ARKUCHI #50

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numéro spécial #50

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Fan Club

Ils aiment ArKuchi, florilège !

.06

Dans le Rétro… Dans le Viseur

.08

SUCCESS STORY

Nouvelles têtes à la Biennale de la danse 2025 À la rencontre des Amazonies

SUPER-HÉROS DE WARAKURNA #1 SÉRIE SUPER-HÉROS DE WARAKURNA 2017

.26

FESTIVALS

Le théâtre à l’heure d’été, Israel Galván, Montpellier Danse, Festival d’Avignon, Jazz à Vienne, etc.

.34

Les Bons Plans

Un été à Lyon

.41 Street Musée du Mois

.24

.42

Popote(s) & Jugeote

.10

C DANS L’AIR

Des images indociles à Arles Biennale du Design de Saint-Étienne, Artissima

.14

ADN

Lucie Antunes

.16

VIRÉES AU SUD

Thermes de Vals-les-Bains, Festival d’Alba, Salgado à Montélimar, Château d’Aubenas…

.20

Hors champ Plouf !

.22

Best Of 50 couv’, ça se fête !

ÉDITO

Sept bougies tout pile et un numéro 50 collector, s’il vous plaît ! On est fier des presque 1700 pages noircies depuis 2018 et de cette passion intacte pour les pas de côté, marque de fabrique assumée de nos intuitions, envies, choix, trouvailles, crushes et autres parti pris. La photographie, l’architecture, le spectacle vivant, les arts visuels, l’écriture (…), voilà ce qui nous rend curieux, nous fait vibrer et nous donne envie de partager, encore et encore. Merci à vous qui lisez, soutenez, suivez, inspirez, créez. L’aventure continue. Et fort de cet âge de raison (mais pas sûr qu’on devienne sage !), ArKuchi continuera à porter haut la Culture, plus que jamais essentielle. Bel été, bons festivals !

#50 Ét É 25

Gratuit • Toutes les 6 semaines

Diffusion : plus de 450 lieux

Lyon, Métropole & Rhône‑Alpes

Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € ‑ 18 rue Belfort 69004 Lyon

Direction de la publication ‑ Rédaction en chef Anne Huguet ‑ 06 13 07 06 97

Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro

Martin Barnier, Claire Boulet, Blandine Dauvilaire, Émiland Griès, Valérie Legrain Doussau, Trina Mounier, Enna Pator, Ponia & Jackson, Florence Roux, Gallia Valette Pilenko

Illustration de couverture : Perrine Thaller_@croguillons

Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97

Conception et mise en page

Impression : FOT

Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646‑8387

Larédactionn’estpasresponsabledestextesetphotos publiésquiengagentlaseuleresponsabilitédeleurs auteurs.Tousdroitsdereproductionréservés.

ABONNEMENt

7 num./an = 35 eur.

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LA COUV' PAR CROGUILLONS Aquarelle trashée de Grignan

CURIOSItÉ, EXIGENCE, POINtS DE VUE SOUVENt DÉCALÉS Et tOUJOURS ASSUMÉS COMPOSENt DES MENUS SINGULIERS Et REVIGORANtS DANS UNE BELLE

MAQUEttE GRAPHIQUE. LONGUE VIE À CE BEL

EXEMPLE D’ARtISANAt JOURNALIStIQUE.

PATRICK PENOT

UN MAGAZINE GRATUIT SUR L'ARCHITECTURE ET LA CULTURE, ÇA SE FAIT DE PLUS EN PLUS RARE. LES PHOTOS DE COUVERTURE SONT TELLEMENT BELLES QU'ON POURRAIT LES ENCADRER.

GWENN GÉLÉBART

LIBRAIRIE RIVE GAUCHE

Une grande qualité du contenu et une forme de revue qui ne craint pas une pagination recherchée, des couleurs chatoyantes et un papier précieux rendent Arkuchi unique et apprécié.

EMMANUEL SERAFINI LES CÉLESTINS

MERCIS VIRAUX

Retrouvez l'intégralité des "Ils nous aiment et nous aussi" sur nos réseaux sociaux.

Sept ans, l’âge de raison ? On espère que non ! Longue vie à cet incontournable des féru(e)s d’art et de culture.

MAISON DE LA DANSE

UN REGARD SENSIBLE SUR L’ART ET LA CULTURE ET UN ESPACE OUVERT AUX ÉCRITURES PHOTOGRAPHIQUES CONTEMPORAINES.

BLANDINE SOULAGE PHOTOGRAPHE

La multiplicité des sujets artistiques abordés avec exigence et un œil toujours nouveau font de ce magazine un incontournable ! ArKuchi participe à nous rendre toujours curieux de culture !

`TNP

J’aime ArKuchi pour son regard aussi engagé qu’enthousiaste, parfois décalé mais toujours curieux. Un vrai magazine culturel pas pareil qui met une si jolie lumière sur l’art et les artistes et qui nous invite à élargir nos horizons.

KARINE BORDET TAPISSIÈRE

Merci d'accompagner

nos envies et nos sorties avec un regard toujours attentif et audacieux.

FANNY ROBIN FONDATION BULLUKIAN

ON AIME SON PAPIER tENDRE Et SA MAQUEttE AÉRÉE, SON tON JUStE Et ÉCLAIRÉ QUI NOUS FAIt VOYAGER À tRAVERS LA MÉtROPOLE. C’ESt COURAGEUX, INDÉPENDANt Et NÉCESSAIRE. MERCI ARKUCHI !

THIERRY PILAT LA HALLE TONY GARNIER

ArKuchi : le profane sans culpabilite !

SEPT ANS DE CURIOSITÉ, DE DÉCOUVERTES ET D’AMITIÉS CULTURELLES PARTAGÉES. ARKUCHI ÉCLAIRE LA SCÈNE CULTURELLE AVEC PASSION ET EXIGENCE. MOURAD MERZOUKI

SAMIRA OUARET

Quelle belle et rejouissante revue ! Touteeleganteaussi etqu'audacieuse intelligente !

KARELLE PRUGNAUD

ARKUCHI, C’EST CE MOMENT SIMPLE OÙ UNE IMAGE

M’ATTIRE (CELLE DE LA COUVERTURE) ET M’OUVRE

À L’UNIVERS D’UN

ARTISTE…

AMÉLIE CHABANIS

Dès le num#0, le ton était donné. Celui d’un magazine indépendant, exigeant, curieux et engagé. Entre culture, art et société, ArKuchi s’est imposé naturellement et a tenu depuis ses promesses.

JULIETTE LASSARD

LES SUBS

Merci pour ton regard curieux, ArKuchi, tes pages ouvertes sur le monde et l'art qui s'eveille au coin des rues.

Je me délecte de ce foisonnement qui cultive à distance ma nostalgie de la vie lyonnaise. Un petit rituel syncopé en mode "picorage" au jour le jour ! Avec des rubriques éclectiques dégustées comme autant de pérégrinations, une lecture sens dessus dessous pour tenter de rester à la page. Bravo pour la ligne éditoriale et la maquette qui résistent au temps.

FLORENCE CATTEAU

FAN DE LA PREMIÈRE HEURE

MERCI !

Magazine collector s’il en est (avec ses unesphotos qui font de chaque tirage un numéro unique), que l’on aime pour sa liberté de ton, ses recos toujours bien senties, la qualité de ses rédacs et son équipe que rien n’arrête ! 50 bravos.

SANDRINE JULIEN

THÉÂTRE DE LA RENAISSANCE

BRITT ARTISTE

49 NUMÉROS D’EXIGENCE, DE CURIOSITÉ, ET D’ATTENTION PORTÉE AUX ARTISTES ET AUX LIEUX CULTURELS : ARKUCHI EST UN COMPAGNON PRÉCIEUX.  LA COMÉDIE VALENCE

Un magazine essentiel pour la Culture. Voilà déjà 7 ans et le numéro 50, un vrai privilège pour Lyon, bravo !

S’IL ÉtAIt UN MYtHE ? SISYPHE. UNE UtOPIE ? RÉALISÉE. UN ENGAGEMENt DE CHAQUE INStANt AVEC LA CULtURE EN PERFUSION. UNE BOUFFÉE D’ARt DANS LA GRISAILLE DU QUOtIDIEN, UN RENDEZ-VOUS QUI S’IMPOSE AVEC UNE ÉLÉGANtE IMPERtINENCE, UN PHÉNIX QUI RENAÎt CHAQUE MOIS.

ÉLISE TERNAT LA MOUCHE

Bravo et merci pour les visuels qui nous interpellent, savent nous rendre encore plus curieux des artistes, rendez-vous, lieux… souvent dénichés hors des sentiers battus.

Les utoPistes

Pour la promo de mes artistes autant que pour mes propres sorties, j’aimerais avoir un ArKuchi à Paris : maquette claire et originale, choix qui vont à l’essentiel mais donnent envie de découvrir, attention aux valeurs sûres comme aux nouveaux venus.

Jean-Philippe Béraud, Martingale, Paris

Sept ans d’explorations culturelles, de curiosité affûtée et de choix affirmés. Bel anniversaire cher ArKuchi, magazine libre et vivant porté avec une belle ténacité.

Aurélie Dubois

Une sélection diversifiée et pointue, portée par une écriture et une mise en page rythmées et captivantes.

Isabelle Jamson

Octobre 2018, Vaise, une couverture en noir et blanc attire mon regard, ArKuchi ? Je feuillette, art culture, architecture… Tout ce qui

VICTOR BOSCH LE RADIANT-BELLEVUE

Faites du bruit

Amyl and The Sniffers, Fontaines D.C., Chalk… Ça va remuer à Musilac !

09.07

Aix les Bains (73)

Chant de l’âme

À la Maison de la danse, Folkå de l’Espagnol Marcos Morau a envoûté. Un fascinant rituel aux accents folkloriques porté par 14 danseurs incandescents du Nederlands Dans Theater-NDT 2. Génial.

CINÉ

Fumée blanche

Edward Berger a le sens de l’actualité avec Conclave, et de belle manière – Oscar du meilleur scénario, 4 BAFTAs ! Un haletant thriller sous cloche(s) vaticanesque(s) avec Ralph Fiennes et Isabella Rossellini en soutane. Ça chauffe sous les mitres, opération nouveau pape… Amen ! En salle

THE PLACE TO BE

Du beau monde pour la prochaine expo collective de Holy Street Gallery, nouveau spot street art du Vieux-Lyon. Les pionniers lyonnais (Kalouf, Don Mateo, Brusk, Big Ben…) seront dans la place.

19 JUIN > 17 JUIL.

26, quai Romain Rolland Lyon 5

Release Party

RANK sort sa 5e galette, Heaven. Toujours tranchant et post punk. 20 JUIN Sonic Lyon

Rahi Rezvani ©

À REBOURS

Dans Il Tango delle Capinere, on s’aime, on danse, on boit, on tousse, on s’engueule, on meurt. La vie dans toute sa beauté et sa cruauté. Emma Dante empile des petits riens d’émotion qui finissent par submerger. Un théâtre à l’os qui vous attrape servi par la présence irradiante de Manuela Lo Sicco. Merci le TNP !

