Capital 12

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NOTRE ENTREPRISE

Le Financial Planner et ses projets ANALYSE

Les plus-values sur actions REPORTAGE

Un road trip à travers la Floride VOITURE

Mille Miglia DES BELGES QUI ONT UN PLAN

Franco Dragone

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OPTIMA OPEN

Knokke-Heist accueille le top du tennis

ANNEE III

Aout 2011

johan beerlandt – Le bâtisseur de gratte-ciel –

“Mon bonheur, c’est le bonheur de mes collaborateurs.”

optima magazine



e d it o

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numéro de Capital. Nous avons un seul conseil à vous donner, et il est simple :  anticipez sur l’avenir et exigez un plan financier adéquat. Pour vous, pour aujourd’hui et pour demain.

L’été s’annonce et avec lui le calme et un repos longtemps attendu. Le temps d’une pause, et cette année également celui d’un retour en arrière, sur une petite entreprise qui faisait ses débuts il y a 20 ans déjà. A l’époque, personne ici n’avait encore entendu parler de la notion de ‘Financial Planning’, un concept rapporté d’Amérique et que nous avons élaboré pour la Belgique. Deux décennies, 370 collaborateurs et 14 000 clients plus tard, la planification financière est plus actuelle que jamais. Au lieu de penser avec nostalgie au passé, nous devons plutôt redoubler d’ardeur au travail. Il est de plus en plus probable qu’un nouveau gouvernement n’aura de cesse dès sa mise en place d’imposer une taxe sur la plus-value des ventes d’actions. Les entrepreneurs sont nombreux à s’inquiéter : au lieu de mettre de l’argent de côté, ils investissent dans leur entreprise tout au long de leur carrière – et paient l’impôt des sociétés pendant tout

ce temps – dans l’espoir d’avoir, à l’âge de la retraite, accumulé des réserves en plus de leur maigre pension d’indépendant. Ce qui explique leur panique à l’idée de voir leur bas de laine menacé. Ce sont surtout ceux qui ne sont plus loin de l’âge de la retraite qui s’inquiètent… Nos juristes spécialisés en fiscalité vous diront tout sur ce sujet dans ce nouveau

SINCeRES SALUTATIONS, Jeroen Piqueur CEO Optima

EDITEUR RESPONSABLE : Jeroen Piqueur, Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. Redacteur en chef : Jeroen Lissens, jeroen.lissens@optima.be, 09/225.25.71. COORDINATION : Lara Van Ginderdeuren. Redaction : Kiki Feremans. conception et mise en page : Veerle Verbrugge, veerle@eastvillage.be. ADRESSE DE LA ReDACTION : Capital p/a Optima SA Keizer Karelstraat 75, 9000 Gent. ONT COLLABORe a CE NUMeRO :  Luk Coupé, Iris De Feijter, Lies De Mol, Ethel Desmasures, Nils De Vriendt, Lieven Dirckx, Valérie Du Pré, F-Twee Communicatie, Jan Gillis, Peter Goossens, Brigitte Hendrickx, Marc Holthof, Guy Kokken, Bart Lenaerts, Jehanne Maldague,

Cert no. CU-COC-809718-DJ

Debbie Pappyn, Jeroen Peeters, Xavier Piqueur, Isabel Pousset, Nathalie Van Laecke, Filip Van Roe, Jo Viaene, Thomas Weyts. Copyrights : Tous droits réservés. Aucun extrait de ce magazine ne peut être repris ni reproduit d’une quelconque manière sans l’autorisation expresse du rédacteur en chef et de l’éditeur responsable. TRADUCTION : Brigitte Hendrickx. IMPRESSION : Stevens Print NV. Ce magazine a été imprimé sur Arctic Paper avec certification FSC. Couverture : Johan Beerlandt – Photos :  Filip Van Roe. Indien U in de toekomst liever de Nederlandse editie ontvangt, gelieve zich te wenden tot info@optima.be

Cert no. CU-COC-809718-DJ

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Si les vacances d’été sont synonymes de calme avant la tempête (fiscale), elles nous apportent aussi de bons moments, fort heureusement. Notamment le weekend du 20 au 22 août, avec l’Optima Open. Pour la deuxième fois consécutive en effet, nous accueillerons à Knokke-Heist des milliers de personnes venues admirer les légendes du tennis d’hier. Cela n’a pas été facile, mais nous avons réussi cette année à convaincre les deux plus grands joueurs de tous les temps, Björn Borg et John McEnroe, de s’affronter sous l’étendard Optima. Borg et McEnroe, on ne pouvait imaginer mieux pour Optima : eux aussi continuent à fournir de véritables perfor­ man­ces plutôt que de rêver à un passé vieux de vingt ans (et plus). Pouvait-on souhaiter un meilleur moyen pour fêter les vingt ans de la petite entreprise d’antan ?


SOMMAIRE

15 D’une importance capitale 3 professionnels à propos de leur passion. Le nouveau directeur de l’Ancienne Belgique Dirk De Clippeleir, les producteurs d’apéritifs Maarten et Jeroen Michels et le propriétaire de La Butte aux Bois Eric Bullens.

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Entreprendre

reportage

Stageco. Hedwig De Meyer, sur la plaine sacrée de Werchter.

Un road trip à travers la Floride. Le ‘sunshine state’ revisité.

des belges qui ont un plan Franco Dragone, Le maître du rêve.

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66 voiture

Mille Miglia. Une fête de rue à l’italienne.

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nice to know, nice to have L’été au Zénith.

07

MON PLAN Arthur Engel (Björn Borg Clothing).

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il fait parler de lui Johan Beerlandt, CEO de Besix et bâtisseur de gratte-ciel.

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SOMMAIRE

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Notre entreprise

Le Financial Planner et ses projets.

42 analyse

Les plus-values sur actions.

22 / 25 Le point sur la situation Protégez votre conjoint aidant / Quid actions au porteur ?

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events Beerens Rally. Gentlemen’s rendez-vous.

reportage

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Klarafestival 2011.

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optima open Le duel Borg/McEnroe Richard Krajicek.

reportage Pédalez à la découverte des villes !

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Opinion

Loisirs

Les délices de la vie.

Jo Viaene.

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li f e st y l e

n i c e t o k n o w, n i c e t o h av e

L’été

au zenith

Vous ne vous contentez pas d’à-peu-près ? Nous non plus. Dans la sélection que nous avons réalisée pour vous, découvrez les merveilles qui illumineront votre été. Une chose est sûre : the sky is not the limit. texte valerie du pre

sniffer du chocolat 2

C h o c o lat e S h o ot e r www.thechocolateline.be

L’odorat joue un rôle important dans la perception des différentes saveurs. Conscient de cela, cet acrobate du goût qu’est Dominique Persoone a lancé sur le marché le Chocolate Shooter. Ou comment sniffer de la poudre de cacao pour un moment chocolaté encore plus intense. Framboise ou gingembre-menthe, dans tous les cas, vous serez 100% accro en un temps record !

un voltaire contemporain 1

P o d by B e n jami n H u b e rt p o u r D e Vo rm www.devorm.nl

Le fauteuil Pod Privacy du designer Benjamin Hubert est particulièrement pratique :  grâce aux grandes oreillettes antibruit de ce cocon en feutre PET recyclé, s’imbriquant sur une base en bois rond. Que vous téléphoniez ou que vous lisiez, vous ne serez pas dérangé, ni regards indiscrets ni bruits gênants. Soit, l’idéal pour vos parties de cache-cache.

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li f e st y l e

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Fly Na n o www.flynano.com

Dès son lancement – à l’occasion du salon Aero 2011 – ce FlyNano a volé haut, au propre comme au figuré. Ce nouvel avion à siège unique, extrêmement léger et super-résistant, atteint une vitesse maximum de 140 km/h et se pilote sans brevet. Pas de passagers, pas de bagages – rien que vous, libre comme l’air. Bien entendu, la liberté a un prix : entre € 25 000 et € 27 000.

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un st y le a l’italienne

Passez avec élégance au niveau supérieur, avec cet étonnant escalier en colimaçon du label italien Edilco. Correspondant à tous les standards en termes de technique et de savoir-faire, sa structure est ingénieuse. Proposé en 11 diamètres différents, cet escalier est exclusif, hautement décoratif et personnalisé selon les souhaits de chacun.

un poêle en céramique 4

Comme un oiseau

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S tac k S tov e www.stackstoves.com

Escali e r d e c o rati f C - N S www.edilco.it

Combinez plusieurs modules de chauffage avec des supports flexibles et créez de la sorte un poêle high tech qui répond parfaitement à vos souhaits en matière d’esthétisme, d’espace et de fonctionnalités. Ce n’est pas un hasard si le poêle Stack Stove a remporté début 2011 l’Award ISH Design Plus !

Di n n e r i n t h e S k y www.dinnerinthesky.com

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gastronomie celeste Un luxueux dîner, haut perché, cela vous dit ? Que ce soit à Paris, Vegas, Sydney, au Cap, à Dubaï, Sao Paulo ou plus près de chez nous, à côté de l’Atomium à Bruxelles, avec Dinner in the Sky ce rêve peut devenir réalité. La recette imparable commune à tous ces lieux :  des chefs étoilés et cosmopolites, la garantie d’une exclusivité et d’une sécurité absolue. Et pour mieux vous séduire, vous découvrirez d’autres concepts originaux, tels que – Meeting in the Sky, Marriage in the Sky ou encore Swing in the Sky, ce dernier spécialement conçu pour les joueurs de golf qui frappent fort …et surtout haut.

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li f e st y l e

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www.laikingland.co.uk

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un nouveau chapitre pour

applaudir sans se fatiguer

Martin Smith et Nick Regan, les créatifs de Laikingland, inventent et développent des œuvres d’art modernes et en mouvement. Nous ne pouvons qu’applaudir – et sourire – à la vue de leur Applause Machine originale et haute en couleurs.

Christophe Coppens

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A pplau s e M ac h i n e

10 Chaussez les bottes de sept lieues

T h e C o ll e cto r by C h risto p h e C o pp e n s

Après quelques passages dans des maisons aussi prestigieuses que Chanel, Fendi et Dolce & Gabbana, le styliste Gio Metodiev vole enfin de ses propres ailes. Sa ligne de chaussures de luxe baptisée GIO DIEV se veut une ode à la femme sensuelle et sophistiquée. Ces très hautes bottes, inspirées des bas couture des années ‘40, font déjà rêver ces dames…et quelques messieurs.

www.christophecoppens.com

La prochaine collection automne hiver de Christophe Coppens fait la part belle aux vingt ans de carrière du styliste. D’anciennes créations, des bestsellers, ses dadas : il les a tous réinventés et réunis dans ‘The Collector’, le nouveau chapitre d’un livre qui est loin d’être terminé. Chapeau Christophe !

une affaire

de standing 9

Val e t d e n u it H e rm e s www.hermes.com

La maison Hermès innove avec un valet de nuit en réédition limitée, en acajou massif pour le montant, en veau swift ébène pour sa ‘tête’. Un must pour les hommes soucieux d’ordre et de tenues bien rangées. Nice to know : le modèle original de Dupré-Lafon, datant des années ‘30, s’est récemment vendu $ 65 000 chez Sotheby’s à Paris.

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J I N A N b o ots by G i o Di e v www.giodiev.com


MoN PL AN

A rthur engel

L’ange gardien de Bjorn Borg La légende suédoise du tennis que nous verrons à l’œuvre à l’occasion de l’Optima Open a donné son nom à… une marque de slips et de caleçons. Un étrange virage qui a préludé à une belle réussite. Trente ans après ses débuts, la marque, plus performante que jamais, est dirigée par Arthur Engel. Iris De Feijter

ration, où j’aimais donner un coup de main le week-end. Mais je n’avais aucune envie de lui succéder et je me suis donc dirigé dans une toute autre direction : le monde des compagnies pétrolières ! Et puis voilà, je me retrouve tout de même dans le sillage de mes parents. »

Il y a quelques semaines, Björn Borg fêtait son 55ème anniversaire, alors que le label de sous-vêtements qui porte son nom est plus tendance que jamais, avec des coloris très flash et des mannequins tatoués. Borg n’est plus selon ses propres dires que ‘l’ambassadeur de la marque’. Il en a confié la direction à son compatriote Arthur Engel, qui a quitté en 2007 le label américain Gant pour intégrer presque un an plus tard le label Björn Borg en qualité de CEO.

Qu’est-ce que la marque Bjorn Borg attend encore de l’homme Bjorn Borg ? « Il a cédé ses actions, mais il est toujours très intéressé par la société, très impliqué aussi. Nous en sommes d’ailleurs très contents, car Björn Borg est toujours le meilleur des ambassadeurs d’une marque. »

Qu’avez-vous fait dans l’intervalle ? « Je suis resté à la maison et je me suis occupé de ma fille. Après les années chaotiques passées chez Gant, j’ai tenu à prendre un peu de temps pour m’occuper des miens – et de moi. Mon année sabbatique a été pour moi une période de réflexion. J’ai réalisé comme jamais auparavant que l’honnêteté et la générosité envers ma famille et mes amis, c’était ce qui me rendait heureux. » Pour vous, l’argent ne fait pas le bonheur ? « L’argent me procure une sensation de confort et de sécurité, mais il n’a aucun impact sur mon bonheur personnel. C’est évidemment facile à dire pour quelqu’un qui n’a plus à s’en soucier, me direz-vous. En tout cas, je ne suis pas du tout panier percé et je n’achète que des produits de qualité – et qui durent. Professionnellement, c’est la même chose : je gère le bud-

get de la société comme s’il s’agissait du mien propre, et j’en attends autant de mes collaborateurs. » Avez-vous toujours reve d’une carriere dans la mode ? « Le retail, on a dû l’insuffler dans mon biberon quand j’étais bébé (rire). Mon père gérait une chaîne de magasins de déco-

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Quels sont vos plans ? « C’est très simple : vendre encore plus de slips (rire). Ces dernières années, nous avons beaucoup investi dans la distribution, ce qui doit nous assurer des bases solides pour poursuivre notre croissance. Nous avons notamment développé et étendu le e-commerce au marché américain. Mais nous sommes d’abord et avant tout un label européen. Nous nous concentrons sur les sous-vêtements, les articles de bain et le loungewear – parce que c’est là que nous sommes les meilleurs. Parallèlement, nous explorons des secteurs récemment abordés tels que notre ligne footwear (chaussures et chaussettes). Et nous avons des projets d’extension de la gamme aux vêtements de sport, ce qui semble après tout assez logique, non ? »


NO T R E EN T R E P R I S E

L es dec i deu r s d’Op t i m a com m e n t e n t l a st r at egi e d’ u n e e n t r e p r i s e e n p l e i n e e x pa n s i o n

Le financial planner ET ses projets Optima Financial Planners développe sans cesse l’offre de ses services. Ces derniers mois, les ambitions bancaires de la société ont fait l’objet de plusieurs articles dans la presse. Le développement d’Optima dans la partie francophone du pays et la création de sa filiale espagnole ne sont pas non plus passés inaperçus. Le moment est donc venu d’interroger sur ces sujets le président d’Optima, le CEO et l’administrateur chargé du dossier bancaire, respectivement Monsieur Luc Van den Bossche, Monsieur Jeroen Piqueur et Monsieur Philip De Hulsters. La première question qui nous vient à l’esprit est : quel est le plan d’Optima Financial Planners ? texte jeroen lissens | PHotos lieven dirckx

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j e r o e n pi q u e u r

CEO Optima l u c va n d e n b o ssc h e

PrĂŠsident Optima p h ilip d e h u lst e rs

Administrateur Optima


NO T R E EN T R E P R I S E

Parler d’Optima, c’est parler du secteur financier, qui n’a pas eu la vie facile ces derniers temps. «  La crise financière coûte en moyenne € 5 000 à chaque citoyen belge », c’est ce que titre un journal spécialisé le jour même de notre entretien. Ou l’illustration pénible et concrète des cicatrices laissées par la crise. « D’un point de vue sociologique, la crise a fait perdre au groupe des + de 50 ans toute confiance dans la bourse », affirme le président d’Optima, LUC VAN DEN BOSSCHE. « Ce groupe démographique a compris une fois pour toutes qu’il ne parviendrait jamais à combler ses pertes en cas de nouvelle crise. Par conséquent, il opte en masse pour des placements sûrs, du type immobilier ou produits d’épargne à taux fixe, qui sont souvent moins rentables mais qui offres une meilleure garantie que les actifs à risques qui ont fait le malheur de tant de gens. » JEROEN PIQUEUR (CEO) : « De nombreuses personnes se sont trompées, n’ayant plus conscience – après des années de bonnes affaires sur les marchés financiers – d’avoir investi dans des produits à risque. Les bénéfices étaient élevés, ce qui les incitait à penser qu’il s’agissait de bons placements. Mais les risques sous-jacents n’étaient pas pris en compte et ces gens ont donc pris toujours plus de risques – alors que leur profil était à l’origine bien différent. La prudence n’était plus de mise – pas seulement chez les investisseurs d’ailleurs, puisque de nombreux organismes n’ont pas accordé suffisamment d’attention au ‘Risk Management’. » PHILIP DE HULSTERS (Administrateur) : « Tout cela a entraîné une nouvelle prise de conscience des risques : le profil du client est de plus en plus important. Mettre en pratique les règles MiFID (Markets in Financial Instruments Directive, une directive européenne qui cible notamment une protection accrue du consommateur, ndlr.) et connaître

“Un audit détaillé de la situation d’un client n’est certainement pas

une mauvaise idée.” jeroen piqueur

son client, voilà qui n’a jamais autant compté qu’aujourd’hui. C’est ce qui explique en grande partie la réussite de notre modèle de Financial Planning : seule Optima réalise un audit financier et fiscal aussi poussé de chaque nouveau client. Ce n’est que lorsque l’on connaît vraiment le client que l’on peut établir un plan à la mesure de sa vie.  »

La croissance Est-ce pour cela que les clients d’Optima ont résisté à la crise ? Ou s’agissait-il d’une donnée universelle ? LUC VAN DEN BOSSCHE :  « Personne n’est à l’abri de la crise – pas plus les clients Optima que les autres. Surtout pas les investisseurs qui se sont détournés de leur stratégie ou de leur profil initial. Les investissements à risque requièrent une bonne dose de sang-froid et de raisonnement. Il faut s’en tenir à son plan, même lorsque les choses vont subitement moins bien. Hélas, la raison fait souvent défaut. Il suffit d’observer la bourse : ils sont nombreux ceux qui se défont d’actions dès que cela va mal, passant ainsi à côté d’une éventuelle reprise ! » PHILIP DE HULSTERS :  «  N’oublions pas non plus que la crise n’a pas balayé tous les bénéfices. Certaines personnes ne portent leur attention que sur les pertes subies du fait de la crise, sans prendre en compte les gains cumulés au fil des sept ou huit années précédentes. » Optima a réussi à maintenir sa croissance, plus que jamais pendant la crise. JEROEN PIQUEUR : « Pendant la crise, il est en effet apparu qu’un audit détaillé de la situation d’un client – ce qu’Optima réalise depuis des années déjà – n’est certainement pas une mauvaise idée. Nous apprenons à nos clients à mieux se connaître. Sur base de leur planification financière,

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notre qualité de courtier nous permet d’accompagner nombre d’entre eux dans la recherche d’investissements stables – l’immobilier par exemple ou des produits d’assurance à rendement garanti. Aujourd’hui encore, de nombreux clients privilégient la sauvegarde et le développement durable de leur patrimoine, plutôt que le rendement à tout prix. »

L’immobilier Optima n’intervient pas seulement en tant que financial planner mais aussi comme agent immobilier. 16% des nouveaux clients investissent par l’intermédiaire d’Optima dans des immeubles de placements. Comment voyez-vous l’évolution de ce marché ? JEROEN PIQUEUR : « J’observe que ce pourcentage se rapproche des 20%. La crise a prouvé que l’immobilier est plus stable que jamais comme élément patrimonial. En comparaison des pays voisins, l’immobilier belge est encore très abordable et la demande augmente toujours de façon structurelle. Je parle ici du marché des appartements, sur lequel nous sommes très actifs. Le vieillissement de la population et le grand nombre de personnes vivant seules expliquent la demande croissante et structurelle de logements abordables dans les villes. Une tendance qui devrait se poursuivre encore longtemps… Ce type d’immobilier doit être implanté dans les meilleurs endroits, dans et autour des villes. Rien qu’à Gand, il faudra construire à court terme 6 000 nouvelles unités pour répondre à la demande. Mais nous menons aussi de nombreux projets à Bruxelles et depuis peu, nous intervenons même à Anvers. Nous sommes peut-être des fanatiques de l’immobilier, en tout cas nous croyons fermement en l’immobilier adéquat comme élément d’un plan financier bien conçu. Disons : à la bonne répartition entre mobilier et immobilier pour un étalement patrimonial sensé. »

La banque En 2010, les journaux annonçaient qu’Optima menait des pourparlers exclusifs avec le groupe d’assurance Ethias, concernant la reprise d’Ethias Banque. Un dossier qui n’est toujours pas refermé, comment cela se fait-il ?

“Le profil du client est de plus en plus important.”


PHILIP DE HULSTERS : « A l’époque où Ethias Banque a été mis en vente, cela faisait déjà un moment qu’Optima menait une conduite stratégique dans le sens d’une offre de services bancaires. Nous avons notamment réclamé le statut de courtier bancaire, des personnes ayant l’expérience de la banque (notamment Rik Donckels, ex-président de Cera Ancora, ndlr.) ont rejoint notre conseil d’administration… L’opportunité qui nous est offerte avec Ethias Banque, c’est l’occasion unique de réaliser ces ambitions, même si cela nous oblige à surmonter de nombreux obstacles – techniques et organisationnels. Depuis avril 2011, la Banque Nationale se charge du contrôle. Nous travaillons actuellement sur un accord avec l’organe de contrôle et Ethias Group, en vue de finaliser ce dossier. » LUC VAN DEN BOSSCHE : « Nous sommes plus que jamais convaincus des qualités d’un modèle de services financiers couvrant tout le spectre : sur base d’un audit poussé, accompagner nos clients vers des solutions concrètes prises dans un marché élargi : de l’immobilier aux assurances en passant par les crédits et – effectivement – aux services bancaires. Personne ne propose aujourd’hui une telle variété de solu­ tions et comme toujours, nous voulons être les premiers à le faire. Nos ambitions bancaires sont toujours là, même si nous ne voulons pas devenir une banque dans le sens étroit du terme. »

“Les ambitions bancaires d’Optima sont toujours là – et bien là.” luc van den bossche

Plutôt un financial planner qui accompagne ses clients sur la voie de solutions concrètes, avec une offre sur 360° ? JEROEN PIQUEUR : « C’est tout à fait ça. Evidemment, développer notre portefeuille de services signifie aussi enrichir notre expertise interne et le know-how financier et fiscal qui l’accompagne. Nos centres d’audit de Waterloo et de Gand emploient déjà actuellement une quarantaine de spécialistes financiers, d’économistes et de juristes fiscalistes. Pourtant, nous prévoyons de renforcer sérieusement l’équipe dans un futur proche. Etant déjà agréés comme courtiers en assurances, en crédit et en immobilier, nous avons également un département spécialisé dans la transmission et la reprise de sociétés familiales. Une autre manière d’accompagner nos


NO T R E EN T R E P R I S E

clients dans des dossiers spécifiques et complexes. »

La Wallonie et Bruxelles En 2008, Optima ouvrait son premier bureau satellite en Belgique francophone. Bruxelles et la Wallonie étaient-elles ouvertes à la planification financière ? JEROEN PIQUEUR : « Jusqu’ici en tout cas, nos premiers pas au-delà de la frontière linguistique ont été couronnés de succès. Ce qui était à l’origine une antenne satellite à Braine-l’Alleud est à présent l’égal de notre siège gantois. Cette croissance rapide nous a ‘contraint’ à déménager pour nous installer dans un très beau bâtiment industriel à Waterloo, beaucoup plus spacieux. Nous y avons créé un centre d’audit francophone autonome, afin de répondre mieux encore à la demande de connaissances spécifiques. En effet, la fiscalité diffère de plus en plus selon les régions. A la fin du premier semestre 2008, nous comptions 91 nouveaux clients au sud du pays. Au terme du premier semestre 2011, le compteur est à 230 ! »

L’Espagne En pleine crise, Optima s’est lancée en Espagne, un pays dont on parle surtout à propos de la bulle immobilière qui a éclaté et des banques qui ont fait faillite… JEROEN PIQUEUR : « C’est vrai, la crise a frappé plus fort en Espagne qu’en Belgique. Mais les espagnols ont eux aussi besoin d’un accompagnement – financier et fiscal – sur base d’un plan financier sur mesure. Notre croissance est constante dans ce pays et nous sommes dans les délais prévus. Il faut dire que nous n’y avons pas démarrés comme d’illustres inconnus, puisque nous avons collaboré avec un bureau conseil renommé – Grupo Leo – qui fait avec nous figure de pionnier de la planification financière dans ce pays. » Parlez-nous du stade Artevelde, un projet mené par Optima. Ce dossier tarde depuis des années, mais serait en train de bouger actuellement ? LUC VAN DEN BOSSCHE : « Optima s’est lancée dans ce dossier en sa qualité de société gantoise experte en immobilier, mais la construction d’un stade ne fait pas vraiment partie du core business d’un financial plan-

ner. Nous avons donc signé un accord avec des parties chargées du côté opérationnel de l’affaire, afin d’accélérer la construction du stade. Hélas, certaines discussions ne sont pas encore closes entre les parties. Malgré cela, nous avons bon espoir de voir le stade gantois achevé dans les délais prévus – même si nous ne sommes plus directement impliqués dans le dossier. Malgré tout, ce projet a toujours une longueur d’avance sur d’autres projets analogues dans certaines villes, qui n’en sont encore qu’à la phase de plans sur papier. »

Les projets d’avenir Que voyez-vous dans votre boule de cristal : quelle sera la place d’Optima et du secteur dans 5 ou 10 ans ? JEROEN PIQUEUR : « Je crois fermement au modèle de l’approche à 360°, la connaissance de la situation et des attentes du client y occupant une place centrale. Autrement dit, le modèle de la planification financière sur base d’un audit détaillé a encore un bel avenir devant lui. » LUC VAN DEN BOSSCHE : « On nous le reprochait jadis, maintenant on nous copie : les banques privées et les gestionnaires de fortunes sont de plus en plus nombreux à évoluer dans le sens de la planification financière. En ce qui concerne Optima, je crois que nous mettrons en place prochainement une plateforme bancaire. J’observe par ailleurs un développement constant des activités dans le sud du pays, ce qui devrait les amener à rejoindre le niveau de nos activités en Flandre. Une offre de services à 360°, partant d’une connaissance approfondie du profil clients, c’est évidemment prometteur pour l’avenir. » PHILIP DE HULSTERS : « En partie sous la pression de la réglementation, qui exigera toujours plus de connaissance des profils clients. » LUC VAN DEN BOSSCHE : « Les banques évoluent vers une planification accrue pendant qu’Optima s’oriente vers les services bancaires. J’en conclus que les secteurs belges du conseil financier et de l’accompagnement patrimonial se rapprochent de plus en plus. »

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“Ethias Banque est une opportunité unique.” philip de hulsters


bulthaup

La cuisine est l’espace de vie par excellence et va bien au-delà d’une simple zone de travail. Nous concevons et réalisons l’aménagement et l’équipement personnalisés de votre cuisine. Comme toujours chez bulthaup – votre spécialiste de l’architecture pour la cuisine.

