Capital n°25 fr

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DEBAT

La réforme des droits de donation immobilière VOYAGE

Charme et douceur au Tyrol du Sud DOSSIER

Réforme des pensions : un nouvel épisode REPORTAGE

La grande dame de Laurent-Perrier DES BELGES QUI ONT UN PLAN

Luc Van den hove, CEO d’imec

ANNEE VII JI

Capital25 magazine optima

OCTOBRE 2015

Patrick LEFEVERE

– Directeur sportif d’Etixx-Quick-Step –

« JE N’AI JAMAIS TRAHI MA PAROLE. »


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AVA N T- P R O P O S

Capital25 Nous devrons tous travailler plus longtemps, impossible d’y échapper. Se constituer un capital de pension supplémentaire par le biais des régimes complémentaires (assurance de groupe, pension libre complémentaire pour indépendants ou engagement individuel de pension) représente toujours une opportunité unique pour compléter la pension légale. Les récentes mesures découragent toutefois la levée anticipée de capitaux.

Nos gouvernements n’ont pas chômé ces derniers mois. Les différentes mesures prises, tant au niveau fédéral que régional, ont un impact énorme sur votre patrimoine, votre pension et votre succession. Ces interventions étaient indispensables pour assurer à long terme la viabilité de notre système de sécurité sociale. Dans cette édition du magazine Capital, nous abordons la décision du gouvernement flamand de réduire sensiblement les droits de donation immobilière. Annemie Turtelboom, ministre flamande des Finances et moteur de ce changement, s’en explique. C’est l’introduction idéale pour les séances d’information que nous organisons cet automne en différents lieux.

Planifier, c’est regarder vers l’avenir. Mais aucun plan ne dure l’espace d’une vie. Examinons donc ensemble l’impact de ces nouvelles mesures et les possibilités qu’elles vous laissent en matière de pension, de patrimoine ou de succession. En effet, il est toujours possible d’optimiser certains points.

Au niveau fédéral, le gouvernement Michel a pris, juste avant les vacances, une décision concernant le tax shift, une réforme annoncée et attendue. Même si la messe n’est pas encore dite, Optima s’engage à suivre et à actualiser votre plan. C’est la raison pour laquelle nous développons plules premières lignes directrices sont sieurs antennes régionales. Nous avons connues. Rien d’étonnant à ce que les ainsi inauguré récemment nos tout nouplus fortunés soient mis à plus forte « O N N E P E U T PA S C H A N G E R veaux bureaux situés sur le Campus contribution. Une énième hausse du préL A D I R E C T I O N D U V E N T, Corda à Hasselt. Au second semestre compte mobilier, la création d’une taxe M A IS L A POSI T ION DE SES 2015 et au premier semestre 2016, ce sera sur la spéculation et un élargissement de VOI L ES, OU I.» au tour de Tournai et d’Anvers. Avec des la taxe Caïman illustrent bien cette volonbureaux à Gand, Waterloo, Anvers, té de taxer cette catégorie de contriHerentals, Tournai et Hasselt, nous buables. Il n’est fort heureusement pas SINCERES SALUTATIONS, sommes en mesure de vous rencontrer question de véritable impôt sur la fortune JEROEN PIQUEUR dans votre région, afin de réagir rapideni d’impôt sur le revenu du capital. PRESIDENT DU CONSEIL ment et d’optimiser les possibilités qui D’ADMINISTRATION D’OPTIMA BANQUE s’offrent à vous, tenant compte de votre Une autre décision concerne le recul de situation personnelle. l’âge de la retraite à 67 ans d’ici à 2030.

L’ACTUALITE EN QUELQUES CHIFFRES

67

3

7.200.000.000

A terme, l’âge légal de la pension sera fixé à 67 ans. Devrez-vous pour autant travailler aussi longtemps ? Tout savoir sur cette réforme en page 25.

Le gouvernement a décidé de donner un petit coup de pouce aux start-ups grâce à trois nouveaux incitants. Plus d’infos sur les avantages fiscaux dont vous pourriez bénéficier en page 41.

En juillet, le gouvernement a adopté différentes mesures pour effectuer un tax shift de plus de 7 milliards d’euros d’ici à 2018. Tous les détails de ce glissement fiscal en page 49.

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SOMMAIRE

ANNEE VII JULI 2012 OCTOBRE 2015

13

20

13–19.

20–24.

D’UNE IMPORTANCE CAPITALE

VOYAGES

3 professionnels à propos de leur passion. Les organisateurs de festival Dimitri Verschueren et Gilles De Decker, les entrepreneuses sociétales Marion et Hendrikje Meyvis, et le professeur Frédéric Francis.

36

Charme et douceur au Tyrol du Sud.

44

52

36–39.

44–47.

52–56.

LAURENT-PERRIER

DES BELGES QUI ONT UN PLAN

UN CLIENT RACONTE

Axelle Andrien, la grande dame de Laurent-Perrier.

Luc Van den hove, CEO d’imec.

Paul De Clercq, entrepreneur en série.

Cette publication a été composée par Optima Banque SA, dont le siège social est sis Keizer Karelstraat 75 à 9000 Gand. Bien qu’Optima Banque SA ait pris toutes les mesures raisonnables pour veiller à ce que l’information contenue dans cette publication soit correcte, claire et non trompeuse, Optima Banque SA ainsi que les sociétés, administrateurs ou travailleurs liés à elle déclinent toute responsabilité pour tout dommage, direct ou indirect, qui résulterait de l’utilisation de ce document ou d’une décision prise sur la base de ce document. Ce document ne contient pas de conseils de placement ni d’offres ou de sollicitations d’achat ou de vente d’un produit, service ou conseil financier, quel qu’il soit. Toute communication concernant l’actualité financière et fiscale au sens large est temporelle et peut donc être sujette à modifications sans aucune notification. Les données concernant des rendements réalisés dans le passé, les simulations et pronostics ne constituent en aucun cas une garantie ou un indicateur pour les résultats futurs.

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SOMMAIRE

Capital25 A U S S I DA N S CE N U M ERO 

04–06. NICE TO KNOW, NICE TO HAVE Une envie d’ailleurs.

8

30

8–12.

30–35.

DEBAT

IL FAIT PARLER DE LUI

La réforme des droits de donation immobilière.

07. MON PLAN Jeronimo.

40.

Patrick Lefevere. Directeur sportif d’Etixx-Quick-Step.

OPTIMA OPEN 2015

Du tennis pour la bonne cause.

41–43. ANALYSE

Soutenez une start-up…

48. EVENEMENTS Klarafestival. Meet4Lunch. Tesla Motors.

COLOPHON EDITEUR RESPONSABLE : Danny De Raymaeker, Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. REDACTRICE EN CHEF : Isabelle Dewilde. CONCEPTION ET MISE EN PAGE : Karakters, Gent. REDACTION FINALE NL : Kiki Feremans. REDACTION FINALE FR : Business Writers. ADRESSE DE LA REDACTION : Capital, Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. ONT COLLABORE A CE NUMERO : Dieter Bossuyt, Luk Coupé, Ingmar Criel, Frida Deceunynck, Iris De Feijter, David De Vleeschauwer, Valérie Du Pré, Artur Eranosian, Tom Goossens, Peter Goossens, Brigitte Hendrickx, Marc Holthof, Sven Hubrecht, Robin Looyen, Debbie Pappyn, Koen Petit, Lieven Van Assche, Pieter Segaert, Thomas Sweertvaegher, Vincent Van Doornick, Lara Van Ginderdeuren, Isabel Van Meirhaeghe, Philip Van Outrive , Natalie Vanderstappen, Thomas Vanhaute, Liesje Vanneste, Jo Viaene, Bert Voet.

49–51. LE POINT SUR LA SITUATION Le tax shift : un fait ?

25 DOSSIER

25–27.

Tom Goossens à propos du nouvel épisode de la réforme des pensions.

64. OPINION

Danny De Raymaeker. Faire des choix.

COPYRIGHTS : Tous droits réservés. Aucun extrait de ce magazine ne peut être repris ni reproduit d’une quelconque manière sans l’autorisation expresse du rédacteur en chef et de l’éditeur respon­sable. COUVERTURE  : Patrick Lefevere par Artur Eranosian. Indien U in de toekomst liever de Nederlandse editie ontvangt, gelieve zich te wenden tot info@optima.be

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LIFEST YLE

N I C E T O K N O W, N I C E T O H AV E

Une envie d’ailleurs Le besoin de partir, de voir du pays : certains ne l’éprouvent qu’en été, d’autres n’ont que cela en tête toute l’année. Si vous en avez le temps et les moyens, pourquoi pas, lâchez-vous. Mais si vous restez à la maison, ce qui suit devrait vous aider à vous évader… en pensée. TEXTE VALERIE DU PRE

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Un petit coup de blues à la rentrée ? Laissez-vous aller sur le Swing Chair d’Aldo Bakker. Ce rocking-chair minimaliste en sycomore, maintenu en équilibre par votre postérieur et par les lois de la pesanteur, est un bel exemple de bonne humeur et de liberté – en avant, en arrière, à votre gré…

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TA S S E S D E C A F E K A F F E E F O R M www.kaffeeform.com

S’EVADER

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LIRE L’AVENIR DANS LE MARC DE CAFE

WA N D E R L U S T – 6 0 A N S D ’ I M A G E S www.teneues.com

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JOUEZ LA FILLE DE L’AIR

BONNE OU MAUVAISE, L’HERBE POUSSE TOUJOURS

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LIFEST YLE

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CICLOTR AMA www.mellolandini.com

EMBRANCHEMENT Peu importe que vous y voyiez un arbre avec ses ramifications ou un réseau routier avec ses bretelles, Ciclotrama vous renvoie à vos racines. L’œuvre fait partie d’une série de sculptures organiques réalisées par les artistes brésiliens Janiana Mello Landini et Daniele Landini. Autant d’oracles à consulter avant de prendre de graves décisions ou chaque fois que vous hésitez sur la voie à prendre…

UN DEMI-DIEU

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D EUS ELEC T RIC www.silodrome.com

Même si le Deus Electric n’est pas le king of the road, c’est tout de même un demi-dieu. Il faut dire que son merveilleux design rétro – mi-cycle, mi-scooter électrique – cache une puissance insoupçonnée. Aussi compact que puissant, merveilleu­sement beau et parfaitement proportionné, c’est le compagnon de voyage idéal pour n’importe quel périple, fût-il imaginaire.

MOONRISE KIMONO

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BANDITO LIFEST YLE ROLL

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UN BAGAGE POIDS PLUME Vous vous retrouvez à l’autre bout du monde, sans lunettes de soleil, sans ouvrebouteille ou sans fourchette pour croquer votre part de gâteau ? Cela ne vous serait pas arrivé avec le Bandito Lifestyle Roll, qui rassemble tout un équipement de base dans un étui en cuir aussi pratique que beau. Il ne vous reste plus qu’à l’enrouler, à le refermer avec la cordelette et vous voilà prêt pour l’aventure – ou pour la dure vie de bureau…

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MON PL AN

JERON I MO

«  IL FAUT QUE JERONIMO PUISSE SE PASSER DE NOUS.  » Jeronimo, la maison d’accueil créée par Jeroen et Benedicte Piqueur-Schumacher, existe depuis bientôt trois ans. La fondatrice nous parle des développements récents et de ses rêves d’avenir pour Jeronimo. TEXTE IRIS DE FEIJTER

01.

JERONIMO, C’EST QUOI EN FAIT ? Benedicte Schumacher: « Une maison où nous accueillons des enfants et des adolescents en situation familiale problématique. Ils y passent leurs week-ends et leurs vacances – ce qui représente tout de même 200 jours par an. Chez Jeronimo, ils trouvent le calme et la stabilité dont ils ont tant besoin. »

02.

QUELLE A ETE L’EVOLUTION DE JERONIMO DEPUIS SA CREATION EN JANVIER 2013 ? « A l’origine, nous n’envisagions que l’accueil à long terme, sur plusieurs années. Aujourd’hui, il nous arrive

ou des actions de crowdfunding. L’ASBL Jeronimo n’étant pas encore officiellement reconnue, les dons ne sont pas considérés comme des donations à une œuvre, mais comme du sponsoring, ce qui est moins intéressant sur le plan fiscal. C’est également pour cela que nous espérons être bientôt agréés par le Ministère. »

aussi d’accepter des placements d’urgence, pour un laps de temps donné. Jusqu’ici, nous avons accueilli au total 40 enfants et adolescents. »

03.

QUEL EST LE PRINCIPAL DEFI QUI SE POSE A VOUS ? ‘Il est surtout d’ordre financier. Jeronimo coûte chaque année beaucoup d’argent, qui provient exclusivement de fonds privés. Une partie du budget est financée par Optima, mais mon mari et moi faisons également appel à nos propres fonds. Nous organisons, par ailleurs, des évènements tels qu’une soirée de gala

04.

AVEZ-VOUS D’AUTRES PROJETS ? « Nous avons récemment lancé un nouveau partenariat avec deux autres ASBL, agréées celles-là : OC Nieuwe Vaart et Bege­ leidingstehuis Sint-JanBaptist. Nos différentes spécialisations se complètent parfaitement. Ces ASBL proposent un suivi psychologique tandis que nous offrons un lieu calme,

« NOUS ESPERONS QUE NOTRE EXEMPLE SERA COPIE DANS D’AUTRES VILLES. »

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une sorte de dernière escale avant ‘la vraie vie’. Nous tenons, par ailleurs, à ce que Jeronimo prenne son indépendance. L’association doit être en mesure de fonctionner sans nous. Enfin, j’espère que notre exemple sera copié dans d’autres villes. Car la demande existe bel et bien ! »

05.

RESTEREZ-VOUS DANS CETTE MAISON ? « Le contrat de location arrive bientôt à son terme. Je recherche activement un autre immeuble dans le centre-ville de Gand. Nous préfèrerions acheter, par exemple une maison ancienne, agréable à vivre, avec de nombreuses chambres à coucher afin que les jeunes aient tous un coin à eux. »


D E B AT

L A R E FOR M E DE S DROI T S DE D ON AT ION I M MOBI L I E R E

LA MINISTRE TURTELBOOM :

« LES IMPOTS DOIVENT ETRE EQUITABLES » Depuis le 1er juillet, la donation immobilière est devenue moins chère en Région flamande. Annemie Turtelboom, ministre flamande du Budget, des Finances et de l’Energie, commente les lignes de force du nouveau décret et débat à ce propos avec Bart Van Opstal, président de la Fédération Royale du Notariat belge, Koen Petit, COO d’Optima, et Sven Hubrecht, juriste fiscal chez Optima. TEXTE FRIEDA DECEUNYNCK | PHOTOS PHILIP VAN OUTRIVE

LES LIGNES DE FORCE DE LA REFORME Depuis le 1er juillet, les droits de donation de biens immobiliers ont été entièrement réformés en Région flamande. Quelle fut la motivation à l’origine de ce nouveau décret ? ANNEMIE TURTELBOOM : « En premier lieu, nous avons effectué cette réforme parce que nous avons constaté qu’en Flandre surtout, c’est à peine s’il y avait encore des donations immobilières, surtout en ligne indirecte. Et ce n’est pas étonnant : dans certains cas, les droits de donation s’élevaient à 80%. On était donc à 20% de l’expropriation ! A des tarifs tels que ceux-là, les gens n’étaient plus disposés à donner de l’immobilier. Ils préféraient conserver leur patrimoine immobilier jusqu’à leur décès. Et, parfois, laisser leur bien inoccupé plutôt que de le donner,

alors que de nombreux jeunes ménages sont à la recherche d’une habitation. » BART VAN OPSTAL : « C’est exact. Régu­ lièrement, des clients venaient nous consulter parce qu’ils avaient l’intention de faire une donation. Mais lorsqu’ils constataient qu’ils allaient perdre la moitié de leur patrimoine en droits de donation, ils changeaient d’avis. » SVEN HUBRECHT : « En ligne collatérale,

c’est à peine si les donations avaient encore cours. Mais même en ligne directe (enfants ou petits-enfants), avec des tarifs de donation plus favorables, les gens décidaient souvent de renoncer à la donation ou de ne donner qu’une partie. Donner à un tarif acceptable équivalait souvent à faire don d’une petite partie de l’immobilier tous les trois ans. Ainsi, nous avons eu récemment un client qui a eu besoin de 12 ans pour appliquer cette technique. Cela

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signifie aussi qu’il faut s’y prendre à temps. Or, certains y pensent seulement au moment où ils tombent gravement malades, à un âge avancé. Il est fréquent dans ce cas que ces personnes apprennent qu’il est trop tard et qu’elles auraient dû penser à la donation des années plus tôt. » ANNEMIE TURTELBOOM : « L’intention de

donner y était, mais les tarifs élevés effrayaient les candidats donateurs. Pour les donations en ligne non directe, par exemple entre une tante et une nièce, la pression fiscale a été ramenée dans certaines situations à un quart. Ce sont des situations qui se présentent souvent en pratique. » Outre la réduction drastique des tarifs appliqués, le gouvernement flamand a également réalisé une simplification poussée de la structure tarifaire.


