ARKUCHI#37 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2023

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art culture architecture #37 gratuit SEPT. / OCT. 23

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Dans le Rétro... Dans le Viseur

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SUCCESS STORY

• Karavel voit grand

• Sens Interdits, ouvert sur le monde

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C DANS L’AIR

Du beau monde au musée Jean Couty

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Tête d’affiche

Phia Ménard sur tous les fronts

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BÊTES DE SCÈNES

Biennale de la danse : ça joue ! Marco da Silva Ferreira, Camille Boitel, Jean Bellorini, Christophe Perton, Valérian Guillaume, Angélique Clairand & Éric Massé

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Portrait

Victor Bosch, 10 ans au Radiant

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Déambulations Musiques

.30

MICMACS DE SAISONS

Panorama Danse, Les arts du cirque sont de sortie, Spécial Jeune création

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7 e Art

Tous à la barre

.40

Le Street Musée du mois

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FOKUS

Cara Mia

Reine du collage

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TOURS & DÉTOURS

Flâneries insolites

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ADN

Les animaux géants de Kalouf

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Lettres & Ratures

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Popote(s) & Jugeote

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Trajectoires

Fanny Robin

contact.arkuchi@orange.fr

Gratuit • Toutes les 6 semaines Diffusion : plus de 400 lieux Lyon, Métropole & Rhône‑Alpes Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € ‑ 18 rue Belfort 69004 Lyon

Direction de la publication ‑ Rédaction en chef Anne Huguet ‑ 06 13 07 06 97

Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro

Martin Barnier, Jackson Berlioz, Romain Berthault, Blandine Dauvilaire, Nadège Druzkowski, Graphull, Marco Jéru, Valérie Legrain Doussau, Trina Mounier, Florence Roux, Les Soreuses, Élise Ternat, Gallia Valette Pilenko, Illustration de couverture : Cara Mia Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97

Conception et mise en page

Impression : FOT

Tirage : 15 000 ex.

Dépôt légal à parution – ISSN : 2646‑8387

Larédactionn’estpasresponsabledestextesetphotos publiésquiengagentlaseuleresponsabilitédeleurs auteurs.Tousdroitsdereproductionréservés.

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ArKuchi

N 37 ARKUCHI #37 SEPT. | OCT. 23
N°37
À VENISE, 1966-1967 Adagp, Paris, 2023 ©
JEAN JANSEM, PALAIS
Fabe Collage ©

Walking Blues

Entre la grâce du chant de Meskerem Mees, le blues à nu et des danseurs fougueux, comment ne pas se laisser charmer par EXIT ABOVE

d’ Anne Teresa De Keersmaeker ?

A chaud

Après Avignon, rattrapage à la Biennale. Opéra de Lyon 20 > 22 SEPT.

LA FÊTE AUX MOTS À l’Ombre des mots célèbre, les années impaires, les arts du récit et de la parole. Slam, théâtre, siestes littéraires, poésie, contes, jeux et même pétanque. Avec Des Fourmis dans les Mains pour donner le la et Gaëlle Josse comme invitée d’honneur. 6e édition.

08 > 10 SEPT. Jarnioux & Porte des Pierres Dorées

MAISON DE FOUS Metteuse en scène virtuose, hyper douée côté musique et vidéo, Séverine Chavrier monte Ils nous ont oubliés, d’après un texte de Thomas Bernhard en mode théâtre d’horreur. Jouissif.

07 > 13 OCT. TNP Villeurbanne

30 NOV. > 02 DÉC. Comédie de Genève (CH)

À LA LIMITE Avec Through the Grapevine, Alexander Vantournhout et le danseur Axel Guérin se heurtent aux limites physiques de leur propre morphologie dans un pas de deux organique plein de tendresse et d’humanité.

10. OCT. Le Vellein Villefontaine (38)

RIRES À GOGO Pièce indémodable, Les Faux British, de son vrai nom The Play That Goes Wrong, continue de faire tordre de rire les ronchons comme les folichons. On y va.

10 OCT. > 13 JAN. 24 Théâtre Comédie Odéon

RÉCITS D’EXIL Caroline Guiela Nguyen aime les histoires qui traversent le temps, les continents, l’Histoire. Mais en passant par le petit bout de la lorgnette. SAIGON vu d’un resto vietnamien.

12 > 14 OCT. Théâtre de la Croix‑Rousse

MUSIC-HALL TRASH Courez (re)voir Hen : Johanny Bert y chante en compagnie d’une marionnette géante hypersexe.

13 & 14 OCT. Scène nationale de Bourg en Bresse (01)

baroque en diable

La magnifique violoniste Amandine Beyer et son orchestre Gli Incogniti ouvrent le bal d’Ambronay avec un programme ébouriffant de musique italienne. Avant quatre week ends hauts en couleur, des Nouveaux Nez à Louis Sclavis en passant par Patricia Petibon ou le jeune quatuor vocal Cantoría… À croquer.

FESTIVAL D’AMBRONAY (01)

15 SEPT. > 08 OCT.

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DANS LE RÉTRO...
PAR EMMANUELLE BABE, ANNE HUGUET, TRINA MOUNIER, FLORENCE ROUX
Óscar Vázquez
AMANDINE BEYER
FESTIVAL

Hors Normes

10e BHN

> 300 artistes et 40 lieux

Lyon & Métropole

06.09 > 24.10

FEELING GOOD

Remous garantis à La Marquise avec Clay and Friends, fourre-tout de talents venu de Montréal. Cinq garçons à la coolitude contagieuse qui convoquent hip-hop, funk et soul. Ça va chauffer !

La Marquise

30.09

AÉRIEN

INCANTATOIRE

En hébreu ou en anglais, la voix grave de Ruth Rosenthal entête et fascine. Winter Family n’est jamais là où on l’attend, mais leur musique, trouble et radicale, prend aux tripes voire sidère.

Sonic Lyon

29.09

Vingt-sept ans que le Suédois Jay-Jay Johanson balade son spleen et sa voix fêlée entre jazz et trip-hop. Même tempo pour le récent Fetish, les incartades électro en sus. Une mélancolie lumineuse.

Ninkasi Kao

07.10

Un seul en scène sur un gamin qui décide de garder pour toujours un bras en l’air. Une histoire d’ado qui dézingue l’art contemporain. Mon Bras de Tim Crouch flirte avec la performance, bravo Théophile Sclavis !

Vu à Avignon.

PLUS DE PLACE POUR THE HIVES QUI FERONT BIEN HALTE AU TRANSBO AVEC UNE NOUVELLE LIVRAISON DE BOMBINETTES PUNK, THE DEATH OF RANDY FITZSIMMONS (SORTIE AU 11/08).

ARCHI-COMPLET.

À DÉCOUVRIR

Le Ciel ouvre sa saison avec la Biennale de la danse et les Belges de Promise Me puis le génial L’Après-midi d’un foehn. Une programmation de qualité dédiée à l’enfance et la jeunesse pour ce nouveau lieu culturel sis dans le 8e. Incontournable !

22 rue du Commandant Pégout Lyon

5 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 ... DANS LE VISEUR
PHÉNOMÈNEMON BRAS
Abigail Auperin © PROMISE ME, LA GESTE Kurt Van der Elst ©

Pour sa 17e édition, le festival Karavel voit toujours plus grand : quarante-trois compagnies – pas moins ! – sont invitées cette année. Certaines seront aussi présentes à Kalypso en Île-de-France et aux Trans’urbaines de Clermont-Ferrand, qui entrent dans le circuit et contribuent à offrir aux artistes une belle visibilité nationale. C’est le cas de François Lamargot, qui bénéficie du label Passerelles, et présente sa prochaine création Je t’aime à la folie. La pièce a pris forme, entre autres, à La Chapelle Sainte-Marie d’Annonay – lieu de résidence pour les compagnies créé par Nawal Aït Benalla et Abou Lagraa, partenaires de Passerelles – avant d’arriver toute fraîche sur le plateau de Pôle en Scènes en octobre prochain. Ou de Bouziane Bouteldja, carte blanche et invité d’honneur de Karavel cette année. Après le waacking (en 2022) et le krump (en 2021), c’est un artiste qui est mis en pleine lumière au théâtre des Célestins. Implanté à Tarbes (d’où le béret basque qu’il arbore) mais inconnu sous nos cieux, il présente un spectacle à la thématique brûlante d’actualité, la migration. Ruptures s’annonce comme une pièce « puissante » que

43 nuances de danse

le public pourra découvrir en ouverture de festival. Tout comme Dividus, l’un des gros succès 2022 du Off d’Avignon, porté par le chorégraphe autodidacte Nacim Battou. Ce dernier a fait ses classes, entre autres, chez Abdou N’Gom qui présente à Miribel sa dernière création, Yaay, un solo sensible adressé à sa mère. Autre point fort de Karavel : la présence en nombre d’artistes féminines. Non seulement les "stars" comme Anne Nguyen sont là, mais on retrouve aussi Amalia Salle avec Affranchies, une ode à la liberté, programmée l’hiver dernier au festival Suresnes Cités Danse. La jeune chorégraphe (et professeur), qui a fondé en 2017 le festival Paris Can Dance, avait été le coup de cœur de Mourad Merzouki lors des Sobanova Dance Awards, un concours de jeunes chorégraphes. Amalia Salle l’avait remporté en 2021 avec Les Vivaldines, découvert à Karavel la même année. On aime encore Marion Blanchot, déjà venue à en 2018 pour un projet participatif, 100 Profils. Elle revient avec Iko, nouvelle pièce à la croisée entre danse et parkour. Enfin mentionnons la toute jeune chorégraphe Marlène Gobber, qui présente un solo extrêmement personnel et singulier, Mantra, une introspection entre rituel et soin.

6 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23
Mirabel White © DIVIDUS, NACIM BATTOU/CIE AYAGHMA
FESTIVAL KARAVEL 26 SEPT. > 28 OCT. karavelkalypso.com SUCCESS STORY
PAR GALLIA VALETTE-PILENKO

Théâtre(s) en résistance

C’est le retour de Sens interdits, le festival qui lève le voile sur des territoires souvent fermés aux regards pour entendre des voix que les puissants tentent d’étouffer…

On attend impatiemment les deux spectacles phares que sont la nouvelle création du Théâtre KnAM et Antigone in the Amazon du grand Milo Rau. Mais d’autres pièces, parmi les dix-huit à l’affiche, toutes sélectionnées pour leur engagement politique, retiennent l’attention. Ainsi 1,8M, mis en scène par l’homme de théâtre russe Ivan Viripaev, s’inscrit à la suite du recueil de témoignages sur le traitement

des opposants à Loukachenko. Le titre fait référence aux dimensions des cellules de prison bélarusses. Comme toujours à Sens Interdits, les spectacles traitent de faits avérés et concrets. Le focus Palestine aborde la question complexe de la vie sous l’occupation, notamment des traumatismes et du devenir des enfants élevés sous les bombes israéliennes, des déracinés contraints à passer leur vie dans des camps de réfugiés. And here I am de Zoé Lafferty s’annonce à cet égard percutant et passionnant.

Cette année, le festival s’intéresse aussi aux grands pays d’Afrique – Cameroun, Rwanda et Mali –, donnant la parole aux femmes en particulier, dans toutes leurs singularités, et à la création créole, ces Outre-mer si loin, si proches…

7 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 SUCCESS STORY FESTIVAL SENS INTERDITS 14 > 28 OCT. sensinterdits.org
PAR TRINA MOUNIER
Maurycy Stankiewicz © 1.8M, IVAN VIRIPAEV

DE MATISSE À CHAGALL, L’AVENTURE DES PEINTRES TÉMOINS DE LEUR TEMPS

Concentré de chefs-d’œuvre

DE MATISSE À CHAGALL EN PASSANT PAR PICASSO, BUFFET, VAN DONGEN, FUSARO ET BIEN D’AUTRES, LA NOUVELLE EXPOSITION DU MUSÉE JEAN COUTY REND HOMMAGE AUX ARTISTES QUI PARTICIPÈRENT, ENTRE 1951 ET 1982, AU SALON DES PEINTRES TÉMOINS DE LEUR TEMPS. UN ÉVÉNEMENT DONT NOUS PARLE CHARLES COUTY, FILS DE L’ARTISTE ET DIRECTEUR DES LIEUX.

Pourquoi avez-vous choisi ce thème d’exposition ?

