Capital n°24 fr

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REPORTAGE AUTO

Bentley Continental GT DES BELGES QUI ONT UN PLAN

Sihame El Kaouakibi. Let's Go Urban DEBAT

Ne pas confondre tax shift et impôt sur la fortune DOSSIER

Capital24

Nouveau gouvernement : bénédiction ou malédiction ?

ANNEE VII JI

magazine optima

MARS 2015

Paul DUJARDIN

– Manager culturel de l’année 2015 –

« LES ARTISTES RENDENT LE MONDE INTELLIGIBLE. »


© Photo : Thomas De Bruyne

Purisme. Sensualité. Intelligence. Pour en savoir plus sur la fascination qu’exerce la cuisine bulthaup, contactez votre revendeur bulthaup ou rendez-vous sur www.fr.bulthaup.be

Anvers Bruges Bruxelles Gand Gosselies Hasselt Courtrai Louvain Liège Sint-Denijs-Westrem Uccle Woluwe


AVA N T- P R O P O S

Capital24 facteurs justifiant ce choix stratégique. Un nouveau Comité de Direction, piloté de main de maître par Danny De Raymaeker, prend les commandes sur le plan opérationnel afin de mener ces changements à bien. L’élaboration d’un plan comme fondement du déploiement de notre approche à 360° demeure absolument unique. Des personnes compétentes à tous les niveaux délivrent aux clients conseils et assistance. Notre ambition est, en effet, de maintenir et même de consolider le rôle de premier plan que nous jouons sur le marché de la planification financière.

Un plan stable dans une époque instable Le monde qui nous entoure évolue avec une rapidité fulgurante. Aujourd’hui, le numérique est devenu la norme : tout doit être plus rapide, plus efficace et plus tranchant, hors ligne et surtout en ligne. Les entreprises, même celles dont la réputation n’est plus à faire, voient leur survie menacée par de nouveaux challengers qui – c’est un euphémisme – ne se préoccupent guère des règlementations existantes. « Qui n’avance pas recule » est un adage bien connu.

Et pourtant, marquer un temps de pause est absolument néces- Assumer un tel rôle dans le monde financier qui se dessine n’est saire. S’attarder sur vos objectifs et vos souhaits à long terme. pas évident. La politique stricte des organes de supervision, Réfléchir à vos besoins financiers et à ce qui vous rend vérita- l’abondance de rapports à établir et les exigences extrêmes en blement heureux. Vous ne pourrez rien changer au monde qui matière d’information et de protection des consommateurs se vous entoure, mais vous avez réellement prise sur l’orientation traduisent pas des contraintes administratives qui, de temps à à donner à votre situation financière. Réalisez un plan – votre autre, se révèlent incompatibles avec un service rapide aux plan – et tenez-vous en aux objectifs fixés, quoi qu’il advienne. clients. Notre objectif demeure la recherche d’un bon équilibre entre l’information, la protection et l’effiCeci vous apportera à la fois la tranquilcacité, dans le respect de l’ensemble des lité d’esprit et l’assurance que votre situarèglementations. tion personnelle est sous contrôle, indé« L’ E L A B O R A T I O N D ’ U N pendamment de tout évènement nouveau PL A N COM ME BA SE Il est évident que nous suivons tous les sur l’échiquier politique ou macro-éconoDE NOT R E A PPROCH E développements de près. Quel pourrait mique. Optima peut vous aider dans l’élaA 360° EST A BSOLU MENT être le résultat du fameux « tax shift » ? boration et la réalisation d’un tel plan. U NIQU E.» Qui seront les gagnants et les perdants ? Le débat présenté dans ces pages livre Un plan, Optima en a un aussi. 2015 est déjà des orientations à ce sujet. Il paraît l’année durant laquelle nous avons choisi clair que les interventions structurelles la planification financière comme cœur SINCERES SALUTATIONS, qui seront prises ces cinq prochaines de métier. Ceci implique la suppression JEROEN PIQUEUR PRESIDENT DU CONSEIL années auront un impact significatif sur progressive des activités bancaires D’ADMINISTRATION votre situation financière personnelle. reprises au bilan (crédits et dépôts). La D’OPTIMA BANQUE Vous en saurez plus en parcourant ce hausse des taxes bancaires et la faiblesse nouveau numéro de Capital. de la marge d’intérêt sont les principaux

L’ACTUALITE EN QUELQUES CHIFFRES

185

8 %

10 %

En 2014, Optima a été l’invité de 185 associations et organismes professionnels, clubs d’entreprises et sociétés. Vous souhaitez organiser un évènement sur mesure ? Rendez-vous à la page 47 pour plus de détails.

Le gouvernement ramène de 10% à 8% la taxation du capital constitué dans le cadre d’une épargne-pension. Plus d’informations en page 38.

Lors de la constitution d’une réserve de liquidation, un impôt de 10% est dû sur le montant mis en réserve. Tout savoir sur le sujet en page 34.

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SOMMAIRE

ANNEE VII JULI 2012 MARS 2015

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20

13–19.

20–24.

D’UNE IMPORTANCE CAPITALE

VOYAGES

3 professionnels à propos de leur passion. Le commissaire-priseur Carlo Bonte, la soprano Jodie Devos et la start-up neoScores.

Partager la vie des chasseurs d’aigles en Mongolie.

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48

52

42–46.

48–51.

52–56.

BENTLEY CONTINENTAL GT

DES BELGES QUI ONT UN PLAN

UN CLIENT RACONTE

Le rêve californien.

Sihame El Kaouakibi. Let’s Go Urban.

Jan Vanhees et Lut Vivijs, montagnards de cœur.

Cette publication a été composée par Optima Banque SA, dont le siège social est sis Keizer Karelstraat 75 à 9000 Gand. Bien qu’Optima Banque SA ait pris toutes les mesures raisonnables pour veiller à ce que l’information contenue dans cette publication soit correcte, claire et non trompeuse, Optima Banque SA ainsi que les sociétés, administrateurs ou travailleurs liés à elle déclinent toute responsabilité pour tout dommage, direct ou indirect, qui résulterait de l’utilisation de ce document ou d’une décision prise sur la base de ce document. Ce document ne contient pas de conseils de placement ni d’offres ou de sollicitations d’achat ou de vente d’un produit, service ou conseil financier, quel qu’il soit. Toute communication concernant l’actualité financière et fiscale au sens large est temporelle et peut donc être sujette à modifications sans aucune notification. Les données concernant des rendements réalisés dans le passé, les simulations et pronostics ne constituent en aucun cas une garantie ou un indicateur pour les résultats futurs.

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SOMMAIRE

Capital24 A U S S I DA N S CE N U M ERO 

04–06. NICE TO KNOW, NICE TO HAVE Sous le charme du Marsala.

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8–12.

26–31.

DEBAT

IL FAIT PARLER DE LUI

Tax shift n’est pas synonyme d’impôt sur la fortune.

07. MON PLAN

Mathieu Kelchtermans.

Paul Dujardin, manager culturel de l'année 2015.

47. EVENEMENTS

Des thèmes financiers et fiscaux mis en lumière.

64. OPINION

Tomas Van Den Spiegel. Une partie de roulette russe.

COLOPHON EDITEUR RESPONSABLE : Danny De Raymaeker, Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. REDACTEUR EN CHEF : Lara Van Ginderdeuren, Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. CONCEPTION ET MISE EN PAGE: Karakters, Gand. REDACTION FINALE NL : Kiki Feremans. REDACTION FINALE FR : Business Writers. ADRESSE DE LA REDACTION : Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. ONT COLLABORE A CE NUMERO : Dieter Bossuyt, Luk Coupé, Charlotte Debaets, Frieda Deceunynck, Isabelle Dewilde, Iris De Feijter, Benny De Grove, Lies De Mol, Charlotte De Schuyter, David De Vleeschauwer, Evelien De Vriese, Valérie Du Pré, Artur Eranosian, Tom Goossens, Peter Goossens, Marc Holthof, Sven Hubrecht, Bart Lenaerts, Debbie Pappyn, Koen Petit, Lieven Van Assche, Pieter Segaert, Thomas Sweertvaegher, Tomas Van den Spiegel, Isabel Van Meirhaeghe, Natalie Vanderstappen, Thomas Vanhaute, Liesje Vanneste, Jo Viaene, Bert Voet.

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32–41. DOSSIER

Nouveau gouvernement : une bénédiction ou une malédiction pour votre plan financier ?

COPYRIGHTS : Tous droits réservés. Aucun extrait de ce magazine ne peut être repris ni reproduit d’une quelconque manière sans l’autorisation expresse du rédacteur en chef et de l’éditeur respon­sable. COUVERTURE  : Paul Dujardin par Thomas Sweertvaegher. Indien U in de toekomst liever de Nederlandse editie ontvangt, gelieve zich te wenden tot info@optima.be

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LIFEST YLE

N I C E T O K N O W, N I C E T O H AV E

Sous le charme du MARSALA Impossible de ne pas le remarquer : la couleur phare de l’année 2015 est le Marsala – du nom d’un délicieux vin sicilien. Mais ce rouge-marron ne se trouve pas seulement dans votre verre. Si cette couleur fait merveille dans votre intérieur, elle se marie tout aussi bien avec les teintes noires, grises et beiges de votre garde-robe. Alors, tous et toutes sous le charme du Marsala ? Faites le test avec notre sélection. TEXTE VALERIE DU PRE

Etonnants et subtils : ce sont les carreaux Edgy de van Kaza Concrete. La collection comprend deux types de carreaux modulaires en béton, proposés en différents coloris. Le premier modèle présente une surface lisse, la structure du second est asymétrique et tridimensionnelle. Pour une décoration personnalisée de vos murs, entièrement ou en partie, à l’intérieur comme à l’extérieur.

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MI CASA

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CATWOMAN

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Le stylo Catwoman de Montegrappa, c’est un objet qui sort ses griffes ! Avec des détails en métal noble et présenté dans un luxueux écrin, pour les adeptes des héros de BD… et les amateurs de jolies femmes !

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GHOST SERIES II La Rolls-Royce Ghost Series II combine les dernières innovations techniques avec un design personnalisé à l’extrême, ce qui garantit au conducteur comme à ses passagers des moments inoubliables. A peine lancé, ce modèle connaît un joli succès. Le symbole d’un sommet du luxe et d’une dynamique accrue dans l’univers automobile.

UN LUSTRE JAZZY E T TA L A M P www.delightfull.eu

La légende du jazz Etta Jones a donné son nom à cet élégant lustre de fabrication artisanale. Une très belle pièce, constituée de 20 lames en laiton où vient se briser la lumière, ce qui donne une ambiance particulièrement chaleureuse à une pièce. Il est même possible de commander un modèle exclusif, réalisé sur mesure.

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PA N T O N E K E Y B O A R D www.brightkeyapp.com

TRENDY TOUCH

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LIFEST YLE

UNE CUISINE COLOREE Cela fait 25 ans que Massimo Bottura a ouvert, à Modène, l’Osteria Francescana, un restaurant aujourd’hui connu des foodies du monde entier. Le chef étoilé s’ouvre à de nouveaux univers culinaires et repense les plats traditionnels. Ce livre de cuisine, qui reprend ses recettes, ses techniques et ses sources d’inspiration, se veut un hommage au Maître qui a fait de la cuisine tout un art.

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N E V E R T R U S T A S K I N N Y I TA L I A N C H E F www.phaidon.com

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MONKEY 47 SLOE GIN Dans les boutiques spécialisées

UN SINGE ROUGE Monkey 47, c’est un ‘Schwarzwald Dry Gin’, dégusté et approuvé pour son goût, qui intrigue, et son esthétique, tout simplement sublime. Encore plus exclusif depuis que ce singe (le fameux Monkey) a un petit frère : le Monkey 47 Sloe Gin. Un gin non filtré, doux-amer, d’un rouge profond, couleur qu’il doit aux prunelles sauvages de la Forêt Noire. Fabriqué en quantités limitées, il s’agit là d’un gin auquel on tient comme à la prunelle de ses yeux.

UNE COULEUR QUI NE DONNE PAS MAL A LA TETE LE CHA PE AU ILLONA www.essentiel.be

MARSALA X VITRA Le concept du Soft Pad Chair de Charles & Ray Eames date de 1969. Aujourd’hui encore, son confort d’assise exceptionnel en fait l’un des sièges favoris dans de nombreux bureaux et espaces publics, mais aussi chez des particuliers. A présent, ces sièges sont également proposés avec un luxueux revêtement en cuir Premium, dans une gamme de couleurs étendues, notamment des teintes rouge-brun particulièrement chaudes. Ou comment un grand classique peut être tout à fait tendance… S O F T PA D C H A I R www.vitra.com

Soft Pad Chair, Charles & Ray Eames, © Vitra

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Le chapeau était déjà très à la mode en 2014, mais la tendance n’est pas prêt de disparaître. Chez Essentiel, nous avons repéré cette mer­veille dans la nouvelle collection Prin­ temps/­ Eté. Pour toutes celles qui ont un style bien à elles et qui osent, que le temps soit au beau fixe ou à l’orage.

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MON PL AN

M AT H I E U K E L C H T E R M A NS

«  LESIONS CEREBRALES ACQUISES : UNE EPIDEMIE SOURNOISE  » IL S’AGIT DU PLUS GRAND GROUPE DE MALADES CHRONIQUES ET DE LA TROISIEME CAUSE DE MORTALITE, DERRIERE LES MALADIES CARDIOVASCULAIRES ET LES CANCERS. ET POURTANT, LES LESIONS CEREBRALES ACQUISES (LCA) NE RETIENNENT PAS VRAIMENT L’ATTENTION. LE DOCTEUR MATHIEU KELCHTERMANS TENTE D’Y REMEDIER AVEC SON ASBL VLAAMSE LIGA NAH. TEXTE IRIS DE FEIJTER

01.

QUE DESIGNENT EXACTEMENT LES LESIONS CEREBRALES ACQUISES (LCA) ? « Cette dénomination permet d’opérer la distinction avec les lésions cérébrales congénitales, dont les handicaps mentaux. Parmi les principales causes de LCA, on dénombre les accidents, les intoxications au monoxyde de car­bone, les hémorragies cérébrales et les tumeurs. Cependant, des maladies telles que la sclérose en plaques, la maladie de Par­k inson et la démence relèvent également des LCA. »

02.

sur la vie des patients et de leurs proches ! D’un jour à l’autre, la personne doit cesser sa vie active et se retrouve malade chronique pour le restant de ses jours… Il est assez fréquent d’observer dans ce type de situation des problèmes d’ordre relationnel et financier, de même qu’une grande solitude. »

QUEL EST LE TABLEAU CLINIQUE DES LCA ? « Il est extrêmement large : c’est comme si le ‘hardware’ de la personne était endommagé, entraînant le dysfonctionnement de plusieurs fonctions et donc souvent des handicaps multiples. Les patients se retrouvent alors en fauteuil roulant, leur capacité de mémoire et leurs sens présentent des défaillances, leur comportement change... De plus, la plupart de ces troubles sont persistants. Imaginez l’impact énorme des LCA

03.

VOUS AVEZ CREE LA LIGUE FLAMANDE DES LCA IL Y A UNE DOUZAINE D’ANNEES. QUE FAITES-VOUS PRECISEMENT ? « Etant une organisation représentative des utilisateurs, nous informons surtout les nombreux

« D’UN JOUR A L’AUTRE, VOTRE VIE ACTIVE EST TERMINEE ET VOUS DEVENEZ UN MALADE CHRONIQUE JUSQU’A LA FIN DE VOS JOURS. »

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patients. Nous appuyons la recherche scientifique dans la quête de moyens et de remèdes. Parallèlement, notre juriste seconde les patients face aux assurances en cas d’accident de travail ou de la circulation. Enfin, nous organisons des journées de rencontre afin de soulager les patients isolés. Pour toutes ces activités, je recherche des fonds auprès des pouvoirs publics, des entreprises et des particuliers. »

04.

QUELS SONT LES AUTRES CHAMPS D’ACTION DE VOTRE ASSOCIATION ? « La Belgique compte 20.000 personnes souffrant de LCA parmi les 18 à 65 ans : il s’agit du plus grand groupe de malades chroniques. Malgré cela, les LCA ne sont pas bien connues. C’est pourquoi nous essayons de sensibiliser les pouvoirs publics et l’opinion aux problèmes poignants de ce groupe, qui grossit d’année en année. On peut à juste titre parler d’épidémie sournoise. »


D E B AT

TA X SH I F T

TAX SHIFT N’EST PAS SYNONYME D’IMPOT SUR LA FORTUNE Des interventions fiscales créatives peuvent-elles nous aider à sortir de la crise ? Koen Schoors, professeur d’économie à l’Université de Gand (UGent), Paul Huybrechts, président de la Fédération flamande des Investisseurs (VFB), et Jo Viaene, membre du Comité de Direction d’Optima, débattent des aspects positifs et négatifs du fameux « tax shift » et dessinent les contours d’une fiscalité équitable et efficace. TEXTE FRIEDA DECEUNYNCK | PHOTOS BENNY DE GROVE

Dans les débats autour d’une fiscalité équitable, « tax shift » est le nouveau mot de code. Mais un tel principe permettrait-il aussi de sortir de la crise ? KOEN SCHOORS : « Si nous évoquons effectivement un glissement de l’imposition – où les impôts sur le travail sont réduits et reportés sur la consommation, l’environnement ou le patrimoine –, la démarche a du sens. L’effet retour d’un tel glissement a déjà été prouvé par plusieurs études et, récemment encore, dans une étude réalisée tout spécialement pour la Belgique par le FMI et l’OCDE. Trop souvent, on réduit le tax shift à la simple introduction d’un impôt sur la fortune. Cette vision est incomplète car la consommation et l’environnement sont également concernés. Si on se penche sur les chiffres, on peut voir que les impôts

sur la consommation offrent la plus grande latitude lorsqu’il s’agit de procéder à un glissement fiscal. Suivent les écotaxes et, en troisième lieu, la taxation des fortunes. »

portant sur le patrimoine et les investissements est un ramassis de mesures fiscales et d’exception. Il est grand temps de mettre de l’ordre dans tout ça et de repenser le système de fond en comble. »

JO VIAENE : « Je suis tout à fait d’accord.

C’est surtout du côté de la consommation qu’il reste une grande marge de manœuvre. Les exceptions par rapport au taux normal de TVA de 21% ne se comptent plus. Si on se penche sur les taxations patrimoniales, il faut mettre l’accent sur un tax shift interne, c’est-à-dire procéder à des glissements au sein du groupe des impôts sur la fortune. Aujourd’hui déjà, nos droits d’enregistrement figurent parmi les plus élevés du monde. Si on y ajoute encore de nouveaux impôts sur la fortune, le tax shift risque vite de se transformer en « tax lift ». D’autre part, chez nous, la fiscalité

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UN IMPOT SUR LE RENDEMENT DU CAPITAL Est-il exact que la Fédération flamande des Clubs d’Investissement et des Investisseurs (VFB) a lancé récemment une proposition de réforme en profondeur de la fiscalité des revenus du capital ? PAUL HUYBRECHTS : « Nous avons essayé d’adopter une attitude constructive dans nos contacts avec le monde politique. La VFB n’a pas fait de propositions formelles et publiques, mais une variante du système


néerlandais pourrait, sous certaines conditions très strictes, présenter des avantages par rapport au ramassis fiscal qui existe chez nous aujourd’hui. Et, mieux encore qu’un impôt sur la fortune, il faudrait envisager une taxe sur la spéculation ou un impôt sur la plus-value. » Qu’entendez-vous par « ramassis fiscal » ? P. HUYBRECHTS : « Dans notre pays, les investisseurs ploient sous toute une série de mesures décourageantes et d’impôts discriminatoires, tels que la taxe boursière prélevée sur les fonds de capitalisation, le très complexe impôt sur la plusvalue pour les fonds obligataires et la

taxe boursière, récemment relevée, sur les transactions sur actions et obligations. D’autre part, nombre de formes d’investissement offrent toujours des possibilités d’échapper à la pression fiscale, telles que les investissements structurés, les obligations à coupon nul, les instruments liés aux branches 21 et 23, et ainsi de suite. En échange de la suppression de tous ces règlements spéciaux, nous avons suggéré de réfléchir à une taxation sur le rendement du capital, qui rapporterait d’ailleurs un peu plus que la pléthore de taxes appliquées aujourd’hui. Nous éviterions ainsi tout impôt sur la spéculation et sur la plus-value. Par

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ailleurs, une telle approche rendrait caduque l’idée de cadastre des patrimoines mobiliers puisque l’impôt sur le rendement du capital auquel nous pensons serait retenu par les banques. » Qu’entendez-vous par un impôt sur le rendement du capital ? P. HUYBRECHTS : « Comme son nom l’indique, il s’agit d’une taxation du rendement d’un patrimoine. Nous en ferions le calcul fictif sur la base des taux OLO bruts à 10 ans1 sur les cinq dernières années. Pour 2015, ce rendement fictif s’élèverait OLO : obligation linéaire.

