ARKUCHI #21 Été 21

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été 2021

mensuel gratuit

#21

art culture architecture



N 21 .12

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FESTIVALS

Christophe Raynaud de Lage - Festival d'Avignon©

Dans Le Rétro… Dans le Viseur

• Festimatons (1) • Quais du polar s’aère. • Chalon réenchante la rue. • Musiques On the air, ici et là. • Festimatons (2)

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FORME & FONCTION Leçon de vi(ll)es

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Expos

La Loire expose ses pépites

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Déambulations

Arts visuels

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7e Art

Le plein de super… films

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Cour d'Honneur palais deS papes 2015

C’était Mieux Avant

Gene Tierney

C DANS L’AIR

Scènes : ça joue, enfin

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C Dans l'Air

Le bel âge du Bleu du Ciel

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Popote(s) & Jugeote la fission (Cie revelant)

FOKUS

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Chasseuse de mouvement

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c dans l'air À Arles, prendre le pouls du monde

Carte Blanche

Quatuor Debussy Enfin, les retrouvailles

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contact.arkuchi@orange.fr

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Julie Cherki

Mensuel gratuit Diffusion : plus de 400 lieux Lyon, Métropole & Rhône-Alpes Édité par ArKuchi, 18 rue de Belfort, Lyon 4 Direction de la publication - Rédaction en chef Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Claudia Cardoso, Blandine Dauvilaire, Marc Dazy, Lucie Diondet, Ponia DuMont, Graphull, Émiland Griès, Marco Jéru, Trina Mounier, Quatuor Debussy, Nikki Renard, Florence Roux Photo de couverture : Julie Cherki Publicité : contact.arkuchi@orange.fr 06 13 07 06 97 Conception et mise en page Impression : FOT

North Koreans Portraits North Korea, Pyongyang, June 2017

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SUCCESS STORY Caryl Férey : bienvenue en Sibérie

Stéphan Gladieu©

Micmacs de Saison

• Ah ! La belle saison • Au jeu des chaises musicales

Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646-8387

La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.

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Street Art by Graphull

Underthndr

Abonnement

9 num./an = 30 eur. Rejoignez la communauté ArKuchi

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Alexis Mérat, plieur de papier

°


Jeanne Garraud ©

Le Musée Jean Couty prolonge la belle expo Doisneau et ses portraits intimes d’artistes. 70 clichés dont Picasso, le couple Saint Phalle/Tinguely, Giacometti, etc. et des inédits de Lyon. On n’oublie pas

> 19.12

Le MAC de Lyon se déconfine pour de bon en explorant le thème brûlant du déplacement hier et aujourd’hui. Peintures, installations, murs recouverts de micro-récits… Ça bouge. De l’air !

> 18.07

La Sucrière rouvre l’exposition sur Antoine de Saint-Exupéry, créée à l’occasion des 75 ans du Petit Prince. À (re) découvrir l’œuvre poétique mais aussi la vie de son auteur, trépidante et bouleversante. > 07.11

Récit de jeunesse Après le très réussi Suzy Storck, Simon Delétang monte Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu avec la 80e promotion de l’ENSATT. Fresque chorale à la fois tendre et désespérée. Dans le cadre des Nuits de Fourvière.

25.06 > 06.07

À l’heure du sms et du tweet, le Festival de la Correspondance de Grignan attire toujours du beau monde : Olivia Ruiz, Ariane Ascaride, Jacques Bonnaffé... Bravo. Belles plumes

06 > 10.07

ck Steve Gulli

©

Un monde merveilleux

retour de

riffs

Non, pas de date encore pour Bambara à Lyon, mais les Londoniens Dry Cleaning, forts de leur premier album New Long Leg, seront de passage au Périscope en 2022. Patience. 20 jan. 22

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Ça rejouera !

Vu à la Renaissance Souterrain par le duo gagnant Boudenia/Laidet. Une pièce enlevée, intelligente et joyeuse, traitée comme un roman d’aventures malgré un sujet très sérieux : réseaux sociaux, manipulation, perte des libertés… Tellement d’actualité.

a chaud

Souterrain

Fragile, émouvant, affligeant, joyeux… Les qualificatifs ont plu pour le retour sur scène d’une Camille (parfois) un peu perdue et très émue.

instable

dans le rétro...

Par Emmanuelle Babe, Lucie Diondet, Anne Huguet, Trina Mounier, Florence Roux


... dans le viseur

les pieds dans l’herbe

L’Épicerie Moderne se délocalise au Fort de Feyzin pour quelques concerts acoustiques, à l’heure de l’apéro, au soleil couchant. Avec Auren, Jaypee Jaypar ou Grand Ressac. JC Mbotti Malolo ©

17.06 > 08.07

Bridé, Annecy ?

En boucle

On écoute en boucle le dernier album des Canadiens de Godspeed You ! Black Emperor. Des fantômes, des cloches, des guitares, le chaos et la beauté mystique de Fire at Static Valley.

Après le tout online de 2020, le Festival du Film d’animation revient en version hybride et augmentée : plus d’œuvres du monde entier. So cool. 14 > 19.06

Ça sort

Les terrasses fleurissent à Lyon. Parfois dans des cadres exceptionnels. Ainsi la terrasse géante (1000 m²) des SUBS pour chiller avec une bière artisanale. Plus classieux, EDO est un concept de terrasse éphémère sur l’Esplanade de Fourvière. Ambiance streetfood par le jeune chef étoilé Mory Sacko. Tendance.

ouvrons l’ œil

The Jokers ©

Sélection Cannes 2020, Teddy débarque enfin dans les salles. Une histoire de loup garou qui use des codes du fantastique pour parler des “déclassés”, des “rejetés” de la société. Lunaire et grinçant. Sortie le 30 juin

Farniente

À vos agendas 2e édition d’Osez les Galeries : vingt lieux s’unissent pour créer un parcours d’art contemporain unique et gratuit à travers la Presqu’île. 26 & 27 juin

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s ter11dpait , s y Senpesctin acles, 21 s

24 lieux

e étropol Lyon et M e ctobr 13 au 30 o


c dans l’air

N O S S FRI Ils auront bien lieu cette année les grands festivals de théâtre. Ceux qu’on guette une année entière et qui nous nourrissent pour longtemps.

Par Trina Mounier

Outremonde (2021), Théo Mercier

Marie Taillefer ©

Le Festival d’Avignon et le Printemps des Comédiens partagent l’essentiel, le plaisir de renouer avec le spectacle vivant. Tous deux donnent la première place à Anton Tchekhov : alors que Cyril Teste a ouvert le Printemps des Comédiens avec sa vision de La Mouette, Tiago Rodrigues se voit offrir la Cour d’honneur pour La Cerisaie dans laquelle Isabelle Huppert fera merveille dans le rôle de Lioubov… Ce choix révèle l’attention de Jean Varela et de Olivier Py pour un auteur qui sait si bien parler, avec douceur et nostalgie, à la fois des destins avortés, des amours mortes avant d’avoir vécu et des grands bouleversements qui se préparent, pesant lourdement sur les histoires individuelles, écrasant souvenirs et héritages.

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c dans l’air

Cette thématique sombre, même si elle se revêt d’oripeaux changeants, court tout le long de la programmation d’Avignon et affleure particulièrement dans certains spectacles. Effets de la pandémie qui a tant bouleversé nos vies, qui nous a contraints à vivre avec des spectres ? Conséquences des inquiétudes sur l’avenir de la Terre-Mère ? Nécessité de repenser nos égoïsmes au moment où les déséquilibres politiques et écologiques jettent sur les routes et les mers des milliers de misérables ? C’est le cas, entre autres, du Mur invisible mis en scène par Chloé Dabert qui donne la parole à une femme qu’une catastrophe a isolée d’un monde momifié, ou encore de Entre chien et loup dans lequel Christiane Jatahy revisite Dogville. Mais loin de prédire l’Apocalypse, les artistes proposent des hymnes à la résilience. Fraternité de Caroline Nguyen en est un bon exemple : après la disparition brutale de la moitié de l’humanité, les survivants inventent des « centres de soin et de consolation ». De même, Emma Dante rend hommage aux Justes d’aujourd’hui dans Misericordia. C’est ainsi que ces œuvres font résonner les mots d’Olivier Py : « Si la Culture n’était pas la recherche du temps perdu, mais la recherche du temps à venir ? Festival d’Avignon Et si nous pouvions, par le poème et la 5 > 25 Juil. réunion des bonnes volontés, changer Entre chien et loup Christiane Jatahy ce qui a été, en lui donnant d’autres 5 > 12 Juil. conséquences ? » La Cerisaie Du côté de Montpellier, dont une Tiago Rodrigues grande partie de la programmation 5 > 17 Juil. s’est déroulée entre le 10 et le Fraternité Caroline Nguyen 13 juin, citons pour mémoire les 6 > 14 Juil. deux magnifiques artistes que sont Misericordia le Coréen Jaha Koo (The Harmatia Emma Dante Trilogy) et le Chilien Cristian Flores 16 > 23 Juil. – avec ses deux pièces El pais sin Le Mur invisible Chloé Dabert duelo et El hombre que devoraba las 21 > 23 Juil. palomas. Reste à ne pas manquer Un ennemi du peuple passé à la moulinette festival-avignon.com de Jean-François Sivadier. Il faudrait encore parler des Printemps des Comédiens spectacles réunis dans la catégorie 10 > 26 juin Indiscipline (Avignon) et ces artistes, Un ennemi du peuple telles Phia Ménard, Karelle Prugnaud Jean-François Sivadier ou Nathalie Béasse, qui réinventent le 18 > 19 juin monde en faisant voler en éclats les printempsdescomediens.com codes et les conformismes.

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À l’épreuve du réel

Mathieu Asselin ©

c dans l’air

Sauget Illinois 2012

La galerie Le Bleu du Ciel célèbre vingt ans de photographie documentaire et ses artistes qui « montrent l’état du monde ». Mathieu Asselin est de ceux-là, à l’affiche jusqu’en octobre.

