FOKUS Laetitia Roggeman questionne l’Homme dans son environnement
Art et politique au MAC, Josèfa Ntjam à l’IAC, Images de ville aux AML, Christian Lhopital à l’URDLA, Merveilleux Moyen Âge à Gadagne… .20
L'INHABITANTE
BÊTES DE SCÈNES
.14
FORME & FONCTION
Relooking grande classe
.16
Déambulations Musiques
Spécial Jeune création, Le cabaret à la fête, Stanislas Nordey, Molière & Lavaudant, Yan Raballand, Vincent Dupont, Mickaël Phelippeau, KA-IN, Philippe Decouflé...
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Portrait La "petite cuisine" de Amine Adjina
Lettres & Ratures .31 À la Moulinette Choper .30
Hors Champ Les nouvelles têtes de la CinéFabrique
Street Musée du Mois
Popote(s) & Jugeote
Gratuit • Toutes les 6 semaines
Diffusion : plus de 450 lieux
Lyon, Métropole & Rhône‑Alpes
Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € - 18 rue Belfort 69004 Lyon
Direction de la publication ‑ Rédaction en chef
Anne Huguet - 06 13 07 06 97
Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro
Martin Barnier, Blandine Dauvilaire, Ponia DuMont, Émiland Griès, Marco Jéru, Valérie Legrain-Doussau, La Clandestine, Trina Mounier, Enna Pator, Florence Roux, Gallia Valette-Pilenko
Fuck Me Marina Otero Grand-Peur et Misère du III e Reich
Julie Duclos Borda Lia Rodrigues Canine Jaunâtre 3 Marlene Monteiro Freitas Qui som? Baro d’evel
c’est la fête !
Une année qui démarre en fête au TNG avec l’arrivée officielle d’Odile Grosset-Grange. Son Cartoon d’après Mike Kenny, « sorte de show à l’américaine » sur une famille pas si normale, ouvre le bal.
24 & 25 JAN. 26
TNG Vaise
SUPERSTAR
Quatre lieux de la région – dont les musées de Brou et Paul Dini – célèbrent les 50 ans de peinture du prolifique artiste lyonnais Alain Pouillet À Lyon, la galerie Françoise Besson présente quelque 130 pièces pour montrer toutes les facettes de son œuvre engagée (> 23 jan. 26). Au musée des Ursulines de Mâcon, une quinzaine de toiles invite à nous interroger sur nos rapports à la nature et à la vie qui s’y déroule.
> 1ER MARS 26 Musée des Ursulines Mâcon (71)
CLASSE !
UTOPISTES – Cité Internationale des Arts du Cirque est le 15e Pôle national Cirque et sera implanté d’ici 2029 sur le site du Grand Parilly à Vénissieux. C’est officiel.
A chaud
INCLASSABLE Vocaliste et clown, elle joue de sa voix comme d’un instrument fou. Beatbox, onomatopée, sons bizarres, yaourt arabe, chant de gorge : rien n’arrête Leïla Martial, qui embarque avec Jubilä dans des mondes intérieurs bien perchés. PlayBach !
02 DÉC. La Mouche Saint-Genis-Laval
SUSPENSION Dans Möbius, Rachid Ouramdane sublime les 19 acrobates volants du Collectif XY. Des colonnes humaines, des cercles, des corps qui tournoient, s’envolent et glissent, défiant la chute dans un mouvement hypnotique. À (re)voir.
08 > 09 DÉC. Le Théâtre de Mâcon (71)
RISQUÉ ! Gwenaël Morin est capable de tout. Y compris de changer la donne au milieu du gué ! La version de Quichotte présentée à Avignon avec Jeanne Balibar a suscité l’enthousiasme pour l’actrice-chanteuse et un mortel ennui pour le reste. Ce n’est pas elle que vous verrez mais Suzanne de Baecque. De quoi tout changer ?!
10 > 14 DÉC. Théâtre des Célestins
CLAIR-OBSCUR Première création avec le Grand Ballet de Genève pour le chorégraphe d’Emilia Perez . Avec Mirage, Damien Jalet et le scénographe Kohei Nawa invitent à une étrange déambulation hallucinatoire. Beau et poétique.
14 > 17 JAN. 26 Maison de la danse
CULTE Droits enfin cédés, la pièce fétiche du Splendid, Le Père Noël est une ordure, est de retour sur les planches. Et s’installe à la Comédie Odéon, dont on connaît le talent pour les adaptations réussies. Humour décapant et rires assurés.
> 31 JAN. 26 Théâtre Comédie Odéon
CA FAIT TRES MAL
Claque, uppercut, KO debout. Carolina Bianchi n’épargne personne dans cette pièce intense et radicale, où elle dézingue la violence sexiste et la domination des hommes, dans les arts et le théâtre mais pas que. Par les mots, la pensée –et une thèse de 500 pages –, avec son corps, et par le prisme du théâtre, elle dénonce et décortique les mécanismes de cette Brotherhood qui rend les hommes intouchables. Trois heures trente qui vous happent. Standing ovation aux Célestins.
Sur la platine
Rio Vice → Hus Kingpin
Wild God (live) → Nick Cave & The Bad Seeds I See A Darkness → Anna Calvi & Perfume Genius
Du théâtre de marionnettes en pleine guerre, à Kharkiv ? Giraffe Mons, vu au Ciel (Sens Interdits), marque carrément les esprits. Un bijou de poésie, d’humour et d’intelligence. Avec des petits riens et sans pathos, les manipulateurs-acteurs nous scotchent. Bravo.
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D a LL a S
Deux heures réjouissantes avec cette comédie mordante qui peint, d’après une histoire vraie (l’affaire Bettencourt), le petit monde des très riches et de leurs parasites. Servie par des comédiens au sommet de leur art, dont le duo irrésistible Huppert/Lafitte, La Femme la plus riche du monde de Thierry Klifa est un jeu de massacre jubilatoire, reflet des drames et passions de la vie. Un régal.
EN SALLE DEPUIS LE 29 OCTOBRE
NOUVELLE TÊTE
Margot Videcoq prend la direction des SUBS. Passée par les Laboratoires d'Aubervilliers, elle a aussi accompagné de nombreux artistes (Anne Nguyen, Volmir Cordeiro, Richie Hawtin…). Bienvenue !
Derniere minute
Drôlement bien débarque à Lyon en janvier 2027, c’est sûr. Stand-up, impro, cinéma, etc., y’en aura pour tous les goûts pour rire aux éclats ! À suivre. 14 > 17 JAN. 27
> 16 AOÛT 26 Musée des Confluences Lyon 2 museedesconfluences.fr
IMAGINÉE PAR LE MUSÉE DU QUAI BRANLY, L’EXPOSITION
ZOMBIS, AUX ORIGINES EST PRÉSENTÉE AU MUSÉE DES CONFLUENCES DANS UNE NOUVELLE SCÉNOGRAPHIE
IMMERSIVE. LOIN DES CLICHÉS, PHILIPPE CHARLIER, SON COMMISSAIRE, DÉVOILE LA GENÈSE DE CETTE
FIGURE POPULAIRE APPARUE EN HAÏTI. RENCONTRE
AVEC UN HOMME PASSIONNANT.
Vous êtes médecin légiste, archéologue et anthropologue, pourquoi vous êtes-vous intéressé aux zombis ?
PHILIPPE CHARLIER Parce que le zombi est à la confluence de ces trois regards. Le but de l’exposition est de faire découvrir ce qu’est le véritable zombi, pas celui de The Walking Dead, mais la réalité anthropologique qui se trouve en Haïti. Il s’agit d’un mort qui ne se tient pas tranquille, quelqu’un dont on dit qu’il est mort-vivant. En réalité, c’est plutôt un faux mort qui a subi un enterrement factice. Tout cela a piqué ma curiosité.
Comment l’exposition est-elle conçue ?
PC Dès le départ, le visiteur plonge dans la culture du vaudou haïtien avec la reconstitution d’un temple. Il comprend qu’il ne s’agit pas de sorcellerie, mais d’une religion à part entière, avec ses divinités, ses cultes et son clergé. Il découvre en quoi consiste une zombification, et comment on en est arrivé à cette vision artificielle du zombi de la pop culture. La scénographie permet une confrontation directe entre le visiteur et la réalité plastique des objets, comme s’il était transporté en Haïti. Certains espaces reconstitués sont extrêmement impressionnants, comme le temple vaudou, le cimetière traditionnel avec plein de sortilèges authentiques qui ont été collectés sur place, ou encore « l’armée des ombres », c’est-à-dire l’accumulation de fétiches bizango, cette société secrète qui a en charge la fabrication des zombis.
Qu’est-ce que la zombification ?
PC C’est une peine pire que la mort. Elle est infligée à un individu qui a fait le mal dans la société traditionnelle haïtienne : voleur, violeur, captateur d’héritage ou quelqu’un qui a vendu une terre qui ne lui appartient pas. C’est une justice coutumière qui est parallèle à la justice divine et à celle du tribunal. Si, au bout de sept convocations successives devant la société secrète, cette personne persiste, elle va être intoxiquée par des produits, mise vivante dans un cercueil, puis réveillée avec des antidotes quand on va profaner sa sépulture quelques heures plus tard. Elle vivra ensuite une vie de paria en étant droguée et privée de tout librearbitre. C’est ça un zombi.
La mort en direct
LANSÈ KÒD [LES LANCEURS DE CORDE] 1996
Vous-même avez été initié à ces rites…
PC J’ai été initié au vaudou béninois, qui est l’une des religions d’origine du vaudou haïtien. J’ai pu assister à des rituels et rentrer dans des endroits où seuls les initiés peuvent pénétrer. Mais moi, je n’ai pas subi de zombification, car je n’avais pas fait le mal. En revanche, j’ai voulu savoir ce que ça faisait d’être enterré dans un cercueil de son vivant, avec le couvercle vissé. J’en ai fait l’expérience en France, dans une maison funéraire, je suis resté 1 h 26 à l’intérieur, en perdant totalement la notion de l’espace et du temps. Ceux qui subissent ces rituels sont enterrés en état de mort apparente, ils voient et entendent tout, mais ne savent pas si on va venir les chercher, c’est extrêmement traumatisant. Je ne suis pas fasciné par la mort, ce qui m’intéresse sur le plan anthropologique, ce sont les rituels autour de la mort. Cette façon qu’on a de gérer ce scandale qui est l’interruption de la vie. J’ai rencontré en Haïti des gens qui ont été zombifiés et s’en sont
PAR BLanDInE DaUVILaIRE
Un zombi ? un mort qui ne se tient pas tranquille
sortis, ils m’ont raconté des anecdotes sur leur enterrement. On estime actuellement qu’il y a 55 000 zombis en Haïti, sur 12 millions d’habitants. Mais cantonner ce pays à ça serait une erreur manifeste.
Pourquoi la pop culture s’est-elle emparée de la figure du zombi ?
