ARKUCHI#38 OCTOBRE/NOVEMBRE 2023

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OCT. / NOV. 23

gratuit

#38

art culture architecture



N 38 °

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Dans le Rétro… Dans le Viseur

Bêtes de Scènes

Turak Théâtre, Milo Rau, Monsieur K, Nasser Djemai, Jeanne Mordoj, Chela de Ferrari…

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SUCCESS STORY Sens Interdits : et de 7 pour les Russes du Teatr KnAM

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7e Art Gondry et tous ses trucs

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Julie Cherki ©

Lettres & Ratures

NOUS NE SOMMES PLUS… PHOTO DE RÉPÉTITION

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Tout sur le Cluster

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Le Street Musée du mois

FOKUS

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Elene Usdin « J’ai tellement de trucs dans la tête ! »

Popote(s) & Jugeote

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C Dans L’Air

Sylvie Selig au MAC

contact.arkuchi@orange.fr

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Festivals

ARKUCHI #37 SEPT. | OCT. 23

FORME & FONCTION Nouvelle mue architecturale au TTA

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Live en Stock

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Patrick Ageneau ©

Déambulations Musiques

Aya Takano, School Gallery, Thomas Henriot, Lise Dua, Willem…

La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.

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TÊTE D’AFFICHE Marc Lainé, raconter des histoires

°

Chr.istophe Raynaud de Lage ©

EXPOS

Direction de la publication ‑ Rédaction en chef Anne Huguet ‑ 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Martin Barnier, Blandine Dauvilaire, DuMont & Berlioz, Nadège Druzkowski, Émiland Griès, Marco Jéru, Valérie Legrain-Doussau, Miss Pretty Little Things, Trina Mounier, Florence Roux, Les Soreuses, Élise Ternat, Gallia Valette-Pilenko, Laurent Zine Illustration de couverture : Elene Usdin Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97 Conception et mise en page Impression : FOT

Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646‑8387

TOURS & DÉTOURS Vienne et ses beaux vestiges antiques

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Gratuit • Toutes les 6 semaines Diffusion : plus de 400 lieux Lyon, Métropole & Rhône‑Alpes Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € ‑ 18 rue Belfort 69004 Lyon

ABONNEMENT

7 num./an = 30 eur. Rejoignez la communauté ArKuchi


DANS LE RÉTRO...

PAR ÉMILAND GRIÈS, ANNE HUGUET, TRINA MOUNIER, GALLIA VALETTE-PILENKO

EXPO

21 OCT. > 18 NOV.

Bluffant Mycelium du Grec Christos Papadopoulos. 20 danseurs et de petites variations de gestes répétés sans fin à l’unisson créent des images fugitives d’une rare beauté. Minimaliste mais tellement poétique. Vu à l’Opéra de Lyon, Biennale de la danse.

HYPNOTIQUE

coup de cœur

Des formes abstraites qui naissent de la multiplication du motif : Ërell poursuit son travail d’exploration autour de son fameux « module ». À découvrir avec C6H10O5 à la galerie Autour de l’Image.

Agathe Poupeney ©

Vu à la Biennale de la danse Les jolies choses de la Canadienne Catherine Gaudet. 55 minutes d’intelligence brute, sobre et sans fioritures, qui imposent une artiste à l’écriture ciselée complexe, à partir de motifs simples. Brillant.

GÉOMÉTRIQUE

NEURASTHÉNIQUE

MYCELIUM

Revoilà Aki Kaurismäki ! On retrouve, dans Les Feuilles mortes, tout l’art du Finlandais entre décors cafardeux et jeux d’acteurs en retenue. Une histoire d’amour dans un monde de brutes. En salle depuis le 20 septembre

À CHŒURS OUVERTS

Unique en son genre, FestyVocal célèbre la musique vocale contemporaine en donnant sa chance à de nouveaux compositeurs. 7 créations dans l’écrin magique de l’église de Le Corbusier à Firminy. Avec Vincent Le Texier en invité d’honneur. 03 > 12 NOV. Église Saint-Pierre Le Corbusier Firminy (42)

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Elliott Erwitt - Magnum Photos ©

... DANS LE VISEUR

dans l’agenda

SAINT-TROPEZ FRANCE, 1959

Eclosion

Elle avait déçu avec Nana, Lucile Lacaze emballe avec Shakespeare et Mesure pour mesure. Une mise en perspective de la perversion masculine réjouissante ! Vu au Théâtre des Clochards Célestes.

Après Paris, Elliott Erwitt arrive à Lyon. Des photos en noir et blanc ou couleur pour narrer le monde et l’intime. Rétrospective. 21 OCT. > 17 MARS 24 La Sucrière Lyon 2

15 DATES ET C'EST TOUT. HORS-PISTE, SEUL-EN-SCÈNE DE MARTIN FOURCADE, EST ARCHI-COMPLET. HAPPY FEW ONLY !

A  chaud ECCE ECO ! Le génial polar médiéval Le Nom de la rose

bouclera la 15e édition du festival Lumière. Avec Sean Connery, magistral, en moine franciscain dissident faussement repenti. En version restaurée, svp. 22 OCT. Halle Tony Garnier RHAPSODIE Un homme seul, étranger, convoque ses souvenirs

dans la belle langue de Pasolini. Avec le jeu très physique de Jules Benveniste. PleurePASPapa est une sélection 22/23 du dispositif Les Envolées. 27 > 31 OCT. Théâtre des Clochards Célestes LE MONDE EN 2077 De jeunes comédiens suivent Edward Bond

dans Si ce n’est toi, une pièce d’anticipation pas franchement optimiste mais nécessaire. 14 > 17 NOV. Théâtre de l’Élysée SOUVENIRS Dans Où nul ne nous attend, Pauline Laidet

et Logan de Carvalho sonnent l’heure des retrouvailles. L’heure des comptes aussi. Qui n’est pas là ? Pourquoi ? Alors, on danse, on boit, on rit, pour être ensemble. 14 > 18 NOV. Comédie de Saint-Etienne (42) PARANORMAL Trio de choc pour défier les lois de l’attraction et

de l’absurde ? Un projet signé par l’ovni équilibriste Mika Kaski. Sur le papier, tentant. 16 & 17 NOV. Les SUBS

Revival ? Les vieux briscards du rock alternatif ? Ludwig Von 88 fête 40 ans de punk approximatif à La Rayonne. À Mâcon, Skarface déboule avec son ska nerveux, ambiance 2-Tone. Y’a pas photo, toujours aux affaires ! 17 NOV. La Rayonne Villeurbanne 18 NOV. Cave à Musique Mâcon (71)

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POUR LE PLAISIR Deux bustes, trois jambes, quatre bras et la

magie de l’instant lorsque ces deux corps ne font plus qu’un. Ali est un petit bijou de simplicité, de grâce et d’amitié forte. 17 NOV. La Mouche Saint-Genis-Laval

MÉTAMORPHOSE Herculine Barbin, née au XIXe siècle,

pauvre, devient Abel par décision médicale. Troublante, l’histoire a passionné Michel Foucault et aujourd’hui Catherine Marnas. 22 > 24 NOV. Théâtre du Point du Jour


Julie Cherki ©

SUCCESS STORY

LE BONHEUR 14 > 15 NOV. NOUS NE SOMMES PLUS… 16 > 17 NOV. Comédie de Valence (26) comediedevalence.com

PAR FLORENCE ROUX

EN EXIL À LYON SUITE AU DÉCLENCHEMENT DE LA GUERRE EN UKRAINE, LA COMPAGNIE RUSSE DU THÉÂTRE KNAM LIVRE NOUS NE SOMMES PLUS…, SA SEPTIÈME PIÈCE DEPUIS 2011 À SENS INTERDITS. LE FESTIVAL LYONNAIS ACCUEILLE CETTE ANNÉE DIXHUIT SPECTACLES EN RÉSISTANCE.

Le poids de l’exil

V

ingt-trois kilos : tel est le poids maximum de bagages auquel ont eu droit les artistes du Théâtre KnAM lorsqu’ils ont quitté, en mars 2022, Komsomolsk-surl’Amour, à l’est de la Sibérie, pour Lyon. Le poids de l’exil. Sur la scène de leur dernier spectacle, Nous ne sommes plus…, chaque comédienne et comédien choisit dans son paquetage un objet – foulard, nappe brodée, poupée de grand-père Gel (le père Noël), ours, marionnette... – et raconte un souvenir qui lie l’objet à sa vie et reste ici, en France, une bribe de son histoire. Une trace de soi. « J’avais trouvé le titre du spectacle avant le 24 février 2022, juste après la tournée de notre dernière pièce Le Bonheur, explique Tatiana Frolova, la metteuse en scène de la compagnie. Nous avions une espèce de sentiment, en Russie, que l’obscurité devenait plus dense. » Pour

Vladimir Smirnov, créateur son et vidéo, « la guerre n’avait pas commencé, mais nous savions que nous ne pourrions pas jouer Le Bonheur en Russie. Nous sentions que nous ne pourrions plus y faire de spectacles... » Leur petit théâtre a fermé. Installés en France, les comédiens et techniciens se sont organisés, avec l’aide des théâtres et artistes amis, pour vivre et créer. Comme les précédents, leur nouveau spectacle est une création documentaire – Tatiana Frolova dit s’inspirer beaucoup du cinéaste Robert Bresson – et une œuvre chorale, où le collectif, la traductrice y compris, témoigne sur scène. « J’ai besoin d’aller chercher dans les armoires cachées en chacun ce qu’il y a de plus véridique et sincère », confie la metteuse en scène. Mais pour ce long travail d’écriture collective – même méthode d’interviews et d’improvisations que pour les spectacles précédents –, les comédiens ont cette fois dû opérer dans la troublante situation de l’exil, loin d’un pays devenu étranger et pourtant familier. « Ici, au départ, je me sentais comme un enfant qui apprendrait à marcher, pas à pas », commence Irina Chernousova, tandis

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SUCCESS STORY

Nous ne sommes plus ? Mais avons-nous été quelque chose ?

FESTIVAL SENS INTERDITS 14 > 28 OCT. NOUS NE SOMMES PLUS… 17 > 28 OCT. Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com sensinterdits.org NOUS NE SOMMES PLUS… PHOTO DE RÉPÉTITION

que Liudmila Smirnova ajoute que « la situation de la guerre a brisé les ponts entre nous et nos proches en Russie ». Alors, « pourquoi rentrer ? » s’interroge Vladimir Dmitriev, qui ne se sent « plus comme avant et pas encore quelqu’un ». « La guerre a détruit toute idée de la grandeur de la Russie telle que la relayait avant la propagande », analyse Dmitrii Bocharov. « Cette propagande ne fonctionne plus ici, renchérit German Iakovenko. J’ai l’impression d’être né en Russie dans une prison, que ce pays ne m’a rien donné dont je pourrais être fier. Nous ne sommes plus ? Mais avons-nous été quelque chose et qu’avons-nous perdu, sinon le vide ? » Le spectacle est plein de présences dans l’obscurité, pétri de souvenirs, d’images et de sons. Sur le plateau nu mais sonorisé, les KnAM font résonner leurs pas ou des cailloux, apparaissent soudain en gros plan dans un murmure, projettent un cri contre un rempart de plexiglas ; évoquent la forêt et la terre. Omniprésente terre de Russie que l’on quitte, comme dans La Cerisaie de Tchekhov, à laquelle la pièce documentaire se réfère.