Par emmanuelle Babe

A

voir vingt ans, « un miracle » ! Gilles Verneret, directeur du Bleu du Ciel, se rappelle sa toute première exposition en 1999, «  avec des copains, dans un local  ». Puis cette visite d’un représentant de la DRAC qui lui suggère de demander une subvention : « Si c’est de la photographie contemporaine, on vous suit. » Les fondations du Bleu du Ciel sont posées, Gilles et sa femme Marie-Jeanne Mathieu Asselin Monsanto® : à la manœuvre. Le lieu est nomade : rue de Cuire, rue une enquête Burdeau puis rue des Fantasques où la galerie occupe photographique aujourd’hui 200 m2 avec vue plongeante sur Lyon. > 09 oct.I Depuis ses débuts, Le Bleu du Ciel montre les lebleuduciel.net photographes du Nouveau documentaire, dans la lignée des Jeff Wall, Lewis Hine… Gilles Verneret se passionne pour le genre, lui qui a pratiqué la photographie humaniste en prison, à l’hôpital, mais aussi sur les plateaux, pour le théâtre et la danse. Ce « dinosaure pionnier » défend la posture du photographe documentaire, à l’opposé, selon lui, de celle du photoreporter. « Le second colle au sujet *À retrouver dans La Région alors que le premier prend de la distance. La photographie Humaine (Éditions Loco, 35 €), documentaire est reliée à la sensibilité de l’auteur, c’est qui revient sur l’histoire de la galerie et ceux qui y ont pris part. de l’art. Avec une éthique à respecter. »

Le Bleu du Ciel explore une photographie à la croisée des disciplines, « une démonstration de l’état du monde » s’appuyant sur l’anthropologie, la sociologie, l’urbanisme. Ainsi l’existentialiste Christophe Bourguedieu, accroché dès 2002, l’expérimentatrice Valérie Jouve, ou encore Gilles Saussier, scrutateur du lien entre homme et environnement, composent-ils la galaxie militante du lieu*. Dans ce « monde apocalyptique », Gilles Verneret soigne l’accueil de chacun de ses protégés : « Ce sont les artistes qui me font des propositions pour habiter l’espace. » Un espace qui pourrait évoluer s’il obtient le label de Centre d’art, comme le souhaite son fondateur. À la clé, la possibilité de mieux rémunérer les artistes et de développer les projets. Promesse d’une photographie toujours engagée, l’exposition en cours montre le travail salutaire de Mathieu Asselin. Le Franco-Vénézuélien a mené l’enquête pendant cinq ans sur le géant Monsanto, des usines mortifères de l’Illinois à la troisième génération de victimes vietnamiennes de l’Agent orange. Fin 2022, place aux femmes avec le projet exaltant Humaines, trop humaines qui célébrera cent photographes et donnera lieu à un recueil.

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expos

Nyadhour, Elevated, 2019

Dana Scruggs ©

Unœil neuf

THE NEW BLACK VANGUARD

Par Blandine Dauvilaire

Vitrine indispensable de la création contemporaine et du patrimoine photographiques, Les Rencontres d’Arles donnent à voir le monde dans ce qu’il a de plus beau, de plus trash, de plus excitant. Pandémie oblige, l’édition est resserrée autour d’une quarantaine d’expositions dans une partie des lieux habituels. À l’église Sainte-Anne, The New Black Vanguard s’intéresse à la représentation du corps noir et de la vie des Noirs, à travers des images largement diffusées qui fusionnent l’art et la mode avec vitalité. Cette pluralité de regards est un hymne à la créativité. À l’espace Van Gogh, l’exposition Puisqu’il fallait tout repenser est un miroir tendu à la période que nous traversons. Fruit des secousses qui bouleversent l’humanité, elle parle du féminisme d’après, des relations sociales à réinventer, de cette nouvelle politique économique du vivant qui gagne du terrain et de l’effondrement de certains modèles. Les objets, photographies ou films présentés sont autant de pierres utiles à la (re)construction du monde. La création émergente est aussi à l’honneur avec onze projets présentés à l’église des Frères-Prêcheurs. Parmi les nouveautés, le jardin d’été accueille l’exposition en plein air de Stéphan Gladieu sur la Corée du Nord, et la chapelle du Museon Arlaten, tout juste restaurée, abrite la rétrospective pleine de trésors de Sabine Weiss. À 96 ans, cette merveilleuse artiste, dernière représentante de l’école humaniste française, nous attrape par le cœur.

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Les Rencontres d’Arles 4 Juil. > 26 SEPT. Réservation obligatoire rencontres-arles.com


Les villes noires d’Europe

3 juil.

L’Europe en mutation

4 juil.

quaisdupolar.com

Stéphane Remael ©

L’ÉCRITURE

success story

Quais du Polar Divers lieux, Lyon 2 > 4 juil.

L’homme est bavard : Bowie, Poutine, René Char, le peuple russe, l’écriture, la corruption, le FSB, Norilsk… Ancien goulag, cette obscure ville minière russe avait tout pour plaire à Caryl Férey, écrivain engagé et rock’n’roll qu’on ne présente plus.

Lëd Les Arènes Janv. 2021 Norilsk Éditions Paulsen oct. 2017

Par Anne Huguet

J

e savais que ce serait une expérience unique qui allait me plaire. » Parti en mission là-bas, au fin fond de la Sibérie, dix jours pour les éditions Paulsen, Caryl Férey en ramènera un récit de voyage (Norilsk) survolté et surtout l’envie de replonger avec un “vrai” livre. « Après dix ans à écumer l’Amérique du Sud, il fallait que je change de crémerie. Alors faire mon roman suivant là-bas… Une matière de dingue, personne n’y a jamais mis les pieds, puis je trouve génial quand c’est un peu excessif et là j’étais servi. Ils sont assez démesurés, les Russes… » Après Haka, Zulu, Condor, voici donc Lëd, qui vous entraîne en plein blizzard à Norilsk. 524 pages à dévorer et à grelotter dans cette ville laide, « hyper polluée et hyper froide », coincée dans les glaces. « J’ai tellement aimé, raconte-t-il. Même la ville est incroyable. Tellement photogénique dans son horreur. Parfois, même, l’horreur devient belle. » 524 pages pour suivre des personnages violents et hors normes qui, chacun à leur manière, racontent des bouts de Russie. Ce peuple paradoxal, à la fois héroïque et esclave de son passé, qui prend des coups, la poitrine offerte, et préfère mourir debout plutôt que vivoter à vie. Ainsi Dasha, la petite costumière fan de Bowie, Gleb, le mineur photographe attachant, Boris, le gros ours mal léché qui a ce « sens tellement russe du sacrifice », Lena, Nikita et Valentina, la militante écolo congelée au milieu de nulle part… Des personnages, un peu sublimés et transformés,

mais qui ressemblent à ces Russes qu’il a croisés làbas, « ces jeunes mineurs avec leurs copines et femmes. Hyper chaleureux. Mais avec la dimension russe en plus. » Dépaysement assuré. Glacial mais plein de tendresse, car toute cette galerie de personnages est attachante. « Je ne raconte pas une histoire comme cela. J’ai besoin d’affectif. Là, les Russes… c’est hyper fort. C’est un de mes livres les plus émouvants. » Ce qui importe ? Ce n’est pas la colonne vertébrale de l’histoire avec ses intrigues, son rythme : c’est mécanique, cela s’apprend. Non, ce sont l’écriture et les personnages qui font la force d’un livre, sa substance, son épaisseur. Donc la façon d’écrire. « Repasser, encore et encore… Je retravaille pendant des mois avec mon éditeur, Aurélien Masson, qui me connaît par cœur. Il me fait augmenter en bien mon bouquin. Moi je fonce comme un malade et, lui, tel un copilote, il me freine et me fait prendre des virages… C’est un processus long, frustrant au début parce que c’est nul, mais plus on avance dans les versions, mieux c’est. » Jusqu’à dix heures d’écriture par jour pendant des mois. À être dans sa bulle – « je me sens enfermé en moi » – pour faire naître l’émotion et toutes ces images qui vont nourrir le récit. « Tout est entre les lignes dans l’écriture, lâche Caryl Férey. On est toujours en train de jouer avec le lecteur. C’est sa sensibilité qui fait qu’il reçoit de telle manière ou pas. J’aime à imaginer qu’il s’enrichit avec sa propre imagination en suivant la mienne, comme une forme de poésie un peu tordue… »

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festivals

Musée à ciel ouvert

re. de street cultu 28 mai pour Pour les fans a démarré le st Fe rt A et re St e réalisations bl s Le Greno (35 nouvelle de créations s oi tions et m ec oj un pr d’ s, plus , conférence ns io sit po ex sont dans la , i attendues) huit villes qu année, ce sont tte Surtout ce . Ce ns . ts be er conc Fontaine ou Ey e, bl no re G à (re)découvrir boucle, dont jà existantes 5 fresques dé 21 e hie et circuits qu ap el gr qu to sont enoblois (car gr ic bl pu tes invités e dans l’espac top). Côté artis més, ça c’est m ra raffeurs, (g og pr es es du de visit niques confon ch te es monde ! ut to au ), que du be (37 en 2021), pochoiristes… s e, ur oc lle G co la s, Lu te , muralis ks Van Hillik er qu’eux. KofieOne, Ve cit h, xo ne ox ur H , po th … Se issone bo ou Petite Po Violant, Com , non ? A.H. se po m s’i ur to Un petit (dé) l. Jui 04 > le Grenoble et Métropo

festiMATONS

raphy Andrea Berlese Photog

streetartfest.org ©

Par Emmanuelle Babe, Anne Huguet, Florence Roux ire

ena

t par

Girls, girls, g

irls !

