Capital 10 fr

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debat

Comment préserver notre Eldorado médical ? le point sur la situation

Nouveaux impôts patrimoniaux

medecins sans vacances

En mission sous les tropiques loisirs

Des conseils pour l’hiver voiture

Vision EfficientDynamics BMW mode

La Dolce Vita

Annee III

fevrier 2011

HOWARD GUTMAN – Ambassadeur Américain en Belgique –

“Du Bronx à Bruxelles.”

capital10 optima magazine


C L AU S A. F R O H

bulthaup

Qualité et longévité. Les surprenantes nouveautés bulthaup sont les plus beaux investissements de demain. C’est le cas par exemple du système universel bulthaup b3. Il offre tout ce que l’on est en droit d’attendre aujourd’hui d’une ”grande ” cuisine. Découvrez sa perfection, sa pérennité, la solidité de ses matériaux et le soin apporté à ses finitions ainsi que les divers avantages offerts par une solution d’aménagement intérieur modulable et unique en son genre. www.bulthaup.be


edito

capital10 Si nous prenons en compte également les taxes sur les revenus du patrimoine et sur leur transfert, nous occupons la quatrième place européenne dans ce palmarès.

Parallèlement aux vœux que j’adresse en ce début d’année à nos lecteurs, je tiens à utiliser ce forum pour souhaiter aux négociateurs un dénouement rapide dans une situation bloquée. Il faut dire qu’il n’en fallait pas autant pour être découragé. Depuis des mois, les gigantesques défis financiers qui se posent à nous sont totalement noyés par les tiraille­ ments communautaires de notre pays. Le vieillissement de la population, l’énorme dette publique, le maintien de notre système de santé, j’en passe et des meilleures, ce sont autant de bombes à retardement. Pendant que nous battons – à l’heure où ce numéro est imprimé – tous les records européens de longueur en termes de formation d’un gouvernement, les pays qui nous entourent ne sont pas restés inactifs: les Pays-Bas et le RoyaumeUni ont vu pendant l’année écoulée leur nouveau gouvernement tailler dans les dépenses publiques. La France a décidé le gel des salaires des fonctionnaires et l’Allemagne à elle aussi réalisé des économies. Là où les pouvoirs publics belges n’ont pas bougé le petit doigt, les citoyens prévoyants ont pris l’initiative d’épargner en vue d’un avenir sécurisé.

Or c’est précisément ces citoyens-là, qui viennent à peine de digérer la crise financière, qui risquent d’être pénalisés aujourd’hui. Dans cette dixième édition de Capital, nos fiscalistes expriment leur quasi certitude de voir le nouveau gouvernement décider de lever de nouveaux impôts ou d’augmenter les impôts existants, notamment sur les revenus générés par les patrimoines. Alors que nous sommes déjà les champions en termes d’impôts, même en ce qui concerne le patrimoine !

SINCeRES SALUTATIONS, Jeroen Piqueur CEO Optima

EDITEUR RESPONSABLE : Jeroen Piqueur, Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. ResponsAble DU MAGAZINE ET DE LA ReGIE PUBLICITAIRE : Soetkin Borryn, soetkin.borryn@optima.be, tél. 09 225 25 71 Format : Optima SA. Redacteur en chef et realisation : Optima Financial Planners conception et mise en page : Veerle Verbrugge, veerle@eastvillage.be. COORDINATION DE LA ReDAcTION : Soetkin Borryn – consultant de la rédaction : Duval Guillaume / Jan Pieter Mateusen. ADRESSE DE LA ReDACTION : Capital p/a Optima SA Keizer Karelstraat 75, 9000 Gent. ONT COLLABORe a CE NUMeRO : Soetkin Borryn,

Cert no. CU-COC-809718-DJ

Jeroen Lissens, Luk Coupé, Guy Kokken, Lies De Mol, Jan Verstraete, Veerle Symoens, Bart Lenaerts, Thomas Weyts, Jan Gillis, Jan Stevens, Jonas Roosens, Lieven Dirckx, Alexander Popelier, Xavier Piqueur, Nils De Vriendt, Jo Viaene, Luc Van den Bossche, Ethel Desmasures, Dieter Bossuyt, Kristof Vanderbeke. Copyrights : Tous droits réservés. Aucun extrait de ce magazine ne peut être repris ni reproduit d’une quelconque manière sans l’autorisation expresse du rédacteur en chef et de l’éditeur responsable. TRADUCTION : Brigitte Hendrickx. IMPRESSION : Stevens Print NV. Ce magazine a été imprimé sur Arctic Paper avec certification FSC.

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De plus en plus de citoyens prévoyants prennent dès lors le taureau par les cornes, en réclamant une planification financière et fiscale durable à la mesure de leur situation et de leurs attentes. Je profite de l’occasion pour les remercier de la confiance qu’ils nous font. En qualité de leader du marché et de pionnier de la planification financière, Optima investit plus que jamais. Ce n’est qu’en comprenant ce qui motive les citoyens, pourquoi ils investissent, qui ils tiennent à protéger, quelles sont leurs ambitions, que nous sommes en mesure de développer pour eux un plan qui prend en considération tous les aspects de leur situation. C’est cela que nous entendons, chez Optima, par ‘financial planning’. Nous ne nous contentons pas d’investir dans notre propre centre de connaissances, mais également dans nos nouveaux bureaux situés à Waterloo, qui sont plus spacieux. En coulisses, nos spécialistes travaillent très dur au développement et à la diversification de notre offre de services. C’est ainsi que nous nous préparons tous ensemble à affronter les défis de demain.


sommaire

21 d’une importance capitale 3 professionnels à propos de leur passion. L'affineur de fromages Michel Van Tricht & fils, le chorégraphe et danseur Akram Khan et Hendrik Verstraete, le floriculteur d’orchidées de Petrens & Co.

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reportage

SOCIAL RESPONSIBILITY

Sur les traces d'un explorateur à travers l'Arctique.

Médecins Sans Vacances. Des médecins en mission sous les tropiques.

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voiture Vision EfficientDynamics BMW.

nice to know, nice to have

60 

Some like it hot.

07

MoN PLAN 

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des belges qui ont un plan Patrick van der Vorst.

Peter de Caluwe.

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il fait parler de lui Howard Gutman.

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loisirs

Les délices de la vie.

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MODE

La Dolce Vita.

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INHOUD

sommaire

capital10 debat

Alles begint met inzet, maar reikt pas verder met een plan.

stand van zaken

Nieuwe belastingen op uw vermogen artsen zOnder vakantIe

www.optima.be

Tropendokters met een missie het gOede leven

Tips voor de winter autO

Vision EfficientDynamics van BMW

DEBAT

jaargang III

Comment préserver notre Eldorado médical ?

Your future is capital

optima magazine

La Dolce Vita

Optima Financial Planners

Hoe verder uw ambities reiken, hoe vaker u merkt dat fiscaal en beleggingsadvies u op uw honger laten zitten. Optima luistert daarom wél echt naar u. Want pas wanneer we begrijpen waar u vandaan komt en waar u heen wilt, kunnen we een sterk plan voor u maken. Eén dat u een duidelijk overzicht geeft over álle aspecten van

capital10

mOde

Op TiMA MAG A ziNe belGië der de ja a rga ng februa rI 2011

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Blijft ons medisch Eldorado betaalbaar?

HOWARD GUTMAN

uw situatie. We bekijken hoe u uw inkomen en uw beschikbare vermogen kunt optimaliseren. Maar tegelijkertijd denken we ook al mee na hoe we uw verwachtingen op langere termijn kunnen inlossen, zoals uw pensioen en uw nalatenschap. Vraag geen advies, maar eis een plan. Voor u, voor nu en voor later.

– Amerikaans ambassadeur in België –

“Van The Bronx naar Brussel.”

www.optima.be

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februarI 2011

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COuVERture : Howard Gutman PhOTO : Lieven Dirckx Dorénavant, si vous préférez recevoir l'édition néerlandophone, faites-le nous savoir via info@optima.be

le point sur la situation De nouveaux impôts patrimoniaux.

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quoi de neuf Alsberghe & Van Oost. Un projet immobilier dans le plus pur style Optima.

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analyse Préservez votre entreprise familiale.

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OpiniON

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events La planification financière, tout un art.

Fuyez le dilemme qui ne tolère aucune concession.

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lifest yle

n i c e t o k n o w, n i c e t o h av e

Some like it

hot

En prévision de la Saint Valentin et des nuits d’hiver glacées, quelques articles hot stuff, qui devraient vous réchauffer (le cœur). Vous n’avez que l’embarras du choix avec la sélection faite spécialement à votre intention par Capital. Soyez aux petits soins pour votre chéri(e) ou cédez à vos propres accès de folie hivernale. Résultat assuré, dans tous les cas ! texte valerie du pre

l’assistant ideal 2

des gants

pour mieux communiquer

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i P H O N E G L O V ES www.dotsgloves.com

Manier un iPhone avec des doigts gelés, voilà qui entraîne généralement des erreurs de communication. Heureusement, un petit génie a inventé les IPHONE GLOVES : des gants bien chauds, 100% pure laine, avec des fibres d’argent pour un contact maximum des pouces et index avec l’appareil. Non pas Cool, mais plutôt Hot et surtout très pratique.

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H OTE L M A X C L U SI V E www.hotelmaxclusive.com

Vous avez une âme d’épicurien mais vous n’avez pas le temps de vous mettre en quête d’idées cadeaux ­originales ? N’hésitez pas et présentez-vous au check-in de l’HOTEL MAXCLUSIVE, un assistant personnel en ligne qui sélectionne sur base de votre profil d’exaltantes collections avant de les déposer dans votre suite personnelle. Il ne s’agit évidemment pas de ce que l’on peut trouver partout, mais bien d’articles mode, design ou lifestyle exclusifs, griffés Chanel, Cartier, Porsche, Moët & Chandon et autres marques de renommée. Mais attention, nous ne sommes accueillis dans ce luxueux hôtel en ligne que sur invitation !


lifest yle

C A R L A S H ES www.carlashes.com

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Votre voiture bat des cils

Avec CARLASHES, séduire en voiture prend une autre dimension. Ces faux cils géants se fixent et se retirent en un tour de main ; ils s’adaptent à différents types de phares et peuvent même aller au carwash. Et pour briller davantage dans les bouchons, ils sont également proposés avec un eyeliner ‘cristal’.

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« My Morgan was a great babe magnet » (Ma Morgan était un piège à filles), c’est ainsi que le pilote britannique Stirling Moss parlait de sa MORGAN THREE WHEELER. Une bonne nouvelle pour les amateurs : en 2011, The Morgan Motor Company lance une version moderne du trois roues légendaire. En respectant le concept classique, mais en dotant également ce tricycle d’un bicylindre 1800 cc emprunté à Harley Davidson, vitesse de pointe 185km/h et confortable cockpit cuir pour deux personnes. Bref, la classe pure pour les amateurs de vitesse.

cœur de bois 4

we want morgan

L U C K Y L O V E C H A IR www.joine.nl

Le LUCKY LOVE CHAIR de Maarten Baptist, c’est une chaise faite main qui semble accueillir à bras ouverts quiconque s’y installe. Cette chaise en contreplaqué de bouleau traité à la vapeur et cintré repose sur des pieds métalliques noirs. Malheureux en amour ? Avec le Lucky Love Chair, vous avez au moins une pièce unique chez vous, à défaut de l’Etre Unique !

A L E X A N DER M C Q U EE N www.therugcompany.info

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MOR G A N T H REE W H EE L ER www.morgan-motor.co.uk

Un tapis haute couture Un verre de vin à la main, un feu ouvert et un tapis couture signé ALEXANDER MCQUEEN : les ingrédients rêvés d’un tête-à-tête romantique et hivernal. Le très regretté Alexander McQueen a dessiné spécialement pour The Rug Company une collection de six imposants tapis, fabriqués dans la meilleure des laines, le cachemire le plus fin et la soie la plus douce. Chaudement recommandé pour les longues soirées ­d’hiver. Un conseil pourtant : réservez la version « tête de mort » pour une autre occasion ...

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lifest yle

silence portable

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MI C H A www.houseofmicha.com

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Un matou qui illumine vos vies

P H O N E K ER C H IEF www.myphoneisoff.com & www.uncommongoods.com

Non, un chat noir ne porte pas toujours malheur. La preuve avec la création du duo Kuntzel + Deygas. MICHA – mi-lampe mi-chat – imite les mouvements de votre animal de compagnie favori et adopte quatre positions différentes. Un cadeau qui devrait toucher les cœurs des amateurs de design et des amis des bêtes.

Un rendez-vous galant ou simplement important ? Avec le PHONEKERCHIEF inventé par The Way We See The World, vous tenez les importuns à distance. En effet, cet accessoire renferme des fibres d’argent qui bloquent les signaux du téléphone. Pour envelopper votre portable ou à porter fièrement en pochette afin de profiter à fond d’instants où vous ne voulez absolument pas être dérangé...en tout cas par téléphone !

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Que celle à qui la sandale va, la chausse 10

Cool, votre ordinateur portable !

Votre ordinateur portable chauffe après tous ces mails enflammés ? En élargissant l’angle horizon­ tal de votre appareil, la chaleur s’échappe et la température de votre portable baisse de 15 à 20%. Grâce à FRESCKO NOTEBOOK COOLER, votre ordinateur portable adopte la position idéale, sans apport d’énergie supplémentaire. Un portable qui garde la tête froide tout en étant écologique, c’est cool, non ?

NI AGR A www.jimmychoo.com

Cela fait longtemps que vous ne croyez plus aux contes de fée, mais les pantoufles (pardon : les escarpins) de verre (ou de cristal) vous fascinent toujours autant ? Dans ce cas, vous serez séduite par les killer heels NIAGRA de la nouvelle Collection Crystal de Jimmy Choo. Avec leur design transparent et vertigineux, leur talon de 13,5 cm et leur bout joliment découpé, elles sont le marchepied rêvé des femmes du monde ...

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L e FRES C K O N OTE B OO K C OO L ER www.frescko.net


MO N P L A N

P e t exrx d xex x Cx ax lu w e

Je ne vise rien de moins que les meilleures representations et la meilleure entreprise Peter de Caluwe (47 ans) est le Directeur Général du Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles. Dans cette fonction, il dirige l’organisme culturel le plus prestigieux du pays, qui est également l’un des plus innovants parmi les temples européens de l’opéra. Peter de Caluwe tient à atteindre sur le plan de l’organisation le degré d’excellence que la Monnaie a depuis longtemps acquis dans le domaine artistique. Une stratégie et un plan financier clairs et précis sont indispensables dans cette optique. Devenir directeur de La Monnaie, cela faisait-il partie de votre plan de carriere? Ce poste, c’est plutôt une vocation. Ce sont ma passion et mes connaissances qui m’ont mené jusqu’ici. J’ai suivi des études littéraires et théâtrales. Pendant longtemps, je n’ai pas eu confiance en mes propres qualités, heureusement, certaines personnes ont discerné du potentiel chez moi....(rire) Parallèlement à la passion et à la connaissance, j’ai appris dans d’autres temples de l’opéra comment diriger. Ou trouvez-vous l’inspiration? Nous recherchons des artistes et nous leur offrons des rôles à leur mesure, un talent que j’ai développé grâce à Gerard Mortier, l’ancien intendant de La Monnaie. Mon inspiration, je la trouve aussi auprès d’entrepreneurs tels que Diaghilev. En sa qualité d’inventeur des Ballets Russes et d’imprésario, il a réussi à vendre le ballet. Rolf Liebermann a lui aussi réussi à renouveler l’opéra. La Monnaie reçoit 33,6 millions de subsides, qui servent pour le batiment, les collaborateurs et les frais de fonctionnement. Ou trouvez-vous l’argent necessaire pour la mise en scene? Le volet artistique coûte entre 13 et 14 millions d’euros par an, dont nous finançons nous-mêmes de 80 à 85%. Pour me-

teXtE veerle symoens PHoto jonas roosens

ner à bien une telle entreprise, j’ai tout d’abord composé une équipe dirigeante imbattable, en qui j’ai une totale confiance. J’ai également créé un nouveau département development qui génère des revenus supplémentaires par le biais du sponsoring d’entreprise et d’importants investissements réalisés par des personnes privées.

Que signifie l’argent pour vous? Au niveau international, La Monnaie se

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situe au même plan que les opéras de Londres, de Paris, de Madrid et de Berlin. Dans le ranking des opéras les plus courus, nous comptons parmi les dix premiers en Europe, mais dans le ranking financier, nous sommes à la traîne en termes de subsides. Je souhaite améliorer nos moyens, donc dans ce sens, je suis très intéressé par l’argent. Etes-vous un chef d’entreprise obsede par les plans? J’aime planifier 3 ou 4 ans à l’avance. Mais j’ai également un côté intuitif. Dans une position comme la mienne, il faut faire appel à ses deux hémisphères cérébraux. Il faut se donner les moyens de ses rêves et entretenir de bons rapports avec des salariés aussi créatifs qu’émotionnels. Avant, La Monnaie ne programmait pas longtemps à l’avance, mais j’estime quant à moi que planifier offre l’avantage d’une certaine sérénité et la possibilité de corriger en temps voulu. Tous les collaborateurs ont de la sorte une idée bien précise de la raison pour laquelle nous faisons les choses comme nous les faisons, ce qui est un vecteur de confiance et de cohésion. Le principal plan que j’ai pour ce mandat, c’est atteindre en terme d’organisation le degré d’excellence que la Monnaie a depuis longtemps acquis dans le domaine artistique. Je ne vise rien de moins que les meilleures représentations et la meilleure entreprise.


LESdeelnemers PARTICIPANTS Le docteur Marc Moens, cache mal son émotion lorsqu’il arrive le premier sur les lieux de la table ronde : De Bijloke. C’est en effet dans cet ancien hôpital – aujourd’hui centre culturel de la ville de Gand – qu’il a passé plusieurs années comme étudiant en médecine à la fin des années ’60. « Les cours d’histologie se donnaient ici », se souvient-il. « Et cela a dû me faire une forte impression, puisque j’ai passé toute ma carrière dans des laboratoires. » Ce biologiste clinicien est trop modeste en parlant de la sorte. Ce n’est pas tant à sa carrière à la clinique Imelda de Bonheiden qu’il doit sa renommée qu’à son autre poste – à plein temps lui aussi – de président du principal organisme de médecins du pays, l’ABSyM/BVAS. Le docteur Moens est de ce fait l’un des plus grands défenseurs de cette profession libérale en Belgique. Le professeur Lieven ­Annemans, (VUB/ Université de Gand), le rejoint bientôt. En sa qualité d’économiste de la santé et de fellow au sein du thinktank Itinera Institute, Lieven Annemans est connu pour être un observateur critique de la politique de santé. Par le biais d’études et d’articles dans les journaux, il nous éclaire régulièrement sur les problèmes médico-financiers du moment. Le docteur Hugo Vanermen, cardiologue de la clinique Onze-Lieve-Vrouw à Alost qui a notamment opéré le Roi Albert, prend place à son tour. Hugo Vanermen est un des pionniers et des grands défenseurs de l’usage de techniques nouvelles dans la chirurgie du cœur. La vision affirmée qu’il a de la politique menée en la matière, combinée à sa pratique exercée lors de milliers d’actes chirurgicaux en font un interlocuteur incontournable sur la question. Nous avons laissé à monsieur David Desmet, rédacteur médical spécialisé et journaliste pour des revues telles que Le généraliste / De Huisarts, le soin de poser les questions.

L'ancienne infirmerie de l'hôpital De Bijloke aujourd'hui transformée en salle de concert.


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Soi ns de sa n t e

Comment faire pour preserver notre Eldorado medical ? Sante publique : les defis financiers

Aujourd’hui encore, notre système de santé passe pour l’un des meilleurs au monde, même si les coûts ont doublé en dix ans. Il est donc grand temps de faire face aux facteurs de risque, pour que nous puissions préserver à long terme le système qui est le nôtre. Des experts de renom élaborent un plan d’avenir pour le secteur de la santé belge. texte jeroen lissens PHotos lieven dirckx | eric demildt (bijloke) Nos remerciements a bijloke bistro by coeur d’artichaut et muziekcentrum de bijloke gand

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Le vieillissement de la population, des patients plus critiques et surtout l’évolution (et même la révolution) médicale de ces dernières années, voilà qui a fait exploser le coût de nos soins de santé. Les 24,5 milliards d’euros de dépenses de santé publique en 2010 représentent exactement le double du budget d’il y a dix ans. Il y a quelques années, le gouvernement Verhofstadt avait déjà décrété que la croissance annuelle de ces dépenses ne pourrait dépasser 4,5%. Mais avec les retombées de la crise financière, l’énorme dette publique et les trous importants dans le budget fédéral, cette norme de 4,5% est soumise à une forte pression.

“Nous ne travaillons pas

toujours de manière assez ciblée.” Marc Moens

Lieven Annemans (économiste de la santé) : « Les frais de santé augmentent plus vite que notre niveau de vie, et ce même dans l’hypothèse d’une croissance du bien-être de 4,5%. C’est intenable à long terme, surtout quand on sait que les citoyens doivent aujourd’hui déjà payer de leur poche une part toujours plus importante des soins de santé. Nous devons dès lors faire très attention. »

Nous vivons tous plus vieux, il y a relativement plus de person­ nes âgées. Le vieillissement de la population constitue-t-il la principale cause de cette hausse des coûts ? Lieven Annemans : « Pas du tout, puisque le vieillissement de la population ne représente que 1% de cette augmentation. Le vieillissement de la population ne signifie pas seulement que nous vivons tous de plus en plus vieux, mais aussi que nous restons en bonne santé de plus en plus longtemps et que nous avons donc moins besoin de soins, même dans notre grand âge. Non, la majeure partie de ces coûts en hausse provient des nouvelles techniques et technologies. D’où le paradoxe : elles engendrent d’un côté une espérance de vie accrue, tout en faisant grimper les coûts de façon exponentielle. »

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L’innovation ne permet-elle pas de rendre de nombreux processus moins coûteux ? Lieven Annemans : « La pratique prouve que le contraire est vrai. La technologie est souvent trop coûteuse. On l’utilise fréquemment sans nécessité absolue, ou en ne sachant pas vraiment si elle est préférable. »

DE COUTEUSES ANALYSES Cela n’engage-t-il pas la responsabilité médicale du médecin, qui reçoit parfois un patient avec de vagues symptômes et qui a recours au (coûteux) scanner pour ne pas risquer de faire le mauvais diagnostic ? Marc Moens (Président de l' ABSyM / BVAS) : « C’est vrai, mais je me range aussi derrière ceux qui estiment que nous devons opérer de ma­ n ière plus ciblée. En Belgique, nous avons par exemple davantage recours aux rayons ionisants pour l’imagerie médicale que ne le font les pays voisins. Comme biologiste clinicien, je suis parfois outré de voir que l’on commande des bilans sanguins poussés – mais chers – alors que le patient n’a pratiquement pas été examiné. Nous ne travaillons pas toujours de manière assez ciblée. » Hugo Vanermen : (cardio­ chirurgien OLVZ Alost) : « Autrement dit : la responsabilité financière incombe au médecin prescripteur ?  » Lieven Annemans : « Il existe en effet d’énormes variations d’un médecin à un autre : certains prescrivent bien plus d’examens que d’autres. » Marc Moens : « Mais les différences, c’est normal, non ? Les médecins sont responsables de la santé de leurs patients spéci­fiques, et non de la gestion du budget de santé fédéral. » Lieven Annemans : «  Toujours est-il qu’un groupe de médecins prescrit trop d’examens coûteux, et bien plus que ce


Optima

expertise

Je suis entrepreneur et je tombe malade : quelles en sont les consequences et comment se couvrir au mieux ? Notre pays dispose, certes, d’un large filet de sécurité sociale pour les salariés qui sont malades, mais pour les indépendants et les professions libérales, la réalité est moins rose. Des études démontrent que le faible montant des allocations constitue l’une des causes du taux de pauvreté élevé parmi les indépendants (pas moins de 14% vivent sous le seuil de pauvreté). Ceux-ci ont une probabilité cinq fois plus élevée que les salariés de glisser vers le dénuement le plus total. Pour éviter les catastrophes, il est conseillé, pour vous-même et votre entourage, de vous protéger de manière intelligente, au moyen des assurances appropriées. En voici un bref aperçu. Assurance soins de sante

Chaque travailleur indépendant est obligé de s’affilier à une caisse d’assurance de son choix. Dès que vous avez payé des cotisations au cours de la deuxième année calendrier précédente, vous et votre conjoint, ainsi que vos enfants, êtes couverts contre les petits et les gros risques. Parmi les ‘petits risques’ figurent entre autres les prestations suivantes : les consultations d’un médecin généraliste ou d’un spécialiste, les petites interventions chirurgicales, les examens par des laboratoires, les soins dentaires, la kinésithérapie et la physiothérapie, les soins infirmiers à domicile, les verres optiques à partir d’un certain niveau de correction, les appareils auditifs, les semelles orthopédiques, les prothèses et autres appareils de ce type et, enfin, les médicaments prescrits.

