Capital n°21 fr

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DEBAT

Avec le Ministre des Pensions Alexander De Croo DOSSIER

La fiscalité en 2014 TENDANCES

Vers une pension optimale DES BELGES QUI ONT UN PLAN

KlaraFestival 2.0 REPORTAGE

Magnus Nilsson, le chef suédois du Faviken

ANNEE VI

Capital21 magazine optima

JI FEVRIER 2014

Marc

COUCKE

– CEO d’Omega Pharma –

« MON REVE ? OMEGA PHARMA DANS LE TOP 5 EUROPEEN. »


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AVA N T- P R O P O S

Capital21 L’année 2014 s’annonce passionnante, avec de nombreux chan- mis à l’honneur dans ce numéro. Tout d’abord, au travers d’un gements en perspective, tels que la nouvelle loi bancaire et la entretien avec Marc Coucke, qui lève un coin du voile sur la réussite ‘mère de toutes les élections’. D’autres dossiers, en particulier d’Omega Pharma… tout en évoquant aussi sa passion pour le sport. celui des pensions, seront toujours au menu en 2014. Inutile de Trois professionnels inspirés, le pâtissier Jean-Philippe Darcis, le rappeler que bon nombre de Belges se posent des questions au ‘médecin’ du jardin Stefaan Bingé et le joaillier Marc Bosmans sujet de leur retraite. Va-t-on encore relever l’âge de la pension ? nous racontent leur histoire unique. Même en ces temps de crise Comment la pension légale ( premier pilier ) pourra-t-elle être difficiles, il y a des perspectives de croissance pour des gens entrefinancée par la génération actuelle et les générations futures ? prenants qui combinent la passion de leur métier avec une saine Et surtout : que pouvons-nous faire pour jouir d’un niveau de vie ambition. Celle de nos ‘Belges qui ont un Plan’, Sophie Detremmerie correct après notre vie active ? Capital 21 accorde une attention et Hendrik Storme, depuis peu à la tête du KlaraFestival, est de particulière à cette thématique du moment. Jo Viaene, Directeur faire de leur festival le point d’orgue musical de la saison culturelle. d’Optima Group, et le professeur d’économie Gert Peersman Comme à l’accoutumée, nous mettons également à l’honneur ont initié un débat de fond avec le Vice-Premier Ministre et notre propre expertise. Nous examinons certaines des mesures Ministre des Pensions Alexander De Croo. Nul doute que nous que nous réserve encore le gouvernement Di Rupo et traitons de devons prendre cette problématique à bras-le-corps. C’est éga- questions importantes relatives à la fiscalité, à la succession et lement ce qui ressort des séminaires exclusifs sur la pension à l’entrepreneuriat, à la lumière de la législation actuelle et des organisés par Optima en collaboration avec Trends-Tendances changements anoncés. Nos experts vous en disent plus dans les et dont vous pourrez lire le résumé dans ces pages. Dans la ru- pages qui suivent. Enfin, nous irons rêver du côté d’Autobrique Opinion, le conseiller fiscal Adrien world, où sommeillent de fantastiques Biquet donne sa propre vision de la quesancêtres, et nous vous guiderons vers les tion des pensions et confirme la nécessité « DES PER SPECT I V ES bonnes choses de la vie, que ce soit sur d’avoir une vision politique ambitieuse à DE CROISSA NCE le plan culinaire ou culturel. Comme long terme. POU R DES GENS vous le voyez, les raisons de dévorer cette Vous n’ignorez pas que le magazine Capital ENTREPRENA NTS QU I 21e édition de Capital ne manquent pas ! soutient ardemment les entrepreneurs. C O M B I N E N T L A PA S S I O N Une nouvelle fois, l’esprit d’entreprise est Je vous souhaite une très agréable lecture. DE L EU R M ET IER A

U N E S A I N E A M B I T I O N .  »

SINCERES SALUTATIONS, JEROEN PIQUEUR PRESIDENT DU COMITE DE DIRECTION OPTIMA GROUP

L’ACTUALITE EN QUELQUES CHIFFRES

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La pension légale moyenne d’un indépendant est de 977 euros par mois. Qu’en est-il de nos pensions ? Un débat en profondeur avec le Ministre Alexander de Croo en pages 8 à 12.

Le KlaraFestival fête ses dix ans avec une nouvelle direction et plein de changements. Ce qui ne change pas : le partenariat d’Optima. Plus de détails à la page 37.

Le nombre de jours correspondant à une carrière complète pour le calcul de la pension légale. Apprenez-en davantage à la page 41.

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SOMMAIRE

ANNEE VI JULI 2012 FEVRIER 2014

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32

13–19.

32–36.

D’UNE IMPORTANCE CAPITALE

REPORTAGE

Magnus Nilsson, un Viking au milieu de nulle part.

3 professionnels à propos de leur passion. Le pâtissier et chocolatier Jean-Philippe Darcis, le médecin du jardin Stefaan Bingé et le joaillier Marc Bosmans.

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47

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37–40.

47–50.

51–55.

DES BELGES QUI ONT UN PLAN

VOITURE

UN CLIENT RACONTE

La nouvelle direction du KlaraFestival.

Sebastien de Baere. Autoworld : un monde de différence.

La famille Berghmans, pharmaciens.

Cette publication a été composée par Optima Banque SA, dont le siège social est sis Keizer Karelstraat 75 à 9000 Gand. Bien qu’Optima Banque SA ait pris toutes les mesures raisonnables pour veiller à ce que l’information contenue dans cette publication soit correcte, claire et non trompeuse, Optima Banque SA ainsi que les sociétés, administrateurs ou travailleurs liés à elle déclinent toute responsabilité pour tout dommage, direct ou indirect, qui résulterait de l’utilisation de ce document ou d’une décision prise sur la base de ce document. Ce document ne contient pas de conseils de placement ni d’offres ou de sollicitations d’achat ou de vente d’un produit, service ou conseil financier, quel qu’il soit. Toute communication concernant l’actualité financière et fiscale au sens large est temporelle et peut donc être sujette à modifications sans aucune notification. Les données concernant des rendements réalisés dans le passé, les simulations et pronostics ne constituent en aucun cas une garantie ou un indicateur pour les résultats futurs.

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SOMMAIRE

Capital21 A U S S I DA N S CE N U M ERO 

04–06. NICE TO KNOW, NICE TO HAVE Relaxation tendance.

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24

8–12.

24–29.

DEBAT

IL FAIT PARLER DE LUI

Table ronde avec le Ministre des Pensions Alexander De Croo.

20–23. TENDANCES

Vers une pension optimale.

30-31.

Marc Coucke, CEO d’Omega Pharma.

EVENEMENTS

Joaillerie De Wolf. Kings of Golf by Optima. La succession des médecins. Le fisc ou la famille ?

57–63. LOISIRS

Les délices de la vie.

COLOPHON EDITEUR RESPONSABLE : Jeroen Piqueur, Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand REDACTEUR EN CHEF ET COORDINATION : Lara Van Ginderdeuren, Eva Suls, eva.suls@optima.be, 09/225.25.71. REDACTION FINALE : Business Writers. CONCEPTION ET MISE EN PAGE : Veerle Verbrugge, veerle@eastvillage.be. ADRESSE DE LA REDACTION : Capital p/s Optimabanque sa Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. ONT COLLABORE A CE NUMERO : Adrien Biquet, Dieter Bossuyt, Michel Colot, Luk Coupé, Charlotte Debaets, Frida Deceunynck, Inge Delva, Peter Denayer, Ethel Desmasures, Lieven Dirckx, Jerry De Brie, Iris De Feijter, Lies De Mol, David De Vleeschauwer, Evelien De Vriese, Valérie Du Pré, Philippe Gaudy, Tom Goossens, Peter Goossens, Clémence Gossart, Brigitte Hendrickx, Marc Holthof, Sven Hubrecht, Guy Kokken, Bart Lenaerts, Debbie Pappyn, Koen Petit, Xavier Piqueur, Ben Philipsen, Lieven Van Assche, Thomas Vanhaute, Liesje Vanneste, Jo Viaene, Bert Voet. IMPRESSION : Stevens Print NV. Ce magazine est imprimé sur Arctic Paper avec certificat FSC.

64. OPINION

Adrien Biquet.

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41–46. DOSSIER

La fiscalité en 2014.

COPYRIGHTS : Tous droits réservés. Aucun extrait de ce magazine ne peut être repris ni reproduit d’une quelconque manière sans l’autorisation expresse du rédacteur en chef et de l’éditeur respon­s able. COUVERTURE  :  Marc Coucke par Lieven Dirckx. Indien U in de toekomst liever de Nederlandse editie ontvangt, gelieve zich te wenden tot info@optima.be

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LIFEST YLE

N I C E T O K N O W, N I C E T O H AV E

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LIFEST YLE

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LIFEST YLE

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D E B AT

L’AV E N I R D E N O S P E N S I O N S

NOS PENSIONS SONT-ELLES EN DANGER ? L’Etat sera-t-il à même de continuer à payer des pensions dignes de ce nom dès lors que le nombre de pensionnés ne cesse d’augmenter et que nous vivons de plus en plus vieux ? Nous avons organisé une table ronde sur l’avenir de nos pensions avec Alexander De Croo, Ministre des Pensions, Jo Viaene, Directeur d’Optima Group, et Gert Peersman, professeur à l’Université de Gand. TEXTE FRIDA DECEUNYNCK | PHOTOS JERRY DE BRIE

Entrons directement dans le vif du sujet : y aura-t-il encore de l’argent dans les caisses de pension pour honorer les pensions des travailleurs d’aujourd’hui ? ALEXANDER DE CROO : « J’entends souvent cette question. Les gens craignent qu’il n’y ait plus d’argent pour payer les pensions lorsque ce sera à eux d’en profiter. Ce n’est pas exact. Tant qu’il y aura une économie pour financer la sécurité sociale, il y aura de l’argent pour payer les pensions. Et j’affirme même que la manne des pensions augmentera à l’avenir car les carrières sont aujourd’hui plus longues que par le passé. Surtout du côté des femmes, qui sont désormais beaucoup plus actives sur le marché du travail. De plus en plus de dames peuvent à présent compter sur une carrière complète pour le calcul de leur pension, et celle-ci progresse naturellement. »

Il s’agit d’une évolution positive. Mais les réserves financières seront-elles suffisantes pour continuer à payer ces pensions qui ne font qu’augmenter ? ALEXANDER DE CROO : « Nous tentons de garantir le paiement de nos pensions sur le long terme grâce à une politique de la carotte et du bâton. Le bonus de pension est la carotte qui encourage les gens à continuer à travailler. Ce système permet de capitaliser des droits de pension supplémentaires par jour de travail presté audelà de l’âge minimum de la pension anticipée. Pour optimiser cet effet d’activation, nous avons opté pour un système progressif : plus le travailleur reste actif longtemps, plus le bonus de pension par jour supplémentaire presté augmente. La réduction progressive des ‘assimila­ tions’ aura encore plus d’effets que le bonus de pension. Les périodes assimilées sont

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des périodes durant lesquelles les gens n’ont pas travaillé, mais qui comptent malgré tout dans le calcul de la pension, comme les jours de maladie, les créditstemps ou le chômage. Ces assimilations ont été rendues moins généreuses par ce gouvernement afin d’encourager les gens à vraiment continuer à travailler. Par ailleurs, nous avons pris des mesures visant à décourager les retraites anticipées, comme l’augmentation de l’âge minimum, le renforcement des conditions d’ancienneté pour envisager une retraite anticipée, la pénalisation financière des prépensions, etc. Si nous parvenons de la sorte à maintenir davantage de gens actifs et à les faire travailler plus longtemps, la hausse des pensions ne sera pas un problème. La progression des pensions sera, en effet, alimentée par davantage de personnes qui cotisent plus longtemps. »



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turelles nécessaires pour s’attaquer au problème. »

LE MINISTRE ALEXANDER DE CROO : « Nous devons viser un équilibre sain entre les systèmes de répartition et de capitalisation. »

Ces mesures suffisent-elles pour faire face à la hausse du coût des pensions ? GERT PEERSMAN : « Nous sommes heureux de constater que le train s’est mis en marche, mais ce n’est certainement pas suffisant. A long terme, ces mesures vont réduire le coût du vieillissement d’environ 0,4% du PIB. Selon les estimations, le coût total du vieillissement atteindra toutefois 6 à 10% du PIB. Seule une toute petite fraction sera donc compensée et il y a de ce fait encore beaucoup de pain sur la planche. Et pas uniquement sur le plan des pensions. Enormément de mesures doivent encore être prises dans les domaines de la fiscalité et de la politique de l’emploi pour maintenir les gens plus longtemps au travail. » JO VIAENE : « Ce gouvernement a le mérite d’avoir décidé d’augmenter progressivement l’âge minimum de la pension anticipée de 60 à 62 ans. Mais il ne s’agit là que d’une des nombreuses mesures struc-

ALEXANDER DE CROO  : « Tout à fait d’accord. Il est important d’aborder la problématique des pensions dans un cadre plus large. Si nous voulons garantir de pouvoir continuer à payer les pensions simplement en modifiant l’âge de la pension, nous devrions faire passer l’âge effectif de la pension de 59 ans aujourd’hui à 73 ans en 2050. Ce n’est pas réaliste et je ne suis pas du tout partisan d’une telle solution. Si nous voulons que le vieillissement reste payable, il faudra aussi continuer à fournir des efforts à d’autres niveaux. Il faudra également enregistrer des excédents budgétaires au cours des années à venir. C’est notamment pour cette raison que la Commission européenne nous impose de mettre 0,75% du PIB chaque année de côté à partir de 2016 jusqu’en 2050. N’oublions pas non plus qu’une économie florissante est essentielle pour garantir nos pensions, car ce sont nos revenus et notre croissance économique qui payeront nos pensions de demain. Notre gouvernement a également travaillé d’arrache-pied à ces aspects ces dernières années. Malgré le climat économique difficile, nous sommes parvenus à franchir des pas importants en termes de budget sans pour autant tomber dans une croissance négative. Et ce alors que tous les Etats européens, à l’exception de la Belgique et de l’Allemagne, ont connu une récession entre 2008 et aujourd’hui. »

L’âge légal de la pension fixé à 65 ans est-il également menacé à terme ? ALEXANDER DE CROO :  « Actuellement, les gens prennent en moyenne leur pension à 59 ans et 10% seulement des travailleurs restent actifs jusqu’à 65 ans. Dans un premier temps, nous serions déjà très contents de pouvoir réduire l’écart entre l’âge effectif et l’âge légal de la pension. On peut s’attendre à ce que, à terme, la durée de la carrière soit plus importante que l’âge du départ à la pension. C’est le nombre de kilomètres au compteur qui importe, pas l’âge du véhicule. Sur le plan social aussi,

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la durée de la carrière est un critère plus équitable, car certaines personnes ont commencé à travailler très tôt tandis que d’autres sont arrivées sur le marché du travail bien plus tard. » GERT PEERSMAN : « Les carrières devront être plus longues à l’avenir. C’est inévitable. On peut débattre pour savoir s’il faut plutôt travailler sur la carrière minimum ou sur l’âge de la pension, mais la sacrosainte barrière des 65 ans tombera à terme. Le mieux est d’agir sur les deux éléments conjointement, car si nous repoussons l’heure de la retraite pour la majorité, le reste suivra plus facilement. C’est en partie psychologique, mais il s’agit aussi d’une nécessité absolue. Si nous voulons que les pensions restent payables, nous devrons repousser les barrières, tant au niveau de l’âge de la pension que de la longueur de la carrière. »

Pouvez-vous avancer des chiffres ? GERT PEERSMAN  : « Le montant précis dépendra aussi des autres mesures. Est-on disposé à prélever davantage de taxes ou à sacrifier d’autres dépenses publiques en

JO VIAENE : « Nous remarquons souvent que les travailleurs gagnant un salaire supérieur à la moyenne se disent surpris, à l’heure de la retraite, du niveau bas de leur pension légale. Il serait bon de les informer clairement sur le sujet bien avant l’échéance. »


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échange des pensions ? Certains Etats ont pris l’option d’augmenter l’âge de la pension et la durée de la carrière de deux ans dans un premier temps et, par la suite, de faire évoluer la situation en fonction du développement de l’espérance de vie. Ces systèmes sont intéressants. Ces pays ont réussi à réduire considérablement le coût estimé du vieillissement de leur population. »

vie à l’âge de la pension grâce à une fiscalité attrayante. » ALEXANDER DE CROO : « C’est, en effet, la direction que nous devons prendre : un équilibre sain entre les systèmes de répartition et de capitalisation. La pension légale est basée sur la répartition : les cotisations sociales de la population active sont utilisées pour payer les pensions.