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C DANS L’AIR

LE MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE LYON FAIT APPEL AU PUBLIC POUR ACQUÉRIR RIVER OF NO RETURN, UNE ŒUVRE DE 140 MÈTRES RÉALISÉE PAR SYLVIE SELIG. RÉVÉLATION DE LA DERNIÈRE BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN, L’ARTISTE DE 82 ANS NOUS PARLE DE CETTE PIÈCE EXCEPTIONNELLE.

À VENDRE !

Monumental PAR BLANDINE DAUVILAIRE

Qu’est-ce que River of no return ? SYLVIE SELIG Il s’agit d’’une peinture à l’huile de 140 mètres de long sur 2,20 mètres de large, que j’ai mis trois ans à réaliser. Je ne l’ai jamais vue dans sa totalité, je l’ai peinte par fragments de trois mètres sur un châssis que j’ai fait réaliser, je l’enroulais au fur et à mesure. C’était déjà le cas pour la peinture de 50 mètres montrée à la biennale d’art contemporain : je l’ai découverte à Lyon. Je suis ravie que River of no return arrive dans un musée comme le MAC Lyon qui est formidable.

Vous qui aimez raconter des histoires, quel est le sujet ici ? SS C’est une odyssée sur une rivière de trois personnages, une fille et deux garçons, qui se déroule sur une journée. C’est leur rencontre avec l’art contemporain, que ce soit l’architecture, le design, la peinture, la sculpture ou des installations. Il y a 140 références à des œuvres d’artistes contemporains, mais je ne l’ai pas fait exprès (rire).

DÈS LE 16 OCTOBRE POUR PARTICIPER À L’ACQUISITION mac-lyon.com

Isabelle Bertolotti, directrice du musée d’Art contemporain de Lyon et directrice artistique de la biennale d’art contemporain de Lyon, explique les raisons de cette acquisition. « Nous avons tissé des liens particuliers avec Sylvie Selig à l’occasion de la dernière biennale d’art contemporain, son œuvre a été l’une des plus remarquées. Nous souhaitions acheter River of no return, toile monumentale jamais vue, car elle raconte l’histoire de l’art du XXe siècle et que c’est un peu le storytelling de sa vie à elle. L’acquisition va prendre la forme d’un crowdfunding, chacun par son don aidera à dérouler un bout de cette toile. Son prix est de 140 000 €, 10 € versés permettent de dérouler un centimètre. De mars à juillet 2024, on exposera l’œuvre au musée, accompagnée d’autres peintures, dessins et personnages créés par Sylvie. »

Brigitte Bouillot ©

Est-ce une œuvre hommage à l’art contemporain ? SS C’est très ambigu car la fille rend hommage à l’art contemporain, tandis que les deux garçons posent des questions et sont plutôt dubitatifs. Comment avez-vous procédé pour réaliser River of no return ? SS J’ai d’abord écrit un scénario, comme je le fais toujours, mais je ne savais pas que j’allais faire 140 mètres de peinture ! C’est au fur et à mesure de mes rencontres avec certaines œuvres qui m’amusaient, m’intéressaient ou m’interpellaient, que j’ai rajouté des choses pour continuer. J’adore travailler sur des grandes surfaces, ça me donne une liberté totale. J’ai d’ailleurs commencé une autre histoire dont j’ai déjà peint 55 mètres sur les 80 que j’imagine. J’ai besoin de créer tout le temps !

SYLVIE SELIG DANS SON ATELIER

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NOUVELLE VOIX EN BEtredAUevillJOefranLAche.IScom

i t s e f s n o mat

AT

ÉLISE TERN

/ Aches - Max Charlin©

PEINTURE FRAICHE

lations peinturefraichefestival.fr et de petites instal s monumentales ue e Fraiche sq ur fre int de ² Pe : m ) ps 5000 s faites de récu re tu ulp sc s aux se nt et ea e (telles Lor-K n en déménag n pour sa 5 éditio che sio fri en de dim an gr de la ge chan raout culturel de ier rn de le act, str ur ab po ge, graffiti, Usines Fagor, . Illustration, lettra elques qu e Effet waouh garanti ec Av . tés en du 7 . sont bien représ les sty ) que les s iks Sl tou calligraphie… : , Aches, INSA ou art mondial (Vile t voir ». ee d’a r str fie du « s t rd es poids lou ionnés du projet, ss pa s ur ate e tig m x. Com Cart’1, l’un des ins vrir dont 43 locau tistes à (re)décou uapa… L’entrée Fo e, rn Soit 84 street ar ctu No s édiate , MyStencil, Tapa mersion est imm Y?Not, Sphinx, AX , inhabituel. L’im nd rla tz, la Ge oin de e 5P ru is se fait côté ojet new-yorka appuyé au feu pr m² de e 0 ag 00 m 7 m s ho Le ? un 23 avec ser en 20 ti. Ce qui va défri One, ou une Mecque du graffi pérée de Meres es e nu ve la , re lib ion ss ire (avec du re na xp ion d’e lut murs encore plus révo tée en gm au té appli en réali s œuvres). AH son sur certaine > 05 NOV. Anciennes Usines Fagor Lyon 7

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e des courants d'air - Sacrebleu Produc tions © / Little Girl Blue - Les Films du

poisson ©

CULTURE GRAFFITI

- Topshot Films © / Sirocco et le royaum

PAR

HUGUET,

Avant que les flammes ne s'éteignent

BE, ANNE

LLE BA EMMANUE

/ Voyou - Emma Birsky © Coline Rio - Manon Villemonteil © Eesah Yasuke - Noemie Lacote © / E - Noemie Lacote© - Manon Villemonteil© / EESAH YASUK VOYOU - Emma Birsky© / Coline Rio

thea é avec le festival l’ét r pou nd pre se tomne Dix-neuf ans que l’au un public fidèle rs, jou q ujolais. Pendant cin qui font Nouvelles Voix en Bea vient écouter les voix moyenne – et curieux à bien déj s tain cer r – 3 000 festivaliers en pou l’affiche cette année, à t son s iste art n aux e nso inz parler. Qu ne présente plus la cha ne scène française. On d’un jeu t la san mi uis par réjo és ot ntifi ide le melting-p Zaho de Sagazan ou les élans rien en e couleurs cold-wave de êch mp n’e « et n’est pas une fin en soi programmateur. Voyou. Mais le succès Olivier Boccon-Gibod, end déf », ité ativ cré la ce du coup du for la à de jeunesse et « t fon l’avenir », ses choix se sur is par « promesses des les que Plus nos yeux de bel les artistes qui sont à ien Granel, Jul ky fun cœur. On programme Le ». si artistiquement prêts aus t son qui is rappeuse ma La ui à. aujourd’h t de ceux-l , l’endiablée Meryl son s – une fille % la cristalline Coline Rio 100 p -ho la scène de la soirée hip Ça promet ! EB . martiniquaise partage uke Yas ah Ees et a de Ski première – aux côtés 16 > 21 OCT. Villefranche et alentour

INSA / Romain Lardanchet

FESTIVALS

DE VIVE VOIX


FESTIVALS

DE FUREUR ET DE SUEUR FANS & FURIOUS

of- Shervin Lainez ©

/ The Unclouders - DR

©

les-subs.com Plutôt dancefl oor ou blouso n noir ? Déha aux SUBS à l’o nché ou éner ccasion des de vé ? Il y en au ux soirées Fa de l’émergenc ra pour tous ns & Furious. e à de grands les goûts Le week-end noms de la sc qui envoie du conjugue forte èn e lourd et donn alternative ro s têtes ck. Le résultat e furieusemen grosses guita : un program t envie de se res de The Unc me mouvoir sur la louders, des Bernard Fèvr piste au son de synthés diab e aka Black De s lement eightie vil Disco Club Parquet. On po s du vétéran adulé , voire de la tra urra égalemen nse répétitive t compter sur album punk ac des Lyonnais les Californien idulé (Miracl de s de Deerhoof e-Level) fait En bonus, po , dont le dern la part belle ur les plus av aux riffs de gu ier entureux, un itare bien sent karaoké rock is. et quelques su 11 > 12 NOV. rprises. ET Les SUBS Lyon 1

Myori - DR © / Deerho

À GRANDS TRAITS

STREET ART RILLIEUX FESTIVAL

streetartrillieux.com Deuxième ramdam pour le Street Art Rillieux Festival, qui célèbre la clôture de la résidence d’artistes du Mont‑Blanc. Deux ans après son lancement, elle prend fin en 2023 avec la démolition prochaine du bâtiment éponyme, dans le cadre d’un projet de rénovation urbaine. Voilà une bonne raison d’aller visiter les « appartements-œuvres » qu’y ont créés les nombreux street artistes français et étrangers (Koz Dos, SATR, Erre…). Le festival déroule un programme foisonnant pendant dix jours, entre fresques participatives, balades urbaines, ateliers et performance. Les fans ne manqueront pas l’expo des créations (les plus récentes) de Shepard Fairey, aka Obey, dont certaines n’étaient pas accrochées au musée Guimet. EB

TOILES CALADOISES

RENCONTRES DU CINÉMA FRANCOPHON

E

autrecinema.fr Les femmes sont au pre mier plan des 28es Rencon tres du cinéma francophone, portées par le cinéma Les 400 Coups à Villefranchesur-Saône. Et quelles fem mes ! Maria Montessori dans La Nouvelle Femme de Léa Todorov, la mère de Mona Achach e en héroïne secrète de Little Girl Blue, Malika la combattante par l’engag é Mehdi Fikri (Avant que les flammes ne s'éteignent), ou encore Nathalie Chifflet, la présidente du jury 202 3. Découvrir des films en festival, c’est avoir la chance de rencontrer leurs auteurs : Todorov et Achache répondent présents, tout comme Ben oît Chieux qui dévoile en avant-première son film d’animation Sirocco et le royaume des couran ts d'air. Petit plus du festival caladois, la project ion de courts métrages en réalité virtuelle. Ou comment plonger dan s l’œuvre du Caravage ! EB 06 > 12 NOV. Villefranche et environs

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ERRE / Memoire / Daniel MacLloyd - Andrea Berlese ©

17 > 28 OCT. Av. du Mont-Blanc et ailleurs Rillieux-la-Pape


Id co ée s n cr èt es ... GI LL ET

VI LL A

PEUT-ON JUGER POUTINE ? Mathilde Philip-Gay Albin Michel (2023)

DU 13 AU 18 NOVEMBRE, LA VILLA GILLET ORGANISE SON 12E MODE D’EMPLOI. CE FESTIVAL DES IDÉES RÉUNIT UNE TRENTAINE DE PENSEURS DU MONDE, ISSUS DE DIVERS HORIZONS DISCIPLINAIRES, POUR SIX JOURS D’ATELIERS ET RENCONTRES AUTOUR DES GRANDS DÉBATS CONTEMPORAINS.

UNE HISTOIRE DU CONFLIT POLITIQUE Julia Cagé / Thomas Piketty Éditions du Seuil (2023)

PAR FLORENCE ROUX

M

ode d’emploi, comme en écho au Littérature Live Festival, l’autre temps fort de la Villa Gillet, est un rendez-vous qui bruisse des débats actuels et autres enjeux auxquels l’humanité est confrontée : démocratie, transition écologique, intelligence artificielle, inégalités sociales, guerre… Là, le prisme n’est pas la littérature, ni le roman ni la poésie, mais diverses disciplines qui portent aussi leur regard sur le monde – philosophie, droit, économie, sociologie, politique, journalisme – et qui proposent souvent des idées concrètes face à des problèmes complexes.