KOEN PETIT : « Le nouveau décret se tra-

duit par une simplification considérable, non seulement dans la structure tarifaire elle-même, mais aussi dans son application. Autrefois, on dénombrait neuf tranches d’imposition ; il n’en reste plus que quatre aujourd’hui. La tranche la plus faible, à laquelle le tarif de 3% était appliqué, plafonnait à 12.500 euros. Compte tenu de l’évolution de la valeur des biens immobiliers, une telle tranche avait perdu tout son sens. Désormais, la première tranche de 150.000 euros peut être donnée au tarif le plus bas. »

ANNEMIE TURTELBOOM : « Nous avons aussi réduit sensiblement le nombre de catégories tarifaires. Désormais, on ne fait plus la distinction qu’entre les donations en ligne directe et toutes les autres donations, à savoir aussi bien les donations entre frères et sœurs que celles entre tantes et nièces, oncles et neveux par exemple, ou même entre personnes totalement étrangères sur le plan fiscal. De cette manière, nous créons aussi une uniformité pour les nouvelles formes de ménages complexes. Ainsi, pour les demifrères ou les belles-sœurs, par exemple,

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ce sont automatiquement les mêmes tarifs qui s’appliquent que pour les vrais frères et sœurs. » La troisième ligne de force est le «verdissement» des droits de donation immobilière. ANNEMIE TURTELBOOM : « C’est exact. Pour toute personne qui reçoit un bien immobilier par donation à partir du 1er juillet et qui fait réaliser dans les cinq ans pour au moins 10.000 euros d’investissements économiseurs d’énergie par un entrepreneur, les tarifs sont réduits de façon


D E B AT

LA MINISTRE TURTELBOOM :

« LES IMPOTS DOIVENT ETRE RESSENTIS COMME ETANT EQUITABLES. OR, CE N’ETAIT PLUS LE CAS POUR LES DROITS DE DONATION IMMOBILIERE. TEL ETAIT LE PRINCIPAL POINT DE DEPART DE CETTE REFORME. »

complémentaire. Là aussi, la décision relève d’un choix mûrement réfléchi. Comparé à celui des pays voisins, notre patrimoine immobilier est relativement vieux et dépassé sur le plan énergétique. Nous espérons ainsi inciter les gens à faire rénover leur habitation. En outre, nous entendons donner de cette manière un coup de pouce au secteur de la construction car, en dépit du redressement économique, le bâtiment éprouve toujours des difficultés. »

Les esprits critiques affirment que la réduction des tarifs profite surtout aux donations d’habitations chères en ligne non directe. ANNEMIE TURTELBOOM : « Ce n’est pas tout à fait vrai. Il est exact qu’il n’y a pas de réduction tarifaire «verte» complémentaire pour les donations en ligne directe jusqu’à 150.000 euros. Mais comme nous avons étendu le tarif de 3% à ce montant pour toutes les donations, cellesci sont déjà très bon marché. Si nous permettions encore une réduction complémentaire sur ces donations, nous en arriverions à des tarifs décimaux, ce qui rendrait la structure tarifaire beaucoup plus opaque. Nous avons voulu éviter cela. Pour la donation d’habitations plus chères, nous avons, en revanche, lié une réduction tarifaire complémentaire à une rénovation énergétique. Mais on ne doit pas oublier que la mise en ordre, sur le plan énergétique, d’une habitation plus grande requiert aussi davantage d’investissements. » La même réduction tarifaire complémentaire s’applique aussi, depuis la réforme, aux habitations mises en location, dans les trois ans suivant la donation, et ce, pour une durée de neuf ans. Quel est l’objectif de cette mesure ? ANNEMIE TURTELBOOM : « La ministre Liesbeth Homans nous a fait remarquer à juste titre que l’état du patrimoine loué en Flandre est souvent loin d’être optimal. En accordant la même réduction tarifaire aux propriétaires qui, après la donation, louent leur bien, avec une attes­ tation de conformité, pour une période de neuf ans, nous espérons attirer davan­ tage d’habitations de qualité sur le marché locatif. Avec l’attestation de conformité, le propriétaire peut prouver que le bâtiment convient à l’habitation et qu’il répond aux normes de qualité. » Cette mesure ne risque-t-elle pas de mener à l’incertitude locative ou à une hausse des loyers ? Les bailleurs pour­ raient, en effet, être tentés de résilier

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leur bail à l’occasion de la donation afin que le nouveau propriétaire puisse conclure un nouveau bail pour bénéficier de la réduction complémentaire. BART VAN OPSTAL : « On n’en arrivera pas là. Les bailleurs doivent respecter la législation et ne peuvent pas résilier un bail sans raison valable. Ils pourraient, par exemple, le faire pour rénover le bâti­ ment. Mais une telle initiative profitera à la qualité du bâtiment et c’est exactement l’objectif du nouveau décret. Par ailleurs, il est logique que le loyer augmente légèrement après une rénovation. »

CONCURRENCE FISCALE Certains observateurs voient déjà les premières indications que cette approche risque de se traduire par des déménagements pour des raisons fiscales. En déplaçant leur domicile en Flandre, Wallons et Bruxellois peuvent également, après un certain temps, donner leurs biens aux tarifs flamands. BART VAN OPSTAL : « Pour éviter le shopping fiscal, la loi prévoit que la compétence de lever l’impôt après un déménagement revient à la région dans laquelle le donateur a habité le plus longtemps au cours des cinq années précédant la donation. Après le déménagement, le donateur doit donc avoir habité au moins deux ans et demi en Flandre pour pouvoir faire une donation aux conditions fiscales

LA MINISTRE TURTELBOOM :

« P OUR LA DONATION D’HABITATIONS PLUS CHERES, NOUS AVONS LIE UNE REDUCTION TARIFAIRE COMPLEMENTAIRE A UNE RENOVATION ENERGETIQUE. »


D E B AT

flamandes. Une fois ce délai d’attente passé, les tarifs flamands ne valent pas uniquement pour les biens immobiliers situés en Flandre, mais aussi pour toutes les possessions situées en Régions wallonne et bruxelloise. Person­ nellement, j’y vois une saine concurrence entre les régions. Et qui profite au citoyen. » SVEN HUBRECHT : « De plus, il ne fau-

drait pas surestimer cet effet. Les pensionnés bruxellois ou wallons qui ont une résidence secondaire à la côte pourraient être sensibles à l’appel des faibles droits de donation flamands. Mais les jeunes adultes qui habitent et travaillent à Bruxelles ou en Wallonie, je ne les vois pas déménager de sitôt vers leur résidence secondaire à la côte flamande. C’est que pour déterminer le domicile fiscal du contribuable, on tient compte de sa résidence effective. Le simple fait de s’inscrire au registre de la population d’une commune flamande ne suffit pas. » Prévoyez-vous qu’à terme, les gouvernements wallons et bruxellois suivront l’exemple flamand ? ANNEMIE TURTELBOOM : « Pour l’heure, je n’ai aucune indication à cet égard. Mais si le système flamand se révèle efficace, il n’est pas exclu que les autres régions nous emboîtent le pas, comme on l’a vu dans le passé avec les droits de donation mobilière. Je suis disposée à fournir toutes les informations dis­ ponibles à cet égard à mes confrères wallons et bruxellois. »

ALLEGEMENT DES DROITS DE DONATION ET PLANIFICATION SUCCESSORALE Pensez-vous que les donations immo­ bilières pourraient devenir une technique de planification successorale courante ? KOEN PETIT : « Sous l’ancien régime fiscal, les donations immobilières étaient devenues rares. Sur le plan psycho­ logique, les donateurs avaient du mal à voir le fisc écrémer plus de 10% de la va-

leur de la donation. De ce fait, le seuil était compris en pratique entre 100.000 et 150.000 euros par part de donation. Le tarif marginal appliqué au montant supérieur dépassait, en effet, les 10%, même en ligne directe. Pour éviter cela, les donations étaient souvent scindées en parts plus petites, qui étaient ensuite données par phases via la technique dite du saucissonnage. Après une période intermédiaire de trois ans, les droits de donation étaient chaque fois calculés à partir des tranches les plus basses. Grâce à la réforme, les donations jusqu’à 250.000 euros par donataire resteront désormais sous le seuil psychologique des 10%. Dès lors, des patrimoines plus importants peuvent être donnés en une seule fois, surtout lorsque le bien immobilier appartient aux deux partenaires. Dans ce scénario, chaque donation provient, en effet, pour moitié de chacun des partenaires. »

BART VAN OPSTAL, NOTAIRE :

« A PRES LA REFORME DES DROITS DE DONATION MOBILIERE, NOUS AVONS VU QUE LE GLISSEMENT DE LA SUCCESSION VERS LA DONATION POUVAIT PROFITER AU TRESOR. »

SVEN HUBRECHT : « Je prévois un net recul des donations saucissonnées. Et dans de nombreux cas, les techniques visant à éparpiller une donation entre plusieurs donataires, par exemple en donnant directement une partie aux petits-enfants, deviendront superflues. Grâce à la baisse des tarifs, on pourra aussi faire des donations à des tarifs acceptables avec des formules simples. » BART VAN OPSTAL : « Prenons l’exemple

d’une habitation qui fait partie du patrimoine commun d’un couple avec deux enfants. Dans un tel scénario, une donation jusqu’à 600.000 euros peut être intégralement effectuée au tarif de 3%. Pour le calcul des droits à payer, cette donation est, en effet, scindée en quatre parts de 150.000 euros, chacun des parents offrant à chaque enfant une part de 150.000 euros. Comparé au tarif de 2%, qui s’appliquerait dans l’hypothèse où l’habitation est héritée plus tard aux tarifs les plus élevés, on en arrive à une différence de 24%. Dans une telle situation, la donation représente une énorme économie fiscale. »

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KOEN PETIT (OPTIMA) :

« L A TRANQUILLITE D’ESPRIT EST UN BIEN INESTIMABLE ET S’AJOUTE AU BENEFICE FISCAL. »


D E B AT

technique va connaître un succès encore plus grand, surtout pour les deuxième ou troisième propriétés. Et les donations assorties d’une charge gagneront éga­ lement en popularité. Dans cette approche, le donataire est investi d’une certaine charge. Il peut, par exemple, être tenu de contribuer aux frais de la maison de repos ou de soins où le donateur va s’installer. Si on peut intégrer ainsi l’assurance de ne jamais manquer de rien, le pas vers la donation sera franchi plus facilement. »

Et compensera-t-il le manque à gagner du côté des droits de succession ? ANNEMIE TURTELBOOM : « On ne peut

pas le prévoir. Et pour moi, ce n’était pas une raison suffisante pour maintenir les tarifs déraisonnables en vigueur jusqu’il y a peu. Les impôts doivent être ressentis comme étant équitables. Or, ce n’était plus le cas pour les droits de donation immobilière. Tel était le principal point de départ de cette réforme. » BART VAN OPSTAL : « Après la réforme

SVEN HUBRECHT (OPTIMA) :

« DANS DE NOMBREUX CAS, LES TECHNIQUES VISANT A EPARPILLER UNE DONATION ENTRE PLUSIEURS DONATAIRES DEVIENDRONT SUPERFLUES. »

Qu’en est-il si les parents occupent eux-mêmes la maison ? Ou s’ils ont besoin des revenus locatifs de cette maison pour compléter leur pension ? SVEN HUBRECHT : « Cela ne doit pas nécessairement poser problème. Dans un tel cas, ils peuvent donner le bien sous réserve d’usufruit. Légalement, la propriété est mise au nom des enfants, mais les parents en conservent les fruits. » BART VAN OPSTAL : « Aujourd’hui, la majorité des donations immobilières se font déjà sous réserve d’usufruit. Suite à la baisse des tarifs, je prévois que cette

Cela n’empêche que toute donation représente un seuil psychologique que les gens préfèrent retarder le plus possible. La baisse des droits de donation va-t-elle suffire à vaincre cette appréhension ? BART VAN OPSTAL : « Elle va certainement y contribuer. J’espère en tout cas qu’elle incitera les gens à réfléchir en temps utile à la répartition de leur patrimoine et à prendre une série de dispositions de leur vivant. Une telle approche permet non seulement de réduire les frais de succession, mais aussi d’éviter des discussions quant à l’héritage. Du point de vue du donateur, elle apporte également la satisfaction de savoir que tout est réglé. » KOEN PETIT : « Cette tranquillité d’esprit est inestimable et s’ajoute au bénéfice fiscal. La recherche de la tranquillité d’esprit et du bonheur financier est au centre de tout plan financier que nous élaborons. Dans chaque plan financier, nous analysons les possibilités en termes de donation et de répartition du patrimoine du vivant des propriétaires, compte tenu du train de vie souhaité par le client. La réforme peut inciter les gens à agir en ce sens. »

A court terme, la baisse des taux stimulera incontestablement les donations immobilières et donc les recettes fiscales issues des donations. Mais durant combien de temps cet effet pourra-t-il être ressenti ?

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des droits de donation mobilière, nous avons vu que le glissement de la succession vers la donation pouvait également profiter au Trésor. La baisse des tarifs pour les donations a été amplement compensée par la hausse du nombre de transactions. » ANNEMIE TURTELBOOM : « C’est exact.

Pourtant, les pessimistes avaient prédit que nous enregistrerions une hausse unique des recettes, lesquelles s’effondreraient par la suite comme un soufflé. Mais cela ne s’est pas produit. Nous avons enregistré une hausse des recettes non seulement en 2003, mais aussi les années suivantes. Le mouvement s’est stabilisé tout récemment à un niveau élevé. Ces chiffres indiquent qu’une mesure comme celle-ci peut stimuler la vitesse de rotation des donations. Lorsque vous faites une donation en tant que parent au moment où vos enfants ont 25 ans, ils donneront peut-être eux-mêmes le bien à leurs enfants lorsqu’ils auront 50 ans. Mais je le répète : cette réforme n’a pas été dictée par des considérations de cet ordre-là. Nous voulions avant tout éliminer les tarifs déraisonnables jusqu’à 80% pour que les gens soient de nouveau disposés à faire des donations et éviter qu’ils laissent leurs biens inoccupés. Si le Trésor y trouve son compte à long terme, c’est tant mieux. »


D ’ U N E I M P O R TA N C E C A P I TA L E

3 P R O F E S S I O N N E L S A P R O P O S D E L E U R PA S S I O N

D’UNE

IMPORTANCE

CAPITALE MARION & HENDRIKJE ME Y VIS

D IMIT RI V ERSCHUEREN & GILL ES D E D ECK ER

FREDERIC FR ANCIS

Les organisateurs de festival Dimitri Verschueren et Gilles De Decker, les entrepreneuses sociétales Marion et Hendrikje Meyvis, et le professeur Frédéric Francis à propos de ce qui les passionne. Ce à quoi ils accordent une importance capitale et attribuent leur succès. Après tout, l’argent seul ne fait pas le bonheur. TEXTE IRIS DE FEIJTER | PHOTOS THOMAS SWEERTVAEGHER

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D ’ U N E I M P O R TA N C E C A P I TA L E

ORGANISATEURS DE FESTIVAL

DIMITRI VERSCHUEREN ET GILLES DE DECKER « Le premier week-end de juillet, nous avons organisé le tout premier festival musical Paradise City, au château de Ribaucourt à Perk, près de Steenokkerzeel. Si la Belgique est reconnue comme le pays des festivals, de nouveaux événements musicaux ont vu le jour ces dernières années dans les pays voisins, à plus petite échelle, avec un souci accru d’originalité et pour un public-cible bien défini. Puisqu’il n’y avait rien de tel en Belgique, nous avons tenté notre chance. Même dans un marché aussi saturé que celui des festivals, il reste toujours des opportunités à saisir. »

« MEME DANS UN MARCHE SATURE, IL RESTE DES OPPORTUNITES A SAISIR. »

« Depuis que nous sommes devenus papa tous les deux, nous sommes plus soucieux du sort de la planète. Loin de nous l’idée de jouer les rabat-joie, mais l’aspect écologique de notre festival nous importe énormément. Nous générons de l’électricité verte à l’aide de panneaux solaires et nos générateurs sont alimentés au biodiesel. Plutôt que de proposer de l’eau en bouteille, nous avons opté pour l’eau du robinet, filtrée et servie dans des gobelets réutilisables. Nous avons distribué des cendriers portables. A la fin du festival, nous n’avons récolté qu’un demi conteneur de déchets. Enfin, pour compenser les heures d’avion des différents artistes, nous avons soutenu plusieurs projets écologiques. Le résultat de tous ces efforts est un festival neutre sur le plan des émissions de CO2 ! »

écologie.

Dimitri a commencé sa carrière dans le secteur du diamant, avant d’intégrer l’univers de la banque. Il gère actuellement son propre bureau d’événements. Gilles a une formation en marketing et ventes. Les deux hommes se sont rencontrés il y a dix ans, comme colocataires d’un appartement à Bruxelles. « N’étant pas des organisateurs de festival chevronnés, les décisions que nous prenons sont différentes. Nous avons notamment été le premier festival cashless en Belgique : pour les paiements, nous avons remplacé les tickets par un bracelet rechargeable, plus écologique. Cela nous permettait, en outre, de suivre en temps réel quelle boisson se vendait bien dans quel bar, pour en tenir compte aussitôt. » « Pour notre toute première édition, nous avons accueilli 5.500 visiteurs. Nous voulons créer une communauté de Citizens of Paradise City : les festivaliers de cette année auront la priorité l’année prochaine lors de la vente des entrées. La prochaine édition se déroulera certainement au même endroit. Ce magnifique domaine seigneurial, situé à 10 km de Bruxelles et à proximité de l’aéroport, constitue un sérieux atout. Il faut dire que nous avons cherché pendant deux ans et demi avant de le trouver ! Nous n’avons d’ailleurs eu l’accord définitif qu’en janvier de cette année, ce qui ne nous a laissé que six mois pour tout organiser. Le principal défi a consisté à attirer des artistes dans un nouveau festival. Mais aussitôt que les premiers ont signé, d’autres ont suivi. Les fournisseurs ont également hésité, souhaitant être payés à l’avance. C’était dur, surtout que les préventes sont rares lorsqu’on est un nouveau venu. Mais nous y croyions dur comme fer et nous y avons donc été de notre poche. La banque nous a prêté le reste. Nous espérons faire des bénéfices après trois éditions. »

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Dimitri Verschueren et Gilles De Decker ont organisé en juillet 2015 la première édition du festival Paradise City dans le cadre du château de Ribaucourt, près de Steenokkerzeel.


D ’ U N E I M P O R TA N C E C A P I TA L E

ENTREPRENEUSES SOCIETALES

MARION ET HENDRIKJE MEYVIS « NOTRE MOT-CLE EST LA COCREATION. »

« Depuis janvier dernier, nous gérons l’entreprise sociale Carpet of Life. Nous envoyons au Maroc de vieux vêtements que des femmes du Sahara utilisent pour la réalisation des traditionnels tapis Boucherouite. Nous faisons ainsi d’une pierre deux coups : les vieux vêtements sont recyclés et les tisseuses de tapis vivent mieux. Chaque tapis est réalisé sur mesure pour un client donné, à partir des vêtements qu’il a lui-même cédés. Il s’agit souvent de pièces ayant une signification particulière pour lui, par exemple des habits ayant appartenu à un proche décédé ou des vêtements de bébé. Ce qui rend chaque tapis personnel et unique. Nous nous entretenons d’abord avec le client, qui peut suivre, comme tout le monde, le déroulement du processus de création sur Pinterest. Les clients choisissent un motif, mais les tisseuses peuvent également donner libre cours à leur créativité. Notre mot-clé, c’est la cocréation: un savant mélange d’ici et d’ailleurs, de tradition et d’innovation. » « Le concept Carpet of Life a été inventé par la fondation néerlandaise à but non lucratif Butterfly Works, qui a vu le jour en 2009. Lorsque le projet a atteint sa vitesse de croisière, la fondation a souhaité se professionnaliser et a cherché un repreneur. Nous étions alors en quête d’un projet fair design susceptible de nous passionner. Nous avons d’abord songé à créer notre propre fondation, mais lorsque nous avons découvert Carpet of Life, nous avons compris que c’était la chance de notre vie. Nous opérons toutes deux depuis la Belgique. Les trois femmes chefs de projet ainsi que nos 54 artisanes travaillent au Maroc, dans quatre villages d’anciens nomades situés dans la région de l’oasis M’Hamid el Ghizlane, également appelée ‘la porte du désert’. »

empowerment. Début 2015, deux sœurs, Marion et Hendrikje Meyvis, reprenaient le concept Carpet of Life. Elles participent au programme pour les start-ups Start It.