CHARLES COUTY Le Salon des peintres témoins de leur temps était le plus grand salon parisien d’après-guerre, tous les grands artistes de l’art moderne y exposaient. Il avait été créé par l’artiste Isis Kischka en réaction à l’abstraction, et présentait de la peinture essentiellement figurative. La quarantaine d’artistes que nous exposons ont tous participé à ce salon, notamment mon père, Jean Couty (1907-1991), qui a obtenu le Grand prix en 1975.

Vous présentez une centaine d’œuvres, dont certaines sortent rarement des collections particulières. Quels sont les trésors de cette exposition ?

CC Pour chaque artiste, nous avons sélectionné une ou plusieurs œuvres représentatives de son travail. Il y a bien sûr Le Peintre à Paris de Marc Chagall qui est un petit bijou : il s’agit du portrait de l’artiste en train de peindre devant la Tour Eiffel avec les amoureux. Nous exposons une superbe toile de Georges Rouault, un très beau Kees Van Dongen ; nous avons aussi un pastel, deux dessins et une aquarelle de Matisse,

notamment le magnifique dessin du Modèle endormi, réalisé en 1935. La toile Femmes déshabillées, femmes assises, peinte par Bernard Buffet en 1965, est un chef-d’œuvre ! Il y a aussi un portrait de Marcel Gromaire, une vue de Venise de Jean Jansem, une oeuvre de Yves Brayer… Il est rare de voir autant de très belles pièces.

Cette exposition rend aussi hommage aux peintres régionaux… CC Nous exposons de remarquables toiles des "Lyonnais" Jean Fusaro et André Cottavoz, de Jean Puy qui était de Roanne et de Maurice Utrillo qui vivait à Saint-Bernard dans l’Ain. À l’étage, nous avons réuni de nombreux paysages, natures mortes et portraits que mon père a présentés au Salon, puisqu’il a participé 23 fois à cet événement. Il y a bien sûr Le Chantier du métro, toile qu’il a peinte en 1972 et avec laquelle il a obtenu le Grand prix. Je précise que cette exposition exceptionnelle n’est pas réservée aux connaisseurs. Mon père voulait que l’art soit accessible à tous et c’est le cas.

8 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 PABLO PICASSO PAYSAGE AU FAUNE ET CHÈVRE 1963 Succession Picasso 2023 © PAR BLANDINE DAUVILAIRE
C DANS L’AIR
> 28 JAN. 24
Musée Jean Couty Lyon 9 museejeancouty.fr

Franchir les limites

JAMAIS LÀ OÙ ON L’ATTEND, PHIA MÉNARD PRÉSENTE UNE CRÉATION TRÈS ENGAGÉE À LA BIENNALE DE LA DANSE. RENCONTRE AVEC UNE CHORÉGRAPHE CIRCASSIENNE, PLASTICIENNE, PERFORMEUSE, PROVOCANTE ET RÊVEUSE, QUI AIME FAIRE BOUGER LES LIGNES.

Vous êtes artiste associée à la Maison de la danse pour trois ans, qu’est-ce que ça représente pour vous ?

PHIA MÉNARD C’est à la fois une sorte de reconnaissance et de continuité de parcours. Ça veut dire qu’il y a considération pour la façon dont j’écris et les sujets que je traite. Je suis également chorégraphe associée à la Comédie de Valence, où je vais réaliser un projet avec des habitants du territoire. Et artiste référente à la Comédie de ClermontFerrand, où je m’apprête à créer une pièce avec des danseurs amateurs de plus de 60 ans.

À la Biennale de la danse, vous présentez ART.13, pièce interprétée par Marion Blondeau.

De quoi s’agit-il ?

PM C’est la première pièce d’un nouveau cycle qui s’appelle Des jardins et des ruines. Les jardins, pour parler de la nature et de la culture ; les ruines, parce que c’est un regard sur notre monde. Je suis partie de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui dit : « Toute personne a le droit de circuler librement

ART.13

et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. » C’est, je pense, l’article le plus utopique et le plus mis à mal par nos sociétés. Dans cette création qui se déroule dans un jardin à la française, je prends un chemin détourné pour parler du contrôle des frontières et de l’espace.

Est-ce une pièce pessimiste ?

PM Non, c’est lumineux et assez proche de la fable. On part d’un endroit très critique pour arriver à l’idée que l’on a les solutions entre les mains. Ce spectacle nous dit que pour changer il faut rêver, que pour rêver il faut sans arrêt réimaginer le monde et savoir ce que ça veut dire de le réimaginer. C’est une pièce chorégraphique très physique.

Le rôle de l’artiste est d’imaginer le monde autrement ?

PM Bien sûr ! La fonction première de l’artiste est de renvoyer sans arrêt l’image du monde par le spectre de l’imaginaire.

C’est la raison pour laquelle vous usez souvent de métaphores ?

PM Le temps de la représentation permet de sortir le spectateur de son quotidien. Il s’agit surtout de requestionner son imaginaire. Selon Michel Foucault, la société a toujours eu peur des enfants, des artistes et des fous, car ils sont capables d’interroger le monde d’une façon très incongrue. Créer, c’est transmettre le désir de rester dans l’enfance, d’être artiste ou de ne pas avoir peur de la folie.

10 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 TÊTE D’AFFICHE
PAR BLANDINE DAUVILAIRE
Louise
©
Quignon
28
Comédie
L’APRÈS-MIDI
FOEHN VERSION 1 30 SEPT.
Lyon 8 06 OCT.
10 OCT.
17 > 19 SEPT. Théâtre des Célestins
> 29 SEPT.
de Valence (26)
D’UN
Le Ciel
Théâtre de Givors
C. C. Charlie Chaplin Vaulx en Velin labiennaledelyon.com
cienonnova.com

LA 20E BIENNALE DE LA DANSE S’ANNONCE PASSIONNANTE.

TOUT D’ABORD

PARCE QUE LE DÉFILÉ

RETROUVE SA PLACE

EMBLÉMATIQUE DANS LE CENTRE-VILLE DE LYON, ENSUITE PARCE QUE LA

DANSE INFUSE UN

PEU PARTOUT DANS L’AGGLOMÉRATION, ET MÊME PLUS LOIN.

Une Biennale qui se danse

« Édition de transition » selon les mots de son nouveau directeur Tiago Guedes qui a assuré environ la moitié de la programmation, l’autre moitié ayant été composée par Dominique Hervieu, cette biennale porte néanmoins la marque de l’artiste portugais. Sur 48 pièces présentées, 21 sont des créations ou des premières françaises, montrant ainsi clairement une volonté de soutenir la création. De plus, cette édition affiche une parité exemplaire, et une programmation clairement politique, à l’image de son compatriote Tiago Rodrigues, nouveau maître du festival d’Avignon. De Lia Rodrigues, de retour après de longues années d’absence, à Marlene Monteiro Freitas, toutes et tous développent un travail éminemment engagé, à l’instar de Anne Teresa De Keersmaeker, qui surprend dans sa dernière pièce EXIT ABOVE.

Lia Rodrigues et son école de Maré, dans la favela du même nom, ne dissocie jamais son art de la réalité et donne à voir, comme toujours, une pièce à la portée politique qui n’oublie pas la poésie. Tandis que Marlene Monteiro Freitas, coup de cœur de la précédente

Biennale, reprend Guintche (du nom d’un petit personnage qu’elle avait dessiné), un solo écrit en 2010 augmenté de deux percussionnistes. Qudus Onikeku, chorégraphe nigérian déjà connu du public lyonnais, renouvelle une expérience qu’il a menée à Barcelone et Marseille : Afropolis : Out of This World est une sorte « d’installation divinatoire, à la fois sonore, visuelle et chorégraphique, et peuplée de vivants comme d’esprits » qui tente de repenser le monde hors des logiques de domination blanche. Ce dispositif que le public pourra découvrir aux Usines Fagor est l’une des nombreuses propositions initiées dans ce lieu, considéré comme le « centre névralgique de la Biennale ». On recommande aussi vivement la création de Peeping Tom, compagnie belge qui fête ses vingt ans et délivre un concentré de son travail dans S 62° 58’ , W 60° 39’ , l’aventure collective de Sidi Larbi Cherkaoui qui offre, à la Biennale, sa première pièce en tant que directeur du Ballet du Grand Théâtre de Genève et, enfin, la très attendue Liberté Cathédrale du (nouveau) directeur du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch, Boris Charmatz.

12 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23
BÊTES DE SCÈNES
PAR GALLIA VALETTE-PILENKO Sammi Landweer ©
09 > 30 SEPT. labiennaledelyon.com ENCANTADO,
RODRIGUES
LIA

suspens En suspens

Vous êtes au carrefour de la danse, du cirque et même du théâtre, comment vous définiriez-vous ?

RAPHAËLLE BOITEL Je suis metteur en scène, c’est ce qui me paraît le plus juste. Mon ADN vient du cirque mais je me suis aussi nourrie de danse, de théâtre et de cinéma vers lequel je reviens toujours. Ma compagnie L’Oublié(e) se situe sous le signe de la pluridisciplinarité avec des formes visuelles, très esthétiques, mais aussi très physiques et toujours au service d’un propos. Nous sommes tous le résultat de ce qui nous a nourris.

Comment concevez-vous vos spectacles ?

RB Je ne travaille pas seule, l’écriture se fait à six mains : dans ma recherche esthétique, l’apport de la lumière et de la musique est essentiel. Tristan Baudoin, qui conçoit la scénographie et la lumière, ainsi qu’Arthur Bison, qui compose la musique et le son, travaillent avec moi depuis le début. Leur participation est particulièrement évidente dans La Chute des anges qui se déroule dans un univers très sombre que sculptent les lumières. Elles sont partie

intégrante de la chorégraphie. Cette manière de créer constitue notre marque de fabrique, notre "patte". De spectacle en spectacle, cette écriture évolue et ma création suivante, Ombres portées, fera la part belle au théâtre avec l’apparition de textes…

Parlez-nous de La Chute des anges. RB C’est presque de la science-fiction, genre Bradbury. On pourrait aussi penser à 1984. J’ai créé ce spectacle au début de la pandémie. Il met en scène des survivants qui obéissent à des lois, des machines. Il ajoute à la danse et au cirque une sorte de questionnement philosophique. Je crois qu’il résonne encore plus fort aujourd’hui, rappelant à quel point c’est important d’être ensemble. Pendant La Chute des anges, on vit tous une expérience commune pleine d’émotions. Le mouvement pour le mouvement ne m’intéresse pas. Je cherche toujours à approfondir une dramaturgie. J’ai en tout cas voulu que cette pièce redonne de l’espoir et je pense qu’elle y parvient.

Le meilleur mélo du monde

Jean Bellorini continue de plonger dans son répertoire avec Tempête sous un crâne, une pièce de 2010 adaptée des Misérables de Victor Hugo. Dans ce « spectacle des origines », le metteur en scène veut entendre « la voix des oubliés, la voix des enfants, la voix des femmes, la voix des courageux, la voix de ceux qui disent non ». Les cinq comédiens et les deux musiciens, qu’ils soient narrateurs ou incarnent Valjean, Gavroche, Cosette ou Marius, disent, scandent, chantent les mots du poète comme on revisiterait un monument de verbe et de chair, une maison. Le spectacle, enthousiasmant et vibrant, même resserré par rapport au roman, dure tout de même 3h40 ! Mais avec des acteurs magnifiques et de l’émotion brute. FR

14 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 BÊTES DE SCÈNES PAR TRINA MOUNIER LA CHUTE DES ANGES Raphaëlle Boitel ©
VOUS L’AVEZ ADMIRÉE DANS LES SPECTACLES DE JAMES THIERRÉE. MAIS DEPUIS, RAPHAËLLE BOITEL VOLE DE SES PROPRES AILES, AU PROPRE COMME AU FIGURÉ. ET CELA VAUT LE DÉPLACEMENT.
LA CHUTE DES ANGES 29 SEPT. > 7 OCT. Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com
14 > 30 SEPT. TNP Villeurbanne tnp‑villeurbanne.com

À perduscorps EN

APARTÉ

Fausse piste

À priori, Charles Péguy ne fait pas envie. Chantre de la France catholique, homme d’ordre et de morale, il n’attire pas les foules. Et pourtant : c’est bien son essai Notre jeunesse qui sert de point de départ à Erwan Vinesse et que l’Élysée, peu suspect de cléricalisme, reprend lors de son prochain Festival de solos. Et de Péguy, il ne reste pas grand-chose : on suit les aventures d’un comédien au chômage, incarné avec brio par Vinesse lui-même. Cherchant un texte pour sortir de la mouise, notre héros tombe par hasard sur Notre jeunesse. Voici alors Péguy balancé dans un sac à dos et parti en randonnée pour être accommodé aux petits oignons. C’est jeune, rigolo, insolent, plein de surprises, formidable : tout sauf du Péguy, quoi !

