Capital 16

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interview

Incertitude fiscale croissante analyse

La transmission d’une société familiale le point sur la situation

Hausse des impôts sur les revenus mobiliers REPORTAGE

Klarafestival

MOBIlite

Fisker Karma un client raconte

capital16 magazine optima

René Mathei, conseiller en gestion d’entreprise et pilote de ballon

annee juli Iv 2012 AOUT 2012

John

Mcenroe

– un tennisman américain –

“rendez-vous a knokke.”


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ava n t- p r o p o s

capital16 A l’heure où cette seizième édition de Capital vous parvient, vous les experts, à force de mettre la charrue avant les bœufs en faisant profitez sans doute de vacances bien reposantes. Le moment est des déclarations intempestives dans la presse – comme celle à proen effet venu de lever le pied. Chez Optima Banque aussi, nous pos de l’adaptation de l’application de la ‘disposition anti-abus’ nous mettons en mode vacances, en commençant par assister dans la loi fiscale –, les décideurs compétents se trouveront ensuite à la troisième édition de notre événement tennistique unique, acculés à les nuancer en raison de leur manque de réflexion et du l’Optima Open, à Knokke. Sport, détente et vacances : voilà des manque de sécurité (notamment juridique) qui en découle. éléments qui viennent bien à point lorsqu’il s’agit de prendre du C’est le manque criant de sécurité juridique et la conviction de recul par rapport aux nouvelles alarmantes et incessantes qui certains fonctionnaires de l’administration fiscale que les règles de procédure fiscale ne doivent pas (ou plus) être respectées qui nous parviennent du front économique et financier européen. Pourtant, on ne peut pas faire fi de tout ce qui a déferlé sur la font frémir nombre de juristes et avocats fiscaux expérimentés. zone euro au cours des deux dernières années. La situation de L’un d’eux est Victor Dauginet qui, dans un entretien exclusif avec la Grèce, mais aussi les développements en Espagne et en Italie, Capital, n’est pas avare de critiques sur le nouveau paysage fiscal, sont pour le moins préoccupants. La Belgique résiste relative- tout en plaidant pour une politique fiscale durable. ment bien face à cette spirale négative qui semble entraîner les Optima Banque a, elle aussi, fait l’objet d’une visite fiscale – irrépays européens. Pour maintenir les finances publiques à flots, plu- gulière à ses yeux – de la part de l’Inspection Spéciale des Impôts. tôt que de réduire les coûts, les décideurs politiques cherchent La banque a décidé d’entreprendre les actions juridiques nécesle salut dans une série de nouvelles mesures fiscales. Pensons à saires contre cette intervention : non pas parce qu’elle aurait des irrégularités à cacher, mais parce qu’elle l’augmentation de l’imposition des revenus est d’avis qu’il est indispensable que la loi mobiliers et des voitures de société – des fiscale à son égard, et avant tout à l’égard mesures commentées dans ce numéro –, L a defense de sa clientèle, soit respectée. Qu’il s’agisse mais aussi à de nouvelles taxes sur les des i n t er ets du conseil, de l’accompagnement ou de la établissements de crédit. d e s c l i e n t s protection de données privées, Optima Par ailleurs, le gouvernement Di Rupo I a figu re Banque considère – en bon père de famille – annoncé, dès son investiture, la louable pa r m i n o s m i s s i o n s que la défense des intérêts de ses clients intention d’intensifier la lutte contre la pr i mor di a l es figure parmi ses missions primordiales. fraude fiscale. Hélas, comme le soulignent

Sinceres salutations, Jeroen Piqueur President du Comite de direction Optima Group SA

L’actualite en quelques chiffres

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En 2012, la pression fiscale atteindra un niveau historiquement élevé en Belgique, c’est la prévision du Bureau fédéral du Plan. La pression fiscale et parafiscale augmente de 1,6 points de pourcentage jusqu’à atteindre 45% du Produit Intérieur Brut (PIB). Familles et entreprises paient nettement plus d’impôts qu’en 2011. Pour boucler le budget 2012, le gouvernement fédéral augmente les impôts de 3,5 milliards d’euros. Les principales mesures concernent la limitation des intérêts notionnels déductibles par les entreprises et la hausse du précompte mobilier.

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Depuis le 1er janvier 2012, le taux du précompte mobilier est passé de 15 à 21% sur la plupart des placements générateurs d’intérêt et sur certains dividendes. Le taux distinct auquel sont imposés ces revenus mobiliers à l’impôt des personnes physiques a subi une adaptation comparable. Le bilan complet par nos spécialistes (pages 39 à 43).

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D’après une étude récente, plus d’un quart des entrepreneurs belges ont aujourd’hui plus de 50 ans. Une part importante des entrepreneurs issus de la génération des baby boomers prendront leur retraite dans les années à venir. Ils transmettent leur entreprise à leur successeur, parfois par vente ou donation. Optima Banque, qui propose des conseils spécialisés aux familles concernées par la succession ou la reprise, vous fournit toutes explications en la matière (pages 22 à 25).


s o m m ai r e

annee Iv

aout 2012

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15–21.

34–38.

d’une importance capitale

reportage

3 professionnels à propos de leur passion. Un des talents les plus prometteurs du Snooker Luca Brecel, les entrepreneurs IT Pieterjan Bouten, Louis Jonckheere et Peter Minne ainsi que la créatrice de bijoux Islah Al Ashwal.

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Croisières nouveau style. Le Canal de Panama.

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45–48.

50–55.

56–59.

reportage

mobilite

un client raconte

Klarafestival 2012.

Fisker Karma. (R)évolution de palais.

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René Mathei. Conseiller en gestion d’entreprise et professionnel des voyages en ballon.


s o m m ai r e

capital16 a u s s i da n s ce n u m ero 

06–08. nice to know, nice to have Studio Sport.

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10–14.

22–25.

interview

analyse

Victor Dauginet, avocat de renom, à propos de notre fiscalité.

26–33. Il fait parler de lui John McEnroe, Le tennisman américain.

La transmission d’une société familiale : Un moment clé dans une vie.

61–67. loisirs

Les délices de la vie.

68. Opinion

Payer spontanément trop d’impôts ?

colophon

EDITEUR RESPONSABLE :  Jeroen Piqueur, Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. Redacteur en chef :  Jeroen Lissens, jeroen.lissens@optima.be, 09/225.25.71. COORDINATION : Lara Van Ginderdeuren. Redaction : Kiki Feremans. conception et mise en page :  Veerle Verbrugge, veerle@eastvillage.be. ADRESSE DE LA ReDACTION : Capital p/s Optima Banque sa, Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. ONT COLLABORe a CE NUMeRO :  Christina Boesen, Guillaume Breyne, Luk Coupé, Ingmar Criel, Iris De Feijter, Philip De Hulsters, Lies De Mol, Nils De Vriendt, Ethel Desmasures, Lieven Dirckx, Valérie Du Pré, Peter Goossens, Brigitte Hendrickx, Marc Holthof, Guy Kokken, Bart Lenaerts, Salvador Martin, Debbie Pappyn, Koen Petit, Lieven Van Assche, Saskia Vanderstichele, Thomas Vanhaute, Heikki Verdurme, Jo Viaene, Bert Voet, Thomas Weyts. REGIE PUBLICITAIRE : Thierry Magerman et Custom Regie Impression : Stevens Print NV. Ce magazine a été imprimé sur Arctic Paper avec certification FSC.

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39–43. le point sur la situation Hausse des impôts sur les revenus mobiliers, mécanisme de dénonciation et obligation de déclaration.

Copyrights : Tous droits réservés. Aucun extrait de ce magazine ne peut être repris ni reproduit d’une quelconque manière sans l’autorisation expresse du rédacteur en chef et de l’éditeur respon­s able. Couverture  :  John McEnroe par Corbis. Indien U in de toekomst liever de Nederlandse editie ontvangt, gelieve zich te wenden tot info@optima.be

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interview

v i c t o r da u g i n e t

“Il est temps de remettre les pendules a l’heure” « L’inquiétude juridique règne de plus en plus chez les contribuables, compte tenu du flou qui entoure la mesure anti-abus. Même les citoyens qui n’ont rien à craindre sont inquiets et ne savent plus que faire. Etait-ce peut-être précisément le but de l’entreprise : paralyser de fait des pans entiers du tissu économique? » A l’occasion d’un entretien exclusif avec Capital, Victor Dauginet, avocat de renom, ne mâche pas ses mots lorsqu’il critique notre paysage fiscal actuel. Parallèlement, il propose des ébauches de politique durable en la matière. « Quelque 30 000 fonctionnaires intelligents travaillent pour les Finances. Qu’on laisse donc ces gens faire leur travail, plutôt que de prendre des mesures inconsidérées parce que l’on veut marquer des points à court terme. »

texte jeroen lissens | Peter Magherman | Koen Lamberts photos Emy Elleboog

A 62 ans, Victor Dauginet est un avocat fiscaliste remarqué, à l’excellente réputation. C’est un personnage atypique, tant par sa carrière – il a fait ses débuts dans l’administration fiscale – que par ses opinions extrêmement tranchées en matière de fiscalité. Suite aux modifications de la règlementation fiscale, nous nous sommes rendus à son cabinet pour un entretien exclusif.

Il faut dire que quelques éclaircissements sont nécessaires, car il ne se passe pratiquement pas un jour sans nouveauté fiscale. Qu’il s’agisse de planification successorale ou des nouvelles mesures touchant les voitures de société, la législation est de plus en plus sévère. Comment faire pour apprécier le véritable impact de tous ces changements ?

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VICTOR DAUGINET :  « Certains hommes politiques mettent à profit chaque renforcement de la législation fiscale pour marquer des points dans la presse. Dans un tel climat, celui qui opte pour la voie la moins lourdement taxée est presque automatiquement qualifié de fraudeur. La presse et le monde politique renchérissent à qui mieux mieux, initiant une sorte de chasse aux


“Soyons content que l’Europe existe pour nous proteger de l’arbitraire.”


interview

sorcières. Pendant ce temps, on attend en vain une politique réelle et durable. » «  Aujourd’hui, les médias en viennent à pousser de hauts cris quand un avocat invoque des vices de procédure dans la défense d’un contribuable face à l’administration. Alors qu’un vice de procédure veut toujours bien dire que quelque chose a sérieusement mal tourné, non? » La politique n’est-elle pas simplement plus sévère vis-à-vis du contribuable? VICTOR DAUGINET : « La fiscalité, c’est une sorte de mouvement de balancier à travers le temps. D’un côté, il y a les périodes où le fisc se sent ligoté dans ses possibilités et devient quasi léthargique. A l’autre extrême, les pires brutalités ont lieu sans respect du droit, ce qui est facilité par une législation mal fichue. J’ai l’impression qu’on se trouve aujourd’hui dans ce dernier cas. Cette législation « branlante » ne signifie pas pour autant la fin des échappatoires pour les fraudeurs. Au contraire, elle est la base même de toute une série d’incertitudes. Prenons l’exemple de la taxe sur la plus-value : qui est en mesure de nous expliquer ce qu’il en est précisément? » La mesure anti-abus ne veut-elle pas précisément signaler aux fraudeurs qu’ils seront traités plus durement? VICTOR DAUGINET : « La récente mesure anti-­ abus, extrêmement vague, ne fait que renforcer ce climat d’incertitude. Même les citoyens qui n’ont rien à craindre sont inquiets et ne savent que faire. Etait-ce peut-être le but de la manœuvre : créer un état d’incertitude juridique, au risque de paralyser de fait des pans entiers du tissu économique? » «  La question fondamentale est la suivante : l’administration peut-elle vraiment imposer des taxes, sans aucune réalité juridique ? Non, évidemment, car la seule réalité est juridique. Le fisc ne peut tout simplement pas manier l’argument selon lequel «  il pense qu’il en va autrement économiquement parlant », pour imposer une taxation. La mesure anti-abus est de ce fait totalement anticonstitutionnelle. En effet, elle crée une matière imposable qui n’existe pas juridiquement parlant. »

Mais alors, comment le fisc doit-il s’armer dans sa lutte contre la fraude? VICTOR DAUGINET :  « Comprenez-moi bien :  je ne dis pas que le fisc doive tout accepter sans plus. Il doit évidemment s’attaquer à ceux qui bricolent des constructions artificielles. Par ailleurs, un certain nombre d’articles anti-abus spécifiques sont déjà prévus dans la loi. Il s’agit de dispositions prévues depuis longtemps – et qui fonctionnent. Le fisc est donc parfaitement armé pour mener une politique anti-abus. » « Prenons la législation relative à la TVA. L’article 1 paragraphe 10 du code de la TVA est une copie littérale d’une décision de la Cour de Justice, qui assimile l’abus à tout ce qui est uniquement motivé par des intérêts fiscaux et qui va contre la tendance de la loi. »

“La fiscalite est devenue une matiere bien delicate en Belgique.”

« On veut apparemment aller beaucoup plus loin tout à coup : en matière de taxation successorale et d’enregistrement, il faut à présent prouver au fisc qu’un acte donné a également des motifs non fiscaux. La loi prévoit dorénavant une éventuelle facilité de redressement pour contrevenants présumés, jusqu’à une situation « comme si la transaction n’avait pas eu lieu », ce qui implique de fait la taxation d’une réalité autre que juridique. » Ne faut-il pas s’attendre à une recrudescence du nombre de procédures juridiques portant sur l’application concrète des nouvelles règles fiscales? VICTOR DAUGINET :  « Actuellement, on utilise une bazooka pour tirer sur une souris, et qui plus est les yeux bandés. La grande question est effectivement de savoir ce qui fera jurisprudence à propos de ces nouvelles mesures. Mais dites-moi : quel contribuable veut en arriver à un procès ? Personne ne veut vraiment cela. Par conséquent, tout le monde surveille ses arrières et le ma-

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laise et l’instabilité dominent. Tant qu’il n’y a pas de certitude juridique, certaines entreprises retarderont tout investissement. Cet étalage de force et toute cette symbolique qui entoure la lutte contre la fraude font donc au final que la première victime n’est autre que notre économie, notre bienêtre. » Les dirigeants de PME doivent eux aussi se poser bien des questions ? VICTOR DAUGINET :  « Certainement. Observons le secteur automobile et la nouvelle fiscalité dans ce domaine. On espérait plus de recettes fiscales en imposant plus lourdement les voitures les plus coûteuses. Le résultat ? Les Belges ont opté en masse pour des voitures différentes et l’effet budgétaire est quasiment nul. Et quels sont les effets secondaires ? L’effondrement du marché de l’occasion pour certaines catégories – ce qui a entraîné un nombre important de garages en faillite ou presque – et pour l’administration elle-même une baisse très nette des recettes de la TVA issues des ventes de nouvelles voitures. On n’a pas réfléchi avant de prendre cette mesure. » « Un contribuable peut encore tempérer quelque peu les modifications fiscales en achetant une autre voiture sur les conseils de son comptable. Mais que faire face à la multiplication par deux de l’avantage de toute nature sur le revenu cadastral de son habitation (dans la société) ? L’immobilier, cela ne se revend pas comme une voiture … Je m’attends dès lors à de nombreuses procédures juridiques, avec des contribuables ayant créé une structure au moment où cela était parfaitement légal et qui se retrouvent maintenant dans une situation bien différente, sans savoir comment en sortir. » « Un autre exemple : les prestations des huissiers sont soumises à la TVA, irrémédiablement répercutée aux débiteurs. Cela revient dans de nombreuses situations à enfoncer quelqu’un qui est déjà en train de couler. De plus, le commanditaire peut déduire cette TVA à l’aide de la facture que lui remet l’huissier. Lorsque le débiteur lui rembourse ultérieurement les frais, TVA comprise, il doit en théorie la restituer à ce dernier. Mais qui le fait dans la pratique ?


interview

Etait-ce là le but visé ? Je peux vous citer encore bien d’autres exemples. Notamment celui des subsides pour les panneaux solaires, où l’on se retrouve dans une confusion pas possible. » La législation fiscale n’est-elle pas vainement complexe ? Tous les fiscalistes réclament plus de simplicité … VICTOR DAUGINET : « Absolument. » « Dans un pays civilisé, on est en droit d’attendre de l’administration qu’elle prépare soigneusement ses dossiers de prise de décisions politiques, avec une étude circonstanciée et un certain nombre de simulations permettant d’évaluer les effets d’éventuelles mesures. Le problème en Belgique, c’est que les cabinets font du forcing dans plusieurs domaines, ce qui fait que la politique à court terme l’emporte sur le bon sens. Cela me met hors de moi. En fait, je suis un indignado. J’ai 62 ans, je suis actif depuis mes dix-neuf ans. Pendant toutes ces années, j’ai payé des impôts et qu’est-ce que je constate aujourd’hui  ? Nous payons une dette fiscale énorme à des pouvoirs publics qui ne parviennent pas à initier et à maintenir une législation raisonnable. Encore une fois : je n’ai rien contre des impôts en soi, je regrette seulement que l’argent des contribuables soit gaspillé du fait d’une mauvaise gestion. » «  La notion à la mode de «  démocratie directe » ne peut plus être un euphémisme pour une politique à court terme menée par des dirigeants soucieux de marquer des points dans les médias. Il en découle une incertitude juridique et l’ébranlement de notre société de bien-être. » A quoi devrait ressembler selon vous une législation fiscale adéquate? VICTOR DAUGINET : «  On ferait mieux de prendre des mesures anti-abus spécifiques, plutôt que de vagues dispositions. Prenons l’exemple de la succession, où cela a parfaitement fonctionné. L’expérience acquise pendant tant d’années de jurisprudence a été cristallisée sous forme de lois précises, auxquelles sont liées les dispositions anti-abus. » « Ce n’est hélas pas le cas dans nombre d’autres domaines, où règne le flou artistique.

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interview

Compte tenu des imprécisions et de l’incertitude juridique actuelles, vous êtes livré aux décisions arbitraires du contrôleur qui se penche sur votre dossier. Est-ce une colombe ou est-ce un vautour ? C’est de cela que dépend aujourd’hui le sort du contribuable belge. C’est à n’y rien comprendre : d’un côté on clame haut et fort qu’on fait la chasse aux seuls fraudeurs et en même temps on ne définit pas clairement qui est fraudeur et qui ne l’est pas. » « Etant du métier, je peux vous dire que cela entraînera de nombreux problèmes. Un exemple : on stipule aujourd’hui que la donation de biens immobiliers avec un intervalle de trois ans ne sera plus valable, mais sans indiquer le nouveau délai. Quel sera-t-il ? Trois ans et un jour ? Personne ne le sait. Un peu plus de précision, que diable ! » « Certaines interprétations de la nouvelle loi partent du principe que les transactions s’opèrent presque par définition pour des motifs purement fiscaux. Mais pourquoi fait-on un don ? Ce n’est toute de même pas pour payer moins d’impôts, mais bien pour en faire bénéficier quelqu’un ? Il est logique de voir que la plupart des gens optent pour la voie la moins imposable, mais il est très rare que le motif d’une action soit purement fiscal. » Dans un article du magazine Netto/Mon Argent, un certain nombre d’experts parlaient d’une fuite de capitaux vers l’étranger, conséquence directe des nouvelles mesures fiscales. Remarquezvous également une telle tendance ? VICTOR DAUGINET : « La délocalisation des patrimoines représente effectivement un risque potentiel, même si cela n’a rien d’évident. J’ai appris qu’elle n’intervient que dans le cas de capitaux dépassant les 25 millions d’euros. Mon message est le suivant : arrêtez de réinventer la roue et développez plutôt une fiscalité simplifiée et juridique. C’est le seul moyen pour créer un climat d’investissement stable. » Est-il possible de prendre exemple sur les pays voisins ? VICTOR DAUGINET :  «  Oui, dans certains domaines. Malgré cela, la Belgique reste un

pays intéressant pour les particuliers fortunés, à conditions que de nouvelles taxes ne soient pas décidées à la fin de l’année en cours. Essayer d’éviter de payer des impôts, n’est-ce pas un sport national typiquement belge ? VICTOR DAUGINET : « Tout un chacun, partout dans le monde essaie en tous temps d’opter pour la voie la moins imposable. Et on compte un minimum d’individus qui ne sont pas contre la fraude. Les Belges sont donc parfaitement normaux. Pourtant, la situation n’est pas claire en Belgique aujourd’hui : on ne sait plus qui fraude, ni quand. S’il-vous-plaît, imposez des règles précises ! Le Ministère des Finances dispose tout de même de suffisamment de capacités intellectuelles pour mener une politique fiscale cohérente? »

“C’est a n’y rien comprendre : d’un cote on clame haut et fort qu’on fait la chasse aux seuls fraudeurs et en meme temps on ne definit pas clairement qui est fraudeur et qui ne l’est pas.”