Autre sujet : l’élimination des inégalités entre les systèmes de pension des fonctionnaires, des salariés et des indépendants constitue un défi de taille pour la politique de pension. Quel est votre point de vue sur la question ? ALEXANDER DE CROO : « Dans notre pays, une pension de fonctionnaire correspond en moyenne à 75% du salaire. Ce taux de remplacement est aujourd’hui considéré à l’international comme la norme d’une pension idéale. Pour les salariés, le montant n’atteint que 64%. C’est trop peu. La solution doit donc tendre vers un nivellement par le haut. C’est possible via le développement de pensions complémentaires plus importantes.Aujourd’hui, dans notre pays, cette épargne-pension complémentaire se compose en grande partie de la maison familiale. Aux Pays-Bas, l’argent est investi dans des fonds de pension ; chez nous, il l’est dans la brique. » GERT PEERSMAN : « Une société peut-elle faire confiance à un tel système ? Bon nombre de pensionnés sont effectivement propriétaires de leur propre habitation, mais ceux qui n’ont pas investi de la sorte sont laissés pour compte. » JO VIAENE : « Si nous pouvions remettre les compteurs à zéro aujourd’hui, la solution idéale serait un mix d’une bonne pension de base légale – identique pour les fonctionnaires, les indépendants et les salariés –, et d’un système de pension complémentaire dans un cadre fiscal stable. Une pension de base légale suffisamment élevée permettrait de ne laisser tomber personne tandis que les systèmes de pension complémentaire autoriseraient chacun d’assurer son mode de

tisations de 4 à 5% du salaire. Une cotisation de 4 à 5% du salaire sur toute la durée d’une carrière se traduit par une pension complémentaire d’une valeur d’environ 15% du dernier salaire. Si on l’ajoute à l’épargne-pension individuelle du troisième pilier, le taux de remplacement moyen de la pension totale atteint 80 à 85% du dernier salaire gagné. Voilà l’objectif visé. Etant donné que les

PROFESSOR GERT PEERSMAN : « Si nous voulons que les pensions restent payables, nous devrons repousser les barrières, tant au niveau de l’âge de la pension que de la longueur de la carrière. »

Pour éviter de se retrouver face à un mur avec ce système puisque le nombre de pensionnés augmentera par rapport à la population active, il est important de conserver un rapport étroit entre le travail et le niveau de la pension. Les mesures prises par le gouvernement ces dernières années allaient essentiellement dans ce sens. En renforçant les fondations du premier pilier, nous voulons garantir que le taux de remplacement de la pension légale soit maintenu en moyenne à 64%. Je parle bien ici de moyenne, car ce pourcentage est plus faible pour les salaires élevés. Parallèlement, nous devons développer un système de pension complémentaire accessible à tous, par le biais de co-

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deuxième et troisième piliers ont pratiquement les mêmes caractéristiques, il ne me semble pas illogique que les deux puissent être fusionnés à terme. » Aujourd’hui, les cotisations pour les plans de pension sectoriels sont généralement bien inférieures à 4 à 5% du salaire… ALEXANDER DE CROO : « C’est vrai, nous ne devons pas jeter de la poudre aux yeux. Les plans de pension sectoriels fonctionnent en moyenne avec des cotisations de 1 à 1,5% du salaire. Il est, dès lors, impossible de générer un véritable capital pension. Il ne faut donc pas s’étonner que les gens soient déçus de leur


D E B AT

des estimations de pension pourront également être générées pour les fonctionnaires, les indépendants et les carrières mixtes. Et à partir de 2015, il sera même possible de simuler les conséquences d’un changement de carrière pour la pension, comme, par exemple, un travail à temps partiel ou une année d’interruption de carrière. En ce qui concerne les pensions complémentaires, nous travaillons actuellement à la banque de données DB2P, qui reprend tous les plans de pension complémentaire des salariés et des indépendants. Nous parlons ici des plans de pension d’entreprise et sectoriels, des assurances dirigeants d’entreprise et des assurances-groupe, des contrats PLCI, etc. »

petite pension à l’âge de la retraite. Une opération de rattrapage s’impose d’urgence, mais ce n’est pas simple. Nous ne devons pas attendre des employeurs qu’ils paient tout d’un coup une cotisation de 4 ou 5%. Ils ne pourraient supporter ce coût aujourd’hui. » JO VIAENE : « Nous remarquons souvent

que les travailleurs gagnant un salaire supérieur à la moyenne se disent surpris, à l’heure de la retraite, du niveau bas de leur pension légale. Il serait bon de les informer clairement sur le sujet bien avant l’échéance. Cette clarté est également importante pour les personnes qui veulent préparer leur pension. » ALEXANDER DE CROO : « En effet. En tant

que pouvoir public, nous y travaillons, tant en ce qui concerne la pension légale que complémentaire. Le site www.mypension.be permet aux gens de demander une estimation de leur pension légale. Pour l’heure, My Pension est uniquement disponible pour les salariés mais, à terme,

Comment voyez-vous l’avenir des pensions des indépendants ? ALEXANDER DE CROO :  « Les pensions minimum pour indépendants ont été alignées sur celles des salariés, ce qui constitue une sérieuse avancée. La PLCI – le deuxième pilier pour les indépendants – est de plus en plus utilisée et les indépendants qui travaillent en société savent qu’ils peuvent épargner encore un peu plus via des assurances pension individuelles dans un contexte fiscal intéressant. » JO VIAENE : « La pension complémentaire

est une nécessité absolue pour les indépendants. La pension moyenne d’un indépendant atteint péniblement 977 euros actuellement, alors qu’une enquête réalisée auprès de 1 300 clients révèle que le mode de vie d’un indépendant se situe à environ 4  000 euros par mois. S’ils veulent maintenir leur style de vie, ils sont obligés de prévoir une pomme pour la soif. Beaucoup comptent aussi pour cela sur l’épargne constituée au sein de leur entreprise. La hausse substantielle du précompte mobilier sur le boni de liquidation constitue un sérieux coup dur pour eux. Avant, ils ne payaient que 10% de précompte mobilier sur cette épargne, alors que cette taxe sera de 25% à l’avenir. » DE CROO :  « C’est exact. Dans le cadre d’une augmentation gé-

ALEXANDER

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nérale du précompte mobilier, le taux relatif au boni de liquidation a aussi été porté à 25%. Pour éviter les répercussions sur les réserves existantes constituées par le passé dans la perspective d’une taxation à hauteur de 10%, nous avons insisté au sein du gouvernement pour la mise en place d’un règlement transitoire. Via une procédure de réinjection sous la forme d’une augmentation de capital, les réserves approuvées avant le 31 mars 2013 conservent le taux de 10%. Par ailleurs, je viens juste d’obtenir la garantie du Ministre des Finances que, en cas de départ à la retraite ou de maladie, le taux de 10% reste d’application pour les réserves transformées en capital, même si ce capital n’est pas maintenu durant quatre ans. Les réserves qui seront constituées à l’avenir et conservées dans la société seront quant à elles taxées à 25%. Et ce selon la logique qu’il vaut mieux externaliser les réserves de pension pour les soustraire au risque d’entreprise. Pour moi, ce n’est pas un réflexe sain de thésauriser l’argent d’une pension au sein de sa société sous la forme de réserves, car ce n’est pas parce que tout va bien aujourd’hui que la situation sera tout aussi rose dans une dizaine d’années. » JO VIAENE : « Ce n’est, en effet, pas une bonne idée de concentrer la constitution d’une pension sur une épargne conservée au sein de son entreprise, mais cette philosophie témoigne d’une bonne gestion car elle permet d’afficher des bilans solides et d’établir des réserves suffisantes pour éviter que l’entreprise ne croule à la première crise. Cette pratique avait jadis été encouragée via la déduction des intérêts notionnels. Dans ces conditions, ce n’est pas une bonne idée de taxer si lourdement ces réserves car cela conduirait à ce qu’il ne soit plus intéressant de les conserver dans l’entreprise. Une économie florissante basée sur des entreprises saines est la première condition pour garantir l’avenir de nos pensions. Ne l’oublions surtout pas. »


D ’ U N E I M P O R TA N C E C A P I TA L E

3 P R O F E S S I O N N E L S A P R O P O S D E L E U R PA S S I O N

D’UNE

IMPORTANCE

CAPITALE S T EFA A N B ING E

JEAN-PHILIPPE DARCIS

MARC BOSMANS

Le pâtissier et chocolatier Jean-Philippe Darcis, le médecin du jardin Stefaan Bingé et le joaillier Marc Bosmans à propos de ce qui les passionne. Ce à quoi ils accordent une importance capitale et attribuent leur succès. Après tout, l’argent seul ne fait pas le bonheur. TEXTE IRIS DE FEIJTER | PHOTOS GUY KOKKEN

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D ’ U N E I M P O R TA N C E C A P I TA L E

LE PATISSIER ET CHOCOLATIER

JEAN-PHILIPPE DARCIS « La pâtisserie, c’est ma grande passion, même si j’y suis arrivé par le plus grand des hasards. Adolescent, mes parents se sont séparés et j’ai vécu une période difficile. Je ne faisais plus grand-chose à l’école. Lorsque l’un de mes amis est parti étudier la boulangerie à l’ITCA de Namur, je me suis dit que ce n’était peut-être pas si mal d’apprendre un métier. Je l’ai rejoint et j’ai découvert la vie en internat, avec ses règles strictes et sa discipline. La formation m’a plu et j’ai rapidement obtenu de bons résultats. En dernière année, je me suis concentré sur la pâtisserie. C’est là qu’est née ma passion. Par la suite, je n’ai cessé d’apprendre et de m’améliorer, notamment grâce à des stages chez Wittamer, Lenôtre, Belouet et Richard. La participation à des concours m’a également beaucoup appris, tout en attirant sur moi l’attention des médias. » « J’ai ouvert mon premier commerce à 25 ans. J’ai délibérément opté pour Verviers, non loin de Herve où je suis né. Verviers a longtemps été réputée pour ses pâtisseries, mais à l’époque, ce n’était plus vraiment le cas. En ouvrant mon magasin, je voulais redynamiser le secteur. N’ayant que peu de concurrents dans la place, j’ai rapidement réussi à me faire un nom, ce qui aurait été beaucoup moins aisé à Liège, par exemple. Entretemps, mon entreprise s’est développée. Avec des points de vente à Liège, à Bruxelles, à Namur et à Heusy, j’emploie une trentaine de personnes. J’aimerais d’ailleurs ouvrir d’autres shops et corners. Je suis un entrepreneur passionné, mais la pâtisserie, ma première passion, me manque parfois. J’engagerai prochainement du personnel administratif et commercial, ce qui me permettra de passer plus de temps dans l’atelier. »

« NOUS N’UTILISONS AUCUN PRODUIT SEMI-FINI. »

passion. « Mon nom est souvent associé au macaron. Pourtant, à mes débuts il y a dix ans, cette friandise ne faisait pas recette. La première année, j’en ai offert plus que je n’en ai vendu. J’ai même pensé arrêter la production, lorsqu’un programme télé a soudain mis le projecteur sur le macaron. Dès le lendemain de l’émission, nous avons réalisé de fabuleuses ventes et cela ne s’est plus arrêté depuis. Actuellement, nous en produisons de 4 à 5 000 par jour ! L’atelier est installé ici, à Verviers. La journée de travail débute très, très tôt et à six heures du matin, les camions entament la tournée des différents magasins. Nous faisons tout nous-mêmes et n’utilisons aucun produit semi-fini. Si je passe encore commande du chocolat, je gèrerai bientôt ma propre plantation de cacao, afin d’avoir encore plus d’impact sur le goût. » « La pâtisserie et la confiserie ont longtemps fait figure de parents pauvres, mais ces dernières années, les choses ont bien changé. Les restaurants accordent beaucoup d’attention à ces deux disciplines et de nombreux jeunes sont attirés par ces métiers. Pourtant, nous sommes encore loin de la situation française, où les gens se rendent à la boulangerie avant de passer à la pâtisserie. Les Belges sont nombreux à acheter pains et gâteaux chez le boulanger. Je rêve en secret d’un magasin à Paris, la Mecque de la pâtisserie, mais il s’agit là d’une entreprise hyper-coûteuse. Qui sait, dans une dizaine d’années… »

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Jean-Philippe Darcis est un spécialiste verviétois de la pâtisserie, des pralines et des macarons. Ayant débuté en 1996, il compte à présent des magasins à Verviers, Liège, Namur, Heusy et Bruxelles. Son chocolat est également commercialisé au Japon. www.darcis.com


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LE MEDECIN DU JARDIN

STEFAAN BINGE « PARLER DE FACON ACCESSIBLE DE CHOSES COMPLIQUEES :  C’EST MON POINT FORT. »

« Quand vous êtes malade, vous allez chez le médecin. Quand votre jardin est malade, vous frappez à ma porte. Comme un vrai médecin, j’utilise un stéthoscope. Il me permet d’écouter les flux de résine dans les arbres. Je porte également des gants en caoutchouc. Ce n’est pas pour le show, mais parce que cela permet d’éviter la transmission des maladies d’un endroit à un autre. Je désinfecte même mes sécateurs. L’hygiène est essentielle pour avoir un jardin en bonne santé. La plupart du temps, on fait appel à moi pour des jardins qui ont un problème, mais je visite aussi des jardins parfaitement sains. Prévenir est aussi important que guérir. Pour les personnes qui possèdent un jardin de grande valeur – certains ont coûté plus d’un million d’euros –, il s’agit d’un investissement intelligent. » « Montrez-moi votre jardin et je vous dirai qui vous êtes. Un jardin est très personnel : c’est un travail sur mesure qui doit correspondre aux propriétaires et à leurs habitudes. Celui qui vit chaque été dans le sud de la France n’est pas intéressé par des platebandes qui fleurissent les mois d’été en Belgique. Une approche personnalisée et la discrétion sont essentielles dans mon métier. Beaucoup de clients me font confiance depuis longtemps. Je leur rends régulièrement visite et découvre leur jardin au fil des saisons. C’est ainsi que se construit une relation de confiance. Je suis aussi très sincère. Je suis obligé de décevoir la personne qui m’appelle pour avoir un beau jardin en une année. Un jardin demande du temps. Le gazon ne poussera pas plus vite si on tire dessus. Il faut, par contre, lui donner de l’eau, de l’engrais et du temps. »

discrétion. Stefaan Bingé a fait des études d’architecte de jardin et s’est lancé il y a cinq ans sous la marque De Tuindokter. Il a écrit un livre sur son expérience et travaille actuellement à un programme TV du style ‘SOS Piet’. www.detuindokter.be

« Dans un jardin, tout est affaire d’équilibre. Certaines plantes sont incompatibles. Vous pouvez leur donner autant d’engrais que vous voulez, elles ne se sentiront jamais bien. A terme, cela ne crée que des problèmes. Quand j’ai commencé ma carrière d’architecte de jardin il y a des années, je n’avais pas cette connaissance. Je me suis alors plongé dans la pédologie, les relations entre les plantes et les maladies des plantes. Saviez-vous, par exemple, que les roses sont de la même famille que le pommier et le laurier ? Cela signifie qu’ils sont tous sensibles aux mêmes maladies. En fait, tous les architectes de jardin devraient le savoir. Je découvre parfois des jardins que je dois totalement réaménager parce que les plantes sont en conflit. Avec toutes les connaissances et l’expérience que j’accumule actuellement, je serai encore un bien meilleur architecte de jardin dans vingt ans. » « Je travaille surtout seul. Je visite les jardins, pose les diagnostics et formule les traitements. Pour l’exécution, je fais appel à des collègues jardiniers locaux. Je parviens ainsi à aider mes clients dans tout le pays. Je travaille même aux Pays-Bas et en France. Mais mon rayon d’action reste évidemment réduit. Je ne peux pas me rendre dans dix jardins en un jour. C’est pourquoi j’ai récemment écrit un livre contenant des conseils et astuces pour un jardin en bonne santé. Il s’agit d’un croisement entre un livre de bricolage et un ouvrage de référence. Je peux ainsi toucher beaucoup plus de personnes. Et ma marque, De Tuindokter (  Le Médecin du jardin ), est protégée. Il s’agit d’un concept fort. C’est aussi le titre de mon livre – et bientôt, peut-être, de mon propre programme télévisé du style ‘SOS Piet’ (  ndlr, émission de cuisine à succès diffusée sur une chaîne flamande ) : je me rends chez des personnes dont le jardin a un problème, j’explique quel est le problème et comment elles peuvent le résoudre. Parler de façon accessible de choses compliquées : c’est mon point fort. »

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LE JOAILLIER

MARC BOSMANS « La passion pour le travail est inscrite dans mes gènes. Mes parents ont lancé leur affaire de joaillerie un an avant ma naissance. J’y ai littéralement grandi. A 14 ans, je réparais des réveils et je restaurais des bijoux pour gagner un peu d’argent. Il était donc logique qu’à 18 ans, je parte à Anvers étudier la joaillerie et l’horlogerie. Il ne s’agissait toutefois, pour moi, que d’un plan B. Adolescent, je rêvais d’une carrière de saxophoniste. Mon professeur de musique avait même téléphoné à mon père pour lui dire : « Ce garçon doit aller au conservatoire. » Mais mes parents n’y étaient pas favorables : ils voulaient que j’apprenne un métier qui me permette de gagner ma vie. J’ai donc choisi le métier de joaillier, ma seconde passion. Je continue à jouer du saxo, mais de manière épisodique. » « J’ai rencontré ma femme durant mes études à Anvers. Elle a démarré quelques années après moi et a grandi, elle aussi, dans une famille de bijoutiers. Nous avons travaillé sept ans ensemble dans un atelier de joaillerie à Uccle, en Région bruxelloise. C’est là que nous avons appris toutes les ficelles du métier. N’importe quel joaillier se trouve tôt ou tard confronté au même choix : continuer à exercer son art en atelier ou ouvrir son propre commerce. J’ai toujours rêvé d’avoir ma propre affaire, et j’ai donc choisi cette option-là. En 1992, j’ai repris une joaillerie à Halle. Quatre ans plus tard, j’ai acheté une deuxième affaire, spécialisée dans le haut de gamme. Et en 2009, j’ai ouvert un troisième magasin, situé lui aussi à Halle, mais ciblant un public plus jeune, avec des bijoux plus « mode ». Je crois en la diversification : un magasin par groupe-cible et par segment. Devenir entrepreneur était le bon choix, mais, parfois, l’atelier me manque. J’y travaillais avec énormément de plaisir, car j’aime ce métier. Chaque année, ma femme et moi-même continuons à visiter des foires pour découvrir les nouveautés. »

« TROUVER DES COLLABORATEURS COMPETENTS EST UN REEL DEFI. »

métier. « J’emploie aujourd’hui 15 personnes. Trouver des collaborateurs compétents est un réel défi. En Suisse, on dénombre quelque 2 000 emplois vacants dans le secteur horloger. C’est réellement un métier en pénurie. Celui qui décroche son diplôme d’horloger en Belgique suscite l’intérêt immédiat des grandes marques. Celles-ci forment les jeunes et les meilleurs se verront proposer un job. J’ai la chance que mon fils soit, lui aussi, joaillier. Il a intégré l’entreprise, au même titre que mes deux filles. L’aînée dirige la PME et développe la structure nécessaire, la plus jeune s’occupe du marketing. Mes enfants ayant fait le choix de me succéder, j’ai racheté, il y a près d’un an, la joaillerie De Wolf à Alost : une affaire qui tourne bien depuis cinquante ans déjà. Là aussi, je souhaiterais que l’on se diversifie davantage. Néanmoins, ce ne sera sans doute plus de mon ressort. Je vais continuer à développer cette affaire comme je l’entends, mais c’est maintenant au tour de mes enfants de se mettre en quête de nouveaux points de vente à reprendre. Je leur donne volontiers des conseils quant à la manière de faire. Je n’ai jamais repris le commerce de mes parents, qui était situé à Galmaarden, en pleine campagne. Je crois davantage au succès de magasins implantés en zone urbaine. Mes parents m’ont donné raison sur ce point et sont fiers de ce que j’ai accompli. »

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Marc Bosmans possède trois joailleries à Halle. En mars 2013, il a repris la joaillerie De Wolf à Alost. Ses trois enfants sont actifs dans l’affaire familiale. www.juwelier-bosmans.be


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DOSSIER PENSIONS

« LA SITUATION EST ALARMANTE,

MAIS NE SOYONS PAS ALARMISTES »

Jean Hindriks, professeur d’économie à l’UCL, membre de la Commission pour la réforme des pensions et membre fondateur de l’Institut Itinera, nous parle sans langue de bois de la crise des pensions. Son credo : « le discours alarmiste actuel repose sur un certain nombre d’idées reçues qu’il convient de remettre en question. » TEXTE MICHEL COLOT PHOTOS CLEMENCE GOSSART