04 > 07 OCT.

Théâtre de l’Élysée Lyon 7

Délectable vacherie

Marco da Silva Ferreira, l’un des chorégraphes les plus excitants du moment, fait clairement partie de nos chouchous ! Ça tombe bien, il est dans la bande des neuf artistes associés à la Maison de la danse pour les trois prochaines saisons. Et surtout, il présente deux facettes de son travail, l’une à la Biennale puis sa dernière création C A R C A S S, pièce coup de poing qui lance la saison de la Maison. Marco da Silva Ferreira n’est pas un inconnu du public lyonnais qui a pu voir ses trois précédents opus, Hu(r)mano et Bisonte aux Subsistances, et Brother à la Biennale de la danse 2018. Avec C A R C A S S, sa production la plus ambitieuse à ce jour, il frappe fort, très fort même. Dix interprètes survoltés se jettent à corps perdu dans une danse qui puise un peu partout pour exploser dans tous les sens. Gestuelles de club, voguing ou house dance sont ici comme régénérés par le talent d’une troupe inclusive qui s’inspire aussi de danses traditionnelles portugaises. Il faut dire que l’artiste, presque autodidacte, a dansé pour Hofesh Shechter, gardant cette urgence des corps si caractéristique du chorégraphe israélien, mais la dépouillant de sa frénésie systématique. Car, si la danse de da Silva Ferreira peut sembler brute, elle est également très écrite et se construit à plusieurs pour faire « communauté » et devenir aussi politique que poétique. À l’instar du duo Fantasie minor, créé dans le cadre de la Collection tout-terrain du CCN de Caen en Normandie : à voir pendant la Biennale dans divers lieux, le plus atypique étant le toit-terrasse du parking des Halles.

Beckett n’en finit pas de nous étonner. Bien que rangé au rayon des classiques, Fin de partie reste un texte coup de poing. Le parti pris de Laurent Frechuret ? Mettre en lumière l’humanité des personnages sans gommer la noirceur du propos. Pour ce faire, il s’appuie sur quatre acteurs remarquables, ses complices à la scène. Pendant que ses parents, installés dans des poubelles, attendent impatiemment leur bouillie – cruelle image – mais semblent finalement satisfaits de leur sort, Hamm, l’aveugle paralytique, tyrannise avec un plaisir évident son domestique, lui-même estropié. Jean-Claude BolleRedat est ici extravagant de drôlerie et de méchanceté, bourreau décomplexé, enchaînant les répliques qui font mouche, s’applaudissant lui-même de ses propres blagues cruelles et de son désespoir.

10 > 13 OCT.

La Comédie de Saint‑Étienne (42)

22 NOV.

Théâtre de Roanne (42)

15 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 BÊTES DE SCÈNES C A R C A S S
José Caldeira ©
PAR GALLIA VALETTE-PILENKO
FANTASIE MINOR 15 > 21 SEPT. labiennaledelyon.com C A R C A S S 11 > 13 OCT. Maison de la danse maisondeladanse.com

À fleur de peau

DANS ARRÊTE AVEC TES MENSONGES, LES METTEURS EN SCÈNE ANGÉLIQUE CLAIRAND ET ÉRIC MASSÉ RACONTENT UN PREMIER AMOUR ENTRE GARÇONS AU DÉBUT DES ANNÉES 1980. UN VOYAGE SENSIBLE ENTRE HIER ET AUJOURD’HUI, SUR FOND DE TUBES POP ET DE SILENCE.

Il y a les petits mensonges et le grand silence. Le roman autobiographique de Philippe Besson, Arrête avec tes mensonges, dont Angélique Clairand et Éric Massé ont tiré une adaptation en 2020, flirte avec les deux. Les mensonges – ceux que la mère reprochait à son fils aujourd’hui adulte et écrivain – sont les petites histoires qu’il racontait, gamin. Le silence, lui, pèse violemment sur Thomas et Philippe, deux adolescents français en 1984, en province. On écoute 99 Luftballons de Nena, Bronski Beat ou Goldman, mais on se planque encore quand on est amoureux et amant d’une personne du même sexe.

Le silence, c’est aussi cet écart de classes qui s’impose

Le grand saut

ensuite entre les deux hommes. Thomas, d’origine paysanne, se marie et reste au pays, tandis que Philippe, devenu écrivain à Paris, assume son homosexualité. Un jour, raconte Philippe Besson dans ce roman personnel, sa rencontre avec Lucas, le sosie de son ancien amant – en réalité le fils de celui-ci –, le replonge dans cette histoire. De ces flash-back douloureux, ou délicieux, les deux metteurs en scène ont composé un spectacle à fleur de peau et de désir, à la fois délicat et rythmé, qui fait voyager d’une époque à l’autre. Les comédiens (dans une distribution partiellement renouvelée depuis 2020) révèlent avec subtilité le poids des souvenirs et l’épaisseur du silence.

Non content d’écrire, Valérian Guillaume est aussi acteur et metteur en scène. Grâce à une aide à la création, il écrit Richard dans les étoiles et conquiert en 2021 le public comme le jury du Prix Célest’1. Deux années plus tard, le spectacle grandeur nature va naître aux Célestins. C’est le moment ou jamais de découvrir les multiples facettes de cet artiste. C’est l’histoire d’un jeune homme, Loïc, qui en devient un autre, Richard. Non sans mal. Un vrai saut périlleux. Au début, il hérite d’une baraque à frites sur le parking d’un supermarché. En bon fils, il va donc faire des frites au point d’y exceller et de rendre accro les gens du coin. Aussi, quand il arrête brutalement et tire le rideau, personne ne comprend et tous se sentent abandonnés. Mais Loïc renaît… Richard dans les étoiles est une fable sur les injonctions de vie qui imprègnent fortement nos destins. Ces métiers qu’on ne choisit pas, ces existences qui n’en sont pas. C’est aussi et surtout un hymne à la décélération, au pouvoir des rêves, un souffle d’espérance : oui, on doit vivre ses rêves, risquer d’être différent, refuser les voies toutes tracées pour prendre des chemins de traverse… TM

16 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 BÊTES DE SCÈNES
Vincent Boujon © ARRÊTE AVEC TES MENSONGES
PAR FLORENCE ROUX
10 > 14 OCT.
du Point du Jour Lyon 5 pointdujourtheatre.fr
Théâtre
27 SEPT. > 07 OCT. Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com

Le fantôme de Piaf

Christophe Perton est de retour à Lyon, à Oullins plus exactement, où il présente Le Bel indifférent, une pièce de Jean Cocteau, grand absent de nos salles. Pour le metteur en scène qui avoue avoir été bluffé par l’écriture de Cocteau – découverte avec Les Parents terribles –, on est loin d’un texte désuet, démodé. Au contraire, l’auteur porte sur le monde un regard d’une grande modernité et, par certains côtés, profondément féministe. Il faut dire qu’Édith Piaf en a été l’inspiratrice. Jean Cocteau a écrit ce texte pour elle, d’abord dans une version chantée, puis théâtrale, à la demande de celle qui voulait être actrice. C’est un mix des deux que présente Christophe Perton dans une version fidèle à l’auteur, mais très contemporaine et pop – la vidéo y occupe une place importante. Bien qu’il ait déjà mis en scène plusieurs opéras, cette confrontation directe à la musique est une grande première pour le metteur en scène. Il a confié le rôle de Piaf à Romane Bohringer, elle aussi novice dans la chanson, et celui de l’amant indifférent et muet (comme dans La Voix humaine) à un danseur, Tristan Sagon, pour sa grâce féline qui lui donne sur scène une sorte de sauvagerie. Avec le compositeur Maurice Marius, ils ont travaillé huit mois pour accoucher de cette comédie musicale sur la souffrance de l’abandon et le désir de vivre et d’aimer d’une femme blessée.

17 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 05 > 07 OCT. Théâtre de la Renaissance Oullins theatrelarenaissance.com BÊTES DE SCÈNES
Leolo Pujebet © LE BEL INDIFFÉRENT

le boss

IL EST UNE PERSONNALITÉ INCONTOURNABLE, CONNUE DES DIRECTEURS DE SALLE COMME DES ARTISTES.

QUANT AU PUBLIC, IL SE PRESSE VERS LES SCÈNES QUE VICTOR BOSCH

DYNAMISE, MÊME S’IL

N’A PAS FORCÉMENT

REPÉRÉ SON LARGE

SOURIRE. À L’OCCASION DES 10 ANS DU RADIANT*, ON EST ALLÉ À LA RENCONTRE DE CET ACCÉLÉRATEUR DE PARTICULES.

Que signifie pour vous cet anniversaire ?

VICTOR BOSCH C’est d’abord la victoire d’une équipe : on ne gagne jamais tout seul. Mais ce dont je suis le plus fier : avoir créé une "ligne éditoriale", une direction. Le constat : il existe des spectacles orphelins de public et autant de spectateurs qui restent loin de ce qu’ils aiment. L’expérience du Transbordeur a été capitale. Au Radiant, je suis parti avec un public plus large qui cherchait des musiques actuelles, mais aussi du cirque, du one man show, de la danse et même des spectacles plus pointus. L’idée ? Qu’ils se retrouvent dans un seul et même lieu, tous milieux et toutes générations confondus. Artistes et spectateurs ont répondu présents. Avec 185 000 spectateurs par an, le Radiant s’affirme comme un vrai lieu populaire, dans tous les sens du terme.

La musique est-elle toujours au centre de vos passions ?

VB Évidemment, je viens de là ! La musique est sans doute l’élément fédérateur des différents lieux. Dans ma jeunesse et jusqu’aux années 1990, les musiques (punk, électro…) se succédaient. Mais les meilleurs morceaux surfent sur les époques et vivent longtemps après. Aujourd’hui avec les trentenaires, c’est différent. Les YouTubeurs donnent le ton, tout passe par les réseaux et les followers. Du coup, tout se démode très vite, juste un éclat qui fédère un grand nombre de gens, donne le la avant de devenir obsolète. Assister à cela me permet de mieux anticiper cette remise en cause permanente des goûts, et donc de différencier ce qui est tendance et ce qui va survivre.

Cette année, vous coproduisez aussi Neige de Pauline Bureau. VB J’aime coproduire. Je l’ai fait avec les Célestins et le TNP, l’an dernier, pour Ariane Mnouchkine. Je le fais avec Neige. Courtney Geraghty (ndlr, la directrice du Théâtre de la Croix-Rousse) avait envie de faire revenir Pauline Bureau. De mon côté je voulais que Kery James passe au Radiant. On fait donc un échange : Neige à la Croix-Rousse, Kery James au Radiant. Monter ce type d’opération est aussi excitant que de passer quatre heures dans un festival rock ! Je suis un curieux.

Un mot sur votre programmation ?

VB J’invite des petites compagnies, comme celle de Salomé Lelouch qui adapte cette pièce Changer l’eau des fleurs, tirée du bouquin mythique de Valérie Perrin. Mais je fais aussi venir Izïa (avec ses dernières sorties, ça promet d’être piquant !), du cirque hongrois avec Solus Amor, la Phèdre de Sénèque par Lavaudant ou Le Songe d’une nuit d’été de Juliette Rizoud. J’aime bien ces grands écarts. L’éclectisme, c’est essentiel dans une programmation.