Vous esquissez là une vision bien sombre de l’avenir pour les nouvelles générations … VICTOR DAUGINET :  «  A mon âge et en homme de terrain, je ne me gêne plus pour dire ce que je pense. Mais de toute manière, il suffit de regarder autour de soi. Quand on demandait aux jeunes il y a dix ans de décrire leurs attentes, ils étaient nombreux à déclarer vouloir lancer leur propre entreprise. Qui oserait encore tenter l’aventure aujourd’hui ? Le nombre de starters est très faible, précisément au moment où de nombreux entrepreneurs arrêtent leurs activités du fait de leur âge. La génération

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des baby boomers part à la retraite et la relève ne suffit pas à faire tourner ce pays de PME qui est le nôtre. La pression, fiscale et sociale, exercée sur ceux qui veulent encore entreprendre – ou même travailler tout court – est beaucoup trop forte. Notre impôt sur le revenu était déjà le plus lourd d’Europe, mais aujourd’hui on s’attaque aussi à l’épargne, à l’immobilier et à la succession, et tout cela dans un climat d’incertitude extrême, où le contribuable se voit traité de fraudeur avant d’avoir eu le temps de se retourner. Et ceux qui sont encore assez téméraires pour défendre le droit au respect de la vie privée ou seulement le secret de l’enquête ne se rendent pas vraiment populaires. De ce fait, la fiscalité est devenue une matière bien délicate en Belgique. » «  Heureusement que nous pouvons nous réclamer d’ordonnances, de directives et de jurisprudence européennes. En effet, la norme internationale prévaut sur la norme nationale. Soyons contents que l’Europe existe et que la jurisprudence – notamment l’arrêt Serkov – nous protège de l’arbitraire. » En ma qualité de contribuable, puis-je encore choisir la voie la moins imposée et dormir sur mes deux oreilles? VICTOR DAUGINET : « Il est encore possible de choisir la voie la moins imposable, mais le risque de critique de la part de l’admini­ stration est accru, de même que les incertitudes. Une famille qui l’emporte contre le fisc après des années de procédures, aurait aussi bien fait de s’abstenir. Tout est affaire d’interprétation et donc du contrôleur auquel on est confronté. Je ne dis pas que la famille en question n’aurait pas dû être imposée, j’estime simplement qu’elle aurait été en droit de savoir si elle devait ou non des impôts. L’incertitude juridique actuelle génère une confusion vécue comme inquiétante par la population, ce qui fait les choux gras d’une certaine presse. On crée ainsi un climat dans lequel les « fraudeurs » doivent être poursuivis et où l’on risque de se faire qualifier comme tel à la moindre discussion avec le fisc. Personne ne sait où tout cela va déboucher ni quand, en tout cas il est temps de remettre les pendules à l’heure. »


D ’ UNE I M P OR TA N C E C A P I TA L E

3 p r o f e s s i o n n e l s a p r o p o s d e l e u r pa s s i o n

D’UNE

IMPORTANCE

CAPITALE p. b o u t e n , l . j o n c k h e e r e e t P. m i n n e

l u ca b r e c e l

i s lah al a s h w al

Luca Brecel, Pieterjan Bouten, Louis Jonckheere, Peter Minne et Islah Al Ashwal à propos de ce qui les passionne. Ce à quoi ils accordent une importance capitale et attribuent leur succès. Après tout, l’argent ne fait pas le bonheur. TEXTE Iris De Feijter | PHOTOS guy kokken

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D ’ UNE I M P OR TA N C E C A P I TA L E

un des talents les plus prometteurs du snooker

luca Brecel « C’est presque par hasard que je me suis découvert un talent de joueur de snooker. A 9 ans, je faisais une partie pour m’amuser lorsqu’un homme m’a abordé. Ayant décelé chez moi un certain talent, il m’a conseillé de rechercher un coach, que j’ai trouvé en la personne de Danny Moermans. Aujourd’hui, je suis suivi par Chris Henry, un entraîneur professionnel. Nous nous voyons deux ou trois fois par mois, ce qui est suffisant, car ma condition physique est bonne et je ne dois plus peaufiner ma technique. Il se contente de me conseiller, sur le plan mental et psychologique. Bien sûr, le talent et la technique sont indispensables mais il faut avoir un moral d’acier pour jouer au snooker. Je suis fort heureusement capable de contrôler mes émotions, même quand je suis sous pression. » « J’entame ma deuxième saison de joueur professionnel. Mes débuts dans le Main Tour 2011 ont été rudes, même si j’ai beaucoup appris. Mes performances n’étaient pas mauvaises, mais j’espère faire mieux cette année. La saison commence par un match important à Sheffield. Si je me qualifie, je pourrai me rendre en Chine et en Australie. Ce sont des occasions uniques pour quelqu’un de mon âge. Mes parents m’accompagnent généralement et entre les compétitions, nous prenons le temps de découvrir le pays. »

“ Il faut un moral d’acier pour jouer au snooker.”

contrôle.

« Contrairement au jeu de fléchettes, le snooker n’est pas un « sport de bar », mais bien une affaire d’étiquette et de politesse. Les règles du jeu sont aussi très strictes. A commencer par la tenue vestimentaire : costume, chaussures bien cirées et nœud papillon sont de rigueur. Les jurons sont exclus, sous peine d’une amende de 350 Livres sterling. L’Angleterre est LE pays du snooker, même si ce sport est aussi très populaire en Chine, où l’on compte aujourd’hui 200 millions d’adeptes ! Cela représente 1 Chinois sur 7. Plusieurs joueurs chinois participent d’ailleurs au niveau professionnel. » « Il m’est impossible d’associer une carrière de joueur de snooker et des études, c’est pourquoi je prends des cours à domicile deux jours par semaine. Je m’entraîne trois à quatre heures par jour. Certains de mes collègues y passent encore plus de temps, mais cela me suffit. Il me reste donc du temps pour me détendre au soleil, pour écouter de la musique ou pour voir mes amis. Mon jeune âge ne m’a jamais gêné. Il arrive que mon adversaire ait quatre fois mon âge, j’ai alors pitié de lui (rire). A 12 ans, j’ai réussi à battre mon adversaire, âgé de 35 ans. Cela a dû être dur pour lui ! » « Je n’ai pas de véritable modèle et je connais trop mes collègues pour être réellement impressionné. Avant et après un match, l’ambiance est collégiale entre les joueurs et on rit beaucoup. Mais pendant le match, c’est du sérieux. Comme tout le monde, je veux avant tout gagner, mais je ne suis pas un mauvais perdant. Le snooker compte beaucoup pour moi, mais je garde la tête sur les épaules. Je n’ai aucun rituel, aucun gris-gris supposé me porter bonheur. En faisant de son mieux, on n’a pas besoin de talisman pour réaliser ses rêves. Je travaille dur et voudrais devenir champion du monde. J’espère que mon rêve se réalisera un jour. »

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Luca Brecel (17 ans) est le talent le plus prometteur du moment. Ce Limbourgeois d’origine italienne, champion de Belgique et d’Europe en 2010, a fait ses débuts comme joueur professionnel la saison dernière.


D ’ UNE I M P OR TA N C E C A P I TA L E

entrepreneurs IT

Pieterjan Bouten, Louis Jonckheere et Peter Minne “Showpad est un systeme plus sure, moins couteux et mieux conçu que les produits de la concurrence.”

« Croyez-nous sur parole : les tablettes représentent l’avenir, particulièrement pour tous ceux qui travaillent dans la vente, qui sont souvent sur les routes et qui animent régulièrement des présentations. Notre application iPad Showpad remplace en fait l’outil de vente classique : brochures, listes de prix, relevés de stocks, tout y est. Grâce à cette application, qui cache une plate-forme en ligne avec tout le content, les chefs d’entreprise contrôlent tous les documents et il leur suffit d’un clic pour voir qui effectue de belles ventes – et de quelle manière. Notre idée n’a rien de révolutionnaire, mais le succès s’explique par son exécution : Showpad est un système plus convivial, plus sûr, moins coûteux et mieux conçu que les produits de la concurrence. » « L’idée de Showpad vient de ‘In the Pocket’, notre agence qui réalise des applications mobiles à la mesure du client. Il arrivait régulièrement que des clients nous réclament une application susceptible de remplacer l’outil classique du vendeur. Malheureusement, tout ce que nous leur proposions était trop coûteux. Nous avons donc décidé de ne plus proposer du sur mesure, mais de développer une application utilisable par tous, baptisée Showpad. »

ambition. « Compte tenu de nos prix très serrés, nos bénéfices sont générés par la quantité. Pour nous, Showpad n’est rentable qu’à condition de vendre suffisamment de licences chaque année. Pour la distribution, nous travaillons En 2011, Pieterjan Bouten avec des resellers dans le monde entier, chargés de proposer Showpad à leur client, d’implémenter Showpad (30 ans), Louis Jonckheere dans leur système et d’assurer le service après-vente. Eux gagnent de l’argent avec Showpad et nous fidélisons (27 ans) et Peter Minne la clientèle à long terme. C’est du gagnant-gagnant. » (32 ans) lançaient ‘Showpad’ :  « Il y a quelque temps, nous avons reçu un mail du siège central d’Apple. Notre Showpad les intéressait et ils une application iPad visant nous demandaient d’organiser une présentation chez eux. Nous avions de toute manière programmé un voyage à remplacer l’outil classique aux Etats-Unis, afin de rendre visite à quelques clients importants, de mener une campagne de recrutement du vendeur. Des grands noms et de rencontrer des investisseurs en capital à risque dans la Silicon Valley. Nous nous sommes donc arrêtés tels que Apple s’intéressent à Cupertino, en Californie. Notre présentation a eu un tel succès que nous l’avons recommencée le lendemain au concept. Outre Showpad, devant les decision makers. Aujourd’hui, Apple envisage d’utiliser notre Showpad dans les Briefing Rooms des le trio gère également ‘In your Apple Stores, des locaux où ils reçoivent les clients b2b. Certes, Apple ne serait pas notre meilleur client en pocket’ : une agence mobile qui nombre de licences, mais en termes d’impact … Si ! Apple ne se contente pas d’utiliser notre Showpad, mais le réalise des applications à la conseille également à ses clients, imaginez le coup de pouce pour nous ! » mesure de chaque client. « Ces vingt dernières années, les dirigeants décidaient du système à utiliser par leur personnel, mais c’est en train de changer. Aujourd’hui, les salariés testent gratuitement des tools sur internet et ils en parlent ensuite aux manaIntéressés ? Inscrivez-vous sur gers. Les digital natives qui arrivent sur le marché du travail veulent des programmes qui répondent à leurs attentes. www.showpad pour un essai Mais les générations plus âgées sont elles aussi en quête de systèmes plus conviviaux, avec un interface clair et gratuit de 30 jours ordonné. Showpad veut gagner des parts de marché grâce à cette consumérisation des outils informatiques. »

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D ’ UNE I M P OR TA N C E C A P I TA L E

La creatrice de bijoux

Islah Al Ashwal « Les bijoux, c’est ma passion. Pourtant, je n’en ai fait mon métier que tout récemment. J’ai commencé ma carrière dans la diplomatie et je me suis ensuite dirigée vers le secteur de l’immobilier. A l’approche de mon 40ème anniversaire, je me suis demandé si je voulais continuer dans cette voie toute ma vie. Ou, allais-je opter pour ma grande passion et changer radicalement de métier ? Après en avoir longuement parlé avec un ami du métier, j’ai senti que c’était là ma voie. Après trois mois de réflexion, j’ai sauté le pas et j’ai lancé ma propre ligne de bijoux. » « Toutefois, il ne suffit pas d’être passionné et intéressé par la matière pour réussir. J’avais beaucoup à apprendre, mais je ne voulais pas retourner à l’école. Je préférais me former sur le terrain. Je me suis donc donné deux ans, pour discuter avec les grossistes, poser des questions, voyager, lire énormément et tester mes capacités en vente. Après ce galop d’essai, j’étais prête à lancer ma collection. J’avais des idées à foison, mais je n’étais pas une styliste professionnelle. J’ai donc décidé de travailler avec des designers capables de transformer mes esquisses en bijoux bien concrets. Le nom, Shania, n’a pas été difficile à trouver. Pendant ma grossesse, j’avais choisi deux noms pour mon futur bébé. Le bébé étant un fils, j’ai utilisé le nom que j’aurais donné à une fille pour en baptiser mon magasin. »

“ A presque 40 ans, je me suis dit : vais-je continuer ainsi toute ma vie ?”

passion.

« Au lancement de Shania, j’ai décidé que j’avais trois ans pour développer mon commerce. Deux années ont passé et je n’ai pas à me plaindre. La réputation de ma boutique de l’Avenue Louise est établie et cet été, j’ouvrirai un deuxième point de vente à Knokke, selon un concept qui m’est propre. L’offre y sera adaptée à l’atmosphère de vacances si particulière qui règne sur la côte. Et l’accès y sera plus aisé qu’à Bruxelles, où je vends surtout de la haute joaillerie. A Knokke, je ne proposerai d’ailleurs pas seulement des bijoux siglés Shania, mais aussi des designs d’autres créateurs. J’ai également une vitrine au Ritz à Paris et je prévois d’ouvrir un point de vente à Istanbul. Cette ville déborde d’une énergie assez semblable à celle de New York. » « Je suis arrivée à Bruxelles il y a vingt ans grâce à mon père – qui était à l’époque ambassadeur du Yémen – après être passée par Moscou, Tunis et Paris. Je ne renie évidemment pas mes racines orientales, mais je suis aujourd’hui une citoyenne belge. On retrouve ce mélange dans mes collections : certains bijoux font référence au style mauresque, alors que d’autres designs sont clairement occidentaux. Shania ne s’aligne pas sur les grands noms de la joaillerie. Mes maîtres mots sont la qualité, l’artisanat et la créativité. Je n’utilise que les meilleures pierres et les plus belles perles, que je vais chercher dans le monde entier. Je confie la fabrication des bijoux à des ateliers situés aux alentours de la Place Vendôme, qui comptent parmi les meilleurs au monde. Pour moi, le savoir-faire et le métier comptent avant tout. La manière dont ces artisans utilisent leurs mains et leur cerveau pour transformer la matière brute en objets délicats et raffinés, c’est à mes yeux de la magie pure. » « Les bijoux brillent de tous leurs feux, mais ils présentent souvent une face cachée moins reluisante. Leur production va trop souvent de pair avec des situations peu éthiques – travail des enfants, bas salaires et conditions de travail inacceptables. C’est la raison pour laquelle je suis affiliée au RJC – le Responsible Jewellery Council – une organisation internationale à but non lucratif dont la mission consiste à lutter contre de tels abus. J’ai récemment eu droit à la précieuse certification, au terme d’une procédure qui a pris des années. Une véritable gageure, mais cela comptait beaucoup pour moi. »

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Installée à Bruxelles, Islah Al Ashwal a lancé en octobre 2010 sa propre ligne de bijoux, baptisée Shania Jewels. Sa haute joaillerie est commercialisée à Bruxelles, à Paris, à Knokke et bientôt à Istanbul. La Princesse Astrid est une de ses clientes.


A N A LYSE

E n t r e p r i s e fa m i l i a l e

La transmission de votre societe : un moment cle dans une vie La transmission de l’entreprise familiale constitue un événement capital dans la vie d’une société mais également dans celle de son fondateur. Dans la pratique, l’on constate trop souvent qu’un certain nombre de chefs d’entreprise prennent cette question à la légère lorsqu’ils ne la remettent pas, purement et simplement, à plus tard … Il s’agit toutefois d’une opération complexe dont le succès se voit conditionné par une série de facteurs économiques et humains mais également juridiques et fiscaux. S’entourer de spécialistes à cette occasion constitue un gage de réussite et de sérénité. texte jehanne maldague, EXPERT TAX & ESTATE PLANNING phoTO diego franssens

jehanne maldague

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Dans le sens commun, l’on qualifie de familiale, la société dont la majorité des droits de vote à l’assemblée générale se partage entre le fondateur/chef d’entreprise et des membres de sa famille et dont au moins l’un d’eux assume un mandat de dirigeant au sein de la structure. Ces entités répondent à des règles de fonctionnement qui leur sont propres et nécessitent à cet égard un traitement adapté. Selon une étude publiée en 2011 par la FEB, 77% des sociétés belges sont des « entreprises familiales ». Acteurs de taille dans le paysage économique belge, ces entreprises contribuent non seulement à la composition du PIB de manière significative mais s’avèrent être, en outre, d’importants pourvoyeurs d’emplois.

nablement imaginer qu’une attention toute particulière soit alors consacrée à la transmission d’un tel actif. Toutefois, dans la pratique, cela s’avère rarement être le cas. Un tel état de fait s’explique notamment par le caractère fortement émotionnel que constitue pour un dirigeant non seulement la cessation de son activité professionnelle mais également la transmission de celle-ci à un tiers, qu’il soit membre de la famille ou non. Bon nombre de dirigeants, pris dans le flot quotidien de la gestion de leur société, reportent à plus tard la question de leur succession, reléguant celle-ci au rang des affaires non urgentes. Le moment venu, rien, ou presque, n’aura été mis en place. La cession d’une entreprise représente une opération importante, qui nécessite que

“De nombreux chefs d’entreprise remettent la question de leur succession a plus tard.”

alors la question de l’intégration de celle-ci au sein de la structure) soit l’activité pourra être reprise par un membre de la famille, qu’il soit héritier en ligne directe ou non. De nombreux fondateurs nourrissent l’espoir de voir l’un de leurs enfants reprendre les rennes de l’entreprise familiale, sans toutefois avoir abordé véritablement la question de la reprise concrète de l’activité par ceux-ci. Dans certains cas, l’enfant repreneur est déjà associé à l’activité de la société au sein de laquelle il assume par exemple un mandat de dirigeant. Mais dans d’autres cas, la situation n’est pas aussi claire et l’on s’aperçoit (trop) tard que ce que l’on pensait être une évidence ne l’est pas nécessairement pour tous les membres de la famille. La tenue d’un conseil de famille – réunissant les parents et tous les enfants (même et surtout ceux qui ne sont pas associés à la reprise) peut s’avérer particulièrement utile en vue d’éviter les conflits futurs.

Une fiscalite attrayante … sous conditions L’étude de la FEB renseigne par ailleurs que plus d’un quart de ces entrepreneurs ont aujourd’hui plus de cinquante ans et qu’une part importante d’entre eux prendront leur retraite dans un horizon de cinq à dix ans. Ce contexte nous donne l’occasion d’examiner les éléments auxquels il conviendra d’être attentif lorsque l’on songe à la succession d’une société familiale.

Se donner le temps de la reflexion L’entreprise familiale est l’œuvre de toute une vie. La transmission de celle-ci ne doit pas être prise à la légère. La plupart des fondateurs nourrissent l’espoir de voir leur société familiale non seulement survivre après leur départ mais également se développer et pourquoi pas traverser le temps. Par ailleurs, compte tenu de l’énergie et des investissements qui y ont été consacrés, il n’est pas rare que la société représente, à l’âge de la retraite, plus de la moitié de la valeur totale du patrimoine privé de l’entrepreneur. L’on pourrait dans un tel contexte raison-

l’on y consacre du temps et ce en raison des nombreuses décisions que celle-ci impose mais également des considérations juridiques et fiscales – auxquelles l’on ne pense pas nécessairement – et dont il faudra également tenir compte. Une transmission mise en place in extremis ne correspond souvent pas à ce que l’on souhaite et peut engendrer d’épineuses difficultés tant pour la société que pour le dirigeant personnellement ou sa famille.

