Capital 15

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DOUBLE interview

Banco Inversis analyse

L’effet Papillon le point sur la situation

Voiture de société REPORTAGE

Attelages de chevaux au Limbourg MOBIlite

Porsche 911

capital15 magazine optimabanque

DES BELGES QUI ONT UN PLAN

Dick Vande Vyvere, pionnier du fitness

annee Iv

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ickx – Pilote de Rallye belge –

“Aller de l’avant, toujours et partout.”


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capital15 Chez Optimabanque aussi, on travaille dur, et pas seulement pour nos auditeurs et nos fiscalistes, chargés d’adapter la nouvelle législation en conseils concrets et durables. Mais aussi à l’extension de notre gamme, grâce à une offre de ser­ vices bancaires qui n’a pas son pareil en Belgique. Comment nous y prenonsnous ? C’est ce que vous découvrirez plus loin dans cette édition de Capital.

La réussite est la récompense d’un dur labeur. C’est en tout cas ce qui ressort des témoignages recueillis depuis plu­ sieurs années par Capital auprès d’entre­ preneurs et titulaires de profession libé­rale. Il n’en va pas autrement dans la présente édition. Que ce soit derrière le comptoir d’un commerce de fruits et lé­ gumes, en tant que chirurgien sous les lampes de la salle d’opération ou comme pilote au volant d’une voiture de course, travailler dur, vous connaissez ! Et si vous agissez ainsi, c’est parce que vous voulez sécuriser votre avenir et celui de vos enfants. Ce travail est à l’origine du bienêtre dont nous jouissons tous. Travailler dur n’est cependant pas tou­ jours suffisant. Les certitudes d’antan ont disparu et le monde de la finance est de plus en plus complexe et volatile. Aujourd’hui, on peut considérer l’épargne comme étant une discipline à part entière et tout change également dans votre propre vie. Exiger un plan financier équilibré à la

mesure de vos attentes et qui tient compte de la complexité de ce nouvel environne­ ment ne constitue pas un luxe superflu. Ce plan vous permettra, aujourd’hui ou plus tard, de pleinement recueillir les fruits de ce dur labeur.

Sinceres salutations, Philip De Hulsters Administrateur Optimabanque

EDITEUR RESPONSABLE : Jeroen Piqueur, Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. Redacteur en chef : Jeroen Lissens, jeroen.lissens@optima.be, 09/225.25.71. COORDINATION : Lara Van Ginderdeuren. Redaction : Kiki Feremans. conception et mise en page : Veerle Verbrugge, veerle@eastvillage.be. ADRESSE DE LA ReDACTION : Capital p/s Optimabanque SA Keizer Karelstraat 75, 9000 Gand. ONT COLLABORe a CE NUMeRO : Adrien Biquet, Christina Boesen, Guillaume Breyne, Luk Coupé, Ingmar Criel, Iris De Feijter, Philip De Hulsters, Lies De Mol, Wim De Poorter, Charlotte De Schuyter, Nils De Vriendt, Ethel Desmasures, Lieven Dirckx, Valérie Du Pré, Peter Goossens, Brigitte Hendrickx, Marc Holthof,

Outre des informations utiles, il nous tient à coeur de vous procurer des sour­ ces d’inspiration à propos des bonnes choses de la vie : une bouffée d’adrénaline au volant avec Vanina Ickx, la quête de la sérénité avec les conseils les plus époustouflants pour vos voyages, quel­ ques instants de relaxation dans les con­ cepts de spa les plus innovants… Vous apprendrez même à mener un attelage dans toutes les règles de l’art. Et bien plus encore. Bref, l’inspiration après la transpiration ! Parce que – fort heureusement – la vie c’est bien plus que travailler dur.