PC Avant on avait les fantômes et les vampires, le zombi est devenu un nouveau concept. Ce fantasme hollywoodien de mort contagieuse est devenu un phénomène mondial. Le film de zombi est maintenant un film de genre, vous en avez en Inde, au Mexique, à Taiwan, et bien sûr en Corée du Sud avec Dernier train pour Busan de Sang-ho Yeon (2016). Il faudra bientôt inventer une nouvelle créature monstrueuse à mi-chemin entre la vie et la mort !
LAURENT MAUVIGNIER
L’écriture comme un sport de combat
PAR MaRcO JéRU
Rares sont les écrivains qui, à l’instar de William Faulkner en anglais, de Thomas Bernhard en allemand ou d’Antonio Lobo Antunes en portugais, savent, par leur déluge verbal chevillé à un ressassement obsessionnel et à une grande sensibilité au langage, nous emporter dans une expérience de lecture aussi intense que physique. Chez ces auteurs, ce ne sont que phrases déferlantes, phrases roulis, phrases tourbillons travaillées dans le souci du rythme, du suspens et du son. Phrases attentives à l’oralité aussi, qui contractent puis dilatent le temps, imposant une respiration. Elle s'inventent, au rythme de circonlocutions dont la seule visée est, pour se défaire du doute et parfaire leur sens, de chercher le mot et le sentiment le plus juste, par reprises successives, jusqu’au point final ; phrases digressives enfin, qui nous font valser d’un coin du ring à l’autre – si tant est que la littérature soit une technique pugilistique où le lecteur, sans cesse secoué, finit son paragraphe essoré dans les cordes. En français, dans ce style torrentiel traversé de courants contraires, force m’est de citer, outre Grégoire Bouillier (Le Dossier M, Le Syndrôme de l’Orangerie…), Laurent Mauvignier. En construisant son treizième roman par boucles temporelles, le récent lauréat du Goncourt part avec La Maison vide sur les traces de ses ancêtres paternels et nous offre, à travers la saga des siens et des objets de famille, une lecture d’un siècle de vie française remarquablement universelle. Passant avec maestria d’une époque à l’autre, le roman se lit comme un thriller historique palpitant ou une fresque féministe flamboyante, où les histoires des « petites gens » finissent par tisser l’Histoire avec une grande hache. Captivant et émouvant, La Maison vide est déjà, à n’en pas douter, un Goncourt grand cru, un futur classique.
LA MAISON VIDE
Éditions de Minuit
SORTIE : 28 AOÛT
PAR éMILanD GRIÈS
Photos aux murs et extraits du Journal du dehors d’Annie Ernaux suspendus au plafond composent l’accrochage Images de ville, sur le thème de la ville, révélant ensemble notre paysage quotidien. Mais pas n’importe comment. Les extraits du roman du prix Nobel de littérature 2022, courts et incisifs, sont mis en forme avec plusieurs typographies inédites, conçues par de jeunes créatrices. Leur universalisme renvoie chaque lecteur à sa propre expérience ordinaire de la vie. Quant aux images, ce sont celles d’étudiants de l’université Lyon 2 et de l’École d’architecture, réalisées dans le cadre du concours organisé par la Société académique d’architecture de Lyon. Les photographes en herbe ont chacun choisi comme point de départ un extrait du roman, pour l’interpréter en cinq instantanés de vie urbaine. En couleurs ou en noir et blanc, racontant une histoire ou énigmatiques, (apparemment) objectives ou tordant la réalité par des effets optiques ou des cadrages inattendus : malgré les partis pris très personnels, chaque prise de vue résonne intimement en chacun et interpelle notre relation avec le paysage urbain. Ah oui, en levant les yeux, on peut voir les choses comme ça ! En se couchant sur les pavés, comme ça aussi !… On (re)découvre ce que l’on connaît par cœur pour le croiser chaque jour, mais sans vraiment y porter attention. Une façon sensible de se dessiller et (re)devenir conscient de la ville qui nous entoure. Ouvrir les yeux, ça ne fait pas de mal !
TR a N c HES DE VI(LL)ES croiser les regards
PAR BLanDInE DaUVILaIRE
> 04 JAN. 26
Musée d’art contemporain Lyon 6 mac‑lyon.com
IMAGES DE VILLE > 18 DÉC. Archives municipales de Lyon Lyon 2 archives‑lyon.fr
RAJNI PERERA & MARIGOLD SANTOS EFFLORESCENCE / THE WAY WE WAKE (DÉTAIL) 2023 - COURTESY DES ARTISTES ET PATEL BROWN, TORONTO/ MONTRÉAL
Le MAC Lyon présente deux expositions foisonnantes qui méritent d’être éclairées par une visite guidée, pour en saisir toute la portée. Consacrée aux Histoires personnelles / Réalités politiques, la première met en dialogue les collections du musée d’art contemporain de Belgrade (MoCAB) et du musée lyonnais. L’accrochage qui explore les relations entre l’art et la politique, les artistes et l’intime, prend une dimension supplémentaire lorsque les œuvres du MoCAB sont replacées dans le contexte socio-politique de l’ex-Yougoslavie. Parmi les nombreuses œuvres qui interpellent, la beauté des visages de jeunes Serbes photographiés en gros plan par Phil Collins ne peut faire oublier la désillusion qui les habite. De son côté, avec une installation percutante, Marina Marković rappelle la pression exercée sur le corps par la société, tandis que l’atelier clandestin peint par Biljana Durdević, empli d’ouvriers en sous-vêtements, est une métaphore de la société de consommation sans fin. L’autre exposition réunit au dernier étage Rajni Perera et Marigold Santos. Ces deux artistes de la scène canadienne, originaires du Sri Lanka et des Philippines, ont été marquées dans l’enfance par leur expérience de l’immigration. Leurs peintures, sculptures et dessins, chargés de symboles et d’espoir, célèbrent la résilience de celles et ceux qui ont traversé cette épreuve. Animées par des préoccupations communes, ces deux âmes sœurs composent aussi à quatre mains des œuvres d’une grande puissance. C’est le cas de la sculpture Efflorescence, impressionnante créature hybride posée au centre de l’espace, qui symbolise le pouvoir des femmes et leur capacité de résistance poétique face à l’oppression.
La nouvelle exposition de l’URDLA, centre international de la gravure et de l’estampe, mérite vraiment le détour ! Intitulée Brouhaha comme le grand dessin qui ouvre l’accrochage, elle est consacrée à Christian Lhopital, figure majeure du dessin contemporain et fidèle du lieu. En effet, la collaboration avec l’URDLA entamée en 1983, interrompue puis réactivée il y a cinq ans, a engendré la création de douze gravures et d’une xylogravure. Elles sont exposées ici en dialogue avec des productions plus récentes, dont des sculptures, réalisées entre 2020 et 2025. On retrouve les figures fantomatiques qui peuplent les dessins de l’artiste lyonnais, petits personnages apparaissant et disparaissant selon comment on regarde le dessin. On découvre également des natures mortes aux bouquets, malicieusement baptisées P’tit coin de peinture perdu ou Vieux rêve magique, évanescentes et troubles. Ses derniers travaux sont tout aussi intéressants, des dessins de cadres dans un cadre, comme un palimpseste qui multiplie les strates. En face à face, ils résonnent avec la gravure Tempo, elle aussi composée de cadres dans un cadre, fruit d’un travail minutieux, en aquatinte et manière noire d’une exquise délicatesse.
Manifesta, cet ancien atelier de soyeux en plein cœur de Lyon, a pour principe d’inviter d’autres galeries à investir ses espaces. Après une première apparition en 2022, celle de Claire Gastaud, à Clermont-Ferrand, revient pour présenter quelques-uns de ses artistes. Avec une attention particulière pour les femmes, puisqu’elles sont cinq sur les neuf invités, toutes générations confondues, de ce nouvel accrochage, La beauté est partout Ainsi la jeune Milène Sanchez, formée à l’École supérieure d’art et de design de Saint-Étienne et installée dans la cité ligérienne, se retrouve à quelques mètres de Tania Mouraud, dont on découvre une splendide photographie de sa série Made in Palace. Et les gouaches de Marie-Claire Mitout à l’univers très personnel – l’une de ses toiles donne son titre à l’exposition –dialoguent avec les tapisseries tout aussi mystérieuses de Delphine Gigoux-Martin. À voir également, les sculptures de Roland Cognet et celle de Vladimir Skoda, Galileo-Galilei, à l’épure parfaite.
> 09 JAN. 26
Manifesta Lyon 1
Happy birthday !
La BF 15, la galerie sise quai de la Pêcherie, fête depuis le début de l’année ses trente ans d’existence. Et le parti pris de Perrine Lacroix a été de réactiver, pour chaque nouvelle exposition, une œuvre produite ici lors des dix dernières années. Pour la dernière, c’est Béatrice Balcou qu’a invitée la directrice des lieux, une artiste installée à Bruxelles qui s’intéresse au soin des œuvres. Régulièrement, elle réalise une performance qui consiste à installer et désinstaller une œuvre sélectionnée dans une collection publique ou privée. Cérémonie est une belle façon de réactiver une œuvre, à la fois simple et complexe. D’autant que l’expo s’intitule Rester avec, et qu’elle présente des Pièces assistantes, des cimaises conçues pour soutenir des pièces d’artistes femmes du Bauhaus, ainsi que des Containers, des verres dont les pieds sont coupés et renfermant un insecte dit « muséophage » naturalisé, encapsulé. Tous objets qui questionnent le soin porté aux œuvres…
> 24 JAN. 26
La BF 15 Lyon 1er
Planète Ntjam
Déjà sérieusement repérée à l'international (Biennale de Venise, New York…), Josèfa Ntjam – née à Metz en 1972, travaille à Saint-Étienne – présente sa première grande exposition personnelle à l’IAC – Institut d’art contemporain de Villeurbanne. Ou 1200 m² pour installer son univers foisonnant, à sa guise. Intitulé Intrications en référence à un concept de physique quantique qui stipule que deux particules, même séparées par des années-lumière, peuvent continuer à vibrer ensemble, cet accrochage déploie le monde fourmillant de cette artiste, à la fois plasticienne, performeuse, autrice qui utilise la sculpture, le photo-montage, le dessin, le film, le son. Mêlant des documents trouvés sur Internet, dans des ouvrages de sciences naturelles ou lors de ses résidences dans des labos de recherche, Josèfa Ntjam superpose les images, les récits et les matières pour inventer des cartographies utopiques, des écosystèmes imaginaires, des futurs combinant physique quantique, cellules, mythes africains et cosmogonies issues de la diaspora. On est saisi par l’ambition du projet dès l’entrée, où nous accueillent trois figures tutélaires que sont les militantes pour l’indépendance Marthe Ekemeyong Moumié, Elisabeth Djouka et Mafory Bangoura. Elles accompagnent la pensée de l’artiste et infusent toute l’expo. Mais aussi toute une cosmologie peuplée de créatures hybrides, empruntées à certains masques africains greffés à des corps d'animaux, de plantes aquatiques imaginaires et de cellules colorées et détournées. Intrications est un voyage où l’art et la science tricotent du sens et de la poésie. À ne pas rater !
