Vertiges | Or Norme #31

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BASQUIAT / SCHIELE À LA FONDATION VUITTON

Douglas M. Parker Studio, Los Angeles - Mitro Hood - Private collection, all rights reserved - DR

Pour autant, en matière d’art, Bernard Arnault est à coup sûr un collectionneur privé d’envergure mondiale et un vrai connaisseur, éclairé et bien sûr, qui bénéficie de la

OR NORME N°31 Vertiges

OR SUJET

Jean-Luc Fournier

Disons le tout net et d’entrée. On peut ne pas avoir une admiration sans bornes pour Bernard Arnault, l’un de ces « maîtres du monde » créateur de multinationales tant décriées qui, à la tête de LVMH, son empire mondial du luxe - Louis Vuitton, donc, mais aussi Guerlain, Dior, Givenchy… et plus d’une soixantaine d’autres marques prestigieusesest devenu ni plus ni moins que la quatrième fortune mondiale selon le magazine américain Forbes. On peut même aller jusqu’à s’indigner du montage fiscal très favorable et même partiellement illégal (selon le magazine Marianne qui l’a révélé il y a un mois, sans être démenti depuis) qui a permis l’édification et le confort de fonctionnement de la Fondation Louis Vuitton dans sa superbe clairière du bois de Boulogne et son élégant voisinage avec le Jardin des Plantes…

Texte :

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Une nouvelle exposition-événement dans le grand vaisseau futuriste du bois de Boulogne. La Fondation Vuitton accroche une quasi rétrospective de Jean- Michel Basquiat, comète surgie de nulle part qui s’est éteinte à l’aube de ses 28 ans et la plus importante exposition depuis près d’un quart de siècle à Paris d’Egon Schiele, également mort au même âge. Un dialogue formidable entre art contemporain et art moderne qui fait sans doute mieux mesurer, un siècle plus tard, l’apport inouï à l’histoire de l’art des deux premières décennies du XXème siècle et dont Vienne a été l’épicentre…

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Photos :

Tous deux, incandescents et surgis de nulle part… puissance de frappe financière pour acquérir ses collections. Sa Fondation est là pour que le public puisse voir de ses yeux les merveilles acquises : et ce serait faire preuve d’une coupable malhonnêteté intellectuelle que d’inciter à bouder des expositions incroyables comme celle sur la collection de Sergueï Chtchoukine ou sur les plus belles pièces des cimaises du MOMA qui ont précédé Basquiat et Schiele en ces lieux. Il faut sans doute s’appeler Jérémy Piette et signer des articles dans Libération pour oser écrire, le 8 octobre dernier, que rapprocher Basquiat et Schiele est « une démarche factice qui relève plutôt d’un coup de com ». Même si le propos qui suit argumente justement sur le fait que les deux expos, concomitantes mais au billet d’entrée commun, occupent deux espaces bien différenciés, les analogies entre les deux peintres, à soixante-dix ans d’intervalle, sautent aux yeux et valident immédiatement les parti-pris

Egon Schiele


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