Savoir ou l’on va L’une des premières étapes consistera à désigner le ou les successeurs potentiels. Dans ce cas, deux situations peuvent se présenter : soit la société sera cédée à une personne extérieure à la famille (et se posera

Comme nous l’évoquions dans un article du Capital 14 publié au mois de février dernier, notre pays s’est doté, depuis plusieurs années déjà, d’une réglementation fiscale favorisant la transmission des entreprises familiales. Nous l’avons vu, suite à la loi du 16 janvier 1989, la matière successorale et celle des droits d’enregistrement a été confiée aux Régions. Depuis lors, l’on a pu assister, au fil des années, à l’émergence et au développement de réglementations différentes d’une région à l’autre du pays. La compétence régionale se détermine en fonction du domicile fiscal du défunt ou du donateur selon que l’on parle de droits de succession ou de droits d’enregistrement. Par domicile fiscal l’on vise le lieu de rési-

“La tenue d’un conseil de famille permet d’eviter les conflits futurs.”

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dence effectif. Lorsque le défunt ou le donateur a vécu dans plusieurs régions au cours des cinq années précédant la transmission, la région compétente sera celle dans laquelle le défunt ou le donateur aura eu son domicile fiscal le plus longtemps au cours de cette période.

Transmission par la voie successorale Rappelons qu’en matière successorale, moyennant le respect de certaines conditions, les titres d’une société familiale pourront bénéficier, au décès de leur propriétaire vivant, d’un taux réduit de 0% en Région wallonne et de 3% en Région flamande ou en Région de Bruxelles-Capitale. A la lumière de ce qui précède, d’aucuns diront qu’il n’est alors aucunement nécessaire de prendre des mesures particulières du vivant dès lors que la succession de l’entreprise familiale pourra se faire à moindre coût au décès du chef d’entreprise. Un tel raisonnement doit toutefois être nuancé. Tout d’abord, l’application du tarif réduit n’est pas automatique. En effet, les ayantsdroits du défunt devront en faire la demande et joindre à cet effet une attestation spéciale à la déclaration de succession. De plus, le bénéfice d’un tel régime se voit également conditionné par le maintien de certaines conditions. En Région wallonne et en Région de Bruxelles-Capitale, l’activité de la société devra être maintenue durant une période ininterrompue de cinq ans. En Région flamande ce délai est de trois ans. Ceci contribue à créer une certaine insécurité dans le chef des héritiers. Par ailleurs, dans certains cas, le tarif réduit ne pourra purement et simplement pas s’appliquer et ce notamment en raison de l’activité de la société. Le bénéfice de cette disposition se limite en effet aux sociétés exerçant une activité dite économique c’està-dire industrielle, commerciale, artisanale, forestière, agricole etc. Ceci conduit à en exclure les sociétés patrimoniales pures ainsi que les sociétés immobilières. D’autres facteurs peuvent également générer des difficultés. En cas de dévolution légale classique, c’est-à-dire lorsqu’aucune disposition particulière (par exemple testa-

mentaire) n’aura été prise à l’égard du patrimoine (et notamment des actions de la société familiale), le conjoint survivant recueillera l’usufruit de la succession tandis que les enfants du défunt en recueilleront la nue-propriété, chacun pour une part égale. Une telle répartition peut apparaître comme injuste pour l’enfant qui a été associé depuis de nombreuses années à l’activité de la société et qui ne recueillera rien de plus que ses frères et sœurs qui eux ne s’en sont jamais préoccupé. De plus, l’on peut aisément comprendre que l’enfant repreneur souhaite détenir les rênes de la société et par conséquent également tout ou partie des actions de celle-ci. Nous le constatons, dans certains cas, une transmission du vivant peut s’avérer nécessaire.

voir appliquer le taux réduit ordinaire en matière de donation mobilière s’élevant à 3,3% en ligne directe, entre conjoints ou cohabitants légaux. En Région de Bruxelles-Capitale, l’application du taux réduit de droits d’enregistrement de donation de titres de société familiale est conditionnée à ce que les actions soient transmises en pleine propriété, contrairement à ce qui se passe dans les deux autres régions. Depuis peu, la période dite «  suspecte  » de trois ans, toujours applicable dans la Région de Bruxelles-Capitale et la Région Wallonne, en cas de donation non enregistrée, est passée à 7 ans en Région flamande pour les actions de sociétés familiales qui ont été données par exemple devant un notaire hollandais.

“Il existe autant de situations particulieres qu'il y a d'entreprises familiales.”

Transmission par la voie d’une donation Comme en matière de succession, les trois régions ont mis en place des tarifs préférentiels applicables en cas de donation d’actions de sociétés familiales. A cet égard, le tarif de 0% de droits d’enregistrement sera appliqué en Région flamande et en Région wallonne contre 3% pour la Région de Bruxelles-Capitale. De nouveau, le bénéfice d’un tel tarif ne sera pas automatique et se verra soumis à la réunion d’un certain nombre de conditions. Signalons à toutes fins utiles que les réglementations applicables dans chacune des trois régions regorgent de petites particularités qui ne sont pas toujours bien connues du grand public. A titre d’exemple, en Région wallonne, les titres d’une société immobilière ou patrimoniale pure ne pourront non seulement pas bénéficier du tarif réduit applicable en cas de donation de société familiale (nous l’avons vu) mais ne pourront pas plus se

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Compte tenu des spécificités de chacune des régions et de la rapidité avec laquelle la réglementation fiscale évolue dans notre pays, nous ne saurions trop conseiller le recours à des spécialistes lorsque vous envisagez la donation des titres de votre société familiale.

La donation de l’entreprise familiale au taux reduit est-elle la solution ? Pas toujours … En effet, dans un certain nombre de cas, la simple donation des actions de la société familiale ne suffit pas en raison des caractéristiques particulières entourant par exemple la situation personnelle du chef d’entreprise et qui nécessiteront que des mesures spécifiques soient prises. Prenons quelques exemples. • Le chef d’entreprise souhaite conserver un droit de regard étendu sur les activités de la société ou celui-ci projette de


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continuer quelques années durant à en percevoir une partie des bénéfices. En effet, bon nombre de fondateurs acceptent volontiers l’idée de laisser leur jeune progéniture reprendre l’activité de la société mais entendent souvent encadrer, quelques années durant, le « lancement » de ceux-ci dans les affaires. Toutefois, par la donation de ses actions, l’entrepreneur perd la propriété des titres de la société familiale et à cet égard, le droit de vote aux assemblées générales mais également la possibilité d’en recueillir certains revenus comme les dividendes. Des mesures particulières peuvent toutefois être prises en vue de permettre à l’entrepreneur de conserver « un pied dans l’entreprise ». Il peut également

de ses enfants et par exemple d’autres biens de même valeur à ses autres enfants crée pourtant souvent une inégalité entre ses héritiers. De plus, outre le fait que se déposséder d’une partie importante de ses biens ne constitue pas nécessairement la volonté du chef d’entreprise, notons également que dans de nombreuses situations, une telle mesure ne pourra pas matériellement être mise en place compte tenu de la valeur importante que représente la société dans le patrimoine total du dirigeant. Une vente de l’activité à l’héritier repreneur peut dans certains cas constituer la solution. Dans la pratique, l’on constate rapidement qu’il existe autant de situations particulières qu’il existe d’entreprises familiales.

“Les consequences d’une mauvaise transmission s’averent souvent particulierement epineuses pour chacun des intervenants.”

ses attentes et besoins futurs ainsi que ceux des autres membres de sa famille. La force d’Optima Banque réside dans l’analyse 360° que nous établissons pour nos clients et dans laquelle leur situation patrimoniale est examinée dans son ensemble. Dans le même ordre d’idées, la transmission de l’entreprise familiale est envisagée à la lumière de la situation financière globale du chef d’entreprise et ce afin de répondre au mieux aux besoins et objectifs de celui-ci.

S’entourer de specialistes Le transfert d’une société familiale est une opération délicate dont les conséquences en cas d’erreurs peuvent s’avérer particulièrement épineuses, tant pour la société ellemême que pour le chef d’entreprise ou sa famille. Le recours à cette occasion à l’assistance d’un spécialiste permet assurément de passer ce cap important en toute sérénité et en évitant que des difficultés ne surviennent dans le futur.

conclusion arriver que la société détienne – outre les actifs liés à l’activité opérationnelle – d’autres éléments (par exemple des immeubles) que le dirigeant n’entend pas nécessairement transmettre à ses enfants en même temps que l’activité de la société. • Des mesures particulières peuvent également s’avérer nécessaires lorsque le dirigeant partage l’actionnariat de sa société avec un autre membre de la famille (son frère par exemple) ou même un tiers, lequel ne voit pas nécessairement d’un bon œil la reprise de l’activité par l’un des enfants de son associé. • Enfin, la transmission des actions de la société par le fondateur à l’un de ses enfants ( à l’exception des autres) nécessite le respect de certaines règles en vue de s’assurer que l’égalité entre tous les enfants a bien été respectée. En pareille hypothèse, la simple donation peut ne pas constituer la solution la plus adaptée. Le dirigeant qui donne les actions de sa société à l’un

L’occasion d’un grand nettoyage En tout état de cause, lorsque l’on songe à céder son entreprise à un tiers, qu’il soit membre de la famille ou non, l’on souhaite présenter la société sous son meilleur jour et transférer au repreneur une structure parfaitement « en ordre ». En cela, la transmission des actions de sa société familiale constitue souvent dans la pratique l’occasion de procéder à une vérification complète des statuts de la société et à une éventuelle mise en ordre de ceux-ci. A cette occasion, une révision des conventions d’actionnaires pourra également être opérée.

Envisager l’operation dans son ensemble La réussite d’une reprise est souvent le résultat d’un long processus au cours duquel une série de décisions devront être prises dans l’intérêt même de la société mais en tenant compte également d’une série de paramètres extérieurs à celle-ci tels que la situation personnelle du chef d’entreprise,

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La transmission de l’entreprise familiale constitue un moment clé de l’existence ; l’aboutissement de l’œuvre de toute une vie mais surtout le début d’une nouvelle aventure. Bon nombre de dirigeants souhaitent voir la pérennité de leur société familiale assurée même après leur départ. Toutefois, l’on constate fréquemment dans la pratique qu’un certain nombre de dirigeants remettent ces réflexions à plus tard. Comme nous l’avons vu, la reprise d’une société familiale constitue incontestablement une opération complexe, amenant son lot de difficultés économiques et humaines mais également juridiques et fiscales. Il convient donc de ne pas prendre celle-ci à la légère. La transmission de la société familiale doit être une étape murement réfléchie et correctement préparée. Le fait, à cette occasion, de s’entourer de spécialistes peut vous assurer de mener à bien votre transmission que ce soit pour la sociétéelle-même, pour le repreneur mais également à la lumière de votre situation personnelle et de vos attentes pour le futur.


Joh n McEn roe U n ten nism a n a meric a in

PORTRAIT : Date de naissance : 16 février 1959 Ne a : Wiesbaden, Allemagne Taille : 1.80m Poids : 75 kg Jeu : Gaucher Carriere professionnelle : 1978-1992

A l’apogée de sa carrière, l’Américain John McEnroe (53 ans) créait encore le spectacle sur les courts de tennis ; du pur rock’n-roll … A l’occasion de l’Optima Open, il retrouvera bientôt à Knokke-Heist Bjorn Borg, son adversaire lorsqu’a eu lieu, en 1980, l’un des plus beaux matchs de l’histoire du tennis. Capital a eu le privilège de s’entretenir en primeur avec « Big Mac » avant le tournoi de cet été : a-t-il vraiment été amoureux de Justine Henin ? Quid de ses origines belges ? Ce qui nous préoccupait surtout, c’était son tempérament légendaire : fallait-il vraiment trembler avant de nous adresser à la terreur des juges-arbitres ?  TEXTE Bert Voet PHOTOS gettyimages / Philippe Buissin


I L F A I T PA R L E R D E L U I

“Aujourd’hui, je fulmine deliberement”

© gettyimages [ CAPITAL 16 ]

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I L F A I T PA R L ER DE L U I

A

l’heure actuelle, John McEnroe donne le meilleur de lui-même dans le cadre de l’ATP Champions Tour, qui voit s’affronter les légendes du tennis. Nous avons eu l’occasion de lui parler il y a quelques semaines, juste avant sa première rencontre au tournoi de Stockholm. « Si nous poussons tous deux jusqu’en demi-finale, Stefan Edberg sera mon adversaire ! », tels furent ses premiers mots. Il semblait ravi à cette idée. Hélas : depuis, Edberg a échoué en quart de finale. Contrairement à McEnroe, qui allait remporter le tournoi avec brio, au terme d’une magnifique semaine et d’une finale qui l’a opposé au suédois Magnus Larsson, plus jeune que lui. Un vrai beau jeu, ça compte toujours dans le circuit senior ?  « Je ne participe pas à de nombreux tournois », nous confie-t-il. « Cette année par exemple, j’en ai sélectionné six. Mais après tout, c’est une exhibition : si je joue, je tiens à démontrer que je n’ai pas perdu la main. Et je tiens à combler les attentes du public. Ce qui veut dire également : assurer le spectacle, amuser la galerie. » L’année dernière, ce n’est pourtant pas le grand John McEnroe qui a fait le buzz à KnokkeHeist, mais son père, qui avait fait le voyage avec lui : à un moment donné celui-ci a levé son verre et déclaré que John, né à Wiesbaden en Allemagne, avait été conçu en terre belge. « Je n’avais encore jamais entendu parler de cette histoire », McEnroe junior sourit en se remémorant la scène. « Si c’est vrai ? Il faudrait que j’en reparle à mon père. »

La mere de tous les tie-breaks L’année dernière à Knokke-Heist, une blessure l’a empêché de participer au tournoi. « Un drame », affirme-t-il. « J’ai été hors service pendant près de trois mois. J’étais profondément déçu, d’autant que j’aurais dû affronter Björn Borg à Knokke-Heist. » Le match le plus passionnant de l’histoire du tennis est sans doute à mettre au compte de McEnroe et de son rival

© gettyimages

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I L F A I T PA R L ER DE L U I

“DES HEROS, CELA VOUS MOTIVE A FAIRE TOUJOURS MIEUX.”

de toujours. La finale de Wimbledon 1980 a en effet été le théâtre d’une lutte hallucinante, avec au quatrième set ‘la mère de tous les tie-breaks’ : après 22 longues minutes, McEnroe a arraché un cinquième set par 18-16. Qu’il a perdu, mais il a eu sa revanche l’année suivante. Si tout va bien, ils s’affronteront donc une fois encore au Royal Zoute Tennis Club. « Nous nous entendons à merveille », affirme McEnroe. « Seulement, nous ne nous voyons pas souvent :  je vis aux Etats-Unis et Björn en Europe. Malgré cela, je le considère comme un ami. Il a été – et est encore – une personne qui compte dans ma vie. Nous avons une histoire en commun, faite de moments magiques sur les courts de tennis – des moments que les gens ne cessent d’ailleurs de nous rappeler. Et puis, nous nous respectons mutuellement. D’ailleurs, en-dehors du court, nos caractères sont assez similaires. De plus, il a beaucoup d’humour et j’aime sa compagnie. Maintenant que je suis à Stockholm, nous nous voyons le plus souvent possible. » Bjorn ‘Ice Man’ Borg gère sa propre marque de vêtements, une occupation qui n’est pas la tasse de thé de John ‘Superbrat’ McEnroe. Lui préfère assurer le commentaire des grands tournois de tennis à la télé – ce qu’il fait avec succès. « Sans compter mon académie du ten-

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nis à New York », ajoute-t-il. « Avec une équipe de professionnels, je m’efforce de dénicher des joueurs susceptibles de devenir des champions. Nous donnons également une chance aux enfants qui n’ont pas les moyens de faire du tennis. Nous nous occupons de gamins âgés de sept à dix-sept ans. Ce que je leur apprends de plus important ? A faire de leur mieux. A donner le meilleur d’eux-mêmes, ce qui est la mission la plus difficile qui soit. Tout comme il est difficile de leur inculquer une telle attitude. » Est-ce là l’essence même du sport ? « Probablement l’essence même de la vie tout court. »

Un service-volee magistral McEnroe a remporté 77 titres ATP, quatre victoires aux US Open et trois à Wimbledon. Il s’est maintenu pendant 170 semaines en première position sur les listes ATP. En double également, il a été superbe, avec non moins de 70 titres ATP. Aujourd’hui encore, il est un des deux seuls joueurs à avoir été numéro 1 mondial en simple et en double messieurs. Il a signé sa meilleure année en 1984, lorsqu’il a remporté 13 tournois et gagné 82 des 85 matches disputés, un véritable record. Le match le plus long de l’histoire de la Coupe Davis est également à mettre à son nom : en 1982, avant l’introduction du tie-break, il a battu Mats Wilander en quart de finale après … 6 heures et 22 minutes. Ce champion des champions a-t-il lui-même été influencé par de grandes figues du tennis, pendant sa progression vers les sommets ? « Certainement », rétorque-t-il. « Quand j’étais jeune, la légende australienne du tennis Rod Laver était mon idole. Tout comme le joueur de baseball Micky Mantle. Pour ce qui est de l’American football, j’étais fasciné par Joe Namath des New York Jets – moins connus en Europe. Des héros, cela sert aussi à vous motiver, à faire toujours mieux. Même si au fond de soi on sait bien qu’il vaut mieux ne pas

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les connaître ‘en vrai’, car ce ne sont après tout que des hommes, avec leurs défauts et leurs qualités. Quand on les connaît, ils descendent de leur piédestal. » Techniquement parlant, John McEnroe a été l’un des joueurs de tennis les plus talentueux de tous les temps. Ce n’était pas vraiment la puissance, mais surtout la vitesse et la précision qui le caractérisaient. Son service-volée était magistral. Aujourd’hui encore, il traîne derrière lui une réputation de réussite due à son seul talent, et pas à un dur labeur. « Ce serait impossible », dit-il. « La réussite, c’est toujours la combinaison de nombreux facteurs. Il est certain que Björn Borg était à l’époque le joueur le plus en forme de tout le circuit. Mais il existe plusieurs façons de gagner. Un joueur de tennis a également besoin d’un moral d’acier. L’aspect mental du jeu est tout aussi important, ce que les gens ne réalisent pas toujours. Je me souciais peut-être moins de ma forme, mais j’ai certainement plus travaillé mon mental que les autres joueurs. Dans ce domaine, j’étais toujours parfaitement préparé. Je plaçais tout sous le signe du tennis et j’étais tellement concentré que je débordais d’énergie au moment où j’arrivais sur le court. Il n’existe pas de règles dans ce domaine, mais je respirais le tennis, je vivais littéralement par et pour le tennis. Il faut dire que tout était différent à l’époque. Aujourd’hui, le tennis est plus physique que jamais. »

Amoureux de Justine « Chez les hommes, nous vivons une grande époque, avec Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic », dit-il. « Federer et Nadal sont de magnifiques rivaux, et leur niveau est incroyablement élevé. Aux Etats-Unis, nous aimerions bien sûr que des compatriotes les

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“ Je me souciais peut-etre moins de ma forme, mais j’ai certainement plus travaille mon mental que les autres joueurs.”