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d ’ u n e imp o rta n c e capital e

3 p r o f e s s i o n n e l s a p r o p o s d e l e u r pa s s i o n

D’UNE

IMPORTANCE

CAPITALE M aart e n e T J e r o e n M ic h e ls

d ir k d e clipp e l e ir

e ric b u ll e n s

Dirk De Clippeleir, Maarten et Jeroen Michels et Eric Bullens à propos de ce qui les passionne. Ce à quoi ils accordent une importance capitale et attribuent leur succès. Après tout, l’argent ne fait pas le bonheur. TEXTE Iris De Feijter et F-twee | PHOTOS guy kokken

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d ’ u n e imp o rta n c e capital e

Le nouveau directeur de l’ancienne Belgique

dirk De Clippeleir “Avant, les concerts servaient à

promouvoir le disque. Aujourd’hui,

c’est l’inverse !”

« Les années ‘90 furent des années de vaches grasses. Les maisons de disques vendaient des CD en quantités industrielles et nous pouvions donner leur chance à des musiciens belges – des grands noms comme dEUS et Clouseau, mais aussi des jeunes qui montent comme Absynte Minded et Admiral Freebee. Et puis, les ventes de disques ont commencé à dégringoler et le téléchargement gratuit et illégal sur internet a donné le coup de grâce. Ces dernières années, tout va extrêmement vite. La génération de ceux qui acceptent de payer pour écouter de la musique est en voie d’extinction. Les jeunes utilisent leur argent pour acheter des portables et des jeux. Ils ne veulent plus payer pour écouter de la musique. C’est une évolution irréversible. » « Avant, un artiste partait en tournée pour faire la promotion de son album. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Les musiciens gagnent leur vie sur scène et les CD servent à faire la promo des concerts. Selah Sue a joué trois soirs à l’Ancienne Belgique à guichets fermés, avant même que son premier album soit sorti. Dans ce sens, oui, on peut dire que je m’adapte aux nouveaux flux financiers dans le business de la musique. Même si je gagne beaucoup moins d’argent qu’avant, mais je m’en accommode. Une asbl qui vit en partie de l’argent du contribuable n’est pas en mesure de payer les mêmes salaires qu’une entreprise commerciale. Mais j’aime ce que je fais ici et c’est la plus belle chose qui soit. Je vois que ce sentiment est partagé par tous les collaborateurs de l’AB qui travaillent souvent dur, passionnés par ce qu’ils font. Vous ne pouvez pas savoir comme cela me fait plaisir. »

passion. « Après mon passage par l’industrie de la musique, j’ai travaillé pendant 3 ans à mon compte en tant que coach d’entreprise. J’avais mal choisi le moment car la crise venait d’éclater. Mais j’ai eu la chance de diriger chez Fortis des ateliers visant à aider le personnel à traverser cette période difficile. Durant ces quelques années, j’ai appris une foule de choses qui me sont utiles aujourd’hui. Que les managers doivent être plus souvent et mieux à l’écoute de leurs collaborateurs, par exemple, ce qui n’est pas chose aisée pour moi car je suis plutôt bavard. » Après une carrière chez EMI Music et Universal et après un interlude en tant que coach d’entreprise, Dirk De Clippeleir (49 ans) est le nouveau directeur général de ce temple de la musique qu’est l’AB. Un choix du cœur, car sa passion de la musique reste sa plus puissante motivation.

« Le cliché veut que les patrons des maisons de disque soient des chefs d’entreprise en costume gris qui exploitent les jeunes talents ou poussent les artistes vers un créneau commercial. En ce qui me concerne, je suis imprégné jusqu’au plus profond de mon être par l’amour de la musique qui a toujours été – et qui restera – ma grande passion. J’entends encore ma mère dire : ’Notre Dirk est né avec un 33 tours sous le bras’. À l’heure actuelle, j’écoute souvent du jazz et de la musique classique. Mais je continue à suivre aussi ce qui se passe dans le monde du rock, ne fût-ce que parce que l’AB ose programmer des artistes alternatifs. Et il m’arrive de temps en temps de réécouter les classiques qui ont bercé ma jeunesse. Leurs photos ornent les murs de mon bureau : Rumours de Fleetwood Mac, Abbey Road des Beatles, Pet Sounds des Beach Boys. Ces deux photos de Kiss ? Je les ai choisies parce que Kiss a été le premier groupe à pratiquer le marketing aussi activement. Et aussi un peu pour faire la nique à la police du bon goût. » (rire)

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d ’ u n e imp o rta n c e capital e

Producteurs d’aperitifs façon grand-mere

Maarten et Jeroen Michels « Notre mémé ne nous autorisait pas à boire du Coca car elle disait que cette ‘crasse américaine’ était mauvaise pour les dents. En revanche, elle nous préparait une limonade hyper-sucrée, concoctée avec les fleurs de sureau que nous cueillions ensemble. Cette boisson était tout aussi bourrée de sucre, bien évidemment. La fleur de sureau ainsi que la baie de cet arbre sont très réputées pour leurs vertus médicinales. La maison de notre grandmère était notre paradis d’enfance. Au grenier, nous expérimentions ses recettes et nous jouions aux inventeurs. Plus tard, nos chambres d’étudiants à Gand avaient elles aussi tout du laboratoire…. C’est cette passion qui est à l’origine de RoomeR, notre apéritif à base de fleurs de sureau. C’est en quelque sorte un hobby qui a dégénéré. »

“Nous sommes des urban farmers, des fermiers

de la ville.”

« La plus belle période de l’année vient de se terminer, celle de la récolte. En quelques semaines, notre équipe a récolté 1,2 tonne de fleurs, dans nos propres plantations privées, chez un fermier bio et dans des bois privés où le sureau pousse en abondance. Nous ajoutons ces fleurs à un sirop de sucre en y mélangeant plus de vingt herbes et aromates. Le sucre absorbe le suc et le goût des fleurs. Ensuite, le sirop doit mûrir pendant trois ans. Pour obtenir une couleur et un goût constants, nous mélangeons plusieurs millésimes. À ce mélange, nous ajoutons ensuite de l’eau et de l’alcool. Après un passage en fûts pour finir sa maturation, la boisson est filtrée et mise en bouteille. Tout est fait à la main, y compris la mise en bouteille. Nous bénéficions pour cela de l’aide d’un atelier protégé. RoomeR est une entreprise d’insertion : nous travaillons avec des personnes qui éprouvent des difficultés à s’intégrer sur le marché de l’emploi. »

respect.

« RoomeR est en vente dans plus de 1 000 établissements horeca et magasins spécialisés. Nous vendons actuellement 70 000 bouteilles par an. À Gand et dans certaines autres villes, RoomeR est déjà un classique, mais le monde est vaste. Nous venons de construire notre deuxième brasserie, de l’autre côté de la rue. Eh oui, en plein centre de Gand. C’est un choix délibéré. Nous allons chercher nos fleurs à la campagne, mais nous voulons la garder intacte. Nous nous considérons comme des urban farmers, des fermiers de la ville. Bien entendu, nous Fermiers urbains basés à Gand, les voulons grandir. Mais cette croissance doit être durable et conforme à la mission sociale de notre entreprise :  frères Maarten (37 ans) et Jeroen (36 ans) Michels se lancent à la produire de la qualité dans le respect de l’être humain et de l’environnement. » « RoomeR n’existe que depuis sept ans. Avant cela, nous travaillions comme enseignant et comme assistant social. Mais quand on a du sang de brasseur dans les veines, impossible de ne pas répondre à l’appel. Nos femmes nous ont laissé un an pour tester le marché. Toutes nos économies y sont passées et nous avons emprunté un peu d’argent à nos parents pour payer le premier lot de bouteilles. Certains ne comprendront pas que nous ayons renoncé à la sécurité d’un emploi stable, mais nous ne le regrettons pas un seul instant. Nous gagnons moins que nos collaborateurs, mais nous investissons dans l’avenir et surtout : nous vivons notre grand rêve. »

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conquête du monde avec RoomeR, un apéritif artisanal à base de fleurs de sureau. La croissance oui, mais dans le respect de la mission de l’entreprise : produire une boisson de qualité dans le respect de l’être humain et de l’environnement.


d ’ u n e imp o rta n c e capital e

Hotelier

Eric Bullens “L’amour de l’horeca, je suis tombé

dedans quand j’étais petit.”

« Les traditions sont faites pour être respectées, dans le secteur horeca également. Non que j’apprécie un style vieux jeu ou trop formel, mais un mélange d’élégance et de tradition, cela me plaît. J’estime en proposer un exemple avec mon hôtel La Butte aux Bois à Lanaken, qui fête cette année son 25ème anniversaire. Cet hôtel dans le plus pur style cottage anglais est situé aux confins du Parc National de la Campine : une oasis de calme et de verdure, où nous proposons un service aux normes contemporaines, mais dans un cadre traditionnel. J’ose affirmer que nous donnons le meilleur de nous-mêmes lorsque nos clients nous en demandent beaucoup. Ils veulent un grand dîner d’affaire à dix heures du soir ? Pas de problème. Après une journée chargée, ils aimeraient se faire masser ? Il suffit de demander. Madame aimerait se faire coiffer très tôt le matin ? Nous lui trouvons un coiffeur matinal. Pour nous profiler encore plus comme établissement de qualité, nous avons énormément investi il y a cinq ans pour rallier la chaîne internationale Relais & Châteaux, qui ne compte que des hôtels de luxe très spéciaux, et pour lesquels la qualité se définit par les fameux 5 C : caractère, courtoisie, calme, charme et cuisine. »

tradition.

Il y a 25 ans, Eric Bullens (47 ans) ouvrait avec sa mère un restaurant dans leur maison, aux confins de la Campine. Aujourd’hui, La Butte aux Bois est un hôtel très chic de la chaîne Relais & Châteaux. Depuis 1999, Eric Bullens est également propriétaire de l’hôtel Stiemerheide à Genk (Limbourg). Cette année, il a investi 1,5 million d’euros dans la construction d’un bâtiment moderne pour le restaurant voisin, De Kristallijn.

« Même si nous fêtons cette année son 25ème anniversaire, il faut remonter à plus de 40 ans en arrière pour retracer les débuts de cette histoire. C’est à cette époque en effet que mon père a racheté le domaine de La Butte aux Bois à une famille noble liégeoise, les Lagasse de Locht. Les armoiries de la famille ornent toujours la façade de la Butte aux Bois. Mes enfants adorent raconter à leurs copains que le domaine a jadis appartenu à un chevalier vêtu d’une côte de maille, un énorme glaive à la ceinture. Ils ignorent évidemment qu’aujourd’hui, chevalier n’est que le produit d’appel de la noblesse… J’ai grandi sur le domaine, ce qui est l’idéal pour un gamin. Mais dès que mes frères et sœurs ont quitté la maison, dix chambres, plusieurs salles de bain et un jardin de onze hectares, c’était devenu bien trop grand pour mes parents. Je venais de terminer mes études à Anvers, et ma mère m’a alors proposé d’ouvrir un restaurant avec elle. Il faut dire que chez nous, c’était toujours portes ouvertes. Mes parents adoraient organiser des fêtes et il y avait toujours quelqu’un qui passait par là et que l’on gardait à dîner. Je n’ai pas réfléchi longtemps avant de donner ma réponse à ma mère. Elle était l’hôtesse et donc le visage du restaurant, pendant que je m’occupais en coulisse de l’organisation, des finances et du marketing. Bien plus âgé que ma mère, mon père faisait figure de sage à qui l’on pouvait demander conseil. Il avait jadis été propriétaire d’une usine de roues de landaus. C’est donc du sang d’entrepreneur qui coule dans mes veines. Quant à l’amour du métier, j’ai dû tomber dedans quand j’étais petit. Nous voyagions beaucoup, logions souvent à l’hôtel et mangions régulièrement au restaurant. En plus de tout cela, nous vivions et nous vivons encore dans un pays où tout le monde aime manger – et bien manger. Mes parents ont grandi aux Pays-Bas où cette culture n’existe pas. » « A l’origine, nous avons commencé avec un restaurant, mais pour être rentables économiquement parlant, nous avons assez rapidement construit deux salles pour des communions, des mariages ou des fêtes de famille. Par la suite, nous y avons ajouté des chambres d’hôtel et en 1996, nous avons ouvert notre propre centre de bien-être : Aquamarijn. J’aurais voulu développer encore plus l’affaire mais le conseil communal refusait, compte tenu de la proximité du parc naturel. C’est alors que j’ai découvert l’hôtel Stiemerheide à Genk, que j’ai acheté en 1999. Tout comme La Butte aux Bois, il est tout proche du Parc National, ainsi que du terrain de golf Het Spiegelven. Il est comparable à La Butte aux Bois en termes de confort et de luxe, même si le cadre est nettement plus contemporain. Le restaurant de l’hôtel, De Kristalijn, a récemment trouvé place dans un bâtiment neuf en béton et verre, un peu plus loin. A Lanaken également, le restaurant gastronomique La Source est séparé de l’hôtel. Je tente ainsi de donner la chance à mes équipes, très ambitieuses, de vivre pleinement leurs aspirations culinaires : la reconnaissance par le guide Michelin. » « La Butte aux Bois et Stiemerheide sont ouverts 7 jours sur 7 et 365 jours par an, ce qui n’est pas une sinécure. Je suis dès lors très soulagé de pouvoir déléguer une partie des tâches à mes directeurs sur place : Marc Alofs et Jos Schols. Mais au bout du compte, c’est bien moi le responsable, et cela me pèse parfois. Mais dès que je m’entretiens avec un client satisfait ou que je roule à travers bois vers mon lieu de travail, j’oublie tous mes soucis. »

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“Hélas, la

protection sociale et la pension des indépendants sont généralement insuffisantes.”


l e p o i n t s u r la sit u ati o n

C o n j o i n t a i da n t

Protegez votre bras droit Votre conjoint(e) vous seconde dans votre entreprise individuelle ? Vous exercez une profession libérale et votre époux (se) vous assiste ? Rien de plus normal, car vous avez grand besoin d’aide. D’ailleurs, le législateur a créé un cadre visant à assurer au conjoint aidant (m/f) une protection sociale minimale. texte Xavier Piqueur, Tax Advisor

La presomption legale

qui lui est attribué et provenant du partenaire.

Quand y a-t-il présomption légale que le partenaire – marié ou cohabitant légal – est conjoint aidant d’un commerçant en entreprise individuelle ou d’une personne exerçant une profession libérale  ? Lorsqu’il l’assiste effectivement et qu’il ne jouit d’aucun revenu propre (découlant d’une autre activité professionnelle ou revenu de remplacement).

Une utilisation optimale Une partie des revenus de l’entreprise individuelle ou de la profession libérale du partenaire aidé est scindée fiscalement et attribuée au conjoint aidant, qui a droit de la sorte à un revenu propre, avec ses propres déductions de frais.

Les partenaires qui viennent occasionnellement (moins de 90 jours par an) en aide à leur conjoint ont la possibilité de renverser cette présomption légale. Ils doivent pour cela déposer une déclaration sur l’honneur, qu’ils enverront à la caisse d’assurances sociales.

Ce revenu correspond à la rémunération normale pour les prestations effectuées, avec un maximum de 30% des revenus nets du conjoint aidé. S’il est prouvé que les prestations effectuées donnent droit à une part plus importante, cela peut même dépasser les 30%.

Depuis le 1er juillet 2005, le conjoint aidant (sauf s'il est né avant 1956) doit s'affilier à une caisse d’assurances sociales et payer des cotisations sociales, sur base d’une quote-part ‘fiscale’ du revenu

Notre conseil : maximalisez cette attribution au moins jusqu’à la limite des 30%. Cela vous permet de ventiler les revenus du conjoint aidé sur les deux partenaires, ce qui se traduit généralement par un

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l e p o i n t s u r la sit u ati o n

avantage fiscal, du fait de l’optimisation des tranches d’imposition les moins élevées par partenaire. Le conjoint aidant est en outre habilité à déduire ses frais professionnels réels de sa quote-part. Il peut également opter pour un forfait de frais légal de 5%, avec un maximum de € 3 670 pour 2011. Il est inutile de remplir des fiches fiscales pour l’attribution de cette quote-part et aucun précompte professionnel ne doit être retenu. Vous êtes par contre tenu de faire des versements anticipés, sans quoi vous risquez une majoration de l’impôt des personnes physiques.

“Prenez garde à ce que

votre conjoint aidant ne tombe pas dans

un piège social.” Une protection sociale minimum Les conjoints aidants versent des cotisations sociales sur leur quote-part, comparables à ceux d’un indépendant à titre principal. Ces cotisations sont en principe calculées sur la quote-part des revenus attribués d’il y a trois ans. Si vous avez, pour la première fois, un statut d’indépendant, vous pouvez opter pour des cotisations forfaitaires temporaires ou pour des cotisations sur base d’une estimation des revenus. Après trois ans d’exercice, une régularisation des cotisations sera effectuée et vous connaîtrez dès lors le montant des cotisations définitives. Cette obligation de cotisation offre au conjoint aidant une protection sociale minimale, comparable à celle d’un indé­

pendant à titre principal  :  pension de retraite et de survie, prestations fami­ liales, soins de santé, invalidité, assurance maternité… Dans la pratique, l’impact se situe principalement dans la constitution de droits de pension propres, même s’ils sont limités. Fort heureusement, cette obligation de cotisation permet également au conjoint aidant de souscrire sa propre PLCI. Cette Pension Libre Complémentaire est un système flexible de constitution de pension, qui vous permet de verser chaque année des cotisations en fonction de votre revenu net imposable, avec un maximum de € 2 852,88 pour 2011. Les primes versées sont fiscalement déductibles de vos revenus professionnels attribués. Si vous optez pour une PLC sociale, vous vous assurez également des prestations de solidarité telles que la couverturedécès, l’exemption de primes, le revenu garanti ou l’assurance-maternité. Cela se fait sans sélection médicale préalable et augmente la prime déductible de 15%, avec un maximum de € 3 282,39 en 2011.

Passage en societe Vous êtes un commerçant ou vous exercez une profession libérale et vous pensez à passer en société ? Dans ce cas, veillez à ce que votre conjoint aidant ne soit pas lésé. Une telle décision est souvent prise pour des motifs fiscaux. Mais prenez garde à ce que votre conjoint aidant ne tombe pas dans un piège social : en effet, le conjoint aidant d’un mandataire de société n’a pas droit à son propre statut social en contrepartie de son dur labeur. Il n’a pas non plus la possibilité de constituer ses droits à la pension et il n’est pas question de quote-part fiscale, avec tous les inconvénients que cela suppose. Il peut être intéressant de faire de votre conjoint aidant un cogérant.

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En conclusion :  Ne planifiez pas seulement pour vous, pensez aussi a votre conjoint aidant ! Un statut social propre garantit au con­ joint aidant une protection sociale minimale, comparable à celle d’un indépendant à titre principal. Hélas, la protection sociale et la pension des indépendants sont généralement bien insuffisantes. Nous vous conseillons dès lors de prendre en compte la protection de votre conjoint aidant lorsque vous planifiez votre propre avenir financier, et ce tout particulièrement si vous envisagez de passer en société.


l e p o i n t s u r la sit u ati o n

Fisca lite

Qu’en est-il de vos actions au porteur ? Le poète Livius le disait déjà en son temps : Potius sero quam numquam (mieux vaut tard que jamais). Hélas pour vous, le délai restant pour retirer vos actions au porteur de la circulation semble être l’exception à cette règle. Depuis peu, l’anonymat supposé des actions au porteur appartient aussi au passé. texte Nils De Vriendt, Coordinateur d’equipe Competence Center

En qualité de propriétaire, vous pouvez heureusement y réclamer la recette de la vente ou les actions consignées. Vous ne le faites qu’après le 31 décembre 2015 ? Dans ce cas, vous devrez payer une amende de 10% du prix de vente/de la valeur des actions, dû par année entamée après cette date. Voilà qui vous oblige quasiment à ne pas laisser les choses en l’état.

Vos actions dans une société familiale ou une PME sont toujours des actions au porteur ? Dans ce cas, vous devrez les convertir avant le 31 décembre 2013 en actions nominatives. Il est également possible de les dématérialiser en les inscrivant sur un compte-titres à votre nom auprès d’un établissement agréé. Vous n’en faites rien ? Dans ce cas, la conversion s’opère automatiquement. A partir de 2014, votre droit de vote et votre droit aux dividendes seront notamment suspendus jusqu’au moment où vous vous manifesterez comme propriétaire des actions. Les actions se retrouvent alors au nom de la société qui les a émises, inscrites au registre des actions nominatives. Elles peuvent aussi être enregistrées sur un compte-titres détenu par la société. Dans ce cas, vous pouvez vous faire connaître de cette société avant le 1er janvier 2015, pour échanger vos actions et réclamer tous les droits suspendus et non prescrits, tels que des dividendes.

la vente Vous n’avez toujours rien fait ? Dans ce cas, la société met en vente les actions non

anonyme

réclamées après un dernier appel par le biais du site web du Moniteur Belge et de deux quotidiens nationaux, avec un délai ultime d’un mois. Le revenu net de la vente ou les actions non vendues avant le 30 novembre 2015 sont consignés par la société auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations.

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Depuis le 5 février 2010, il n’est même plus question d’anonymat. Vos actions au porteur représentait-elle à cette date – directement ou non – 25% ou plus du total des actions ou droits de vote ? Dans ce cas, vous auriez du mentionner avant le 5 août 2010 votre identité et le nombre d’actions au porteur en votre possession, à l’organe de gestion de la société qui les a émises. Vous n’en avez rien fait ? Une des conséquences de cette omission est que vous ne pourrez plus voter aux Assemblées Générales avec vos actions. Vous l’aurez compris  :  il n’y a plus d’excuses pour attendre plus longtemps. Tempus fugit !



r e p o rtag e

L e ‘S u nsh i n e Stat e’ r e v i si t e

un

road trip à travers

la Floride

Oubliez les clichés : la Floride ne se résume pas aux agrumes, à Disneyland et au troisième âge. Tout le long de notre voyage, la presqu’île nous a révélé ses charmes discrets et son tempérament du sud. texte Nathalie Van Laecke PHotos Isabel Pousset

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Daytona Beach, Florida


r e p o rtag e

“Selon les critères

des Américains, c’est ici que finit la civilisation.”

Daytona Beach, Florida

Les autres états américains parlent dédaigneusement de la Floride comme du ‘land of Newlyweds and Nearly Dead’ (le pays des jeunes mariés et de ceux qui ont un pied dans la tombe). Je ne peux m’empêcher d’y penser à la vue d’un panneau indiquant : ’retirement community’ (communauté de retraités). Nous descendons la côte ouest, de Tampa à Naples. La journée touche à sa fin et pourtant, un vent chaud s’engouffre par les fenêtres de la voiture. ‘Le Sunshine State’ (l’Etat du soleil) jouit d’un climat subtropical avec des étés étouffants et de violentes tempêtes. L’hiver est en fait la meilleure saison pour y voyager. À l’ouest, la Floride rejoint le Golfe du Mexique. On y trouve des plages à volonté, plus interminables les unes que les autres. Toutes sans exception sont plantées de palmiers exotiques qui se balancent au gré du vent. Les couchers de soleil sont dignes d’une carte postale. Dans les stations balnéaires mondaines telles que St. Petersburg et Venice, les luxueuses maisons de vacances du bord de mer ont toutes leur yacht amarré le long de l’embarcadère privé. Naples Beach affiche la plus belle bande de sable, avec une jetée de plusieurs mètres de long qui s’avance dans la mer. Les pêcheurs sont nombreux et étant donné que les prises sont vidées sur place, des pélicans affamés viennent pratiquement se poser sur votre épaule.