18 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23
PORTRAIT
LE GRAND BAL CIE DYPTIK 20 > 22 SEPT. radiant bellevue.fr SOLUS AMOR, RECIRQUEL Naqy Attila Mupa ©
* Il est également en charge de l’artistique au Toboggan de Décines, au Théâtre Jean Vilar à Bourgoin Jallieu et au Neutrino de Genas.
Le Radiant s’affirme comme un lieu populaire

MUSIQUES

BANG BANG

15.09.23 | 20H30

Bad Frequencies est un nouveau (bien)venu dans le paysage rock lyonnais. Moderne et sans artifice, on perçoit dans les titres une large gamme d’influences pour un résultat à la croisée d’un certain flegme à l’anglaise – cette touche de nonchalance Kasabianesque – et de l’hyper mélo californien. Catchy au possible, les morceaux sont taillés pour le live. Sur scène, l’alchimie prend bien. Mené par l’excentricité et l’énergie de son frontman Brice, le quatuor déroule un show sauvage et séduisant au possible, dont on ressort rincé, le crâne rempli de riffs et de mélodies bien senties. En attendant, laissez-vous emporter par le refrain enivrant de Spirit, déjà disponible sur toutes les plateformes. RB

Toï Toï Le Zinc Villeurbanne toitoilezinc.fr

BACK TO THE SIXTIES

21.09.23 | 20H

Pour les fans de garage fuzz, ça se passe du côté du Sonic qui convie The Jackets à mettre le feu. Emmené par sa chanteuse-guitariste à poigne Jackie aka Jack Torera, le trio de Berne, toujours impeccablement sapé, joue vite et fort et balance ses titres, tous plus dansants et tubesques les uns que les autres. Un peu power punk, beaucoup garage avec une touche (parfois) de Jefferson Airplane. Quatre LPs au compteur – de Stuck Inside (2009) à Queen Of The Pill (2019) sorti chez Voodoo Rhythm Records et produit, svp, par King Khan himself –, quelques singles bien sentis, tel ce Life’s Not Like The Movies sorti en mai, et le tour est joué. Belle réputation scénique pour nos Helvètes qui attaquent riffs en tête et ne vous lâchent plus. Let’s rock ! AH

FAN DE 18.09.23 | 20H

On la connaît pour le tube planétaire 1234 (2007) ou encore, la même année, pour le beau My Moon My Man. Depuis, Feist s’est quelque peu éloignée de l’indie pop qui a fait son succès après, rappelonsle, plusieurs années à jouer et chanter au sein de formations rock voire punk. Sorti au printemps, Multitudes, son sixième album mâtiné de folk, confirme le talent de la Canadienne pour faire de la guitare-voix une merveilleuse expérience, profonde et stimulante. Sa voix cristalline nous offre des moments de grâce acoustique (Love Who We Are Meant To) mais aussi des orchestrations inattendues (I Took All Of My Rings Off). Un savant précipité de folk et de pop qui force le respect pour cette songwriter unique. EB

20
DÉAMBULATIONS
PAR EMMANUELLE BABE, ROMAIN BERTHAULT, ANNE HUGUET, FLORENCE ROUX, ÉLISE TERNAT Sonic Lyon 5 SonicLyon Transbordeur Villeurbanne transbordeur.fr THE JACKETS Yuri Tavares © BAD FREQUENCIES Anthony Gallien ©

LES JAZZ(S) QUI FONT ENVIE

01.10 AU 22.10.23

Entre l’entrée swing du doux duo de Phyllipa Scammel (violoncelle, voix) et Rémi Dugué (guitare) et le final complice des superbes Enhco Brothers – Thomas au piano et David à la trompette –, le Rhino Jazz(s) Festival propose vingt-trois jours d’une balade sacrément prometteuse entre Saint-Étienne et Lyon, qu’elle passe par l’opéra, se niche dans l’église d’un village ou sur une scène de club. Et tous les sons (presque !) font envie. Les explorations délicates et bien balancées du grand Chucho Valdés (en quartet), ou le violon volcanique de sa jeune concitoyenne cubaine, Yilian Cañizares. Autre violon virtuose, celui de Mario Forte s’aventure entre groove et transe quand la nouvelle pépite au piano Yessaï Karapetian (en quintet) se prend d’une fougue qui laisse KO. Pourquoi ne pas se remettre avec l’élégance et la voix smooth du guitariste angolais Toto ST ? Ou le charme de la paire Lionel Suarez et Airelle Besson, lui à l’accordéon, elle à la trompette ? FR

Rhino Jazz(s) Festival Loire et Rhône rhinojazz.com

SOUL MAISON

23.09.23 | 20H30

Une affiche 100 % groove lyonnais à l’Épicerie Moderne avec Da Break et The Buttshakers. Formation incontournable de la scène soul locale, les Buttshakers perpétuent avec brio les vibrations de l’âge d’or des productions des années 1960 et 70. Au micro, l’Américaine Ciara Thompson, originaire de Saint-Louis, met sa voix franche au service des textes militants de leur dernier album Arcadia, sorti en 2021 (Underdog Records). The Buttshakers y racontent l’Amérique rongée par les inégalités et la violence : du groove conscient qui donne comme une furieuse envie de danser. EB

L’Épicerie Moderne Feyzin epiceriemoderne.com

LE ROI DES DANDYS

02.10.23 | 20H30

Habitué des lieux, lorsqu’il vient à l’Épicerie Moderne, Baxter Dury est un peu comme chez lui. Avec son élégance décalée et son flow monocorde, ce dandy so british insuffle à sa pop arty mâtinée de hip-hop, l’esprit des fins de nuits londoniennes. Pour ce septième album studio sorti en juin dernier, il s’est entouré des voix féminines que sont Madeleine Hart, Eska ou encore de JGrrey. Un brin désabusé, I Thought I Was Better Than You s’apparente à une nouvelle plongée introspective sur ce qui a forgé l’univers musical de ce crooner si attachant. Ses textes incisifs et drôles, habités de boucles synthétiques et autres inspirations R&B, promettent une soirée qui va groover. ET L’Épicerie moderne Feyzin epiceriemoderne.com

NOSTALGIE GOTHIQUE

17.10.23 | 20H

Les mythiques The Sisters Of Mercy débarquent sur la scène du Transclub. Ce vieux groupe des années 1980 a laissé trois albums à la postérité (autant dire très peu), berçant (et ils continuent) son lot de rockeurs en mal de voix d’outre-tombe et d’ambiances glaciales. De First and Last and Always (leur premier album, en 1985, minimaliste et décharné) à Floodland (le deuxième, sans doute plus passe-partout), de Marian à Lucretia My Reflection, de Black Planet à Alice, de 1959 à Nine While Nine, les morceaux qui prennent aux tripes s’empilent pour le combo de Leeds, emmené par son leader magnétique et caractériel, Andrew Eldritch. Pas sûr que lui et sa bande soient toujours à la hauteur (beaucoup de fumées et d’effets pour les cacher ?), mais on a envie d’y croire. AH

21 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 DÉAMBULATIONS
Transbordeur Villeurbanne transbordeur.fr THE BUTTSHAKERS Jean Philippe Gimenez © CHUCHO VALDÉS OCP Photography Miami ©

DES PETITS RIENS POUR

S’ÉMERVEILLER

En voilà une qui carbure à la nouveauté, à l’intuition, « à la surprise » ! Avec Cara Mia, bienvenue dans le bouillonnement créatif, l’imaginaire débridé. Graphiste installée à Lyon depuis une quinzaine d’années, formée aux Beaux-Arts d’Amiens, Cara Mia – un pseudonyme, vous l’aurez deviné – se définit également comme « illustratrice, collagiste, photographe, poétesse ». Sans oublier chanteuse, car la demoiselle ne s’est pas privée, le temps de trois enregistrements, de sa folle envie de chanter ses vers. Depuis un an et demi – et après quatre ans de Petites Ph(r)ases, carnets d’aphorismes illustrés « nés de montagnes russes d’émotions et du besoin impérieux de les exprimer » –, Cara Mia la touche-à-tout développe une nouvelle obsession : le collage. En cette rentrée, c’est au Marché Gare que l’on peut découvrir ses amusantes créations sur fond blanc ou noir, entre minimalisme et poésie. Le médium est un écrin parfait pour cette « hypersensible », toujours à l’écoute de ses pulsions

FOKUS
PAR EMMANUELLE BABE VISUELS CARA
MIA
Je crée pour évacuer le surplus d’émotions

de créativité : « J’aime la possibilité d’assembler des formes, des images, des supposés opposés, des dissonances. Séparément, les pièces ont une vie, à plusieurs, elles racontent une nouvelle histoire », explique-t-elle. En un an et demi, elle a réalisé 350 collages, dont une quarantaine seront présentés dans la salle de concert. Le lieu n’est pas anodin pour cette passionnée de musique qui réalise des affiches pour des salles, des festivals, et les pochettes d’albums de différents artistes. « Je travaille toujours en adéquation avec mes goûts, il faut que je trouve un sens à chacune de mes créations. Et pour cause : je crée parce que c’est vital ! », confie-t-elle. Son style épuré se révèle coloré et plein de peps lorsqu’elle illustre ; pour la photographie en revanche, elle travaille beaucoup le noir et blanc. Sa série de street photography capturant des quidams de dos (Ne te retourne pas) devrait faire l’objet d’un livre.

Le collage lui a donné une nouvelle occasion d’explorer son imaginaire, mais aussi d’expérimenter une manière de créer plus artisanale, avec scalpel, ciseaux et crayon de bois : « J’avais besoin de quitter l’ordinateur et de prendre une forme de risque : quand tu colles, tu n’as pas droit à l’erreur. » Plongeant dans la matière des centaines de magazines qu’elle a récoltés – dont un stock datant des années 1950 –, Cara Mia emboîte, associe, confronte les échantillons d’images. « Le plaisir ultime : quand deux pièces se rencontrent pour, enfin, raconter une histoire. » Les montages produits sont toujours réussis, parfaitement exécutés (le collage n’est pas explicitement montré), et donnent à voir des tableaux surréalistes et poétiques, autour du féminin, de la nature, de l’espace. Une galaxie créatrice sans limites, et cela lui va bien.

ELLE AIME

Françoise Sagan, Marguerite Duras, Pierre Dac, Edgar Morin, Paul Éluard, Christian Bobin, Lucky Love, Yuval Robichek, Odezenne, etc.

PLACE AU SILENCE

16 SEPT. > 15 DÉC.

Marché Gare Lyon 2 marchegare.fr

cara‑mia.fr caramialyon cara__mia___

USINE DES EAUX DE SAINT-CLAIR

2, av. de Poumeyrol Caluire (sur réservation uniquement) eaualyon.fr

RENVERSANTE BEAUTÉ DE BASSINS INDUSTRIELS À L’EAU TURQUOISE, FRAGILE TOURBILLON DE FEUILLES PEINTES ET VOLUTES DE L’ART NOUVEAU : LAISSEZ-VOUS HAPPER, À L’OCCASION DES JOURNÉES DU PATRIMOINE, PAR LES SURPRENANTS MÉANDRES DE TROIS SITES LYONNAIS.

À une échelle plus humaine, Giuseppe Penone nous invite à une réflexion sur l’homme et la nature, au Conservatoire supérieur de musique et danse, à Vaise. Cet artiste italien, associé à l’Arte povera, questionne depuis toujours le règne végétal, minéral mais plus largement l’être, l’infini… Aujourd’hui de renommée internationale, il a créé pour le Conservatoire, en 1988, deux œuvres déjà emblématiques de sa quête artistique. Dans le jardin, la sculpture en bronze Souffle de feuilles, maintenue par cinq troncs élancés, « calque les arbres parmi les arbres » et se patine comme une écorce. Cette œuvre extérieure communique discrètement, via un ingénieux procédé, avec l’intérieur : à même le mur du foyer des étudiants, une immense peinture Dessin de Pierre évoque un tourbillon noir de feuilles.

Flâneries insolites

C’est par un étroit escalier, à l’entrée quasi invisible d’un jardin de Caluire, que le visiteur change de zone-temps. Là, plongeant dans de l’eau aux reflets turquoise, de puissants piliers circulaires semblent former une étrange cathédrale souterraine à la beauté fantomatique. Expérience hors du temps, seules des gouttelettes, qui depuis 150 ans ont créé de fines stalactites, s’égrènent dans des notes cristallines. Aujourd’hui inutilisés, les bassins filtrants de l’ancienne usine Saint-Clair de Caluire approvisionnaient, au XIXe siècle, tout Lyon en eau. Sur les quelque 7 000 m2 existants, seuls 1 600 m2 sont apparents, révélant au public, dans une douce pénombre, un étrange labyrinthe d’arches industrielles. Regardez le niveau du bassin : il reflète parfaitement celui du Rhône d’où l’eau était filtrée et pompée grâce à d’immenses pompes de Cornouailles, dont l’une est toujours visible sur le site.

Recherches végétales et florales, un thème cher également à l’Art nouveau qui, au tournant des XIXe et XXe siècles, voulait révolutionner les arts et l’architecture. À Montchat, la fondation Berliet, hébergée dans l’ancienne maison de Marius Berliet, pionnier de l’industrie automobile, a conservé sa décoration intérieure Art nouveau, rare exemple lyonnais. Sans extravagance, en accord aux goûts du commanditaire, deux artistes de renom de l’École de Nancy ont déployé leur talent : Louis Majorelle pour les boiseries et Jacques Gruber pour les vitraux. Passiflores, pommes de pin et algues marines ornent avec délicatesse la demeure, qui ouvre ses portes au public uniquement lors des Journées du patrimoine.