Exemple ? Les économistes Julia Cagé et Thomas Piketty ont récemment publié ensemble Une histoire du conflit politique [Élections et inégalités sociales en France, 1789- 2022]. Leur analyse scrute et corrèle les données socio-économiques et électorales sur plus de deux siècles, pour mieux comprendre ce qu'il advient de notre vote et de notre démocratie. Dans un tout autre registre, tout aussi passionnant, la juriste Mathilde Philip-Gay, professeur de droit public et chercheuse de l’université Jean Moulin - Lyon 3, pose dans son dernier livre l’immense question : Peut-on juger Poutine ? Elle suggère qu’on le doit aux victimes et à la paix mondiale et estime qu’on le peut, le crime d’agression étant depuis 2018 de la compétence de la Cour pénale internationale. « Sinon, prévient-elle, les dirigeants de demain continueront à mener ce type de guerre. » Concret.

Danse mania

Julie Cherki ©

FESTIVALS

m in o c nd e e r t a i n

RENCONTRES DÉBATS 13 > 18 NOV. Villa Gillet et divers lieux Lyon & Métropole villagillet.net

JE T’AIME À LA FOLIE, POISSON/BUFFLE

Vite fait bien fait, on cause danse et festivals. Parce que ça continue ! Bien sûr, le hip-hop est dans la place avec Karavel qui enfile les soirées, donnant à voir les multiples visages de la danse hip‑hop. On l’avait raté en 2022, rattrapage obligé avec Je t’aime à la Folie du danseur-chorégraphe François Lamargot : une fresque un peu folle à sept, pour narrer la démence de notre monde. Entre théâtre, danse et vidéo, ça devrait déménager sec. Le même soir, Marlène Gobber dévoile enfin Mantra, solo intimiste et holistique attendu. Au Polaris, la chorégraphe toujours engagée, Anne Nguyen, célèbre, elle, les Underdogs : explosif et plutôt virtuose, comme à son habitude. Et pour la der de der, direction le Transbordeur pour les Hip Hop Games et leurs trois heures de show entre battle et création chorégraphique. Plus loin, à Chalon, Transdanses fait aussi très envie. De la danse au sens large qui décloisonne et expérimente. Tel le génial François Chaignaud et son Mirlitons : un duel-rituel annoncé avec un beatboxer, on kiffe déjà ! Ou Justine Berthillot, circassienne sans œillère, avec un opéra-jungle un peu déjanté. Sans oublier les avatars 2.0 et la danse façon mash-up d’Age Of Content. Pour les djeuns ! AH

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FESTIVAL KARAVEL > 28 OCT. karavelkalypso.com FESTIVAL TRANSDANSES 17 > 25 NOV. espace-des-arts.com


Vienne la belle

MUSÉE GALLOROMAIN Saint-Romainen-Gal (38)

Henry Landeau ©

Côtes-du-Rhône qui se sont mis à planter de nouvelles vignes, rive gauche, côté Vienne. Une démarche AOP pour ces vins dénommés Vitis Vienna est en cours. Clin d’œil à l’histoire, la plupart de leurs bouteilles déclinent des noms gallo-romains… Aux deux premiers siècles de notre ère, temps faste où la ville s’étendait sur les deux rives du fleuve, Vienne comptait près de 30 000 habitants. C’était alors l'une des plus importantes villes de la Gaule, après Lyon et Narbonne. De nombreux vestiges témoignent de cette prospérité : arcades du forum, pyramide héritée d’un vaste cirque… et l’incontournable temple d’Auguste et Livie, unique témoignage de la sorte conservé en France avec la Maison carrée de Nîmes. C’est depuis l’une des terrasses des cafés qui l’entourent que son antique beauté s’apprécie le mieux. Mais pour plonger au cœur de la florissante Vienna, il faut traverser le pont, direction le musée gallo-romain de SaintRomain-en-Gal. En bord de Rhône, dans un bâtiment lumineux, maquettes, amphores, mosaïques, statues et peintures murales (comme celle des Échassiers, à l’étrange délicatesse presque japonisante) nous happent et nous renvoient près de vingt siècles en arrière… Et, si le bâtiment est sur pilotis, c’est que les vastes pelouses qui entourent le musée sont un chantier de fouilles, loin d’être totalement exploré. Ne manquez pas de vous y promener : parmi les vestiges mis au jour, on voit la Maison des dieux Océan, de près de… 3 000 m2 !

TEMPLE D’AUGUSTE ET LIVIE

ACCROCHÉE À L'UN DES MÉANDRES TURQUOISE DU RHÔNE, VIENNE DÉVOILE SON HÉRITAGE ANTIQUE AU GRÉ DE FLÂNERIES DANS LA VILLE ET DANS LES COLLECTIONS DU LUMINEUX MUSÉE GALLO-ROMAIN, RIVE DROITE.

PAR NADÈGE DRUZKOWSKI

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Patrick Ageneau ©

S

i la capitale autrichienne, avec qui elle partage son nom, est célèbre pour la douceur de ses cafés et chocolats, notre Vienne iséroise a, elle, des saveurs méditerranéennes. Son riche héritage romain n’y est pas pour rien ! Sur la route du Sud, elle se targue d’un théâtre antique (qui accueille chaque été Jazz à Vienne) et d’un odéon, unique exemple, encore debout, en France avec celui de Lyon. Pour embrasser ces vestiges antiques, rien de mieux que de grimper au sommet de la colline Pipet, dominant la ville à 235 mètres d’altitude. Blotti au pied de collines en hémicycle, naturellement protégé des crues, on comprend pourquoi les Romains se sont appropriés ce site naturellement privilégié. Rive droite, les terrasses escarpées (certaines à près de soixante degrés !) abritent les célèbres appellations Condrieu et Côte-Rôtie. Des vins prestigieux, bénéficiant dès l’époque romaine d’une réputation enviée. Les vins des Allobroges (du nom de cette tribu celte défaite par les Romains) étaient, en effet, prisés à Rome. Au goût de pois, épicés, ils ressemblaient sans doute peu à nos vins actuels, mais ils ont inspiré, à la fin des années 1990, des producteurs de

VESTIGES, MUSÉE DE SAINT-ROMAIN-EN-GAL

TOURS & DÉTOURS

THÉÂTRE ANTIQUE BELVÉDÈRE DE PIPET TEMPLE D’AUGUSTE ET LIVIE (ETC.) Vienne (38)


Juliette Treillet ©

EXPOS

la galaxie Takano PAR GALLIA VALETTE-PILENKO

L

a Nouvelle mythologie d’Aya Takano s’affiche en majesté au MAC Lyon. Cette artiste japonaise, également autrice de mangas (malheureusement non traduits en français), expose son univers au deuxième étage, tandis que le premier accueille Incarnations, la suite de l’accrochage des collections autour de la thématique du corps, et pour finir des œuvres de Rebecca Ackroyd. Si l’œuvre de la Britannique installée à Berlin – acquise après la 15e biennale d’art contemporain, et repensée par l’artiste pour l’occasion – reste extrêmement sombre, celle d’Aya Takano est pleine d’espoir et de liberté. Après la catastrophe de Fukushima, son travail a changé. Elle a prêté davantage attention à la nature et les espaces urbains ont peu à peu déserté son œuvre, même s’ils subsistent dans cette galaxie de jeunes filles filiformes aux grands yeux expressifs et profonds. Tout un monde s’ouvre, peuplé de nymphes aquatiques, d’elfes sylvestres et autres créatures plus ou moins étranges. Conçue en deux parties, Nouvelle mythologie chemine de façon chronologique, présentant les œuvres de jeunesse de l’artiste dans des maisons valises rappelant furieusement les Polly Pocket, clin d’œil à l’univers apparemment kawaii (« mignon ») que peuvent produire à première vue ses peintures. Mais à y regarder de plus près, une galaxie complexe se déploie, entremêlant science-fiction et traditions japonaises. Où l’érotisme affleure par une pose lascive ou une petite culotte roulée sur les chevilles, où les femmes sont papillons, grandes déesses, et les hommes, absents. Les visiteurs découvrent la richesse de son imaginaire et la diversité des supports qu’elle explore, de la peinture à l’huile aux vêtements conçus pour le couturier Issey Miyake en passant par l’aquarelle et le stylo bille.

Immersion onirique

VUE DE L’EXPOSITION AYA TAKANO NOUVELLE MYTHOLOGIE ©AYA TAKANO/KAIKAI KIKI CO., LTD. ALL RIGHTS RESERVED. COURTESY PERROTIN

LA FRATRIE UNLESS GROWTH 2023

> 27 OCT. Manifesta Lyon 1 manifesta-lyon.fr

Pour son expo de rentrée, Back to School, la galerie Manifesta invite pour la deuxième fois la School Gallery d’Olivier Castaing. Spécialisée en photographie – la passion de son fondateur –, elle ne dédaigne pas la sculpture, comme on peut le voir. En effet, Gilles Caron (le Robert Capa français disparu à trente ans) et Stephan Gladieu occupent une place de choix. On ne manquera pas de s’arrêter devant les pièces de La Fratrie, le duo des frères Karim et Luc Berchiche, qui réalise des sculptures « mondes ». Ils inventent des lieux imaginaires inspirés du réel, telle cette sculpture spécialement réalisée pour l’expo lyonnaise qui reprend et détourne l’architecture du célèbre couvent de La Tourette imaginé par Le Corbusier. Ou la pièce-phare qui trône dans le hall : Unless Groth reproduit la Bourse de commerce abritant la Fondation Pinault envahie par une nature qui aurait repris ses droits. Tout un symbole, à l’instar d’autres paysagesbulles, qui cultivent le décalage, notamment dans les titres des œuvres. Pour finir, on se laisse captiver par les étranges céramiques de Muriel Persil, natures mortes inquiétantes à l’étrange beauté ! GV-P

ARKUCHI #38 OCT. / NOV. 23

Guillaume Grasset ©


EXPOS

Fondation Bullukian ©

> 07 JAN.24 MAC Lyon mac-lyon.com

THOMAS HENRIOT LE PATIO DE LA PALMA, LA HAVANE 2017

e é t Mon e v è s de

Dessinateur émérite, Thomas Henriot nourrit son art de voyages au long cours. À New York comme à Cuba, il saisit sur le vif les paysages qui l’entourent, élude la figure humaine pour restituer l’énergie des lieux, observe la convergence de la ville et des cieux. Dans la rue, à même le sol, il déroule ses papiers de bambou et les abreuve d’encre de Chine, comme on tatoue une peau assoiffée. Le noir enlace le blanc, la couleur se fait câline, les arbres se mettent à pousser, dévorent l’espace, leurs racines qui s’entremêlent pulsent de sève. Par chance, deux expositions lyonnaises présentent actuellement son travail. À la galerie Houg, on foule avec l’artiste les pavés de Harlem, on communie à la beauté d’une cathédrale monumentale, avant d’être happés par la luxuriance du Marcus Garvey Park, qu’il réinterprète avec un luxe de détails. C’est puissant, foisonnant, fascinant. À la Fondation Bullukian, ses œuvres voisinent avec celles de Camille Chastang, elle aussi habitée par l’opulence végétale. Thomas Henriot y présente une installation textile réalisée par la maison Brochier à partir d’un croquis de temple japonais. Accrochés juste à côté, quelques dessins évoquent le cycle infini de la vie : des brassées de roses dissimulent le corps d’un défunt ; le tronc d’un arbre ciselé semble prêt à danser ; tandis qu’une foule de visages nous observent avec intensité. L’encre qui irrigue les veines du papier fait palpiter les sujets. Chaque trait célèbre la nature dans un silence recueilli. Le tout est d’une grande beauté.