La mare aux crocodiles Autant la côte ouest offre une vie facile et détendue, autant la réserve naturelle des Everglades est mystérieuse et inhospitalière. Cette gigantesque zone de marécages (6 106 km² !) couvre toute la pointe sud de l’État. On y trouve des espèces rares telles que des crocodiles américains, des dugongs, des piranhas et des panthères. Nous roulons jusqu’à Everglades City, au cœur des marécages, en empruntant ’l’Alligator Alley’. Cette petite ville somnolente semble droit sortie d’un film de David Lynch. Selon les critères des Américains, c’est ici la fin de la civilisation : pas de centres commerciaux ni de Burger King ou de pharmacie ‘drive through’. Le temps s’est arrêté et une étrange menace semble perpétuellement planer dans l’air, comme si le ciel bleu azur

Everglades Florida

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allait soudain se déchirer en une tempête infernale. Pendant la saison des ouragans (de juin à septembre), la région est régulièrement touchée et les habitants semblent constamment sur leurs gardes. Everglades City est mondialement connue pour ses crabes. La meilleure adresse parmi les commerces du coin est le Stone Crab Retail, un vieux magasin où l’on achète le poisson frais à la livre. L’arrière-boutique donne sur le port de pêche local, où quelques locaux boivent une bière autour de tables en bois, au bord de l’eau. Cette ville est un excellent point de départ pour découvrir les marais des alentours. Plusieurs compagnies des environs offrent des randonnées en hydroglisseur (bien trop cher !). Les puissants moteurs de ces engins

Everglades Florida


Key West, Florida

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r e p o rtag e

’planants’ font d’ailleurs un tel vacarme qu’aucun alligator ou aigle pêcheur ne fera voir le bout de son museau (ou de son bec). Pour découvrir vraiment les Everglades et passer dans les mangroves, mieux vaut opter pour un canoë ou un kayak. Vous pouvez louer de petits bateaux pour une ou deux personnes à The Ivey House, une auberge du coin. Des balades en kayak sont également organisées, mais vous pouvez aussi naviguer sur la rivière Turner sur votre propre embarcation. Étant donné le nombre assez important d’alligators et autres sales bêtes assoiffées de sang, cela n’est cependant pas sans danger. Les gens du coin affirment que tant qu’on ne s’approche pas trop des berges, que l’on ne fait pas de mouvements brusques et qu’on garde bien ses mains dans ses poches, on ne devrait pas avoir de vrais problèmes….

Key West, Florida

Elvis aux Bahamas Nettement moins risquées, les Florida Keys sont un groupe d’îles au bas de la côte sud. L’autoroute Overseas Highway (US Highway 1) est tout ce qui réunit l’archipel. La plus éloignée des îles, Key West n’est qu’à 150 km de Cuba. Pas étonnant qu’Ernest Hemingway aimait y passer ses hivers :  cette île aime les rebelles. En avril 1982, elle a même autoproclamé son indépendance en réaction à une nouvelle mesure douanière imposée par Washington. La ‘Conch Republic’ (République de la conque, appelée ainsi en raison des énormes coquilles Saint-Jacques, la délicieuse spécialité du coin) a tenu bon un seul jour : le lendemain matin, la micro-nation était à nouveau proprement annexée. D’une superficie de trois km sur six, Key West a tout du paradis exotique. C’est précisément pour cette raison qu’elle attire également énormément de touristes et que l’île est une escale systématique des lignes de croisières dans les Caraïbes. Duval Street regorge de boutiques de souvenirs, de petits restaurants et de bars où l’Happy Hour ne finit jamais. Vous payerez trois dollars pour un cocktail Margarita au The Bull & Whistle, avec l’imitateur local d’Elvis en prime. Pour de la musique live de style rock et bop, rendez-vous à n’importe quelle heure au Sloppy Joe’s. Ce bar-dancing est une véritable institution aux États-Unis : de célèbres écrivains comme Hemingway (encore lui), Tennessee Williams et Truman Capote aimaient s’y attabler au comptoir. Le Sloppy Joe burger (un sandwich peu raffiné – viande hachée et écrasée avec des oignons frits) fait même fureur bien au-delà des frontières de l’État. Il est impossible de le manger sans en mettre partout, mais that’s all part of the fun – ça fait partie du jeu. Et bien entendu, il n’est

“Ernest Hemingway aimait y passer Key West, Florida

Key West, Florida

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ses hivers : cette île aime les rebelles.”


r e p o rtag e

nulle part aussi bon que là où il a été servi pour la toute première fois. Une étape obligée pour quiconque est en vacances sur l’île.

Miami, Florida

De luxueux bateaux de croisière mouillent le long de Mallory Square. L’embarcadère est envahi de stands à limonade, d’artistes de rue et d’étals de bijoux. A la nuit tombée, des hordes de touristes venus pour la journée se bousculent pour profiter de l’inoubliable coucher de soleil. Ici, le tourisme a le vent en poupe, mais un peu plus haut, dans ‘Bahama Village’ – en plein centre de la vieille ville –, c’est le domaine de la communauté noire dont les ancêtres ont quitté les Bahamas voisins pour connaître une vie meilleure aux États-Unis. La vie telle qu’elle s’écoule à Key West est parfaitement illustrée par Mister Chapman, un Homie qui est connu de tous les Conch (les habitants de l’île qui sont nés et ont grandi ici). Près de sa maison sur Chapman Lane, on retrouve une demi-salle de fitness sur le trottoir, ce qui en a fait un endroit populaire où la jeunesse locale aime trainer. M. Chapman est un homme fier qui n’a qu’une mission : making the neighbourhood happy – rendre le quartier heureux. À cette fin, il sort tous les soirs son tricycle de son abri, avec une énorme stéréo et des néons clignotants montés sur le porte-bagage. Il pédale ainsi d’une rue à l’autre, avec Grandmaster Flash qui retentit à travers les baffles. It’s like a jungle sometimes – parfois, c’est une vraie jungle…

Branche et latino Miami, Florida

Miami, Florida

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À trois heures de route de Key West, Miami est une ville où the party never stops – la fête ne s’arrête jamais – et où l’espagnol est la première langue. En effet, plus de la moitié des 5 millions d’habitants sont hispaniques, principalement en provenance de Cuba ou du Mexique. Les fêtards et les adeptes de la branchitude se sentiront comme chez eux dans les clubs de South Beach. Ce quartier est le plus tendance de cette ville aux millions d’habitants. Les bâtiments, aux façades basses dans les tons pastel, ont été bâtis dans le style Art déco typique des années 1930. Le summum de l’élégance se retrouve dans la rangée de charmants hôtels positionnés le long d’Ocean Drive et dont les façades sont éclairées de néons roses, rouges et bleus. Le beau monde aime s’y afficher dans des voitures de sport aux couleurs vives et autres cabriolets. Quoique, la prudence est de mise depuis que Gianni Versace a été assassiné devant sa villa. Mais il s’agit ici du Miami tel qu’on le voit à la télé : ce quartier en bord de mer a déjà servi un nombre incalculable de


r e p o rtag e

fois de décor pour la série Miami Vice. Les années ‘80 flottent encore dans l’air et seuls les flamants roses détonnent dans le décor. South Beach, dans la baie de Biscane, est séparée du continent par une bande d’eau, avec le centre-ville de Miami de l’autre côté. Les places de parking étant très rares, nous avons exploré la ville à vélo (ce qui après coup s’est révélé être aussi sûr que de faire du patin à roulettes rue de la Loi à Bruxelles). Il fait plus calme le long de la Venetian Causeway, un élégant pont réservé aux cyclistes et aux promeneurs. Des deux côtés, on peut voir de petites îles résidentielles sur lesquelles les grandes stars telles que Madonna ou J. Lo ont une villa, si elles ne possèdent pas tout simplement une île entière. Le plus glamour, c’est ‘Star Island’, mais les voyeurs ne sont pas tolérés dans cette enclave résidentielle où Ricky Martin et Liz Taylor – pour ne citer qu’eux – ont une modeste résidence. Le centre-ville lui-même n’a rien de très impressionnant. Aucune fantaisie non plus dans le quartier des affaires situé autour de Biscayne boulevard et de Second Avenue, rien que de colossaux buildings. Mais trois km plus haut, Miami nous dévoile une tout autre facette. Little Havana, le quartier qui entoure ‘Calle Ocho’ (8th Street), est une succession d’haciendas bariolées et de maisons hautes en couleurs. On y trouve de petits bistrots cubains, des magasins de cigares, des épiceries, des garages, des théâtres, etc., et toutes les enseignes sont en espagnol. Sur des bancs à la Gaudi, de vieux messieurs fument le cigare. Ici, la vie est polé polé – un mélange de olé olé et de zen – et on en oublierait presque qu’un peu plus loin, le monde n’est que bruit et fureur.

Splendeur passee Depuis Miami, nous suivons l’Interstate 95 vers le nord. Après Cape Canaveral et la Space Coast, une ville est surtout connue des amateurs de courses automobiles. Daytona n’est pas seulement le point d’ancrage de la course automobile Nascar, mais son circuit de course automobile est aussi mon-

dialement connu. ‘L’International Speedway’ est le décor de compétitions prestigieuses, dont le Daytona 500. Les jours où aucune course n’est au programme, vous pouvez tester le circuit – il vous faudra juste débourser un bon paquet de dollars. Le coin fait également le plaisir des motards, avec chaque année en février, l’arrivée massive à Daytona d’amateurs de moto à l’occasion de la ‘Bike Week’, la semaine de la moto. Cette prédilection pour les véhicules motorisés se fait clairement ressentir partout. Daytona Beach est le seul endroit de Floride où l’on est autorisé à rouler en voiture sur la plage (à condition de ne pas dépasser les 10 miles par heure). Même pour louer le jour du Seigneur, vous ne devez pas sortir de votre voiture, puisque le dimanche, la messe ‘drive-in’ est célébrée sur les terrains d’un ancien cinéma en plein air… Cette station balnéaire borde l’océan Atlantique, avec ses hautes vagues déchainées qui attirent les surfeurs et autres wetboarders, une culture underground qui a laissé sa marque le long d’Atlantic Avenue. Une foule de bars et d’hôtels affichent des noms de style ‘tiki’, mais il y a aussi beaucoup de bâtiments inoccupés. Tous les flonflons et les néons ne changent rien au fait que les beaux jours de la ville sont révolus. Au ‘Boardwalk Amusement Area & Pier’ au coin de Main Street, la nostalgie dégouline des murs. Les tentes à hamburgers, les luna-parks et les magasins de bonbons vous catapultent dans les années cinquante. Au ‘Starlite Diner’ sur North Atlantic Avenue, on se croirait dans un épisode de Happy Days : du linoléum noir et blanc au sol, un jukebox près du bar, des meubles en formica, c’est le plus américain des diners jamais vus jusqu’à présent. Il faut se montrer patient avec Daytona, car la ville ne dévoile pas facilement ses attraits. Ce ne sera sans doute pas le coup de foudre, mais nulle part en Floride vous n’en aurez autant pour votre argent. Cette splendeur passée brille encore ici et là.

Daytona Beach, Florida

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Daytona Beach, Florida

La Floride en pratique : • Nous avons pris l’avion avec American Airlines de Bruxelles à Orlando, mais il est aussi possible de s’envoler pour Miami pour le même prix. Billets à partir de € 410 (basse saison). • La réservation de voitures de location peut se faire via une agence de voyages ou par internet, mais vous pouvez aussi le faire rapidement et en toute sécurité une fois sur place. Le coût moyen d’une voiture pour quatre personnes est de 25 dollars par jour, taxes et assurance comprises. • Il n’est pas indispensable de réserver les nuits d’hôtel, car la Floride compte un nombre impressionnant de motels et d’hôtels. Il est juste conseillé de réserver votre chambre à l’avance si vous vous rendez à Key West et à South Beach, Miami. Une chambre dans un motel avec 2 lits queensize (4 personnes maximum) coûte en moyenne 70 dollars.


il f ait pa r l e r d e l u i

j o h a n b e e r l a n D t, c e o d e b e s i x

Un bâtisseur de gratte-ciel qui a le vertige La rénovation de l’Atomium de Bruxelles. Un projet d’irrigation au Cameroun. Le Parlement européen. La nouvelle gare d’Utrecht. Le dernier terminal de l’aéroport de Zaventem. Un stade de foot de 55 000 places assises au Quatar. Sans oublier le gratte-ciel le plus élevé du monde à Dubaï. Derrière tous ces projets, on découvre une entreprise belge qui emploie 19 000 personnes dans le monde entier. Et à la tête de ces 19 000 personnes, il y a Johan Beerlandt, un CEO qui a le vertige et qui préfère rester à l’arrière-plan. L’homme a fait une exception pour Capital, puisqu’il nous a permis de jeter un coup d’œil dans la salle de direction de l’un des rares groupes belges qui comptent au niveau international : « faisons de notre mieux, et la reconnaissance suivra. » texte jeroen lissens | PHotos Filip Van Roe

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il f ait parl e r d e l u i

« Je ne suis pas Napoléon » : Johan Beerlandt met en garde le photographe qui veut obtenir un portrait de plein pied pour illustrer l’interview. Le CEO du plus gros groupe de Construction belge déteste le culte de la personnalité. Son solide bon sens et sa modestie se feront sentir tout au long de l’entretien. L’homme fait un retour en arrière sur une entreprise belge de taille moyenne, qui est peu à peu devenue un groupe de prestations de services polyvalents, avec un chiffre d’affaires de près de 2 milliards d’euros. C’est une énorme performance, surtout quand on observe les chiffres les plus récents. Il en ressort que BESIX a survécu sans trop de mal à la crise financière et économique. « Mon obsession : ne pas avoir à licencier de salariés », a-t-il confié à un magazine spécialisé. JOHAN BEERLANDT : « Je suis heureux de pouvoir dire que nous n’avons pas connu de licenciements secs. Pour nous, le problème ne se sera finalement posé que quelques mois. Je me suis pourtant fait du souci, car dans ces périodes incertaines, on risque toujours de devoir laisser partir des éléments de valeur. Heureusement, grâce à notre prudence, nous étions prêts pour la reprise. Aujourd'hui notre carnet de commandes est plus rempli que jamais. »

LA PLUS HAUTE TOUR DU MONDE C’est étonnant : BESIX connaît une forte activité au Moyen-Orient, alors que c’est précisément là que la crise a frappé fort. Tout le monde prédisait l’écroulement financier de l’Emirat de Dubaï, et entre temps, BESIX y construisait la tour la plus haute du monde, baptisée Burj Khalifa… JOHAN BEERLANDT : « Là aussi, nous avons tenu bon, grâce aux fermes principes de notre entreprise. Nous n’acceptons que les commandes que nous sommes vraiment en mesure d’honorer, nous ne travaillons que pour des débiteurs et des donneurs d’ordres fiables. Nous gérons les contrats en bons pères de famille, nous sommes même peut-être plus conservateurs que les autres. C’est cela précisément qui nous a évité de gros problèmes dans cette région. La commande de la Burj Khalifa venait par exemple d’un gros promoteur immobilier, très proche du gouvernement. » La plus haute tour = le plus d’argent ? JOHAN BEERLANDT : « Burj Khalifa, c’était un projet de prestige, qui nous a fait connaître dans le monde comme l’un des cinq grands bâtisseurs de gratte-ciel. Plutôt que du bénéfice pur, elle nous a valu 828 mètres de respect… C’est logique quand on sait que la deuxième tour derrière la Burj Khalifa – construite à Taïpei, la capitale de Taïwan, ne mesure ‘que’ 505 mètres de haut. (Ndlr : à titre de comparaison : le bâtiment le plus élevé en Belgique, la Tour du Midi à Bruxelles qui abrite l’Office National des Pensions, fait 150 mètres de haut). » Survivre à la crise la plus dure depuis les années trente ET bâtir la tour la plus haute du monde, ce sont de belles prouesses pour un homme qui depuis plus de trente ans est à la tête de la même entreprise. Le temps est-il venu pour Johan Beerlandt de se reposer sur ses lauriers et de se dire qu’il a fait du bon travail ? JOHAN BEERLANDT : « En théorie, il est certain que je ne dois plus m’occuper de rien. Nous avons tout organisé de telle manière que la gestion journalière de l’entreprise est presque entièrement confiée aux membres du directoire. En principe, je ne dois donc plus décider de rien. L’esprit d’équipe qui règne au sein de l’entreprise fait que le consensus est quasiment automatique entre les collègues et moi-même, toujours en ligne avec les principes de best practices développés par Besix. Mais j’interviens toujours là où cela s’avère nécessaire – ce qui arrive de temps à autre. Dans ces cas-là, un CEO doit supporter les conséquences de ses décisions. C’est pour moi une façon de soulager mes directeurs. »

L’ENTREPRENARIAT Combien de temps l’être humain peut-il supporter sans risques un poste à un tel niveau ?

Le plus haute tour du monde à Dubai

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JOHAN BEERLANDT : «J’ai 63 ans, ce qui fait de moi un vieil homme aux yeux de certains, ce dont j’ai pleinement conscience. Pour les jeunes qui commencent leur carrière chez nous, je suis un vieil homme. Je pensais la même chose des personnes de cet âge lorsque j’avais vingt ans. Il me semblait à l’époque que je n’atteindrais pas la cinquantaine avant une éternité (rire). » « Plus tard, on change d’avis. Regardez autour de vous : de nombreux cadres supérieurs sont âgés de plus de cinquante ans et ce sont souvent les collaborateurs les plus motivés et les plus dynamiques dans une société. De nombreuses PME sont d’ailleurs dirigées par des personnes ayant dépassé les 70 ans, des entrepreneurs pur sang. Dans une dizaine d’années, nous réévaluerons la situation. Je n’ai pas l’intention de rester CEO pendant encore dix ans, mais je suppose que je resterai malgré tout impliqué dans – et concerné par l’entreprise. » L’administrateur délégué qui fait office de coach ? JOHAN BEERLANDT : « Pourquoi pas ? L’avenir est aux jeunes, évidemment. Mais cela ne veut pas dire que je n’ai pas de rôle à jouer comme coach d’un certain nombre de personnes. Déjà aujourd’hui, je suis très (pré-)occupé par l’esprit d’entreprise. » Qu’entendez-vous exactement par là ? JOHAN BEERLANDT : « Pour faire simple : je m’efforce de faire en sorte que les collaborateurs de BESIX se lèvent le matin avec le même enthousiasme qui est le mien à l’idée de venir travailler ici. Pas question ici de blues du lundi matin, non merci ! Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour rendre la vie agréable à nos collaborateurs. Cela commence avec un certain nombre de paramètres physiques sur le chantier. Mais nous nous en préoccupons également au siège de l’entreprise. Nous avons construit un nouveau patio, un restaurant d’entreprise et même une salle de remise en forme pour les collègues. Il faut qu’ils aient plaisir à venir travailler ici. » « Cela ressemble à un cliché, mais notre personnel est notre principal actif. Les salariés doivent se sentir valorisés quand ils font bien leur travail et ils doivent être encouragés et soutenus quand les choses vont moins bien. Mon bonheur, c’est celui de mes collaborateurs. »

JEUNE, TOUJOURS JEUNE Les médias regorgent d’exemples d’ouvriers du bâtiment qui travaillent dans des circonstances déplorables au Moyen-Orient. Est-ce différent chez BESIX ? JOHAN BEERLANDT (nous entraîne vers une photo géante prise depuis le sommet de la Burj

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“Notre personnel est notre principal actif.

Les salariés doivent se sentir valorisés quand ils font bien leur travail et ils doivent être encouragés et soutenus quand les choses vont moins bien. Mon bonheur, c’est celui de mes collaborateurs.”


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Khalifa en phase de construction. La perspective est vertigineuse.) « Regardez bien cette photo. Vous n’y trouverez aucun ouvrier qui ne serait pas totalement sécurisé. Je connais moi aussi ces histoires d’ouvriers qui travaillent dans de mauvaises conditions dans cette région, mais ce n’est pas le cas chez nous. Ni au Moyen-Orient, ni ailleurs. Pourquoi ? Parce que c’est incompatible avec l’esprit de BESIX. Un manque de sécurité, c’est un manque de respect. Nous n’avons pas besoin d’un contrôle externe pour en être conscients. Tout se passe d’une manière humaine et correcte, et nous allons toujours au-delà des normes légales. Le résultat ? Le personnel nous accorde à son tour estime et respect. De toute manière, exploiter les gens, cela ne dure qu’un temps. » À propos d’exploitation, dans quelle mesure appliquez-vous ce beau principe à votre propre personne ? Est-ce que vous travaillez toujours 60 heures par semaine, comme vous avez déclaré un jour dans une interview ? JOHAN BEERLANDT : « Je ne travaille jamais (rire). Du moins, je ne le ressens pas ainsi. Pour moi, ce que je fais n’est pas du ‘travail’ dans le sens que l’on donne généralement à ce terme. Je ne dois pas travailler pour vivre, je vis pour mon travail. Cela peut sembler bizarre, mais je suis fait ainsi. L’avantage, c’est que cela me permet de continuer à me sentir jeune. »

PAS DE STRESS Le stress des dirigeants, très peu pour vous ? JOHAN BEERLANDT : « je dors très bien, si c’est à cela que vous faites allusion. Même si je dois avouer qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Dans ma jeunesse, je souffrais beaucoup du stress. J’ai même fait deux burn-out. Une première fois au Cameroun, la seconde aux Emirats. Les deux fois après une période où nous avions travaillé jour et nuit pour gagner un contrat, qui est finalement allé à la concurrence. Complètement épuisé, j'ai été forcé de garder le lit pendant plusieurs jours, le stress m’avait mis K.O. » « Avec du recul, ces expériences négatives m’ont énormément appris. Ce sont des choses qui vous font grandir à long terme, qui enrichissent votre capital d’expérience. Personnellement, j’en ai conclu que je devais éviter les situations stressantes. » Comment faire pour les éviter ? JOHAN BEERLANDT : « En résolvant les problèmes dès qu’ils se posent. Les problèmes ne disparaissent pas comme par enchantement si l’on n’agit pas. Le stress est un ennemi qu’il ne faut pas laisser entrer chez soi. Surtout, il ne faut jamais oublier de relativiser. Si quelque chose ne va pas, ce n’est pas pour autant la fin du monde. » Ce sens du relatif, vous l’appliquez même à votre propre personne, alors que vous avez certainement fait vos preuves comme entrepreneur. JOHAN BEERLANDT : « Vous savez, je suis peut-être le CEO de BESIX, mais au supermarché d’en face, tout le monde ignore qui je suis, ce qui me convient fort bien. Quoi qu’il en soit, j’ai les mêmes droits et les mêmes devoirs que tout autre citoyen. Je ne suis qu’un maillon de la chaîne, rien de plus et rien de moins. Je n’aime pas beaucoup parler de moi, je préfère parler de l’entreprise, dont nous faisons quelque chose de beau, avec tous les collègues. Le culte de la personnalité tramé par certains médias autour des grands patrons, cela ne me plaît pas. Comme vous le savez, je ne suis pas Napoléon (rire). »

FILIALe BESIX est une des rares entreprises belges qui n’a pas à rapporter aux actionnaires étrangers. Quasiment tous les autres groupes de bâtiment et travaux publics sont des filiales d’entreprises hollandaises et surtout françaises comme Vinci et Eiffage. Comment l’expliquez-vous ? JOHAN BEERLANDT : « J’ai pressenti ce qui allait se passer lorsque les actionnaires de l’époque ont préparé l’entreprise pour une vente à l’étranger. A ce moment, j’ai décidé avec les frères Sawiris, des égyptiens, et un groupe de managers de prendre notre sort en main par le biais d’un

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management buy-out. Grâce à cette opération, menée le 4 avril 2004, nous sommes aujourd’hui en mesure de prendre nos responsabilités, en Belgique et dans le reste du monde. » « Cela présente d’autres avantages, notamment celui de pouvoir nous montrer plus généreux envers notre personnel les années où tout va bien, sans qu’un actionnaire étranger avide puisse écrémer les bénéfices au maximum. C’est le meilleur moyen d’optimiser le bien-être des troupes. » « Il est vrai que nous sommes hélas une exception. C’est la même chose dans le secteur bancaire : tout se décide à Paris et les entreprises belges ne peuvent plus travailler que dans leur propre pays. » Qu’est-ce qui vous a conduit à reprendre le contrôle de l’entreprise avec des égyptiens ? JOHAN BEERLANDT : « Après la première guerre du Golf, on a observé de gros investissements dans l’infrastructure touristique au Moyen-Orient, des hôtels notamment. C’est à cette époque que BESIX est pour la première fois intervenu dans la région – comme toujours avec un partenaire local fiable. Qui n’était autre qu’un petit entrepreneur égyptien, Orascom, des frères Sawiris. Nous avons construit ensemble l’hôtel Conrad du Caire et ce premier projet a été le coup d’envoi d’une collaboration fructueuse au Moyen-Orient et de fantastiques relations d’affaires avec les deux frères. La confiance n’a fait que croître au fil des années. Les frères Sawiris réfléchissaient avec nous et nous ont soutenus lors de la reprise de BESIX. » On dit parfois des frères Sawiris que ce sont les Rockefellers égyptiens. Est-ce le cas ? JOHAN BEERLANDT : « Orascom n’a cessé de se développer jusqu’à devenir un conglomerat d'une valeur de 20 milliards de dollars. Ce n’est pas rien, effectivement. »

TRANSPAReNce Orascom détient actuellement la moitié des actions du Groupe BESIX, mais sans mandat exécutif. JOHAN BEERLANDT : « Nous nous connaissons depuis si longtemps que nous n’avons rien à nous cacher. Nous travaillons en totale transparence, pas seulement avec nos actionnaires, mais aussi avec le monde extérieur et nos fournisseurs. Tromper ses partenaires, ça ne rend pas plus heureux, j’en suis persuadé. Nous communiquons depuis des années comme si nous étions un groupe coté en bourse, parce que nous n’avons aucun cadavre dans nos placards. Nous serions d’ailleurs incapables de dissimuler quoi que ce soit. Il est impossible de mener une comptabilité parallèle dans une entreprise dont le CA dépasse les 2 milliards d’euros. En outre, le Conseil d’Administration est composé de quatre administrateurs indépendants et connus, 3 de chez Orascom et 3 de nos managers. » BESIX est un phénomène rare en Belgique, avec 75% de son CA réalisé à l’étranger. Nous sommes peut-être trop discrets et trop effacés en Belgique. Quel est votre avis sur la question après 35 années d’expérience dans près de la moitié des pays du monde ? JOHAN BEERLANDT : « C’est vrai, nous aurions parfois intérêt à parler plus fort, à nous faire entendre – sans toutefois aller jusqu’aux rodomontades. Contentons-nous de bien faire notre travail et la reconnaissance suivra automatiquement. C’est d’ailleurs ce que nous nous efforçons de réaliser chaque jour chez BESIX. »

NUL N’EST INCONTOURNABLE Quelle est la réputation des entreprises belges à l’étranger ? JOHAN BEERLANDT : « Les entreprises belges ont toujours eu une réputation de sérieux à l’étranger. Nous sommes honnêtes et fiables, ce qui inspire confiance sur les grands chantiers à l’étranger et ce qui est d’ailleurs la clé de notre réussite. Il arrive que l’on prenne conscience de ne pas avoir les capacités requises pour accepter un projet donné. Il faut alors oser dire non et ne pas faire de promesses en l’air. Il suffit de garder les pieds sur terre. L’orgueil précède la ruine et la hauteur précède la chute. » « Un réalisme et une modestie bien nécessaires dans ce secteur. Nous sommes une société de

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“Surtout ne pas se laisser tourner la tête par la tendance du moment. Le vent,

ce n’est que du vent, ça passe (Wind is wind).”