“ On peut même dire qu’on vit dans un véritable Eldorado en Belgique. Chez nous, les soins de santé sont tout à la fois accessibles, très abordables, très modernes et de très grande qualité.”

Les ‘gros risques’ couvrent les interventions chirurgicales, les accouchements, la radiologie, la radiothérapie, les réanimations, les frais de séjour à l’hôpital, la logopédie, le matériel de synthèse (pacemakers, prothèses à la hanche et autres), les fauteuils roulants et les appareils d’aide à la marche.

Hugo Vanermen (chirurgien cardiologue, hôpital OLV, Alost)

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Optima

expertise

L’assurance sociale ne rembourse toutefois pas la totalité des frais ! Vous devez vous-même prendre une partie à votre charge – c’est ce qu’on appelle le ‘ticket modérateur’. Le législateur a ainsi voulu modérer les dépenses croissantes en matière de soins de santé. De plus, les cotisations sociales à payer pour étendre la couverture maladie aux petits risques ont été augmentées en 2008. Assurance pour incapacite de travail

Outre le remboursement partiel des frais médicaux, vous avez droit, en tant qu’indépendant, à une compensation partielle (sous la forme d’une indemnité) pour incapacité de travail résultant d’une maladie ou d’un accident. Vous avez droit à cette indemnité après avoir mis complètement fin à votre activité d’indépendant pour des raisons de santé, pour autant que vous répondiez aux conditions suivantes : 1. Vous êtes affilié à une caisse d’assurance sociale ; 2. Vous avez accompli un stage d’attente de six mois et vous pouvez prouver le paiement de cotisations sociales durant cette période ; 3. Vous pouvez démontrer qu’il n’y a pas eu d’interruption de plus de trente jours entre le début de votre incapacité de travail et le dernier trimestre pour lequel vous avez payé des cotisations ; 4. Vous faites reconnaître, endéans les 28 jours, votre incapacité de travail en remettant à votre caisse d’assurance sociale un ‘Certificat d’incapacité de travail’ complété par votre médecin traitant ; - Si vous agissez trop tard, vos indemnités diminuent de 10% à partir du premier jour pour lequel vous avez droit aux indemnités jusqu’au jour de remise tardive du certificat ; - En cas de prise en charge par un institut de soins reconnu, ce délai de remise du certificat est suspendu, mais ne peut en aucun cas dépasser les 48 heures qui suivent la fin de la prise en charge.

“L’objectif ultime d’une bonne gestion ce n’est pas de minimiser les coûts, mais d’allonger l’espérance de vie d’une population en bonne santé.”

Vous ne bénéficiez d’indemnités pour maladie qu’à partir du 2ème mois d’incapacité de travail. Le 1er

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Lieven Annemans (prof.VUB/Universite de Gand) [ CAPITAL 10 ]

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qui est nécessaire. Les patients sont souvent demandeurs, eux aussi. Aujourd’hui, un patient peut encore réclamer à six médecins différents une radio de son genou qui le fait souffrir. Et il arrive que la direction de certains hôpitaux fasse observer à des chirurgiens que leur courbe de prestations présente moins d’opérations ... Une surconsommation qu’il faut à tout prix endiguer. C’est pourquoi je suis favorable à une médecine evidence-based : un choix de traitement basé sur l’efficacité prouvée des examens médicaux. Pour éviter de jeter l’argent par les fenêtres. »

LES PAYS-BAS Quelle est notre situation par rapport aux autres pays ? Tout le monde a entendu parler de ces Hollandais qui viennent se faire opérer en Belgique. Cela veut bien dire que notre système n’est pas mauvais ? Hugo Vanermen : « On peut même dire qu’on vit dans un véritable Eldorado en Belgique. Chez nous, les soins de santé sont tout à la fois très abordables, très modernes et de très grande qualité. La grande question à se poser pour l’avenir est la suivante : comment faire pour supporter ces frais, quand on voit qu’ils augmentent plus vite que notre niveau de vie ? » Revenons-en aux causes. La forte aug­ mentation des coûts de santé signifie-telle que les médecins ont également vu leurs revenus doubler ces dix dernières années ? Marc Moens : « Nous dépensons actuellement environ 10,2 % du PIB en soins de santé. Pour 2011, on prévoit 25,8 milliards d’euros de dépenses. Seule une partie de cette somme – 7,1 milliards – va aux médecins, qui doivent également l’utiliser pour payer leur personnel, leurs infrastructures et pour amortir des appareils souvent très coûteux. Il serait faux de dire que les médecins gagnent toujours plus parce que les coûts de santé augmentent. Bien au contraire : les spécialistes cèderont par exemple cette année 0,59% – un fait inédit dans notre secteur, et qui démontre que ce ne sont pas les médecins qui sont la cause de cette forte augmentation des coûts. En 1970, les médecins prenaient encore part pour 42% aux

dépenses de santé globales, alors que ce chiffre n’est plus que de 27,5% en 2011. » Hugo Vanermen : « On ne peut pas dire que les médecins sont par définition grassement payés. » Lieven Annemans : «  Ce qui est vrai par contre, c’est qu’il existe de grosses différences entre les spécialisations. »

“Il ne peut plus être question de shopping entre les différents hôpitaux et médecins, même si le système actuel entraîne ce type de comportement.” hugo vanermen

LES PATIENTS Les patients ne sont-ils pas plus critiques qu’avant ? Ne recherchent-ils pas – en s’appuyant sur des informations correc­ tes ou non trouvées sur la toile – de plus en plus la solu­tion qui leur semble la meilleure ? Hugo Vanermen : « Les patients aussi devront s’adapter. Il ne peut plus être question de shopping entre les différents hôpitaux et médecins, même si le système actuel entraîne ce type de comportement. Cette attitude du public illustre l’énor­ me différence de mentalité entre un patient du 20ème siècle et un patient d’aujourd’hui. Avant, un patient avait con­ science qu’une opération lourde avait des conséquences : cela coûte de l’argent, il aura des cicatrices, il souffrira, il passera par une période de rééducation. Bref, No gain without pain. Un patient d’aujourd’hui compte sur une opération sans cicatrice, sans douleur, il veut reprendre le travail au plus vite – dès le lendemain si possible – et tout cela gratuitement de préférence. » Les médecins ne sont donc pas les seuls à opter pour de coû­ teuses techniques, les patients les réclament eux aussi ? Marc Moens : « Nous sommes favorables à une responsabilisation générale, tant du professionnel des soins de santé que du patient, qui doit réaliser qu’un certain type de traitement a un prix. » Lieven Annemans : « Dans le système actuel, on crée presque une sorte de moral hazard : on estime que le médecin peut

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faire ce que bon lui semble puisque de toute façon, le patient est assuré, ce qui mène inévitablement à des excès. » Comment faire pour responsabiliser les médecins ? Marc Moens : « Les médecins doivent se demander à chaque fois s’ils utilisent la meilleure technique, et la plus efficace. Un certain fétichisme, choisir la technique la plus innovante et la plus coûteuse, la surenchère entre certaines institutions et leurs médecins, tout cela est à déconseiller. Concrètement, je ne suis pas partisan d’un contrôle systématique, voire pénalisant, de chaque traitement. Cela risque en effet d’entraîner des tonnes de paperasses – et pas seulement pour les médecins. Je préfère un système qui récompense les médecins qui font des efforts dans ce sens. »

“Les études le démontrent: moins de cohésion sociale, cela signifie une baisse de la santé moyenne.” lieven annemans

« Une autre piste à suivre : stimuler une collaboration plus étroite entre les médecins et les organismes. Un exemple : je constate qu’aux Pays-Bas, il n’existe que trois appareils de chirurgie assistée par des robots, alors qu’on en compte 18 en Belgique et 7 rien qu’en Flandre orientale ! Nous pos­sé­ dons la plus forte concentration de robots au monde. Or quand on sait qu’un tel appareil coûte deux millions d’euros ... On est en droit de s’attendre à ce qu’ils soient utilisés de la manière la plus efficace qui soit. »

DE LA FOLIE Hugo Vanermen : « Même chose pour le nombre de nos centres spécialisés en chirurgie cardiaque. Nous en comptons 29 pour dix millions de Belges, alors que la moyenne européenne est d’environ un centre pour un million d’habitants. C’est de la folie sur le plan financier et économique, et le résultat de la fragmentation belge : il existe des circuits

David Desmet (redacteur et journaliste)

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entièrement séparés d’hôpitaux catholiques et non confessionnels, de centres francophones et néerlandophones. Sans compter les politiciens régionaux qui aiment trouver un hôpital hautement spécialisé tout près de chez eux. Nous savons tous qu’une telle surenchère d’infrastructures coûte une fortune, et qu’elle n’est pas efficace. Si nous ne taillons pas dans la masse, notre système de soins de santé est appelé à faire faillite. » Marc Moens : « On a trop souvent tendance à penser que de coûteuses technologies feront toute la différence, alors qu’il ne faut pas nécessairement être équipé de toutes les nouveautés pour se montrer innovant. Souvenez-vous des traitements FIV, inventés dans un hangar aménagé, quelque part en Ecosse. » Que penser d’e-health, une initiative publique visant à concentrer un certain nom­ bre de données électroni­ ques sur le secteur dans des banques de données cen­ trales. Cela devrait per­ mettre de savoir automati­ quement qui fait du bon travail, et qui est moins performant, ou trop coû­ teux ? Lieven Annemans : « Me­ su­rer, c’est savoir. Ce n’est qu’en cartographiant la situation que nous serons capables de réaliser une analyse correcte. J’ai pourtant l’impression que les syndicats de médecins n’y sont pas vraiment favora­ bles ... » MARC MOENS : « Pas du tout. Nous nous faisons toutefois du souci en ce qui concerne la complexité de la gestion de toutes ces informations, et surtout le respect du secret médical qui en découle. Il ne peut être question de divulguer les dossiers confidentiels des patients ! Hugo Vanermen : «  Et le res­pect de la vie privée doit


Optima

expertise

mois est en fait un 'mois de carence', c’est-à-dire un mois non indemnisable. A partir du 2ème mois, vous recevez un montant fixe par jour en fonction de votre situation familiale. Ce montant est versé pour tous les jours de l’année sauf les dimanches. Avec charge de famille

Isolé

Cohabitant

€ 48,39/jour

€ 37,10/jour

€ 30,23/jour

€ 1 258,14/mois

€ 964,60/mois

€ 785,98/mois

Assurance invalidite

Si les aléas de la vie font qu’après un an d’incapacité de travail, vous ne pouvez toujours pas reprendre le travail, vous tombez alors officiellement sous le régime de l’invalidité. Vous devez alors être reconnu comme invalide. Cela signifie que vous n’êtes pas seulement inapte à poursuivre votre activité professionnelle, mais également tout autre activité professionnelle correspondant à votre situation, votre état de santé et votre formation professionnelle. C’est le Conseil médical de l’invalidité de l’INAMI qui en décide, sur la base d’un rapport du médecinconseil de la caisse d’assurance sociale. A nouveau, vous avez droit à un montant fixe par jour. Toutefois, le fait qu’une personne tierce maintienne votre entreprise en activité en votre nom et pour votre compte aura un impact sur cette indemnité quotidienne, à savoir : Invalidite

Continuation de l’entreprise Cessation de l’entreprise

Avec charge de famille

Isolé

Cohabitant

€ 48,39 /jour

€ 37,10 /jour

€ 30,23 /jour

€ 1 258,14 /mois

€ 964,60 /mois

€ 785,98 /mois

€ 49,26 /jour

€ 39,42 /jour

€ 33,80 /jour

€ 1 280,76 /mois

€ 1 024,92 /mois

€ 878,80 /mois

Allocation de maternite

Au terme de leur grossesse, les femmes travailleurs indépendants et les épouses ou partenaires aidantes ont droit à une période de congé de maternité indemnisé. La période de congé de maternité compte huit semaines, dont une période de repos obligatoire d’une semaine avant la date d’accouchement et de deux semaines après cette date, ainsi qu’une période de repos facultative de cinq semaines à choisir librement dans un laps de temps déterminé. La période de repos facultative peut être prolongée

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Optima

expertise

d’une ­semaine s’il s’agit de jumeaux. En cas d’hospitalisation de votre nouveau-né de plus d’une semaine, il est possible de prolonger le congé en y ajoutant la période d’hospitalisation du nouveau-né, avec un maximum de 24 semaines. L’allocation de maternité s’élève à € 383,24 par semaine. Couvrez-vous au moyen d’assurances complementaires !

Vous aurez compris que les indemnités pour incapacité de travail des indépendants en Belgique ne sont pas vraiment ‘royales’. Il est, dès lors, possible et ­souvent conseillé de conclure un contrat d’assurance complémentaire ‘revenu garanti’. L’avantage de ces primes d’assurance est qu’elles sont déductibles ­fiscalement en tant que frais professionnels. Cette police d’assurance vous couvre contre une incapacité de travail pour maladie et/ou accident. Si vous deviez en être la victime, une telle assurance prévoit une rente annuelle. Pour vous protéger également contre l’inflation, optez plutôt pour une rente annuelle croissante. La couverture n’est pas effective à partir du premier jour ; il est également question ici d’une période de carence. En fonction des conditions de votre police, cette période compte souvent 30, 60, 90 ou 180 jours. Il est évident qu’une rente annuelle constante, une période de carence plus longue et une période de couverture courte (jusqu’à 60 ans au lieu de 65 ans) contribuent à réduire le montant de vos primes d’assurance. Outre un revenu garanti, les compagnies d’assurances proposent souvent une assurance contre les accidents. Comme le nom le laisse supposer, de telles polices couvrent l’incapacité de travail et/ou le décès, mais uniquement en raison d’un accident (parfois uniquement des accidents de travail). L’invalidité pour cause de maladie n’est donc pas couverte par une telle assurance. L’avantage d’une telle police est l’absence de période de carence. L’allocation débute donc immédiatement après l’accident. En cas d’invalidité permanente ou de décès, l’assuré reçoit un capital en une seule fois- et non pas une rente annuelle. Le contrat peut éventuellement prévoir une indemnisation quotidienne limitée dans le temps en cas d’invalidité temporaire. L’inconvénient est que les primes pour une telle assurance contre les accidents ne sont pas déduc­ tibles, parce qu’elles ont un caractère privé.

“Nous constatons que la

médecine peut faire beaucoup plus que ce que la société veut – ou peut – se permettre.” Marc Moens (président ABSyM / BVAS)

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également valoir pour les professionnels de la santé. Afin de ne pas nous retrouver dans des situations à l’Américaine, avec les listes des ratios d’opérations réussies par les chirurgiens à la une des journaux. Des informations – correctes ou non – que les personnes non averties utiliseront pour les choix à faire. Mais dans l’absolu, j’adhère au principe : mesurer, c’est savoir. » Lieven Annemans : «  Dommage que tout ne se mesure pas aussi facilement. L’efficacité de certains traitements n’est par exemple mesurable qu’à long terme. Il faut souvent attendre des années avant qu’un tel traitement soit reconnu efficace par les pouvoirs publics et entre de ce fait en ligne de compte pour les remboursements. »

CATCH 22 Cela n’entraîne-t-il pas certains retards ? Hugo Vanermen : « Oui, bien sûr. Un exemple frappant est celui des valves cardiaques percutanées, une option apte à sauver la vie d’un certain type de patients. Il n’est pas question de remboursement, alors que nous savons tous qu’elles sont très efficaces. On se retrouve ainsi dans une sorte de catch 22 : bloqués des deux côtés. L’argent manque pour une technologie efficace et nous ne parviendrons donc jamais à prouver son efficacité. Dans la pratique, un médecin doit choisir ce qu’il y a de mieux pour chacun de ses patients individuels. Et que faisons-nous ? Nous payons ces valves, pas seulement parce que les avantages sont évidents pour le patient, mais aussi parce que nous risquons dans le cas contraire d’être à la traîne au niveau international. Mon message est donc le suivant : remboursez cette technique, mais profitez-en par la même occasion pour réguler le secteur : limitez l’usage à six centres par exemple, qui seraient agréés. Sinon, cette coûteuse prolifération ne fera que s’amplifier.  » «  L imiter et réguler, ce n’est d’ailleurs pas seulement bénéfique au niveau du prix, ça l’est aussi pour la qualité du traitement. Un chirurgien qui remplace chaque année 400 valves cardiaques à l’aide d’une technique donnée, la maîtrisera toujours

mieux qu’un autre qui n’effectue cette opération que cinq fois par an. » La conclusion : opter pour une technologie de pointe, mais pas n’importe où ? Lieven Annemans : « Pour contrôler le budget, il faut imposer plus de collaboration et la centralisation des compétences des différents centres. Autrement, nous risquons d’évoluer vers le système américain. » Hugo Vanermen : « Je crains moi aussi que l’on évolue vers ce système américain de concurrence mortelle entre des organismes commerciaux de haut niveau, avec une couche inférieure de population sans filet, puisque dépourvue de toute forme d’assurance maladie. » Marc Moens : «  Je connais également ce système américain et je sais que ce n’est pas le bon. Dans le système de santé américain, tout tourne autour du profit. Il n’y a pas de différence entre l’achat d’une voiture ou celui d’un soin de santé. Aux Etats-Unis, la direction des hôpitaux gagne des millions par an, mais elle oblige les médecins à prescrire les médicaments et les thérapies les moins coûteux. S’ils n’obtempèrent pas, ils sont licenciés. En Amérique, 42 millions de citoyens n’ont pas droit aux soins de santé, ce qui représente 1 américain sur 6. Je ne veux absolument pas en arriver là. Je maintiens que le système belge est excellent, tant en termes de qualité que d’accessibilité et de prix abordables. Je constate simplement qu’il a atteint ses limites. »

L’ASSURANCE INDIVIDUELLE Quid des assurances complé­ mentaires individuelles ? Marc Moens : «  Je prêche pour une assurance solidaire et de qualité. Pourtant, les faits sont ce qu’ils sont : le Parlement ne permettra jamais que le budget de l’assuran­ ce maladie augmente de plus de 4,5% par an.

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“Les médecins sont responsables de

la santé de leurs patients

spécifiques, et non de la gestion du budget de santé fédéral.” Marc Moens


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Parallèlement, nous constatons que la médecine peut faire beaucoup plus que ce que la société veut – ou peut – se permettre. Les pouvoirs publics devront dès lors imposer des limites dans le cadre légal, sinon nous ne pourrons plus assurer financièrement parlant. Mais il faut également qu’ils autorisent les gens qui peuvent se le permettre à payer des suppléments. Il ne s’agit d’ailleurs pas là d’une théorie révolutionnaire, puisque la moitié des belges a déjà contracté une assurance individuelle complémentaire. » Lieven Annemans : «  Malgré tout, il nous faut un système de santé à haut niveau pour l’ensemble de la population, et ce également dans une perspective économique. Le secteur de la santé, ce n’est pas seulement un coût. C’est aussi un secteur très productif et qui génère de la santé publique. Plus de gens en bonne santé, cela signifie plus de citoyens au travail et productifs, et donc plus de croissance économique. A nous d’investir aujour­ d’hui dans des secteurs susceptibles d’armer notre économie sur le long terme. Et le secteur de la santé en est un. » Le message est clair : le secteur doit rationaliser intelligemment et accorder la priorité aux investissements ciblés ? Marc Moens : «  Même en opérant de manière hyper-rationnelle, nous ne parviendrons pas à libérer suffisamment de moyens pour couvrir tous les besoins. Je suis dès lors favorable au deuxième pilier d’assurances. Comprenez-moi bien : je ne suis pas le père fouettard qui veut limiter l’assurance maladie aux couches aisées. Dans mon univers idéal, les recettes de l’assurance maladie augmentent au même rythme que les besoins. Mais je suis réaliste, le paradis n’existe pas sur terre et nous devons faire des choix. En même temps, j’estime que les abus du secteur doivent être éradiqués. Les médecins de ma génération n’ont pas été éduqués au contrôle des coûts, mais la jeune génération en a parfaitement conscience. » Lieven Annemans : « Un système à deux vitesses, avec des assurés plus ou moins couverts, c’est une attaque à la cohésion sociale. Les études le démontrent : moins de cohésion sociale, cela signifie une baisse de la santé moyenne. »

Hugo Vanermen : « Au lieu de nous diriger vers un système à deux vitesses pour le patient, nous devons viser le juste milieu pour le secteur lui-même. Reprenons ma comparaison avec les Pays-Bas, qui dépensent proportionnellement autant en soins de santé. Tout y est beaucoup plus régulé. Les listes d’attente sont très longues, il n’y a aucune forme de compétition entre les organismes. La situation n’est donc pas meilleure que chez nous, mais ils peuvent nous apprendre une chose : comment stopper la prolifération sauvage de l’offre par exemple – cause numéro 1 de frais en hausse. Faut-il aller vers un système hollandais ? Pas du tout, car une certaine forme de compétition pousse précisément à travailler mieux – et de manière plus innovante. Nous devons trouver un équilibre entre un système totalement régulé et un excès de l’offre, chaotique et coûteuse. »

PAS SEULEMENT L’ARGENT Lieven Annemans : «  Par ailleurs, la discussion ne peut pas tourner uniquement autour de l’argent. A long terme, les obèses et les fumeurs coûtent moins à la société, puisqu’ils vivent moins longtemps. L’objectif ultime d’une bonne gestion, ce n’est pas de minimiser les coûts, mais d’allonger l’espérance de vie d’une population en bonne santé. Il est crucial pour nous d’atteindre cet objectif, puisque pour supporter nos futures obligations financières, nous devrons tous travailler plus longtemps, et donc être en bonne santé plus longtemps. »

Avons-nous été trop – et trop longtemps – gâtés en matière de santé ? Marc Moens : « Oui, c’est probable. En 1988, lorsque j’ai commencé à défendre les intérêts professionnels des médecins, tout était possible ou presque. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais nous subissons encore les conséquences des années d’abondance. Les patients belges esti­ ment qu’il est normal d’avoir droit au nec plus ultra, et en un minimum de temps. Mais avec les budgets actuels, il n’est pas possible de maintenir les soins médicaux à un tel niveau. »

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Optima

expertise

Il est, en outre, possible d’opter pour une ‘pension libre complémentaire sociale’. La pension libre complémentaire pour indépendants (PLCI) est un système flexible qui aide à se constituer une pension complémentaire. Vous pouvez verser des cotisations annuelles en fonction de votre revenu net imposable, avec un plafond de € 2 781,06 en 2010. Les primes versées sont déductibles fiscalement en tant que frais professionnels. Si vous optez pour une pension libre complémentaire sociale, vous participez à des prestations de solidarité en plus de vous constituer une pension. Il s’agit le plus souvent d’une couverture décès, d’une exonération de prime, d’un revenu garanti et d’une allocation de maternité. Ces prestations sont offertes sans sélection. Cette solidarité intégrée autorise une prime déductible fiscalement de 15% supérieure, ce qui porte le plafond à € 3 199,76 en 2010. Les médecins, pharmaciens, dentistes et kinésithérapeutes conventionnés peuvent utiliser leur allocation INAMI annuelle pour alimenter leur pension ou pour se couvrir contre l’incapacité de travail. Enfin, vous pouvez en tant que dirigeant d’entre­prise indépendant faire financer des dispositions pour ­incapacités de travail ‘extralégales’ complémentaires, parallèlement aux indemnités légales pour maladie ou invalidité auxquelles votre entre­prise vous donne droit. Les primes payées par l’entreprise sont déductibles fiscalement, mais à la condition que celles-ci, ajoutées aux allocations légales pour maladie et invalidité, ne génèrent pas un revenu de remplacement qui soit supérieur à 100% de votre rémunération annuelle brute normale. Conclusion : ‘Mieux vaut prevenir que guerir’

Si, en tant qu’indépendant, vous êtes atteint d’une maladie grave ou victime d’un accident, il vaut mieux ne pas compter uniquement sur les interventions légales dans les soins de santé et les indemnités pour maladie et invalidité. Celles-ci sont souvent trop faibles pour éviter qu’en plus des conséquences physiques de votre maladie ou accident, vous ne souffriez d’une sérieuse perte de revenus. Vous pouvez, certes, toujours faire confiance au destin, mais il est tout de même conseillé de vous couvrir contre ces risques en votre nom propre ou via votre entreprise. En résumé, mieux vaut prévenir que guérir !