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D E B AT

J. VIAENE : « Dans cette proposition, que

recouvre la notion de « patrimoine» ? » P. HUYBRECHTS : « Outre toutes les formes de comptes d’épargne et de comptestitres, la valeur actuelle des contrats d’assurance est ajoutée à la base imposable. Les biens immobiliers, par contre, sont exclus de cette notion. Nous excluons également les participations que des particuliers détiennent dans toute une série de sociétés non cotées par le biais desquelles ils déploient leurs activités. Ce système déboucherait pour l’Etat sur une légère hausse de l’impôt sur les revenus mobiliers. »

PAUL HUYBRECHTS (VFB) :

« L’ECHANGE INTERNATIONAL DES DONNEES BANCAIRES ET DES SOLDES EN COMPTE DEVIENDRA LA NORME AU COURS DES PROCHAINES ANNEES, NON SEULEMENT EN EUROPE MAIS AUSSI DANS TOUS LES AUTRES PAYS DE L’OCDE. »

à 3%. Sur ce rendement fictif, un impôt à la source de 25% serait retenu par les institutions financières auprès desquelles le patrimoine est déposé. Après déduction du précompte mobilier retenu sur les intérêts et dividendes, bien entendu. Mais nous maintiendrions ce précompte, tout comme l’exonération restreinte dont font l’objet les carnets d’épargne. Pour tous ceux qui paient déjà assez de précompte mobilier, il n’y a alors aucune imposition supplémentaire du rendement. Et ce, en échange de la suppression de toute une série de taxes existantes. »

J. VIAENE : « Est-il bien correct de taxer aussi la valeur actuelle des contrats d’assurance comme s’il s’agissait d’investissements ordinaires ? Les contrats conçus comme de véritables polices d’assurance et qui offrent une couverture des risques ne sont pas des placements purs et simples. Par ailleurs, les placements d’assurance sont déjà soumis à la taxe d’assurance. Il ne serait pas très honnête de modifier les règles en cours de jeu. Une assurance patrimoniale n’est en rien comparable à un fonds. » P. HUYBRECHTS : « C’est un point qui peut encore être discuté, tant que la base de notre proposition est maintenue, à savoir l’instauration d’un impôt global sur le rendement du capital retenu par les institutions financières. Il me paraît logique que l’Etat rétribue ces dernières pour cette retenue à la source. Sans quoi, le travail devrait être fait par des fonctionnaires. Et ça, ça coûte aussi de l’argent. La retenue à la base via des institutions financières présente l’avantage qu’aucun cadastre patrimonial n’est plus nécessaire. Et le respect de la vie privée financière est alors assuré. »

préférable de faire comme aux Pays-Bas, à savoir attribuer chaque année une valeur fiscale au bien immobilier et imposer ces montants avec le reste ? En échange, on pourrait réduire les droits d’enregistrement à l’achat et à la vente, voire même les supprimer tout à fait. Dans un tel scénario, la notion dépassée de revenu cadastral et celle de précompte mobilier pourraient également disparaître. Une telle réforme ne doit pas nécessairement déboucher sur une augmentation de la pression fiscale, mais sur une répartition équitable de celle-ci. » J. VIAENE : « Comment voyez-vous cela

exactement ? Dans ce scénario, les revenus immobiliers doivent-ils être imposés avec les revenus des avoirs mobiliers ou avec les revenus professionnels du détenteur ? » K. SCHOORS : « A terme – je parle là d’une période d’au moins 20 ans –, il faudrait aboutir à un seul revenu imposable globalement. Il comprendrait aussi bien les revenus du travail que les revenus des investissements et des biens immobiliers, qui seraient tous taxés au même tarif. A court terme, cette approche n’est pas réalisable. Aujourd’hui, la taxation des revenus du travail est bien plus lourde que celle des revenus du patrimoine. C’est le résultat d’une évolution historique, mais elle n’est pas justifiable. Pourquoi une personne qui gagne 4.000 euros par mois à la sueur de son front devrait-elle payer plus d’impôts qu’une autre qui touche 4.000 euros en louant des maisons ? »

UNE REFORME DE LA FISCALITE IMMOBILIERE

J. VIAENE : « Parce que le patrimoine est généré par le travail. Le patrimoine constitué a déjà été taxé auparavant via l’impôt sur les revenus, au moment où il a été obtenu sous la forme d’un revenu du travail. Souvent, d’ailleurs, ce patrimoine a été transmis d’une génération à l’autre moyennant le paiement de droits de succession. »

K. SCHOORS : « Ce qui me frappe dans

K. SCHOORS : « Sur le plan économique, ce

cette proposition, c’est l’exclusion du patrimoine immobilier. Ne serait-il pas

raisonnement ne tient pas la route. Il n’est pas vrai que le capital est la conséquence

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D E B AT

du travail. On pourrait tout aussi bien voir les choses dans l’autre sens. Le capital contribue à la formation du travail qualifié, par exemple via les écoles et les universités. Dans notre système capitaliste, toute production est réalisée par la conjonction du travail et du capital. Nous avons autant besoin de l’un que de l’autre. Il n’y a, dès lors, aucune raison d’imposer plus lourdement le travail que le capital. La seule raison pour laquelle c’est le cas aujourd’hui, c’est que le capital est plus mobile et que dans le passé, il pouvait s’évader plus facilement. Mais il aura de plus en plus de mal à le faire. Il suffit pour s’en convaincre de penser aux LuxLeaks et autres SwissLeaks. Les personnes qui veulent déménager leur capital devront de plus en plus souvent envisager un déménagement physique. » P. HUYBRECHTS : « C’est exact, la ten-

dance vers une plus grande transparence est inévitable. Via le développement de normes d’information financière communes, l’échange international des données bancaires et des soldes en compte deviendra la norme au cours des prochaines années, non seulement en Europe mais aussi dans tous les autres pays de l’OCDE. Notre proposition d’instauration d’un impôt sur le rendement du capital anticipe déjà cette évolution. »

DES IMPOTS REDISTRIBUTIFS Les partisans du tax shift soulignent aussi les effets redistributifs d’un déplacement de la pression fiscale du travail vers le capital. L’inégalité patrimoniale constitue-t-elle un problème dans notre pays ? P. HUYBRECHTS : « Comme l’économiste Thomas Piketty l’a souligné très justement, l’inégalité patrimoniale a très nettement augmenté dans le monde au cours des derniers siècles. Sur ce plan, notre pays ne figure pas parmi les plus mauvais élèves. Une étude récente du Crédit Suisse a révélé qu’avec le Japon, la Belgique est l’un des pays les plus égalitaires au monde sur le plan patrimonial. »

J. VIAENE : « En effet, la Belgique figure

parmi les pays où la redistribution est la plus poussée. A cet égard, notre système fiscal est très efficace. L’inégalité patrimoniale est beaucoup moins criante chez nous que dans le monde anglo-saxon. » P. HUYBRECHTS : « Je constate, par ail-

leurs, que les partisans d’une plus grande redistribution fiscale ne tiennent généralement pas compte de la répartition inégale des créances de pensions. Pour les fonctionnaires, la valeur actuelle de la pension future représente un joli patrimoine. Si on porte cet aspect en compte également, l’inégalité patrimoniale apparaît sensiblement moins grande. Aux Pays-Bas, par exemple, 26% du patrimoine sont concentrés entre les mains d’un pour cent de la population. Si on y ajoute les créances de pension, ce pourcentage tombe aussitôt à 16,5%. » K. SCHOORS : « C’est exact, mais même si

on additionne les créances de pension au patrimoine, on ne peut nier qu’au niveau mondial, l’inégalité ne fait que se creuser. Il est important de rester vigilant. La précédente vague d’inégalité croissante entre groupes sociaux a donné naissance au marxisme… Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille relever les taux d’imposition. L’inégalité financière est souvent la conséquence d’un traitement inégal des revenus et de la richesse. Ceux qui ont les meilleurs conseillers paient le moins d’impôts. Les initiatives qui sont prises au niveau international pour rompre le secret bancaire peuvent contribuer à changer les choses. Et la lutte que mène la Commission européenne contre des géants comme Google s’inscrit également dans cette perspective. La création d’une base d’imposition européenne commune pour l’impôt des sociétés est un pas dans la bonne direction. Il vaut mieux avoir un impôt des sociétés faible, dont tout le monde s’acquitte, que des tarifs élevés qui varient d’un pays à l’autre et ne sont payés que par de petites entreprises qui ne peuvent pas s’offrir les services de conseillers coûteux. »

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UN IMPOT UNIQUE SUR LE CAPITAL OU UN EURO 2.0 ? Et maintenant, la question-clé : les glissements fiscaux proposés et la création d’une base d’imposition commune peuvent-ils suffire à maîtriser l’endettement européen ? Faudrat-il livrer des efforts complémentaires ? Le FMI a suggéré récemment qu’un impôt unique de 10% sur tous les patrimoines mobiliers pourrait être une solution. Les dettes des Etats européens pourraient ainsi être ramenées d’un seul coup à leur niveau d’avant la crise financière. Serait-ce une bonne idée ?

JO VIAENE (OPTIMA) :

« L’INEGALITE PATRIMONIALE EST BEAUCOUP MOINS CRIANTE CHEZ NOUS QUE DANS LE MONDE ANGLO-SAXON. »


D E B AT

d’Etat, cette piste est envisageable, même s’il s’agit d’une idée radicale. A terme, du fait du rachat de ces emprunts d’Etat, ce sont quelque 2.000 à 3.000 milliards d’euros de dette publique qui se retrouveront dans les oubliettes de la BCE. Que se passerait-il si la BCE franchissait une étape supplémentaire et procédait à la remise pure et simple de cette dette à l’égard des autorités nationales ? De cette manière, de grandes quantités de dettes publiques seraient effacées d’un coup de gomme et nous pourrions repartir sur de nouvelles bases. Avec un euro 2.0, en quelque sorte. Ce serait une expérience unique dans l’histoire du monde. » K. SCHOORS : « Apparemment, la finance

KOEN SCHOORS (UGENT) :

« SI ON SE PENCHE SUR LES CHIFFRES, ON PEUT VOIR QUE LES IMPOTS SUR LA CONSOMMATION OFFRENT LA PLUS GRANDE LATITUDE LORSQU’IL S’AGIT DE PROCEDER A UN GLISSEMENT FISCAL. SUIVENT LES ECOTAXES ET, EN TROISIEME LIEU, LA TAXATION DES FORTUNES. »

J. VIAENE : « Sur le plan mathématique, la proposition est sans doute correcte. Mais sous l’angle politique et pratique, elle me paraît irréaliste. » P. HUYBRECHTS : « Il existe d’autres ma-

nières de faire table rase. Par exemple, en procédant à l’échange monétaire d’une partie de la dette. A présent que la BCE procède au rachat massif des obligations

à la mémoire courte… Après la guerre, l’opération Gutt avait effacé de manière similaire les dettes de guerre. A l’époque, ces dettes n’étaient pas seulement détenues par la Banque Nationale, les citoyens étaient touchés également. Sur le plan technique, c’est l’une des interventions les plus faciles à mettre en œuvre. Le grand problème, c’est qu’elle n’est efficace que si on n’en dit pas un mot à l’avance. Sinon, tout le monde prend la fuite et on se retrouve avec une situation chaotique, comme en Grèce. » Faudrait-il alors introduire malgré tout un impôt unique sur le capital ? K. SCHOORS : « Pas nécessairement, il existe encore d’autres manières de retirer de l’argent superflu du système. Se serrer la ceinture pour veiller à ce que toutes ces dettes puissent être remboursées à terme, comme il se doit, en est une. C’est la stratégie prescrite actuellement par l’Union européenne, mais elle subit une pression toujours plus forte. Des études ont indiqué que dans des pays criblés de dettes privées, l’austérité fiscale aboutit plus souvent qu’à son tour à la dépression. Mieux vaut d’abord réduire les dettes privées et ensuite seulement assainir le budget, suivant l’exemple des EtatsUnis. Créer de l’inflation est une autre option, mais actuellement, cette piste est peu réaliste. Enfin, il reste la voie de la

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répression financière. C’est l’option que la BCE semble privilégier. » J. VIAENE : « Nous nous trouvons en plein

dedans. Le particulier qui place son épargne dans des produits à rendement fixe n’est plus rétribué depuis de nombreuses années. » K. SCHOORS : « De fait. En obligeant la

BCE à absorber au maximum la dette publique, les taux nominaux sont comprimés de plus en plus. Les banques qui placent de l’argent auprès de la BCE se trouvent déjà confrontées à des taux négatifs de -0,40%. Même dans une série d’Etats nationaux, comme le Danemark et la Suisse, on observe déjà des taux négatifs sur du papier public. De cette manière, épargnants et investisseurs paient un impôt implicite sur le capital. Leur épargne, qu’ils mettent à la disposition de l’économie en l’investissant dans des produits d’épargne et des obligations, ne leur rapporte quasiment plus rien. C’est ainsi qu’est organisée la recon­ version dont l’Europe a tant besoin actuellement ! » Y a-t-il une limite aux taux d’intérêt négatifs ? K. SCHOORS : « Personne ne le sait. Jusqu’il y a peu, nous pensions que le taux nominal ne pouvait pas descendre sous 0%, mais c’est une illusion dont nous sommes aujourd’hui débarrassés. Pourquoi ce taux ne pourrait-il pas descendre à -5% ? Cela équivaudrait à un impôt sur la fortune inévitable. Peut-être faudrait-il commencer à prendre au sérieux toutes les bizarreries qu’on croyait impossibles autrefois. Une chose est sûre : des mesures d’austérité ne suffiront plus. Les autorités devront aussi imaginer d’autres scénarios. Et tout indique qu’elles se montreront très créatives. »


D ’ U N E I M P O R TA N C E C A P I TA L E

3 P R O F E S S I O N N E L S A P R O P O S D E L E U R PA S S I O N

D’UNE

IMPORTANCE

CAPITALE

Photo: D. Gaul

JODIE DEVOS

CARLO BONTE

NEOSCORES

Le commissaire-priseur Carlo Bonte, la soprano Jodie Devos et les fondateurs de neoScores à propos de ce qui les passionne. Ce à quoi ils accordent une importance capitale et attribuent leur succès. Après tout, l’argent seul ne fait pas le bonheur. TEXTE IRIS DE FEIJTER | PHOTOS ARTUR ERANOSIAN

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LE COMMISSAIRE-PRISEUR

CARLO BONTE « Mes clients, mes amis et mes collaborateurs me posent souvent la question : “Mais où puises-tu toute cette énergie ?” » Ils estiment que mon dynamisme est contagieux. C’est tout simple : quand on aime ce qu’on fait, l’énergie est inépuisable. En cinq ans, j’ai réussi à faire d’une modeste salle de ventes régionale, établie à Bruges, le principal hôtel de ventes de Flandre Occidentale. L’année dernière, nous avons vendu des lots pour une valeur de 4 millions d’euros. Quelque 35% des œuvres d’art et des antiquités occidentales qui passent entre nos mains partent à l’étranger. Et huit lots chinois sur dix sont achetés par une clientèle internationale – de Hong Kong au Brésil… »

« UNE SALLE DE VENTES, C’EST DU FOLKLORE ET DE LA PSYCHOLOGIE, ALLANT DE PAIR AVEC L’ARGENT ET LE SUSPENSE. »

« Ces dernières années, notre salle de ventes a gagné en renommée grâce aux œuvres d’art et antiquités chinoises. Les Chinois rachètent en masse leur patrimoine, qui s’est retrouvé dans des collections occidentales depuis le milieu du siècle dernier. Aujourd’hui, je tente de renverser la tendance en incitant les Chinois à acheter des œuvres d’art occidentales. J’y mets toute mon énergie. »

énergie. « Après des études de gestion à Cambridge, Angers et Utrecht, j’ai intégré l’entreprise de déménagement de mon père à l’âge de 24 ans. Tous les matins, toutes sortes d’objets me passaient entre les mains : des vases en porcelaine, des antiquités, des tapis, des tableaux… Pour quelqu’un comme moi, sans diplôme d’histoire de l’art, ce fut une formation intensive. Je suis ensuite parti à l’étranger pour perfectionner la pratique du métier : chez Christie’s à Londres et chez Partridge Fine Art, antiquaire renommé de New Bond Street. Monsieur Partridge ne fut pas long à s’apercevoir que je réussissais plutôt bien à vendre à des clients tels que Donald Trump, Mohamed Al-Fayed ou Valentino. Une de ses phrases est restée gravée dans ma mémoire : “Carlo Bonte, that name sounds like a brand.” A Bruges, j’ai réussi à développer cette ‘marque’ en ouvrant ma propre salle de ventes. Jouer le jeu avec la salle, vendre aux enchères, c’est ma vocation. Une vente aux enchères, c’est comme un happening. Folklore et psychologie y font bon ménage avec l’argent et le suspense. Pour moi, c’est ce cocktail qui en fait toute la magie. » « Aujourd’hui, à 36 ans, j’ai réussi à prouver qu’il ne fallait pas nécessairement s’établir à Bruxelles ou à Anvers pour réussir des ventes. Installez-moi dans une grange, dans un bled perdu, et je vous garantis que j’obtiendrai malgré tout de bons résultats. Cinq ans après notre installation, j’ose affirmer que nous avons dépassé le stade des maladies infantiles. Je suis prêt à attaquer la phase suivante de mon business plan : un canal de vente directe sur mon site web, avec une sélection d’objets d’arts et d’antiquités, destinée aux clients qui n’ont pas la patience d’attendre la prochaine vente aux enchères. Je ne ferai pas concurrence aux antiquaires et je n’ambitionne pas non plus de devenir le Christie’s belge. Soyons réalistes tout en étant ambitieux ! »

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Il y a quelques années, Carlo Bonte prenait la tête de l’entreprise familiale, une société de déménagement doublée d’une salle de ventes. Depuis, il est parvenu à faire de cette dernière un acteur international. Il a battu plusieurs records grâce à ses ventes d’antiquités chinoises.


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LA SOPRANO

JODIE DEVOS « CHERISSEZ CHAQUE NOTE. FAITES DE CHAQUE NOTE LA PLUS BELLE QUI EXISTE. C’EST LE MEILLEUR CONSEIL QUE J’AIE JAMAIS RECU DE MES PROFESSEURS. »

« L’an dernier, en mai, j’ai décroché le 2e Prix au Concours Reine Elisabeth consacré au chant. Cette distinction m’a ouvert énormément de portes. Mon emploi du temps a été complet toute l’année écoulée et, entretemps, 2016 se prépare déjà. La principale conséquence du concours est que j’ai désormais un agent international. Au début d’une carrière, il est très difficile pour une chanteuse classique de trouver une telle personne. Après le concours, mon futur agent m’a personnellement approchée pour me proposer une collaboration. Il peut m’aider à construire une carrière internationale. » « Chérissez chaque note. Faites de chaque note la plus belle qui existe. C’est le meilleur conseil que j’aie jamais reçu de mes professeurs. On ne peut être un bon interprète musical que lorsque la technique de chant est suffisamment maîtrisée. La technique est l’élément le plus important pour un chanteur, jusqu’à ce qu’elle devienne finalement secondaire. Tant que la technique est un frein, vous ne pouvez pas exprimer librement les émotions. »

technique. « Me faire l’interprète de la musique, c’est ce que je préfère. Me plonger totalement dans un rôle, créer tout un univers autour d’un personnage : j’aime beaucoup ce côté théâtral. Evidemment, c’est toujours un défi d’interpréter et de faire vivre au XXIe siècle une musique qui a 400 ans. Le contexte a changé, mais pas les sentiments. L’amour reste l’amour, le chagrin reste le chagrin, le deuil reste le deuil. Le but n’est pas de chanter les œuvres aujourd’hui comme on les chantait jadis, mais je veux connaître parfaitement ce que je chante. Je me plonge toujours profondément dans le contexte historique d’une œuvre et pendant des heures, je traduis des textes. »

En 2014, Jodie Devos a remporté le 2e Prix du Concours Reine Elisabeth consacré au chant. La soprano wallonne a également gagné le prix du public décerné par Musiq’3. Elle chante aussi bien des opéras que des récitals en solo, en Belgique et à l’étranger.

« A Paris, je collabore à une production de l’Académie de l’opéra-comique. L’histoire transpire des murs de ce bâtiment. Maurice Ravel y a créé L’Enfant et les Sortilèges, Francis Poulenc Les Mamelles de Tirésias et Jules Massenet Manon, autant de chefs-d’œuvre de l’opéra-comique, un genre d’opéra français relativement méconnu. Je pense que c’est ma responsabilité d’intégrer des œuvres oubliées à mon répertoire. Ce n’est pas sans risque, car le public veut entendre des arias et opéras connus, mais cela ne peut pas faire de mal d’aller un peu à contre-courant. Auparavant, la musique classique avait encore une fonction sociale, lors de fêtes, de bals ou d’évènements historiques. Aujourd’hui, elle ne fait pratiquement plus partie de l’éducation ou de la société. Je veux m’y opposer par tous les moyens. Si, lors d’un concert accueillant cent personnes, j’ai fait adhérer quatre d’entre elles à la musique classique, j’ai réussi ma soirée. »

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Photo: D. Gaul



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LA START-UP

NEOSCORES « Le monde de la musique va être transformé avec neoScores, comme cela a été le cas avec iTunes et Spotify. Jusqu’ici, trouver les partitions adéquates relevait de la gageure. Sans compter que celles-ci se perdent aisément ou risquent d’être endommagées. Imaginez le temps perdu à copier et à distribuer tous les jours de nouvelles partitions aux 60 membres d’un orchestre ! Et songez au gaspillage de papier… Autant de problèmes résolus grâce à la bibliothèque musicale neoScores, qui permet également de traiter des partitions musicales digitales, d’y inscrire des notes, de hachurer, de retirer ou de répéter des extraits. Il devient facile d’échanger ses propres notes avec les collègues musiciens », commente Bart Van der Roost, qui a fondé neoScores en juillet 2013 avec Jonas Coomans et Bob Hamblok. Une entreprise couronnée de succès puisqu’en novembre 2014, elle a été nommée deuxième start-up la plus prometteuse au monde. neoScores est une sorte de grand marché, où les musiciens achètent leurs partitions aux éditeurs musicaux avant de les payer par son intermédiaire.