« Les hommes sont nombreux à partir en ville pour y chercher du travail. Les femmes restent au village, dans l’isolement. Tisser des tapis, c’est un processus social – quatre femmes travaillent sur un même tapis – et notre projet génère de ce fait de la cohésion sociale. Carpet of Life stimule l’économie locale, mais tient également à stimuler les femmes : leur travail ne leur assure pas seulement un salaire, mais également un statut social. Comme bon nombre d’entre elles sont analphabètes, nous leur proposons également de suivre des cours. Nous ne voulons toutefois pas nous profiler comme une organisation à but non lucratif : nous commercialisons un produit très tendance et misons sur le branding. Nous tenons avant tout à ce que les gens qui achètent un de nos tapis le fassent parce qu’ils le trouvent beau, et non parce qu’ils veulent soutenir une cause. » « En tant que start-up, nous sommes soutenues par Start It, une initiative prise notamment par Flanders DC, KBC et iMinds. Pendant une année entière, nous bénéficions d’un bureau et de séances de coaching, le tout gratuitement. A présent, nous voilà prêtes pour l’étape suivante : nous recherchons 50.000 euros de capital externe pour assurer le développement et la professionnalisation de Carpet of Life. »

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D ’ U N E I M P O R TA N C E C A P I TA L E

PROFESSEUR

FREDERIC FRANCIS « La sauterelle grillée a un goût de poulet rôti, le grillon fait penser au lard fumé et le ver de farine a un arrièregoût de noisette. Rien à redire au niveau du goût donc, mais ce n’est pas le seul avantage des insectes : ils contiennent énormément de protéines et pratiquement pas de graisses ni de cholestérol. De plus, leur élevage est bien plus aisé et rapide que celui de la viande, tout en exigeant moins d’espace. Le rendement est, en outre, beaucoup plus élevé : il faut 10 kilos de nourriture pour obtenir 9 kilos d’insectes, contre seulement 1 kilo de viande de bœuf, 3 kilos de viande de porc et 5 kilos de poulet. De ce fait, les insectes reviennent beaucoup moins cher que la viande. Face à tant d’avantages, les inconvénients sont rares : seules les personnes allergiques aux crustacés doivent s’abstenir de consommer des insectes. »

« LES INSECTES SONT UN ALIMENT SAIN, BON, PEU COUTEUX ET ECOLOGIQUE. »

« L’idée de manger des insectes m’est venue il y a une quinzaine d’années. A la faculté d’agronomie, nous étudiions comment lutter contre les insectes. Mais dans un laboratoire accueillant 17 nationalités différentes, on entendait évidemment d’autres sons de cloche. En effet, en Afrique et en Asie, il était – et il est toujours - normal et courant de consommer des insectes. C’est même intéressant économiquement parlant, car quand ils sont en surnombre, on les capture et on les mange. Pourtant, tous les insectes ne sont pas comestibles. Sur 2 millions d’espèces, seules 2.000 peuvent être mangées. L’on n’a donc qu’une chance sur mille de faire le bon choix. »

innovation. « Aujourd’hui, les rayons des supermarchés proposent déjà des hamburgers et des tapenades d’insectes, même si ceux-ci n’en contiennent en vérité que 5%. Cette offre sert surtout à évaluer si le public est prêt à accepter l’idée de manger des insectes. Les grossistes du secteur horeca présentent toutefois une gamme bien plus étendue : depuis des exemplaires entiers jusqu’aux insectes réduits en poudre. Je pense personnellement que la consommation d’insectes va suivre un parcours assez similaire à celle des sushis. Au début, les gens en avaient peur : du poisson cru, cela devait être dangereux… Mais dès que le consommateur franchit cet obstacle psychologique et goûte, il apprécie généralement. Manger des insectes, c’est moins bizarre que ce que l’on pourrait croire. » « Entofood est la première entreprise belge d’élevage d’insectes à l’échelle industrielle. La première unité de production de vers de farine et de grillons ouvrira bientôt. Notre production annuelle de 50 tonnes est bien trop importante pour l’industrie alimentaire, car la demande n’est pas encore bien grande. Nous ciblons donc l’alimentation destinée à certains animaux de compagnie tels que les reptiles. Je m’efforce, moi aussi, de faire connaître les insectes au grand public. Avec la faculté, nous organisons régulièrement une fête des insectes, assortie d’un important buffet. Lors de la dernière édition, nous avons distribué un livre de cuisine avec des recettes. Chez moi, les insectes sont régulièrement au menu : 10 minutes au four à 200° pour qu’ils soient croustillants et bien cuits. En effet, les insectes crus sont liquides et il vaut mieux éviter la sensation Mon Chéri. »

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Le professeur Frédéric Francis est responsable de l’unité d’entomologie de Gembloux Agro-Bio Tech (ULg). En 2013, il a créé la spin-off Entofood, qui élève des insectes comestibles. La première unité de production démarre à l’automne 2015.


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VOYAGE S

CHARME ET DOUCEUR AU TYROL DU SUD


Les connaisseurs et les bons vivants s’accordent pour dire que le Tyrol du Sud offre la meilleure qualité de vie de toute l’Italie. De charmantes petites villes, des sommets majestueux et de vertes vallées : la région en a à revendre, et même la nourriture y est exquise. TEXTE DEBBIE PAPPYN PHOTOS DAVID DE VLEESCHAUWER

L

a région italienne du Tyrol du Sud (ou Haut-Adige) se situe à la frontière des Alpes autrichiennes, les majestueuses Dolomites, inscrites au Patrimoine mondial de l’Unesco, étant en quelque sorte la cerise sur le gâteau. Commencez votre pèlerinage culinaire en empruntant le col de Resia. Le lac du même nom vous accueille lorsque vous quittez l’Autriche pour la Bella Italia. Notre premier rendez-vous est fixé à Val Senales, un secret bien gardé, même au cœur de l’été. Nous sommes venus découvrir la cuisine du Finailhof, que les connaisseurs décrivent comme l’endroit idéal pour apprécier ‘la vraie cuisine locale’. Spécialité du jour : une daube de chèvre très réussie, accompagnée d’irrésistibles pommes de terre rôties au four. Nous logeons dans la vallée, dans les appartements flambant neufs de Doris et Alexander Rainer. Leur projet architectural, baptisé Josephus, est particulièrement réussi, avec quatre appartements destinés aux vacanciers et offrant une vue magnifique sur la vallée de Senales, sans oublier la petite musique du ruisseau tout proche. Ici, la tradition se marie à merveille avec quelques accents minimalistes et plus contemporains.

LE ROI DU KNODEL Ce soir-là, nous avons prévu de dîner chez Stefania et Paul Gröner à l’hôtel-restaurant Goldene Rose, dans le petit village de Karthaus. Pour découvrir ce qu’est la véritable hospitalité du Tyrol du Sud, il suffit de s’arrêter dans ce temple de la vraie gentillesse. Non content de gérer l’hôtel familial, Paul, bon vivant et véritable entrepreneur, a acheté un vieux chalet pour en faire un rifugio de rêve, et il trouve encore le temps de s’occuper de la société de restauration qu’il a fondée pour prouver au monde entier que le traditionnel Knödel tyrolien est un mets délicieux. « Ce soir, laissez-vous tenter par mon menu Knödel, unique et spécial », nous dit-il en riant. Ces sortes de petites boules rondes, de la taille d’une balle de tennis, sont traditionnellement servies avec du lard, des épinards, du fromage ou des herbes, mais Paul leur donne un nouvel élan. « Avec du basilic et de la mozzarella, ou à la truffe, pourquoi pas ? Normalement, j’utilise la truffe blanche d’Alba, mais l’hélicoptère n’a pas pu atterrir ce matin, et il faudra


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donc vous ‘contenter’ de truffes noires », nous taquinet-il. « On pense toujours – à tort selon moi - que les Knödel sont très caloriques, mais tout dépend de la manière dont on les prépare. Les Knödel font partie de notre tradition culinaire et je suis bien décidé à les faire découvrir – et apprécier – dans le monde entier ! Vous verrez : un jour, on servira des Knödel dans les food trucks new-yorkais et tout le monde en redemandera. » Il nous propose de loger pour la nuit dans son Rifugio Bella Vista, à 2.845 mètres d’altitude, avec vue imprenable sur le glacier de Val Senales. Paul a acheté ce chalet historique – datant de 1890 – il y a quelques dizaines d’années et aujourd’hui, il gère l’endroit de la même main de maître que le Goldene Rose, en bas dans la vallée. Il a même acquis tout récemment une

petite cabane qui abritait autrefois les douaniers et peut aujourd’hui accueillir deux personnes, à la frontière entre l’Italie et l’Autriche. En hiver, elle héberge des skieurs et pendant l’été, des randonneurs qui vont de refuge en refuge et apprécient particulièrement le sauna avec vue sur la montagne.

MERANO, CHIC ET MEDITERRANEENNE Merano est un autre secret bien gardé de l’Italie du Nord. Cette petite ville doit surtout sa renommée à ses thermes – déjà très appréciés de l’impératrice Sissi au XIXe siècle. C’est, depuis lors, un des lieux favoris du beau monde, attiré par son climat très doux, la pureté de ses eaux, l’air de la montagne et la ville elle-même, avec ses bâtiments Art Nouveau et ses vieilles villas qui lui donnent une allure très chic.

Nous passons la nuit à l’hôtel Ottmanngut, une maison de maître et ancienne ferme du XIIIe siècle. L’hôtel, ouvert récemment dans une rue tranquille, est entouré d’un jardin surélevé prolongé par des vignobles à flanc de coteau. Les jeunes propriétaires, les frères Martin et Clemens Kirchlechner, ont repris l’entreprise familiale en 2010. C’est un beau mélange de tradition avec de nouveaux éléments, d’un luxe raffiné. En été, Martin et Clemens organisent des soirées musicales dans le très beau jardin de l’hôtel : du jazz ou du blues, accompagné d’un ou de plusieurs verres de bon vin. Les jeunes du coin apprécient également l’endroit. Les deux frères fabriquent d’ailleurs leur propre vin, surtout à partir de cépages locaux. La production – quelque 500 litres par an – est avant tout destinée aux dégustations et aux soirées organisées à l’hôtel.

« IL S’AGIT DE PLUSIEURS CABANES EN BOIS SURPLOMBANT UNE VALLEE BAIGNEE DE SOLEIL, UN ENDROIT PRISE DES RANDONNEURS PENDANT LA JOURNEE, MAIS DELICIEUSEMENT CALME UNE FOIS LA NUIT VENUE. » Quelques rues plus loin, nous nous installons à la table du très charismatique chef Andrea Fenoglio, qui sert dans son restaurant étoilé – baptisé Sissi, évidemment – des plats raffinés et une version revisitée de la cuisine régionale. Une pizza ‘liquide’ par exemple, ou un vitello tonnato qui ne ressemble en rien aux traditionnelles fines tranches de veau couvertes de sauce au thon. Le chef a tenu à ce que son restaurant reste compact et intime. Il faut dire qu’à Merano, le luxe est souvent discret, sans trace de ce bling-bling que l’on observe dans certaines villes d’Italie du Nord.

LA CULTURE DE LA VIGNE, DE GENERATION EN GENERATION Si vous aimez la nature et que vous voulez profiter de l’air pur de la montagne, vous n’avez que l’embarras du choix à Merano. L’Hôtel Miramonti, par exemple, constitue également une bonne adresse pour prendre l’apéritif ou un repas. N’oubliez pas

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« SUR LA TERRASSE ENSOLEILLEE DE FRANZ, VOUS REALISEREZ UNE FOIS DE PLUS QUE LES DOLOMITES SONT LE MEILLEUR DES DEUX MONDES. »

de réserver, car l’endroit est très prisé. La carte des vins est très étoffée, l’accent portant surtout sur les vins de la région. Des vins qui proviennent notamment de la coopérative Nals Margreid, qui rachète les grappes de 140 vignerons disséminés sur 150 hectares avant de les transformer en nectars parfois très intéressants. Un peu plus loin, nous nous arrêtons dans une autre vinothèque – le Kränzelhof, situé dans le petit village de Cermes, proche de Merano. La vigne a de profondes racines dans cette région depuis des siècles et sa culture se perpétue de génération en génération. Malgré l’exposition au nord, la vallée jouit d’un climat méditerranéen, ce qui garantit au vin des notes plus intenses. Vivez l’expérience d’un déjeuner dans le jardin du restaurant Miil au Kränzelhof, avec, en musique de fond, le doux murmure des petits ruisseaux. Après avoir goûté quelques vins, admiré quelques œuvres d’art et fait quelques pas dans les jardins, dégustez au calme des mets d’inspiration méditerranéenne.

TRADITION VS BRANCHITUDE Pour les habitants du Tyrol du Sud, Bolzano est l’épicentre de leur région bien-aimée. Pour les visiteurs, c’est une petite ville charmante, entourée de majestueux sommets. Le centre de la vieille ville, interdit aux voitures, regorge de bars, de restaurants, d’auberges et de boutiques. Nous passons la nuit dans le tout nouveau complexe Mirror Houses : deux appartements de vacances ou plutôt des pavillons de verre et d’acier plantés au milieu des pommiers. N’hésitez pas à prévoir quelques jours pour votre séjour à Bolzano. En soirée, particulièrement pendant les mois d’été, les terrasses y sont bondées et les habitants sirotent de généreuses coupes d’Aperol Spritz – qui ne coûte souvent que 4 euros le verre ! – dans une ambiance décontractée et méridionale. Une adresse où vous retrouverez sans doute les jeunes branchés du coin : Fischbänke, dans la zone piétonnière de la vieille ville, avec un très long bar en terrasse, où le Prosecco est servi avec de l’Aperol ou un sirop de fleurs de sureau blanc. A Bolzano, on passe aisément du plus ‘cool’ au plus traditionnel. Le restaurant Vögele, en plein cœur de la ville historique, est un classique à ne pas manquer. Vögele, qui date du XIIIe siècle, est un établissement respectable et typique de la région. Les habitués, de vieilles dames mais aussi des hommes d’affaires et des amies en virée shopping, viennent ici pour dégus-

ter une cuisine aussi accessible que chaleureuse et réconfortante – depuis le cappuccino accompagné de pâtisseries maison en matinée jusqu’au traditionnel et copieux Erdäpfelblattln ou Stockfisch­geröstel, un plat à base de pommes de terres.

DES REFUGES DE STYLE En prenant la direction de Vérone, vous vous retrouvez soudain dans les Dolomites. Paradis pour les amateurs de sports d’hiver, refuge au printemps et en automne pour les amateurs de nature sauvage et de bonnes choses, le Rifugio Fuciade, dans le Trentin, est la propriété de la très charismatique famille Rossi. Quand il neige, il faut s’y rendre à pied ou en motoneige à chenilles. Par un petit chemin sinueux, on atteint finalement le refuge situé à 2.000 mètres d’altitude. Ce sont en fait plusieurs cabanes en bois surplombant une vallée baignée de soleil, un endroit très prisé des randonneurs pendant la journée, mais

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délicieusement calme une fois la nuit venue. Le chef Sergio Rossi y sert, avec sa femme Emanuela et ses trois enfants, des plats savoureux, élaborés de préférence avec des ingrédients locaux. Une onctueuse polenta, par exemple, ou des champignons des bois, des pâtes fraîches préparées chaque jour sur place, comme le sont les charcuteries et bien sûr le dessert : ce jour-là, un délicat gâteau aux pommes. La cave à vins de Sergio vaut également le détour, avec plus de 300 domaines.

GRAPPA ET VONGOLE EN PLEINE MONTAGNE En skiant de cabane en chalet, une pause au Rifugio Belvedere vous vaudra une vue magnifique sur les monts Pelmo, Civetta et Marmolada. On vient surtout ici pour goûter – un échantillon – des centaines de bouteilles de grappa maison. A l’origine, ce refuge était une simple cabane où


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l’on servait aux skieurs des panini accompagnés de grappa. Mais aujourd’hui, on peut également y déguster une cuisine régionale sans prétention et les merveilleux desserts réalisés par la nonna. De là, vous pouvez rejoindre le Rifugio Comici, une adresse renommée non loin de Sella Ronda. On s’y rend pour les huîtres, les poissons grillés, le homard ou encore les spaghetti alle vongole. Le Rifugio Comici existe depuis 1955 et les traces laissées pendant toutes ces années par des hôtes célèbres couvrent les murs. N’oubliez surtout pas de réserver une table, de préférence dans la petite salle sur le côté. Et commandez un verre ou une coupe au bar à huîtres et à champagne (à l’extérieur) : on vous servira de délicieux en-cas avec chaque verre.

vous détendre au soleil et goûter les délicieuses recettes que l’on vous aura concocté dans des chalets bien cachés. La soupe de foin aux truffes, par exemple, servie dans une boule de pain frais avec des herbes, une création signée et présentée par le chef Franz Mulser de la Gostner Schwaige Hutte. Son chalet de conte pour enfants se trouve à proximité de la station de ski d’Alpe di Siusi. Gostner Schwaige est un chalet compact, flanqué d’une gigantesque terrasse, juste à côté d’une piste de ski et d’un sentier de randonnée. Goûtez le délicieux osso bucco et terminez votre repas par le légendaire dessert local : des Kaiserschmarren mit Preiselbeeren, une bombe calorique qui se présente sous la forme d’une crêpe servie avec du sucre, du beurre et des airelles. Ou comment passer l’espace d’un repas de l’Italie à l’Autriche, toute proche.

DE LA SOUPE SUR UN LIT DE FOIN Dernier arrêt dans ce qui commence à ressembler à un safari culinaire au Tyrol du Sud : le plateau Alpe di Siusi, au pied de la montagne Sassolungo. C’est le plus grand plateau des Alpes et même de toute l’Europe, situé dans la région de Val Gardena, à environ 1.900 mètres d’altitude. Si vous n’aimez pas le ski, rien ne vous empêche de vous y rendre pour vous promener,

Confortablement installé(e) sur la terrasse ensoleillée de Franz, vous réaliserez une fois de plus que les Dolomites sont ‘le meilleur des deux mondes’. Ou mieux encore : le meilleur de mondes bien différents, car ce Sassolungo que vous apercevez au loin pourrait tout aussi bien être un coin spectaculaire des Andes en Patagonie.

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

OU MANGER ET BOIRE UN VERRE ?

Nous avons fait route vers le Tyrol du Sud en empruntant le Fern Pass en Autriche et ensuite le fort beau col de Resia. Le col du Brenner est une autre option pour rejoindre rapidement cette région. Au départ de Bruxelles, la distance est de 950 km en moyenne. Si vous préférez l’avion, Ryanair (entre autres) propose des vols Bruxelles-Vérone.

Jausenstation Finailhof - Schnalstal : Tél. +39 473 669644 En savoir plus sur les Knödel : www.knoedel.it Restaurant Sissi à Merano : www.sissi.andreafenoglio.com Restaurant Miil au Kraenzelhof : www.kraenzelhof.it Restaurant Panorama de l’Hôtel Miramonti à Merano : www.hotel-miramonti.com Nals Margreid près de Merano : www.kellerei.it Bar Fishbänke à Bolzano : Dr.-Streiter Gasse 28 Restaurant Vögele à Bolzano : www.voegele.it Rifugio Belvedere : www.ristorobelvedere.it Rifugio Comici: www.rifugiocomici.com Gostner Schwaige - Alpe di Siusi, Tél. +39 347 8368154

OU LOGER ? Appartements Josephus : à partir de 160 euros pour un appartement de 4 personnes. www.josephus.it Rifugio Bella Vista : à partir de 61 euros par personne en chambre double, avec demi-pension. La Cabane des Douaniers : à partir de 190 euros pour deux en demi-pension. www.goldenerose.it/en/mountain-hut-bella-vista Ottmanngut : à partir de 220 euros pour une chambre double avec petit-déjeuner. www.ottmanngut.it Mirror Houses : 200 euros par nuit pour deux personnes. www.mirror-houses.com Rifugio Fuciade : 90 euros par nuit et par personne en chambre double avec salle de bains et demi-pension (50 euros en B&B). www.fuciade.it

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www.suedtirol.info (en anglais)


DOSSIER

REFORME DES PENSIONS : UN NOUVEL EPISODE

Ce n’est plus une surprise pour personne : nous devrons travailler plus longtemps pour obtenir notre pension. La récente réforme des pensions a relevé l’âge légal de la pension à 67 ans, tout en renforçant les conditions pour bénéficier de la pension anticipée. D’autres nouveautés encore peuvent vous concerner. TEXTE TOM GOOSSENS | PHOTO LIEVEN VAN ASSCHE

TOM GOOSSENS

TRAVAILLER PLUS LONGTEMPS AVANT LA PENSION Age légal de la pension Tout le monde sait que l’âge légal de la pension augmentera à terme, mais saviez-­ vous qu’il est maintenu à 65 ans jusqu’en 2024 inclus ? Ce n’est qu’à partir de 2025 que l’âge légal de la pension sera fixé à 66 ans, pour atteindre 67 ans à partir de 2030. Il y a une logique derrière tout cela : moins de 10% des Belges sont effectivement actifs sur le plan professionnel jusqu’à l’âge légal de la pension. L’âge moyen auquel les Belges prennent leur pension avoisine les 59 ans, soit presque 5 ans plus tôt que la moyenne européenne.