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PAR BLANDINE DAUVILAIRE

MY PRIVATE HARLEM > 28 OCT. Galerie Houg 11 bis rue Jarente Lyon 2 galeriehoug.com AVANT QUE NE FANENT LES FLEURS > 16 DÉC. Fondation Bullukian Lyon 2 bullukian.com


EXPOS

Domus sonne la reprise

PAR BLANDINE DAUVILAIRE ET GALLIA VALETTEPILENKO

PAR EMMANUELLE BABE

Femmes vénéneuses

C

Des images baroques de maîtresses femmes, de celles qu’on imagine dans un cachot, fouet en main… Des images miroir d'Irina Ionesco disparue en 2022. La sulfureuse artiste fut condamnée pour avoir utilisé sa fille dans ses photographies. Sont réunis à la galerie Vrais Rêves – qui l’accompagnait depuis 1992 – des clichés en dépôt et des prêts de collectionneurs privés : essentiellement des portraits de femmes, belles, vénéneuses pour la plupart et gothiques en diable. À (re)découvrir dare‑dare ! GV‑P > 04 NOV. Galerie Vrais Rêves Lyon 4

’est avec Lise Dua que la galerie Domus célèbre sa réouverture, après plus de trois ans de fermeture pour cause de Covid. Le lieu spécialisé dans la photographie contemporaine n’est pas commun : installé au cœur du campus villeurbannais de La Doua, il a ceci de particulier d’être administré, comme le Théâtre Astrée, par l’Université Lyon 1 via sa mission culture et ses huit personnes dédiées. La réouverture de la galerie inaugure ainsi un nouveau chapitre, « celui d’une meilleure reconnaissance et de la professionnalisation », annonce Jean‑Marc Chovelon, enseignant chercheur et chargé de mission culture. Un comité de pilotage a été constitué, composé de personnels de l’université et d’experts parmi lesquels Bruno Yvonnet, photographe et enseignant aux Beaux-Arts de Lyon. Les fidèles des débuts, Pascal Michalon et Noël Podevigne, ont aussi été de précieux conseillers. La nouveauté tient dans le recours à une commissaire d’exposition, qui n’est autre que la directrice du Musée d’art contemporain, Isabelle Bertolotti. « À partir de 2014, elle nous fera des propositions d’artistes pour monter trois ou quatre expositions par saison. Nous sommes très ouverts », explique Jean-Marc Chovelon. En attendant, c’est le travail au long cours de Lise Dua que Domus invite à découvrir, autour de la photographie de famille, de la transmission et du lien entre les générations. Une plongée dans l’intime qui résonne en chacun.

> 16 DÉC. CAUE Rhône Métropole Lyon 1

Dans le rétro

Verre Duralex, table en Formica, Minitel… l’exposition Histoires d’intérieurs à la Cité du design stéphanoise réunit 120 objets appartenant à la collection du musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne (fermé pour rénovation). Réparties dans six pièces d’une maison imaginaire, ces pépites retracent l’évolution des usages et modes de vie, des années 1930 à nos jours. On adore. BD > 07 JAN. 24 Cité du design Saint-Étienne (42)

Lise Dua©

BD

TELEXxxxxxxx

Terre à terre

L’exposition TerraFibra architectures présente les 40 bâtiments finalistes du TERRAFIBRA Award. Ce premier prix mondial des architectures contemporaines en terre crue et fibres végétales récompense des projets innovants, souvent inspirés de techniques ancestrales. Torchis, pisé, bambou… les constructions sont détaillées sur des panneaux et complétées par des prototypes que l’on peut toucher. Vertueux.

À L’ÉPREUVE DU TEMPS LISE DUA > 15 DÉC. Galerie Domus 31 rue Pierre-de-Coubertin Villeurbanne galeriedomus.univ-lyon1.fr

LA TABLÉE

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Bibliothèque nationale de France Paris©

EXPOS

, m e l Wil ton s r e v uni e l b a y o t i p im

WILLEM LA LUTTE CONTINUE 1985

URENT PAR LA

ZINE

C’est à mourir de rire. Et l’on s’en donne à cœur joie avec cette exposition rétrospective consacrée à l’œuvre de Willem, dessinateur de presse devant l’Éternel ! Caustique et parfois féroce, mais surtout tellement juste, Willem aura appuyé le trait là où ça fait mal pendant quarante ans au sein de Libération, mais aussi pour Hara Kiri et Charlie Hebdo, morts de rire pour de bon en janvier 2015. Quant à savoir si aujourd’hui « tout est pardonné » devant les mortels, je vous laisse le choix des armes. Depuis, Charlie a retrouvé des couleurs avec Luz et consorts, pendant que Coco prenait délicieusement le relais de Willem à Libé. Je me souviens parfaitement de son dernier dessin paru en mars 2021, c’est dire, en plein Covid. Avec un policier haranguant la foule : « Ne vous touchez pas ! Ne parlez pas ! Ne voyagez pas ! À 18h à la maison ! 2 mètres de distance ! » Et un couple présidentiel plaisantant devant la scène : « Gouverner devient facile ». Tableau perspicace et impitoyable, dans le croquis et dans le texte : du Willem tout craché. Du Willem qui, du haut de ses 82 balais, nous scrute toujours avec son regard perçant et son sourire bonhomme. Cette exposition impulsée par Ça Presse, avec plus de 200 dessins originaux issus du fond de la Bibliothèque nationale de France, est un rendez-vous inéluctable de cette rentrée. Avec un vieux monsieur honni par tous les couples présidentiels.

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RIRE DU PIRE WILLEM > 03 FÉV. 24 Bibliothèque municipale de la Part-Dieu Lyon 3 bm-lyon.fr


FOKUS

ENTRE DEUX MONDES

PAR EMMANUELLE BABE

Je crois en une porosité entre le monde du rêve et celui de la journée

VISUELS ELENE USDIN

Heureusement qu’elle a renoncé aux mathématiques ! Une voie qu’elle avait envisagée d’emprunter, enfant, avant de réaliser que « c’était le dessin qui [la] tenait ». Une fois de plus, son instinct, sa formidable intuition, n’ont pas trompé Elene Usdin, illustratrice, plasticienne et photographe aujourd’hui cinquantenaire. C’est elle qui signe l’affiche de la saison et les illustrations du programme des Célestins. La production, à sa hauteur, onirique et lumineuse, est présentée dans la salle d’exposition du théâtre lyonnais. Le visiteur y découvre notamment les étapes du travail d’Elene Usdin, fait de notes, croquis et d’observations. Sa marque de fabrique ? « Des carnets où je note et dessine tout. » La photographie ne s’est pas imposée tout de suite dans la pratique d’Elene. Les débuts de l’ancienne étudiante aux Arts Déco de Paris se font davantage sur les plateaux de cinéma – premiers décors chez


Leos Carax – et en tant qu’illustratrice dans la presse et l’édition. Elle se saisit de la photographie à une période où elle « ne voulait plus dessiner. J’ai abordé la photo de façon très profane, j’avais l’impression de renaître », se rappelle l’artiste, qui débute en réalisant des affiches pour l’Opéra national du Rhin. Le Prix Picto décroché en 2006 pointe déjà sa singularité : « J’avais candidaté sans présenter des photos de mode mais plutôt des corps accessoirisés dans des postures inattendues. Je pense qu’il y avait des plasticiens dans le jury… », analyse Elene, placide. L’autoportrait s’impose d’abord comme une nécessité, « j’étais trop timide au début pour demander à des modèles », avant de devenir un jeu (la série With Matress), puis la manière de porter « une symbolique » : la femme‑objet, coiffée d’un abat-jour, versus la femme sensuelle, empêchée par des liens ou dissimulée derrière des masques… L’imagination, les rêves, les contes nourrissent le monde intérieur prolifique d’Elene Usdin. Cette fougue créatrice, la photographe la contient via une construction très réfléchie : après les dessins préparatoires, elle imagine les mises en scène, fabrique les costumes (certains en papier comme pour la série Blonde) et les accessoires, « piochés dans la culture populaire, l’opéra, l’art pictural… ». Et sa parfaite maîtrise de la composition ne s’arrête pas là : Elene peut aussi peindre directement sur les tirages pour, encore, donner à voir tout un monde imaginaire (The Inhabitants, Blue Pantheon). « J’ai tellement de trucs dans la tête ! », s’étonne celle qui sème ici et là des éléments de ses séries photographiques : où l’on retrouve les matelas de With Matress dans René·e aux bois dormants, sa première bande dessinée sortie en 2021. Encensée par la critique et le public, l’ouvrage lui valut notoriété internationale et prix. Elle travaille actuellement sur une seconde BD, puisant son inspiration de la Villa Medicis à Detroit. Et toujours sur le fil entre rêve et réalité.

ELLE AIME Miyazaki, David B., Philémon, Topor, les gravures d’Alice au pays des merveilles, David Lynch, Philippe Decouflé, David Hockney, les expressionnistes allemands… eleneusdin.com @elene_usdin > 31 DÉC. Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com

RENÉ.E AUX BOIS DORMANTS Sarbacane 2021


FORME & FONCTION

MUE ART DÉCO LES ÉQUIPES DU THÉÂTRE THÉO ARGENCE DE SAINT-PRIEST, DISSÉMINÉES À LA FERME BERLIET ET DANS LES SALLES POLYVALENTES DE LA VILLE, RENTRENT AU BERCAIL APRÈS QUATRE LONGUES ANNÉES DE TRAVAUX…

D

e la bonne vieille "Maison du Peuple" construite dans les années 1930, et baptisée du nom du maire qui en insuffla hbaat.fr le projet, il ne reste en fait que theatretheoargence-saint-priest.fr bien peu de choses ! Cette grandmère des Maisons de la culture, que Malraux essaima sur tout le territoire national, avait bien de la gueule, affichant avec panache une architecture Art déco toute en moulures à redents, pilastres et corniches stylisés, baies gigantesques et casquettes de béton surdimensionnées. Un style vintage pas si répandu que ça. C’est certainement cette qualité et cette rareté qui ont sauvé de la destruction l’enveloppe initiale du bâtiment. De fait, les architectes des Bâtiments de France ont exigé sa préservation. Derrière cette "vieille peau", il ne reste plus rien d’origine. Tout a disparu dans un mégacurage de fond en comble. De quoi faire place – malgré les contraintes des façades à conserver – à un équipement culturel étonnement plus vaste, flexible et performant, qui bénéficie aujourd’hui d’une salle principale de spectacle de 630 places assises ou 900 debout, d’une salle secondaire de 105 places assises ou 170 debout, d’un foyer transformable d’un claquement de doigts en espace scénique supplémentaire pour 100 spectateurs, auxquels s’ajoutent des espaces PAR ÉMILAND GRIÈS PHOTOS HBAAT

polyvalents pour accueillir ateliers, expositions ou tout autre événement et un bar-restaurant. En ces jours de réouverture – la compagnie Käfig de Mourad Merzouki, originaire de Saint-Priest même, vient d’étrenner le nouvel équipement culturel –, l’ampleur du travail accompli saute aux yeux de tous ceux qui ont connu le lieu dans sa version précédente. Le défi a été relevé de belle manière par l’atelier d’architectes lillois HBAAT, dirigé par Heleen Hart et Mathieu Berteloot. Leur solide expérience de réhabilitations radicales d’établissements culturels et leurs pléthoriques références en la matière les désignaient naturellement pour cette tâche. Dans la région, c’est déjà à eux que l’on doit la restructuration complète de l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône au sein de la Maison de la culture des années 1960. La transformation du vieux musée Guimet désaffecté en annexe et lieu de résidence de la Maison de la Danse leur avait également été confiée à Lyon en 2020… Un projet hélas resté dans les cartons. À Saint-Priest, les architectes proposent une extension latérale du foyer, totalement vitrée, donnant sur la place et laissant percevoir depuis l’extérieur le fonctionnement du bâtiment et les flux de spectateurs. La greffe contemporaine transparente dialogue avec la nécessaire opacité du théâtre et le formalisme appuyé des reliques des années 1930. À l’intérieur, les nouveaux espaces, dans lesquels règnent en maître béton et bois bruts, s’articulent sans décorum, favorisant une évidente fonctionnalité au profit du confort des usagers. Un mariage réussi entre patrimoine et architecture contemporaine.