« NOUS ALLONS BOULEVERSER LE MONDE DE LA MUSIQUE. »

prometteuse. « Etant tous trois musiciens de formation, le concept de neoScores est né de nos propres frustrations. Dans cet univers multimédia qui est le nôtre, les genres musicaux les plus divers sont à portée de main (ou plutôt d’oreille) et ce, partout et à tout moment. Comment se fait-il alors que les partitions – qui sont pourtant l’essence même de la musique – ne suivent pas ? », s’interroge Jonas Coomans. Son associé Bob Hamblok ajoute : « neoScores est en fait né dans un café, devant un verre. Etudiant l’informatique pour le Conservatoire, je possédais le bagage technique nécessaire pour développer notre idée. Dès 2008, nous avons achevé une première version, que nous avons proposée aux éditeurs, mais aucun d’entre eux n’était intéressé. Il faut dire que c’était encore l’époque pré-iPad. Lorsque les tablettes ont fait leur apparition en 2010, les choses ont commencé à bouger. » Bart Van der Roost : « A l’époque, j’étais production leader du Brussels Philharmonic, dont Jonas est aujourd’hui encore l’un des solistes. En 2012, notre directeur a voulu tenter l’expérience du paperless orchestra. Nous y sommes parvenus en trois mois à peine, une véritable prouesse. C’est alors que j’ai pensé : si nous y arrivons avec une vénérable institution qui joue de la musique ancienne, tout le reste ne devrait plus être qu’un jeu d’enfant. J’ai donc donné ma démission et me suis lancé à corps perdu avec neoScores. Aujourd’hui, dix-huit mois plus tard, nous ne connaissons plus de problèmes de développement, rien que des problèmes de croissance. En effet, celle-ci est telle que nous sommes prêts à attirer des capitaux externes. Même si on nous dit que nous devons nous rendre en Amérique à cette fin, nous tenons à rester en Europe. C’est ici que vivent nos clients et nos utilisateurs, et l’Europe possède une longue et très riche tradition culturelle. Dans notre cas, la Belgique est le pays idéal pour entreprendre. C’est ici que nous trouvons les bons profils pour notre entreprise : des merles blancs, aussi férus de musique que d’informatique. »

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En juillet 2013, Bart Van der Roost, Jonas Coomans et Bob Hamblok lançaient neoScores : une bibliothèque de partitions musicales digitales. Actuellement, ils recherchent des capitaux externes pour accélérer la croissance de leur société.


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VOYAGE S

PARTAGER LA VIE DES CHASSEURS D’AIGLES EN MONGOLIE

Y a-t-il un Far West hors des Etats-Unis ? Indiscutablement ! Il suffit de se rendre à Bayan-Olgii, à l’extrême-ouest de la Mongolie pour s’en rendre compte. D’accord, ici, ce ne sont pas des cowboys, mais des chasseurs d’aigles nomades, qui ont réussi jusqu’ici à préserver leur style de vie traditionnel. TEXTE DEBBIE PAPPYN | PHOTOS DAVID DE VLEESCHAUWER


«

Welcome to Bayan-Olgii », nous dit Canat de Blue Wolf Travel, notre hôte et l’organisateur du festival Altai Kazakh Eagle, prétexte de notre périple aux confins de la Mongolie. « This is a strong country, for and with strong people », sourit-il, en pointant au loin les sommets enneigés d’impressionnantes et arides montagnes. La frontière russe se trouve à quelque 75 kilomètres de là. Canat a raison : le touriste lambda ne s’aventure jamais jusqu’ici. Il ne tient pas à faire deux heures et demie d’avion depuis la capitale, Oulan-Bator, pour rejoindre la frontière entre la Russie et le Kazakhstan. Bayan-Olgii est une ville où règne la poussière en été, tandis qu’en hiver il faut cinq couches de duvet pour affronter les températures extrêmes. Les habitants sont des gens à part, bien différents de ceux du reste de la Mongolie. Cette ville étrange compte 100.000 habitants, qui vivent pour moitié dans des gers (des sortes de tentes en feutre) et pour moitié dans des maisons en dur, le tout dans un décor montagneux aux couleurs et aux formes curieuses. Peu de choses ont changé depuis l’époque de l’Union soviétique. L’infrastructure est restée à peu près la même : le style est communiste et fonctionnel, même chose pour les places, les sculptures et la plupart des bâtiments, d’une teinte rosée, à la peinture écaillée. Le tout fait furieusement penser à la Corée du Nord. Sans oublier la mosquée bien sûr, car la majorité des Kazakhs de Mongolie est musulmane et non bouddhiste, comme c’est le cas dans le reste du pays. Une origine kazakhe facile à vérifier : si vous vous hasardez à dire baithla (merci) en langue mongole, on vous rétorque aussitôt qu’ici c’est rakhmet qu’il faut dire.

DORMIR CHEZ LES AIGLIERS La destination de notre voyage n’est toutefois pas Bayan-Olgii, mais le pays des chasseurs d’aigles, les fameux eagle hunters ou Berkutchi dans la langue locale. Il existe plus d’une centaine d’aigliers (et d’aigles entraînés) dans la région de Sagsaï. L’endroit où se déroulera le festival n’est qu’un hameau, dit sum, à une heure et demie de route en 4x4 depuis Bayan-Olgii. Les chasseurs vivent un peu partout dans la vallée dans de


Ce fut ensuite le stade du concept : un harnais flexible pour l’aigle, sur lequel serait installée une caméra légère, adaptable et puissante. Une couturière locale ayant réalisé le harnais sur mesure, nous étions fins prêts pour l’Opération Aigle. Au moment d’expliquer à Oral ce que nous voulions faire avec son aigle, nous nous attendions à ce qu’il proteste, mais le chasseur n’a émis aucune objection. Lorsque nous arrivons à un endroit propice, nous installons prudemment le harnais avec la caméra sur le rapace, qui reste calme et presque bienveillant. Au sommet d’une montagne, dans les lueurs du soleil couchant, l’aigle attend. Son maître se trouve loin, bien loin sous lui. Oral appelle son aigle, comme il le fera au festival. L’oiseau écoute, regarde et prend son envol. A près de 200 km/h, il survole la vallée, tout en ne quittant pas son maître des yeux. Notre caméra tient le coup et enregistre comment le rapace regarde alentour et pique en droite ligne sur Oral. Il touche le sol à proximité du chasseur, qui l’interpelle dans sa langue. Quelques secondes plus tard, il prend appui sur le bras d’Oral. Première prise. Pas mal, pas mal du tout ! Au sommet de la montagne, nous sommes tous en extase. Avons-nous réussi ? Le soir même, lorsque nous visionnons le film devant la famille de nomades au grand complet, nous nous apercevons qu’ils sont tous bouche bée, fiers comme des… aigles ? Oral n’a encore jamais vu comment son aigle observe son magnifique pays depuis les airs. simples maisonnettes ou des gers bien isolés. Chacune de ces habitations abrite un Berkut et sa famille. L’aigle royal est généralement retiré du nid très jeune pour l’entraînement. Est-ce éthique ou non ? En tout cas, ces fiers Kazakhs estiment que c’est tout à fait normal, et ce, depuis des siècles et des siècles. Un aigle royal « apprivoisé » vivant environ quarante ans, le chasseur vieillit en même temps que son animal. La première famille d’aigliers à laquelle nous rendons visite est celle de Mana, qui, l’âge venu, transmet le flambeau à ses deux fils. L’aigle de Mana est confortablement installé dans le hall d’entrée, à l’abri du vent coulis de l’aube. La notoriété de Mana s’est forgée il y a une dizaine d’années, lorsqu’un photographe a pris un magnifique cliché du chasseur à cheval, avec son aigle. Le hasard a voulu que le photographe en question soit justement revenu voir comment se portent les chasseurs et leurs rapaces.

A l’en croire, la situation de Mana s’est nettement améliorée. Mana et certains autres aigliers accueillent les voyageurs, qui leur laissent une modeste rétribution, ce qui leur rend la vie plus facile. Nous assistons aux préparatifs du festival Altai Kazakh Eagle, où les fils de Mana défendront leur honneur et celui de leurs aigles royaux.

OPERATION AIGLE Les aigliers s’exercent assidûment, surtout à la veille du festival. Nous partons en expédition avec Oral, âgé de 78 ans, et son aigle, qui en a quatre. Depuis quelque temps, nous pensons à équiper un aigle d’une petite caméra, mais c’est chose plus facile à dire qu’à faire ! Nous avons commencé par acheter une caméra GoPro et avons vérifié auprès des experts de la Denver Zoo Foundation en Mongolie que nous n’allions pas blesser la bête. Ils nous ont assuré qu’il n’y aurait aucun problème, à condition de respecter certaines règles.

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LES PERIPETIES D’UN BONNET DE FOURRURE AU FESTIVAL DES AIGLES La plupart des voyageurs connaissent le festival Nadaam qui se déroule au mois de juillet et attire de nombreux touristes, principalement aux alentours d’Oulan-Bator. Les festivals moins importants, tels que le festival Altai Kazakh Eagle, sont moins populaires. Canat, l’organisateur, estime qu’un millier de gens du coin et une centaine

« UN AIGLE ROYAL « APPRIVOISE » VIVANT ENVIRON QUARANTE ANS, LE CHASSEUR VIEILLIT EN MEME TEMPS QUE SON ANIMAL. »


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d’étrangers descendent à cette occasion dans la vallée de Sagsaï. Lorsque les cinquante aigliers se présentent à cheval sur un seul rang, avec à l’arrière-plan les monts Altaï recouverts de neige, les touristes actionnent évidemment leurs caméras. Il s’agit là DU festival idéal pour les photographes (amateurs). Il faut dire que ces fiers chasseurs sont très photogéniques et habitués aux caméras. Les festivals de ce type n’ont pas (encore) pris beaucoup d’ampleur. On ne s’y sent pas un intrus ou un portefeuille ambulant parce qu’on est un étranger. Il y a, bien sûr, les inévitables baraques à souvenirs, mais personne ne vous harcèle et tout se passe dans la plus grande convivialité. Toute l’attention se concentre sur les chasseurs, qui passent aujourd’hui un certain nombre de tests : inciter l’aigle à prendre son envol depuis la colline pour atterrir sur le bras de son maître dans la vallée, une course de chameaux, des essais à cheval, dans le but de ramasser un objet en rasant le sol, se disputer une peau de chèvre...

remarque ici et là une fourrure de loup. En effet, un aigle puissant peut attraper aussi de plus gros animaux. Les Berkutchi chassent toujours avec des femelles. L’on prétend que les aigles les plus puissants sont ceux qui se font prendre, et pas les jeunes bêtes sorties du nid. Pour Bolat, le fils d’Oral, ces aigles sont plutôt des animaux de compagnie. Ils sont plus calmes, plus gentils et mieux apprivoisés. Les vrais chasseurs, ce sont les rapaces qui n’ont pas grandi en captivité, ceux qui peuvent s’attaquer même à un loup. On raconte qu’ils chassent jusqu’aux léopards des neiges. Les Berkutchi ont besoin de trois choses dans la vie : une monture rapide, un chien fidèle pour surveiller

Le vent, qui fait rage sur la plaine, soulève la neige fraîchement tombée. Les chasseurs ne bronchent pas, bien empaquetés qu’ils sont dans leurs peaux de renard et de loup. Nous-mêmes, revêtus de plusieurs couches de Gore-Tex et de duvets high-tech,

« L’AIGLE ECOUTE, REGARDE ET PREND SON ENVOL. A PRES DE 200 KM/H, IL SURVOLE LA VALLEE, TOUT EN NE QUITTANT PAS SON MAITRE DES YEUX. »

faisons pauvre figure à côté d’eux et ne cessons de trembler et de frissonner. Un touriste a l’idée saugrenue d’acheter un bonnet de fourrure locale. Pendant l’une des épreuves, un aigle prend ce bonnet pour une proie bien appétissante: il fonce sur le pauvre touriste. L’hilarité est générale parmi les Kazakhs, les touristes sont perplexes…

HYPER FIDELES Les Berkutchi sont généralement vêtus de pelisses en peau de renard, de lapin ou de marmotte. Nous constatons rapidement que plus le vêtement est extravagant, plus le chasseur est respecté. On

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la maison et un aigle. C’est ainsi depuis des siècles, la tradition se transmet de père en fils depuis 6 000 ans, même si la vie nomade et la chasse ont tendance à disparaître peu à peu. De nombreux jeunes nomades partent pour la ville, le smartphone dans la poche de leur veste en fourrure. De ce fait, les traditions et le savoir-faire ne se transmettent plus de la même manière. Pourtant, lorsque nous repartons une fois la nuit tombée vers la maison d’Oral, nous apercevons un lapin qui file devant nous. Bolat s’arrête et Noks, son jeune fils, pointe son fusil. Même si la génération suivante est appelée à vivre en ville, le sang des chasseurs Berkutchi ne saurait mentir. Ils sont bien trop fiers pour cela, dans ce Far West Mongol !


R E P O R TA G E

BON A SAVOIR On serait tenté de prendre l’avion pour BayanOlgii rien que pour l’atterrissage, et certainement par une belle journée sans nuages (d’après les statistiques, la Mongolie connaîtrait 220 journées « ensoleillées » par an). Par le hublot de l’avion, on se rend vraiment compte à quel point cette région est montagneuse. Le sommet le plus élevé de Mongolie, le Khuiten Uul (4.374 mètres), n’est pas bien loin, près de la frontière avec la Chine. Cette région est idéale pour toutes sortes d’activités de plein air, que ce soit en été ou en hiver. Nomadic Journeys, le tour-opérateur local avec lequel nous avons collaboré, organise avec le WWF des expéditions spéciales « découverte de l’once » (le léopard des neiges). Vous envisagez un voyage en Mongolie ? Surtout, prenez votre temps. Il faut compter près de trois heures de vol depuis Oulan-Bator ou plus de… 70 heures en car ! Nous avons opté pour la première solution, à bord d’un avion de la

« ICI, ON NE SE SENT PAS UN INTRUS OU UN PORTEFEUILLE AMBULANT PARCE QU’ON EST UN ETRANGER. »

compagnie EZNIS (prononcer easy-ness), l’une des plus récentes du pays, qui relie Oulan-Bator aux endroits les plus reculés de la Mongolie. Réserver ou enregistrer son vol en ligne, gérer ses confirmations, tout cela est possible, même dans la lointaine Mongolie. Et s’il le faut, les atterrissages se font dans la steppe ou sur l’herbe. Les pilotes, un joyeux mélange de Suisses, de Grecs et d’Australiens, sont parfaitement habitués à ces conditions extrêmes.

INFORMATIONS PRATIQUES Notre voyage en Mongolie a été organisé par le tour-opérateur belge Continents Insolites, qui opère sur place avec Nomadic Journeys pour proposer des programmes intéressants incluant le festival des aigles. Il faut compter environ 350 euros par personne pour trois jours pendant le festival, vols nationaux non compris. Continents Insolites propose également de fort beaux circuits touristiques en Mongolie, parfois en combinaison avec la Chine. www.continents-insolites.com Visionner le film Speed diving Eagle with GoPro in Mongolia ? Rendez-vous sur http://one.classetouriste.be/day/3641

La monnaie locale est le tugrik, 1 euro équivalant à peu près à 2.330 tugriks. Dans la capitale, il est possible de retirer de l’argent dans plusieurs distri­buteurs automatiques et dans les grands hôtels ; les principaux restaurants et magasins acceptent les cartes de crédit. Les dollars américains sont couramment acceptés.

Vous devez être en possession d’un visa pour entrer en Mongolie : comptez une petite semaine pour l’obtenir auprès du consulat en Belgique (environ 30 euros). En faisant appel au service spécial visa VLS, cela ira plus vite et vous n’aurez pas à vous rendre deux fois à Bruxelles. www.vlservices.be

La Mongolie est un pays très sûr. Inutile de prendre des précautions particulières au plan médical, mais les vaccinations habituelles prévues pour les pays lointains et exotiques doivent évidemment être appliquées.

La meilleure période pour un voyage en Mongolie s’étend de mai à octobre, la haute saison étant juillet et août, avec comme point d’orgue le festival Nadaam en juillet. Nous apprécions particulièrement le mois de septembre, lorsque la Mongolie se prépare pour un hiver long et rude et qu’a lieu le festival des aigles.

A Oulan-Bator, le Kempinski Khan Palace est l’endroit le plus confortable où passer la nuit. Le service y est excellent, le petit-déjeuner est tout simplement fantastique, le restaurant japonais et les pizzas y sont du tonnerre. Prix à partir de 130 euros par nuit pour une chambre double. www.kempinski.com/en/ulaanbaatar/hotel-khan-palace http://bluewolftravel.com/altai-eagle-festival-2013

Pour notre part, nous avons fait le voyage depuis Pékin avec Air China (deux heures de vol vers Oulan-Bator). Billets d’avion à partir de 289 euros a/r environ, taxes comprises. www.airchina.com. Etihad Airways prévoit deux vols par semaine depuis Bruxelles vers Pékin, à partir de 598 euros a/r, taxes comprises. www.etihad.com. Avec Turkish Airlines, les vols Bruxelles Oulan-Bator font escale à Istanbul, tarifs à partir de 750 euros, taxes comprises. www.turkishairlines.com

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I L F A I T PA R L E R D E L U I

PA U L D U J A R D I N M A N A G E R C U LT U R E L D E L’A N N E E 2 0 15

IDENTIKIT DATE DE NAISSANCE : 30 juin 1963 ETAT CIVIL : Marié, père de quatre enfants FORMATION ET CARRIERE : Licence en histoire de l’art et archéologie à la VUB et diplôme en sciences du management à la VLEKHO de Bruxelles 1987 - 1992 : organisateur du festival de musique contemporaine Ars Musica 1992 - 2001 : directeur général de la Société Philharmonique de Bruxelles 2002 - aujourd’hui : directeur général de Bozar

« L’EUROPE A TOUJOURS VALEUR D’EXEMPLE » Paul Dujardin (51 ans) est le prototype du manager culturel d’aujourd’hui. En 2002, c’est lui qui a sorti du coma le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles pour en faire un exemple de réussite internationale, avec 1.200 activités culturelles à son compteur, 1,3 million de visiteurs par an, 340 collaborateurs et plus de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Les artistes nous aident à comprendre le monde. » TEXTE BERT VOET PHOTOS THOMAS SWEERTVAEGHER

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aul Dujardin empoigne une table et marche à grands pas dans le magnifique bâtiment – huit étages, environ 30.000 m² – érigé en 1928 par Victor Horta sur le Mont des Arts. Une chaise entre les mains, nous avons du mal à le suivre, tout occupé qu’il est à chercher un coin tranquille où discuter. Intellectuel hyperactif, il marche vite, pense vite, parle vite. Toujours entre deux pays, deux époques, il établit des liens à la vitesse de l’éclair. Paul Dujardin, le multidisciplinaire, est farouchement opposé à la pensée linéaire. Tout l’intéresse et il se meut avec aisance dans les plus hautes sphères culturelles, politiques et d’affaires. Il conseille ou administre des dizaines de plateformes, dans le monde culturel et en dehors. Ardent défenseur du projet européen, Paul Dujardin préside le comité culturel New Narrative for Europe, une initiative du Parlement européen visant à développer une nouvelle vision pour l’Europe, basée sur les fondamentaux de la culture et de la science. Mais il aime les arbres également et préside notamment une association de dendrologues. Ayant acheté il y a longtemps déjà, avec son ex-femme, un domaine de cinq hectares à Gooik, dans le Brabant flamand, il y possède aujourd’hui un vaste verger. Et des vaches. Et des moutons. Cet homme qui aime les accumulations vit dans une famille recomposée, avec huit enfants ! « Je suis le cadet d’une famille de dix enfants, mais mes frères et sœurs m’ont toujours emmené partout avec eux. J’assistais hier, à Louvain-la-Neuve, à une cérémonie de remise d’un doctorat. Je me suis souvenu de la première fois où j’y suis venu, au moment du développement de l’université : j’avais douze ans. J’y accompagnais deux de mes grandes sœurs, qui devaient assister à une pièce de théâtre pour l’école. C’est là que j’ai découvert – je ne l’oublierai jamais – En attendant Godot de Beckett. C’est toujours pour moi LA référence ultime. Le dimanche après-midi, j’accompagnais mes parents à l’opéra. J’avoue que je m’endormais aussitôt. Mais bon, j’étais là. »