NILS DE VRIENDT Fiscaliste

XAVIER PIQUEUR Fiscaliste


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d ’ un e i m p o r tanc e cap i tal e

3 p r o f e ss i o n n e l s a p r o p o s d e l e u r pa ss i o n

D’UNE

IMPORTANCE

CAPITALE ak r a m khan

m i ch e l van t r i ch t

hendrik verstr a et e

Michel Van Tricht, Akram Khan et Hendrik Verstraete à propos de ce qui les passionne. Ce à quoi ils accordent une importance capitale et attribuent leur succès. Après tout, l’argent ne fait pas le bonheur. Texte jan stevens et veerle symoens | PHOTOS guy kokken

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d ’ un e i m p o r tanc e cap i tal e

affineur de fromage

Michel Van Tricht & fils “Je ne voulais pas rester derrière mon comptoir, j’ai donc créé un commerce de gros.”

« Les clients me demandent souvent : « Affineur de fromages, qu’est-ce que cela signifie au juste ? » Nous sélectionnons de jeunes fromages à l’excellente base, que nous affinons ensuite. Nous conservons les fromages selon une procédure spéciale, à une température ou une hygrométrie donnée, afin que se développent des moisissures spécifiques. Nous leur ajoutons parfois des herbes et nous en lavons également certains autres. Nous travaillons surtout avec des fromages fermiers au lait cru, évitons les fromages pasteurisés et privilégions la fabrication artisanale. Nous traitons avec d’excellents fabricants de fromage. Tous les quinze jours, je me rends au marché parisien de Rungis afin d’y sélectionner les fromages en connaissance de cause. Auparavant, j’assurais la prospection de produits fins pour le compte de Campbell Foods. Cela me plaisait beaucoup et je n’aurais jamais pensé reprendre le commerce de mon père. Jusqu’au moment où un nouveau patron est arrivé, avec lequel je ne m’entendais pas du tout. A la même époque, mon père me confiait qu’il avait trouvé quelqu’un pour le seconder. Ma décision a été prise rapidement : je rejoindrais l’entreprise familiale.

maestria. A partir de cette date, je me suis rendu tous les jours à la fromagerie, avec mon épouse. Si les affaires prospéraient, moi je me portais moins bien. Dans mon ancien métier, je voyageais dans tout le pays, et cela me manquait. Je me sentais prisonnier derrière le comptoir. J’ai donc acheté une camionnette et commencé la tournée des restaurants en Belgique et aux Pays-Bas, pour leur présenter nos fromages. Je n’avais pas de business plan bien précis : n’importe quel prétexte était bon pour ne pas devoir rester derrière ce comptoir toute la sainte journée. (rire) Il est vrai que pendant longtemps j’ai investi beaucoup d’argent – parfois sans vraiment réfléchir. Un restaurateur m’ayant ainsi demandé un jour si je pouvais livrer du fromage à Zwolle (80 km au nord-est d’Amsterdam), je lui ai aussitôt répondu oui. Consultant la carte routière pour voir où se trouvait cette ville, je constatais qu’elle se situait à 220 km d’Anvers ! Les coûts du carburant nécessaires à la livraison dépassaient le résultat de la vente, et pourtant j’ai persévéré pendant des mois. Après tout, de tels contacts m’ont fait découvrir d’autres personnes, et c’est de la sorte que mon commerce de gros a fini par atteindre son but. C’est avec son épouse que Michel Van Tricht (58 ans) a repris en 1978 le magasin de fromages de son père (Fruithoflaan à Berchem, non loin d’Anvers), qu’il a développé jusqu’à en faire un commerce spécialisé de renommée internationale. Son fils Frédéric (28 ans) travaille également dans l’affaire familiale. Van Tricht & Fils est le fournisseur des meilleurs restaurants de Belgique et des Pays-Bas. Le Wall Street Journal a même élu Van Tricht & Fils ‘meilleur magasin de fromages d’Europe’.

J’ai bientôt eu la passion du fromage et le maître fromager français Philippe Olivier est devenu mon mentor. Il m’a appris énormément de choses. J’ai rallié de nombreux organismes professionnels et j’ai développé mon réseau. Plus tard, j’ai collaboré avec Pierre Androuet, l’un des affineurs français les plus renommés, dont la réputation dépassait d’ailleurs les frontières de l’hexagone. J’étais le nain, et lui le géant que je ne pouvais qu’admirer. Aujourd’hui, je livre aux plus grands restaurants et hôtels en Belgique et aux Pays-Bas. Sur le plan international, mon commerce de gros touche des pays tels que l’Irlande, Dubaï, les Maldives, Bali ... Mais les meilleurs fromages se trouvent toujours en Europe : France, Italie, Angleterre, Belgique aussi .... Depuis 9 ans, mon fils a officiellement rejoint l’affaire de famille. Je dois dire que je n’aurais pu rêver mieux : Frédéric est un connaisseur absolu des fromages et il est imbattable sur le plan commercial. Je sais que j’ai eu beaucoup de chance et que tout ne va pas toujours aussi bien dans les autres entreprises entre pères et fils. Après tout, on est en famille. Pourtant, j’estime qu’il faut être clair : si un fils ne convient pas à 100% pour l’affaire, il faut l’avouer franchement et s’arrêter là. Pour moi, le problème est inverse : mon fils fait les choses tellement bien, s’il me disait un jour : « Papa, je veux tout arrêter », j’aurais un gros problème. »

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d ’ un e i m p o r tanc e cap i tal e

CHOREGRAPHE ET DANSEUR DE (GRAND) TALENT

AKRAM KHAN

« Enfant, je n’avais aucune idée de ce que je voulais devenir quand je serais grand. Ou plutôt si : rien ! C’est ma mère qui m’a fait faire mes premiers pas dans l’univers de la danse. Après la déclaration d’indépendance du Bangladesh, elle a quitté son pays pour Londres en 1973. Ma mère a tenu à ce que ses enfants, nés à Londres, gardent un lien avec sa culture d’origine. J’avais trois ans à peine lorsqu’elle m’enseigna les rudiments des danses traditionnelles bengalies. Bien plus tard pourtant, elle n’a pas apprécié que je veuille devenir danseur professionnel, elle doutait que je puisse vivre de ce métier. Lorsque j’ai rencontré Farooq Chaudhry – il y a dix ans – j’ai tout de suite su que nous créerions ensemble notre propre compagnie de danse. Farooq, un des danseurs de la compagnie Rosas de Anne Teresa De Keersmaeker, est donc devenu mon partner in crime et mon producteur.

“Je déteste quand on me dit que je n’y arriverai pas.”

discipline.

Petit, j’étais hyperactif. Il fallait que je bouge. A sept ans, je suivais des cours de kathak, la danse indienne classique. Mon professeur de danse, Sri Pratap Pawar, m’a tout de suite dirigé dans la bonne voie : il a été mon guide – en danse mais aussi sur le plan philosophique. C’est lui qui m’a accompagné, qui a fait de moi l’homme que je suis devenu. Mon diplôme en ‘Danse Contemporaine’ a représenté un grand soulagement pour ma mère. Un diplôme universitaire, voilà qui l’a rassurée sur mes capacités à gagner ma vie. Je ne possède pas un don naturel pour la danse. Mon unique talent, c’est d’être très discipliné et passionné par mon métier. Je n’aime pas que l’on me dise que je n’y arriverai pas. Cela m’incite à prouver le contraire. Ma sœur, qui a quatre ans de moins que moi, était par exemple une bien meilleure danseuse, dotée d’un grand talent. Mais la paresse guette les gens très talentueux, alors qu’avec le temps, de la discipline et un travail acharné, il est possible de surpasser le talent. J’étais tellement discipliné, qu’au final, j’ai dépassé ma sœur. Londres m’a offert toutes sortes d’opportunités et mes racines ne m’ont jamais posé problème. Bien au contraire, car on m’a littéralement accueilli à bras ouverts. Les Londoniens se jouent de leurs différences. Il est vrai que les melting-pots ne manquent pas dans le monde, mais Londres fait figure de pionnière en la matière. Pensez-vous qu’il y ait beaucoup de villes ou de pays dans le monde où un citoyen d’origine étrangère a la possibilité de devenir un chorégraphe de renom ? Je reconnais néanmoins qu’il y a conflit : celui qui découle du fait que nous sommes esclaves de notre époque, d’un temps linéaire, masculin, occidental. Le temps de l’horloge, inventée pour contrôler les hommes et pour (faire) gagner de l’argent. En Orient, le temps ne se déroule pas de façon linéaire, il forme une spirale. Le temps y est plus question de philosophie, de religion, de culture, de nature. Ces deux conceptions du temps s’opposent dans notre société moderne et multiculturelle. C’est ce qui rend l’époque à laquelle nous vivons tellement intéressante pour un artiste tel que moi. Gagner sa vie en dansant, ce n’est pas simple. Comme tant d’autres pays européens, l’Angleterre est lourdement endettée. Lorsqu’il s’agit de se serrer la ceinture, l’art est hélas toujours la première victime. Mais après tout, peut-être sommes-nous simplement trop gâtés. Les artistes britanniques ont vraiment tout ce qu’ils souhaitent. C’est peut-être ce qui explique leur éloignement du milieu dont ils sont issus ? Un ciel bleu n’a de la valeur que si on sait à quoi ressemblent également la terre, la poussière et la boue. »

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Akram Khan (36 ans) est reconnu comme l’un des plus grands danseurs et chorégraphes britanniques. Avec son âme-sœur, le producteur Farooq Chaudhry, il dirige à Londres la compagnie de danse Akram Khan Company. Akram a notamment collaboré avec l’actrice Juliette Binoche, l’écrivain Hanif Kureishi ou encore la chanteuse Kylie Minogue. Du 31 mars au 4 avril 2011, il sera le pivot du Kathak & Akram Khan Festival de Gand (Muziekcentrum De Bijloke). Pour réserver des billets, surfez sur www.debijloke.be


d ’ un e i m p o r tanc e cap i tal e

le floriculteur d’orchidees de Petrens & Co

Hendrik Verstraete

“Il semblerait que

la beauté de l’orchidée excite les hommes.”

« Tout a commencé au 19ème siècle, avec un Comte envoûté par les orchidées. Il faut dire qu’autrefois, on observait rarement des plantes vertes dans les intérieurs, et sûrement pas des variétés tropicales. Mais la colonisation a fait bouger les choses dans ce domaine également. Le Comte de Hemptinne nourrissait sa passion des orchidées dans ses serres victoriennes de Sint-Denijs-Westrem. Les membres de la noblesse, des banquiers et quelques riches industriels aimaient à l’époque faire étalage de ces plantes exotiques. Aujourd’hui encore, nos orchidées trônent toujours dans les serres restaurées du Comte. Notre collection actuelle compte 1 100 espèces différentes d’orchidées, depuis les plus courantes, le cultivar Phalaenopsis, jusqu’aux sortes les plus sauvages et les plus rares. J’ai grandi à proximité de la pépinière Petrens. Enfant, je venais souvent jouer ici et une fois mes études et mon service militaire terminés, je venais prêter main forte de temps à autre. Mais ce n’est qu’après avoir découvert à Paris la plus ancienne pépinière d’Europe que j’ai vraiment été contaminé par le virus. Passionné, j’ai lu des piles d’ouvrages traitant de la question et Dirk Petrens est devenu mon mentor. Chaque fois que j’étais en vacances, je m’envolais pour des destinations exotiques. Accompagné d’un guide local, je m’enfonçais dans la jungle et les montagnes, à la recherche d’orchidées rarissimes. Il y a dix ans, la Thaïlande était surtout appréciée dans ce cadre, mais aujourd’hui, c’est plutôt l’Amérique Latine. En Equateur, j’ai visité une pépinière impressionnante, sans doute la plus grande du monde: elle occupe toute une vallée et sa superficie est celle d’une ville. J’avais le propriétaire au bout du fil il y a quelques jours, qui me disait que leurs orchidées recouvrent à présent jusqu’aux flancs de la montagne ! Ils cultivent plus de 7 000 espèces différentes dans la pépinière et 4 770 sortes d’orchidées sauvages en pleine nature. Biotopes fabuleux pour les orchidées, la Cordillère des Andes et la Colombie en recèlent plus de 5 000 espèces différentes.

séduction. Dirk Petrens (63 ans) et Hendrik Verstraete (39 ans) gèrent Petrens & Co en famille, Hendrik Verstraete étant actuellement à la tête de l’entreprise. Si vous êtes amateur de belles choses exclusives, nous ne pouvons que vous conseiller d’aller admirer les collections d’orchidées sauvages et cultivées venant du monde entier dans les serres Petrens & Co à Sint-Denijs-Westrem, dont le caractère victorien a été parfaitement préservé.

Nous travaillons en étroite collaboration avec les pépinières et les fournisseurs locaux. Mais nous veillons à recevoir les plantes quand elles sont encore très jeunes, ce qui nous permet de contrôler tout le processus. Nous les cultivons, les clonons et les croisons, ce qui exige beaucoup de patience, puisqu’il faut en moyenne de 6 à 8 ans pour qu’une orchidée fleurisse, et pour les espèces les plus exclusives, il n’est pas rare de devoir attendre 10 ans ou plus. En outre, chaque espèce a des besoins spécifiques en termes d’hygrométrie, de chaleur, d’eau et d’ensoleillement. De nombreux clients sont des collectionneurs passionnés, qui viennent nous voir en quête d’espèces plus spéciales et exclusives les unes que les autres. Il est assez étonnant de constater que la plupart de ces collectionneurs sont des hommes. Sans faire de la psychologie de comptoir, on peut supposer que la beauté raffinée de la fleur, sa forme spéciale et la structure de ses feuilles entraînent inconsciemment chez ces messieurs une certaine excitation, d’ordre sexuel. Alors que les femmes n’admireraient l’orchidée que pour sa seule beauté. J’ignore si c’est vrai ... (rire) mais personnellement, les orchidées me fascinent. Surtout quand je m’adonne au clonage et aux croisements d’hybrides. Ma passion pour la culture des orchidées est telle que mon principal défi consiste à trouver un sain équilibre entre l’aspect affectif et l’aspect commercial. Il arrive qu’une espèce ait besoin de soins spéciaux, mais je ne peux tout de même pas rater des réunions importantes ! Nous travaillons en fait en symbiose avec la nature et avec une fleur aussi merveilleuse que fragile – un perpétuel exercice d’équilibriste. »

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qu o i d e n e u f

U n p r o j e t i m m o b i l i e r da n s l e p l u s p u r s t y l e Op t i m a

Alsberghe & Van Oost Alsberghe & Van Oost, un projet immobilier ambitieux, prendra bientôt forme à la périphérie de Gand. Un projet d’investissement destiné aux clients d’Optima fera revivre le site – une ancienne usine de traitement de lin. Ou comment allier immobilier et planification financière durable ... texte jeroen lissens

En 1879, deux industriels, Jozef Alsberghe et August Van Oost, font construire à Gand (sur la route de Drongen) une ­u sine de traitement de lin. Le projet, particulièrement important pour l’époque et qui comprenait notamment une gigantesque machine à vapeur, était l’illustration parfaite de l’optimisme et d’une confiance absolue dans le progrès industriel. Mais l’usine connaît des revers et un siècle plus tard exactement, l’entreprise est ­acculée à la faillite. Il ne reste donc plus qu’un terrain de 22 hectares entre centre-ville et autoroute, entouré de toutes parts par une zone naturelle et par le parc de loisirs Blaarmeersen. Le potentiel de ce terrain ne passe é ­ vi­­dem­ment pas inaperçu, même si les obstacles sont nombreux, de sorte que le site Alsberghe & Van Oost reste pendant longtemps un lieu quelque peu oublié dans la banlieue verte de la ville. Les bâtiments, autrefois prestigieux, se délabrent peu à peu. En 2008 – après trente ans d’abandon – le département immobilier d’Optima rachète le terrain aux anciens propriétaires et entame les préparatifs pour les travaux de préservation d’un certain nombre d’immeubles industriels à l’abandon sur le site – entre temps reconnus monuments historiques. Des travaux d’assainissement du terrain sont également entrepris. Mais Optima ne veut pas à en rester là : un ambitieux projet immobilier doit redonner vie au site, sous la forme d’une zone d’habitation verte en bordure de Gand.

“La demande

d’habitations de qualité et à bon prix est toujours forte dans nos villes.”

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l’expertise

Optima Aujourd’hui, les permis sont accordés pour les premières ­phases du projet, qui accueillera au total plus de 300 unités ­d ’habitations. Des terrains supplémentaires ont également été acquis afin de créer une zone-tampon entre le site et les zones naturelles toutes proches.

Un investissement Alsberghe & Van Oost, ce n’est pas seulement une zone d ’habitation très attrayante, c’est aussi – et pour les mêmes ­ ­raisons – l’opportunité d’investissements intéressants. Le p ­ rojet est parfaitement adapté à la vision du département immobilier ­d ’Optima, pour qui la répartition de l’immobilier et du ­mobilier représente un élément essentiel d’une planification financière saine. Optima est actif depuis plus de 15 ans sur le marché immobilier belge. En sa qualité de planificateur financier, l’entreprise ­accompagne une partie de sa clientèle fortunée dans le choix des investissements immobiliers adéquats. Quelque 19% des clients, en moyenne, décident d’investir dans l’immobilier par le biais d’Optima. Les projets se situent principalement sur des sites de premier plan à Gand et à Bruxelles, deux villes qui offrent selon Optima une garantie de valorisation durable à long terme. Il peut s’agir soit de projets réalisés en collaboration avec d’autres acteurs – par exemple des coopérations réussies avec Atenor, Bouygues, Codic et Immogra. D’autres projets sont ­réalisés par notre propre équipe d’ingénieurs et de ­spécialistes en immobilier, toujours à la demande des clients désireux ­d ’investir dans ce domaine.

Les questions que tout investisseur en immobilier devrait se poser. Objectivite / emotion

Comme tout placement, l’investissement immobilier comporte une certaine dose de risque. Faites donc attention à ce que vous ­achetez et basez-vous pour ce faire sur des critères objectifs et des chiffres ­solides. Ces derniers temps en effet, de nombreux investisseurs ayant acquis un bien immobilier situé dans leur rue, ou un bien i­mmobilier faisant office de résidence secondaire en privilégiant l’émotion ­plutôt que la raison, ont été cruellement déçus. La situation de leur investissement – l’exemple classique de l’appartement dans un village, avec l’excès de l’offre qui en découle – n’était finalement pas ­aussi ­exceptionnelle que ce qu’ils avaient cru. Ce sont les récits de ce type qui entraînent des baisses de prix dans certaines niches du marché. La consolidation du marché qui s’amorce aujourd’hui est l’une des conséquences de ces investissements ‘DIY’ ratés. Des promoteurs spécialisés, qui privilégient la situation d’un immeuble et une gestion correcte, gagnent de plus en plus de parts de marché. Conclusion : sur le marché de l’immobilier, l’objectivité des chiffres ­prime sur l’émotion. La situation est en effet primordiale, la ‘bonne’ ­situation s’entend. Faites confiance à la prospection plutôt qu’à votre intuition. Si vous consultez les chiffres, vous constaterez que les appartements situés dans les grands centres urbains tiennent assez bien le coup. Les étudiants, les personnes âgées (vieillissement de la population) et un nombre croissant de familles monoparentales soutiennent structurellement le marché des appartements dans les grandes villes.

La stabilite La récente crise financière l’a bien montré : nous avons ­choisi la bonne voie – et ce depuis de nombreuses années. En ­effet, contrairement à d’autres valeurs financières, l’immobilier ­résidentiel fait plus que jamais figure d’élément stable dans la constitution d’un patrimoine. Pourquoi Optima se profile-t-elle précisément sur le marché des appartements locatifs ? Il y a à cela diverses raisons. Compte

Court terme / long terme

La grande question que toute personne intéressée par ­l’immobilier devrait se poser : quelles sont mes attentes et à quel terme ? Un ­investissement immobilier réussit ou échoue selon ce qu’en attend le propriétaire : s’il investit aujourd’hui pour réaliser très rapidement un rendement élevé, il ne trouvera probablement pas son compte avec un investissement immobilier dont la plus-value ne sera raisonnablement optimale qu’après plusieurs années. S’il tient compte de la situation dans sa globalité, il verra dans l’immobilier un investissement à long terme – avec des revenus locatifs stables (notamment en complément d’une maigre pension d’indépendant), protégés de l’inflation grâce à l’index, mais aussi avec des avantages fiscaux, des possibilités en matière de planification successorale, etc. Deux conclusions s’imposent logiquement : les investissements immobiliers doivent tout d’abord faire partie d’un plan financier à long ­terme. Ensuite, plus la période d’investissement immobilier envisagée est longue, plus grandes sont les chances d’obtenir des revenus

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l’expertise

Optima

tenu du système belge unique de l’index, les clients sont par exemple assurés que leurs revenus locatifs seront protégés de l’inflation. Par ailleurs, le marché immobilier résidentiel belge est plus stable que ce n’est le cas dans beaucoup d’autres pays. Traditionnellement, les banques comme les familles belges sont plus prudentes en termes d’immobilier : nous ne déménageons pas facilement, et ces dernières années, les prix ont augmenté beaucoup moins vite chez nous que dans d’autres pays. Nous ne connaissons dès lors pas en Belgique de bulles de l’immobilier et de chutes des prix comme on a pu les observer en Espagne par exemple. Bien au contraire même, car en comparaison avec les pays voisins, la Belgique reste très bon marché en termes d’immobilier résidentiel.

conséquents et stables. En effet, l’immobilier n’a jamais été un investissement à court terme, quoi qu’aient pu prétendre certains acteurs.

Repartition du patrimoine : mobilier / immobilier

Il n’est jamais bon de tout investir dans une seule catégorie de placement – ni dans l’immobilier, ni dans d’autres investissements. En matière de placement, le premier de très nombreux conseils est généralement : répartissez votre patrimoine ! Pourtant, si le conseil est avisé, il ne traite généralement que du patrimoine mobilier, faisant ainsi ­l’impasse sur l’essence même de la répartition du patrimoine, qui comprend le mobilier et l’immobilier. Une constatation assez étonnante, surtout quand on se souvient de la récente crise financière. Il semblait à un certain moment que notre argent, même très bien ‘réparti’, n’était plus en sécurité nulle part. Ceux qui ont investi une partie de leur patrimoine dans l’immobilier n’ont certainement pas le même sentiment. Conclusion : l’immobilier peut être un mode de répartition structurelle de votre patrimoine – dans le cadre d’un planning financier global – et ainsi une façon de restreindre l’impact d’une diminution de votre ­portefeuille global. Tout l’art consiste à allier la stabilité et la sécurité de l’immobilier à une stratégie d’investissement qui vous permette néanmoins de profiter d’une éventuelle reprise boursière.

Optima recherche sans cesse les meilleures opportunités sur ce marché. Nous optons résolument pour des emplacements de premier plan en centre urbain. Un choix étayé par certaines tendances démographiques : nombre croissant de célibataires et de familles monoparentales, vieillissement de la population, ­regain de popularité du centre ville comme zone d’habitation ... Nous ne visons pas seulement les revenus locatifs, mais aussi et surtout la plus-value pour nos clients, ce qui nous pousse à choisir des matériaux de qualité et une finition irréprochable, tant pour l’aménagement de chaque unité que pour le concept global (efficacité énergétique, lumière et verdure, utilisation de matériaux durables et de qualité, respect de l’environnement, etc.).