Age pour la pension anticipée Il n’est, dès lors, pas surprenant que les conditions pour bénéficier de la retraite anticipée deviennent plus strictes. Le gouvernement Michel poursuit ainsi la réforme déjà mise en œuvre par le gouvernement Di Rupo. Le tableau de la page suivante donne un aperçu de l’évolution de ces conditions. Les chiffres du tableau reflètent le nombre d’années de carrière exigé, par rapport à l’année de l’entrée à la pension et l’âge exigé à ce moment-là. Le lecteur attentif remarquera sans aucun doute que la barre de la pension est mise beaucoup plus haut en à peine sept ans ! Un exemple : avant 2012, quelqu’un qui avait commencé à travailler à 24 ans

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avait la possibilité de prendre sa pension anticipée à l’âge de 60 ans. Si, aujourd’hui, cette même personne, âgée par exemple de 56 ans, voulait à nouveau calculer la date à laquelle il peut prendre au plus tôt sa pension, il atteindra au mieux 65 ans, soit une différence de cinq ans.

UNE PLUS GRANDE EGALITE DANS LES PENSIONS Alignement de la pension minimum Une autre ambition du gouvernement Michel est de faire disparaître l’inégalité entre les différents régimes de pension. Un alignement des pensions minimales a, dès lors, été instauré pour les salariés et les indépendants. Si, selon les règles normales de calcul, la pension s’avère basse,


DOSSIER

60 ANS

Jusqu’en 2012

60,5 ANS

61 ANS

61,5 ANS

62 ANS

62,5 ANS

63 ANS

35 REFORMES DU GOUVERNEMENT DI RUPO

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2014

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2015

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2016

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REFORMES DU GOUVERNEMENT MICHEL 2017

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2018

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A partir de 2019

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elle peut être relevée à ce qu’on appelle une pension minimale pour ceux qui ont travaillé pendant au moins 30 ans. Les tableaux ci-contre indiquent les montants annuels pour une carrière complète de 45 ans. Les personnes qui ne peuvent, par exemple, prouver ‘que’ 40 ans de carrière, ont donc droit à un prorata (40/45e) des montants donnés.

Pension des fonctionnaires statutaires Il est de notoriété publique que la pension légale d’un fonctionnaire statutaire est encore toujours beaucoup plus élevée que celle des employés et des indépendants. Elle bénéficie toutefois de quelques régimes de faveur, dont la logique n’est pas facile à justifier. Ces avantages, longtemps considérés comme tabous, commencent aujourd’hui à être rognés. L’un d’eux est la bonification de diplôme, en vertu duquel les années d’études sont automatiquement prises en compte dans la carrière professionnelle. Pour le calcul

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LES PENSIONS MINIMALES FUTURES SONT LES SUIVANTES :

SALARIE

PENSION AU TAUX MENAGE

PENSION AU TAUX ISOLE

Minimum actuel

17.181,62 €

13.749,63 €

Pension à partir du 1/8/2016

17.181,62 €

13.749,63 €

INDEPENDANT

PENSION AU TAUX MENAGE

PENSION AU TAUX ISOLE

Minimum actuel

17.181,62 €

13.108,32 €

Pension à partir du 1/8/2016

17.181,62 €

13.749,63 €

de l’âge minimal pour une pension anti­ cipée, la bonification de diplôme sera progressivement supprimée d’ici à 2030 au plus tard. Cette mesure est (la seule) déjà fixée dans une loi. Dans le cadre des discussions budgétaires récentes, il a été convenu de ne pas tenir compte non plus des années d’études

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des fonctionnaires pour le calcul de la pension. Si l’on souhaite quand même les prendre en compte, il faudra dans ce cas payer des cotisations sociales supplémentaires, à l’instar des employés et des indépendants – ce qui semble logique.


DOSSIER

Pour bon nombre de catégories professionnelles relevant du statut de fonctionnaire, une année de travail bénéficie d’une pondération plus lourde pour le calcul final pour la pension. Par conséquent un fonctionnaire atteint plus vite l’âge de la pension (anticipée) et bénéficie également d’un montant de pension plus élevé. Ici aussi, le gouvernement a l’intention de restreindre ce régime de faveur.

STATUT SOCIAL

BASE D’APPRECIATION

Salarié (y compris mandat, fonctionnaire...)

MOINS DE 65 ANS SANS ENFANT A CHARGE

AVEC ENFANT A CHARGE

Salaire brut (hors double pécule de vacances)

7.793 €

11.689 €

Indépendant

Revenu net imposable

6.234 €

9.351 €

Salarié + indépendant (simultanément ou successivement)

80% des revenus bruts en tant que salarié & 100% des revenus nets en tant qu’indépendant

6.234 €

9.351 €

UN REVENU D’APPOINT ILLIMITE APRES LA PENSION Jusqu’en 2015, vous pouviez travailler sans plafond après vos 65 ans si, à ce moment-là, vous pouviez justifier d’au moins 42 années de carrière. Pour ceux qui avaient fait de longues études, comme les médecins et d’autres professions libérales, c’était tout bonnement mission impossible. Alors que ce sont justement souvent ces catégories professionnelles qui veulent poursuivre leurs activités au-delà de 65 ans. Depuis le début de cette année, de nouvelles règles suppriment cette discrimination. Un revenu d’appoint illimité est possible à partir : • de

l’année où vous atteignez l’âge de 65 ans ou • du moment où vous pouvez justifier 45 ans de carrière. Un exemple : si vous avez entamé une carrière sans interruption à 18 ans, alors vous pourrez percevoir un revenu d’appoint à partir de 63 ans (45 ans de carrière). Dès que vous atteignez l’âge de 65 ans, ce sera possible dans tous les cas. Si vous ne pouvez pas (encore) percevoir un revenu d’appoint illimité et que vous bénéficiez d’une pension de retraite anticipée, les plafonds de revenus qui sont d’application sont repris dans le tableau ci-dessus.

Si les revenus dépassent ces plafonds, la pension légale sera alors réduite du pourcentage de dépassement pour l’année en question. Comment cela fonctionne-t-il précisément ? Supposons que vous ne puissiez pas encore percevoir un revenu d’appoint illimité et que vous dépassiez le plafond de revenus autorisé de 30%, la pension sera alors, elle aussi, réduite de 30% pour cette année-là. Un homme averti en vaut deux…

QU’EN EST-IL DU 2e PILIER ? Contrairement à la pension légale (1e pilier), les réformes annoncées pour la pension complémentaire sont pour l’instant mises en veilleuse. Si l’on excepte l’annonce qu’une pension complémentaire (liée à l’activité professionnelle) ne pourra être perçue qu’à la date effective de la pension légale, il n’y a pas encore d’accord sur cette matière. La pension légale et la pension complémentaire sont cependant des vases communicants. Le lien est, par exemple, évident entre les conditions plus strictes de départ à la pension et l’interdiction de percevoir une pension complémentaire.

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La symbiose entre les différents piliers de la pension joue cependant aussi un rôle à d’autres niveaux. Ainsi, saviez-vous que l’augmentation de la pension minimum limite la constitution d’une pension complémentaire fiscalement intéressante par l’entremise de la société ? Pour quelle tranche d’âge devrons-nous à l’avenir projeter la constitution d’une pension complémentaire ? Sera-t-il toujours possible de combiner une pension complémentaire avec le fait de continuer à travailler et gagner un revenu d’appoint après la pension ? Ce sont quelques exemples qui illustrent le fait que l’optimisation d’un plan de pension dépend toujours de l’actualité. Un examen régulier de votre plan et un conseil avisé ne sont pas du luxe !

« EN SEPT ANS A PEINE, L’AGE MINIMUM DE LA PENSION A ETE SENSIBLEMENT RELEVE. »


RUBRIEK

We create and turn into reality motivational work environments

Corporate Housing www.dc-d.eu

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RUBRIEK

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RUBRIEK

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I L F A I T PA R L E R D E L U I

PA T R I C K L E F E V E R E D I R E C T E U R S P O R T I F D ’ E T I X X- Q U I C K- S T E P

IDENTIKIT 1983 - 1992 : il travaille comme comptable chez Marc Zeepcentrale et est l’assistant de Walter Godefroot chez Capri-Sonne et Lotto 1992 : il prend la direction organisationnelle et administrative de GB-MG 1998 : il prend la direction organisationnelle et administrative de GB-MG 2000 : il revient en Belgique pour raisons médicales 2001 : il dirige Domo-Farm Frites 2003 - aujourd’hui : il dirige Etixx-Quick-Step

LIEU DE NAISSANCE : Moorslede DATE DE NAISSANCE : 6 janvier 1955 ETAT CIVIL : marié, deux fils 1976 - 1979 : Coureur professionnel pour Ebo-Cinzia, Ebo-Superia et Marc Zeepcentrale-Superia. A son palmarès : le Tour de La Panne, Gullegem Koerse et Kuurne-Bruxelles-Kuurne. En 1978, il remporte la quatrième étape du Tour d’Espagne 1980 : il forme sa propre équipe cycliste

« JE N’AI JAMAIS TRAHI MA PAROLE » Patrick Lefevere (60 ans) est le directeur sportif d’icônes telles que Johan Museeuw, Tom Boonen, Mark Cavendish, Frank Vandenbroucke, Michele Bartoli, Paolo Bettini et Nick Nuyens. Avec Etixx-Quick-Step, il dirige non seulement une équipe cycliste de tout premier plan, mais aussi une PME de 77 personnes. Le comptable qui ne supporte pas de perdre poursuit aussi son combat en faveur d’un nouveau modèle économique dans le cyclisme. TEXTE BERT VOET | PHOTOS ARTUR ERANOSIAN

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I L F A I T PA R L E R D E L U I

«

Je suis parfois surpris de constater combien ce sport peut susciter des émotions très fortes », observe Patrick Lefevere, avant de poursuivre avec une anecdote. « Lorsque Matteo Trentin remporta une étape du Tour de France en 2013 en tant que débutant, mon directeur sportif italien Davide Bramati se trouvait dans la voiture en compagnie de la présidente de l’Open VLD, Gwendolyn Rutten. Ils se sont tous les deux mis à pleurer. Elle n’avait probablement jamais vu de course de près, mais elle a été complètement absorbée par la compétition pendant des heures. Pouvons-nous gagner ? Allons-nous gagner ? Et ensuite : la délivrance commune. Elle s’est complètement lâchée ! Au Parlement, elle est sans doute toute différente. » « Il m’arrive d’être jaloux de cette exubérance, car je suis d’une nature très calme. En 2013, nous avions travaillé durant des mois en vue du championnat du monde du contre-la-montre par équipes, avec six coureurs et vingt techniciens, entraîneurs et autres travailleurs de l’ombre. Cette victoire m’a beaucoup ému, mais j’ai pour habitude de revoir les images le lendemain matin à l’aube, dans mon fauteuil. Et cela me procure parfois davantage de plaisir qu’au moment même. Je les aborde alors d’un œil plus professionnel : avons-nous quand même commis une erreur ? Et en même temps, je me dis : “On a de nouveau réussi.” Le fait d’être seul à ce moment-là intensifie encore le plaisir que je ressens. »

JE NE SUIS PAS UN MENDIANT Patrick Lefevere a toujours investi considérablement dans de jeunes coureurs – y compris avec ses propres deniers. « Je leur dis : “Commencez par pédaler, on discutera ensuite.” C’est ce que je me suis aussi fixé comme objectif lorsque j’étais jeune : d’abord apprendre le métier. Je ne pensais pas à l’argent. » Il nuance : « A 20 ans, je travaillais à mi-temps dans l’affaire de mes parents et je courais en tant qu’amateur. Au total, cela me rapportait 36.000 anciens francs par mois. Lorsqu’on m’a demandé de devenir professionnel pour 5.000 francs, je me suis dit : je ne suis pas un mendiant. Je voulais toucher au moins 20.000 francs et j’espérais compléter ce montant avec des primes. » Aujourd’hui, Etixx-Quick-Step est une PME de 77 personnes, dont 30 coureurs. « Les frais salariaux représentent 70% de mon budget. En 1980, je disposais de 500.000 euros pour 30 coureurs, deux soignants, un technicien et demi, un représentant du sponsor, qui venait sur le tour en tant que deuxième accompagnateur, et moi-même en qualité de directeur sportif. Progressivement, le sport cycliste s’est professionnalisé et a même connu un véritable boom au cours des dix dernières années. Le budget actuel, je ne vais pas le mentionner, car tout le monde ment à ce sujet. Il y a quelques années, on pouvait lire dans la presse que l’équipe de Cancellara, des deux Schlek et de Voigt avait un budget de 7 millions d’euros. Et moi, de 12 millions. J’avais l’air d’un imbécile qui ne gagnait pas plus souvent avec un budget beaucoup plus important. Les sponsors demandaient alors : c’est quoi tout ça ? Aujourd’hui, Team Sky dispose du plus gros budget, suivi notamment d’Astana et de Katjoesja. Nous nous situons entre la cinquième et la huitième place en termes de ressources financières, alors qu’au niveau des résultats, nous figurons en troisième position du classement UCI World Tour. » En 2010, le milliardaire tchèque Zdenek Bakala a racheté 70% des actions de la SPRL Esperanza de Lefevere. « Cela a été une grande chance », affirme ce dernier. « Nous n’en menions pas large. On peut être un directeur inventif et faire du bon travail avec les jeunes, mais lorsque mes deux coureurs principaux, Boonen et Chavanel, se sont retrouvés hors circuit pendant un moment, j’ai dû me rendre à l’évidence : notre position était faible. Bakala

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I L F A I T PA R L E R D E L U I

nous a donné le souffle nécessaire pour redevenir une équipe d’envergure mondiale. » Le sponsor Marc Coucke, auprès de qui les contrats avec les coureurs avaient été négociés, a fait un pas de côté. Depuis, c’est Patrick Lefevere et personne d’autre qui dirige l’équipe. Zdenek Bakala a cependant amené dans la place son partenaire en affaires, Bessel Kok, l’ancien patron de Belgacom, qui a mis en place un vrai conseil d’administration.

L’ARGENT NE SUIT PAS « Le budget du Real Madrid dépasse les 350 millions d’euros et si cela ne tenait qu’à moi, nous pourrions nous orienter vers ce niveau-là », affirme Patrick Lefevere. « Plus on a d’argent, plus on a de fans. Des fans encore plus fous parce qu’on peut acheter leurs idoles. Avec plus d’argent, nous pourrions aussi réaliser de meilleures courses, mieux retransmises à l’écran. » Ceux qui ne s’intéressent pas aux détails s’endorment devant la télé pendant la course, lui dis-je sans détour. « Vous avez raison. Pendant une étape ennuyeuse en terrain plat, j’appuierais bien aussi sur le bouton d’avance rapide. Mais la course reste populaire. Et nous prêtons attention aux nouveaux médias. Plus d’un million d’amateurs nous suivent sur Facebook, Cavendish est suivi par 900.000 personnes sur Twitter : ces efforts rapportent. Y compris aux sponsors. Mais il est un fait que nous devons porter la course à l’écran d’une manière différente. Installer de petites caméras dans les voitures et sur les vélos ou, sur la selle, de petits appareils qui permettent de suivre les coureurs : toutes ces nouveautés arrivent. On assiste à des chutes, on voit quelqu’un qui a les mains baladeuses, on entend ce que disent les coureurs dans le peloton. Dans dix ans, nous pourrons peut-être même sentir le caoutchouc des pneus. »

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« LE MILLIARDAIRE TCHEQUE ZDENEK BAKALA NOUS A DONNE LE SOUFFLE NECESSAIRE POUR REDEVENIR UNE EQUIPE D’ENVERGURE MONDIALE. »


I L F A I T PA R L E R D E L U I

Ces dernières années, la commercialisation et la mondialisation du sport cycliste ont été énormes. Le Tour Down Under fait partie de l’UCI World Tour, tandis que les Tours du Qatar et d’Oman dépendent de l’UCI Asia Tour. Il y a également des compétitions en Afrique, en Amérique, en Australie et en Océanie. « Nous ne pourrons jamais dépasser le niveau de la Formule 1 ou du foot, mais il reste une marge de progression », observe Patrick Lefevere. « Le problème, c’est que l’argent ne suit pas. Tous les ans, des équipes fusionnent ou disparaissent. Il y a quelque chose qui ne va pas. » Malgré sa croissance, le sport cycliste est malade. Chaque année, les équipes doivent se battre pour garder leurs sponsors à bord. Et hormis le championnat du monde, toutes les grandes courses sont entre les mains d’organisateurs individuels. Le plus grand d’entre eux est ASO (Amaury Sport Organisation), du nom d’une richissime famille ultraconservatrice. Voilà 20 ans que Lefevere se bat pour un nouveau modèle économique. « Depuis 1995, je ne cesse de leur répéter : “Vous faites un film, nous avons les acteurs”. Les revenus les plus importants proviennent, bien entendu, des formules VIP, du merchandising et des droits de retransmission télévisée. Mais que dit ASO ? «La caravane du Tour se trouve en terrain privé, on n’est pas libre d’y filmer comme on veut.» Contrairement aux équipes de foot, par exemple, nous tirons 90% de nos revenus du sponsoring. Pour le Tour, nous recevons moins de primes au départ qu’une équipe de foot de deuxième division ne touche de droits télévisés. Nous prenons le départ du Tour de Flandre pour 7.500 euros. Une misère ! » « En 1995, nous avions rassemblé les sept grandes équipes au sein du G7 pour tenter d’occuper une place économique plus forte face aux grands organisateurs qui empochent tout. Un dimanche après-midi, j’ai reçu un coup de fil menaçant de l’ancien président de l’UCI, Hein Verbruggen. Je ne me suis pas laissé impressionner, mais différentes manœuvres destinées à nous écarter ont suivi. En 2004, nous avons créé, avec 17 équipes, l’association International Pro Tour Cycling Teams (IPCT). Contre notre gré, nous avons alors été impliqués dans une guerre intestine entre ASO et l’UCI. Depuis l’an dernier, nous faisons une nouvelle tentative via Velon, une joint-venture de 11 équipes du World Tour. Nous ne voulons rien brusquer ni faire sécession, mais nous souhaitons défendre nos intérêts financiers, stimuler les nouvelles technologies permettant de mieux porter la course à l’écran et rendre celle-ci plus passionnante en modifiant le calendrier des compétitions. L’avantage, c’est qu’à présent, on ne trouve pas de directeurs sportifs dans les réunions, mais des managers, des propriétaires et des sponsors – donc les décideurs. »

LE DOPAGE ? NO F*CKING WAY !