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services, avec une saine concurrence dans un marché compétitif. Personne n’est incontournable, il ne faut jamais l’oublier. Faire des affaires, c’est aussi lancer sans arrêt des offensives de charme. »

WIND IS WIND Quel est le conseil de management que pourrait nous donner Johan Beerlandt ? JOHAN BEERLANDT : « Il se rapproche de la réputation qui est celle de BESIX : ’Keep it simple’, une devise que je revendique haut et fort. Surtout ne pas se laisser tourner la tête par la tendance du moment. Wind is wind (Le vent, ce n’est que du vent, ça passe). » « Après tout, bâtir, c’est simple. On commence par poser les fondations, ensuite la dalle, on recherche ce qu’il y a de meilleur : les matériaux, les outils et, bien sûr : les gens. Rien que du très concret. Certains jeunes imaginent qu’ils vont changer le monde derrière l’écran de leur ordinateur, mais le vrai travail se fait sur les chantiers. (Il désigne une fois de plus la photo du Burj Khalifa). Sur un chantier comme celui-là, des milliers d’ouvriers s’activent, qui tous doivent manger, se rendre aux toilettes, etc. Il ne faut pas de modèles informatiques complexes pour gérer tout cela, mais un solide bon sens. » Il s’agit malgré tout de processus extrêmement complexes aux yeux d’un non initié… JOHAN BEERLANDT : « Si vous faites ce que je vous dis, ce n’est pas très difficile (rire). » Cette quête de la simplicité, comment la faites-vous aboutir dans vos activités de tous les jours ? JOHAN BEERLANDT : « Quand je ne comprends pas quelque chose, je demande à ce qu’on me l’explique comme si j’étais un vrai profane. Je ne laisse jamais passer ce que je ne maîtrise pas totalement. Dans ce cas, je passe, tout simplement. Chez Besix, nous ne nous laissons jamais aller à rêvasser ou à avoir la tête dans les nuages. »

VERTIGE À propos de tête dans les nuages, c’est plutôt étrange, un bâtisseur de gratte-ciel qui a le vertige… JOHAN BEERLANDT : « C’est vrai, j’ai le vertige depuis que j’ai assisté à un terrible et regrettable accident de chantier. Malgré toutes les mesures de sécurité, l’inévitable se produit parfois, et cela fait réfléchir, effectivement. Ce sont des choses qui vous remettent les deux pieds sur terre. »

“C’est vrai, nous aurions parfois intérêt à parler plus fort,

à nous faire entendre – sans aller jusqu’aux rodomontades.”

Comment vous détendez-vous en-dehors du travail, même si les frontières semblent plutôt floues chez vous entre le travail et les loisirs ? JOHAN BEERLANDT : « Après des problèmes aux genoux et à l’épaule, j’ai arrêté le tennis. C’est alors que j’ai découvert le golf. Un sport fantastique, et qui renforce l’esprit d’équipe. Chez BESIX, de nombreux cadres sont devenus des fanatiques joueurs de golf. Ce qu’il y a de bien avec ce sport, c’est que l’on joue contre soi, contre son propre handicap. C’est aussi le moyen idéal de rencontrer de nouvelles personnes et de les évaluer, de les comprendre intuitivement. Celui qui falsifie son score en ne comptant pas tous les coups n’est pas honnête envers luimême. Je n’arrive pas à croire qu’un tel individu puisse être honnête envers autrui. Si l’on triche dans ce qui n’est qu’un jeu, comment se comportera-t-on en affaires ? J’ai déjà refusé de travailler avec certaines personnes après les avoir vues à l’œuvre au golf. Le bâtiment, c’est un travail d’équipe, comprenez-vous et chez BESIX, il n’y a pas de place pour des ego surdimensionnés. » A contrario, on observe que beaucoup d’hommes d’affaires importants sont des joueurs de golf très convenables. JOHAN BEERLANDT : « Le golf, c’est aussi un exercice mental. Chaque coup requiert une intense concentration et de la relaxation. Du sang-froid également, et de la persévérance. Mon handicap personnel atteint 23,4. Mais je dois avouer que j’ai mis 7 ans pour passer de 25 à 23,4. Mon rêve, c’est d’arriver un jour à 18. Je crains que ce soit pour une prochaine vie… »

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Blankenberge > Bollywood > BESIX Même s’il vit à Bruxelles depuis des années, Johan Beerlandt est un westflandrien né. A quinze ans déjà, il faisait le guide dans les bus de l’entreprise d’autocars de son père, Grey Red Cars à Blankenberge. Après avoir passé trois années sur les bancs de l’université, le virus des voyages l’a contaminé et ne l’a plus jamais quitté. A bord d’une Triumph Herald prêtée par son frère, il a rejoint l’Inde en trois mois (plus un nombre incalculable de pannes et de pneus crevés). C’est en Inde qu’est née la légende de Johan Beerlandt qui a été acteur dans des films Bollywood pour payer son séjour. Des affiches jaunies corroborent cette légende. Mais acteur ou pas, c’est toujours en Inde que Johan Beerlandt a rencontré celle qui deviendrait sa femme. Sous l’influence de son beau-père, il est retourné sur les bancs de l’Université de Gand trois ans plus tard pour y terminer ses études d'ingénieur. Quelque temps après, il a commencé à travailler pour une entreprise du bâtiment qui s’appelait encore à l’époque Six Construct. Il gardait pourtant toujours un œil sur l’étranger. Johan Beerlandt a passé – avec sa famille – plus de vingt ans hors de son pays pour Six Construct, devenu ensuite BESIX, sur différents chantiers en Irak, aux Emirats Arabes Unis et au Cameroun. Un des sommets de sa carrière a certainement été le coup de théâtre qu’il a réalisé en 2004 en reprenant le contrôle de BESIX avec quelques managers. Une opération qui a posé les bases de la forte croissance internationale de BESIX ces dernières années, spécialement au Moyen-Orient. Johan Beerlandt a fêté ses 63 ans le 4 avril dernier, BESIX a soufflé 102 bougies le 13 janvier 2011.

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a n aly s e

l e s P l u s -va l u e s s u r a c t i o n s

Pas toujours exonerees

En Belgique, les plus-values sur actions sont en principe exonérées d’impôts. Malgré cela, il n’est pas rare de voir le fisc taxer certaines plus-values. Nous avons interrogé sur la question Jehanne Maldague et Thomas Weyts, des juristes spécialisés en Estate Planning. texte Thomas Weyts, MANAGER ESTATE PLANNING Et JEHANNE MALDAGUE, Senior Tax Advisor

Début 2011, l’administration fiscale qui réclamait plus de 4,3 millions d’euros d’impôts à Danny Verbiest (alias Samson, l’un des fondateurs du groupe media Studio 100), n’a pas eu gain de cause. THOMAS WEYTS :  Effective­ ment : en 2004, Danny Verbiest, voulant quitter Studio 100, a cédé ses actions aux co-fon­dateurs du groupe, Gert Verhulst et Hans Bourlon. En 2008, l’Inspection Spéciale des Impôts réclamait 33% sur la plus-value réalisée par Danny Verbiest lors de cette vente. Dans un jugement daté du 16 février 2011, le Tribunal de première instance de Bruxelles a décla­ ré, à juste titre, que la vente

“Que faut-il entendre

par gestion

normale d’un patrimoine privé ?”

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d’actions n’était pas imposable. Toute la discussion portait sur la question de savoir si la plusvalue réalisée pouvait être exonérée au titre d’opération relevant de la ‘gestion normale d’un patrimoine privé’, le fisc s’y opposant. Danny Verbiest avait pendant plusieurs années été directeur ou administrateur des sociétés dont il avait cédé des actions ; activités auxquelles il avait mis fin à l’occa­ sion de la vente. La position de l’administration fiscale revenait à opérer une distinction entre associés actifs et passifs ; l’exonération d’impôts étant, selon elle, réservée aux actionnaires qui ne jouent qu’un rôle passif dans


Les plus-values sur actions

les sociétés où ils participent. Le tribunal a jugé que ce faisant, le fisc ajoutait une condition à la loi.

Normal ou non ? Que faut-il entendre par ‘gestion normale d’un patrimoine privé’ ? JEHANNE MALDAGUE : Il n’existe aucune définition légale de cette notion. En jurisprudence, on parle de ‘gestion de bon père de famille’. Le ca­ractère normal ou non d’une opération est déterminé en fonction du comportement qu’une personne normalement prudente aurait eu en pareille circonstance. Même si la jurisprudence entend la notion

de ‘gestion normale d’un patrimoine privé’ au sens large, l’appréciation est une question de fait. L’importance du patrimoine géré est, par exemple, un des éléments pouvant être pris en compte.

actionnariat familial. La plusvalue réalisée est donc une plus-value ‘interne’ dès lors que la personne physique agit ici à double titre : en son nom propre, d’une part, et en qualité d’administrateur ou de dirigeant d’une société holding, d’autre part. On parle également de plus-values internes dans le cas d’une cession par une personne physique à une société holding constituée par un ou plusieurs de ses enfants.

Au cours de la dernière décen­ nie, il a souvent été question de plus-values dites internes. De quoi s’agit-il exactement ? JEHANNE MALDAGUE :  Les plus-values internes sont des plus-values réalisées par des personnes physiques sur les actions d’une entreprise fami­ liale (généralement une société d’exploitation) à l’occasion de leur cession à une société holding constituée par le même

THOMAS WEYTS : Dans le ca­

dre de la planification patri­mo­n iale, les fiscalistes conseillent souvent d’incorporer les actions de sociétés familiales dans une société nouvellement

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En principe, les plus-values réalisées par une personne physique sur des éléments de son patrimoine privé – hors du cadre professionnel – sont exonérées d’impôt. Toutefois, lorsqu’ elles sont générées par des opérations de nature purement spéculative et hors du cadre d’une gestion normale, les plus-values sur actions sont imposa­bles à 33% (Article 90 CIR/1992) à titre de revenus divers, majorés des additionnels communaux. Sont également imposables au titre de revenus divers les plus-values réalisées dans le cadre de la gestion normale d’un patrimoine privé (hors du cadre professionnel), mais uniquement sur des participations dépassant 25% et lorsqu’elles sont réalisées à l’occasion de la cession à titre onéreux (par exemple lors d’une vente) à une personne morale établie hors de l’Espace Economique Européen (EEE). Dans certains cas exceptionnels, les plus-values sur actions peuvent être imposées comme revenus professionnels. Certains apports d’actions dans une société holding ne peuvent être considérés comme des opération de gestion normale d’un patrimoine privé et sont dès lors soumis à l’impôt sur la plusvalue (33%). Sous certaines conditions, cet impôt peut toutefois être reporté à la vente de la société holding ou au remboursement de son capital social. Il ne saurait toutefois être question d’exonération temporaire lorsque l’évasion fiscale constitue l’un des principaux objectifs de l’apport.


a n aly s e

relève bien de la ‘gestion normale d’un patrimoine privé’ ? JEHANNE MALDAGUE : Le 22 mars dernier, le Service des Décisions Anticipées a publié un avis visant à éclaircir un certain nombre d’éléments. La commission de ruling y déclare fonder son analyse sur les critères repris dans la jurisprudence. L’avis clarifie également un certain nombre de points à prendre en compte. La commission de ruling précise notamment qu’il peut être nécessaire de produire un rap­port d’évaluation, réalisé par un réviseur ou un fiscaliste, avant que la décision soit prise.

créée ou dans une autre déjà existante, qui opère comme société holding. Les plus-values réalisées par les actionnaires suite à l’apport de leurs actions sont exonérées d’impôts dans la mesure où la transaction s’opère dans le cadre de la gestion normale d’un patrimoine privé.

Les criteres de la commission de ruling La commission de ruling déduit de la jurisprudence que les critères suivants (non pas séparément mais en combinaison avec un ou plusieurs autres critères) peuvent mener à la conclusion qu’il est ou non question de gestion normale d’un patrimoine privé : 1. L’existence ou l’absence de motifs économiques 2. Le caractère complexe ou ingénieux de l’opération 3. L’(les) opération(s) implique(nt) des sociétés récemment constituées (qu’il s’agisse de la société d’exploitation ou de la société holding) 4. L’importance de la plus-value 5. Le mode de financement et les éventuelles cautions 6. La capacité de financement de la société acquéreuse 7. La distribution de dividendes entre le moment de l’acquisition des actions des sociétés impliquées dans l’opération et le moment de l’opération projetée 8. Le mode de gestion du patrimoine privé 9. L’estimation des parts

Le fisc voit d’un mauvais oeil de telles opérations car dans la législation actuelle, les actions ainsi apportées comme capital libéré sont considérées à leur valeur réelle au moment de l’apport. Par conséquent, les actionnaires peuvent à terme retirer de l’argent de la société holding par le biais d’une réduction de capital, exonérée d’impôts.

La commission propose en outre des exemples d’engagements éventuels à prendre par le demandeur. Elle vise notamment l’engagement en vertu duquel la société holding ne réalise plus de réduction de capital pendant une période de trois ans à dater de l’apport, ou à cet autre selon lequel les allocations de dividendes ne bougeront pas pendant ces trois années par rapport à la situation antérieure à l’apport.

JEHANNE MALDAGUE : Il est

très important de savoir si la création d’une société holding est bien une opération relevant de la gestion normale d’un patrimoine privé. Dans l’affirmative, la plus-value réalisée par la personne physique est exonérée d’impôt. Dans le cas contraire, toute la plus-value est imposable.

THOMAS WEYTS : Les critères

Comme je l’ai déjà dit, cette estimation dépend des circonstances de fait. Les personnes qui souhaitent une certaine sécurité juridique peuvent réclamer une décision anticipée, dite ‘ruling’ auprès du Service des Décisions Anticipées en matière fiscale.

appliqués par la commission de ruling ressortent clairement des décisions publiées. Sera par exemple favorable, le fait que les demandeurs détiennent depuis longtemps les actions qu’ils souhaitent apporter et qu’ils ont acquis d’une manière normale. Un motif acceptable serait par exemple l’apport d’actions en vue de créer une structure destinée à centraliser des activités, dans un but de développement du groupe.

La commission de ruling Quels sont les critères retenus par cette commission de ruling pour établir qu’une opération

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JEHANNE MALDAGUE : La com-

mission reconnaît également qu’il est parfaitement possi­ ble de voir un contribua­ ble fortuné créer une so­c iété pour réorganiser son patrimoine, en vue d’une planification successorale ou d’un allègement fiscal, le tout sans sortir des limites de la gestion normale. Il va sans dire que des motifs non fiscaux – financement, centralisation ou planification successorale – sont favorables à un dossier.

Maintenant ou jamais ! Quelles sont les opérations pour lesquelles le Service des Décisions Anticipées n’accorde pas de ruling ? THOMAS WEYTS : L’apport d’actions d’une société dont les activités viennent d’être retirées ou la vente d’actions d’une société dite de liquidités ne relève pas des opérations normales. Le service de ruling voit aussi d’un mauvais oeil les immeubles privés dans les sociétés ou l’apport dans une société patrimoniale avec pertes. Certains milieux politiques semblent favorables à la taxa­tion de toutes les plus-values sur actions. THOMAS WEYTS : Des propositions ont en effet été faites, notamment pour appliquer une taxe de 10%. Ce tarif est aussi celui d’une liquidation de société. Nous n’excluons pas l’éventualité d’une initiative du législateur dans ce domaine. Pour ceux qui pensent à la création d’un holding, c’est donc peutêtre maintenant ou jamais.


r e p o r ta g e

L e K l a r a F e s t i va l 2 0 11

sous le

signe

du paradis

Chantal Pattyn est la directrice de la radio Klara, la station de musique classique de la VRT. Hendrik Storme est le directeur artistique du KlaraFestival. A eux deux, ils sont le moteur de l’organisation du KlaraFestival, qui se déroulera au mois de septembre à Bruxelles et qui propose une série de concerts classiques, sans être traditionnels, sur le thème ‘Imagine Paradise’. Partenaire structurel du projet, Optima s’implique dans l’événement. texte Marc Holthof | PHotos lieven dirckx

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“Nous sommes un festival le seul en Flandre.”

de radiodiffusion,

Qu’est-ce que le KlaraFestival ? Chantal Pattyn : « Le KlaraFestival est né il y a quelques années du Festival de Flandre Bruxelles. Tant la radio Klara que le festival sortent aujourd’hui gagnants de cette collaboration : pour Klara, c’est merveilleux de pouvoir entamer la saison avec ces splendides concerts, pour le festival, la collaboration avec une chaîne de radio publique est évidemment un excellent coup médiatique. » Hendrik Storme : « Mais cette collaboration

présente également une plus-value au niveau du contenu. Nous sommes un festival de radiodiffusion, le seul en Flandre. Une station radio crée tout un contexte autour des concerts en procédant à des interviews avec les artistes, en approfondissant un sujet de façon thématique, etc. Pour ce genre de choses, la radio est un moyen bien plus efficace qu’un festival de musique. » Cette collaboration a-t-elle une influence sur la composition du public du festival ? Hendrik Storme : « Le succès du KlaraFestival découle en grande partie de l’intérêt médiatique que lui accorde radio Klara. D’année en année, le nombre de visiteurs augmente. Le public est aussi de plus en plus jeune. D’autre part, le festival permet également de faire découvrir radio Klara à un nouveau public. Notre objectif est de travailler en collaboration avec un maximum d’instances dif-

férentes. Ainsi, à Bruxelles, nous travaillons au-delà des frontières communautaires avec divers centres culturels, petits et grands. Nous organisons des concerts au Bozar et à Flagey, nous entretenons également une collaboration structurelle avec La Monnaie, le Kaaitheater et Cinematek. Une nouvelle forme de collaboration et une nouvelle dynamique sont apparues entre ces établissements, notamment grâce au KlaraFestival. La culture et l’art doivent permettre de favoriser le dialogue et de créer des liens entre les gens, de poser des questions pertinentes. C’est notre tâche principale. »

Dans les night-clubs Chantal Pattyn : « Pour le KlaraFestival, nous

souhaitons maintenir un seuil assez accessible. Vous pouvez vous rendre dans un temple de la culture tel que La Monnaie, mais nous proposons également de petits concerts-déjeuner et des activités à plus petite échelle. La participation de la radio permet de rendre le festival beaucoup plus accessible. » Hendrik Storme : « L’année dernière par exemple,

nous avons lancé le concept Club-K, de la musique classique dans les night-clubs. Pour la soirée de clôture du festival, Rascher, un quatuor de saxophonistes de renommée mondiale, jouera des œuvres de Bach à Glass dans le cadre du très beau club Spirito, aménagé dans une ancienne église. En changeant le décor, on porte un regard différent sur cette

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musique, ce qui nous permet de toucher un tout autre public, nettement plus jeune. » Que dit le programme ? Hendrik Storme : « Cette année, le festival dure

plus longtemps que l’année dernière : il s’étalera sur deux semaines, avec dix concerts à midi, dix-sept concerts en soirée et toute une série d’activités annexes. Comme chaque année, le festival commence par un projet dans l’espace public. Sous le titre ‘Brussels city of hope ? The future is now !’, le saxophoniste Fabrizio Cassol a imaginé une nouvelle œuvre, jouée par des groupes de percussionnistes de tous horizons mais vivant à Bruxelles. Sa composition s’inspire de la question suivante : que signifie aujourd’hui l’utopie dans une ville comme Bruxelles ? Une parade est également organisée avec ces mêmes groupes, depuis la gare Centrale via la galerie Ravenstein jusqu’au Bozar. Ce sera une belle illustration de la manière dont nous souhaitons intégrer le festival dans la ville. » L’année dernière, le programme était articulé autour du compositeur Gustav Mahler. Quel est le thème central de l’édition 2011 ? Hendrik Storme : « Nous entamons ce qui sera une trilogie sur l’humanité. Qu’est-ce qui fait de l’Homme ce qu’il est ? Comment vit-il ses faiblesses et ses aspirations ? Quelles sont les forces qui motivent son existence ? Le premier volet débutera


r e p o rtag e

au paradis (perdu), d’où le titre de cette année : ’Imagine Paradise’. il est frappant de constater à quel point ce thème est récurrent à travers la musique classique et la littérature. Ce qui m’intéressait avant tout, c’était ce que le philosophe Ernst Bloch appelait ‘le principe d’espérance’ selon lequel l’être humain peut continuer à vivre grâce à l’espoir, à l’utopie. Ce sujet revient dans la Bible, mais aussi à travers la musique baroque : prenez ‘L’Orfeo’ de Monteverdi, où Orphée va rechercher sa bien-aimée aux enfers, ou encore la symphonie ‘Eroïca’ de Beethoven. Au cours du festival, ce sont Les Talens Lyriques, sous la direction de Christophe Rousset, qui joueront cette dernière œuvre sur des instruments de l’époque de Beethoven. » Quels en seront les grands moments ? Hendrik Storme : « Orlando Paladino de Jozef Hadyn sera un des moments forts. L’opéra sera porté à la scène en collaboration avec notre compatriote René Jacobs qui dirigera le Freiburger Barockorchester. Artiste à l’honneur cette année, René Jacobs se chargera également d’un deuxième projet, à savoir ‘Aci, Galatea e Polifemo’ de Handel. Le personnage de Prométhée revient à plusieurs reprises, que ce soit chez Beethoven ou chez Liszt, dont c’est l’année d’anniversaire. Nous en profitons pour mettre l’accent sur son œuvre symphonique, telle que la symphonie de Dante, et proposerons également sa dernière œuvre chorale, ‘Via Crucis’, traduction musicale du chemin de croix de Jésus. Le photographe Carl De Keyzer a sélectionné pour chaque station une image qui sera projetée, tandis que la jeune compositrice polonaise Kasia Glowicka a écrit l’épilogue contemporain de cette œuvre. Le comédien Jan Decorte a toujours rêvé de travailler avec la pianiste Claire Chevallier. Il s’agit d’un projet qui parle de mort et de naissance, agencé autour d’une œuvre pour piano composée par Liszt à la fin de sa vie et des adaptations par Jan Decorte de ‘l’Oresteia’. » « Nous commémorerons également le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre avec le ‘War Requiem’ de Benjamin Britten, une ode à la paix et une des plus belles et des plus puissantes œuvres utopiques du XXème siècle. Elle sera dirigée par Sir Neville Marriner, tandis que les solos seront chantés

“Ils appellent ça un Pop Opéra – pour ma part, je dirais qu’ils s’agit d’une œuvre entre le concert classique, l’opéra et le spectacle pop.” [ CAPITAL 12 ]

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r e p o rtag e

“ D’année en année, le nombre de visiteurs Le public est aussi de plus en plus jeune.

a augmenté.