Après la nuit

La photoreporter Paloma Laudet raconte le Rwanda avec EJO, trente et un ans après le génocide des Tutsis. Ce crime contre l’humanité empreint toujours une société où victimes et assassins cohabitent. Un accrochage poignant, entre intimité et conscience collective.

> 28 JUIN

Galerie Item Lyon 1

A chaud

NATURE SPIRIT Les Nuits des Forêts sont de retour comme une reconnexion au vivant et à la nature. Quelque 250 forêts avec 302 rendez-vous en France. Randos, grimpes, land art, veillées, lectures… Tout est bon. On est encore faiblard en Rhône-Alpes !

06 > 22 JUIN

FERME EN FÊTE Au cœur de tes oreilles ouvre les portes du Vinatier avec un programme éclectique qui mélange expo photo (Tomas Bozzato), créations en tous genres, jeux, etc. Avec le CNSMD de Lyon ou la compagnie U-Gomina. Gratuit. 11 > 18 JUIN Ferme du Vinatier Bron

TOUT-TERRAIN Valeurs sûres (Immaqaa, Cirque Aïtal, KA-ÏN) et nouvelles têtes au festival des 7 Collines qui ne déroge pas à son exigence de qualité et de singularité. On coche aussi la dabkeh relue du performeur Amir Sabra, l’envol des Triphasés ou encore Obake.

22 JUIN > 07 JUIL. Saint‑Étienne (42)

SONS DU MONDE Une affiche métissée pour Soïo Mundo qui reprend ses quartiers d’été au parc Blandan. Radio Tutti et son électro-trad azimuté, la fanfare dingo de Marcel Frontale, rumba congolaise et dakka marrakchia, ou l’afro-electronic de Dom Peter : ça va guincher.

03 > 06 JUIL. Parc Blandan Lyon 7

CABANE AÉRIENNE Depuis dix ans, ils explorent les limites de l’acrobatie. Avec Clan Cabane, les voilà constructeurs de cabane avec 2 trampolines, des sangles et des bastaings de bois. Un retour dans l’enfance bondissant et poétique.

08 JUIL. Les Météores Saint Genis Laval

09 JUIL. Les Spectaculaires Irigny

La galerie Le Réverbère est à Montélimar avec 18 de ses photographes, « comme un manifeste de notre amour de la photo ». Riboud, Klein, Bonzon, Damez, Hopkins, Lay, Magre…. Ils en sont, car la photographie continue ! Dans le cadre de l’excellent Présence(s) Photographie qui accroche 57 artistes, dont Dorothea Lange, Walker Evans ou Ernest Cole.

> 08 JUIN Espace d’art Chabrillan Montélimar (26)

TendanceLe Mausa a ouvert ses portes dans l’ex-friche de Novaciéries à Saint-Chamond. 10 000 m² dédiés à l’art urbain et aux artistes du monde entier. À découvrir avec l’expo collective NoMad. Mausa Rue Pétin Gaudet, Saint Chamond (42)

LA DANSE EN PAR t AGE

PAR GALLIA VALEttEPILENKO

LEprogramme de la 21e Biennale de la danse est tombé ! Il fait la part belle à la création sous toutes ses formes, avec 24 premières françaises, dont 11 créations mondiales. Et pas n’importe lesquelles… puisqu’il y a pas mal de nos artistes de prédilection, à commencer par Marco da Silva Ferreira qui va présenter F*cking future, dont on a pu découvrir les prémisses en janvier dernier et qui présage des images chocs, puisées dans « la militarisation des corps » Jan Martens, autre artiste associé à la manifestation et créateur d’importance,

Des créations mondiales... et pas n'importe lesquelles !

reprend une pièce de 2014, The Dog Days Are Over, avec une nouvelle génération de danseurs, épaulés par ceux et celles qui l’avaient créée. Interrogation sur l’épuisement et la souffrance, la pièce 2.0 se veut une « invitation à regarder autrement, et à remettre en question notre manière de consommer de la performance ». Pas étonnant quand on sait que le principe de la pièce tient en un mot (et une action !), le saut. Dans un tout autre genre, Eszter Salamon revient après de longues années d’absence sur la scène lyonnaise, avec deux pièces, Landscaping , une installation inédite qui prendra place dans la Cité internationale de la gastronomie, et MONUMENT 0.10 : The Living Monument La chorégraphe y façonne des paysages en mouvement, entre monochromes et aplats de couleurs, offrant un espace contemplatif et onirique qui joue de la métamorphose et de la lenteur. Autre maîtresse de la transformation, Lia Rodrigues, qui avait clôturé la précédente Biennale : elle ouvre cette édition 2025 avec Borda, le troisième volet d’une trilogie entamée avec Furia et poursuivie avec Encantado. Créée au festival des arts de Bruxelles fin mai, Borda est une réflexion sur les bords, les marges, ces « espaces de frictions entre matériaux, éléments et textures, des lieux de transformations et de transitions, de débordements qui fertilisent » selon les mots de la chorégraphe installée dans la favela de Maré, à Rio de Janeiro. Tandis que INHALE DELIRIUM EXHALE de Miet Warlop, plasticienne et performeuse belge trop peu vue dans nos contrées, explore le chaos intérieur d’une artiste au travail. En prenant l’étoffe comme

BIENNALE DE LA DANSE

06 > 28 SEPT. labiennaledelyon.com

métaphore d’un esprit en ébullition, elle déploie 8000 mètres de soie que manipulent les sept interprètes dans une partition visuelle éclatante et mouvante. On n’oublie pas de citer Dalila Belaza qui questionne son lien à la musique dans un improbable duo avec le guitariste et compositeur Serge Teyssot-Gay et nous emmène aux confins de la perception. Ni Gisèle Vienne qui reprend en version augmentée sa pièce-culte Crowd, aux Grandes Locos, l’un des événements phare de cette Biennale tout particulièrement dédiée à la découverte et au partage.

> 08 FÉV. 26

Musée des Confluences Lyon 2 museedesconfluences.fr

CE VASTE TERRITOIRE D’AMÉRIQUE DU SUD

S‘INVITE AU MUSÉE DES CONFLUENCES.

OU PLUS EXACTEMENT TROIS PEUPLES DE CETTE RÉGION DU MONDE QUI ÉVOQUE DES IMAGES DE FORÊT VIERGE INEXPLORÉE…

ALORS QU’EN FAIT IL N’EN EST RIEN.

Amazonies plurielles

Si l’exposition Amazonies s’ouvre par des images prises d’un drone qui remonte le long du fleuve Amazone, les photographies et les vitrines suivantes montrent que ce territoire de 5,5 millions de km2 est modifié par les humains depuis quelque 13 000 ans. Des peintures rupestres en témoignent, tout comme les céramiques – la plus ancienne des Amériques est datée de 7 000 ans. À l’instar des géoglyphes mis au jour par la déforestation, ou de la terra petra (terre noire) très fertile, "fabriquée" par les populations amazoniennes. Mais le plus fascinant de cet accrochage, ce sont les trois parties consacrées à trois villages et leurs peuples, avec lesquels l’équipe scientifique du musée collabore depuis 2018. Dans les vitrines est visible le fruit de leur association, soit 220 objets sur les 500 collectés pendant quatre ans. On passe sous une "porte" pour entrer dans le village des Mebêngôkre ou Kayapo, un peuple cultivateur du Pará pour lequel les parures en plumes et les peintures corporelles ont une importance fondamentale, l’occasion de contempler la spectaculaire coiffe Krôkrôkti, mais aussi un disque de coiffe réalisé avec des pailles en plastique (les oiseaux venant à manquer). Tout au long du parcours, des vidéos complètent la description, donnant la parole aux habitants et montrant leur quotidien. On découvre ensuite les Wayana et Apalaï (qui se déploient côté Guyane et Surinam), spécialistes de vannerie, et, enfin, les Ashaninka (à la frontière du Pérou), des experts d’un tissage très ritualisé, dont deux représentants, frère et sœur, étaient présents au lancement de l’exposition. Les deux Ashaninka, « connectés à la nature et au spirituel » , en ont profité pour tirer la sonnette d’alarme sur la destruction de la forêt, tout en soulignant la poésie de cette exposition. « La forêt est le poumon de la planète. Défendre nos vies, c’est aussi défendre toutes les vies de la planète. Il faut se battre. Et ça nous concerne tous. » L’expo se conclut par une carte des dangers qui guettent la forêt ainsi que des objets montrant la résilience et l’adaptation des populations amazoniennes à la globalisation, sans oublier les luttes pour les droits constamment bafoués et remis en question.

THE LIVING MONUMENT 0.10 (...) ESZTER SALAMON

LE SOUBASSEMENT DE L’ÉGLISE

SAINT-PIERRE DE FIRMINY-VERT REÇOIT

L’EXPOSITION-MANIFESTE NOS PIEDS D’ARGILE

LA BASELINE À LA RECHERCHE D’UNE HABITABILITÉ

PRAGMATIQUE EST L’UN DES VOLETS DE LA BIENNALE

DU DESIGN 2025 DE SAINT-ÉTIENNE.

PAR ÉMILAND GRIÈS

Faut-il encore présenter matali crasset, insatiable tête chercheuse du design ? Voilà plus de trente ans qu’elle conçoit « des objets du quotidien au service des gens ». Mais dans le contexte de finitude des ressources de notre bonne vieille Terre, elle appuie sur le bouton pause. Le temps de diagnostiquer sans concession notre consumérisme. Pour faire face, la conceptrice propose une méthode en trois temps : réparer, réhabiliter et préparer demain, entendant bien brandir en même temps l’étendard de la remise en question et de l’inventivité.

DESIGN ENGAGé

Le préalable à cette révolution réside, pour elle, dans la rupture avec le modernisme encore à l’œuvre aujourd’hui, mettant l’humanité au centre du système, laquelle puise sans compter dans une nature supposément infinie. Le bien commun en leitmotiv, la designer préconise de « rendre autant que prendre » et de « préparer autant que réparer ». Questionner l’attachement à nos territoires est d’après elle l’un des principaux remèdes : il permet de les (re)connaître, donc de les respecter, clé de leur sauvegarde… et de la nôtre par la même occasion ! Stop donc à l’extractivisme, qui consiste à se servir loin de chez soi, sans se préoccuper des conséquences ! Maquettes grandeur, croquis et films viennent étayer sa réflexion.