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PENSION LEGALE OU PENSION COMPLEMENTAIRE ? Jean Hindriks : « Les deux font la paire ! La pension légale est un héritage à l’envers. Les générations futures paient pour les anciennes. La pension complémentaire est le deuxième wagon, qui s’accroche à la pension légale. Si la première connaît des problèmes, il y aura un effet de contamination sur la seconde, comme le prouve le cas de la Pologne qui a décidé de nationaliser plus de la moitié des fonds de pension privés. Une autre raison de ne pas opposer les deux piliers est que la génération du baby-boom est sur le point de partir à la retraite et qu’elle n’aura pas le temps de se constituer une pension complémentaire suffisante. Par ailleurs, on peut s’interroger sur l’accès des fonctionnaires – en particulier les contractuels – à la pension complémentaire. Pour le moment, ils n’y ont pas tous accès. Or, les communes, par exemple, n’ont pas les moyens de les nommer… »

des jeunes. Ce n’est donc pas un obstacle au travail des jeunes. Pour preuve, en Belgique, où il y a peu de seniors au travail, le travail des jeunes n’est pas favorisé pour autant. Par ailleurs, les gains de productivité dans les entreprises se sont traduits par moins de travail et plus de pension, ce qui n’est pas forcément favorable à la prospérité. »

FAUT-IL ETRE ALARMISTE ? « La situation est alarmante, mais il ne faut pas être alarmiste. Il importe de chercher des solutions en écoutant les gens. Une étude récente de Delta Lloyd Survey montre que 51% des personnes interrogées considèrent que 61 ans est l’âge optimal pour la pension et que 80% ne souhaitent pas travailler au-delà de 65 ans. Cependant, elles seraient prêtes à accepter un rallongement de l’âge de la pension à deux conditions : bénéficier d’une flexibilité leur permettant de garder du temps libre et obtenir des incitants financiers. »

VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION : MYTHE OU REALITE ? « On pourrait parler d’un mythe du vieillissement. Je m’explique : quand la pension fut créée, on estimait la durée de vie à 65 ans. Aujourd’hui, celle-ci a augmenté d’une dizaine d’années. Nous ne sommes plus ‘vieux’ à 65 ans, mais bien dix ans plus tard. Le temps se dilate et il faut en tenir compte. En se basant sur ce postulat, le ratio jeunes/âgés indexé sur la longévité réelle resterait le même que dans les années 70. Bref, c’est un peu comme si le vieillissement était plus nominal que réel. »

VIRER LES VIEUX POUR FAIRE PLACE AUX JEUNES ? « Contrairement à ce que l’on pense, l’emploi des travailleurs âgés crée l’emploi

« CONTRAIREMENT A CE QUE L’ON PENSE, L’EMPLOI DES TRAVAILLEURS AGES CREE L’EMPLOI DES JEUNES. CE N’EST DONC PAS UN OBSTACLE AU TRAVAIL DES JEUNES. »

PENSION A MI-TEMPS ? « Il peut exister une étape intermédiaire qui serait le glissement progressif vers la pension. On serait, dès lors, à moitié pensionné et à moitié au travail. Dès ce moment, le système serait autofinancé. On aurait donc une pension au ralenti à par-

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tir de 60 ans et une pension à 100% à partir de 66 ans. Ce qui pourrait être accepté par la population qui souhaite moins travailler à partir d’un certain âge. »

TOUT LE MONDE AU TRAVAIL ? « L’écart entre le nombre de travailleurs et le nombre de pensions à payer est un réel problème. Une des façons de s’en sortir est de relever l’emploi car c’est lui qui finance les pensions légales. On peut relever l’emploi des travailleurs âgés en leur proposant du travail à temps réduit. »

« UNE DES FACONS DE S’EN SORTIR EST DE RELEVER L’EMPLOI CAR C’EST LUI QUI FINANCE LES PENSIONS LEGALES. ON PEUT RELEVER L’EMPLOI DES TRAVAILLEURS AGES EN LEUR PROPOSANT DU TRAVAIL A TEMPS REDUIT. »

FORMATIONS A MI-CARRIERE « On peut s’inspirer du ‘knowledge lift’ suédois  :  un système qui propose aux personnes arrivées à mi-carrière à la fois une allocation de formation et la garantie d’un retour gagnant. En conséquence de quoi, les jeunes ont directement accès à l’emploi. Oui, mais que se passera-t-il lorsque les travailleurs à mi-carrière voudront revenir sur le marché de l’emploi, me direz-vous ? Tout simplement, les nombreux baby-boomeurs qui vont sortir progressivement du marché du travail laisseront des emplois disponibles. C’est à l’Etat de prendre l’initiative dans ce domaine. »

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HYPOTHEQUE INVERSEE « Bon nombre de Belges sont propriétaires de leur logement. Grâce à l’hypothèque inversée, ils peuvent valoriser cette propriété en obtenant de leur banque un complément à leur pension qui équivaut à une partie de la valeur de leur habitation, sans devoir payer d’intérêts dans un premier temps. Mais en échange, la banque deviendra propriétaire du logement au décès du propriétaire. »

OPTIMISME DE LA VOLONTE « Même si la situation est incontestablement alarmante en matière de pension, il faut rester optimiste. Le principe de la pension légale est un principe qui nous lie tous, une chaîne de solidarité entre les générations. L’interrompre lèserait la génération à la retraite. Quant à la pension complémentaire, elle va de pair avec la pension légale. En règle générale, l’effort d’épargne ne peut avoir lieu qu’à partir d’un certain âge, le plus souvent quand la maison est payée. Difficile, dès lors, de tout miser sur la pension complémentaire… Travailler à la réforme des pensions consiste à imaginer un éventail de solutions pragmatiques, d’autant que l’éventuel recul de l’âge de la pension cristallise un certain nombre de craintes. C’est un ancrage de l’ensemble du système de protection sociale en Belgique. »

« ETABLIR UN PLAN DE RENTIER EXIGE UNE RIGUEUR TOUTE PROFESSIONNELLE. PAS QUESTION DE METTRE TOUS SES ŒUFS DANS LE MEME PANIER NI DE SOUS-ESTIMER LES RISQUES. »


REEN PD OA RN TA T CG EE S

PRENEZ LES DEVANTS POUR VOTRE PENSION ! Haro sur les pensions ? Le danger semble se rapprocher… mais avant de prendre des décisions, il est urgent de s’ informer. Dans le cadre de ses conférences (  une dizaine chaque semaine, à travers toute la Belgique ), Optima a créé, en collaboration avec Trends-Tendances, un séminaire-débat axé sur cette question. Au programme :  des orateurs de grande qualité, une organisation minutée et quelques savoureuses délicatesses dans les salons feutrés du Dolce La Hulpe.

rénovation, voitures, cadeaux aux enfants et petits-enfants… Chaque ménage a ses priorités. Par ailleurs, un gérant de société doit penser que durant sa pension, certaines dépenses aujourd’hui prises en charge par sa société ne le seront plus. Il est clair que la pension légale ne sera pas suffisante… et que le capital risque d’être mangé si on n’en prend pas soin. Alors, quelles sont les étapes dans cette réflexion ?

Pieds d’argile Une centaine d’inscrits à cette soirée d’information, c’est dire si le sujet interpelle. Pour preuve également, les nombreuses questions arrivées par e-mail. Dès l’introduction, Camille Van Vyve, rédactrice en chef adjointe de TrendsTendances, plante le décor : « Le vieillissement de la population menace la pension légale. La crise des taux des assurances-groupe, passés de 3,25 à 2,25%, laisse place au doute. Les employeurs sont pressentis pour combler la différence, mais le pourront-ils ? Les produits d’épargne sont peu rentables et la pression fiscale augmente. Ainsi, pour les patrons de PME, le précompte mobilier sur les bonis de liquidation passe de 10 à 25%. » Tous les piliers du système des pensions semblent soudain faits d’argile. Friables… trop friables.

Planifiez votre bien-être financier 1. Il faut identifier les sources potentielles de revenus au moment de la pension, notamment celles qui pourraient bénéficier d’incitants fiscaux. Epargne-pension ? Assurance-groupe ? Engagement individuel de pension ou PLCI ? Epargne à long terme ? Les questions sont multiples et parfois complexes. 2. La deuxième étape consiste à évaluer les meilleures manières de retirer un maximum de vos efforts. Bref, rechercher un rendement maximal. 3. Dans la troisième étape sont abordés les efforts d’épargne non dépendants des incitants fiscaux. Branche 21 ? Obligations ? Investissements sur les marchés boursiers ? Et même, pourquoi pas, un investissement immobilier ? En effet, l’immobilier en Belgique progresse de manière continue. Chaque Belge a une brique dans le ventre : pas étonnant, dès lors, que cet investissement soit rentable sur le long terme.

Baby-boom et papy-boom Jean Hindriks, professeur d’économie à l’UCL, est le deuxième orateur de la soirée. Spécialiste du premier pilier, la pension légale, il s’étonne de l’imprévoyance généralisée : « On aurait dû savoir il y a cinquante ans que le baby-boom entraînerait un problème. Gouverner, c’est prévoir… » Dans l’interview qu’il nous a accordée, nous aurons l’occasion d’approfondir de nouvelles pistes et comprendre en quoi pension légale et pension complémentaire peuvent être… complémentaires.

La pension, cela ne s’improvise pas Planifier votre bien-être financier pour vous sentir à l’aise une fois l’âge de la pension atteint nécessite l’intervention d’experts capables de tailler un costume à vos mesures. Optima les met à votre service. Etablir un plan de rentier exige une rigueur toute professionnelle. Pas question de mettre tous ses œufs dans le même panier ni de sous-estimer les risques. La sécurité dans l’investissement est désormais à l’ordre du jour. L’impact du nouveau précompte immobilier doit également être pris en compte. Tenir compte de l’aspect successoral est tout aussi important. Lorsqu’un conjoint décède, qui hérite ? Ou a le contrôle du capital ? Toutes ces questions traversent l’esprit des indépendants, des tenants de professions libérales et des chefs d’entreprise… La planification financière de la pension telle que la conçoit Optima répond à toutes ces questions. Elle prend en compte tous les aspects des revenus, du patrimoine et de la succession. Quelques raisons de plus de penser, dès maintenant, à planifier votre troisième vie :  le temps de la pension. Il en va de votre tranquillité d’esprit, pour vous-même et aussi pour vos proches.

Prendre le taureau par les cornes Benoît Jacobs, le troisième orateur, est responsable du département de planification financière chez Optima. D’emblée, il pose l’alternative : « Doit-on attendre le Big Bang ou prendre le taureau par les cornes ? La réponse est logique et c’est là qu’intervient toute l’expertise d’Optima. Doit-on pour autant se précipiter ? Non, il faut planifier… » Identifier ses besoins Contrôler ses finances procure un bonheur financier certain. La première démarche consiste à réfléchir aux besoins mensuels du ménage. Voyages, travaux de

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RUBRIEK


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M A RC COUCK E C EO D’OM EG A PH A R M A

IDENTIKIT NATIONALITE : Belge DATE DE NAISSANCE : 27 janvier 1965 LIEU DE NAISSANCE : Gand LIEU DE RESIDENCE : Vichte

« LE SPORT FAIT PARTIE INTEGRANTE DE NOTRE ETRE » Ceux qui pensent que Marc Coucke est un ‘simple’ mécène n’ont pas tout compris. Il maîtrise les arcanes du sport mieux que quiconque et s’en sert commercialement au profit d’Omega Pharma, bien sûr, mais aussi personnellement. Capital a rencontré cet homme de 48 ans, au sommet de son succès. TEXTE BERT VOET PHOTOS LIEVEN DIRCKX

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« JE REVE POUR OMEGA PHARMA D’UNE PLACE DANS LE TOP 5 EUROPEEN. »

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ême si KV Oostende s’est fait battre à domicile par Lokeren ( 0-3 ), l’ambiance est au beau fixe, ce 26 décembre, dans l’espace business. Sitôt dehors, Marc Coucke est abordé par de nombreux supporters satisfaits – et leurs épouses et petites amies font la queue pour un selfie avec le nouvel homme fort de KVO. Dans les années 90, il avait déjà intégré la direction du club pendant un an, mais ses liens avec la ville remontent bien plus loin : enfant, Marc Coucke séjournait presque tous les week-ends à Ostende dans l’appartement de ses parents. Et c’est sur la digue d’Ostende qu’il a travaillé pendant ses études pour gagner les premiers sous qu’il investirait plus tard dans Omega Pharma. Le plus grand tournant de sa vie ? « Mon premier jour à l’université. J’étais déjà d’un naturel sociable, même si je n’avais encore pris aucune initiative particulière. A l’université, je me suis senti tellement bien qu’une semaine après la rentrée, j’avais déjà pris mes marques. Ma première intention était d’obtenir un diplôme de pharmacien pour succéder à mon père. Le taux de chômage était élevé au début des années 80 et je pensais qu’en faisant ce choix-là, j’aurais toujours du travail. J’ai eu raison, non ? » Pendant son service militaire, en 1987, il fait la connaissance d’Yvan Vindevogel, qui vient de fonder une petite société pharmaceutique. Marc Coucke se laisse rapidement convaincre de participer à l’aventure. Ils feront bientôt la tournée des pharmaciens avec des flacons de shampoing dans le coffre de la voiture – une anecdote entrée dans la légende. Dès 1994, Marc Coucke rachète les parts de son associé pour 100 millions d’anciens francs belges. En 1998, Marc Coucke décide d’introduire Omega Pharma en Bourse. Fin 2011, il organise le retrait de la cote et parle depuis d’une ‘nouvelle’ Omega Pharma, libérée de la pression des analystes. Quelques mois plus tard, l’entreprise rachète au groupe GlaxoSmithKline, pour 470 millions d’euros, un portefeuille européen de 54 médicaments sans ordonnance. Il s’agit de la plus importante reprise jamais effectuée par Omega Pharma. Cette opération aurait-elle pu se faire si Omega Pharma avait encore été cotée en Bourse ? « Je pense que non, mais rien n’est jamais sûr. Cette reprise a été couplée à une augmentation de capital financée par la société d’investissement belgo-néerlandaise Waterland et par moi-même. En Bourse, une telle opération est souvent pénalisée de manière exagérée. Je ne dirai jamais du mal de la Bourse. Lorsque l’entreprise était plus petite, c’était ‘the place to be’. Aujourd’hui, nous sommes dans une autre phase de notre développement. »

VISER LE TOP 5 EUROPEEN Avec un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros et 2 600 salariés dans 35 pays, Omega Pharma fait désormais partie du top 7 européen dans les domaines des médicaments sans ordonnance et des produits de soins. La rumeur voudrait que Marc Coucke lorgne à présent du côté de l’énorme portefeuille over-the-counter de Novartis. « Si un gros département devait être mis en vente, nous serions évidemment prêts à discuter. » Quel est son but ultime ? « Le top 20 de nos marques représente plus de la moitié de notre chiffre

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d’affaires, soit 30 millions d’euros par marque en moyenne. J’aimerais que ce top 20 pèse 1 milliard, ce qui classerait Omega Pharma dans le top 5 européen. » Pourquoi cette focalisation sur l’Europe ? « J’aime être proche de mes collaborateurs et, à une échelle mondiale, les choses seraient encore plus compliquées qu’elles ne le sont aujourd’hui. J’aurais peur que nous ne puissions plus suivre tous les dossiers avec le même soin, peur aussi de ne pas réussir à franchir un tel cap, de me heurter personnellement au principe de Peter. » Autre fait intéressant : depuis l’été dernier, Marc Coucke a encaissé de très grosses sommes d’argent. « Pour rembourser la transaction GSK, tout simplement », affirme-t-il. « Nous n’avons jamais eu d’argent à titre privé. J’ai promis à ma femme que nous n’aurions plus de dettes avant mes 50 ans – et mon anniversaire est en janvier 2015 ! »

LA PUISSANCE DU FOOT Omega Pharma est devenu grand par croissance externe. Marc Coucke a une réputation de fin stratège, ayant toujours deux longueurs d’avance sur les autres. Il estime, quant à lui, que son ardeur au travail et sa capacité à penser out of the box constituent ses principaux atouts. « S’il faut absolument coller une étiquette sur les managers, on pourrait dire que je suis un game changer. Pour chaque projet, j’observe ce qui est et avant chaque décision, je me pose la question du ‘pourquoi’. Même chose ici, chez KVO. Si j’osais, je demanderais pourquoi le ballon de foot est rond… » En revanche, Marc Coucke élude savamment la question de ses points faibles. « Certains disent que mon style de communication est une faiblesse. Moi, j’estime que la transparence et l’ouverture constituent des points forts. Avant le match d’aujourd’hui, j’ai vu qu’il y avait des réclamations sur Twitter concernant les longues files d’attente. Je me suis excusé et j’ai passé quelques coups de fil. Un peu plus tard, une caisse supplémentaire était ouverte. Ok, toute la Belgique est au courant de ce couac, mais est-ce si grave que cela ? Non, bien entendu ! » « Vous ne trouvez pas incroyable le poids du sport dans notre société ? Apparemment, le sport fait partie intégrante de notre être. Et pour ce qui est du foot, j’avais même sousestimé cet impact. Lorsque Tom Boonen gagne une course, les gens sont contents, c’est tout. Alors que dans le foot, une victoire ou une défaite conditionne l’humeur de nombreuses personnes plusieurs jours d’affilée. Ce n’est pas seulement la compétition ; c’est aussi une sorte de soupape de sécurité et, pour certains, un élément important sur leur CV. Quand les gens doivent se décrire brièvement, ils mentionnent leur âge, leur lieu de résidence et de travail, leur passe-temps favori et… de quelle équipe de foot ils sont supporters ! » En 2011, Marc Coucke a décidé d’être moins présent dans le cyclisme. « Avec Omega Pharma-Lotto, nous avions composé la meilleure équipe du monde. J’en étais le président et le directeur. Lorsque ce projet a pris fin, j’ai tenu à rester dans le cyclisme, qui est un excellent porte-drapeau de l’entreprise. Mais je ne voulais pas remettre sur pied des structures et mener les négociations. Avec Patrick Lefevere aux commandes d’Omega Pharma-Quick-Step, ce n’est pas nécessaire. Je suis le sponsor principal, et lui dirige l’équipe. Cette année, Marc Coucke y investit entre 4 et 5 millions d’euros. Comment fait-il pour mesurer le retour sur investissement ? « Je ne crois pas à cela. Le public voit un message publicitaire pendant quelques secondes, mais quelle est la connotation que les gens y accordent ? De la sympathie, aucune sympathie.… je pense simplement que cela nous vaut une renommée mondiale. »

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« POUR CHAQUE PROJET, J’OBSERVE CE QUI EST ET AVANT CHAQUE DECISION, JE ME POSE LA QUESTION DU ‘POURQUOI’. »


I L F A I T PA R L E R D E L U I

« CERTAINS DISENT QUE MON STYLE DE COMMUNICATION EST UNE FAIBLESSE. MOI, J’ESTIME QUE LA TRANSPARENCE ET L’OUVERTURE CONSTITUENT DES POINTS FORTS. »