24 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23
Vincent Delesvaux ©
TOURS
DÉTOURS
LES JARDINS DU CONSERVATOIRE
&
PAR NADÈGE DRUZKOWSKI
CNSMD LYON 16 SEPT. 10H > 18H 3, quai Chauveau Lyon 9 cnsmd lyon.fr Paul Laffly L’eau à Lyon ©
LES BASSINS DE SAINT-CLAIR
FONDATION
Esquirol
BERLIET 39, av.
Lyon 3 fondationberliet.org

Le beau bestiaire

Les animaux géants que Kalouf peint sur les murs ? Pas vraiment un hasard. Né au Gabon en 1978, l’artiste grandit dès trois ans à Châtillon-en-Bazois, près de Nevers, entre un père garde forestier, passionné de serpents, et une mère responsable d’un village d’accueil.

« Gamin, j’attrapais tous les animaux possibles, souris, salamandres et même, à dix ans, une vipère, se souvient-il. Et je dessinais beaucoup... »

Il croque paysages et animaux, consomme dessins animés et comics avant que, vers 1990, la culture hip-hop ne l’agrippe, le rap de NTM ou IAM et, influence majeure, le graff. « J’ai eu la révélation face à ce mur peint dans un clip de Ménélik, raconte-t-il. Les couleurs, le grand format, la rue

où ça touche tout le monde, mais hors système : je voulais faire ça ! » Depuis, après un Yo historique dessiné « derrière la Poste du bled », Kalouf n’a cessé de peindre et de graffer.

Il fait ses armes le long de voies ferrées, près de Paris, s’affûte à Nevers dans des entrepôts désaffectés, enchaîne les portraits, intègre le collectif ACC, peint des fresques à plusieurs, coorganise des jams, rejoint un autre collectif à Mâcon, où il monte sa boîte de décoration avant d’intégrer, vers 2012, un atelier à Lyon.

« Tout était formateur, glisse ce virtuose autodidacte. Je testais les styles, le trompe-l’œil, les portraits, l’acrylique et l’aérographe sur toile. Je graffais en parallèle. Mais trop peu : le mur me manquait. » Or, pendant ces années, les peintures sur les rideaux des boutiques ont contribué à inscrire les graffs dans la ville et à faire reconnaître les artistes. Kalouf, qui crée le collectif Blast avec le sculpteur Romain Lardanchet en 2014, accède comme d’autres à de très grands murs. À la bombe, mais légalement.

En 2016, on remarque son singe cosmonaute sur un mur de Kourou, en Guyane. En 2017, à la Croix-Rousse, il sublime sur 120 m² un Combattant du Siam, poisson turquoise qui, ajoute l’artiste, « se bat pour protéger son territoire ». La belle fresque se fait repérer… Avec Romain Lardanchet, il crée aussi un gigantesque Caméléon endormi au festival ONO’U en 2017, à Papeete (Tahiti). Puis il réalise deux ans plus tard Gorilla Urbaine, peinture éphémère de 2 000 m² sur un ancien Novotel, mais aussi Dessine-moi… un Renard, sur un mur du Centre Léon-Bérard, toujours à Lyon.

Le peintre invente aussi avec son compère Lardanchet des expos éphémères dans des entrepôts vides, comme cet été, du côté de Vaise, Magonia et son monde fantastique inspiré de l’histoire de Lyon. Une future fresque ? Dans le 7e à Lyon : une enfant sur le dos d’un rhinocéros, pour exprimer « la symbiose entre l’enfant et la nature ».

26 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 ADN PAR FLORENCE ROUX
VENU DE BOURGOGNE, LE STREET ARTISTE KALOUF TRAVAILLE DEPUIS DIX ANS À LYON, ET DANS LE MONDE. LES MURS LUI INSPIRENT DES FRESQUES IMMENSES, SURTOUT DES ANIMAUX.
kaloufart
kalouf.com
Fabe Collage © Fabe Collage © Fabe Collage © Jean Pierre Pyrée ©

L’art du lien

ENTRÉE À VINGT-DEUX ANS À LA FONDATION BULLUKIAN POUR UN STAGE, FANNY ROBIN NE L’A PLUS QUITTÉE.

DÉSORMAIS À LA DIRECTION ARTISTIQUE DE CET ÉCRIN SITUÉ EN PLEIN CŒUR DE LA VILLE, CETTE HYPERACTIVE ENGAGÉE EN FAVEUR DE L’ART CONTEMPORAIN ŒUVRE À LA VITALITÉ D’UNE PROGRAMMATION ACCESSIBLE AU PLUS GRAND NOMBRE.

Pourquoi avoir fait le choix de l’art contemporain ?

FANNY ROBIN Ce qui m’anime, c’est le lien entre création vivante et patrimoine, avec l’envie d’amener l’art là où il n’est pas forcément. Nous sommes une petite équipe avec des missions très transversales. Ma programmation croise l’art contemporain à des techniques plus artisanales, remises au goût du jour, avec un ancrage territorial. Dans ce même esprit, je dirige depuis 2018 un événement intitulé Campagne-Première* qui favorise la rencontre entre les œuvres et le public tout en bousculant les lignes.

Quel est l’ADN de la Fondation ?

FONDATION

BULLUKIAN

CAMILLE CHASTANG

THOMAS HENRIOT 07 SEPT. > 16 DÉC.

CHRISTINE CROZAT 07 SEPT. > 07 OCT. bullukian.com

AILLEURS

TERRITOIRES MÉTAPHORIQUES Avec la School Gallery 05 SEPT. > 27 OCT. Manifesta Lyon 1er

ARTISSIMA Collection privée > 27 OCT. Le Moulin Rochetaillée sur Saône

FR C’est un lieu ouvert sur la cité, inscrit dans une dynamique territoriale d’échanges avec d’autres évènements (Biennale d’art contemporain, Fête des Lumières…). Sa mission d’intérêt général ?

Le soutien à la culture et à la création, le lien avec l’Arménie, la santé et la recherche. La proximité entre les artistes et le public est essentielle avec l’idée de coconstruire dans la durée, de créer des ponts via des dispositifs d’accompagnement voire des passerelles avec les entreprises. Un passage à la Fondation Bullukian permet de faire rayonner la carrière d’un artiste, tout en favorisant la mise en réseau.

Comment faites-vous votre programmation ?

FR J’ai un goût prononcé pour le dessin et la matière mais je fais beaucoup de prospection, ainsi qu’une veille constante sur les nouvelles pratiques, quel que soit le médium. J’aime alterner monographies et expositions collectives, comme celle d’À pleins poumons avec ses douze artistes. La liberté, le foisonnement, la diversité des propositions me paraissent essentiels. À ce titre, nous accueillons à la rentrée une rencontre entre Camille Chastang et Thomas Henriot via des créations in situ où la peinture déborde du cadre pour inonder les espaces. Cela permet une relecture du lieu, tous les trois mois. En parallèle, Bullu’lab accueille Christine Crozat puis Marie-Claire Mitout sur des périodes plus courtes pour des temps de création et de rencontres avec les publics.

Quels sont les lieux qui vous nourrissent artistiquement ?

FR J’apprécie les lieux de patrimoine chargés d’histoire, mêlant ateliers d’artistes et rencontres avec le public. Comme l’Abbaye de Fontevraud où la création contemporaine a un vrai sens ; comme l’URDLA à Villeurbanne, Manifesta ou Artissima, à Rochetaillée-sur-Saône, avec sa collection construite sur des années et désormais révélée au public.

28 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23
TRAJECTOIRES
Pauline Roset Studio ©
VUE DE L’EXPOSITION À PLEINS POUMONS
PAR ÉLISE TERNAT
* Week end d’art organisé en juillet à Revonnas (01), prochaine édition en 2024.

OÙretrouver tous ces spectacles ?

Maison de la danse

Radiant-Bellevue

Pôle en Scènes

Théâtre Théo Argence Le Toboggan

Théâtre Jean-Vilar (38)

Théâtre François Ponsard (38)

Bonlieu Scène nationale (74)

Théatre de Mâcon (71)

Espace des Arts (71) etc.

Au grand bal

LA SAISON CULTURELLE S’ANNONCE RICHE ET FLAMBOYANTE EN MATIÈRE

D’ART CHORÉGRAPHIQUE. COMME

TOUTES LES ANNÉES ESTAMPILLÉES

BIENNALE DE LA DANSE, CELUI-CI

SE DÉPLOIE PARTOUT, DE LYON À

GRENOBLE EN PASSANT PAR ANNECY ET CHALON, DANS UNE GRANDE DIVERSITÉ D’ESTHÉTIQUES.

Àtout seigneur tout honneur, la sélection, forcément subjective, commence par Lyon où les curieuses et les curieux pourront aiguiser leur appétit avec les Cosmologies lancées par l’équipe de la Maison de la danse et son nouveau directeur Tiago Guedes. Des cartes blanches, en quelque sorte, données à deux des neuf artistes associés à la Maison, en l’espèce François Chaignaud et Jan Martens. Hormis les spectacles présentés, le fabuleux Tumulus de Chaignaud (programmé dans d’autres salles de la région) et la nouvelle production de Martens, VOICE NOISE parts 17 & 18, chacun s’empare de la proposition à sa guise. Le premier offre un cabaret de sa composition et donne un coup de projecteur sur l’autriceperformeuse-réalisatrice Patricia Allio. Le second met en lumière l’une de ses compatriotes, la Belge Femke Gyselinck tout en invitant l’écrivain Édouard Louis à une conversation avec lui.

On pourra également réviser ses classiques. Ainsi la Trisha Brown Dance Company propose un double programme composé d’une pièce historique, For M.G. : The Movie, et d’une création commandée à Noé Soulier, tandis que Les Carnets Bagouet remontent le magnifique So Schnell du regretté Dominique Bagouet. Dans la veine de la « jeune danse française des années 1980 », on retrouvera avec un plaisir non dissimulé trois grandes dames, Maguy Marin, Mathilde Monnier et Régine Chopinot, qui ont fait leurs armes depuis et restent plus percutantes et impertinentes que jamais.

La jeune génération n’est pas en reste avec la création, en janvier prochain, de Giselle Vienne à la MC2: Grenoble où elle est artiste associée. Dans EXTRA LIFE, elle reprend sa collaboration avec l’écrivain Dennis Cooper et met en scène Adèle Haenel et une marionnette. One Song de Miet Warlop, qui a enflammé Avignon en 2022, sera également à l’affiche dans toute la région, tout comme la performeuse et metteuse en scène Rébecca Chaillon. Plutôt vomir que faillir donne la parole aux ados, mais façon Chaillon, avec force débordements, excès et fantaisie. Après Carte noire nommée désir – la pièce présentée, cet été, dans le In d’Avignon a déclenché des agressions physiques et verbales à caractère raciste –,

30 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 MICMACS DE SAISONS
PAR GALLIA VALETTE-PILENKO Laurent Philippe ©

réviser ses classiques

on se réjouit d’avance de découvrir, à Mâcon, cette nouvelle production (créée l’année dernière). Toujours à Mâcon où il est artiste associé, mais aussi à Annecy et ailleurs, Amala Dianor présente sa dernière création Dub, qui interroge le devenir des danses urbaines 2.0 tels le waacking, la pantsula, le dancehall et leur pouvoir de subversion, à l’aune du XXIe siècle. Tout comme Annabelle Chambon et Cédric Charron, les deux transfuges de la compagnie Troubleyn – du désormais réprouvé Jan Fabre – questionnent la fabrique du complot dans La Conspiration des Lézards. Quoi de plus logique que de démonter la mécanique infernale des mouvements complotistes après avoir dézingué la société de consommation par une brillante et déjantée démonstration autour du maïs avec Pop Corn Protocole, (présenté au printemps dernier aux SUBS) ? Tatiana Julien, jeune chorégraphe engagée, scrute elle aussi les gestes émancipateurs dans Soulèvement. Ce solo rageur s’inscrit dans le Parcours à facettes, rendez-vous initié par la Comédie de Valence en toute fin de saison, qui invite également Patricia Allio avec sa dernière pièce Dispak Dispac’h. Autre temps fort à surveiller, le festival Transdanses à Chalon-sur-Saône présente de grosses pointures comme (LA)HORDE et François Chaignaud (encore), mais surtout la jeune Justine Berthillot, artiste prometteuse à suivre.