Cette exposition fait partie de la 13e Biennale Internationale Design Saint-Étienne, partageant avec elle le thème général « Ressource(s), présager demain ». De quoi faire phosphorer les concepteurs de tous horizons et de tous âges et prouver leur capacité à retourner en potentialité créatrice la charge anxiogène du sujet. Chacun proposera à sa manière comment envisager la production d’objets dans un contexte de ressources terrestres raréfiées. Parmi la pléthore d’invités, citons le Suisse Philippe Rahm et son design climatique offrant des modes alternatifs d’habiter, Anna Saint Pierre prônant les vertus du réemploi et du faire avec le "déjà-là", le duo natasha.sasha. s’attachant à la sobriété ou la Savoyarde Marlène Huissoud, fille d’apiculteurs, travaillant avec le vivant, mais libéré de toute domination. Pour cette édition, la Cité du design avec son emblématique bâtiment La Platine n’est pas le seul lieu d’exposition. À quelques encablures, la friche industrielle des Halles Barrouin, mise en scène par Joachim Jirou-Najou, ouvre également ses portes pour la première fois avec Design des territoires, le lieu est une ressource. De jeunes pousses y proposent de « soigner l’ordinaire, réintégrer le délaissé et redonner à chacun le pouvoir d’agir ». Une foule de rendez-vous divers rythmera les six semaines de la manifestation (attention, ça va passer très vite !) : installations à travers la métropole ligérienne, ateliers créatifs, conférences, brocante design et une mise à l’honneur de l’Arménie, dont la création design est à découvrir.

22 MAI > 06 JUIL.

Divers lieux Saint Étienne (42) biennale design.com > 11 JAN. 26

Site Le Corbusier Firminy (42) sitelecorbusier.com

EXPOSITION RESSOURCE(S) / LES AUTRES VIVANTS RAPHAËL EMINE, NEST #6, 2023, HÔTEL À INSECTES

Secousses visuelles Secousses visuelles Secousses visuelles

Les Rencontres de la photographie d’Arles ne brossent jamais la bête dans le sens du poil. En choisissant comme thème les Images indociles, cette 56e édition se révèle particulièrement engagée. Elle s’attelle à ouvrir des fenêtres sur le monde, quand d’autres s’entêtent à fermer des frontières. À l’honneur cette année, le Brésil se dévoile sous plusieurs facettes.

L’exposition Futurs ancestraux, qui réunit une dizaine de photographes contemporains, dénonce la violence historique contre les communautés afro-brésiliennes, indigènes et LGBTQIA + . Autre puissant témoignage, la première rétrospective internationale dédiée à Claudia Andujar présente des séries méconnues de cette grande militante brésilienne. De leur côté, les peuples premiers d’Australie sont célébrés dans l’accrochage collectif On country. À travers des images fortes, hommes et femmes expriment leur attachement ancestral au lieu qui les constitue, et la responsabilité qui en découle. L’accrochage consacré au formidable Louis Stettner lance un pont entre les continents américain et européen.

Son engagement et ses expérimentations se révèlent à travers des documents inédits. Le festival s’intéresse aussi aux histoires de famille qui marquent une vie et un regard. Ainsi, Nan Goldin revisite le Syndrome de Stendhal (trouble suscité par une œuvre d’art) en croisant des portraits de ses proches avec des tableaux célèbres ; Diana Markosian retrace ses bouleversantes retrouvailles avec son père, auquel elle a été arrachée enfant ; et Camille Levêque interroge la paternité sous tous ses angles. En réunissant les écrits et les photos de Letizia Battaglia, décédée en 2022, l’édition rend hommage à cette artiste qui a immortalisé l’emprise de la mafia sicilienne, tout autant que la beauté de Palerme. Plus poétiques, les images de Raphaëlle Peria remontent le temps et le canal du Midi, à la poursuite de ses souvenirs d’enfance. De son côté, Louise Mutrel raconte la passion des Japonais pour les dekotora (camions routiers customisés). Sans oublier l’exposition consacrée à Yves Saint Laurent et la photographie, passionnant voyage dans l’univers de la mode et de l’art. Une édition stimulante.

Claudia Andujar © Courtesy of the artist / Instituto Moreira Salles

Un musée à soi

Depuis trois ans, l’entrepreneur du BTP François Philippon, féru d’art, entrouvre sa collection au grand public. Et quelle collection ! Plus de 200 œuvres sont à découvrir dans l’ancien moulin qu’il a acheté sur les quais à Rochetaillée-sur-Saône et rénové avec sa femme Michelle. Artissima est un lieu qui garde son cachet tout étant profondément moderne, ouvert par de grandes baies vitrées, se développant sur trois étages. Le collectionneur lui-même joue le rôle du commissaire et choisit les correspondances entre peinture et sculpture, couleur ou noir et blanc, abstraction et figuration. Porté par ses goûts personnels uniquement (et les conseils de quelques fidèles galeristes !), il manifeste un œil très sûr pour les jeunes artistes comme les plus confirmés. Dès l’entrée, deux grandes œuvres en noir et blanc accueillent le visiteur, Boys don’t cry de Giulia Andreani et Berlin 1945 de Jean-Marc Cerino, la première travaillant au gris de Payne et le second peignant sur le verre, tous deux à partir d’archives. Puis, il y a une Feuille de Michel François, petite sculpture délicate, avant que s’épanouissent de très grands formats dans la grande salle du bas. Il semblerait que le maître des lieux ait une appétence singulière pour les grandes pièces, même en sculpture. À l’instar de ces statues en bronze noir de la Sud-Africaine Zanele Muholi, remarquées lors du précédent accrochage. Une très belle artiste, tout comme Jeanne Vicerial, artiste textile et designeuse, à l’œuvre Vénus ouverte #4 (Gisante) absolument fascinante. Sur réservation uniquement.

> 01 NOV.

Artissima 673, chemin de la Plage Rochetaillée sur Saône artissima.com

PAR GALLIA
VALEttEPILENKO
G. Perret

SYMPHONIE POUR 100 BATTERIES

Les percus dans la peau

VIRTUOSE, LUCIE ANTUNES MET SON ART DE PERCUSSIONNISTE MULTI-INSTRUMENTISTE AU SERVICE DE PROJETS ET DE PERFORMANCES ÉLECTRO BRÛLANTES, EN BELLE COMPAGNIE. COMME AUX 25ES NUITS DE FOURVIÈRE, DONT ELLE EST L’ARTISTE EN RÉSONANCE.

LES NUITS DE FOURVIÈRE 02 JUIN > 27 JUIL. nuitsdefourviere.com

La vie est une histoire de rencontres », lance Lucie Antunes. Née à Perpignan où elle a passé dix ans, la musicienne se dit « du Sud » et se sent « espagnole », marquée par sa mère et les femmes méditerranéennes « si fortes »

Souvent à Barcelone, où « la musique est une célébration, ton oncle à la guitare, ta cousine au tambour », elle écoute du flamenco ou de la sevillana, grandit avec « des cousins, frère et sœur qui écoutent Mecano, groupe précurseur de la musique électronique »

Forte de ses musiques en fête, elle engrange tout : rythmes cubains, sud-américains, afro-américains et jazz, sonorités des percussions du gamelan indonésien ou de la musique indienne. Et elle se forme. Dès cinqsept ans à Perpignan, elle rencontre « une prof de solfège géniale » qui lui donne le goût de la musique, comme son frère aîné, musicien. « Que du kif ! » Elle apprend le piano qui « développe l’oreille », tâte « un peu de flûte traversière » avant d’oser la batterie, à quinze ans, au conservatoire de Marseille.

Sa rencontre avec les percus et « avec un professeur mentor » ouvre la passion « Je me découvre une facilité déconcertante à jouer, j’enchaîne huit heures par jour sans

contrainte », se souvient-elle. Résultat : Lucie dévore un cursus de douze ans en quatre, décide « de jouer tous les jours » de sa vie et s’en donne les moyens. Elle passe cinq ans au conservatoire national supérieur de musique de Lyon, tout en étant résidente, deux ans à la Cité internationale des arts à Paris.

John Cage ou Steve Reich dans l’escarcelle, Lucie ne se voit pas en soliste de musique contemporaine. « C’est trop nul d’être seule ! J’avais envie de collaborer. » Elle accompagne Moodoïd ou Aquaserge à la batterie et, surtout, monte sa compagnie à Paris, « pour inventer des spectacles alliant musique, danse, théâtre, images ». Elle fait feu (fête) de moult instruments à percussion ou électroniques pour composer des albums dansants et magiques : Sergeï (2019), Carnaval (2023) et Amazing Carnaval (2024) – avec l’étourdissant La chair !

Aujourd’hui artiste en résonance des Nuits, la multi-instrumentiste offre cinq rendez-vous « en liberté » : Ô Guérillères, création d’après les textes de Monique Wittig, « une féministe lesbienne merveilleuse », concoctée avec ses complices du groupe Draga (8/6), Prima avec Mehdi Kerkouche où elle jouera live (8 au 10/7), un karaoké géant (26/7), une Symphonie pour 100 batteries (21/6) et la Nuit Sauvage totalement improvisée avec plein d’artistes (18/7), comme un rituel collectif.

PAR FLORENCE ROUX

15,

LES "PETITS PAYS" RÉSERVENT PARFOIS DE GRANDES SURPRISES, COMME CETTE EXTENSION DE L’ÉTABLISSEMENT HISTORIQUE DES THERMES DE VALSLES-BAINS, AVEC SON ÉLÉGANTE OSSATURE TRIDIMENSIONNELLE EN BOIS.

DE BOIS & D’EAU

Le thermalisme de cette petite ville ardéchoise débute en 1602 avec la découverte fortuite d’une source aux vertus médicinales. Jusqu’à 188 résurgences seront ainsi exploitées, chacune répondant à des noms poétiques : la Précieuse, la Désirée ou encore la Rigolette. Vals, qui ne s’appelle pas encore “les-Bains”, bénéficie rapidement d’une notoriété nationale, portée par d’illustres promoteurs, telle la marquise de Sévigné. Son succès atteint son apogée au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, avec la construction d’un établissement de bains thérapeutiques, de nombreux hôtels et d’un parc à l’anglaise pour l’agrément des curistes. Au tournant des années 2020, la ville d’eau bénéficie du Plan thermal lancé par la Région pour financer la modernisation du secteur. Et engage une

ambitieuse rénovation-extension de ses thermes devenus vieillots. Cette mission est confiée à l’architecte toulousain Luc Demolombe, aux nombreuses références en la matière, associé à l’agence locale d’Aubenas Fabre Architecture. Leur projet, dont la dernière tranche est livrée en juin 2022, coiffe et étend l’établissement, à l’origine strictement thérapeutique, par un spa complet avec sauna, hammam, bains de feu et de glace, intérieurs comme extérieurs. Le clou de cette intervention architecturale réside dans l’élégante et arachnéenne résille de bois, déployant une voûte à la géométrie complexe au-dessus du nouveau bassin d’eau chaude en forme de goutte. La position surélevée du bassin et la transparence tamisée de cette couverture largement vitrée permettent de plonger visuellement dans la canopée du parc historique qui fait face et dans la forêt

Audelà des songes

qui enserre la ville. Les poutres en lamellé-collé de la charpente en pin Douglas français sont assemblées de manière quasiment invisible par des tiges d’acier fileté, associées à une colle en résine époxy. Cette mise en œuvre d’un produit naturel relève de la prouesse technologique pour répondre à l’humidité du lieu et exprime par son parti architectural sa volonté écologique. Le bois est en effet LE matériau de construction au bilan carbone favorable, contrairement à la pierre, au métal ou au béton, par exemple. Il est l’une des meilleures réponses à la problématique des gaz à effet de serre dégagés par l’activité de la construction. Ce choix conceptuel et cette écriture architecturale résolument contemporaine sont à saluer par une visite… en maillot de bain, bien sûr !