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grillent au poteau. Dans mon pays, le tennis ne vit pas vraiment comme je le souhaiterais. Il y a trop peu de vraies personnalités que les américains pourraient prendre pour modèle. Nous devons absolument rendre le tennis plus attrayant et mieux le faire connaître. » « Actuellement, Djokovic signe le plus beau tennis, et en plus, sa personnalité est affirmée : de temps en temps, il laisse entrevoir ce qu’il ressent vraiment et le public y est sensible. Nadal est lui aussi un joueur émotif. Bien plus que Federer : rien ne filtre chez lui, jamais. Mais Federer est certainement celui qui m’a fait voir le plus beau tennis, malgré son piètre bilan à côté de Nadal. Federer, Rod Laver et Pete Sampras sont à mes yeux les meilleurs joueurs de l’histoire du tennis. Djokovic est en passe de les rejoindre. » McEnroe a affirmé un jour être amoureux de Justine Henin. Ou était-ce plutôt ‘du plus beau revers du monde’, comme il le dit lui-même ? « Le Roger Federer du tennis féminin ! », c’est ainsi qu’il l’appelle, et il devient lyrique quand il l’évoque. « Elle avait une volonté de fer et si elle n’était pas grande par la taille, elle l’était par son jeu. Rares sont celles et ceux capables de jouer comme elle, avec ce talent, ce toucher de balle. Je regrette qu’elle ait quitté le tennis. Il y a bien longtemps que nous ne nous sommes plus vus. »

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McEnroe avait la réputation d’être un joueur de tennis intelligent. « Il faut faire preuve d’intelligence sur le court, mais loin des courts, il s’agit également de prendre les bonnes décisions », dit-il. « Pour être le meilleur, il convient de réfléchir à la manière de battre son concurrent. Il faut penser en termes de stratégie, de position à prendre, il faut parvenir à ‘lire’ son concurrent, faire preuve de connaissance de soi, des options qui s’offrent à vous et de la manière de mener le jeu (le game-playing). » A propos de game-playing, tout le monde pense fatalement à la manière dont John ‘You Cannot Be Serious !’ McEnroe influençait les arbitres avec ses brutales et légendaires explosions de colère. Les officiels d’aujourd’hui seraient-ils meilleurs qu’à son époque ? « Tout est relatif », dit-il. « Aujourd’hui, les joueurs peuvent réclamer un hawk-eye, le système informatique qui suit la trajectoire de la balle. Cela change tout et ce n’est donc plus primordial. Mais je reconnais qu’il est toujours très important de faire un call au bon moment – et qui s’avère justifié. » « Dans le cadre du Champions Tour, je fulmine délibérément, mais je ne pense pas que c’était le cas autrefois », prétend la terreur de tous les juges de ligne. « Même si le tennis est dans une large mesure une question de tactique, il ne faut pas croire que mes accès de colère étaient purement tactiques. Nous réagissons tous différemment à la pression, aux tensions et à l’angoisse. C’était simplement ma façon de gérer ces facteurs : plutôt que de montrer ma faiblesse, je montrais ma colère. Je suis un homme pétri d’émotions, no doubt. Même si mon impétuosité a quelque peu baissé avec les années. » Cette impétuosité l’a-t-elle mené vers les sommets, ou a-t-elle plutôt été un handicap ? « C’est difficile à dire », réfléchit-il. « Parfois elle m’aidait à me secouer et à me mettre à fond dans la compétition, mais il arrivait aussi qu’elle compromette mon jeu – parfois même lors de rencontres importantes. Avec le recul, je réalise qu’il aurait sans doute mieux valu que j’utilise toute cette énergie pour mieux me concentrer sur le jeu. » Des études réalisées à l’université de Californie ont d’ailleurs démontré que McEnroe avait souvent raison : de nombreuses balles déclarées out par les juges-arbitres étaient en réalité in. « Ils auraient mieux fait de dépenser l’argent de cette étude à autre chose », telle est sa réaction. « Et ça, j’aurais déjà pu le leur dire il y a trente ans. »

Le calme personnifie C’est le seul moment de l’entretien où une – légère – forme d’irritation refait surface. Pour le reste, McEnroe est le calme personnifié. Lui est-il arrivé de perdre le goût du jeu ? Pour Bjorn Borg, c’est ce qui a motivé son abandon du tennis professionnel à 26 ans à peine, à l’époque où il était encore le numéro deux mondial. « J’ai arrêté parce que je ne gagnais plus assez souvent », reconnaît-il. « Mais il est vrai que j’ai moi aussi connu ça : la sensation

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que ce n’était plus comme avant, et comme ce devrait l’être. Je pense que chaque athlète connaît des moments où le sport ressemble un peu trop à un métier. Certaines circonstances familiales peuvent également vous gâcher ce plaisir. De toute manière, le plaisir se perd peu à peu, et ce n’est pas seulement vrai dans le sport. Cela s’observe pour n’importe quel walk of life. Il faut voir les choses dans la bonne perspective. Prenons le Champions Tour :  à certains moments, le jeu est dur. Mais c’est une grande chance, d’avoir l’occasion de jouer au tennis et d’en vivre, trente ans après. » Je lui demande s’il imagine être capable un jour d’arrêter totalement de jouer au tennis ? « J’espère bien », telle est son étonnante réplique, avant de relativiser : « mais en même temps, j’ai du mal. Une part de moi-même sera toujours liée au tennis d’une façon ou d’une autre. Comme dans tout métier, il arrive que l’on rêve de faire autre chose. Quelque chose me dit que je dois saisir les opportunités qui se présentent. Pourtant, il faut que ce quelque chose soit plus intéressant et plus passionnant que le tennis, ce que je n’ai pas trouvé jusqu’ici. » Et s’il y était obligé, par l’âge ou par son état de santé : redoute-t-il cet instant ? « Encore une situation que tout athlète vit un jour ou l’autre », dit-il. « En fait, j’ai déjà vécu cela il y a vingt ans, lorsque j’ai arrêté le tennis. Beaucoup de choses ont alors changé dans ma vie : j’ignorais quel serait mon avenir. Mais je suis resté dans cet univers. Il arrivera peut-être un moment où je ne pourrai plus jouer, ni même assurer les commentaires des matchs. Mais tant que j’en suis capable, je continue à le faire. » Il m’assure que la musique n’est pour lui qu’un violon d’Ingres. L’univers de l’art pourrait-il être une poire pour la soif ? Il est de notoriété publique que McEnroe est un collectionneur. « Il m’arrive de temps en temps de revendre une de mes pièces », affirme-t-il. « Je touche ainsi au volet commercial de l’art. » Il paraît qu’il admire l’artiste belge Luc Tuymans. « Oh oui ! C’est un grand peintre. J’ai déjà acquis – et parfois revendu – plusieurs de ses œuvres. Aujourd’hui, je possède toujours un de ses tableaux. »

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“ Donner le meilleur de soi-meme, c’est la mission la plus difficile qui soit.”

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Croisieres nouveau style le canal de Panama

« Une série de pays fantastiques en Amérique Centrale et latine et le rêve ultime : la traversée mémorable du Canal de Panama. Ou comment vivre l’une des sept merveilles du monde industriel dans le luxe et l’intimité du yacht Le Boréal. » texte DEBBY PAPYN PHotos DAVID DE VLEESCHOUWER

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’est une croisière pour voyageurs sophistiqués. Pour des béotiens amoureux de la mer et des bateaux, qui n’apprécient pas ces mastodontes sans âmes qui font tous les mêmes parcours et les mêmes escales. Le Boréal appartient à la Compagnie du Ponant, le seul armateur français de navires de croisière. Ce yacht élégant et luxueux attend ses passagers dans l’atmosphère étouffante du port de Guayaquil, en Equateur. Un mois plus tôt, cette merveille à la silhouette effilée bravait les eaux glacées du pôle austral, où elle offre chaque hiver (le nôtre) à ses passagers l’occasion de vivre d’extraordinaires sensations antarctiques. Mais aujourd’hui, l’heure est aux enivrantes destinations tropicales. A l’agenda de ce périple de 13 jours, cinq pays d’Amérique centrale et latine : le Costa Rica, le Nicaragua, Panama, la Colombie et Curaçao. « C’est comme si on goûtait plein de gâteaux avant de décider lequel on mangera peut-être en entier plus tard » nous confie un passager sur le pont principal, au moment où les amarres sont larguées et où Le Boréal laisse derrière lui le port de Guayaquil. « Que peut-on rêver de mieux que de découvrir une poignée de pays intéressants mais peu courants ? Quand on pense aux soucis vécus dans les aéroports, entre les douaniers et la sécurité … Ici, il n’y a qu’un seul contrôle : des chiens de la brigade des stupéfiants reniflent les bagages sur le quai. Pour le reste, pas de files d’attente, pas de fastidieux contrôles, pas besoin de visas, pas de formalités … C’est pour cela que j’ai choisi cette formule. Et pour le Canal de Panama, bien sûr. Car traverser une curiosité légendaire, cela doit se faire en grande pompe. »

Luxe et intimite Le Boréal, en fait un très grand yacht, gagne le large. Passer 48 heures en pleine mer, c’est le moyen idéal de déstresser. « Sur un bateau, j’y parviens bien plus vite que dans un hôtel sur la terre ferme, » reconnaît Christian, un passager allemand d’une quarantaine d’années, qui en temps normal est plutôt du genre ‘work hard, play hard’. « Ma femme est contente, car mon BlackBerry n’a le plus souvent pas de réseau à bord, et je dois avouer que cela m’arrange plutôt moi aussi. » Les 210 passagers du Boréal ne semblent nullement gênés de ne rien voir d’autre que les eaux bleues du Pacifique pendant les deux premiers jours de cette croisière. Certains d’entre eux ont déjà accompli un périple en Equateur, ou exploré les Galapagos. D’autres, à

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peine arrivés d’Europe en avion, ont visiblement du mal à s’adapter au décalage horaire. « Mesdames, Messieurs, nous venons de passer la ligne de l’Equateur. Bienvenue dans l’hémisphère nord », telle est l’annonce du très aimable capitaine Etienne Garcia. D’abord en français, mais aussi en anglais, car Le Boréal n’a pas que des passagers français à bord. Les passagers viennent d’un peu partout : Australie, Etats-Unis, Allemagne, Autriche, Suisse, Argentine … Tous à leur manière apprécient le calme de la traversée. Certains passagers se prélassent au bord de la piscine sur le pont arrière, d’autres prennent tout leur temps pour déjeuner en terrasse au restaurant du pont principal. Il en est d’autres que l’on ne voit pratiquement pas, car ils prennent l’air sur la terrasse privée de leur suite, ou ils se font masser dans le luxueux espace bien-être. Construit en 2010, Le Boréal est un des rares navires cinq étoiles à proposer aussi bien des expéditions en Zodiac que tout le luxe imaginable. Les suites et les cabines sont luxueuses, la décoration intérieure est recherchée, presque toutes les cabines sont dotées d’un balcon privé, certaines sont même équipées d’une baignoire plutôt que d’une douche.

Malgré tout ce confort, les destinations sont ce qui compte le plus sur Le Boréal. Un des passagers n’est autre que Marcel Lichtenstein, guide naturaliste et chef d’expédition renommé. Ce botaniste est spécialisé en ornithologie, en sciences naturelles et en écologie marine. Il est né et a grandi au Costa Rica et est donc le guide idéal pour découvrir la nature des pays d’Amérique centrale et latine qui sont au programme.

Le Grand Bleu

“MESDAMES, MESSIEURS, NOUS VENONS DE PASSER LA LIGNE DE L’EQUATEUR. BIENVENUE DANS L’HEMISPHERE NORD.” [ CAPITAL 16 ]

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« Qui est tenté par un plongeon dans le Pacifique ? », telle est un peu plus tard l’annonce faite par le Capitaine Garcia. Le Capitaine ordonne une halte d’une heure en plein océan pour que ses passagers puissent vivre une expérience inoubliable. Son équipe sécurise une zone à l’aide de cordages flottants et de Zodiacs, afin que les passagers puissent goûter les délices d’une baignade en plein océan. « 32 degrés Celsius et deux kilomètres de grand bleu sous nos pieds ! », annonce la capitaine. Les passagers sont nombreux à profiter de l’aubaine, suivis d’une bonne partie des 140 membres de l’équipage. Tous les visages sont radieux après ce baptême du Pacifique. « Avec le commandant Garcia, on vit toujours des moments exceptionnels. Nous ne réservons que les croisières dont il est le capitaine. L’ambiance est toujours excellente, on voit et on vit des choses dont d’autres ne peuvent que rêver », nous confie une passagère française pour qui c’est le neuvième voyage avec La Compagnie du Ponant. « Nous avons déjà planifié notre prochaine croisière avec lui : le fameux Passage Nord-Ouest, en 2013. » Mais d’abord, le Costa Rica est au programme du lendemain. Dans le port de Quepos, les passagers du Boréal ont le choix entre une visite à La Foresta Natura Resort, situé à proximité du fameux parc national Manuel Antonio ou l’exploration du fleuve Savegre. Certains passagers préfèrent visiter


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Quepos, une petite ville qui possède quelques boutiques, des restaurants et l’une des usines de torréfaction les plus renommées du pays. Le Boréal a jeté l’ancre dans la baie et toute la journée, des navettes transportent les passagers vers la terre ferme. Pas trace de douaniers, aucune formalité, il suffit de mettre pied à terre pour découvrir les environs.

Le charme colonial du Nicaragua Bienvenue au Nicaragua. Le ciel est bleu lorsque nous attaquons la prochaine étape au programme : le volcan Masaya, toujours en activité et Granada, ville coloniale. Après deux heures de bus, nous avons toute la journée pour profiter à fond d’un mélange de nature et de culture urbaine. Le spot favori des passagers ? Granada, une charmante petite ville où il fait bon flâner (en toute sécurité) le long de larges avenues et de places ombragées avant de faire halte dans l’un des cafés ou restaurants à l’architecture coloniale typique. « Je n’aurais jamais cru être séduit à ce point par le Nicaragua », avoue Michel, un passager de l’Hexagone. « Je reviendrai ici un jour, pour y passer plus de temps. » En effet, dès le lendemain, le Costa Rica est au programme : Puerto Caldera, avec des options telles que Cloud Forest et Poas National Park, ou encore la découverte de la forêt vierge le long de tyroliennes. Certaines de ces activités sont plus intenses, d’autres plus adaptées aux passagers moins tentés par l’aventure. De toute manière, tous auront le temps de se reposer le lendemain, journée de navigation. En route vers Panama City, LA raison pour laquelle de nombreux passagers ont opté pour ce voyage en particulier. Le légendaire Canal de Panama, que le Boréal mettra six heures à traverser pour relier le Pacifique à l’Atlantique. Mais tout commence par une visite à Panama City et aux écluses de Miraflores. La ville de Panama respire toute l’ambition de l’Amérique du Sud. La skyline fait penser à celle de Hong Kong et le Casco Antiguo étale ses ruelles typiques et coloriées, chargées d’histoire. Dans la nouvelle ville, Donald Trump a même ouvert récemment un vaste et luxueux complexe hôtelier. Le Capitaine Garcia s’adresse aux passagers : « tout le monde doit être remonté à bord avant 13 heures. Dès que nous aurons le go pour la traversée du canal, le signal du départ sera immédiatement donné. Sans délai. » Le capitaine est partisan de l’open bridge policy. Tout le monde est autorisé à visiter la passerelle, de jour comme de nuit. Evidemment, lorsque Le Boréal est à l’arrêt dans le canal, l’affluence est

plus grande encore qu’à l’accoutumée. Un pilote (un capitaine local) arrive à bord du navire pour le guider dans les manœuvres. « Certains pilotes prennent entièrement le relais tandis que d’autres se contentent de m’aider. Je ne sais jamais à l’avance s’ils seront d’un naturel sociable, ou peu communicatif », dit-il en souriant. « We will wait and see. »

Une prouesse architecturale En fin d’après-midi, le soleil décline déjà lorsque le signal tant attendu est enfin donné. D’autres employés du port montent à bord pour fixer les cordages spéciaux qui maintiendront le navire pendant la traversée. Tous les passagers recherchent l’endroit idéal pour ne rien rater du spectacle. Certains ont même commandé une bouteille de champagne. Les caméras s’apprêtent à immortaliser le moment

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suprême. Il faut dire que cette prouesse architecturale de 80 kilomètres de long permet d’éviter un détour de près de 13 000 km, ainsi que les périls du Drake Passage et du Cape Horn. Les français ont commencé sa construction le 1er janvier 1880 et les américains ont pris le relais en 1904, pour le terminer et le mettre en service en 1914. Plus d’un siècle plus tard, le canal de Panama est toujours le plus important dans le monde. A toute heure du jour et de la nuit, d’énormes cargos passent par les écluses qui compensent le dénivelé entre les deux océans. Les plus petits voiliers paient € 1 000 le passage, tandis que les plus gros Panamax doivent parfois débourser jusqu’à 300 000€. Le capitaine Garcia nous confie que le tarif est d’environ € 30 000 pour un bateau de la taille du Boreal. « Le prix est fonction du nombre de passagers et de couchettes à bord. Les cargos paient à la tonne. » C’est dans le Miraflores Lock que Le Boréal est stabilisé dans le canal grâce aux cordages qui ancrent les mulas, ces puissantes mini-locomotives qui suivent les rails le long du canal. Le Boréal pénètre seul dans la première écluse, avec seulement quelques dizaines de mètres entre le navire et les parois … L’atmosphère est électrique et très particulière. Le crépuscule, les bruits des mulas, la tension et la foule sur la passerelle du navire, jusqu’aux odeurs qui flottent sur les quais, tout concourt à donner la chair de poule aux passagers. Le Boréal n’atteindra l’Océan Atlantique que vers minuit. « Savez-vous que c’est là une des dernières occasions de vivre l’expérience des anciennes écluses ? Les nouvelles écluses seront terminées en 2014, et une partie du charme du canal de Panama aura alors disparu. Il faut dire que les navires sont de plus en plus gros, ce qui chargées Panama, qui profite des recettes du canal, à investir dans de nouvelles écluses, bien plus importantes encore », c’est ce que nous confie le Capitaine Garcia. Un détail susceptible de vous intéresser : la société belge Jan De Nul est l’une des entreprises chargées de ces travaux titanesques.