Une fois n’es t pas coutum signée Yann e, Écrans Mix Gonzalez. De tes se paye un ux minutes et e bande-anno filles et garçon cinq secondes nce s qui courent, tournées en 16 s’enlacent et mm, avec s’e mbrassent av cinéma quee ec ferveur. Le r sera « une od Ne vous fiez festival de e au retour à pas à l’invité, la vie », tout le Caladois G simplement. dans Les Rose aë l M or el , ré au al is x Sauvages d’ ateur et coméd d’une rétrosp André Téchin ien révélé ective, dont le é (1994). Son très beau Fam l’homophobie œuvre sera l’o ille je te hais au sein de la bjet (2020), docu famille. Car ce avec un hom mentaire sur tte 11e édition mage à la co fera la part be médienne et rétrospective lle aux femm réalisatrice fé Ulrike Otting es, ministe Delp er, figure maj militants de De hine Seyrig et eure du Nouve lphine et Ulri une au Cinéma al ke se sont d’ai également au lemand. Les ch lleurs souven x cinéastes le emins t croisés. Le fe sbiennes du la plume de l’A stival s’intéres « New Queer méricaine B. sera Ci ne m a  », Ru co by Rich. Écrans ncept né en 19 Parmi elles, Ch Mixtes met en 92 sous eryl Dunye do lumière cinq nt The Water “pionnières”. premier long melon Woman américain de est reçu en 19 fic tio 97 comme le n réalisé par un Enfin, le festiv e lesbienne af al s’amuse à fêter les 25 an Paul Verhoeve ro-américain e. n passé de na s de Showgirls nar à culte en , le film maudi deux décenn t de ies. Une satir e mordante de l’Amérique à (re)découvrir . E. B. 23 juin > 1er Juil. Lyon et Métropole festival-em.org

Centre audiovisuel Sim one

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Sonata Films © de Beauvoir ©


festivals

Le cirque  contre-attaque

Le Festival de s 7 Collines re vient aux affaires. 14 jo urs, 20 lieux, 17 compagnie et 150 artiste s s attendus : ce tte 27e édition « touchante et audacieuse » n’est pas au rabais avec une program mation toujours exig eante. Beauco up de cirque, performeur dé le janté italien Cl audio Stellato un Focus Cata , lan, des jeunes compagnies et d’autres la rgement reco nnues – on pe aux Finlanda nse is de Race Hor se Company avec leur esth étique du chao s ou au Cirque Le Roux. À dé couvrir les six circassiens de Desiderata qui s’empare nt, entre voltige, cadre coréen et capi lotraction, de la question du genre. Côté Ca talogne, on devrait avoir de belles surp rises avec le attachant de duo Random, les questionnem métaphysiqu ents es de Núria G uiu et la haut voltige façon e “eia”. Après to us ces mois de carence, ça fait très envie. A.H. 24 juin > 07 Juil. Saint-Étienne & enviro ns festivaldes7collines. org Renaud Vezin © Alice Brazzit © Frank W. Ockenfels III ©

Résistance théâtrale

t, tout à tout momen vous prendre centre au e m m Partir, ça peut fe la arrive à cette Judith net, comme ce ses, écrit par tacle Fugueu ec sp t nd, qui ra ai Cl du vibran ue iq rné par Angél Eric Bordas et inca t du Jour avec éâtre du Poin Th ux le de s le ,  » ts en dirige aussi m de nos confine r .s .e rti té so tê «  En ur Massé. Po festival Les ses, ont imaginé le eu rs gu eu ct Fu s ire de -d co Aux côtés poing levé ». théâtrale » comme « un en résistance «  ix vo s le du conteur , ils invitent er de Sonia Best ou re llè chet. di au de Linda Blan d’Étienne G nnick Jaulin ou Ya il, le ta e” dé ng la le r ar pa en “p scène raconte, isch dans Fr La metteuse en am iri M de jeune Alleman à l’appui. F.R. voyage de la . Dégustation 12 20 en , tz un kibbou 15 juin > 10 Juil. Divers lieux Lyon fr pointdujourtheatre.

hons ! c n i u g t n a n e t n Mai

le CCO de plutôt réussie, bre. édition 2020 re mai à septem iè de em e, pr e nn Après un sont Été à la Rayo ts n er so t nc ui co nd s co re medi, de r Villeurbanne du jeudi au sa plein chantie ne de juillet, r tiers-lieu en tu fu , ie ve iti So Chaque semai fin re ut stallation dé le parc de l’A jusqu’à son in y proposés dans porairement m te uatuor Debuss pe Q cu Du oc e. que le CCO m, La Rayonn no u ea uv ns no da son bonheur en 2023 sous trouvera son ires locaux. banko, chacun ec des partena av e té oc nc au dub de Du co ique, soirées. mation éclect tes de quatre une program à, aux manet -l ux ernier EP, ce (d de us t Mediatone es lyonnais Cyrio r eu pp ra wave nt ngagea e, dont la newÀ l’affiche, l’e encore Brum ou B. ) E. x1 s. Va at r ns pa t ectriser les tra Aube, produi p promet d’él po or rr ho d’ mâtinée 1er > 31 Juil. Villeurbanne Parc de l’Autre Soie, ©

Kinzenguele © Simone Fratini © Pepe Escarpita

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g cco-villeurbanne.or

©

Joran Juvin © Julie Moulier © Calypso Baquey


festivals

Le Polar

Extralagence.com ©

F’estive sur les quais Covid oblige, le festival international de roman policier sera “à quais” comme jamais pour ses dixsept berges. Du 2 au 4 juillet, l’Europe est à l’honneur pour une édition en grande partie en plein air. Alors n’y allons pas par quatre manchettes : bienvenue dehors… et laissez bronzer les cadavres !

Par marco jéru

Désaisonnalisé, Quais du Polar prend ses quartiers d’été dehors. Si le festival conserve ses camps de base habituels en les adaptant aux contraintes sanitaires (Hôtel de Ville pour les libraires-bouquinistes et les rencontres, Bourse, Chapelle de la Trinité), c’est surtout à l’extérieur qu’il convie les amateurs du genre. Des berges du Rhône (avec la Grande Librairie du polar) au parc de la Tête d’Or pour des animations Jeunesse (la grande enquête) et des rencontres à L’Odéon avec les Nuits de Fourvière, sur des péniches pour des promenades littéraires, dans des bus à impériale, aux terrasses des bars, au péristyle de l’Opéra... Le festival 2021 fait place belle à l’Europe, continent-phare du genre dont les maîtres seront présents : Arnaldur Indriðason, Carlo Lucarelli, les Britanniques R.J. Ellory, Jessica Moor et Robert Thorogood, Iain Levison, le Grec Minos Efstathiadis,

la Croate Jurica Pavičić, Paul Colize, le Slovaque Arpád Soltész, Simone Buchholz QUAIS DU POLAR ou le Suisse Nicolas Feuz... Sans omettre Divers lieux Lyon la scène hexagonale, elle aussi richement 2 > 4 juil. représentée : le nocturne Hervé Le Corre, quaisdupolar.com le mystique Michel Bussi, le “féminicide” Franck Thilliez, le chasseur Bernard Minier, la pourfendeuse d’inégalités Hannelore Cayre, le sibérien Caryl Férey, le montagnard Niko Tackian, le lapon Olivier Truc, Jean-Christophe Rufin, Nicolas Lebel, Gilda Piersanti, Dominique Sylvain, Sonja Delzongle, Emmanuel Grand, Alexandra Schwartzbrod, Nicolas Beuglet, Claire Favan, Colin Niel, Cédric Sire, Sophie Loubière, Marin Ledun, Nicolas Cantaloube... Du beau monde pour ce rite annuel où le noir est de rigueur. Alors affûtez fourchettes, aiguisez couteaux : début juillet, sous les masques et la crème solaire, le festin du polar se mangera chaud !

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festivals

chal o n

D. R. ©

LA BURRASCA

repl o nge Par Emmanuelle Babe

On s’en souvient, Chalon dans la rue avait été entièrement repensé en 2019 par le duo Bruno Alvergnat et Pierre Duforeau, arrivé deux ans plus tôt aux manettes de la grand-messe des arts de la rue. La programmation était désormais “éditorialisée” et organisée en rubriques. Cet été, le festival aura bien lieu sous cette même forme, mais resserrée. Certes, « les retrouvailles seront restreintes » mais réjouissons-nous pleinement qu’elles aient résisté... Trois propositions sont faites pour présenter les créations de 133 compagnies : Partis pris de création pour celles coproduites à l’année par le Centre national, L’Aube de la création et le Off pour les spectacles sélectionnés. Avec L’Aube de la création, le festival de Chalon choisit d’accompagner le public au plus près du travail des artistes. Les compagnies présentent des esquisses de spectacles à travers des parcours surprises de trois propositions artistiques, et ce dans des lieux singuliers. La programmation de Morgane (le sensoriel Notre forêt), du Collectif BallePerdue (le surnaturel I’m not Giselle Carter) ou encore de Second Mouse Cie (Le jour met des nuits à se lever) ne peut qu’attiser la curiosité pour ce nouveau format. Dans le Off et Le Parti pris, toutes les esthétiques Chalon dans la rue tiennent table ouverte : installations numériques (murMurs, Chalon-sur-Saône (71) Holons de Garonne), performance équestre, spectacles 21 > 25 Juil. participatifs (Nyctalope par Le Polymorphe, ou la place de la femme dans la ville la nuit)… Seule contrainte : il faut réserver ! chalondanslarue.com

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Guillaume Mollier©

festivals

Par les chemins

Les Filles de Illighadad CosmoJazz, 2018

Marre des festivals embouteillés aux affiches interchangeables ? Petite sélection de plaisirs rares. Par Marc Dazy

Mogwai en clôture des Nuits Alors que les concerts phares des Nuits de Fourvière se sont remplis en trois secondes et demie, celui-ci était encore disponible à la vente, il y a peu ! Manque de reconnaissance et injustice flagrante pour un groupe majeur de la scène post-rock. En même temps, ces Ecossais vingt-cinq ans d’âge n’ont jamais caressé le public dans le sens du poil. Eux cultivent avec obstination un jardin secret entouré de guitares barbelées, de vastes champs sonores où poussent des fleurs toxiques d’une rare beauté. On court les cueillir sans le dire à personne, en clôture des Nuits (30/7). Le temps devrait être à l’orage. Stracho Temelkovsi au Monastère de Brou Multi-instrumentiste prodigieux (basse, percus, beatbox, viole de gambe… liste non exhaustive), le phénomène avait secoué Ambronay à l’automne, avec sa fusion volcanique de musiques balkaniques et du monde, de rock, jazz et tout ce qui groove. Le revoilou au festival À la folie… pas du tout, dans le décor “fantasmagothique” du Monastère de Brou. 9,50 € le concert et la visite, c’est cadeau. (7/8) La Femme à Woodstower L’album Paradigme affole la pop de France et La Femme caracole dans les festivals au rythme des chevauchées de western que cette bande de pétroleurs et pétroleuses affectionne. À voir un peu partout cet été, chez nous au Woodstower de Miribel avec l’électro-pop mélancolique de Kid Francescoli et la poésie sonore catchy de Mansfield. TYA (27/8).