Cela faisait plusieurs années que le fleuron des collections du MHL – Gadagne n’était pas sorti des réserves. En effet, le musée d’histoire de Lyon possède l’une des plus belles collections d’art lapidaire roman de France, remisée lors de la rénovation intégrale du parcours historique. Un magnifique panneau sculpté d’un griffon du XIe siècle accueille le visiteur dès l’entrée. Il a été retrouvé sur la façade d’un immeuble vétuste (et démoli depuis) du quartier de Vaise et devait se trouver en angle de mur, dans une frise, sans doute sur l’une des faces du clocher-porche de l’abbatiale de l’Île-Barbe. Voici l'un des trésors de cette exposition Merveilleux Moyen Âge, à la fois didactique et ludique ! Prenant comme fil conducteur l’abbaye bénédictine de l’île qui a rayonné du Ve au XVe siècle et a nourri son lot de légendes – telle la venue de Charlemagne –, l’expo permet de découvrir 1000 ans d’histoire lyonnaise grâce, entre autres, aux dernières découvertes issues des chantiers de fouilles pilotés par la direction de l’archéologie de la Ville de Lyon (chapiteaux sculptés, frises, piliers, objets funéraires...). Découpée en cinq parties, de la fondation de l’abbaye aux premiers temps chrétiens, aux pèlerinages et au culte marial du XVe siècle, elle se termine par une section sur le « médiévalisme » qui s’est développé au XIXe siècle, grâce à la littérature notamment, et qui perdure aujourd’hui. Cette vision fantasmée du Moyen Âge irrigue nos imaginaires avec la prolifération des jeux de rôles, des bandes dessinées, des jeux vidéo ou du cosplay medieval fantasy
> 1er NOV. 26
MHL Gadagne Lyon 5 gadagne lyon.fr
PAR GaLLIa VaLETTEPILEnKO
Ça mitraille !
ARTISTE PLASTIQUE ? ÇA NE LUI SUFFIT PAS. LAURETH SULFATE EST AUSSI PERFORMEUSE, CHANTEUSE, PILOTE DE DRONE, PROGRAMMEUSE DE VISITES VIRTUELLES OU STREET
ARTISTE… UNE CRÉATRICE EN LIBERTÉ QUI AIME JOUER, AVANT TOUTE CHOSE.
PAR FLOREncE ROUX
PHOTOS LaURETH SULFaTE
Laureth Sulfate ? Quelle idée pour un nom d’artiste ! « Ça m’est venu dans mon bain !, lâche la dame. Ce produit chimique a un côté agressif, mais il permet aussi de faire de la mousse… C’est un avatar qui claque, comme dans le tir à l’arc, dont je suis professeur, tout en étant léger et joyeux, comme mon art, qui est aussi engagé... » Et les mots de Chloé alias Laureth de s’enchaîner telles des guirlandes au fil d’idées qui apparaissent comme comme des ronds dans l’eau.
Née en 1970 à Lyon, elle grandit « en enfant de la balle », avec des parents qui l’emmènent sur les routes et dans la nature, « dans des lieux très sauvages », entre poésie, chant, tirage de cartes, jeu d’échecs et « beaucoup de gaieté ». Dès la maternelle, elle se trouve « très différente » et son goût pour l’écriture et le dessin, à profusion, la conduit naturellement vers des études d’art – école du petit collège, Émile-Cohl, Arts appliqués et Beaux-Arts de Lyon (92-97).
Là, si Laureth aime la sculpture, elle se jette à corps perdu dans le numérique avec, suggère-t-elle, « un côté enfant sauvage qui aime la technologie ». Après l’école, celle qui a été biberonnée à Prévert, au pop art, plus tard à Clovis Trouille, Hans Bellmer, Félix Vallotton ou Laurie Anderson, ouvre un studio de création numérique graphique ou vidéo. « J’aimais bien résoudre des problèmes, créer des logiciels pour inventer un système de librairie en ligne, programmer, en pionnière, des visites virtuelles de musées ou piloter des drones... »
Avec le même esprit défricheur, elle investit aussi les rues de Lyon où elle se fait connaître avec ces figures féminines corrosives, ses Coronas Girls qui, Covid oblige, chevauchent des seringues jusqu’aux étranges femmes Joker, dont une dizaine hantent les rues de la Croix-Rousse cet automne. Mais c’est sans doute sa dernière expo Ainsi soient-elles, à la galerie
laureth sulfate.com @laureth.sulfate
Françoise Besson, qui donne la mesure de sa douce démesure. L’artiste y présente huit vierges accessoirisées et accompagnées de vidéos où chaque sculpture animée chante un poème-prière - elle a écrit la chanson et l’interprète. Un voyage immersif mêlant vidéo, photographie et installation. L’ensemble est joyeux, soyeux et le talent, tout-terrain. Mais si Laureth s'amuse, elle voit aussi dans les femmes « une verticalité reliée à quelque chose de divin, le rêve, l’amour, la mort, le jeu ». Libre et sans limites.
LES VIEILLES PIERRES TROUVENT PARFOIS UN NOUVEAU SOUFFLE GRÂCE À DES PROJETS INATTENDUS. CERTAINS DE NOS VOISINS ONT UNE LONGUEUR D’AVANCE EN LA MATIÈRE.
LES ANGLAIS, LES NÉERLANDAIS OU LES SUÉDOIS TRANSFORMENT AINSI SANS COMPLEXE ÉGLISES ET CHAPELLES EN LOGEMENTS OU EN COMMERCES.
B a STION 4 étoiles
PAR EMILanD GRIÈS
En France, les transformations de bâtiments historiques ne courent pas les rues, témoignant peut-être de notre (trop) grand respect à leur égard. Ou peut-être est-ce notre réglementation ultra-protectrice qui décourage les plus inventifs et courageux, face au gymkhana administratif à franchir !
premier secteur sauvegardé de France. En 1998, son centre urbain élargi est classé Patrimoine mondial de l’UNESCO. Lyon recèle portant des initiatives privées de revitalisation de son patrimoine bâti. Comme la récente et remarquable métamorphose en hôtel du fort Saint-Laurent à la Croix-Rousse.
1 rue Bodin Place Bellevue Lyon 1 hotelfortsaintlaurent.com
La capitale des Gaules est un probant modèle de sauvegarde immobilière, dont le principe est bien ancré dans les usages. Pour preuve dans son histoire récente : en 1964, le quartier du Vieux-Lyon devient le
Cet édifice militaire, en promontoire sur le Rhône, est l’un des ultimes vestiges des fortifications au nord de la ville, courantde la rivière jusqu’au fleuve, avec le fort Saint-Jean, son pendant côté Saône. Sous François Ier, une muraille haute de 10 mètres, appelée Saint-Sébastien, est édifiée. Elle marque la frontière entre Lyon et le village de la Croix-Rousse, avec plusieurs bastions défensifs, dont celui de la Fontaine, ancien nom de celui qui nous intéresse.
À la Révolution, l’édifice, comme de nombreux biens nationaux, est vendu pour devenir propriété de la ville quelques années plus tard. La révolte des canuts de 1831 convainc la mairie de conserver les fortifications, un temps promises à la démolition, en cas de nouvelles insurrections. Rien n’y fait : les ouvriers tisserands de la cour des Voraces toute proche, montent à l’assaut de la fortification avec succès en 1848 pour brandir les symboles de la République balbutiante. En 1867, Napoléon III donne le coup de grâce à la vieille muraille, qui perd son sens avec l’annexion de la CroixRousse par Lyon. À sa place, on ouvre le boulevard que l’on connaît, tout naturellement baptisé boulevard de l’Empereur. Le tracé des « demi-lunes » triangulaires, qui protégeaient ces fortifications côté extérieur, est encore perceptible dans le plan du quartier, avec des îlots et des espaces publics en dents de scie, comme les places Tabareau ou des Tapis.
Le bastion, à nouveau vendu à un privé, comme au lendemain de la Révolution mais cette fois-ci juste avant 2020, résulte de remaniements, à la suite de ses nombreuses occupations. Caserne d’infanterie puis siège administratif de la direction régionale de la santé militaire à partir de 1936, il est même un temps occupé par Notre-Dame des Sans-Abri. Lauréat de l’appel à projets du ministère des Armées, son propriétaire actuel a bien saisi les indéniables atouts du lieu. Il confie à l’architecte Cécile Chomard et la décoratrice
Marion Simeone, toutes deux lyonnaises, le soin de transformer de fond en comble l’édifice en déshérence depuis plusieurs années. Parmi les ultimes permis de construire signés par le maire Gérard Collomb, le projet transforme l’édifice militaire en hôtel 4 étoiles de 35 chambres. Le curage complet de l’édifice a conservé et magnifié les épaisses façades en pierres blondes de Couzon remises à nu, les meurtrières défensives, le chemin de ronde et l’oreillon courbe, désormais occupé par la terrasse végétalisée du petit-déjeuner. À l’intérieur, les grandes hauteurs sous planchers bois aux impressionnantes poutres maîtresses, la charpente à entrait* retroussé et l’escalier central à garde-corps en métal ouvragé, dialoguent avec l’agencement contemporain soigné des chambres, du lobby et du spa. Ouvert il y a tout juste un an, l’hôtel a signé une convention cour-traboule avec la mairie. Il laisse donc volontairement ouvert le portail d’entrée du bastion. Chacun peut ainsi librement y accéder depuis la place Bellevue. Dénomination non usurpée pour son deck en bois qui domine le panorama à 180° de la rive gauche du Rhône, depuis ses quais en contrebas, jusqu’aux Alpes à l’horizon. La terrasse du bar Rousse qui l’occupe sera même ouverte pendant tout l’hiver, grâce à de grandes bulles transparentes, inaugurées en novembre. Profitez-en !