Guy Kokken, Bart Lenaerts, Salvador Martin, Debbie Pappyn, Koen Petit, Lieven Van Assche, Saskia Vanderstichele, Thomas Vanhaute, Corinne Vanschoorisse, Heikki Verdurme, Bert Voet, Thomas Weyts. Copyrights : Tous droits réservés. Aucun extrait de ce magazine ne peut être repris ni reproduit d’une quelconque manière sans l’autorisation expresse du rédacteur en chef et de l’éditeur respon­sable. TRADUCTION : Brigitte Hendrickx. IMPRESSION : Stevens Print NV. Ce magazine a été imprimé sur Arctic Paper avec certification FSC. Couverture : Vanina Ickx, photo : Lies De Mol. Indien U in de toekomst liever de Nederlandse editie ontvangt, gelieve zich te wenden tot info@optima.be

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SO M M A I R E

13 D’UNE IMPORTANCE CAPITALE 3 professionnels à propos de leur passion. L’artiste Daisy Boman, le chirurgien plasticien Phillip Blondeel et la chef d’entreprise dans la mode Ségolène Gallienne.

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reportage

reportage

Wim De Poorter Meneur d’attelage.

Une viande mûrie sur place. Hendrik Dierendonck remet sur la carte la race bovine de Flandre Occidentale.

DES BELGES QUI ONT UN PLAN Dick Vande Vyvere. Un pionnier du fitness.

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47 

nice to know, nice to have Réservez vos vacances dès aujourd’hui. 

50 MOBILITE

Porsche 911. Un chiffre magique.

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MON PLAN Rudi Francken. Le fondateur de Team Performance.

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elle fait parler d’elle Vanina Ickx, Pilote de rallye belge.

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UN CLIENT RACONTE Les produits frais Deketelaere. L’entreprenariat à l’état pur.

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SO M M A I R E

capital15

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Double interview

Un choix de solutions unique en Belgique.

20 analyse

L’effet papillon.

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LE POINT SUR LA SITUATION La nouvelle fiscalité. Voiture de société.

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Loisirs Les délices de la vie.

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Opinion La valeur d’un plan.

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li f e s t y le

n i c e t o k n o w, n i c e t o h av e

réservez vos vacances Vous êtes du genre à fuir toute forme de littérature pendant les mois d’été ? Ou plutôt à dévorer une pile de bestsellers en paressant dans votre fauteuil au soleil, avec le marque-page dans la main et les yeux rivés sur des histoires dont le suspense vous tient en haleine jusqu’au bout ? Quelles que soient les vacances que vous réservez, Capital vous garantit l’inspiration et un look d’enfer.

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le capital 1

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li f e s t y le

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MoN PL AN

P O U R R U D I F R ANCKEN , G O L F R I M E AVEC L EA D E R S HI P

‘Diriger, c’est comme jouer au golf’ Coach leadership, licencié en éducation physique, joueur de golf assidu, consultant en organisation, préparateur mental de joueurs de golf de haut niveau : Rudi Francken est tout cela et bien plus encore. Le fondateur de la société de coaching Team Performance a lancé l’année dernière un nouveau département, Birdie Leadership. C’est également le titre de l’ouvrage qu’il a consacré aux parallèles entre golf et leadership, et dont la traduction anglaise est attendue prochainement. TEXTE Iris De Feijter

Direction, structure et participation, c’est en quelque sorte le PGA des dirigeants. »

Comment arrivez-vous a faire rimer leadership et golf ? « J’ai découvert le golf il y a trois ans. Plus que tout autre sport, le golf me confronte avec moi-même. C’est probablement lié au fait que ce sport est plus mental que phy­ sique. Plus j’approfondissais le golf et plus je découvrais les points communs existants avec le modèle de leadership que j’ai moimême développé il y a quelques années. » Mais pourquoi le golf et pas le foot, ou le tennis ? «  Pendant un match de foot ou une par­ tie de tennis, on est happé par le jeu, alors qu’au golf – compter 4,5 heures pour un par­ cours – on a beaucoup de temps pour ré­ fléchir. C’est sur le green que les golfeurs montrent leur vrai visage. Ils passent par tous les stades : patience, énervement, frus­ tration, besoin de tout maîtriser… C’est pas­ sionnant à observer. Un golfeur est seul avant chaque coup, même si son caddy le conseille sur l’état du terrain, des côtes et des holes. Un dirigeant s’entoure lui aussi de spécia­ listes qui lui tendent le club adapté, même si en fin de compte il est seul à prendre la dé­ cision. Les métaphores liées au golf m’aident à faire passer mon message, plus vite et plus efficacement. »