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Kiara Lagarrigue ©

LIVE EN STOCK

Fusion 3.0

POGO CAR CRASH CONTROL

PAR LAURENT ZINE

O

n oppose souvent les générations. Avec pour simplifier d’un côté les vieux, genre planplan qui votent (par exemple) pour le Brexit ou Darmanin, et de l’autre, les jeunes, plutôt gender fluid et qui rêvent de tout foutre en l’air. D’aucuns semblent pourtant vieux à vingt ans pendant que d’autres continuent d’effrayer cette chronique à cinquante-huit ans, tel Angelo Moore, chanteur des Fishbone, encore adepte de stage diving à chaque fois qu’il se retrouve sur les planches. Il existe surtout un univers merveilleux où ce genre de poncifs est à ranger au vestiaire. Celui de la musique fusion et par extension, intergénérationnelle. Celle des Fishbone par excellence, qui mixent allégrement le ska, le funk et le punk, et qui reviennent à Lyon après quinze années de disette (Reperkusound 2008). Si l’on en croit nos envoyés spéciaux présents lors de leur concert montpelliérain en juin dernier, ce retour résonne aujourd’hui comme une aubaine pour les amateurs de cœurs et cuivres déjantés ! Pour rester dans le domaine de la fusion quasi nucléaire, un autre rendez-vous amplifié titille nos esgourdes. Et ne serait-ce que pour le nom du groupe, échappé d’un jeu de massacre vidéo ou d’un film de Cronenberg : Pogo Car Crash Control. Un quatuor de jeunes virtuoses avec notamment Lola Frichet, bassiste de son état et initiatrice du mouvement More Women on Stage ! Pogo 3C cuisine ainsi le punk rock en version metalskatecore, chant en français et cheveux au vent. Ils seront épaulés par Antenn.e, trio du cru, échappé des sous-sols de l’ENM de Villeurbanne et des cales du « bateau ivre » de Gilles Laval. Quand bien même, ils ont déjà prouvé qu’ils savaient voguer seuls et sans balise. Là où le vent vous emportera.

ARKUCHI #38 OCT. / NOV. 23

FISHBONE + LOHARANO 24 OCT. Ninkasi Gerland Lyon 7 ninkasi.fr POGO CAR CRASH CONTROL + ANTENN.E 02 DÉC. MJC Ô Totem Rillieux-la-Pape mjcrillieux.com


DÉAMBULATIONS

MUSIQUES PAR EMMANUELLE BABE, ANNE HUGUET, FLORENCE ROUX, ÉLISE TERNAT

ROCK & ROLL ALCHEMY 23.10.23 | 20H

PETER DOHERTY / FRÉDÉRIC LO

James Kelly ©

La dernière fois, il n’était jamais arrivé jusqu’au Radiant ! Revoilà Peter Doherty, l’enfant terrible du rock anglais disparu des radars à force de frasques et d’excès en tous genres. Après le très beau Waste/Gracelands (2009, ça date), Doherty s’acoquine avec le magicien des sons, Frédéric Lo (le même qui avait fait des miracles sur le magnifique Crèvecœur de Daniel Darc), pour donner vie au touchant The Fantasy Life Of Poetry & Crime (2022), entre ballades pop bancales et slam poétique. Finesse des mélodies et classe des arrangements versus la voix cassée de Doherty, l’alchimie fonctionne carrément. Opération scène pour le trublion anglais, capable du meilleur comme du pire. Mais dans un bon jour, on pourrait toucher à la grâce avec des incursions (sûrement), pour ne rien gâcher, dans le répertoire des Libertines ou des Puta Madres. AH Radiant-Bellevue Caluire radiant-bellevue.fr

BRUTS DE SCÈNE

ELLE ET EUX 02.11.23 |20H

Depuis près de quarante ans, Claire Denis cultive une belle singularité dans le cinéma français. La relation que la réalisatrice entretient avec Tindersticks est tout aussi insolite et exemplaire. Au début des années 1990, Claire, fan de rock, écoute en boucle My Sister, titre du groupe anglais emmené par le ténébreux Stuart Staples. La chanson finit par intégrer la BO de Nénette et Boni (1996) et donne le coup d’envoi de collaborations régulièrement renouvelées, qui feront même l’objet d’un coffret et d’une tournée en 2011. Cette inspiration réciproque est à retrouver à l’Auditorium, où Tindersticks interagit en direct avec les scènes les plus mémorables de dix films, dans un montage réalisé avec l’accord de la réalisatrice. Un ciné-concert de haut vol. EB

Richard Dumas ©

Auditorium de Lyon Lyon 3 auditorium-lyon.com

TINDERSTICKS

31.10.23 | 20H

Ça y est The Murder Capital remplit les salles sans avoir besoin de ses petits camarades, on se souvient qu’ils ont fait les premières parties de Slaves, Fontaines D.C. ou Shame. En 2019, avec When I Have Fears, le quintet avait emballé les adeptes de post-punk avec ces guitares rêches et lancinantes et un son plombé très 1980. La suite Gigi’s Recovery (2023) n’a rien à voir : moins frontale, plus contrastée et éthérée, carrément exigeante. Il faut écouter plusieurs fois de bout en bout pour l’adopter. Mais côté live, c’est carré et sous tension, les Dublinois ayant l’art et la manière pour passer de l’urgence au calme sans coup férir, de More Is Less à Ethel, de For Everything à Return My Head. Ça joue fort sans mouiller la chemise, ça caresse, ça explose Transbordeur avec la voix prenante, très en avant, Villeurbanne de son chanteur dandy James transbordeur.fr McGovern. AH

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DÉAMBULATIONS

FOLK DÉPOUILLÉ

Nicolas Despis ©

Sur la platine, on kiffe Timber Timbre pour la voix d’outre-tombe de son crooner hanté, Taylor Kirk, et son indie-rock moite et brumeux. Les Montréalais annoncent pour octobre Lovage, dans la veine de ce qu’ils savent faire, avec ces ambiances un peu lunaires et désincarnées sur lequel Kirk vient élégamment poser sa voix crépusculaire. Sugar Land, en hommage à son père défunt (et deuxième extrait du nouvel opus), est plutôt prometteur. Mais chat échaudé… C’est plus compliqué live pour le combo à formation variable (ici en trio) qui peine souvent à captiver, la faute à une musique en noir et blanc trop intimiste. AH

Victoria Backzynska ©

14.11.23 | 20H

TIMBER TIMBRE

ENVOLÉES CAPILLAIRES 18.11.23 | 20H

Transbordeur Villeurbanne transbordeur.fr

Une fois de plus, il sera difficile de résister au charme ténébreux de Devendra Banhart, intimiste songwriter américain. D’autant que ce dernier a jeté son dévolu sur la scène du Transbordeur pour y donner une de ses deux seules dates en France. Avec Flying Wig (sortie le 22 sept.) – littéralement traduit par « perruque volante » –, il marie avec le talent qu’on lui connait le synthé et la guitare. Chaque morceau obéit à la magie consolatoire d’une rédemption. Plus que des envolées capillaires, les sonorités aquatiques de ce dernier opus nous mèneront davantage tels des bois flottés, dans quelques contrées marines à la douceur enveloppante insoupçonnée. ET Transbordeur Villeurbanne transbordeur.fr

ATLAS MUSICAL 22.11.23 | 20H

THE MURDER CAPITAL

AVANT LA FIN 10.11.23 | 20H

Les Ricains de Protomartyr avaient bien fait le job en 2018 au Marché Gare (déjà) avec un set rêche et au cordeau qui crachait sa colère et ses complaintes politiques désabusées, le tout entrecoupé de bières décapsulées à la chaîne (!) par son rugueux chanteur Joe Casey. En 2023, le quatuor de Detroit éructe toujours ses titres de fin du monde sur un mode mitraillette sans concession. Leur sixième opus Formal Growth In The Desert est sorti en juin dernier, « comme un testament en 12 chansons pour "continuer à vivre", même quand cela semble Marché Gare impossible ». Ha, ça fait rêver. Mais de A Private Understanding à Lyon 2 Half Sister ou Make Way, on est bien partant pour se reprendre une marchegare.fr volée de bois vert. AH

ARKUCHI #38 OCT. / NOV. 23

Quoi de mieux que l’intimité de l’Amphi de l’Opéra de Lyon pour savourer India, la dernière exploration de Louis Sclavis, où le jazz libre se frotte à des sonorités d’ailleurs ? Pour le voyage, le clarinettiste curieux travaille avec les trois compères de son album Characters on a Wall, inspiré du street art de Pignon-Ernest : Sarah Murcia à la contrebasse, Benjamin Moussay au piano, Christophe Lavergne à la batterie, rejoints à l'Amphi par la trompette d'Olivier Laisney. Un quintet où chacun s’investit entièrement dans une aventure poétique très concrète : corde contre touche contre souffle contre tintement ou bruissement d’une percussion. Ou « les sons d’un lieu lointain plus inventé que réel », si l’on en croit Sclavis. FR Amphi de l’Opéra de Lyon Lyon 1 opera-lyon.com


Christophe Raynaud de Lage ©

TÊTE D'AFFICHE EN TRAVERS DE SA GORGE 07 > 11 NOV. Théâtre des Célestins Lyon2 04 > 05 JUIN 24 Espace des Arts Chalon-sur-Saône (71) EN FINIR AVEC LEUR HISTOIRE 11 > 19 JAN. 24 Comédie de Valence (26)

PAR TRINA MOUNIER

Semeur de cailloux EN TRAVERS DE SA GORGE

APRÈS L’EFFERVESCENT NOSZTALGIA EXPRESS ET LE POÉTIQUE NOS PAYSAGES MINEURS, LE METTEUR EN SCÈNE ET DIRECTEUR DE LA COMÉDIE DE VALENCE, MARC LAINÉ, REVIENT AVEC DEUX AUTRES PIÈCES. L’OCCASION DE FAIRE CONNAISSANCE AVEC UN ARTISTE COMPLET.