« PLUS ON A D’ARGENT, PLUS ON A DE FANS. DES FANS ENCORE PLUS FOUS PARCE QU’ON PEUT ACHETER LEURS IDOLES. »

Patrick Lefevere se refuse à communiquer à propos du procès pour fraude fiscale qui l’attend, au même titre que Tom Boonen, Stijn Devolder et six autres personnes liées à l’équipe Etixx-Quick-Step. Il s’exprime, en revanche, sur l’accusation d’utilisation organisée de dopage dans l’équipe, formulée dans un article de presse en 2007. « Ces accusations m’ont coûté beaucoup d’argent, mais aussi une part de crédibilité. Voir mes proches souffrir m’a fait encore plus de mal. Mon plus jeune fils, alors âgé de 11 ans, ma femme, ma mère... L’équipe a été prise de panique. Et c’est moi qui devais donner du courage aux autres, alors que j’encaissais le plus de coups. » « Lorsque l’affaire Festina a éclaté en 1998, j’étais le numéro un mondial avec Mapei. À l’époque déjà, il a fallu que j’explique à la presse internationale comment c’était possible. Je ne faisais que répéter : le dopage organisé chez nous ? No f*cking way. Je ne peux pas exclure qu’il y ait une brebis galeuse dans la famille. La triche est humaine. Mais dans tous les cas, je suis déçu. »

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I L F A I T PA R L E R D E L U I

« Mon père n’a jamais levé la main sur moi – ma mère, si. Mais si j’étais rentré un jour avec des objets volés, il m’aurait plaqué au mur. Notre cimetière de voitures, près de la frontière française, était la cible de nombreux vols. Cela rendait mon père fou furieux. Je n’ai jamais trahi ma parole, mais il m’est arrivé de regretter une poignée de main… » Pourrait-il diriger une autre entreprise ? « Bien entendu. La période où j’ai travaillé comme comptable chez Marc Zeepcentrale était la meilleure école. La faillite menaçait pour ainsi dire tous les jours. Et en 2010, j’ai participé à la création d’un bureau d’intérim après avoir rencontré une vieille connaissance lors de courses de chevaux à Waregem. Cette personne n’avait pas de perspectives où elle travaillait, mais elle n’avait ni les moyens ni l’audace de lancer sa propre affaire. Je lui ai donné un coup de pouce et en 2013, elle a racheté mes parts. Aujourd’hui, c’est une entreprise qui emploie 200 ouvriers et tourne bien. Je n’aime pas seulement les jeunes coureurs, mais aussi les jeunes entrepreneurs ! »

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« CONTRAIREMENT AUX EQUIPES DE FOOT, PAR EXEMPLE, NOUS TIRONS 90% DE NOS REVENUS DU SPONSORING. POUR LE TOUR, NOUS RECEVONS MOINS DE PRIMES AU DEPART QU’UNE EQUIPE DE FOOT DE DEUXIEME DIVISION NE TOUCHE DE DROITS TELEVISES. »


La grande dame de

Laurent-Perrier Laurent-Perrier est la plus importante maison de champagne indépendante à être majoritairement restée entre les mains d’une famille. Axelle Andrien, qui dirige la filiale belge depuis 2012, nous a fait visiter le saint des saints. « Tout ce que je savais sur le champagne avant d’entrer chez Laurent-Perrier, c’est que j’aimais en boire ! » TEXTE BERT VOET | PHOTOS THOMAS VANHAUTE

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R E P O R TA G E

L A U R E N T- P E R R I E R

D

ans le petit village de Tours-surMarne, l’imposant quartier général de Laurent-Perrier offre un parfait exemple du chic français. En empruntant le magnifique escalier aux marches polies par le temps, nous suivons sur les murs l’histoire de la maison, qui débute en 1812. En 1938, elle passe aux mains de Marie-Louise de Nonancourt, veuve et descendante de la famille des champagnes Lanson. A l’époque, à deux doigts de la faillite, LaurentPerrier n’est que centième sur la liste des maisons de champagne. Lorsque le fils de Marie-Louise, Bernard de Nonancourt, reprend l’affaire en 1948, la maison connaît rapidement un vertigineux essor. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Bernard et son frère rejoignent la Résistance, ce que ce dernier payera de sa vie. Après cinquante ans sous la houlette de Bernard, la maison Laurent-Perrier a rejoint le trio de tête des champagnes, derrière Veuve Clicquot et Moët & Chandon. La famille de Nonancourt a longtemps vécu dans la demeure où nous nous trouvons aujourd’hui. L’esprit du patriarche, décédé en 2010, est toujours présent entre ces murs. Comment Bernard de Nonancourt a-t-il réussi à redonner vie à cette vieille dame endormie ? « Lorsque sa mère a repris Laurent-Perrier, la cave n’abritait que quelques milliers de bouteilles », nous confie Axelle Andrien. « Le pari était insensé. Il a appris le métier en passant par tous les stades de la fabrication : les vignes, la production, la vente... Il a également travaillé chez Lanson. Après tout, Victor et Henri Lanson étaient les frères de sa mère. Par la suite, il a suivi sa propre voie : grand amateur de chardonnay, il a produit un champagne avec un pourcentage plus élevé de ce cépage dans l’assemblage. Je regrette de ne pas l’avoir connu personnellement, mais ses filles Stéphanie et Alexandra, qui font aujourd’hui partie du directoire, m’ont confié que c’était un amoureux de la vie et un amateur de belles et bonnes choses. C’était aussi un jusqu’au-boutiste, un chercheur sans cesse en quête d’amélioration, quasiment un alchimiste, à les en croire. Rien ne lui tenait plus à cœur que son produit et la promotion de celui-ci. Ce sont des hommes de ce calibre qu’il faut pour bâtir une grande maison. »

Au début des années 1960, Bernard de Nonancourt fut l’un des premiers à utiliser des cuves en acier inoxydable permettant la fermentation à basse température, afin de sublimer la fraîcheur et la complexité aromatique propre au champagne. Aujourd’hui, Krug et Bollinger sont les seules maisons qui continuent à utiliser des fûts de chêne. Il a également été le premier à recourir à la macération pour la Cuvée Rosé, lancée en 1968 et devenue culte. En 1981, à l’époque de la « nouvelle cuisine », il n’a pas hésité à relancer l’Ultra Brut, un zéro dosage datant de 1889, époque à laquelle la veuve Emilie Mathilde Perrier avait lancé sur le marché un « Grand Vin Sans Sucre » – à la demande des Anglais et contre toutes les tendances de son temps. Ce ne sont là que quelques-uns des faits d’armes de BN, comme on l’appelait dans le métier. Mais que signifie aujourd’hui l’innovation pour LaurentPerrier ? Axelle Andrien réfléchit longuement avant de répondre : « Nous avons sept cuvées, ce qui représente une gamme très large. Chez nous, l’innovation se situe surtout au niveau du conditionnement. Pourtant, nous ne changeons pas facilement nos étiquettes. Laurent-Perrier, c’est un champagne classique et élégant, sans bling-bling. » Peut-être le novateur a-t-il laissé un certain vide…

« PERSONNELLEMENT, JE PREFERE BOIRE UNE COUPE DE BON CAVA PLUTOT QU’UN MAUVAIS CHAMPAGNE. »

LE SAINT DES SAINTS Laurent-Perrier possède 150 hectares de vignes en propre, mais fait également appel à quelque 1.200 fournisseurs de raisins. La récolte représente environ 12.000 kilos, soit 10.000 bouteilles, à l’hectare. Pas question d’utiliser des machines, car les raisins doivent absolument être entiers et exempts de meurtrissures. Chez Laurent-Perrier, la vinification se fait parcelle par parcelle, ce qui se traduit par une grande diversité de vins, et donc par une large palette d’arômes pour l’assemblage. La première fermentation alcoolique est toujours suivie d’une seconde fermentation malolactique, qui donne au vin intensité et complexité. Chargée de communication, Anne-Laure Domen­ chini nous accompagne jusque dans les caves, où règnent une température constante de 12°C et un taux d’humidité de 95%. « Le champagne doit légalement reposer quinze mois en cave ; chez

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nous, il y reste au minimum quatre ans – et plus pour les cuvées Prestige. Un champagne millésimé doit reposer trois ans, le nôtre vieillit en cave pendant cinq ans minimum. Et même plus de huit ans pour le Brut Millésime 2006 », précise Anne-Laure Domenchini. « C’est Michel Fauconnet, qui travaille pour la maison depuis 1973 et qui est chef de cave depuis 2005, qui décide de la date de lancement sur le marché. » « Pour les bouteilles plus grandes ou atypiques telles que la Cuvée Rosé, le remuage (qui consiste à faire tourner les bouteilles pour ramener le dépôt dans le goulot, ndlr) se fait encore à la main, au rythme de 60.000 bouteilles par personne et par jour », explique Anne-Laure Domenchini. Elle nous guide ensuite dans les dédales de l’impressionnante cuverie, restaurée en 2012 à l’occasion du 200ème anniversaire de l’illustre maison. Nous franchissons


R E P O R TA G E

« PAS QUESTION D’UTILISER DES MACHINES POUR LA VENDANGE, CAR LES RAISINS DOIVENT ABSOLUMENT ETRE ENTIERS ET EXEMPTS DE MEURTRISSURES. »

Afrique. Au Maroc et au Congo, Laurent-Perrier est toujours le numéro un. Un membre du personnel de Brussels Airlines me confiait récemment qu’à Kinshasa, on vous demande si vous préférez du blanc ou du rosé, mais on vous sert toujours du Laurent-Perrier. »

une double porte vitrée derrière laquelle sont alignées, de part et d’autre de l’allée centrale, quatorze cuves de 110 hectolitres. L’architecte JeanMichel Wilmotte, originaire de la région, a dessiné cette cave minimaliste spécialement pour Grand Siècle, le vin signature de la maison. Harmonie des couleurs, véritable mise en lumière exprimant à merveille ce que Bernard de Nonancourt appelait le cœur même du champagne : pureté, fraîcheur, élégance. Le vin, une forme d’architecture à part entière...

PAS DES MARCHANDS DE TAPIS Avec une consommation annuelle de près de 10 millions de bouteilles, la Belgique est le troisième

pays consommateur de champagne au monde, mais Laurent-Perrier y occupe la deuxième place. « Et dans la catégorie super premium - les champagnes vendus entre 25 et 60 euros -, nous occupons une position de leader », fait remarquer Axelle Andrien, qui dirige une équipe d’une douzaine de personnes, principalement des commerciaux. « Bernard de Nonancourt avait de la famille et des amis en Belgique, et il a sans doute été un des premiers à se lancer sur ce marché » : c’est ainsi qu’elle explique cet engouement. « Il paraît qu’il aimait beaucoup se rendre en Belgique, pour y chasser… et y manger ! De plus, on parle français en Belgique – et il n’était pas très à l’aise avec l’anglais. Par la suite, il s’est rendu en

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« La Belgique est un marché de brut », ajoute Axelle Andrien. « Il faut donner aux Belges ce qu’ils souhaitent, mais nous estimons que les gastronomes et les épicuriens sont tout aussi importants. Même s’ils ne forment qu’un petit groupe, ce sont d’excellents ambassadeurs. Nous devons leur prouver que nous sommes capables de fabriquer des super-champagnes. Les restaurants constituent également une jolie vitrine pour nos produits. Nous travaillons notamment avec Yves Mattagne du Sea Grill et David Martin du restaurant La Paix, qui proposent la cuvée qui convient le mieux à leurs créations. Il s’agit d’un véritable partenariat. Il faut, bien sûr, les convaincre de la qualité de nos champagnes. Ensuite, nous leur accordons un bon prix, mais ceux qui ne recherchent que le meilleur prix feraient mieux d’aller voir ailleurs. Des accords uniquement basés sur les prix ne font pas long feu : il y aura toujours un concurrent qui proposera moins cher. Après tout, nous ne sommes pas des marchands de tapis… » En région champenoise, un hectare de vignoble coûte environ 1 million d’euros. « Seuls 33.000 hectares sont disponibles, ce qui est fort peu. » Le champagne est évidemment un produit de luxe, même si le public s’est étendu, notamment


en raison de la concurrence suscitée par le cava et le prosecco, reconnaît-elle. Maintenir l’équilibre entre l’exclusivité et la pression sur les prix, estce difficile ? « Certainement, et cela m’énerve de voir certains champagnes vendus à 11 euros la bouteille. Pour un litre de champagne, il faut déjà 1,2 kilo de raisins, à 6 euros le kilo. Ajoutez à cela les coûts salariaux, la bouteille, le packaging… Personnellement, je préfère boire une coupe de bon cava plutôt qu’un mauvais champagne. » Oui, mais qu’est-ce que la qualité ? « A chacun de décider. Ce qu’il faut se demander, c’est : ce champagne est-il bon ? Est-ce toujours la même expérience que je ressens ? Si la réponse à ces deux questions est positive, nous avons fait notre

travail. Je pourrais vous parler de la sélection des grappes comme facteur de qualité, mais cela ne changera rien à votre expérience personnelle. » « Contrairement à certaines maisons, nous n’avons jamais mis sur pied de grosses promotions. Cela ne cadrerait pas avec notre philosophie et notre stratégie. Au contraire : nous visons à développer le marché de nos cuvées prestige Ultra Brut, Millésimes, Grand Siècle et Rosé Alexandra. » Si Axelle Andrien ne tient pas à parler de volumes, il semblerait que 40% des ventes concernent ces produits haut de gamme. Même si le Brut reste la carte de visite, comme dans toutes les maisons de champagne.

UNE PETITE COUPE ? Notre dégustation commence par un exceptionnel Millésime 2006. Même si les millésimes présentent de nettes différences, je retrouve immédiatement le style maison, à savoir les arômes typiques du chardonnay. Positionné juste en dessous du Grand Siècle, il présente un dosage de 9 grammes de sucre résiduel par litre. Le dosage est la quantité de sucre ou de sucre de canne que l’on ajoute dans la bouteille à la liqueur d’expédition à la fin de la méthode traditionnelle de vinification du champagne, après l’étape du dégorgement. La cuvée Grand Siècle, à base de chardonnay et de pinot noir, fait partie des meilleurs champagnes à plus de 100 euros la bouteille. Le soleil sur le goulot fait référence au Roi Soleil et à l’invention de l’art de vivre au XVIIe siècle. Grand Siècle consiste en l’assemblage de vins de trois grands millésimes (dans ce cas-ci, 2002, 1997 et 1996), issus uniquement des onze meilleurs Grands Crus et des meilleurs raisins de ces parcelles. « Le meilleur du meilleur avec le meilleur », avait coutume de résumer de Nonancourt. La constance est un impératif. Grand Siècle contient 8 grammes de sucre résiduel par litre, il

vieillit en cave entre sept et neuf ans et sa robe est foncée. Fraîcheur, élégance, rondeur sont les motsclés. Des mets en sauce à la crème ou des produits tels que le homard ou le vieux Parmesan se marient à merveille avec le Grand Siècle. En Champagne, la tradition veut que le rosé soit produit en mélangeant tout simplement des vins rouges et des vins blancs. Pour sa Cuvée Rosé, 100% pinot noir, Laurent-Perrier opte néanmoins pour la technique de la macération, la peau des raisins macérant plusieurs jours dans le jus, ce qui donne beaucoup de fraîcheur et des arômes de fruits rouges. Le vin vieillit cinq ans en cave et au final, cela donne un délicieux champagne rosé, à un prix tout à fait raisonnable. A table, nous dégustons également un merveilleux Ultra Brut, le fameux zéro dosage. Il s’agit d’une variante spéciale du brut nature, auquel il est permis d’ajouter jusqu’à 3 grammes de sucre. On ne peut pas en produire chaque année, la qualité doit être au top. De plus, ce qui est une bonne année pour un raisin donné ne l’est pas nécessairement pour un autre. On ne produit jamais un Ultra Brut et un champagne millésimé la même année.

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O P T I M A O P EN 2 015

U N C L A S S I Q U E E S T I VA L

PHOTOS VINCENT VAN DOORNICK

OPTIMA OPEN 2015 : DU TENNIS POUR LA BONNE CAUSE Du 14 au 16 août derniers, 5.000 amateurs de tennis ont admiré des légendes du tennis à l’occasion de l’Optima Open, à Knokke-Heist. Et cerise sur le gâteau, c’est un Belge qui a gagné !

Tomas Van Den Spiegel, ambassadeur de l’ASBL Jeronimo, a eu le plaisir de recevoir, lors de la finale, un chèque de 66.311 euros. Jeronimo est une maison d’accueil familiale à Gand, qui héberge des enfants et des adolescents de 2 ans et demi à 18 ans pendant les week-ends et les vacances. Sur chaque billet vendu, l’Optima Open a reversé 1 euro au profit de l’association. Il y a également eu une tombola, une action de crowdfunding et un gala destiné à la levée de fonds.

La finale de la sixième édition de l’Optima Open s’est révélée pleine de suspense. Pistol Pete Sampras y affrontait X-Man Xavier Malisse. C’était la troisième fois qu’ils étaient face à face sur un court, et la toute première fois que Xavier Malisse en est sorti vainqueur…

Retrouvez un compte-rendu complet et toutes les photos du tournoi sur www.optimaopen.be.

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A N A LY S E

SOUTENEZ UNE START-UP… …ET RETIREZ-EN UN BEL AVANTAGE FISCAL

Les entreprises débutantes ont dans la pratique beaucoup de mal à récolter suffisamment de financements pour lancer leur activité. Afin de soutenir ces entreprises et donner ainsi un coup de pouce à l’économie, le gouvernement1 a prévu deux mesures fiscales qui doivent faciliter le financement des start-ups : le tax shelter et le soutien au crowdfunding. Les deux mesures sont intéressantes, non seulement pour la start-up mais également pour l’investisseur. Parallèlement, une mesure a été prise pour réduire le coût salarial dans les start-ups. TEXTE NATALIE VANDERSTAPPEN & LIESJE VANNESTE | PHOTOS LIEVEN VAN ASSCHE

NATALIE VANDERSTAPPEN

QU’EST-CE QU’UNE START-UP ? Une start-up est une micro-entreprise ou une PME de moins de quatre ans, à compter de la date d’inscription à la BanqueCarrefour des Entreprises. Pour définir quelle entreprise est (ou n’est pas) une start-up, le gouvernement se base sur la nouvelle directive relative aux comptes annuels2, qui classe les entreprises en trois catégories : micro-entreprise, petite entreprise et moyenne entreprise. Comme auparavant, une société ne peut pas dépasser plus d’un des seuils repris dans le tableau de la page suivante pour le dernier et l’avant-dernier exercices

LIESJE VANNESTE

comptables. Un effectif de 100 personnes rend impossible une qualification comme petite entreprise. Pour des sociétés qui viennent d’être créées, les critères peuvent être évalués de bonne foi en début d’exercice comptable3.

TAX SHELTER POUR ENTREPRISES DEBUTANTES La première mesure est le tax shelter : une diminution d’impôt fédérale pour les personnes physiques qui investissent dans une petite entreprise ou une micro-entreprise et reçoivent en échange de nouvelles actions de cette entreprise. La déduction

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fiscale s’élève à 30% du montant investi dans une petite entreprise et à 45% dans une micro-entreprise. Cette déduction n’est définitive que lorsque les actions acquises sont conservées pendant quatre ans. Si elles sont conservées moins de quatre ans, une majoration d’impôt a lieu, au prorata de ce qui reste de la période de quatre ans4.