par un soprane américain, un ténor palestinien et un baryton juif. » Le comédien Jan Decorte, le photographe Carl De Keyzer, la créatrice de mode Véronique Branquinho : une belle brochette de noms auxquels on ne s’attend pas à première vue dans un festival de musique. Hendrik Storme : « J’essaie toujours de relier la musique à d’autres formes d’art. Presque tous les projets du KlaraFestival font le lien avec d’autres branches artistiques, mais la musique doit rester la base de ces projets. » « Bl!ndman propose par exemple un très beau projet intitulé ‘Utopia 47’. Cet opéra/spectacle est une passion en deux parties qui crée un lien entre la dernière année de la guerre de Trente Ans – 1647 – et la dernière année d’une guerre de Trente Ans à venir – 2047. La beauté de la musique religieuse telle qu’elle avait été composée par Schütz à l’époque de la guerre de Trente Ans symbolisait un ultime signe d’espoir pour un monde meilleur. Mais serions-nous encore sensibles aujourd’hui, dans notre monde ultra-postmoderne, à un tel appel moral ? Quelle passion pourrons-nous connaître en 2047 ? C’est la mezzo-soprano Cristina Zavallone qui assure le chant, et en deuxième partie, le public est invité à monter sur la scène autour des musiciens. » « ’Dez Mona’ est un groupe anversois dont fait partie Gregory Frateur, un chanteur à la voix si particulière. Il nous a écrit de nouvelles chansons et ballades qui parlent de la reine norvégienne du passé, du présent et de l’avenir : Sága. Ce programme est exécuté par ‘Dez Mona’ avec accompagnement d’une guitare et d’une harpe baroques. Gregory est d’avis que ces instruments dégagent une chaleur que leurs pendants modernes n’ont pas. C’est Véronique Branquinho qui a réalisé les costumes de cette production. De leur côté, ils appellent ça un Pop Opéra – pour ma part, je dirais qu’il s’agit d’une œuvre entre le concert classique, l’opéra et le spectacle pop. »

vaste monde, de la musique alternative à l’expéri­ mentation, un fait unique en Europe. L’année dernière, je me suis rendue à la BBC pour expliquer ce concept. C’était assez bizarre : la fille du boulevard Reyers qui se rend à Oxford Circus pour leur dire comment faire ! » Comment faites-vous pour sélectionner un programme parmi l’immense offre des concerts internationaux ? Hendrik Storme : « Programmer consiste à faire une sélection personnelle dans une offre trop volumineuse de concerts. Parallèlement, il est aussi important pour un festival de mettre sur pied ses propres productions et j’espère qu’à l’avenir, nous disposerons d’un plus grand budget pour le faire. Le KlaraFestival présente toutefois un fil rouge, à savoir la pratique de l’interprétation authentique. Nous sommes le seul grand festival européen intéressé par l’interprétation authentique du XIXème siècle. Bon nombre de pianistes ne jurent encore que par un piano Steinway pour jouer du Liszt, alors que Liszt lui-même avait une tout autre idée du son de sa musique. Nous ne voulons bien sûr pas paraître dogmatiques : The London Philharmonic propose d’ailleurs une exécution traditionnelle de Liszt. Mais un nouvel orchestre français, Les Siècles, joue également cette musique sur des instruments historiques. Je suis convaincu que la musique du XIXème siècle avait un son très différent de la manière dont on la joue aujourd’hui : beaucoup plus libre, beaucoup plus narrative, plus passionnée, davantage ciblée sur la communication et beaucoup moins sentimentale. » Optima est un important partenaire du KlaraFestival. Que représente le sponsoring pour le festival ? Hendrik Storme : « Les sponsors sont essentiels pour le festival, tout simplement parce que nos autres sources de revenus – les subsides des pouvoirs publics et la vente des tickets – ne suffisent pas à réaliser nos rêves. Nous sommes néanmoins un festival qui s’en sort très bien au niveau des recettes de la vente des tickets. »

Chantal Pattyn : « Elargir nos horizons de cette

manière, c’est idéal. C’est également la position défendue par radio Klara ; nous sommes bien plus qu’une station de musique classique. Elle cache un

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KlaraFestival 2011 – Imagine Paradise du 1er au 16 septembre, à différents endroits à Bruxelles. www.klarafestival.be


Tout commence par de l’ambition, mais n’aboutit qu’avec un plan. Optima Financial Planners

Plus vos ambitions sont grandes, plus importants sont vos besoins de conseils en matière fiscale et de placements. C’est pourquoi Optima prend vraiment le temps de vous écouter. Ce n’est que lorsque nous avons compris d’où vous venez et où vous voulez aller que nous pouvons vous proposer un plan sérieux. Un plan qui vous donne une vision claire de tous les aspects de votre situation.

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Nous commençons par étudier comment optimaliser vos revenus et vos moyens disponibles, tout en réfléchissant déjà à la façon de répondre à vos attentes à plus long terme, comme votre pension et votre héritage. Ne vous contentez plus de conseils épars, exigez un plan ! Pour votre vie, pour aujourd’hui et pour demain.

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e v e n ts

N et wor k i ng

Que vaut une planification financière optimale si on ne peut en profiter et échanger ses idées avec ses semblables ? Voilà pourquoi Optima organise régulièrement des événements pour ses relations, afin de lier des contacts et de discuter librement de questions financières et autres. PHotos Jeroen Peeters

Gentlemen’s Rendez-vous Une soirée inspirée

Le 12 mai dernier, alors que le soleil disparaît lentement à l’horizon, au-dessus du tarmac de l’aéroport de Deurne (Anvers), 800 invités se retrouvent dans un hangar de la compagnie aérienne Abelag. Il ne s’agit pas de monter à bord de l’imposant jet privé qui sert de décor à la soirée, mais bien de se laisser embarquer pour un périple d’un soir au fil des trois grandes passions qui animent les ‘gentlemen’ : l’automobile, l’aviation et l’horlogerie. Ou pour citer les organisateurs de Roadbook Magazine : la symbiose de l’esthétique et de la mécanique.

Effectivement, on dirait que les amateurs ont du mal à garder la tête froide. Est-ce la vue de ces beaux exemples de techniques signés Audi, Bentley et consorts ? Ou les cœurs qui s’emballent à l’écoute du tic-tac des prestigieuses montres siglées Hublot, Audemars Piguet ou Manufacture Royale ? Parions plutôt pour le champagne offert sur le stand d’Optima, où une main heureuse sinon innocente recueillera un véritable diamant au fond d’une coupe ! 12 MAI 2011

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e v e n ts

BEERENS RALLY

Un rallye où tout est permis et rien n’est imposé

Le dernier week-end de juin est sacré pour le petit monde des voitures de collection. C’est en effet celui du Beerens Classic Rally, un des plus sympathiques événements du genre, même si ce n’est pas le plus important en termes d’envergure. Cette cinquième édition, qui a eu lieu le 26 juin dernier, avait pour principal sponsor Optima – qui l’était déjà l’année dernière. Cette année est celle d’une première, car le Beerens Classic Rally a traversé – avec succès – la frontière linguistique ! Au petit matin, les participants se sont retrouvés devant le Château Gravenhof à Dworp (datant du 17ème siècle), à partir duquel le parcours les a emmenés le long de petites routes, dans les campagnes verdoyantes au sud de la capitale et dans la province du Hainaut. La pause déjeuner n’a pas seulement rassasié les estomacs des passionnés d’automobile – ce que sont tous les participants. Leurs yeux aussi ont été à la fête puisque cette halte était prévue dans le musée automobile de Leuze-en-Hainaut, encore trop peu connu de nos compatriotes néerlandophones. Le reste du parcours, concocté avec une admirable patience par un spécialiste du genre, Gert Beets, était tout aussi généreux en paysages idylliques et en adorables petites routes, jusqu’aux portes de la capitale. Comme d’habitude, la journée s’est terminée dans les nouveaux locaux de Beerens à Zaventem, avec une bière bien fraîche et bien méritée. D’un caractère familial et touristique, le très sympathique Beerens Classic Rally n’a pas – encore – acquis la renommée d’un Mille Miglia, dont nous vous parlons également dans ce numéro, mais les connaisseurs le savent depuis des années : voilà un grand cru pour le prix d’un petit vin de pays ! 26 Juin 2011

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o ptima o p e n

O p t i m a O p e n  :  d e u x i e m e e d i t i o n a p r e s u n e e c l a t a n t e r e u s s i t e e n 2 0 10

Le duel Borg / McEnroe VENDREDI 19 AOUT 2011 14h30

Match 1 :  Borg vs Krajicek Match 2 :  Wilander vs Leconte

Pas avant 17h45

Match 3 :  McEnroe vs Krajicek

SAMEDI 20 AOUT 2011 14h30

Match 1 :  Leconte vs Forget Match 2 :  Borg vs McEnroe

Pas avant 17h45

Match 3 :  Wilander vs Forget

DIMANCHE 21 AOUT 2011 14h30

Finale :  Finale Optima Open 2011

Suivie par

Match Runners-Up :  Pour la 3eme place

Pour la deuxième fois consécutive, Optima fait venir en Belgique six des plus grands champions de tennis de tous les temps. L’Optima Open 2011, qui se déroulera du 19 au 21 août au Royal Zoute Tennis Club de Knokke-Heist, sera une fois de plus le grand événement estival de la côte belge. Le match opposant les rivaux légendaires – Björn Borg et John McEnroe – est surtout prometteur. C’est indéniable :  la deuxième édition de l’Optima Open créera le buzz ! texte Jeroen Lissens et Valerie Du Pre

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o ptima o p e n

Ceux qui l’ont vécu l’année dernière tiendront absolument à le revivre cette année également. Non seulement pour le spectacle d’un tennis de niveau mondial, mais surtout pour ne pas rater la super-ambiance qui règne sur et autour des courts du fameux Royal Zoute Tennisclub. En effet, l’Optima Open, c’est bien plus que du tennis. Ce sont aussi des mets délicieux, des conversations animées, une (ou des) coupe(s) d’un excellent champagne, le tout accompagné d’une musique très gaie jouée par un combo de jazz, coiffé d’un panama blanc. Bref, l’Optima Open est synonyme des bonnes choses de la vie. Mais l’Optima Open est d’abord et avant tout le théâtre de duels passionnants, avec les idoles d’hier et d’aujourd’hui qui s’affrontent sur le court. La cerise sur le gâteau : le match opposant Björn Borg et John McEnroe. Borg et McEnroe – ‘Ice vs Fire’ – se sont affrontés entre 1979 et 1981 à l’occasion de 14 matches au total (dont 7 victoires pour chacun), avec 4 finales au Grand Chelem (2 Wimbledon et 2 US Open). A eux deux, ils nous ont servi un tennis de la plus grande qualité et leur rivalité (véritable ou feinte?) est encore aujourd’hui sujette à discussions entre amateurs passionnés de tennis. Borg et McEnroe, cela nous remet immanquablement en mémoire LE match du siècle (le XXème siècle), lorsque ces deux monstres sacrés se sont affrontés le 5 juillet 1980 en finale de Wimbledon. Pendant le tiebreak épique (il a duré 22 minutes) à la fin du quatrième set, McEnroe a réussi 7 balles de match, remportant ainsi le cinquième set avec 34 points (18-16). Borg, NR 1 mondial à l’époque, a réussi à remporter la coupe malgré tout, après 5 sets inoubliables !

Jeroen Piqueur, CEO d’Optima : « Nous avons été très satisfaits de notre première édition, du niveau élevé du jeu et de l’extraordinaire ambiance. Et nous avons atteint nos objectifs en matière de renommée et de liens noués par des relations d’affaires. C’est la raison pour laquelle nous avons tenu à renouveler l’expérience en 2011. »

MCENROE : SUSPENSE SOUS LA CEINTURE Les amateurs de tennis ne seront pas les seuls à admirer depuis le premier rang le duel des titans (McEnroe vs Borg) lors de l’Optima Open du 20 août prochain. Les chasseurs de tendances auront eux aussi les yeux fixés sur le court – pas tellement pour admirer les tempes argentées des deux légendes vivantes, mais plutôt pour tenter d’apercevoir un fragment de leur…slip ! Vous avez bien lu : après Borg, McEnroe Lance à présent sa propre ligne de sous-vêtements très tendance, testés, approuvés et signés par ‘Big Mac’ en personne. Il s’agit en fait d’une édition spéciale du fameux slip Björn Borg. Les rivaux de toujours s’affrontent donc encore et encore, et pas seulement au-dessus de la ceinture. Suspense garanti !

L’Optima Open fait partie de l’ATP Champions Tour, une série de tournois internationaux disputés par les ‘légendes vivantes’ du tennis ayant abandonné le circuit professionnel depuis deux ans minimum et âgées d’au moins 35 ans. Outre Borg et McEnroe, les participants sont cette année Mats Wilander, Guy Forget, Henri Leconte et Richard Krajicek. Le palmarès de Wilander est comparable à celui de Borg et de McEnroe. En 1988, Wilander était numéro 1 mondial après une saison sans fautes et pas moins de 7 titres au Grand Chelem. Grâce à son exceptionnelle puissance de concentration, à son sang-froid et à son contrôle absolu du jeu, le suédois a écrit une belle page de l’histoire du tennis de compétition. Inutile de vous présenter Leconte et Forget, les deux français. Après une brillante carrière, ces deux champions n’ont pas disparu des médias et participent à divers tournois tant en France qu’à l’étranger. Venus en voisins, ils donneront le meilleur d’eux-mêmes à Knokke-Heist, tout comme ils l’ont fait l’année dernière à l’occasion de l’Optima Open 2010. Nous vous présentons en dernier le hollandais Richard Krajicek, qui a également participé au tournoi l’année dernière et qui a vécu son heure de gloire en 1996 avec sa victoire à Wimbledon. Pour terminer, une nouvelle destinée aux amateurs de beau tennis : outre le match des matches, opposant Borg et McEnroe le samedi 20 août, le public peut s’attendre le vendredi 19 août à un remake de la célèbre finale de Roland Garros en ‘88 (Mats Wilander contre Henri Leconte). Une tribune supplémentaire de 500 places numérotées est prévue pour l’occasion.

« Pour moi, ce n’est pas une première : j’ai déjà joué à Knokke-Heist. Lorsque j’ai appris que John serait lui aussi de la partie, il ne m’a plus fallu longtemps pour me décider à revenir. Il s’agit de l’un des meilleurs tournois du circuit et je suis super-excité à l’idée d’affronter John. Même après tant d’années, ce sont des moments très particuliers pour nous deux », nous confie Björn Borg. (Visionnez un avantgoût du duel Borg/McEnroe via www.optimaopen. be/borg-mac-fr)

www.optimaopen.be

Ce seront des moments très spéciaux également pour un public de 2 500 personnes triées sur le volet. L’organisation de la deuxième édition de l’Optima Open relevait de l’évidence pour Monsieur

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o ptima o p e n

L’ O p t i m a O p e n a c c u e i l l e p o u r l a d e u x i e m e f o i s l e c h a m p i o n R i c h a r d K r a j i c e k

Un champion

socialement

engagé

Citez un sportif de haut niveau qui, dans le prolongement de sa carrière sportive, a réussi dans les affaires, et le nom de Richard Krajicek s’impose aussitôt. Capital a rencontré pour vous notre sympathique voisin du nord et en a profité pour l’interroger sur le sport de haut niveau, sur son engagement… et sur ses finances. texte Jeroen Lissens | PHotos Lieven Dirckx

Après une carrière de 14 ans comme professionnel du tennis, vous en avez démarré une autre : celle de directeur de tournois de tennis. Quelle est à votre avis la principale concordance entre le sport de haut niveau et l’entreprenariat ? RICHARD KRAJICEK : « Travailler dur et persévérer bien sûr, cela compte autant dans le sport que dans les affaires. Mais pour moi, ce qui compte surtout dans ces deux domaines, c’est de connaître parfaitement ses points forts ET ses points faibles. C’est ce qui permet d’avancer. En ma qualité de sportif, j’ai dû reconnaître la relative faiblesse de mon backhand, mon talon d’Achille en quelque sorte. Tandis que mon point fort, mon forehand, était une arme. Mais c’est aussi là que se cachait le danger : je ne pouvais pas utiliser ce forehand n’importe comment, seulement dans une position donnée. Si je l’avais utilisé constamment, ce point fort se serait retourné contre moi et serait devenu mon point faible. Conclusion : sachez utiliser vos points forts, surtout lorsque c’est nécessaire : c’est le conseil que je voudrais donner aux sportifs et aux entrepreneurs. »

d’argent – mes parents étaient des réfugiés tchèques arrivés en 1970 aux Pays-Bas, où il leur a fallu repartir à zéro – et j’étais donc particulièrement sensible aux enfants élevés dans des quartiers à problèmes. Je tenais à leur rendre un petit peu de ce que j’avais reçu, par le biais du sport. C’est comme ça qu’est née la Richard Krajicek Foundation (www.krajicek.nl ), une fondation qui tente de créer des lieux sûrs pour les enfants, où ils peuvent faire du sport tous ensemble et bien accompagnés. Nous avons inauguré récemment notre 75ème terrain. Mais ce que je trouve encore plus important que les terrains et le matériel, ce sont les gens, les habitants du quartier qui assurent l’accompagnement, les coachs qui aident les enfants à briller et à devenir des modèles pour tout le quartier. Le sport me tient à cœur : pas seulement parce que le sport c’est la santé, mais aussi comme facteur social. Rencontrer l’autre en faisant du sport avec lui, ça aide aussi à se sentir plus en sécurité dans son quartier, parce qu’on y connaît des gens. Faire du sport tous ensemble, c’est drôlement mieux que traîner dans la rue, non ? »

Vous avez créé une fondation qui a pour objectif de stimuler les enfants et les ados à s’adonner au sport. Comment vous est venue cette idée ? RICHARD KRAJICEK : « Plutôt que de me balader dans un carrosse doré après ma victoire à Wimbledon en 1996, j’ai tenu à faire quelque chose pour la jeunesse. Chez nous à la maison, il n’y avait pas

Les sportifs de haut niveau et l’argent, est-ce un bon mariage ? RICHARD KRAJICEK : « Pas toujours. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai initié en collaboration avec une banque néerlandaise un département concerné par l’accompagnement financier des sportifs de haut niveau. Comment gérer son salaire, que faire

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au terme de sa carrière, comment créer son entreprise… ? De nombreux sportifs ne se soucient pas de questions financières, ils ne pensent qu’au sport et ne veulent pas d’autres tracas. C’est d’ailleurs assez logique, même s’il faut regretter qu’ils ne soient pas mieux accompagnés en matière de finances. Ils sont aussi nombreux à dépenser beaucoup trop d’argent dès que leurs revenus commencent à exploser. J’ai moi-même fait cette erreur, sans trop d’excès heureusement. Quoique…avais-je vraiment besoin de ces huit montres de luxe ? Encore heureux que les voitures ne m’aient jamais intéressé (rire). » Vous revenez à Knokke-Heist : l’Optima Open 2010 a été une réussite ? RICHARD KRAJICEK : « Evidemment que je remets ça, même si le tournoi de l’année dernière a été très dur : deux matchs en un seul jour, ce n’est pas rien. J’ai vu qu’il en ira de même cette année (Krajicek affrontera le 19 août Borg ET McEnroe, ndlr.), j’ai donc intérêt à me préparer davantage (rire) ! Mais c’est en effet un tournoi super. Ce qu’il y a de bien avec l’ATP Champions Tour, dont fait partie l’Optima Open, c’est que les joueurs ont un contact étroit avec le sponsor. Et puis, Knokke est évidemment un fort bel endroit, surtout quand il fait beau (rire). C’est aussi l’occasion idéale de faire plaisir aux clients et aux relations d’affaires sur le mode informel. Je n’hésiterai donc pas à interrompre mes vacances dans le sud de l’Espagne pour venir en Belgique. »


r e p o r ta g e

L’ h e r i t a g e d e s p r o v o s d ’A m s t e r da m

pédalez à la

découverte des villes Tout à commencé avec une poignée de ‘vélos blancs’ mis à disposition de tous, une idée mise en œuvre par les provos d’Amsterdam, mais qui s’est soldée par un échec retentissant. A l’heure actuelle, des centaines de villes ont initié des systèmes de location facile de bicyclettes, notamment Villo! à Bruxelles ou Velo à Anvers. Pédaler sous une fine bruine printanière à Lyon, cela vous tente ? Ou préférez-vous une balade estivale en deux roues à Copenhague ? Vous laisseriez-vous tenter par les délices de l’Indian summer à Montréal ? Alors, en route ! texte bart desomer

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Amsterdam


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LYON Lyon

Une invention du type des ‘vélos blancs’ ne pouvait naître que dans les années ‘60. Les fameux vélos blancs n’étaient pas équipés d’un antivol : ils étaient ‘propriété collective’, puisque la propriété privée, c’est le vol. Un vélo blanc devait servir pour une course donnée avant d’être déposé une fois arrivé à destination, prêt à être enfourché par l’utilisateur suivant. Le tout gratuitement, évidemment. Pendant l’été ‘65, les provos d’Amsterdam décident d’organiser un happening. Pour le préparer, ils distribuent des tracts (’PROVOCATION nr. 5’) afin d’éclairer l’objectif de leur action. Sur place, un vieux vélo peint en blanc est aussitôt saisi par la police. En fin de compte, seule une dizaine de ces vélos blancs sera en circulation, car la plupart sont aussitôt volés ou – au mieux – retrouvés dans un canal ou suspendus aux branches d’un arbre. L’homme ne semblait pas encore disposé à intégrer la notion de propriété collective… Si la propriété privée c’est le vol, la propriété collective, elle, a bel et bien été volée. Par la suite, le vol et le vandalisme feront encore échouer différents projets de vélo-partage – aux Pays-Bas et ailleurs… A Cambridge, le Green Bike Scheme ne tiendra le coup qu’un an à peine. Lancé en 2001, le projet des vélos blancs de Bratislava (Slovaquie), a la vie encore plus courte puisqu’en trois mois, toutes les bicyclettes sont volées ou très endommagées.

Rouge vif « Pour éviter le vol et le vandalisme, nous demandons aux utilisateurs de s’enregistrer », déclare Ivon Deden (Parkeerbedrijf Antwerpen, respon-

Copenhague

Montréal

sable du nouveau système Velo). « Nous réclamons par exemple les données de la carte de crédit, en guise de garantie. De la sorte, nous sommes couverts si le vélo est endommagé ou volé suite à une négligence de l’utilisateur. Nos bicyclettes sont rouge et blanc, les couleurs de la ville. » La plupart des systèmes de vélo-partage fonctionnent avec des modèles faciles à entretenir et de conception propre. Non seulement ils sont faciles à reconnaître comme bicyclettes en libre service (donc difficiles a écouler sur le marché de l’occasion), ils sont aussi mieux adaptés à un usage intensif et plus résistants, face au vandalisme ou au démontage. Les principaux acteurs sur ce marché ont pour noms Clear Channel (notamment à Anvers) et JCDecaux, qui exploite le système bruxellois Villo! « Les concepteurs ont veillé à ce que toutes les pièces soient invisibles dans le cadre et les roues, ou alors à l’abri dans le couvre-chaîne », explique Jérôme Blanchevoye de JCDecaux. « La chaîne notamment, mais aussi les freins, les câbles de frein et de vitesses… Même la soupape des pneus résiste au vandalisme. » La toute dernière génération de bicyclettes proposées à Arnhem (Pays-Bas) et à Grenoble est même équipée d’une puce de localisation, permettant de retrouver facilement celles qui sont volées ou perdues.

LA CHINE Une politique payante, puisque l’on compte actuellement 203 000 bicyclettes dans 28 pays du monde. Mais c’est en Chine qu’on retrouve le plus important système de vélo-partage. Dans la ville de Hangzhou, on ne dénombre pas moins de 40 000

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Nous vous avons déjà parlé de la belle réussite de Vélo’v, le système de vélo-partage lyonnais. Le centre historique de la ville, qui couvre 427 hectares, est classé patrimoine mondial par l’Unesco. En matière de culture, Lyon n’est devancée que par Paris et la ville est en tout cas la capitale de la gastronomie – le Beaujolais et le Côtes du Rhône proviennent des alentours. comment ca marche ?

Impossible de ne pas les voir : les stations de Vélo’v sont partout. Elles comprennent un terminal, où vous pouvez acheter un billet d’un jour (€ 1) ou d’une semaine (€ 3) à l’aide de votre carte bancaire. Vous payez ensuite au terminal (€ 1 par heure), ce montant étant automatiquement débité de votre compte. www.velov.grandlyon.com conseils pour un city-trip

Lyon est dominée par deux collines :  dur, dur d’arriver au sommet ! Si vous préférez pédaler à plat, nous ne pouvons que vous conseiller de suivre l’une des rivières ou les Berges du Rhône : un sinueux ruban le long du Rhône, depuis Gerland jusqu’au parc Tête d’Or, avec de nombreux équipements sportifs, de verdure et de jeux. A voir : les îles-jardins entre le Pont Morand et le Pont Lafayette, l’estacade et la piscine au Pont de L’Université, ou encore le port et les zones de piquenique à proximité du Pont Galliéni.


hangzhou Hangzhou, ville de 7 millions d’habitants située à 150 km de Shanghai, est un des endroits touristiques les plus populaires du pays. Hangzhou est une ville moderne, mais qui a conservé son centre ancien, si caractéristique de l’habitat chinois. Et comme partout en Chine, la bicyclette est ici le mode de transport le plus utilisé. comment ca marche ?