UNE UTOPIE « Elitaire et plutôt invivable. » C’est ainsi qu’il est qualifié par un de ses collaborateurs. Le premier adjectif surtout le touche à vif. « C’est une contrevérité. D’accord, l’art est très élitiste, mais je m’efforce précisément de ne pas être populiste et de rendre l’art accessible et populaire auprès de larges couches de la population. Le Festival des Lumières de Gand, c’est également de l’art à mes yeux, compte tenu de sa complexité. Une forme d’art qui attire plus de 600.000 personnes ! Je ne connais pas personnellement Daniel Termont, le bourgmestre de Gand, mais je me sens des affinités avec lui. Les bourgmestres sont les présidents de demain et les villes sont les laboratoires de la démocratie. » « Bozar s’inscrit dans la même approche. C’est une sorte de labyrinthe ouvert à tous, une ville dans la ville. De 20 à 30% de nos activités sont libres d’accès. Si d’aucuns continuent à penser que c’est un temple élitiste, c’est une simple question de perception. Ceux qui nous suivent ont bien noté le renforcement de notre caractère multiculturel, interculturel, démocratique : en dix ans, nous sommes passés de 300.000 à 1,3 million de visiteurs. Malgré tout, je rencontre tous les jours des personnes à qui le concept Bozar ne dit rien. C’est dommage, certes, mais c’est aussi un défi permanent. » Lorsque Paul Dujardin en a pris la direction en 2002, le Palais des Beaux-Arts était un parastatal accusant de lourdes pertes, une sorte de citadelle funèbre. « Il avait perdu son âme », dit Paul Dujardin. « J’ai étudié les origines du Palais des Beaux-Arts, une énorme

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maison, née d’un fort mouvement utopique en 1928, époque où tout le monde était ‘ratissé’, même les banques. C’était une initiative citoyenne : un certain nombre de familles belges se sont réunies pour rassembler un montant équivalent à 350 millions d’euros. Une sorte de Plan Marshall avant la lettre, pour réapprendre le vivre ensemble par le biais de la culture. « Plus jamais la guerre », c’était vraiment là un principe visionnaire, car l’idée même de la guerre était à l’époque permanente. On a oublié tout cela. Le Musée Royal des BeauxArts d’Anvers a été construit dans la perspective d’une nouvelle guerre : il fallait protéger les toiles de Rubens. » « En 1999, c’est sous l’impulsion d’Herman Van Rompuy que le Palais des Beaux-Arts est devenu une société anonyme de droit public à finalité sociale. Lors de la cinquième réforme de l’Etat, avec les Libéraux, nous nous sommes retrouvés sous la tutelle du Premier ministre. Depuis lors, nous ne sommes plus une ‘chose’ bipolaire flamande-francophone, mais une entreprise culturelle qui jette des ponts entre les communautés dans une ville cosmopolite. Notre gestion est autonome, ce qui nous permet de maîtriser les aspects espace et temps. Nous n’avons pas dû fermer nos portes pendant toutes ces années de travaux, contrairement au KMSK d’Anvers. Chez nous, les rénovations ont été réalisées par phases. Nous avons apporté des améliorations au niveau du contenu, des équipes, de la gestion, du financement... » Contrairement à la majorité des centres culturels européens, Bozar ne dépend pas uniquement des aides publiques. Son impressionnante croissance s’est faite sans l’aide de financements publics structurels pour le projet artistique – un fait unique dans le paysage culturel européen. Les subsides fédéraux représentent 44% de ses revenus totaux et servent à l’entretien des bâtiments, ainsi qu’à la moitié environ des frais de personnel. En 2013, les ventes de billets ont rapporté près de 5 millions d’euros, soit 36% des revenus propres. Le sponsoring et les donations de particuliers, d’entreprises et d’autres organismes ont drainé 4,5 millions d’euros. Paul Dujardin estime que les entrées coûteraient facilement le double sans sponsors privés. La location de salles prestigieuses rapporte 16% des revenus propres. Les aides publiques (belges et étrangères) liées aux projets s’élèvent à environ 2 millions d’euros par an. Enfin, les partenaires de Bozar investissent chaque année entre 10 et 15 millions d’euros dans l’organisation conjointe d’évènements culturels. « Pendant mon premier mandat, j’ai dû gérer la crise chez Bozar ; pendant le deuxième, à partir de 2008, j’ai eu à affronter la crise mondiale », déclare Paul Dujardin. « J’ai fait face en augmentant la fréquence des collaborations – on en compte aujourd’hui 250 par an, notamment des coproductions avec le Festival van Vlaanderen. La récente exposition consacrée à Rubens a représenté, en valeur assurée, plus de 600 millions d’euros. En collaborant avec le Musée des Beaux-Arts d’Anvers et la Royal Academy of Arts de Londres, cela nous a coûté un quart de ce qui était prévu ! Jadis, un directeur classique avait un budget à respecter. Aujourd’hui, je dois réunir tout le monde autour d’une table et accepter certains compromis. » Estimant que sa tâche n’était pas encore accomplie, il a brigué, l’année dernière, un troisième mandat. “Afin de consolider. Nous ne possédons pas de collection, nous sommes une Gesamtkunstwerk. Bozar, ce n’est pas un musée, mais une maison interdisciplinaire qui nourrit une double ambition : être une plateforme artistique de grande qualité pour des expositions, des concerts, les arts scéniques, la littérature, les festivals, le cinéma, etc. Mais nous voulons également débattre de la politique menée, c’est pourquoi nous invitons des personnalités comme Thomas Piketty, Daniel Cohn-Bendit, Guy Verhofstadt, Herman Van Rompuy, Javier Solana, Philippe Maystadt ou encore Emma Bonino. » [ CAPITAL 24 ]

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« EVIDEMMENT, NOUS N’ALLONS PAS, A NOUS SEULS, SAUVER LE MONDE, MAIS CE QUE NOUS POUVONS FAIRE, C’EST FAIRE COMPRENDRE SA COMPLEXITE. »


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« LES RECENTES COUPES BUDGETAIRES NOUS COUTENT PLUS D’UN MILLION D’EUROS DE DOTATIONS FEDERALES, PLUS QUELQUES AUTRES SUBSIDES ICI ET LA. »

COUPES BUDGETAIRES « Les récentes coupes budgétaires nous coûtent plus d’un million d’euros de dotations fédérales, plus quelques autres subsides ici et là. Nous devons donc faire encore plus attention et préparer notre argumentation dans les moindres détails. Se contenter de dire « moins d’argent entraîne l’apocalypse”, c’est absurde. Mais si les pouvoirs publics continuent à couper dans les budgets, cela créera des problèmes, c’est évident. En Grèce, ils ont été fort loin et on voit ce que cela donne... » Des secteurs tels que l’enseignement, les sciences, les soins médicaux, la lutte contre la pauvreté, ne sont-ils pas plus habilités à réclamer des fonds publics que la culture ? « Nous n’aurions jamais entendu parler de grands noms comme Anne Teresa De Keersmaeker, Jan Fabre, Wim Vandekeybus et bien d’autres artistes s’ils n’avaient pas été aidés il y a trente ans de cela, lorsqu’une nouvelle dynamique est apparue en Flandre », affirme-t-il. Mais la culture est également essentielle pour des raisons plus profondes. « La macro-économie et la politique ont beaucoup de liens avec la culture. On me dit que le gouvernement veut investir encore plus dans la sécurité, que c’est important pour tous les citoyens. Moi, je réponds : investissez également dans la diversité culturelle afin de faire disparaître ce sentiment d’insécurité. A son époque, Winston Churchill a refusé de tailler dans les budgets de l’enseignement et de la culture au profit de la machine de guerre. Son ministre de la Défense n’avait rien compris, d’après lui. Il fallait évidemment faire la guerre pour préserver la liberté, mais hypothéquer l’enseignement et la culture dans une démocratie, c’était renier ses propres valeurs, cela entraînerait une déstabilisation du modèle social anglais, et l’on perdrait de vue la mission même de cette guerre. Il est clair qu’il faut créer un sentiment de sécurité, mais il faut également investir dans les bases : l’enseignement, les sciences, la culture. » « La culture peut-elle sauver le monde ? », s’interrogeait l’intendant de Antwerpen 93, Eric Antonis. Je crois que oui. Evidemment, nous n’allons pas, à nous seuls, sauver le monde, mais ce que nous pouvons faire, c’est faire comprendre sa complexité. J’étais étudiant dans les années 1980, une époque relativement claire, dans le monde bipolaire où il y avait encore l’Occident – encore bien moins étendu à l’époque – et le bloc communiste. On a ensuite connu la fin de la Guerre Froide, et la Chine était encore la Chine. Aujourd’hui, mes enfants vivent dans un monde qui présente énormément d’opportunités. Mais les idéologies ont fait long feu, une sorte de grand clash religieux se produit au niveau mondial et cette complexité fait de nous des analphabètes politiques – ‘politique’ dans le sens utilisé dans la Grèce antique, lorsque les citoyens étaient pour la première fois parvenus à un compromis pour vivre ensemble dans une société. C’est dans ce sens que les artistes peuvent participer. » « Les problèmes complexes – les migrations, le vieillissement de la population européenne, la cohésion sociale ou le terrorisme – entraînent facilement des formes de populisme : les gens ne savent plus comment réagir et deviennent donc incohérents, ou ils sont tout simplement contre. Il y a peu, j’ai visionné trente films sélectionnés pour les European Film Awards de Riga. Et là, j’ai fait waouh ! Dans notre Europe subsidiée, des intellectuels et des artistes parviennent à transformer en art toutes ces problématiques abstraites, traitées au sein du Parlement européen, et auxquelles le public ne comprend plus rien. Mais, bien entendu, certains modes de communication sont plus accessibles que d’autres. »

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SUR LA LISTE NOIRE « En Belgique, près d’un million de personnes sont d’origine musulmane, une diversité dont nous devons tenir compte. Il m’est arrivé d’assister à des pièces de théâtre qui offraient une tribune fantastique à ces communautés, alors qu’aucun de leurs membres n’était dans la salle. On parle depuis très longtemps d’Afro-Américains, mais jamais d’Afro-Européens. Lors de la préparation de l’évènement Afropeans, nous avons travaillé avec des membres de ces communautés, nous les avons écoutés. Ce projet est devenu le leur. » « Nous allons aussi les chercher dans les écoles. Ils ne viendront peut-être qu’une seule fois dans leur vie au Bozar, mais cela peut suffire à faire la différence. Ce sont de toutes petites semences que nous dispersons. Nous réalisons Balkan Trafik et Sufi Nights, nous fêtons l’Aïd avec la communauté turque – il m’est arrivé de réaliser à la dernière minute que j’avais une fête le même soir avec la communauté arménienne… N’oublions pas qu’il reste bien des murs entre les communautés. » « Je suis certain que tant que la culture existe, nous allons vers un avenir avec une démocratie améliorée. Même en Palestine, à Pyongyang ou à Téhéran. C’est d’ailleurs incroyable de voir comment la culture underground vit à Téhéran, 35 ans après la révolution. Comment les artistes ont su trouver un langage pour aborder sans provocation des thèmes tels que la position de la femme. Ce n’est d’ailleurs pas seulement le cas dans l’underground, mais mêmes dans les salles de cinéma autorisées par le régime. Avec une telle subtilité que la censure est impuissante ! J’ai vu de mes propres yeux le drame de la Corée du Nord : 25 millions de personnes vivant dans une prison à ciel ouvert. Mais j’ai également observé comment l’être humain trouve, même dans les circonstances les plus terribles, la force de survivre. C’est cela qui me fascine. » Paul Dujardin dit avoir eu une vie plus facile que ses parents. Qu’en est-il du monde dans lequel grandissent ses enfants ? L’homme de Bozar est-il un optimiste ? « Je n’ai pas de boule de cristal, mais je ne vis certainement pas dans l’angoisse. Nous observons le monde de notre point de vue d’Européens. Ce que nous espérons voir d’ici une ou deux générations, ce n’est pas ce que veut le reste du monde. Prenons l’exemple de l’Afrique : nous avons l’impression que tout ce continent n’est que drame. J’ai un fils adoptif éthiopien de 22 ans, qui poursuit ici ses études d’ingénieur. Je me rends régulièrement dans son pays. Et là-bas... ces villes sont inouïes ! Nous nourrissons une sorte de névrose à propos de l’Europe, avec cette idée fixe que tout va mal. Alors que les gens que je rencontre en dehors de l’Europe sont bien plus positifs lorsqu’ils parlent de notre continent. Si ce n’était pas le cas, pourquoi donc voudraient-ils émigrer vers nos contrées ? Nous devons prendre conscience que nous avons toujours valeur d’exemple. Et que l’Afrique n’est pas un continent perdu, mais qu’il s’y trouve de gigantesques opportunités. » « Optimiste, oui, je le suis. A condition que les citoyens prennent leurs responsabilités, et je pars du principe que c’est ce qu’ils veulent. C’est ce que Luc Tuymans qualifie d’exclusivité. Pas dans le sens d’exclusion, mais bien d’excellence. Redonner un nouveau souffle à ce que l’Europe a de sublime. Réaliser un ouvrage aussi exceptionnel que le viaduc de Millau. Nos enfants doivent savoir qu’ils ne peuvent pas se contenter de faire la fête, qu’ils doivent aussi étudier. Au risque de passer pour un vieux réac, mais c’est une question de sens des responsabilités. Si l’on parvient à retrouver cela, tout ne pourra qu’aller mieux. »

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« NOUS DEVONS PRENDRE CONSCIENCE QUE NOUS AVONS TOUJOURS VALEUR D’EXEMPLE. ET QUE L’AFRIQUE N’EST PAS UN CONTINENT PERDU. »


DOSSIER

NOUVEAU GOUVERNEMENT :

UNE BENEDICTION OU UNE MALEDICTION POUR VOTRE PLAN FINANCIER ? Les discussions relatives à la fiscalité et aux pensions ont rarement été aussi intenses que depuis la formation des nouveaux gouvernements fédéral et régionaux. Le principe du ‘tax shift’, le bonus logement, l’impôt sur les gains en capital et le relèvement de l’âge de la pension ont régulièrement occupé la première page des journaux. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement pour votre plan d’avenir financier ? Les spécialistes d’Optima ont dressé le panorama des mesures prises. Nous avons examiné si elles incarnent une véritable force de changement ou ne constituent que des ajustements à la marge. TEXTE DIETER BOSSUYT, EXPERT TAX & ESTATE PLANNING – CONSULTING SERVICES, SVEN HUBRECHT, EXPERT INHERITANCE TAX PLANNING, NATALIE VANDERSTAPPEN, TAX ADVISOR , TOM GOOSSENS, TAX ADVISOR XAVIER PIQUEUR, SENIOR TAX ADVISOR ET EVELINE DE VRIESE, TAX ADVISOR PHOTOS LIEVEN VAN ASSCHE

DIETER BOSSUYT | SVEN HUBRECHT | NATALIE VANDERSTAPPEN | TOM GOOSSENS | XAVIER PIQUEUR | EVELINE DE VRIESE

UN SALAIRE PLUS ELEVE POUR CELUI QUI NE DECLARE PAS SES FRAIS REELS Situation antérieure N’importe quel travailleur a le droit de déclarer ses frais professionnels réels. Ceux-ci sont alors déduits des revenus imposables lors du calcul de l’impôt des personnes physiques. Autrement dit : plus les frais professionnels sont élevés, plus l’impôt est bas. Les salariés, les dirigeants d’entreprise, les professions libérales et les conjoints aidants peuvent également choisir de ne

pas justifier un à un les frais réellement engagés. Ils ont alors droit à un montant forfaitaire de frais professionnels. La hauteur de ce forfait est fonction des revenus imposables du contribuable.

tant net plus élevé sur sa fiche de paie.

Ce qui change

Pour des raisons budgétaires, l’augmentation du forfait s’effectuera en deux étapes. En 2015, la moitié du bénéfice attendu sera accordée, tandis qu’en 2016, la mesure produira pleinement ses effets.

En se fondant sur le principe selon lequel « celui qui travaille doit être récompensé », le gouvernement fédéral a décidé de modifier, à partir du 1er janvier 2015, les tranches de revenus et les pourcentages utilisés dans le calcul du forfait. Cette adaptation, réservée aux seuls salariés, devrait déboucher pour le travailleur qui choisit les frais forfaitaires sur un mon-

Nous avons fait l’expérience sans attendre et calculé l’impact de la mesure pour un salarié ayant un revenu imposable (c’est-à-dire après déduction des cotisations sociales) de 35.000 euros. Pour que la comparaison soit pertinente, nous avons tenu compte du coefficient d’indexation pour l’année de revenus 2014.

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DOSSIER

Bonne ou mauvaise nouvelle ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’avantage fiscal supplémentaire pour le salarié qui opte pour les frais forfaitaires, dans notre exemple, se monte à 155,24 euros en 2015 et à 323,99 euros en 2016. La mesure adoptée par le gouvernement semble donc bien atteindre son but. Il faut toutefois rappeler une fois encore que cette mesure ne s’applique qu’aux salariés et ne concerne, dès lors, ni les entrepreneurs ni ceux qui exercent une profession libérale.

DEPENSES FISCALES NON INDEXEES : UNE HAUSSE D’IMPOT DEGUISEE ? Il faut néanmoins épingler aussi de moins bonnes nouvelles. Pour les exercices d’imposition 2015 à 2018, les montants de certaines réductions d’impôts ne seront pas indexés, restant donc gelés au même niveau que pour l’exercice d’imposition 2014 (année de revenus 2013). Cette mesure concerne, entre autres, les réductions d’impôts suivantes, couramment utilisées : • la

réduction s’appliquant aux pensions et aux revenus de remplacement • la première tranche d’intérêts exonérée sur les livrets d’épargne • la corbeille fiscale pour la réduction d’impôt s’appliquant à l’épargne à long terme • la réduction d’impôts sur l’épargnepension • la réduction d’impôts sur les dons.

ANNEE DE REVENUS

2014

2015

2016

Revenus imposables

35.000,00 €

35.000,00 €

35.000,00 €

3.062,37 €

3.383,29 €

3.732,12 €

Différence par rapport à 2014

320,92 €

669,75 €

Avantage fiscal supplémentaire (*)

155,24 €

323,99 €

Frais professionnels forfaitaires

(*) calculé au taux marginal de 45% + 7,5% de taxe communale

justifiés qu’une société accorde à son personnel ou à sa direction. Si vous avez bénéficié d’une rémunération (un salaire, par exemple) et d’avantages de toute nature attribués par une société, mais qui ne figurent pas sur une fiche fiscale (et qui sont donc qualifiés de « commissions secrètes »), ces montants risquaient d’être imposés jusqu’à fin 2014 au taux monstre de 309%. La même sanction était réservée en cas de bénéfices dissimulés (chiffre d’affaires au noir).

est, en effet, ramené à 103% lorsque celui qui perçoit la rémunération ou les avantages est une personne physique, et à 51,5% lorsqu’il s’agit d’une personne morale. De cette façon, cette imposition se limite à compenser la perte de revenu fiscal subie par le Trésor. La différence de taux d’imposition entre personnes physiques et morales s’explique par la différence de régime fiscal auquel ces catégories sont soumises. Comme une société bénéficie d’une imposition plus favorable qu’une personne physique, la perte d’imposition à compenser est moindre.

Humanisation Ces dernières années, l’histoire des amendes monstres a baigné dans l’incertitude pour le contribuable. Une modification de la loi et diverses décisions administratives, par lesquelles l’administration fiscale sembla, à plusieurs reprises, modifier son point de vue, ne furent pas de nature à améliorer la situation. Mais tout arrive : l’imposition est à présent fortement « humanisée ». Le taux

Dérogations La législation prévoit deux dérogations. Tout d’abord, l’imposition spéciale n’est pas appliquée lorsque le montant est déclaré spontanément par le bénéficiaire dans sa propre déclaration d’impôts. Ensuite, elle n’est pas appliquée non plus lorsque le bénéficiaire est identifié au plus tard dans les deux ans et six mois à compter à partir du 1er janvier de l’exercice d’imposition au cours duquel les

LE REALISME L’EMPORTE SUR L’AMENDE MONSTRE DE 309% L’un des sujets ayant suscité une énorme controverse ces dernières années est sans conteste « l’amende monstre », soit l’imposition spéciale de 309% à l’impôt des sociétés frappant les avantages non

« COMME UNE SOCIETE BENEFICIE D’UNE IMPOSITION PLUS FAVORABLE, LA PERTE D’IMPOSITION A COMPENSER EST MOINDRE. »

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DOSSIER

frais ou avantages ont été accordés. Après cette identification, le fisc peut encore établir l’impôt sur les revenus du bénéficiaire. En outre, dans ces deux cas d’exception, les montants payés sont déductibles au titre de frais professionnels. Si l’imposition spéciale est quand même appliquée, tant l’imposition spéciale que la commission secrète elle-même constituent en principe des frais professionnels déductibles. Mais cela n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. En effet, le ministre des Finances a déclaré que lorsque l’identité du bénéficiaire ne peut pas être établie (en cas de salaires payés au noir par exemple), la commission secrète n’est pas déductible. Si tel était le cas, il n’y aurait guère de différence de traitement entre un salaire officiel et un salaire payé au noir, ce qui, bien sûr, serait illogique.

Déclaration spontanée Les bénéfices dissimulés sont, eux aussi, imposés à présent au taux de 103%. Si toutefois ils sont repris spontanément dans la comptabilité, la sanction est limitée à 51,5%. Quoi qu’il en soit, les bénéfices ne peuvent plus être considérés comme des frais professionnels, contrairement à ce qui prévalait dans l’ancien régime fiscal. Pour conclure, on peut affirmer que le monstre du Loch Ness que représentait cette fameuse amende de 309% semble

définitivement vaincu. La nouvelle approche est plus pragmatique et crée davantage de clarté pour le contribuable.