> 21 SEPT.

Le Château

Centre d’art contemporain et du patrimoine

Place de l’Hôtel de Ville Aubenas (07) lechateauaubenas.com

Un an après sa réouverture, le château d’Aubenas en Ardèche fait déjà partie des centres d’art contemporain incontournables de la région. Cette ancienne forteresse médiévale, dont la rénovation a nécessité sept ans de travaux, est un superbe écrin pour les œuvres d’aujourd’hui. Le lieu manifeste une appétence particulière pour les créations singulières et les regards buissonniers. Baptisée Rêves d’une nuit d’été, la programmation estivale réunit quatre artistes autour d’une même ambition : flouter les frontières entre réel et fiction, faire dialoguer l’intime et l’universel. Trois de ces artistes sont présentés pour la première fois dans une institution française. C’est le cas de Sabine Moritz qui expose Les Cieux, un ensemble de tableaux de toutes les époques illustrant sa quête perpétuelle de nouveaux horizons. De son côté, Corentin Grossmann donne à voir les troublantes Lignes de désir qui traversent ses dessins et ses céramiques faussement naïves. Tandis que Ella Walker nourrit ses œuvres de références médiévales gothiques et macabres, de théâtre, de mode ou de cinéma. Le Château nous offre aussi un merveilleux cadeau, en exposant les célèbres photos en noir et blanc de Gilbert Garcin. Les images poétiques et surréalistes de ce ‘’bricoleur’’ de génie font un bien fou !

Audelà des songes tic tac doc

17 > 23 AOÛT

Dans toute la ville Lussas (07) ardecheimages.org Courtesy de l’artiste. Laurent Lecat ©

Les États généraux du film documentaire de Lussas fêtent leurs 38 ans. Comme chaque été, une sélection de quelque 120 documentaires sont projetés partout dans le village ardéchois, avec débats en présence des réalisateurs. Une foule de thèmes sont annoncés : un panorama du documentaire algérien et de l’Allemagne communiste des années 1970, une rétrospective de l’œuvre du Camerounais Jean-Marie Teno, une journée autour de la musique de films, des ateliers d’éducation artistique et culturelle (à l’école, en prison, en foyer de personnes âgées), et bien d’autres ! Ni compétition ni prix décerné, mais plutôt des échanges entre public et intervenants des films projetés, lorsque tout le monde se retrouve autour d’un verre, toutes les projections finissant volontairement en même temps. Réservation conseillée.

PAR ÉMILAND GRIÈS

terre des hommes

Devenue légendaire avec ses 5 millions de visiteurs, l’exposition Genesis de Sebastião Salgado poursuit son tour du monde. Elle est présentée tout l’été gratuitement au musée d’art contemporain de Montélimar. « À travers 100 photographies en noir et blanc, nous découvrons le projet de Sebastião Salgado, qui a sillonné l'ensemble de la planète pour découvrir les paysages les plus reculés, les animaux et les peuples encore préservés, précise Camille Bertrand-Hardy, cheffe du service des musées et arts plastiques de Montélimar. Au-delà de la performance géographique, ce travail d'une très grande poésie reflète l’attachement viscéral du photographe pour notre planète, qui est la maison de l'humanité. On sent son profond respect et son admiration pour certains peuples qui continuent à vivre en connexion avec la nature. » Le parcours constitué de cinq sections évoque la trentaine d’expéditions menées par l’artiste, pendant sept ans, dans des zones souvent inaccessibles. En Antarctique, Salgado observe la résilience des manchots, otaries et baleines, qui évoluent dans des paysages glacés. En Afrique, il fait la connaissance des peuples Himba de Namibie, des tribus Dinkas du Soudan et des Bushmen San du désert du Kalahari. Puis il met le cap au Nord, en Sibérie, où vivent les Nénèts, et croise des ours polaires sur l’île Wrangel. L’Amazonie et son immense forêt tropicale n’en finissent pas de l’émerveiller. C’est dans cette région sauvage, où abonde la faune, que vivent les tribus Zo’é, contactées pour la première fois il y a vingt ans à peine. Le photographe immortalise aussi les îles Galápagos, Madagascar ou encore l’Irian Jaya, dont les paysages et les espèces uniques constituent des sanctuaires. En dévoilant la beauté fascinante de ces contrées et de leurs habitants, Salgado attire notre attention sur leur fragilité. Il nous invite à prendre soin de la Terre avec fraternité.

PAR BLANDINE DAUVILAIRE
> 24 AOÛT
Musée d’art contemporain de Montélimar Montélimar (26)
@mac_montelimar
Sebastião
Salgado ©
GENESIS, PÉNINSULE DE YAMAL, SIBÉRIE, RUSSIE, 2011

La tête dans les étoiles

FESTIVAL D’ALBA

09 > 14 JUIL. lefestivaldalba.org

Une quinzaine de compagnies invitées, les vieilles pierres, les cigales : que rêver de mieux ? Depuis seize ans, La Cascade, Pôle national Cirque, se délocalise en juillet et s’installe dans le pittoresque village ardéchois d’Alba-la-Romaine pour faire la fête au cirque contemporain, grands et petits formats confondus.

On courra (re)voir Titoune et le bougon Bonaventure Gacon du Cirque Trottola dans Strano, une échappée poétique qui se collette à un monde malade. Ils font naître magie et émotion, avec beaucoup de petits riens et quelques trouvailles. Les Puéril Péril défient toujours la gravité avec force hautes envolées et portés. C’est leur truc, cette fois-ci, sans agrès ni filet et en chemises imprimées. On demande aussi à voir ce que le roakie Paul Molina a dans le ventre avec son football freestyle passé au filtre artistique. Quant à Simon Carrot et sa Tournoyante, ils pourraient nous donner le tournis avec une chorégraphie en équilibre. Autre ovni, sans doute, Obake et son duo de corps élastiques qui se réinventent à chaque fois.

Au naturel

Depuis vingt-neuf ans, quand vient juin, Labeaume en Musiques – du nom de ce joli village de l’Ardèche méridionale –sort la malle aux trésors ! Cette année, les Gréco-Marseillais de Deli Teli ouvrent la danse aux rythmes pop du laïkó grec. Tandis que les bords de l’Ardèche accueillent les Percussions claviers de Lyon, le fado fou de poésie de Duarte, le pianiste Olivier Chauzu qui interprète Chopin, Stravinsky et Scriabine… Le quartet LEÏ déploiera Amarre dédié à l’imaginaire des eaux, au cœur de l’aven d’Orgnac. À 700 marches sous terre, la promesse d’une merveille en écho aux autres musiques, conte, opéra de ce festival enchanteur. FR 05 > 15 JUIN

Labeaume & environs (07) labeaume musiques.fr

Royal

Ambiance caliente aux Fêtes nocturnes de Grignan, où Jean-Philippe Daguerre met en scène une version très musicale du Barbier de Séville. Pour fêter les 250 ans de la pièce culte de Beaumarchais, auteur qu’il monte pour la première fois, l’artiste s’entoure d’une troupe de neuf comédiens-musiciens. Costumes et scénographie flamboyants, texte traversé d’humour et de féminisme… Les 44 représentations sous les étoiles s’annoncent magiques. BD

26 JUIN > 23 AOÛT

Château de Grignan (26) chateaudegrignan.fr

Jazzy

Quarante-neuf ans après sa création, Crest Jazz Festival cultive toujours le terreau du jazz vocal, avec concours, stages et voix en liberté. Il y a le swing soyeux de la Turinoise Sonia Schiavone (lauréate à Crest en 2024), le velours solaire de Flavia Coelho ou les accents délicats de Sarah Lenka, dont le superbe album Isha voyage entre exil maghrébin et balade folk. Plus instrumental, on retrouve Les Égarés et magnifiques Sissoko, Segal, Parisien et Peirani, Baptiste Herbin en trio (fabuleux Django sans guitare) ou les ondulations hybrides des Bretons ‘Ndiaz. FR

27 JUIL. > 02 AOÛT Crest (26) crestjazz.com

Loïc
Beslay © OBAKE

ENVIE DE FRAÎCHEUR ? ON VOUS EMBARQUE

DANS LES FILMS

AVEC PISCINE ! LE GRAND

RECTANGLE BLEU

EST UN ESPACE DE DANGER, DE SOLITUDE, MAIS AUSSI DE SENSUALITÉ ET DE GRANDE DÉTENTE.

FLORILÈGE NON EXHAUSTIF POUR PLONGER

DANS L’ÉTÉ…

PLANS PISCINE

IPAR MARtIN

BARNIER ET VALÉRIE

LEGRAINDOUSSAU

l est plutôt déconseillé d’utiliser sa piscine la nuit sous peine de réveiller des entités maléfiques, comme dans Night Swim de Bryce McGuire (2024). Gloups… Aussi angoissante (mais moins poétique) que la piscine en soussol de La Féline de Jacques Tourneur (1942) : une femme descend seule dans l’obscurité. Des ombres. Des bruits. Quelque chose de menaçant rôde mais rien n’est montré. Autre regard avec des films qui dénoncent la superficialité de la société. Magnifique et trop peu connu, The Swimmer de Frank Perry (1968) suit Burt Lancaster passant de piscine en piscine pour rentrer chez lui. Il se mesure au monde d’apparence de la grande bourgeoise américaine, parmi laquelle un loser n’a pas sa place. Peu avant, Soy Cuba de Mikhaïl Kalatozov (1964) tourné à La Havane rassemble parmi les plus beaux plans-séquences jamais filmés, pour dénoncer les écarts sociaux avant la révolution castriste. Depuis le toit d’un hôtel de luxe dominant la capitale, la caméra descend à pic deux terrasses plus bas, s’attarde auprès de touristes américains en maillot de bain, avant de plonger au milieu des baigneurs. Impressionnant. Les années 1960 voient également le plus célèbre des films français sur le sujet. La Piscine de Jacques Deray (1968), théâtre de jalousies et de séduction, fait monter la tension entre Maurice Ronet et Alain Delon autour de Romy Schneider et de la toute jeune Jane Birkin. Fantasmes et mystères encore, avec Swimming Pool de

François Ozon (2003) où la piscine marque la frontière entre fiction et réalité.