Hangzhou Bicycle Company gère plus de 2 000 stations de vélos. Vous commencez par acheter un pass au Smart Card Center, qu’il vous suffit ensuite de présenter devant la station. Vous attendez que le voyant lumineux passe au vert et que la serrure électronique s’ouvre, et il ne vous reste plus qu’à pédaler. La garantie est fixée à 200 yuans (environ € 20). Vous payez également une avance sur location de 100 yuans. Le montant non utilisé vous est remboursé avec votre garantie. www.bikehangzhou.com conseils pour un city-trip

Vous êtes un peu lassé de la foule au centre de Hanghzou, vous estimez que le très populaire Lac de l’Ouest n’est qu’un piège à touristes ? Vous pourriez alors envisager une balade à vélo direction le Xixi National Wetland Park. Cette zone naturelle offre un agréable mélange de nature, d’animaux sauvages et de musées. Le trajet le plus agréable menant au Xixi National Wetland Park passe par Wen Er Lu. Cette route est plutôt aisée tant que vous roulez en ville, mais le passage à la campagne se fait très brusquement. Sachez que le climat de cette région subtropicale est très humide. Les étés sont pluvieux et très chauds (40°C en moyenne en janvier), les hivers sont nuageux et généralement secs (28°C en moyenne en juillet).

Shanghai

bicyclettes réparties sur 2 000 stations. Quant à l’Amérique, elle est en queue de peloton et le système de vélo-partage n’y est encore qu’à ses premiers balbutiements. L’Europe est en tout cas la pionnière en la matière et la France se trouve toujours en tête du peloton européen. Le premier succès a été remporté avec le système Velo’v à Lyon, qui a débuté en 2005. Chaque fois qu’une bicyclette y est remise après un trajet, les freins, la pression des pneus, les (trois) vitesses et les feux subissent un contrôle numérique. Les résultats de ce rapide check-up partent immédiatement pour le centre de contrôle. Si un défaut apparaît, la bicyclette n’est plus proposée. Quant au prix, il n’a rien d’exagéré à en croire Jérôme Blanchevoye. « Une carte prépayée ne coûte que quelques euros et l’utilisation ellemême est gratuite tant qu’elle ne dépasse pas une heure. Autrement dit, les bicyclettes sont vraiment conçues pour un usage urbain relativement court. » Vous l’aurez compris : ne garez pas votre vélo de location à côté de la terrasse où vous passez toute la soirée avec vos amis à deviser et forcer sur le pastis, mais prenez la peine de le déposer dans une station dédiée.

Vélo’v choisissent librement leur destination, leur parcours et leurs horaires, tout en utilisant une méthode de transport collectif. Bref, le meilleur des deux mondes. A Lyon, ils sont surtout très fiers des commentaires et des louanges venus du monde entier. Ils ont même réussi à en imposer à Amsterdam, tout de même la patrie du deux-roues !

TENDANCE Assez bizarrement, on ne trouve aucun système de vélo-partage d’une certaine envergure à Amsterdam. Les nouveaux systèmes de location marchent apparemment mieux dans les villes qui ne sont pas vraiment habituées au vélo que dans celles où la bicyclette a sa place depuis toujours. C’est d’ailleurs assez logique, puisqu’à Amsterdam, tout le monde ou presque possède son propre engin. Les visiteurs et les touristes n’ont que l’embarras du choix parmi tous les systèmes proposés depuis des années par des loueurs privés. La réussite qui est probablement la plus étonnante est celle du Vélib parisien. Avec le concept de Vélib, JCDecaux poursuivait sur la lancée de Lyon, en agrandissant l’échelle évidemment. Actuellement,

“C’est en Chine qu’on retrouve le plus important système de vélo-partage. Dans la ville de Hangzhou, on ne dénombre pas moins de 40 000 bicyclettes réparties sur 2 000 stations…”

Le programme Velo’v a causé une véritable révolution à Lyon, ville qui ne jouissait pas jusque-là d’une fort bonne réputation en matière de mobilité à vélo. Après le lancement de Vélo’v, le nombre de déplacements en deux roues a augmenté de façon exponentielle à Lyon : +500% pour être précis. La ville elle-même attribue ce succès à la notion ‘d’individualisme collectif’ : les cyclistes de.

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on trouve 20 600 bicyclettes dans le système parisien. C’est une véritable prouesse, car la voiture est toujours reine dans la ville lumière. Vélib met en garde les cyclistes néophytes du système : ’Ne vous écartez pas des pistes cyclables et faites très attention à la circulation aux endroits qui en sont dépourvus’. En effet ‘les automobilistes parisiens sont très intimidants’. Intimidants, c’est peu dire ! Malgré cela,


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Vélib connaît un immense succès, et pas seulement lorsque la énième grève de métro paralyse une fois de plus toute la ville. La bicyclette est même devenue tellement tendance à Paris que la police fait à présent le guet aux feux. Le cycliste qui passe au rouge peut s’attendre à être poursuivi par un agent… à vélo ! Dans ce contexte, la Belgique n’est pas à la traine. A Bruxelles, Villo! a réussi à convaincre plus de 25 000 abonnés en quelques années seulement, Jérôme Blanchevoye : « Actuellement, Villo! loue quelque 2 500 bicyclettes, un chiffre qui devrait doubler d’ici début 2012. » Un ticket d’un jour (à régler à l’aide d’une carte bancaire aux terminaux de chaque station) coûte € 1,50. A Anvers, le système Velo n’a été mis en place qu’en juin dernier : mille vélos rouges sont répartis sur 80 stations automatiques, entre le périphérique intérieur (Singel) et l’Escaut. « Chez nous, un ticket d’un jour coûte € 3 », déclare Ivon Deden. « Velo cible aussi bien les habitants de la ville que les navetteurs ou les touristes. Les touristes ne doivent pas s’inscrire au préalable, il leur suffit d’appeler notre call center, qui leur réclame les données de leur carte de crédit, ou de passer par une application WAP sur leur smartphone. »

POPULAIRe Par le passé, les projets de vélo-partage n’ont pas seulement été plombés par le vol et le vandalisme : le manque d’argent a également beaucoup joué. C’est pourquoi les villes sont de plus en plus nombreuses à opter pour une collaboration public/privé. Elles s’engagent avec des régies publicitaires du type JCDecaux ou Clear Channel, qui gagnent de l’argent avec les publicités dans la rue. Pour elles, les projets de vélo-partage représentent une nouvelle niche, après les panneaux publicitaires dans les abribus, les plans de ville avec publicités au verso et les toilettes automatiques payées par la publicité.

Amsterdam

Evidemment ; le vandalisme et le vol n’ont pas totalement disparu. Combien de bicyclettes disparaissent ? On n’a pas voulu nous donner de chiffres précis chez JCDecaux. « Cela ne pourrait que donner des idées aux individus dénués de sens civique », estime Jérôme Blanchevoye. Autre frein à un usage optimal de ces bicyclettes : aux heures d’affluence, les stations les plus populaires sont soit totalement vides soit tout à fait pleines. Dans le premier cas, il ne reste plus à l’utilisateur qu’à chercher une station où il reste des deux-roues. Dans le second cas, le cycliste est bien embêté, car il ne réussit pas à garer son engin. La situation est contrôlée depuis la centrale, mais les équipes chargées de réalimenter les stations se trouvent parfois elles-mêmes bloquées – ô ironie – dans les embouteillages. Ivon Deden : « Nous conseillons de consulter chez soi ou sur son smartphone la carte interactive de notre site web, ce qui permet de contrôler en temps réel combien il reste de bicyclettes ou d’emplacements vides dans chaque station. » Jérôme Blanchevoye reconnaît qu’il y a déjà eu quelques problèmes à Bruxelles. « Nous avons en quelque sorte été victimes de notre réussite. Il arrive régulièrement que les stations les plus visibles ou celles qui se trouvent à proximité d’un endroit touristique soient vides, ou alors totalement pleines. Les utilisateurs doivent encore apprendre à dénicher les emplacements proches, moins connus. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé récemment une application gratuite pour smartphones : AllBikesNow. L’avantage, c’est que cela permet de vérifier en temps réel quels deux-roues sont disponibles à quel endroit. Grâce à la fonctionnalité de navigation gps, le smartphone vous guide ensuite vers la station de votre choix. » Ne reste plus qu’à pédaler ! www.villo.be – www.velo-antwerpen.be

Copenhague Copenhague, c’est la capitale mondiale de la bicyclette : 40% des navetteurs s’y déplace à vélo! Ici, on ne pédale pas les uns derrière les autres, mais bien les uns à côté des autres. Le port du casque est tout à fait banal dans cette ville. On lève la main pour annoncer qu’on a l’intention de freiner. Et si votre destination est vraiment trop lointaine, le taxi place votre vélo sur le porte-bicyclettes de sa voiture pour la modique somme de € 3. comment ca marche ?

Le système de vélo-partage City Bikes gère 2 000 bicyclettes sur 110 emplacements. Le vélo est équipé d’un système qui fait penser aux caddies des supermarchés. Il suffit d’y glisser une pièce de 20 Couronnes danoises (environ € 2,50) pour que le vélo se libère. Une fois la bicyclette déposée à la station de votre choix, vous récupérez votre pièce. L’avantage  :  le système est totalement gratuit. L’inconvénient : impossible de faire du vélo après la tombée de la nuit, car les deux-roues ne sont pas équipés de feux. www.bycyklen.dk conseils pour un city-trip

Parcourez le centre ville de long en large ou empruntez l’un des six parcours menant aux nouveaux projets de développement urbain de Copenhague. L’itinéraire Amerika Plads est par exemple idéal par une chaude journée d’été : découvrez l’ancien site industriel et portuaire, transformé en zone d’habitation et de vie. Découvrez en cours de route le tout nouveau Danish Royal Theatre, un nouveau quartier le long de l’eau, ou encore Nordhavnen, conçu comme un district durable, axé sur l’avenir. Après l’effort, le réconfort : que diriez-vous d’un plongeon pour vous rafraîchir, avant de vous reposer sur la plage de Svanemølle, récemment aménagée ? www.cphx.dk



e n tr e pr I S E S

H e dw ig De M e y e r

werchter plaine sacrée

Ils ont commencé avec une tente pour les fêtes de la maison des jeunes de Werchter, ils ont réalisé The Claw, la gigantesque structure aérienne en forme de griffe pour la tournée mondiale de U2 : Stageco n’a pas chômé ! Hedwig De Meyer a pratiquement inventé cette spécialité : la construction de podiums. « Nous étions des gamins et nous nous sommes lancés, sans businessplan, sans projet de développement. Aujourd’hui, nous sommes actifs à travers le monde, et en haute saison, nous travaillons avec quelque cinq cents personnes. Impossible de vieillir, à ce rythme-là. » texte Bart Desomer PHotos Anne Deknock

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Peut-on imaginer meilleur endroit que la plaine sacrée de Werchter pour une séance photos avec Hedwig De Meyer ? C’est ce festival qui a vu naître Stageco. Comme chaque année à la mi-juin, les constructeurs de podiums de Stageco montent et assemblent les tentes et les podiums. Pour Rock Werchter, les membres de l’équipe internationale, tous vêtus du caractéristique uniforme noir des roadies sont revenus des États-Unis où ils étaient l'une des trois équipes d’accompagnement de U2 pour leur tournée mondiale ‘365° Tour’.

Bon Jovi Pour la séance photos, Hedwig monte à bord de la la voiture du photographe. Mais le jeune employé chargé de la sécurité ne connaît pas le patron de Stageco et nous refuse l’accès au parking. Nous sommes sur le point de lui faire comprendre à qui il a affaire, quand Hedwig lui demande gentiment la permission de nous garer un instant pour prendre une photo, lui promettant que nous repartirons dans un petit quart d’heure. Et ça marche ! S’il y a quelque chose que Hedwig De Meyer déteste pardessus tout, ce sont les égos démesurés, la vantardise et les traitements de faveur. Un peu plus tard, il s’inquiète d’avoir à se promener sur le terrain sans casque, car « il doit montrer le bon exemple ». Et quid de ce polo noir arborant le logo de Bon Jovi ? « Oh, ça, c’est parce que je n'avais plus de T-shirt propre ». Comment on peut être Rock ’n Roll et ne pas avoir la grosse tête.

Le ‘Claw’ de U2

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Malgré l’activité sur le podium et tout autour, la séance photos se déroule sans plaies ni bosses. Nous reprenons ensuite la route de Tildonk, où Stageco a construit il y a dix ans son nouveau siège, la base de Werchter n’offrant plus une capacité suffisante. En cours de route, je suis frappé par le caractère bucolique de la région où s’est installée une entreprise aussi dynamique. Hedwig : « Oui c’est vraiment la campagne. Mais cela me plaît. Je suis né et j’ai grandi à Werchter et j’y habite toujours. Vers le milieu des années quatre-vingt, lorsque nous avons pour la première fois accompagné Genesis en tournée mondiale, j’étais vraiment très impressionné. En Australie, les grands espaces ont été une véritable révélation. Je songeais même à émigrer un jour dans un tel pays. Aujourd’hui, j’ai changé d’avis. Là-bas, on est loin de tout. En Belgique, nous baignons dans la culture. Je préfère vivre ici, mais nous partons en voyage quand l’envie nous prend d’admirer des paysages grandioses ou une nature encore intacte. »


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Le ‘Claw’ de U2

de Guns and Roses battent tous les records. Si les Américains sont fous, eux sont enragés. Je n’ai plus jamais connu cela par la suite. L’afterparty n’était souvent pas terminée lorsque nous commencions à charger le matériel le matin. On en a vu des choses à l’époque (rire). Sans oublier les bagarres à Toronto, à Seattle,… C’était toujours le même suspense : Axl Rose allait-il ou non arriver à l’heure ? À Mannheim, 60 000 personnes ont ainsi attendu pendant deux heures. Axl est enfin arrivé sur le podium, il a vu un détail qui ne lui plaisait pas et a voulu redescendre. On l’a arrêté et on a dû le pousser sur la scène. Par contre, Metallica était un exemple de discipline. Et les gars d’AC/DC sont vraiment de chouettes types qui ont réussi à rester simples. Nous avons fait quatre tournées avec eux. Je connais leur musique et leurs gimmicks par cœur, mais cela me plaît toujours autant. »

Blouson de cuir et cheveux longs Un agenda charge A notre demande, Hedwig nous fait volontiers le compte-rendu de ses activités des semaines passées et à venir. Il a d’abord passé une petite semaine au Canada, où Stageco a vendu un podium à Toronto. Il en a profité pour aller dire bonjour à U2, sur scène à Winnipeg, et pour bavarder avec des membres du Cirque du Soleil – il aimerait travailler avec eux à l’avenir. Après le Canada, cap sur Zagreb pour le lancement de la tournée de

6 mois de l’année, et lèvent le pied en hiver, qu’ils passent au Brésil, en Thaïlande, ou dans un autre endroit de ce type. Avec une telle vie, il est possible d’avoir une amoureuse, mais une famille, c’est plus compliqué. Pourtant, beaucoup de nos collaborateurs font ce travail pendant très longtemps, à leur propre étonnement parfois. Au Canada la semaine dernière, j’ai discuté avec des gens de mon âge qui travaillent depuis plus de 20 ans pour Stageco et

“Je suis éternellement reconnaissant envers mon épouse, elle a fait montre d’une patience infinie à mon égard.” Bon Jovi – c’était déjà la quatrième collaboration avec ce groupe américain immensément populaire – et enfin Londres. Au programme des prochaines semaines : un nouveau voyage aux États-Unis, les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Espagne. Un rythme infernal pour un homme qui va bientôt avoir soixante ans, non ? « L’été est la période la plus chargée de l’année. Mais je pars beaucoup moins qu’avant. Je suis éternellement reconnaissant envers mon épouse, elle montre d’une patience infinie à mon égard. Mes voyages sont d’ailleurs le plus souvent assez courts. Nos ‘roadies’ qui suivent les groupes en tournée, sont loin de chez eux bien plus longtemps. Mais la plupart d’entre eux ont adapté leur style de vie à leur boulot. Ils travaillent dur pendant

qui aiment toujours autant leur travail. Pas pour le glamour et les paillettes. On s’y habitue très vite et compte tenu de la difficulté de ce travail, il est impossible de faire la fête tous les soirs. Il est arrivé qu’un de nos collaborateurs porte un podomètre pendant tout le déchargement du matériel de U2. Il a totalisé…23 km ! Mais ce boulot, c’est comme un virus. Ces hommes sont libres comme l’air. Une fois le travail terminé, personne ne vient vérifier ce qu’ils font. » « Au début, j’ai moi aussi travaillé avec eux – ce furent d’ailleurs mes plus belles années. Je ne suis pas nostalgique, mais j’ai énormément de bons souvenirs, parfois complètement fous. Les gars

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Hedwig De Meyer ne passe plus toute sa vie à Werchter, mais Werchter fait vraiment partie de sa vie. Même s’il a fait des études d’ingénierie industrielle, sa passion, c’était et c’est toujours la musique. Pas seulement pour le plaisir des oreilles, mais aussi comme mode de vie alternatif. Le Rock ’n Roll à la maison de jeunes, plus belge que ça, tu meurs. Nous parlons évidemment des années ‘70, lorsque dans la foulée de Woodstock, The Doors, Jimi Hendrickx et Rory Gallagher ont conquis les cœurs des jeunes gens aux cheveux longs. Et que fait un blouson de cuir et cheveux longs avec une obsession de la musique mais qui ne joue d’aucun instrument ? « Nous parcourions la région avec un disco-bar, très Flash Experience » ! (rire) « Nous partions mixer un peu partout et


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chaque année, au début de l’été, nous organisions une fête en collaboration avec la maison des jeunes de Werchter. À un moment donné, on a pensé : puisque cette tente est déjà montée, pourquoi ne pas en profiter pour organiser des spectacles le dimanche également ? Nous avons débuté avec des groupes belges comme Big Bill, Banzai, Kandahar, et d’autres du même genre. C’est ainsi que Rock Werchter est né. Tout simplement. » Lors de la première édition du festival, un seul journaliste avait demandé et reçu une accréditation, à savoir Herman Schueremans, à l’époque petit reporter pour la revue néerlandaise Muziek Express. Herman organisait alors lui aussi son propre festival, bien modeste, dans le parc de Herent, à un jet de pierre de Werchter. C’est lui qui a proposé d’unir leurs efforts. Quelques années plus tard, la ville de Torhout rejoignait l’équipe, en la personne de Noël Steen. C’est ainsi que la Belgique a hérité de son premier double festival. La répartition des rôles s’est faite de façon très naturelle : Herman se chargeait des groupes et de la musique, tandis que Hedwig prenait en main l’organisation pratique et l’aspect technique. L’apprentissage a été rapide. Les deux localités partageaient les mêmes installations de son et de lumière, ce qui donnait lieu à de véritables tours de force logistiques sur l’autoroute E 40 en pleine nuit, entre le Brabant flamand et la Flandre occidentale. Pendant ce temps, le double festival se développait à une vitesse vertigineuse. « T/W est vite devenu un véritable concept. Suite à des bagarres, Jazz Bilzen, à l’époque le seul grand festival en plein air, a eu des problèmes et a commencé à perdre du public. Nous avons sauté sur l’occasion, fortement soutenus en cela par le magazine Humo. Au début des années ‘80, les entrées ont tout simplement explosé, tant et si bien que le système d’une seule tente ouverte d’un côté ne suffisait plus. Il y avait tellement de monde que de plus en plus de personnes ne parvenaient plus à voir le podium. Nous sommes alors partis à la recherche d’un podium en plein air, qu’on ne trouvait qu’en Angleterre. Du coup, mieux valait tenter quelque chose par nous-mêmes. C’est ainsi que nous avons construit notre premier podium, après mainte tentative et plusieurs échecs. Nous avons eu la chance d’être présents dans ce secteur dès le début. Cela nous a permis d’apprendre et de découvrir le métier pas à pas. Nous avons contribué à poser les règles de la profession – une position unique. » 1985 est l’année officielle de la naissance de Stageco. « Mais cela faisait déjà longtemps que je

Podium Rolling Stones

m’y activais à plein temps, et d’une manière très professionnelle. Mais notre structure ne convenait plus aux services des impôts. Les revenus de la vente des tickets ainsi que les dépenses pouvaient rester au sein de notre ASBL, mais nous avons dû créer une société commerciale pour tout le reste. »

Les Roadies Peu après, les choses se sont accélérées pour Stageco, avec tout d’abord l’Invisible Tour de Genesis. Le directeur de production de cette tournée internationale avait été impressionné par un nouveau concept imaginé par Hedwig De Meyer : le Steel Tower System. « Jusqu’alors, les podiums étaient construits avec des éléments d’échafaudages, tube par tube. Il s’agissait là d’un système flexible, mais qui requiert beaucoup de main d’œuvre et de temps. Il est en outre impossible de fixer des poids importants à une telle structure, et un gros coup de vent risquait de faire des dégâts. J’ai alors eu l’idée de construire un podium en éléments préfabriqués que l’on monterait et placerait à la bonne position à l’aide de grues. Cette méthode était plus rapide et la structure supportait mieux le poids et le vent. Il fallait moins de ‘roadies’ pour sa construction, ce qui rendait également ce système plus sûr. Pour couronner le tout, cette nouvelle technique rendait possible l’utilisation de tours et d’importantes traverses de toit. Le tourmanager avait découvert notre système à Werchter, avait trouvé l’idée géniale et nous avait dès lors demandé si nous accepterions de faire la tournée

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européenne de Genesis. A l’époque, nous n’avions encore qu’un seul podium et nous n’avions donc pu accepter que la moitié de la tournée. L’autre moitié avait été assurée par une société anglaise et notre approche avait apparemment plu ! Le concept était né. Nous les Belges, nous nous adaptons d’ailleurs plus facilement à d’autres mœurs et coutumes. Peut-être est-ce dû au fait que nous vivons à la frontière entre l’Europe du Sud et l’Europe du Nord ? Sans oublier notre connaissance des langues. Je me souviens encore d’un jour à nos débuts, à Paris, où je me suis retrouvé à table à côté d’un tourmanager américain et d’un organisateur français. Servant d’intermédiaire entre les deux, je me trouvais dans une position de force. »

kim clijsters Après Genesis, the sky was the limit. En 1987, Stageco est parti en tournée mondiale avec Pink Floyd et trois gigantesques podiums. En 1992, ce fût à nouveau au tour de Genesis. « À l’occasion de cette tournée, nous avons pour la première fois dépassé le principe classique du podium standard, à savoir une boîte noire avec un toit et le son sur les côtés. Ce podium-ci était entièrement ouvert et n’avait pas de toit, seuls les endroits stratégiques étaient abrités d’une pluie éventuelle. Pour trouver de nouvelles solutions, nous nous sommes inspirés des techniques de différents secteurs. Pour tendre et fixer les bâches par exemple, nous avons eu recours à des profilés issus de la construction navale. Cette tournée a aussi d’emblée marqué


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le début de notre histoire aux États-Unis. À la fin, on nous a demandé de nous charger de la tournée commune de Guns and Roses et de Metallica. Au terme de cette dernière, nous avons pensé renvoyer tout notre matériel en Europe par bateau. Mais cette option s’est avérée plus coûteuse que le stockage du matériel aux États-Unis, dans un entrepôt de location. C’est ce qui a finalement donné lieu à la branche américaine de Stageco. Outre le siège central en Belgique et la division aux Etats-Unis, nous possédons aujourd’hui des implantations en Allemagne, en France et aux Pays-Bas, et nous avons signé des accords de collaboration en Irlande, en Afrique du Sud et au Japon. Personnellement, j’aimerais me lancer en Amérique latine, un marché porteur et qui me semble intéressant. L’Europe de l’Est me tente également. Par contre, la Chine ne m’inspire pas beaucoup. Quoi qu’il en soit, nous sommes présents dans le monde

locaux. Mais pour les très grands groupes, la seule concurrence joue finalement au niveau du prix. Ce qu’il faut savoir, c’est ce que le groupe est prêt à investir et si nous parviendrons à leurs rêves pour ce prix-là. Travailler pour U2, c’est très spécial. Ce groupe n’a peur de rien, il tente toujours de nouvelles choses, que ce soit sur le plan des lumières, des vidéos, etc. Avoir la confiance de ces gens-là, c’est génial. Nous ne concevons pas les podiums nous-mêmes, ce qui reviendrait à faire concurrence à nos propres clients. Mais quand ils nous ont présenté leur idée, j’ai été estomaqué. Je me suis dit : « Impossible, ou en tout cas, hors de prix ». Et il est vrai que cela a coûté très cher. Les gens ont tendance à l’oublier, mais sur le budget d’une tournée, nous représentons le principal coût. Dans le cas de U2 par exemple, ils voyageaient avec trois versions de cette fameuse griffe : une en construction, une utilisée pour le concert en cours et une

“Par podium, il faut compter 48 camions – un travail de titan d’un point de vue logistique.” entier ou presque. Nous nous diversifions, tant au niveau de la localisation que du travail, car nous voulons parvenir à offrir la même qualité de service partout. Pour ce faire, il faut être proches du client. En dehors de la saison des concerts, nous nous consacrons également à d’autres activités. Aujourd’hui, rien ne nous arrête : la grande procession de Tongres, le match de tennis Best of Belgium au Heizel entre Kim Clijsters et Serena Williams, le défilé de mode de Chanel à Paris, et même une gigantesque structure pour un événement organisé au Qatar par l’industrie du gaz et du pétrole. Mais nous assurons aussi des petits événements locaux. Nous avons même créé à cette fin un département spécial, de l’autre côté de la rue. »

troisième déjà en route vers le concert suivant. Par podium, il faut compter 48 camions – un travail de titan d’un point de vue logistique. »

Le Service des Pensions On est loin de l’amateurisme qui caractérisait les jeunes années du rock et de l’attitude punk qui a suivi, où les groupes faisaient tout eux-mêmes.