Loi-programme du 10 août 2015, MB 18 août 2015.  Directive 2013/34/EU du 26 juin 2013, qui devait être traduite en droit national par les Etats membres avant le 20 juillet 2015. 3  Art 15, §2 Code des Sociétés. 4   Pour être complet, précisons que cette sanction n’est pas appliquée si le transfert des actions a lieu à l’occasion du décès de l’investisseur. 1 2


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LES COMPTES ANNUELS DETERMINENT QUELLE ENTREPRISE EST UNE START-UP

EFFECTIF MOYEN

MICROENTREPRISE

PETITE ENTREPRISE

MOYENNE ENTREPRISE

Pour pouvoir bénéficier de la déduction fiscale susmentionnée, il faut respecter un certain nombre de conditions. Les prin­ cipales conditions sont les suivantes5 : •

Nouvelles actions entièrement libérées émises après le 1er juillet 2015. • Apport en liquide, pas en nature. • Souscrites à l’occasion de : - la fondation d’une société ; - une augmentation de capital dans les quatre années après la fondation. • La société ne peut pas avoir été constituée avant le 1er janvier 2013.

CHIFFRE D’AFFAIRES ANNUEL HORS TVA

TOTAL DU BILAN

(MAXIMUM)

(MAXIMUM)

€/A

10

700.000

350.000 €

€/A

50

7.300.000

3.650.000 €

€/A

250

40.000.000

capital obtenu ne peut pas être utilisé pour le versement de dividendes, la vente d’actions ou l’octroi de crédits. • La société ne peut pas avoir été fondée dans le cadre d’une fusion ou scission de sociétés. Dans ces cas, il ne s’agit, en effet, plus d’une entreprise débutante. • Dans le chef de l’investisseur, le montant ne peut pas dépasser 100.000 euros, que ce soit dans une ou plusieurs entreprises. Ce plafond est apprécié par contribuable et par période d’imposition.

20.000.000 €

• Le

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« LE PARTICULIER BENEFICIE D’UNE DEDUCTION FISCALE DE 30% A 45% SUR LE MONTANT INVESTI DANS UNE START-UP EN ECHANGE D’ACTIONS. »


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30% du capital social de la start-up au maximum peuvent être constitués par le biais de cette mesure. • Au fil des ans, la start-up peut lever au maximum 250.000 euros via cette mesure. • Pas de société de management ou de société de patrimoine. La société qui possède un bien immobilier (ou un droit réel sur ce bien) dont le chef d’entreprise et sa famille font usage ne peut pas non plus entrer en ligne de compte pour cette mesure de soutien. • Aucune entreprise qui a déjà effectué une réduction de capital ou a distribué des dividendes.

Un chef d’entreprise qui finance luimême sa société n’entre pas en ligne de compte pour cette déduction fiscale ! Il faut néanmoins épingler le fait que cette limite ne vaudrait pas pour le conjoint/ la conjointe et/ou les enfants du chef d’entreprise. Les investissements via des ‘fonds starters’ sont éligibles pour la déduction fiscale. Il s’agit de fonds qui récoltent de l’argent de contribuables et qui investissent ensuite ces moyens dans des entreprises débutantes. Attention au fait que des conditions complémentaires sont d’application pour que la participation à un fonds starter entre en ligne de compte pour la déduction.

CROWDFUNDING Un deuxième incitant pour obtenir un financement plus facilement pour des entreprises débutantes est basé sur le principe du ‘crowdfunding’. Le crowdfunding est une forme de financement par laquelle les entreprises, qui ont difficilement accès aux canaux de financement habituels, obtiennent une partie du financement recherché en ligne auprès du grand public.

Concrètement, une personne physique peut octroyer un prêt à une entreprise débutante, dont les intérêts sur la première tranche de prêt de 15.000 euros (exercice d’imposition 2016) sont exonérés du précompte mobilier. Conditions : • Cette mesure est d’application pour les prêts conclus depuis le 1er août 2015. • Le prêt doit être conclu sur la base d’un taux d’intérêt annuel et avoir une durée minimale de 4 ans. Aucune durée maximale n’est fixée. Les prêts de refinancement n’entrent pas en considération pour cette mesure. • Ce prêt doit obligatoirement être octroyé avec l’intervention d’une plateforme de crowdfunding agréée. Les prêts qui sont octroyés directement aux entreprises débutantes ne sont donc pas éligibles. Sous certaines conditions, ces prêts en direct peuvent bénéficier en Flandre de la mesure ‘Winwinlening’6. • Le montant maximum de 15.000 euros vaut sur une période de 4 ans, à dater de la date d’inscription à la BCE.

PRECOMPTE PROFESSIONNEL Enfin, les PME et les micro-entreprises bénéficieront pendant les quatre années qui suivent leur inscription à la BCE d’une exonération partielle de versement du précompte professionnel sur les salaires des travailleurs. Cette mesure de soutien est d’application sur les rémunérations payées ou allouées depuis le 1er août 2015. Le pourcentage de l’exonération dépend de la taille de l’entreprise. Pour les PME, il s’agit d’une exonération de 10% du précompte professionnel normalement dû. Pour les micro-entreprises, l’exonération atteint 20%.

« UNE NOUVELLE PME JOUIT, PENDANT QUATRE ANS, D’UNE EXONERATION DE 10% OU DE 20% DU VERSEMENT DU PRECOMPTE PROFESSIONNEL. »

NOTRE CONCLUSION Contrairement à la première mesure, le champ d’application de cette deuxième mesure n’est pas limité aux petites entreprises et micro-entreprises. De plus, un chef d’entreprise qui investit dans sa propre entreprise n’est pas exclu de ce régime de faveur. L’octroi d’un prêt est donc une forme de financement plus souple que le tax shelter pour start-ups. Le chef d’entreprise ne doit pas oublier de faire attention au taux d’intérêt et au montant du prêt, de telle sorte que les intérêts ne puissent pas être requalifiés en dividendes.

Ces mesures constituent un encouragement pertinent pour que les entreprises débutantes obtiennent des financements suffisants. Les jeunes entrepreneurs créatifs pourront en profiter et cela donne un coup de pouce à l’économie. Le fait qu’il soit fiscalement plus intéressant d’investir dans de jeunes entreprises est la cerise sur le gâteau. En outre, le gouvernement incite de cette façon à injecter dans l’économie une partie des montants considérables qui ‘dorment’ sur les comptes d’épargne.

Nouvel article 145/26, §3 CIR.  Avec le ‘Winwinlening’, le gouvernement flamand veut encourager les particuliers à mettre des moyens financiers à disposition des entreprises (débutantes). Celui qui, en tant qu’ami, connaissance ou membre de la famille, octroie un ‘Winwinlening’ à une entreprise bénéficie, sous certaines conditions, d’une déduction fiscale annuelle de 2,5% du montant prêté, avec un plafond de 1.250 euros. 5 6

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D ES BELGES QUI ONT UN PL AN

L U C VA N D E N H O V E , C E O D ’ I M E C

« CINQ ANS, C’EST UNE ETERNITE » A Louvain, la tour imec abrite quelque 2.200 forts en thème venus de 70 pays. Des cracks en matière de nanoélectronique, la discipline qui ramène les systèmes électroniques à l’échelle de l’infiniment petit. Si la technologie imec se retrouve dans tous nos ordinateurs portables, elle permet également le développement d’écrans pliables et enroulables, de cellules solaires à coller sur une vitre comme un vulgaire film, de caméras hyper-spectrales capables de détecter un cancer, etc. Imec possède des implantations aux Pays-Bas, à Taiwan, aux Etats-Unis, en Chine, en Inde et au Japon. « Le fait que la Belgique soit un petit pays nous a bien servi. » TEXTE BERT VOET | PHOTOS THOMAS VANHAUTE

L

es équipes louvanistes d’imec ont récemment développé la technologie de base pour un health patch : un patch intelligent, qui ne pèse que 10 grammes. Fixé sur la poitrine, il enregistre un électrocardiogramme une semaine durant et en continu, et traite les données pertinentes avant de les transmettre sans fil vers un smartphone ou un cabinet médical, avec signal d’alarme si besoin est. Ce patch, qui sera lancé sur le marché en 2016, représente une véritable révolution, qui sauvera de nombreuses vies. A San Francisco, Bloom Technologies (spin-off d’imec) développe actuellement une variante conçue pour le suivi des femmes enceintes. Samsung s’apprête, par ailleurs, à intégrer la plateforme dans sa smartwatch.

était un homme charismatique et extrêmement persuasif. Passionné de recherche fondamentale, c’était aussi un visionnaire doublé d’un entrepreneur. De l’Université de Berkeley dans la Silicon Valley, il avait ramené la certitude que la microélectronique possédait un énorme potentiel. Il a fini par convaincre les hommes politiques flamands de la nécessité d’entreprendre les choses en grand dans ce domaine. Il faut dire que le timing était idéal : le premier gouvernement flamand dirigé par Gaston Geens voulait avant tout faire connaître la haute technologie flamande. C’est ainsi qu’est né Flanders Technology, dont imec était l’un des projets. Dans quelle mesure les prévisions de l’époque sont-elles devenues réalité ? Luc Van den hove : (il réfléchit) « J’ai du mal à me souvenir de la vision d’avenir qui était la mienne à l’époque. C’est au début des années 1990 qu’est née l’idée d’intégrer l’électronique dans notre environnement, et ce, de manière invisible. Nous parlions alors d’electronic dust : des composants électroniques avec capteurs, pratiquement invisibles pour l’utilisateur. C’est aujourd’hui devenu réalité. »

Le CEO d’imec, Luc Van den hove (55 ans), a intégré ce centre de recherche dès sa création en 1984. « A l’époque, la microélectronique en était encore aux balbutiements. Dans le labo d’électronique-électrotechnique de la KU Leuven, nous n’étions à l’époque qu’une centaine. Notre professeur, Roger Van Overstraeten,

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D ES BELGES QUI ONT UN PL AN

« En 1980, IBM lançait le premier personal computer. Quant à nous, nous développions la technologie à puce, et c’est ce que nous faisons toujours aujourd’hui. Une puce est composée de nombreux transistors : des interrupteurs permettant de réaliser un circuit. A l’époque, on parlait de microélectronique : les transistors mesuraient alors entre 3 et 5 microns – un micron équivalant à un millième de millimètre. Aujourd’hui, ils ne font plus que 14 nanomètres – des millionièmes de millimètres. Des transistors de 10 nanomètres sont actuellement en cours de développement et la recherche porte aujourd’hui sur des transistors de 7 et 5 nanomètres. De la nanoélectronique, en quelque sorte. » « A l’heure actuelle, nous sommes capables de placer plus d’un milliard de transistors sur une puce, de fabriquer de plus petites puces de mémoire, de meilleure qualité, et d’inventer des applications bien plus complexes. Jadis, une puce représentait une simple puissance de calcul, alors qu’aujourd’hui, elles sont de plus en plus en interaction avec le monde extérieur. D’où ces nombreuses applications biomédicales. » « Normalement, nous ne fabriquons pas de produits finis, ni même de puces. Nous fournissons seulement la technologie de base à nos partenaires. Naturellement, nous réfléchissons avec eux à de futures applications, ce qui nous permet de prévoir et de développer les technologies nécessaires. Prenons l’exemple de l’imagerie 3D. On connaît aujourd’hui la télévision haute définition et 3D, mais l’étape suivante consistera à libérer ces images de l’écran. Nous pourrons alors organiser des réunions pendant lesquelles notre interlocuteur qui se trouve à l’autre bout du monde sera projeté à nos côtés, comme s’il se trouvait réellement dans la pièce. »

Le physique et le virtuel qui se fondent, qui fusionnent en quelque sorte ? Luc Van den hove : « Mais oui, c’est pour demain. Je pense que des démos seront possibles d’ici à 2020. Les applications de consommation courante suivront. » (Il empoigne son iPhone) « Il y a seulement huit ans, qui aurait imaginé se balader avec un truc pareil ? Un processeur de ce calibre se trouvait à l’époque dans notre PC au bureau. L’évolution est énorme et j’y suis également impliqué sur le plan émotionnel. Pour moi, imec, c’est un peu un enfant que j’ai élevé, même si je ne l’ai pas élevé seul. »

L’INNOVATION OUVERTE Etait-ce un enfant difficile, avec des problèmes de croissance ? Luc Van den hove : « En fait, nous avons connu pendant 31 ans une croissance de 5 à 10% par an. Dans notre discipline, nous sommes passés du statut d’underdog (de mal-aimé) à celui de laboratoire comptant parmi les plus grands et les plus importants au monde. Plus la technologie se faisait complexe, et plus nous nous concentrions sur les éléments essentiels dont tout le monde a besoin. Nous avons parallèlement développé un modèle d’innovation ouverte. Le développement de cette technologie de base requiert un tel capital et les défis sont tels qu’aucune entreprise n’est plus en mesure de tout faire seule. Même pour les géants, il est plus intéressant de faire appel à nous, de travailler en collaboration et de partager les frais. La concurrence joue dans ce cas sur le mode de développement précis des processeurs. C’est ce qui explique la réussite d’imec. Le fait que la Belgique soit un aussi petit pays a, pour une fois, joué en notre faveur. Notre neutralité nous a permis d’attirer aussi bien les entreprises américaines qu’asiatiques. »

« L A VOITURE INTELLIGENTE ET AUTONOME CONNAIT UNE EVOLUTION BIEN PLUS RAPIDE QUE CE QUE L’ON AURAIT PU PENSER IL Y A TROIS OU QUATRE ANS. » L’année dernière, votre budget opérationnel s’élevait à 363 millions d’euros, dont 48 millions provenaient des pouvoirs publics flamands. Mais la Com­mission européenne vous a également soutenus. Une aide indispensable ? Luc Van den hove : « La participation publique sert surtout à la recherche à long terme : les développements dont nous pensons qu’ils seront essentiels d’ici cinq à dix ans, mais pour lesquels l’industrie n’est pas encore disposée à payer. Quelque 80% de nos moyens proviennent de l’industrie, un rapport dont nous sommes très fiers. Nos concurrents sont pour la plupart financés à 50%, voire à 75%, par les pouvoirs publics. » « Nous créons, par ailleurs, en Belgique plus de 5.000 emplois indirects car nous avons entre-temps mis sur pied une quarantaine de spin-offs. Tout ce que la Flandre investit dans imec lui revient au quintuple sous forme d’impôts. Il s’agit probablement de l’un des meilleurs investissements du gouvernement flamand. »


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grâce aux nouveaux diagnostics : des appareils permettant de détecter des maladies à un stade précoce et de soigner les patients à distance, et ainsi d’éviter ou de retarder leur séjour à l’hôpital. Nous avons également développé un headset qui mesure (sans fil) l’activité électrique cérébrale et qui transmet un électro-encéphalogramme à une application ou un téléphone portable. La commercialisation ne devrait pas tarder. Il s’agit là d’une véritable révolution pour le diagnostic et le suivi de maladies telles que l’épilepsie, Alzheimer, des tumeurs, des psychoses... » « Pour ce qui est des analyses de sang, de salive ou d’urine, on utilise encore aujourd’hui d’importants systèmes dans les hôpitaux. Nous travaillons actuellement sur miLab, un lab on a chip pour lequel nous avons mis sur pied la société miDiagnostics. Il s’agit en fait d’une puce à usage unique, qui réalise en un quart d’heure à peine une analyse sanguine complète, avant de l’envoyer sans fil sur un smartphone – par exemple, celui du médecin traitant. Voilà qui pourrait donner un sérieux coup de pouce aux pays en développement car la puce est assez peu coûteuse : entre 10 et 20 euros pièce. Nous pensons que celle-ci sera lancée sur le marché dans cinq ans. » « Le cancer est un des principaux défis qui se posent à nous aujourd’hui. Actuellement, nous ne consultons que lorsque les symptômes apparaissent, ce qui est souvent trop tard. Alors que certaines cellules qui déclencheront une tumeur circulent déjà aujourd’hui dans le corps... Pour parvenir à les trier et à les compter sur base d’une goutte de sang, il faut un système extrêmement sensible. En effet, on parle d’une cellule précancéreuse sur dix milliards de globules sanguins. Développer la puce de base nous prendra encore au minimum cinq ans. »

« DANS DIX ANS, NOTRE SMARTPHONE DETECTERA LES TOUTES PREMIERES TRACES DE CANCER. »

Donc, dans dix ans, vous dites que l’on détectera les cancers de manière préventive, lors d’un examen de routine ? Ou à l’aide d’un smartphone ? Luc Van den hove : « Probablement. Nous travaillons avec certaines entreprises pharmaceutiques sur des puces permettant de voir comment les neurones communiquent entre eux. Cela permettra ensuite d’étudier le fonctionnement du cerveau, ces connaissances sont nécessaires pour le développement de médicaments contre la maladie d’Alzheimer, par exemple. Nous développons également de très fines sondes munies d’électrodes qui sont ensuite implantées dans le cerveau afin de traiter plus efficacement et plus longtemps les patients atteints de la maladie de Parkinson. Là aussi, l’horizon est de cinq à dix ans. »

LAB ON A CHIP A quoi pouvons-nous encore nous attendre de la part de tous ces cerveaux ? Luc Van den hove : « Nous travaillons de plus en plus pour le compte du secteur énergétique. Dans un avenir proche, les appareils ménagers devraient présenter des compteurs intelligents et un power switching plus efficace – permettant, par exemple, de lire quand il convient de mettre le lave-linge en route. Si on y ajoute la domotique, on arrive à un réseau intelligent : le réseau d’électricité deviendra ainsi une sorte d’Internet qui produit, distribue et consomme l’électricité le plus efficacement possible. En effet, l’électricité sera bientôt générée localement – notamment par les panneaux solaires installés sur votre toit et par de petites éoliennes. »

« Nous ne réussirons évidemment pas à tous les coups, mais les progrès seront comparables à ceux de l’ordinateur, cet autre développement révolutionnaire. Il existe néanmoins un obstacle de taille: la Food and Drug Administration américaine ne parvient pas à suivre. Chaque homologation requiert des recherches cliniques fort strictes – et c’est normal car, après tout, des vies humaines sont en jeu. Il y a donc un écart entre ce qui est possible technologiquement et acceptable socialement parlant. »

Uber a annoncé son intention d’acheter 500.000 Tesla lorsque ces voitures seront pleinement autonomes, en 2020. Utopie ou réalité ? Luc Van den hove : « Je pense que ce n’est pas impossible. La voiture intelligente et autonome connaît une évolution bien plus rapide que ce que l’on aurait pu penser il y a encore trois ans. Il arrivera un moment où une simple application suffira à commander une voiture, qui se garera devant chez vous, sans conducteur. Mais la fiabilité et la sécurité restent des facteurs cruciaux et le coût doit encore beaucoup baisser. »

Compte tenu de la vitesse à laquelle l’on progresse, est-il possible de faire des prévisions fiables sur dix ans ? Luc Van den hove : « Cinq ans, c’est déjà une éternité. Impossible d’imaginer à quoi ressemblera notre smartphone d’ici là. Fabriquer des ordinateurs encore plus rapides, ce n’est plus une priorité. A présent, ce qui compte c’est de chercher ce que l’on fera avec tous ces téléphones portables de plus en plus intelligents, qui captent de plus en plus d’informations à l’aide de tous leurs capteurs intégrés. »

« A mon avis, le principal pôle de croissance est celui des soins de santé. L’électronique devrait permettre de réduire les coûts dans ce domaine, surtout

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OPTIMA

EVENEMENTS

WEST SIDE STORY LIVE If love could be, tel était le thème du Klarafestival 2015. Cette année encore, Optima a été, avec fierté, un partenaire structurel de cette dynamique manifestation alliant des musiciens de grand talent, de magnifiques répertoires, des nouvelles créations et des jeunes talents. Confortablement installés dans la résidence de l’Ambassadrice des EtatsUnis, les 175 clients invités par Optima ont admiré la version restaurée de West Side Story, devenu un film culte inoubliable grâce à sa musique. Sous la direction du Britannique Wayne Marshall, le Brussels Philharmonic Orchestra assurait l’accompagnement musical live.