Sous la Lune Bleue La Lune Bleue est un petit festival de jazz montagnard, niché au cœur de Saint-François-Longchamp, Savoie. Premiers de cordée : Louis Sclavis et Benjamin Moussay en duo sax/piano (4/8). Également à l’affiche, Trio MCR (Maimone, Cohen, Roudet, 3/8) ou le bluesman Archie Lee Hooker, oui le neveu de John (5/8). En plus, c’est gratuit ! Les pistes aux étoiles du Cosmojazz Un sommet enneigé, un ours cravaté et un piano à queue ? Bienvenue au Cosmojazz ! Les pianos, ce sont ceux de cet ours de Gainsbourg revus de l’extérieur par André Manoukian. Ou celui du virtuose Brad Mehldau. Les deux tout schuss sur les pistes aux étoiles de Chamonix et de la vallée du Trient. Programmation grand large où se croisent le très bankable Kyle Eastwood (oui, le fils de Clint), le folkeux Piers Faccini, ou le bien-nommé Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp. (24 au 31/7) Nuits Sonores et délirantes La grand-messe électro des Nuits sonores se dira du 20 au 25 juillet. Cinq soirées, au crépuscule, dans la friche industrielle des ex-usines Fagor-Brandt, des performances inédites et des vidéos immersives… Surtout, une affiche de riches menée par le pionnier Jeff Mills, le fumeux Sébastien Tellier ou les Lyonnais de High Tone qui fêteront leurs vingt-cinq ans de carrière. Tiens, le même âge que Mogwai !

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festivals Avishai Cohen

o t k c Ba jazz Festival du Péristyle Opéra de Lyon 10 juin > 28 Août

Andreas Terlaak ©

opera-lyon.com

Par Florence Roux

Jazz à Vienne Théâtre antique de Vienne (38) 10 juin > 10 juil. jazzavienne.com

Avec le Festival du Péristyle, sur le parvis de l’Opéra de Lyon, ou Jazz à Vienne, dans son amphithéâtre gallo-romain, le jazz reprend la scène.

Sans live, sans jam, sans vibe dans l’air, le jazz perd de son âme. Et c’est peu dire que les premiers accords, sur le parvis de l’Opéra, en pleine ville, se font attendre. Cette mi-juin, l’Argentin Ignacio Maria Gomez, guitare claire et voix limpide, présente les titres de son premier album de folk éthéré, Belesia, où résonne un peu d’Afrique. Les musiciens de L’Étrangleuse – Mélanie Virot (harpe très rock), Maël Salètes (guitare électrique ou jeli n’goni) et Léo Dumont (batterie) – enchaîneront avec une musique abrupte et contemplative à la fois. Hybride et poétique, c’est sûr. Le parvis de l’Opéra accueillera ensuite, sous la bannière d’Erotic Market, la voix de Marine Pellegrini et son quartet de cordes avant le brillant Brésilien tropicaliste João Selva (sélection Inouïs du Printemps de Bourges). Le péristyle tiendra bien la rampe tout l’été. Jazz à Vienne, lui, éteindra les feux un peu plus tôt que d’habitude, le 10 juillet, mais sur une All night qui risque de chauffer avec un hommage à Rachid Taha, par son groupe L’Armée Mexicaine, et notamment l’ami Miossec, l’afrobeat de Cimafunk et les bricolages baroques de Mezerg, aux pianos barrés bien arrangés... Mais avant cela, puisqu’il faut choisir, on visera la soirée New Generation et ses deux pianistes, à retrouver ou à découvrir : Tigran Hamasyan et le tout jeune Gauthier Toux. Autre affiche tentante, qu’on aimerait lyrique, celle de l’accordéoniste Vincent Peirani et du contrebassiste Avishai Cohen. Ou pourquoi pas le plateau féminin avec Lianne La Havas, Imany et la jeune Britannique Arlo Park ? Arlo, vingt-et-un ans en août, a le timbre des grandes et la phrase déliée et poétique, tout en douceur. Révélation ? Il faut choisir, mais doit-on résister à la soirée cubaine avec Roberto Fonseca ou à celle brésilienne avec Seu Jorge & Rogê ? C’est la loi du live.

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festivals

Small is beaut iful

La 6e édition du Festival de s cabanes offre une excellent bientôt e occasion de laisser de côté et confinemen télétravail t pour une éc happée verte entre contrefo et bleue, rts des Bauges et lac d’Annec toujours, la m y. Comme odestie des tre ize constructio bois est un le ns de urre. Ces caba nes, tout just d’adulte, appa e à échelle remment mon tées à la hâte les moyens du avec bord, portent en elles une ambition : révé grande ler le paysag e à la fois gran bucolique au diose et détour d’une rivière sinueu les branches se, depuis d’un grand ar bre, dans un ombragé, sur sous-bois les flancs d’un e prairie en pe Imaginées pa nte douce. r de jeunes ar ch itectes venus entier et laur du monde éats d’une âp re selection, ch à sa manière acune d’elles fait de son vi siteur le Robi d’un jour. On nson Crusoé en revient rass asié d’images de bruits furti , d’odeurs et fs de la nature . Revigorant ! E.G. 04 juil. > 15 NOV. Environs d’Annecy (74 )

David Foessel ©

Alba fait son cirque

lefestivaldescabane s.com

Art in the city

ysages té, Annecy pa Durant tout l’é baine ur n déambulatio propose une te an ar qu r mée pa gratuite, ryth ions. et sept exposit ns tio la al st in artistes, es br lè n, de cé Pour l’occasio designers architectes et paysagistes, atiques ém bl s sites em investissent le uvres in créent des œ de la ville, et posé rd gent le rega situ qui chan Pedro e, né an tte e. Ce sur le paysag s de le el des passer Marzorati jette rs ie el rd Co s ssin de bois sur le ba unter pr em à r te vi pour nous in s ; ins écologique d’autres chem se des po m co e gn Alexis Campa tes emplis de plan micro-jardins ent du ul ve us no i médicinales qu oque la n Li-Hill conv bien ; et Aaro s Mers, de eu di , ne tu figure de Nep oquer ur Thiou, po év sur le canal du s et ue iq at im cl ents les changem ival aciers. Un fest la fonte des gl engagé. B.D. 03 juil. > 26 sept. Annecy (74)

LeDandyManchot © Kalimba © Claudia Pajewski ©

lefestivaldalba.org

annecy-paysages.com

Marc Domage

Alba-la-Romaine est l’un des principaux sites gallo-romains en RhôneAlpes avec, notamment, son bel amphithéâtre… On en aime ses ruelles et ses maisons médiévales. Et surtout on y vient de plus en plus pour son festival de cirque en juillet, qui se déroule sur 5 jours, 6 lieux et propose 17 spectacles. Parmi eux, des découvertes, des compagnies émergentes comme Lolo Cousins qui pratique le jonglage maladroit, mais aussi des poids lourds tout légers sur leurs échelles comme Mauvais Coton ou la Compagnie 126 kilos, un clown-poète des seaux en plastique, Fabrizio Ross, des qui “Pulse(nt)” sur les trampos, ou un bricoleur qui s’acharne jusqu’à la limite de lui-même à force de Work. Bref du monde qui s’envole, se contorsionne, fait rêver et rire aussi. Et ça vaut le détour ! T.M. 09 > 14 juil. Alba-la-Romaine (07)

©

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festivals

les

l Retrouvai

et e cordes oureux d , m a re s b le m r a Pou de ch musique ne virée u r u o de belle p e llade, l’Ardèch es en Ba direction Les Cord c et e s v a te is te itinéran ouver art ain de s de retr m te e n d e ti e a é imp mmen e ujours e ssy, cett public. To or Debu tu a u Q s ar le jeune maître p e convie ourmand g atuor n u io (Q it d ir é s en deven s n o t pointure ti e a ) form r Kalik… o s tu a re è u fr Q , les Mirages e seront ront onales. C qui lance f) a internati d t e rb self a (z im i h n uatuor Chemira ulos avec le Q o s p o té li in ti S s s les ho c Sokrati re G u u a d ée et la lyra fantasm odyssée ntaisie fa e tr pour une u A uatuor l’Orient. ue : le Q cœur de go Baroq s e des e ir tl o a e rt avec B le répe ce li é ion d c ve une vers revisite a ues dans ter. iq o th p y é d m a Anglais ment, v ré u s s a i, qu baroque A.H.

06 > 18 juil. e (07) ch Itinérant Ardè de.com

cordesenballa

festiMATONS

Par Blandine Dauvilaire, Émiland Griès, Anne Huguet, Trina Mounier

© ndiere Ludovic Fremo GM © Étienne © nt Bernard Bena

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Fort en s ensations  !

Fort en S cènes, c’e st son an Merzouk née, aura i n’a pas bien lieu tremblé, qui fait la en juille tricotant part bell t. Moura une prog e aux arts Scènes e d rammati du cirqu st avant on joyeu e et à la tout un é lieu uniq se musique véneme ue, habit . « Fort e nt festif n et familia La progra uellement fermé l. Dans u mmation au publi les barriè n c », rapp , fidèle à elle Mou res « en son ADN rad. mixant le , cherche les publi s univers à faire s cs. Dont auter a a rt ct istiques » du Bresto e en deu is Mioss x temps et à bras ec : il vie ser de son p nt célébre forts. D’abord le remier a concert r lb le u s m (le me vingt-cin Que dev illeur) B q ans (d iennent oire, qui éjà) tes yeux chant ap l’a fait co quand je aisé, ave nnaître. c, cadeau n’te vois la violon p , a de nouv iste Mira s ? Un to elles cha trois soir belle Gil ur de nsons éc s : voltig is. The R e a rites ave t , ro P a u c e k , eux, dé Spectacu Cyr et m c barquen ât chinois laire aus t pour si le sho sur fond parisien w a d n e n s affûtés prohibitio oncé d’u . Ça va v n gang d n. oler hau e freerun t ! En afte Chinese ners r, les DJs Man Reco du label rds vont mettre le feu. A.H . 08 > 11 juil. Fort de Bron pole-en-scen es.com

D.R. © Richard Duma © C. Raynaud de s © Lage

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fokus

photos Julie Cherki

Dans une autre vie, Julie Cherki vendait des meubles pour une célèbre enseigne suédoise. C’est un collègue, pratiquant amateur, qui la conduit à s’intéresser sérieusement à la photographie. Un engouement plus ou moins défini pour elle à l’époque : « Je me suis longtemps cherchée en termes de passion. » Là, elle s’accroche et ainsi naît la vocation, en 2012. Julie se lance avec la ferveur de l’autodidacte. « J’ai appris beaucoup auprès d’amis photographes et, bien sûr, seule. En étant également modèle, je me suis constitué un réseau qui m’a aidée à me former. » Julie Cherki devient professionnelle en 2015 et, depuis, évolue principalement dans le milieu du spectacle vivant. Les images de Pôle en Scènes, c’est elle ; notamment l’affiche du festival de danse Karavel, qui porte la patte de la jeune photographe : un danseur capté en plein mouvement dans une ville aux contours géométriques et à la chromatique ciselée. Curieuse et enthousiaste, Julie « apprend tous les jours ».