Rudi Francken

En quoi votre ouvrage se distingue-t-il des innombrables livres publies sur la question ? « La plupart des ouvrages traitent d’un seul aspect du leadership, alors que je me suis efforcé de présenter une vision globale. De plus, je suis revenu à la notion première du leadership. Lorsque pour une raison ou une autre, le déséquilibre menace un golfeur, ce­ lui-ci en revient toujours au principe de base du Posture Grip Alignment (PGA). Il recti­ fie son attitude, sa manière de tenir le club et sa position face à l’objectif. Les dirigeants ont eux aussi besoin de quelque chose à quoi se raccrocher quand les choses tournent mal.

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Pouvez-vous nous en dire plus ? « Un bon dirigeant doit tout d’abord indiquer la direction à prendre – comprenez qu’il doit veiller à ce que tout le monde se range sous la bannière de l’entreprise. Pour prendre la bonne direction, il faut une certaine struc­ ture. Pour cela, il faut que la bonne personne se retrouve au bon endroit, et il faut égale­ ment veiller aux facts and figures. Enfin, un dirigeant doit faire en sorte que son per­ sonnel participe et soit motivé. Ces trois élé­ ments représentent les trois facettes du lea­ dership : le rôle de leader (mental), de mana­ ger (physique) et de coach (émotionnel). » Quelle est l’erreur la plus frequemment commise par les dirigeants ? « L’ego représente certainement la principale barrière à une gestion réussie. Celui qui se re­ trouve dans une position de leader tient à la conserver. De ce fait, les dirigeants font – sou­ vent inconsciemment – de la résistance face au changement. Il est très difficile de lâcher son ego. Pourtant, seuls les leaders qui sont à l’écoute, qui nouent des contacts, qui se re­ mettent en question et qui tâtent le terrain en continu obtiennent des résultats durables. »


DOU B L E i n te r v ie w

Pl a n i f ic at ion f i n a nc i e r e e n 2012

« Un choix de solutions unique en Belgique » Optimabanque continue d’innover en Belgique au travers d’un partenariat exclusif avec la banque espagnole Banco Inversis. Nos clients auront ainsi accès à un nombre impressionnant de possibilités d’investissement sur mesure, en fonction de leur situation personnelle et de leurs projets. Philip De Hulsters, membre du Comité de direction d’Optimabanque, et Salvador Martin, directeur général des activités internationales d’Inversis, détaillent leur projet. TEXTE jeroen lissens | PHOTO Saskia Vanderstichele

s alva d o r ma r ti n

Directeur général des activités internationales d’Inversis. P h ilip d e h u l s te r s

Membre du Comité de direction d’Optimabanque,

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DOU B L E i n te r v ie w

«  Le fait qu’Optimabanque et Banco Inversis se soient associées pour créer ensemble ce partenariat n’est pas le fruit du hasard », explique Philip De Hulsters. « Lorsque nous avons ouvert notre bu­ reau à Madrid, en 2009, et proposé aux Espagnols notre offre innovatrice de pla­ nification financière, nous savions que nous devions trouver des partenaires lo­ caux connaissant bien le marché. Nous avons noué un premier partenariat avec Grupo Leo, un bureau de conseillers fis­ caux qui est rapidement devenu notre base opérationnelle. »