MEET4LUNCH, LIEU DE RENCONTRES INFORMEL Le 9 juin dernier, nous avons déroulé le tapis rouge pour les invités du Meet4Lunch organisé dans l’enceinte du domaine De Cellen à Oostkamp. Pour la quatrième édition de ces rencontres informelles, nous avons accueilli 70 entrepreneurs. Après un court mais passionnant exposé du directeur marketing de Callant, Filip Demyttenaere, les invités ont fait honneur au délicieux déjeuner préparé par le traiteur Delideux. Cet évènement de réseautage est le résultat d’une collaboration unique entre Vlaanderen Manager, Group S, Callant Assurances et Optima. De nouvelles éditions sont programmées pour la prochaine année académique.

VOTRE PATRIMOINE, VOTRE COMMERCE, VOTRE VOITURE Le 7 mai dernier, le spécialiste d’Optima Cliff Vandeneynde traitait de votre patrimoine et de la manière de le gérer intelligemment sur les plans financier et fiscal. La soirée s’est déroulée dans les locaux de Tesla Motors, le pionnier des voitures électriques, à Aartselaar. Grâce au store manager Nicolas Lens, les invités ont eu l’occasion de tester l’accélération (de 0 à 100 km/h en 3,4 sec.) du Tesla Model S Performance. Après avoir dégusté de délicieux en-cas et un bon verre, les invités ont déclaré avoir passé une excellente et instructive soirée.

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L E P O I N T S U R L A S I T U AT I O N

LE TAX SHIFT : UN FAIT ? L’été passé, après de longues négociations, le gouvernement fédéral a conclu un accord au sujet d’un ‘tax shift’. Celui-ci doit opérer un glissement partiel de la fiscalité sur le travail – très élevée en Belgique – vers d’autres formes de fiscalité. Les baisses de charges sur le travail doivent, à leur tour, stimuler l’économie. Mais qu’est-ce qui a précisément été décidé et qu’est-ce que cela signifie dans la pratique ? Les spécialistes de notre Competence Center passent les différents points de cette réforme en revue. TEXTE NATALIE VANDERSTAPPEN & LIESJE VANNESTE | PHOTOS LIEVEN VAN ASSCHE

NATALIE VANDERSTAPPEN

MESURES PREVUES Baisse des charges La mesure la plus marquante est certainement la diminution prévue des cotisations sociales patronales sur les salaires bruts. Celles-ci passeront de 32,43% (pour les employés) et 38,43% (pour les ouvriers) à 25%. Cette baisse des charges devrait réduire notre handicap salarial par rapport aux pays voisins et rendre notre économie plus compétitive sur le marché international du travail. Parallèlement, le gouvernement espère créer davantage d’emplois. L’entrée en vigueur de cette mesure est prévue pour 2016.

LIESJE VANNESTE

Un petit plus

Outre la baisse des cotisations de sécurité sociale, le gouvernement veut également renforcer le pouvoir d’achat des consommateurs. Cela devrait se concrétiser par un complément de revenu de 100 euros net par mois. A l’heure de mettre cet article sous presse, il était question des mesures suivantes : • Une

augmentation des frais professionnels forfaitaires des salariés (une mesure qui, en réalité, avait déjà été mise en œuvre à la fin 2014 et ne fait donc pas partie, en tant que telle, du tax shift actuel). • Une augmentation du bonus à l’emploi et du crédit d’impôt qui l’accompagne.

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La suppression de la tranche d’impôt sur le revenu de 30%. • Une hausse du montant exonéré d’impôt. Tout le monde ne bénéficiera cependant pas de 100 euros net supplémentaires par mois. Beaucoup devront se contenter de moins. Les mesures énoncées ci-dessus (et l’avantage qui en découle au final) dépendront des revenus, de la situation familiale et du statut social. Nous pensons, par exemple, aux contribuables avec un salaire mensuel brut supérieur à 1.550 euros, aux familles nombreuses, aux indépendants, aux pensionnés, etc. Ainsi, les indépendants auront un revenu mensuel net supplémentaire de 16 euros maximum !


L E P O I N T S U R L A S I T U AT I O N

LES COTISATIONS SOCIALES DIMINUENT

32,43 %

EN 2015

A PARTIR DE 2016

POUR LES EMPLOYES

38,43 %

POUR LES OUVRIERS

25 %

FINANCEMENT La question qui brûle les lèvres de tout le monde est, en effet, de savoir qui va payer. L’argent perdu en raison de la baisse des charges devra être puisé ou économisé ailleurs par le gouvernement. Celui-ci commencera par examiner de près son modèle de dépenses et réaliser des économies où c’est possible. Un exercice d’efficacité chiffré à 700 millions d’euros aura lieu dans l’administration fédérale. Des coupes auront également lieu dans les allocations. Les mutualités devront ainsi économiser pas moins de 100 millions d’euros d’ici à fin 2018 : 50 millions en 2016, 25 millions supplémentaires en 2017 et, enfin, 25 millions en 2018. Les allocations de chômage seront également adaptées, via une accélération de leur dégressivité : celles-ci diminueront plus rapidement en fonction de la durée du chômage. Seul celui qui a travaillé plus de 25 ans pourra conserver une allocation illimitée dans le temps. Enfin, le système du régime de “chômage avec complément d’entreprise” (l’ancienne prépension) sera réformé. Les

conditions d’exonération pour les personnes qui ont travaillé longtemps seront rendues plus strictes.

gime VVPRbis) soit à nouveau jeté aux oubliettes. Ces versements resteront donc sans doute soumis au précompte mobilier de 15%. Afin d’épargner les épargnants, l’augmentation du précompte mobilier ne sera pas d’application pour les carnets d’épargne. Les intérêts sur une première tranche de 1.880 euros seront exonérés. Cette exonération est individuelle. Dès que les intérêts sur un compte d’épargne dépassent ce montant exonéré, la banque retiendra 15% de précompte mobilier sur la part des intérêts qui excèdent l’exonération. Les investissements via une assuranceépargne ou une assurance-placement constitueront peut-être encore une échappatoire à cette augmentation du précompte mobilier. La taxe sur les primes resterait inchangée.

TVA sur l’électricité La TVA sur l’électricité est passée de 21% à 6% sous le gouvernement Di Rupo, et ce, jusque fin 2015. Le gouvernement actuel a toutefois décidé, avec entrée en vigueur le 1er septembre 2015, de supprimer le taux de 6% et de le faire remonter à 21%. Il est important de préciser que le relèvement du taux de TVA sur l’électricité sera bien intégré dans le calcul de l’index. Cette hausse accélérera le franchissement de l’indice-pivot et, par conséquent, l’indexation des salaires.

Précompte mobilier L’électricité n’est pas la seule à voir son prix augmenter. Le taux du précompte mobilier passera de 25% à 27% au 1er janvier 2017. On ignore encore si cette augmentation comportera des exceptions.

Accises Il y a d’autres éléments du tax shift que nous ressentirons dans notre vie quotidienne. Ainsi, les accises sur le diesel, l’alcool et le tabac vont augmenter, et il y aura une “taxe sodas” sur des produits nocifs pour la santé tels que les soft drinks qui contiennent beaucoup de sucres. La réflexion faite par le gouvernement est que les consommateurs peuvent eux-mêmes contrôler ce type de dépenses. On ne sait pas encore aujourd’hui à quel point les accises vont augmenter. La recette budgétaire, en revanche, a déjà été fixée. L’augmentation effective sera déterminée en concertation avec la ministre de la Santé et après consultation du secteur.

Taxe sur la spéculation Parallèlement, le tarif réduit tel qu’il existe aujourd’hui (15% par exemple) sera porté au tarif de base de 27%. Il nous semble toutefois peu probable que le régime de faveur lancé récemment pour les dividendes dans les PME (le ré-

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50

Les investisseurs ne sont pas non plus épargnés : une taxe sur la spéculation sera, en effet, introduite sur les actions de sociétés cotées en Bourse. Cette taxe ne sera toutefois levée que si les actions sont revendues endéans les six mois. Si


L E P O I N T S U R L A S I T U AT I O N

QUI VA PAYER ? ETAT

700.000.000

SECURITE SOCIALE

PRECOMPTE MOBILIER :

ACCISES SUR LE DIESEL, L’ALCOOL ET LE TABAC TAXE SUR LES BOISSONS SUCREES

100.000.000

ALLOCATIONS DE CHOMAGE

TVA SUR L’ELECTRICITE :

les actions sont conservées plus de six mois, la revente sera exonérée d’impôt. Lors de la mise sous presse de cette édition de Capital, il n’y avait pas encore de certitude concernant le taux exact de cette taxe.

Taxe Caïman Enfin, la taxe Caïman, récemment introduite, devrait générer 260 millions d’euros affectés au financement du tax shift. Ce résultat ne pourrait découler que d’un recalcul de ce que la taxe Caïman peut rapporter annuellement. Sur le plan du contenu, rien n’est donc modifié dans la mesure actuelle.

CONCLUSION Le gouvernement fédéral veut stimuler l’économie en abaissant les charges sur le

25 %  27 %

TAXE SUR LA SPECULATION

6 %  21 %

TAXE CAIMAN

travail et en augmentant le pouvoir d’achat du consommateur. L’argent nécessaire proviendra, d’une part, d’économies en interne et, d’autre part, d’un glissement fiscal vers des produits de consommation néfastes pour la santé, l’écofiscalité et la spéculation financière. Le tax shift tel qu’il est présenté aujourd’hui a été précédé de nombreuses discussions. A chaque fois, des ballons d’essai ont été lâchés dans la presse, pour se dégonfler ensuite. Nous pensons, par exemple, à une taxation des plus-values sur actions, un impôt général sur le patrimoine (fort discuté) ou un impôt des plus-values en actifs, la hausse de la taxation des voitures de société, une imposition plus forte des personnes qui possèdent plusieurs biens immobiliers, etc. : coup sur coup,

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260.000.000

des mesures qui n’ont pas été retenues pour le tax shift. Comme vous avez pu le lire ci-dessus, la mise en oeuvre concrète et l’ampleur exacte de ce tax shift ne sont pas encore connues (pour chaque domaine). Des changements au contenu des mesures susmentionnées sont donc, en principe, encore possibles. Dans l’attente, nous gardons un œil averti sur notre fiscalité complexe et nous vous informerons via nos Competence Updates régulières du dernier état des lieux.

Cet article a été finalisé le 25 septembre 2015. Des mises à jour seront publiées sur www.optima.be.



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PA U L D E C L E R C Q , E N T R E P R E N E U R E N S E R I E

PROFIL: QUI Paul De Clercq (51 ans)

QUOI Promoteur immobilier

OU Vosselaar, Anvers

SUCCESSION : DE DUINBERGEN A MONTELUCO Dans le cadre de ses projets immobiliers, Paul De Clercq aime être attentif aux détails. Tout doit être réglé de manière optimale. Même chose pour sa planification successorale et celle de son père : il a donc fait appel à l’expertise d’Optima. TEXTE PIETER SEGAERT PHOTOS THOMAS VANHAUTE

L

’entrepreneur en série campinois Paul De Clercq se sent chez lui à Duinbergen, où il est propriétaire d’une élégante maison de vacances à 200 mètres de la digue. Cette demeure a appartenu à son père pendant des décennies. Lorsque ce dernier est décédé en 2012, Paul De Clercq a racheté les parts de son frère et de sa sœur. L’an dernier, il a entièrement rénové la

maison avec son épouse Hedwig. C’est avec une certaine fierté qu’il nous fait visiter les lieux et nous raconte quelques anecdotes. PAUL DE CLERCQ: « Depuis la rénovation, Duin­ bergen est devenue notre deuxième maison. C’est grâce à l’expertise et à l’expérience d’Optima que nous avons pu l’acheter. Comme c’était fréquemment le cas auparavant, la maison de vacances de

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mon père était intégrée dans une société. Un an avant son décès, ce dernier a réalisé qu’il fallait faire quelque chose, et sa planification successorale a été la première raison pour prendre contact avec Optima. Mon comptable avait une expérience positive avec Optima dans le cadre d’un autre dossier. Il m’a donné un numéro de téléphone et, quelques jours plus tard, nous avions rendez-vous chez Optima à Gand. C’était en août 2011. »


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« PAR DEFINITION, UN BON PLAN N’EST JAMAIS TERMINE. »

Qu’est-ce qu’Optima a pu faire pour vous ? PAUL DE CLERCQ : « Optima a d’abord examiné notre situation financière. Notre conseiller financier a demandé tous nos comptes et documents : contrats de mariage, statuts des sociétés, balances commerciales… Il a réalisé un audit et, sur la base de cette analyse, il a recherché des points à améliorer. » Concernant la maison de vacances, Optima a proposé de créer un holding. PAUL DE CLERCQ : « En effet. Via ce nouveau holding, j’ai repris la société de mon père, y compris la maison de vacances et quelques fonds. Par le biais de cette construction fiscalement avantageuse, ma participation dans la société m’a permis de payer en partie mes frère et sœur. » Pour la mise en œuvre du plan financier, avez-vous fait appel à vos propres contacts ?

PAUL DE CLERCQ : « Dans tout ce que j’entreprends, j’essaie de composer une équipe de gens compétents. Pour ensuite collaborer de manière approfondie, apprendre à connaître les points forts de chacun et parvenir à un beau résultat, ce que j’apprécie particulièrement. J’ai également procédé de la sorte pour ce plan financier. En tant qu’entrepreneur, j’ai appris à connaître quantité d’experts au fil des ans : des comptables, des juristes, des notaires... » Entre-temps, le plan a-t-il été entièrement réalisé ? PAUL DE CLERCQ : « Non, par définition, un bon plan n’est jamais terminé. Il faut sans cesse l’adapter en fonction de nouvelles circonstances. Ainsi, le plan réalisé pour mon père a débouché sur un autre plan pour mon épouse et moi-même. Mon père est décédé en 2012, ce qui nous a laissé peu de temps pour tout mettre en œuvre correctement. Certaines choses ont besoin de temps pour mûrir. Cette expérience m’a permis de réaliser que j’avais intérêt à

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moi-même coucher sur papier un certain nombre d’éléments. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, j’ai régulièrement des réunions avec Optima afin d’améliorer ma situation. » Egalement pour optimiser votre propre succession ? PAUL DE CLERCQ : « Oui, Hedwig et moi sommes mariés sous le régime de la séparation des biens. Le jour où l’un de nous décède, nous devrons payer des droits de succession élevés. Optima nous a conseillé d’enregistrer ce que l’on appelle le « patrimoine commun interne adjoint » auprès d’un notaire. Par ailleurs, j’ai donné à mon épouse la nue-propriété de mes actions dans le holding. Nous avons fait enregistrer cette donation mutuelle auprès d’un notaire néerlandais, ce qui a engendré une économie de 3% sur les droits de donation. Bientôt, nous allons peut-être aussi investir via une donation mutuelle dans une SICAV, mais nous n’en sommes pas encore là. »


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Est-ce qu’Optima vous donne aussi des conseils à propos de la constitution de votre pension ? PAUL DE CLERCQ : « Il est ressorti de l’audit qu’Hedwig et moi avions agi intelligemment au niveau de la constitution de notre pension. La prochaine étape consiste à restructurer mes valeurs mobilières, en plus des sociétés, et à régler en même temps la succession. » Votre succession comporte aussi un projet unique en Toscane. Expliquez-nous. PAUL DE CLERCQ : « En 2003, nous avons rendu visite à des connaissances à Monteluco, en plein cœur de la Toscane. Nous sommes tombés par hasard sur une maison de campagne vieille de 200 ans, située dans un domaine d’un hectare et demi. Nous avions déjà beaucoup voyagé, mais encore jamais rien vu de tel. Du jardin, nous avons une vue panoramique sur les collines de Toscane. On s’y sent immédiatement apaisé. En plus, le domaine est idéalement situé, à seulement une petite heure de voiture de l’aéroport de Pise. Apparemment, le domaine était à vendre depuis plus de six mois. Le jour même, nous prenions la décision de l’acheter. Une semaine plus tard, nous signions le compromis. Tout a été très vite, mais l’idée nous trottait dans la tête depuis un petit temps déjà. »

de notre investissement a plus de valeur à nos yeux que le rendement financier. » En 2013, vous avez commencé une deuxième phase de rénovation plus approfondie ? PAUL DE CLERCQ : « Les quatre appartements ont à nouveau été entièrement réaménagés et meublés, selon un concept du jeune architecte d’intérieur anversois Sam Peeters. L’architecte paysagiste Kristof van den Bouwhuysen, de Brasschaat, a redessiné le jardin. L’oliveraie a été remise en état. A Monteluco, nous faisons aujourd’hui notre propre huile d’olive. Dans le jardin, nous avons aussi fait installer une piscine en inox. » Aujourd’hui vous aimeriez vendre trois des quatre appartements ? PAUL DE CLERCQ : « Oui, car j’aimerais dégager des moyens pour lancer une nouvelle start-up. Au cours de ma carrière, j’ai déjà eu plusieurs fois l’occasion de développer une idée à partir de zéro et de créer ainsi une PME florissante. A chaque fois pour une période de six ou sept ans. Et toujours

Entre 2003 et 2005, vous avez rénové cette maison de campagne toscane une première fois ? PAUL DE CLERCQ : « Nous avons subdivisé la maison en quatre appartements, sur une surface habitable de 400 m2. Entre 2005 et 2013, nous les avons loués pendant la haute saison. Le reste de l’année, nous y allions nous-mêmes, une ou plusieurs fois par mois. Souvent aussi avec de bons amis ou des personnes avec lesquelles j’ai travaillé. Nous y vivons des moments uniques, où nous avons du temps l’un pour l’autre. C’est une chose rare dans cette société hyperconnectée. L’intérêt émotionnel

« L’INTERET EMOTIONNEL DE NOTRE INVESTIS­ SEMENT A PLUS DE VALEUR A NOS YEUX QUE LE RENDEMENT FINANCIER. » [ CAPITAL 25 ]

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dans le domaine de la construction, que ce soit comme entrepreneur, sous-traitant ou consultant. Je détenais ainsi la responsabilité finale sur des entreprises comptant jusqu’à 200 collaborateurs. Aujourd’hui, je gère et développe mes propres projets immobiliers, en collaborant uniquement avec des freelances. Et je reste toujours ouvert à de nouvelles opportunités ! » Vous avez tourné vous-même un petit film vidéo pour trouver d’éventuels acheteurs… PAUL DE CLERCQ : « Cela donne une bonne image de ce à quoi vous pouvez vous attendre : quatre appartements avec un jardin commun, une oliveraie et une piscine. Le calme complet, tout en étant à proximité de Sienne, Lucca et Florence. Nous nous sentons chez nous à Duinbergen comme à Monteluco. Nous y avons déjà vécu de nombreuses heures magnifiques, avec des gens qui, tout comme nous, sont tombés amoureux de la Toscane. » Plus d’informations à propos de Monteluco sur www.monteluco.it


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Optima

expertise

DIETER BOSSUYT CONSULTANT FISCAL – CONSULTING SERVICES SA

LA DONATION ENTRE ÉPOUX Quand elles envisagent leur planning successoral, la plupart des personnes pensent à une donation à leurs enfants. Toutefois, il arrive souvent que la transmission de leur patrimoine à la génération suivante ne soit pas encore à l’ordre du jour. N’est-il pas plus intéressant, en cas de décès, que le patrimoine revienne, dans la mesure du possible, au conjoint survivant ? En réduisant, bien sûr, au maximum le coût fiscal. Une donation entre époux peut s’avérer une technique appropriée.