*Forme particulière de charpente permettant de rendre les combles habitables
MUSIQUES
PAR EMManUELLE BaBE, éMILanD GRIÈS, annE HUGUET, GaLLIa VaLETTE-PILEnKO
PASSION AMERICANA
11.12.25 | 20H
Juré, ce gars-là n’a pas grandi dans le Midwest Théo Charaf est lyonnais, croix-roussien même. Pourtant, les critiques enthousiastes ne se sont pas fait prier pour évoquer Bob Dylan et Neil Young au moment où ce jeune guitariste et auteur – 26 ans à l’époque –a sorti son premier album solo, en 2021. Du folkblues acoustique inspiré du Delta blues, un style brut joué par des musiciens itinérants autour du delta du Mississippi. Également membre de deux groupes punks, Théo Charaf force l’admiration en mettant son énergie dans sa voix profonde et une interprétation habitée. On est tous on the road EB
Kraspek Myzik Lyon 1 kraspekmyzik.com
PUNK FOR EVER
11.12.25 |20H
INVITATION AU VOYAGE
16 > 18.12.25
Savez-vous que le fameux Misirlou de Pulp Fiction est un vieux rebétiko datant de 1927 ? Oui, ce blues urbain qui incarne l’âme de la musique grecque… À l’instar du tango argentin, le rebétiko est apparu, au début du siècle dernier, dans les bas-fonds des grandes villes grecques, au Pirée ou dans les prisons. Né de la fusion de la musique savante ottomane et des traditions populaires locales, il mêle chant, danse et bouzouki, dans des mélopées lancinantes plaintives. Direction l’Opéra Underground pour se laisser envahir par cette musique âpre et raffinée, qui prend aux tripes. Comme le fado ou le tango. Masterclass avec l’un des maîtres du genre, Evgenios Voulgaris, conférence et trois concerts – dont celui du même Voulgaris qui célèbrera la beauté du sentiment amoureux dans le rebétiko – attendent les curieux et les amoureux de la Grèce authentique. AH
Amphi Opéra de Lyon opera‑lyon.com
Revival assurément avec la venue inattendue des vieux routards de Warum Joe (mais ils existent toujours ?!), combo déglingué de punk rock robotique des grandes années alternatives qui s’est toujours fait rare sur scène. Le gang des frères Sabotier a deux leitmotiv depuis plus de quarante ans : faire le maximum de morceaux (dorénavant réédités chez Smap Records) et jouer pour le plaisir. Guitares saturées, claviers synthétiques et une voix scandant des textes très cyniques sur le monde qui va à vau-l'eau, rien n’a changé ! À leurs côtés pour sa plus grande joie (il rêvait d’un Club punk avec les Warum Joe !), le Grenoblois The Hacker viendra retourner le dancefloor avec sa techno sombre et radicale, d’une efficacité redoutable. On aime. Avec la pop cramée du duo Heimat. Merci le Transbo ! AH
Transbordeur Villeurbanne transbordeur.f
NUIT HORRIFIC !
12.12.25 | 19H
Un petit remake de La Nuit des morts-vivants de George Romero, ça vous dit ? C’est ce que propose la joyeuse bande de l’ARFI (pour Association À la recherche d’un Folklore Imaginaire) qui sévit depuis plus de quarante-cinq ans. Mais là, il n’y a pas d’écran, pas d’images, seulement la bande-son de ce classique absolu du film d’horreur, sorti en 1968. Ils sont sept artistes à plonger le public dans un espace imaginaire. Celui des bruitages en tous genres, réalisés en direct, avec des instruments, des objets, des voix, des dialogues aussi. L’occasion de réactiver ce film éminemment politique, métaphore d’un monde où l’autre est suspect par essence et où le repli s'impose comme mode de survie. Cerise sur le gâteau, ce ciné-concert est suivi d’un bal des zombis concocté par les zouaves de l’ARFI. Ça promet ! GV-P
Théâtre de la Renaissance Oullins-Pierre-Bénite theatrelarenaissance.com
Après Fourvière en juillet, revoici Jeanne Cherhal en hiver. Et c’est tant mieux, tant le septième album de l’autrice et interprète nantaise fait du bien au moral, à la féminité et, osons-le, à notre condition humaine ! Autoproduit et arrangé par un Benjamin Biolay flanqué de belles mélodies pop seventies, Jeanne raconte les émois et les tourments d’une (presque) quinqua dans son époque. Ne nous laissons pas endormir par la douce poésie et le groove élégant de cette féministe de toujours, qui évoque certes les plaisirs solitaires et la ménopause, mais aussi les violences sexuelles et conjugales. En prime, le duo Cherhal/Biolay reprend du service quinze ans après Brandt Rhapsodie… Un retour de flamme réjouissant ! EB
THE BUTTSHAKERS
17.12.25 | 20H
The Buttshakers sont de retour, toujours emmenés par leur incroyable chanteuse Ciara Thompson. Les Lyonnais viennent de lâcher une nouvelle galette, Lessons In Love, toujours chez Underdog Records, un 10-titres soul (bien sûr) mais plus intimiste et auréolé de blues comme jamais. Avec une énergie brute moins frontale, pour laisser plus de place aux émotions et aux sentiments. Ils fêtent au Transbo leur sortie d’album, chouette ! On connait la force de frappe du combo live : le groove survitaminé, la rythmique implacable, les cuivres impeccables. Et, surtout, la présence magnétique de l’Américaine qui fait monter la température avec des shows cathartiques dont elle a le secret. Let’s dance ! EG
Transbordeur Villeurbanne transbordeur.fr
EN TOUTE SIMPLICITÉ
06.01.26 | 20H
Avec plus de cinquante ans de carrière, il est l’un des derniers dandys de la variété française. Côtoyant les plus grands (Gainsbourg, Cloclo, Dick Rivers, Dutronc…), Alain Chamfort a traversé les années, élégant et insaisissable, toujours en quête de réinvention et de plaisir. À 75 ans, il a décidé que L’Impermanence, disque crépusculaire sur notre propre finitude, sorti en 2024, serait son dernier, même s’il avoue qu’il continuera « à créer autrement ». Il revient avec un nouveau tour de chant, orchestré par le saxophoniste jazz Adrien Soleiman, un mix de nouvelles chansons, d’incontournables – comme Manureva (son plus grand tube en 1979), Bambou, Géant ou La fièvre dans le sang – et autres pépites un peu oubliées. AH Radiant Bellevue Caluire radiant bellevue.fr
Radiant Bellevue Caluire radiant bellevue.fr
THE BUTTSHAKERS
JEANNE CHERHAL
Je trouve beaucoup d’intérêt dans le quotidien
Entre les murs
PAR
EMManUELLE BaBE PHOTOS LaETITIa ROGGEMan
Que peut bien dire de moi mon frigo ? mon salon ? mon logement tout entier ? À la fois espace intime et dévoilement de soi, le lieu de vie – appartement, maison, autre – se révèle une source documentaire intarissable pour comprendre l’Homme dans son environnement. C’est en tout cas le point de vue de la photographe lyonnaise Laetitia Roggeman, qui pose le concept de « lieu » au cœur de son travail : « C’est ce qu’on y a vécu qui transforme un simple “espace” en un “lieu” », résume-t-elle. Il y a un an, la jeune femme de trente-et-un ans a quitté son poste d’architecte pour se consacrer « avec engagement » à la photographie et poursuivre ses projets autour des territoires en transition. Dans ses cartons, son bagage d’architecte donc, mais aussi d’urbaniste. La construction neuve a moins d’intérêt, à ses yeux, que la transformation d’un site dont le destin se nourrit de ce qu’il fut. Son ambition : portraiturer ces friches qui n’en sont plus vraiment, occupées de façon temporaire par des associations, des travailleurs, des usagers… De décembre 2023 à juin 2026, Laetitia Roggeman documente ainsi La Filature à Villeurbanne, lieu d’occupation entre l’ancienne usine ACI et le futur projet urbain.
L’association RADE à laquelle elle appartient y est également installée. Elle est accompagnée dans ce travail par le collectif ITEM, dans le cadre du mentorat – en septembre, son reportage et ceux d’autres mentorés ont été exposés rue Burdeau. Habituée à fouler les gravats de chantier, la photographe est ici comme un poisson dans l’eau, capturant le déjà-là, « ce qui laisse des traces » : extincteur sur un mur décati, immenses halles ayant hébergé les machines, cabine vitrée de l’ancien contremaître… « Je suis très attachée aux choses tangibles. Quand on prête attention aux objets du quotidien, on peut raconter une histoire. » Elle saisit aussi la vie des occupants, à la pause-café, en réunion, dans les espaces extérieurs. Et le fameux frigo, ouvert, dévoilant les lunch box étiquetées. Les tiers-lieux, elle en parle comme de « lieux refuges » où se crée un lien intime à la faveur « de la liberté d’appropriation ». Le suivi photographique mené à La Filature devrait aboutir à une exposition, un livre et à des ateliers de restitution. Depuis peu, Laetitia Roggeman renouvelle l’expérience sur un autre site, le BOB, à Vaulx-en-Velin. En parallèle, elle poursuit ses « portraits de lieux » chez des amis, des proches, chez des artistes et des artisans, avec la même fibre anthropologique. Toujours en argentique, son mode de prédilection. Elle aime « la surprise » qu’il procure, la découverte des images. Le flou imprévu ne la gêne pas, au contraire, même sur les portraits : « Cela laisse une possibilité d’interprétation, comme le résultat d’une rencontre avec quelqu’un. » Sa récente et – première – vraie expérience numérique a été la série sur la maison de sa grand-mère en Aveyron, réalisée l’été dernier : « La photographie a généré un tel plaisir que j’ai compris mon attachement à l’objet. Et mon envie de garder un portrait intime de ces lieux. »
LES BELLES PROGRAMMATIONS, AVEC GRANDS NOMS ET SPECTACLES ATTENDUS, SONT LÉGION EN CETTE FIN D’ANNÉE. DANS CE PANORAMA RUTILANT, NOS JEUNES COMPAGNIES, CERTES TALENTUEUSES, RISQUENT DE PASSER PLUS OU MOINS INAPERÇUES. VOICI QUELQUES PISTES POUR LES REPÉRER…
Un vent de fraîcheur
La première recommandation est d’évidence : allez voir les spectacles plébiscités par le Prix Incandescences ! À commencer par celui de l’édition 2024, Mesure pour mesure, une pièce de Shakespeare adaptée et mise en scène pour quatre comédiens par la jeune et prometteuse Lucile Lacaze (lire p.31, AKC#51), avec un art consommé. C’est formidable d’intelligence et plein d’humour. Et si vous n’avez pas encore vu son Mariage de Figaro, courez vite au théâtre de Villefranche en décembre. Ce Marivaux confirme tout le talent de la metteuse en scène en matière de mouvement et de direction d'acteurs. Autre lauréat en 2023, [Rakatakatak] C’est le bruit de nos cœurs (en janvier au TXR) est une belle réussite de Logan de Carvalho (lire p.32, AKC#51), dont on va pouvoir apprécier aussi la nouvelle création Nelvar – le royaume sans peur, toujours pour les amateurs de science-fiction.