En travers de sa gorge est donc le second volet d’une trilogie fantastique. MARC LAINÉ Sous nos yeux (qui ne s’est joué qu’à Valence) racontait, à travers un récit et un parcours de dessins dans la ville, la disparition d’un homme dans une réalité parallèle. On retrouve cet homme (Lucas Malaurie) dans En travers de sa gorge, la suite mais pas linéaire. On y trouve des échos de cette histoire et les mêmes personnages, mais qui vivent des réalités différentes. Malaurie (Bertrand Belin) est un professeur d’université (et non plus journaliste), il laisse derrière lui Marianne (Marie-Sophie Ferdane), qui est une cinéaste célèbre (Meredith dans le premier volet). Vous dites que chaque spectacle peut être vu séparément. Pourtant vous semez des petits cailloux pour retrouver des traces. ML Travailler par cycle est une nécessité que je ne sais pas m’expliquer. Je crois que c’est générationnel, cette forme contemporaine d’exploration de récits au long cours que proposent les séries depuis quelques années. Mon grand modèle (sans oser me comparer évidemment !), c’est Balzac. Il crée un univers avec des personnages qui reviennent, des récits qui se font écho. Je suis friand de ces indices semés par cet écrivain de génie dans son œuvre…

Vous sentez-vous écrivain ? ML Oui, même quand je conçois mes scénographies. J’écris avec tous les éléments scéniques. Même si, au moment du passage à la scène, l’auteur doit sacrifier tout ou partie de ses obsessions. C’est toujours un moment de frustration… Il est contredit par le réel du plateau. En finir avec leur histoire est-il vraiment la suite de Nos paysages mineurs ? ML Pour le coup, il n’y a pas d’ambigüité. Ce sont les mêmes personnages seize ans après. Mais chaque pièce peut être vue indépendamment. Ma référence ici, c’est plutôt Truffaut et son Antoine Doinel. On ne sait pas ce qui leur est arrivé pendant toutes ces années, et ça a été jubilatoire pour les acteurs de retrouver ces personnages. Ils sont nourris des souvenirs du premier spectacle, ce qui influe sur leur façon d’aborder les choses. On s’est bien amusés à chercher en quoi Paul et Liliane avaient pu changer pendant ces seize années. Il y aura un troisième volet, très ludique, qui permettra de rencontrer Martin Langlois, leur fils, lui-même metteur en scène. Il cherchera à raconter l’histoire de ses parents et sera confronté à la difficulté de cette mise en abyme que constitue le genre autobiographique.

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PAR GALLIA VALETTE-PILENKO

Monsieur GAC ©

Le cabaret revient en force sur la scène hexagonale et Lyon ne fait pas exception à la règle ! Alors que le célébrissime cabaret Madame Arthur débarque au Théâtre de la Croix-Rousse avec ses plumes et ses paillettes (19 au 23 déc.), Monsieur K., transfuge du lieu parisien mythique, vient enflammer la Maison de la Danse de ses bizarreries. Fondateur du cabaret underground caché derrière le cimetière du PèreLachaise (ça ne s’invente pas), Le Secret, il a développé un talent hors pair pour les personnages interlopes, les créatures singulières et les univers décalés. Multipliant les collaborations avec d’autres artistes aux esthétiques diverses, tels François Chaignaud, Jonathan Capdevielle, Marco Berrettini ou Karelle Prugnaud – excusez du peu ! –, il excelle dans le répertoire berlinois des années 1930, particulièrement celui de Kurt Weill.

BÊTES DE SCÈNES

t i r p Es t e r c a ba

Monsieur K. – Jérôme Marin à l’état civil –, avec son chapeau claque et sa grande robe noire, ne dédaigne pas la chanson française, Boris Vian ou Serge Gainsbourg en premier lieu, il aime aussi à interpréter ses propres compositions et ne craint jamais de questionner la société et notre place dans le monde. Incroyable performeur, il est passé maître dans les métamorphoses, les effeuillages délicats et il propose, avec ce nouveau show K. Und, de se plonger dans le vaste répertoire des années 1930, « une bible de 50 chansons dans laquelle piocher ». Accompagné de trois complices, Mister K. partage son univers à nul autre pareil, sulfureux et drôle à souhait.

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17 NOV. Maison de la Danse Lyon 8 maisondeladanse.com


Marie Frécon ©

BÊTES DE SCÈNES

PAR TRINA MOUNIER ET FLORENCE ROUX

EN APARTÉ Les damnés de la terre

Ce qui est troublant avec les tragédies antiques, c’est qu’elles ont de grands pouvoirs. D’abord, semble-t-il, celui de tétaniser certains metteurs en scène. Leurs spectacles sont beaux, mais froids et un peu compassés. Tout autre est celui de Milo Rau, qui débusque dans l’histoire d’Antigone quelque chose de la chair, du sang et des larmes. Avec Antigone in the Amazon, il décentre le mythe dans l’Amazonie d’aujourd’hui, en montant ce spectacle avec les paysans sans terre, ces militants indigènes confrontés à la violence bien réelle de l’industrie agroalimentaire. Le dramaturge suisse nous oblige à regarder en gros plan des hommes et des femmes qui voient détruire leur forêt, leur culture, leurs enfants. Antigone est parmi eux. Alors la question de la supériorité de la loi des dieux ou de celle des hommes disparaît presque derrière l’insoutenable épreuve de ne pouvoir serrer dans ses bras le corps de son frère… TM 25 > 28 OCT. Théâtre des Célestins Lyon 2

Serre survivaliste

Bon, qu’est-ce qu’on fait pour survivre ? Germination – D’autres mondes possibles, la pièce de Joris Mathieu et Nicolas Boudier qui ouvre le festival Micro Mondes (14 au 26 nov.), ne donne pas la solution, mais nous interroge sur nos choix pour demain. Chaussé de lunettes de réalité augmentée, le spectateur passe allègrement du jeu en chair et en os par le trio de comédiens réuni dans une serre survivaliste, à de superbes et labyrinthiques images de synthèse. Et, là, dans l’action, cette pièce hybride propose de faire un choix cornélien entre trois utopies – ou dystopies ? – en vogue : le transhumanisme, le multi-spécisme ou le cosmopolitisme. Troublant. FR. 14 > 18 NOV. 12 > 14 DÉC Les Ateliers Presqu’île Espace des Arts Lyon 2 Chalon-sur-Saône (71)

17 > 19 NOV. Festival Micro Mondes Pôle Pixel Villeurbanne tng-lyon.fr

Un monde à soi FORAINE

PAR GALLIA VALETTE-PILENKO

F

emme à barbe dans Éloge du poil, femme-poule dans La Poème, Jeanne Mordoj est toujours là où on ne l’attend pas. Cette artiste, assez incroyable, arpente le monde du cirque depuis bien longtemps déjà, trimballant son imagination et son corps élastique de spectacle en spectacle. Souvent seule au plateau, elle vient de créer Foraine fin septembre, à la Scène nationale de Besançon, avec le clown Harry Holtzman et Aimé Rauzier, jeune acrobate en devenir, un spectacle en forme d’expérience pour 60 spectateurs. Très attachée à l’idée du spectacle forain, comme on l’entendait à la fin du XIXe siècle, elle orchestre avec Foraine un défilé de monstres dans des espaces qu’elle nomme « entresorts ». S’y entremêlent des poupées de chiffon-monstres (encore) fabriquées depuis son apprentissage en ventriloquie, de (très) courts-métrages, des films d’archives, des photographies de Marie Frécon et des « numéros » comme l’homme muscle, l’homme chamboule-tout, l’homme poule, les oiseaux… Et la bulle carrée, sorte de ventre de plastique, gonflée d’air, qui affole l’imagination, tel un monstre vivant.

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Raphaël Licandro / Turak Théâtre ©

BÊTES DE SCÈNES

e r b r A a i n gé e u q i log

SAGA FAMILIA PHOTO DE RÉPÉTITION

SAGA FAMILILA 16 > 25 NOV. TNP Villeurbanne tnp-villeurbanne.com MA MÈRE C'EST PAS UN ANGE MC2: Grenoble (38) mc2grenoble.fr

PAR GALLIA VALETTE-PILENKO

La Turakie est un drôle de pays. Impossible à situer sur une carte du monde, il se trouve plutôt quelque part dans notre imaginaire et celui de ses créateurs Michel Laubu et Emili Hufnagel. Entamant un nouveau cycle, les deux compagnons du Turak Théâtre créent un diptyque « à distance » comme le raconte Michel Laubu, l’un à la MC2 (en octobre) et l’autre au TNP (en novembre). Cette Saga Familia, sous-titrée malicieusement – des lustres inconnus –, se penche sur le « bazar de la mémoire », en créant des petites histoires de bouts de ficelles. Cultivant l’anachronisme comme d’autres leur jardin, il provoque d’improbables rapprochements entre Vercingétorix et Martin Luther King, ou entre les éléphants du cirque Pinder et ceux du général carthaginois Hannibal. Du reste, le spectacle aurait pu s’appeler « 2222 années dans la mémoire d’un éléphant », cet éléphant retrouvé imprimé sur l’une des bâches de camion qui servent de plancher au spectacle. Comme à l’accoutumée, le Turak Théâtre trouve sa matière scénique dans la récupération de rebuts et autres objets usagés. Tels des archéologues des temps présents, les deux compères collectent et entassent au fil des rencontres, au gré des chemins. Ici, ce sont vingt-et-une caisses rouges en bois qui ont servi, il y a une vingtaine d’années, à emballer les objets d’un spectacle, qui sont au départ de la création. Ces caisses figurent les décors mais feront aussi office de rangement pour les vestiges d’une fouille archéologique imaginaire. Leurs différentes strates sont étudiées minutieusement, comme autant de couches géologiques (à moins qu’elles ne soient géographiques) !

ARKUCHI #38 OCT. / NOV. 23


BÊTES DE SCÈNES

EN CETTE RENTRÉE THÉÂTRALE, LES SPECTACLES QUI DURENT PLUS DE DEUX HEURES ET DEMIE SONT NOMBREUX, LA PLUPART FRANCHEMENT LITTÉRAIRES. SANS SURPRISE, LE TNP DE VILLEURBANNE TRUSTE CE TYPE DE PIÈCES ! LA DURÉE PEUT EN INQUIÉTER PLUS D’UN. À RAISON ?

XXL

p

PAR TRINA MOUNIER

RICHARD II 10 > 17 NOV. MA JEUNESSE EXALTÉE 25 > 26 NOV. TNP Villeurbanne L’ART DE LA JOIE 08 > 10 NOV. Comédie de Valence (26) 17 > 26 NOV. Théâtre des Célestins Lyon 2

T

out d’abord, la connaissance des grandes œuvres du répertoire ne peut éluder la question de la durée. Les tragédies antiques, comme les œuvres de Shakespeare, se mesurent en couples d’heures, les pièces historiques qui tricotent personnalités complexes et décennies troublées tout particulièrement. Dès lors, il s’agit d’un passage obligé pour l’assoiffé de culture, les metteurs en scène qui relèvent le défi. Et les spectateurs endurants. Pourtant, à (re)voir Tempête sous un crâne (au TNP, du 14 au 30 sept.), reprise d’un spectacle vieux de quatorze ans signé Jean Bellorini, on constate qu’il n’a pas pris une ride. Cette adaptation des Misérables nous entraîne, avec une fraîcheur sans égale, à la suite de Jean Valjean, Fantine, Cosette et Gavroche. Un mélo rondement mené de trois heures et demie ! Quant à Christophe Rauck, dont on

Christophe Raynaud de Lage ©

Version

MA JEUNESSE EXALTÉE, OLIVIER PY

avait tant aimé Dissection d’une chute de neige, il séduit avec Micha Lescot dans le rôle-titre, malsain et pervers à souhait, de Richard II : 3 heures 10 annoncées. Enfin, champion toutes catégories, Ma jeunesse exaltée dure 11 heures ! Et nous voici embarqués à la suite d’Olivier Py, qui signe un immense hommage à son jumeau, son idole et son double, Arlequin, dans tous ses travestissements… Dans la série fleuve, Ambre Kahan, une jeunesse après les trois aînés susnommés, monte sans vergogne l’adaptation de L’Art de la joie, la saga de Goliarda Sapienza. Quatre heures et demie pour rendre compte de la moitié des quelque 800 pages de ce feuilleton (une seconde partie est d’ores et déjà prévue). Il faut de l’audace, à l’instar de l’héroïne du livre (Modesta) et de cette jeune metteuse en scène, pour s’y atteler. Gageons que le spectateur en aura, de la curiosité et du courage !