FAIRE REVIVRE UN CONDAMNE A MORT Marc Coucke était déjà le principal sponsor de KV Oostende avec Etixx, le spécialiste des compléments nutritionnels pour sportifs. En août 2013, il a acquis 60% des actions du club pour 1 million d’euros, devenant ainsi l’actionnaire majoritaire et le président de KVO. « Pendant la dernière semaine des transferts, nous avons acheté quelques joueurs, réuni des sponsors et – ce qui compte le plus à mes yeux – adapté l’encadrement, avec des poids lourds belges tels que Patrick Orlans comme directeur commercial, Luc Devroe comme directeur sportif et Chris Goossens comme médecin principal. Tout tourne autour des onze hommes sur le terrain, mais pour qu’ils se sentent au top, il faut une organisation au top. » Depuis, KV Oostende se porte plutôt bien et l’ambition de Marc Coucke paraît réalisable : en faire une équipe de première division stable. « Le nombre de supporters ne cesse d’augmenter », jubile-t-il. Comment fait-il pour entretenir ces liens ? Il sourit : « Il faut les impliquer, indiquer clairement ce qui peut ou ne peut pas être atteint, communiquer à propos des transferts prévus… ». A-t-il conscience du fait que le vent peut tourner ? « C’est vrai, mais peu probable tant que je suis honnête et correct. En quelques mois à peine, nous avons transformé un condamné à mort en une équipe bien vivante. » Son rôle est assez semblable à celui qu’il occupait au sein de l’équipe Lotto, à l’époque où les transferts étaient signés dans son salon. « Aujourd’hui, je consacre un quart de mon temps à KVO, mais une fois que tout sera réglé, je lâcherai prise. Je serai, bien sûr, toujours concerné par les grandes décisions et les transferts. L’investissement est de toute manière moins important que dans le cyclisme. Là, nous intervenons au niveau mondial ; ici, nous jouons à Ostende – la différence est de taille ! » Mais une fois encore, son ambition n’est pas de s’appauvrir. « Il y a d’un côté les actions et de l’autre, le compte courant, qui sera un jour transformé en capital. Tout dépend des transferts, des sponsors, du nombre de supporters. » Il a également appris à connaître les managers et les courtiers. « Cela existe également dans le cyclisme, mais c’est plus marqué dans le foot. Ils prétendent tous avoir découvert le nouveau Messi. C’est cela le business, et le côté amusant des choses. Après tout, lorsque nous développons un nouveau shampoing, nous préparons également un business plan, sans savoir combien nous en vendrons… »

LES DEUX PIEDS SUR TERRE Revers d’un parcours apparemment sans faute : Marc Coucke a perdu récemment 5 millions avec Enfinity, l’entreprise spécialisée dans l’énergie solaire de Patrick Decuyper, ancien directeur de Zulte-Waregem. « Ce sont des choses qui arrivent », commente-t-il sobrement. Ne craint-il jamais sa propre chute ? « Dans une entreprise, garantir la continuité est la première priorité. Je tente de profiter du fait que l’aventure dure depuis longtemps déjà, mais je sais que tout a une fin et que la chance peut tourner, tout comme la santé et le bonheur. Dans le privé, je relativise sans cesse. Je pense également avoir élevé mes filles les deux pieds bien sur terre ; elles n’ont en tout cas aucune prétention. Je ne me soucie pas vraiment du transfert générationnel. Après moi, d’autres assureront la gestion. Parfois, cela fonctionne, parfois non. Je me ferais du souci si cela pouvait aider d’une manière ou d’une autre, mais ce n’est pas le cas. »

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« JE NE DIRAI JAMAIS DU MAL DE LA BOURSE. LORSQUE L’ENTREPRISE ETAIT PLUS PETITE, C’ETAIT ‘THE PLACE TO BE’. AUJOURD’HUI, NOUS SOMMES DANS UNE AUTRE PHASE DE NOTRE DEVELOPPEMENT. »


OPTIMA

EVENEMENTS

TEXTE KIKI FEREMANS PHOTOS LIEVEN VAN ASSCHE, PHILIPPE GAUDY, BEN PHILIPSEN, PETER DENAYER, DAVID DE VLEESCHAUWER

KINGS OF GOLF BY OPTIMA : POUR LA BONNE CAUSE En septembre 2013, Optima était le principal sponsor de Kings of Golf, un tournoi de golf de deux jours disputé au Royal Zoute Golf Club, qui a accueilli quelque 2 000 spectateurs. Parallèlement à ce tournoi, des invités triés sur le volet ont pu se mesurer à des joueurs professionnels tels que Nicolas Colsaerts et Sam Torrance. Les invités qui ont pris le temps de répondre à quelques questions sur un iPad sont rentrés chez eux avec une balle de golf. Toujours au stand Optima, Nicolas Colsaerts s’est prêté au jeu des autographes. Nicolas Colsaerts, Sam Torrance, Sergio Garcia et Ian Woosnam ont également disputé un Charity match pour la bonne cause. Ian Woosnam défendait à cette occasion les couleurs de l’ASBL Jeronimo, la cause défendue par Optima : une maison gantoise ouverte aux enfants et aux adolescents qui n’ont pas la chance de grandir dans la chaleur d’un foyer. Ian Woosnam a remporté 3 500 euros qui ont été versés à Jeronimo.

JOAILLERIE DE WOLF : NOUVELLE DIRECTION, NOUVELLE COLLECTION 50 ans pour Joaillerie De Wolf : il fallait fêter cela, et avec brio ! En collaboration avec Optima et douze marques de montres et de bijoux, Joaillerie De Wolf a donc organisé, en octobre dernier, un événement unique ayant pour cadre le beffroi d’Alost. Ce fut, pour les invités, l’occasion de rencontrer les membres de la famille Bosmans, nouveau moteur de la joaillerie, tout en découvrant les nouvelles tendances et collections avant de se voir offrir un verre de bienvenue et un cocktail dînatoire. Optima a assuré le volet pratique de la soirée, avec un exposé très intéressant sur la planification successorale :  « A qui reviendra votre collection de bijoux : à vos enfants ou au fisc ? ». A l’aide d’exemples pratiques, Optima a ensuite exposé en détail ce que vous pouvez faire – aussi bien avec votre collection de bijoux qu’avec le reste de votre patrimoine – pour éviter à vos descendants tout souci financier.

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OPTIMA

LE FISC OU LA FAMILLE ? A l’occasion d’un cocktail organisé à Louvain par Managers Magazines en décembre 2013, Optima a présenté une conférence intitulée : «  Comment privilégier vos descendants plutôt que le fisc ? ». En Belgique, les droits de succession sont élevés et le gouvernement modifie sans cesse les règles du jeu. Les techniques traditionnelles, dont l’achat scindé, sont soudain qualifiées d’abus fiscaux. Comment faire pour relever le défi de la planification successorale ? Le spécialiste Optima a fait un exposé très clair, agrémenté d’exemples pratiques et de conseils bien utiles, expliquant aux personnes présentes comment atteindre un double objectif : conserver leur niveau de vie actuel tout en transmettant plus tard leur patrimoine à leurs proches – et non au fisc.

LA SUCCESSION DES MEDECINS La planification successorale des médecins constitue une matière très spécifique. Les médecins ayant constitué une société médicale possèdent, en effet, deux patrimoines : le patrimoine privé et le patrimoine en société. C’est la raison pour laquelle Optima a organisé, en octobre 2013, une conférence sur ce thème, au cours de laquelle le docteur Lieven Wostyn, président de l’Ordre des médecins pour la Flandre occidentale, a exposé la vision de son organisation à la trentaine de personnes présentes. Le spécialiste d’Optima Koen Brysbaert a ensuite parlé des défis d’une planification successorale sur mesure. De nombreux sujets ont été traités au cours de cette soirée : comment faire don des actions d’une société médicale d’une façon fiscalement avantageuse, comment adapter les statuts d’une SPRLU aux nouvelles règles, l’impact des nouvelles mesures budgétaires… Bref, matière à maintes discussions autour d’un verre et d’un cocktail dînatoire.

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R E P O R TA G E

G A ST RONOM IE

UN VIKING AU MILIEU DE NULLE PART

Le restaurant du chef le plus prometteur en Europe, vous le découvrirez dans une région sauvage du nord de la Suède. Magnus Nilsson privilégie la solitude et les produits les plus purs pour la cuisine du Faviken. TEXTE DEBBIE PAPPYN PHOTOS DAVID DE VLEESCHAUWER

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omment fait un jeune chef suédois de 28 ans, parfait inconnu, pour devenir l’une des personnalités les plus remarquables du monde culinaire et l’invité de chaque événement gastronomique qui se respecte  ? Comment – en moins de quatre ans – parvient-il à convaincre une maison d’édition internationale aussi renommée que Phaidon de lui consacrer un ouvrage ? Comment réussit-il, en sortant de nulle part, à se hisser à la 34 ème place sur la liste des 100 meilleurs restaurants mondiaux ? C’est ce que nous avons demandé à Magnus Nilsson, le jeune chef du restaurant suédois Faviken. Avant de nous répondre, Magnus revêt son manteau en peau de loup et part en quête de trésors comestibles dans les étendues sauvages qu’il affectionne. Selon les jours et l’humeur, il emporte son fusil, car Magnus est aussi un chasseur. Nous sommes au cœur de l’hiver, lorsque le soleil n’est visible que quelques heures chaque jour au-dessus de l’horizon tout blanc et lorsque les températures sont régulièrement inférieures à - 30° C. Nous nous trouvons dans un paysage enchanté, silencieux et mystérieux, dans le Jamtland, à 30 minutes de route de la station de ski de Åre, dans un domaine privé de 8 000 hectares, appartenant à un richissime banquier privé suédois qui y passe de temps en temps des vacances. En hiver, un des quatre membres de la brigade de Magnus Nilsson se dévoue chaque jour pour aller dénicher de jeunes pousses de genévrier, bien cachées sous des mètres de neige. Pas pour les manger, mais pour faire cuire les Saint-Jacques, énormes et voluptueuses, provenant de l’île norvégienne toute proche de Hitra. Au naturel, fumées dans leur coquille au barbecue sur des branches de genièvre, avec une braise encore fumante en guise de décoration. « Pincez-les entre deux doigts, puis gobez leur jus de cuisson », suggère Magnus Nilsson, lorsqu’il nous présente le mets personnellement au dîner ce soir-là. La grange-salle à manger du premier étage ne comprend que cinq tables en bois brut, où quatorze convives – pas un de plus – attendent patiemment de voir arriver l’une des quatorze créations de Magnus Nilsson. Il fait bon dans cette pièce, tout de bois. Seules de minuscules fenêtres ouvrent sur l’extérieur et en guise de déco, des jambons, des morceaux de porc et des poissons pendus au plafond sèchent lentement. Sans oublier le grand feu dans la cheminée pour faire oublier les températures extrêmes au dehors. Certains clients sont venus de très loin pour manger ici ce soir. Tout comme nous,


duits frais. Cela relevait de l’impossible. Après quelque temps, j’ai commencé à chercher des alternatives. Et c’est comme cela que tout a commencé. » A cette époque précisément, des chefs scandinaves tels que Redzepi du Noma démontraient quelles merveilles on pouvait réaliser avec de produits locaux. « J’ai grandi dans cette région et tout gamin, j’ai appris que la nature – et surtout la forêt – recèle plein de trésors comestibles et délicieux. Nous agissons de même à Faviken, surtout en été évidemment, lorsque je quitte ma cuisine jusqu’à deux heures par jour pour errer dans la forêt. Lorsque j’ai repris les rênes, nous utilisions encore des produits venus de plus loin, mais cela a rapidement diminué jusqu’à se réduire à un nombre insignifiant d’ingrédients. » Magnus Nilsson avoue d’ailleurs qu’il n’utilise même plus de poivre dans ses créations depuis des années. Il estime que ce n’est pas vraiment nécessaire et il est aussi parcimonieux avec le sel. « Saler une purée de chou-fleur, cela ôte tout le goût du légume. »

« LES LEGUMES QUE NOUS CULTIVONS NOUS-MEMES SONT NOS PRODUITS LES PLUS COUTEUX. »

ils ont peut-être affronté des tempêtes de neige, des routes verglacées, les élans qui traversent pile devant la voiture et l’obscurité totale sur les petites routes cabossées dans les énormes forêts de conifères, tout cela pour constater avec bonheur que même en hiver, il est possible de manger presque 100% local. Local et intéressant.

3 000 KILOS DE LEGUMES PAR AN « De nombreux clients s’attendent à découvrir des mets étranges et singuliers en arrivant chez nous », nous confie Magnus Nilsson, confortablement installé au coin du feu dans le salon de l’ancienne grange à orge. A l’extérieur, la nuit tombe sous la forme d’un épais manteau bleuté. Il n’est même pas seize heures et en cuisine, on s’active en prévision du dîner, l’unique service du jour. « Ce que nous faisons n’a pourtant rien d’étrange. Nous utilisons des techniques de conservation – fermentation, séchage, conserve en bocaux, fumage… – connues et pratiquées en Suède depuis

des siècles. En appliquant ces techniques simples et naturelles sur des produits locaux et purs, on obtient nécessairement des mets très intéressants. » Cela ne fait que quatre ans que Magnus Nilsson exerce son art dans l’intimité de sa petite cuisine. Auparavant, il était responsable de la cave à vin de ce restaurant, qui existe depuis vingt ans et qui, avant son arrivée, servait des plats suédois traditionnels. Il a 24 ans lorsqu’il quitte les fourneaux pour le service en salle, après des années de travail à Stockholm et à Paris, dans des restaurants étoilés comme L’Astrance et L’Arpège. « J’en avais assez. La passion de la cuisine m’avait quitté. J’ai obtenu le diplôme de sommelier et je rêvais d’une carrière d’œnologue, je voulais écrire sur le vin. » Mais bientôt, la passion de la cuisine le reprend. D’abord par nécessité, parce que le vieux restaurant de Faviken ne trouvait plus de chef, et ensuite parce qu’il a soudain découvert le potentiel du lieu. « Etant le chef du vieux restaurant de Faviken, j’ai vite compris combien il était difficile de faire venir jusqu’ici de bons pro-

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Pendant les mois d’été, Magnus ne doit pas seulement réfléchir à ce qu’il servira à ses clients le soir même, mais aussi à ce qu’il y aura dans leurs assiettes dès le retour de l’hiver. Dans le potager du restaurant, il récolte chaque année 3 000 kilos de légumes. « Prenons les betteraves rouges qui sont au menu ce soir. Il s’agit d’une variété spéciale et locale, qui reste toute petite et qui pousse pendant cent jours. La couleur est magnifique, leur goût est incomparable et – très important – elles se conservent parfaitement, ce qui nous permet de les servir en hiver. » Magnus Nilsson sert ses betteraves noircies, après un passage sous l’énorme grill qui trône au centre de sa cuisine. La majorité des produits conservés sont bien cachés dans le root cellar de Magnus. Une sorte de caverne, presque enneigée, avec un système de sas qui empêche l’air extérieur glacé d’atteindre les provisions. A l’intérieur, des rangées et des rangées de bocaux remplis de délicieuses conserves et de légumes tubéreux en train de germer. Un chou présentant des moisissures attend patiemment d’être à point et les pièces de viande flottent dans un liquide spécial. Magnus Nilsson est un passionné d’alchimie et d’expérimentations, c’est sûr !


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UN DINER SACRALISE Pourtant, le jeune chef affirme qu’un dîner dans son restaurant est une expérience bien moins expérimentale qu’il n’y paraît. « Les légumes que nous cultivons nous-mêmes sont nos produits les plus coûteux. Nous faisons pousser plus d’une centaine de variétés adaptées au climat. Pas de tomates évidemment, car ici elles n’auraient aucun goût, mais des petits pois, qui non seulement se portent très bien, mais se conservent aussi à merveille. Chaque client consomme 1 kg de légumes chaque soir, pas en une fois bien sûr, il faut aussi penser à la quantité nécessaire pour une émulsion ou un bouillon, mais n’empêche, c’est énorme. Tous ces légumes reviennent plus cher que les Saint-Jacques par exemple, ou qu’une viande affinée pendant des mois. » N’y a-t-il vraiment aucun plat pour lequel les clients rechignent ? « Ceux qui viennent jusqu’ici sont extrêmement motivés et savent qu’ils vont goûter des mets différents. Prenons l’exemple des œufs de truite sauvage servis dans une croûte de sang séché de porc. Deux ou trois clients tout au plus ont refusé d’y goûter. Même chose pour le tartare de cœur de bœuf : tant que les gens ignorent de quoi il s’agit, ils adorent. Lorsqu’ils apprennent ce que c’est, on observe une personne sur dix qui fait la fine bouche. » Le chef tient à présenter lui-même chaque plat pendant le dîner, et en suédois ! Son compagnon Johan Agrell, le directeur de salle chargé de l’accueil, traduit ses explications en anglais. Pour la présentation des mets, Magnus Nilsson et Johan Agrell, accompagnés à l’occasion d’autres chefs, quittent la cuisine et grimpent les marches en portant d’énormes plateaux. Cela ressemble à une cérémonie sacrée. Johan Agrell se charge des vins. « Généralement français, mais nous proposons aussi quelques vins d’Italie du Nord. Les créations de Magnus ne supportent pas de vins plus forts en bouche. Il nous arrive régulièrement de suggérer des bières locales, notamment un hydromel spécialement fabriqué pour Faviken. » Dans une ancienne vie, Johan Agrell travaillait à Stockholm, il a également été le manager du restaurant appartenant au très luxueux hôtel Fjallnas, situé non loin d’ici. Il est à l’opposé de Magnus Nilsson : d’un abord sévère, rationnel et to the point. Même si les deux hommes ne possèdent chacun que 10% des parts du restaurant, on a l’impression qu’il n’est qu’à eux. Pendant que Johan Agrell assure un service impeccable, Magnus Nilsson attire toute l’attention, de par son attitude naturelle, presque timide. Il faut voir le chef grimper l’escalier, une


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énorme clavicule d’élan ou de bœuf grillée sur les épaules, qu’il ira déposer avec fierté au centre de la salle ! Ensuite, assisté de l’un de ses chefs, il la scie littéralement en deux. Spectateurs sensibles s’abstenir. La moelle accompagne à merveille les dés crus de cœur de bœuf, carottes d’hiver râpées et sel aux herbes. Aucun convive ne fait la fine bouche. Quelques-uns se hasardent à prendre une photo à l’aide de leur Smartphone. Une seule convive refuse la bière et réclame du vin, et demande du poisson plutôt que la viande servie. Pour le reste, la salle entière suit les choix du chef. Ce repas d’exception se clôture avec une liqueur maison, à base… d’œufs de cane.

UNE VIANDE AFFINEE PENDANT 9 MOIS Il est huit heures du matin et le thermomètre annonce -14° C. Les chambres qui surplombent la cuisine du Faviken permettent aux hôtes de se reposer après un dîner aussi intense. Dans le sau-

na, quelques bouteilles de bière vides laissent penser que certains hôtes ont tenu à chasser le froid avec une visite nocturne au sauna et de l’alcool.