Logistique Mais le véritable amour de Stageco, ce sont les affiches collées aux murs qui nous en parlent : The Rolling Stones, Robbie Williams, Muse, Johnny Hallyday, Genesis, Coldplay… Ces dix dernières années, tous ont fait appel à Stageco pour concrétiser leurs rêves sous forme d’acier, de sons et de lumières. Avec un point culminant : la tournée 360° Tour de U2 et son icône ‘the claw’. « Au niveau des petits podiums, nous avons encore des concurrents

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Et d’après Hedwig De Meyer, cette évolution est irréversible. « De nos jours, les musiciens font recette avec les représentations, car les disques ne se vendent plus. D’où l’importance sans cesse croissante du spectacle. Un ami américain me l’a formulé comme suit : moins ils ont de talent, plus ils ont besoin de nous (il éclate de rire). Mais quand un groupe possède un réel talent musical et qu’il construit un spectacle fantastique autour de celuici, j’en ai la chair de poule. Le premier concert live de la dernière tournée de U2 à Barcelone m’a vraiment époustouflé. Cela fait vraiment plaisir de pouvoir participer à une telle histoire. Voir évoluer la version test de cette structure à Werchter, c’était fort… C’est pour ces moments-là qu’on travaille, et c’est ce qui donne du cœur à l’ouvrage. L’argent est certes important, mais ce n’est pas le principal moteur. Une deuxième maison, un bateau, une piscine,… tout cela ne rapporte que des soucis supplémentaires. Il faut les entretenir, nettoyer, organiser. On court le risque d’être cambriolé. Je n’ai vraiment pas besoin de toutes ces choses. Sur le plan financier, je n’ai plus de soucis à me faire, mais je n’envisage pas pour autant d’arrêter. J’ai reçu récemment un courrier du service des pensions, avec le calcul de ma future pension. J’ai manqué tomber de ma chaise… C’est une plaisanterie ? J’ai une vie passionnante et je continuerai tant que j’en aurai envie. Ce travail me fascine plus que jamais et la maturité rend les choses plus faciles vis-à-vis des clients. Au début, nous devions faire nos preuves, mais après toutes ces années, nous ne perdons plus la tête aussi facilement. Ou nous sommes juste assez fous pour rempiler encore une fois. »


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m il le m igl i a

Une fête de rue à l’italienne

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Jadis disputée sur route ouverte, cette course mythique faisait courir les plus grands pilotes et les marques les plus prestigieuses. De nos jours, Mille Miglia est une épreuve de régularité réservée aux voitures de course de collections et le rendez-vous annuel de quelques heureux élus. Mais Mille Miglia, c’est d’abord et avant tout la grande fête de rue qui fait battre le cœur de tous les amoureux de l’automobile. texte Bart Lenaerts | PHotos Lies De Mol

Une marque de luxe qui veut plaire à son groupecible autrement qu’en l’invitant à l’un ou l’autre salon Eccentric ou Miljonair Fair, peut opter pour un rallye de régularité réservé aux voitures de collection. Un événement passionnant et qui séduira sans aucun doute ces messieurs-dames modernes et fortunés. Un roadbook semé d’embûches offre une sympathique dimension de compétition, même s’il ne s’agit pas de décrocher le pactole. L’itinéraire est jalonné de manière à faire monter l’adrénaline et les voitures anciennes apportent à elles seules une touche authentique au tableau. Pas étonnant que ce type de concours soit de plus en plus tendance. Mais les Mille Miglia sont d’un tout autre calibre…

Un lourd passe Les Mille Miglia sont au rallye de régularité ce que le Louvre est à l’art : une institution.

A l’origine, c’était surtout une laborieuse course sur route, destinée à rendre l’automobilisme naissant plus attractif. En 1927, quelques hommes d’affaires décidaient de tracer un parcours de 1 600 kilomètres de long sur les routes italiennes, sinueuses et poussiéreuses, partant de Brescia en direction de Bologne et de Rieti pour arriver à Rome et remonter immédiatement via Sienne, Florence et Parme. Aux côtés de compétitions telles que les 24 Heures du Mans, cette course de 1 000 miles – d’où son nom Mille Miglia – constituait la scène idéale pour une industrie automobile en plein essor qui pouvait y dévoiler tout son art. Pour se faire connaître, les principales marques dépêchaient leurs plus impressionnantes machines et leurs meilleurs pilotes pour lutter jusqu’à la dernière seconde pour la victoire. Dans leur sillage, des

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centaines de fermiers et de travailleurs italiens zélés se lançaient dans l’aventure au volant de minuscules Fiat ou Lancia. S’ils restaient au volant 24 heures d’affilée et s’il leur fallait le double du temps de celui du vainqueur pour franchir la ligne d’arrivée, qui s’en souciait ? Faire la course était un plaisir et ces concurrents amateurs faisaient bel et bien partie de la fête. L’histoire du sport automobile a donc compté un mythe de plus, jusqu’en 1957. Cette annéelà, un impétueux noble espagnol, Alfonso de Portago, a foncé dans la foule à 250 km/h au volant de sa Ferrari suite à l’éclatement d’un pneu. Il y a laissé la vie, et avec lui dix spectateurs, Cet accident a sonné le glas des Mille Miglia sous la pression de l’opinion publique.


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Jusqu’au jour où, dans les années 1980, un petit comité de passionnés décida de redonner vie à la course, cette fois sous la forme d’une épreuve de régularité exclusivement réservée aux marques ayant les Mille Miglia sur leur CV. Grâce à ce coup de maître, le rallye se développa en un temps record pour devenir un défilé de tout ce que l’industrie automobile a produit de plus beau et de plus cher entre 1927 et 1957. Un véritable musée roulant de l’automobile, où préside toutefois l’esprit olympique. Ici, participer est vraiment plus important et plus amusant que gagner. Mais l’Italie ne serait pas l’Italie sans longues palabres portant sur les conditions de participation. Voilà qui explique pourquoi on peut également apercevoir des Bentleys sur la ligne de départ, alors que cette voiture n’avait jamais participé à la course d’origine. Mais la qualité prime toujours. Sachant que l’organisation dispose d’une liste d’attente de 1 500 équipes candidates pour seulement 380 places, la barre est placée si haut que seules les plus belles, les plus fabuleuses et les plus uniques voitures se retrouvent sur la ligne de départ. Ainsi que le beau monde, évidemment.

Un aimant pour VIP Même si les Mille Miglia modernes s’apparentent autant à leur version d’origine qu’une ballade à vélo

au Tour de France, il faut tout de même un sacré talent pour traverser l’Italie entière et cinq cols de montagne en deux jours et une soirée, et ce à bord d’un ‘vieux tacot’. Quoique la plupart des équipes se soucie comme d’une guigne de respecter le tracé strictement délimité du parcours à la seconde près et à une vitesse fixée à l’avance. Tout le plaisir réside dans le fait de pouvoir participer. En fin de compte, seules quelque 25 équipes se battent réellement jusqu’au dernier mètre pour remporter l’honneur suprême. A part elles, nul ne se soucie du classement final. Les Mille Miglia attirent les VIP comme le marchand de glace les enfants. Outre la moitié de la maison royale hollandaise et une foule de personnalités italiennes de premier (et de second) plan, l’édition de cette année a également pu compter sur la présence de deux ex-premiers ministres (Jan-Peter Balkenende et Guy Verhofstadt). Compte tenu de la mentalité actuelle, les hommes politiques haut placés peuvent difficilement se permettre d’exprimer dans leur pays leur folle passion pour l’automobile et les Mille Miglia sont donc pour eux l’occasion inespérée de laisser libre court à leur enthousiasme. C’est aussi vrai pour d’autres VIP, notamment Gert Verhulst (PDG de Studio 100) ou le chef Peter

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“Les Mille Miglia attirent les VIP comme le marchand

de glace les enfants.”


Goossens, connu pour ses émissions sur une chaîne commerciale flamande. Ces personnalités populaires doivent elles aussi à leur statut de ne jamais se faire remarquer dans notre pays, où toute association entre voitures et plaisir reçoit rapidement une connotation négative. Le plaisir a pourtant été de courte durée pour Peter Goossens, entraîné par les émotions et le rythme incessant du rallye, et qui a fini en ambulance après un léger évanouissement. Hormis cette parade de personnalités, les participants sont surtout des coureurs automobiles à la retraite, des passionnés purs et durs et des collectionneurs. Certains possèdent une telle collection fabuleuse et inestimable d’antiquités sur roues qu’ils peuvent participer chaque année au volant d’un modèle différent. Actuellement pourtant, de plus en plus d’équipes ‘normales’ ont l’occasion de réaliser leur rêve ultime.

pièces ­maîtresses du Louvre présentées sous les yeux d’un amateur d’art…Dans ce contexte, la Mercedes 300 SLR serait la Joconde : la merveille qui véhicule des dizaines, voire des centaines d’histoires, d’anecdotes et de mythes. C’est en effet avec cette monstrueuse Flèche d’argent que Stirling Moss a parcouru en 1955 l’entièreté des 1 000 miles en dix heures et des poussières, soit à une vitesse moyenne à peine inférieure à 160 km/h. Un rythme impossible à soutenir aujourd’hui,

même avec des modèles modernes et sur une autoroute plate comme un tapis de billard. À l’époque, cet exploit était tout simplement inouï. Malgré la dominance manifeste des Alfa Romeo au palmarès, Mille Miglia est devenue en quelque sorte, suite à ce tour de force, LA course de Mercedes. D’où la présence massive, année après année, d’une impressionnante armada de la marque à l’étoile. Même l’équipe de Capital a arboré les couleurs de Mercedes, car la Mercedes Classic Team nous

“Malgré la dominance manifeste des Alfa Romeo au palmarès, Mille Miglia est devenue, suite à ce tour de force,

LA course de Mercedes.”

La Joconde Depuis que l’organisation des Mille Miglia a été confiée à un nouveau comité il y a deux ans, les conditions d’admission ont été revues à la baisse et les voitures de Monsieur tout le monde ont donc plus de chances de se lancer dans cette fête de rue à l’italienne. On a ainsi dénombré cette année pas mal de Fiat Topolino, quelques DKW et même une 2CV Citroën. Certains spectateurs et participants déplorent cette démocratisation. Il y a encore quelques années en effet, seules les meilleures Ferrari, les Maserati les plus uniques et des m ­ odèles dignes des plus grands musées avaient droit à une place sur la ligne de départ. Pour les aficionados, cela devait ressembler aux

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“Ce n'est pas parce qu'il ne s'agit plus de course à proprement parler que les participants

ne foncent pas à toute allure.”

avait réservé une 220 a Ponton. A première vue, cette Classe E des années cinquante ne semble pas l’arme idéale pour se lancer dans un rallye de ce type, mais en fin de compte, cette Mercedes de ­petit bourgeois s’est très bien acquittée de sa tâche. À côté de cela, das Haus avait ressorti pas moins de 17 autres perles du musée de Stuttgart. Notamment la SLR pilotée cette année par le

Pour l’Italien moyen, peu importe d’ailleurs la valeur des voitures qui passent en trombe devant ses yeux. Il s’enthousiasmera tout autant pour une majestueuse Bentley ou une bouillante Ferrari que pour une simple Fiat. Cette dernière est sans doute moins impressionnante, mais certainement plus reconnaissable, ce qui rend finalement le rêve un peu plus tangible.

“Pour l’Italien moyen, peu importe d’ailleurs la valeur des voitures qui passent en trombe devant ses yeux.”

double champion du monde Mika Häkkinen, tout sourire mais avec des fulgurances dans le regard. Il devait avoir mal au bras à force d’avoir salué interminablement les fans déchaînés. Il convient de féliciter Mercedes, qui donne ainsi à ce qui est probablement la voiture la plus chère au monde l’occasion de faire ce pour quoi elle a été conçue : prendre la route. Encore plus étonnant, le fait que le commun des mortels puisse prendre part à ces festivités sans avoir à payer d’entrée.

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Mille Miglia se rapproche ainsi un peu plus de l’état d’esprit de la compétition d’origine, quand hormis les vingt pilotes de haut niveau en tête de course, les autres participants étaient surtout des gens ordinaires. Les véritables vedettes de cette édition étaient donc Nicola Fabiano, 78 ans, et son copilote Erasmo Crivellari, 84 ans, qui ont pris part à la course avec la même Fiat 1100/103 TV de 1955 et le même numéro de dossard qu’en 1957, lorsqu’ils avaient vécu l’aventure de leur vie.


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Ambiance assuree Ce n’est pas parce qu’il ne s’agit plus de course à proprement parler que les participants ne foncent pas à toute allure, nerfs à vif, tout au long des Mille Miglia. Si cette ferveur est étroitement liée au timing, très serré, elle l’est encore plus à l’ambiance survoltée. Il faudrait être de marbre pour ne pas être tenté d’avoir le pied lourd tout au long de la course. Pratiquement chaque mètre des plus de 1 600 km de ruban asphalté que compte la course est occupé par des spectateurs enthousiastes qui hurlent, klaxonnent ou font de la musique. Il arrive même qu’ils soient alignés sur plusieurs rangs dans les villages où l’affluence est grande. Même les coins les plus perdus sont égayés jusqu’au milieu de la nuit par la ferveur de la foule. Mais la partie la plus agréable, c’est la traversée des dizaines de villes ou de villages médiévaux qui valurent à la Toscane une place au patrimoine mondial. Même si ces centres-villes historiques sont interdits à toute circulation depuis belle lurette, en Italie on fait volontiers une exception pour la reine automobile, et encore plus pour le roi des rallyes. C’est cela surtout qui explique l’attrait des Mille Miglia, en plus de la bonne dose de glamour qui l’accompagne. Traverser, au volent d’une voiture de collection, des villes comme Sienne, Florence, Parme, Modène ou encore Bologne alors que jeunes et vieux vous encouragent à grands cris, cela vous donne tout simplement la chair de poule. Et le fait que les participants sont escortés de nuit, tels des invités du G8, par des dizaines de carabinieri nerveux, le long des plus belles avenues de Rome, restera à jamais gravé dans les mémoires. Ce qui est encore plus beau, c’est la joyeuse anarchie qui règne en Italie pendant les trois jours que dure la course. Pendant le rallye, tout est permis. Les bandes blanches continues ne servent plus qu’à décorer l’asphalte, les feux rouges ne concernent plus que les usagers de la route classiques et les limitations de vitesse constituent tout au plus un encouragement à enfoncer encore plus le champignon. Pas besoin de craindre la polizia ou les carabinieri, ce sont eux les plus fous de tous. Les motards de la police sont ceux qui se démènent le plus sur la route pour permettre aux participants de forcer la cadence. La police, votre amie ? En Italie oui, du moins pendant les Mille Miglia.

élevés (plus de € 6 000). Dans les autres rallyes du genre, cette même somme donnerait droit à plus de kilomètres, à plus de jours de course, à de meilleurs repas et à des hôtels plus chics. Bien que ce dernier élément importe peu : le rythme des Mille Miglia est tel que les participants ne passent que quelques heures à l’hôtel, et la tension est si forte qu’ils parviendraient à dormir n’importe où. Il n’empêche que tout amateur de voitures se doit de faire un jour l'expérience de ce rallye. Mais même si l'on n'est pas un participant fortuné, se poster le long du trajet en vaut la peine, pour l’ambiance. Une ambiance à nulle autre pareille. A notre époque, il y aurait mille raisons de reléguer les Mille Miglia au statut de légende. La course ne présente pas de grande utilité, préparer des villes médiévales à accueillir une telle ménagerie et mobiliser une batterie de carabinieri, voilà qui coûte une fortune aux citoyens italiens. Et on n’ose songer à l’impact écologique de ces 380 moteurs, pétaradant à bout de souffle et vomissant des

L’element ‘competition’ Objectivement parlant, les Mille Miglia peuvent difficilement justifier les frais d’inscriptions très

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nuages noirs à travers toute l’Italie. Chaque année, ce grand événement est en outre le théâtre de scènes extrêmement dangereuses. Vers la fin du parcours, les participants exténués n’ont tout simplement plus assez d’énergie pour gérer les virages comme il convient à bord de leurs cercueils roulants, tandis que les motards foncent diable au corps en slalomant entre les voitures. On peut aussi se demander si l’Italien moyen apprécie de souffrir dans des bouchons encore plus interminables pendant que quelques heureux élus trop gâtés par la vie ignorent avec superbe le code de la route, au volant de leur oldtimer. Mais en Italie, les choses ne fonctionnent pas ainsi. Pas pendant les Mille Miglia. Partout où passe la caravane haute en couleurs, l’assistance réclame avec le sourire encore plus de gaz, encore plus de klaxons, encore plus des pétarades dans les étroites ruelles. C’est vrai, Mille Miglia, c’est tout ce qu’on veut sauf un remède contre les pluies acides. En tout cas, c’est surtout un formidable remède à l’aigreur !


d e s b e lg e s q u i o n t u n pla n

fr a nco dr ag on e

Le

maître du rêve

C’est à Macao que se joue depuis septembre dernier le show aquatique ‘The house of dancing water’, l’un des spectacles les plus coûteux produit à ce jour (250 millions de dollars) et qui a nécessité cinq années de préparation, dont deux années de casting autour du globe. Après ses célèbres collaborations avec le Cirque du Soleil, ce show gigantesque permet à son créateur, Franco Dragone, de nourrir également des projets plus modestes. TEXTE F-Twee

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d e s b e lg e s q u i o n t u n pla n

“La Louvière est une ville où

les gens aiment vivre.”

C’est à quelques heures de s’envoler pour Macao que Franco Dragone nous accorde cet entretien. On le sent très enthousiaste à l’idée de concrétiser, sans doute dans les jours à venir, un nouveau projet de très grande envergure en Chine. Mais il devient également très sérieux lorsqu’on aborde avec lui les difficultés sociales de sa région d’origine, La Louvière.

je prenais un taxi à Zaventem, je devais systématiquement situer La Louvière, car les chauffeurs ne connaissaient pas la région ! » C’est l’ancien acteur militant qui parle ? FRANCO DRAGONE : « C’est une ville qui a subi de

L’homme est mondialement connu pour ses shows à couper le souffle, qu’il s’agisse des spectacles du Cirque du Soleil ou des méga-productions qu’il a assurées à Las Vegas ou, depuis septembre 2010, à Macao. Mais c’est lorsqu’il nous parle de la formidable expertise et du cumul des talents qu’il a su dénicher au fil du temps qu’il s’anime pour de bon. Il a comptabilisé pas moins de 203 jours à l’étranger en 2010 et pourtant, il ne peut s’empêcher d’évoquer la fermeture de Royal Boch…

plein fouet les crises économiques successives et qui a même eu le triste privilège d’élire six membres du Front National aux élections communales. Dans les journaux, on en parlait comme d’un endroit triste et noir. Or c’est là que je me suis éveillé au monde. J’ai travaillé dans un centre culturel qu’on appelait dans les années ‘70 ‘l’usine à tracts’. La Louvière a toujours offert une vie culturelle riche ! J’y ai même ouvert un café-théâtre dans les années ‘80. C’est une ville où les gens aiment vivre. Après quinze années de Cirque du Soleil, j’ai eu envie de m’installer à nouveau là-bas, et j’ai eu la chance que mes partenaires de l’époque me suivent eux aussi. »

Lorsqu’on évoque le nom de Franco Dragone, il est difficile de ne pas penser aux grands shows à l’américaine. C’est pourtant à La Louvière qu’il vous importe de rester fidèle… FRANCO DRAGONE : « Tout est là, dans le choix d’installer mon entreprise (NDLR : Franco Dragone Entertainment Group) à La Louvière en 2001. Ou plutôt de ‘revenir’ à La Louvière. C’est là que j’ai grandi. Mon projet s’est développé autour de cette région. À l’époque, je voulais redonner le moral aux gens, les sortir d’un certain marasme. Au cours de l’année 2000, je faisais régulièrement l’allerretour entre les États-Unis et la Belgique. Quand

Quel a été le chemin à parcourir jusqu’aux méga-shows de Las Vegas ? FRANCO DRAGONE : « Philippe Degeneffe, qui travaillait alors pour le Centre Culturel de La Louvière, m’a demandé de m’occuper de la mise en scène d’un spectacle pour l’an 2000. J’ai accepté, mais à certaines conditions : qu’on puisse trouver des affiches du spectacle d’Anvers à Liège et partout ailleurs en Belgique. C’est ainsi qu’est né ‘Décrocher la lune’. Il ne nous restait plus rien dans cette région, à part nous-mêmes et une part de rêve. J’ai senti la symbiose avec le public qui assistait au spectacle. Il y avait une réelle attente de leur part.

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Dans la foulée, nous avons fondé Franco Dragone Entertainment Group, dont nous fêtons cette année les dix ans. Dix années de succès, parsemées également de moments plus chaotiques. Lorsqu’un projet était sur le point de voir le jour, pour que cela fonctionne, les règles étaient simples : je faisais venir les gens à La Louvière. C’est ce qui s’est passé avec Céline Dion, qui est venue s’installer et répéter à La Louvière, ou avec le show ‘Le rêve’, qui se donne actuellement à Las Vegas. J’essaye toujours que les répétitions puissent avoir lieu, dans un premier temps au moins, en Belgique. » L’artiste est-il devenu un méga-entrepreneur ? FRANCO DRAGONE : « Notre projet repose sur deux

axes : un axe artistique et un axe économique. C’est vrai, malgré mon image d’homme de gauche, de fils de syndicalistes, j’ai revêtu le costume de patron. J’ai essuyé un certain nombre de critiques pour cela. Quand je crée un spectacle, je suis toujours sur le fil. Je veux que chaque spectacle soit d’une qualité irréprochable, qu’il soit populaire et sophistiqué à la fois. Les spectateurs sont des gens intelligents et exigeants ! En créant mon entreprise, j’ai dû faire face à certaines frustrations, à savoir renoncer à une série de projets. Pour que cette entreprise vive et se développe, il fallait créer des spectacles d’envergure, avec de gros budgets. Le show de Céline Dion à Las Vegas, c’était une opportunité professionnelle que je ne pouvais tout simplement pas refuser. Mais cela veut aussi dire moins de temps pour le théâtre ou des projets plus modestes. »

permet de pouvoir résister à certaines demandes saugrenues. L’arrivée de la crise économique a-t-elle eu des répercussions pour vous ? FRANCO DRAGONE  :  «  Nous avons perdu un énorme contrat au Moyen-Orient et nous avons dû post­ poser le lancement de plusieurs spectacles, dont ‘The house of dancing water’, à Macao. Mais nous avons tenu bon et nous sommes désormais sur le point de finaliser quelques projets nous assurant une certaine stabilité pour les années à venir. » À côté des grosses productions, il semble que cela soit vital pour vous de continuer en parallèle à vous investir dans des projets à taille humaine… FRANCO DRAGONE : « Dès le lancement de Franco Dragone Entertainment Group, et en parallèle avec les grands shows de Las Vegas que sont ‘A new day’ (NDLR : le spectacle conçu pour Céline Dion) ou ‘Le rêve’, j’ai eu besoin, de manière organique, de mettre sur pied ou de promouvoir des projets de plus petite envergure : au Bois du Cazier, à la gare des Guillemins,… La compagnie est par ailleurs active dans des projets citoyens comme le festival ‘5 sur 5’, que nous organisons chaque année, et qui donne une visibilité aux travaux réalisés par de jeunes réalisateurs. C’est une obligation pour moi, je ne peux pas m’en passer. Malgré les 203 jours passés l’année dernière à l’étranger, j’ai besoin de rester attentif à ce qui se passe ici. Tout comme j’ai d’ailleurs besoin de rester attentif à ce qui se passe dans mon petit village d’origine en Italie, Cairano. »

“Notre projet repose sur deux axes :  un axe artistique et un axe économique.” Votre entreprise vous garantit-elle également plus de liberté ? FRANCO DRAGONE : « Un spectacle à gros budget (NDLR : 250 millions de dollars pour la dernière grosse production en date, à Macao) signifie également des contraintes extraordinaires émanant de l’investisseur, avec, par définition, moins de liberté d’action pour la production. Il faut parfois faire face à des exigences qui sont de véritables non-sens. Mon entreprise joue ici le rôle de rempart. Elle me

Avez-vous quelques nouveaux projets pour la Belgique ? FRANCO DRAGONE : « En Belgique, l’un des projets en gestation est une comédie musicale avec le chanteur Saule, dont il assurerait l’écriture et la composition. Elle devrait voir le jour d’ici deux ans environ. Et puis vous savez que Mons deviendra en 2015 la capitale européenne de la culture. Nous soutiendrons Mons 2015 via un spectacle qui sera également le fruit d’une colla­boration

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avec Saule, notamment. Un spectacle pour les plus jeunes devrait aboutir en 2015, en collaboration avec la Compagnie des Mutants, avec laquelle j’ai déjà travaillé par le passé. » « Par ailleurs, le spectacle ‘Décrocher la lune’ reviendra une nouvelle fois l’année prochaine, et ce pour la cinquième reprise. Mon souhait, ce serait que ‘Décrocher la lune’ devienne un rendez-vous annuel, comme ce qui se passe au Puy du Fou, en Vendée. » Et quid du spectacle KDO, qui avait été présenté lors des fêtes de fin d’année en 2009 et devait revenir de manière récurrente ? FRANCO DRAGONE : « J’ai en fait pris la décision de monter KDO en 2008, en réaction à la crise. Le projet a été difficile à réaliser, notamment parce qu'il fallait y faire participer les différentes Communautés. Mais le projet n’est pas abandonné. L’avantage, c’est que ce spectacle permet de confronter de jeunes artistes tout droit sortis de l’école à d’autres artistes venant de l’étranger. C’est un spectacle qui permet de faire des expérimentations. Il était par contre difficile pour nous de l’amortir sur la seule période des fêtes de fin d’année. Mon objectif serait dès lors de le faire tourner. »

la région. C’est très intéressant de découvrir quel regard un Chinois, un Sénégalais, etc. peut poser sur notre région ! Un Palestinien nous a confié que le côté ‘délabré’ de la région lui faisait penser à la Palestine ! Tous ces réalisateurs nous révèlent des choses que nous n’avons plus l’habitude de voir. » Vous sentez-vous chez vous à Las Vegas ? FRANCO DRAGONE : « Lorsque je suis arrivé à Las Vegas, au début des années ‘90, à la demande de Guy Laliberté, le fondateur du Cirque du Soleil, la première chose que je me suis dite, c’est ’Qu’est-ce que je viens foutre ici ?’. Toute cette démesure, ces millions de gens… Et puis à force de prendre le temps de regarder, je me suis posé les bonnes questions. Nous étions en plein cœur de l’entertainment, un mot qui a une connotation plutôt positive sur le continent américain. C’était une opportunité économique incontestable, mais Las Vegas offre aussi la possi­bilité de toucher tous les types de public : des multimillionnaires

“Lorsque je suis arrivé à Las Vegas, je me suis demandé : qu'est-ce que je viens faire ici ?”