Risques / stabilite

La réputation du Belge qui a une brique dans le ventre se vérifie plus que jamais. Les Belges acquièrent souvent un bien immobilier pour y habiter eux-mêmes. Ils ne déménagent pas beaucoup non plus, et les fluctuations du marché immobilier sont de ce fait moindres dans notre pays. Par ailleurs, les Belges sont des investisseurs très prudents. Ils ne prennent pas d’hypothèques énormes et risquées et les banques belges mènent une politique sévère en matière de crédits, ce qui limite les problèmes de remboursement. Ces dernières années, les prix de l’immobilier ont augmenté moins rapidement en Belgique que dans les autres pays, ce qui explique que la Belgique soit perçue au niveau ­international comme un pays ‘bon marché’ en termes d’immobilier. Nos investissements sont plus prudents et moins spéculatifs, ce qui permet d’exclure l’éventualité d’un crash tel qu’on a pu l’observer dans certains pays (Irlande, Espagne).

Afin de compléter le concept, nous proposons à nos clients un service complet de location et de gestion. Pour le client, l’immobilier devient de la sorte un investissement purement financier, sans aucun souci pratique et avec l’assurance de revenus confortables.

Conclusion : même si la Belgique est toujours très bon marché en comparaison avec les autres pays, c’est le pays le plus monotone qui soit en termes de marché immobilier : historiquement parlant, les prix de l’immobilier belge augmentent sans discontinuer, sans que le marché ne s’emballe pour autant. Si le marché belge est monotone, il présente l’avantage de rester stable en temps de crise. Une monotonie qui génère alors un havre de paix. Certains investisseurs, échaudés par la Bourse, redécouvrent aujourd’hui l’immobilier-valeur refuge.

Pour toutes informations sur ce sujet, envoyez un mail à info@optima.be

Les résultats prouvent que notre stratégie a été payante. Quelque 2 000 unités ont déjà été livrées et on en dénombre à peu près autant en phase de préparation, de développement ou de construction. C’est d’ailleurs tout à fait logique, car la demande d’habitations de qualité et à bon prix est toujours forte dans nos villes. Alsberghe & Van Oost représente l’un des projets qui proposent une réponse durable à cette demande.

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San Marco Village offre un lieu parfait pour votre événement. La charmante place Saint-Marc met vos invités immédiatement dans l’atmosphère méditerranéenne. Derrière les façades, les salles à thème se prêtent à la fois à un séminaire, un événement d’entreprise, une fête du personnel ou un lancement de produit comme une nouvelle voiture, des produits de luxe ou le salon des vacances, ...

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R E P O R TA G E

L a q u e t e d u m e ss a g e da n s u n e b o u t e i l l e

Dans sur les traces d'un explorateur Il y a de cela quelques mois, un groupe de compatriotes est parvenu à rallier à bord d’un navire en acier l’Ile-de-France, sur la côte Est du Groenland (77° Nord). Seuls quelques scientifiques séjournent normalement dans ces étendues inhospitalières. Il y a 105 ans – presque jour pour jour – un explorateur belge, le baron Adrien de Gerlache, découvrait l’île et y déposait un message dans une bouteille derrière un ‘cairn’ (un amas artificiel de pierres). texte Johan Van Praet PHotos Yan Verschueren et Asteria expeditions

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Découverte de l'Ile-de-France, 1905

105 ans plus tard, deuxième tentative en 2010

Le trois-mâts Belgica, en mer du Groenland, 1905

Le Plancius en mer du Groenland, 2010

Le drapeau français planté dans un cairn 1905

Sur les traces de leur (arrière-) grand-père, 2010


“La voie la plus rapide à travers la banquise est celle qui la contourne.”

Le brise-glace Polar Star se fraie un passage dans la banquise.


r e p o r tag e

Le trois-mâts Belgica en mer du Groenland, en 1905.

Ile-de-France Lors de la découverte, les membres de l’expédition pensent que cette terre fait partie des zones côtières du Groenland et le Comte la nomme ‘Terre de France’. Lorsqu’il apparaît quelques jours plus tard qu’il s’agit d’une île, elle est rebaptisée Ile-de-France. Le 11 juin 2004, elle change encore de nom et devient Qeqertag Prins Henrik, soit ‘Ile Prince Henri’. Le Prince Henri est l’époux de la reine Magarethe du Danemark et l’île est un cadeau à l’occasion de son 70ème anniversaire.

Comte Philippe d'Orléans

En 1905, le commandant Adrien de Gerlache longe la côte nord est du Groenland à bord du Belgica, un trois- mâts en pin et pitchpin. Il découvre ainsi quelque 200 kilomètres de nouvelles terres, dont l’Ile-de-France ; ainsi nommée en l’honneur de son commanditaire, le Comte Philippe d’Orléans, qui est du voyage car il souhaite chasser le gros gibier. Les deux hommes construisent un cairn, la cachette choisie par Adrien de Gerlache pour son message dans une bouteille. 105 ans plus tard, onze membres de la famille de Gerlache s’embarquent à leur tour, à bord du Plancius. Parmi eux quatre petits-enfants d’Adrien: les frères, Bernard, JeanLouis et François, ainsi que leur sœur, Henrianne. « Les régions polaires sont des éléments indissociables de notre vie », nous confie le baron Bernard de Gerlache, capitaine de frégate et l’aîné de la famille. « Outre des voyages en touristes, plusieurs générations de la famille – notre père, Gaston, le premier – ont vécu des expéditions aussi bien dans le grand nord qu’à l’extrême sud de notre planète. Nous avons en quelque sorte été élevés dans cet esprit et enfants déjà, nous vivions passionnément les péripéties de chaque expédition, parfois de loin, mais parfois aussi de très près. Evidemment, avoir la chance de retourner dans les régions explorées par son grand-père et par son père, c’est un plaisir – et un honneur. Pour la famille, pour notre pays et pour la science. »

Une premiere tentative echoue dans les glaces Ile-de-France, 1905

Même si jeter l’ancre en Ile-de-France ne peut se

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faire sans l’aval des autorités du Danemark et du Groenland, Asteria Expeditions fait preuve d’une admirable détermination. Après des années de préparatifs, l’organisateur de l’expédition reçoit enfin un sauf-conduit. Pour la deuxième fois en fait, puisqu’en 2005, l’équipe avait déjà tenté de rejoindre l’Ile. Mais les glaces en ont décidé autrement et l’expédition a dû rebrousser chemin à 15 km à peine de l’Ile-de-France. « The ice is the boss!' » s’est alors exclamé Bernard de Gerlache, qui était déjà du voyage il y a cinq ans: la banquise ne laissait plus aucun passage et il fallait bien renoncer. « Les explorateurs chevronnés savent qu’il est impossible de tenir tête à la nature. » La bouteille est donc restée où elle était, et où elle attendait d’être découverte depuis cent ans. C’était en 2005. Mais le 27 août 2010, nous naviguons vers l’Ile-de-France à une vitesse de 11 nœuds (20 km/h). L’aventurier Dixie Dansercoer est également du voyage. Avec 500 miles nautiques à parcourir, nous devrions parvenir à traverser la mer du Groenland en deux jours environ. Le docteurJozef Verlinden, biographe d’Adrien de Gerlache, ne dort pratiquement plus. En effet, accoster signifierait le point d’orgue de dix années de minutieux préparatifs et de lobbying acharné. « Si nous réussissons, ce sera la cinquième fois dans l’histoire qu’un navire jettera l’ancre devant l’Ile-de-France. Et la toute première que des explorateurs des régions polaires mettront pied sur l’île. »


“Sans autorisation formelle des autorités du Danemark et du Groenland, personne ne peut

mettre pied sur l'Ile-de-France.”

Vers 6 heures du matin, le premier zodiac accoste sur l'île-de-France.


Sur le radar, on aperçoit entre-temps les premiers pointillés de la banquise, large de plusieurs kilomètres et où le Plancius doit se frayer un passage. La navigation polaire ne connaît pas de loi absolue, excepté celle de l’explorateur Amundsen : la voie la plus rapide à travers la banquise est celle qui la contourne. Et il avait raison ! Il nous faudra encore de nombreuses heures avant de voir sortir de la brume la côte du Groenland, Hochstetter Forland. Rinie van Meurs, qui dirige l’expédition, prend notre sort en mains : cet après-midi, nous nous dégourdirons les jambes sur l’île Store Koldewey, découverte en 1870 par une expédition allemande dirigée par Carl Koldewey. Trente-cinq ans plus tard, Adrien de Gerlache débarque au Cap Arendts, du côté est. Avec une escorte armée – cfr les ours polaires ! – nous progressons dans un semi-désert de Trollenbrood, le nom donné familièrement aux pierres fendues par le gel. Perché à 195 mètres de haut, j’admire la vue, impressionnante, et capte par hasard la conversation radio entre Rinie et le capitaine: « D’après la carte des glaces qui vient de nous parvenir, nous devrions réaliser la percée jusqu’à l’Ile-de-France cette nuit et demain matin. » Nous devons profiter de l’occasion, car les prévisions météo nous promettent des vents favorables et des accalmies sur la région.

Les premiers pas de Bernard de Gerlache sur l'île-de-France.

Ile en vue ! « Il fallait choisir: soit observer de nuit sur le pont les progrès réalisés, soit se coucher avec les poules pour arriver à l’Ile-de-France frais et dispos. » Jozef Verlinden a pris la seconde option, et il a eu raison. Mais je doute que son sommeil ait été bien tranquille. Le Plancius dérive devant la pointe sud de l’ile prise dans les glaces (77° 35,9’ Nord -, 17° 45,9’ Ouest). « Un vent favorable a libéré un étroit corridor et nous avons donc pu pousser jusqu’au sud de l’île »,) c’est ainsi que le capitaine Tiemes décrit ces dernières heures. « Starting zodiac boarding in 10 minutes », clame l’inter­com. Les nerfs sont à vif. Sur le pont depuis cinq heures du matin, Bernard de Gerlache et sa sœur Henrianne scrutent la côte avec leurs jumelles, à la recherche d’un tas de pierres d’un mètre de haut à peine. « D’après le journal de bord de mon grand-père, il aurait construit deux ‘cairns’: l’un sur la plage de galets au Cap Saint-Jacques et un autre, plus important, au point culminant de l’Ile-de-France. La bouteille se trouverait sous le premier. Espérons que des pilleurs ne nous aient pas devancés. » Pour le moment, personne

Au sommet de Maroussia Island, Bernard de Gerlache a laissé tout comme son grand-père un message dans un cairn: ”Après deux tentatives pour rallier l'île-de-France, (...) nous rejoignons aujourd'hui Maroussia Island, 100 ans et 34 jours après le Comte d'Orléans. A.de Gerlache (...)“


Dans le sillage d’Adrien de Gerlache

Onze descendants d'Adrien de Gerlache prennent la pose, sur les trace de leur (arrière-) grand-père. De g. à dr.: Myriam, Bernard, Thibaut, Aurélie, Bertrand, Jean-Louis, Tanguy, Henrianne. Assis au premier au plan: Gaëtan, François et Anne-Claire.

“La banquise est sans

merci.”

Le Belge Adrien de Gerlache de Gomery a dirigé la première expédition scientifique dans l’Antarctique. Entre 1897 et 1899, cet officier de marine âgé à l’époque de 33 ans organise la première expédition antarctique belge, à bord du Belgica. Il y découvre le détroit de Gerlache, de nombreuses îles, caps, baies, montagnes et ... terres. Le navire se trouvant prisonnier de la banquise, l’expédition est la première à hiverner sur le pôle sud. Sept ans après cette performance, le commandant embarque en 1905 afin de rallier la côte nord-est du Groenland, où il découvre environ deux degrés de latitude de zones inexplorées, qu’il baptise Terre du Duc d’Orléans. En effet, l’idée de cette expédition venait de Philippe, Duc d’Orléans, arrière-petit-fils du dernier roi de France. Le Duc, souhaitant chasser l’ours polaire, avait contacté Adrien de Gerlache, qui parvint à le convaincre d’organiser une expédition scientifique.

Itinéraire


RE P ORTA G E

ne peut encore se prononcer à ce sujet. Les spéculations ont été bon train suite aux récits les plus fous, mais dans le manuscrit du géologue A. K. Higgins, je lis à ‘Ile-de-France’: « In July 1905 the French flag was raised on the summit and a cairn built. The cairn message was recovered by Eigil Knuth in 1988. » Archéologue danois réputé (1903-1996), Higgins a consacré sa vie à l’étude des cultures PaléoEsquimaux, et il avait également lu le récit du Comte d’Orléans, faisant état de trouvailles de vestiges Inuit. Au cours de plusieurs campagnes effectuées à la fin des années ’80, Eigil Knuth y a découvert la plus forte concentration de ruines Inuit au monde ... ainsi que le grand cairn de la Belgica, avec la bouteille au message. « Knuth était un homme intègre, il n’aurait jamais emporté la bouteille’, son collègue, l’archéologue Henrik Elling, contredit formellement le récit d’Higgins. Ayant lui-même fait des recherches sur l’Ile-de-France sous la direction de Knuth (en 1989), Henrik Elling nous accompagne en qualité d’observateur, à la demande des autorités danoises. « Je dois vérifier que la bouteille reste intacte. Nous

le long de la côte, Dixie Dansercoer s’enfonce plus avant sur l’île avec deux compagnons. « Aucun document historique n’indique avec exactitude les coordonnées des cairns. L’emplacement n’est décrit que de façon approximative. De plus, le terrain a changé au fil des ans, sous l’influence des flux de déblais des glaciers. » Cinq kilomètres plus loin, Dixie Dansercoer bute sur une épaisse calotte glaciaire. « Le grand cairn et le message dans la bouteille sont peut-être cachés sous cette glace. »

Dixie Dansercoer et ses compagnons partent sur l'île à la recherche du plus grand cairn.

François de Gerlache rejoint Jozef qui accuse le coup. « C’est un sentiment pour le moins bizarre de mettre pied sur l’île 105 ans après son grand-père. En tout cas, la première partie de la mission est réussie. N’ayons pas de regrets, la bouteille finira bien par refaire surface. Je suis tout aussi curieux que toi de savoir si Adrien nous a laissé un message personnel en plus des données du livre de bord. » « Je tire mon chapeau face aux performances de la première expédition », affirme Jean-Louis de Gerlache. « Le respect que j’éprouve pour ces

“Avec une escorte armée – cfr les ours polaires! – nous progressons dans un

demi-désert de pierres fendues par le gel.” Le docteur Jozef Verlinden, biographe d'Adrien de Gerlache.

avons toutefois la permission de laisser en plus de la bouteille originale notre propre message dans une bouteille, qui jouira ensuite de la même protection. »

Safety First ! A six heures du matin, j’enfile mes sous-vêtements thermiques et avant même d’avoir eu le temps de réaliser ce qui m’arrive, je saute du zodiac et me retrouve sur la plage de galets de l’Ile-de-France. Il souffle un vent du nord-est et il fait terriblement froid. Le capitaine, seul maître à bord, ne nous laisse pas beaucoup de temps pour rechercher les traces de la performance historique réalisée par Adrien de Gerlache en 1905. « Les conditions météorologiques changent d’un moment à l’autre et on peut être amenés à quitter l’île en urgence, au risque de voir le navire bloqué par les glaces. » Safety First! Un scénario catastrophe est donc préparé dans l’urgence : pendant qu’un groupe cherche le petit cairn

explorateurs n’a fait que grandir. Nous sommes arrivés ici avec l’aide de satellites, de GPS, de zodiac motorisés... alors qu’eux ne pouvaient compter que sur leur persévérance et leur obstination. Aujourd’hui, nous sommes en liaison radio permanente avec le pont du Plancius. Si la banquise se mettait à dériver, nous pourrions embarquer en un temps record et nous sauver. L’équipage de l’époque devait se contenter de drapeaux pavillon maritime et de signaux d’alarme en morse. » Jean-Louis a à peine fini de parler que le capitaine nous somme de remonter à bord du Plancius. Nous n’avons hélas retrouvé aucune trace des deux cairns. « Malgré tout, ceci est un jour histo­ rique pour notre pays et pour notre famille, et nous nous en souviendrons pendant longtemps », tel est l’avis unanime des onze Gerlaches qui prennent fièrement la pose pour la photo, fanion de l’expédition en mains.

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RE P ORTA G E

H o wa r d G u t m a n

“Je suis le touriste nº1 en Belgique.” Tout comme son ami Barack Obama, Howard Gutman personnifie The American Dream. Ce fils d’un immigré polonais est le premier ambassadeur des Etats-Unis à être aussi connu du grand public. Il compte non seulement parmi ses intimes des hommes politiques tels que Herman Van Rompuy, mais aussi des stars, puisque George Clooney est l’un de ses amis. Ce diplomate atypique a d’ailleurs tenu des rôles dans quelques films. A l’occasion d’un entretien exclusif avec Capital, Howard Gutman fait le bilan de 18 mois très remarqués dans notre pays. texte BERT VOET PHotos LIEVEN DIRCKX

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I L F A IT PA R L ER DE L U I

Lorsque j’arrive à dix heures du matin à la résidence de fonction de l’ambassadeur, le cours de langues d’Howard Gutman n’est pas encore terminé. L’ambassadeur alterne en effet les leçons de français et de néerlandais, un des premiers faits d’armes grâce auxquels il a séduit nos compatriotes. C’est là un des éléments qui le distingue de ses prédécesseurs, de même que son âge relativement jeune (54 ans). « Je suis arrivé ici un vendredi », me confie-t-il un peu plus tard lorsqu’il me rejoint dans le très joli salon. « Le lendemain, on m’a conduit à Malines, où certains parlaient le néerlandais, d’autres le français, d’autres encore les deux langues. Quant à moi, je me sentais totalement idiot, à représenter mon pays sans comprendre un mot de ce qui se disait. A présent, je parviens à suivre une conversation en français, et en néerlandais, je comprends au moins de quoi il s’agit. Il faut dire que le néerlandais est une langue très difficile à apprendre. L’ordonnance des phrases est entièrement différente, des mots tels que ervan ou opbellen sont sans cesse scindés, les négations n’interviennent qu’en fin de phrase .... Pff, c’est terriblement dur ! Je ne suis pas plus bête qu’un autre, pas plus paresseux non plus et j’ai un très bon prof, mais il faudra bien attendre deux ou trois ans avant que je sois capable de soutenir une conversation. » Vous faites énormément d’efforts pour vous adapter. Pourquoi ? HOWARD GUTMAN : « Je suis ici afin de rétablir le partenariat quelque peu mis à mal entre la Belgique et les Etats-Unis. Un partenariat qui a ses racines dans les deux conflits mondiaux, mais qui a été endommagé par la politique menée par les Etats-Unis au cours des huit dernières années. Il est bien entendu possible de parler de tels liens avec des ministres, mais un lien, cela se noue également avec les citoyens. Nous ne voulions pas seulement tendre la main aux autorités, mais aussi à tous les Belges. » Vous avez démontré votre volonté d’y arriver par votre détermination à visiter toutes les villes et communes du pays. HOWARD GUTMAN : « Et je suis ainsi devenu le touriste numéro un. (rire) J’ai assisté au carnaval, à Alost et à Binche, me suis rendu à Grammont pour la ‘Krakelingenfeest’ et je visiterai bientôt Malmédy. Partout, je rencontre aussi bien des citoyens que des bourgmestres. Sur Youtube, vous pouvez admirer un petit film relatant ma visite à l’école multiculturelle Serge Creuz à Molenbeek. J’y ai fait un discours et des jeunes filles portant le voile m’ont fait un triomphe ! Elles ont chanté 'The Star-Spangled Banner' et ensuite l’hymne national belge. Il faut dire qu’elles étaient pratiquement les seules à en connaître toutes les paroles ... La chaleur de leur accueil m’a surpris, surtout compte tenu de la difficulté à être un Américain en Europe. »

Du Bronx a Bruxelles

“Nous ne voulions pas seulement tendre la main aux autorités, mais aussi à tous les Belges.”

Votre biographie se lit comme un roman : vous semblez être l’incarnation du Rêve Américain. Quel est le secret de votre réussite ? HOWARD GUTMAN : « Mon père, Gitman Mogilnicki, a survécu à l’holocauste en prenant la fuite et en se cachant dans les forêts de Pologne. Après la guerre, il est retourné dans son village, en quête de survivants – et d’un emploi. En vain. Des quotas étant fixés pour l’émigration de Polonais aux Etats-Unis, il s’est procuré de faux papiers, a changé son nom en Max Gutman et a rejoint New York en 1950. Je suis né dans le Bronx, dans un appartement de deux pièces, où nous vivions entassés, mes parents, ma grand-mère, ma sœur et moi. Mes parents tenaient un petit commerce de vêtements bon marché, qu’ils confectionnaient euxmêmes. Mon père est mort lorsque j’avais seize ans. Pour me rendre à l'école, une institution publique spéciale pour surdoués, je passais une heure et demi dans les trains chaque matin et chaque soir. Le soir, je faisais la plonge dans un restaurant de mon quartier. Plus tard, je suis devenu garçon de salle et l’un de mes collègues n’était autre que Steve Rubell, qui s’est fait connaître dans les années ‘70 lorsqu’il a ouvert le légendaire Studio 54 – un club très fun et très rebelle, très porté sur la drogue aussi. Je tenais la caisse le soir de l’inauguration en 1977.