RESERVE DE LIQUIDATION : UN NOUVEAU CONCEPT DONT VOUS POURREZ TIRER PROFIT La hausse de 10% à 25% du précompte mobilier sur le bonus de liquidation a soulevé, l’an dernier, une tempête de protestations parmi les indépendants. Un phénomène compréhensible car, pour bon nombre d’entrepreneurs, leur société ne représente ni plus ni moins que leur bas de laine pour la retraite. Les réactions furent si violentes qu’un grand nombre de sociétés ont été mises en liquidation afin d’anticiper l’entrée en vigueur (au 1er octobre 2014) de cette hausse d’impôt. Le gouvernement a alors adopté certaines mesures transitoires. Grâce à l’instauration de la réserve de liquidation, il fait aujourd’hui en sorte de rendre acceptable à long terme, de façon intéressante sur le plan fiscal, cette taxe de liquidation augmentée de manière drastique. Même lorsque l’entreprise n’est pas (encore) mise en liquidation.

Comment cela fonctionne-t-il exactement ? Les sociétés peuvent désormais affecter tout ou partie de leur bénéfice (après impôts) à une réserve de liquidation. Lors de

« LES SOCIETES PEUVENT DESORMAIS AFFECTER TOUT OU PARTIE DE LEUR BENEFICE (APRES IMPOTS) A UNE RESERVE DE LIQUIDATION. »

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la construction de cette réserve, le montant mis en réserve est imposé à hauteur de 10%, mais, en contrepartie, les actionnaires ne seront plus imposés ultérieurement, au moment de la mise en liquidation, sur la distribution de la réserve de liquidation. En d’autres termes, le prélèvement de 10% à payer lors de la constitution de la réserve annule immédiatement le prélèvement final. La constitution d’une réserve de liquidation s’effectue très simplement dans la pratique. Contrairement à l’application de la mesure transitoire universellement connue du gouvernement Di Rupo (la fameuse « liquidation interne »), il n’est plus question ici d’augmentation de capital, si bien qu’il n’est plus nécessaire de faire appel à un notaire ou à un réviseur d’entreprise. Il suffit que l’assemblée générale décide, chaque année, d’affecter tout ou partie du bénéfice de l’exercice à la nouvelle réserve de liquidation. Il est important de souligner que seul le bénéfice de l’exercice peut faire l’objet d’un tel transfert. Les bénéfices reportés ou réservés des exercices antérieurs n’entrent donc pas en ligne de compte. Enfin, il faut rappeler que cette nouvelle règle ne s’applique qu’aux petites et moyennes entreprises (PME).

Dois-je attendre aussi longtemps ? Celui qui ne peut pas patienter jusqu’à la liquidation de la société et distribue anticipativement la réserve de liquidation sous la forme d’un dividende en paiera le prix fiscal : en cas de distribution endéans les cinq ans qui suivent la constitution, le taux du précompte mobilier s’élèvera à 15% (ce qui porte la charge fiscale totale à 10+15, soit 25%) ; en cas de distribution au-delà des cinq ans, le taux est limité à 5% (ce qui porte la charge fiscale totale à 10+5, soit 15%). Ce précompte mobilier de 5% reste supérieur au taux applicable en cas de liquidation (0%), mais constitue un fameux gain par rapport au


DOSSIER

REFORME DU DROIT SUCCES­ SORAL : UNE PROPOSITION DE LOI ENTEND RENCONTRER LES BESOINS SOCIETAUX ACTUELS

précompte de 25% sur les dividendes normaux ! Le terme de cinq ans est calculé à partir de la date de clôture de l’exercice comptable durant lequel la réserve de liquidation est constituée. Voici un exemple pour rendre cela plus clair : prenons une PME dont les comptes sont calqués sur l’année civile et qui réalise pour l’année de revenus 2014 (exercice d’imposition 2015) un bénéfice de 2.000 euros après impôt des sociétés « normal ». L’assemblée générale décide, en juin 2015, d’en affecter 1.000 euros à la réserve de liquidation. Un impôt spécial de 100 euros (10% du montant mis en réserve) est donc dû. D’un point de vue technique, ce montant de 100 euros fait l’objet d’une imposition spéciale à l’impôt des sociétés, à charge de la société (et non des actionnaires). La totalité des 1.000 euros est donc affectée à la réserve de liquidation et non pas, dans notre cas, 900 euros. Lors de la liquidation ultérieure de la société, la réserve de liquidation de 1.000 euros pourra être distribuée aux actionnaires en étant exemptée d’impôts. Une distribution anticipée est également envisageable, moyennant un précompte mobilier de 15% si l’opération est effectuée avant le 1er janvier 2020 (31/12/2014 + 5 ans) ou de 5% au-delà de cette date.

Notre vision Il est évident que la réserve de liquidation peut s’avérer fiscalement intéressante pour un grand nombre d’entreprises. Nous formulons néanmoins deux commentaires : 1. Compte tenu du fait que le prélèvement de 10% lors de la constitution de la réserve de liquidation est dû immédiatement, la société ne disposera plus de cet argent et ne pourra donc plus en tirer un quelconque rendement. En outre, les fonds propres de la société diminueront d’un montant équivalent, ce qui aura notamment

« LA MESURE ENTRE EN VIGUEUR DES L'EXERCICE D'IMPOSITION 2015. LE BENEFICE DE L’EXERCICE CLOTURE AU 31 DECEMBRE 2014 PEUT DONC DEJA FAIRE L’OBJET D’UN TRANSFERT VERS LA RESERVE DE LIQUIDATION. »

un impact négatif sur la déduction des intérêts notionnels. 2. L’instauration de la réserve de liquidation s’ajoute à une autre mesure favorable existante grâce à laquelle les actions émises par des PME peuvent bénéficier, depuis le 1er juillet 2013, d’un précompte mobilier de 15% sur les dividendes, sous certaines conditions (régime VVPRbis). Du fait de ces deux mesures favorables qui, à première vue, s’inscrivent dans le même esprit, la mise en place d’une politique de dividendes longuement mûrie et optimale sur le plan fiscal devient un véritable casse-tête pour une petite PME. Il est, dès lors, important de bien s’entourer ! N’attendez pas trop pour agir dans le cadre de cette dernière mesure. Celle-ci entre, en effet, en vigueur dès l’exercice d’imposition 2015. Le bénéfice de l’exercice clôturé au 31 décembre 2014 peut donc déjà faire l’objet d’un transfert vers la réserve de liquidation.

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Une modernisation s’impose afin d’adapter le droit successoral à la société moderne, caractérisée par davantage de diversité dans les situations familiales – pensez notamment aux personnes qui ont un nouveau partenaire ou des beauxenfants qu’elles souhaitent favoriser. Durant la précédente législature, plusieurs réformes de moindre ampleur avaient été mises en œuvre, entre autres sur le plan de l’indignité successorale, du saut de génération en matière d’héritage et des donations par assurances-vie. La proposition de loi déposée à la Chambre le 3 décembre 2014 franchit un pas supplémentaire. Son but est de répondre aux besoins actuels, aux évolutions sociétales et aux nouvelles formes de vie en commun. Cette proposition de loi reprend les termes d’une autre proposition déposée au Sénat au cours de la précédente législature, mais qui n’avait pas encore été coulée en forme de loi. Nous détaillons ici certaines des propositions déposées sur la table.

Fin de la discrimination à l’égard du conjoint survivant Quelle est la situation actuelle ? Lorsque le conjoint décédé ne laisse pas d’enfants, mais était marié, la loi actuelle prévoit un droit successoral différencié. Cela signifie que l’étendue de celui-ci est déterminée par le régime matrimonial du défunt. Si celui-ci était marié sous un régime de communauté de biens, le conjoint survivant hérite à la fois de la pleine propriété de la part du défunt dans la communauté et de l’usufruit des biens propres de ce dernier. Si le défunt était marié sous un régime de séparation de


DOSSIER

« NOUS ESPERONS QUE LA REFORME PROGRAMMEE SE CONCRETISERA AU COURS DE CETTE LEGISLATURE, CAR L’ADAPTATION DU DROIT SUCCESSORAL A LA SOCIETE DE 2015 N’EST CERTAINEMENT PAS UN LUXE INUTILE. »

serve correspondant à un quart de la succession. Cette réserve serait supprimée. Le champ d’application de la règle serait toutefois étendu dans l’hypothèse où les parents se voient accorder, s’ils sont dans le besoin, un droit alimentaire à charge de la succession.

Diminution de la réserve des enfants

biens, le conjoint survivant n’hérite alors que de l’usufruit de son patrimoine. Un exemple en vue d’éclairer ceci : lorsque des conjoints sans enfants, mariés sous un régime de communauté, achètent, par exemple, ensemble le logement familial dans le cadre du mariage, le conjoint survivant en obtiendra la pleine propriété au décès du prémourant. En revanche, si les conjoints étaient mariés sous le régime de la séparation de biens et avaient acheté le logement familial en indivision, le conjoint survivant conservera sa moitié du bien en pleine propriété et héritera de l’usufruit de l’autre moitié (celle du conjoint décédé). La nue-propriété de la moitié de l’habitation revient, dans ce cas, aux parents du défunt. Pour une famille sans enfants, le fait d’être marié ou non sous le régime de la communauté de biens induit donc une énorme différence.

Que contient la nouvelle proposition ? L’objectif est d’éliminer cette discrimination. Selon la nouvelle proposition de loi, le critère pertinent pour déterminer l’étendue du droit successoral ne doit plus être l’existence ou non d’une communauté, mais bien l’existence d’acquêts (biens familiaux acquis pendant le mariage). Il est donc proposé de stipuler que lorsqu’un des époux décède sans laisser de descendance, les acquêts soient transmis en pleine propriété au conjoint survivant et les autres biens (biens antérieurs au mariage

et patrimoine familial reçu par donation ou héritage) en usufruit seulement. Si l’on se réfère à notre exemple ci-dessus, cela signifierait que le logement familial revient au conjoint survivant, même en cas de séparation de biens.

Maintien de la règle concernant le cohabitant légal survivant La règle qui est d’application aujourd’hui, selon laquelle le cohabitant légal survivant hérite de l’usufruit sur le logement familial et le mobilier (sauf conventions contraires), est maintenue. Ce droit successoral ne s’appliquera toutefois plus qu’aux couples entretenant une relation intime. En outre, des éclaircissements seront apportés, notamment en ce qui concerne la notion de logement familial dans ce contexte.

Réserve : la part dont on ne peut priver certains héritiers déterminés Le droit successoral actuel connaît trois catégories d’héritiers bénéficiant d’une part minimale d’héritage protégée (ou réserve) : les descendants (enfants, petitsenfants), les ascendants (parents, grandsparents) et le conjoint survivant.

Un autre changement important est la plus grande liberté laissée aux parents dans le choix des personnes qu’ils souhaitent favoriser. Il en résulte une diminution de la part réservataire des enfants. La quotité disponible (dont le défunt a pu faire bénéficier la ou les personne(s) de son choix, par exemple via un testament, sans que cela puisse être contesté) continuerait à représenter la moitié de sa succession. Un enfant unique recevrait donc, comme c’est déjà le cas aujourd’hui, une part réservataire de 1/2. S’il y a deux enfants, chacun d’entre eux aurait une réserve de 1/4 (actuel­ lement, leur part est de 1/3) ; s’il y en a trois, une réserve de 1/6e chacun (actuellement 1/4) ; s’il y en a quatre, une réserve de 1/8e chacun (au lieu de 3/16e chacun). Si le bénéficiaire n’est pas un successible (autrement dit, s’il ne fait pas partie de la famille), une réduction en nature serait toujours possible – une amputation de la donation à un tiers pour autant qu’elle empiète sur les réserves des enfants en tant qu’héritiers réservataires, par exemple – afin de maintenir les biens (ou une partie de ceux-ci) dans la famille. Si le bénéficiaire est déjà un successible, la réduction ne serait plus possible qu’en valeur. Dans ce cas en effet, l’argument selon lequel les biens doivent rester dans la famille ne joue plus.

Suppression de la réserve des parents

Adaptation de la réserve du conjoint survivant

Si une personne décède sans descendants, chaque parent bénéficie d’une ré-

La réserve du conjoint survivant comprend actuellement une réserve concrète

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DOSSIER

(usufruit viager sur le logement familial et le mobilier) et une réserve abstraite (usufruit viager sur la moitié de la succession). La réserve concrète est maintenue telle quelle. En effet, celle-ci permet au conjoint survivant de continuer à vivre dans son cadre familier après le décès du prémourant. Par contre, des changements pourraient être apportés à la réserve abstraite. L’usufruit sur la moitié de la succession, tel qu’il est actuellement conçu, présente un inconvénient : il n’établit pas de distinction selon la composition de la succession, c’est-à-dire entre le patrimoine propre de chacune des deux parties d’un côté et celui qui a été constitué ensemble par les deux partenaires durant le mariage (acquêts). Concrètement, il est donc question d’établir à nouveau une distinction entre les acquêts et les biens propres : le conjoint survivant devrait au minimum pouvoir bénéficier de l’usufruit sur la part détenue par le défunt dans les acquêts. Le patrimoine propre du défunt peut être transmis à ses héritiers de sang, sans que celui-ci ne soit grevé d’un usufruit viager au profit du conjoint survivant.

Enfants fragilisés ou vulnérables : une proposition dans l’intérêt de l’enfant Sur la base de la nouvelle proposition de loi, les parents d’enfants fragilisés ou vulnérables1 bénéficieraient de plus de possibilités pour constituer une structure adaptée à la gestion du patrimoine de leur enfant. Le texte propose que les parents puissent grever la part successorale de leur enfant d’une « charge » – une forme de limitation -, pour autant que celle-ci vise à protéger l’enfant contre une gestion inconsidérée de sa part successorale. Cette charge peut également consister en un étalement du transfert de la valeur de la part à terme, par tranches, ou sous la forme d’une rente viagère. En outre, cette charge doit aller de pair avec la désignation, par testament, d’une personne qui aura pour mission de requérir auprès du juge de paix une mesure de protection judiciaire, sitôt après le décès du disposant. L’administrateur à désigner aura pour mission de veiller à l’exécution de la charge, en conformité avec les intérêts de l’enfant. 1   Les enfants fragilisés ou vulnérables sont ceux dont on peut craindre qu’ils ne seront pas en état, après leur majorité, de veiller eux-mêmes et de manière autonome à leurs besoins personnels et patrimoniaux, en raison des restrictions qu’ils subissent dans leur fonctionnement physique, psychique ou social ou qui résultent de la combinaison de certains de ces dysfonctionnements.

Autoriser les pactes successoraux « LES PARENTS JOUISSENT DESORMAIS D'UNE PLUS GRANDE LIBERTE DANS LE CHOIX DES PERSONNES QU'ILS SOUHAITENT FAVORISER. »

En vertu du droit actuel, il est interdit de conclure des pactes sur succession future. Sous l’influence de la jurisprudence, cette interdiction a été assouplie, mais dans la proposition actuellement sur la table, il est explicitement permis de conclure des pactes familiaux à titre particulier. Un pacte successoral est, en outre, expressément autorisé et réglé par

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la loi. Le père ou la mère (ou les deux ensemble) pourraient conclure un pacte successoral par acte notarié avec (certains de) leurs enfants, en ce compris les enfants nés d’un autre lit. Un équilibre pourrait être établi de cette manière et d’éventuels différends évités dans le futur, par exemple en arrêtant la valeur des donations déjà effectuées ou en déterminant ce que chacun devra encore recevoir afin d’atteindre l’équilibre. Un pacte portant sur l’ensemble de la succession ou une part proportionnelle de celui-ci reste néanmoins interdit.

Vers un droit successoral en 2015 ? La législation actuelle en matière de droit successoral a considérablement vieilli. Sa modernisation fait l’objet d’une forte demande sociétale. Le fait de (re) déposer la proposition de loi dont on vient de parler a pour but de « bousculer » le ministre de la Justice. Nous espérons en tout cas que la réforme programmée se concrétisera au cours de cette légis­ lature, car l’adaptation du droit successoral à la société de 2015 n’est certainement pas un luxe inutile. Il est possible que le contenu de la proposition ne soit pas coulée en forme de loi dans son intégralité : sur certains points, il y aura sans doute de nécessaires débats.

LE PAYSAGE DES PENSIONS COMPLETEMENT REMODELE Peu de sujets sont aussi sensibles lors de chaque débat que l’avenir de notre pension. Quand pourrons-nous prendre notre pension ? Quel en sera le montant ? Quel traitement fiscal lui sera réservé ? Focalisons-nous un instant sur les réformes qui entrent en vigueur dès 2015. Et intéressons-nous au véritable « dîner sept services » qui nous attend encore en matière de réforme des pensions.


DOSSIER

Gel des plafonds fiscaux Comme cela a déjà été dit ci-avant, le gouvernement a décidé de geler tous les plafonds de déductibilité et d’exonération fiscale. L’épargne-pension et l’épargne à long terme n’échappent pas à cette hausse déguisée de la pression fiscale. Au cours des prochaines années, vous pourrez à chaque fois déduire fiscalement une contribution maximale de 940 euros pour l’épargne-pension et de 2.260 euros pour l’épargne à long terme.

Réduction de la taxation du capital de l’épargne-pension En dépit du gel du montant déductible maximum, le gouvernement souhaite continuer à stimuler la constitution de l’épargne personnelle. Pour ce faire, il réduit la taxation sur le capital constitué de 10% à 8%. Ce tarif réduit s’appliquera toutefois uniquement à l’épargne-pension, et donc pas à l’épargne à long terme. En principe, cette taxation finale est retenue au 60e anniversaire de la personne concernée. Pour alimenter dès à présent les caisses de l’Etat, 1% sera retenu au cours des cinq prochaines années de manière « anticipée ». On tire cette sagesse du gouvernement Di Rupo qui a eu recours à un tour de passe-passe similaire. Le décompte ultime suit alors, en principe, au moment du 60e anniversaire. Imaginons que vous participiez à l’épargne-pension depuis plusieurs années déjà et que vous souhaitiez demander votre capital pension à 65 ans. Au cours des cinq prochaines années, 1% sera à chaque fois retenu sur l’épargnepension constituée jusqu’à la fin 2014. Un décompte suivra à vos 60 ans. Vous obtiendrez ensuite, à 65 ans, le capital sur votre compte, sans autre taxation.

Percevoir un revenu d’appoint illimité à partir de 65 ans L’assouplissement du travail autorisé après la pension est une autre mesure qui entrera en vigueur dès cette année.

Avant 2015, vous pouviez percevoir un revenu d’appoint illimité à partir de vos 65 ans, du moins si vous pouviez vous prévaloir d’une carrière d’au moins 42 années. Mission impossible pour ceux qui ont eu un cursus scolaire plus long, comme les médecins par exemple. Si vous ne pouviez pas remplir ce critère, vous deviez respecter certaines restrictions ou vous perdiez (une partie de) votre pension. Le gouvernement Michel supprime désormais cette « discrimination ». A partir de 2015, vous pourrez continuer de percevoir un revenu d’appoint illimité dès l’instant où vous avez 65 ans. Si vous pouvez vous prévaloir d’une carrière de 45 années, c’est même possible plus tôt.

sions 2020-2040 est la principale source d’inspiration en la matière. Le menu paraît très ambitieux, mais nous ne savons pas encore très clairement ce que l’on va réellement nous servir dans l’assiette ni dans quelle mesure nous allons l’apprécier.

Age de la pension L’ingrédient qui a le plus fait couler d’encre dans les communiqués de presse est celui de l’âge légal de la pension. On souhaite le porter, dans le sillage des pays voisins, à 66 ans en 2025 et 67 ans en 2030. Toutefois, cet âge légal de la pension est rarement atteint actuellement et l’on arrive en fin de carrière bien plus tôt. En Belgique, la carrière professionnelle se termine, en effet, vers 59 ans en moyenne.

« LE MENU PARAIT TRES AMBITIEUX, MAIS NOUS NE SAVONS PAS ENCORE CLAIREMENT CE QU'IL Y AURA VRAIMENT DANS L'ASSIETTE NI DANS QUELLE MESURE NOUS ALLONS L'APPRECIER. »

Si vous ne répondez pas à ces conditions, vous resterez soumis à certaines limites de cumul. En cas de dépassement de ces limites, votre pension en sera réduite proportionnellement. Imaginons que vous ne puissiez pas encore percevoir un revenu d’appoint illimité et que vous dépassiez la limite autorisée de 30%. Dans ce cas, votre pension sera également réduite de 30% cette année-là !

Le durcissement de la règlementation relative à la pension anticipée aura, dès lors, un impact nettement plus prononcé que l’âge légal de la pension. En 2019, on ne pourra prendre sa pension anticipée qu’à partir de 63 ans, à condition d’avoir tra­ vaillé pendant 42 ans. Comme toujours, des périodes transitoires et des exceptions pour les très longues carrières sont prévues.