Par emmanuelle Babe

compagnie volca 2021

éTATS DE CORPS

Julie Cherki

Série F33, 2020


sports d’hiver 2020

Ses Influences Ben Zank, Evelyn Bencicova, Maria Svarbova, Wes Anderson, John Register, Edward Hopper

dunes glacées d’eris 2021

juliecherki.fr juliecherki Cherki

La technique n’est pas, et de loin, sa partie préférée : « Je ne suis pas du tout férue des réglages à la prise de vue. Je le fais parce que c’est une nécessité ! », avoue-t-elle. La retouche, en revanche, « je peux y passer des heures. Je suis assez exigeante donc je cherche le rendu parfait. » Ses premières productions – des modèles, souvent nus, photographiés dans une ambiance onirique en pleine nature – lui ont permis d’affûter son œil et sa technique naissante. « J’étais en recherche de ma couleur, de mon style », se souvient Julie. Sans renier ces premiers travaux, elle explique être complètement passée à autre chose aujourd’hui. Le changement s’est opéré lorsqu’elle a commencé à pratiquer la danse contemporaine, « une transition s’est imposée à moi ». Depuis, son travail personnel explore ce qu’elle appelle « les états de corps », préférés au mouvement. « Le geste est davantage suggéré que montré. C’est ce que je cherche dans la photographie, être dans l’évocation plutôt que la démonstration. » Dans ces images très construites, prises dans des décors « anodins, mais lisses, linéaires », jamais de visage mais des corps dans des poses parfois de contorsionniste, voire grotesques. Le danseur, le circassien sont des modèles rêvés pour Julie : « On peut tout leur demander ! Surtout s'ils ont la même sensibilité que moi. » La créativité toujours en ébullition, Julie se lance en quête de nouveaux décors, des milieux naturels atypiques. Déserts, carrières, plages. La pierre l’inspire, à l’état naturel comme façonnée par l’Homme. Là, elle se laisse aller à son désir d’« évoquer un monde autre, de proposer des photos irréelles ». Un besoin profond : « Enfant, j’imaginais, je rêvais beaucoup. Je crois, que, encore aujourd’hui, j’ai besoin de fiction dans ma vie. »

la promenade Série asepsie, 2017

les grands moyens Série asepsie, 2019

compagnie relevant 2020


carte blanche

le Quatuor Debussy a été applaudi aux quatre coins du monde. Victoire de la Musique 1996, il a aussi plus de trente disques à son actif. Surtout il n’a de cesse de surprendre en croisant le fer avec d’autres esthétiques et artistes, tels Mourad Merzouki, Yael Naim ou la compagnie C!RCA pour ne citer qu’eux. Le quatuor à cordes lyonnais défend envers et contre tout l’exigeante vision d’une musique "classique" ouverte, vivante et créative.

!

enfin

KEREN ANN & QUATUOR DEBUSSY Espace des Arts, Chalon-sur-Saône (71), 18 JUIN QUATUOR DEBUSSY & invités Jardin de l’INSPÉ, Lyon 21 JUIN FRANCK TORTILLER & QUATUOR DEBUSSY CCO, Villeurbanne 3 JUIl. Les Cordes en Ballade, Bourg-Saint-Andéol (07) 16 JUIl. Beatles go Baroque Les Cordes en Ballade, Privas (07) 9 JUIl.

Les Sept Dernières Paroles Évidence Classics (Juil. 21)

Par Quatuor Debussy

A

près des mois à attendre, nous allons remonter sur scène ! Des mois d’immobilité forcée, de reports et d’annulations, d’espoirs déçus. Des mois de réflexions et d’inquiétudes, parfois. Mais surtout des mois où, même ralentis, nous ne nous sommes jamais arrêtés, une image fixe en tête. Depuis notre atelier, perché sur les hauteurs de la Croix-Rousse, une certitude s’est imposée : la musique est créatrice de liens. Des liens éphémères, quatuordebussy.com inépuisables, qui empêchent de se laisser happer quatuordebussyfan par la solitude, par l’oubli. Nous souhaitons partager

photo Olivier RAMONTEU

notre musique et voir son onde se propager jusqu’aux confins des océans du monde, effaçant les frontières arbitraires et les carcans structurels. C’est inscrit dans notre ADN. De la musique pour tous. Un idéal ambitieux. Peut-être. Mais il nous anime depuis toujours. Notre musique se répand en cercles concentriques, qui s’étendent, se diffractent et dont la Croix-Rousse est le cœur. Le quartier, la ville, la métropole, puis plus loin encore... Les flots du quatuor là où on ne les attend pas. Les marées nous ont transportés vers des rencontres qui nous ont façonnés. Alors nous naviguons, au gré des ondulations d’une musique insaisissable. Vers

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carte blanche

le jazz, accompagnés de Vincent Peirani ou Jacky Terrasson. Vers la chanson, dans le sillage de Yael Naim ou Keren Ann. Vers l’Amérique du Sud ou l’Orient, guidés par les frères Chemirani. Et puis la musique n’est jamais seule. Alors nous voyageons. Vers la danse et le hip hop, sous la houlette de Mourad Merzouki ou le Ballet de l’Opéra. Vers le cirque, sous toutes ses formes, avec les compagnies C!RCA et Petit Travers. Vers le théâtre, sous l’égide de Louise Moaty ou Richard Brunel… Des rencontres vers l’ailleurs. Pour diffuser la musique le plus loin possible. Pour ne pas enfermer la musique dans son reflet. Cela fait plus d’un an maintenant que notre monde semble tourner à l’envers. Un an que nous, musiciens du Quatuor Debussy, observons notre métier amputé de son cœur – la scène – et forcé de se réinventer. Jamais nous n’aurions imaginé notre trentième saison ainsi. Cette année nous a contraints à la métamorphose, alors nous avons adapté, arrangé, transformé, entre répétitions, enregistrements de disques et concerts numériques. Surtout, nous avons eu la chance de créer de nouveaux spectacles : Égérie(s) avec le metteur en scène David Gauchard et l’artiste numérique Benjamin “Primat” Massé, Les Danses de Ravel de et avec le vibraphoniste Frank Tortiller et Antigone à Molenbeek & Tirésias avec le metteur en scène Guy Cassiers, en juin, aux Nuits de Fourvière. Malgré le manque de visibilité, nous avons gardé les yeux rivés sur cette vision, parfois incertaine, de nos retrouvailles sur scène avec le public. Aujourd’hui, nous sommes prêts pour cette reprise tant attendue. Nous n’avons jamais été aussi impatients. Le plaisir du retour sur les planches, voilà ce qui nous anime, ce qui nous a menés là où nous sommes aujourd’hui. Debout sur scène, nos instruments à la main, nous saluons la foule. Enfin !

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MICMACS DE SAISON

!   h a e l l e b la

n o s i a s

Même si toutes les programmations 21-22 ne nous sont pas connues, loin s’en faut, celles des grosses structures nous livrent quelques indices. D’abord l’offre est plus que jamais généreuse, voire pléthorique. Cette abondance, si elle exprime l’explosion trop longtemps réprimée de revoir du théâtre, si elle tente de donner leur chance à tous les artistes qui n’ont pu être vus, pose aussi problème : le public pourra-t-il suivre, en termes de temps disponible comme de budget ? Pour l’instant, ne boudons pas notre plaisir. Cette courte sélection devrait nous aider à vagabonder dans ce labyrinthe.

Par Trina Mounier

U

ne bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, il est frappant de constater une volonté – inédite – des théâtres de travailler ensemble. Elle apparaît par exemple dans l’union qui s’est faite autour de la venue d’Ariane Mnouchkine au TNP avec son nouveau spectacle, L’Île d’or. Des Célestins à la Renaissance ou la Comédie

de Saint-Étienne, beaucoup sont associés à ce projet : il faut avoir vu une fois dans sa vie un spectacle de la grande dame. Et puisque nous abordons les occasions à ne pas manquer, voici quelques spectacles incontournables qui recueillent une quasiunanimité. Nous commencerons par Ça ira, la fresque politique signée Joël Pommerat qui nous fait vivre en real life les grands débats qui ont procédé à l’invention de la République (au TNP dans le cadre de la célébration du

centenaire). Fort stimulant par les temps qui courent. Au rayon des événements attendus, citons La Mouette par le virtuose Cyril Teste (Célestins) – décidément, Tchekhov a encore bien des choses à nous dire – ou encore Familie, une mise en charpie quoiqu’en images de Milo Rau (Point du Jour), ou une œuvre du leader de la scène sud-africaine, Gregory Maqoma, The Valley of Human Sound par le Ballet de l’Opéra de Lyon (Croix-Rousse).

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Christophe Raynaud de Lage ©

MICMACS DE SAISON

Masiar Pasquali ©

clochardscelestes.com croix-rousse.com lelysee.com les-subs.com pointdujourtheatre.fr sensinterdits.org theatredescelestins.com theatrelarenaissance.com theatredevillefranche.com tng-lyon.fr tnp-villeurbanne.com

Misericordia, Emma Dante

épopée, Johanny Bert

Au rayon des « internationaux » aux Célestins, Kingdom d’après Braguino, le documentaire multi-primé de Clément Cogitore, par la Belge Anne-Cécile Vandalem, Love de l’incandescent Britannique Alexander Zeldin, Le Chœur des amants par l’inimitable Tiago Rodrigues, Entre chien et loup (TNP) et Julia (Croix-Rousse), deux spectacles de l’inclassable artiste brésilienne Christiane Jatahy, le très touchant Misericordia de l’Italienne Emma Dante (TNP). Liste non exhaustive… Quant au festival Sens Interdits, il rayonne bien au-delà de l’agglomération, fait l’honneur du théâtre et la part belle aux spectacles venus d’ailleurs – Syrie, Kosovo,