Les Caraibes : secretes ou populaires ? Avez-vous jamais entendu parler de l’archipel des San Blas ? Le Boréal est l’un des rares bateaux de croisière à compter parmi ses destinations cet archipel panaméen qui ne compte pas moins de 378 îles ou îlots, perdus dans l’immensité de l’Atlantique. Voici donc les Caraïbes, telles que peu de gens les connaissent. Les Indiens Kuna y ont gardé leurs tra-

Pour toute information : www.latintours.be www.ponant.com

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ditions, eux qui ont jadis quitté le continent latinoaméricain pour s’installer sur cet archipel pratiquement inhabité. D’énormes plages de sable blanc, une mer calme aux eaux translucides, des palmiers … Le Boréal jette l’ancre et de confortables Zodiacs déposent les passagers sur la plage déserte. Au programme : Floating bar, plongée en surface, bain de soleil, shopping (quelques souvenirs ou du lait de coco frais servi par les Kuna) … Bref, les tropiques comme dans un rêve. Dans le courant de l’après-midi, Le Boréal met le cap sur la Colombie. Le programme comprend une journée complète à Cartagena, une des villes les plus tendance et les plus colorées d’Amérique du Sud, où l’on peut se promener sans risques. « Le seul risque que l’on prend ici, c’est de ne plus vouloir repartir », c’est ce que l’on peut lire sur le tablier d’une habitante, qui nous offre un grand sourire en même temps que quelques fleurs. Le lendemain, nous visitons la ville colombienne de Santa Marta. Moins branchée que Cartagena, mais plus authentique et toujours aussi sûre, malgré la réputation faite du pays. Des habitants du coin nous disent que les autorités font de gros efforts pour prévenir et réprimer la criminalité, afin d’attirer de plus nombreux touristes. Et cela semble porter ses fruits : « aujourd’hui, le Mexique, le Vénézuela et même le Pérou sont moins sûrs que la Colombie », déclare un client dans un petit supermarché local. Le Boréal reviendra ici l’année prochaine. « Avec au programme de nouvelles excursions, toujours aussi belles », affirme le chef de l’expédition. « Nous en sommes en tout cas convaincus. » Après la Colombie, le navire met 24 heures à rejoindre Curaçao, une des îles ABC des Antilles néerlandaises (Aruba, Bonaire et Curaçao). Le Boréal reste une journée entière en vue du port pittoresque et coloré de Willemstad. Les passagers font du shopping, découvrent l’île et ses plages, grignotent quelques spécialités sur le marché local. Curaçao, c’est l’île de la joie de vivre, à un rythme ralenti. Les locaux, qui parlent le néerlandais des colonisateurs d’antan, sont extrêmement aimables. Le sourire est de rigueur, on s’y sent en sécurité, tout est parfaitement organisé, … bref la destination idéale pour finir la croisière en beauté. Pendant le cocktail d’adieu, le capitaine Garcia nous confie qu’après quatre mois d’intense activité en mer, dont deux en Antarctique, il se réjouit de rentrer dans sa Douce France pour y passer des vacances bien méritées. « Mais je reviendrai. Parce que pour toucher la terre, j’ai besoin de la mer. »


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H ausse des i m pot s su r l es r e v en us mobi l i er s, m ec a n i sm e de de nonc i at ion e t obl ig at ion de dec l a r at ion

Le compromis alambique de Di Rupo I L’accord budgétaire n’a pas du tout été une formalité pour Di Rupo I. Le précompte libératoire sur les revenus mobiliers et la discrétion qui y était associée constituaient des tabous auxquels personne n’osait toucher. Il était toutefois impératif de dégager des recettes supplémentaires. texte nils de vriendt, tax auditor PHOTOs Lieven Dirckx

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Un compromis est finalement sorti des négociations. Il est d’application depuis le 1er janvier 2012. Le taux d’imposition sur certains revenus mobiliers passe de 15% à 21%. S’y ajoute une cotisation de 4% pour quiconque bénéficie de plus de € 20 020 de revenus mobiliers. Enfin, tout redevable du précompte mobilier doit se conformer à une obligation de communication à un point de contact central et à une obligation de déclaration générale des revenus mobiliers. Il s’agit d’un compromis alambiqué et à peine compréhensible pour le non-initié. Il est grand temps de procéder à une analyse concrète de ses répercussions.

de plus de 8 ans (et que le versement se produit effectivement après 8 ans) ou s’il existe une couverture-décès de 130% où l’assuré est aussi le bénéficiaire en cas de vie ; • les capitaux et valeurs de rachat des contrats d’assurances-placement de la Branche 23 reliés à des fonds de placement dont le capital et les revenus ne sont pas garantis ; • la première tranche de € 180 de dividendes de sociétés coopératives agréées ; • la première tranche de € 180 de dividendes et d’intérêts de sociétés à finalité sociale agréées ;

“La nouvelle taxation des revenus mobiliers est devenue une matiere tres complexe.”

Le precompte mobilier passe de 15% a 21% Depuis le 1er janvier 2012, le taux du précompte mobilier sur la plupart des placements générateurs d’intérêts et sur certains dividendes a été relevé de 15% à 21%. Le taux distinct auquel sont imposés ces revenus mobiliers à l’impôt des personnes physiques (IPP) a subi une adaptation comparable. D’autres revenus mobiliers ne sont pas visés par la mesure. Il s’agit des droits d’auteur, de la concession du droit d’apposer des affiches, de la sous-location de biens immobiliers, des lots afférents aux titres d’emprunt ou des royalties. Certains intérêts et dividendes qui ne sont pas catalogués du point de vue fiscal comme des revenus mobiliers sont également épargnés. Il s’agit des revenus suivants : • la première tranche de € 1 830 d’intérêts produits par des dépôts d’épargne réglementés ;  • les capitaux et valeurs de rachat des contrats d’assurances-placement de la Branche 21 lorsqu’ils affichent une durée

• les revenus d’actions lors du partage total ou partiel de l’avoir social ou lors de l’obtention d’actions propres par une société d’investissement qui, dans le pays de son domicile fiscal, bénéficie d’un traitement fiscal qui diffère du droit commun. Citons comme exemple de telles sociétés la sicav de droit belge sans passeport européen ou encore la Société d’Investissement en Capital à Risque luxembourgeoise, régie par la loi luxembourgeoise du 15 juin 2004. Cette dernière société d’investissement a pour objet l’investissement de fonds dans des valeurs qui représentent le capitalrisque afin de permettre à ses investisseurs, en échange du risque qu’ils portent, de pro-

fiter des résultats de la gestion de ses actifs. La renonciation à la perception du précompte mobilier sur les dividendes versés par une sicafi résidentielle, telle qu’Aedifica, reste inchangée. Au moins 60% du patrimoine immobilier doit être investi directement ou indirectement dans des biens immobiliers en Belgique, utilisés exclusivement à des fins résidentielles. La même règle vaut pour les dividendes de pricafs pour autant qu’ils proviennent de plus-values sur actions.

Sur les placements generateurs d’interets Le taux du précompte mobilier sur la plupart des intérêts est passé de 15% à 21%. Le taux reste toutefois maintenu à 15% pour les intérêts provenant de dépôts d’épargne réglementés, au-delà de la tranche exonérée de 1 830 euros. L’ancien taux de 15% reste également d’application pour les intérêts des bons d’Etat dits ‘Leterme’ (belges et non belges), émis entre le 24 novembre et le 2 décembre 2011 et auxquels vous avez souscrit durant cette même période. Les bons d’Etat antérieurs et futurs, ainsi que les bons de caisse, les comptes à terme et les obligations, sont désormais imposés à 21%. Le taux passe également de 15% à 21% pour les capitaux et valeurs de rachat des assurances-placement de la Branche 21 qui ne satisfont pas aux conditions d’exonération décrites ci-dessus. L’augmentation à 21% s’applique également aux capitaux et valeurs de rachat de certaines assurances-placement de la Branche 23. Quand précisément ? Lorsque l’échéance est inférieure à 8 ans. Et lorsque la compagnie d’assurances garantit que les gestionnaires du fonds d’investissement

“Le taux reste maintenu a 15% pour les interets provenant de depots d’epargne reglementes, au-dela de la tranche exoneree de € 1 830.”

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respectent des directives strictes, par exemple en investissant exclusivement dans des obligations d’Etat. De cette manière, le preneur d’assurance a plus ou moins la garantie d’un rendement fixe. C’est ce qu’on appelle l’obligation morale de rendement. Le taux pour les revenus issus de la Branche 26 – assimilés aux intérêts – passe également à 21%. Enfin, la « taxe Reynders » est également relevée à 21%. Il s’agit d’une taxe sur la plus-value totale réalisée sur la partie à rendement fixe (dépôts bancaires, bons de

3. soit faire l’objet d’une inscription nominative auprès de l’émetteur (en cas d’actions nominatives) depuis l’émission, soit avoir été déposées en Belgique en dépôt à découvert auprès d’une banque, un établissement public de crédit, une société de Bourse ou une caisse d’épargne, soit encore avoir été inscrites en Belgique sur un compte-titres au nom du propriétaire ou du titulaire auprès d’un organisme de liquidation (pour les actions dématérialisées) ;

“Si vous percevez par an plus de € 20 020 nets en interets et dividendes, vous devez ajouter au prEcompte mobilier de 21% une cotisation supplementaire de 4%.”

caisse, obligations, etc.) en cas de rachat ou de partage total ou partiel d’un fonds de placement avec passeport européen (ou d’un organisme de placement collectif établi à l’extérieur de l’Union européenne) qui investit, directement ou indirectement, plus de 40% de son patrimoine en créances et dont les statuts ou le règlement du fonds ne prévoient pas la distribution annuelle du rendement net.

Sur certains dividendes Le taux normal de 25% est maintenu. Toutefois, si des dividendes étaient susceptibles de bénéficier auparavant du tarif réduit de 15%, ce dernier taux est désormais porté à 21%. C’est le cas pour : • les dividendes d’actions émises à partir du 1er janvier 1994 par « appel public à l’épargne », d’actions VVPR (avec strips) ou, en cas d’« émission privée », les actions qui satisfont aux trois conditions (cumulatives) suivantes :  1. avoir été émises après le 1er janvier 1994 2. être représentatives du capital social et correspondre à des apports en numéraire ;

• les dividendes de sociétés d’investisse­ment belges (sauf renonciation), en particulier les sicavs, les sicafis non résidentielles telles que Wereldhave Belgium, et la société d’investissement en créances (S.I.C.) ; • les dividendes de pricafs pour autant qu’ils ne proviennent pas de la réalisa­ tion de plus-values sur actions. Les dividendes et coupons de fonds de placement collectif qui ne sont pas ventilés par la société de gestion restent simplement soumis au précompte mobilier de 25%. Le taux du précompte mobilier reste de 10% pour les bonis de liquidation et de partage ordinaires, notamment en cas de sortie d’une société coopérative. Par contre, le taux pour les bonis de rachat passe à 21%.

Cotisation supplEmentaire, obligation de communication et de dEclaration Si vous percevez par an plus de 20 020 euros nets en intérêts et dividendes, vous devez ajouter au précompte mobilier de 21% une cotisation supplémentaire de 4%. Ce montant net est le montant perçu ou reçu avant déduction des frais de perception, conservation ou autres, et augmenté de la cotisation supplémentaire de 4%. Ce montant s’entend par contribuable. Vous êtes mariés sous le régime de la communauté ? Dans ce cas, vous ne pouvez être redevable de la cotisation supplémentaire que si la limite annuelle de € 40 040 en intérêts et dividendes est dépassée. Vous êtes tout proche de ce seuil ? Pour le calcul, il convient de comptabiliser les dividendes, les intérêts soumis au taux de 21%, ainsi que les investissements générateurs d’intérêts et les dividendes soumis à un autre taux. Mais qu’est-ce qui doit être exclu du calcul ? • d’autres revenus mobiliers tels que les droits d’auteur, la sous-location de biens immobiliers, … ; • les intérêts et dividendes qui ne sont pas considérés fiscalement comme des revenus mobiliers (intérêts provenant de dépôts d’épargne réglementés jusqu’à la première tranche de 1 830 euros) ;  • les revenus provenant des bons d’Etat Leterme ; • les bonis de liquidation et les bonis de partage, notamment en cas de sortie d’une société coopérative soumise au précompte mobilier à 10%. Il ne faut pas payer de centimes additionnels communaux sur cette cotisation.

“Si vous ne souhaitez pas proceder a une retenue a la source, vous etes tenu de declarer les interets et dividendes concernes.”

[ CAPITAL 16 ]

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l e p o i n t s u r la s it u ati o n

“Par ailleurs, ne partez pas du principe que vous allez echapper a l’obligation de communication en optant pour le prelevement a la source des 4%.”

Si vous en faites la demande, cette cotisation peut être retenue à la source, en même temps que le précompte mobilier. Si le total des intérêts et dividendes qui font l’objet de cette cotisation de 4% s’avère finalement inférieur à 20 020 euros, vous pouvez récupérer le surplus de cotisation retenue à la source en mentionnant ces intérêts et dividendes dans votre déclaration. Lors du calcul de l’impôt, le fisc pondère la cotisation retenue à la source en fonction de l’impôt sur la personne redevable. Si vous ne devez pas payer d’impôt des personnes physiques ou si vous avez trop payé, vous serez alors remboursé(e). Si vous ne souhaitez pas procéder à une retenue à la source, vous êtes tenu de déclarer les intérêts et dividendes concernés.

Communication au point de contact central auprEs du SPF Finances Le montant des dividendes et intérêts soumis à la cotisation de 4% à la source ne doit pas être communiqué au point de contact central auprès du SPF Finances. En revanche, cette obligation est bel et bien d’application pour les autres intérêts et dividendes soumis à la cotisation de 4%, mais pour lesquels vous n’avez pas opté pour une retenue à la source. De ce fait, l’administration fiscale peut encore percevoir la cotisation de 4%, mais, dans ce cas, sur la base de votre déclaration complétée des données transmises au point de contact du SPF Finances. Le point de contact central envoie l’information qui est nécessaire pour l’application correcte de la cotisation supplémentaire à toute administration fiscale qui la demande. Selon le ministre des Finances, une demande d’information n’est possible

que « lorsque le contribuable demande le remboursement de la totalité ou d’une partie de la cotisation supplémentaire de 4% pour laquelle il a demandé une retenue à la source ». En cas de suspicion de fraude, l’administration fiscale doit, selon le ministre, enclencher la procédure de levée du secret bancaire. Cette restriction ne figure toutefois pas dans la loi. Le total des revenus mobiliers excède-t-il 20  020 euros  ? Le point de contact central envoie alors les informations automatiquement au service de contrôle fiscal compétent. Par ailleurs, ne partez pas du principe que vous allez échapper à l’obligation de communication en optant pour le prélèvement à la source des 4%. En effet, cette obligation de communication ne concerne pas uniquement les intérêts et dividendes soumis à la cotisation de 4%, mais également tous les autres dividendes et intérêts au sens fiscal du terme. La liste de tels intérêts et dividendes est très large. Elle comprend notamment les dividendes ordinaires soumis au précompte mobilier de 25%, les bonis de liquidation, les bons d’Etat Leterme et les revenus non exonérés provenant d’un livret d’épargne (au-delà de €  1  830 par an). L’obligation de communication ne vaut toutefois pas pour d’autres revenus mobiliers, tels que les droits d’auteur et les royalties. Elle ne s’applique pas non plus aux intérêts et dividendes qui ne sont pas considérés

fiscalement comme des revenus mobiliers. Néanmoins, le rôle du point de contact central auprès du SPF Finances est clairement plus large que de simplement garantir le prélèvement de la contribution supplémentaire de 4%. Il s’agit d’un service informatique, avec un agenda caché : la mise sur pied progressive d’un cadastre des revenus mobiliers.

Obligation de dEclaration gEnErale des revenus mobiliers Vous ne pouvez récupérer le surplus de cotisation de 4% retenue à la source qu’en mentionnant dans votre déclaration les intérêts et dividendes soumis à cette cotisation. Si la cotisation supplémentaire ne s’effectue pas au moyen d’une retenue à la source, il est obligatoire de préciser les intérêts et dividendes visés dans votre déclaration. C’est la logique même. Ce qui est moins compréhensible, c’est que l’on fait désormais reposer sur vos épaules une obligation de déclaration générale de tous vos revenus mobiliers à partir de l’année fiscale 2013. Donc pas uniquement les intérêts et dividendes, mais aussi les droits d’auteur et les royalties. L’exception à cette règle ? Les intérêts et dividendes qui sont soumis au précompte mobilier à 21% et sur lesquels la cotisation supplémentaire est retenue à la source. En dehors de cette exception, il ne sera pas question d’un précompte mobilier libératoire sur les dividendes et intérêts. Cette obligation de déclaration générale des revenus mobiliers ne peut toutefois pas entraîner le prélèvement d’un impôt communal supplémentaire, pour autant que celui-ci n’existe pas dans le règlement existant.

“On fait reposer sur vos epaules une obligation de declaration generale de tous vos revenus mobiliers a partir de l’annee fiscale 2013.”

[ CAPITAL 16 ]

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l e p o i n t s u r la s it u ati o n

Precompte Precompte mobilier mobilier a 2011 partir du 1/1/2012

Compris dans les € 20 020

Cotisation supplemen­ taire de 4%

Communication au point de contact central

Obligation de declaration

Compte à vue

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Compte à terme

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Intérêts d’obligations

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Bon de caisse

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Bon d’État autre que bon d’État Leterme

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Dividende action cotée à la Bourse de Bruxelles avec strip VVPR

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Dividende action émission privée (répondant aux conditions du PM réduit)

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Dividende sicafi non résidentielle belge (option PM réduit)

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Dividende VBS (option PM réduit)

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Dividende pricafs (non issu de plus-values réalisées sur actions)

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Dividende actions de distribution de sicavs belges sans passeport européen

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Dividende actions de distribution de sicavs belges avec passeport européen

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Plus-value réalisée sur la partie à rendement fixe d’un fonds de placement avec passeport européen (> 40 % des avoirs sont des créances + aucune distribution annuelle) (taxe Reynders)

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Branche 21 (si < 8 ans)

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Branche 23 avec garantie morale de rendement et < 8 ans

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Branche 26

15%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Boni de rachat ordinaire

10%

21%

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Boni de liquidation et de partage ordinaire

10%

10%

non

non

oui

oui

Dividende ordinaire

25%

25%

oui

non

oui

oui

Dividende d’actions de distribution de sicavs étrangères sans passeport européen

25%

25%

oui

non

oui

oui

Fonds commun de placement sans ventilation

25%

25%

oui

non

oui

oui

Compte d’épargne avec intérêt > € 1 830

15%

15%

oui

non

oui

oui

Bon d’État Leterme

15%

15%

oui

non

oui

oui

Compte d’épargne avec intérêt < € 1 830

aucun

aucun

non

non

non

non

Dividende sicafi résidentielle belge

aucun

aucun

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Dividende pricafs (issu de plus-values réalisées sur actions)

aucun

aucun

oui

oui

oui, sauf retenue à la source oui, sauf retenue à la source

Branche 21 (si > 8 ans et distribution après 8 ans ou couverture-décès >130 %)

aucun

aucun

non

non

non

non

Branche 23 sans garantie de rendement

aucun

aucun

non

non

non

non

Boni de liquidation et de rachat d’une société d’investissement bénéficiant d’un traitement différent dans le pays du domicile fiscal (et non concerné par la taxe Reynders), p.ex. : - SICAR luxembourgeoise - actions de capitalisation d’une sicaf belge sans passeport européen

aucun

aucun

non

non

non

non

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r e p o r ta g e

K L ARAFESTIVA L 2 0 1 2

ON ’ N I K NOC K OOR D S ’ N E V A HE

“Transmettre une passion c’est ce qu’il y a de plus beau dans la vie”

Comme le veut la tradition, KlaraFestival donnera d’ici quelques semaines le coup d’envoi de la nouvelle saison culturelle. Capital a interrogé pour vous deux sommités du Festival van Vlaanderen : Gérard Mortier, qui y a débuté sa carrière il y a 50 ans et Jan Briers, qui y a succédé à son père comme directeur il y a de cela plus d’un quart de siècle. texte Iris De Feijter | photos Jonas Lampens

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r e p o r ta g e

K

nock knock knockin’ on heavens door. N’allez surtout pas croire que Bob Dylan se produit à l’occasion du KlaraFestival. C’est le thème du volet bruxellois du Festival van Vlaanderen qui a été emprunté à l’icône américaine, ce que certains qualifieront sans doute de sacrilège. N’aurait-il pas mieux valu choisir une belle phrase tirée d’un chant classique, ou une citation d’un compositeur couvert de lauriers ? Pas du tout, d’après Gérard Mortier : « Il ne s’agit pas de faire la distinction entre la musique classique et la musique pop, mais bien entre la bonne et la ‘mauvaise’ musique. Même si je suis passionné de musique classique, j’ai malgré tout un faible pour Bob Dylan, Elvis Presley et les Rolling Stones, autant d’excellents artistes. Lorsque j’étais jeune, je n’ai jamais assisté à un concert de rock et ce n’est pas à mon âge (68 ans) que je vais commencer. Je m’y sentirais parfaitement ridicule, » dit en souriant le directeur artistique du Teatro Real de Madrid. Alors que je me demande si Gérard Mortier sait que Mick Jagger est tout comme lui né en 1943, Jan Briers (58 ans) intervient à son tour : « Le public de KlaraFestival est étonnamment jeune, surtout par rapport à celui des autres festivals de musique classique. C’est sans doute parce que notre look – et donc notre image – est beaucoup plus actuel. »

Un brise-tout a l’oreille musicale La carrière musicale de Gérard Mortier au Festival van Vlaanderen a commencé bien avant l’époque de KlaraFestival. Vers le milieu des années ’60, Gérard Mortier, alors âgé d’une vingtaine d’années, ne savait pas encore vraiment ce qu’il voulait faire dans la vie. « J’ai opté pour le droit, parce que j’adorais le théâtre et que je voulais devenir avocat d’assises. Mais j’ai vite changé d’avis – après avoir assisté à la première autopsie dans le cadre des cours de criminologie, » avoue-t-il en riant. « Au terme de mes études, j’ai décidé de faire une année supplémentaire, section presse et communication. J’ai eu alors comme professeur Jan Briers senior, le père de Jan

et l’une de mes idoles pour avoir créé le Festival van Vlaanderen en 1958. Pour la première fois, son festival attirait en Flandre de vrais grands talents. A 16 ans, j’avais du mal à réaliser que la grande Soprano autrichienne Hilde Güden venait chanter à Gand. Les symphonies de Bruckner dans la cathédrale Sint-Baafs à Gand, cela reste un de mes plus beaux souvenirs de jeunesse. En fait, le choix de ces études en communication était une manière d’entrer en contact avec Jan Briers senior. Lors d’un oral que j’ai passé devant lui, j’ai dû faire assez bonne impression, car peu après il m’a demandé de travailler pour lui. C’était un rêve qui se réalisait ! Pour le Festival, c’était encore l’époque des pionniers. A l’heure du déjeuner, Jan s’attablait devant un plat froid rapporté de la maison et il nous demandait de le laisser seul … Bref, je ne garde que de bons souvenirs de cette époque. Notamment celui d’un voyage à Prague avec Jan, que nous avions entrepris pour attirer en Belgique le Staatsoper pour la représentation de deux pièces de Leoš Janáček, un de mes compositeurs favoris. Nous faisions la route à bord d’une assez vieille voiture, je n’étais pas un très bon conducteur et je me perdais continuellement. » Cela fait bien rire Jan Briers qui intervient : « Mon père avait toujours peur quand Gérard prenait le volant. Il préférait s’installer à l’arrière. Par politesse, Gérard observait constamment mon père dans le rétroviseur, ce qui l’empêchait de faire attention à la route et n’était évidemment pas fait pour arranger les choses. »

Le mot-cle : transmettre Le curriculum de Gérard Mortier n’a rien de classique. Ce fils de boulanger, né dans un quartier populaire de Gand (Muide) a été l’élève d’un collège de Jésuites avant d’obtenir le diplôme de licencié en droit et de faire finalement carrière dans la musique classique. « Je suis un ardent défenseur du principe des Maîtres et des Compagnons du Moyen-Age. Mon premier maître a été mon professeur de rhétorique, Daniël Vandenbunder : le frère d’André Vandenbunder, théoricien renommé du cinéma. Daniël Vandenbunder nous encourageait à être rebelles et à tout remettre

“IL NE S’AGIT PAS DE FAIRE LA DISTINCTION ENTRE LA MUSIQUE CLASSIQUE ET LA MUSIQUE POP, MAIS BIEN ENTRE LA BONNE ET LA ‘MAUVAISE’.”