“Un fonds n’est bon que

lorsqu’il se trouve chez le bon client.” SALVADOR MARTIN

Optimabanque s’est ensuite mise en quête d’un partenaire bancaire. « Nous recher­ chions un partenaire flexible, à taille hu­ maine, qui puisse participer à notre ré­ flexion. Nous souhaitions que l’entreprise soit dotée d’un actionnariat diversifié et qu’elle soit de préférence indépendante de grands groupes financiers. Mais prin­ cipalement, nous voulions un partenaire qui place le client au centre de ses préoc­ cupations, bien avant les produits. Bref, un partenaire qui nous ressemble. Toutes ces caractéristiques, nous les avons trou­ vées chez Inversis. L’excellente collabo­ ration avec Optimabanque en Espagne a été le point de départ de leurs projets en Belgique. » Salvador Martin :  «  Pour nous aus­ si, il était important de trouver un par­ tenaire avec lequel nous nous sentions sur un pied d’égalité, tant au niveau de l’approche stratégique que de la taille de l’entreprise. Avec 340 collaborateurs et un bilan d’environ 1,5 milliard d’eu­ ros, nous sommes très proches d’Opti­ mabanque. »

Le nom Banco Inversis vient du mot « investir » (inversión) en espagnol. Le groupe gère une plateforme IT de di­ mension européenne, qui commercialise et distribue des fonds d’investissement. Offrant uniquement des solutions d’in­ vestissement, la banque n’est donc pas exposée au risque que représentent les

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DOU B L E i n te r v ie w

Optima

expertise

Qui est Banco Inversis ? Créée en 2000, Banco Inversis est une banque relativement «  jeune  ». Elle est la réponse d’un certain nombre de grands groupes de services espagnols à la globalisation et à l’infor­ matisation rapides du secteur bancaire ces dernières années. Dans ce contexte, les investis­ seurs recherchent de plus en plus des fournisseurs de ser­ vices financiers qui ne vendent pas leurs propres produits, mais font une sélection parmi l’offre globale du marché. C’est ainsi que des produits de tiers, parfois même de concur­ rents (des fonds par exemple), peuvent faire partie de cette offre. Dans le jargon financier, on parle d’architecture ouverte. Le concept novateur d’Inversis en Espagne a suscité beaucoup d’intérêt. Le géant des télécoms Telefonica, le distributeur El Corte Inglès, le groupe industriel Indra, ainsi qu’un certain nombre de banques espagnoles, en sont devenus actionnaires. A la lumière de la crise récente, cela s’est avéré être une bonne décision. Etant donné que Banco Inversis n’accorde pas de crédits (hypothécaires), la nouvelle plateforme fait partie du nombre restreint de banques espagnoles épargnées par la crise financière qui a frappé durement le pays. En Espagne, Banco Inversis s’adresse directement aux clients, à travers une dizaine de bureaux et un réseau d’agents indépendants, dont fait partie le bureau d’Optimabanque à Madrid. Sur son marché domestique, Banco Inversis compte 65 000 clients et gère un portefeuille d’actifs de plus de 4 milliards d’euros. Outre cette offre directe

“Nous voulions principalement un partenaire qui place le client au

centre de ses préoccupations.” PHILIP DE HULSTERS

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g [ suite à la page 12 ]


DOU B L E i n te r v ie w

Optima

expertise

en Espagne, Inversis souhaite étendre sa plateforme de transactions « ouverte » dans l’ensemble de l’Europe. Cette activité est gérée par sa division institutionnelle, qui travaille pour d’autres clients. La Belgique, où le groupe a signé un accord d’exclusivité avec Optimabanque, est le premier marché à bénéficier de cette offre. L’accord de partenariat procure à Optimabanque l’accès à un panel inégalé de fonds sur mesure, destiné aux clients particuliers. Ces fonds sont souvent tout simplement inconnus ou inaccessibles pour la plupart des investisseurs. www.inversis.com