Mais le grand bassin est aussi utilisé pour des comédies rafraîchissantes. Place aux claquettes et aux bonnets de bain trop serrés. Le Grand Bain de Gilles Lellouche (2018) suit les aventures d’une équipe de natation synchronisée masculine, dans laquelle la piscine sert de soupape et de refuge à huit hommes cabossés par la vie. Même décor, autre ton : pour une équipe de water-polo, Les Crevettes Pailletées, le grand bassin devient scène queer, solidaire et festive. On nage pour exister, pour revendiquer et pour s’aimer. Parce que la piscine peut devenir lieu du jeu amoureux comme dans L’Effet aquatique de la regrettée Solveig Anspach (2016). Ici, le bassin municipal est un terrain d’approche pour Samir (Samir Guesmi). Il prétend ne pas savoir nager pour bénéficier des cours d’une maître-nageuse (Florence Loiret-Caille) dont il est tombé fou amoureux. Le désir peut aussi surgir dans le secret des vestiaires, comme dans Naissance des Pieuvres (2007). Céline Sciamma explore l’éveil adolescent de trois jeunes filles, dont l’une interprétée par la toute jeune Adèle Haenel. Enfin, amusons-nous avec The Party de Blake Edwards (1968). Dans cette comédie burlesque culte, Peter Sellers déclenche le chaos lors d’une garden-party hollywoodienne grandiose se terminant dans un fatras psychédélique de bulles et de mousse autour d’une piscine. À vos maillots !

César
Chabrol
Ligne 1 : Camille Brasselet

ans 7X7 couvertures

TOUTES LES COUV'...

sont en intégralité sur nos réseaux sociaux.

éloge de la chute

LE CLOWN ACROBATE RÉMI LUCHEZ TRAVAILLE LE LÂCHER PRISE ET LE TOURBILLON DES ÉMOTIONS. DANS CLOCHE, AUX CÔTÉS D’UN TRIO DE MUSICIENS, « CELUI QUI SE MET SUR LA POINTE » CRÉE LE VERTIGE AVEC DÉLICE. ABSURDE, ÉMOUVANT : VIVANT !

QU’EST-CE QUI VOUS DONNE LE VERTIGE ?

J’AI L’IMPRESSION DE TOUJOURS TENTER LE VERTIGE. COMME TRANSFORMER L’INCONFORT EN JEU.

VOTRE PREMIÈRE FOIS

QUE METTRIEZ-VOUS SOUS CLOCHE ?

ON PEUT METTRE SOUS CLOCHE POUR EMPRISONNER OU POUR PRÉSERVER. CE QUI ME PLAIT : LE MOMENT OÙ ON LÈVE LA CLOCHE…

SUR LE FIL SOUPLE ?

LORS DE MA FORMATION AU CNAC. PAR DÉFI. C’EST COMME MARCHER SUR UN SOL MOU…

SI VOUS ÉTIEZ UN MOMENT DE LA JOURNÉE ?

LE MATIN. C’EST BEAU, LE DÉBUT.

L’ARTISTE QUI VOUS INSPIRE ?

JOHANN LE GUILLERM, JEAN-PAUL LEFEUVRE, DES SCULPTEURS AUSSI. J’AIME L’IDÉE D’ENLEVER DE LA MATIÈRE POUR EN CRÉER.

COMMENT GARDEZ-VOUS L’ÉQUILIBRE DANS LA VIE ?

JE N’AI PAS DE RECETTE ! JE CROIS QUE JE NE SUIS

PAS TRÈS STRUCTURÉ ! (RIRES)

L’INSTABLE, LE FRAGILE, C’EST…

… UNE MISE AU PRÉSENT. IL Y A UNE JUSTESSE DANS CE QUI JAILLIT DE NOUS À CE MOMENT-LÀ. J’AIME ME LAISSER TRAVERSER PAR MES ÉMOTIONS.

SI VOUS ÉTIEZ UN GESTE ? UN SAUT.

ÊTES-VOUS VRAIMENT PERCHÉ ?

NON ! MÊME SI JE N’AI PAS TOUS LES CODES…

CLOCHE 12 > 13 JUIN

Théâtre de la Renaissance Oullins Pierre

Bénite theatrelarenaissance.com

LES VACANCES APPROCHENT, SYNONYMES DE FERMETURE ESTIVALE POUR LES SALLES. AINSI S’ACHÈVE UNE SAISON DURANT LAQUELLE ON A DÉCOUVERT TOUS CES JEUNES ARTISTES ET COMPAGNIES AVEC LESQUELS ON A COMMENCÉ DES DIALOGUES IMPROVISÉS. ILS NOUS MANQUENT DÉJÀ… MAIS QUE FONTILS DE LEUR ÉTÉ ? ET SI L’ON SILLONNAIT LES FESTIVALS POUR LES RETROUVER ?

Le théâtre à l’heure d’été

PAR

tRINA MOUNIER

OLES RENCONTRES DE THEIZÉ

13 > 15 JUIN theatrepierresdorees

SOIRÉES D’ÉTÉ

03 > 07 JUIL. Château Théâtre de Machy lapremiereseconde.fr

OFF D’AVIGNON

05 > 26 JUIL. festivaloffavignon.com

n est parti à leur recherche en commençant par Avignon. Symbole historique du théâtre, l’emblématique festival court sur trois semaines en juillet et se double d’un petit frère, le OFF, dont le budget frise celui du IN, alors que l’éventail de propositions est incroyablement plus large (près de 1800 spectacles) et diversifié. On a épluché le vaste programme pour dénicher, d’abord, les compagnies dont on a l’habitude, celles du coin, Lyon et sa région. Puis, on s’est penché sur certains spectacles loupés et d’autres qu’on a simplement envie de revoir. On a trouvé quelques pépites… Sessions de rattrapage donc pour la Nageuse de l’extrême (Portrait d’une jeune femme givrée) mise en scène avec brio par Elise Vigier, un récit haletant à deux voix pour une prouesse incroyable ; pour la pièce malicieuse de Jeanne Garraud et Nos prochaines vacances ensemble ou pour Barbara, de théâtre en théâtre, l’opportunité de suivre la vie tourmentée de la chanteuse inoubliable et d’entendre ses textes par la voix magnifique de Raphaèle Huou. Avec L’abolition des privilèges, on plonge dans la nuit du 4 août 1789 lorsque les privilèges datant de l’Ancien Régime

furent balayés : Hugues Duchêne construit un spectacle d’une grande virtuosité donnant à Maxime Pambet l’occasion d’une performance inouïe. Il y a aussi Dans la forêt (lointaine) de Clément Marchand, un road-trip joyeux en Amazonie qui sera créé au Théâtre Comédie Odéon avant de prendre ses marques à Avignon. Ou Vincent Garanger : l’immense comédien prête son corps, sa voix et ses tripes à Article 353 du Code pénal, époustouflant ! Mais d’autres artistes sont à découvrir, telle Agathe Charnet qui signe, avec Nous étions la forêt, une pièce très maîtrisée entre documentaire écologiste et comédie musicale. Et surtout, on retient Cabaret Love, la création itinérante, en avant-première, du metteur en scène et marionnettiste Johanny Bert, avant une tournée qui le mènera évidemment à Clermont-Ferrand ! Cependant, plusieurs compagnies ne vont pas (ou plus) à Avignon. La raison est avant tout financière car l’immobilier a explosé et nombreux sont ceux qui renoncent ou préfèrent d’autres festivals moins prestigieux, mais où il est plus facile de se loger ou de louer un espace pour jouer. On pourra ainsi voir à Aurillac Martine au viol de la compagnie Le Rire d’Ariane avant sa programmation aux Clochards Célestes. André Sanfratello et Erwann Vinesse, quant à eux, partageront les planches de la

Maison-Théâtre de Machy, à Chasselay, pour jouer La Tempête. Un peu plus loin dans le Beaujolais, Damien Gouy programme, dans le cadre des Rencontres de Theizé, plusieurs compagnies de la région, dont Olivier Borle et ses petites comédies toutterrain, La Demande en mariage/L’Ours d’après Tchekhov, en diptyque ou pas – la pièce va tourner en Rhône-Alpes tout l’été. Enfin, beaucoup sont en répétitions et il faut souligner l’engagement, même pendant les vacances, des théâtres qui les accueillent. Ainsi, le Beaumarchais mis en scène par Lucile Lacaze, la création de rentrée des Célestins, fera ses dernières répétitions in real life sur la scène du théâtre lyonnais. L’Elysée propose, à trois compagnies, trois semaines non-stop d’utilisation du théâtre pour peaufiner leurs créations à venir. Parmi les heureux locataires, citons Florian Remblier, sélectionné pour le Prix Incandescences 2025 avec L’Être suprême, un spectacle sur deux grandes figures de la Révolution, Sade et Robespierre. Mais aussi la revenante

Marie Depoorter – elle avait impressionné avec son premier spectacle Grand Battement – qui prépare Spectaclespectacle, et encore Gabriela Alarcon Fuentes qui travaille sur un seule en scène pour le festival Seultou. Il y aura bien du théâtre cet été, préparez vos agendas !

Panorama du monde

PAR tRINA MOUNIER

FESTIVAL D’AVIGNON 05 > 26 JUIL. festival avignon.com

Le festival d’Avignon est un moment fort pour nos curiosités. On y rencontre les grands que sont Tiago Rodrigues, Milo Rau, Éric Ruf, Thomas Ostermeier ou Christoph Marthaler, et qui font le plein des salles sur leur seul nom. Le directeur du festival nous invite à imaginer dans La Distance un dialogue entre un père resté sur terre et sa fille partie sur Mars. Éric Ruf relève le défi, quarante ans après Antoine Vitez, de monter Le Soulier de satin, la pièce-fleuve de Claudel. On attend toujours avec impatience le trublion Milo Rau qui, dans LA LETTRE, interroge avec tendresse et humour ce qui fait déraper le cours de nos vies. Christoph Marthaler nous emmène vers Le Sommet pour une peinture au vitriol mais très drôle des grands de ce monde, et Thomas Ostermeier montre que le recours à une vérité intangible peut être destructrice dans Le Canard sauvage d’Ibsen.