Bernard Claeys

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en question avant d’accepter quoi que ce soit – un état d’esprit qui a eu un impact très fort sur ma vie. De toute manière, le temps que j’ai passé au collège Sint-Barbara a été décisif pour moi. Les Jésuites nous ont initiés à la musique, aux arts plastiques et à la littérature, mais ils nous ont aussi enseigné l’art de la dialectique. Ils nous ont montré comment élaborer une thèse, développer une antithèse pour arriver à la synthèse. Ils nous ont en outre appris comment argumenter cette thèse, ce qui m’a beaucoup servi dans ma carrière. Je dis ce que je pense, sans vouloir avoir toujours raison. Lorsque mon interlocuteur est d’un avis différent du mien, mais qu’il est capable de le défendre avec des arguments de poids, je l’écoute avec plaisir. Je suis même prêt à modifier mon opinion. » Gérard Mortier cite Jan Briers senior comme le deuxième de ses maîtres, suivi du chef d’orchestre allemand Christoph von Dohnányi et du musicien suisse Rolf Liebermann. « Après cinq années passées au Festival, je tenais à découvrir l’opéra d’un peu plus près. Le Deutsche Oper am Rhein m’a fait une offre, et je suis parti pour Düsseldorf. Mais une fois en Allemagne, Christoph von Dohnányi me demanda si je voulais venir travailler pour lui à Francfort, où il était intendant. J’estimais que l’offre était meilleure et j’ai donc accepté. Plus tard, je suis devenu l’assistant de Rolf Liebermann : l’intendant de l’opéra de Hambourg. Ce sont eux qui m’ont tout appris sur l’opéra. »

Le Maitre Plus tard, Gérard Mortier a lui-même été un Maître. Dès qu’il remarquait un jeune talent, il le prenait sous son aile, le formait et lançait sa carrière. Ce fut notamment le cas de Serge Dorny (directeur de l’Opéra de Lyon), Bernard Foccroulle (ancien directeur de La Monnaie), Louwrens Langevoort (intendant de l’Opéra de Cologne) et de Paul Dujardin (directeur de Bozar). « Gérard, est-ce que tu n’es pas fier de voir quels talents tu as formés? » l’interroge Jan Briers. Gérard Mortier lui répond : « Cela me rend surtout très heureux. Actuellement, je guide quelque 15 à 20 jeunes. J’aimerais par exemple que Serge Dorny aille à l’Opéra de Paris. Je travaille dur dans ce sens et j’ai de bonnes chances d’y arriver. Transmettre des connaissances, c’est terriblement satisfaisant. Je suis capable d’accepter que mes élèves aient d’autres idées que moi et qu’ils utilisent autrement le bagage que je leur ai donné, » affirme Gérard Mortier. « Maintenant que je suis plus âgé, je ressens encore plus qu’avant le besoin de transmettre mes connaissances et mon expérience. A partir de l’année prochaine, je donnerai des séminaires à Oxford et on m’a demandé d’être


r e p o r ta g e

fellow du prestigieux Wissenschaftskolleg à Berlin. En fait, transmettre ce qui est ma passion est ce qu’il y a de plus beau dans la vie. »

D’un poste a l’autre Contrairement à Jan Briers, fidèle au Festival van Vlaanderen depuis près de 30 ans, Gérard Mortier est passé d’un poste à un autre depuis une dizaine d’années. En qualité d’assistant de Rolf Liebermann, il a quitté Hambourg pour Paris lorsque ce dernier y a été nommé directeur de l’Opéra. Deux ans plus tard – en 1981 – Gérard Mortier devenait lui-même directeur de la Monnaie. « J’y étais le premier directeur néerlandophone et le premier à ne pas faire partie de la Loge. Ce fût un beau scandale ! Mais j’ai rapidement réussi à conquérir l’establishment bruxellois. Comment ? En attirant à Bruxelles le public parisien. Ils étaient plus de 200 dans le TGV que j’avais réservé pour l’occasion. Ils ont applaudi à tout casser et les Bruxellois les ont suivis. Malgré tout, j’ai dû me battre pour réaliser mes idées à La Monnaie. J’ai attiré de nouveaux metteurs en scène et lancé de nouveaux chanteurs, tels que José Van Dam qui est devenu une véritable star. » Après dix années passées à La Monnaie, Gérard Mortier est parti pour l’Autriche où il a dirigé les Salzburger Festspiele pendant une décennie. Il a ensuite donné le coup d’envoi de la Ruhrtriennale : un festival d’art et de musique dans la région de la Ruhrs – selon ses propres dires l’une des expériences les plus fantastiques qu’il lui ait été donné de vivre. Fin 2004, Gérard Mortier est nommé directeur de l’Opéra de Paris. « La période la plus prestigieuse de ma carrière, mais aussi la moins intéressante. Vous savez, tous les alpinistes rêvent d’escalader le Mont Everest une fois dans leur vie. Lorsqu’ils atteignent le sommet, ils se rendent compte qu’il n’y a rien à voir, » explique-t-il. Après l’épisode parisien, l’Opéra de New York attendait sa venue, qui ne s’est jamais produite à cause d’une querelle d’argent. Depuis 2010, il est le directeur artistique du Teatro Real de Madrid. Quel a été son plan de carrière ? « Il n’y a pas eu de plan de carrière, je ne raisonne pas en termes de business, mais d’art. D’ailleurs, je suis arrivé à l’âge de la retraite. Je ne dois plus réfléchir à une carrière. Aujourd’hui, je m’occupe uniquement de ce que j’estime être vraiment important. Une attitude qui me fait sûrement rater certaines choses, mais qui me procure en même temps une énorme liberté. »

G e r a r d M o r ti e r

ja n b r i e r s

père, » plaisante Gerard Mortier, même s’il y a une part de vrai dans ce qu’il dit. En sa qualité de « fils de’, Jan Briers junior est tombé tout petit dans la marmite du Festival van Vlaanderen. Pendant la première édition, en 1958, le gamin de cinq ans a été chargé de remettre un bouquet de fleurs à la Reine Elisabeth, venue assister au concert inaugural. Lorsque Jan Briers senior (1919-2007) a pris sa retraite en 1985, junior lui a succédé au poste de directeur. Le père et le fils avaient déjà travaillé un bon moment ensemble auparavant. Cela fait aujourd’hui presque trente ans que Jan Briers jr. travaille pour le Festival. Il ne l’a quitté qu’une fois. En 2002, Bruges était capitale culturelle et Jan Briers a collaboré au lancement du tout nouveau Concertgebouw – très controversé à l’époque. Après un an Jan Briers est retourné à son cher Festival van Vlaanderen, l’œuvre de toute une vie pour son père. A-t-il la même vision que son père sur le festival ? « Pas du tout, ce qui est logique, car les temps ont changé. Mon père était un pionnier. En dehors de NTGent, il n’y avait pas de vie culturelle néerlandophone à Gand à l’époque. Lorsque mon père a organisé ses premiers concerts, tout fonctionnait sur abonnements. Il y avait 500 membres, en fait toute l’intelligentsia flamande. Son ambition a été de les convaincre de l’importance de la culture et de hisser les artistes flamands à un niveau international. Au début, des grands noms internationaux étaient surtout à l’affiche – au grand dam du Mouvement Flamand. Nous n’avions tout simplement pas d’artistes de ce niveau chez nous. Mon père a donc beaucoup investi dans des artistes flamands. Il a notamment financé les premières productions de Collegium Vocale, Anne Teresa De Keersmaeker, La Petite Bande ou Beethoven Academie, etc. Ce sont de grands noms, à l’étranger également, » fait remarquer Jan Briers avec fierté. « Compte tenu de la réputation du Festival van Vlaanderen, nous pouvons nous permettre de prendre plus de risques artistiques qu’avant. Nous programmons parfois une musique moins accessible. »

Commerce est un vilain mot Même si Jan Briers jr. n’a que dix ans de moins que Gérard Mortier, il ne se souvient plus vraiment de l’époque où celui-ci était l’assistant de son père. « Je me souviens seulement de grosses disputes, qui traitaient toujours d’argent. Gérard Mortier dépasse toujours son budget (pensez au trou gigantesque laissé lors de son départ de La Monnaie). Mais c’est justement parce qu’il dépensait plus que ce qui était prévu qu’il est parvenu à mettre la Belgique sur la

Tel pere tel fils « Maintenant qu’il est face à moi, je me rends compte que Jan ressemble de plus en plus à son

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carte culturelle. C’est en repoussant les limites qu’il a fait de La Monnaie l’un des meilleurs opéras au monde. Cet argent supplémentaire s’est après coup révélé un excellent investissement d’avenir. » Gérard Mortier semble effectivement entretenir des liens difficiles avec l’argent. Il s’est même retiré comme directeur du New york City Opera lorsqu’il est apparu que les budgets disponibles étaient décevants. Depuis le début de cet interview, il brûle de nous parler de l‘Adviescommissie’ du ministre flamand de la culture. « Même si je ne reviens en Belgique qu’une fois par mois, je me tiens au courant de la politique

Shakespeare n’est rien à côté de ce qui se passe là. » Jan Briers a lui aussi son idée sur le financement de la culture. « Je ne crois pas que le secteur de la culture recherche des fonds privés parce que les pouvoirs publics ferment peu à peu le robinet. Ce sont là deux choses distinctes. La Flandre est de culture relativement jeune. De ce fait, les entrepreneurs flamands ne sont pas encore fiers de leurs propres produits culturels et sont donc moins enclins à les soutenir. C’est tout à fait différent en France, en Angleterre et en Allemagne, où presque toutes les salles de concert portent le nom d’une entreprise.

avec la Vlerick Leuven Gent Managementschool. Cette grande école a étudié le retour sur investissement de chaque euro dépensé par la ville de Gand pour ses six festivals, dont Film Festival, Gent Jazz et I Love Techno. Par le biais des taxes et des cotisations sociales, €1,60 revient directement aux pouvoirs publics. Sans parler de l’impact économique indirect, notamment via les hôtels, les imprimeurs, les taxis … qui peut faire grimper l’effet économique de cet euro subsidié à … €18. Il y a de quoi se demander pourquoi le secteur de la culture adopte encore une attitude si défensive vis-à-vis des subsides? »

L’avenir est au Japon

de mon pays. Je suis évidemment les discussions portant sur les subsides pour les années à venir. Le système de ces commissions est clairement inspiré du British Council. Ce modèle fonctionne fort bien en Grande-Bretagne, parce que c’est un grand pays, qui compte suffisamment de spécialistes en la matière. Alors qu’en Belgique, ces ‘Adviescommissies’ sont composées presqu’exclusivement de gens qui travaillent pour un organisme culturel. Cela n’entraîne pas seulement un conflit d’intérêts, mais aussi des intrigues et de la jalousie. Je connais certains de ces membres et je peux vous le dire : un drame de

Mais j’ai remarqué que les choses commencent à bouger. Prenons l’exemple des ports. Anvers pompe beaucoup d’argent dans deSingel et Gand sponsorise les cinq grands temples de la culture, dont De Bijloke. Peu à peu, les entrepreneurs prennent conscience que l’art et la culture peuvent avoir un effet positif pour l’image de la Flandre. Notre région profite ainsi d’un boost économique, » commente Jan Briers. « Dans le secteur culturel, ‘commerce’ est toujours un vilain mot. Je tiens précisément à étudier au maximum les effets économiques de la culture. C’est la raison pour laquelle j’ai travaillé

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Reste une dernière question, qui interpelle : quid de l’avenir de l’opéra ? Le genre est-il appelé à disparaître ou les nouveaux médias comme internet et le cinéma apporteront-ils la solution ? Gérard Mortier : « Tous les médias qui communiquent sur l’opéra me semblent intéressants, mais ce ne sont pas eux qui sauveront le genre. A dire vrai, je suis plutôt pessimiste actuellement quant à l’avenir des secteurs artistiques typiquement européens. Lorsque je parle d’opéra aux étudiants à l’université, la plupart d’entre eux sont enthousiastes, même s’ils n’en connaissent pas les bases. Certains étudiants ignorent même qui est Faust. Face à de telles lacunes, la tâche me semble très difficile. A mon avis, l’avenir de la musique classique européenne se situe au Japon. Je connais assez bien ce pays et le citoyen lambda y possède de solides connaissance dans ce domaine. » Si la musique classique se perdait chez nous, qu’arriverait-il au KlaraFestival ? Jan Briers : « Nous préparons activement l’avenir. Je suis persuadé que nous serons le premier festival web d’Europe. Indépendamment de la salle de concert et de la radio, nous voulons toucher un nouveau public, uniquement intéressé par internet. A l’origine, nous nous opposions au streaming parce que visionner un concert sur un ordinateur portable est généralement fort ennuyeux, mais il existe à présent une nouvelle caméra, formidable et qui filme à 360˚ en continu. Cela permet à l’internaute de décider pendant tout le concert de ce qu’il veut voir : l’orchestre en entier, la réaction du public ou un close up de la pianiste. De cette manière, le streaming devient beaucoup plus intéressant. » Pourquoi cette technique ne pourrait-elle pas sauver l’opéra au 21ème siècle ? KlaraFestival, du 31 août au 14 septembre 2012. Pour tous renseignements et pour réserver vos entrées, surfez sur www.klarafestival.be


evenements

n et wor k i ng

Que vaut une planification financière optimale si on ne peut en profiter et échanger ses idées avec ses semblables ? Voilà pourquoi Optima Banque organise régulièrement des événements pour ses relations, afin de nouer des contacts et de discuter librement de questions financières et autres. PHOTOS PhiLippe Buissin et Thomas Vanhaute

Le rallye optima

Le temps qui passe : montres et planification successorale

Admirer la nouvelle collection de montres Hublot et récolter un maximum d’informations sur son avenir financier. Tel était le programme de la soirée gantoise organisée le 22 mai dernier par l’horloger Hublot en collaboration avec Optima Banque. « A qui léguer votre montre Hublot ? A vos enfants ou au fisc ? » Une question traitée en trois temps par Jeroen Pieters, Senior Financial Consultant chez Optima Banque. Et par trois fois, sa séance d’information a captivé son public. Le traiteur C. Beaumont avait prévu des rafraîchissements et des mets aussi originaux que délicieux. Et il restait évidemment assez de temps pour admirer le design si caractéristique de la toute récente collection Hublot.

Le dimanche 22 avril 2012, la deuxième édition du Rallye Optima a quitté Bruxelles à destination du Limbourg. Si le temps n’était pas au beau fixe, l’ambiance était géniale. La journée a débuté avec un petit déjeuner à Autoworld Bruxelles, après quoi une quarantaine de voitures de collection et de modèles d’exception ont sillonné les magnifiques routes du Limbourg. Le parcours s’est terminé sur le légendaire Circuit de Zolder. La date du rallye n’a pas été choisie au hasard, puisque ce jour-là, le cœur du circuit de Zolder battait au rythme de l’événement international « Grand Tourisme », comptant trois moments inoubliables : le Championnat du monde FIA GT1, le spectaculaire Supercar Challenge et le nostalgique Belgian Historic Cup. L’après-midi, les participants au Rallye Optima ont pu suivre les compétitions dans la loge VIP d’Optima Banque. Et ceux qui le souhaitaient ont eu une occasion unique de faire vibrer cet asphalte mythique sous leurs roues. Un dimanche inoubliable, grâce à nos partenaires : le Circuit de Zolder, Autoworld, Maserati, Carrera Motors, Heursel, Bell & Ross, VAB, Outré et Fleet TV.

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MOBILITE

FISKER KARMA

(r)EVOLUTIon de PALaIS Si le nom de la Fisker Karma n’évoque guère le style ou l’art de vivre, ce léger défaut est amplement compensé par l’apparence voluptueuse et le caractère accommodant de cette berline à moteur électrique. TEXTE Bart Lenaerts PHOTOS Lies De Mol

Ce que les experts avaient annoncé est en train de se produire : si la mobilité automobile doit un jour vivre une révolution, elle se produira de la manière la plus inattendue. La taille des grands

constructeurs leur enlève toute flexibilité, tandis que la voiture en tant que telle a atteint un niveau de perfection qui laisse peu de place à de nouvelles avancées. Heureusement, nous pouvons

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compter sur l’imagination, l’esprit d’entreprise et l’ambition de personnalités comme Henrik Fisker.



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“Les voitures electriques symbolisent immanquablement la mauvaise qualite, l’absence d’emotions et meme la laideur. C’est par cette breche que Fisker s’est glisse dans le marche.”

’industrie de masse ne flirte qu’à contrecœur avec les véhicules électriques, qui n’intéressent pas grand-monde. Mais cet entrepreneur danois a ancré son modèle d’entreprise à la voiture électrique et aux tendances écologiques qu’elle symbolise. Ce ne fut pas facile. Même pour un designer automobile futé, qui est allé chercher son bonheur et ses fonds en Californie. Il a fallu à Fisker plus de cinq ans pour traduire sa vision en réalité : la première berline prestigieuse qui embrasse la « nouvelle mobilité », sans tomber dans des clichés amers ou mesquins.