C’est quelque chose qui est moins connu, mais vous soutenez également des projets cinématographiques. FRANCO DRAGONE : « Via la branche ‘Dragons Films’, nous soutenons financièrement, depuis 2001, certains projets cinématographiques qui auraient du mal à voir le jour compte tenu des contraintes économiques. Il s’agit essentiellement de cinéma d’auteur, de documentaires,… mais parfois également de séries, pour la télévision française notamment. Nous avons même produit pour la première fois un long métrage, l’année dernière : ’Un ange à la mer’, avec Olivier Gourmet, qui a été présenté au festival du film de Namur et qui a remporté trois prix au Festival de Karlo Vivary, en République Tchèque. Et puis, au mois de septembre, nous accueillons chaque année, à La Louvière, de jeunes réalisateurs à l’occasion du festival ‘5 sur 5’. Ils viennent de tous les continents et ont l’obligation, durant 5 semaines, d’écrire, de tourner et de diffuser un court-métrage relatif à La Louvière. Chaque réalisateur loge chez un ‘parrain’ qui lui dévoile

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l e p o i n t s u r la sit u ati o n

avec des spectacles et des hôtels d’un certain standing. Il a fait appel à moi pour ce spectacle permanent et m’a également laissé carte blanche. J’ai dû m’imprégner totalement de la culture déjà bien présente à Macao : son conservatoire, son ballet, son histoire avec des racines portugaises encore très présentes… Une vraie opportunité culturelle et historique ! Deux années ont été nécessaires pour parcourir le monde et auditionner environ 700 artistes, danseurs, musiciens et acrobates et n’en retenir au final que 77, les meilleurs. Ajoutez à ceci la production et les équipes techniques et vous ne comptabiliserez pas moins de 18 nationalités représentées. ‘The house of dancing water’ est devenu un modèle, une référence. Ce show aquatique nous a offert une véritable vitrine en Chine, mais également en Russie, en Inde, à Singapour… C’est ce qui nous permet aujourd’hui de négocier de nouveaux projets de très grande envergure en Chine. » Quelle est l’actualité incontournable du moment ? FRANCO DRAGONE : « Nous sommes sur le point

“Nous sommes sur le point de

signer pour un nouveau projet en Chine.”

aux ouvriers, 40 millions de touristes passaient à l’époque par Las Vegas ! » Et en Asie, avec un show plus impressionnant encore ? FRANCO DRAGONE : « Pour ‘The house of dancing water’, je me suis également posé des questions. C’est un show aquatique colossal, un budget de 250 millions de dollars, 80 artistes présents dans le fabuleux ‘Dancing Water Theatre’, spécialement conçu pour l’occasion à Macao. C’est un spectacle qui a demandé pas moins de cinq années de préparation. Nous ne pouvions pas nous lancer dans l’aventure à la légère ! J’ai lu attentivement l’histoire de Macao et j’y ai perçu une similitude avec Las Vegas : un projet qui était exprimé par les deux cités et qu’il ne fallait pas manquer, l’envie

de retrouver une certaine dignité. Las Vegas était ‘la ville des péchés’ et Macao une ville de trafics en tous genres. Toutes deux voulaient faire la part belle au spectacle et au rêve. Il y a bien entendu une raison économique derrière ce show ! Mais aussi l’envie d’être là où l’histoire est en train de s’écrire. À Macao, toute la région est en ébullition, il y a là-bas un vrai projet sociétal. » Un budget de 250 millions de dollars, l’équivalent, pour le show aquatique, de la contenance en eau de cinq piscines olympiques… N’y avait-il aucune limite à ce spectacle ? FRANCO DRAGONE : « Lawrence Ho, qui préside la société privée chinoise Melco Crown Entertainment, veut créer à Macao un centre culturel attractif,

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de signer pour ce tout nouveau projet en Chine, mais je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant. C’est ce qui nous occupe actuellement et j’ai du mal à cacher mon enthousiasme ! Mais comme je ne peux pas en dévoiler davantage, j’aimerais insister sur un point. Notre compagnie fête cette année ses 10 ans. Durant ces dix années, nous avons petit à petit acquis une expérience reconnue mondialement. Je pense par exemple à notre atelier costumes. Les costumes qui y sont conçus doivent non seulement nourrir le rêve, mais également pouvoir s’adapter aux mouvements des artistes en toute circonstance. Certains costumes sont destinés aux tableaux aquatiques, d’autres aux parties aériennes d’un spectacle. Nous fabriquons à La Louvière des costumes que nous vendons aux Chinois ! C’est le monde à l’envers quand on y pense ! De même dans le domaine de l’audiovisuel, et de la 3D notamment. Là aussi, nous avons fait du chemin. C’est ce qui nous permet de travailler désormais avec les studios DreamWorks Animations. Nous sommes devenus une référence et nous espérons bien grandir d'avantage au cours des dix prochaines années ! »

Si vous souhaitez en découvrir davantage sur les spectacles de Franco Dragone :  www.dragone.be


L o isirs

nos e x pert s on t c hoisi pou r vous

les

délices de la gastr o n o mi e

v o yag e s

c u lt u r e

Il semblerait que le Belge épargne dans de nombreux domaines, mais pas dans celui des loisirs. C’est la raison pour laquelle Capital a recueilli des conseils auprès de quatre épicuriens pour la saison d’été. Découvrez les petites merveilles qui n’attendent plus que vous. Car il faut bien dire que le bien-être – qu’il s’agisse de gastronomie, de voyages ou de culture – vaut aussi son pesant d’or !

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gastronomie

LES C o n s e i l s d e P E T E R G O O S S E N S , HOF VAN CLEVE

 www.domrestaurante.com

Numero 7

D.O.M – São Paolo Sur la très prestigieuse liste San Pellegrino World’s 50 Best Restaurants, DOM occupe depuis peu une très enviable 7ème place. Le chef Alex Atala – qui a jadis travaillé comme peintre dans notre pays – pratique à merveille les techniques culinaires françaises et italiennes tout en utilisant des ingrédients brésiliens locaux. Il n’hésite pas à quitter les sentiers battus et à créer de nouvelles expériences gustatives, redonnant vie à une cuisine brésilienne ancestrale remise au goût du jour.

 www.zumarestaurant.com

La tradition nipponne dans un resto branche

Zuma – Londres Des sushi, des sashimi, des petits légumes grillés : Zuma propose une cuisine japonaise avec un petit plus qui fait toute la différence. Zuma, c’est l’authenticité, mais moderne : le vrai goût de l’Asie, dans le respect des traditions et d’un riche passé culinaire. Confortablement installé au bar, admirez les gestes précis et élégants des chefs qui préparent les sushis. Toujours au bar, vous n’aurez que l’embarras du choix, avec une quarantaine de sakés grand cru.

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 www.lagrenouillere.fr

Dans la mare aux grenouilles

La Grenouillère – Madelaine-sous-Montreuil Vous n’avez encore jamais goûté aux cuisses de grenouille ? Alors lancezvous, grâce au chef Alexandre Gauthier. La Grenouillère est un hôtel-restaurant aménagé dans une ancienne ferme picarde typique de la région du Nord-Pas-de-Calais. Le restaurant doit son nom aux grenouilles qui dansent la sarabande sur les fresques murales des années ‘30. Alexandre Gauthier, qui a repris le flambeau des mains de son père, est une étoile montante de la gastronomie française. Ses mots-clé ? Ambition, puissance, inventivité.

Dans l’assiette du client, impossible de tricher

Hugo Desnoyer – Paris Hugo Desnoyer, un boucher installé dans le 14ème arrondissement de Paris, compte des fans et des clients bien audelà de la ville-lumière. Sa spécialité ? Les viandes françaises de qualité – agneau de Lozère, veau de lait élevé sous la mère, Limousine… Il ne s’approvisionne pas auprès des industriels de la viande, puisqu’il a ses fournisseurs attitrés. Hugo Desnoyer compte parmi ses clients le président Sarkozy, l’hôtel Ritz ainsi que plusieurs chefs étoilés. Le paradis et tous ses anges en Provence

 www.bruno-oger.com

Bruno Oger – Le Cannet Au cœur même de la Provence, le chef Bruno Oger accueille ses hôtes dans une bastide du 18ème siècle. L’environnement rêvé pour manger un morceau au Bistrot des Anges, boire un verre à L’Ange Bar ou vivre de grands moments culinaires à La Villa Archange. Le décor est méditerranéen, le talent celui d’un des meilleurs chefs de l’Hexagone : ajoutez les plaisirs gastronomiques à tous les autres pendant vos prochaines vacances !

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 www.regalez-vous.com


voyages LES C o n s e i l s d e debbie papp y n , j o u r n a l i s t e voyag e s

 www.thikatravel.com

l’a frique

Le Cap vs le Mozambique bique. Par avion vers Maputo et ensuite en hélicoptère – à très basse altitude au-dessus d’une réserve d’éléphants proche de la ville – pour rejoindre le White Pearl Resorts. Les aventuriers préféreront sans doute faire le voyage en voiture depuis l’Afrique du sud. Dans ce cas, les voitures sont garées à hauteur de Kosi Bay Border Post et le transfert se poursuit par la route vers White Pearl Resorts. A Ponta Mamoli, les voyageurs sont hébergés dans un cadre aussi luxuriant que luxueux, avec vue sur l’Océan Indien et ses dégradés d’azur et de turquoise. Mais le moment suprême de ce voyage, c’est probablement celui où vous nagerez avec les dauphins sauvages. A moins que vous ne préfériez explorer les profondeurs sous-marines intactes. Prix sur demande chez Thika Travel.

Associez une ville cosmopolite comme Le Cap avec un pays aussi méconnu que le Mozambique. Cette année, Thika Travel, le spécialiste des voyages de luxe en Afrique, propose un programme spécial permettant de découvrir ces deux extrêmes. Au Cap, l’hébergement est prévu dans le tout nouveau Molori Clifton, qui n’est pas un hôtel comme les autres, mais un lieu de rêve, implanté sur un rocher dominant la plage de Second Beach. Les hôtes du Molori Clifton disposent pendant leur séjour de leur propre Bentley avec chauffeur, pour des transferts grand style. Tout a été pensé pour leur confort : notamment leur majordome, aux petits soins pour leur personne. Le souci du détail est inouï et leurs vœux les plus fous sont réalisés. Après cette halte de rêve, le périple les emmène direction le Mozam-

 www.theranchatrockcreek.com

Le Montana

A cheval au Ranch de Rock Creek Imaginez le Montana, alias The land of The Big Sky, au mois de septembre. L’été indien est dans l’air et les coloris intenses de la nature majestueuse dans ce coin perdu du nord-ouest de l’Amérique vous en mettent plein les yeux. C’est la saison idéale pour atteler les chevaux et partir avec les cowboys à la découverte des immenses plaines et vallées. Non loin de la charmante ville de Missoula, The Ranch At Rock Creek est un nouveau et luxueux guest ranch où les hôtes découvrent le Montana sur un mode très particulier. Trail rides avec les cowboys, randonnées ou VTT, accompagnés ou non par des guides chevronnés, ball-trap, rafting en eau vive ou même pêche à la mouche, le choix est énorme. Le Ranch est implanté sur un domaine de 2,5 hectares vallonnés, avec vue sur les cimes enneigées au loin. Loger dans ces lieux, c’est aussi profiter amplement du confort des suites et des chambres : Ranch at Rock Creek est composé d’un lodge, le Granity Lodge (9 chambres), de petites maisons individuelles et de cabanes disséminées dans la forêt ou au bord de la rivière, le tout aménagé avec un grand souci du détail par des architectes d’intérieur renommés. Les Log Homes sont hyper-confortables, hyper-spacieuses, dans le respect de votre intimité. Détendez-vous au coin de la grande cheminée ou dans le hot tub quand les soirées sont fraîches. L’hébergement est prévu en formule all inclusive : tous les repas, les boissons, les activités et les transferts à partir de € 820 par nuit et par personne.

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 maldives.hadahaa.park.hyatt.com

L’atoll de Gaafu Alifu nord (Maldives)

Premier hôtel Park Hyatt dans le plus pur style bounty L’atoll de Gaafu Alifu nord (Maldives) est un des plus grands et des plus profonds atolls naturels au monde. Depuis Male (Maldives), il faut s’armer de patience pour y arriver, car le vol vers le sud prend encore une petite heure. La chaîne Park Hyatt a construit l’hôtel Hadahaa sur sa propre île privée (on en fait le tour en une demi-heure de marche). Rien que du bleu, le bleu azur de l’Océan indien à perte de vue. Les clients de l’hôtel ont la possibilité de découvrir les îlots habités de cet atoll, dont la population vit toujours en majeure partie de la pêche. Sur Hadahaa, les vacanciers n’ont que l’embarras du choix, avec quatorze Park Water Villa’s les pieds dans l’eau et 20 Villas Park Pool sur la terre ferme, équipées de leur propre mini-piscine. Le design de toutes les villas est épuré, ce qui est plutôt unique aux Maldives. Les énormes baies donnent soit sur la mer, soit sur un jardin privé avec son plunge pool, mais toujours à deux pas de l’océan. Les salles de bains sont plus que spacieuses et la ligne exclusive de produits de beauté biologiques est un cadeau très apprécié. Une nuit pour deux en Park Villa à partir de € 500. Actuellement, il est possible de rejoindre les Maldives depuis Bruxelles avec Etihad Airways, une raison de plus pour s’offrir le voyage ! Vivez au moins une fois dans votre vie l’expérience du confort ultime et du service proposé en classe Etihad’s Pearl Business ou Diamond First…

orion II

 www.aussietours.be

La Turquie

 www.amanresorts.com/amanruya

Amanruya : le rêve ottoman

Des expéditions grand style Comment découvrir au cours d’un même périple le grand nord de l’Alaska, quasiment inaccessible, et le Kamchatka russe, tout aussi difficile d’accès ? En embarquant sur l’Orion II, un bateau d’expédition extrêmement confortable, qui depuis avril 2011 accueille à son bord des passagers, australiens et européens surtout. L’Orion II accueille au maximum 100 personnes et l’accent porte principalement sur l’expédition et sur la destination du périple. Les passagers partent chaque jour observer de près la nature et les environs à bord de confortables Zodiacs, ce qui leur permet d’explorer à loisir les plages désertes, petites criques et îlots éloignés. Ces expéditions sont organisées en Nouvelle-Zélande, en Russie, en Papouasie Nouvelle-Guinée, en Mélanésie et jusqu’en Antarctique, que l’on rejoint depuis l’hémisphère sud. Le confort et le service à bord sont exceptionnels, ce qui fait de ce bateau l’instrument idéal pour explorer les zones les plus méconnues de la planète. L’Orion II est basé à Bornéo, d’où il part explorer principalement l’Asie du sud-est. Compter au minimum € 4 200 par personne pour sept nuits Gulf of Siam Explorer of Temples & the Mekong, en pension complète et toutes les activités étant comprises dans le prix.

Aman Resort, chaîne hôtelière asiatique réputée, louche du côté de l’Europe. Pour preuve de cet intérêt pour le vieux continent : leur tout dernier projet, qui ouvrira ses portes sous peu. Rien de banal chez Amanruya, merveille nichée dans la campagne verdoyante, à deux pas de la Mer Egée et pas très loin de Bodrum, station balnéaire très courue. Aman Resorts met la barre haut, très haut même : une exclusivité absolue, des emplacements exceptionnels, à l’écart de tous les autres hôtels – et bien entendu un service incomparable et la fameuse hospitalité asiatique. Amanruya propose à ses clients 36 cottages très spacieux, chacun ayant son propre jardin privé et sa piscine. Il ne leur reste plus ensuite qu’à faire de jolis rêves dans leur lit à baldaquin, ou à se détendre tout près du ‘mangal’ une sorte de brasero typiquement turc. L’idéal pendant les mois d’hiver, car l’hôtel est ouvert toute l’année. Que diriez-vous d’une salle de bains donnant sur votre jardin privé – où vous n’aurez d’yeux que pour ‘votre’ piscine en marbre gris ? Mais peut-être vous déciderez-vous à abandonner le confort et le luxe de votre cottage pour piquer une tête dans la Mer Egée, accessible depuis la plage privée de l’Amanruya. La plage de galets est très bien abritée. Ou préférez-vous explorer les côtes à bord d’une traditionnelle et très exclusive goélette turque en bois ? Vous découvrirez ainsi la péninsule de Bodrum. Quel que soit votre choix, l’Amanruya devrait vous plaire, particulièrement si vous voulez découvrir Bodrum sans vous mêler aux masses de touristes. Une nuit en chambre double à l’hôtel Amanruya coûte € 944, transferts depuis et vers l’aéroport compris.

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culture

L e s c o n s e i l s d e Mar c Holt h o f , j o u r n a l i s t e s p e c i a l i s t e d e l a c u lt u r e

 www.designseptember.be

Les antiquaires du XXeme siecle

Design September à Bruxelles Pour la sixième année consécutive, de nombreuses organisations proposent, du 8 au 30 septembre à Bruxelles, un programme varié consacré au design :  expositions, conférences, vernissages, débats, visites d’ateliers de designers, circuits urbains… Tout en privilégiant les designers belges, Design September s’ouvre largement à l’international. En outre, Design September réunit les antiquaires bruxellois les plus actifs dans le registre du XXème siècle.

 www.huelgasensemble.be

L a fumee d’un bon cigare

La musique au parfum de Havane de Paul Van Nevel Pour fêter le 40ème anniversaire de l’Huelgas Ensemble, Paul Van Nevel sort un cd reprenant des musiques sur le thème du cigare du 15ème au 20ème siècle. ‘The Art of the Cigar’ vous emporte dans les champs de tabac cubains, les salons victoriens, les fumoirs parisiens ou encore les cafés d’artistes berlinois. Des textes de Lope de Vega, Charles Perrault, Lord Byron et Rudyard Kipling illustrent le caractère du véritable amateur de cigare : rêveur, mélancolique, subtilement ironique et souvent doté d’un sens de l’humour affirmé.

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Middelheim : un terrain de jeu

Wear me Out avec Erwin Wurm Cet été, le musée Middelheim d’Anvers sera le terrain de jeu de l’artiste autrichien Erwin Wurm (°1954). Une vingtaine de sculptures emmèneront le visiteur de ce musée en plein air à la découverte de l’univers artistique surprenant de Wurm. Son œuvre colorée, surprenante, irrespectueuse est souvent irrésistible de drôlerie. Erwin Wurm quitte les sentiers battus de la sculpture classique en prenant pour sujets les choses de la vie – maison, voilier, camionnette. Il a également créé une série de sculptures vivantes avec Walter Van Beirendonck. À voir jusqu’au 25 septembre.

L’engagement d’un surrealiste

 www.tate.org.uk

Joan Miró au Tate Modern Le peintre catalan Joan Miró (1893-1983) est célèbre pour ses œuvres surréalistes très colorées, mettant en scène des personnages étranges qui flottent dans le vide. Mais la clé qui permet de comprendre son œuvre, ce n’est ni le surréalisme ni la poésie, mais bien son engagement politique, comme le démontre de belle manière la magnifique exposition présentée au Tate Modern à Londres. Selon le petit-fils du peintre, ‘Joan Miró – the Ladder of Escape’ serait même la meilleure exposition jamais consacrée à l’artiste. À voir jusqu’au 11 septembre.

L’Irlandais rebelle

 www.meulenhoff.nl

Le prix Nobel Mario Vargas Llosa L’écrivain péruvien et lauréat du prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa signe ‘Le rêve du Celte’, un impressionnant roman historique consacré au diplomate britannique Roger Casement qui dénonça, au début du 20ème siècle, les atrocités commises dans l’État indépendant du Congo à l’époque de Léopold II et dans la région amazonienne au Pérou. Casement fut un pionnier de la défense des droits de l’homme. Mais il fut aussi l’un des champions de la lutte pour la libération de l’Irlande, ce qui lui vaudra d’ailleurs d’être condamné à la pendaison par la Justice britannique.

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 www.middelheimmuseum.be


o pi n i o n

XXXXXXXXXX Jo V i a ene

Les feux de paille de l’actu semaine ? Soumettre les concombres à une analyse poussée, au besoin un par un ? Seize nouvelles voitures de pompier pour les landes de Kalmthout ? Pas de problème, s’il faut en croire les déclarations récentes d’un certain nombre de dirigeants politiques.

La dernière décennie a certainement été l’ère des ‘petites phrases’. Des matières très complexes, malaxées, broyées, jusqu’à ne plus former qu’un flot ininterrompu de citations et de petites phrases, des interviewés qui n’ont en moyenne que 12 secondes pour exposer leur ‘vision’… Tout le monde twitte à gogo : c’est cool, même si le contenu est généralement fort maigre. Semaine après semaine, une tendance chasse l’autre, de toute manière.

Mais ce ne sont là que des solutions feu de paille. Des solutions conçues pour plaire à une opinion publique qui réclame toujours plus de réactions immédiates – et superficielles. Le résultat : une régulite chronique, une logorrhée de lois et de propositions. Et lorsqu’une loi est enfin entérinée, personne ne sait plus au juste à quoi elle devait servir.

L’exactitude d’une information, ce qui se cache derrière les faits, voilà qui compte de moins en moins, du moment qu’on a une bonne histoire à raconter. Après tout, nous adorons tous que l’on nous raconte des histoires, n’est-ce-pas ? Ce qui est dommage avec tout ça, c’est qu’il reste de moins en moins de place pour l’essentiel. Les sujets les plus pertinents sont souvent relégués en bas de page dans le journal, quand ce n’est pas dans une brève. Entre temps, les discussions publiques futiles sont remplacées par l’événement suivant, qui bouleverse le monde entier (pendant quelque temps seulement). Action/réaction, c’est un jeu de plus en plus rapide et qui domine toute notre société contemporaine. Le personnel politique est bien obligé de réagir au quart de tour, avec à la clé des propositions de loi ou des règlements plutôt incohérents. Assurer une meilleure sécurité de toutes les haltes garderies en l’espace d’une

“Songes, mensonges – d’accord, mais au moins cela nous met de bonne humeur.” Manager Competence Center Administrateur-Associe Optima Financial Planners

Je vous invite à rêver. Vous vous réveillez un beau matin au son d’une petite musique, bien agréable. Ensuite, c’est l’heure du journal et une voix dit sur un ton posé : « le ministre des Pensions nous a envoyé un message twitter : il a trouvé une solution structurelle au problème des pensions. Il sera ce soir l’invité de la chaîne publique, pour une longue interview portant sur le cœur du problème. Chaque citoyen peut consulter le plan entièrement développé sur le site web du ministère. Après concertation avec toutes les parties, les projets de loi définitifs seront déposés dans un délai de deux mois. La nouvelle loi entrera en vigueur au 1er janvier 2012. » Songes, mensonges – d’accord, mais au moins cela nous met de bonne humeur.

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Réalisez vos ambitions

Avec des solutions RH adéquates, vos idées deviennent réalité Vos collaborateurs sont la clé de votre succès. Ils contribuent aux résultats de votre pme. Mais il n’est pas facile de mener une bonne politique RH capable de motiver. Comment assurez-vous la fidélité de vos meilleurs collaborateurs ? Que pouvez-vous faire pour attirer de nouveaux collaborateurs ? Comment pouvez-vous assurer une administration salariale sans faille et disposer de rapports clairs ? Et comment prendre les bonnes décisions sur le plan juridique ? Nos experts en payroll, RH et aspects juridiques vous apportent le soutien dont votre entreprise a besoin. En visant toujours le même but : une politique RH qui fournisse des résultats tangibles. Pour vous, vos collaborateurs et votre pme.

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presenting

John

McENROE BORG

BJörn

Mats WilaNdER • HENRi lEcONtE Guy FORGEt • RicHaRd KRajicEK Royal Zoute tennis club Knokke-Heist, Belgium | 070 660 601

www.optimaopen.be


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