QUID SI LE BENEFICIAIRE DECEDE EN PREMIER ?

POUR QUI ?

Avec cette technique, les actions reviennent au final au survivant quel qu’il soit et, en principe, sans droits de succession. Il faut toutefois savoir que la technique couvre seulement le premier décès. Le survivant doit donc, à son tour, prévoir une planification pour les enfants. En outre, lors de la donation proprement dite, il faut également tenir compte des parts réservataires des enfants.

Imaginons que l’époux de notre exemple décède en premier. Sa veuve doit-elle alors payer des droits de succession sur les actions qui, en réalité, lui appartiennent ? Non. Si elle fait figurer les clauses adéquates dans l’acte de donation, les actions pourront lui revenir sans droits de succession.

La technique est utilisable uniquement par les couples mariés sous le régime de la séparation de biens ou le régime légal. Dans ce dernier cas, il est indispen­sable qu’il s’agisse de biens non communs. En effet, les époux peuvent se faire uniquement donation de biens appartenant au patrimoine matrimonial propre du donateur.

ET EN CAS DE DIVORCE ? QUEL EST LE PRINCIPE ? Qu’advient-il si le mariage du couple de notre exemple est un échec ? L’époux peutil prendre la poudre d’escampette avec les actions dont son épouse lui a fait don ? En principe, une donation est définitive. « Donner, c’est donner ; reprendre, c’est voler », comme le dit le dicton. Il existe toutefois une exception à cette règle générale : les donations entre époux peuvent être révoquées à tout moment de manière unilatérale. L’épouse peut donc toujours récupérer ses actions.

Imaginons qu’une femme possède des actions dans une société et qu’elle en fasse don à son époux. En cas de décès de l’épouse, les actions n’appartiendront plus à sa succession. Par conséquent, l’époux ne devra en principe plus payer de droits de succession sur ces actions. Selon les circonstances de la donation, il faut toutefois qu’une période de trois ou sept années s’écoule avant que la donation ne soit « exonérée de droits de succession ».

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LOISIRS

NOS E X PERT S ON T C HOISI POU R VOUS

les

délices de la GASTRONOMIE

V O YA G E S

C U LT U R E

Il semblerait que le Belge épargne dans de nombreux domaines, mais pas dans celui des loisirs. C’est la raison pour laquelle Capital a recueilli des conseils pour l’automne auprès de quatre épicuriens. Découvrez les petites merveilles qui n’attendent plus que vous. Car il faut reconnaître que le bien-être – qu’il s’agisse de gastronomie, de voyages ou de culture – vaut aussi son pesant d’or !


gastronomie L E S C O N S E I L S D E P E T E R G O O S S E N S , H O F VA N C L E V E

PATISSERIE & CHOCOL ATERIE JOOST A RIJS, GA ND ET A N V ERS

 www.joostarijs.be

Perfection et innovation vont de pair Le boulanger traditionnel, qui vend aussi bien du pain que des pâtisseries et des glaces, finira par disparaître. C’est en tout cas ce que pense le jeune pâtissier Joost Arijs, qui estime qu’il vaut mieux se concentrer sur un seul produit, dans un souci constant de perfection et d’innovation. Joost Arijs, ancien chef-­ pâtissier du restaurant étoilé Hof van Cleve, a ouvert son deuxième point de vente au printemps dernier. Si Gand reste son camp de base, les Anversois(es) peuvent donc, eux aussi, déguster les pralines, les macarons, les biscuits, le chocolat, les confiseries et les glaces de celui qui a été élu « Pâtissier de l’Année » par Gault&Millau en 2012. Ne vous attendez pas à des pâtisseries dégoulinantes de chantilly, pas plus qu’à des mariages d’arômes osés ou à d’autres extrêmes dans l’air du temps. Tout ce qui compte pour Joost Arijs, c’est la pureté des ingrédients, le raffinement des goûts et des textures.

 www.akrame.com

A K R A ME, PA RIS

Une touche d’imprévu

K A ASMEESTERS OUDENA A RDE

« A Paris, si vous n’avez qu’un repas au restaurant à faire, optez pour Akrame. Vous restez à Paris le temps de deux repas au restaurant ? Retournez-y.» Une appréciation qui indique bien que le restaurant deux étoiles du jeune chef Akrame Benallal fait le buzz ces jours-ci dans la Ville Lumière. Akrame Benallal fait revivre ses souvenirs d’enfance en Algérie, tout en les mariant avec les techniques les plus modernes. Le résultat ? Une série de menus originaux et merveilleusement présentés, qui se distinguent, en outre, par l’adjonction d’un ou de deux ingrédients aussi inattendus qu’aptes à créer un effet bœuf.

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LOISIRS

 www.thecloveclub.com

THE CLOV E CLUB, LONDRES

Branchitude londonienne C’est en 2013 que le chef Isaac McHale a ouvert un restaurant dans ce qui fut au XIXe siècle l’hôtel de ville de Shoreditch, un des quartiers les plus branchés de Londres. A l’intérieur, la sobriété est de rigueur : tables en bois, murs blancs, cuisine ouverte, salle baignée de lumière naturelle. L’équipe hyperbranchée de ce restaurant, dont le financement provient en partie du crowdfunding, est tout aussi cool que la clientèle. Mais c’est surtout ce qui se trouve dans les assiettes qui vaut le détour. Isaac McHale ne donne pas le choix à ses clients, sauf entre un menu cinq services et un autre, encore plus élaboré ! Les plats changent très régulièrement. Le chef, qui affectionne tout particulièrement les légumes et le gibier, n’a pas son pareil pour capter l’air du temps.

BA R DE L’HOTEL L A RESERV E, PA RIS

OBLI X, LONDRES

Dans les nuages C’est à mi-hauteur du gratte-ciel londonien The Shard (72 étages) que le chef allemand Rainer Becker a ouvert Oblix en 2013. Ce restaurant-grill à la new-yorkaise propose les meilleurs produits du terroir anglais et européen, le tout préparé à la broche, sur la braise ou dans un four à bois. Nobles, raffinés, urban, tous les mets portent la signature de Rainer Becker. L’accès au restaurant, situé au 32ème étage, se fait par la cuisine ouverte. Dirigezvous ensuite vers l’espace lounge ou vers le bar, où vous ne découvrirez pas seulement une liste de boissons tout à fait unique, mais aussi de la musique live et un vaste panorama sur la ville.

Une impressionnante collection de vins En plein cœur de Paris, installez-vous dans l’un des confortables canapés du Bar de l’Hôtel La Réserve. Ce bar, qui possède une impressionnante collection de vins, a de quoi combler les amateurs les plus exigeants. Les hôtes de La Réserve Paris auront le privilège de déguster leurs crus préférés à la Bibliothèque, s’ils le souhaitent. Ou de choisir un cocktail. Tous les grands classiques de l’art du cocktail s’apprécient à la carte, mais le barman peut aussi improviser une recette sur mesure, à partir d’une liste d’ingrédients choisis par vos soins, pour le plaisir de savourer un cocktail personnalisé et exclusif et de le retrouver à chacune de vos visites.  www.lareserve-paris.com/fr

 www.oblixrestaurant.com

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voyages L ES CONSEI L S DE DEBBI E PA PPY N, JOU R NA L I ST E VOYAGES

Plus de conseils sur twitter via @classetouriste

 www.amanresorts.com

JA PON

Aman Resorts au pays du Soleil Levant Aman Resorts, le groupe hôtelier asiatique de luxe, n’ouvre pas moins de deux établissements au Japon. Inauguré début 2015, l’Aman Tokyo est situé dans le très chic quartier d’Otemachi, non loin de la gare de Tokyo. Les 84 chambres et suites, installées dans la prestigieuse Tour Otemachi, offrent toutes une vue panoramique sur Tokyo et les jardins du Palais Impérial. Début 2016, ce sera au tour de l’Amanemu d’ouvrir ses portes dans le Parc National d’Ise Shima, à trois heures de train de Tokyo. Les 24 suites de ce nouvel hôtel disposent chacune d’un onsen (le traditionnel bain thermal japonais) privé. A l’Aman Tokyo, le prix des chambres démarre à environ 700 euros la nuit. Aucun tarif connu jusqu’ici pour l’Amanemu.

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LOISIRS

A IR FR A NCE

M A ROC

 ww.airfrance.be

 www.mandarinoriental.com/marrakech

Nouvelle retraite chic à Marrakech Il vient d’ouvrir : le complexe hôtelier de luxe Mandarin Oriental, situé au cœur de 20 hectares de jardins paysagers et d’oliveraies, à quelques minutes du centre-ville de Marrakech. L’hôtel est doté de 54 villas et 9 suites, dont un penthouse de 1.138 m². Pour les golfeurs, l’accès direct au Royal Golf Club de Marrakech est gratuit avec la voiturette de l’hôtel. Pour se relaxer, les clients n’ont que l’embarras du choix entre le vaste spa avec cabines de soin privées, la piscine intérieure chauffée, le centre de fitness doté d’équipements dernière technologie, les luxueux hammams et saunas, le studio dédié au yoga et les cabines de soins entre les oliviers. En réservant pour deux nuits, la troisième vous est offerte (jusqu’en février 2016). A partir de 378 euros pour une chambre double.

Air France : un clin d’œil au Concorde Air France lance une nouvelle cabine business. Chaque fauteuil se transforme en lit parfaitement horizontal, offre un accès direct à l’allée et dispose d’un écran tactile 16 pouces haute définition. Sans oublier un coffre individuel pour vos objets du quotidien et pour le casque audio Bose réducteur de bruits. Un sommeil paisible est assuré par un oreiller XXL et une couette bicolore moelleuse, faits sur mesure pour le lit de près de 2 mètres de long. Sur le plan culinaire, Air France poursuit sa collaboration avec de grands chefs étoilés tels que Michel Roth, Joël Robuchon et Guy Martin, pour des menus à la carte aussi raffinés qu’inventifs ou pour leurs créations habituelles toujours proposées à bord.

 www.singita.com réservations sur www.thikatravel.be

A FRIQUE DU SUD

Sabi Sands, pour les bons vivants En Afrique du Sud, le légendaire Singita Ebony Lodge a récemment rouvert ses portes après une rénovation de plusieurs mois. Depuis plus de 22 ans, cet établissement de luxe accueille les amateurs de safaris mémorables. L’Ebony propose 12 suites avec vue sur la Sands River, chacune étant dotée de son propre plungepool. Les matières naturelles dominent et le verre est encore plus présent, pour une vue en prise directe avec la nature et une expérience safari inoubliable. Pour rencontrer des hôtes venus vivre cette même expérience, rendez-vous au lounge, qui offre une vue à 360° sur les 182.000 hectares de vie sauvage du Singita Lodge. Prix sur demande.

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culture L E S C O N S E I L S D E M A R C H O LT H O F, J O U R N A L I S T E C U LT U R E L

 www.grandpalais.fr

ELISA BETH V IGEE-LE BRUN

Portraitiste de l’élégance A Paris, le Grand Palais organise cet automne une importante rétrospective de l’œuvre d’Elisabeth Vigée-Le Brun (1755-1842), la plus grande femme peintre du XVIIIe siècle. Peintre de talent, ses élégants portraits faisaient fureur à la cour de Versailles. Elle a même été la portraitiste officielle de la Reine Marie-Antoinette, avant de voir sa carrière brisée par la Révolution française. En exil, elle ne connut jamais plus le même succès ni la même renommée.

PATTI SMITH

‘Horses’, quarante ans et pas une ride Du 27 octobre au 27 novembre prochains, Patti Smith et ses musiciens retrouveront les planches de l’Ancienne Belgique pour y célébrer le 40ème anniversaire de l’album Horses. Sorti en 1975, cet album novateur annonçait déjà les mouvements punk et new wave. La photo ornant la pochette – un portrait noir et blanc réalisé par le photographe Robert Mapplethorpe, encore inconnu à l’époque – a toujours valeur d’icône aujourd’hui. Quarante ans après, Patti Smith reprend sur scène avec son groupe (presque identique) l’intégralité de cet album qui n’a pas pris une ride.

 www.abconcerts.be

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LOISIRS

 www.liege.be/culture

L A BOV ERIE

Un musée d’art moderne à Liège Depuis 2013, le chantier de l’ancien MAMAC (Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain) tient les Liégeois en haleine. Après rénovation, on ne parlera plus du MAMAC, mais du musée du parc de la Boverie ou tout simplement de la Boverie. L’inauguration est prévue pour mars 2016. La programmation et la présentation des œuvres se feront en collaboration avec le Musée du Louvre. L’exposition annoncée pour l’ouverture est intitulée En plein air.

LA PLUS GRANDE EXPOSITION JAMAIS CONSACREE A JEROME BOSCH

Visions d’un génie Aux Pays-Bas, le Noord-Brabants Museum de ’s-Hertogenbosch présente, du 13 février au 8 mai 2016, l’exposition Jérôme Bosch Visions d’un génie. Ce sera la plus importante rétrospective jamais consacrée à l’œuvre de ce peintre visionnaire (ca. 1450 -1516). Une occasion unique pour les habitants de sa ville natale d’admirer autant d’œuvres du ‘peintre du diable’.

ISTA NBUL–A N V ERS

Deux ports, deux villes Dans le cadre du festival Europalia consacré à la Turquie, qui déferle dès cet automne sur la Belgique avec toute une série d’expositions et de spectacles, l’expo Istanbul-Anvers. Deux ports. Deux villes sera visible au musée MAS d’Anvers jusqu’au 24 janvier 2016. Une dizaine d’artistes contemporains mettront l’accent sur le rôle décisif joué par l’eau dans le développement d’Istanbul à travers les siècles jusqu’à ce jour, en soulignant certaines similitudes avec Anvers.

 www.mas.be – www.europalia.eu

 www.hetnoordbrabantsmuseum.nl

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OPINION

DA N N Y X DX E XRXAY X XM A E K E R

FAIRE DES CHOIX Les banques font des choix, c’est ce que confiait, en début d’année, Michel Vermaerke, CEO de Febelfin (la fédération belge du secteur financier), à l’hebdomadaire Trends-Tendances. Après la crise, la vraie question à se poser pour le secteur est plutôt : quels modèles bancaires vont survivre ? Le monde a bien changé pour les banques, ce qui n’est pas seulement dû aux vagues de nouvelles taxes et à des règles encore plus sévères. Compte tenu des taux d’intérêt très bas et d’une courbe des taux plane, il est plus difficile de transformer les dépôts en crédits en dégageant des bénéfices. De plus, la plupart des banques sont confrontées à un réseau d’agences très coûteux. La principale victime semble bien être la banque classique, qui propose tous les services. Si les résultats d’une banque dépendent surtout de la marge d’intérêt, celle-ci se retrouve en piètre posture. Elle est étranglée par les frais et son modèle de recettes est anéanti. C’est un gros problème pour la plupart des petites banques universelles, mais aussi pour certains gros acteurs. Effectivement, les banques font des choix, même s’ils ne sont pas toujours très réalistes. Une banque de dépôt moyenne tentera, par exemple, de se pro-

une approche patrimoniale partant d’un plan financier sur mesure, approfondi, et qui englobe les meilleurs produits présents sur le marché. Pour le reste, nous avons jeté du lest. Nous ne proposons plus ni comptes d’épargne ni crédits.

« NOUS AVONS DECIDE DE NOUS CONCENTRER EXCLUSIVEMENT SUR CE QUE NOUS FAISONS LE MIEUX DEPUIS DES ANNEES. » DANNY DE RAYMAEKER CHIEF EXECUTIVE OFFICER D’OPTIMA BANQUE

filer comme gestionnaire de fortune expérimenté, ce qui est peu crédible, mais entraîne également de nouveaux risques, tant pour la banque que pour ses clients. Nous avons donc décidé de nous concentrer exclusivement sur ce que nous faisons le mieux depuis des années, à savoir

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Nous ne développons pas de produits de placement et si nous limitons notre offre, c’est à dessein. La sélection des fournisseurs s’opère sur base de l’historique et de ratings objectifs. Nous accordons la préférence à des produits de gestion active, susceptibles de réagir rapidement aux mouvements des marchés financiers. Nous n’avons pas de ‘fonds du mois’, car nous tenons à ce que les portefeuilles de nos clients soient simples et faciles à embrasser d’un coup d’œil. Nous sommes proches de nos clients. Nous allons les voir chez eux, lorsque cela leur convient – pendant ou en dehors des heures de bureau. Nous ne possédons pas un coûteux réseau de bureaux, nous nous contentons de quelques points de rencontre, où le client a tout loisir de parler de son patrimoine avec une équipe d’experts, et ce, dans la plus grande discrétion. Nous avons fait des choix clairs. Nous som­mes partisans de la simplicité et de la trans­parence dans un monde très compliqué. Car c’est de cela dont nos clients ont besoin, nous en sommes convaincus.


Le projet Fenix : la ville à portée de main Entre de nombreuses avenues larges et vertes, se trouve le projet de logement flambant neuf « Fenix ». Située en plein coeur d’Evere, cette résidence comprend 208 appartements modernes, 2 espaces de bureaux et 2 espaces commerciaux. L’architecture élégante, le haut niveau de finition, l’utilisation de matériaux de qualité et la faible consommation d’énergie font du projet Fenix un investissement unique et durable. Le projet est situé Boulevard Léopold III, la voie d’accès reliant l’aéroport national au centre de Bruxelles, et à proximité de différents arrêts de bus et de tram et de la gare. Le nouveau bâtiment de l’OTAN n’est qu’à un jet de pierre. Des commerces et des supermarchés sont installés à proximité et un charmant petit parc se trouve de l’autre côté du bâtiment. Bref, vous disposez de tout ce qu’il faut pour vivre en harmonie et en tout confort.

Découvrez le projet sur www.optimaglobalestate.be


Même si vous avez les moyens de vous offrir le plus grand cru de Champagne, ce n’est pas un gage de bonheur.

Planifiez votre bonheur financier Avez-vous déjà réfléchi à votre avenir financier ? Mieux vaut tard que jamais ! Nos experts vous aident à mettre sur pied un plan financier équilibré qui tient compte de vos revenus, votre patrimoine, votre pension et votre succession. Prenez rendez-vous sans tarder avec votre expert Optima via www.optima.be.

Ne demandez pas des conseils, mais exigez un plan.


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