On suivra Gwenaël Morin dans ce qu’il sait le mieux faire : lire les tragiques grecs, ici Eschyle et Les Perses avec des non-professionnels. Aujourd’hui apporte son lot de fracas du monde : Émilie Rousset avec Affaires Familiales, Dida Nibagwire et Frédéric Fisbach dans une version de Petit Pays et Tamara Al Saadi avec Taire interrogent la vie des enfants au destin broyé. Quant au chorégraphe Ali Chahrour, il alerte dans When I Saw the Sea sur le sort terrible des femmes migrantes dans le Liban d’aujourd’hui. Last but not least, n’oublions pas l’opéra de Samuel Achache, Les Incrédules, qui parle de miracles, et la possibilité de revoir Item et Par autan, deux spectacles de l’artiste inclassable François Tanguy, récemment disparu…

l'obsession du rythme

Depuis plus de vingt-cinq ans, Israel Galván trace une voie à part dans le flamenco. Le danseur et chorégraphe travaille la matière flamenca comme nul autre, la désarticulant et la déconstruisant, la fragmentant, la dépouillant, pour n’en garder que l’essence brute et lui insuffler des éléments empruntés à la danse contemporaine, au théâtre ou aux arts visuels. Sa danse, faite de ruptures et de paroxysmes, de minimalisme, de suspens(ion), est époustouflante, par sa puissance, sa précision diabolique, sa virtuosité. Temps, contretemps, silence. Le silence, maître-mot chez Galván. Aujourd’hui encore plus qu’hier. Il danse (dans) le silence, juste le souffle du danseur, le glissement des pieds, le claquement sec d’un talon ou la cavalcade tonitruante d’un zapateado. Expérimentant l’idée d’un corps instrument qui peut être son. Déroutant. Encore plus s’il s’amuse à amplifier son zapateado avec des capteurs ou le tente sur des surfaces molles… Toujours cette quête de se renouveler, de surprendre voire de déstabiliser le spectateur. Le Sévillan a aussi multiplié les rencontres artistiques (Akram Khan, Marlene Monteiro Freitas), occasion de « dialoguer » avec d’autres univers et de nourrir, on se doute, sa recherche formelle. Recherche autour d’un corps qui serait polyphonique tout en restant ancré dans ce flamenco qu’il a dans le sang, dans l’âme… Après Stravinsky l’été dernier, il s’attaque à Bizet. Une version condensée (une heure trente) presque réinventée, avec une Carmen plus torturée et complexe. Avec chœur et orchestre, trois interprètes lyriques, une guitariste flamenca : on se doute que ce Carmen-là sera un objet radical, sans doute transgressif (Galván incarnant lui-même Carmen). À Montpellier Danse, Sketches of Pain de Miles Davis en

CARMEN

26 JUIN

Les Nuits de Fourvière

GALVÁN & LEONHART

29 > 30 JUIN

Montpellier Danse

ISRAEL & MOHAMED

10 > 23 JUIL. Festival d’Avignon

CARMEN

fil rouge, il s’acoquine au trompettiste Michael Leonhart. Au menu : confronter (et fusionner ?) les rythmes et gestes flamencos avec les structures mélodiques du jazz de Davis. Et l’improvisation comme partenaire de jeu ! Enfin, à Avignon, il s’offre un mano a mano avec l’homme de théâtre Mohamed El Khatib. Le projet ? « Créer une danse documentaire qui mêle l’intime et le politique à l’ombre des figures paternelles. À partir d’un langage fondé sur le corps, ses blessures et ses cicatrices. » Un sacré été pour cet artiste iconoclaste, qui n’est jamais là où on l’attend…

Vive la création

Alors que le festival Montpellier Danse a successivement gagné une nouvelle équipe artistique de choc et perdu son co-fondateur et plus grand défenseur, Jean-Paul Montanari, cette 45e édition propose comme à son habitude un florilège de valeurs sûres, de fidélités et de nouvelles têtes. Et surtout quelques créations qui pourraient s’avérer fort marquantes. À l’instar de celle du Stéphanois Pierre Pontvianne : délicate et structurée, la danse de ce chorégraphe, également musicien (c’est souvent lui qui réalise les bandes-son), se développe loin des sentiers battus, en fidélité, avec le corps pour horizon. Il s’entoure de cinq interprètes pour s’interroger sur La Liesse et son contraire, l’absence, le vide. Dans un autre registre, Nadia Beugré retourne à ses racines ivoiriennes, intimes et mythiques, pour créer un trio qui convoque la figure de sa grand-mère, femme puissante qui lui a légué son nom, et son village natal disparu. Épique ! (pour Yikakou) n’est pas une saga mais plutôt une plongée dans les racines, entre mémoire collective et souvenirs personnels. Sa démarche n’est pas si éloignée de celle de Amit Noy, jeune chorégraphe (et critique) installé à Marseille, et son solo Good Luck. « Dansé au bord du désastre » selon ses propres termes, il tente de tisser des liens entre violence sioniste et traumatismes du peuple juif. On mentionnera aussi Les Oiseaux de la danseuse et chorégraphe grecque basée à Paris, Lenio Kaklea – passée par Les SUBS en avril 24 –, ainsi que le travail autour du solo de l’Iranien Armin Hokmi, révélé lors du dernier Montpellier Danse et devenu artiste associé.

MONTPELLIER DANSE 21 JUIN > 05 JUIL. montpellierdanse.com

Barok’n’roll

Alain Platel reprend Coup fatal au Printemps des comédiens. Recréé en décembre dernier à la Comédie de Genève, ce splendide opus (vu à Lyon en 2015) mêle allègrement rythmes congolais et musique baroque. Née de la rencontre entre le chorégraphe, le compositeur Fabrizio Cassol, le contre-ténor Serge Kakudji et le guitariste Rodriguez Vangama, la pièce faisait le pari de marier Gluck, Bach et Haendel avec la rumba congolaise. Dix ans plus tard, Alain Platel y a joint de nouvelles propositions. Cela ne change sans doute rien à l’énergie communicative et au talent des douze musiciens-danseurschanteurs sur scène (quatre sont des nouveaux). On retrouvera aussi cette générosité qui caractérise le travail de Platel et Cassol, elle avait emporté tous ceux ayant vu Coup fatal à sa création. GV-P

30 MAI > 01 JUIN

Printemps des Comédiens Montpellier (34) printempsdes comediens.com

Felix
Vazquez

Notes

bleues

Envie d’une musique jouée entre ciel et terre ? D'une émotion si forte qu'elle transcende l'instant ?

Direction le CosmoJazz Festival à Chamonix avec ses concerts en altitude. Mais il faut les mériter avec une rando d’approche ! Alors la beauté du paysage, l’acoustique naturel, la minéralité des sons, tout concourt à rendre l’instant unique. L’affiche 2025 (encore incomplète) fait plutôt envie. Vite fait, l’invitation au voyage entre Orient et Occident de la violoncelliste classique Nesrine, les voix polyphoniques corses de Missaghju face au majestueux mont Blanc ou le chant a cappella de Ëda Diaz ont tout pour élever les âmes. Du beau monde encore, en soirée, entre fanfare hip-hop (Gallowstreet), folk fusion (Mitsune), ou rock psyché à la sauce anatolienne (Altin Gün). À vivre. AH

COSMOJAZZ FESTIVAL

22 > 27 JUIL. cosmojazz.com

L’autre souffle du jazz

LA PROGRAMMATION DE JAZZ À VIENNE FOURMILLE

D’ARTISTES RAP, SOUL, ÉLECTRO… ENVIE DE FUSION ?

VOICI QUELQUES PISTES, À DÉFAUT D’ÊTRE EXHAUSTIF.

Ils sont le second souffle du jazz : la soul, le hip-hop, l’afropop, le funk… et bien d’autres ! Et Jazz à Vienne tape toujours dans le mille avec sa programmation ouverte à tous les vents. Cette année encore, on a le choix pour satisfaire ses envies de chemins de traverse. On commence avec GoldLink et Rejjie Snow, deux (jeunes) cracks du hip-hop. Le premier, en mode US avec flow nerveux, signe un son East Coast virtuose, alors que le second, né à Dublin, virevolte entre un groove soul-rock mordant et l’électro voire la house. Soirée pied au plancher assurée ! L’un des grands moments de cette édition ? La venue de Kamasi Washington : ce grand saxophoniste a collaboré avec des pointures du rap américaines (Kendrick Lamar, Thundercat…) et est présenté comme l’un des chefs de file du renouveau du jazz dit “spirituel”. On continue avec Michael Kiwanuka : le Britannique revient sur la scène du théâtre antique avec Small Changes, bijou de pop soul porté par des mélodies magiques qui s’abandonnent jusqu’au trip-hop. Une voix encore avec Lusaint, originaire de Manchester, dont on dit qu’elle marche dans les pas de Amy Winehouse et Adèle. Rien que ça ! D’autres grandes chanteuses sont à découvrir, comme la Canadienne Dominique Fils-Aimé qui porte avec un charisme fou sa soul moderne aux carrefours de la pop, du gospel et du jazz, ou encore la Londonienne Nectar Woode et sa new soul solaire. Envie de danser ? Soyez stylé avec Nabeull et son funk assumé du synthé à la gomina. Même soir, en ouverture, Galliano fait son grand retour. Le groupe mené par Robert Gallagher avait ouvert la voie de l’acid jazz dans les années 1990 et compte bien reprendre la main en live. Enfin, les plus curieux pourront jeter une oreille vers Kuna Maze, combo fougueux entre jazz et clubbing. Que du bon, non ?

GALLIANO
JAZZ À VIENNE
26 JUIN > 11 JUIL. jazzavienne.com

LA RUE DES ARTISTES

À LA COOL

« Ici pas de marée humaine, mais plutôt un chouette week-end ! », telle est la devise de La Rue des artistes. Depuis vingt-huit ans, ce festival agite Saint-Chamond dans un esprit de sincère convivialité et de proximité. Côté concerts, l’affiche fait la part belle au reggae et au rap. Outre les parrains Alborosie et Oxmo Puccino, on tripe sur deux artistes échappés de leurs collectifs respectifs : les rappeurs old school Alee & Mourad Musset (de La Rue Ketanou), et Siska, chanteuse du Watcha Clan, qui revient en solo au reggae de ses débuts.

Le spectacle est aussi dans la rue : avec le touchant Les Baudrières, trois acrobates liées par des cordes de coton ; ou encore Le Périple du Scarabée qui, entre cirque et jeu, brise le tabou du handicap invisible. On y va ! EB

13 > 15 JUIN Saint Chamond (42) laruedesartistes.fr

Festimatons

FESTIVAL DE MARSEILLE

POUR TOUS

Pour sa 30e édition, le festival de Marseille poursuit son travail de recherche sur le corps propose quelques grandes formes pour célébrer l’ambition d’un festival à la longévité inespérée. programme, 36 propositions, spectacles, conférences, ateliers, petits et grands formats, payant ou gratuit, qui fusent dans de multiples directions. Ça vaut le coup de feuilleter attentivement le programme. Ainsi, Peeping Tom revient à Marseille, et c’est Rafaela Carrasco qui s’y colle avec Chroniques, une pièce toute neuve présentée juste avant à Nice. Il y a aussi notre chouchou, le Grec Christos Papadopoulos. une kyrielle de noms inconnus qui titillent la curiosité, comme Candela Capitán, figure montante de la scène catalane, Nermin Habib, une jeune chorégraphe égyptienne, ou l’étonnante performeuse Kat Válastur. Entre autres ! GV-P

Siska
Malaka
Léo Ferrera
Alborosie & Shengen

CHALON DANS LA RUE AVEC FERVEUR

Une ville qui s’élève, portée par la poésie des arts : l’affiche de Chalon dans la rue

est une invitation à un beau voyage. Et le choix est large ! 139 compagnies et 704 représentations, dont 10 créations 2025 dans le IN et 19 dans le OFF, composent la 38e édition. Côté IN, Après le lac (Entre chien et loup) donne très envie : une rando-spectacle en forêt pour une vraie expérience de la fiction. Mizu (Furinkaï & Théâtre de L’Entrouvert) intrigue avec son pas de trois sur l’eau autour de la suspension et l’éphémère. Les fans auront droit à une double dose de Joan Català, maître du théâtre gestuel, avec IDIÓFONA et Pelat (de retour dix ans après). Pour se faire du bien, on dit oui à la drôlerie queer de Marc Prépus (MAN.E.S) et pour gagner en ferveur, on suit le « projet de prière » de la compagnie Pernette (Wakan), inspiré des danses sacrées du monde. EB

17 > 20 JUIL.