Dans la série valeur sûre, revoilà Maxime Mansion. Acteur et metteur en scène passé par la Troupe du TNP, époque Schiaretti, il avait un peu disparu des plateaux, œuvrant pour le festival Les Contemporaines et l’écriture dramatique contemporaine. Il revient aux Célestins avec L’Inhabitante d’après Leïla Cassar, une pièce tendre qui donne la parole à des femmes pauvres délogées du
quartier de la Confluence par la gentrification. On retient aussi le duo Liora Jacottet et Pascal Cesari avec une nouvelle création Sans Ulysse (à la MC2: Grenoble, en janvier 26, avant le théâtre du Point du Jour) autour du deuil amoureux, que l’on espère aussi personnelle que les précédentes. Et Ambre Kahan qui s’attaque aux monstres dans SANTA PARK. Un peu plus loin, le théâtre de La Renaissance programme de nouvelles têtes, qu’on n’avait pas forcément vues jusque-là. La nouvelle promotion du CompagnonnageThéâtre s’active : après Marée d’Alizée Bingöllü en octobre (qui va tourner, c’est sûr), c’est Gabriela Alarcòn Fuentes qui prépare avec une certaine audace Cent ans de solitude d’après l’œuvre-monde de Gabriel Garcia Márquez (en mai). On est aussi curieux de découvrir I’m deranged, première pièce très personnelle de l’Iranienne exilée en France Mina Kavani, un seule en scène très engagé sur son parcours et l’oppression dans son pays… Enfin, il sera intéressant de jeter un coup d’œil au choix des Jeunes Prog’ (une spécificité de la Renaissance), comme Alerte Blaireau Dégâts sur un texte de Gwendoline Soublin ou Vive, la délicate pièce de Joséphine Chaffin et Clément Carabédian autour de l’inceste, qui valut une mention spéciale du Prix Incandescences à la comédienne Hermine Dos Santos. Les théâtres des Clochards Célestes et de l’Élysée ont
PAR TRIna MOUnIER
a
Loin du centre-ville culturel, l’Assemblée, fabrique artistique est perdue aux confins de Lyon, à la limite de Villeurbanne. Un handicap ? On ne passe guère dans cette rue
Saint-Eusèbe ! Mais c’est devenu un lieu extrêmement vivant, polyvalent et ouvert à toutes les esthétiques, où de très jeunes (et moins jeunes) artistes font leurs premières armes, inventent, essaient, répètent, peaufinent avant l’entrée dans le dur. Sous l’œil bienveillant et vigilant de Thomas Poulard, acteur et metteur en scène à la tête de la compagnie du Bonhomme. Et directeur du lieu. Qu’on ne s’y trompe pas : dans cette fabrique artistique, on croise des Myriam Boudenia, Anne de Boissy, Jean-Camille Goimard ou encore Justine Berthillot, qui ont déjà une sacrée bouteille. C’est là aujourd’hui qu’il faut être. TM
L’Assemblée fabrique artistique 17 bis rue Saint-Eusèbe Lyon 3 lassemblee‑ artistique.fr
officiellement la mission de soutenir la jeune création. On pourra ainsi découvrir, aux Clochards, Encabanée, d’après le beau roman de Gabrielle Filteau-Chiba qui se déroule dans le Grand Nord. Cette adaptation est portée par la jeune comédienne Lou Martin-Fernet, remarquée sous la direction de Claude Leprêtre, elle signe ici sa première mise en scène. Ou encore On a failli t’appeler Marthe et sa galerie de personnages, solo créé pour le festival Supernova au théâtre Sorano de Toulouse. Sans oublier le freak show gothique Groseille et le seule en scène de Violetta Latte, Médée et Moi Côté Élysée, on retient Voler le feu, le second volet de Jenny Victoire Charreton sur la transidentité, et surtout le festival Seul-Tou qui réserve souvent son lot de belles surprises…
Et n’oublions pas les perles qui se cachent dans certaines programmations, tel le troublant Amadoca (vu au TNP, en octobre), vaste fresque de l’Ukrainienne Sofia Andrukhovych, qui convoque, entre récit intime et grande Histoire, les souvenirs enfouis d’un soldat amnésique. On doit la découverte de ce très beau spectacle à son metteur en scène Jules Audry, régulièrement invité en Ukraine – il a aussi fondé La Volia, une école de théâtre aux Lilas. Une suite est prévue, création en Ukraine cette fois-ci, en 2026. Enfin, un peu de curiosité pour la programmation du TNG : sa nouvelle directrice Odile Grosset-Grange, qui ouvre le bal avec Cartoon en janvier, apporte du renouveau avec de nouvelles têtes et des compagnies peu (voire jamais) venues.
FUSÉES
02 > 12 DÉC. Comédie de Saint‑Étienne (42) lacomedie.fr
Feux d’artifice
Deux spectacles doivent retenir notre attention en décembre : Fusées aux Célestins et Sans tambour au TNP. Leurs auteurs ne sont pas inconnus, loin de là, du public lyonnais : l’Opéra, le TNP et les Nuits de Fourvière les ont programmés en leur temps.
Jeanne Candel et Samuel Achache sont les meilleurs et les plus inventifs représentants du théâtre musical.
ancrés dans l’empirisme du plateau et son bricolage »
Samuel Achache est venu la rejoindre un temps. Mais cette fois-ci, ils avancent en ordre dispersé.
Jeanne Candel crée Fusées, un premier spectacle en direction du jeune public (dès six ans), qui ravit les adultes tout autant. Cette histoire, présentée dans un castelet, nous embarque dans la stratosphère avec deux astronautes loufoques perdus dans l’espace et une IA très féminine.
17 > 21 DÉC. Théâtre des Célestins theatredescelestins.com
En plus de leur maîtrise dans les deux arts, la scénographie et toutes ses techniques n’ont pas de surprise pour eux.
Ajoutez un gros zeste de fantaisie et d’humour…
Jeanne Candel dirige depuis 2019 le Théâtre de l’Aquarium à Paris et explique ainsi son objectif : « Faire de l’opéra avec les moyens du théâtre et mettre la musique en scène live Théâtre et musique tressent l’action ensemble,
Le prix de l’ascension
Samuel Achache, en compagnie de Florent Hubert, son directeur musical préféré, reprend Sans tambour qui a déjà beaucoup tourné et séduit. Comme son nom ne l’indique pas, la pièce parle de la rupture amoureuse avec ironie et parodie : ici, on se livre à un jeu de massacre du passé, domicile conjugal compris, en compagnie de lieder de Schumann. C’est remuant et très joyeux. Deux occasions de (re)découvrir ces deux artistes insolites et merveilleux.
On connaît de Jack London Croc Blanc et L’Appel de la forêt mais il a écrit de nombreux autres romans, dont le magnifique Martin Eden. Un ouvrage de près de 500 pages, en partie autobiographique, dont s’empare Mélodie-Amy Wallet, assistante à la mise en scène de Jean Bellorini. Une sacrée gageure ! C’est complexe d’adapter ce roman à l’allure de chemin initiatique, de réflexion philosophique sur la création littéraire qui fourmille de personnages, de paysages et de sensations. D’autant que le parti pris de la metteuse en scène n’est pas si facile à mettre en œuvre. Soit un comédien, une comédienne, un musicien, une musicienne sur un plateau quasi nu, pour raconter une épopée intérieure, l’ascension d’un jeune homme issu des classes populaires puis son désenchantement quand il découvre le monde auquel il aspire. Pour cette création, l’idée est de « commencer par un travail de lecture, accompagné par les musiciens, pour comprendre les mécanismes de l’écriture, l’éprouver et inventer ensemble nos codes de jeu. Chercher à définir quelle place prennent les interprètes-conteurs-musiciens vis-à-vis du récit. » D’autant que les artistes au plateau ne sont pas des inconnus les uns pour les autres : ils ont tous déjà travaillé avec Jean Bellorini, notamment dans Le Suicidé, vaudeville soviétique. On a hâte ! GV-P
On a vu Yan Raballand habiter la scène de la Maison de la danse en toute légèreté dans la dernière pièce de Philippe Decouflé, Entre-Temps. Le revoilà mais de l’autre côté du rideau, à la place qu’il tient le plus souvent depuis plus de vingt ans maintenant, celle de chorégraphe. Adepte d’une danse délicate, ciselée, très précise et toujours intime, il se lance avec 14 duos d’amour (une pièce pour six danseurs, trois hommes et trois femmes) dans l’exploration de la relation amoureuse. « Les duos sont comme une boule à facettes, ils traversent le prisme de la scène puis se morcellent en une multitude de situations, de relations et qui pourtant nous ramènent toujours à l’endroit de l’intime que nous avons envie d’explorer », explique le chorégraphe dans une note d’intention. Une boule à facettes qui reflèterait les humeurs de chacun et chacune – le trouble, la rage, la tristesse, les premiers émois, les mensonges (…) – et qui se développerait par touches légères comme un tableau impressionniste.
LE CABARET EST À LA MODE. EN QUELQUES SAISONS, LES “CRÉATURES” ONT QUITTÉ PIGALLE ET ENVAHI LES PLATEAUX DE THÉÂTRE, SQUATTANT DE PLUS EN PLUS LES PROGRAMMATIONS.
POUR LE PLAISIR GOURMAND D’UN PUBLIC TOUT ACQUIS À CETTE NOUVELLE CAUSE !
CABARET
MADAME ARTHUR 16 > 20 DÉC. Théâtre de la Croix‑Rousse Lyon 4 croix rousse.com
31 DÉC. Opéra de Lyon Lyon 1 opera lyon.com
LA BARBICHETTE
13 DÉC.
Centre culturel Charlie Chaplin Vaulx-en-Velin centrecharliechaplin.com
On avait découvert les premières créatures de Madame Arthur au théâtre de la CroixRousse, en décembre 2023. « Une évidence à présenter du cabaret au TXR : avec ses “créatures”, il est emblématique de la diversité des identités que nous défendons dans la programmation », rappelle Courtney Geraghty, sa directrice. Monsieur K avait aussi effarouché le public de la Maison de la danse, qui testait en 2023 ses premières soirées cabaret. Et Romain Brau, splendide et touchant, enflammait, quelques semaines plus tard, les happy few présents. Test réussi puisque le cabaret est devenu partie prenante de la programmation de la Maison. Sébastien Vion avec Madame ose Bashung a même pris possession de la grande salle en octobre ! Après les Célestins qui avait fêté la fin d’année 2024
avec La Barbichette, une autre institution lyonnaise (et c’est inattendu !) est prête à s’encanailler : l’Opéra de Lyon convie, à son tour, Madame Arthur pour la soirée de la Saint-Sylvestre. « Le cabaret est un espace artistique hors norme qui parle à son époque, analyse Richard Brunel. Une forme où la musique, la parole et le jeu se mêlent sans hiérarchie. Il revendique une liberté de ton, une impertinence, une manière de dire le monde sans détour. On a besoin de cette parole directe, joyeuse et parfois insolente. »
Place donc aux créatures qui vont déferler à Lyon. Car nul besoin dorénavant d’aller à Pigalle ! Même si les grands plateaux se prêtent un peu moins à l’abolition du fameux “quatrième mur”, cet espace qui sépare la scène du public. On revoit encore Vaslav qui, en novembre, le piétinait joyeusement avec ses talons « pour l’assouplir » ! Fidélité oblige, Madame Arthur revient au TXR présenter un nouveau show autour de Disney,
PAR annE HUGUET
MARTIN POPPINS
Bruno GasperiniMme Arthur
avec force princesses, talons aiguilles, strass, plumes et reprises hautes en couleur. « Pouet et pointu », bien sûr On va retrouver le classieux maestro, Charly Voodoo, ses arpèges brillants, ses tenues affriolantes et ses réparties acérées (avec lui, ça balance et on adore). Ou La Biche (vu chez les Douze Travelos d’Hercule) et Bili L’arme à l’œil (un « pédée au féminin », dixit sa bio). « Le cabaret est une forme pleine de liberté, de désinvolture, détaille Courtney du TXR. Tout y est permis, on rit, on chante, on est bousculé aussi, et c’est ce dont le public a besoin en ce moment. » Alors oui, ça va vocaliser sur tous les tons – baroque, R’n’B, pop, grunge : nos divas n’ont peur de rien – et ça va fuser.