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Argentine, Liban, Russie... Plusieurs fils sont à suivre dans ce programme. D’abord un gros plan sur le Chili avec cinq spectacles, dont deux de la grande metteuse en scène Paula González Seguel (Trewa et Ül Kimvn) sur la culture et les combats des Mapuches. Les trois autres, La Mémoire bafouée, Feroz et Space invaders, tentent de reconstituer une mémoire douloureuse et empêchée des années de la dictature. Très beaux spectacles encore avec C’était un samedi dans lequel Irène Bonnaud se souvient avec tristesse et émotion de la déportation massive d’une communauté juive de Grèce, ou avec Laboratoire Poison qui interroge, par la voix de l’autrice belge Adeline Rosenstein, sur le soupçon

et la trahison. Une exploration sans complaisance du monde, un regard qui jongle entre collectif et intime, tout cela, Sens Interdits n’en finit pas de le décliner et c’est indispensable. Pour terminer sur ces collaborations entre institutions, notons qu’elles se conjuguent aussi au plan local entre grand et petit, par exemple entre le TNP et le Théâtre de l’Iris, entre la Croix-Rousse et les Clochards Célestes. Mais on se reçoit aussi fort civilement : le Point du Jour accueillera ainsi Zylan ne chantera plus, création du nouveau directeur de l’Opéra de Lyon, Richard Brunel, tandis que Benoît Lambert, tout juste arrivé à la Comédie de Saint-Étienne, présentera au TNG Un monde meilleur, épilogue. Toutes ces complicités sont de bon augure. Venons-en maintenant à quelques artistes très présents la saison prochaine, à commencer par François Hien omniprésent avec pas moins de six pièces, dont trois créations. Vous n’y échapperez pas ! Autre artiste singulier aux créations


Danilo Espinoza Guerra ©

Une moisson d’artistes singuliers à découvrir absolument Voici maintenant un choix très personnel de pièces essentielles et pour tout dire formidables : La Réponse des hommes d’une toute jeune autrice dénichée par Jean Bellorini et artiste associée du TNP, Tiphaine Raffier. Un spectacle éblouissant d’intensité et d’intelligence. Et aussi Mangeclous d’Albert Cohen revu par l’exigeant Olivier Borle ou Hansel et Gretel, l’opéra mis en scène par Samuel Achache, tous deux à la Renaissance. On ne ratera pas Fraternité de Caroline Nguyen, ni Kliniken de Lars Noren par Julie Duclos, ni Huit heures ne font pas un jour, un manifeste très politique de Fassbinder par Julie Deliquet (tous trois aux Célestins)… Parmi les curiosités, citons Archipel qui prouve que Jean Bellorini est aussi à l’aise dans les spectacles très pointus du répertoire, comme Onéguine (mais il monte aussi cette année un Tartuffo très noir en italien), que dans une collaboration avec des skateurs chorégraphes… Aucun tour d’horizon ne saurait justifier qu’on oublie ces jeunes auteurs et metteurs en scène qui, formés dans les écoles de théâtre de la région, débutent et font notre bonheur malgré un contexte particulièrement difficile pour eux. Quelques-uns connaissent déjà une petite notoriété. C’est le cas de Myriam

Trewa preestreno, Paula González Seguel

Boudenia dont on verra Palpitants et dévastés, de l’autrice Magali Mougel dont We just wanted to love us est mis en scène par Philippe Baronnet, de Maud Lefebvre qui ouvre son répertoire au monde avec Le Royaume, trois spectacles de La Renaissance ; de Julie RosselloRochet dont le Théâtre de Villefranche programme Cross ou la Fureur de vivre ; de Maxime Mansion et Julie Guichard qui seront au Point du Jour avec Antis. Sélection subjective, bien entendu ! Un mot enfin des tout nouveaux talents qui nous ont éblouis : Marie Depoorter présentera sa première création très aboutie, Grand battement, à l’Élysée, tandis que deux diptyques assez remarquables – l’un de Benoît Martin autour de Tennessee Williams, l’autre de Claude Leprêtre autour de Lars Noren – sont annoncés aux Clochards Célestes. Retenez bien leurs noms…

Ira Polyarnaya ©

MICMACS DE SAISON

protéiformes, Johanny Bert, désormais artiste associé au Théâtre de la CroixRousse, présentera trois de ses spectacles, Une épopée, Hen (très attendu) et son dernier, Le Processus.

out, Kirill Serebrennikov

L’art de la rencontre

maisondeladanse.com

Dominique Hervieu, la directrice de la Maison de la Danse, promet une saison joyeuse – et colorée à l’image de sa plaquette – avec « de l’humain, de la sensualité et de l’amour ». Quelque trente pièces, sans oublier les découvertes du Festival Sens Dessus Dessous, rythmeront cette saison de retour impatient à l’art vivant. Une histoire de Dragons avec l’exubérante Eun-Me Ahn, l’hymne à la vie pop et baroque d’Emanuel Gat, l’amour kitsch à la Bollywood avec 22 danseurs sur le plateau, la jubilatoire Gloria façon Montalvo pour fêter la danse et la vie, les corps puissants et charnels des 17 interprètes de Sydney Dance Company ou encore les électrisants circassiens fous de Gravity & Other Myths. On découvrira aussi la dernière création de Mourad Merzouki autour du vent, et l’odyssée romantique de la star Preljocaj qui revisite Le Lac des Cygnes avec 26 danseurs (très attendu) ; cerise sur la gâteau avec la venue du grand chorégraphe américain William Forsythe. C’est le duo amoureux Solo for Two de Mats Ek (Ballet de l’Opéra), qui ouvrira le bal. L’art plus fort que tout ? Vive la danse. a.h.

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MICMACS DE SAISON

Chaises musicales tnp-villeurbanne.com comediedevalence.com lacomedie.fr mc2grenoble.fr croix-rousse.com clochardscelestes.com halle-tony-garnier.com theatre-macon.com La halle tony garnier

Par Trina Mounier

L

es changements amorcés l’an dernier à la tête des structures culturelles de la région se poursuivent et s’accélèrent. Jean Bellorini au TNP de Villeurbanne et Marc Laisné à la Comédie de Valence, arrivés en janvier 2020 à l’aube de la pandémie, ont connu une année blanche, mais pas inactive pour autant. Entourés de ses artistes associés pour l’un, de son ensemble artistique pour l’autre, ils ont emprunté des chemins très différents : au TNP, l’exposition Jean Vilar et des représentations professionnelles, une communication virtuelle interactive avec le public à Valence. De même, il faudra attendre septembre pour découvrir la programmation de l’Opéra de Lyon préparée par Richard Brunel, qui a quitté la Comédie de Valence fin 2019. M a i s d’a u t r e s d e n o m i n a t i o n s étaient attendues avec impatience. Particulièrement le nom de celui qui

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photo Brice Genevois

“prendrait” la Comédie de Saint-Étienne à qui Arnaud Meunier – parti rejoindre une autre très belle maison (la MC2 de Grenoble) – a su donner ses lettres de noblesse. C’est Benoît Lambert, en provenance de son Théâtre de DijonBourgogne, qui lui succède. Ces quatre-là ont bien des points en commun, rassurants pour l’avenir. Ils sont des artistes de dimension nationale, voire internationale, sont restés (en général) une dizaine d’années dans leur établissement précédent et sont déjà connus et reconnus comme créateurs et comme directeurs. Autrement dit, ils pourront afficher des choix artistiques avec une assise solide et en toute légitimité. Ils sont déjà attendus avec enthousiasme par le public qui a vu leurs spectacles dans d’autres lieux, en d’autres saisons. Derrière ces poids lourds, il y en a d’autres. Trois sont des femmes (est-ce innocent qu’elles ne soient pas issues du sérail ?) qui présentent des profils originaux et fort intéressants dans leur singularité.

Commençons par Courtney Geraghty, une gestionnaire de la culture plutôt passionnée qui choisit le Théâtre de la Croix-Rousse après l’ambassade de Tokyo et l’Alliance française de New York. La saison qu’elle a composée pour cette rentrée est à son image : surprenante et audacieuse. Venons-en au Théâtre des Clochards Célestes qui, malgré sa petite taille, est devenu incontournable tant son rôle auprès des compagnies émergentes est pointu, efficace. Après la disparition d’Élisabeth Saint-Blancat, figure tutélaire, puis le passage éclair de Louise Vignaud, l’unanimité s’est faite autour de Martha Tardivat qui a su dépasser son rôle de seconde et dont les premiers pas sont plus que prometteurs. Quant à la Scène nationale de Mâcon, elle attend, après le départ de Laurence Terk, sa directrice, Virginie Longchamp, nouvelle tête dans la région. Bienvenue, enfin, à Thierry Pilat qui saute du FIL (Saint-Étienne) à la Halle Tony Garnier. Avec plein de projets dans ses cartons.


UNDERTHNDR

street art

Par graphull

Ici grimé en batman, là en Brigitte Fontaine ou en princesse Mononoké, le clitoris s’affiche sur les murs de la ville. Avec le projet Klit In Da Street, le subtil travail de détournement de la Lyonnaise Underthndr transforme cet organe jugé tabou en représentation familière. Banaliser pour apprivoiser… klitindastreet

Lyon, notamment Croix-Rousse

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Laura Fisher © Romain Fievet - LesSUBS ©

LE PLI

VIE AL DE

(installation) > fin sept. PLI

10 > 20 nov. Les SUBS, Lyon 1

les-subs.com

À vingt-neuf ans, Alexis Mérat exerce le métier de plieur de papier professionnel. Plasticien aujourd’hui, après des études d’ingénieur. Tout se lie dans sa vie où plier, déplier, froisser, défroisser sont une manière de prendre le pouls du monde.

Par florence roux

Au

printemps, Alexis Mérat a installé avec Domitille Martin, plasticienne scénographe, une gigantesque tornade suspendue dans la verrière des SUBS. Lui aussi est plasticien, « déclaré depuis deux ans à la Maison des artistes ». Mais la profession qu’il exerce est celle de plieur de papier. Chaque jour, le jeune homme, selon une technique qu’il adapte au gré des projets, combine l’origami à un méthodique froissage-défroissage des papiers, souvent d’emballage. « J’ai d’abord fabriqué des avions, avec mon père, raconte-t-il. Puis j’ai commencé les origamis et, à l’adolescence, j’ai pratiqué plus sérieusement. J’avais beaucoup d’activités, piano, Beaux-Arts… Pour moi, le pliage était plus structuré que la liberté du crayon. » À 17-18 ans, entre la fac de maths et les Compagnons, il choisit l’école d’ingénieur. Idéal « entre-deux » ! « Ces études offrent une très bonne formation de l’esprit, on apprend à aborder chaque problème comme une opportunité de résoudre des solutions, explique Alexis. Au Moyen Âge et à la Renaissance, l’ingénieur pouvait être à la fois constructeur, inventeur, artiste. » Et le pli ? « Pour l’ingénieur, le pli est un outil puissant pour dompter la matière. Ça fait

ArKuchi #21 été 2021

partie des cours mécaniques de base. J’ai même développé une modélisation mathématique de certaines surfaces froissées, dans l’idée de mieux maîtriser les formes dans un travail manuel qui semblait aléatoire. » La géométrie du hasard ? Après l’école, en 2016, Alexis quitte l’ingénierie et ses bureaux, enchaîne ateliers, rencontres artistiques, créations… « Le pli c’est la vie, c’est mon message d’extrémiste du pli !, lâche-t-il en riant. Il est partout dans le monde, à la fois mouvement et trace dans la matière, souvent dans une matière fine qui peut être une enveloppe, une peau, soumise à des actions. » Le papier offre à l’artiste une légèreté où il froisse des formes organiques, complexes, où la fragilité s’exprime comme à fleur de peau. L’ingénieur, lui, mesure les forces de l’ouvrage. Ainsi, avant le prochain spectacle, Pli, qu’il crée aux SUBS avec la circassienne Inbal Ben Haim et Domitille Martin, Alexis va faire des tests de résistance des agrès de papier auxquels se suspend Inbal. Lors de la création, il fabriquera en direct les suspensions. On verra le geste du froisseur qui espère « écrire un dialogue entre le papier qui conditionne le mouvement et le geste qui déforme le papier. Dans ce corps-à-corps alexismerat.com intense que crée la suspension ». alexis.merat.3

ADN

LA TORNADE


FORME & FONCTION

Maquette urbaine de “la ville lotie”

caue69.fr

Florent Perroud ©

+

Vous habitez en ville, en banlieue, à la campagne ? Du centre-ville historique jusque dans les champs, où rien ne semble réellement changer hormis les saisons, la main et la volonté humaine ont façonné et façonnent encore notre paysage quotidien. Mieux vaut comprendre que subir, non ?