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l’expertise

Optima Ma soif de réussite me vient de ma jeunesse : je voulais devenir le meilleur des avocats. J’ai décroché mon diplôme – avec la plus grande distinction – à la Columbia University (et avec grande distinction à la Harvard Law School). J’ai travaillé pour la Cour d’Appel Fédérale, et ensuite pour la Cour Suprême. Par la suite, je me suis consacré à l’anti-terrorisme et au contreespionnage au FBI. Plus tard encore, j’ai fait carrière comme avocat et associé d’un des plus gros bureaux d’avocats de Washington : Williams & Connoly LLP. Nous représentions des entreprises et des personnes qui connaissaient de gros problèmes. Pour n’en citer que quelques-unes : Bill Clinton menacé de destitution suite à l’affaire Lewinsky, UBS et Bear Stearns pendant la crise financière ... Juste avant d’accéder au poste d’ambassadeur, j’ai défendu l’ancien président de Bolivie, Gonzalo Sanchez de Lozada. Nous étions les meilleurs, et les plus respectés. » Comment un avocat de votre niveau arrive-t-il en politique ? HOWARD GUTMAN : « Les activités politiques étaient totalement distinctes de ma carrière d’avocat. J’ai intégré dès l’enfance la notion de service public. Il était primordial d’avoir de quoi manger et mes parents étaient nés à une époque qui n’offrait aucune garantie dans ce domaine. Lorsque j’étais gamin, mon père m’appelait, avec son fort accent polonais, 'le gouverneur’. Devenir gouverneur de New York, c’était le but ultime pour le fils d’un immigré polonais. Mon père n’aurait jamais pu imaginer que je ferais la connaissance de présidents et que je retournerais un jour en Europe ... en tant qu'ambassadeur ! Pendant mes deux premières

Le monde merveilleux des placements aux Etats-Unis Aspects fiscaux de votre

placement aux Etats-Unis

Une certaine volatilité continue de régner sur les marchés financiers. Les dettes des pays occidentaux alimentent la nervosité ici et là et les investisseurs réagissent de façon épidermique à chaque menace possible sur le système financier. Une bonne diversification des classes d’actifs (actions, obligations, produits alternatifs, cash) dans diverses régions géographiques reste la seule manière de ne pas courir de risques majeurs. Imaginons qu’un citoyen belge intelligent veuille investir une partie de sa fortune aux Etats-Unis : quelles en sont les conséquences fiscales ? La décision d’investir dans des actions d’une entreprise américaine n’a en soi rien d’extraordinaire. Dans le top 10 des actions présentant la plus grosse capitalisation au monde, il y en a 6 d’origine nord-américaine. ExxonMobil, Apple, Microsoft et Walmart sont, sans aucun doute, les noms les plus connus. Mais à quel régime sont soumis les ­divi­dendes perçus sur des investissements aux Etats-Unis ? La majorité des investisseurs fait appel à un intermédiaire belge (banque ou gestionnaire de patrimoine) pour l’achat d’actions et la ­perception des dividendes. L’investisseur attentif aura remarqué qu’un double impôt est appliqué lors du paiement du dividende. La législation fiscale américaine prévoit une ­retenue à la source de 30% sur les dividendes payés à des investisseurs non-résidents. Il y a donc, d’un côté, la retenue à la source américaine de 30% et, de l’autre, – mais cela coule de source – le précompte mobilier belge de 25%

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l’expertise

Optima

(ou 15%). Il s’agit d’un cas d’école en matière de double imposition. La convention entre la Belgique et les EtatsUnis tendant à éviter la double imposition ­limite la retenue à la source américaine à 15% maximum. La procédure visant à ­obtenir cette réduction s’effectue par le biais de l’institution financière belge concernée, prend beaucoup de temps et n’est pas gratuite. Avant de se lancer dans cette procédure, il est donc j­udicieux de se demander si le jeu en vaut vraiment la chandelle. Vous pouvez également décider d’investir directement dans des actions aux Etats-Unis. En tant que citoyen belge, vous devez toutefois déclarer vous-même les dividendes ­perçus dans votre déclaration fiscale, ce qui entraînera inévitablement le paiement du précompte belge. En sus, vous paierez un impôt communal – un impôt supplémentaire par rapport à l’investisseur qui avait fait prélever le précompte mobilier par un intermédiaire (ce dernier est, dans tous les cas, ‘libératoire’).

semaines de vacances, j’ai travaillé bénévolement pour Gary Hart, candidat à la présidentielle en 1984. Par la suite, j’ai conseillé d’autres gouverneurs, des membres du congrès et les candidats à la présidentielle Al Gore et Barack Obama, et ce en matière de gestion et de collecte de fonds. J’écrivais des discours et je faisais de fréquentes apparitions sur Fox News, où je parlais au nom d’Obama, toujours guidé par la pensée du service public, et aussi parce que les principes des Démocrates m’interpellaient. J’ai été actif comme avocat jusqu’à une semaine avant mon départ pour la Belgique, tout en m’occupant de politique quelque vingt heures par semaine. Notez que si je me retrouve ici, ce n’est pas en tant que démocrate – ni de républicain d’ailleurs – mais bien en qualité d’ancien conseiller politique. Etant ambassadeur de mon pays, je ne pourrai être impliqué ni de près ni de loin dans la prochaine campagne présidentielle. » Vous êtes apparemment un redoutable collecteur de fonds : vous auriez récolté plus d’un demi-million de dollars pour la campagne d’Obama, qui aurait coûté au total 513 millions ... HOWARD GUTMAN : « J’ai rédigé des discours, développé une stratégie médias et fourni des conseils en gestion. Je traitais avec les syndicats, la communauté juive et tout l’arrière­ban d’un candidat. Il est normal d’aider là où c’est possible. Il arrivait que des sympathisants me demandent où et quand ils pourraient rencontrer Obama. Lorsque je leur remettais un formulaire d’inscription pour l’une ou l’autre soirée de fundraising, et qu’elles faisaient un don, la chose était notée à mon nom. Mais ce n’était pas là ma première mission. J’insiste sur un point, très important pour moi : contrairement à de nombreux autres candidats, Obama a toujours refusé l’argent PAC – en provenance de comités d’action politique créés par des

Un exemple :

Comparaison entre un investissement aux Etats-Unis par l’intermédiaire d’une banque ou en direct Dividende brut de 100

Via une banque

Retenue à la source américaine PM* belge

15%

25% de 85

25% de 85

0

7% de 63.75

63.75%

62.16%

Impôt communal (par ex. de 7%) Net

En direct

15%

Comparaison entre les investissements en actions en Belgique et aux Etats-Unis Dividende brut de 100 PM* américain

Belgique

Etats-Unis

0

15%

PM* belge

25%

25%

Net

75%

63.75%

* PM = précompte mobilier

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entreprises ou des syndicats. Obama estime que de telles méthodes sont de nature à corrompre l’univers politique. Il n’a donc accepté de fonds que des individus – un maximum de 2 300 dollars lors des élections primaires et encore autant pour les élections présidentielles proprement dites. » En mars 2009, le président vous appelle pour vous demander de représenter votre pays en Belgique. Avez-vous réfléchi longtemps avant de donner votre accord ? HOWARD GUTMAN : « Je n’ai pas hésité longtemps, mais l’enquête portant sur ma personne et sur mes origines a pris cinq mois. Tout a été épluché par le FBI, le Sénat, les services fédéraux des impôts et autres ... Pendant cette période, seule ma femme était dans la confidence, car Obama tenait à annoncer lui-même toutes les nominations. Rien ne pouvait donc filtrer. Ce n’était pas facile : nous ne pouvions même pas chercher une école pour les enfants. Si vous saviez ce que me coûte ce poste, vous me ririez au nez. Mes revenus ont baissé de 94%, mais j’adore mon métier actuel. Après tout, j’ai gagné de l’argent pendant vingt-sept ans. Je peux me permettre de faire quelque chose de positif pour le monde pendant trois, quatre ans, et de faire la différence. »

“J’ai gagné de l’argent pendant vingt-sept ans. Je peux me permettre de faire quelque chose de positif pour le monde pendant trois, quatre ans, et de faire la différence.”

Des Belges impliques Qu’est-ce qui vous a frappé à votre arrivée en Belgique ? HOWARD GUTMAN : « L’accueil, si chaleureux et le fait que les citoyens belges soient si impliqués par la politique de leur pays. Lors des récentes élections midterm, 38% des Américains ont voté, alors qu’ici, 99 % de la population parle tous les jours de la formation d’un gouvernement. Les citoyens se sentent concernés, ils suivent les nouvelles, ils ont une – ou des – opinions. Les Belges sont intelligents et modestes, ils ont de l’humour et une vision. Un débat animé, c’est un signe de santé. » Quel est le point commun des Belges et des Américains ? HOWARD GUTMAN : « J’ai appris que nous partageons les mêmes valeurs en termes de climat, de paix, de progrès économique, de justice sociale, de relations Est-Ouest et de sécurité. Nous ne communiquons peut-être pas de la même manière, mais nous croyons aux mêmes idées. Les Belges ne cessent de dire : notre pays est si petit, quelle importance pouvons-nous avoir ? Pourtant, la Belgique jouit d’une crédibilité énorme sur le plan mondial. Je m’en suis aperçu bien avant que Herman Van Rompuy devienne le président du Conseil Européen et que Karel De Gucht soit nommé Commissaire Européen. Dès qu’on vit en Europe, on apprend vite. La Belgique ne fait pas souvent entendre sa voix, et jamais pour se mettre en avant. Mais quand la Belgique parle, c’est qu’elle a quelque chose à dire, et on l’écoute. C’est pour cela que la Belgique est un puissant allié. Je ne connais aucun autre endroit au monde où tant de voix s’élèvent contre Guantánamo. Et personne qui y soit aussi opposé que Barack Obama – et moi. » Pourtant, Guantánamo est un sujet de honte. Obama n’a pas pu tenir sa promesse de fermer Gitmo dans l’année. Le Congrès – et jusqu‘aux démocrates – ne veut pas d’anciens détenus sur le sol américain. Le Sénat surtout a contrecarré les projets du président : les sénateurs sont élus par les états et craignent l’opinion publique. Et tous les prisonniers sont stigmatisés, même ceux auxquels on ne peut rien reprocher mais qui ne peuvent

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pas rentrer dans leur pays de peur d’y être poursuivis ou torturés. Un groupe qu’Obama voudrait transférer à ses alliés. Not in my backyard ? HOWARD GUTMAN : « Il a découvert ce problème lors de son entrée en fonction. Plus de vingt pays en ont déjà accueilli, sans le moindre incident. La Belgique en compte un, et une quarantaine d’autres devraient être accueillis dans toute l’Europe. Il est de plus en plus difficile de demander à des pays individuels de les accepter. Mais si la Belgique prend l’initiative, les autres seront forcés de reconnaître : they have a point. Alors, Guantánamo fermera immédiatement ses portes. Mais nous n’avons pas encore réussi à vous convaincre. Je reconnais que les EtatsUnis ont créé le problème, mais la solution réside dans le partenariat et dans une responsabilité partagée. Même chose pour le climat, pour une sécurité fondamentale face aux menaces telles que celles proférées par l’Iran et la Corée du Nord ou pour la reprise économique : nous devons nous y atteler ensemble. C’est vrai, mon pays a cru pendant trop longtemps qu’il n’avait besoin de personne. Barack Obama le sait : nous avons besoin de tout le monde. » La demande de nouvelles troupes belges en Afghanistan s’est soldée par un njet. Qu’estce que les Etats-Unis attendent encore de la Belgique ? HOWARD GUTMAN : « L’Afghanistan est un énorme problème et une source de terrorisme potentiel, aussi bien à Detroit qu’à Stockholm ou à Anvers. Nous devons nous retirer au plus vite de ce pays, mais d’une manière responsable et en y laissant une société civile dotée d’un système de sécurité qui fonctionne, entre les mains d’Afghans que nous aurons formés. Barak Obama et l’Europe ont la même vision des choses. Ici aussi, nous avons besoin les uns des autres et la Belgique pourrait lancer un signal fort. Je ne crois pas que nous puissions dire – ni vous d’ailleurs : « c’est votre problème, pas le nôtre. » La Belgique peut-elle vraiment jouer un rôle important, alors qu’elle souffre elle-même d’une crise politique ? HOWARD GUTMAN : « Il semblerait que ce ne soit pas lié. On observe partout une lutte démocratique, avec des lignes de rupture politiques qu’il convient de résoudre d’une manière pacifique. Cela n’a rien de honteux. Les principales lignes de rupture s’observent d’ailleurs aux Etats-Unis. Prenez comme exemple le Tea Party et les démocrates, ou encore les opinions portant sur les soins de santé : 30% de partisans aux deux extrémités du spectre. Je ne pense pas que la voix de la Belgique ait faibli sur le forum international. Que ce soit Reynders, Turtelboom, Leterme, De Clerck ou Vanackere : pendant la récente présidence belge de la CE, ils ont fait preuve de modération, d’expérience et de réflexion, et ils ont été respectés. Il est plus difficile d’évaluer cet impact sur la Belgique en tant que pays d’investissement. En 2009, on a observé une baisse de nouveaux investissements américains en Belgique – et ailleurs. L’année dernière, une légère hausse a suivi, on pourrait donc en conclure que l’effet est nul. Pourtant, la hausse a été plus marquée aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. Il est impossible de savoir si cette hausse aurait atteint le même niveau en Belgique sans crise politique. »

“Je ne pense pas que la voix de la Belgique ait faibli sur le forum international.”

Vous ne considérez donc pas la Belgique comme un pays divisé ? HOWARD GUTMAN : « J’observe moins de différences régionales que ne le pensent les belges eux-mêmes. Et certainement moins qu’aux Etats-Unis. Visitez le Bronx, et ensuite Waco, Texas : deux merveilleux coins des States, mais les différences y sont bien plus fortes qu’entre Mons et Gand par exemple. Je vous entends dire que les Flamands et les Wallons ne se connaissent plus, mais je ne vois pas les choses comme cela. »

Des fuites Certaines critiques insinuent que la politique étrangère d’Obama ne ferait que poursuivre celle de son prédécesseur. Que répliquez-vous à de telles attaques ?

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l’expertise

Optima HOWARD GUTMAN : « Nous sommes embourbés dans une guerre où nous n’avions rien à faire. Obama a promis de nous en sortir et nos troupes ont quitté l’Irak. Le traitement de nos prisonniers à Guantánamo est normalisé. En ce qui concerne la Russie, nous avons rétabli les relations que nous entretenions à la fin de la guerre froide. Nous sommes activement engagés au Moyen-Orient – où c’est comme toujours la procession d’Echternach : deux pas en avant, un en arrière ... Les relations avec l’Europe sont chaleureuses. Et nous avons mené les accords climatiques, nous les négationnistes, qui avions déserté à Kyoto .... » A la fin de l’année dernière, Obama a signé un accord avec les républicains, qui ont remporté la majorité à la Chambre des Représentants aux derniers midterms : la baisse d’impôt pour les revenus élevés a été prolongée en échange du maintien de l’aide aux chômeurs. Un véritable boost pour l’économie, même s’il coûtera probablement de 800 à 900 milliards de dollars sur les deux années à venir, ce qui pèsera encore sur l’énorme déficit budgétaire. La politique anticrise des Etats-Unis est basée sur une augmentation de la dette, alors que l’Europe assainit et taille dans les dépenses. Les Etats-Unis et l’Europe seraient-ils deux pôles opposés ? HOWARD GUTMAN : « Je crois que vous exagérez quelque peu. Les dépenses sociales sont beaucoup plus élevées en Europe qu’aux Etats-Unis. En Belgique, ramener les allocations de chômage d’une période illimitée à une période de trois ans maximum – ce qui est toujours plus qu’aux Etats-Unis – ce serait tailler dans la masse. Nos déficits sont sur la même ligne. Nous avons énormé­-

Discrimination ?

Ces exemples conduisent à se poser deux questions quant à une éventuelle discrimination : 1. Est-il question de discrimination entre des dividendes d’origine belge ou étrangère ? 2. Est-il question de discrimination entre le fait de percevoir les dividendes étrangers par un intermédiaire ou en direct ? Les exemples démontrent qu’il y a bien, dans les deux cas, un traitement différent des dividendes perçus. De nombreux processus ont d’ailleurs été introduits (ou sont en préparation) pour supprimer ces formes de traitement discriminatoire. A l’heure actuelle, seul un progrès a pu être réalisé en ce qui concerne les dividendes qu’un citoyen belge perçoit à partir d’un autre Etat membre de l’UE. Il est, dans ce cas, dispensé de l’impôt communal complémentaire (arrêt Dijkman). Cela signifie que le traitement des dividendes issus d’un autre pays membre de l’UE est identique, quel que soit le mode de perception de ces dividendes (en direct ou par un intermédiaire belge). La double discrimination en tant que telle n’a toutefois pas été retenue comme facteur discriminant. Aucune solution n’a, en revanche, pu être dégagée pour l’investisseur en actions américaines. Vu qu’il n’est, dans ce cas, pas question d’un autre Etat membre de l’UE, l’investisseur s’expose à une double imposition (précompte mobilier aux Etats-Unis et précompte mobilier en Belgique) autant qu’à un impôt communal complémentaire (lorsque notre brave citoyen belge a acheté des actions en direct aux Etats-Unis).

“Ce qui m’a frappé ?

L’implication politique des Belges envers leur pays.”

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Le traité sur la double imposition signé entre la Belgique et les Etats-Unis, bien qu’il ait récemment été revu, a donc laissé passer une opportunité unique de rendre les investissements dans des entreprises ­américaines vraiment intéressants pour les citoyens belges. Peut-on espérer, en cette matière, une initiative du prochain gouvernement ?

Jo Viaene Manager Centre Compétence


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ment dépensé en infrastructures. Nous aimerions beaucoup nous retrouver en situation de plein emploi et ne pas présenter de déficits, mais notre administration a hérité d’une économie en faillite. La baisse d’impôt appliquée par Bush était explicitement destinée à durer cinq ans, sauf si de nouvelles actions étaient entreprises. Si personne n’avait rien fait, nous aurions donc dû faire face à une hausse d’impôt générale. Avec 9,6% de chômage, Barack Obama ne tenait pas à ce que la classe moyenne paie plus d’impôts. L’idéal aurait été d’augmenter les impôts des plus gros revenus. Mais cela était impossible : il y aurait fallu une nouvelle loi. La classe moyenne continue donc à fonctionner, ce qui est essentiel. A condition que le chômage recule, cette mesure se révélera très bon marché. Bill Clinton n’a pas non plus comblé les déficits avec des hausses d’impôts, mais bien en générant une réussite économique. Le bien-être, c’est ce qui balaie tous les déficits. » Espérons-le pour Obama. Sa réélection en 2012 dépendra surtout de la reprise écono­ mique, n’est-ce-pas ? HOWARD GUTMAN : « Cela me semble très probable. Dans les faits, Obama est le président qui a connu la plus belle réussite depuis Johnson. Grâce à la réforme des soins de santé, les citoyens profitent aujourd’hui de couvertures qu’ils n’ont jamais connues. Il a pris ses fonctions à l’époque de la pire menace depuis 1929 : le chômage est passé de 4,8% à 8,6%, et menaçait même d’atteindre les 18%. Pensez que pendant sa campagne et pendant les deux premiers mois de sa présidence, plus de jobs ont disparu chez nous que n’en compte la Belgique tout entière ! Aujourd’hui, le chômage commence à reculer – même s’il est encore bien trop important – et les banques, la bourse et le commerce sont stables. Le président Obama est massively successful sur toute la ligne – sauf sur un point : la communication. Il ne parvient pas à vendre ses réalisations, il pensait que les gens s’en rendraient compte par eux-mêmes. »

“Mon père n’aurait

jamais pu imaginer que je ferais la connaissance de présidents et que je retournerais un jour en Europe ... en tant

qu'ambassadeur !”

WikiLeaks a mis le gouvernement américain dans l’embarras. Mais n’avons-nous pas le droit de savoir que des soldats américains se sont mal comportés en Irak et en Afghanistan ? Ou que des diplomates américains avaient pour mission d’espionner le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon ? HOWARD GUTMAN : « Les sonneurs de tocsin ont un rôle important à jouer en matière d’abus publics, de corruption et de violation des droits de l’homme. Nous les appuyons et les protégeons quotidiennement. Ecouter ce qu’ils ont à dire, c’est une fonction essentielle de la presse. Mais ce n’est pas ainsi que fonctionne WikiLeaks. Dans les pays où les sonneurs de tocsin ne peuvent pas s’exprimer dans la presse, ils parlent souvent aux diplomates, qui rapportent ce qu’ils ont entendu et qui échangent de telles informations avec leurs alliés. En dévoilant de tels télex, on met précisément en danger ces sonneurs de tocsin. Et c’est ce qui s’est passé. Je lis des rapports de personnes qui sont à présent en danger et qui ont dû trouver refuge ailleurs parce que leur collaboration avec le monde libre a été révélée au grand jour. Le prochain sonneur de tocsin qui voudra rencontrer un diplomate américain – ou belge – y réfléchira à deux fois doré­ navant et appliquera l’autocensure. Et en révélant les endroits les plus susceptibles de subir des attaques terroristes, on ne peut pas dire que l’on favorise la sécurité des gens qui y vivent ! La bonne nouvelle, c’est que le monde a pu lire chaque télex du State Department, et qu’il n’y avait pas grand-chose de nouveau. Pas de gestion défectueuse, pas de financements secrets, aucun appui à certains partis politiques, pas d’espionnage ... Seulement des diplomates qui font leur boulot. Et je pense qu’ils pourront continuer à le faire. Il ne s’agissait pas en l’occurrence d’une fragilité du système, mais bien de hacking : une personne qui avait de par sa fonction accès à des informations secrètes les a transmises à WikiLeaks. Depuis, il est devenu impossible de copier de telles infos, et la quantité des informations auxquelles ont accès les analystes a également été réduite. Il est évidemment possible qu’un salarié vole un mémo. On ne parviendra jamais à empêcher cela. »

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L e s e n t r e p r i s e s fa m i l i a l e s

Comment preserver le caractere familial de votre entreprise ? Beaucoup de PME ont un ancrage familial fort. Les actions de l’entreprise familiale sont souvent entre les mains d’un certain nombre de frères et/ou sœurs ou de différentes branches de la famille. Ce caractère familial fait souvent toute la force de l’entreprise. La préservation de ce caractère familial mérite donc toute l’attention nécessaire. texte Dieter Bossuyt, fiscaliste

Aussi longtemps que l’entente entre les différents associés de la famille est bonne, il apparaît comme évident que les parts sociales ‘restent dans la famille’. Par contre, si un différend survient entre les associés et que l’un d’entre eux souhaite vendre ses parts à un tiers, le caractère privé de l’entreprise familiale est menacé. Il est toutefois possible de s’en protéger en prévoyant dans les statuts ou dans une convention d’actionnaires une limitation de la cessibilité des parts sociales.

Limites legales a la cessibilite Le législateur a lui-même déjà prévu un certain nombre de limites à la cession de parts sociales dans le cas de certaines

directe, des conjoints ou toute autre personne qui est mentionnée spécifiquement dans les statuts ne nécessitent pas l’approbation des autres associés et c’est alors le principe de la libre cessibilité qui prévaut.

formes de sociétés. Par exemple, les actions d’une SPRL ne peuvent être cédées qu’après approbation d’au moins la moitié des associés qui représentent au moins trois quarts du capital social, après déduc-

”Le caractère familial fait souvent toute la force de l'entreprise.“

Dans une SA par contre, les actions sont en principe librement cessibles, même à des tiers. Si l’un des associés vend ses parts à une personne externe à la famille, les associés restants se retrouvent face à un ‘étranger’, sans même en avoir été informés au préalable. Il va sans dire qu’il est préférable d’éviter ce genre de situation dans une entreprise familiale.

Clauses possibles Les statuts peuvent toutefois fixer des règles plus strictes, en soumettant également ces cessions spécifiques à une exigence d’approbation. Il n’est par con­ tre pas possible d’assouplir les limites légales à la cession de parts sociales.

tion des parts sociales concernées par la cession. Cette autorisation est nécessaire autant pour des cessions entre vifs (vente, donation) que pour des transmissions après un décès. Seules les cessions à d’autres associés, à des parents en ligne

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Il est par ailleurs possible de moduler le caractère privé de l’entreprise familiale en ajoutant des clauses aux statuts ou à une convention d’actionnaires. Souvent, les entreprises optent pour un droit de préemption qui prévoit que le candidat cédant doit d’abord proposer


analy s e

son paquet d’actions aux asso­ ciés existants avant de les transférer à des tiers. Il existe diverses variantes à ce droit de préemption. Par exemple, en cas de clause de first refusal, le candidat cédant doit communiquer aux autres actionnaires qu’il a reçu une offre d’un tiers ou coaction­ naire. Les associés peuvent alors exercer leur droit de préemption aux mêmes conditions que celles de l’offre. La clause first-offer prévoit pour sa part que le candidat cédant propose ses actions aux autres actionnaires lors­ qu’il a l’intention de vendre ses actions, même s’il n’a pas encore reçu d’offre de tiers. Il est également possible de combiner les deux clauses. En cas de clause standstill, le transfert est soumis à l’approba­ t ion de la personne ou de l’organe désigné dans la clause, le plus souvent l’assemblée générale ou l’organe de gestion. Il est également possible de prévoir un droit de suite afin de protéger les actionnaires minoritaires, éventuellement combiné à une clause stand­ still. Si un associé vend son paquet d’actions, les autres associés ont le droit de vendre également leurs actions à la même partie à des conditions identiques. Ajoutons encore la possibilité d’intégrer une interdiction absolue d’aliéner, par le biais d’une clause suspensive, pour autant que celle-ci soit limitée dans le temps et toujours

motivée par l’intérêt de la société.

mier lieu, il est possible de se baser sur le prix que le candidat acheteur propose pour les actions. Cette formule a l’avantage que les actions sont cédées à leur valeur marchande réelle, mais elle ouvre la porte à des offres feintes ou simulées. Le candidat cédant pourrait, en effet, inciter une tierce partie à remettre une offre pour la forme afin d’obtenir un prix plus élevé de la part des actionnaires existants.

En ce qui concerne le contenu de telles limitations de cessibilité, la loi stipule simplement que l’application d’une clause de préemption ou de standstill ne peut pas bloquer la cession des parts sociales pendant plus de six mois. Pour le reste, les contractants disposent d’une grande liberté pour définir eux-mêmes le contenu. Il est même, par exemple, possible de mentionner expressément et nommément les personnes qui peuvent acquérir des actions. Les autres ne peuvent en principe pas devenir associés, même par héritage. Dans ce dernier cas, ces «exclus» ont uniquement droit au paiement de la valeur de leurs actions. La va-

L’assemblée générale annuelle peut également être l’occasion de fixer le prix des actions. Cette formule présente toutefois divers inconvénients. Si l’assemblée générale oublie de définir le prix, la clause est alors sans objet. De plus, le prix peut être influencé par la perspective d’une cession éventuelle.

“Pour préserver le

caractère familial de l'entreprise, il est possible de soumettre les cessions d'actions à des clauses limitatives.”

lorisation de ces actions peut également être définie dans les statuts ou la convention d’actionnaires.