Le cabaret ? Un art de la liberté, ce qui le rend si désirable
Richard Brunel
Ce qui attend le public ? Des petits culs, des corsets, des paillettes, de l’effeuillage, du glamour, du grivois, de l’extravagant, du trash, voilà en gros le programme ! À l’Opéra de Lyon, le cabaret parisien va proposer une création sur mesure, avec quelques-unes de ses créatures emblématiques, dont Odile de Mainville, Martin Poppins ou La Baronne du Bronx, des artistes « qui ont des affinités avec la musique classique et l’art lyrique », explique le directeur de l’Opéra de Lyon. Madame Arthur va revisiter les grands airs lyriques avec virtuosité et encanaillement ! Ce sera à la fois une déclaration d’amour et un pied de nez à l’opéra. C’est aussi un geste artistique qui interroge le genre, l’identité, la scène, la société. Cela correspond à l’idée que je me fais de l’Opéra : un lieu curieux du monde, traversé par son temps. » À quelques encablures de là, La Barbichette, emmenée par son maître ès cérémonie Monsieur K, débarque à Vaulx-en-Velin pour orchestrer son joyeux chaos avec du beau monde (Alexis HK, François Chaignaud, Corinne, Patachtouille, David Noir… peuvent en être), des performances en tout genre et un répertoire indiscipliné. C’est potache, queer, interlope, politique, ça donne de la voix, ça s’effeuille, ça pique et ça fustige (la société, les conventions, les identités…), ça provoque et ça « tape sur les goudous », ça se trémousse, on rit à gorge déployée et on en redemande.
27 NOV > 05 DÉC. Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com
29 & 30 JAN. 26
Espace des Arts Chalon/Saône (71) espace des arts.com
L'HÔTEL DU LIBRE-ÉCHANGE
contre
l’oubli
Ce sera la seconde fois qu’on pourra voir son travail depuis qu’il est artiste associé au projet MAD. Rappelez-vous, il avait présenté en 2023 une pièce plutôt singulière, No reality now, au Pôle Pixel, lors de la 20e Biennale de la danse. Vincent Dupont revient, aux SUBS cette fois-ci, avec I am here, qu’il vient juste de créer à Valenciennes dans le cadre du festival NEXT ARTS. Duo avec son complice de longue date, Sylvain Prunenec, I am here aborde la question de l’indifférence, notamment à l’égard des migrants morts en Méditerranée. Comme toujours chez ce chorégraphe et performeur qui travaille à la croisée de différents médiums (danse, son, image, souffle, texte), il s’agit de troubler les perceptions du public, de brouiller les frontières entre réalité et fiction, entre visible et invisible. Deux hommes se livrent devant nos yeux à un rituel moderne, où l’un est couché sur une surface plane et l’autre debout. Pour rappeler l’urgence de la survie, pour sortir de l’indifférence, les interprètes rejouent les gestes qui sauvent et qui soignent, entre danse, théâtre et arts visuels. Et nous permettent de ne pas oublier l’horreur, de ne pas l’accepter, pour ne pas tomber dans l’indifférence, justement.
Le feu follet
PAR TRIna MOUnIER
Il ne faut pas rater l’occasion de rire en ces temps maussades. Stanislas Nordey nous en donne l’occasion aux Célestins avec sa nouvelle création, L’Hôtel du Libre-Échange d’après Georges Feydeau.
Et les bonnes raisons d’aller voir ce spectacle ne manquent pas. D’abord, Stanislas Nordey est un artiste… hyperactif qui joue (pas moins de cinquante rôles), met en scène du théâtre (plus de soixante pièces) et une vingtaine d’opéras, tout cela sans compter ses apparitions au cinéma. C’est dire l’importance de l’homme qui, de surcroît, dirigea plus de dix ans le très prestigieux TnS ou théâtre national de Strasbourg. Fin connaisseur de la littérature contemporaine, il met en scène Koltès, Pasolini, Falk Richter, Wajdi Mouawad, Peter Handke, Genet, Lagarce… avec quelques pas du côté de Marivaux et Tchekhov. Et un Feydeau en 2004 qui a laissé des traces, La Puce à l’oreille. Vingt ans après, il revient avec un nouveau Feydeau, et s’il y eut bien quelques grincheux à la création, au prétexte d’une hyperbole dans la vulgarité, le plus grand nombre fut enchanté par ce tourbillon magnifiquement millimétré, superbement interprété et savoureusement cruel. Il faut dire qu’avec treize acteurs montés sur ressorts, ça bouge ! Quant à l’intrigue, assez fléchée par un titre évocateur, on y retrouve les maris trompés, les femmes appétissantes, les portes qui claquent et les cagibis secrets, mais aussi des costumes invraisemblables, des frous-frous et des plumes d’autruche, des matelas prêts à servir. Bref, les presque trois heures passent à toute allure… On en redemande !
On ne sait plus guère aujourd’hui ce que signifie « atrabilaire », qualificatif donné par Molière à son Misanthrope. Ce trait de caractère est pourtant au centre de l’intrigue. Alceste, en effet, est sincère à l’excès, moraliste, presque rigide ; ce qui le conduit à se scandaliser de son temps, léger, inconsistant, prêt à toutes les complaisances… Mais Alceste est contradictoire : il aime furieusement Célimène, jeune, inconséquente, mondaine, qui n’adore rien tant que s’amuser. Il est aussi l’ami de Philinte, autre contraire, l’honnête homme par excellence, champion du compromis au risque de la compromission, prophète de la tolérance. En toile de fond, un monde qui choisit le divertissement décrié par Pascal, et donc le plaisir, le rire – surtout s’il est perfide –, les jeux où tous les coups sont permis… En un mot comme en cent, un siècle qui mise sur l’artifice et l’illusion pour construire sa brillance. Et qui ressemble au nôtre à y regarder de près. Voilà pour l’intrigue et la raison d’aller voir Le Misanthrope. Mais il y en a d’autres : Lavaudant siège au Panthéon des grands metteurs en scène dont la signature annonce profondeur, précision et excellence. Et il sait s’entourer d’Éric Elmosnino au jeu subtil et ambigu qui donne de l’épaisseur au personnage, de François Marthouret et de Mélodie Richard, parfaits. C’est une belle prise qu’a faite Victor Bosch, bravo ! D’autant qu’il double la mise (tout comme le Toboggan) en proposant également Inconnu à cette adresse, un texte de haute volée, avec Jean-Pierre Darroussin et Stéphane Guillon…
Après les Nuits de Fourvière cet été, KA-IN du Groupe acrobatique de Tanger revient pour les fêtes dans la salle rouge et or des Célestins. Mis en scène par Raphaëlle Boitel, cet opus célèbre la diversité des talents des treize interprètes, avec huit disciplines représentées, dont le hip-hop et le popping Courant dans tous les sens, s’envolant dans les airs et réalisant d’incroyables culbutes, ils s’en donnent à cœur joie pour démontrer leur vitalité et celle de leur cité. Les lumières, toujours splendides chez Boitel, cisèlent les corps, les enrobent, les lacèrent aussi pour donner à voir la richesse et les espoirs d’une jeunesse d’aujourd’hui. GV-P 23 > 31 DÉC. Théâtre des Célestins 16 > 18 DÉC. MC2: Grenoble (38)
En cadence !
LE MISANTHROPE
02 > 03 DÉC.
Radiant Bellevue
Caluire
05 DÉC.
Toboggan
Décines
09 DÉC.
Théâtre Jean Vilar
Bourgoin-Jallieu (38)
07 JAN. 26
Théâtre
Théo Argence
Saint-Priest
INCONNU À CETTE
ADRESSE
03 DÉC.
Toboggan
Décines
05 DÉC.
Radiant Bellevue
Caluire
Quand Mickaël Phelippeau crée Majorettes , à Montpellier Danse en 2023, il n’imagine pas que ça va tourner plusieurs saisons. C’est le cas pour le plus grand plaisir du public. La pièce construite avec douze majorettes des Major’s Girls de Montpellier, dont une majorité a plus de soixante ans, est un régal. Généreux, émouvant, intelligent… les qualificatifs manquent tant le spectacle emporte l’adhésion ! Comme toujours chez le chorégraphe, associé à la Halle aux grains – Scène nationale de Blois, une rencontre est à l’origine du projet : celle avec Josy, la présidente du club et majorette depuis ses quinze ans, qui est bien sûr la cheffe d’orchestre de ce ballet botté singulier. GV-P
10 JAN. 26 La Machinerie Vénissieux
Joie de danser
Vu à la Biennale de la danse, revoilà Philippe Decouflé avec Entre-temps, une pièce drôle et émouvante, autour du temps qui passe et des corps qui vieillissent. On se laisse vite transporter par ces saynètes allant du cinéma muet au ballet ou au music-hall, qui piochent aussi dans les souvenirs des neuf danseurs sur le plateau – les vieux copines et copains de toujours, tel l’infatigable Dominique Boivin (72 ans) – et revisitent finement le répertoire du facétieux chorégraphe (les effets miroir, des costumes recyclés, des souvenirs de pas, la bande-son de Philip Glass à Madonna…). Decouflé, lui-même, silhouette lookée entre sixties et eighties, danse au son d’une platine. On sourit, on rit. Rattrapage. AH
07 > 09 JAN. 26 MC2: Grenoble (38)
16 > 18 JAN. 26 Bonlieu Annecy (74)
PAR TRIna MOUnIER
Le goût des autres
PAR BLanDInE DaUVILaIRE
ACTEUR, AUTEUR, METTEUR EN SCÈNE ET SCÉNARISTE, AMINE ADJINA PRÉSENTE SON PREMIER FILM. TOURNÉ EN GRANDE PARTIE
À LYON, LA PETITE CUISINE DE MEHDI ABORDE DES SUJETS IMPORTANTS AVEC HUMOUR, COMME SOUVENT CHEZ CET ARTISTE. RENCONTRE.
Votre premier film est une comédie, quel en est le thème ?
LA PETITE
CUISINE DE MEHDI
AMINE ADJINA
SORTIE : 10 DÉC.