Dans un autre genre, plus mainstream et moins engagé, l’impayable Philippe Lafeuille tourne un peu partout avec son tube absolu, TUTU, mais aussi avec Cendrillon : ballet recyclable, Car/men et surtout sa dernière production A4 (comme la feuille). À l’instar de notre star régionale, Mourad Merzouki, qui fait décidément carton plein. Il reprend Folia pour l’inauguration (entre autres) du nouveau Théâtre Théo Argence, Zéphyr pour Karavel, avant de revenir avec Pixel et Phénix. Sans compter Boxe Boxe Brasil, recréation version carioca de l’une de ses pièces phares.

On ne pourrait conclure ce panorama sans vivement recommander le flamenco effréné et inspiré de David Coria (Los Bailes Robados), qui essaime dans toute la région. Tout comme la São Paulo Dance Company qui s’offre une belle tournée française passant par Lyon et Rhône-Alpes, avec un programme foisonnant de quatre pièces, de quoi réjouir les amateurs de déhanchements sensuels caliente de la virtuose compagnie brésilienne.

31 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 MICMACS DE SAISONS
PIXEL, MOURAD MERZOUKI

CONNECTÉE

THÉÂTRE DE VÉNISSIEUX

lamachinerie venissieux.fr

De saison en saison, la Machinerie de Vénissieux s’impose comme une scène branchée sur le monde, en prise à la fois avec les musiques et danses urbaines, le cirque d’aujourd’hui, le théâtre dans ses diverses expressions. Elle réussit le défi d’être solidement implantée dans les quartiers populaires, curieuse de cultures et ouverte à l’international. Elle accueillera en résidence pas moins de 25 groupes de rap, hip-hop (etc.), notamment les Pockemon Crew qui entendent bien fêter l’entrée de la breakdance aux prochains JO. Sont à l’affiche logiquement des spectacles de la Biennale de la danse et de Sens Interdits (voyages promis à La Réunion et en Martinique). Du théâtre engagé avec Kery James et sa nouvelle pièce À huis clos, des contes et légendes revisités par Philippe Delaigue dans Petites mythologies et le chef-d’œuvre de Steinbeck, Les Raisins de la colère, porté sur le plateau par Hugo Roux, un orfèvre en la matière… Restez ici, y’a tout à voir !

programatons

TNG

tng‑lyon.fr Une seconde saison hors les murs se dessine pour le Théâtre Nouvelle Génération (TNG) qui met à profit son nomadisme pour s’essayer à de nouvelles collaborations. Comptant pas moins de 22 spectacles dont 8 créations, la programmation sera ponctuée par le retour de Micro Mondes en novembre et la poursuite du focus Nos Futurs. L’occasion de découvrir quelques pépites parmi lesquelles l’ensorcelante expérience augmentée No reality now signée Vincent Dupont et Charles Ayats mais aussi la création Les voltigeurs de Gy par Marion Talotti pour Haut et Court. Autre rendez-vous immanquable que celui de l’excellente Jeanne Mordoj, qui revient avec Foraine et son fascinant goût d’étrangeté. Enfin Joël Maillard, Adèle Gascuel ou encore Julie Desprairies compteront parmi les artistes « signatures » à retrouver au fil d’une saison qui inscrit plus que jamais le projet de ce théâtre pas comme les autres sur le territoire en lien avec les habitants. ET

32 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 MICMACS DE SAISONS
PAR TRINA MOUNIER, FLORENCE ROUX, ÉLISE TERNAT NOMADE
NO REALITY NOW 19 > 21.09 Pôle Pixel Villeurbanne LES VOLTIGEURS DE GY 03 > 07.10 Ateliers‑Presqu’île
TM
BLANCHE BD RECORDS 23.09 Bizarre! Vénissieux INCANDESCENCES 10.10 Jaïa Rose Pure
© / Petites mythologies Julie
© / De
© No reality now Florian Salabert © / Foraine Marie Frecon © / VRAI Julien Vittecoq © Folia Julie
© / Tandem Julie
© / Brundibár
©
CARTE
Rubis
Cherki
la rue aux JO Matthew Totaro
Cherki
Cherki
Jean Louis Fernandez

FOLIA 16 > 19.09

GRAND JETÉ 29.09

SAUVAGE

THÉÂTRE JEAN‑VILAR

theatre.bourgoinjallieu.fr

Le Théâtre Jean-Vilar à Bourgoin-Jallieu place cette saison sous le signe d’une panthère et dans « la jungle » de tous les arts. Ça commence en musique avec Les Belles Journées qui accueillent Biolay, Deluxe, Zazie, Izïa ou Bandit Bandit… Histoire de donner le rythme. Ensuite, Mourad Merzouki ne le lâche pas avec Phénix, où quatre danseurs s’acoquinent avec une viole de gambe et la musiques électro d’Arandel. Dans Les Poupées persanes (pièce multi-récompensée aux Molières 2023), Aïda Asgharzadeh compose des contes persans à la manière des poupées russes, où les époques s’emboîtent pour mieux dire les élans et la souffrance des Iraniens. Dans The Tree (Fragments of poetics on fire), Carolyn Carlson invite à nous reconnecter à une nature mise en danger par l’homme. FR

LES BELLES JOURNÉES

08 & 09.09

Parc des Lilattes Bourgoin Jallieu

BUISSONNIÈRE

THÉÂTRE DE VILLEFRANCHE

theatredevillefranche.com

Théâtre buissonnier autant entre les arts que parmi les lieux environnants, le Théâtre de Villefranche ouvre cette saison de passation – Amélie Casasole transmet la direction à Antoine Gariel qui prend ses fonctions le 1er septembre –sur un bel objet de continuité : le festival Nouvelles Voix.

Très féminine, sa 19e édition balance entre le piano solo forte de Coline Rio, la pop douce-amère de Poppy Fusée ou le rap samouraï de Eesah Yasuke. Entre autres ! Côté théâtre, l’occasion est belle de (re)découvrir le passionnant et émouvant Faut-il séparer l’homme de l’artiste? de Giulia Foïs et Étienne Gaudillère, ou l’excellente fiction Mort d’une montagne, par François Hien et Jérôme Cochet. Et pour le cirque, la funambule Johanne Humblet présente Révolte (...). Dans ce spectacle engagé, trois circassiennes et deux musiciennes se dépassent et invitent à prendre de la hauteur ! FR

RENOUVELÉE THÉÂTRE THÉO ARGENCE

theatretheoargence saint priest.fr Une belle salle toute neuve pour accueillir le public et un programme varié où chansons et jeune public dominent. Versant théâtre, le Théâtre Théo Argence (TTA) propose de découvrir une jeune autrice à travers quatre spectacles. Joséphine Chaffin est la plume élégante de Vive, de Oui, de Tandem, pièces dont elle cosigne la mise en scène avec Clément Carabédian, son acteur préféré. Juliette Rizoud mettra en scène ses Héroïnes tandis que Mourad Merzouki inaugurera, entre lyrique et hip-hop, le TTA sur des airs de tarentelles italiennes… Pour clore la saison en beauté et en musique, un opéra, par et pour des enfants, en direct de l’Opéra de Lyon : Brundibár. TM

LE GRAND BAL 10.10

FESTIVAL NOUVELLES VOIX 16 > 21.10

33 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 MICMACS DE SAISONS
Phénix Julie Cherki © / The Tree (...) Frédéric Lovino © / Les Poupées persanes Alejandro Guerrero © Faut-il séparer l’homme de l’artiste Marie Charbonnier © / Mort d’une montagne Alain Doucé © / Révolte (...) Les Filles du Renard Pâle ©

PAS D’UTOPISTES CETTE SAISON, MAIS LES ARTS DU CIRQUE SONT BIEN EN PLACE DANS LES SALLES. COUPS DE CŒUR, DÉCOUVERTES OU BELLES PROMESSES, VOICI UN ZAPPING (BIEN SÛR) PARTISAN QUI MÉLANGE LES CADORS DU GENRE, LES CONFIDENTIELS, LES ÉMERGENTS, LES OVNIS AVEC, COMME FACTEUR COMMUN, UNE VIRTUOSITÉ À TOUTE ÉPREUVE.

Le cirque, métaphore de la vie ?

On démarre avec du cirque canadien. D’abord le retour des 7 Doigts de la Main avec Duel Reality, une relecture acrobatique de Roméo et Juliette. On connaît la qualité du travail inventif des Montréalais, très affûtés, explosifs, et surtout généreux, une valeur sûre. Du Québec toujours, les Machine de Cirque (en tournée avec deux pièces) font le job mais dans une veine entertainment à l’américaine, avec un humour parfois potache, et c’est dommage. Numéros de voltige et de main à main impressionnants et esthétique très léchée : on avait été carrément bluffé par leur Nuit du Cerf qui sortait des sentiers battus. La barre est donc haute pour les virtuoses du Cirque Le Roux (basé au Québec), qui préparent actuellement Entre chiens et louves, nouvelle création conçue comme un film, entre acrobaties et vaudeville

On change de continent : dans un style plus épuré, les Australiens de CIRCA coupent toujours le souffle avec un cirque exigeant – physique et très technique – qui pousse le corps dans ses extrêmes. Virtuosité incroyable, portés audacieux, partition millimétrée : on sort un peu groggy de leurs pièces intensément graphiques. Mais on est fan. Autres sensations fortes annoncées avec

le collectif La Contrebande : les six acrobates de haut vol (bascule coréenne et hongroise) questionnent les notions de risque et d’exploit, et poussent le bouchon à la limite avec Willy Wolf et son « grand saut », fable moderne sur la société du paraître. Vertigineux et sous tension, paraît-il. Les filles du renard pâle persistent et signent toujours vent debout. Le troisième volet de leur trilogie, Révolte, ou Tentatives de l’échec, est attendu pour la mi-octobre à Bonlieu. « Un spectacle engagé corporellement et émotionnellement, entre violence et amour. Ces moteurs qui activent et animent l’être humain… », annoncent-elles. On leur fait confiance. Balles, massues, cerceaux, ça vole aussi, mais dans un autre registre. Après Pina Bausch (et le brillant Smashed), les jongleurs fous britanniques de Gandini Juggling s’attaquent à Merce Cunningham : LIFE est une pièce hommage culottée avec d’incroyables architectures dans l’espace et une précision du geste folle. Pour la première fois à la Maison de la danse. Dans une même approche chorégraphique du mouvement, les locaux du Collectif Petit Travers (grosse actualité de saison avec trois pièces en tournée), quant à eux, peaufinent Nos matins intérieurs avec dix jongleurs et les musiciens du Quatuor Debussy. Il y sera question de jonglage, de collectif et d’individualité. Première à la Biennale. Enfin, dans la série des inclassables, on

34 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23
ANNE
MICMACS DE SAISONS PAR
HUGUET
BITBYBIT, MOVEDBYMATTER & COLLECTIF MALUNÉS

retrouver tous ces spectacles ?

Biennale de la danse Maison de la danse

TNG

TNP

Radiant-Bellevue

Théâtre de Vénissieux

Le Polaris

Théâtre de Villefranche

Comédie de Saint-Étienne (42)

Espace Malraux (73)

Bonlieu Scène nationale (74)

Théâtre du Vellein (38)

MC2: Grenoble (38)

Le Train-Théâtre (26)

Théâtre de Mâcon (71)

Espace des Arts (71)

pioche Rémi Luchez, acrobate-équilibriste à tout faire (et kamikaze) qui aime se colleter à l’instable et au hasardeux voire faire L’Homme canon ; ou le trio avec corbeau-pie, Baro d’evel, pour son éloge à la lenteur en noir et blanc si plein de poésie, Là, quelque part entre cirque, danse, théâtre et opéra. C’est tout simplement beau. Dans un tout autre style, Cuir et ses corps-àcorps puissants interpellent avec un travail autour de la traction/l’attraction, à mi-chemin entre lutte, danse et acrobaties. Autre duo-duel spectaculaire avec de vrais frères, cette fois-ci, dans BITBYBIT : les deux acrobates sont reliés par des « mâchoires d’acier » – une technique de cirque ancestrale –, ils se jouent sans fin de la chute qui les guette, forts de leur confiance en l’autre. Il sera peut-être question de monstres de foire d’antan avec Jeanne Mordoj – contorsionniste, elle s’est aussi formée au jonglage et à la ventriloquie. Cette adepte du bizarre prépare Foraine avec femme tronc et homme serpent, une pièce à son image, sans doute, déroutante et charnelle. Le meilleur pour la fin avec le retour du collectif XY et ses sculptures humaines fantasmagoriques. Inspiré des murmurations, Möbius défie follement la gravité et célèbre la solidarité. À revoir sans modération. On boucle avec Les Traceurs pour le final du Défilé de la Biennale, qui convient sports extrêmes, acrobatie et danse avec, en super guest, le highliner Nathan Paulin. De quoi décoiffer son monde !