Par conséquent, la fixation du prix est souvent laissée à un expert. Si ce dernier, comme c’est le plus souvent le cas, n’est pas désigné nommément, il est alors absolument nécessaire de décrire avec précision la procédure de désignation. Il est également possible de définir un certain nombre de critères ou méthodes d’évaluation qui seront appliqués par l’expert. Il est, par exemple, possible de spécifier si l’expert

Fixation du prix Lors de la rédaction de telles clauses, il est important de définir comment le prix des actions sera défini, ce qui détermine à son tour la façon dont le bénéficiaire peut exercer son droit. Diverses possibilités existent. En pre-

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doit oui ou non tenir compte de la plus-value ou de la moinsvalue qui serait la conséquence d’une participation majoritaire ou minoritaire.

Conclusion Pour préserver le caractère familial de votre entreprise, il est possible de soumettre les cessions d’actions (autant en cas de vente ou de donation qu'en cas de transmission par décès) à toutes sortes de clauses limitatives. Vousmême disposez d’une grande liberté pour définir le contenu de telles clauses. Il est essentiel de prêter attention à la rédaction précise de ce contenu et de se faire aider d’experts. Ce n’est qu’ainsi que vous trouverez une solution à la mesure de votre situation unique.


Le Farfelu, un voilier de luxe qui surprend avec ses croisières raffinées et sur mesure dans les îles grecques

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d e s m e d e c i n s e n m i ss i o n s o u s l e s t r o p i q u e s

médecins sans vacances Enfant déjà, le docteur Lucien Lefevre rêvait de devenir médecin en Afrique et pourtant, il a fini par opter pour la chirurgie plastique et ses diverses disciplines. Mais pendant les vacances, il part en Afrique avec ‘Médecins sans Vacances’, afin d’y opérer des enfants nés avec une fente labiale. « A de tels moments je me dis que c’est pour cela que j’ai étudié pendant tant d’années », témoigne ce médecin qui passe ses vacances dans des cliniques africaines. texte jeroen lissens PHOTOS lieven dirckx eT archives du docteur lefevre

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“Un chirurgien plastique est un manuel. De ce fait, la chirurgie plastique est précisément indiquée dans le cadre de l’aide au développement.” Dr Lucien Lefevre


s o c i al r e s p o n s i b i l i t y

Le bloc opératoire

vous ne prenez donc jamais de vacances ? Lucien Lefevre part en mission avec ‘Médecins sans Vacances’. Cette ONG compte 600 membres, tous des médecins et des infirmiers / infirmières prêts à travailler gratuitement en Afrique pendant leurs vacances. Ils y forment leurs collègues africains aux méthodes d’opération, au travail dans les salles et dans les labos. Le concept de ‘Médecins sans Vacances’ est né il y a trente ans. En 1980, Johan Mattelaer, un urologue courtraisien à la retraite, voyage au Cameroun. Au moment où il repart pour l’Europe, deux professionnels de santé du centre local pour handicapés lui disent : « Vous êtes médecin, vous ne prenez donc jamais de vacances n’est-ce-pas ? Il y a tant d’enfants qui doivent être opérés ici.  » Le docteur Mattelaer raconte bientôt l’anecdote à son beau-frère, Frans De Weer, un chirurgien de Bonheiden. Au printemps 1981, le duo se rend au Cameroun pour y traiter quarante enfants atteints de polio. Ce travail de pionniers donne naissance à d’innombrables missions sur le continent africain. l’ONG ‘Médecins sans Vacances’ est née. Suite page 59

« Dans le monde entier, un enfant sur 750 vient au monde avec une fente labiale », déclare Lucien Lefevre. « En Europe, cela ne se voit plus, parce que les bébés sont opérés quelques mois à peine après leur naissance. Mais en Afrique, ils grandissent avec leur bec-de-lièvre, ce qui en fait des handicapés, complètement isolés sur le plan social. J’ai été confronté à ce problème pendant mes études. Je suis parti en Afrique pour la première fois en 2002 – à Kimpese en RDC, entre Kinshasa et Matadi. » Dans votre pratique quotidienne, quelle est votre spécialité ? LUCIEN LEFEVRE : « A Alost, je pratique aussi bien la chirurgie reconstructrice que la chirurgie plastique esthétique, depuis les brûlures en passant par la chirurgie de la main et jusqu’aux liftings et aux implants mammaires. Je ne suis absolument pas d’accord avec ceux qui affirment que ‘nous nous exerçons sur les petits noirs’. Au contraire : en Afrique, nous travaillons dans des conditions bien plus dures qu’ici. La situation n’est pas du tout comparable. L’Afrique m’a par contre appris à penser ‘plus large’. Tout simplement parce qu’il faut souvent y trouver d’autres solutions lorsque nous ne disposons pas des moyens habituels. Mais même en Belgique, une brûlure ne ressemble à aucune autre brûlure. » L’aide au développement et la chirurgie plastique, ce sont deux notions que l’on n’associe pas au premier abord ... LUCIEN LEFEVRE : « Un chirurgien plastique est un manuel, qui n’a pas besoin de grosses machines. De ce fait, la chirurgie plastique est précisément indiquée dans le cadre de l’aide au développement. La plupart des gens sont convaincus du contraire, parce qu’ils ne connaissent que l’aspect esthétique, avec tous les programmes télé qui traitent de ce sujet. En Afrique, les plaies par brûlures sont bien plus fréquentes que chez nous, les risques y étant plus grands à cause du mode de vie très simple des habitants. Je pense surtout aux cuisinières et aux poêles primitifs qui sont toujours la norme aujourd’hui. » En tant que médecin, pouvez-vous vraiment aider la population locale ? LUCIEN LEFEVRE : « Je ne pense pas que l’aide au développement n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Loin de là : notre but ultime est que l’on ­arrive à se passer de nous. Cela peut sembler une boutade, j’en suis parfaitement conscient. Mais nous construisons quelque chose avec les moyens

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“Réussir à redonner le sourire à une petite fille, c’est une sensation indescriptible.”


“Les médecins africains sont en fait encore plus idéalistes que nous.”


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du bord, et nous organisons des ateliers pratiques grâce auxquels la population apprend beaucoup de choses. Un autre avantage de cette approche est qu’elle donne des résultats immédiats. Une mission a un impact durable. Ce n’est pas là un simple slogan, je le sais pour l’avoir expérimenté en revenant plusieurs années de suite au même endroit. J’ai pu me rendre compte que l’on avait repris mes techniques et que j’avais donc vraiment créé quelque chose. » Dans quelles conditions travaillez-vous en Afrique ? LUCIEN LEFEVRE : « On y travaille extrêmement dur. Opérer une fente labiale, ce n’est pas simple. Tous les chirurgiens ne parviennent pas à maîtriser les techniques nécessaires en deux semaines. Mais les Africains sont malins et ils raffolent des nouvelles techniques; il faut dire qu’ils n’en ont pas vraiment l’occasion, donc ils profitent à fond de celle qui leur est donnée. Les médecins africains sont en fait plus idéalistes que nous. Pour commencer, les docteurs avec lesquels nous collaborons ont déjà résisté aux sirènes de l’Afrique du Sud. Ce pays n’est pas très éloigné et ils pourraient y gagner jusqu’à dix fois plus. Mais ceux qui restent au pays se sentent obligés de se débrouiller avec les pauvres moyens mis à leur disposition. Je me suis rendu en Tanzanie à trois reprises, une fois dans le sud du Congo et trois fois à Kimpese. Le jeune chirurgien avec lequel j’ai travaillé dans ce dernier endroit m’envoie encore aujourd’hui des mails avec des photos, pour me demander conseil. C’est ainsi que l’histoire continue. » Que faites-vous lorsque vous arrivez là-bas, ‘au milieu de nulle part’ ?  LUCIEN LEFEVRE : « La première journée est généralement la plus dure, avec quelque 150 consultations. Il est d’ailleurs impossible de faire autrement. Les gens ont appris ma venue par le tamtam africain; ils ont marché pendant des jours et des jours rien que pour venir me voir. Pour nous, cela signifie travailler de six heures du matin à dix heures du soir, en espérant que le staff local arrive à suivre ... Malgré cela, comme par miracle, tout finit toujours par s’arranger. » Diriez-vous que chaque mission est une réussite ?  LUCIEN LEFEVRE : « L’expérience personnelle joue évidemment un grand rôle. Il est important de rencontrer sur place des médecins et des infirmiers locaux avides de connaissances. Nous étudions donc sérieusement les missions à l’avance. Une mission typique est concentrée sur une seule spécialité – dans mon cas la chirurgie plastique. Nous

sommes accompagnés d’un anesthésiste et de deux infirmiers. » Votre mission sous les tropiques vous offre-t-elle plus de satisfactions que votre travail à Alost ? LUCIEN LEFEVRE : « Je me sens privilégié de pouvoir exercer un métier que j’aime. Mais disons que la satisfaction est plus concentrée en Afrique. Une brûlure ou une fente labiale occasionne évidemment les mêmes problèmes pour le patient, qu’il se trouve à Alost ou au Congo. Seulement, à Alost le patient a moins de mal à faire appel à mes services. En Afrique, nous opérons dans un cadre tout différent. De telles missions m’aident à prendre du recul. J’ai une vie agréable en Belgique, ce que j’apprécie. Mais quand je reviens d’une mission en Afrique, j’ai parfois un peu de mal face au luxe qui nous entoure. Un banal verre de lait – qu’on ne trouve pratiquement pas en Afrique – devient alors une gâterie. Le fait que tout soit à notre portée n’est plus aussi évident à mes yeux. C’est la même chose en ce qui concerne mon métier. Pour le public belge, il est tout à fait normal de pouvoir faire appel aux spécialistes les plus éminents, à toute heure du jour ou de la nuit, et ce, une que l’intervention s’avère ou non urgente. De plus, il ne faut pas que cela lui coûte quoi que ce soit. Eh bien, pour moi ce n’est plus aussi évident. » Vous continuerez à vous rendre en Afrique ? LUCIEN LEFEVRE : « Une fois qu’on l’a vécue, la magie africaine ne nous lâche plus. Je crois que j’ai vu les endroits parmi les plus beaux au monde. Le caractère chaleureux et ouvert de la population m’a aussi frappé d’emblée. S’y ajoute le volet médical : être en mesure d’aider ces gens, c’est fantastique à mes yeux. Quand vous avez opéré un enfant souffrant d’une fente labiale, vous lui redonnez une nouvelle vie, que ce soit ici à Alost ou au Burundi. Je me souviens par exemple du regard de ce père au moment où sa fille se réveillait après une telle opération. Un cas très compliqué, mais je l’avais très bien réussie. Cet homme était tellement heureux que je n’ai plus jamais oublié son regard à ce moment-là. C’est le plus beau cadeau qu’un chirurgien plastique puisse recevoir. J’avais déjà vu qu’elle était très jolie: un plasticien voit plus loin que le bec-de-lièvre. Réussir à redonner le sourire à une petite fille, c’est une sensation indescriptible. Par ailleurs, quand je parviens à élever le niveau du personnel local grâce à mes connaissances et à mon expérience, je sais que c’est pour arriver à cela que j’ai étudié pendant tant d’années. »

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Peu après l’operation

une ong Ces 40 premières interventions sur des enfants atteints de polio sont suivies de 60 autres, mais 100 000 enfants attendent de l’aide. Et très vite, l’ONG ne se limite plus aux interventions orthopédiques : d’autres domaines médicaux tels que la gynécologie et la pédiatrie ont grand besoin de bras. Les médecins motivent donc leurs collègues, leur famille, leurs amis, les amis de leurs amis ... L’initiative ne cesse de prendre de l’ampleur et l’infrastructure est vite insuffisante. En 1996, ‘Médecins sans Vacances’ acquiert le statut d’ONG, la condition pour obtenir des subsides publics. Malgré tout, ‘Médecins sans Vacances’ dépend surtout de dons privés. ‘Médecins sans Vacances’ mène des projets au Congo, en Tanzanie, au Burundi, au Cameroun, au Rwanda, au Bénin et au Burkina Faso.

Vous souhaitez soutenir ‘Médecins sans Vacances’ ? C’est possible, en effectuant un virement sur le compte 733-1000100-60. Pour tous renseignements, rendez-vous sur www.azv.be/fr



VOITURE

L e v i s i o n e f f i c i e n t dy n a m i c s b m w

un témoin L’année dernière, BMW affirmait avec son concept Vision EfficientDynamics que son slogan Freude am Fahren ne serait jamais étouffé par la pensée verte, même pas en 2020. Depuis, beaucoup de choses ont changé ... texte Bart Lenaerts PHOTOS Lies De Mol

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voiture

Tout au long de la dernière décennie, le département design de BMW a essuyé de nombreuses critiques, particulièrement de la part des conservateurs. Le directeur du design de l’époque, Chris Bangle, a en effet sérieusement secoué les formes traditionnelles, ce qui a poussé d’obscurs sites web à réclamer sa démission. Nous n’avons donc pas été étonnés de voir le successeur de Chris Bangle, Adrian van Hooydonk, donner libre cours à ses émotions l’année dernière au salon de l’auto de Francfort lors de la présentation de cette Vision EfficientDynamics. Il était nerveux, ce qui se comprend quand on sait que ce showcar ne se contente pas d’attirer l’attention avec ses formes spectaculaires. Non, le très charismatique van Hooydonk estime que le message véhiculé par ce concept car est très clair : « Lorsque nous avons démarré ce projet, la crise mondiale battait son plein. La tendance générale était au pessimisme en ce qui concerne l’avenir – de la mobilité en général et de la conduite sportive en particulier. On aurait dit que notre slogan, Freude am Fahren, était soudain tabou. Il était urgent de renverser la situation, car le plaisir de conduire, c’est l’essence même de notre business. Nous avons d’abord pensé à un modèle

plus compact, mais nous avons vite compris que les proportions d’un véhicule super-sportif offraient un contraste bien plus saisissant avec le message que nous voulions faire passer. » Parallèlement, le Hollandais et son équipe étaient très fiers de leur vision d’avenir, aussi osée soit-elle. « Au démarrage du projet, nous étions persuadés qu’aucun concept car n’aurait plus le même impact que dans les années ’60 ou ’70, quand on nourrissait encore une confiance illimitée dans la technologie. » C’est également pour cela qu’Adrian Van Hooydonk, qui avait bien préparé son affaire, arborait une mine rayonnante sur le stand BMW au salon. « Je savais qu’il me faudrait répéter indéfiniment qu’il ne fallait pas attendre cette voiture pour demain, mais bien pour 2020. A ma grande surprise, la presse et le public unanimes ne voulaient entendre qu’une chose : quand pourrait-on passer commande ? » Voilà qui donne à réfléchir ...

Un monde de contrastes Pourtant, les révolutions de palais sont rares chez BMW. Bayerische Motoren Werke est solidement implanté en terre bavaroise, l’épicentre de la pensée traditionnelle. Même s’il arrive à Münich, capitale de

Adrian van Hooydonk

“En ville, personne n’est gêné par une voiture de sport silencieuse et inodore.”

“Le plaisir de conduire, c’est l’essence même de notre business.” Bad Tölz


la Bavière et de BMW, de flirter avec l’avant-gardisme, le Lederhosen n’est jamais loin dès que l’on quitte la métropole. La campagne préservée ressemble à un circuit de chemin de fer pour grands enfants, où les maisons seraient de gigantesques coucous suisses. On s’attend à tout moment à voir surgir la famille Von Trapp, tout droit sortie de The Sound Of Music. Bref, ce n’est pas l’ambiance rêvée pour donner forme à un concept car révolutionnaire !

L’impact visuel La petite ville de Bad Tölz ressemble elle aussi à une carte postale géante. Mais pas aujourd’hui ... Soudain, c’est comme si quelqu’un avait arrêté le temps, simplement parce qu’une voiture fait son apparition. Pour une fois, notre attention n’est pas attirée par le féroce rugissement des pots d’échappement. Non, si ce Vision EfficientDynamics silencieux et inodore nous transforme tous en statue de sel, c’est à sa séduisante apparence qu’il le doit. Jusqu’à laisser Adrian Van Hooydonk, qui profite des derniers rayons de soleil en terrasse, sans voix. « C’est un moment très spécial, car pour nous aussi, c’est la première fois que nous voyons ce véhicule dans des conditions de vie ordinaire. » Il faut remonter à Louis II de Bavière et à son château de Neuschwanstein pour retrouver trace d’autant d’extravagance dans cette région. En tout cas, ce concept car atteint des sommets d’efficacité épurée. Son apparence généreuse, il ne la doit qu’à ses lignes gracieuses et non à une stricte philosophie. « Nous avions grand besoin de messages positifs », commente Adrian Van Hooydonk. « Beaucoup de gens croient que nous piloterons à l’avenir des sortes de grille-pain sur roues et qu’il

ne sera donc plus question du plaisir de conduire. Nous tenons à démontrer qu’une nouvelle mobilité peut être palpitante – et plaisante. » L’équipe de Van Hooydonk n’a de cesse de renouveler le portefeuille BMW existant. Il convient en effet de combler les minuscules créneaux laissés sur le marché, et qui sont découverts par les spécialistes du marketing à un rythme infernal. « Notre département design est malgré tout parvenu à rêver et à développer ce Vision EfficientDynamics. Le message que j’ai adressé à mon équipe était aussi bref que concis: liberté quasi totale et un seul critère : la voiture devait impressionner le public, lui couper le souffle », nous explique-t-il.

Une revolution silencieuse Alors que la plupart des concept cars ne sont que des exercices de style pour le catwalk, ce modèle haut de gamme appelle à la révolution. Il est en effet

cette évolution un scénario catastrophe. « Des films tels que Blade Runner nous offrent une vision très pessimiste d’un avenir où nous nous déplacerions dans des sortes de capsules du temps, stériles et cliniques. C’est la raison pour laquelle nous avons certes donné un petit air de science fiction à notre bébé, mais nous l’avons assorti d’une note positive, débordante de vie. » Des clients confient parfois à Adrian Van Hooydonk qu’ils n’aimeraient pas vivre l’époque où les véhicules électriques ­feraient la loi. « Mais depuis l’arrivée de notre Vision EfficientDynamics, ces mêmes personnes attendent ce jour-là avec impatience. » D’ici là, BMW devra néanmoins avoir précisé l’un ou l’autre point : notre programme EfficientDynamics représente un jeu de mesures, restreintes mais très intelligentes, visant à rendre la majeure partie de notre gamme plus économe et donc plus ecofriendly. Hélas, le public l’ignore encore et c’est d’ailleurs

“Nous tenons à démontrer qu’une nouvelle mobilité peut être palpitante – et plaisante.” permis de parler de révolution face à un supercar BMW doté d’un moteur de ... 1,5 litre, et qui ne développe que 163 chevaux ! Des caractéristiques qui le placent face à une Seat Ibiza par exemple ... Et pourtant, BMW croit fermement au destin de ce modèle ... d’avenir. « L’industrie automobile est amenée à vivre des bouleversements. C’est d’ailleurs obligatoire, au risque de voir les voitures perdre tout simplement leur droit à l’existence », affirme Adrian Van Hooydonk, qui se refuse obstinément à voir dans

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“Même si le véhicule paraît plus

futuriste que le Battlestar Galactica, il se coule

à merveille dans l’histoire de BMW.”

bien difficile à expliquer. Nous voulions développer une voiture qui respire l’efficacité pure, tout en ­faisant battre les cœurs et briller les yeux. C’est ­indispensable pour mériter le label BMW, mais aussi et surtout pour nous donner la possibilité de forcer des changements radicaux en touchant la corde sensible. Une mobilité nouvelle ne s’obtient pas uniquement sur base d’arguments rationnels et sérieux. Personne ne tient à abandonner les bonnes choses. Seule une législation sévère ou des prix de carburant hyper-élevés parviendront à changer nos comportements du tout au tout. » Ou peut-être une voiture comme celle-ci ?

durables. « Les sièges ne sont plus recouverts de cuir, mais bien de laine teintée naturellement. En outre, nous avons interrogé nos fournisseurs sur le processus de production de chaque pièce. Cela avait souvent le don de les étonner, mais ils ont relevé le défi avec enthousiasme. Aujourd’hui, près d‘un an et demi plus tard, les esprits ont bien évolué. Il semblerait que nous ayons initié une nouvelle et bonne tradition. » Pourtant, la forme typiquement BMW ne sera pas réellement modifiée, car cette voiture fait fureur. « Au commencement, je n’ai pas demandé à mon

“Les sièges ne sont plus recouverts de cuir, mais bien de laine teintée naturellement.” Une grande legerete visuelle Cet engin fait tourner toutes les têtes à Bad Tölz, et pourtant les designers de BMW ont signé des ­lignes plutôt réalistes. « Ce véhicule devait être haut de gamme et bourré de style, tout en faisant dans la légèreté et la pureté », affirme Adrian Van Hooydonk, qui a travaillé uniquement avec des matériaux

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équipe de préciser les lignes des futures BMW, ce qui aurait été bien trop complexe. Je me suis pourtant posé la question de savoir si les choses ­pouvaient changer. La réponse est oui, même si cela se fera très progressivement. Jetez un regard autour de vous : nous sommes ici en Bavière. Les évolutions doivent se faire lentement. »


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La Belgique contribue également à cette ‘vision d’avenir sur roues‘, puisque l’habitacle a été réalisé par notre compatriote Jochen Paesen, qui a mis en pratique avec une grande minutie les théories d’Adrian Van Hooydonk. « Pour chaque pièce, nous nous sommes demandés si le message s’en trouvait renforcé, ou au contraire affaibli. Cette pièce estelle indispensable, ou pourrions-nous combiner ces fonctions avec d’autres éléments ? C’est pourquoi les bouches d’aération à l’intérieur sont intégrées au châssis, tandis que les bras de rétroviseurs font en même temps office de charnières pour les portières et que les feux arrière servent de déflecteurs. Aucune trace de becquet, inutile sur un modèle bien conçu », affirme notre sympathique compatriote.

Source d’inspiration Même si l’engin paraît plus futuriste que le Battlestar Galactica, Adrian van Hooydonk estime qu’il se coule à merveille dans l’histoire de BMW. « BMW n’a ­jamais participé à la course aux chevaux-vapeur, et la ­marque ne s’est pratiquement jamais appuyée sur de gros ­moteurs pour rendre ses modèles plus rapides. Ce serait d’ailleurs peine perdue. Le coefficient poids / puissance compte beaucoup plus si on veut obtenir au final un véhicule agréable, avec un comportement routier parfaitement sain. » C’est la raison pour laquelle ce concept car Vision EfficientDynamics hérite en plus de son diesel compact de deux moteurs électriques auxiliaires, alimentés par des batteries. Il suffit pour les recharger de les brancher sur le courant électrique ­domestique, mais comme avec un véhicule hybride, elles se rechargent aussi lorsque le véhicule freine. Dans des conditions optimales, ce trio de choc développe 356 ch et un couple de 800 Nm. « Le meilleur de deux mondes », selon Adrian van Hooydonk. « En ­circulation urbaine, personne n’est gêné par une ­voiture de sport inodore et silencieuse. » Et une fois sorti de la ville, le moteur à combustion permet de ­profiter pleinement de performances dignes d’une BMW M3. « Evidemment, il n’est alors plus question de zéro émission et de zéro carburant, mais les émissions et la consommation sont encore bien inférieures à celles d’autres engins réalisant des performances similaires. » D’après le constructeur, le véhicule consommerait 3,7 litres aux 100 km.

ce Vision EfficientDynamics sera commercialisé dès 2013, dans le cadre d’un programme électrique particulièrement ambitieux. BMW n’ignore évidemment pas que cela ne suffira pas à sauver le monde. C’est pourquoi la marque développe actuellement un megacity vehicle, soit une urbaine électrique compacte, qui devrait faire ses débuts en 2012. « Je ne prétends pas que le concept car Vision EfficientDynamics lui aura servi de source d’inspiration. Les deux modèles sont bien trop différents pour cela. Mais l’accueil extrêmement positif qui lui a été fait nous motive, c’est évident », ajoute Adrian van Hooydonk. Un accueil généralement positif, s’entend ...

