.s, première étape indispensable à l’engagement. Nous avons toujours besoin d’adapter notre structure et de la renforcer pour suivre le rythme de son développement et de sa popularité. Développer l’association, c’est aussi permettre de faire baisser la pression qui peut s’exercer contre les féministes : il faut éviter l’épuisement patriarcal ! Pour cela nous devons continuer à relayer les analyses et initiatives de nos allié.e.s et démultiplier les opportunités de soutiens. Porter un message féministe exigeant est une force qui doit nous entraîner et nous rappeler la justesse de notre combat. Former une nouvelle génération féministe Assemblée générale d’Osez le Féminisme, juin 2029. Qui seront les personnes présentes dans la salle ? Qui seront les militant.e.s présent.e.s pour les 20 ans de l’association ? Beaucoup ont encore 10, 12, 15 ans aujourd’hui… Certain.e.s rentreront en contact avec nous en 1ère, pour le TPE, d’autres via leurs parents pour une intervention dans leur collège. Comment maintenir ce lien et former une nouvelle génération féministe ? En occupant le terrain ! Préparez vous, le 27 septembre 2018, à la sortie d’un nouveau livre d’Osez le Féminisme ! Adressé au 15-18 ans cet ouvrage répondra à 10 questions et, ce faisant, discutera de nombreux thèmes relatifs à l’égalité femmes-hommes. Le titre est encore secret mais nous plaît beaucoup, nous ne dévoilerons pas non plus le nom de l’illustratrice - féministe évidemment - bien connue mais les esquisses nous éblouissent… Rendez-vous en septembre pour le lancement et tout au long de l’année pour partager nos convictions avec les plus jeunes grâce à des interventions en collèges et lycées. Nous comptons sur vous pour le relais, partout en France, auprès des jeunes qui vous entourent et des adultes qui travaillent auprès d’eux.elles. Pour que ce livre, que nous aurions aimé avoir entre les mains à 15 ans, soit accessible au plus grand nombre. Des bases solides pour les dix prochaines années !


Afin de réaliser ces objectifs, et, de manière générale, toutes les orientations de l’association, nous devons consolider Osez le Féminisme ! en tant que structure. Cela implique de mener un travail considérable sur notre stratégie de ressources, afin d’avoir les moyens de nos actions. Les subventions ne sauraient suffire et le développement des dons et des partenariats doit être pensé et concerté. Il s’agira également de professionnaliser les tâches administratives, de partager les bonnes pratiques et les outils. Cette mutualisation doit nous permettre de faire gagner du temps comme de valoriser nos réalisations, et ce afin que l’équipe permanente et toutes les bénévoles bénéficient de conditions de travail et de militantisme satisfaisantes.

4. Des sujets prioritaires dans l’année à venir Nous articulerons notre mobilisation et nos actions, sous différents formats autour d’axes que les membres du réseau pourront développer selon les opportunités… Voire les urgences ! ● La lutte contre les agresseurs : Depuis le lancement en 2016 de la campagne Stop Agresseurs, nous poursuivons notre mobilisation contre les violences masculines qui s’exercent contre les femmes et enfants. Les éléments créés dans ce cadre sont de précieux outils que nous reprenons et perfectionnons à chaque fois que nous dénonçons les violences des hommes et l’impunité dont ils bénéficient. Nous continuerons cette année à interpeller régulièrement l’opinion publique contre les féminicides, les viols, le sexisme, le harcèlement, les agressions physiques et sexuelles, la mise en prostitution, le cyber-harcèlement. Le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences commises contre les femmes fera bien sûr l’objet d’une importante mobilisation, et nous continuerons de réagir à l’actualité aussi souvent que nécessaire. Il s’agira également de visibliser un autre axe de décryptage : celui des violences du système pornographique, intrinsèquement liées à celles de la prostitution. Nous voulons porter notre analyse féministe de ces violences, multiples (physiques, sexuelles, économiques) et ne pas laisser le champ libre aux pornographes et à une industrie qui engrange des milliards sur la vie des femmes. La démarche abolitionniste restera une boussole de nos engagements. Si la loi a été gagnée en France il nous reste à s’assurer que les politiques soient à la hauteur et que les consciences évoluent pour garantir une société libérée de la prostitution. Les plus jeunes devront notamment être sensibilisé.e.s pour que les discours euphémisant ce système de viols commerciaux n’aient plus prise. Il s’agira enfin de renforcer notre stratégie et outils de plaidoyer européens, pour soutenir les mouvements abolitionnistes qui mènent actuellement la bataille législative, comme au Royaume-Uni, et renforcer les réseaux constitués autour du Lobby Européen des Femmes ou encore via Youth for abolition. Le combat abolitionniste se mène partout ! ● Construire une santé féministe : quels soins voulons-nous pour les filles et les femmes ? La campagne sur la Santé des filles et des femmes, annoncée dans le texte d'orientation 2017-2018, se construit depuis le mois de janvier. Il s'agira d'une campagne globale à destination des filles et des femmes, des professionnel.le.s de santé mais aussi des pouvoirs publics. Nous aborderons l'ensemble des enjeux concernant la santé des filles et des femmes, et la campagne se déclinera en cinq volets, tous imbriqués mais qui seront adressés spécifiquement en cinq temps différents à partir de l'automne :