Chalon sur Saône (71) chalondanslarue.com

MUSIQUES EN STOCK GOOD SPIRIT

Gratuit, convivial et à taille humaine ! En voilà de bonnes raisons d’aller mettre les pieds à Musiques en Stock, le festival lancé par Christian Lacroix, il y a vingt-cinq ans. Quelque 300 groupes ont joué sur la scène de ce petit festival engagé qui ose sortir des sentiers battus. Tricky, The Bellrays, Heavy Trash, Saul Williams, Ez3kiel, on s’en souvient encore. À l’affiche en 2025, les énergiques Franz Ferdinand qui font toujours bien le job pour raviver la flamme, le rappeur Gringe (pour les djeuns), mais aussi les « machinistes de l’électro » ATOEM, l’esprit riot grrrl de Ménades emmené par leur chanteuse magnétique, et, bien sûr, les tatoués de Hastings, Kid Kapichi, qui font dans la protest song furibarde avec sons ultra bruts et poings levés. En dessert ? Dirty Harry pour enfiler les perles de fin de soirée ! AH

LECTURES SOUS L’ARBRE RIMES AU VERT

Lectures sous l’arbre existe depuis trente-trois ans, toujours dans les marges. Normal pour un festival de poésie ! Quel plaisir d’aller vagabonder dans ce coin de la Haute-Loire (avec un pied en Ardèche), connu pour son esprit de résistance et d’entraide, et d’écouter de la poésie contemporaine ! Cette 34e édition marque pourtant un tournant dans la vie du festival, puisqu’il déménage quelques kilomètres plus loin. La maison d’édition Cheyne, qui a porté le projet pendant des années, s’est désengagée progressivement, pour se recentrer sur l’édition. Mais les Lectures gardent leur cap en proposant des formats très divers, notamment des balades poétiques, des lectures au grand air, des concerts... Avec un hommage à Albert Camus, un « libre cours » à l’écrivaine Marie-Hélène Lafon et un focus sur les Éditions Zoé. GV-P

17 > 23 AOÛT

Le Mazet Saint Voy plateau Vivarais(07Lignon + 43) lectures sous‑larbre.com

EXPOSITION 04 > 27 JUIN

SLOGANS

D’AMOUR

Des canettes recyclées avec des mots doux accrochés sur les murs dans les rues ? Peace And Love. Love is the drug. Je suis fou de toi. Ça vous parle ? Le duo (et couple) barcelonais Me Lata – un jeu de mots entre la canette (lata) et les battements du cœur (verbe later) –est de retour dans la capitale des Gaules pour une expo solo chez Em’Arts. 50 œuvres de tous formats sont à découvrir (et à acheter) rue de la Poulaillerie. Pour les amateurs d’art urbain. AH

Galerie Em’Arts Lyon 2 (Cordeliers) galerie emarts.com

dans

ou à quelques il s’en passe Zapping clairement de rendez-vous (très)

un ete a Lyon

PAR EMMANUELLE BABE, ÉMILAND GRIÈS, ANNE HUGUEt tRINA MOUNIER, GALLIA VALEttE-PILENKO

FESTIVAL 06 > 07.06

SOUS LES ARCHES

Lancé par la ville de Chaponost, L’Aqueduc festival propose de mêler groove et gastronomie. Et tout ça sur le site majestueux du Plat de l’Air, la plus longue enfilade d’arches d’aqueduc (70) visible en France – rénové récemment grâce au Loto du Patrimoine. Six formations composent l’affiche de cette première édition, dont la très redoutable machine à danser du Brooklyn Funk Essentials (6/6) ou encore l’ambianceur multi-instrumentiste Julien Granel (7/6). Mais aussi des ateliers, des dédicaces et des show-cooking de chefs avec Grégory Cuilleron himself… GV-P

Route des Pins Chaponost aqueduc festival.fr

les environs quelques encablures, passe des choses ! clairement subjectif rendez-vous qui font (très) envie.

RENCONTRES, DESSIN 06 > 09.06

USK, KEZAKO ?

Ils étaient près de 1 500 à Nantes en 2024. La 12e rencontre des Urban Sketchers France (ou « croqueurs urbains ») se déroule à Lyon. Alors, à vos carnets, crayons et pinceaux pour arpenter et croquer sur le vif ruelles et autres recoins du Vieux-Lyon, de la Croix-Rousse et de la Presqu’île (inscription préalable sur le site). Mise en commun avec le fameux chemin de table à la fin de chaque journée et pique-nique festif en point d’orgue. EG usklyon2025.com

BIENNALE, FESTIVAL 07.06 > 14.07

À CIEL OUVERT

La Biennale ArtFareins de sculpture contemporaine monte en puissance. Pour sa 6e édition, elle présente 33 artistes. Se déployant essentiellement dans le parc du château Bouchet (mais pas que), elle donne à voir la diversité de la sculpture contemporaine. Des artistes connus et moins, des régionaux et des nationaux se partagent l’espace, avec, cette année, des œuvres de la Tchèque Marta Pan, connue pour ses réalisations monumentales. GV-P

Fareins, Trévoux, Reyrieux (01) Villefranche sur Saône artfareins.com

SANS TITRE, ALBERT FÉRAUD

12 > 20.06 | 20H30

FIESTA FREAK

Plumes, paillettes et autres accoutrements burlesques sont les costumes préférés des sept artistes du Cirque Queer ! Un cirque pas comme les autres qui s’inscrit néanmoins dans la tradition des freak shows et emmène le public dans les airs et dans l’esprit. Imaginez une dockeuse passeuse de popcorn, un drag clown déloyal, un lanceur de couteaux qui marche sur des tessons (de bouteille), et autres personnages improbables. Vous aurez une (petite) idée de ce qui vous attend pour ce Premier artifice ! GV-P

Sous chapiteau

Place de la Croix Rousse Lyon 4 croix rousse.com utopistes ciac.fr

> 2O JUIL.

VOYAGE EN ARCADIA

Les SUBS arborent leur nouveau décor en bois. Une installation monumentale destinée à rester trois ans a pris place sur son esplanade (et même au-dessus du bâtiment de l’accueil). Conçue par Khaled Alwarea et le collectif UV Lab – venus en 2022 avec le Kraken –, Arcadia reprend les mêmes matériaux dans un esprit similaire. La structure en bois et métal ressemble à un escalier géant muni de petites terrasses abritées. Modulable en fonction des besoins (et des travaux, dès l’automne), elle change la physionomie des lieux, amenant de nouvelles perspectives. Une raison de plus de musarder sur l’immense terrasse à l’heure de l’apéro, tout en profitant de la prog’ estivale. GV-P

ÉMERGENCE TOUTE

UtoPistes, ça continue. Le festival lyonnais fait la part belle à la jeune création et aux artistes de demain, tout frais émoulus du CNAC et autres. On file au parc de Parilly pour Brûler d’envies (20 et 21) de la 36e promotion du CNAC, sur une mise en scène de David Gauchard et Martin Palisse. La pièce virtuose à six (roue Cyr, corde lisse, équilibre sur cannes…) cherche à mêler le mot aux gestes tout en explorant toujours la notion de rupture et de chute. Sans oublier la 37e promotion qui montre déjà les crocs avec ses audacieuses Échappées (14 et 15). Enfin, on est curieux de l’évolution du duo Seb & Blanca qui planche sur sa prochaine pièce, Nos Monstres (13 et 14). AH

UtoPistes

Lyon & Vénissieux utopistes ciac.fr

ARCADIA, LES SUBS

VILLES EN BULLES

En partenariat avec Lyon BD Festival, le musée urbain Tony Garnier présente une rétrospective de l’œuvre de Jean-Paul Eid. Le bédéiste québécois n’est pas complètement inconnu dans le quartier : il est l’auteur de la fresque qui couvre depuis 2008 le pignon du lycée Lumière de l’autre côté de la rue. L’expo Croquer la ville permet d’apprécier la foisonnante inventivité graphique de l’auteur, mais également sa capacité à mettre en scène la ville moderne sous toutes les coutures, en maître avéré des plongées et contre-plongées vertigineuses. Sa dernière BD Le petit astronaute, qu’on dit autobiographique, semble marquer un virage plus psychologique et intime. À noter la rencontre avec l’artiste le 13 juin à 11h30 au musée ! EG

Musée urbain Tony Garnier Lyon 8 cm‑tonygarnier.org

> 22.07

EN FANFARE !

Le mardi tout est permis à Saint-Genis avec la 5e édition des Météores. Les neuf joyeux drilles à vélo de La Bande à Tyrex, à la fois acrobates fous et musiciens inspirés (ukulélé, batterie, saxo…), ouvrent les hostilités, invitant à un ballet cycliste virevoltant sauce rock’n’roll. Ça va pédaler sans fin, accélérer, déraper, surtout s’enchevêtrer en une infinité de formes et d’équilibres. On demande aussi à voir le duo brinquebalant du Cirque Immersif et sa perche acrobatique : 45 minutes en déséquilibre permanent pour voir le monde autrement. Effet waouh assuré ! Gratuit et plein air. AH

Saint Genis Laval la mouche.fr

24 > 28.06 | 20H

CHIENS, À LA BARRE !