Entre deux chaises A Bad Tölz, une dame ne partageait apparemment pas l’engouement pour cette fringante voiture de sport. « Comment peut-on encore construire une voiture de sport aussi impudente alors que l’automobile a déjà fait tant de dégâts ? » fulmine-t-elle. Même si elle ne semble pas très au courant de la question, sa réaction donne matière à réfléchir. L’écologie ­durable est en effet trop souvent confondue avec un mode de vie sobre, voire puritain. Comment BMW

BMW croit vraiment à son projet, ce qui s’est confirmé il y a peu. Alors que ce n’était pas du tout l’objectif à l’origine – mais simplement d’un petit avant-goût de 2020 – le CEO de BMW, Norbert Reithofer, a récemment confié à Angela Merkel et au monde entier que

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pourra-t-elle convaincre ses clients – de vrais clients, pas seulement les early adopters branchés qui sautent sur tout ce qui est tendance – que ce voluptueux bolide représente l’avenir de la pensée verte ? Et ce alors que les bien-pensants ne veulent même pas admettre qu’une BMW Série 3 EfficientDynamics, classée incorrecte est souvent plus indiquée qu’une Toyota Prius ‘politiquement correcte’? Le concept car risque de se retrouver entre deux chaises. Même si aucun esprit sensé ne peut plus souhaiter aujourd’hui des performances plus étonnantes que celles d’une BMW M3, de nombreuses concurrentes font mieux que des pointes de 250 km/h et un sprint de 0 à 100 km/h en quelques 5 secondes. Il faudra donc des prodiges de communication pour que les clients aisés, souvent traditionnels, comprennent que la réponse donnée par BMW aux Mercedes SLS, Audi R8 ou autres Porsche 911 prend la forme d’un moteur diesel moins gros que celui d’une Mini. Quel que soit l’impact d’une Vision EfficientDynamics, il faudra à BMW plus qu’une ­révolution silencieuse pour faire entendre un ­message aussi complexe.


“La voie est libre pour une

hausse du précompte mobilier sur les intérêts.”


l e p o i n t s u r la s i t uat i o n

LE GOUVERNEMENT DOIT TROUVER 2 2 MILLIARD S D ’ EURO S

VOTRE PATRIMOINE EXPOSe a DE NOUVEAUX IMPoTS Après plus de sept mois d’exploration et de médiation, notre pays est encore loin d’avoir un gouvernement. On pourrait avoir l’impression, à tort, que la Belgique au début de cette année 2011 peut s’en sortir sans gouvernement fédéral et que des mesures budgétaires ne s’imposent pas vraiment. Mais c’est le calme avant la tempête. Notre gouvernement doit lui aussi trouver 22 milliards d’euros. En économisant et/ou en levant de nouveaux impôts. Mais quels impôts et comment seront-ils mis en œuvre ? Un bref aperçu. texte Thomas Weyts, manager estate planning

Commençons par les bonnes nouvelles. Une augmentation des taux de l’impôt des sociétés nous paraît exclue. Cela irait à l’encontre d’une tendance européenne et serait néfaste pour l’économie. Il est égale­ ment peu probable que les autorités taxent encore plus lourdement les revenus du travail (bien que nous partions du principe que la base imposable pour l’impôt des personnes physiques sera élargie). Ne sommes-nous pas déjà en Belgique parmi les citoyens les plus imposés d’Europe ? Mais où le gouvernement va-t-il donc pouvoir aller chercher

culiers ne nous semble pas encore pour demain en Belgique. Mais une augmentation du précompte mobilier sur les intérêts et les dividendes ou la suppression d’un certain nombre d’exonérations et l’imposition d’un certain nombre de plus-values ne nous semblent sûrement pas inimaginables dans le contexte actuel.

l’argent pour combler les trous financiers ? Il est peu probable que les finances publiques soient assainies par des économies dans les dépenses de l’Etat, sans qu’il n’y ait de nouveaux impôts en contrepartie. Il est dès lors pratiquement certain que de nouveaux impôts seront créés ou que certains impôts existants seront augmentés, et certaine­ ment sur le patrimoine des particuliers et les revenus générés par ce patrimoine.

Augmentation du precompte mobilier Il est pratiquement certain que le précompte mobilier sur les intérêts sera augmenté au moins jusqu’à 20%. C’est d’ailleurs le taux qui est pré-

Un impôt patrimonial dans le sens d’un prélèvement annuel sur le patrimoine net des parti-

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levé à la source dans quelques pays comme l’Autriche, le Luxembourg, la Suisse, Monaco et le Liechtenstein, en conséquence de la directive européenne sur l’épargne, sur les revenus mobiliers de ressortissants non-européens qui habitent dans l’Union européenne (UE). A partir du 1er juillet 2011, ce prélèvement à la source augmentera même jusqu'à 35%. La directive européenne sur l’épargne diminue le risque de fuite de capitaux, de telle sorte qu’une augmentation (en 2011) de l’impôt sur les revenus


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de l’épargne jusqu’à 25% n’est pas impensable. Cela ressort également d’un rapport du Conseil Supérieur des Finances datant d’août 2007. Ce rapport s’intéresse aux conséquences d’une imposition élevée sur les revenus du travail, sur l’emploi et sur la compétitivité. Il aborde plusieurs scénarios et compensations éventuels pour une diminution de la charge fiscale sur le travail. Le rapport du Conseil Supérieur des Finances est sans aucun doute un instrument précieux pour les négociateurs gouvernementaux actuels, ainsi qu’une source d’inspiration pour un gouvernement à la recherche de recettes supplémentaires. Les scénarios compensatoires concernent quatre domaines : l’impôt sur la consommation (TVA et accises), la fiscalité sur l’épargne, l’élargissement de la base imposable pour l’impôt des personnes physiques et des prélèvements sur des activités polluantes. En ce qui concerne l’imposition des revenus de l’épargne, un impôt uniforme de 25% ou une augmentation du taux d’imposition à 30% sont envisagés comme un scénario réaliste.

Plus-values sur actions Un impôt général sur les plusvalues sur actions n’est sans doute pas pour tout de suite. Aujourd’hui, les plus-values réalisées par une personne physique sur ses actions ne sont en principe pas imposables, sauf s’il y a eu intention spéculative au moment de l’acquisition des actions. Les plusvalues sur les participations de plus de 25% dans une société

bable l’introduction courant 2011 d’un ‘prélèvement sur la participation importante’ avec effet rétroactif au 1er janvier 2011. Une telle entrée en vigueur avec effet retro­ actif violerait d’ailleurs le principe de la sécurité juridique. Il est probable que le pouvoir politique opte plutôt (par exemple après la conclusion d’un accord politique à ce sujet) pour la publication au Moniteur d’un avis annonçant la modification naissante apportée à la loi fiscale. Dans ce cas, seul un effet rétroactif limité serait légitime. Après l’aval du Parlement, la loi entrerait alors en vigueur avec effet rétroactif au jour de l’annonce (préalable) au Moniteur belge.

belge (ce que l’on appelle une participation substantielle) sont imposables (à 33 %), mais uniquement lorsqu’elles ont été réalisées à l’occasion d’une cession (à titre onéreux) à une personne morale qui est située en dehors de l’Espace Economique Européen (EEE). Pour déterminer si les actions font partie d’une telle participation importante (>25%), on comptabilise les actions du cédant ainsi que celles de son époux / épouse, ses descendants, ses (grands-)parents ou ascendants jusqu’au deuxième degré. Cela vaut pour toutes les actions que ces personnes ont détenues à n’importe quel moment dans les cinq ans qui précèdent la cession (directement ou indirectement).

“L'introduction d'une taxe annuelle sur le patrimoine net irait à l'encontre d'une tendance internationale.”

L’impôt sur la participation importante n’est pas la seule option fiscale qui circule. Une autre piste de réflexion est la suppression de l’exonération des plus-values sur actions dans le cadre de l’impôt des sociétés, sauf si la société a détenu ces actions en pleine propriété pendant une période interrompue d’une année. Fin octobre 2010, une proposition de loi en ce sens a déjà été intro­ duite par les parlemen­ t aires Van der Maelen, Tobback et Vanvelthoven (sp.a). Ils avancent comme justification que les gains spéculatifs – contrai-

Il y a des rumeurs persistantes selon lesquelles les milieux politiques envisageraient d’étendre le champ d’application de ce prélèvement. Concrètement, les plusvalues sur des participations importantes (> 25 %) seraient toujours imposées, même en cas de ventes à des personnes physiques ou morales établies au sein de l’EEE. Même les plus-values dites inter­nes pourraient être taxées. Quand cet impôt pourrait-il entrer en vigueur ? Nous con­ sidérons comme très peu pro-

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rement à la situation dans nos pays voisins – ne sont pas du tout imposés dans le cadre de l’impôt des sociétés, alors que les gains productifs sont imposés à 33,99%. La Belgique serait le seul pays au sein de l’UE dans lequel l’exonération sur les plus-values ne serait combinée à aucune exigence de participation minimale ou de durée de détention des actions. En France par exemple, l’exonération est condition­née à la détention d’actions pendant au minimum 2 ans sans interruption et une partici­ pation minimale de 5% est exigée.

Impot sur le patrimoine Comme nous l’avons déjà dit, nous ne nous attendons pas à l’introduction d’un véritable impôt sur le patrimoine à court terme. Par impôt sur le patrimoine, nous entendons un prélèvement annuel sur la possession de biens (mobiliers et immobiliers), en plus de l’impôt sur les revenus et sur la cession de patrimoine. Un tel impôt sur le patrimoine net est aujourd’hui prélevé en Suisse, en France (sur des patrimoines nets >790 000 euros), en Norvège et au Liechtenstein. La liste de pays qui appliquent un impôt sur le patri­ moine est en train de se réduire. L’introduction d’une taxe annuelle sur le patri­ moine net irait dès lors à l’encontre d’une tendance internationale. L’Autriche (1994), le Danemark (1997), l’Allemagne (1997), la Finlande (2006), la Suède (2007), l’Espagne (2008)


l e p o i n t s u r la s i t uat i o n

et les Pays-Bas ont supprimé cet impôt. Les Pays-Bas prélèvent toutefois un impôt uniforme sur les gains générés par l’épargne et les placements. Pas sur la base des revenus ou des plus-values, mais sur la base d’un rendement fictif. L’impôt atteint 30% sur un rendement supposé de 4%, ce qui revient à un impôt sur le patrimoine de 1,2%. Le point négatif du système néerlandais est le découplage entre l’impôt et le rendement effectif. Le contribuable est imposé même lorsqu’il réalise des moins-values. Bien que le PS, le sp.a, Groen! et Ecolo ne rejettent pas l’idée, nous estimons que l’époque n’est pas propice à un impôt sur le patrimoine en Belgique. A long terme, nous jugeons toutefois que la probabilité est bien réelle qu’un tel impôt apparaisse sous une forme ou l’autre. Autant au niveau national qu’au niveau européen, un certain nombre d’initiatives concrètes ont déjà été prises. Nous pensons, par exemple, à la directive européenne sur l’épargne, à la suppression des titres au porteur et au secret bancaire fiscal, qui a été quasiment totalement levé en Belgique. Même sans impôt sur le patrimoine au sens strict du terme, la Belgique est déjà un champion des impôts. Y compris en ce qui concerne le patrimoine. Si l’on prend en compte les impôts sur les revenus du patrimoine et sur la cession de ce patrimoine, la Belgique figure en quatrième position en Europe sur la liste des pays

dont l’imposition patrimoniale est la plus lourde. Seuls le Royaume-Uni, la France et Chypre nous précèdent. La Banque Nationale est arrivée à cette conclusion dans une étude publiée en décembre 2010.

de données. Les dividendes, les plus-values et les royalties ne tombent pas (encore) dans le champ d’application de la nouvelle directive. A partir du 1er janvier 2015, chaque Etat membre de l’UE devra automatiquement fournir des renseignements sur minimum trois des cinq caté­ gories. Le ministre luxembourgeois des Finances a toute­ fois déjà fait savoir que le Luxembourg ne fournira pas de renseignements sur les produits d’assurance-vie.

Nouvelle directive europeenne La mobilité accrue des capitaux d’une part, et l’échange limité d’informations au niveau européen d’autre part, constituent aujourd’hui les plus importants obstacles pratiques à un impôt sur le patrimoine. Il y a toutefois de nouvelles évolutions. Les ministres des Finances de l’UE ont ainsi obtenu un accord le 7 décembre 2010 à propos

Un élargissement de la directive européenne sur l’épargne n’était pas à l’ordre du jour du dernier conseil Ecofin, qui réunit les ministres euro-

“Il est pratiquement certain que le précompte mobilier sur les intérêts sera augmenté au moins jusqu'à 20%.”

d’une nouvelle directive por­ tant sur la collaboration ad­mi­ nistrative entre les services fiscaux des 27 Etats membres. L’accord concerne, entre autres, un échange automatique obligatoire de renseignements sur maximum cinq des catégories de revenus ou de patrimoines suivants : (i) revenus du travail, (ii) tantièmes, (iii) pensions, (iv) propriété et revenus issus de biens mobiliers et (v) produits d’assurance-vie qui ne sont pas régis par d’autres in­ struments juridiques commu­ nautaires en matière d’échange

péens de l’Economie et / ou des Finances. Le point de vue du Luxembourg et de l’Autriche est bien clair. Ils ne vont pas abandonner le prélèvement actuel basé sur l’Etat de résidence pour le système d’échange automatique d’informations tant que des pays externes à l’UE, comme la Suisse ou le Liechtenstein, ne le font pas non plus.

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D e s B e lg e s qu i o n t un plan

pa t r i c k va n d e r v o r s t

L’art

sur la

toile

A Londres, Capital s’est entretenu avec Patrick van der Vorst, qui est sur le point de conquérir la Grande-Bretagne et les Etats-Unis avec un nouveau concept internet. Patrick, qui a fait carrière chez Sotheby’s à Londres, a créé l’année dernière sa propre société : Valuemystuff.com. Ce site web propose une estimation de vos objets de valeur. Dans le cadre du programme Dragon’s Den à la BBC, Patrick van der Vorst a été le seul non-britannique à avoir convaincu deux multimillionnaires d’investir dans son concept, une belle performance !

texte joost houtman

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D e s B e lg e s qu i o n t un plan

“Prendre trop de risques n'est pas la voie la plus rapide vers le succès.” Deborah Meaden Deborah Meaden est partie pour l’Italie à dix-huit ans à peine et y a rapidement signé des contrats avant de se lancer dans l’exportation de céramiques et verreries ­ italiennes vers l’Angleterre. Elle créa en peu de temps plusieurs autres sociétés avant de rejoindre l’entreprise familiale, un parc d’attractions. Il y a dix ans, elle revendait ses parts 33m£, pour se consacrer entièrement à sa nouvelle c­arrière de fulltime investor.

Theo Paphitis A quinze ans, Theo Paphitis a quitté Chypre pour Londres. Il a rapidement géré le magasin de son école, est devenu teaboy pour le compte d’un courtier en bourse chez Lloyds et à dix-huit ans, il s’est lui-même lancé dans le commerce de détail. Theo Paphitis a présidé pendant huit ans le club de foot de Milwall, qu’il est parvenu à sauver. Aujourd’hui, il siège au Conseil d’Administration de plusieurs sociétés et il gère son propre Charitable Trust.

Dans le fabuleux appartement de Carlisle Place, (une place créée en 1860 en même temps que la gare Victoria), les murs du hall d’entrée sont couverts de très belles photographies, des œuvres de Patrick van der Vorst. L’appartement recèle un vestige d’une époque révolue : la cloche parlementaire. Lorsqu’elle se faisait entendre, les parlementaires avaient tout le temps de se diriger vers le parlement pour y porter leur vote. « Elle est hors service aujourd’hui, rassurezvous », plaisante Patrick. Nous nous installons dans le salon, où un tableau de l’artiste flamand Adam Frans van der Meulen, peintre attitré de Louis XIV, est flanqué de deux toiles signées Banksy. Les œuvres de ce ­pochoiriste renommé, qui parvient à préserver son anonymat, coûtent actuellement une fortune. « Heureusement, je m’y suis pris à temps », tel est le commentaire laconique du maître des lieux. On ne s’improvise pas entrepreneur à Londres quand on est un étranger ? Patrick van der Vorst : « L’avantage, c’est que ­cette ville compte beaucoup d’entrepreneurs ­étrangers et qu’on ne vous classe pas ici autochtone / allochtone. Tout ce qui compte, c’est d’être intéressant en termes commerciaux. Et puis, n’oubliez pas que cela fait quinze ans que je vis ici. Pratiquement tous mes amis londoniens sont des Britanniques, et je ne m’en distingue plus vraiment. Je suis parti pour Londres une semaine après avoir obtenu mon ­diplôme en droit. J’ai déniché un petit boulot de porter chez Sotheby’s, soit une sorte d’homme à tout faire, ­notamment chargé de suspendre des tableaux ou des tapisseries. Après quelques mois, on m’a demandé si j’étais capable de m’exprimer en français (étant Belge). Je suis donc ­passé à la traduction dans les bureaux. Les choses se sont enchaînées et j’ai bientôt acquis de l’expérience

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dans de nombreux domaines. J’estime que pour faire carrière dans de monde des affaires, il faut absolument regarder autour de soi et accumuler les expériences. Après dix-huit mois, je me suis retrouvé dans le département qui m’intéressait le plus : celui des meubles. Cet intérêt datait de mon ­adolescence : ma mère avait suivi un cours sur les antiquités en France, et je l’avais accompagnée. Depuis, c’est devenu une passion qui ne m’a plus quitté. En fait, je suis comme un poisson dans l’eau dans le système anglo-saxon, où on gravit les marches une à une, à force de ­travail. Même si j’ai un diplôme universitaire, j’apprécie ­particulièrement ce système, que j’estime supérieur aux autres. Il est en outre tout à fait honnête et juste. A 31 ans, je suis devenu associé et à 33 ans, j’étais responsable du département ‘meubles’. Mais cinq ans plus tard, je ne pouvais m’empêcher de m’interroger : était-ce ­vraiment ce que je voulais faire le reste de ma vie ? » C’est alors qu’un entrepreneur dans l’âme se met en quête de nouvelles opportunités. Mais est-ce aussi simple pour quelqu’un qui n’a travaillé que pour une seule entreprise ? Patrick van der Vorst : « Il faut savoir que je me ­posais mainte question sur les changements de ­politique chez Sotheby’s – ou chez Christie’s. Ces deux grandes maisons se focalisaient plutôt à l’époque sur les pays émergents – Inde, Chine, Moyen-Orient ... où il y avait énormément d’argent à gagner. Nous faisions des économies en Europe, afin d’investir dans ces nouveaux pays. Sur six experts ‘objets en argent’, il n’en restait plus qu’un, sur cinq experts en porcelaine, quatre avaient été congédiés ... Chaque année, environ 160 000 articles passaient par Sotheby’s. Dès que l’accent a été mis sur ces nouveaux marchés, ce nombre est passé à 45 000. Malgré cela, les


D e s B e lg e s qu i o n t un plan

salles de ventes faisaient de plus gros bénéfices. Commercialement parlant, je comprends de telles décisions. J’arrivais même à suivre l’engouement pour l’art contemporain. Mais alors, que faire de tous ces experts ? De tous ces gens qui étaient des puits de connaissances et d’expertise ? On avait d’un côté une offre importante d’experts, et de l’autre, de nombreuses personnes possédant des objets de valeur – ou qu’elles croyaient de grande valeur. Or fort peu de gens font réellement évaluer de tels objets. Ils n’osent pas s’adresser dans ce but à une salle de ­ventes telle que Sotheby’s. » C’est ainsi qu’est née l’idée de Valuemystuff.com, un site permettant de télécharger la photo d’une œuvre d’art, qu’un expert estimera dans les 48 heures ... Mais étiez-vous suffisamment familiarisé avec internet ? Patrick van der Vorst : « Je ne suis pas un ­entrepreneur Internet, ou du moins je ne l’étais pas. Il me restait beaucoup à apprendre et j’ai pris conseil. C’est la troisième astuce que je veux communiquer aux entrepreneurs ‘osez ­prendre conseil’, la deuxième étant ‘faites-vous par vos ­propres moyens’ et la première : ‘regardez autour de vous et faites vos propres expériences’. » « Je collabore actuellement avec 48 experts, qui ont à deux exceptions près tous travaillé pour Sotheby’s, Christie’s ou Bonhams. Pour chaque estimation, ils reçoivent une modeste somme (£ 1.80), mais il faut dire qu’une telle évaluation ne prend pas beaucoup de temps. Estimer un objet d’art, c’est leur seconde nature. (rire) Les clients du site ont le choix : soit ils paient une seule estimation, soit ils prennent un abonnement. J’ai débuté en septembre 2009 et j’ai investi tout ce que j’avais dans ce projet. Quatre mois plus tard, je comptais déjà 4 000 clients réguliers. » Après la réussite de ces quatre premiers mois, vous en vouliez toujours plus ... Patrick van der Vorst : « Je savais que le site pouvait encore se développer. La toile est un média grand public, et je souhaite toucher le public le plus large possible. Il fallait que j’intervienne dans un maximum de médias, c’est la raison pour laquelle j’ai participé au programme Dragon’s Den de la BBC. Le pitch, en résumé : cinq multimillionnaires veulent ­investir dans de nouvelles entreprises. Il convient donc de les convaincre avec votre idée et votre ­entreprise, en espérant qu’ils vous choisissent.

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D e s B e lg e s qu i o n t un plan

En effet, ils ne se contentent pas d’apporter l’argent, ils mettent aussi tout leur réseau à disposition. En échange, ils veulent une partie de votre entreprise. D’où mon quatrième conseil : ‘développez votre réseau’ ! » « Quelque 30 000 candidats se sont inscrits pour ce programme. Au deuxième tour, il en restait 200, et 70 au troisième tour. Ces 70-là ont tous été appelés à comparaître devant les Grands Inquisiteurs. (rire) Et qui plus est To add insult to injury comme ils disent ici, tout cela se passait à l’antenne ! On avait vraiment placé la barre très haut. » Cette participation a-t-elle été ce que vous avez fait de plus dur dans votre vie ? Patrick van der Vorst : « J’avoue que c’était assez angoissant ! Les dragons m’ont mis sur le grill pendant deux heures et demi, dont seules dix minutes sont diffusées. Au final, je me suis rallié deux dragons – Deborah Meaden et Theo Paphitis. De ce fait, je possède actuellement 60% de mon entreprise, et eux, 20% chacun. Après l’émission, j’étais très heureux de l’accueil fait à mon idée et de la confiance que m’ont accordé des professionnels. Mais je me reprochais aussi d’avoir cédé 40% de mon entreprise, ce qui allait au-delà de mon intention. J’avais demandé £ 100 000 pour 25% – tout en escomptant 30%. Malgré cela, ces 10% supplémentaires n’ont pas été de trop. En effet, on s’engage plus fortement quand on possède un cinquième d’une société que lorsque l’on n’en détient qu’un dixième. Et puis, leurs conseils valent de l’or. Après l’émission, j’ai vécu une période de ‘due diligence’. Rien ne m’a été épargné et heureusement car cela m’a forcé à montrer ce dont j’étais capable. Theo et Deborah estimaient que je devais d’abord développer les aspects marketing et relations publiques. J’appelle Deborah pratiquement chaque jour. Elle m’a mis en contact avec sa sœur, qui a été marketing manager chez AOL et qui me conseille merveilleusement. Quant à Theo, il a fait appel à toute une équipe, avec laquelle nous allons mieux exploiter le marché américain. Enfin, ‘mieux’ ... sans aucune forme de marketing, un tiers de notre clientèle vient déjà des Etats-Unis. Mais il reste une marge de croissance. Ce qui est étonnant aussi, c’est que Theo et Deborah insistent pour que nous restions concentrés sur notre corebusiness – les estimations. Ils ont refusé mon idée, qui était d’étendre la société, et ils ont eu raison. Il est clair que prendre trop de risques n’est pas la voie la plus rapide vers le succès. Je leur suis infiniment reconnaissant pour leurs conseils pratiques – et tellement utiles.