- Prise en compte des spécificités biologiques et construites des filles et des femmes - Politiques de lutte contre les agresseurs parmi les professionnels de santé - Soins des psychotraumatismes individuels et collectifs - Formation des professionnel.le.s de santé - Place des filles et des femmes dans la recherche médicale. Elle s'appuiera sur les résultats des questionnaires lancés en mai à destination des soignées et des professionnel.le.s de santé ainsi que sur l'expertise des associations féministes qui travaillent sur le sujet, de soignées et de professionnel.le.s engagé.e.s. Violentées, oubliées, manipulées : ce qu’il faut c’est nous soigner ! ● Pour des sexualités libérées des violences masculines et des injonctions patriarcales Osez le Féministe ! souhaite construire une éducation féministe des sexualités, en s’adressant aux plus jeunes et notamment aux filles de 12-14 ans. Nous développons une campagne depuis plusieurs années, en imaginant différents outils pour, entre autres, pallier l’inapplication de la loi de 2001, qui est censée rendre obligatoire des cours d’éducation sexuelle trois fois par cycle scolaire (primaire, collège, lycée). Visibilisation de l’anatomie féminine, déconstruction des mythes autour de la sexualité, sensibilisation au féminisme : nous souhaitons passer au crible tout ce que le patriarcat nous impose et proposer une autre vision de nos corps, de nos sexualités, de nos vies aux futures générations. Cette campagne sera notamment développée autour d’un site internet qui reprendra ces axes, qui permettra aux filles de comprendre (et de se rebeller contre) ce qui relève des diktats imposés par la domination masculine. Libérées des clichés, informées, les filles d’aujourd’hui seront les femmes averties de demain ! ● L’ouverture de la PMA à toutes les femmes : enfin ? Aujourd’hui, la Procréation médicalement assistée (PMA) est réservée aux couples hétérosexuels, ​ce qui crée une inégalité d’accès à une technique médicale entre les femmes, et maintient un schéma rétrograde de ce que devrait être une famille (un papa et une maman)​. Cette discrimination d’Etat - qui est censé être garant de l’égalité des droits civils -, oblige les femmes célibataires et lesbiennes à trouver d’autres solutions, coûteuses et mettant en danger leur sécurité et leur santé (insémination artisanale, achat de sperme hors des circuits légaux, voyage à l’étranger, etc.). Nous attendons de cette année qu’elle soit celle de l’ouverture de la PMA pour toutes les femmes, comme Hollande l’avait promis en 2012, comme Macron en parlait en 2017 : une loi sur la bioéthique devrait être bientôt examinée par le Parlement. Nous continuerons nos actions de sensibilisation et prévoyons de diffuser largement une brochure pédagogique. Cette revendication ne concerne pas la GPA, qui implique le recours à une “mère porteuse”. Osez le féminisme ! s’oppose fermement à cette méthode qui n’est qu’une nouvelle forme de marchandisation des femmes, et donc de violence. ●

La solidarité avec les femmes​ migrantes ​:


Les phénomènes de migration, s’ils font partie de toute l’histoire de l’humanité, ont aujourd’hui une actualité particulière, et souvent douloureuse. Il devient de plus en plus compliqué, pour un.e migrant.e, d’arriver et de rester en France. Des mouvements de solidarité se créent, mais ils oublient souvent la spécificité des femmes migrantes. Pourtant un tiers des demandes d’asile sont actuellement faites par des femmes. C’est notre rôle de féministes d’apporter notre solidarité à ces femmes, dont le courage et la détermination doivent être soulignées. Des actions ont déjà été mises en place par certaines antennes, comme à Metz et Besançon, articulées avec la campagne « Sang Tabou », pour collecter et distribuer des serviettes hygiéniques. Ce travail au plus près du terrain et des réseaux locaux de solidarité sera complété par une intégration systématique des problématiques des femmes migrantes dans nos argumentaires. Cette analyse devra bien évidemment interroger les ressorts sexistes mais aussi racistes des violences commises contre les migrantes. Nous pourrons pour cela nous appuyer sur le “réseau européen des femmes migrantes” (ENMW), qu’Osez le Féminisme ! a rejoint en début d’année 2018.


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