Calcul de la pension Et sur le plus long terme ? Ces premières mesures concrètes de 2015 ne sont toutefois que deux mises en bouche précédant tout un dîner sept services. C’est logique, car l’accord de gouvernement comporte une réforme radicale du système de pensions tel que nous le connaissons aujourd’hui. Cette réforme doit être terminée à l’horizon 2030. Le rapport de la Commission des pen-

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Le calcul de la pension serait, lui aussi, revu. On évoque, à ce sujet, le passage à un système à points. Pendant la carrière, on accumule des points qui sont multipliés, au moment du départ à la pension, par la valeur du point. Cette valeur est une variable qui peut évoluer dans le temps et est également tributaire du régime dans lequel on a travaillé : fonctionnaire, indépendant ou salarié.


DOSSIER

L’objectif consiste toutefois à gommer les différences entre les trois régimes ou, du moins, à les harmoniser dans la mesure du possible. Certaines vaches sacrées devraient ainsi tomber, comme, par exemple, l’inclusion automatique des années d’études dans le calcul de la pension pour les fonctionnaires. De nouveaux concepts sont également étudiés, tels que, par exemple, une pension à temps partiel, et l’on tente d’adapter le système des pensions aux nouvelles dimensions familiales et formes de vie en commun. Modernisation, viabilité financière et flexibilité sont les mots clés en la matière.

Pension complémentaire On souhaite également accroître cette flexibilité pour la pension complémentaire. Les salariés peuvent se constituer un supplément de pension complémentaire via des retenues sur le salaire. Les indépendants qui ne sont pas constitués en société obtiendraient les mêmes possibilités de recevoir une pension complémentaire que les indépendants en société. Pour limiter tout cela, le plafond des 80% sera également modernisé. Celui-ci régit la déductibilité des primes de pension dans la société. Le but ? Evaluer la constitution de la pension complémentaire sur l’ensemble de la carrière. Le gouvernement précédent souhaitait lui aussi s’attaquer à ce concept, même si une réforme radicale est restée lettre morte jusqu’à présent. Vous ne savez pas où vous en êtes ? Pas de problème (espérons-le en tout cas). La pension que vous avez constituée, tant légale que complémentaire, est systématiquement reprise dans une base de

données. Cette base de données doit vous permettre, ainsi qu’au fisc, de jouir d’une meilleure transparence.

TAXE BOURSIERE POUR LES INVESTISSEURS Vous investissez dans des actions ou des fonds d’investissement ? Positionnez-vous, car la taxe sur les opérations boursières pour ces produits subit une nouvelle hausse. La taxe boursière vous est portée en compte lorsque vous achetez ou vendez des produits d’investissement. Elle est calculée en pourcentage du prix. Jusqu’à présent, en cas d’achat ou de vente d’actions, il fallait s’acquitter d’une taxe boursière de 0,25%, avec un maximum de 740 euros. Depuis le 1er janvier 2015, la taxe boursière s’élève à 0,27% et le plafond est porté à 800 euros. La taxe boursière augmente aussi pour les fonds d’investissement. Désormais, lors de la vente d’un fonds de capitalisation (autrement dit, les fonds qui réinvestissent leurs bénéfices et sur lesquels il est uniquement possible de réaliser une plus-value), une taxe boursière de 1,32% est due, avec une taxe de transfert ou de sortie de maximum 2.000 euros. En 2012, la taxe boursière avait été relevée à deux reprises. Une première fois de 0,50% à 0,65%, et une seconde fois de 0,65% à 1%. Elle est, à présent, à nouveau majorée, à 1,32%. En d’autres termes, la taxe boursière sur ce type d’opérations a augmenté de 264% ces dernières années. Une taxe boursière de 0,09% était déjà prélevée sur les fonds qui distribuent leur

« LA PENSION QUE VOUS AVEZ CONSTITUEE, TANT LEGALE QUE COMPLEMENTAIRE, EST REPRISE DANS UNE BASE DE DONNEES, CE QUI GARANTIT UNE MEILLEURE TRANSPARENCE POUR VOUS-MEME AINSI QUE POUR LE FISC. »

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produit, ce que l’on appelle les fonds de distribution, à l’exception des fonds de distribution non cotés en Bourse. La situation est restée inchangée à ce niveau. Rien ne change non plus pour les investisseurs en obligations et bons de caisse. La taxe boursière lors de la négociation d’obligations sur le marché secondaire demeure inchangée et se chiffre à 0,09%. Le plafond reste fixé à 650 euros. Si vous achetez des actions ou obligations au moment de leur émission, vous ne payez pas de taxe boursière.

INTERETS DES COMPTES D’EPARGNE Les intérêts sur les comptes d’épargne demeurent en principe soumis à un précompte mobilier de 15%. A ce niveau, rien ne change. Dans certaines limites, les intérêts sur les comptes d’épargne réglementés bénéficient d’une exonération fiscale. Début 2014, le plafond a été indexé, comme de coutume, pour atteindre 1.900 euros. Cependant, à la fin de l’année dernière, le gouvernement Michel a effectué un saut d’index à rebours, ramenant celui-ci au niveau de 2013. Au surplus, ce montant est désormais gelé jusqu’en 2017. Concrètement, l’exonération de précompte mobilier s’applique donc à concurrence de 1.880 euros d’intérêts par livret d’épargne. Au-delà de ce plafond, le précompte mobilier est de 15%. Attention : cette exonération ne s’applique pas par institution financière, mais par personne. La pratique nous montre qu’on a parfois tendance à l’oublier…

TAXE DE TRANSPARENCE POUR LES STRUCTURES ETRANGERES La taxe de transparence, également appelée taxe Caïman, fut l’une des mesures de l’accord de gouvernement les plus abondamment discutées. Son but est de taxer les revenus des trusts et autres constructions juridiques à l’étranger.


DOSSIER

Le gouvernement Michel fait un pas supplémentaire dans le projet de cartographier les avoirs des Belges fortunés qui sont logés dans des structures étrangères, pour éventuellement les taxer ensuite. Après l’obligation de déclaration des constructions juridiques à l’étranger, qui s’applique depuis 2014 aux fondateurs, bénéficiaires ou bénéficiaires potentiels de celles-ci, on travaille maintenant à cette taxe dite de transparence qui vise les mêmes structures. Aucune loi n’a encore été votée à ce jour, ce qui crée de l’incertitude quant à la teneur du régime fiscal et à l’entrée en vigueur effective de la taxe Caïman. Bien qu’il n’y ait pas d’explications complémentaires, nous craignons que la mesure ne concerne : sortes de systèmes de trusts permettant de confier la gestion de patrimoines à un administrateur, qui remplit cette mission au profit d’un bénéficiaire ou dans un but précis ; • des entités étrangères non taxées ou faiblement taxées, avec ou sans personnalité juridique, telles que décrites dans l’AR du 19 mars 2014 (69 véhicules sont repris dans cette liste). Attention : il est question ici d’entités qui bénéficient de manière évidente d’un régime fiscal favorable (par comparaison avec la Belgique). • toutes

La taxe de transparence peut s’appliquer au fondateur et/ou au tiers bénéficiaire, qui tire avantage ou perçoit une allocation de tels véhicules. L’impôt sur ceux-ci s’élèverait à 25%. Les constructions visées sont principalement les véhicules implantés en dehors de l’UE (d’où le nom de taxe Caïman, par référence aux îles du même nom), à l’exception de la Société de Gestion de Patri­ moine Familial (SPF) au Luxembourg. Un certain nombre de structures établies au

Liechtenstein, en Suisse et à Monaco sont également visées. Pour que les choses soient tout à fait claires : de telles constructions ne sont pas interdites, mais deviennent transparentes (grâce à la déclaration) et leurs revenus potentiellement taxés (via la taxe de transparence). Les modalités concrètes de la mesure doivent encore être définies. Cette disposition doit permettre de lever des impôts dans les cas où une construction juridique empêche un prélèvement fiscal normal. Dès lors, les assurances-vie étrangères, les fonds d’investissement, les BV néerlandaises et les Soparfi luxembourgeoises ne sont pas visés par la mesure. Il s’agit, en effet, de structures qui soit sont soumises à des régimes fiscaux normaux, soit ne bénéficient d’aucun statut plus avantageux que des structures similaires dans notre pays (une assurance-vie luxembourgeoise ne bénéficie d’aucun avantage fiscal par rapport à un produit belge équivalent).

« IL EST QUESTION D’UN DEPLACEMENT DES CHARGES PESANT SUR LE TRAVAIL VERS LE PATRIMOINE, LA CONSOMMATION ET L’ENVIRONNEMENT TANT DANS L’ACCORD DE GOUVERNEMENT QUE DANS LA NOTE D’ORIENTATION POLITIQUE DU MINISTRE DES FINANCES. »

IMPOT SUR LA FORTUNE/LES GAINS EN CAPITAL OU IMPOT SUR LES PLUS-VALUES ? Un autre sujet sensible dans les débats de ces derniers mois concerne l’impôt sur la fortune/les gains en capital. Personne n’est suffisamment devin pour savoir si un tel impôt ou un impôt sur les plus-values verra le jour ou non. Certains suggèrent que la porte reste entrouverte, au travers du « tax shift » envisagé. Tant dans l’accord de gouvernement que dans la note d’orientation politique du ministre des Finances, il est clairement question d’un déplacement des charges pesant sur le travail vers le patrimoine, la consommation et l’environnement. Nous redoutons cependant qu’un éventuel impôt sur la fortune ne soit qu’une mesure symbolique, le capital étant, en effet, très mobile dans un contexte international. Ceci est aisément démontrable au travers d’exemples pas si éloignés de nous. Ainsi, chez nos voisins français, la taxation des super-riches avait été annoncée à grands roulements de tambours. C’était même LA mesure symbolique de la campagne présidentielle de François Hollande. Ceux qui avaient les revenus les plus élevés devaient verser leur quote-part pour aider à sortir le pays de la crise économique. Cet impôt, qui s’est matérialisé en mars 2013, a ensuité été discrètement enterré à la fin de la même année. Il est permis de se demander si une mesure symbolique de cette nature atteint bien l’objectif souhaité. D’autant que notre pays subit déjà une pression fiscale élevée, y compris sur le patrimoine.

VOTRE PATRIMOINE IMMOBILIER Suite à la sixième réforme de l’Etat, les régions sont compétentes en ce qui concerne « l’habitation propre » depuis le 1er janvier 2014. Le traitement fiscal des

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DOSSIER

autres biens immobiliers reste, en revanche, une matière fédérale. Ceci a des conséquences certaines sur la fiscalité immobilière, qui, en toute logique, n’en devient pas plus simple…

Habitation propre : une compétence régionale Les régions sont désormais compétentes pour le traitement fiscal des dépenses liées à l’acquisition ou à la conservation de « l’habitation propre ». Cela implique qu’elles peuvent, en cette matière arrêter leurs propres dispositions fiscales. Tour d’horizon.

Bruxelles Aux dernières nouvelles, le gouvernement régional souhaiterait imposer davantage l’investisseur immobilier actif sur le marché bruxellois. D’où le plan visant à augmenter le précompte immobilier. En revanche, la Région bruxelloise souhaite attirer davantage de ménages dans le capitale grâce à la combinaison suivante : une diminution des droits d’enregistrement et une réforme du bonus logement. Provisoirement, le montant de base et les majorations demeurent inchangés. Il faut dire que le taux de 45% appliqué à Bruxelles est le plus élevé des trois régions. Le gouvernement bruxellois se donne jusqu’à 2017 pour réformer cette matière définitivement.

Ce principe simple est-il modifié à partir de 2015 ? L’habitation propre relève désormais des compétences régionales, tandis que la seconde résidence demeure une compétence fédérale. Ceci a pour conséquence que les intérêts des emprunts souscrits à partir du 1er janvier 2015 pour la rénovation de l’habitation propre ne sont plus déductibles du revenu immobilier de votre seconde résidence. Si votre emprunt a été contracté avant 2015, vous pourrez jouir d’une réduction d’impôt au taux marginal (taux de la tranche la plus élevée, avec un minimum de 30%) au niveau régional, dans le cadre d’une mesure transitoire.

Flandre Les contours du bonus logement flamand pour les crédits souscrits à partir du 1er janvier 2015 sont désormais connus. Le montant de base est ramené de 2.280 à 1.520 euros. Les majorations de 760 euros durant les dix premières années de l’emprunt et de 80 euros pour au moins trois enfants à charge demeurent inchangées. Remarquez toutefois que ces plafonds ne seront plus indexés annuellement. Enfin, l’avantage fiscal sera calculé sur base d’un taux uniforme de 40%. Dans le même temps, la Flandre souhaite profiter de cette occasion pour simplifier les droits d’enregistrement. La suppression de certains régimes de faveur est à l’ordre du jour afin de parvenir à un taux général plus bas. Mais il n’y a jusqu’ici rien de concret sur la table.

Wallonie A compter du 1er janvier 2015, le taux du bonus logement wallon est ramené à 40%. Il devrait y avoir peu de changements par ailleurs en Wallonie. Le montant de base de 2.290 euros (pour l’exercice d’imposition 2015) et les majorations restent d’application. Une réforme définitive est vraisemblablement attendue pour 2017.

La déduction classique des intérêts Principe : neutraliser les revenus immobiliers Il est permis de déduire de ses revenus immobiliers imposables les intérêts des emprunts souscrits pour acheter, con­ struire ou rénover une habitation. Cette technique permet de neutraliser son revenu immobilier. Contrairement aux autres réductions d’impôts, tels que le bonus logement ou l’épargne à long terme, le crédit hypothécaire ne doit répondre qu’à quelques exigences. Eclairons ce point à l’aide d’un exemple. Outre votre habitation propre, vous possédez une seconde résidence à la Côte. Sur la base du revenu cadastral (1.000 euros), le revenu imposable sur ce bien s’élève à 2.380 euros2. Vous planifiez la rénovation de la salle de séjour de votre habitation propre et empruntez pour ce faire 20.000 euros sur une période de cinq ans. Les intérêts que vous payez dans le cadre de cette rénovation sont déductibles de vos revenus immobiliers (2.380 euros). Le solde est imposé à des taux progressifs allant jusqu’à 50%.

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Si l’emprunt destiné à la rénovation de l’habitation propre a été souscrit avant le 1er janvier 2015, vous ne bénéficierez plus d’aucune réduction d’impôt en Wallonie et à Bruxelles. En d’autres termes, les intérêts de ce prêt ne s’accompagnent plus d’aucun avantage fiscal. En Flandre, en revanche, vous pourrez encore bénéficier d’une réduction d’impôt de 40% sur les intérêts des emprunts souscrits à partir du 1er janvier 2015 pour l’habitation propre et qui n’entrent pas en ligne de compte pour le bonus logement. Cependant, l’avantage fiscal peut être inférieur à la déduction classique des intérêts à l’échelon fédéral. A ce niveau, en effet, l’avantage fiscal s’applique au taux marginal. Du point de vue strictement fiscal, il est donc préférable d’emprunter en vue de la rénovation de votre résidence secondaire ou d’un investissement immobilier, plutôt que pour la rénovation de l’habitation propre.

= 1.000 € X 1,7 (coefficient d’indexation) X 1,4

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AUTO

BE N T L E Y CON T I N E N TA L GT

Le rêve californien

En Californie, la Highway 1 est le paradis sur terre pour les conducteurs dont les veines charroient de l’essence plutôt que du sang. Mais la parcourir à bord d’une Bentley Continental GT, c’est le top du top, gage d’un roadtrip divin. TEXTE BART LENAERTS | PHOTOS LIES DE MOL

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C

’est bien ma veine : il pleut, mais pas une de ces petites bruines qui vous collent à la peau ; les trombes d’eau sont telles qu’il faudra bientôt faire appel à Noé pour reconstruire son arche. Et il ne pleut pas n’importe où, il pleut dans la vallée de la Mort, ce coin perdu que Dieu semble avoir vendu au diable. Ici, la terre meurt habituellement de soif et le souffle du vent y est brûlant. Sauf aujourd’hui, évidemment. Ce déluge semble une punition réservée à cette Sodome et Gomorrhe qu’est la ville de Las Vegas, toute proche, un peu comme si Dieu voulait nettoyer au karcher toutes ces turpitudes. On est en Amérique, un pays qui se noie dans les legal liabilities. Donc, la police locale met en garde les automobilistes : s’ils poursuivent leur route, c’est à

leurs risques et périls. Il faut bien dire que tous ne prennent pas la route à bord d’une Bentley Continental GT. En compagnie de quelques rares SUV ou d’un pick-up isolé, notre crâneuse anglaise se fraie un chemin parmi les nombreuses flaques, les rivières en crue qui mordent la route et les gros cailloux qu’elle entraîne dans son sillage. Aucune Aston, Ferrari ou Lamborghini n’en ferait autant, c’est sûr.

de joie. Elle avale les kilomètres et met à profit chaque virage pour faire étalage de son talent. Et même si ce colosse pèse près de 2,5 tonnes, sa conduite est plus vive et agile qu’un lièvre dans la forêt. L’environnement inhospitalier se résume à un paysage admiré à travers le pare-brise, un peu comme si un film en 3D était projeté là, rien que pour nous, la pédale des gaz faisant office de bouton fast forward.

La vallée de la Mort, c’est un de ces lieux que l’on inscrit sur sa liste des dix lieux à découvrir avant de mourir. L’atmosphère y est telle, la beauté tellement irréelle que même les bolides américains sont tentés de mettre une sourdine. Malgré ces étendues désertiques et cette désolation, cette route nous étonne, nous surprend et nous défie. Et ce, dans un pays qui tient à ce que l’asphalte soit comme sa pensée : unique et rectiligne. ‘Notre’ Bentley ne se tient plus

A la périphérie de la vallée de la Mort, les voyageurs férus d’aventure s’arrêtent dans des patelins quasi déserts, autrefois bâtis de toutes pièces par les chercheurs d’or et abandonnés tout aussi vite lorsque le précieux métal est venu à manquer ou n’a tout simplement jamais été trouvé. Ces colonies, rongées par le temps, ne sont pas toujours faciles d’accès, même si cela n’a posé aucun problème à notre Bentley à traction intégrale.


AUTO

Beaucoup de trésors à dénicher ici par les amateurs d’archéologie industrielle ou tout simplement par ceux qui apprécient autant la couleur rouille que celle de l’or. La Bentley ne se laisse démonter ni par les uns ni par les autres : elle rayonne, tout simplement.

UN SUCCES FRACASSANT La marque Bentley n’était plus que l’ombre d’ellemême lorsqu’elle a été reprise par le groupe VW à la fin du siècle dernier. A l’époque, Bentley, qui suivait péniblement les traces de Rolls-Royce, ne construisait plus chaque année que quelques centaines de voitures, plutôt déphasées. Son modèle d’affaires faisait penser à celui de Royal Doulton (les fameux services de table) ou d’autres marques poussiéreuses qui ne peuvent survivre qu’en GrandeBretagne, l’aristocratie achetant ces produits, comme elle le fait depuis des décennies, voire des siècles. Hélas, la noblesse rurale anglaise s’appauvrit à toute allure, et des voitures produites en séries aussi limitées n’étaient pratiquement plus rentables. Il fallait que quelque chose change, et vite !

« L’ENVIRONNEMENT INHOSPITALIER SE RESUME A UN PAYSAGE ADMIRE A TRAVERS LE PARE-BRISE, UN PEU COMME SI UN FILM EN 3D ETAIT PROJETE LA, RIEN QUE POUR NOUS, LA PEDALE DES GAZ FAISANT OFFICE DE BOUTON FAST FORWARD. »

Heureusement, le groupe VW a engagé un Flamand bourré de talent et de bonne volonté. Dirk Van Braeckel a dessiné une voiture qui est devenue une véritable icône sitôt lancée, à l’instar d’une Porsche 911. Ce qui explique du même coup pourquoi la deuxième génération, actuellement dans les showrooms, est si proche du modèle précédent. D’aucuns estiment qu’il est décevant de voir une nouvelle venue qui se distingue aussi peu. Pourtant, personne ne semble s’en plaindre parmi les clients de la première heure… Pourquoi la Bentley a-t-elle connu un succès aussi fracassant ? Parce qu’elle était belle à couper le souffle, mais aussi et surtout parce qu’il s’agissait de la première sportive combinant des performances extraordinaires avec un intérieur de qualité, une vision accessible, une technique et une finition irréprochables. Il est vrai qu’elle manque un peu de caractère, si on la compare aux plus ardentes italiennes - même si la solide anglaise est bien plus facile à manier qu’une de ces furies latines. Et qui plus est, on peut l’emmener partout. Et dans n’importe quelles conditions.