« MON SECRET ? REAL FOOD. DE VRAIS ALIMENTS, PURS, RIEN DE MOINS, RIEN DE PLUS. »

Magnus Nilsson arrive sur place à treize heures tous les jours, après avoir passé du temps avec sa famille. Le menu du soir sera-t-il le même que celui de hier ? « Non, il n’y a pratiquement plus de bœuf, donc nous servirons du poulet. Nous élevons plus de 200 volailles sur place, dans notre ferme », nous confie-t-il. Intrigués par la viande que nous avons

dégustée hier, nous l’interrogeons : quel est le secret de ce goût si intense ? Cela le fait sourire et il parle comme un livre : « dans notre cuisine, il importe avant tout de suivre la production de très près. Il n’en va pas autrement pour la viande. Seul 1 SLC (  Swedish Lowland Cattle ) sur 100 convient pour notre restaurant. Les fermiers nous appellent lorsqu’ils estiment qu’ils ont une bête qui pourrait nous convenir. Nous nous rendons alors sur place et si nous sommes convaincus, nous commençons à engraisser l’animal, rien qu’avec de l’herbe et du foin. Une fois la bête abattue, l’affinage commence et dure un mois. Les meilleurs morceaux sont traités avec la graisse des reins et s’ensuit une nouvelle période d’affinage, en fonction du poids de l’animal, ce procédé peut durer jusqu’à neuf mois. Le goût si intense s’explique par les acides aminés contenus dans la viande, du 100% naturel. » C’est donc là le secret de sa cuisine ? « Yes, real food. De vrais aliments, purs, rien de moins, rien de plus. »

A DECOUVRIR ET A FAIRE DANS LES ENVIRONS « TANT QUE LES GENS IGNORENT QU’IL S’AGIT D’UN CŒUR DE BŒUF, ILS ADORENT. »

Partez faire du ski à Åre, à une heure de route de Faviken. Cette charmante station de ski propose ses ruelles étroites, de nombreuses échoppes, des bars, des restaurants. Cinq stations de ski sont reliées entre elles, ce qui représente au total 40 remonte-pentes et 103 pistes. Une adresse à ne pas manquer : Fjällpuben, un restaurant convivial proposant des spécialités locales. Si vous voulez loger à Åre, nous vous conseillons l’hôtel Design Mountain Lodge, juste en dehors du centre. www.fjallnas.se et www.tanndalen.com Vous préférez peut-être vous détendre dans le plus ancien hôtel de montagne de Suède, à deux heures et demie de route du Faviken ? Fjällnäs est un adorable hôtel avec un très beau spa, en pleine nature. A moins d’une demi-heure de route de là, la petite ville norvégienne de Røros connaît, d’après ses habitants, huit saisons par an, parce que le climat y est très différent et que les paysages hivernaux y acquièrent un caractère magique. Quelques stations de ski dans la région, mais surtout le lieu idéal pour les randonneurs et les amateurs de joie de vivre à la scandinave. www.fjallnas.se et www.tanndalen.com

CONSEILS PRATIQUES Chez Faviken, un dîner coûte environ 200 euros par personne, ajoutez un même montant pour une sélection de vins. Une nuit d’hébergement vaut environ 230 euros pour deux, petit déjeuner compris. Le restaurant est uniquement ouvert en soirée, du mercredi au samedi. www.faviken.com Pour faire le voyage jusqu’au Faviken : vol d’une heure depuis Stockholm vers Ostersund, à partir de 120 euros avec la SAS, taxes comprises. www.flysas.com Depuis l’aéroport d’Ostersund, une heure de route jusqu’au Faviken. Nous vous conseillons de louer un véhicule pour découvrir cette région qui vaut le détour. Sunny Cars propose une vaste gamme de véhicules de location, également adaptés aux conditions hivernales. A partir de 299 euros, all inclusive. www.sunnycars.be

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DES BELGES QUI ONT UN PL AN

K L A R A F E S T I VA L 2 0 14

Y A D H T R I B TH E EDITION

KlaraFestival 2.0 Pour le KlaraFestival, 2014 est l’année de tous les changements. Le festival fête ses dix ans. Il est programmé en mars plutôt qu’en septembre. Jan Briers laisse la place à une nouvelle direction et un événement unique commémore la Première Guerre mondiale. Ce qui ne change pas, c’est le partenariat avec Optima. TEXTE IRIS DE FEIJTER | PHOTOS THOMAS VANHAUTE

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« PLUTOT QUE FAIRE L’OUVERTURE DE LA SAISON, NOUS EN SERONS LE POINT FORT. »

C

ela fait dix ans qu’en septembre, le KlaraFestival donne le coup d’envoi de la saison culturelle. Ce ne sera pas le cas cette année, puisque le festival bruxellois de musique classique est programmé au mois de mars 2014. Pourquoi ? Nous avons posé la question à Sophie Detremmerie, directrice commerciale, et à Hendrik Storme, directeur artistique, qui nous ont reçus dans le salon Zinner du club De Warande, à proximité du parc du même nom. Le lieu idéal pour parler de l’anniversaire du KlaraFestival ainsi que des nombreuses innovations. Sophie Detremmerie : « Ouvrir la saison, c’était bien, mais cela posait également certains problèmes. Il nous était difficile de toucher certaines cibles – écoles, universités, tissu associatif… Ce n’était pas très pratique non plus pour les sociétés : nous avons remarqué que la plupart de nos sponsors optaient pour un événement durant la seconde semaine, plutôt que la première. En outre, septembre est aussi le mois d’Odegand et du Festival Van Vlaanderen Gent, ce qui constitue un handicap en termes de couverture de presse. Autant d’arguments qui nous ont amenés à changer la date du KlaraFestival. » Son collègue Hendrik Storme ajoute : « Après dix ans, le KlaraFestival était devenu le festival de musique classique le plus couru, mais nous

voulions plus. En optant pour le mois de mars, nous comptons jouer à guichets fermés. Plutôt que faire l’ouverture de la saison, nous en serons le point fort. Cette année, nous présentons trois importantes créations ‘maison’ : ‘Arthur’ au Flagey, basé sur l’opéra ‘King Arthur’ d’Henry Purcell. Le thème – le roi Arthur se bat pour sa patrie – est actualisé et s’inscrit dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale. Nous assurons parallèlement la coproduction d’un arrangement des ‘Winterreise‘ de Schubert : un des cycles de lieder les plus connus de l’histoire de la musique. Nous y avons ajouté une réflexion contemporaine puisque l’exécution en sera confiée à l’Ensemble Intercontemporain de Paris. Johan Simons du NTGent assure la mise en scène et le plasticien Michaël Borremans réalise le décor. Cette représentation intervient alors qu’au Palais des Beaux-Arts se tient une exposition sur le travail de Michaël Borremans ( à partir du 22 février). Pour terminer, Bernard Foccroulle, l’ancien directeur de la Monnaie, marie l’orgue à d’autres disciplines à la Cathédrale St- Michel de Bruxelles. ‘Light and Darkness‘, un projet transversal illustrant le dualisme entre ténèbres et lumière, dialogue avec l’univers visuel fort de l’artiste australienne Lynette Wallworth. C’est à mes yeux la véritable mission du KlaraFestival : proposer

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de la musique classique, sous une forme qui apporte une certaine valeur ajoutée, en l’associant avec le cinéma, la littérature, l’art contemporain, mais aussi avec la musique pop et le théâtre. »

LANG LANG Outre le changement de calendrier, le départ de Jan Briers constitue un fait marquant. Jan Briers fut, en effet, pendant 27 ans le directeur du Festival Van Vlaanderen avant d’être nommé gouverneur de Flandre orientale l’année dernière. Depuis, la direction du KlaraFestival – l’un des volets bruxellois du Festival Van Vlaanderen – est confiée à Sophie Detremmerie et Hendrik Storme. Hendrik Storme : « D’un triumvirat, nous sommes passés à un duo, ce qui signifie : plus de travail et de responsabilités pour nous deux. Jan avait un énorme réseau. Mais cela nous laisse aussi plus de liberté. Lorsqu’on occupe le même poste pendant des années, on a tendance à être enraciné dans ses idées. Une bouffée d’air frais souffle aujourd’hui sur le KlaraFestival. » Sophie Detremmerie : « Dans le secteur de la culture, il faut être ouvert au changement. Bien entendu, le programme est totalement neuf chaque année, mais après dix ans, il était temps de reconsidérer le format du KlaraFestival. Cette année, nous réfléchirons sérieusement à la stratégie du festival sur le long terme. »


D ES BELGES QUI ONT UN PL AN

Le KlaraFestival a pour thème cette année ‘The Birthday Edition’. En fait, nous jetterons tout à la fois un coup d’œil en arrière et un regard sur l’avenir. Nous reverrons de nombreux artistes, dont René Jacobs, B’Rock, le Koninklijk Concertgebouworkest Amsterdam, Kris Defoort, Jan Michiels et le Mahler Chamber Orchestra. Le samedi 15 mars, le concert d’ouverture sera exemplaire : le Koninklijk Concertgebouworkest Amsterdam – un des meilleurs orchestres au monde – interprétera un nouveau morceau du compositeur de jazz belge Kris Defoort. Lors de ce même concert, le célèbre pianiste chinois Lang Lang interprétera également le concerto pour piano de Ravel. « L’internationalisation constitue l’un des prin­ cipaux objectifs du KlaraFestival 2014, ce qui est tout à fait normal dans une ville comme Bruxelles, qui accueille notamment une communauté hollandaise de 90 000 personnes, qui n’abrite pas moins de trois antennes radio chinoises… C’est cette communauté internationale que nous voulons attirer. Hendrik a réalisé une programmation réunissant des artistes internationaux et belges. Un pays différent sera mis à l’honneur chaque jour que dure le festival, tout en faisant le lien avec la Belgique », annonce Sophie Detremmerie. Son collègue acquiesce : « C’est ce que véhicule le KlaraFestival sur le plan philosophique également. Le concept du ‘lien’ est très important à nos yeux. Les relations entre les habitants et les différentes communautés de ce pays, mais aussi entre les artistes – belges et étrangers – et le public : jeune, moins jeune, nouveau ou existant… En tant que festival nous relions également les trois grands temples de la culture : Bozar, la Monnaie et Flagey. Pour moi, le KlaraFestival se démarque ces derniers temps par des mélanges osés de musique ancienne et moderne. Et ce n’est pas près de changer. »

MULTICULTUREL L’année 2014 est également particulière parce que le KlaraFestival organise un événement ambitieux, parallèlement au festival lui-même, dans le cadre de la commémoration de la Première Guerre mondiale. Le 9 novembre 2014, ‘1000 Voices for Peace’ réunira plus de 1000 chanteurs venus de 30 pays, accompagnés par un grand orchestre et des solistes de renom. « Pas moins de 63 nationalités ont combattu ‘In Flanders Fields’, depuis les Indiens jusqu’aux Chinois et aux Néo-Zélandais. C’est à eux que nous devons la liberté et pourtant, 100 ans plus tard, la pensée multiculturelle a

« NOTRE AMBITION : ELARGIR LE GROUPE-CIBLE, SANS ALTERER LE NIVEAU DES PROGRAMMES. »

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D ES BELGES QUI ONT UN PL AN

« LE KLARAFESTIVAL VISE L’EXCELLENCE ARTISTIQUE, ET LES ENTREPRISES AIMENT Y ASSOCIER LEUR NOM. »

toujours du mal à percer », dit Hendrik Storme. « Sur ces 63 pays, 30 délèguent un chœur en Belgique, chacun étant associé à un chœur belge. Cela donne donc 60 chœurs au total, qui interpréteront une nouvelle création de l’un des plus grands compositeurs actuels : Krzysztof Penderecki, âgé de 80 ans, a écrit cette pièce spécialement pour nous. Cet événement unique se déroulera sous la coupole de la Basilique de Koekelberg, en présence de nombreuses personnalités. Mais il n’y en aura pas que pour la musique, car nous attendons également divers orateurs. » Sophie Detremmerie : « Nous espérons attirer Ban Ki-moon à Bruxelles. Qui mieux que lui pourrait parler de la paix en présence de 30 nationalités différentes ? Nous établirons aussi une liaison en live avec la station spatiale internationale, ce qui nous permettra de transmettre un message de paix depuis l’espace. »

LES PLUS DEFAVORISES Les discussions parfois suscitées par la musique classique – a-t-elle encore droit de cité au 21ème siècle – sont parfaitement obsolètes d’après le directeur artistique, Hendrik Storme  :  «  C’est certain, nous ne vivons plus à une époque où la musique classique prévaut dans la vie culturelle. Mais elle constitue toujours un élément de la culture européenne, au même titre que la peinture et la littérature. On ne dit pas : Rubens, qui s’en souciera encore dans 100 ans ? Le classique, cela ne disparaîtra jamais. Nous devons toutefois réfléchir à la façon de présenter la musique du 19ème siècle afin de passionner un public du 21ème siècle et pour l’inspirer de telle sorte qu’il apprenne de nouvelles choses. Ma façon à moi, c’est de choisir des artistes extrêmement communicatifs, expressifs, voire même théâtraux et rhétoriques. Bref, des exécutants axés sur le contact avec le public. Mais j’y parviens aussi en associant la musique à d’autres formes d’expression artistiques et culturelles, offrant de nouvelles perspectives. Prenons l’exemple de notre production ‘Winterreise’. On y suit un homme qui erre dans un paysage d’hiver aride et désolé, à la recherche de

son amour. Soit l’idéal romantique typique, mais associé à une réflexion très actuelle : que signifient ce songe, ces rêves, cette quête ? Le romantisme ne disparaîtra jamais tout à fait. Michaël Borremans transforme ce paysage hivernal pour en faire une nouvelle œuvre. C’est ainsi que nous parvenons à illustrer l’intemporalité de la musique classique. » Le KlaraFestival innove aussi en ce qui concerne le cadre, puisque cela fait déjà quatre ans qu’il organise Club K : une série de concerts classiques dans des boîtes de nuit branchées à Bruxelles, telles que le K-Nal, le Spirito, le Martini et le M. Wong. « C’est la rencontre de la musique classique et du pop, le bar est ouvert et les spectateurs prennent place sur des poufs et des tabourets. Oublié, le formalisme de la musique classique », nous explique Sophie Detrremmerie. Toutes ces initiatives sont un retour aux bases du Festival Van Vlaanderen. « Faire découvrir la musique classique au plus grand nombre, c’est depuis cinquante ans la principale préoccupation de Festival Van Vlaanderen. Le KlaraFestival tient à y contribuer activement, notamment avec un projet ciblant les plus défavorisés, qui ne paient qu’un euro d’entrée. C’est une grande réussite, puisque l’année dernière, nous avons vendu 700 places de ce type. Nous voulons également toucher d’autres groupes – écoliers, étudiants, mouvements de jeunesse, etc. Notre ambition : élargir le groupecible, sans altérer le niveau des programmes. »

UN BON TUYAU Le secteur culturel est touché par la crise : les subsides sont revus à la baisse ; on remplace les places de concert ou de théâtre par des téléchar­ gements. Comment le KlaraFestival parvient-il à survivre ? Sophie Detremmerie : « Cette année, notre budget de fonctionnement dépasse les 3 millions d’euros. La moitié provient du sponsoring, 35% des subsides et le reste des entrées. Après 2008, la crise s’est d’abord fait sentir auprès des entreprises, mais le secteur public est resté stable. Aujourd’hui, la situation est inversée. Depuis quatre ans, les revenus du sponsoring ont augmenté, entre autres grâce au recrutement de personnel supplémen-

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taire. Les entreprises cherchent de nouveaux moyens pour se profiler. La culture est un outil de marketing efficace. Le KlaraFestival vise l’excellence artistique, et les entreprises aiment y associer leur nom. Nous menons, en outre, une grande campagne de communication dans laquelle nous entraînons nos sponsors, sur les chaînes nationales également. D’ailleurs, nous n’aimons pas beaucoup parler de sponsors, nous préférons le terme de partenaires. Le mécénat appartient à une époque révolue, de même que le sponsoring pur et dur. Nous travaillons en étroite collaboration et les deux parties s’en trouvent satisfaites. Nous nous impliquons dans les plans de marketing de nos partenaires, afin de construire des relations sur le long terme. A l’exemple d’Optima, la plupart de nos partenaires nous suivent sur la durée. » Quelles sont leurs propres attentes ? Sophie Detremmerie : « Le Mahler Chamber Orchestra dirigé par Jurowski. L’année dernière, leurs trois concerts Shostakovich-et-Britten m’ont époustouflée. Je veux revivre un tel tour de force cette année.  » Hendrik Storme : «  J’attends beaucoup du projet ‘Winterreise’. Je veux absolument savoir comment se déroulera le dialogue entre Michaël Borremans, Johan Simons et Andreas Staier. C’est le tuyau que je vous donne. » KLARAFESTIVAL 2014 – du 15 au 29 mars 2014 en différents lieux à Bruxelles.


DOSSIER

L A M ER E DE TOU T ES L ES EL ECT IONS

LE SPRINT FINAL DE DI RUPO IER La ‘mère de toutes les élections’ approche à grands pas. Mais avant cette date butoir, le gouvernement Di Rupo Ier s’est encore saisi de plusieurs dossiers importants. Rapide aperçu des changements. TEXTE TOM GOOSSENS, JUNIOR TAX ADVISOR OPTIMA

LES COTISATIONS SOCIALES En tant qu’indépendant, vous payez des cotisations sociales, qui sont calculées sur base de vos revenus professionnels nets réévalués d’il y a trois ans. Il s’agit, en d’autres termes, de vos revenus professionnels après déduction de vos frais et cotisations sociales. Plus que jamais, les revenus des indépendants fluctuent, et leur carrière aussi est de plus en plus variée. Résultat : les cotisations sociales que vous devez payer ne sont pas toujours proportionnelles aux revenus dont vous disposez à ce moment précis. C’est pourquoi un nouveau système de cotisations entrera bientôt en vigueur. A partir du 1er janvier 2015, la caisse d’assurances sociales proposera une cotisation provisoire, toujours en fonction des revenus perçus trois années plus tôt, mais il vous appartiendra, en faisant prévaloir des raisons fondées, de relever ou d’abaisser le montant de ces cotisations provisoires. Dès que l’administration fiscale aura définitivement fixé vos revenus, vous devrez alors payer une cotisation de régularisation.

LA PENSION LEGALE ET DE SURVIE Suivant le principe que ceux qui travaillent plus longtemps doivent être récompensés, le NOTE : la rédaction de ce numéro de Capital a été bouclée à la fin décembre 2013.