Pas comme les autres Des versions de Hamlet, tout le monde en a vu, mais celle que propose l’artiste péruvienne Chela de Ferrari au Théâtre de la Croix-Rousse, certainement pas ! Adaptation très libre de la tragédie, ce Hamlet est en effet joué par huit comédiennes et comédiens porteurs de trisomie 21. Créé en 2019 à Lima, il entremêle les problématiques de la célèbre pièce de Shakespeare à celles de la maladie, tissant des ponts entre chaque histoire personnelle et la difficulté du personnage principal à trouver sa place dans le monde. Avec la question fatale “To be, or not to be ?”, une interrogation crue que se posent les protagonistes du spectacle, eux qui ont tant de souci à trouver leur place dans un monde qui ne veut pas (vraiment) d’eux. Le dispositif entrelace vidéo et texte, tirades de la pièce et bribes de poésie personnelle et donne à voir une version singulière de ce grand classique du théâtre, montrant à quel point l’écriture du dramaturge anglais est intemporelle et universelle. GV-P

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18 > 20 OCT. Théâtre de la Croix-Rousse croix-rousse.com


BÊTES DE SCÈNES

s e m Fem s e t n a s s i pu PAR TRINA MOUNIER

LES FORTERESSES 24 & 25 OCT. Théâtre de la Croix-Rousse Lyon 4 croix-rousse.com LES GARDIENNES 29 NOV. > 06 DÉC. TNP Villeurbanne tnp-villeurbanne.com

Luc Jennepin ©

Résistantes, courageuses, résilientes : aguerries par la vie, ces « femmes de la famille » ont choisi de traverser les années sans subir. Deux spectacles les mettent à l’honneur. Trois vieilles femmes de la même génération sont les héroïnes des Forteresses comme des Gardiennes. Les premières, trois sœurs iraniennes, mère et tantes de l’auteur, Gurshad Shaheman, racontent la résistance au shah, puis aux islamistes, le choix de l’exil ou de la résistance sur place. Elles sont l’histoire qu’elles ont forgée, dans un décor profondément marqué par les souvenirs de Téhéran. Autre contexte avec les secondes et Nasser Djemaï : ces ouvrières du textile en France se sont promis de ne jamais se séparer, même quand vieillesse et handicap les prendraient. L’heure venue, elles ne faillent pas et doivent faire face à l’incompréhension de la génération suivante. Pour tenir cet engagement, là aussi, il faut résister et faire preuve de courage. Les deux spectacles ne se ressemblent pas, leurs héroïnes n’ont pas le même vécu, la même langue, la même culture. Ce qui les rapproche, c’est le pouvoir poétique de deux écrivains et l’émotion qui se dégage de ces parcours de vie. Ils font d’elles des gardiennes de la liberté, des forteresses qui jamais ne se rendent et pour toujours accueillent et protègent. Deux spectacles à voir absolument.

LES GARDIENNES, NASSER DJEMAÏ

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DANS SON NOUVEAU FILM LE LIVRE DES SOLUTIONS, MICHEL GONDRY DONNE DES RÉPONSES AUX QUESTIONS QU’ON NE SE POSE MÊME PAS SUR LA FAÇON DE RÉALISER UN FILM, EN S’INSPIRANT DE SA PROPRE EXPÉRIENCE.

LE LIVRE DES SOLUTIONS Michel Gondry SORTIE : 13 SEPT. 2023

PAR MARTIN BARNIER & VALÉRIE LEGRAIN-DOUSSAU

S

pécialiste du bricolage et trucages à peu près efficaces, Michel Gondry, à l’instar d’un Méliès ou d’un Cocteau, fabrique son monde magique devant la caméra. Ce joyeux toucheà-tout (musicien et batteur du groupe Oui-Oui, dessinateur et décorateur) débute sa carrière de réalisateur dans le clip : Je danse le Mia d’IAM (jeu sur les enchaînements de lieux grâce au morphing*), Come into My World (avec la démultiplication de Kylie Minogue), Bachelorette de Björk ou encore Around the World des Daft Punk.

ou de L’Écume des jours (2013). Le trucage fait maison est à son paroxysme avec Soyez sympas, rembobinez (2008), dans lequel deux amis décident de réaliser des remakes de films célèbres avec les moyens du bord et la débrouille. Hilarant. Dans Le Livre des solutions, Marc (Pierre Niney), alter ego du cinéaste, s’enfuit dans les Cévennes pour échapper à ses producteurs et terminer son film. Pour fabriquer ses images, Marc a des astuces. Il utilise deux tuyaux d’arrosage pour une scène de pluie en demandant à ses acteurs improvisés de chanter quelque chose « pour que ça fasse plus naturel ». Il construit le « camiontage », camionnette qui permet de faire des raccords de montage originaux en passant les vitesses, en utilisant le clignotant ou le klaxon. Son équipe réduite le suit dans ses délires, et sa vieille tante – jouée par Françoise Lebrun (la Veronika de La Maman et la Putain de Jean Eustache) – le soutient avec constance. Pourtant Marc est velléitaire et tyrannique : il réveille sa monteuse (Blanche Gardin) en pleine nuit pour lui soumettre ses idées, pique des crises, procrastine en filmant des fourmis, achète une ruine pour en faire un lieu de tournage impossible. Gondry n’est pas le premier à décrire l’envers du décor. En 1973, dans La Nuit américaine, François Truffaut montre un tournage commencé dans l’enthousiasme qui va subir de nombreuses complications. Truffaut, comme Gondry, met en scène les coulisses de la fabrication dans une mise en abyme toujours intéressante à explorer. Mais dans Le Livre des solutions, on comprend que le cinéaste est atteint de bipolarité. Toutes LE LIVRE DES SOLUTIONS (2023) les inventions de Marc, les idées incongrues qu’il consigne frénétiquement dans un carnet, disent aussi le désarroi face à la maladie mentale qu’il Depuis 2001, il a réalisé douze longs métrages, du documentaire faut dominer grâce aux médicaments. Détresse et espoirs sont fauché – Conversation animée, avec Noam Chomsky (2014) – démultipliés à travers le processus créatif de la fabrication d’un jusqu’au film à très gros budget – The Green Hornet, en 3D (2011). film. Marc se sent « triste le matin, manipulé l’après-midi ». Gondry Dans ses longs métrages, Gondry favorise toujours les trouvailles orchestre cette succession de hauts et de bas, magnifiquement expérimentales, dans les décors comme les accessoires. On se servie par un impeccable Pierre Niney, dans un film à la fois drôle souvient de l’esthétisme très gondrien de La Science des rêves (2006) et émouvant. Partizan Films ©

7E ART

Gondry et tous ses trucs

* Animation visuelle à partir de deux images différentes

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LETTRES & RATURES

RIEN SINON UN BEAU CLUSTER

ON A BEAU ÊTRE WOKE ET AWARE, INTERSECTIONNEL ET INSURRECTIONNEL, À L’HEURE OÙ S’OPÈRE LA GRANDE CONCENTRATION MÉDIATICO-ÉDITORIALE, IL EST DE PREMIÈRE NÉCESSITÉ POUR LES PETITES STRUCTURES DE DÉFRICHER UN CHAMP SINGULIER. TEL EST LE PARI DES ÉDITIONS CROIXROUSSIENNES DU CLUSTER QUI ANCRENT ET DÉVELOPPENT LEUR RHIZOME LIVRE À LIVRE, PRÉFÉRANT LE VIVANT DES RENCONTRES AUX MÉANDRES ÉTHÉRÉS DES RÉSEAUX SOCIAUX.

Faire le bien autour de soi. Question de périmètre. Moins il est étendu et plus on se fait de bien à soi-même. Léon Bloy

N

PAR MARCO JÉRU

RENCONTRE & LECTURES AVEC LE CLUSTER 26 OCT. / 19H Livre en Pente Lyon 1 FB lelivreenpente DÉPLIÉ 22 DÉC. Lieu secret editions-du-cluster.com

ées il y a deux ans de la rencontre de Deïna Galey (spécialiste en édition numérique et conceptrice chez l’éditeur Bruno Doucey) avec deux poètes – Farinelli, déjà édité par une petite maison aujourd’hui disparue, et Georges qui, depuis cinq décennies, cachait ses pépites –, le Cluster a depuis accouché de trois livres à la mise en page sobre et à l’esthétique minimaliste, assortis en leur milieu d’un joli petit trou noir dont la fonction, audelà de l’identité graphique, est de faire disparaitre l’auteur et son narcisse au profit de son travail. Avec Poème 1 et 2, Georges laisse deviner un chirurgien du mystère attaché à la forme classique. Avec Derrière le trou noir, Farinelli procède à un feu d’artifices réaliste et trash, une dérive métaphysique gonzo imprégnée d’ironie mordante. Soit une amorce de catalogue réussissant à cumuler tendresse et uppercut, en attendant la réédition prochaine de textes de Léon Bloy et de la prochaine livraison de Thomas, À l’emporte-pièce, qui

promet d’approfondir à la dynamite la veine jubilatoire de Farinelli. Pensé comme l’espace d’un presque, d’un possible pour le petit, l’invisible et l’étrange, le Cluster tente de faire vivre des écritures qui « ne veulent pas se vendre ». « Nous privilégions la profondeur personnelle et la convivialité à l’écho numérique, précise Farinelli. Publier deux ou trois ouvrages dans l’année est suffisant. Ce qui nous excite, ce sont des textes sans compromis, loin des lieux communs et du prêt-àpenser actuel. Nous revendiquons la connotation pathogène du Cluster : autant qu’un baume, la littérature est une maladie, un virus qui te modifie à petit feu. Tu ne sors pas indemne de certaines lectures, a fortiori si ces dernières sont mises en bouches, en corps, à travers des performances organiques. » Plutôt alléchant pour les amateurs de poésie ! Un principe à expérimenter lors des rencontres artistiques organisées chaque solstice et chaque équinoxe avec le collectif Déplié autour du thème « Inventaire aléatoire avant rupture de la chaine du froid ».