Double jeu Les voitures électriques symbolisent immanquablement la mauvaise qualité, l’absence d’émotions et même la laideur. C’est par cette brèche-là que Fisker s’est glissé dans le marché. Pour lui, pas question de rouler dans un grille-pain au sex-appeal comparable à des toilettes mobiles. Il a imaginé une quatre-portes élégante, confortable et voluptueuse, qui respire la joie de vivre. La beauté de la voiture est à couper le souffle. Et ce n’est pas

une surprise si l’on se souvient que Fisker a sorti de son crayon la séduisante BMW Z8 et toute une série d’Aston Martin. Depuis qu’il navigue sous son propre pavillon, il a développé un nouveau langage, très personnel, qui a donné naissance à une sorte de Maserati Quattroporte sublimée. Les lignes élégantes sont tout sauf subtiles et les proportions confinent à peine à la caricature. La voiture est aussi longue qu’une Mercedes Classe S, aussi large qu’un Hummer et aussi basse qu’une Lamborghini. De plus, l’arrière est tellement sensuel qu’il en devient presque obscène – plutôt Marilyn Monroe que Betty Boop – tandis que la forme de certains détails est par trop explicite. On lui pardonne ces excès, comme on pardonne son style optimiste à un Américain parce qu’il fait preuve d’une belle constance dans sa manière d’aborder la vie. Le remarquable jeu de lignes camoufle subtilement les dimensions impressionnantes de la voiture, remplie à ras bord de technologie de pointe. Outre un jeu de batteries lithium-ion logé dans la console centrale, elle est dotée de deux puissants moteurs électriques 200 ch qui entraînent les roues arrière, ainsi que d’un moteur essence 4 cylindres 2,5 litres de 260 ch. Comme dans l’Opel Ampera, ce dernier agit comme un prolongateur d’autonomie (rangeextender) qui entre en action lorsque les batteries sont déchargées. Mais contrairement à l’Opel, ce moteur à combustion interne n’entraîne jamais directement les roues : il ne fournit de l’électricité neuve que pour permettre à la Fisker de poursuivre tranquillement son chemin. Et, autre différence avec l’Opel … la Fisker offre un réel plaisir de conduite.

Plus de files a la pompe ! Ce plaisir ne vient pas d’un moteur à explosion qui hurle dans vos tympans, mais bien d’une force généreuse, quasi irrésistible, en apparence sans émotion, et qui se libère progressivement. Cette sensation se révèle surtout dans le stealth modus, aussi silencieux qu’un chuchotement, puisque la Fisker est entraînée par la seule force électrique. Elle engloutit alors le sprint de 0 à 100 km/h en moins de 8 secondes, avec une vitesse de pointe de 153 km/h. En mode sport, c’est le moteur à explosion qui est mis à contribution, et qui propulse les 2,5 tonnes de la Karma à 100 km/h en moins de 6 secondes pour atteindre

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une vitesse de pointe de 200 km/h. De quoi combler tous les rêves d’un humanoïde du XXIe siècle. La cerise sur le gâteau, c’est que la Fisker combine ces prestations robustes avec une déconcertante (faible) consommation et une quasi absence d’émissions de CO2. Officiellement, elle n’a besoin que de 2,4 l d’essence pour parcourir 100 km en combiné, et n’émet que 53 g de CO2 par kilomètre. Aucune Prius ou Smart ne fait mieux. Pourtant, ces chiffres sont avant tout théoriques. La réalité dépendra de la manière dont vous conduisez votre Fisker. Si vous prenez le temps de la recharger complètement pendant 8 h entre chaque utilisation, vous ferez 70 km sans utiliser une seule goutte d’essence, sans émettre un gramme de CO2, et sans même dépenser un centime d’euro si votre électricité provient de panneaux solaires ou d’énergie éolienne. Il vous faudra aussi laisser votre conduite sportive au vestiaire. De nombreux banlieusards pourraient ainsi

éternellement passer à côté des stations d’essence sans jamais devoir s’y arrêter, sauf peut-être pendant leurs vacances. Personne ne trouvera ailleurs voiture plus captivante, plus écologique et plus abordable. Mais si vous faites tous les jours des centaines de kilomètres pied au plancher, ou que vous n’avez pas envie de brancher chaque fois la prise, vous serez mieux avec une Audi A7 ou une BMW série 6 diesel.

Boite a musique Fisker est un constructeur de taille relativement modeste, qui en est encore à ses premiers pas. Pourtant, la Karma témoigne d’ores et déjà d’une

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“ Vous faites tous les jours des centaines de kilometres pied au plancher, ou vous n’avez pas envie de brancher chaque fois la prise ? Vous serez mieux avec une Audi A7 ou une BMW serie 6 diesel.”


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grande maturité : d’une belle tenue de route, elle offre un bon compromis entre conduite sportive et confort, même si elle est trop grande et trop lourde pour permettre des envolées ultra-sportives. Mais cela, de toute façon, personne ne s’y attend. Elle est surtout agréable en mode stealth où elle est parfaitement silencieuse. Une Bentley ne fait pas mieux. Seul un impatient pourrait être dérangé par sa relative lenteur. Si vous voulez rouler plus vite, il suffit de combiner le moteur électrique avec le moteur à essence et les laisser jouer ensemble en harmonie. La voiture consommera plus, mais vous disposerez ainsi d’une autonomie de 500 km. Tout cela peut sembler plus compliqué sur papier que ce ne l’est dans la réalité. Dans la pratique, il vous suffira simplement de mettre les gaz et de jouir du moment. La transition entre les deux modes de propulsion se fait de manière tellement subtile que la plupart des conducteurs ne le remarquent même pas. Là où elle passe, la Fisker suscite l’enthousiasme des passants qui n’ont pas à subir d’émissions malodorantes. Il faut dire qu’elle est pourvue de ces pots d’échappement latéraux détestables qui affublent aussi la Cobra ou d’autres monstres tonitruants made in USA. Mais ici, il n’en sort que de tous petits nuages d’air pollué lorsque la batterie est à plat, ou même rien si vous roulez gentiment à l’électricité. Jusqu’à 50 km/h, l’échappement produit tout de même une petite ritournelle artificielle, un peu irritante, qui informe les piétons nonchalants que vous approchez. Ensuite, on perçoit le bruit de rotation des pneus, aussi larges qu’un cylindre de laminoir.

Fisker ne pouvait pas créer une voiture sans la parer de quelques trouvailles écologiques, comme des pétales de magnolia sculptés en matière synthétique. Des panneaux solaires sur le toit donnent à la voiture un petit air high tech et fournissent gratuitement du courant pour l’air conditionné et l’électronique de bord. En fonction du niveau d’équipement que vous aurez choisi, vos sièges seront recouverts de cuir provenant de vaches écossaises ayant passé leur vie au grand air (Ecosport) ou d’alcantara aussi doux que des fesses de bébé, fabriqué sans matières d’origine animale (Ecostandaard ou Ecochic). Aucun arbre n’a été abattu pour la construction de cette voiture. Le tableau de bord est fabriqué à

“A l’interieur, la Karma est un palais de bon gout, a l’exception du volant disgracieux et du logo, quelque peu grotesque.”

What’s in a name ? A l’intérieur, la Karma est un palais de bon goût, à l’exception du volant disgracieux et du logo quelque peu grotesque imitant un lever de soleil en Californie. La finition n’est pas partout identique, mais n’empêche pas l’habitacle de ressembler davantage à un écrin. Fisker ne s’est pas seulement penché sur la motorisation : question habillage, l’habitacle ouvre de nouveaux horizons. Le tableau de bord minimaliste, aux lignes épurées, est une heureuse (re)découverte, au moment où la plupart des voitures de luxe foisonnent d’innombrables boutons et de toutes sortes de gadgets. Vous vous sentez immédiatement chez vous dans les sièges bien dessinés, la climatisation fonctionne à merveille, la radio et la navigation font simplement ce qu’on attend d’elles.

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partir de bois mort d’acajou ramassé dans les forêts de Californie ou de chênes dénichés au fond du Lac Michigan. Fisker sort grandi de n’avoir pas abusé de cette sorte d’ingéniosité. Rien de « vert », et aucune appellation alambiquée qui vienne rappeler ses atouts écologiques. Cette voiture existe par elle-même.

Il faut souffrir pour etre belle Parce qu’elle est bourrée de technologie, son coffre est loin d’être dimensionné pour les bagages de

même si la Karma accuse un sérieux retard quant aux fonctions qui hissent la sécurité ou le bien-être à un niveau supérieur. Ici, pas de système sophistiqué de conduite assistée, de vision nocturne, d’affichage tête haute, de régulateur de vitesse adaptatif, d’écran télé intégré, … Ce n’est pas un déshonneur. Même des marques comme Maserati ou Aston Martin sont larguées par cette évolution électronique vertigineuse. Comme Fisker, les Italiens et les Britanniques compensent amplement ce défaut par une image exclusive et des qualités de conduite uniques.

Une belle alternative

quatre personnes, et à l’arrière, l’espace est assez limité. Un adulte de plus d’un mètre quatre-vingts n’y survivra que quelques minutes. Tel est le prix de l’écologie. Au passage à la caisse aussi, cela se fera sentir. Pour le modèle de base Ecostandaard, vous paierez minimum € 103 500. Pour l’Ecochic, qui est aussi la mieux équipée, il vous faudra sortir € 119 185 de votre portefeuille. Mais au diable la pingrerie ! Grâce à ses faibles émissions de CO2, cette championne de la mobilité verte jouit même d’une déductibilité fiscale de 100%, et les autorités ne comptent que 4% d’avantage de toute nature … même si vous ne la branchez jamais à la prise de courant et que vous consommiez alors autant d’essence que n’importe quel autre automobiliste. L’offre d’options est réduite à la portion congrue, et c’est une bonne chose. Les trois grands constructeurs allemands peuvent en prendre de la graine,

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Fisker a parfaitement compris qu’il ne suffit pas de respecter l’environnement pour séduire le chaland. À l’exception de quelques rares early adapters, les acheteurs veulent de la qualité et surtout du plaisir et de l’image pour leur argent. Voilà exactement ce qu’offre la Fisker Karma. Elle n’est pas faite pour les gens qui dévorent des centaines de kilomètres par jour, mais un chef d’entreprise soucieux de la nature et de sa propre image et dont le trajet quotidien n’excède pas quelques dizaines de kilomètres ne trouvera pas de meilleure alternative, pas de berline plus belle, plus agréable et plus excitante. Et pourtant, en dépit de cette approche rafraîchissante, la Karma ne représente pas une vraie révolution. Elle devrait pour cela s’écarter davantage des sentiers battus. Mais c’est tout aussi bien. Trop souvent, les amateurs de voitures sont conservateurs, ce qui transforme souvent les inventions révolutionnaires en fiasco commercial. La Fisker est beaucoup plus intelligente ! Simple­ ment époustouflante, elle est l’incarnation du bon goût et de la pensée progressiste sur quatre roues. Elle sort suffisamment des limites pour être captivante, sans créer de véritable rupture. Mais son prix est hélas trop élevé et son offre trop limitée pour véritablement marquer la mobilité de son empreinte. Quoi qu’il en soit, la Karma a tout en main pour devenir le jouet préféré des entrepreneurs de bon sens et aux bonnes intentions, qui ne veulent pas se traîner sur la voie de droite dans une Toyota Prius en mode Eco. Le monde ne peut que se réjouir de cette évolution.


UN C L I EN T R A C ON T E

L e l i m b o u r g e o i s R e n e M a t h e i , c o n s e i ll e r e n g e s t i o n d ’ e n t r e p r i s e e t p r o f e s s i o n n e l d e s v o y a g e s e n b a ll o n

profil : Qui René Mathei (58 ans) habite à Heers, petit village situé entre Saint-Trond et Tongres.

quoi Il travaille la moitié de l’année comme expert pour une multinationale et l’autre moitié comme pilote de montgolfière.

ou www.admiralballooning.be

Un pilote d’aerostat qui a le vertige Imaginons : vous avez un métier très prenant et parallèlement, votre hobby vous prend de plus en plus de temps. Dans ce cas, nous vous proposons d’imiter René Mathei, qui a échangé son poste de directeur dans une multinationale pour un statut d’indépendant. Depuis, il est conseiller en gestion d’entreprise l’hiver et dès que les beaux jours reviennent, il redevient pilote de ballon professionnel. Grâce à Optima Banque, cet entrepreneur limbourgeois envisage l’avenir avec sérénité. TEXTE Iris De Feijter PHotoS Rudi Van Beek

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Changement de corbillon fait trouver le pain bon. Mais ce pain, il faut aussi le gagner, » dit l’entrepreneur limbourgeois René Mathei, tout sourire. Il sait de quoi il parle : six mois de l’année, il est conseiller en gestion d’entreprise et les six autres, il est pilote de ballon. « Quand revient le printemps, je suis heureux de voir la saison des vols en ballon redémarrer, ce qui me permet d’emmener mes passagers vers le septième ciel. Il faut dire que j’adore ce que je fais, mais après un temps, la routine reprend le dessus. Six mois plus tard, je remise le ballon pour l’hiver et je retrouve mon bureau. Lorsque la saison automne-hiver revient, je travaille comme conseiller pour Belfor, une multinationale spécialisée dans la réparation d’appareils suite à des

dégâts des eaux ou des incendies. Dans ce cadre, je réalise des expertises en Belgique comme à l’étranger. Cet hiver, j’ai notamment passé deux mois à Bangkok, » déclare René Mathei. Ingénieur de formation, il a travaillé pour plusieurs multinationales au terme de ses études. Il a occupé différents postes à responsabilité pour terminer comme directeur. Un métier particulièrement prenant et qu’il avait de plus en plus de mal à associer à sa grande passion : la navigation en montgolfière. « Un directeur est un salarié lui aussi. Mes journées de travail étaient très longues et je n’étais pas libre de mon temps. J’avais donc trop rarement l’occasion de naviguer. C’est la raison pour laquelle j’ai cherché un poste plus flexible. Pour moi, le statut d’indépendant s’est avéré la meilleure solution. »

Un impressionnant silence Cela fait plus de dix ans que René Mathei a dit adieu à son poste de directeur, une décision qu’il n’a jamais regrettée. « L’alternance me convient parfaitement. En outre, mon entreprise s’est considérablement développée ces dernières années. Je suis parti de rien et aujourd’hui, le chiffre d’affaires est tout à fait satisfaisant. J’assure seul la tâche de conseiller, tandis que mon épouse gère avec moi l’entreprise de navigation en ballon – baptisée Admiral Ballooning. Après tout, c’est à elle que je dois ma passion des ballons. Il y a longtemps, j’avais eu l’idée de lui offrir un voyage en montgolfière pour son anniversaire. A cette occasion, j’ai goûté à la chose et j’ai été conquis d’emblée. Alors que je suis sujet à un

“Pour moi, le statut d’independant c’est avere la meilleure solution.”

terrible vertige, sur une échelle ou au sommet d’un gratte-ciel ! Fort heureusement, cette angoisse disparaît dès que l’on perd tout contact avec la terre. Il n’y a pas de vertige en ballon, car il ne subit aucune vibration, » commente-t-il. L’espace aérien le fascine et s’il est également pilote d’avion et d’hélicoptère, un voyage en montgolfière est le nec plus ultra à ses yeux. « L’aventure est bien plus grande et on est beaucoup plus proches de la nature. Le décollage et l’atterrissage ont lieu dans un champ, alors qu’avec un avion, il faut passer par un hangar, ce qui ne fait pas vraiment rêver. En avion, le contact avec les passagers se limite le plus souvent à : « Ladies and gentlemen, this is your captain speaking, bla bla bla … » Lors d’un voyage en ballon, je suis littéralement entouré de mes passagers. La crainte éprouvée par certains d’entre eux en début de vol est vite remplacée par l’euphorie. Il faut dire que le silence est impressionnant pendant la navigation. Je vous assure, ceux qui n’ont jamais vécu un voyage en ballon n’imaginent pas ce qu’ils ratent.’ Dès que René Mathei a découvert la navigation en ballon, il s’est mis à rêver de sa propre montgolfière. L’investissement était important, mais après une période de réflexion – et d’épargne – , le couple a acheté son premier ballon. « C’était un tout petit modèle, qui a bientôt été suivi d’un autre un peu plus grand, puis d’un troisième, plus important encore. Aujourd’hui, nous possédons deux grosses

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montgolfières : un avec une nacelle de 6 personnes et un autre pour 12 personnes. Admiral Ballooning ne s’adresse pas seulement aux particuliers, mais aussi aux entreprises. Un vol en montgolfière, c’est l’incentive idéal . » René Mathei vit dans le Limbourg, ce qui est bien commode : en effet, des zones d’atterrissage adéquates sont indispensables pour la navigation en ballon. « Dans le sud du Limbourg surtout, on compte encore beaucoup de terres cultivables, idéales pour l’atterrissage. Dans le Nord, plus boisé, il faut chercher plus longtemps l’endroit qui convient. Etant donné que je navigue souvent dans la même région, je remarque le moindre changement dans le paysage. Je n’ai pas de préférence quant aux saisons : chaque période de l’année a

Optima Banque

Thomas Weyts Manager Estate Planning

expertise

L’audit, base indispensable d’un plan financier global Ces dernières années, la crise financière et la volatilité des marchés financiers ont fait couler beaucoup d’encre, notamment à propos des risques pris ou à prendre par des investisseurs particuliers. En effet, de très nombreux investisseurs ont constaté à leurs dépens qu’ils avaient acheté des produits ne correspondant pas vraiment – ou même pas du tout – à leur profil. Sans parler de leur connaissance du produit. On connaît les suites. Une prise de conscience des risques qui remet la relation client/conseillers au centre de toutes les préoccupations. Le besoin de conseils et de suivi dans la perspective du client n’a en effet jamais été aussi grand.

‘Financial Planning Audit’, soit un rapport très élaboré dans lequel la situation de chaque client est analysée dans les moindres détails. Ce faisant, nous posons également certaines questions que le client ne s’était peut-être pas encore posées, du type ‘vais-je parvenir à maintenir mon niveau de vie après l’âge de la retraite ?’. Ce n’est que lorsque nous connaissons vraiment notre client que nous pouvons amorcer une planification financière réussie. En profondeur

L’audit ne met donc pas seulement en carte la situation actuelle du client. Nos auditeurs, forts de l’expérience acquise avec des milliers de dossiers, mettent également le doigt sur les éventuels points faibles (évaluation de la portée financière d’un décès, maintien du niveau de vie après la mise à la retraite, optimisation de la forme juridique de la société, etc. …). Nous évaluons comment optimaliser cette situation, après quoi nous réalisons une simulation la plus détaillée possible de l’avenir du client. Un outil logiciel unique a été développé spécialement dans ce but, permettant à nos fiscalistes de travailler ‘plus en profondeur’ sur chaque dossier – en collaboration avec un certain nombre de spécialistes externes ou avec les conseillers attitrés du client. Il n’existe pas deux dossiers clients semblables, et le profil d’un investisseur évolue par ailleurs avec sa situation. Notre plan financier pour un client de 60 ans ne sera pas le même que pour une personne ayant le même profil, mais dix ans de moins.