AMINE ADJINA C’est l’histoire d’un chef cuisinier, d’origine algérienne, qui est en couple avec une fille qui n’a jamais rencontré sa famille. Il a compartimenté sa vie et bricole des petits mensonges pour éviter cette rencontre. Quand sa copine exige de voir sa mère, il accepte qu’une autre femme se fasse passer pour elle. Le casting réunit des générations et des origines différentes dont Younès Boucif, Clara Bretheau, Hiam Abbass, Malika Zerrouki, actrice non professionnelle qui joue le rôle de la mère, Gustave Kervern, ou encore Birane Ba et Laurent Stocker de la Comédie-Française. Ce n’est pas un film autobiographique, même s’il interroge ma double culture avec humour, c’est vraiment une œuvre de fiction. J’ai choisi de tourner à Lyon parce que c’est une ville gastronomique, que j’en avais marre de voir Paris au cinéma, et parce que c’est une ville où l’immigration algérienne a été importante.
Comment passe-t-on de la scène de théâtre à la scène de cinéma ?
AA Le pont principal est que j’invente des fictions. La grammaire est différente, mais il y a une langue commune qui est l’idée d’inventer une histoire. Je vais ensuite la mettre en scène, ou réaliser un film. Dans l’écriture, c’est toujours la question sociale et la question du jeu qui m’intéressent. Le jeu c’est politique, c’est la mise en commun, l’altérité car on joue avec l’autre. La question de l’identité est aussi au cœur de mon travail, c’est une notion qui n’est pas figée, qui nous concerne tous. Elle évolue avec le temps, avec les questions qui viennent nous interroger, elle bouge, elle est vivante comme la langue française qui ne cesse d’être enrichie de nouveaux mots, de nouvelles pratiques. C’est comme ça que je vois l’identité.
Pourquoi avez-vous choisi de faire une comédie ?
AA Artistiquement, j’essaie toujours de trouver de l’humour à des sujets qui, à première vue, pourraient ne pas en avoir, afin de percer la carapace du drame, mais sans perdre l’émotion ni le rapport sensible aux histoires. L’humour potache ne m’intéresse pas tellement. C’est le pas de côté qui permet de rire d’une situation pathétique dans laquelle nous sommes tous, c’est sur le fil.
LA PETITE CUISINE DE MEHDI
Fabrique de talents
CERTAINS SE SONT DÉJÀ FAIT UN NOM, D’AUTRES COMMENCENT À FAIRE PARLER D’EUX. PETIT TOUR D’HORIZON D’UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DE CINÉASTES, TOUS FORMÉS
À LYON À LA CINÉFABRIQUE. CETTE ÉCOLE DE CINÉMA PUBLIQUE UNIQUE EN SON GENRE ACCUEILLE, SANS EXIGENCE DE DIPLÔMES, UNE GRANDE DIVERSITÉ DE PARCOURS.
ELLE VIENT DE SOUFFLER SES DIX BOUGIES.
LLAURENT
DANS LE VENT ANTON BALEKDJIAN, LÉO COUTURE, MATTÉO EUSTACHON
SORTIE: 31 DÉC. 25
PAR MaRTIn BaRnIER ET VaLéRIE LEGRaIn-DOUSSaU
es films de fin d’étude sont pour les élèves de la CinéFabrique la première étape vers le chemin de la reconnaissance professionnelle. Les courts métrages, souvent sélectionnés dans des festivals, permettent à ces cinéastes en herbe de montrer leurs œuvres en dehors de l’école et, parfois, de repartir avec un prix. En racontant des histoires qui leur tiennent à cœur.
Et les exemples de courts ne manquent pas : à commencer par Fille (2023) de la jeune réalisatrice Lili Cazals, qui interroge les stéréotypes liés au genre chez des footballeuses de Port-Leucate, où elle est née ; ou encore Last Call de Noah Cohen, poignant documentaire autobiographique racontant une cavale familiale, qui a décroché le prix Jeune Création au Fipadoc (Festival international du film documentaire) en 2023. Mélissandre Carrasco évoque, dans En Apnée (2019), cinq souvenirs et autant de phases amoureuses entre Marguerite et Coline, avant la fin de leur histoire. C’est l’amour filial le temps d’un week-end à Amsterdam qu’explore pour sa part Augustin Bonnet dans Amsterdad (2024), éligible, s’il vous plaît, pour les Césars 2026.
Le court est souvent le marchepied nécessaire pour passer ensuite au long métrage. On se souvient de Mano a Mano, premier prix de la Cinéfondation 2019, à Cannes, pour ce court de Louise Courvoisier, issue de la CinéFabrique.
En réalisant son premier long, la jeune réalisatrice a obtenu le César du meilleur premier film et le Prix Jean-Vigo pour son Vingt Dieux, qui a rassemblé près d’un million de spectateurs en 2024. Le bouche-à-oreille a parfaitement fonctionné pour ce film sans acteurs professionnels. Autre exemple avec ce trio passé aussi par la CinéFabrique : Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon se sont à leur tour lancés dans l’aventure. Leur long métrage a la particularité d’être l’assemblage de trois parties filmées sur trois étés : dans un style rohmérien, Mourir à Ibiza (2022) raconte la vie des vingtenaires d’aujourd’hui, avec beaucoup de chansons et d’humour. Les trois amis ont trouvé leur méthode. Ils écrivent le scénario à six mains, puis coréalisent chacun avec sa spécialité : Mattéo Eustachon à l’image, Léo Couture au son et à la musique, Anton Balekdjian au script. Rebelote pour Laurent dans le vent, leur deuxième film sélectionné, en 2025, par l’ACID, la section cannoise parallèle programmée par des cinéastes et qui défend le cinéma indépendant. Les trois réalisateurs ont convaincu Béatrice Dalle de jouer dans leur film et ils ont tourné hors saison dans des stations de ski. Le personnage principal, Laurent (Baptiste Perusat), y déambule, en cherchant un sens à sa vie. Ses rencontres lui permettent de faire communauté. Un film à la Tati, à l’humour détaché, qui dégage empathie et douceur. La relève est bien là…
LAURENT DANS LE VENT
DEPUIS DIX ANS, LA « GRAFFITI ARTISTE » CHOPER DISTILLE SUR LES MURS DES VILLES
PAR EMManUELLE BaBE
À la sauvage À LA
VOTRE STYLE EN DEUX MOTS ! COLORÉ ET ANIMALIER.
LA SURFACE QUE VOUS RÊVEZ DE GRAFFER ?
UN SOUS-MARIN.
QU’EST-CE QUI VOUS ÉMEUT ?
QUAND JE VOIS DES GENS S’ARRÊTER POUR OBSERVER MON TRAVAIL.
SI VOUS ÉTIEZ UNE COULEUR ?
LE BLEU.
À PART VOS BOMBES : VOTRE OBJET FÉTICHE ?
QU’EST-CE QUI VOUS INSPIRE ?
LES VOYAGES ET LA NATURE.
L’ANIMAL QUE VOUS RÊVEZ DE DESSINER ? CE SERAIT PLUTÔT RÉALISER
UNE FRESQUE EN VOLUME, OÙ L'ANIMAL RESSORT DU MUR.
VOTRE MOMENT FAVORI DE LA JOURNÉE ?
LE PETIT MATIN.
LE SPOT DE STREET ART QUI VOUS FAIT KIFFER ?
LA RUE ! PEU IMPORTE OÙ ON VA, IL Y A TOUJOURS DE LA PEINTURE À ADMIRER DANS LA VILLE.
LE POUVOIR MAGIQUE DONT VOUS RÊVEZ ?
LA TÉLÉPORTATION : POUR ALLER OÙ BON ME SEMBLE.
CRÉATURES ANIMALES ET FLORE EXOTIQUE, INSPIRÉES DE L’ÎLE DE LA RÉUNION OÙ ELLE A GRANDI. À LYON, LA DISCRÈTE A INTÉGRÉ LA PROMO 2025 DE LA GALERIE OMART ET PARTICIPE À L’AVENTURE AIRT DE FAMILLE. CHOPER LÈVE LE MASQUE. AIRT DE FAMILLE > 04 JAN. 26 Centre d’échanges de Perrache Lyon 2 airtdefamille.fr omart.fr @choper_974
MON APPAREIL PHOTO ARGENTIQUE !
Choper
QUE VOUS AIMIEZ NOËL OU NON, LES FÊTES DE FIN D’ANNÉE ARRIVENT ET VOUS
NE SAVEZ PEUT-ÊTRE PAS ENCORE QUOI METTRE SOUS LE SAPIN. SI VOUS PENSEZ
QUE LES LIVRES ONT ENCORE QUELQUE CHOSE À Y FAIRE (SOUS LE SAPIN ET DONC DANS LA VIE DE VOS PROCHES), VOICI, CÔTÉ TEXTES ET IMAGES IMPRIMÉS, QUELQUES MODESTES IDÉES…
Papiers cadeaux
PAR MaRcO JéRU
Pour qui aime les romans, si le Goncourt est indiscutable (lire p.7), n’ayez crainte d’entrer dans une autre histoire de maison hantée par quatre générations de femmes avec Carcoma de l’Espagnole Layla Martinez. Un récit fantastique sur le poids de l’héritage familial, aussi cruel que poignant. De même, laissez-vous attirer par Les Forces de la poétesse Laura Vazquez, prouesse littéraire détournant de façon tragicomique les codes du roman d’apprentissage pour creuser l’intimité d’une fille en rupture avec l’ordre social. Insolite et fort, vraiment…
Au rayon polar, la trilogie libanaise de Frédéric Paulin est, après celle qu’il a consacrée à l’Algérie, un trésor de fiction au sein d’une histoire bien réelle (la guerre civile de 1975 à 1990) aux répercussions toujours actuelles. Avec Personne sur cette terre, le Catalan Victor del Arbol signe encore un excellent roman noir où s’emmêlent lâchetés, trahisons, rédemptions : le tissu d’une profonde humanité. Autre enquête glaçante, Les Morsures du silence de la Franco-Suédoise Johana Gustawsson, où le lecteur devient l’enquêteur d’un crime digne de The Wicker Man (l’excellent film de Robin Hardy de 1973).
Au rayon SF, quoi de plus à propos à Noël qu’une revisite de la Bible sous la forme d’un thriller uchronique (La Dernière Tentation de Judas de Philippe Battaglia), justement primé aux dernières Utopiales ? Ou bien le manuel de résistance au quotidien que constituent les nouvelles de Suzanne Palmer (La Vie secrète des robots), invitations à passer à l’action pour dévier le cours des choses ? Ou encore les mini space operas ultra documentés de l’astrophysicien Alaistair Reynolds (La Grande Muraille de Mars) ? Si vous êtes plutôt essai et que vous nourrissez encore des doutes quant à la banalisation du mensonge sur la scène politique internationale, Logocratie de Clément Viktorovitch paraît tout à fait indiqué. Si vous en avez aussi (des doutes) sur la droitisation de ladite scène, Drapeau noir, jeunesses blanches de Sébastien Bourdon, permet de dresser un état des lieux de la frange "extrême" et ses mouvances multiples. Soixante-dix fantômes, fantaisie réaliste par la "poétessayiste" et enseignante Nathalie Quintane est dans la lignée.