TOM GOOSSENS

Conseil des ministres a décidé, le 19 décembre dernier, d’adapter la base de calcul de la pension légale et de convertir la pension de survie en une allocation de transition. Jusqu’ici, la pension légale était calculée sur la base de 45 ans de carrière maximum. Les années supplémentaires prestées n’étaient donc pas prises en compte. Le Ministre des Pensions Alexander De Croo propose aujourd’hui de remplacer le maximum de 45 années de carrière par 14 040 jours de carrière – ce nouveau plafond correspondant désormais à une carrière complète. Il devient donc possible de se constituer des droits supplémentaires à la pension au-delà de 45 ans de carrière. En outre, les derniers mois de travail prestés l’année même de la pension vont entrer en ligne de compte pour le

calcul de la pension des salariés et des indépendants. Ce principe est d’application depuis longtemps déjà pour les fonctionnaires. La pension de survie permet souvent au conjoint survivant de ne pas basculer dans la pauvreté. Comme, dans la plupart des cas, le droit à une pension de survie disparaît lorsque le conjoint survivant travaille à temps plein, 70% d’entre eux décident apparemment de réduire leurs prestations de travail ou d’arrêter de travailler dès qu’ils en bénéficient. Ce faisant, ils diminuent leurs propres droits individuels à la pension pour le futur. Pour remédier à cette situation, les veufs et veuves de moins de 45 ans auront droit à une allocation de transition qui remplacera la pension de survie. L’âge de 45 ans augmentera de manière progressive pour passer à 50 ans en 2025. Rien ne change pour les bénéficiaires actuels d’une pension de survie. L’allocation de transition sera limi­ tée dans le temps : un an lorsqu’il n’y a pas d’enfant à charge ou deux ans avec des enfants à charge. Enfin, le veuf ou la veuve pourra cumuler son allocation de transition sans aucun problème avec un salaire ou une prestation sociale.

: CONTENU :

PRECOMPTE MOBILIER SUR LE BONI DE LIQUIDATION

UN VOYAGE AU BRESIL AVEC LES DIABLES ROUGES ?

L’AVENIR DE VOTRE ENFANT FRAGILISE

DIETER BOSSUYT, LIESJE VANNESTE

XAVIER PIQUEUR

EVELINE DE VRIESE, SVEN HUBRECHT

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DOSSIER

L E P R E C O M P T E M O B I L I E R S U R L E B O N I D E L I Q U I DA T I O N E S T P O R T E A 2 5 %

LIQUIDER VOTRE SOCIETE ET RECOMMENCER A ZERO :

UNE BONNE IDEE ?

A partir du 1er octobre 2014, le précompte mobilier sur le boni de liquidation sera sensiblement relevé puisqu’il passera de 10% à 25%. Nombre d’entrepreneurs envisagent, dès lors, de liquider leur société avant cette date. Une telle procédure n’est pas simple, mais depuis quelque temps, il est possible de l’accélérer. Est-ce une bonne idée ? TEXTE DIETER BOSSUYT, EXPERT TAX & ESTATE PLANIFICATION CONSULTING SERVICES ET LIESJE VANNESTE, JUNIOR AUDITOR OPTIMA PHOTOS LIEVEN VAN ASSCHE

Cesser les activités d’une société – dans le jargon professionnel, on parle de dissoudre et de liquider la société –, ce n’est pas simple. Il faut suivre une procédure complexe qui, pour les petites sociétés familiales surtout, peut se révéler lourde et coûteuse. Concrètement, il convient de convoquer une assemblée générale (  habituellement chez un notaire ), qui décidera de dissoudre la société et de la mettre en liquidation. Le mandat de gérant ou d’administrateur est alors résilié et un liquidateur est nommé. Le tribunal de commerce doit confirmer cette nomination, après quoi le liquidateur sera tenu d’apurer les dettes de la société. Si nécessaire, il vendra des actifs pour y parvenir. Dès que le liquidateur a terminé sa mission, un plan de répartition de l’actif entre les créanciers doit être soumis au tribunal de commerce. Après que le tribunal a donné son accord, une nouvelle assemblée générale est convoquée pour clôturer la liquidation. Cette dernière opération peut se faire

DIETER BOSSUYT | LIESJE VANNESTE

sans notaire, sauf s’il subsiste des biens immobiliers dans la société.

BONI DE LIQUIDATION Les actifs résiduels sont répartis entre les associés, mais au préalable, le fisc passe par là : un précompte mobilier de 10% est dû sur le ‘boni de liquidation’, c’est-à-dire la partie de la masse distribuée qui excède le capital libéré de la société. Ce capital est le montant que vous avez apporté autrefois dans la société. Le précompte mobilier sur le boni de liquidation passera donc de 10% à 25% à partir du 1er octobre 2014.

été instaurée. Les réserves déjà imposées qui se trouvent dans la société peuvent être distribuées sous forme de dividendes, sur lesquels un précompte mobilier de 10% est retenu (  au lieu du taux normal de 25% ). Le dividende net perçu doit toutefois être apporté aussitôt dans le capital par le biais d’une augmentation de capital. La ‘faveur’ consiste à considérer les réserves incorporées comme du capital fiscalement libéré. Cela signifie qu’elles pourront ensuite être distribuées sans aucune autre imposition en cas de liquidation ou de réduction de capital. Toutefois, cette distribution ne peut pas avoir lieu immédiatement. Pour les PME et les grandes sociétés, le délai d’attente est respectivement de quatre et huit ans. Si l’on ne veut pas attendre aussi longtemps, on paie un précompte mobilier complémentaire de 15%, 10% ou 5%, suivant le moment de la distribution.

MESURE DE TRANSITION Pour éviter que les sociétés ne soient liquidées en masse, une mesure de transition a

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Le délai à respecter pour l’application de la mesure de transition dépend du moment


DOSSIER

où l’exercice comptable est clôturé. Les sociétés qui clôturent leur exercice le 31 décembre (  soit la grande majorité ) doivent déjà avoir entrepris une action avant le 31 décembre 2013. En revanche, celles qui clôturent leur exercice le 30 juin ont encore jusqu’au 30 juin 2014 pour le faire.

LIQUIDER SA SOCIETE ET RECOMMENCER A ZERO, UNE BONNE IDEE ? Ce précompte mobilier relevé à 25% est une pilule fort amère pour de nombreux entrepreneurs. Les bénéfices constitués et réinvestis au fil des ans représentent pour beaucoup un complément important à leur pension légale. D’où la recherche de solutions créatives pour éviter cette nouvelle ponction fiscale. Une solution possible consiste à liquider la société existante et à en constituer aussitôt une nouvelle pour poursuivre les activités. Pour les bénéfices accumulés dans le passé, le ‘décompte’ se fait alors au taux de 10%. Seuls les bénéfices futurs réalisés dans la nouvelle société seront soumis au précompte mobilier de 25%. En outre, les dividendes futurs issus de la nouvelle société pourront, sous certaines conditions, bénéficier d’un taux de précompte mobilier de 15% au lieu des 25% habituels.

considérer le boni dégagé lors de la liquidation de la société existante comme un dividende, lequel est imposable à 25%. Cette solution n’est-elle donc pas envisageable du tout ? Si, lorsque la constitution d’une nouvelle société et la liquidation de la société existante sont dictées par des motifs économiques. Pensons à l’entrée d’un nouvel actionnaire dans le capital de l’entreprise ou au développement d’une nouvelle activité, autant de motifs non fiscaux empêchant l’application de la disposition anti-abus.

« UN NOUVEL ACTIONNAIRE DANS L’ENTREPRISE OU UNE NOUVELLE ACTIVITE : AUTANT DE MOTIFS NON FISCAUX EMPECHANT L’APPLICATION DE LA DISPOSITION ANTI-ABUS. »

GARE A LA DISPOSITION ANTI-ABUS

LE PASSAGE A LA STRUCTURE UNIPERSONNELLE

Bref, rien que des avantages ? Hélas non. Vous risquez, en effet, de buter sur la disposition anti-abus aujourd’hui renforcée. C’est le cas lorsque la nouvelle société possède la même structure d’actionnaires, les mêmes administrateurs ou gérants, qu’elle exerce la même activité… Il est alors question de ‘fausse liquidation’ : la société a été liquidée, mais en réalité rien n’a changé quant au fonctionnement de l’entreprise.

La hausse du taux du précompte mobilier sur le boni de liquidation, les frais toujours plus élevés que représente la structure d’une société et les nombreuses mesures fiscales du gouvernement Di Rupo… Autant d’éléments qui incitent certains entrepreneurs à dissoudre leur société et à poursuivre leurs activités sous leur propre nom.

Si le fisc peut invoquer la disposition antiabus, les transactions effectuées ne lui sont pas opposables. Dans ce cas, il pourrait

Une telle approche peut-elle poser problème dans le cadre de la disposition anti-abus ? En principe, non, tant que l’entreprise commerciale (  stock, machines, clientèle… ) est transférée depuis le patrimoine de la société

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à un prix correct. En outre, mieux vaut être effectivement actif via l’entreprise unipersonnelle. Si vous repassez à une structure sociétale après une trop brève période, vous risquez à nouveau d’éveiller le soupçon de fausse liquidation.

LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DANS UN SEUL ACTE Vu que la date butoir du 1er octobre 2014 approche à grands pas, il convient d’agir rapidement. Heureusement, depuis 2012, il est possible de liquider une société via une procédure simplifiée. Cette procédure permet de réaliser par le biais d’un seul et même acte (  généralement notarié ) à la fois la dissolution de la société et la clôture de la liquidation. Comment procéder concrètement ? Il convient de convoquer une assemblée générale où tous les associés sont présents ou représentés. Les associés doivent approuver la procédure simplifiée à l’unanimité et ne peuvent pas désigner de liquidateur. Comme dans la procédure normale, il est toutefois nécessaire d’établir un état comptable de l’actif et du passif, à propos duquel un réviseur d’entreprise ou un expert-comptable externe rédigera un rapport de contrôle. Les gérants ou administrateurs doivent également justifier la dissolution dans un rapport spécial. Il est crucial que l’état de l’actif et du passif ne contienne aucun ‘passif’. Le choix de ce terme est malheureux car, du point de vue comptable, tout ce qui figure du côté droit du bilan (  y compris le capital et les réserves ) est qualifié de passif. Qu’en est-il, dès lors, des dettes liées à la liquidation, telles que les honoraires du notaire et de l’expert-comptable ? Et des dettes en compte courant à l’égard des associés euxmêmes ? La ministre de la Justice a déjà précisé que ces éléments ne doivent pas être pris en considération. Pourtant, à défaut de base légale, il nous paraît préférable qu’ils ne figurent pas sur l’état de l’actif et du passif.


DOSSIER

SPONSORING ET REGIME FISC A L

UN VOYAGE AU BRESIL AVEC

LES DIABLES ROUGES ? En octobre 2013, l’équipe de Marc Wilmots s’est qualifiée pour la Coupe du monde de football au Brésil. Le fisc belge avait anticipé ce succès puisqu’en septembre, il avait déjà fourni un complément d’information sur le régime fiscal des voyages à l’étranger qui, conformément à certains contrats de sponsoring, sont offerts gratuitement aux sponsors ou à leurs invités. TEXTE XAVIER PIQUEUR, SENIOR TAX ADVISOR OPTIMA PHOTO LIEVEN DIRCKX

Dans le monde du sport, il est fréquent que les sponsors et leurs invités soient du voyage lors d’un événement sportif à l’étranger. Un tel voyage d’agrément est considéré par le fisc comme un avantage imposable si le bénéficiaire est invité du fait de son activité professionnelle. En d’autres termes, vous devez vous demander s’il existe entre vous-même en tant qu’invité et le sponsor un rapport professionnel ou économique ? Dans le premier cas de figure, nous pensons, par exemple, à un employé ou au dirigeant de l’entreprise qui agit en qualité de sponsor. Ce principe de l’imposabilité fait toutefois l’objet d’une exception  :  lorsque le voyage ( d’agrément ) est davantage un voyage de service effectué dans le cadre de l’exercice normal de l’activité professionnelle. Pensons à un travailleur qui accompagne une relation d’affaires ou à un dirigeant d’entreprise qui a pour mission d’établir de nouveaux contacts professionnels et de défendre les intérêts de son entreprise. Les clients et fournisseurs, de leur côté, ont plutôt un lien économique direct ou indirect avec le sponsor. Sont également visés les four-

XAVIER PIQUEUR

nisseurs de services tels que l’‘avocat maison’, le comptable externe, le conseiller en prévention externe, etc. Bref : pour être imposable au titre d’avantage, il est donc nécessaire, mais suffisant, que le voyage soit offert à une personne en raison de son activité professionnelle. Qu’en est-il alors s’il apparaît que ce voyage ne vous a pas été offert en raison de votre activité professionnelle ? Dans ce cas, il ne sera pas qualifié d’avantage. Imaginez que le sponsor organise un concours à l’intention des consommateurs, avec, comme premier prix, un voyage pour la Coupe du monde au Brésil. Ou qu’il offre un tel voyage à un particulier avec qui il n’a de relation professionnelle ni directe ni indirecte.

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Les billets d’entrée des rencontres sportives proprement dites et les frais de voyage ne sont pas traités de la même manière sur le plan fiscal. Si, pour les frais de voyage, la question se pose toujours de savoir s’il est question d’un avantage imposable, le fisc admet que pour les billets d’entrée, il n’est ‘généralement’ pas question d’un avantage de toute nature imposable dans le chef du bénéficiaire final. Le fisc précise qu’il s’agit exclusivement de billets d’entrée à des manifestations sportives auxquelles le club parrainé participe lui-même. En outre, ce traitement concerne uniquement les billets que le club met à la disposition de ses sponsors par l’effet d’un contrat, à titre de contre-prestation du montant parrainé. Enfin, signalons que les avantages sont toujours imposables dans le chef de l’invité. Le sponsor ne peut donc pas décider de subir l’imposition des avantages comme s’il en était lui-même le bénéficiaire. Soulignons encore que le sponsor doit toujours mentionner l’avantage sur une fiche individuelle sous peine de taxation séparée à 309%. Veillez donc à ce que votre voyage sportif ( d’agrément ) ne se transforme pas par la suite en cadeau empoisonné.


DOSSIER

PROP O SI T IONS DE L OI R E L AT I V E S A L A PL A N I F IC AT ION S UCC E S SOR A L E

L’AVENIR DE VOTRE

ENFANT FRAGILISE Les parents d’un enfant handicapé veulent assurer son avenir financier, y compris pour le jour où ils ne seront plus là. Mais souvent, ils butent sur les règles contraignantes du droit successoral. Plusieurs sénateurs ont introduit des propositions de loi visant à lever ces obstacles. TEXTE EVELINE DE VRIESE, TAX ADVISOR, ET SVEN HUBRECHT, RESPONSIBLE COMPETENCE CENTER OPTIMA PHOTOS LIEVEN DIRCKX

Chaque enfant dispose d’une réserve légale, soit une part d’héritage minimale dont il ne peut être privé. Supposons que l’héritage du père s’élève à 300 000 euros. L’homme a deux enfants, dont l’un présente un handicap. Chaque enfant a droit au moins à un tiers de la succession, soit 100 000 euros. Le père dispose librement des 100 000 euros restants. S’il décide de laisser 225 000 euros à son enfant fragilisé, l’autre enfant recevra 25 000 euros trop peu et pourra exiger de les recevoir. L’une des propositions de loi vise à augmenter la part disponible. Concrètement, celle-ci représenterait toujours la moitié de l’héritage lorsqu’il y a des enfants. Dans notre exemple, la réserve de chaque enfant baisserait alors à 75 000 euros. L’enfant préjudicié ne pourrait plus exiger la réduction.

nés, à sa réserve ou à une partie de celle-ci. De cette manière, la famille peut conclure un accord équilibré, même si le plafond de la part disponible est franchi.

EVELINE DE VRIESE | SVEN HUBRECHT

« DE CETTE MANIERE, LA FAMILLE PEUT CONCLURE UN ACCORD EQUILIBRE, MEME SI LE PLAFOND DE LA PART DISPONIBLE EST FRANCHI. »

En ce qui concerne les ‘incapables majeurs’, les sénateurs proposent également de prévoir la possibilité d’assortir leur part d’héritage d’une charge, à condition que celle-ci vise à empêcher une gestion inconsidérée de la part de l’enfant. De qui s’agit-il ? De personnes majeures qui, soit du fait de leur état de santé, soit en raison de dissipation, se trouvent dans l’incapacité de gérer correctement leurs biens. Souvent, ces personnes ont davantage besoin d’un revenu que d’un capital. De cette manière, leur part d’héritage peut être limitée à l’usufruit ou leur être versée sous la forme d’une rente.

LA FONDATION PRIVEE En constituant une fondation privée, il est possible d’isoler un patrimoine en vue de réaliser un but désintéressé, tel que les soins à une personne handicapée. Ce type de fondation possède une personnalité juridique propre. La structure organisationnelle survit aux parents et peut donc

En outre, la proposition vise à introduire la possibilité pour les enfants de renoncer à la réserve dès avant le décès du testateur. Imaginons que le père fasse don de 250 000 euros à son enfant handicapé. L’autre enfant pourrait alors déclarer par acte notarié qu’il renonce, relativement aux biens don-

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DOSSIER

poursuivre la gestion de leur patrimoine. En outre, les parents peuvent fixer dans les statuts le sort qu’il conviendra de réserver aux biens après le décès de l’enfant avec un handicap. Ici aussi, il y a quelques obstacles à surmonter. Ainsi, un parent peut au maximum apporter à la fondation privée la partie disponible plus la part réservataire de l’enfant handicapé. Cette règle est susceptible de changer si la loi donne aux réservataires la possibilité de renoncer à une partie de leur réserve, comme décrit ci-dessus.

« EN CONSTITUANT UNE FONDATION PRIVEE, IL EST POSSIBLE D’ISOLER UN PATRIMOINE EN VUE DE REALISER UN BUT DESINTERESSE, TEL QUE LES SOINS A UNE PERSONNE HANDICAPEE. »

DU POINT DE VUE FISCAL « EN CE QUI CONCERNE LES Reste, enfin, un obstacle d’ordre fiscal. ‘INCAPABLES MAJEURS’, L’apport ‘gratuit’ de biens mobiliers ou LES SENATEURS PROPOSENT immobiliers dans une fondation privée EGALEMENT DE PREVOIR LA est soumis à des droits de donation. Ces POSSIBILITE D’ASSORTIR LEUR droits s’élèvent à 7% dans les trois Régions PART D’HERITAGE D’UNE CHARGE, du pays. Par ailleurs, la possibilité existe, A CONDITION QUE CELLE-CI VISE pour le patrimoine mobilier, de procéder à une donation bancaire exonérée d’impôt A EMPECHER UNE GESTION au bénéfice de la fondation. Il faut touteINCONSIDEREE DE LA PART fois que les parents vivent encore trois ans DE L’ENFANT. » après la donation, sans quoi des droits de succession seront dus sur les biens donnés. Cet aspect fiscal est une matière régionale et n’est donc pas abordé dans la proposition de loi fédérale.