Territoires invisibles

CAUE, Lyon 1

Tournages & Dérapages

(Jeu de piste) Lyon & Villeurbanne > 18 déc.

Par Émiland Griès

QUARTIERS De

T

erritoires invisibles est l’ambitieux fil conducteur des actions du CAUE Rhône Métropole en 2021/22. Pour assurer sa mission de diffusion de la culture architecturale et urbaine, l’organisme inaugure ce thème, a priori énigmatique, par une première exposition dans ses murs (une seconde est annoncée en 2022 sur la “fabrique de la ville” ). Pari hautement ambitieux que susciter l’intérêt du grand public sur le sujet de la forme urbaine et paysagère, creuset de nos vies. Par invisible, il faut comprendre non vu ou plutôt non observé, tellement nous arpentons chaque jour notre territoire en ne regardant généralement que le bout de nos chaussures. Donc, levons les yeux ! Apprendre à voir, à lire et in fine à décrypter le paysage n’est pas dispensé à l’école. Et pourtant ! Éduquer le regard, l’étayer pour prendre conscience et permettre de

porter un avis sur la forme que prend notre environnement est un enjeu de citoyenneté. Il est donc question avec cette exposition d’expliquer, mettre en évidence et remettre en perspective notre territoire habité, en le découpant en grands thèmes qui vont de la ville historique, vernaculaire* ou planifiée, à la ruralité diffuse, en passant par les grands ensembles ou les lotissements pavillonnaires. De façon didactique, chacune des grandes typologies paysagères est développée sur de grands panneaux de fibres de ciment gris irréguliers, regroupés en îlots labyrintiques. Aux classiques affichages de plans, photographies et gravures, aux didactiques frises temporelles contextualisant les origines historiques des phénomènes urbains, s’ajoutent des supports plus ludiques, telles des

maquettes en bois découpant des morceaux de territoires. De façon plus inattendue, des extraits de films sont proposés, documentaires comme fictions, mettant en scène ou prenant pour décor les différents types de villes. Il n’est pas uniquement question du territoire rhodanien dans les exemples choisis. Comment échapper à Manhattan pour parler de la ville créée ex nihilo, à Paris pour illustrer la mise au cordeau haussmanienne des centres anciens, à Londres pour rappeler l’invention des citésjardins, à Sarcelles pour évoquer les ZUP** et les grands ensembles ? Enfin, pour ceux que l’idée d’exposition rebute, une approche moins savante est proposée sous forme de jeu de piste. Il est possible de mener une enquête grandeur nature et inédite, qui permettra une découverte de Lyon et Villeurbanne. Si aucune récompense n’est prévue, on y gagnera certainement en culture générale !

* en termes d’architecture, vernaculaire signifie courante et répandue. ** Zones à Urbaniser en Priorité, créées dans les années 1960. ArKuchi #21 été 2021



LA LOIRE

expos

Aurélien Mole / MAMC+ ©

Par Blandine Dauvilaire

Du design aux rubans en passant par la photographie, les musées de la Loire exposent des pépites cet été. Tour d’horizon de ce qu’il faut voir absolument.

Déjà-vu. Le design dans notre quotidien

V

ille industrielle d’importance au XIXe siècle, Saint-Étienne est aujourd’hui la seule ville française désignée ’’Ville créative pour le design’’ par l’Unesco. Ce mélange de patrimoine et d’innovation infuse tout son tissu culturel. La preuve au Musée d’art moderne et contemporain qui consacre une exposition réjouissante au design dans notre quotidien. À travers 300 objets qui ont rendu la vie plus facile à bien des générations, c’est l’évolution de la société depuis les années 1950 qui se raconte. Du mobilier épuré dessiné par Le Corbusier, Charlotte Perriand et Jean Prouvé, au couteau électrique

Moulinex, en passant par le Minitel, le verre Duralex ou la yaourtière SEB, toutes ces pièces familières ont été créées par des designers. Parfois ces inventions ont été de vrais flops, comme le montre la Cité du Design à travers une exposition pleine d’humour. Elle réunit à la fois des objets issus du Museum of Failure en Suède, qui recense les échecs commerciaux du design du XXe siècle ; des créations irrésistibles de Jacques Carelman, qui détourne les objets usuels, comme la table de ping-pong ondulée ou la fourchette à spaghettis avec manivelle ; mais aussi les inventions surréalistes de Katerina Kamprani : arrosoir à bec verseur replié, fourchette à manche souple, etc. En filigrane, cette exposition rappelle que la réussite passe par l’échec car il est source d’apprentissage.

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Gil Lebois ©

peignoir en macramé de rubans, dessin d'Isabelle Tartière et Franck Sorbier paris 2009


expos

The Uncomfortable Chair

Saint-Étienne (42) Déjà vu. Le design dans notre quotidien

MAMC+ > 22 août

mamc.saint-etienne.fr Flops ! Quand le design s’emmêle…

Cité du Design > 29 août

citedudesign.com Vestiges industriels, dans l’œil du photographe

musee-mine.saint-etienne.fr Les Rubans de l’intime

Musée d’Art et d’Industrie > 14 nov. mai.saint-etienne.fr Dualité Katerina Kamprani ©

s’expose

Musée de la Mine > 19 sept.

Atelier-Musée du Chapeau Chazelles-sur-Lyon (42) > 31 oct. museeduchapeau.com

De son côté, le Musée d’Art et d’Industrie s’intéresse aux dessous chics, en montrant comment la fabrication des rubans – dont le territoire stéphanois s’est fait une spécialité – a fait évoluer les sous-vêtements depuis le XIXe siècle. De la gaine de maintien à la guêpière Chantal Thomass, il s’en est passé des choses ! Lieu de préservation et de valorisation des savoir-faire, l’Atelier-Musée du Chapeau présente soixante-treize créations internationales réalisées sur le thème de la dualité. Des œuvres uniques dont certaines ont été primées. Enfin, le Musée de la Mine dévoile trois visions photographiques du patrimoine industriel, notamment le travail de Rajak Ohanian, dont l’œil sensible capte les émotions des mineurs avant la fermeture du puits Pigeot en 1982. Des photos d’une grande force.

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Par Emmanuelle Babe & Blandine Dauvilaire

Régime d’été JUSQU’AU 04.07.21

femmes à la coupe d'oranges georgette Agutte

Girl power

Une salade, César ?, au Lugdunum Musée, pulvérise les préjugés en montrant que l’art de la table à Lyon, durant l’Antiquité, ne se résumait pas au banquet. Comme nous, les Romains adoraient dîner dehors (pour éviter de mettre le feu chez eux), leur régime alimentaire était lié au statut social, ils rajoutaient du sel partout, coupaient leur vin avec de l’eau, certains étaient même “locavores*” et ils rentraient avant la nuit pour préserver leur réputation. Le parcours ludique reconstitue l’ambiance du marché et de la taverne, lieu de street-food avant l’heure, et dévoile 300 objets souvent inédits. Un régal ! B.D.

JUSQU’AU 05.09.21

Le Monastère royal de Brou consacre une exposition à Suzanne Valadon (1865-1938) qui fera date. Pour la première fois en France, un accrochage met en lumière le rôle des femmes dans l’effervescence artistique française au tournant du XXe siècle. Camille Claudel, Marie Laurencin, Tamara de Lempicka, Sonia Delaunay… près de cinquante artistes sont réunies dans ce parcours qui retrace leurs vies semées d’embûches. Comment devenir artiste quand on ne peut accéder à l’École nationale des Beaux-Arts ? Où présenter ses œuvres dans un univers d’hommes ? Autour de Suzanne Valadon, figure de l’émancipation féminine, de nombreuses femmes s’unirent pour gagner le droit d’être artiste. Cette exposition leur rend hommage. B.D.

Lugdunum Musée & Théâtres Lyon 5 lugdunum.grandlyon.com

une salade, césar ?