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STREET ART

OLSON ONOFF

O21 SIMPLEMENT CHRISTÈLL.T

LE STREET MUSÉE

S I O M U D

FOUAPA

PAR MISS PRETTY LITTLE THINGS & LENDASKIN

ME LATA

JALB

RESA & SYRENE

MALLOERCA96

LORAINE MOTTI & SPHINX ARKUCHI #38 OCT. / NOV. 23


PAR DUMONT & BERLIOZ

50 CL DE CRÈME FLEURETTE 200 G DE COMTÉ 1 PAIN AUX CÉRÉALES 2 GOUSSES D'AIL 4 BRINS DE THYM FRAIS 1/2 CÀC DE PIMENT D’ESPELETTE HUILE D’OLIVE, SEL, POIVRE

800 G CHACUN ENV.

4 POTIMARRONS

PAR LES SOREUSES

45 MINUTES

4 PERSONNES

Fooddenou ©

Faire rêver avec une cucurbitacée peut sembler un brin ambitieux. Et pourtant… Imaginez-vous au cœur des forêts jurassiennes, une pluie fine fouette contre les vitres, le feu crépite dans la cheminée pendant que votre four lancé à 180° monte doucement en température… Bob Dylan en fond sur la platine alors que vous décalottez vos potimarrons et extirpez les graines. Tyrannisez à présent les chapeaux et découpez-les en petits morceaux. D’une main assurée, attaquez-vous ensuite à la chair et creusez de petits chaudrons en laissant un peu d’épaisseur. Alignez-les côte à côte, bien ouverts, dans un plat à gratin puis enfournez et chauffez à bloc pendant 20 minutes. Face B (du vinyle) sur la platine, place au velouté. Dans une casserole, versez une larme d’huile et faites fricoter vos gousses d’ail pelées, dégermées et hachées menu. Jetez-y la chair des potimarrons, éclaboussez d’un verre d’eau, salez et ça mijote 20 minutes. "Pimpez" la compotée obtenue avec la crème et le piment d’Espelette. Mixez le tout puis versez délicatement le velouté dans vos potimarrons. Une pincée de thym et on termine par une bonne dose de comté fraîchement râpé. Retour au four chaud pour 20 petites minutes, juste le temps de se lover dans le canapé avec un bon bouquin ou un trappeur aux larges épaules… ! Place au grand final : préparez vos mouillettes de pain grillé – indispensables pour racler les bords tendres ! – et sortez enfin vos potimarrons. L'automne titille vos narines, le Jura est dans votre assiette. Et si on dégustait ? !

20 MINUTES

potimarron surprise

POPOTE(S)

Horizontalement

jugeote

1. À 7 branches, éclaire religieusement le tabernacle. 2. Victime d’une rupture ? Difficile à résoudre. 3. Elles ont battu en retraite. 4. Ne suffit pas toujours à consoler celui qui le reçoit ! Son filet est réputé. 5. Métaphoriques. Vis. 6. Ne la perdez pas, même si ça tombe pile… Pantagruélique, sûrement pas diététique. 7. A tendance à tout embellir. 8. Chez le glacier ou en concert sera apprécié… différemment ! Même à contre‑sens, demeure bien bas. 9. Un certain premier, il est neuf. Sert à protéger les mineurs. solutions 10. Pareil. Même épilées, elles se sont barbées. arkuchi 37

Verticalement

A. Attestation officielle. B. Allait de Rome à Berlin. Maurice Dekobra connaît bien celle des sleepings ! C. C’est espérer un rapport. D. Faisant vivement quitter les lieux. E. Cheville du menuisier. Personnel et possessif. F. Pas le meilleur de la bouteille ! Fascine, mais pas dans le bon sens. G. Souvent bâtées. Penses donc. H. Baiser à l’espagnole, apprécié de Rosalia ? Vulgaire chute. I. Onde courte. Femme de Jacob. Belle au large. J. N’y sont pas allées du dos de la cuillère !

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C A S S ONA D E S I T OU A R E T E S H I R T I NG N T E D I A A T P E N C O R D E R A I R I O S E R N E E C E P E S R I A R I N E R T I E S S E NA A U S S I N E U T R E E S T



OÙ TROUVER

Annecy Bonlieu. Bourg‑en‑Bresse Musée du Brou. Tannerie. Théâtre de Bourg‑en‑Bresse. Bourgoin‑Jailleu Les Abattoirs. Brignais Le Briscope. Bron Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. Jack Jack. Pôle Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire‑et‑Cuire Cinéma Le Méliès. Médiathèque B. Pivot. Radiant‑Bellevue. Chalon‑sur‑Saône Espace des Arts. Musée N. Niepce. Chassieu Karavan Théâtre. Chazelles‑sur‑Lyon Musée du Chapeau. Corbas Le Polaris. Dardilly L’Aqueduc. Décines Le Toboggan. Écully Écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’Épicerie Moderne. Médiathèque. Francheville L’Iris. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Irigny Le Sémaphore. La Mulatière Aquarium de Lyon. Aux Bons Sauvages. Lyon 1 À Chacun sa tasse. L’Atelier Item. À Thou bout d’chant. Archipel Librairie. Art Up Déco. Auprès de mon arbre. Bar 203. Bel Ami. BistrO d’à cÔté. Bloom. Boîte à café. Broc’Bar. Boulangerie des Chartreux. CAUE Rhône. Chasseurs d’influences. Cinéma Polycarpe. Clef de Voûte. Condition des Soies. Delicatessen. Diable!. DRAC Auvergne‑Rhône‑Alpes. Espace 44. Fluxus. Fromagerie BOF. Galerie Ceysson & Bénétière. Galerie C. Mainguy. Galerie Céline Moine. Galerie Nörka. Halles de la Martinière. Jarring Effects. Kachka. Kraspek Myzik. L’Âne sans queue. La BF15. La Bonne Gâche. La Salle de Bains. Le 3e Fleuve. Le Bal des Ardents. Le Bleu du Ciel. Le Livre en Pente. Le Morfal. Le Réverbère. Le Voxx. Les Grimpeurs. Les SUBS. Librairie À Soi.e. Librairie Ouvrir l’œil. Mangiabuono. Manifesta. Mapraa. Maison Nô. Médiatone. Mongi Guibane. Ô Tao Bom. Opéra de Lyon. Radio Canut. Rés. Villemanzy. Sans Contrefaçon. Sofffa Terreaux. Spacejunk. Théâtre des Clochards Célestes. Tikki Records. Traboule Kitchen. Yoga Korner. Lyon 2 Archives Municipales. Atelier Parfumé. Autour de l’Image. BM Lyon 2. Boulangerie Saint‑Marc. Chez Camille. Cycles Marchi. Fondation Bullukian. Galerie Em’Arts. Galerie SLIKA. Galerie Tatiss. Hôtel 71/Heat. La Cloche. Librairie des Arts. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Librairie Passages. Maison Pochat. Marché Gare. MJC Confluence. Musée des Confluences. Musée de l’Imprimerie. Omart. Ories Galerie. Périscope. Théâtre‑Comédie Odéon. TNG – Les Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. Université catholique de Lyon. Lyon 3 Archives départementales. Auditorium de Lyon. De L’Autre côté du Pont. BM Part‑Dieu. BM Marguerite Yourcenar. Café du Rhône. École E. Cohl. Gnome et Rhône. Hooper. Improvidence Théâtre. Librairie du Tramway. Métropole de Lyon. Pieds Compas. Poltred. Salle des Rancy. Lyon 4 1150 Vintage. Agend’arts. Aquarium Ciné Café. Aux Trois Cochons. BM Lyon 4. Bistrot fait sa Broc. Bistrot des Voraces. Bonnesœurs. Burning Cat. Cavavin. Cave Tabareau. Cave Valmy. Chez Robert. Chez Simone. Coop du Zèbre. Diable Rouge. Fromagerie Galland. Galerie Françoise Besson. Galerie Vrais Rêves. L’Assiette du vin. La Famille. La Valise d’Élise. Le Grain de Folie. Labelalyce. Maison Jolivet. Modern Art Café. Ô Fournil des Artistes. L’Oiseau perché. Paddy’s Corner. Sibilia. Théâtre de la Croix‑Rousse. Un Grain dans le Grenier. Villa Gillet. Vivement Dimanche. Lyon 5 Acting’s Studio. BM du 5e. CRR de Lyon. École de Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Galerie L’Œil Écoute. Librairie Virevolte. LUGDUNUM Musée. Lyon Particule. La Mi Graine. MJC du Vieux‑Lyon. MJC Saint‑Just. Musées Gadagne. Le Sonic. Théâtre du Point‑du‑Jour. Lyon 6 BM du 6e. MAC Lyon. Lyon 7 Arts en Scène. Bibliothèque Diderot. Café Pimpon. CHRD. Cinéma Comœdia. COREP. De L’Autre Côté du Pont. EAC Lyon. École de Condé. ENS. La Commune. Le Court‑Circuit. Le Ptit Bouclard. Le Flâneur. Les Fauves. Galerie Tator. HO36 Montesquieu. IEP. Kargo Kult. Librairie La Madeleine. Librairie La Voix aux Chapitres. Librairie Rive Gauche. Librairie Terre des Livres. Livestation DIY. Mama Shelter. Mimo. Mowgli. Ninkasi Kafé. Sofffa Guillotière. TANDEM. Théâtre de L’Élysée. Lyon 8 Institut Lumière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJC Monplaisir. NTH8. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Cave Valmy. Ciné‑Duchère. CNSMD. Fondation Renaud. L’Attrape‑Couleurs. La 9e Bulle. Les Mangeurs d’Étoiles. Médiathèque de Vaise. Musée Jean Couty. TNG. Mâcon Cave à Musique. Le Théâtre, Scène nationale de Mâcon. Musée des Ursulines. Miribel L’Allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Neuville‑sur‑Saône La Maison Jaune. Médiathèque. Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Le Syndrome Peter Pan. Théâtre de La Renaissance. Pierre‑Bénite Maison du Peuple. Médiathèque E. Triolet. Portes‑Lès‑Valence Train‑Théâtre. Rillieux‑la‑Pape CCNR. Espace culturel Marcel André. Médiathèque L’Échappée. MJC Ô Totem. Saint‑Étienne Cité du Design. Comédie de Saint‑Etienne. Le Fil. Le MAMC. Musée d’Art et d’Industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint‑Étienne. Saint‑Fons Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint‑Genis‑Laval La Mouche. Médiathèque B612. Saint‑Priest Cinéma Le Scénario. Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Saint‑Vallier Ciné‑Galaure. Sainte‑Foy‑lès‑Lyon Bibliothèque. Ciné‑Mourguet. Tassin‑la‑Demi‑Lune Cinéma Le Lem. L’Atrium. Librairie Pleine Lune. Médiathèque. MJC Omega. Vaulx‑en‑Velin C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. École d’architecture. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de Valence. Vénissieux Bizarre! C.A.P. Madeleine Lambert. Cinéma Gérard‑Philipe. Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne Théâtre de Vienne. Villefontaine Le Vellein. Villefranche‑sur‑Saône Auditorium. Cinéma Les 400 Coups. Conservatoire. Galerie Le 116art. Librairie des Marais. Médiathèque Mendès‑France. Musée Paul Dini. Office du Tourisme. Théâtre de Villefranche. Villeurbanne Bieristan. Campus de la Doua. CCO. CCVA. Cinéma Le Zola. Galerie Domus. ENMDAD. ENSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. Institut d’art contemporain. IUFM. La MLIS. Le Rize. Le Totem. Pôle Emploi Scènes & Images. Pôle Pixel/Studio 24. Théâtre Astrée. Théâtre de l’Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. 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