Autre problème : si les biens sont logés dans une fondation, l’enfant ou son représentant légal peut toujours exiger sa part d’héritage dans la succession, même si cette part est utilisée à son propre bénéfice. En effet, ces biens sont logés dans la fondation et non plus dans la succession des parents. C’est pourquoi les sénateurs demandent que l’apport dans une fondation soit assimilé à l’obtention de cette part d’héritage. Pour que cette assimilation puisse se faire, les parents devraient toutefois s’adresser au juge de paix. La législation prévoirait également des garanties visant à éviter les abus.

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AUTOMOBILE

SEBA ST IEN DE BA ER E

Autoworld : un monde de différence Ces dix dernières années, le musée Autoworld, situé sur l’esplanade du Cinquantenaire à Bruxelles, s’est quelque peu empoussiéré sous le poids de son riche passé. Jusqu’à ce que l’ambitieux et dynamique Sebastien de Baere ne renverse la tendance en posant un regard neuf sur les bolides anciens. TEXTE BART LENAERTS | PHOTOS LIES DE MOL

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AUTOMOBILE

I

l y a quelques années, tout le monde paraissait convaincu que le Belge moderne ne se passionnait plus guère pour les voitures et encore moins lorsque celles-ci sont exposées dans un musée. Même si ces bijoux sont déposés dans l’écrin du Parc du Cinquantenaire, qui fut aménagé jadis pour commémorer les 50 ans de l’indépendance de la Belgique. Tout le monde, sauf Sebastien de Baere, un jeune Gantois qui a relevé un tout nouveau défi il y a trois ans, après une carrière dans le marketing et l’organisation d’événements : préparer le musée bruxellois Autoworld pour le 21ème siècle.

PAS UNE SALLE DE FETES Sebastien de Baere a réalisé que la tâche ne serait pas facile après avoir analysé la situation d’Autoworld en long et en large. Son rapport était si limpide que la direction lui a immédiatement demandé de remettre personnellement les choses en ordre. Sa passion pour les voitures a également pesé dans sa décision. « Je dois bien avouer que j’ai un faible pour les Porsche. Même si cette passion ne peut pas influencer mes décisions… » Sebastien de Baere s’est appuyé sur son rapport pour fixer les priorités, la première d’entre elles

étant d’avoir une comptabilité saine. Les directeurs des musées Mercedes, BMW, Porsche et tutti quanti répètent à l’envi que les musées de l’automobile sont rarement bénéficiaires : « Même sans subsides, nous prouvons qu’il est possible d’être rentable. Comment ? En organisant ici de nombreux événements. Les entreprises sont séduites par ce bâtiment prestigieux, nos équipements professionnels et notre situation centrale, avec un parking sécurisé à proximité. Nous ne voulons toutefois pas nous positionner comme salle de fêtes. C’est notre responsabilité culturelle qui prime. » Il faut dire que l’automobile – particulièrement en Flandre – est très souvent devenue la brebis galeuse : « Récemment, un journaliste a trouvé irresponsable de mettre encore en évidence le sport et la compétition. On arrête tout alors ? Nous avons quand même l’obligation d’entretenir notre héritage et de le transmettre aux générations futures. Il y a tellement de parallèles surprenants entre l’histoire de l’automobile et l’histoire du monde. C’est très riche d’enseignements. C’est pourquoi Autoworld souhaite créer un climat positif autour de la voiture, sans messages commerciaux. Nous prévoyons de créer une zone didactique consacrée à la riche histoire de l’automobile

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« LES VISITEURS AIMENT VOIR LES PORSCHE 911, JAGUAR E-TYPE, FORD MUSTANG ET AUTRES ICONES SEXY DES ANNEES 60. »


en Belgique. Notre modeste exposition Minerva, en novembre dernier, est l’illustration que ce thème continue à faire vibrer les gens. »

CURE DE RAJEUNISSEMENT Sebastien de Baere est fier du succès d’Autoworld. « Et cela n’est pas prêt de s’arrêter ! En 2008, nous avions accueilli 80 000 visiteurs. L’année dernière, nous avons pratiquement doublé ce chiffre. Lors des réunions avec d’autres responsables de musées bruxellois, je suis l’un des rares à présenter des chiffres en croissance. Notre structure est très compacte, avec 30 salariés à peine, catering compris. Cela nous a permis de réagir avec une grande rapidité et beaucoup de flexibilité ces trois dernières années. Nous ne sommes pas attentistes. Nous travaillons de façon proactive et avons déjà pu réaliser de belles choses. » La mission est claire :  « Quiconque pense à la voiture doit songer immédiatement à Autoworld. Soit pour le lancement d’une nouvelle voiture, soit pour l’organisation d’un rallye dont le point de départ serait ici, soit pour des expositions à thème. Nous devons, dès lors, attirer un maximum de personnes afin qu’elles puissent voir nos qualités de visu. »

mêmes des idées. Nous avons, par ailleurs, rajeuni l’infrastructure et la collection. Notre muséologue Eric Janssen a réalisé des montagnes de travail. Ses connaissances encyclopédiques se combinent à merveille avec sa passion. Cela a débouché sur un mélange éclectique de voitures de connaisseurs pour un public de niche et de véhicules plus populaires. » Un exemple ? « En raison de notre lien historique avec la collection Mahy, les pionniers du

Trois ans après que Sebastien de Baere a pris les commandes du musée, il peut déjà cocher quasiment la moitié des éléments de sa to do list : « Il était absolument prioritaire de faire en sorte que tout le monde regarde dans la même direction et de remotiver les membres de l’équipe. Auparavant, ils étaient attentistes ; maintenant, ils lancent eux-

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début du 20ème siècle occupent une place centrale dans notre musée. D’un point de vue historique, c’est très passionnant, mais commercialement, c’est beaucoup moins porteur. Un sondage nous a appris que les visiteurs aiment voir les Porsche 911, Jaguar E-Type, Ford Mustang et autres icônes sexy des années 60. Cette tendance se retrouve également dans les concours d’élégance et les courses d’ancêtres. Nous avons donc adapté notre collec-


« LORS DES REUNIONS AVEC DES REPRESENTANTS D’AUTRES MUSEES BRUXELLOIS, JE SUIS L’UN DES RARES A PRESENTER DES CHIFFRES EN CROISSANCE. »

tion, sans oublier la période des origines, car nous devons évidemment raconter l’histoire à partir de la première page. »

FESTIVAL PORSCHE Le mois dernier, Autoworld a accueilli une impressionnante exposition Porsche, qui parcourait tout le spectre du siècle dernier : « Tous les deux ans, nous mettons sur pied une vraie grande exposition. En 2009, elle a eu pour thème Bugatti, qui fêtait ses 100 ans. En 2011, les Belgian Racing Legends ont été sous les feux des projecteurs et cette année, ce fut le tour de Porsche. Porsche parle à beaucoup de monde, nous avons pu le sentir. C’est une histoire incroyable : comment une marque aussi passionnelle a pu être construite par seulement quatre hommes, tous prénommés Ferdinand, qui

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ont animé l’histoire familiale pendant trois générations. Cela se lit comme un roman. C’est étonnant qu’Hollywood n’en ait pas encore fait un film. » L’exposition Porsche n’aura duré que quelques semaines. « Une durée relativement courte, mais on ne peut pas faire autrement quand on place la barre aussi haut. Nous ne pouvions tout simplement pas garder ces voitures plus longtemps. Il a déjà fallu se battre pour obtenir les pièces les plus remarquables du musée Porsche ou d’autres collections. »


UN CLIENT R ACONTE

L A FA M I L L E B E R G H M A N S , P H A R M A C I E N S A D E N D E R L E E U W

PROFIL: QUI Jan Berghmans et sa mère Christianne Vanden Eynde

QUOI Une pharmacie transmise de la mère au fils

OU Denderleeuw (  près d’Iddergem )

Reprise familiale : n’avalez pas une pilule amère

La moitié des étudiants en pharmacie a une officine dans le giron familial. Ce fut aussi le cas de Jan Berghmans. Il y a dix ans, Jan a repris la pharmacie de sa mère. « Autrefois, le pharmacien était un vendeur de pilules. Aujourd’hui, il est un prestataire de soins. » TEXTE IRIS DE FEIJTER PHOTOS THOMAS VANHAUTE

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UN CLIENT R ACONTE

«

Non, je ne porte plus de tablier blanc. La jeune génération de pharmaciens a quasiment abandonné cette tenue. Même les médecins de famille sont de plus en plus nombreux à laisser la blouse blanche au portemanteau pendant les consultations. Une blouse blanche peut impressionner, alors qu’en tant que prestataire de soins, on souhaite, au contraire, être proche des gens. La seule blouse de laboratoire qu’il me reste, c’est mon tablier de guindaille de Louvain », plaisante Jan Berghmans. Depuis dix ans, il tient la pharmacie que sa mère a ouverte voici plus de quarante ans. Madame, était-ce pour vous l’aboutissement d’un rêve ? CHRISTIANNE VANDEN EYNDE : « Un rêve, c’est beaucoup dire, mais j’ai évidemment apprécié que Jan reprenne ma pharmacie. Pour lui, c’était aussi l’occasion de se lancer dans les meilleures conditions, mais je ne l’ai jamais poussé dans cette direction. J’ai même souvent attiré son attention sur les inconvénients : la combinaison entre la vie professionnelle et la vie privée est parfois difficile et l’on dispose de peu de temps libre. J’ai tenu ma pharmacie seule, de 1971 à 2004, avec seulement une courte période de vacances chaque été. Mon congé de maternité après la naissance de Jan n’a duré que trois semaines parce que je n’avais trouvé aucun remplaçant. Un pharmacien fait de longues journées. L’officine était ouverte jusqu’à 19 heures et le soir, je mettais le travail administratif à jour. Souvent aussi, après la fermeture, je réalisais des préparations magistrales. Pourtant, j’ai toujours aimé mon travail et j’ai toujours pu compter sur l’aide et le soutien de ma famille en cas de besoin. Il est clair que cette perspective n’a pas effrayé votre fils. JAN BERGHMANS : « J’ai véritablement grandi dans la pharmacie. La science et le monde médical m’ont toujours intéressé. Le choix des études pharmaceutiques était donc vite fait. Tout comme la décision de devenir pharmacien moi-même. Bien entendu, j’avais la perspective de reprendre l’affaire de ma mère. Mais j’aime vraiment le contact social avec les patients. C’est la raison pour laquelle un job dans l’industrie pharmaceutique me tentait beaucoup moins. » Les longues journées et les courtes vacances ne vous pèsent pas trop ? JAN BERGHMANS : « Un pharmacien reste enfermé entre quatre murs de 8h30 à 19h. Je le fais avec

dévouement, mais j’aime avoir d’autres activités par ailleurs. De toute manière, les pharmaciens suivent des formations continues. Je suis aussi administrateur dans deux associations professionnelles. Ces activités ont toujours lieu le soir, après une lourde journée dans la pharmacie. On ne s’ennuie pas. Et sans ménage, la situation est plus facile. » Le travail de pharmacien a-t-il beaucoup changé en quarante ans ? JAN BERGHMANS : « Notre tâche a complètement changé. Autrefois, le pharmacien était surtout un vendeur de pilules. Il exécutait les prescriptions du médecin et donnait des explications quant aux médicaments à prendre. Aujourd’hui, le pharmacien est un prestataire de soins. Le plus accessible d’entre tous, qui plus est. Il suffit de pousser la porte de la pharmacie. Ce que cela implique exactement ? Nous accompagnons les patients dans leur thérapie, repérons les doubles traitements et établissons des schémas de médication afin que les patients sachent quand ils doivent prendre quel médicament. Nous tenons aussi des séances d’information pour certains groupes de patients, tels que les asthmatiques. Ils viennent à la pharmacie sur rendez-vous et je leur explique leur thérapie pendant une bonne demi-heure. On n’a pas le temps de le faire au comptoir. Les médecins n’ont plus le temps non plus. Depuis peu, les pharmaciens touchent également des honoraires pour cette nouvelle tâche. Notre rétribution ne dépend donc plus du seul prix du médicament. C’est très important pour notre métier, ainsi que dans le cadre des économies à réaliser au niveau des soins de santé. Revenons dix ans en arrière. Comment la reprise s’est-elle passée exactement ? CHRISTIANNE VANDEN EYNDE  :  « Elle s’est faite progressivement. Lorsque Jan a terminé ses études à la KU Leuven, il est resté à Louvain. Pendant cinq ans, il a fait des remplacements dans une dizaine de pharmacies différentes. Il a beaucoup appris durant cette période. Les samedis et lundis, il travaillait ici. Pour moi, c’était une aide très précieuse. J’avais enfin quelques jours pour moi. Et pour Jan aussi, c’était bien facile : il apprenait à connaître les patients, et vice versa. Lorsque mon mari a eu soixante ans, il a pu prendre sa pension. J’ai décidé de prendre la mienne en même temps que lui. C’est à ce moment-là que Jan a repris la pharmacie. » Quel rôle Optima a-t-elle joué dans la reprise ? JAN BERGHMANS : « Dès qu’il devint clair que j’allais

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reprendre la pharmacie, Optima a étudié les différentes possibilités pour que cette reprise se fasse dans les meilleures conditions. Quel était pour ma mère le meilleur moment de demander sa pension ? Quelle forme d’entreprise fallait-il choisir ? Et cetera. Enfin, avec l’aide d’Optima et de notre comptable, nous avons constitué une SPRL un an avant la reprise. D’abord au nom de ma mère et de moi-même, plus tard à mon seul nom. J’en suis le gérant, mais mes parents détiennent encore une action. » CHRISTIANNE VANDEN EYNDE : « J’ai travaillé toute ma vie dans une entreprise unipersonnelle. Aujourd’hui, 95% de toutes les pharmacies sont constituées en société. Autrefois, la SPRL n’était recommandée qu’aux pharmacies réalisant un gros chiffre d’affaires. C’est dommage car grâce, notamment, à la mise en SPRL, le rendement de la pharmacie a sensiblement augmenté. Le taux d’imposition d’une SPRL est plus intéressant et celle-ci est taxée sur ses ventes, tandis qu’une entreprise unipersonnelle est taxée forfaitairement sur ses achats. La différence est de taille car il est fréquent que l’on détienne un stock de quelques dizaines de milliers d’euros. » Qu’est-ce qui a changé depuis la reprise ? JAN BERGHMANS : « En 2009, j’ai entièrement rénové

la pharmacie. Mes parents ont construit la maison et la pharmacie adjacente en 1980. J’ai modifié l’agencement de l’espace : aujourd’hui, il y a moins de place pour les préparations et davantage pour les clients. Et partout, de nouvelles armoires ont été installées. Pour le reste, j’ai conservé de nombreux éléments, y compris les heures d’ouverture. Par contre, l’informatisation est bien plus poussée qu’avant. » Il s’agit d’une pharmacie à domicile. Comment avez-vous réglé cet aspect des choses ? CHRISTIANNE VANDEN EYNDE : « Nous habitons toujours ici. Jan a pris un appartement à Alost et nous paie chaque mois un loyer pour la pharmacie. En théorie, il s’agit d’un revenu supplémentaire pour mon mari et moi, mais comme le revenu locatif d’une maison versé à une entreprise est lourdement taxé, le rendement net est minimal. » Optima vous a-t-elle indiqué les pièges d’une reprise familiale ? JAN BERGHMANS : « Le plus grand piège – la valorisation – ne posait pas de problème puisque je suis fils unique. Lorsqu’il y a plusieurs enfants, il faut veiller à ce que chacun reçoive une part égale. Le prix de la reprise doit donc être étudié jusqu’au dernier


UN CLIENT R ACONTE

cent. Bien entendu, nous devions respecter les règles juridiques. Heureusement, Optima nous a aidés dans cet exercice. » Comment êtes-vous entrés en contact avec Optima ? CHRISTIANNE VANDEN EYNDE : « C’était il y a quinze ans déjà, lors d’une soirée d’information organisée à Alost pour les médecins, pharmaciens et professions libérales. Avant cela, mon mari et moi avions déjà investi de l’argent via la banque et d’autres canaux, mais cela ne nous avait pas rapporté grand-chose. Chez Optima, nous nous sommes immédiatement sentis bien plus en sécurité. Ils nous ont inspiré confiance et se sont montrés très sincères. Ils nous ont dit : « Nous ne pouvons pas garantir que vous allez toujours réaliser du bénéfice, mais nous pouvons vous garantir que votre argent sera investi de manière optimale. » JAN BERGHMANS : « Bien entendu, Optima veut faire du bénéfice, comme les banques. Mais l’accent est mis sur les placements à long terme, non sur le bénéfice rapide. En outre, Optima dispose d’une plus grande expertise que le directeur de banque moyen au niveau local. Ils ont leur propre service juridique et leurs propres fiscalistes. Cela inspire confiance. Et lorsque j’ai une question à poser, je peux toujours m’adresser à eux. » Comment s’est ensuite déroulée la collaboration avec Optima ? CHRISTIANNE VANDEN EYNDE : «  Optima a commencé par réaliser une étude financière de notre situation. Ce n’était pas bon marché, mais nous ne l’avons jamais regretté. Cette étude a permis d’établir un plan de gestion. Tout a été réglé en une seule fois, des investissements à la succession. Optima savait déjà que tout irait à Jan. Ils ont alors logé une partie de notre patrimoine dans une structure d’assurance. Pour nous, cette approche était idéale : entièrement légale et fiscalement intéressante. C’était, en outre, une structure assortie d’une garantie de l’Etat. Optima nous a aussi accompagnés activement lors de transactions financières ultérieures. » Et pour conclure : Jan, comment voyez-vous l’avenir de votre pharmacie ? JAN BERGHMANS : « Actuellement, je travaille seul. Bien entendu, j’envisage parfois d’étendre mes activités. Dans la pharmacie, il y a place pour deux. Mais j’attends encore un peu. Après mes études, j’ai travaillé dans plusieurs pharmacies, y compris des grandes. J’en ai vu les avantages et les inconvénients. Il ne faut pas sous-estimer les problèmes relatifs au personnel, par exemple. Lorsqu’on travaille seul, on peut tout régler soi-même. Cela me convient mieux. »

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UN CLIENT R ACONTE

« AUTREFOIS, LA STRUCTURE DE LA SPRL N’ETAIT RECOMMANDEE QU’AUX PHARMACIES REALISANT UN GROS CHIFFRE D’AFFAIRES. C’EST DOMMAGE CAR GRACE A LA MISE EN SPRL, LE RENDEMENT DE LA PHARMACIE A SENSIBLEMENT AUGMENTE. »

Optima

KOEN PETIT EXECUTIVE MANAGER COMPETENCE DEPARTMENT OPTIMA

expertise

LE LEGISLATEUR ET L’OFFICINE dats acheteurs se sont souvent montrés disposés à payer davantage que les montants limités par le législateur. Ceci s’explique indubitablement par la loi d’établissement. La solution ? Travailler par le biais d’une société.