Monastère de Brou Bourg-en-Bresse (01) monastere-de-brou.fr

Amours de scènes Milène Jallais - Lugdunum Musée ©

JUSQU’AU 18.09.21

En 2019, la Bibliothèque municipale de Lyon reçoit une importante donation de la part du photographe Gérard Amsellem. Ce précieux corpus – des milliers de négatifs, de diapositives et de planches-contacts – représente une œuvre personnelle unique et témoigne de trente décennies de l’Opéra de Lyon. Car, de 1975 à 2005, Gérard Amsellem, jazzeux et ex-reporter, a été le photographe de l’institution, révélant le dynamisme de la scène lyonnaise. L’exposition présentée à la Part-Dieu rend hommage à son travail rigoureux. Gérard Amsellem aura sublimé les thèmes majeurs de l’opéra – les entrailles du cheval éventré dans David et Jonathas (1981) ! – mais aussi capté l’avant-garde (Marin, Forsythe, Eötvös). Il a également participé à toutes les étapes de la création, comme le montrent les négatifs des répétitions de Carmen, en 1998, dans le nouvel opéra, dont le photographe a suivi la transformation par Jean Nouvel. E.B. Bibliothèque de la Part-Dieu Lyon 3 bm-lyon.fr

ArKuchi #21 été 2021

JL Lacroix / Musée de Grenoble ©

déambulations

arts visuels


ADAGP, Paris, 2021. Image © Lyon MBA – Photo Martial Couderette ©

déambulations

Composition abstraite  Serge Poliakoff, 1964

La famille s’agrandit

JUSQU’AU 07.03.22

Entre l’acquisition du dernier tableau peint par Matisse en 1951 et les nombreux dons ou legs récents, le Musée des Beaux-Arts de Lyon a considérablement étoffé ses collections XXe et XXIe siècles. L’exposition Nouvelles perspectives fait dialoguer ces œuvres, souvent abstraites, avec des pièces du fonds permanent. Le résultat est enthousiasmant. Les assemblages poétiques d’Étienne Martin croisent la sculpture et les collages d’Erik Dietman ; Eugène Leroy et RogerEdgar Gillet partagent le même rapport à la matière qui sédimente sur la toile ; René Duvillier et Frédéric Benrath font du sentiment d’insécurité un moteur pictural puissant ; les paysages de Pierre Montheillet répondent à ceux de Pierre Tal Coat. Et Wifredo Lam déconstruit la figure humaine sous l’œil complice de Bacon et Picasso. Autre bonheur, l’expo Par le feu, la couleur, consacrée aux céramiques contemporaines, où la matière charnelle joue avec le feu et se plie aux désirs sensuels des artistes. B.D. Musée des Beaux-Arts Lyon 1 mba-lyon.fr

ArKuchi #21 été 2021


7e art

ÉCRAN(s) L A TOT Par lucie diondet

J

même. Retour vers le futur ou presque, des titres labellisés Cannes 2020 crèvent le grand écran. Parmi eux, trois premiers longs-métrages : La Nuée de Just Philippot et Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma, jeunes représentants d’un cinéma de “genre” engagé, Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh, où perce aussi en douce le fantastique. Les fans d’animation japonaise seront servis avec Josée, le tigre et les poissons et Ride Your Wave, tandis que Crock of Gold, documentaire consacré au génial chanteur-poète des Pogues, Shane MacGowan, comblera les adeptes de trad punk irlandais. Si la palette Art et Essai est large, il est toutefois impossible de passer à côté de Kaamelott - Premier volet du gone Alexandre Astier, suite attendue de la série, ou du biopic Eiffel. Côté Saône, Profession du père, tourné dans le Vieux-Lyon, mêle la délicatesse de Jean-Pierre Améris et la plume de Sorj Chalandon. Côté répertoire, Capricci honore Maurice Pialat d’une rétrospective en copies neuves. La Gueule ouverte, Sans toit ni loi, Van Gogh (30 ans cette année), Nous ne vieillirons pas ensemble, etc.  : les retrouvailles avec le cinéaste « de l’ellipse » ne seront pas sans émotion. Comme l’expérience Sound of Metal, à voir impérativement en salle, pour le jeu incandescent de Riz Ahmed et le rôle majeur du son. La liste des sorties n’est pas complète. Je la clos ici avec Digger du Grec Georgis Grigorakis et la rage sourde de ses personnages, parce que c’est « quand on ne le connaît pas (que) l’homme est un loup pour l’homme ». Cet été oui, rendez-vous avec les étoiles, au cinéma exactement. Tandem Films ©

cinemaspathegaumont.com grac.asso.fr institut-lumiere.org ugc.fr

amais le cinéma n’avait vécu telle crise. Certes, en 125 ans il y eut bien quelques remous. Rien qu’en France la censure-propagande, l’annulation du festival de Cannes en 1968, des attentats contre La Dernière Tentation du Christ, divers scandales sexuels et financiers… Mais jamais de fermetures pures et simples des cinémas. Après deux longues périodes sans film ni public (10 mois sur 14), la reprise n’était pas sans interrogations, entre essor des plateformes et appel du grand air. Qu’allait-on donc retrouver à la “sortie” ? Eh bien… la magie du cinéma ! Des spectateurs au rendez-vous, et le plein de films. Pendant cette trêve, tournages et post-productions n’ont pas cessé. 450 films sont prêts, les mercredis à venir vont faire tourner les têtes, les cœurs et les affiches. Les interrogations du secteur restent vives,

SOUND OF METAl

mais l’été s’annonce exceptionnellement riche. La Fête du Cinéma* sonnera le retour des jauges pleines. Le 74e Festival de Cannes** ouvrira avec Annette de Leos Carax, en sortie nationale le jour

*30 juin au 4 juillet, dans toutes les salles de France. Tarif unique 4 €. ** 6 au 17 juillet

ArKuchi #21 été 2021


Par Nikki Renard

D.R. ©

Gene Tierney (1920-1991), actrice à la beauté bouleversante, est l’héroïne du film noir dans sa quintessence. Dès ses débuts à Hollywood, elle travaille avec les plus grands : Sternberg, Lang, Mankiewicz et Preminger.

A

vec une démarche aérienne, telle une somnambule aux pommettes de marbre, sa séduction vénéneuse révèle un des plus beaux visages du monde. Découvrir cette actrice sur grand écran est un émerveillement. Son allure tout en retenue et ses yeux turquoise fascinent. Laura de Otto Preminger (1944) est érigé au rang de chef-d’œuvre parce qu’il possède ce que l’on ne peut expliquer : la magie. À l’instar de son personnage éponyme, Gene semble souvent être réduite à une image malheureusement bien trompeuse. En oubliant l’aura iconique, on peut voir le film tel qu’il est vraiment, comme un puzzle psychologique fascinant, un drame noir. Laura, rôle clé de sa carrière, immortalise l’actrice pour l’éternité et la chanson-thème de Raskin devient un standard. Laura is the face in the misty light… But she’s only a dream. The Ghost and Mrs. Muir de Mankiewicz (1947) est un classique au casting de rêve : Rex Harrison, George Sanders et Natalie Wood. Sous un faux air de romance, ce film fantastique est impressionnant de maîtrise malgré le peu d’expérience du réalisateur. Il exprime le regret de la vie merveilleuse que les personnages auraient pu connaître ensemble. « Il y a le vent, il y a la mer, il y a la quête de quelque chose d’autre… Et les déceptions que l’on rencontre. » Comme souvent dans le jeu de l’actrice, il y a ce trouble, ce je-ne-sais-quoi qui touche à l’essentiel. Dans ses interprétations, elle instille une ambiguïté dangereuse et dès qu’elle n’a plus le rempart d’un dialogue, d’un personnage, une insécurité poignante, envahissante, l’étreint. Incandescente beauté et rôles mythiques sont privilèges de l’icône de cinéma.

ArKuchi #21 été 2021

The Shangai Gesture Josef von Sternberg

(1941)

Leave Her To Heaven john M. Stah

(1945)

Night and the City jules Dassin

(1950)

Mark Dixon détective Otto Preminger

(1950, copie restaurée, sortie 16.06.2021)

Mademoiselle, vous devriez faire du cinéma

Ramsay Poche Cinéma (2006)

c’était mieux avant

&

LUMIÈRES TRAHISONS


1 botte d’asperges vertes 20 cl de bouillon de légumes 250 g de ricotta 15 g de miel 15 cl de vinaigre de vin 15 cl d’eau 50 g de graines de moutarde 50 g de graines de courge 30 g de sucre 3 brins de romarin Huile d’olive, sel, poivre

20 minutes

4 personnes

Par claudia cardoso

Je te le dis franchement, je suis fou d’elle ! Notre amour n’est que de courte durée (d’avril à juin) mais, n’empêche, entre l’asperge et moi, c’est du sérieux ! Tu crois que j’te vois pas te moquer, planqué derrière ton ArKuchi ? Et surtout, ne te donne pas la peine de ramasser ce qu’il en reste, de mon cœur ! Non, débarrasse-toi plutôt des picots des asperges et coupe la partie blanchâtre. Dans une poêle huilée bien chaude, grille les asperges de chaque côté. Ajoute le bouillon de légumes et finis la cuisson à couvert. Assure-toi de leur cuisson avec un couteau. Aucune résistance ? Le charme opère. Pour la conquérir un peu plus, offre-lui quelques graines de moutarde en pickles et de courges caramélisées, ses préférées. Pour les premiers, porte l’eau, le vinaigre et le sucre à ébullition. Hors feu, ajoute les graines de moutarde et réserve au frais. Ensuite mélange les graines de courge avec le miel, 1 c. à s. d’huile d’olive, une pincée de sel et torréfie-les quelques minutes au four à 180°. Reconnais-le… Lové entre les tiges d’asperges, les pickles et les croquants de graines de courges, t’es comme sur un nuage de ricotta assaisonné de romarin frais haché, d’huile d’olive, de poivre et de fleur de sel. Je savais bien que ses pointes finiraient par te percer le cœur à toi aussi !

Asperges craquantes

popote(s)

Par Ponia DuMont

HORIZONTALEMENT

été 2021

jugeote

1. Occupations pas nécessairement enfantines. 2. Envoyé du ciel… pas toujours saint ! Plante qui pue. 3. Manger du bout des lèvres. 4. Remède sûrement cher aux apiculteurs anciens. 5. En chair et en os. Ne fait plus partie des intimes. 6. Pas la crise du logement pour l’ambassadeur de France en Italie ! 7. Amourette sans lendemain ? Ne nécessitant pas d’apprentissage. 8. Encore une que Zeus abusa… doublement. Ancien redon aux Hospices de Beaune. 9. Dans la bouche de l’égaré. Ne fait pas toujours plaisir, quand il survient. 10. Manifestai ma rogne. Pour certains, solutions c’est la dorée ! arkuchi 20

VERTICALEMENT

A. Rituel en début de séance. Bruit d’eau. B. Promenade publique. Si on vous en fait “une”, dites merci. C. Presserait. D. Terroir viticole de “douce France”. E. Suppriment. Ce Yo-Yo joue du violoncelle. F. Tache. Se gonfle au vent. Généralement coupable de trouble(s). Outil de dessinateur. G. Ainsi nomme-t-on la grue ou le marabout. H. Possessif mal mené. Procédez à l’amélioration de votre verger. I. Cri d’espoir du nautonier à la dérive. Fait du neuf. J. Aire de vent. Rompu.

ArKuchi #21

D I R A I S

E V E N T E R P O I N E T

C A S S A

A I T E

ON F I N AV T AUR S T E L I E I NU T V I R R E S E N T E S E P

N E A N T I S E R A

E N N O B L I R A I

E S T

U E L E

S




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