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Dragon’s Den Sur le site bbc.co.uk/dragonsden, vous découvrirez tous les renseignements sur ce programme, ainsi que les profils des cinq multimillionnaires. Vous pourrez également y visionner le pitch de Patrick van der Vorst. En octobre dernier, la BBC a diffusé la suite : « What happened next ? » Patrick van der Vorst est réapparu sur les écrans dans un programme qui met l’accent sur la combinaison d’une idée intéressante et d’un investissement intéressant. Toutes les bonnes idées ne sont pas susceptibles de réussir commercialement parlant. Les questions des dragons sont impitoyables, et ils n’investissent que très rarement.


loisirs

nos e x pert s on t c hoisi pou r vous

les

délices de la ga s t r o n o m i e

v o yag e s

cult u r e

Il semblerait que le Belge épargne dans de nombreux domaines, mais pas dans celui des loisirs. C’est la raison pour laquelle Capital à recueilli des conseils auprès de quatre épicuriens pour la saison d’hiver. Découvrez les petites merveilles qui n’attendent plus que vous. Car il faut bien dire que le bien-être – qu’il s’agisse de gastronomie, de voyages ou de culture – vaut aussi son pesant d’or ! [ CAPITAL 10 ]

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gastronomie C o n s e i l s d e P E T E R G O O S S E N S , HOF VAN CLEVE

 www.lamerebrazier.fr

Comme au bon vieu x temps

La Mère Brazier à Lyon La Mère Brazier est un restaurant mythique, où la légendaire Eugénie Brazier a fait depuis 1921 le bonheur de maint artiste, homme politique et autres personnalités. Ayant ouvert un second restaurant, Eugénie Brazier est entrée dans l’histoire comme la première femme à avoir eu droit – à deux reprises! – à trois étoiles au Michelin. En 2008, le chef Mathieu Viannay redonne un nouveau souffle au restaurant. Tout en respectant la riche tradition du restaurant, il parvient à combiner cuisine traditionnelle et gastronomie moderne. Des plats classiques tels que ‘La volaille de Bresse Demi-deuil’ et ‘L’artichaut au foie gras’ ont ainsi droit à une seconde vie culinaire.

A msterdam a vos pieds

 www.cielbleu.nl © Le Ciel Bleu

Le Ciel Bleu Faire preuve de créativité et d’innovation en se basant sur la cuisine française classique, c’est tout l’art du chef étoilé Onno Kokmeijer, du restaurant Le Ciel Bleu à Amsterdam. Une cuisine personnelle et renouvelée, déjà couronnée par deux étoiles au Michelin. Au menu: fruits de mer, foie gras, pigeonneau et entrecôte Wagyu, le tout revisité et d’un goût exquis. Une originalité que l’on retrouve également à la carte des vins, qui propose outre les grands classiques quelques découvertes venues de jeunes pays vinicoles. De par sa situation – au 23ème étage de l’Hotel Okura – Le Ciel Bleu offre aux clients un panorama sans pareil. Le choix est large, pour des dîners tant privés que d’affaires : ‘Starlight Room’, ‘Salon Panoramique’ ou Chef’s Table.

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loisirs

 www.hotelartsbarcelona.com

L’art hotelier

L’Hôtel Arts Barcelona Woody Allen, les Rolling Stones, Madonna ou Gwyneth Paltrow ... Vous les rencontrerez peut-être dans le lobby de l’Hôtel Arts Barcelona. Ils sont en effet tous des fans de cet hôtel – un gratte-ciel proposant une vue spectaculaire sur la mer. La collection d’art – plus de 1000 toiles et sculptures – est d’ailleurs tout aussi spectaculaire. Un autre art qu’ils maîtrisent dans cet Hôtel, est celui de recevoir les clients comme des rois. Vous y avez le choix entre deux restaurants deux étoiles : l’Arola et l’Enoteca. Le spa du 43ème étage et un service personnalisé 24 heures sur 24 sont d’autres points forts et appréciés par une clientèle internationale. 100% nippon

Swaffood Les produits japonais haut de gamme sont un luxe rare – même au Pays du Soleil Levant. Seuls les restaurants nippons les plus renommés peuvent se permettre d’acheter les produits les plus raffinés. Même les plus grands chefs occidentaux ne parviennent pas à mettre la main dessus ... Exception faite de Luc Hoornaert, de Swaffood. Il a réussi à créer des liens de confiance avec les fournisseurs nippons, qui défendent bec et ongles leur patrimoine culinaire millénaire: des produits qui tous respectent les normes ryotei. Swaffood ne propose que les produits les plus purs: saké, wasabi, riz, nouilles et tutti quanti ... Un st y le noble

 www.schlossbensberg.com/fr/hotel-koeln

Le Vendôme à Bergisch-gladbach ‘Restaurant de l’année’ et ‘Chef de l’année 2005’. Le Vendôme, situé dans une imposante maison de maître rénovée à proximité de Cologne, c’est le summum de l’art culinaire, avec ses trois étoiles et les nombreux prix qu’il a remportés. Le chef Joachim Wissler a provoqué une véritable révolution culinaire en Allemagne, en optant pour des produits régionaux, qu’il mixe et présente à sa façon, inégalable. Vous irez également de découverte en découverte avec la carte des vins, qui ne compte pas moins de 900 sélections.

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 www.swaffood.com


voyages

C o n s e i l s d e frieda r yc k aert, s t y l i s t e e t g r a n d e v o y a g e u s e

 www.belugareizen.nl © Beluga Reizen

Une ex pedition en brise-glace

Le grand Nord En 2011, le brise-glace Kapitan Khlebnikov naviguera deux mois durant dans l’Arctique, la zone qui entoure le Pôle Nord. Le Passage Nord-est au-dessus de la Russie – un des trois éléments de ce voyage – peut être réservé séparément. Depuis Anchorage en Alaska, vous prenez l’avion pour Anadyr, capitale du district russe autonome de Tchoukotka. C’est là que le Kapitan Khlebnikov entame son long périple de plus de 7 000 km, entrecoupé d’escales régulières, afin de visiter notamment le village d’Uelen, connu pour la chasse aux baleines, ou encore l’île montagneuse de Wrangel, où vivent de très nombreux morses et ours polaires. Au Cap Tcheliouskine, le point le plus septentrional du continent eurasiatique, vous aurez l’occasion d’apercevoir des cétacés subarctiques tels que les bélugas. A Nova Zembla une nouvelle excursion vous attend, en hélicoptère cette fois. Au fil de cette expédition, vous verrez que la banquise gagne en épaisseur, ce qui obligera le brise-glace à se forcer un chemin dans une mer de glace. Spectacle garanti !

 www.sofitel.com © Sofitel

Les premiers hotels : les couvents

The Grand Amsterdam ‘The Grand Amsterdam’ fait partie de la chaîne hôtelière Sofitel Legend. L’hôtel est implanté face à l’Oudezijdse Voorburgwal, le plus ancien canal d’Amsterdam. ‘The Grand’ est riche d’une histoire de 450 ans, car ce bâtiment, nommé ‘Prinsenhof’ à l’époque, a hébergé bien des personnages historiques, dont Guillaume le Taciturne et Marie de Médicis. Construit autour de l’ancienne chambre du conseil, il a également accueilli le mariage de Sa Majesté la Reine Béatrice. En 1998, ce bâtiment légendaire s’est transformé pour devenir le luxueux hôtel cinq étoiles actuel, une adresse que se transmettent les épicuriens du monde entier.

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loisirs

 www.ck  www.cookislands.travell © Sean O'Brien

Une destination preservee

Les Iles Cook Un archipel de 15 îles au cœur du Pacifique. Des îlots comme éparpillés sur une superficie égale à celle de l’Inde, mais dont la population est comparable à celle d’une petite ville de province en Nouvelle-Zélande ... Bienvenue sur les Iles Cook ! C’est au 18ème siècle que James Cook, le capitaine du légendaire Bounty, a cartographié ces îles. D’après la légende, c’est à bord d’énormes canoës et guidés par les étoiles que les Polynésiens auraient découvert les îles au 6ème siècle. Toujours est-il que les habitants des îles ont conservé jusqu’à aujourd’hui leur culture authentique et leur caractère si typiquement aimable. La danse, l’art et les chants traditionnels sont toujours vivants dans la vie quotidienne à Aitutaki. Rarotonga, l’île principale, fait honneur à sa réputation de plus belle île du Pacifique, bordée de toutes parts de bancs de corail et de lagunes. Découvrez ces îles paradisiaques que le tourisme de masse n’a pas encore altérées, et vivez des vacances authentiques !

Bienvenue a bord

Boeing 747-200 Ce Boeing 747-200 vous offre un abri confortable pour la nuit, sans que vous ayez à vous déplacer. Tranquillement posé au sol à l’entrée de l’aéroport de StockholmArlanda, Jumbo Stay vous propose de vivre une expérience inédite dans l’une de ses 27 chambres. Que choisir : une triple room avec douche et toilette côté couloir du jumbo, ou le cockpit, transformé en suite de luxe avec sa propre salle de bain, écran plat, réseau WIFI et vue panoramique sur l’aéroport ? Le petit déjeuner et les repas vous sont servis dans le plus pur style ‘avion’ ... Welcome aboard and no need to fasten your seatbelts !  www.jumbostay.com © Jumbo Stay

 www.slh.com © Small Luxury Hotels of the World

Sk i exclusif

En Espagne ou à New York D’Abou Dhabi à Anguilla, du Mozambique à la Mongolie et de Buenos Aires à Barcelone ... Avec ‘Small Luxury Hotels of the World’, découvrez une sélection unique d’hôtels qui tous présentent une note bien personnelle. Que penser par exemple d’un pied-à-terre à Londres ou d’une île privée dans les Seychelles ? Les hôtels sélectionnés sont gérés en toute indépendance et relèvent souvent d’une tradition familiale. Vous pouvez vous attendre dans tous les cas à un accueil chaleureux, à un service personnalisé et à une ambiance luxueuse et intimiste. Vous êtes toujours en quête d’un domaine skiable exclusif ? Le ‘Mirror Lake Inn Resort & Spa’ est implanté au bord du Lake Placid. Le panorama : les majestueuses montagnes Adirondack, au nord de l’Etat de New York. L’hospitalité s’y pratique depuis 85 ans et cela se sent. Vous n’aurez que l’embarras du choix parmi toutes les offres détente. ‘La Pleta Hotel’ se trouve à BaqueiraBeret, le nec plus ultra en matière de domaine skiable dans les Pyrénées espagnoles. L’hôtel est aménagé dans un style rustique contemporain, avec beaucoup de bois et d’ardoises, des matériaux locaux.

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culture

L e s c o n s e i l s d e claude blondeel , c o l l a b o r a t e u r d e l a c h a î n e r a d i o K l a r a

 www.demunt.be © Hana Smejkalova

L a (re)decouverte de Mozart

‘La Finta Giardiniera’ à la Monnaie « Nous avons découvert un nouvel opéra de Mozart ! » s’exclama la presse en 1986 lors de la première de cette production à la Monnaie. Il faut dire que ‘La Finta Giardiniera’ est un irrésistible échantillon de théâtre musical traitant d’amour et de jalousie, le tout dans une mise-en-scène raffinée et poétique signée du duo Karl-Ernst et Ursel Herrmann. Cette représentation légendaire est un régal pour les yeux et les oreilles ; les personnages et leurs caractères ont une portée universelle. Cela commence sur un mode prometteur : un bosquet de peupliers dans le sud, le gazouillis des oiseaux ... le décor est en place pour une délicieuse idylle, mais le sentier de l’amour n’est pas toujours semé de roses. Rarement opéra fût aussi frais et aussi espiègle. Du 13 au 30 mars au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles.

 www.virgin.be

Les arias des C astrats par Jaroussky

Le CD ‘Caldara in Vienna’ Compositeur peu connu de nos jours, Antonio Caldara (1671-1736), né à Venise, a pourtant fréquenté en son temps les plus grands, dont Händel et Vivaldi. Après maintes pérégrinations, passant par Rome et Barcelone, Caldara s’installe à Vienne en 1716 et c’est là qu’il signe ses plus grands triomphes. Il sera jusqu’à sa mort maître de chapelle à la cour de Charles VI. Ce souverain ne voyait pas seulement dans la musique une source de plaisir esthétique, elle lui était aussi signe de pouvoir. Le richissime monarque lui ayant donné carte blanche, Caldara composa une cinquantaine d’opéras en vingt ans. Pour les besoins de ce CD sublime, le contre-ténor français Philippe Jaroussky a dépoussiéré les arias des castrats de Caldara.

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loisirs

Sensualite des voix feminines

‘Sophisticated Ladies’ avec Charlie Haden

 www.bozar.be

Le rituel du regard

Bozar : une Expo Luc Tuymans

Non seulement elles sont sophistiquées, les dames qui peuplent ce CD, mais elles chantent aussi merveilleusement bien. Melody Gardot, Norah Jones, Diana Krall et Cassandra Wilson interprètent les plus beaux morceaux d’une riche tradition américaine sur un CD jazzy, sensuel à souhait et tout à fait délicieux. Pour ‘All Wind’, ‘My love and I’ et ‘Sophisticated Lady’, ces dames sont accompagnées par Charlie Haden et son sublime Quartet West. Un enregistrement tellement classique que même la soprano Renée Fleming s’est laissée séduire, contribuant ainsi à nous offrir de purs instants de bonheur musical, à déguster de préférence en compagnie d’une ‘Sophisticated Lady’.

Après une tournée aux Etats-Unis, Luc Tuymans enflammera les Bozar de Bruxelles entre le 18 février et le 8 mai 2011 avec sa ‘Rétrospective’. Une exposition qui ne comptera pas moins de 75 œuvres clé de l’artiste, allant de 1978 à nos jours. Les grands thèmes sont, dans le désordre : les conséquences de la seconde guerre mondiale, les attentats du 11 septembre, le post-colonialisme au Congo et la puissance de l’église catholique. Luc Tuymans, un artiste contemporain qui aurait le savoir-faire des ‘grands maîtres’. Non seulement il ressuscite la ­peinture figurative, il en fait aussi l’arme universelle de son engagement politique et social. En observant l’œuvre de Tuymans, c’est un peu vous-même – et le monde – que vous observez.

‘Just Kids’ Patti Smith

 www.denoël.fr

Une merveilleuse éducation sentimentale. New York 1967 : l’été où John Coltrane est mort, l’été des amours et des émeutes, l’été d’une rencontre fortuite entre deux jeunes gens : Patti Smith qui deviendra la poète et la chanteuse de rock et Robert Mapplethorpe qui ­deviendra le photographe légendaire aux images provocantes. Liés par une même innocence et un même enthousiasme, ils se taillent un bon bout de chemin dans la jungle artistique de New York. Avec Patti et Robert, nous faisons la connaissance du fameux Chelsea Hotel, d’Allen Ginsberg, d’Andy Warhol et de John Cale. ‘Just Kids’ est un véritable conte, il retrace l’ascension de deux artistes, tel un prélude à leur réussite.

 www.universal.be

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events

gu y pieters

Que vaut une planification financière optimale si on ne peut en profiter et échanger ses idées avec ses semblables ? Voilà pourquoi Optima organise régulièrement des événements pour ses relations, afin de nouer des contacts et de discuter librement de questions financières et autres. Ces quelques photos vous donnent un aperçu du monde d’Optima. texte jeroen lissens PHotos lieven dirckx

La planification financiere Tout un art.

Quand on parle de collections d'art exclusives, Guy Pieters est un incontournable. Basé à Sint-Martens-Latem, il dirige un réseau international de galeries, ce qui fait de lui l'un des moteurs de réussite d'artistes tels que Niki de Saint Phalle, Jan Fabre, Yves Klein et Wim Delvoye. Exceptionnellement, Guy Pieters a ouvert les portes de son quartier général aux invités Optima triés sur le volet. Ceux-ci ont eu l'occasion de jeter un oeil dans les coulisses de l'univers artistique, de la collection et des dépôts de l'un des galeristes les plus remarqués du moment.

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 Guy Pieters

 Roger Raveel et Arne Quinze

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PHOTOS LIEVEN DIRCKX ALEXANDER POPELIER postproduction ALEXANDER POPELIER CONCEPt & direction artistique STEVEN RAES STYLISME YVES LUEL PRODUCTION SOETKIN BORRYN COIFFURE & MAQUILLAGE STEVEN RAES AT TOUCH BY DOMINIQUE, REDKEN ET GUERLAIN MANNEQUINS DOLORES MELIA, MO KIDDO, TAMARA VAN DER PERREN, AUDREY RUYSSCHAERT, CLARA DE DECKER, DADI VERHAEGE, SIMON GILLARD, MAGALI lybeert, BRUNO VERMOOTE NOUS REMERCIONS EN PARTICULIER MO KIDDO, HUIS DE KEYSER SINT-MARTENS-LATEM, DE CEREMONIE ANvers, VITIS VIN DRONGEN ET LE JOAILLIER NYS COURTRAI

la dolce vita de gauche à droite

Mo Chemise imprimée ESSENTIEL, Tamara Total look PINKO, Magali Robe SANDRINA FASOLI, Dolores Robe PAULE K, Audrey Robe RUE BLANCHE, Dadi Costume et chemise BOSS SELECTION, Clara Robe PINKO, Simon Veste LES HOMMES, Débardeur LE FABULEUX MARCEL, Bijoux PASQUALE BRUNI & CASATO. un grand merci à HUIS DE KEYSER de SINT-MARTENS-LATEM qui a fourni toute la pâtisserie.

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MODE

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MODE

de gauche à droite

Clara Body LELEU, Simon VINTAGE, Dadi Total look HACKETT, Audrey Cardigan LES ATELIERS DE LA MAILLE, Jupe PATRIZIA PEPE, Dolores Veste plissée PATRIZIA PEPE, Mo Chemise VANDENVOS, Tamara Robe PINKO, Magali Pull et jupe PAULE K, Chaussures BOSS, Bijoux PASQUALE BRUNI & CASATO.

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DolorEs Robe JEAN PAUL KNOTT, Magali Robe PAULE K, Bijoux PASQUALE BRUNI & CASATO.


Clara Robe PINKO , Simon VINTAGE, Bijoux PASQUALE BRUNI & CASATO.


MODE

En haut à gauche

Tamara Total look PINKO. En haut à droite

Audrey RUE BLANCHE, DADI Chemise et costume BOSS SELECTION.

En bas à gauche

Dolores Robe en cuir et passementerie PAULE K, Bruno Jacquette grise DE CEREMONIE (Anvers), Champagne TREPO LERIGUIER Leriguier proposé en exclusivité chez VITIS VIN DRONGEN, Bijoux PASQUALE BRUNI & CASATO. un grand merci à HUIS DE KEYSER de SINT-MARTENS-LATEM qui a fourni toute la pâtisserie. En bas à droite

Magali Robe PAULE K.

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assise

Dolorès Robe PAULE K. À gauche

Tamara Robe grise SANDRINA FASOLI. À droite

Audrey Robe tunique DIESEL Collants CETTE, Bijoux PASQUALE BRUNI & CASATO, un grand merci à HUIS DE KEYSER de SINT-MARTENS-LATEM qui a fourni toute la pâtisserie.

Infos vente les ateliers de la maille 03 231 50 67 Patrizia Pepe 02 217 35 22 rue Blanche 02 481 50 81 Paule K 02 347 28 85 Boss & boss selection 02 711 06 00 lenny leleu 0479 95 54 99 Vandenvos 03 231 89 93 Pinko 03 231 00 06 Jean Paul Knott 02 514 18 35 Les Hommes 03 485 56 64 boutique@leshommes.com Essentiel 03 201 13 80 Le fabuleux marcel 0474 80 88 09 Sandrina Fasoli 02 343 33 86 Diesel 03 608 40 55 Hackett 02 411 14 14



opiniON

l u c va n d e n b o ss c h e

les donc tous à Canossa, à la suite de Frédéric Barberousse.

Les dernières réminiscences estivales ont migré et le solstice – paré de sa traîtresse blancheur – s’est envolé dans un tourbillon de fête. A présent, le calendrier justinien, qui date de l’époque où les papes savaient encore compter, indique que le temps est venu de rédiger les bilans. Ce que nous faisons pour la dixième fois en ce vingt et unième siècle. Une seule page ne suffirait pas pour inventorier et amortir. Je me bornerai donc à laisser courir ma plume – presque timidement – pour quelques impressions éparses. Autrement dit: remplacer l’aspérité et la stricte beauté des chiffres poétiques par quelques traits de pinceau. L’ébauche d’autres rêveries, des dindes après les fêtes. L’amorce d’un tableau que le lecteur coloriera, voire barbouillera selon son bon vouloir. Conformément à ce que l’on attend de moi, quelques mots donc sur une longue danse des sept voiles tournant autour du pot, un mélange visant à combler les déficits budgétaires, à rembourser les dettes en bons pères de famille et à faire quelques pas de plus dans la réforme de l’Etat. On se croirait dans une série B, avec des scénaristes ratés, qui peinent à trouver des retournements de situation pour terminer la saison, inventant de nouveaux épisodes à grand renfort de cafés serrés et de whiskys bien tassés, sans réussir pour autant à trouver dans leurs réserves des trouvailles toutes prêtes, ou des idées feux d’artifice. Je suis peut-être contrariant de naissance, mais je ne tiens pas à hurler avec les loups. Je m’insurge contre les petites phrases d’aucuns – même si ‘d’aucuns’ sont très nombreux: « pas besoin de gouvernement, puisque tout marche encore, aucune tour n’est encore tombée, aucune pension de retraite n’arrive en retard, jusqu’aux trains qui n’arrivent pas à l’heure, comme d’habitude ». La honte, notre pays est la risée de tous – envoyez-

fuyez le dilemme qui ne tolere aucune concession D’aucuns seront sans doute étonnés, mais la vie des planificateurs financiers n’est pas seulement faite de chiffres. Une page de ce magazine est consacrée à l’opinion d’un collaborateur Optima. Dans ce numéro, le président d’Optima – et ancien ministre – Luc Van den Bossche a un conseil à donner aux formateurs depuis une retraite toute relative.

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L’empereur a battu les cartes. Elles sont tellement bien battues qu’il n’est pas impossible de la jouer solo slim, et que même une petite misère sur table ne peut pas être abattue sans plus. Il ne reste plus qu’à la jouer pauvre, sans véritable vainqueur, et sans perdant aux yeux tristes. “Le compromis de l’irréconciliable”, c’est l’oracle des politicologues dans leurs savants ouvrages. Les joueurs ne peuvent être accusés de ce pauvre jeu, puisque d’autres qu’eux ont battu les cartes... En guise de dessert, la cerise sur ce qui devrait être le gâteau: ils sont allés aux urnes avec un chariot plein à ras bord de vaines promesses. Ils ont gagné des voix sur de nombreux terrains, mais surtout sur autre chose que sur les programmes bien corrects auxquels ils croyaient, eux et leurs membres. Résultat: leurs congrès veulent marquer des points dans la ligne de leur sacrosainte opinion. Et une bonne partie de leur électorat a voté pour eux pour des motifs qui n’ont aucun lien de famille, voire de voisinage, avec ce qui précède. Quoi qu’ils manigancent, soit ils fâchent leur arrière-ban qui a la bonne carte, soit la masse des électeurs indécis est courroucée. A cette époque de winners et de losers, personne n’a le culot d’accueillir la défaite la tête haute. Même si l’histoire devait leur tresser une couronne de lauriers bien des années plus tard. Eh oui, le Corp de presse vit au jour le jour, sans vision du lendemain, et voit une démission dans chaque défaite. Un conseil : fuyez le dilemme qui ne tolère aucune concession, mais qui exige une solution, signez un accord même imparfait, et dirigez-vous tranquillement vers la défaite, tout en sachant que les perdants d’aujourd’hui seront les vainqueurs de demain. Car le calendrier de 2011 compte quatre saisons, lui aussi.


UN HABITAT VERT À DEUX PAS DE BRUXELLES RÉSIDENCE EL TILO A Auderghem, au centre des quartiers résidentiels du sud-est de la capitale, un projet d’habitation unique voit le jour : la Résidence El Tilo, Boulevard des Invalides. L’emplacement idéal du projet – accolé d’un côté à la métropole, Bruxelles, et à deux pas du Bois de la Cambre et de la Forêt de Soignes – souligne l’attrait renouvelé de l’habitat en zone urbaine. Les terrains de sport tout proches et le campus universitaire de l’ULB et de la VUB accentuent encore la dynamique de cet environnement. Mais il n’y a pas que la situation qui compte : dès la phase de conception, les habitants de la Résidence El Tilo ont été au cœur des préoccupations des développeurs. Il faut dire que nos contemporains réclament de plus en plus un habitat à la mesure de l’homme moderne, à l’abri du stress de la vie quotidienne et qui invite aux relations sociales et à la détente. Le choix des matériaux associe ‘durable’ et ‘économie d’énergie’, avec une grande attention portée à la lumière et à l’espace. Bref, une habitation d’aujourd’hui qui intègre les tendances de demain.

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