Depuis le milieu des années 70, les pharmacies – ou ‘officines’ dans le jargon professionnel – sont concernées en Belgique par une loi d’établissement qui en limite le nombre. Par le biais de l’arrêté royal du 13 avril 1977, le législateur est également intervenu dans la valorisation des pharmacies au moment de leur cession. Ces deux textes législatifs ont un impact important sur la vente des pharmacies.

VENTE DE PARTS Si vous exploitez une pharmacie dans le cadre d’une société, vous procéderez à sa cession via la vente de ses parts. Cette transaction vous permet de transférer le contenu tout entier de la société, y compris le goodwill. Dans ce cas, la valorisation du goodwill n’est pas limitée par l’AR du 13 avril 1977. En outre, la plus-value réalisée sur les parts d’une société ( de pharmacie ) n’est pas taxable, pour autant qu’il soit question de la gestion normale d’un patrimoine privé. Toutefois, l’acheteur ne pourra pas déduire fiscalement le prix d’achat des parts de la société.

Vous souhaitez vendre votre officine ? Voici quelques mots d’explication. La vente peut se faire soit via la cession du fonds de commerce, soit par la vente de parts. CESSION DU FONDS DE COMMERCE Si la pharmacie est exploitée sous forme d’entreprise individuelle, le transfert se fait en principe par le biais de la vente du fonds de commerce. Cette vente concerne le stock de médicaments, le mobilier, l’équipement, ainsi que le goodwill. Si, pour les actifs vendus, le vendeur obtient un prix supérieur à la valeur comptable, il devra payer un impôt sur ce qu’on appelle les ‘plus-values de cessation’. Les plus-values sur le matériel sont taxées à 16,5%, celles sur le goodwill le sont en principe à 33%, à majorer chaque fois de l’impôt communal. Le taux de 33% est ramené à 16,5% si vous avez plus de 60 ans lorsque vous cessez vos activités, ou encore en cas de décès ou de cessation forcée.

EN CONCLUSION Envisagez en temps utile de mettre votre pharmacie en société et veillez à ce que cette dernière soit prête à être vendue au moment de la cession. Autrement dit, elle doit être réduite à l’essentiel, à savoir l’exploitation de l’officine proprement dite. Si la société possède des actifs qui n’ont aucun rapport avec l’exploitation de la pharmacie, aucun repreneur éventuel ne pourrait être intéressé par le rachat des parts, ce qui contraindrait alors la société à vendre son fonds de commerce. Avec les conséquences que l’on sait…

Vous demandez pour le goodwill un prix supérieur à la somme des bénéfices imposables des quatre années antérieures ? Dans ce cas, le surplus est imposable au taux marginal. Du côté de l’acheteur, en revanche, les actifs achetés peuvent être amortis. L’AR de 1977 limite le prix de vente du goodwill : celui-ci ne peut pas représenter plus de 150% de la moyenne des bénéfices bruts que la pharmacie a réalisés au maximum cinq ans avant la cession de l’officine. En pratique, toutefois, les candi-

« L’ARRETE ROYAL DE 1977 LIMITE LE PRIX DE VENTE DU GOODWILL. »

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LOISIRS

NOS E X PERT S ON T C HOISI POU R VOUS

les

délices de la C U LT U R E

V O YA G E S

GASTRONOMIE

Il semblerait que le Belge épargne dans de nombreux domaines, mais pas dans celui des loisirs. C’est la raison pour laquelle Capital a recueilli des conseils pour l’hiver auprès de quatre épicuriens. Découvrez les petites merveilles qui n’attendent plus que vous. Car il faut reconnaître que le bien-être – qu’il s’agisse de culture, de voyages ou de gastronomie – vaut aussi son pesant d’or !

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culture L E S C O N S E I L S D E M A R C H O LT H O F, J O U R N A L I S T E C U LT U R E L

 stromae.net

STROM A E A FOREST ET A A N V ERS

Formidable ! Stromae est souvent considéré comme le Jacques Brel du 21ème siècle. De son vrai nom Paul Van Haver, ce Bruxellois de 28 ans aux racines rwandaises possède un talent qui ne se limite pas au succès – même gigantesque – de ‘Alors on danse’. Avec son deuxième album ‘Racine Carrée’, Stromae assied sa réputation d’auteur-compositeur, jeune certes, mais bourré de talent. Tournées un peu partout en France, sans oublier un spectacle à Forest National ( 4, 5 et 6 avril ) et au Lotto Arena d’Anvers ( 15 avril ).

V ERONESE A L A NATIONA L GA LLERY

L’élégance italienne à Londres (  1 )     Paolo Caliari ( 1528-1588 ), plus connu sous son nom d’artiste Véronèse, était le plus élégant des peintres du Cinquecento. Cinquante ans avant Rubens et Van Dyck, le vénitien alliait richesse et grâce avec un usage magnifique de la couleur et de la lumière. La National Gallery de Londres présente, à partir du 13 mars, cinquante œuvres – dont d’importants retables – de ce peintre de génie.  www.nationalgallery.org.uk

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LOISIRS

 www.vam.ac.uk

THE GL A MOUR OF ITA LI A N FASHION 1945-2014

L’élégance italienne à Londres (  2 ) Le Victoria & Albert ( V&A ) Museum de Londres organise une importante rétrospective consacrée à la mode italienne de 1945 à nos jours. La mode italienne, c’était la vitrine de la ‘dolce vita’, connue dans le monde entier grâce au film de Fellini. Du 5 avril au 27 juillet, le musée exposera plus de cent ensembles créés par des maisons aussi renommées que Dolce & Gabbana, Giorgio Armani, Gucci, Missoni, Prada, Pucci, Valentino et Versace.

UN NOU V EL OPER A DE PHILIPPE BOESM A NS

Au monde Philippe Boesmans est le plus grand compositeur belge d’opéras. Pour son nouvel opéra, il a souhaité que Joël Pommerat adapte sa pièce ‘Au monde’ – que la Monnaie vous propose également dans sa version théâtrale – pour la transformer en livret. Cette collaboration, dirigée par Patrick Davin, permet à Philippe Boesmans d’investir un nouvel univers littéraire après ceux de Schnitzler, Shakespeare, Strindberg et Gombrowicz. A partir du 30 mars.

MICH A EL BORREM A NS A BOZ A R

 www.bozar.be

As sweet as it gets Michaël Borremans a acquis une renommée internationale à la fin des années 90 grâce à une production variée ( dessins, peintures mystérieuses et films ) mettant en avant, de manière ironique et suggestive, la nature illusoire de nos représentations et l’absurdité de l’existence. Michaël Borremans n’hésite pas à réinterpréter des tableaux historiques de Velázquez, Goya et Manet et fait aussi souvent référence à la littérature, à la photographie et au cinéma. Bozar présente, à partir du 22 février, une centaine de ses œuvres produites ces quatorze dernières années.

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 www.lamonnaie.be


voyages L ES CONSEI L S DE DEBBI E PA PPY N, JOU R NA L I ST E VOYAGES

d’autres conseils sur twitter via @classetouriste

 www.normancarrsafaris.com réserver via www.thika.be

L’A FRIQUE

Une villa ‘in the wild’ en Zambie En Zambie, vivez l’Afrique tout confort au camp Chinzombo, ouvert tout récemment dans une vallée, à proximité du fleuve Luangwa. Lorsque vous serez lassé d’observer les animaux sauvages depuis l’une des six villas dotées d’un plunge pool, vous n’aurez que l’embarras du choix entre les cours de yoga ou les délices du spa. Si vous n’arrivez pas à vous déconnecter ou si vous voulez faire des jaloux parmi vos amis en leur envoyant des

photos des Big Five, l’accès wi-fi est gratuit, même dans les villas. Le fin du fin dans ce camp safari – outre son design remarquable –, c’est l’accès privé au Luangwa National Park. De nombreux game drives au programme, mais si vous ne tenez pas à passer tout votre temps en 4x4, vous pourrez observer les animaux depuis votre lodge. A partir de 440 euros la nuit par personne, all inclusive.

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LOISIRS

 www.waldorfastoria.com

LES PAYS-BAS

L’A MERIQUE DU SUD – L’A NTA RCTIQUE

Un air de New York à Amsterdam L’ouverture du Waldorf Astoria Amsterdam est prévue au printemps 2014. C’est dans cinq magnifiques maisons de maître du 17ème siècle situées le long de la Herengracht que le légendaire Waldorf Astoria sera LA nouvelle référence de l’hôtellerie amstellodamoise, avec un style et un service inégalés. La plupart des 93 chambres et suites offriront une très belle vue sur les canaux, ou encore sur de paisibles jardins, les plus étendus de la ville. Dégustez un menu tout en légèreté au Peacock Alley, prenez un dernier verre au Vault Bar et le lendemain, après avoir fait les boutiques, détendez-vous au Boutique Spa et plongez dans la piscine. Aucun prix connu à ce jour.

Du Chili à l’Antarctique L’hiver 2014-2015 verra s’ouvrir une nouvelle voie d’accès vers l’Antarctique, lorsqu’Aurora Expeditions partira de Puerto Williams au Chili plutôt que d’Ushuaia en Argentine, lieu hautement touristique. Au programme : découvrir l’île Navarino dans le canal Beagle, visiter la Réserve Mondiale de la Biosphère au Cap Horn ou même survoler les pics de granit de la chaîne Dientes de Navarino. Voyage de dix jours à bord du bateau polaire Polar Pioneer, qui accueille à son bord 54 personnes au maximum. Prix à partir de 8 600 euros, vols depuis/vers Punta Arenas compris.

 www.auroraexpeditions.com.au et réservations via www.asteriaexpeditions.be

 www.xplorethehimalaya.be

L’ASIE

L’Himalaya en connaisseurs Rik Van Belle, un professionnel du tourisme flamand, grand connaisseur de l’Himalaya, organise depuis peu des voyages uniques et sur mesure vers les régions montagneuses du Népal, du Cachemire, du Ladakh et du Bhoutan. Outre une série de voyages individuels de luxe en couples, familles ou petits groupes, Xplore the Himalaya propose aussi un certain nombre de voyages de groupe. Le premier, dont le départ est fixé au 16 mars 2014, a pour but le camp de base de l’Everest. Xplore the Himalaya propose bien d’autres expéditions uniques, dont une véritable aventure : un safari en jeep au Cachemire, à nouveau accessible, l’une des plus belles régions de l’Inde mais aussi l’une des moins connues.

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gastronomie L E S C O N S E I L S D E P E T E R G O O S S E N S , H O F VA N C L E V E

 www.alexandre-bourdas.com

SAQUA NA – HONFLEUR

Une touche de zen SaQuaNa = Saveur, Qualité, Nature ? Ou ‘sakana’, le mot japonais qui signifie poisson ? Les deux sans doute. De toute manière, au SaQuaNa, le chef Alexandre Bourdas, un des grands talents novateurs de la cuisine française, marie saveurs, qualité, nature, poisson ET Japon. C’est le secret de la réussite de ce chef qui compte déjà deux étoiles au Michelin. Alexandre Bourdas ayant travaillé au pays du soleil levant, on retrouve une touche de zen dans sa cuisine, au demeurant raffinée, intuitive et inventive.

JING TEA – LONDRES

 www.jingtea.com

A cup of tea Jeune homme, le britannique Edward Eisler a voyagé en Chine trois mois durant. Une fois rentré en Angleterre, il se souvenait surtout « des innombrables immeubles en béton, de logements innommables et de tous ces gens qui vous dévisagent ». Mais aussi des thés, de fabuleux thés. Il a donc décidé d’importer le véritable thé de Chine en Grande-Bretagne, pays du thé en sachets servi avec un nuage de lait… C’est ainsi qu’est né Jing ( l’essentiel ) Tea. Aujourd’hui, Jing Tea commercialise – principalement sur la toile – une sélection des meilleurs thés d’Asie, ainsi que des théières et des accessoires indispensables pour la cérémonie du thé. Edward Eisler fournit également son thé aux restaurants de Heston Blumenthal et de Joël Robuchon. Le Jing Wild Wuyi Gold Tea est le plus coûteux de la gamme :  un thé noir au goût riche et complexe, avec de légères notes de malt et de miel. Dans la province chinoise de Fujian, la cueillette des feuilles se fait à la main sur des arbres à thé centenaires. Un sachet de 10 grammes coûte 90 livres sterling, ce qui revient à 35 euros la tasse environ…

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LOISIRS

A ZURMENDI – L A RR A BETZU

 www.azurmendi.biz

L’amour du pays Il est bien révolu le temps où les étoiles Michelin ne couronnaient que la cuisine française classique. En Espagne, le chef Eneko Atxa officiait aux fourneaux de l’Azumendi depuis sept ans à peine lorsqu’il a reçu sa troisième étoile. Proche de l’aéroport de Bilbao, le restaurant aménagé dans des bâtiments qui marient avec élégance l’entrepôt industriel et la maison de pays traditionnelle impressionne, tant par ses dimensions que par sa capacité d’accueil et de production. Situé dans une superbe région et entouré de vignes, Azumendi se veut une entreprise écologique et durable. Puisant tout à loisir dans l’énorme potager et le jardin d’herbes aromatiques, le chef travaille en étroite collaboration avec les paysans et les vignerons de la région. Son menu est une véritable déclaration d’amour au Pays Basque : infusion d’oignon rouge, tempura d’huîtres aux algues…

Y V ES GUNS – STERREBEEK & KORTENBERG

De l’avion au pain quotidien

LE BRISTOL – PA RIS

Comme beaucoup d’enfants, il avait rêvé de devenir pilote d’avion, mais ayant travaillé chez un boulanger pendant ses études, il a été conquis d’emblée par ce métier. En 1992, Yves Guns ouvre sa propre boulangerie à Sterrebeek. Déçu par le pain industriel omniprésent, il cherche à retrouver le goût du pain d’antan : une mie crémeuse et non pas compacte, un goût rustique. Yves Guns redonne au four à bois la place centrale qu’il mérite dans sa boutique, comme dans les temps anciens. La température d’un tel four est plus élevée, ce qui donne un pain plus compact et plus moelleux, plus vite cuit aussi. Yves Guns réutilise aussi le ‘levain-chef’ qu’il prépare lui-même et qui donne à son pain une consistance plus légère et plus souple. Avec le levain-chef, c’est comme avec le vin : de nouveaux arômes se libèrent, un bouquet fruité, des traces de miel et de fruits secs…

 www.lebristolparis.com

Des étoiles à Paris 188 chambres de luxe, spacieuses et lumineuses, en plein cœur de Paris, un merveilleux jardin à la française, une piscine sur le toit offrant une vue imprenable sur Montmartre et la Tour Eiffel… Autant de raisons d’envisager un séjour à l’hôtel Bristol. La gastronomie en est une autre. Le chef Eric Frechon, trois étoiles au Michelin, supervise les cuisines du Bristol et propose trois différentes ambiances gastronomiques. Donnant sur le magnifique jardin du Bristol, Epicure, le restaurant trois étoiles, offre une cuisine généreuse et inventive tandis que 114 Faubourg, la brasserie de l’hôtel, a vu sa passion du très bien faire exalté par un souci de faire simple couronnée en 2013 par une première étoile au Michelin. Le Jardin Français est le rendez-vous incontournable du ‘tout-Paris’ à n’importe quelle heure. Enfin, Le Bar est un lieu d’excellence intemporel vibrant au rythme des soirées parisiennes les plus tendances.

 www.yvesguns.be

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OPINION

A D R IXEXNX B XIXQXU E T

ET SI NOUS Y

PENSIONS ?

sit les avantages fiscaux octroyés dans le cadre de l’épargne-pension et l’épargne à long terme. Une vision à long terme est indispensable.

Nous sommes à l’aube d’un défi colossal qui consiste à assurer le paiement des pensions de tous les travailleurs de la génération baby-boom. Afin de relever celui-ci avec succès, il est indispensable de revoir notre système actuel. Chaque pays de la ‘vieille Europe’ doit faire face à ce challenge. Dernier exemple en date, le Royaume-Uni vient d’adopter une réforme portant l’âge de la pension légale à 69 ans d’ici à 2040. En Belgique, le changement a été amorcé en 2012 par le renforcement des conditions de la prise de pension anticipée. En 2013, le gouvernement a réformé le travail autorisé des pensionnés et le bonus pension. Ces ‘réformettes’, fort techniques et peu cohérentes, n’atteindront toutefois pas l’objectif d’allonger effectivement la carrière des travailleurs. Tel est pourtant l’enjeu.

« L’ETAT NE POURRA PAS RESOUDRE SEUL LE PROBLEME DES PENSIONS. NOUS DEVONS REFLECHIR A DE NOUVELLES METHODES, CREATRICES DE RICHESSES. » ADRIEN BIQUET TAX ADVISOR OPTIMA

Comment, dès lors, repenser notre système de pension ? Tout d’abord, une réforme des pensions ne doit pas se faire dans le cadre d’un ajustement budgétaire. Par exemple, augmenter la pression fiscale sur les capitaux de pension complémentaires va totalement à l’encontre de l’objectif poursuivi. Ce fut pourtant le cas récemment, lorsque le gouvernement changea la taxation à terme des capitaux d’assurance-groupe et rédui-

Ensuite, l’Etat ne pourra pas résoudre seul le problème des pensions. L’effort doit également concerner les citoyens. Nous devons réfléchir à de nouvelles méthodes, créatrices de richesses. Tel pourrait être le cas, par exemple, d’un système dans lequel le travailleur, en milieu de carrière, peut reprendre des études durant une période limitée et rémunérée par l’Etat. De la sorte, il redynamiserait sa carrière – et de facto l’allongerait – tout en donnant ensuite aux jeunes un accès à l’emploi. Enfin, le législateur doit s’inspirer des expériences concluantes menées dans les autres pays de l’Union. Ainsi, la Norvège, au moyen de mesures dynamiques, parvient à avoir des taux d’occupation des seniors deux fois supérieurs à ceux de la Belgique. Il existe donc des solutions. Si le prochain gouvernement n’affronte pas avec audace et courage le défi des pensions, ce sont près de deux millions de travailleurs, pensionnés au cours des quinze prochaines années, qui payeront au prix fort les errements de leurs dirigeants ! A bon entendeur…

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“L’argent seul n’a encore rendu personne riche.” - Sénèque

Ce qui prime, une fois encore, c’est une gestion optimale de l’argent, afin qu’il prospère et que vous puissiez en récolter les fruits. Exigez, en conséquence, un plan financier qui vous protège des vents contraires aujourd’hui et demain. Un plan qui optimalise votre situation financière, vous offre une vue d’ensemble et équilibre vos revenus, votre patrimoine, votre pension et votre succession. De cette manière, vous abordez l’avenir avec confiance. Vous savez, en effet, exactement où vous en êtes et dans quelle direction vous souhaitez aller.

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