35 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23
MICMACS DE SAISONS
Kalimba ©

JEUNE CRÉATION

En rangs serrés

IL Y A EMBOUTEILLAGE DU CÔTÉ DE LA JEUNE CRÉATION. C’EST UNE BONNE NOUVELLE, D’AUTANT QUE L’ON Y TROUVE DU BON, DU TRÈS BON VOIRE DU LOURD ! RAISON DE PLUS POUR METTRE EN LUMIÈRE CES ARTISTES DE DEMAIN. MALHEUREUSEMENT, IL FAUT BIEN CHOISIR… ET CETTE SÉLECTION, PARMI LA TRENTAINE DE NOMS REMARQUÉS DANS LES PROGRAMMATIONS, EST FORCÉMENT PARTIELLE ET, SANS DOUTE, PARTIALE.

Commençons par une femme, Ambre Kahan, pas vraiment une bleue, mais révélée dans le paysage lyonnais grâce à une mise en scène d’Ivan Viripaev, Ivres. Qui peut le moins peut le plus ! Et la voici avec un spectacle d’une durée de quatre heure et demie. Certes, elle adapte et monte l’énorme succès mondial L’Art de la joie, roman-fleuve de Goliarda Sapienza et petite histoire de Modesta dans la grande Histoire du XXe siècle. C’est culotté ! Poursuivons avec quelques artistes femmes confirmées. Ainsi Myriam Boudenia dont la créativité à l’écriture comme à la mise en scène mène d’histoires intimes en récits de science-fiction. Elle présentera Viviane - une merveille, l’histoire de l’émancipation d’une adolescente en théâtre, musique et chansons, et L’Avenir n’existe pas encore, drôle d’objet théâtral sur la mémoire avec une femme, un homme et un médium… Elle

ILS OSENT TOUT : ÉCRIRE, JOUER, PORTER AU PLATEAU

n’est pas seule à tenir crayon et plateau : Julie Ménard ou les quatre filles du Collectif Marthe s’en sont aussi fait une spécialité. Gwendoline Soublin, quant à elle, écrit principalement pour le théâtre. Son Pig Boy, déjà monté par plusieurs metteurs en scène, continue de tourner. Autre autrice très productive, Joséphine Chaffin est à suivre cette saison : elle est à l’affiche dans plusieurs salles avec Oui, Vive, Tandem et des histoires d’aujourd’hui… On retrouvera la très belle distribution de Surexpositions, vrai coup de cœur de l’an dernier, un portrait de Patrick Dewaere par Marion Aubert qui revisite ses films, ce qu’ils disent de lui, de son époque, de sa bande de copains (Miou Miou, Depardieu…). Voilà une transition toute trouvée pour jeter un œil du côté des hommes qui ne sont pas en reste, évidemment. Guillaume Cayet, malgré sa petite trentaine, a déjà reçu de nombreux prix. Raison suffisante pour faire connaissance avec lui à travers son nouvel opus, Grès. À suivre de près aussi

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PAR TRINA MOUNIER
© LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ, LA BANDE À MANDRIN
Michel Cavalca

Valérian Guillaume qu’on découvrira avec trois spectacles, dont le Prix Célest’1 2021 Richard dans les étoiles (lire en p.16), et Capharnaüm, conte social d’un côté et poème théâtral de l’autre, annonçant déjà la naissance d’un auteur. D’autres encore créent des univers singuliers, tel Cédric Rouillat dont l’ADN photo teinte fortement ses pièces de couleurs flashy. Dans un registre opposé, le travail délicat d’Olivier Borle qui n’en finit pas de redécouvrir les classiques vaut le déplacement, notamment sa Petite Cerisaie. Et Philippe Delaigue, en compagnie de Léa Menahem, poursuit un travail exigeant avec ses Petites mythologies sur des textes très contemporains.

Un regard maintenant sur les tout jeunes que Les Clochards Célestes et l’Élysée dénichent, accompagnent et mènent parfois bien loin. C’est le cas de Marcos Caramés-Blanco et Sarah Delaby-Rochette qui ont reçu le Prix Incandescences 2022 pour Gloria Gloria : la pièce née au Théâtre de l’Élysée déménage depuis ! Cette saison, ils suivront notamment Vanessa Amaral dans son projet de mise en scène de Pratique de la ceinture, Ô ventre, un texte éminemment intime primé en 2023. À l’Élysée toujours, Pauline Laidet va préparer les élèves de l’école Arts en scène. Ces travaux, une fois achevés, ont bien entendu vocation à tourner. D’autres sont déjà sortis des limbes et passés côté lumières. C’est le cas de Lucile Lacaze qui, décidément, n’a pas froid aux yeux et, après Nana d’après Zola, crée aux Clochards Mesure pour mesure de Shakespeare. Elle est accompagnée dans cette aventure par Erwan Vinesse. Et c’est aux Clochards encore que Sultan Ulutas Alopé a mêlé souvenirs de son père, nostalgie d’un pays perdu, premiers pas au plateau, découverte d’une langue qui signifie pour elle émancipation et liberté : La Langue de mon père a séduit cet été le public du Off d’Avignon. Il sera repris dans plusieurs théâtres cette saison. Autre exemple : celui du performeur Théophile Sclavis, découvert à l’Élysée (pendant la pandémie) au tout début d’un projet, Mon bras de Tim Crouch, dont il a présenté au Off d’Avignon une version très accomplie. On le voit, tout ce petit monde est très productif et même créatif. Soyez curieux !

OÙretrouver tous ces spectacles ?

Les Clochards Célestes

Théâtre des Célestins

Théâtre de la Croix-Rousse

Théâtre de l’Élysée

Radiant-Bellevue

Le Toboggan

Théâtre de Vénissieux

Théâtre Théo Argence

Karavan Théâtre

Théâtre de la Renaissance

Théâtre de Villefranche

Comédie de Valence (26)

Théâtre Jean-Vilar (38)

MC2: Grenoble (38)

Comédie de Saint-Étienne (42)

Bonlieu Scène nationale (74)

Théâtre de Mâcon (71)

Espace des Arts (71) etc.

37 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 MICMACS DE SAISONS
Dorothée Thébert Filliger © MONDE RENVERSÉ, COLLECTIF MARTHE

DEUX FILMS DE PRÉTOIRE FONT LA RENTRÉE :

ANATOMIE D’UNE CHUTE, PALME D’OR À CANNES, ET LE PROCÈS GOLDMAN, PRÉSENTÉ EN OUVERTURE DE LA QUINZAINE DES CINÉASTES. ENTRE UNE RELATION DE COUPLE PASSÉE AU SCAN ET LE PROCÈS D’UN ACTIVISTE À HAUTE TENEUR POLITIQUE, LE HUIS CLOS SE TRANSFORME EN OBSERVATOIRE DE L’ÉPOQUE.

À la barre

On entre dans Anatomie d’une chute par une première séquence fondatrice pour la suite du film. Tout commence par un entretien, enregistré, entre une étudiante en thèse et Sandra, une écrivaine, dans un chalet de montagne. À l’étage, une musique assourdissante, en boucles, qui rend rapidement l’entretien impossible. Il faut être à l’écoute car tous les éléments présents dans cette scène amusante, puis terriblement crispante, seront utilisés lors du procès qui va suivre. Un procès pour juger de la culpabilité de Sandra après la chute mortelle de Samuel, son mari. Accident ou homicide ? Cette première séquence est alors revisitée au procès, en convoquant l’enregistrement réalisé par l’étudiante et l’acuité auditive du fils malvoyant du couple. Le film de Justine Triet décrit surtout l’anatomie d’un couple : comment une relation peutelle s’équilibrer alors que l’un et l’autre recherchent une reconnaissance d’artiste mais que l’une réussit beaucoup mieux que l’autre ? En disséquant leur vie, la réalisatrice met en exergue les évolutions de la société mais aussi les contradictions qu’elles génèrent : la femme gagne plus d’argent que l’homme, elle a davantage de reconnaissance sociale, mais les réflexes patriarcaux ont-ils pour autant disparu ? Toutes les tensions possibles sont écrites et

dialoguées avec justesse par Justine Triet, qui signe le scénario avec son compagnon, le cinéaste Arthur Harari. Également acteur, ce dernier est à l’affiche d’un autre film de procès, différent mais tout aussi fort dans sa manière de montrer ce que signifie rendre la justice. Le Procès Goldman est une reconstitution minutieuse d’un véritable procès, qui s’est tenu en 1976 contre Pierre Goldman, activiste d’extrême gauche tombé dans le banditisme. Arthur Harari y incarne Georges Kiejman, l’avocat de Goldman. Dans le box des accusés, Arieh Worthalter est saisissant de vérité. La sobriété de la réalisation de Cédric Kahn repose en partie sur le format 1:33, tombé en désuétude depuis les années 1950 et qui donne à l’écran une image presque carrée. Le procédé rend le propos plus dense et concentre le regard du spectateur sur les visages. Certes, le huis clos le confine dans le tribunal hormis quelques brefs plans au début et à la fin du film. Et pourtant, point de sensation d’étouffement mais plutôt celle de vivre avec une intensité incroyable ce que disent et montrent les personnages. Une sobriété dans la mise en scène qui va jusqu’à l’élimination complète de la musique.

Outre leur qualité en tant que films de prétoire, ces deux œuvres recèlent une force propre à leur genre : donner matière à réflexion sur l’évolution de la société, celle de 1976 comme celle d’aujourd’hui.

38 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 7 E ART
PAR MARTIN BARNIER ET VALÉRIE LEGRAINDOUSSAU ANATOMIE D’UNE CHUTE Justine Triet Sortie : 23 août 2023 LE PROCÈS GOLDMAN Cédric Kahn Sortie : 27 sept. 2023
Séverine Brigeot © LE PROCÈS GOLDMAN, CÉDRIC KAHN

RENTRÉE DES AUTEURS EN AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

11 SEPT. 9H > 16H Musée des Confluences Lyon 2 auvergnerhonealpes‑livre‑lecture.org

Nouvelles plumes près de chez toi

APRÈS UN PRIX GONCOURT L’AN DERNIER POUR BRIGITTE GIRAUD, QUELLE CUVÉE NOUS RÉSERVE LE CRU RÉGIONAL 2023, EN CETTE RENTRÉE CARACTÉRISÉE PAR UNE NOTABLE DÉCROISSANCE DES TITRES PUBLIÉS ? PETIT TOUR DES LIVRAISONS DE SAISON…

La littérature a toujours été une catharsis et celle d’aujourd’hui, à l’instar du Goncourt sus-cité, fait grand place à la résilience. Qu’il s’agisse de Hors d’atteinte (Cambourakis) de Marcia Burnier – qui, après le succès des Orageuses, revient sur l’emprise, le consentement et la domination patriarcale au sein d’un couple toxique pour vanter les vertus réparatrices de la nature et de la solitude –, de Déchirer le grand manteau noir d’Aline Caudet (Viviane Hamy) – qui traite de la reconstruction de soi après une enfance maltraitée – ou de Carole Fives avec Le jour et l’heure (JC Lattès) – qui interroge la mort volontaire assistée au cours d’un familial road trip vers la Suisse –, force est de constater la prégnance du témoignage intime dans le corps littéraire actuel. Dans la même veine, Yamina Benahmed Daho signe La Source des fantômes (Gallimard) : après avoir écrit l’invention du football et de la machine à coudre, elle mène une enquête sociologique sur le parcours des siens. On peut également citer Prélude à son absence (Mercure de France) de Robin Josserand, premier roman cru sur le désir, ou Provinces de la nuit (Actes Sud) de Loïc Merle qui, au-delà de l’obsession décisive d’un premier amour, nous

entraîne dans une fresque poignante de notre temps présent et de ses révoltes désenchantées.