TOUT LE MONDE L’AIME Nichée sur les bords du lac du même nom, South Lake Tahoe est scindée en deux. La partie californienne voit débarquer pendant le week-end les familles huppées, qui se refont une santé à force de balades en montagne ou qui combattent le stress de la semaine en dévalant les pistes à ski. Dans la partie Est, l’ambiance est bien différente. La frontière avec le Nevada traverse le centre-ville et ce ne sont là que casinos délabrés, débits de boissons et lieux de débauche plus ou moins glauques. La Bentley, qui se sent partout chez elle, ne provoque ni jalousie ni haine. Elle est tout aussi idéale pour les balades décontractées autour du lac que pour les excursions sur les flancs escarpés des montagnes ou les virées au supermarché pour transporter force sixpacks de Budweiser. Là encore, aucun modèle ne fait mieux. Mais c’est en particulier à San Francisco que l’on comprend pourquoi la Conti GT connaît un tel succès. Même dans la plus progressiste des grandes villes américaines, cette voiture que tout le monde semble aimer ne provoque aucune réaction négative : parce qu’elle a du style sans être bégueule, parce qu’elle est sûre d’elle sans choquer, parce qu’elle sait tout faire sans le crier sur tous les toits, parce qu’elle symbolise comme nulle autre un certain style de vie… Si la Bentley Continental GT n’avait pas existé, la Silicon Valley l’aurait certainement inventée. Mark Zuckerberg n’a pas de Bentley : il pilote une petite Golf. Par contre, Jonathan Ive, designer en chef chez Apple et représentant de Dieu sur terre, en possède une. C’est ce genre de voiturelà, notre Bentley: un chouïa Englishman in New York, elle est juste assez hardie et audacieuse pour nous plaire. Et on la couvre de compliments, toujours et partout : depuis les white trash des quartiers mal famés de San Francisco aux Afro-Américains les plus bling-bling et aux rastafaris idéalistes, qui adorent son caractère écolo.

« UN PEU ENGLISHMAN IN NEW YORK, ELLE EST JUSTE ASSEZ HARDIE ET AUDACIEUSE POUR NOUS PLAIRE. »

San Francisco, où les veggie burgers et les bières bio sont the talk of the town, n’apprécie pas seulement son design, mais aussi et surtout l’ingénieuse désactivation des cylindres. Lorsque cette voiture attaque les fameuses collines, on croirait entendre le grondement d’un ours affamé. Mais lorsqu’elle suit le flot des voitures sur l’autoroute, elle passe automatiquement en mode économe et seuls quatre cylindres jouent de la trompette. Ce qui ne se remarque d’ailleurs pas du tout, sauf à la pompe. De toute façon, cette nouvelle GT ne cache plus seulement un unique BiTurbo W12 très gourmand sous son capot. Celui-ci est à présent flanqué d’un frugal V8 quatre litres emprunté à son demi-frère Audi, qui développe un peu moins de puissance certes, mais à peine moins de couple. Les démarrages ne déçoivent donc certainement pas, même si l’économie est manifeste.

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HIGHWAY 1 Evidemment, notre Bentley aime avant tout avaler les kilomètres, ce qu’elle a eu l’occasion de faire sur la fameuse autoroute Highway 1 entre San Francisco et Los Angeles, même si celle-ci est au moins aussi captivante vers le Nord. La fête commence dès le Golden Gate Bridge, toujours baigné de brume et repeint bon an mal an en orange antirouille par une trentaine de peintres-équilibristes. Ce n’est pas vraiment l’endroit idéal pour les pointes de vitesse, même si cela reste toujours une expérience unique. Une fois que ce monument n’est plus qu’un souvenir dans le rétroviseur, nous empruntons la 101 Redwood Highway qui nous mène à Bodega Bay, un petit village de pêcheurs très populaire chez les city slickers désireux de fuir San Francisco. Ici, un seul coup d’œil au ciel a suffi


à Alfred Hitchcock pour trouver l’inspiration pour son fameux film Les Oiseaux. Plus loin, cette all American Highway passe par Fort Ross et quelques parcs naturels de moindre envergure avant de rejoindre Gualala (ce n’est pas un hasard si cela se prononce Walhalla). C’est comme si Dieu lui-même avait drapé ces routes pittoresques au petit bonheur la chance dans un bestiaire. Les pélicans sont ici aussi nombreux que les pigeons dans nos villes, de petits phoques font surface pour notre plus grand plaisir et les éléphants de mer se prélassent au gré du ressac.

« ELLE A DU STYLE SANS ETRE BEGUEULE, ELLE EST SURE D’ELLE SANS CHOQUER, ELLE SAIT TOUT FAIRE SANS LE CRIER SUR TOUS LES TOITS. »

Si la Bentley n’est pas faite pour la descente du Stelvio, sur un parcours aussi vallonné elle est comme un poisson dans l’eau. A l’instar des Américains plutôt « enrobés », son embonpoint ne semble pas la gêner plus que ça sur ces routes. C’est une indolente machine, qu’il ne faut pas trop

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pousser dans les virages, dont elle sort en rugissant, profitant à fond d’une traction sublime, d’un couple époustouflant et d’une boîte des plus lestes. Les paysages baroques sont encore soulignés par un climat sauvage et les bancs de brume venus de l’océan grignoter les montagnes. De ce fait, nous collons quasiment à la roche, quelque peu effrayés par le vide de l’autre côté. La moindre fausse manœuvre serait fatale, d’autant que si les Américains installent des panneaux dans les McDonald pour avertir d’un sol mouillé, de simples glissières de sécurité leur semblent apparemment inutiles. Y a-til dans le monde des lieux plus palpitants que la Californie et le Nevada ? Oui sans doute, mais aucune région ne présente une plus grande diversité, un accès aussi aisé, un tel débordement de vie et une aussi grande simplicité. Particulièrement pour les heureux propriétaires – fortunés – d’une Bentley.


ROUPBT R IM I EAK

EVENEMENTS

DES THEMES FISCAUX ET FINANCIERS MIS EN LUMIERE Quelque 185 associations et organismes professionnels, clubs d’entreprises et sociétés ont invité Optima en 2014. Nos experts en planification personnelle financière et fiscale ont abordé les thèmes les plus complexes d’une manière claire et précise, tout en proposant au public des informations actualisées. Qu’il soit question de revenus, de patrimoine, de pension ou de succession, les orateurs traitent à chaque fois le fond du problème, en s’appuyant sur des exemples concrets et des conseils pratiques. Lors de ces séances d’information interactives, les participants obtiennent des réponses précises à leurs interrogations.

Vous souhaitez organiser pour vos membres ou vos clients un évènement axé sur des thèmes qui les concernent directement ? Optima se charge de trouver des orateurs expérimentés et d’organiser la soirée. N’hésitez pas à contacter notre département marketing en appelant le 0800/97 536 ou via www.optima.be/fr/event.

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D ES BELGES QUI ONT UN PL AN

SI H A M E EL K AOUA K I BI

De professeur de danse enthousiaste dans un quartier défavorisé à femme d'affaires exemplaire, bien introduite auprès des politiciens et dans le monde des entreprises : Sihame El Kaouakibi, la fondatrice de Let’s Go Urban, a déjà un parcours impressionnant derrière elle. Et ce n'est encore qu’un début. TEXTE IRIS DE FEIJTER | PHOTOS THOMAS VANHAUTE

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lle a une ASBL florissante, un carnet d’adresses stupéfiant, une entreprise qui marche bien, un livre qui est un best-seller et l’agenda de ministre qui va de pair, rempli de conférences, de missions de consultance et de conseils d’administration : Sihame El Kaouakibi (28 ans) parvient à tout gérer. Vous connaissez peut-être cette ambitieuse Anversoise à travers son association Let’s Go Urban, qui permet à des jeunes de travailler leur développement personnel via des ateliers artistiques. En 2012, Let’s Go Urban a obtenu le Prix flamand de la Culture. « J’ai terminé mes études d’enseignante en 2008, mais mes rêves allaient au-delà du simple fait de donner cours. Je voulais m’impliquer dans les nombreux défis qu’Anvers doit relever. La population urbaine rajeunit : un Anversois sur trois a moins de 30 ans. On y observe, en outre, une grande diversité culturelle – Anvers accueille des ressortissants de 170 nationalités différentes – et une paupérisation croissante. On ne fait pas assez pour combler le fossé qui se creuse entre pauvres et riches, ainsi qu’entre autochtones et allochtones. Je pourrais le reprocher aux politiciens et à la société civile, mais je préfère commencer par me retrousser les manches. C’est pourquoi j’ai lancé Let’s Go Urban immédiatement après la fin de mes études. Un vrai défi, car je ne pouvais m’appuyer sur aucun réseau à Anvers. Mais l’envie était là. Je voulais réaliser mon rêve. Je me suis donc lancée. Je veux également transmettre cet esprit aux jeunes avec qui je travaille désormais. » Dès le départ, les jeunes ont été le centre d’intérêt de Let’s Go Urban. « Ils repré­ sentent l’avenir, car ils sont nos futurs dirigeants, enseignants, créateurs de médias et employeurs. En investissant dans les jeunes, on peut engranger un immense bénéfice », raconte Sihame El Kaouakibi, qui a initialement créé Let’s Go Urban comme une école de danse. Grande passionnée de danse, elle a d’abord assuré elle-même les ateliers. Par la suite, la musique, les films et le sport sont venus s’ajouter au programme. Ces différents ateliers sont avant tout un moyen de travailler à son développement personnel. « L’enseignement met trop l’accent sur les connaissances. C’est bien sûr important, mais l’engagement, la discipline et le respect le sont tout autant. Tous les jeunes devraient quitter les bancs de l’école en ayant des personnalités fortes. Mais aussi en tant que futurs adultes qui osent encore rêver, se montrent ambitieux et prennent la direction des choses. Les leaders de leur propre vie. Tel est notre objectif. »

BELIEVE Ces dernières années, Let’s Go Urban a réussi à toucher des centaines de jeunes, tant flamands qu’issus de l’immigration, provenant de toutes les couches de la population. Ils sont accueillis chez Let’s Go Urban sept jours sur sept. Chaque semaine, 30 ateliers sont programmés, encadrés par 50 coaches free-lance. Sihame El Kaouakibi : « De nombreux jeunes sont confrontés à leur identité et à leur place dans la société. La pauvreté est omniprésente et 28% d’entre eux quittent l’école sans diplôme. Nous incitons les jeunes à décrocher ce bout de papier, notamment par le biais du jury central. Nous les aidons


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également à trouver un meilleur logement, plus abordable, par le biais de la colocation. Nous les encadrons dans la recherche d’un emploi afin qu’ils n’aient plus besoin d’un revenu d’intégration. Ou nous faisons de la gestion de budget. Nous mettons sur pied un programme individuel pour quiconque en a besoin. » « Les ateliers en soi sont aussi un bon moyen d’atteindre un meilleur épanouissement personnel. Tout entre en ligne de compte : discipline, gestion du temps afin d’être toujours à l’heure, respect, collaboration, etc. Au centre de Let’s Go Urban, on trouve la passion. Nous voulons faire briller les jeunes en mettant en avant leurs qualités. Nous leur disons : nous allons travailler avec vous parce que nous croyons en vous en tant que personnes. J’ai écrit un livre sur cette approche, #Believe, paru chez Lannoo. »

FINANCEMENT « En jouant sur la passion, on induit également un message nettement plus positif que lorsqu’on se focalise sur la diversité. Et ce mélange de cultures suit automatiquement dès que l’on parle aux jeunes de choses qu’ils aiment faire. » Toutefois, Let’s Go Urban est bien plus qu’un projet social. C’est aussi un projet artistique. Il compte de nombreux talents avec lesquels les centres culturels aiment collaborer. Ainsi, Let’s Go Urban a déjà participé à de grosses productions avec The Night of the Proms, l’Opéra de Flandre, la Philharmonie et l’Eté d’Anvers.

Sihame El Kaouakibi n’a pratiquement pas recours aux pouvoirs publics pour financer Let’s Go Urban. « Nous n’avons pas beaucoup de subsides. Nous obtenons un peu de soutien uniquement de la ville d’Anvers et des autorités flamandes. Le reste de nos moyens provient du secteur privé. Les entreprises nous appuient au nom de leur responsabilité sociale, mais aussi parce que nous pouvons les aider grâce à un indispensable savoir-faire vis-à-vis de leurs futurs employés. Cette nouvelle génération entrera bientôt dans le monde de l’entreprise. Chez Let’s Go Urban, nous tentons d’y préparer les jeunes. Notre slogan est : We invest today in the people of tomorrow. » « Toutefois, il faut que le lieu de travail soit prêt lui aussi. La diversité, par exemple, est actuellement absente dans de nombreux secteurs et à de nombreux niveaux. Dans dix ans, il en ira tout autrement. L’attitude des jeunes face à un emploi stable change. Le statut d’indépendant gagne en popularité, car il procure la liberté. Tout le monde ne veut pas être salarié, loin s’en faut. Les entreprises doivent commencer sérieusement à réfléchir à la manière de s’y prendre. » Les Assurances Vanbreda, Cargill et Red Bull, entre autres, soutiennent Let’s Go Urban. Depuis peu existe également le fonds Vrienden van Let’s Go Urban, créé de manière extérieure par trois personnalités convaincues : l’économiste Geert Noels, l’entrepreneur Mark Leysen et l’ancienne haute fonctionnaire Ingrid Pelssers. Grâce à l’agréation de la Fondation Roi Baudouin, les dons faits au fonds sont déductibles fiscalement.

ZONE DE CONFORT Sihame El Kaouakibi est née et a grandi à Boom. Son nom trahit ses racines marocaines, dont elle est très fière. « Mes parents sont venus en Belgique voici 45 ans. Ils ont tout plaqué pour un pays ayant une langue étrangère et une autre culture. Ils ont vraiment quitté leur zone de confort, choses que nous n’osons pas souvent faire. Cela m’inspire beaucoup de respect. Nous sommes sept à la maison et mon père a toujours travaillé dur pour nous procurer un meilleur avenir. Quand j’ai décroché mon diplôme universitaire, mes parents étaient fiers et émus. » « Même après cinquante années d’immigration, les entreprises, les médias et les pouvoirs publics sont encore et toujours énormément aux prises avec ce thème. Nous nous trouvons cependant à un moment charnière. Je suis partie prenante dans ce débat, car je connais les problèmes des deux côtés. Je sais comment un Flamand me perçoit, mais je sais aussi comment une personne ayant d’autres racines me percevra. Il y a encore et toujours une ambivalence « nous/eux ». Ce n’est pas une mauvaise chose car tout le monde peut être fier de soi et de ses antécédents. Mais cela ne peut pas déboucher sur un affrontement entre les uns et les autres. Nous avons bien plus de points communs que de différences. Ce qui compte vraiment, au final, ce sont nos valeurs et celles-ci dépassent toutes les religions. Il s’agit de respect, d’intégrité, de penser aux générations à venir et de faire des choix sans devoir écraser les autres. En un mot comme en cent : être un bon citoyen. »

« JE VOULAIS REALISER MON REVE. JE ME SUIS DONC LANCEE. JE VEUX EGALEMENT TRANSMETTRE CET ESPRIT AUX JEUNES AVEC QUI JE TRAVAILLE. »


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« EN INVESTISSANT DANS LES JEUNES, ON PEUT REALISER UN IMMENSE PROFIT. »

TROP LENT

NOUVELLE PASSION

Depuis quelques mois, Sihame El Kaouakibi siège au conseil d’administration de la VRT. Elle est également présidente de la Commission culturelle consultative anversoise et présidente de De Schoolbrug, une ASBL faisant office de passerelle entre les écoles, les parents et les jeunes. C’est l’Open VLD qui a confié à Sihame El Kaouakibi ce mandat d’administrateur au sein de la VRT. « Je m’investis pleinement dans les médias et la diversité. La Belgique est un mauvais élève en la matière, du moins par rapport aux pays voisins. Ce que l’on voit et entend à la télévision et à la radio ne reflète pas du tout notre société. La diversité y est pratiquement inexistante. Pour changer cela, je travaille depuis un certain temps déjà à une série télévisée et à un talk-show. Nous avons aussi une formation aux médias chez Let’s Go Urban. »

Outre l’asbl Let’s Go Urban, Sihame El Kaouakibi dirige également sa propre entreprise, A Woman’s View. « Je dis toujours : prévoyez un plan B dans la vie. Et développez déjà cette alternative alors que vous avez encore des certitudes. Jouer la carte de la sécurité ne constitue jamais une erreur. En outre, j’ai été trop fortement associée à Let’s Go Urban. C’est une part importante de moi-même, mais je suis aussi une personne qui pense entreprise, qui veut aller de l’avant en tant qu’entrepreneure et emprunter des voies qu’elle n’a encore jamais pu emprunter. Avoir ma propre entreprise était donc une étape logique pour moi. » « Let’s Go Urban prend de plus en plus la forme d’une entreprise. J’ai donc voulu avoir ce statut moi aussi : ma propre entreprise, employer des personnes et tout faire tourner sans subsides ni soutien extérieur. Practice what you preach. » Dans le cadre de A Woman’s View, Sihame El Kaouakibi propose notamment des services de consultance et des conférences. Elle imagine aussi des concepts originaux, out-of-the-box, pour des projets en rapport, d’une manière ou d’une autre, avec les jeunes et qui présentent une dimension sociale ou sociétale. Elle travaille aussi désormais à une nouvelle forme de recrutement, nettement plus spontanée et correspondant mieux à la nouvelle génération que l’entretien de sollicitation classique. « A Woman’s View est aussi l’expression de mon développement personnel au cours de ces cinq dernières années. Elle est plus mature que Let’s Go Urban. Jadis, la danse était ma passion. Désormais, c’est entreprendre. » Plus d’infos : www.sihame-el-kaouakibi.com et www.letsgourban.be

« Gwendolyn Rutten et Sven Gatz (ndlr, respectivement présidente de l’Open VLD et ministre flamand de la Culture) savent que je m’en occupe. Il semblait donc couler de source de me soutenir. Peu importe que je n’aie pas de carte du parti. Je n’entends d’ailleurs pas la prendre. Dans le passé, plusieurs partis m’ont demandé de faire de la politique, mais j’ai toujours répondu par la négative. J’ai de nombreux contacts avec les politiciens, mais je préfère faire de la politique dans le rôle d’entrepreneur social plutôt qu’en tant que femme politique. Ils évoluent à un rythme trop lent pour moi. J’estime que la politique doit se défaire de certaines matières et s’appuyer davantage sur les entrepreneurs. Nous pourrons bien plus rapidement faire la différence en tant que partenaires. »

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UN CLIENT R ACONTE

J A N VA N H E E S E T L U T V I V I J S , M O N T A G N A R D S D E C ΠU R

PROFIL : QUI Jan Vanhees (58 ans) et Lut Vivijs (58 ans)

QUOI Namaste Mountainguides, agence de guides de montagne

OU Bonheiden, Anvers

L’ASSURAGE D’UN ALPINISTE Jan Vanhees et Lutgarde Vivijs ont fait des sports de montagne leur vie et leur profession. Optima les a conseillés pour que même pensionnés, ils puissent voyager et escalader autant qu’avant. TEXTE PIETER SEGAERT PHOTOS THOMAS VANHAUTE

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ichée dans les bois de Bonheiden, la maison de Jan Vanhees et Lut Vivijs respire le calme et la simplicité. Sur les murs de la cuisine, des textes du dalaï-lama ; au salon, une carte du massif du Mont-Blanc. Dehors brille un pâle soleil d’hiver. Pendant que le café passe, Jan Vanhees termine une conversation téléphonique avec un client néo-zélandais avant de nous rejoindre à table.

des mois de préparation. Lut était la toute première femme à avoir atteint ce sommet et ensemble, nous sommes le premier couple du monde à avoir atteint un sommet de plus de 8.000 mètres. A notre retour, nous avons été reçus par le roi. » Est-ce au Népal que vous est venue l’idée d’ouvrir une agence de guides de montagne ? JAN VANHEES : « Nous n’avons créé Namaste qu’en 1991. Lut travaillait dans l’enseignement tandis que moi, j’exploitais une affaire de sports d’extérieur avec un ancien camarade d’études. Nous organisions pour les écoles et les entreprises des activités de ski, d’escalade, de kayak, de spéléo, mais petit à petit, j’en ai eu assez de faire la navette entre ici et les Ardennes. »

Est-il exact que vous êtes les premiers Belges à avoir escaladé une montagne de plus de 8.000 mètres ? JAN VANHEES : « Oui, c’était en 1982, sur le Mont Dhaulagiri 1 au Népal, après

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Vous avez donc trouvé une alternative dans l’activité de guides de montagne et dans l’accompagnement de sports de montagne… LUT VIVIJS : « La première agence de guides de montagne en Belgique, c’était notre idée. Nous voulions rendre le sport de montagne accessible au grand public, à tous les âges. Le sport de montagne n’est pas nécessairement un sport de l’extrême. Il commence là où se termine la randonnée et présente des formes très variées : il peut s’agir d’alpinisme, bien entendu, mais aussi de ski hors piste, d’escalade ordinaire, d’escalade sur cascades de glace… Plus de 80% de nos programmes sont élaborés sur mesure. » Avez-vous dû d’abord décrocher un diplôme de guide de montagne ? JAN VANHEES : « En effet, car sans ce diplôme, on n’a pas le droit d’accompagner des touristes en montagne, du moins en Europe. Pendant cinq ans, je me suis préparé à l’examen des guides de montagne à Chamonix, dans les Alpes françaises. Dix pour cent

des participants seulement réussissent du premier coup. Lorsque j’ai eu mon diplôme, en 1991, nous avons ouvert notre bureau. Depuis, nous passons la moitié de l’année en montagne. Lut se charge de la logistique tandis que moi, j’accompagne les clients en montagne, aux côtés de quelques collègues guides. Par ailleurs, j’enseigne à mi-temps les sports d’extérieur à la KU Leuven. » Comment êtes-vous arrivés chez Optima ? JAN VANHEES : « Nous avons toujours travaillé dur, tout en menant une vie sobre. Nos économies, nous les avons placées dans des voyages, consacrées à des bonnes œuvres ou placées sur un compte d’épargne. Nous ne nous sommes jamais vraiment occupés d’argent. Mais à la cinquantaine, nous avons commencé à nous interroger sur notre pension. Pourrons-nous maintenir notre train de vie actuel lorsque nous arrêterons de travailler ? Et quelles précautions devons-nous prendre dès main­te­nant ? Nous n’avions pas les réponses à ces questions. On ne peut pas être spécialisé dans tous les domaines.