Côté BD, le roman graphique La Nuit retrouvée de Pénélope Bagieu et Lola Lafon conjugue sensibilité et humour pour offrir une fable féministe tendre. Plus déconnant : les Chroniques de Saint-Roustan de Pierre-Emmanuel Barré. Présentées sur Radio Nova, ces brèves d’un village fictif font aujourd’hui l’objet d’un livre illustré, pour le bonheur des amateurs de nonsense. Et pour finir en beauté – soit en fiction postapocalyptique –, signalons Silent Jenny de Mathieu Bablet : sur une Terre ravagée dans un futur indéterminé, Jenny cherche la preuve de l’existence des abeilles… Bonne quête, bonnes fêtes !
LE STREET MUSéE DU MOIS
PAR Enna PaTOR & LEnDaSKIn
LAURETH SULFATE
FOUAPA
CAP PHI PYX
BRUSK
STREET ART REBELLION
STREET ART REBELLION
Végéd’automne
L’automne est là avec son cortège de frimas, de brouillards et de longues soirées. Tralalalère, on en profite pour faire la fête à la lentille et sortir presque le grand jeu. OK, la lentille, c’est pas très sexy à première vue… Pourtant, sûr que tu vas épater la galerie avec cette terrine végé, à bluffer même les plus viandards. Pour rendre l’aventure fun, monte le son, enfile un tablier et en avant ! Ça commence avec le refrain, la la lala. Après un brin de toilette, plonge les lentilles dans une casserole d’eau froide avec la sarriette et le laurier puis lance le feu. Hip hop, te voilà devant ta planche à découper pour le premier couplet. Tchak tchak, oignons et champis à peine émincés font la sarabande dans la poêle, bronzant à feu vif. Vite, tu dépiches les châtaignes et dès que ça colore dans la poêle, tu les rajoutes avec la sauce soja et la feuille de blette joliment ciselée. Ça mijote jusqu’à évaporation du liquide. Glouglou, l’eau des lentilles doit bouillir, mais laisse à feu doux pendant 30 minutes. Ploc, dans un saladier, une louche d’eau de cuisson pour ton deuxième couplet. Émiette le pain dans ton eau, puis, avec un peu de sauce soja (1 càs), tripatouille et malaxe avec les doigts. Garde bien le beat pour mélanger la carotte râpée, l’œuf battu, les noisettes concassées et le persil. Clap et fin du couplet. Tss, les lentilles sont cuites. Égoutte fissa et fais-les valser dans ton saladier. Quelques déhanchés et tu improvises une écrasade en mode jazz fusion. Un pas glissé jusqu’à la poêle, tu mixes le tout et tu déposes dans un moule badigeonné à l’huile d’olive. Ça file au four pour 40 minutes à 170 degrés. Ouf, tu te poses et te laisses bercer par la musique. Tadam ! La terrine, enfin refroidie, est à déguster : en tranche avec sa salade, quelques pickles, des cornichons et une belle tartine de pain grillé. Ou à l’apéro, dressée dans son bocal. En voilà une belle partition !
200 G DE LENTILLES 125 G DE c H a MPIGNONS 100 G DE c HÂT a IGNES c UITES 25 G DE NOISETTES 1 OEUF 75 G DE P a IN c OMPLET 1 JOLIE ca ROTTE 1 BELLE FEUILLE DE BLETTE 1 GROS OIGNON 2 c ÀS HUILE D’OLIVE 3 c ÀS S a U c E SOJ a 3 c ÀS DE PERSIL H ac H é 4 BR a N c HES DE S a RRIETTE OU THYM 2 FEUILLES DE L a URIERS SEL, POIVRE
Horizontalement
jugeote
1. Frères bisontins très "éclairés", au destin radicalement "éclairant". Quel dédain ! 2. Madame censure… 3. Consacrons. Matière à boucher. 4. Vierges antiques. 5. Employées. Réjouit sans doute le dragueur sicilien. 6. Lui fut longtemps aux commandes, mais pas en Sicile… Véhicule lunaire. 7. Princesse britannique en V.O. Aéra son texte. 8. Fais boire la tasse ? Suisse beaucoup moins convoitée que sa jumelle palestinienne. 9. Sursaute. 10. Vitesse "décarbonée" pour les bateaux. Resta longtemps derrière un rideau de fer.
Verticalement
A. Dramaturge, acteur, metteur en scène reconnu. B. Numéro d’immatriculation chez Fiat. Retentissant. C. Le père du dernier "pavé" à trouver en librairie. D. Pousse en lieu humide. Ainsi présentées, ne valent pas un droit d’aînesse ! E. Renifle de travers. Peut suspendre le cœur. F. Raouts amicaux en Provence. G. De l’auxiliaire. Rigoureusement observée au bloc opératoire. H. Cours d’Alsacien. Courriers des temps modernes. I. Eteintes depuis peu. Dans la panoplie du gangster américain. J. Musicien populaire de Bohême.
Annecy Bonlieu. Bourg-en-Bresse Théâtre de Bourg-en-Bresse. Musée du Brou. Bourgoin-Jallieu Les abattoirs. MBJ (Musée). Maison de Launay. Office de Tourisme. Brignais Briscope. Bron Espace albert camus. ciné Les alizés. Ferme du Vinatier. Jack Jack. Pôle Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire-et-Cuire cinéma Le Méliès. Médiathèque B. Pivot. Radiant-Bellevue. TRIBE Hôtel. Chalon-sur-Saône Espace des arts. Chassieu Karavan Théâtre. Chazelles-sur-Lyon Musée du chapeau. Corbas Le Polaris. Dardilly L’aqueduc. Décines Le Toboggan. Écully écully cinéma. Médiathèque. Feyzin L’épicerie Moderne. Médiathèque. Firminy Site Le corbusier. Francheville L’Iris. Les Grandes Voisines. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Grenoble Mc2:. Musée de l’ancien évêché. Musée Dauphinois. Musée de Grenoble. Museum. Irigny Le Sémaphore. La Mulatière aquarium de Lyon. aux Bons Sauvages. Lyon 1 À chacun sa tasse. À Thou bout d’chant. amal Gallery. antoinette. archipel. art Génération. atelier Terreaux. BistrO d’à côté. Bloom. Boîte à café. BROKK’aRT. café 203. caUE Rhône. cinéma Polycarpe. cinna. cocol. clef de Voûte. condition des Soies. Dangerhouse. Delicatessen. Diable!. DRac. ESMOD. Fromagerie B.O.F. Galerie ceysson & Bénétière. Galerie Estades. Galerie Françoise Besson. Galerie Mainguy. Galerie Regard Sud. Gd-Hôtel des Terreaux. Hello cutie. Hot club de Lyon. Hôtel Fort St-Laurent. Hôtel de Paris. Item Galerie. Kraspek Myzik. L’alcove. L’Âne sans queue. La BF15. La corniche. La Madone. La Menuiserie. Labelalyce. Le Bal des ardents. Le Bleu du ciel. Le cloître a -c. Le Lavoir Public. Le Voxx. Léon de Lyon. Leptine. Les arcades. Les clochards célestes. Les SUBS. Librairie À Soi.e. Librairie Ouvrir l’œil. Livre en Pente. Lucky Records. Luthier charlemagne. Maison cobalt. Maison nô. MangaLyon. Manifesta. Matisse & cow. Mongi Guibane. naFaS. nuage café. Opéra de Lyon. Perko café. Pilo Hôtel. Rat des Villes*Rat des champs. Relie-Délivre. Sans contrefaçon. SLO Hostel Pentes. SOéM. Sofffa Terreaux. Spacejunk. The Zenith. Tikki Records. Tomé. Un Brin de folie. Unité centrale. Villemanzy. Lyon 2 agnès B. ambiances & Mâtières. archives Municipales. atelier Parfumé. autour de l’Image. Baralo & coste. Boscolo Hôtel. Boulangerie Saint-Marc. cave aux curiosités. chez camille. cité de la Gastronomie. cJB. cRaIE cRaIE. cycles Marchi. David & David Studio. Docks 40. émilie Ettori Illustration. Fondation Bullukian. Galerie Dettinger. Galerie Em’arts. Galerie O. Houg. Galerie JL Mandon. Galerie Masurel. Galerie MI. Galerie Valérie Eymeric. Globe & cecil. Hôtel 71/Heat. Hôtel L’abbaye d’ainay. Hôtel carlton. Hôtel des artistes. Hôtel des célestins. Grand Hôtel-Dieu. In cuisine. Indies. Jaja Bistro. Kave Home. KLS Lunettes. Les ateliers. Les créations lyonnaises. L’Institution. La cloche. Librairie adrienne. Librairie L’Œil cacodylate. Librairie Expérience. Librairie Gibert. 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B.U. chevreul. café Botani. cHRD. cinéma comœdia. comics Zone. cOREP. Eac Lyon. école de condé. EnS. La case en plus. La commune. Le 5 du mois. Le Flâneur. Galerie Tator. HO36 Montesquieu. IEP. Kargo Kulte. Librairie Terres des Livres. Librairie La Madeleine. Librairie La Voix aux chapitres. Librairie Rive Gauche. Livestation DIY. Mama Shelter. Mécanique des Fluides. MIMO. Palmarosa café. Théâtre de L’élysée. Lyon 8 Le ciel. Institut Lumière. Librairie la Tanière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJc Monplaisir. MUTG. Salle Genton. Lyon 9 au Bonheur des Ogres. cave Valmy. ciné-Duchère. cnSMD. Fondation Renaud. L’attrape-couleurs. Les Mangeurs d’étoiles. Médiathèque de Vaise. Musée Jean couty. TnG. Tomaselli collection. Mâcon cave à Musique. Musée des Ursulines. Théâtre de Mâcon. Miribel L’allégro. Mornant Espace Jean carmet. Neuville-sur-Saône Médiathèque. Oullins La Mémo. MJc d’Oullins. Théâtre de La Renaissance. Pierre-Bénite Maison du Peuple. Médiathèque E. Triolet. Rillieux-la-Pape ccnR. ciné-Rillieux. Espace culturel Marcel andré. Médiathèque L’échappée. MJc Ô Totem. Saint-Étienne ciné Le Méliès. cité du Design. comédie de Saint-Etienne. Galerie ceysson et Bénetière. L’Esplanade. La comète. Le Fil. Le MaMc. Le Remue-Méninges. Musée d’art et d’Industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint-étienne. Saint-Fons Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint-Genis-Laval La Mouche. Médiathèque B612. Saint-Priest cinéma Le Scénario. Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo argence. Sainte-Foy-lès-Lyon Bibliothèque. ciné-Mourguet. Tassin-la-Demi-Lune cinéma Le Lem. L’atrium. Librairie Pleine Lune. Médiathèque. MJc Omega. Vaulx-en-Velin atelier L. de Vinci. c c charlie chaplin. cinéma Les amphis. EnSaL. EnTPE. Planétarium. Valence ciné Le navire. comédie de Valence. Musée de Valence. Vénissieux Bizarre! c a.P. Madeleine Lambert. cinéma Gérard-Philipe. Médiathèque Lucie aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne ciné amphi Vienne. 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