Côté histoire et fantasy, plusieurs romans sont de sortie. Après L’Enterrement des étoiles, La Morsure des roses (Mnémos) de Christophe Guillemain, mêle avec bonheur histoire universelle et bestiaire gothique dans une "atridienne" saga sororale. La Faute de Titivillus de Jérôme Millon (La fosse aux ours) fait du « diable des copistes » du XVe siècle un conte hérétique. Avec La Reine aux yeux de lune (Robert Laffont), Wilfried N’Sondé nous entraîne au « Kongo » en 1685 sur les traces d’une femme ayant été une des grandes figures de la lutte contre le colon portugais. Si l’on veut se rapprocher du réel contemporain, Yves Bichet et son Premier Combat (Le Pommier) entremêlent avec un art consommé conte rural et fable politique à l’aune des soulèvements actuels. Soit une anticipation engagée en forme de sonnette d’alarme, qui trouvera sans doute en octobre une apothéose avec Stop –Une aventure collective (La Manufacture de livres), qui réunit autour d’Olivier Bordaçarre rien moins que Jérôme Leroy, Gérard Mordillat, Serge Quadruppani, Marin Ledun et autres ténors du polar critique face aux dérives fascistes au pays des droits de l’homme. En bref, la rentrée, ça promet !

40 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23
LETTRES & RATURES
PAR MARCO JÉRU
NB Tous ces titres sortiront entre la mi août et la mi octobre.

DU MOIS

41 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23
STREET LAURETH SULFATE STREET ART
SOHAN
GRAPHULL
BENPO EUGÈNE BARRICADE
MALÖR PIKANOA PYX COLLAGE REMIX
LE STREET MUSÉE PAR
LAURETH SULFATE

Cocotte de tomates

20 MINUTES

20 MINUTES

Parce que tu traînes mélancoliquement ton trauma post summer, voilà une recette qui pimentera ta rentrée. La tomate va se rhabiller après l’été et t’émerveiller une dernière fois avant l’automne presque installé ! Préchauffe ton four à 200°C. Lave et sèche avec amour tes tomates. Scalpe quatre d’entre elles et évide-les tendrement. Tout doux bijou, conserve précieusement la chair extraite et les chapeaux : ils serviront plus tard. Passons au petit supplément d’âme. Émince l’échalote et cisaille ton basilic. Plonge le tout dans la crème liquide, sale et poivre puis rajoute deux pincées de paprika pour le piquant. Prépare tes cocottes en versant l’onctueux appareil dans les tomates toutes nues. Au tour des quatre œufs frais de se risquer au grand saut : chacun d’eux y sera délicatement immergé. Sans plus attendre, sel et poivre en main, concasse ta dernière tomate avec la chair et tes chapeaux restés au banc. Un dernier filet d’huile d’olive tandis que tu émiettes le thym, tu entends presque les cigales… ! Glisse enfin ta préparation et tes cocottes endimanchées dans deux plats séparés et enfourne pour une vingtaine de minutes. Encore fumante, mixe la compotée de tomates et sublime-la avec une lichette de cidre doux. De jolies assiettes creuses seront l’écrin idéal pour déposer encore chaudes, sur un lit de coulis, tes tomates au galbe gourmand. L’œuf emmailloté, ni cru ni cuit, est tout simplement parfait. L’été a filé, il va nous manquer.

Horizontalement

1. Pour sucrer, elles ne sont pas très raffinées. 2. Aussi. Difficile à avaler.

3. Tissu de coton. 4. Personnel. Fait aller à gauche. Ici, pas de trêve des confiseurs. 5. Attacherai en montagne. 6. Cours d’Espagne. En Mayenne.

7. Parfois têtes de nègre. S’esclaffe de travers. 8. Des forces qui ne bougent guère. 9. Usine à politicards. Itou.

10. Ni acide ni basique, suisse. Toujours opposé à l’Occident.

Verticalement

A. Doit suivre La règle de Saint Benoît.

B. Belle Hellène ? C. Très personnel. Bout de bois. D. Dépasser la mesure. E. Dans le tas ou de précision. Vedette des sunlights. F. Nymphe des eaux. Rouge, vert, blanc. G. C’est un bon messager. Te perds. H. Ôte toute fioriture.

I. Vedette de Spielberg. Commune à Tahiti. Sur la Tille. J. Font leurs petits bonhommes de chemin.

solutions

42 ARKUCHI #37 SEPT. / OCT. 23 jugeote
POPOTE(S)
PAR JACKSON BERLIOZ
PAR LES SOREUSES 5 TOMATES RONDES 1 ÉCHALOTE 4 ŒUFS FRAIS 4 CÀS DE CRÈME LIQUIDE 2 CÀS DE VINAIGRE DOUX DE CIDRE 2 CÀS HUILE D’OLIVE BASILIC FRAIS THYM BRANCHÉ(IDÉALEMENT) PAPRIKA, SEL ET POIVRE 4 PERSONNES
arkuchi 36 P E L E R I N E S O L E R O N S A M T U M E U R S M U A A M I C A L E S S I N I S E S D I S A S A S P I C I L O T A G E S I O T E E S R O D E N A U S E E A I N S F R U S S E S

Annecy Bonlieu. Bourg-en-Bresse Musée du Brou. Tannerie. Théâtre de Bourg-en-Bresse. Bourgoin-Jailleu Les Abattoirs. Brignais Le Briscope. Bron Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. Jack Jack. Pôle Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire-et-Cuire Cinéma Le Méliès. Médiathèque B. Pivot. Radiant-Bellevue. Chalon-sur-Saône Espace des Arts. Musée N. Niepce. Chassieu Karavan Théâtre. Chazelles-sur-Lyon Musée du Chapeau. Corbas Le Polaris. Dardilly L’Aqueduc. Décines Le Toboggan. Écully Écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’Épicerie Moderne. Médiathèque. Francheville L’Iris. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Irigny Le Sémaphore. La Mulatière Aquarium de Lyon. Aux Bons Sauvages. Lyon 1 À Chacun sa tasse. L’Atelier Item. À Thou bout d’chant. Archipel Librairie. Art Up Déco. Auprès de mon arbre. Bar 203. Bel Ami. BistrO d’à cÔté. Bloom. Boîte à café. Broc’Bar. Boulangerie des Chartreux. CAUE Rhône. Chasseurs d’influences. Cinéma Polycarpe. Clef de Voûte. Condition des Soies. Delicatessen. Diable!. DRAC Auvergne-Rhône-Alpes. Espace 44. Fluxus. Fromagerie BOF. Galerie Ceysson & Bénétière. Galerie C. Mainguy. Galerie Céline Moine. Galerie Nörka. Halles de la Martinière. Jarring Effects. Kachka. Kraspek Myzik. L’Âne sans queue. La BF15. La Bonne Gâche. La Salle de Bains. Le 3e Fleuve. Le Bal des Ardents. Le Bleu du Ciel. Le Livre en Pente. Le Morfal. Le Réverbère. Le Voxx. Les Grimpeurs. Les SUBS. Librairie À Soi.e. Librairie Ouvrir l’œil. Mangiabuono. Manifesta. Mapraa. Maison Nô. Médiatone. Mongi Guibane. Ô Tao Bom. Opéra de Lyon. Radio Canut. Rés. Villemanzy. Sans Contrefaçon. Sofffa Terreaux. Spacejunk. Théâtre des Clochards Célestes. Tikki Records. Traboule Kitchen. Yoga Korner. Lyon 2 Archives Municipales. Atelier Parfumé. Autour de l’Image. BM Lyon 2. Boulangerie Saint-Marc. Chez Camille. Cycles Marchi. Fondation Bullukian. Galerie Em’Arts. Galerie SLIKA. Galerie Tatiss. Hôtel 71/Heat. La Cloche. Librairie des Arts. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Librairie Passages. Maison Pochat. Marché Gare. MJC Confluence. Musée des Confluences. Musée de l’Imprimerie. Omart. Ories Galerie. Périscope. Théâtre-Comédie Odéon. TNG – Les Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. Université catholique de Lyon. Lyon 3 Archives départementales. Auditorium de Lyon. De L’Autre côté du Pont. BM Part-Dieu. BM Marguerite Yourcenar. Café du Rhône. École E. Cohl. Gnome et Rhône. Hooper. Improvidence Théâtre. Librairie du Tramway. Métropole de Lyon. Pieds Compas. Poltred. Salle des Rancy. Lyon 4 1150 Vintage. Agend’arts. Aquarium Ciné Café. Aux Trois Cochons. BM Lyon 4. Bistrot fait sa Broc. Bistrot des Voraces. Bonnesœurs. Burning Cat. Cavavin. Cave Tabareau. Cave Valmy. Chez Robert. Chez Simone. Coop du Zèbre. Diable Rouge. Fromagerie Galland. Galerie Françoise Besson. Galerie Vrais Rêves. L’Assiette du vin. La Famille. La Valise d’Élise. Le Grain de Folie. Labelalyce. Maison Jolivet. Modern Art Café. Ô Fournil des Artistes. L’Oiseau perché. Paddy’s Corner. Sibilia. Théâtre de la Croix-Rousse. Un Grain dans le Grenier. Villa Gillet. Vivement Dimanche. Lyon 5 Acting’s Studio. BM du 5e. CRR de Lyon. École de Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Galerie L’Œil Écoute. Librairie Virevolte. LUGDUNUM Musée. Lyon Particule. La Mi Graine. MJC du Vieux-Lyon. MJC Saint-Just. Musées Gadagne. Le Sonic. Théâtre du Point-du-Jour. Lyon 6 BM du 6e. MAC Lyon. Lyon 7 Arts en Scène. Bibliothèque Diderot. Café Pimpon. CHRD. Cinéma Comœdia. COREP. De L’Autre Côté du Pont. EAC Lyon. École de Condé. ENS. La Commune. Le Court-Circuit. Le Ptit Bouclard. Le Flâneur. Les Fauves. Galerie Tator. HO36 Montesquieu. IEP. Kargo Kult. Librairie La Madeleine. Librairie La Voix aux Chapitres. Librairie Rive Gauche. Librairie Terre des Livres. Livestation DIY. Mama Shelter. Mimo. Mowgli. Ninkasi Kafé. Sofffa Guillotière. TANDEM. Théâtre de L’Élysée. Lyon 8 Institut Lumière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJC Monplaisir. NTH8. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Cave Valmy. Ciné-Duchère. CNSMD. Fondation Renaud. L’Attrape-Couleurs. La 9e Bulle. Les Mangeurs d’Étoiles. Médiathèque de Vaise. Musée Jean Couty. TNG. Mâcon Cave à Musique. Le Théâtre, Scène nationale de Mâcon. Musée des Ursulines. Miribel L’Allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Neuville-sur-Saône La Maison Jaune. Médiathèque. Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Le Syndrome Peter Pan. Théâtre de La Renaissance. Pierre-Bénite Maison du Peuple. Médiathèque E. Triolet. Portes-Lès-Valence Train-Théâtre. Rillieux-la-Pape CCNR. Espace culturel Marcel André. Médiathèque L’Échappée. MJC Ô Totem. Saint-Étienne Cité du Design. Comédie de Saint-Etienne. Le Fil. Le MAMC. Musée d’Art et d’Industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint-Étienne. Saint-Fons Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais.  Saint-Genis-Laval La Mouche. Médiathèque B612.  Saint-Priest Cinéma Le Scénario. Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Saint-Vallier Ciné-Galaure.  Sainte-Foy-lès-Lyon Bibliothèque. Ciné-Mourguet. Tassin-la-Demi-Lune Cinéma Le Lem. L’Atrium. Librairie Pleine Lune. Médiathèque. MJC Omega. Vaulx-en-Velin C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. École d’architecture. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de Valence. Vénissieux Bizarre! C.A.P. Madeleine Lambert. Cinéma Gérard-Philipe. Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne Théâtre de Vienne. Villefontaine Le Vellein. Villefranche-sur-Saône Auditorium. Cinéma Les 400 Coups. Conservatoire. Galerie Le 116art. Librairie des Marais. Médiathèque Mendès-France. Musée Paul Dini. Office du Tourisme. Théâtre de Villefranche. Villeurbanne Bieristan. Campus de la Doua. CCO. CCVA. Cinéma Le Zola. Galerie Domus. ENMDAD. ENSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. Institut d’art contemporain. IUFM. La MLIS. Le Rize. Le Totem. Pôle Emploi Scènes & Images. Pôle Pixel/Studio 24. Théâtre Astrée. Théâtre de l’Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. 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