« APRES L’ASCENSION DU DHAULAGIRI, NOUS AVONS ETE RECUS PAR LE ROI. »

Et quand on n’est pas familiarisé avec le monde financier, il vaut mieux faire appel à des experts. » LUT VIVIJS : « Dès qu’on arrive à la cinquantaine, on reçoit comme par enchantement des invitations à des soirées d’information et des exposés organisés par des banques et d’autres institutions financières. Nous nous sommes rendus à quelques-unes de ces soirées. Petit à petit, nous avons été motivés à nous occuper réellement de ces questions. L’approche d’Optima nous a interpellés. En 2010, nous avons reçu la première visite d’un conseiller Optima. Durant deux heures, il nous a exposé les possibilités qui s’offraient à nous, sans s’imposer pour autant. » Pourquoi n’avez-vous pas opté pour une banque traditionnelle ? JAN VANHEES : « Les intérêts d’une banque traditionnelle ne concordent pas avec les nôtres. La banque n’a pas suffisamment assuré le suivi de notre situation personnelle. A deux reprises, nous avons acheté des actions sur le conseil d’un banquier et perdu de l’argent. Ils ne nous ont pas conseillés quant à la vente de ces titres. On trouve peut-être des conseils dans la presse financière, mais nous n’y comprenons pas grand-chose. L’attitude de la banque est à l’opposé de la manière dont nous gérons notre propre entreprise. Les besoins de nos clients figurent toujours en tête des priorités. Ainsi, en montagne, nous adaptons régulièrement le programme lorsque nous constatons que le client en éprouve le besoin. Cette même philosophie, nous la retrouvons chez Optima. » Qu’est-ce qu’Optima a pu faire pour vous ? JAN VANHEES : « Tout d’abord, Optima a réalisé un audit approfondi de notre situation. Un conseiller a tout vérifié, y compris des éléments auxquels nous

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« LES INTERETS D’UNE BANQUE TRADITIONNELLE NE CONCORDENT PAS AVEC LES NOTRES. »

n’avions jamais prêté attention. Il nous a, par exemple, demandé si nous avions un testament ou comment avait été rédigé notre contrat de mariage. Ensuite, le conseiller nous a expliqué les conséquences de notre situation actuelle. Il a notamment calculé notre pension future. Après cela, il nous a présenté des alternatives d’investissement. » Quels ont été ces conseils ? LUT VIVIJS : « Sur le conseil d’Optima, nous avons opté pour des investissements qui rapportent davantage qu’un carnet d’épargne. Et ce, sur base de propositions qui répondaient à notre souhait : investir à faible risque. Notre travail et notre vie restent plus importants que le fait de courir derrière les sous. Nous avons réparti nos investissements entre plusieurs formules et tirons avantage de quelques possibilités peu connues qu’offre la fiscalité belge. De cette manière, notre tirelire est sensiblement mieux gérée qu’avant. » Des possibilités fiscales moins connues ? JAN VANHEES : « En tant que “bons petits épargnants”, l’idée ne nous était jamais venue d’em-

prunter de l’argent. Mais dans le cadre de certains achats, cette approche s’est révélée plus intéressante au plan fiscal que de puiser dans notre tirelire. A son tour, elle a eu un impact sur les contrats tels que l’épargne à long terme, parce que les primes tombent dans la même corbeille fiscale que le bonus logement. Tout ça, il faut le savoir ! Ma PLCI, mon épargne-pension et les autres assurances de la branche 21 que nous détenions déjà et qui s’accompagnent de très faibles risques, nous les avons conservées. Mieux vaut la sécurité et la tranquillité d’esprit que le stress lié à la recherche du profit maximal. » Madame Vivijs, vous avez pris votre pension en septembre dernier. L’avez-vous fait sur le conseil d’Optima également ? LUT VIVIJS : « Jusqu’il y a quelques mois, je travaillais dans l’enseignement. Un job que j’ai fait avec tout mon cœur. En tant que directrice de la formation des cadres sportifs, j’ai dirigé les formations en sports de montagne organisées pour les bénévoles en Flandre. Dans cette fonction, j’étais même le patron de Jan (elle rit). J’appartiens à l’une des der-

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nières générations à pouvoir bénéficier à 58 ans d’une sortie de carrière favorable dans l’enseignement. J’ai donc pu m’arrêter au sommet de ma carrière. Aujourd’hui, mon revenu a légèrement baissé, mais grâce à l’analyse d’Optima, j’étais certaine de pouvoir le faire. » Vous avez également réfléchi à la planification successorale ? JAN VANHEES : « Nous n’avons pas d’enfants si bien que nous ne devons pas nécessairement avoir de l’argent en surplus. En raison des risques que je cours en tant que guide de montagne, j’avais depuis longtemps une bonne assurance accidents. Avec l’aide d’Optima, nous avons mieux réglé la succession pour le jour où l’un de nous deux viendra à décéder. Mais je ne me sens pas assez vieux pour analyser aujourd’hui ce que nous allons léguer et à qui. Celui de nous deux qui restera en décidera. Entretemps, nous voulons nous rendre en montagne le plus souvent possible ! » Plus d’infos sur l’agence de guides de montagne Namaste sur www.namaste-mountainguides.com


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Optima

CHARLOTTE DE SCHUYTER SENIOR TAX ADVISOR

expertise

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Votre plan financier est établi sur base des conclusions de ce bilan de rentier. Il s’agit d’une estimation précise et indexée des rentrées et sorties financières que vous allez comptabiliser au cours de votre vie. Le bilan de rentier nous permet de repérer les périodes de votre vie durant lesquelles vous épargnerez (au départ de vos enfants, par exemple) et les périodes durant lesquelles vous devrez puiser dans vos réserves (bien souvent, à l’arrêt de vos activités professionnelles). C’est la somme de ces périodes qui détermine la hauteur du portefeuille à préserver pour maintenir votre niveau de vie jusqu’à la fin de votre existence.

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Bien entendu, une fois ce montant déterminé, la gestion de votre portefeuille est essentielle afin de veiller à ce qu’il ne s’amenuise pas. L’investissement de celuici en produits financiers générateurs d’ un rendement compétitif sur le marché est, bien entendu, primordial.

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V O YA G E S

C U LT U R E

Il semblerait que le Belge épargne dans de nombreux domaines, mais pas dans celui des loisirs. C’est la raison pour laquelle Capital a recueilli des conseils pour le printemps auprès de quatre épicuriens. Découvrez les petites merveilles qui n’attendent plus que vous. Car il faut reconnaître que le bien-être – qu’il s’agisse de gastronomie, de voyages ou de culture – vaut aussi son pesant d’or !


gastronomie L E S C O N S E I L S D E P E T E R G O O S S E N S , H O F VA N C L E V E

 www.lepaindesebastien.be

LE PA IN DE SEBASTIEN – BRUGES

Le pain de Sébastien Il n’utilise pas les farines standard, mais réalise ses propres mélanges, sans additifs ni compromis. Il met la main à la pâte et au four, chacun de ses pains passe par ses mains. Il préfère ne proposer que trois sortes de viennoiseries plutôt qu'une gamme élargie, mais de moindre qualité. A Bruges, Sébastien Caillau est un Artisan Boulanger dans le plus pur sens du mot. Son magasin de Bruges se voit à présent adjoindre un petit frère à Gand, pour un an minimum. En effet, ce boulanger ambitieux estime que plus le marché est étendu, plus la qualité est au rendez-vous.

 www.martinberasategui.com

M A RTIN BER ASATEGUI – L ASA RTE-ORI A K A ASMEESTERS OUDENA A RDE

Un retour à l’essence même du goût Originaire du Pays basque espagnol, le chef Martin Berasategui a fait ses premières armes en France avant de retourner au bercail à la fin des années 1980 pour reprendre les rênes du restaurant familial. Il estime que la cuisine n’a rien de sorcier : « Il suffit de savoir comment tirer le meilleur de ce que l’on a – et comment l’améliorer, encore et toujours. » Le menu Dégustation proposé par ce restaurant trois étoiles est un savant mélange de plats traditionnels et de nouvelles recettes, l’une d’elles ne datant d’ailleurs pas d’hier, puisqu’elle a été concoctée en 1995 : il s’agit d’un délicat millefeuille élaboré à base d’anguille fumée, de foie gras, de pomme et d’oignon nouveau.

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LOISIRS

 www.dorchestercollection.com/fr/paris/hotel-plaza-athenee-paris

PL A Z A ATHENEE – PA RIS

Encore plus beau et (presque) végétarien Depuis sa réouverture après plusieurs mois de travaux d’embellissement, le restaurant du palace parisien Plaza Athénée ne met (presque) plus de viande à la carte. L’illustre chef Alain Ducasse met l’accent sur les produits biologiques, céréales, légumes et poissons de production locale. Le chef n’estime pas qu’il s’agit là d’un changement radical, plutôt du prolongement d’une cuisine qu’il a initiée il y a de cela 25 ans : plus saine, plus naturelle et plus respectueuse de notre planète.

UBERFA HRT RESTAUR A NT – ROTTACH-EGERN

L’ECL A IR DE GENIE – PA RIS

La grande classe allemande Lorsqu’il a reçu sa troisième étoile au Michelin en 2014, le chef bavarois Christian Jürgens a ressenti une forte émotion : « c’est comme si on remportait une victoire en Champions League en même temps qu’aux Jeux Olympiques et en Coupe du monde ». Comment un chef réussit-il à faire de son restaurant le meilleur d’Allemagne ? Christian Jürgens a développé un style expressif qui lui est propre. Avec ses idées originales, son sens des contrastes et des mélanges réussis et son savoir-faire culinaire, il touche à la perfection avec un naturel étonnant. Une équipe de vrais professionnels l’entoure, dans un décor particulièrement classe.

Un éclair au wasabi Oubliés les macarons et les cupcakes : l’éclair est la nouvelle coqueluche des pâtissiers, ce qu’il doit en grande partie au Français Christophe Adam. Après une carrière dans des restaurants étoilés, ce pâtissier de renom, qui travaille aujourd’hui comme consultant, est également l’auteur de plusieurs livres de cuisine et le propriétaire de L’Eclair de Génie à Paris, un concept store dédié à sa passion pour cette pâtisserie. Vous y découvrirez des éclairs originaux et créatifs, de toutes les couleurs et de tous les goûts. Que diriez-vous d’un éclair au saumon et au wasabi ?  www.seehotel-ueberfahrt.com/de

 www.christopheadam.com

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voyages L ES CONSEI L S DE DEBBI E PA PPY N, JOU R NA L I ST E VOYAGES

Plus de conseils sur twitter via @classetouriste

 www.mukulresort.com

NIC A R AGUA

Dormir dans les arbres au Nicaragua Mukul Lodge a ouvert ses portes récemment sur la Côte d’Emeraude au Nicaragua. Les clients logent dans des Bohios, sortes de cabanes de luxe perchées à 10 mètres de hauteur, avec vue sur la forêt et la Playa Manzanillo. Le panorama sur l’Océan Pacifique est spectaculaire depuis ces Bohios de 60 m², avec leurs grandes parois vitrées et leur terrasse agrémentée d’une piscine privative à débordement. Mukul Resort est la propriété de l’homme d’affaires Carlos Pellas, cinquième génération d’une famille nicaraguayenne qui a fait fortune dans le sucre, le rhum et la finance. Diplômé de la Stanford University, Carlos Pellas a réussi à faire de ce resort un éclatant succès. Viendront bientôt s’y ajouter un magnifique terrain de golf de 18 trous, conçu par David MacLay Kidd, ainsi qu’un beachclub et un spa avec des suites individuelles où les clients peuvent se relaxer toute la journée. Dans les environs, ce ne sont pas les magnifiques plages qui manquent pour les amateurs de surf, sans oublier le fait que Mukul Resort possède son propre bateau pour vos parties de pêche ou une romantique croisière au coucher du soleil. A partir de 420 euros la nuit pour deux, petits-déjeuners compris.

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LOISIRS

QATA R A IRWAYS

JA PON

 www.qatarairways.com

 www.zaborin.com

Sources chaudes et neige profonde au Japon Pas assez de neige dans les Alpes ? Il y en a d’autant plus sur les flancs des montagnes nippones. Réservez un billet d’avion pour Tokyo et, à deux heures et demie de route de la capitale, vous vous retrouverez sur les pistes de la région de Nagano. Ou mieux encore, rendez-vous à Hokkaido, où vous trouverez encore plus de neige, des montagnes plus impressionnantes et un après-ski tout ce qu’il y a de nippon. La nouvelle destination à partir de mars 2015, c’est Zaborin, une perle cachée dans les immenses forêts de Hanazono, à proximité du domaine skiable de Niseko. Il s’agit d’un ryokan de 15 villas, l’idéal pour ceux qui, outre le ski, apprécient la détente et le repos dans un paysage hivernal hyper-zen. Chaque villa possède sa propre source d’eau chaude, à l’intérieur comme à l’extérieur, ces eaux thermiques curatives prenant leur source à plus d’un kilomètre de profondeur. Aucun prix communiqué pour le moment.

Entre gens de bonne compagnie « It's all in the detail », affirme Qatar Airways à propos de son A380 flambant neuf. Les classes Première et Affaires ont été améliorées, offrant encore plus de place, des gadgets high-tech, de luxueuses matières et étoffes et jusqu’à un amenity kit Giorgio Armani. Mais le plus gros atout est certainement le bar, très spacieux. Les voyageurs premium se lovent dans les sièges en cuir qui l’entourent. Les cocktails sont préparés par des stewards et des hôtesses expérimentés, de délicieuses gourmandises salées ou sucrées sont offertes à la convoitise des voyageurs sur l’élégant comptoir… Bref, c’est l’endroit idéal où converser entre gens de bonne compagnie. En partance de Paris ou de Londres, l’A380 rejoint Doha et plusieurs autres destinations mondiales de la compagnie.

 www.asteriaexpeditions.be/poolexpedities/antarctica-2016

A NTA RCTIQUE

L’Antarctique avec Dixie Dansercoer Embarquement vers l’Antarctique avec l’organisation flamande Asteria Expeditions et le petit-fils de l’explorateur Adrien de Gerlache. Cette expédition polaire de 15 jours, avec guide néerlandophone, vous emmène vers le Continent Blanc à bord du très confortable MV Sea Spirit, comptant au maximum 112 autres passagers, dont Dixie Dansercoer, Jozef Verlinden (le biographe d’Adrien de Gerlache), Yan Verschueren (le président de WWF Flandre) et Annick Desmet (qui dirige Asteria Expeditions). Une découverte très active de l’Antarctique, avec des amerrissages en Zodiac, des randonnées, des ateliers variés et de passionnants exposés, mais aussi des close encounters avec des manchots, des cétacés et des léopards de mer. A partir de 8.990 euros pour la croisière, vols depuis Ushuaïa, nuits à l’hôtel et transferts compris.

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culture L E S C O N S E I L S D E M A R C H O LT H O F, J O U R N A L I S T E C U LT U R E L

 www.markknopfler.com

M A RK K NOPFLER A ND BA ND

Sultan of Swing Bonne nouvelle pour les fans du guitariste Mark Knopfler : au cours de sa tournée 2015, il prévoit une halte au Sportpaleis d’Anvers. Non content de compter parmi les meilleurs guitaristes de tous les temps, Mark Knopfler a signé pour son groupe Dire Straits des tubes tels que Money For Nothing, Sultans of Swing, Romeo and Juliet et Walk of Life. Avec Tracker, Mark Knopfler en est déjà à son neuvième album en solo. Le vendredi 5 juin 2015, il se produira au Sportpaleis en compagnie des sept musiciens qui l’accompagnent depuis près de deux décennies.

MONS 2015

Vincent, Paul, Georges et les autres Mons est la Capitale européenne de la Culture 2015. Voilà qui se fête avec les immeubles signés d’architectes aussi renommés que Santiago Calatrava et Daniel Libeskind, mais aussi avec une longue liste d’expositions en tous genres. Il faut dire que Vincent van Gogh s’est découvert une vocation de peintre dans le Borinage, que le poète Paul Verlaine a écrit ses plus beaux poèmes derrière les barreaux à Mons (après avoir tiré sur son ami Rimbaud) et que Saint-Georges et le Dragon (le fameux ‘doudou’) sont depuis des siècles les symboles de la ville.  www.mons2015.eu

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LOISIRS

 www.cid.be

FUTUR A RCH A IQUE

Le design redécouvre l’archaïque L’exposition Futur archaïque met en scène le lien qui existe aujourd’hui dans le design entre le futur et l’archaïque. Elle met ainsi en évidence la façon dont les designers – jeunes et moins jeunes – créent des objets révélateurs de nos racines malmenées par la modernité. Le résultat : des objets étonnants, qui combinent les techniques les plus futuristes avec les idées ou les matériaux les plus anciens. Au CID, au Grand-Hornu, jusqu'au 19 avril.

L’EMPIRE DU SULTA N

Bozar accueille la culture ottomane Depuis la chute de Constantinople le 29 mai 1453, l’Occident a toujours été fasciné par la culture ottomane. Des artistes venus de tous les coins d’Europe ont depuis lors traversé le Bosphore, le commerce a prospéré et les échanges culturels ont connu leur apogée. L’exposition met en lumière l’influence du monde islamique sur la pensée de la Renaissance. Entrez dans l’univers envoûtant des Ottomans et laissez-vous porter par leur génie, comme le furent Bellini, Carpaccio, Dürer, Titien et bien d’autres.

L A JUI V E

 www.vlaamseopera.be

Un opéra oublié La Juive, une œuvre très ‘Grand Opéra XIXe’ du compositeur français Fromental Halévy a été quelque peu oubliée. Pourtant, le thème est tout à fait actuel : une société déstabilisée qui cherche son salut dans un extrémisme grandissant. La Juive a connu un gros succès pendant la première moitié du XIXe siècle, pour disparaître de la scène pendant la période nazie. Cette œuvre n’en constitue pas moins un moment-clé de l’histoire de l’opéra. Vlaamse Opera : à partir du 14 avril à Gand et du 29 avril à Anvers.

 www.bozar.be

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OPINION

T O M A S VA X XNXDXEXNX S P I E G E L

UNE PARTIE DE ROULETTE RUSSE

En janvier dernier, un accident de voiture coûtait la vie à Junior Malanda, un des plus grands talents du football belge. Suite à ce drame, ce fut à qui ferait le mieux l’autruche. D’après son manager – un homme pourtant supposé l’accompagner –, Malanda aurait été « victime de mauvais amis ». Même si ses mots ont sans doute dépassé sa pensée, voilà qui prouve bien que l’accompagnement des footballeurs par des agents ou des chargés d’affaires - ou quel que soit le nom qu’on veut bien leur donner - ne dépasse pas, le plus souvent, le stade de l’assistance lors des négociations à l’occasion de transferts ou de contrats.

gros revenus, ce qui risque de fausser leur perception de la valeur de l’argent. Un jeune joueur a aisément conscience des plaisirs représentés par l’argent, mais pas de ses pièges. Les bolides deviennent notamment un élément banal à leurs yeux. Et tout le monde sait que tôt ou tard, les parties de roulette russe tournent mal.

« UN JEUNE JOUEUR A TRES VITE CONSCIENCE DES PLAISIRS REPRESENTES PAR L’ARGENT, MAIS PAS DE SES PIEGES. » TOMAS VAN DEN SPIEGEL OPTIMA ATHLETE SUPPORT

Silence radio également du côté des clubs. Depuis des années, ceux-ci ne remplissent plus leur rôle éducatif à 100%. Les jeunes joueurs de haut niveau se retrouvent plongés d’un seul coup dans un monde d’adultes auquel ils ne sont pas encore préparés, ce qui leur fait rater une partie de leur jeunesse. Il en va de même au niveau de leur développement psychosocial et intellectuel, un retard qui ne sera peut-être jamais comblé par manque d’accompagnement. Les meilleurs joueurs ont soudain de très

Une étude réalisée par l’Université d’Anvers, en collaboration avec Optima, a révélé qu’un footballeur sur quatre est confronté à des problèmes d’ordre financier. Un sur deux s’adonne à son sport sans être assuré, sa carrière, ses revenus et sa santé étant de ce fait menacés. L’accompagnement à 360° qui est nécessaire à un footballeur n’est, hélas, que partiellement assuré à l’heure actuelle. Pas de problème en ce qui concerne le personnel médical ou le coach, mais l’accompagnement financier est systématiquement sous-estimé. Il faut que les clubs et les agents insistent auprès des jeunes joueurs sur la nécessité de conseils financiers adéquats, et qu’ils les informent sur ce point. Voilà qui permettrait d’éviter bien des catastrophes à de jeunes joueurs inexpérimentés. Des catastrophes financières s’entend, mais d’autres aussi peut-être…

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Même si vous avez les moyens de vous offrir un voyage dans l’espace, ce n’est pas un gage de bonheur.

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