Client approach L’essence même de la planification financière part de la situation du client (‘client approach’) et non du produit à écouler. Chez Optima Banque, nous estimons qu’une planification personnelle financière et fiscale, réalisée par des juristes, des économistes et des licenciés en notariat, constitue la seule base valable d’une constitution de patrimoine correctement suivie. Et ce pas seulement en ce qui concerne le patrimoine, puisque les revenus, la (future) pension et la succession de chaque client y sont indissociablement liés. Comme précisé ci-contre, nous n’hésitons donc pas, en toute logique, à faire appel à des spécialistes externes pour étudier le dossier individuel d’un client. Les services proposés par Optima Banque sont donc toujours basés sur le

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son charme et ses coloris propres. Et je ne parle pas seulement des verts tendres du printemps ou des ors de l’automne. Les nuances sont innombrables, » l’enthousiasme de René Mathei est contagieux. « Comme vous pouvez le constater, j’éprouve autant de plaisir que mes passagers à chaque voyage. Je m’y donne corps et âme. J’ai tant de chance d’avoir réussi à faire de ma passion un métier. »

“Les rendez-vous avec Optima Banque m’ont force a trancher.” L’effet domino Même si René Mathei est satisfait d’avoir créé sa propre entreprise, cela l’oblige à gérer bien plus de choses qu’à l’époque où il était encore un salarié, toutes sortes de corvées administratives pour lesquelles un peu d’aide serait la bienvenue. « Je n’avais encore jamais entendu parler d’Optima avant de trouver il y a un an ou deux un prospectus dans ma boîte aux lettres. Il était assorti d’une invitation à une séance d’information organisée à Bilzen. Je m’y suis rendu avec mon épouse et nous avons rapidement été convaincus au vu des services proposés par Optima. Auparavant, je m’étais toujours adressé à ma banque – à l’instar de tant d’autres – lorsque j’avais besoin de conseils. Mais les banquiers ne vendent évidemment que leurs propres produits. Optima Banque n’a pas de parti pris, une indépendance qui force la confiance. Optima Banque ne nous conseille pas son produit, mais bien le meilleur produit et j’estime qu’il est normal qu’ils en profitent eux aussi, » commente René Mathei. « Nous avons donc signé un contrat, après quoi notre planner, Gunter America, a récapitulé tous les faits, afin que nous sachions exactement où nous en étions. En clair : combien nous possédions, ou ne possédions pas. Nous avions bien une petite idée de l’importance de notre capital et de nos placements, mais nous avons malgré tout été étonnés en voyant le tout noir sur blanc et en visualisant le calcul final. Gunter nous a également confrontés à quelques réalités moins agréables. Notamment au fait que d’après les statistiques, je n’avais plus que 20 ans d’espérance de vie. Après quoi il m’a demandé si je m’étais préparé à une telle éventualité. J’y avais bien sûr déjà pensé, mais

n’avais encore pris aucune mesure concrète. Même chose dans plusieurs domaines : j’ébauchais une solution, avant de remettre la chose à plus tard. Les rendez-vous avec Optima Banque m’ont forcé à trancher. Une fois cet ‘inventaire’ terminé, nous sommes passés aux choses sérieuses. Gunter nous a indiqué la voie à suivre pour assurer les quatre piliers – revenus, patrimoine, pension et succession. Le plus difficile, c’est le fait qu’ils soient tous liés et que chaque modification entraîne de sérieuses conséquences. Un investissement a été à l’origine de la question de la succession. En effet, notre fille souhaite reprendre l’entreprise dans l’avenir. Pour cela, il nous a fallu modifier notre contrat de mariage et avant de passer à cette étape, les statuts de l’entreprise ont dû être adaptés. Autant de changements enregistrés devant notaire. Cela a pris du temps et de l’argent, mais une fois que tout a été réglé, j’ai été soulagé de voir que nous étions parés à toute éventualité. A présent, je peux dormir tranquille. »

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Client d’Optima banque, vous aimeriez retrouver votre histoire dans Capital ? C’est tout a fait possible. Chaque trimestre, la redaction de Capital selectionne l’un d’entre vous et notre photographe vient vous rendre visite. N’HESITEZ PAS A NOUS POSER VOS QUESTIONS OU A NOUS FAIRE PART DE VOS REMARQUES SUR : CAPITAL@OPTIMA.BE


L O I S I RS

nos e x pert s on t c hoisi pou r vous

les

délices de la v o ya g e s

gastronomie

c u lt u r e

Il semblerait que le Belge épargne dans de nombreux domaines, mais pas dans celui des loisirs. C’est la raison pour laquelle Capital a recueilli des conseils auprès de quatre épicuriens pour l’été. Découvrez les petites merveilles qui n’attendent plus que vous. Car il faut bien dire que le bien-être – qu’il s’agisse de voyages, de gastronomie ou de culture – vaut aussi son pesant d’or !

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voyages L ES C o n s e i l s d e d e bb i e pa p p y n, j o u r n a l i s t e v o y a g e s

 www.asteriaexpeditions.be

Nou v elle-Guinee

Grand festival de Papouasie snorkeleurs. Asteria Expeditions part en Papouasie Nouvelle-Guinée au meilleur moment de l’année : celui du festival Sing Sing, un des plus remarquables au monde, qui a lieu à Goroka, à l’intérieur des Highlands. Il s’agit d’un spectacle unique de danses et de chants traditionnels, auquel participent plus de 100 tribus locales. Des milliers d’habitants convergent dans la ville du festival. Asteria Expeditions s’est déjà rendu plus de 30 fois dans ce pays inconnu et propose ce voyage de 13 jours, en septembre, à partir de € 6 690, vols internationaux compris.

En septembre, partez avec le tour opérateur belge Asteria Expeditions et participez à l’un des événements culturels les plus importants de cette partie encore vierge du monde. Ce n’est pas pour rien que ce voyage fait partie de la catégorie « voyages hors de l’ordinaire » : la Papouasie Nouvelle-Guinée demeure l’une des régions les moins connues et les moins touristiques au monde. C’est une destination exceptionnelle, qui combine une offre culturelle très riche avec une nature fantastique et un océan Pacifique bleu azur qui séduira les plongeurs et les

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l’Amerique du Nord  cabotlinks.com / capebretonisland.com

Austr a lie

En « Outback-Express » Un nouveau circuit ferroviaire à bord d’un des plus beaux trains de l’hémisphère sud démarre d’Adélaïde et traverse quatre Etats australiens avant d’atteindre sa destination finale, Melbourne ou Brisbane. Au fil de ses 2 810 km de parcours, le Southern Spirit roule pendant six jours. Vous pourrez découvrir l’impressionnant Outback australien, mais aussi la rivière Murray, plusieurs parcs nationaux ainsi que des domaines viticoles, toutes les visites étant comprises dans le prix. Les Whistle Stop Tours vous font découvrir en chemin les plus beaux endroits de la région traversée par le Southern Spirit. Le train ne propose que deux classes : Or ou Platine, qui offrent toutes deux le meilleur des voyages en train Down Under. Ce rêve sera à votre portée à partir d’environ € 3 370 par personne, tout compris à l’exception du vol. Vous pouvez rejoindre Melbourne au départ de Bruxelles avec Etihad Airways, à partir de € 4 986, taxes comprises. Pour ce prix, vous bénéficiez d’un service limousine entre votre domicile et l’aéroport, à Bruxelles et à Melbourne, à l’aller comme au retour.

Jouer au golf sur la plus belle île Le magazine international de voyages Travel & Leisure a élu le Cap Breton, dans la province canadienne de Nouvelle-Ecosse « plus belle île d’Amérique du Nord ». Et ce n’est pas fini ! Les amateurs de golf sont convaincus que le tout nouveau Cabot Links Golf trouvera très vite sa place parmi les plus beaux 18 trous du monde. Jouissant du calme légendaire de la Nouvelle-Ecosse, une province de l’est du Canada, Cabot Links est l’œuvre du Canadien Rod Whitman. Le lieu, situé sur la côte ouest de l’Ile du Cap Breton, est sensationnel, avec sa vue imprenable sur l’océan sauvage. Les trous 13 et 16 sont actuellement en compétition pour le titre de plus beau « signature hole ». Ils entourent la ligne de côte et se confondent avec les plages immaculées, couleur perle. La cerise sur le gâteau, c’est le charmant village d’Inverness, situé à proximité du parcours, et parfait pour une petite soirée après une partie éreintante. A proximité du golf, on trouve aussi un hôtel, et de magnifiques balades vous attendent le long de la côte sauvage du Cap Breton. Vous pourrez également faire une petite halte dans une distillerie de whisky ou dans un charmant restaurant pour vous y régaler de crabe pêché localement ou d’autres trésors culinaires de l’Atlantique.

 www.greatsouthernrail.com.au / réservez via www.aussietours.be

 www.hotel-Angelou-leros.com

l a grece

Logis de charme en Grèce La plus jolie maison d’hôtes – sans doute aussi la plus secrète – du Dodécanèse est une villa vieille de plusieurs siècles, nichée au cœur de la nature, sur la charmante île de Leros. La maîtresse de maison, la charismatique Marianna Angelou, a hérité de cette maison de vacances de son arrière-grand-mère, et la gère avec passion et une certaine dose d’entêtement. La maison n’a que huit chambres, toutes décorées dans un style propre. Certaines offrent, de leur balcon, une vue sur le magnifique jardin, avec la mer pour horizon, tandis que d’autres jouissent de la fraîcheur du rez-de-chaussée et sont décorées de bibelots antiques de grande valeur. Marianna est connue pour ses petits déjeuners pantagruéliques où les confitures fraîches rivalisent avec les délicieuses tartes et les pains faits maison. Sa cuisine est son repaire secret où elle prépare ses délicates pâtisseries pour ses hôtes. Une clientèle raffinée se retrouve dans ce lieu magique, le plus souvent pour profiter du calme, mais aussi de la plage et des petits villages de l’île, que l’on peut rejoindre à pied. On peut se rendre à Leros très facilement à partir de Patmos ou de Kos, et cette escale peut se combiner avec la visite d’autres îles proches encore plus secrètes, comme Arki, Fourni et Marathi, où les luxueux yachts de la jet set internationale viennent jeter l’ancre. A partir de € 80 par nuitée.

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gastronomie L ES C o n s e i l s d e PETER GOO S S EN S , HOF VAN C L EVE

 www.steirereck.at

Steirereck – V ienne

Des révolutionnaires mesurés Dans le cœur vert du Stadtpark à Vienne, au calme et sous les arbres se cache le restaurant deux étoiles Steirereck. Le père, Heinz Reitbauer, en est le propriétaire, le fils, Heinz junior, officie en cuisine. Steiereck signifie le coin de Styrie, une province du Sud de l’Autriche. Si les plats font appel à des produits de la région, ils n’ont rien de traditionnel. Le restaurant Steirereck a remporté cette année le Slow Food UK Award et il figure en onzième position sur la liste des 50 Meilleurs Restaurants du Monde, ce qui veut dire qu’il a gagné onze places par rapport à l’année dernière ! Qualifiés de ‘low key revolutionary’ par le jury, le père et le fils hissent haut les couleurs d’une cuisine autrichienne oubliée et confondante de simplicité.

Septime – Pa ris

 www.septime-charonne.fr

Pas besoin de trucs C’est à Paris que le chef Bertrand Grébout – même pas trente ans et déjà une étoile au Michelin – a ouvert Septime, le bistro qui fait le buzz dans la capitale française. Grébout appartient à cette génération de chefs qui font bien plus qu’un acte de présence en cuisine, et qui n’ont pas besoin d’astuces pour masquer leurs lacunes. Si la carte de Septime n’est pas bien longue, elle change très régulièrement. Dans un décor tout de sobriété, Bertrand Grébout sert à ses clients des créations basées sur de bons ingrédients, intelligemment préparés et fort joliment présentés. Nous vous conseillons de ne pas tarder à réserver votre table tant que la note n’est pas encore trop salée ! Un dernier conseil : demandez une table avec vue sur la cuisine, ouverte aux regards.

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L O I S I RS

Elev en M a dison Pa rk – New York

 www.elevenmadisonpark.com

Une année record Le chef de l’Eleven Madison Park, Daniel Humm, et le propriétaire, Will Guidara, travaillent au coude à coude depuis le tout début. 2012 a été une année record pour le duo : Eleven Madison Park a eu droit à deux étoiles Michelin d’un coup, ce qui en fait à présent un restaurant trois étoiles ! Cette même année, l’Eleven Madison Park s’est classé parmi les dix premiers sur la liste des 50 Meilleurs Restaurants du Monde. Dans ce restaurant 100% New Yorkais, les clients ne choisissent pas des plats, mais bien les ingrédients principaux de chaque met, à charge pour le chef de laisser libre cours à sa créativité. Afin de vous étonner, encore et encore.

Sh a ng Pa l ace – Pa ris

Chine sur Seine

Dinner by Heston Blumenth a l – Londres

 www.dinnerbyheston.com

Comme Henri VIII Heston Blumenthal, figure renommée du Fat Duck et de la télévision britannique, a étudié pendant plusieurs années avec son collègue Ashley Palmer-Watts l’histoire de la gastronomie britannique. Ils ont consulté des historiens et passé de longues heures à la British Library et au palais royal. Le résultat de ces recherches se trouve à la carte du Dinner By Heston Blumenthal. Ce restaurant, qui a ouvert ses portes l’année dernière, a promptement hérité d’une étoile Michelin et se retrouve d’emblée à la neuvième place sur la liste des 50 Meilleurs Restaurants du Monde. Un petit exemple de cuisine historique à la manière de Heston Blumenthal ? Lors des festins organisés à la cour d’Henri VIII, les invités découvraient avec étonnement des plats de viande déguisée en fruits. Aujourd’hui, redécouvrez à la table de Dinner le Mandarin Meat Fruit, un mets qui est évidemment bien plus raffiné et plus subtil qu’au quinzième siècle, même s’il est toujours aussi étonnant et aussi plaisant !

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Faire un petit tour en Chine, sans quitter Paris ? C’est possible : rendez-vous à Shang Palace, un des trois restaurants de l’hôtel parisien Shangri-La, situé à quelques centaines de mètres à peine de la Tour Eiffel et de la Seine. Depuis septembre 2011, le Chef Frank Xu y prépare une cuisine chinoise authentique, inspirée des traditions culinaires cantonaises. Le chef ne fait que fort peu de concessions aux papilles gustatives européennes. Ici, pas question de vous servir un poulet laqué orange vif à la sauce aigredouce, mais bien un pigeonneau sauté au wok avec ses petits légumes ou des champignons farcis aux crevettes. Le décor asiatique est aussi élégant que minimaliste. Entre temps, Frank Xu a eu droit à sa première étoile Michelin.

 www.shangri-la.com/paris/shangrila


culture L e s c o n s e i l s d e M a r c H o lt h o f, j o u r n a l i s t e s p e c i a l i s t e d e l a c u lt u r e

 vlaamseopera.be

L’OPERA FLA M AND

La descente aux enfers avec Terry Gilliam Le compositeur français Hector Berlioz a basé son opéra ‘La Damnation de Faust’ sur le classique littéraire de Goethe. Pour la mise en scène de ce spectacle, le Vlaamse Opera a fait appel au réalisateur de cinéma Terry Gilliam (connu de Monty Python’s Flying Circus). Il s’agit d’un début fracassant à l’opéra pour Terry Gilliam. La presse britannique a encensé cette coproduction avec le English National Opera, allant jusqu’à parler de ‘véritable triomphe’. Terry Gilliam nous promet une descente aux enfers en musique. Un spectacle à se damner, à partir du 16 septembre à Gand, ensuite à Anvers.

Ja zz Middelheim

 www.jazzmiddelheim.be

Mélancolie à l’italienne Le 18 août prochain, Jazz Middelheim accueillera Paolo Conte. Agé aujourd’hui de 75 ans, Paolo Conte avait déjà fait carrière en tant qu’avocat et comme musicien de jazz lorsqu’il a percé en 1987 avec le morceau ‘Max’. Jeune étudiant, Paolo Conte jouait du vibraphone dans un groupe, et il n’a jamais fait mystère de son amour du jazz. Sa marque de fabrique : une voix grave et rauque et des textes empreints de mélancolie. L’album ‘Aguaplano’ a fait un tabac en Belgique également.

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L O I S I RS

Design September

 www.bozar.be

Summer of Photogr a ph y

Paysages d’Europe Le volet central de ‘Summer of Photography’ présente au Bozar quelque 160 photographies de paysages réalisées par une quarantaine de photographes européens contemporains. L’exposition met l’accent sur les ressemblances et les différences des paysages à travers l’Europe, ainsi que sur notre attitude face au paysage. Vous découvrirez des œuvres de photographes de renommée mondiale tels qu’Elina Brotherus (photo), Andreas Gursky, Massimo Vitali, Olafur Eliasson, Pedro Cabrita Reis et Carl De Keyzer.

Le tout-design Avec une nouvelle directrice et dans une nouvelle formule, Design September propose une série d’événements autonomes sur le thème du design dans divers lieux de la capitale. Un régal pour découvrir l’univers excitant du design et faire connaissance avec celui-ci au travers de conférences, débats, visites d’ateliers de designers, visites de galeries, expositions ou marchés. Le festival propose également des ‘Limited editions’, prototypes et produits de luxe.

Musees Royau x des Beau x-A rts de Belgique

Jordaens et l’Antiquité Jacob Jordaens (Anvers 1593 – 1678) est certainement le moins connu et le moins aimé du trio de peintres flamands baroques ‘Rubens-Van Dyck-Jordaens’. L’exposition Jordaens et l’Antiquité vise à donner une nouvelle image de l’artiste. Loin de la bonhomie sans complexes du ‘Roi boit !’, l’accent porte ici surtout sur le peintre de scènes mythologiques et antiques, qui a usé de son intelligence pour souffler à Rubens quelques parts de marché. Plus de 80 tableaux et dessins, tapisseries et statues de Jordaens seront présentés au public à partir du 12 octobre.  www.fine-arts-museum.be

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 www.designseptember.be


o pi n i o n

XXXXXXXXXX koe n pe t i t

Payer spontanEment trop d’impOts ?

Compte tenu du contexte budgétaire dans lequel notre pays est englué, plus personne n’est réellement surpris par l’adoption de nouvelles mesures visant à augmenter les impôts. Si ces décisions s’inscrivent dans le cadre d’une vision claire à long terme et d’une politique fiscale équilibrée, et si ces impôts supplémentaires sont sans équivoque, transparents et faciles à chiffrer par le citoyen, cette piste peut éventuellement se justifier. La question de savoir si les mesures budgétaires déjà prises par ce gouvernement s’intègrent dans une politique fiscale équilibrée et une vision à long terme nourrit des discussions interminables et indiscutablement passionnantes. Mais il ne fait absolument aucun doute que les initiatives fiscales les plus récentes brillent par leur absence de simplicité et de transparence, ainsi que par leur caractère équivoque. Prenons comme exemple l’avantage de toute nature sur les voitures de société : nul ne sait encore à l’heure actuelle – même après des fignolages répétés de la loi – sur quelle base précise les revenus imposables doivent être calculés, tout simplement parce qu’aucune banque de données contenant les valeurs catalogue des véhicules n’est disponible. A moins qu’il n’existe une intention délibérée de pousser le contribuable à déclarer la valeur la plus élevée pour être certain de ne pas contrevenir à la loi

“La discretion si chere a bon nombre d’investisseurs a … discretement disparu.” koen petit executive manager competence center

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au niveau du calcul de l’avantage taxable ? Pour l’heure, les nouvelles dispositions anti-abus laissent également grand ouvert le champ des interprétations possibles. A moins qu’il n’existe, une fois encore, une intention délibérée de parachuter le citoyen prévoyant et planificateur dans la jungle juridico-financière, sans qu’il ne connaisse la direction pour en sortir, de manière telle qu’il ne recherche plus, légitimement, la voie la moins taxée ? Les nouvelles mesures relatives au précompte mobilier ne pouvaient pas manquer à la liste. Le législateur fait preuve d’une créativité débordante lorsqu’il vous offre la possibilité de payer spontanément la cotisation supplémentaire de 4% en plus du taux de 21%. Peut-être cette option est-elle la seule praticable pour vous tirer d’affaires, par exemple lorsque vous avez structuré un portefeuille de placements familial dans une société civile. Le but est-il de vous épargner la peine de vous lancer dans de savants calculs et d’éviter que l’étude de cette nouvelle loi ne vous procure des maux de tête en mettant 4% de plus dans les poches de l’Etat ? Ne perdez pas de vue que, dans l’intervalle, même si vous avez consenti cet effort financier supplémentaire, un registre centralisé des revenus mobiliers est bel et bien instauré et que la discrétion si chère à bon nombre d’investisseurs a … discrètement disparu.


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