Décidément le théâtre s’intéresse à la justice en ce moment. C’est le tour de Jean-Christophe Meurisse avec I will survive, son nouvel opus dans le cadre des Nuits de Fourvière. Lorsqu’il lance ses Chiens de Navarre, la curée n’est pas loin, même si l’humour (noir) domine. L’artiste s’inspire de deux procès réels sans être documentaire pour autant : celui d’une femme qui a tué son bourreau de mari et celui d’un humoriste à qui l’on reproche une mauvaise blague. Les amateurs de la compagnie retrouveront sa patte, qui fait la part belle à l’improvisation, à l’insolence et au travail de l’acteur. TM

TNP

Villeurbanne nuitsdefourviere.com

LA BANDE À TYREX

30.06 | 21H

BEAU COMME BETH

Beth Gibbons, c’est la voix inimitable de Portishead, celle qui avait tant ébloui dans Dummy. Ou lors de concerts mémorables, à Fourvière déjà (2014), Vienne (2012) ou ailleurs. L’Anglaise a sorti l’an dernier Lives Outgrown, album solo aussi improbable qu’inspiré, avec James Ford et Lee Harris à la production. Ses apparitions étant plutôt rares, on vous conseille vivement le rendez-vous dans l’écrin magique du théâtre antique. Même si elle devrait jouer essentiellement des morceaux de cet opus, elle reprendra sans doute quelques chansons collector du groupe de trip hop bristolien. GV-P

Nuits de Fourvière nuitsdefourviere.com

10.07 | 21H30 À L’ANCIENNE

The Libertines seront dans la place aux Nuits de Fourvière. Buzz, évidemment. Même si on ne sait jamais vraiment ce qu’on va voir avec les deux fortes têtes surdouées que sont Doherty et Barât. Plus apaisés avec l’âge, on imagine ! De Time for Heroes à Run Run Run en passant par Gunga Din, What Katie Die ou le jubilatoire Can’t Stand Me Now, on ne demande qu’à retrouver ce rock bordélique jouissif qui a fait la marque des trublions de Sa Majesté ! AH

TÊTES BIEN FAITES

Une coiffe reproduisant le Baiser de Klimt, un chapeau de paille conçu avec des feuilles de thé japonais, un béret couvert de 350 pastilles multicolores… la créativité n’a pas de limites pour les modistes ! 126 d’entre eux, français et étrangers, ont pris part au concours sur le thème « L’art et la manière » des 15es Rencontres internationales des Arts du chapeau de Chazelles-sur-Lyon. Le jury, présidé par le grand Stephen Jones, modiste de la maison Dior, a décerné 10 prix : ils sont à admirer – c’est le mot ! – tout l’été. EB

Atelier Musée du Chapeau Chazelles sur Lyon (42) ateliermuseeduchapeau.com

Nuits de Fourvière nuitsdefourviere.com EXPOSITION

COMME UNE TRACE

Ce qui reste est la nouvelle exposition du Musée Paul Dini. Sous ce titre se cachent des références à l’héritage et à la transmission. Fruit de la collaboration entre le musée et le festival Campagne Première (porté par Fanny Robin), elle réunit neuf artistes, dont quatre étaient invités au festival l’an dernier (Nicolas Momein, Nicolas Boulard…) et cinq autres s’inscrivant parfaitement dans la thématique. Et c’est une belle surprise, comme un voyage à travers les savoir-faire, les pratiques et les univers. De l’installation protéiforme de Sylvie Sauvageon, collectionneuse compulsive, aux photos grand format de Yveline Loiseur en passant par les petites phrases de Géraldine Kosiak qui font office de cartels, on chemine entre abstraction et naturalisme, poésie et réflexion. Vivement recommandé ! GV-P

Musée Paul Dini Villefranche sur Saône musee paul dini.com

BETH GIBBONS

FESTIVAL 12 > 14.07

À BON PORT

Elles ont accueilli Miossec ou Natacha Atlas : les Fêtes Escales de Vénissieux ont 27 ans ! Ça continue au parc Dupic, avec deux soirées, deux ambiances : urbaine et world. Rendez-vous avec Carbonne, jeune rappeur propulsé en haut de l’affiche en 2024 avec le solaire Imagine, et Féfé (ex-Saïan Supa Crew), dont le très soul album Hélicoptère promet de chouettes moments de scène. Le lendemain, la Brésilienne Flavia Coehlo ou encore les fidèles Algériens de Gnawa Diffusion invitent à l’évasion. Les artistes lyonnais seront de la partie, confirmés comme Commandant Coustou, ou plus verts comme les rappeurs de Daymen. EB

Parc Dupic

Vénissieux

culture.venissieux.fr/festival fetes escales

EXPOSITION

> 30.09

BRUITS DE PALIER

L’expo Villeurbanne à tous les étages est toujours ouverte au Rize : occasion de découvrir l’histoire du logement social qui a façonné l’identité de la ville au XXe siècle. Les emblématiques Gratte-Ciel soufflent d’ailleurs cette année leurs 90 bougies ! Mais l’expo se tourne également vers demain avec les notions émergentes de co-conception, d’habitat participatif et les nouvelles façons plus solidaires et écologiques d’habiter ensemble en ville. De quoi se réjouir face à toutes ces alternatives optimistes ! EG

Le Rize

Villeurbanne

lerize.villeurbanne.fr

NUITS AU PARC

Le parc de Gerland est le nouveau spot de Woodstower 2025, exit les plages de Miribel-Jonage et la fin de l’été. Ce qui ne change pas, c’est l’affiche toujours très rap et électro, voire euro-dance pour les nostalgiques (Panteros666). Parmi la quarantaine d’artistes, on coche l’électro-orientale d’Acid Arab, le hip hop funky de Chinese Man ou encore les cosmiques Polo & Pan. Pour les sensations fortes, deux bombes biberonnées au shatta martiniquais, Maureen, et au perreo argentin, Six Sex. Hot ! EB

Parc de Gerland Lyon 7 woodstower.com

EXPOSITION > 31.10

100% FREE

Courez à la bibliothèque de la Part-Dieu découvrir Entre rave et réalité [Les musiques électroniques à Lyon dans les années 90] L’exposition raconte comment la capitale des Gaules fut un laboratoire de la répression, avec un préfet zélé, qui, avant même la circulaire ministérielle alertant sur la dangerosité de ces manifestations festives, les réprimait (mises sur écoute des organisateurs, convocations…). En cinq parties, l’expo fait (re)vivre les premières raves, le développement des clubs et des DJs (dont certains devenus célèbres), des labels, des disquaires, des fanzines et des radios, dans une ambiance techno et fluo. Mur de flyers, vieille cabine téléphonique (témoignages de ravers de l’époque), photos et fringues composent un espace ad hoc pour retrouver l’ambiance et apprendre plein de choses ! GV-P

Bibliothèque municipale de la Part Dieu Lyon 3 bm lyon.fr

22.07 | 21H

ROCK ATTITUDE

Le cadre magique de Fourvière et la classe incandescente des rockeurs de The Kills ? Voilà le décor idéal pour un show enfiévré entre revival rock et blues crasseux, avec ce supplément d’âme qui fait tout. On fait confiance à Alison Mosshart (et son chant sauvage) et à Jamie Hince (et ses riffs poisseux) pour nous retourner le cerveau avec un son brut et des chansons envoûtantes. Vingt-cinq ans plus tard, le duo est encore suffisamment tranchant pour envoyer live un son à l’os – il suffit de réécouter Keep On Your Mean Side –, avec la présence hypnotique d’Alison en sus. Pour bien lancer la soirée ? Warhaus et sa voix de crooner. AH

Nuits de Fourvière nuitsdefourviere.com

LABEL AOC !

Pour clore l’été en beauté, direction la Côte-Rôtie pour deux jours de festivités joyeuses et gouleyantes. Rock en Terres fête ses trois ans, le rock, les vinyles, le bon vin (Condrieu, Côte-Rôtie ou Saint-Jo, on adore) et le vent (au menu, des installations de land art). En 2025, on a droit à KaS Product avec la voix envoûtante de Mona Soyoc et les morceaux carrément rock du dernier-né Reloaded. Ou à Nina Attal et son Electric Ladyland qui, Stratocaster en avant, revisitent le dieu Hendrix. On coche aussi le rock garage de Dynamite Shakers et nos Lyonnais de Panic Beach. La vue sur les vignes et le Pilat, en prime ! AH

Chemin de la Gravisse Tupin et Semons rockenterres.com

Yohanne
CHINESE MAN

LE StREEt MUSÉE DU MOIS

LA POIZKAI
PAR ENNA PAtOR, LENDASKIN
BARCLAY DU BON PASTEUR
DAME QUICOLLE

La burrata du padrino

Che caldo ! C’est l’été. Tu cuis dans ton appart et tu rêves d’exotisme. Les vacances sont loin. Mais tu penses mer, Italie, dolce vita , Mezzogiorno, la Pouille et sa belle burrata crémeuse. Bene ! L’Italie s’invite ce soir chez toi avec un antipasto de choix. Te voilà prêt(e) à tout.

Horizontalement

Prends ton oignon rouge que tu lacères et massacres (vas-y pianissimo) menumenu. Avec des lunettes de soleil sur le nez, ça t’évitera peut-être de pleurer. Fais subir le même sort à la spaniata, bien relevée avec le poivre et le piment fort mélangés à sa chair. T’en trouves pas ? Madre mia , un ventricina piccante ou un chorizo fera aussi l’affaire. Jette tout ça dans une poêle huilée pour 5 minutes à feu vif. Ç a sent trop bon, cette saucisse qui devient craquante ! T’en fais pas, t’en auras bientôt fini. Ç a dégage rapido du feu, faut refroidir le frichti, tandis que tu presses un peu les burratas, lisses et bien fraîches. Mmh ! Tu les as déjà en bouche. Pose le flingue, respire et prends la mandoline… pour débiter les tomates en fines tranches. Et l’oignon frais, anche lui , tu le cisailles senza vergogna . C’est le moment de conclure. On t’avait promis : un contrat vite réglé. Tu arranges tes tomates en rosace dans une belle assiette, puis tu défourailles la blanche burrata au centre avant de lui refaire le portrait avec la spaniata et les oignons frits. Pour bien finir le travail, la fleur de sel et le poivre, l’oignon neuf, quelques feuilles de basilic ou de romarin frais, puis tu arroses d’huile d’olive bien fruitée –"l'or des Pouilles", la top qualità . Quelques grissini et a tavola avec tes associés pour déguster.

2 belles burratas 2 belles tomates pas trop m û res 250 g de Spaniata (saucisse calabraise relevée) ou Ventricina piccante 1 gros oignon rouge (ou 2 petits) 1 oignon nouveau Huile d’olive, fleur de sel, poivre Basilic et romarin frais Pain grillé et/ou gressins

1. Il était très résistant et s’y connaissait en ponts. 2. Rendra libre. 3. Garde pour lui. En tête de liste. 4. Auteurs d’outrages irréversibles. Détale. 5. Modèle en dessous de la DS. Les gynécées des fleurs. 6. Crevée. Éculée. 7. En portefeuille, moindre mal pour le bizuth. Chaud manteau d’hiver. 8. Vastes. 9. Comme des renards. Eu l’occasion. 10. Se prend avec un bon exercice. Antilope des marais.

Verticalement

A. Elles ont été nombreuses aux JO. B. Modifiait un texte. C. Substances hallucinogènes. Volume qui réchauffe. D. Relié. Rab de tartine. Sans effets. E. Champs de glace polaires. F. Anatomique ou trigonométrique. Bienvenu dans le désert. G. Certaines capacités. H. Île de France. Situées. I. Recèle le célèbre pilier Bonatti. Centre de Valence. Le vieil Éridan. J. Aux parfums méditerranéens ? Douche d’antan.

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PAR PONIA & JACKSON

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