Optimabanque en Espagne Malgré la crise économique et l’éclatement de la bulle immobilière, certains particuliers espagnols fortunés ont pu échapper aux turbulences du marché. Ce constat est surtout valable pour la région de Madrid, riche de 6 à 7 millions d’habitants. Philip De Hulters, membre du Comité de direction d’Optimabanque, explique : « De plus en plus de citoyens espagnols s’intéressent au concept de planification financière. Pour la plupart d’entre eux, savoir quels produits ils doivent acheter ne suffit plus. Ce qu’ils souhaitent savoir, c’est comment structurer au mieux leurs avoirs selon un plan individuel sur mesure, basé sur leur situation personnelle et sur leurs projets. Une situation comparable à ce que nous voyons aujourd’hui en Belgique. Chaque mois, une trentaine de particuliers fortunés viennent frapper à la porte de notre bureau de Madrid. Ils sont tous à la recherche d’un accompagnement sur mesure et d’un plan qui les guidera dans leur projet de vie. » www.optimafp.es

activités de crédits ou de prêts hypothé­ caires. Banco Inversis ne développe pas ses propres produits ; elle se contente de gérer les actifs des clients. Cela ne signifie pas pour autant que Banco Inversis est un acteur modeste (voir en­ cadré). La division des services aux in­ vestisseurs institutionnels (qui travaille pour d’autres institutions telles qu’Op­ timabanque) sert 85 clients qui repré­ sentent des avoirs de 40 milliards d’eu­ ros. En Espagne, Inversis compte par­ mi ses clients des noms tels que Lloyds, Citibank et Banca March. Dans le reste de l’Europe, la banque a des ambitions aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Scandinavie. « Notre projet en Belgique est le premier projet de sous-traitance totale », ajoute Salvador Martin. La plate­ forme d’Inversis sera intégrée à la plateforme IT de la Banque Ethias, acquise par Optima. «  Grâce à ce partenariat, les clients d’Optimabanque auront le choix par­ mi de nombreuses solutions inédites en Belgique », poursuit Philip De Hulsters. « En plus de l’accompagnement que nous offrons à nos clients dans les domaines de l’assurance, de l’immobilier et des conseils sur mesure (par exemple dans le cadre de la transmission et de la reprise d’une entreprise familiale), nous offrons désormais une gamme étendue de solu­ tions bancaires. Ces produits forment le dernier maillon de notre chaîne de pro­ duits et services financiers, si bien que nous disposons aujourd’hui d’une offre à 360°. » Concrètement, Inversis s’est spécialisée, au fil des années, dans le développement d’une offre de fonds, que la banque sélec­ tionne parmi 40 000 fonds disponibles. Cette sélection s’effectue sur base d’ana­ lyses approfondies portant sur la quali­ té, le rendement et le niveau de risque de chaque produit. Quand un fonds estil jugé acceptable ? « Nous considérons qu’un fonds est bon lorsqu’il est bien gé­ ré et qu’il correspond au profil de risque

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de notre client », répond Salvador Martin. « Notre raisonnement, c’est qu’un fonds n’est bon que lorsqu’il se trouve chez le bon client. Il est essentiel qu’un porte­ feuille de fonds soit constitué sur base du profil de risque et de l’horizon d’investis­ sement du client. Avec les années, nous avons développé une véritable expertise dans l’analyse de fonds, grâce à notre collaboration avec Morningstar (le plus grand bureau d’analyse indépendante en matière d’investissement, ndlr). Nos spécialistes font un choix – souvent les meilleurs produits – parmi la sélection de l’agence spécialisée Citywire. Chaque année, nous évaluons plus de mille ges­ tionnaires de fonds. Ces produits cor­ respondent-ils à la description qui en est faite dans les brochures ? Comment les risques sont-ils contrôlés ? Comment les fonds sont-ils gérés ? Sont-ils dyna­ miques ou suivent-ils tout simplement les indices ? On ne peut répondre à ces questions qu’en effectuant un suivi approfondi. » Profil de risque, connaissance du client, horizon d’investissement : autant de concepts familiers aux spécialistes de la pla­ nification financière. « Les clients espa­ gnols d’Optimabanque ont des profils d’investisseurs très proches de ceux de nos clients belges », constate Philip De Hulsters. « Ce sont des personnes qui tra­ vaillent beaucoup, ont l’esprit d’entre­ prise et, le plus souvent, disposent de peu de temps. Ils sont à la recherche de conseillers indépendants qui analysent en détail leur situation financière et qui viennent avec des propositions et des so­ lutions concrètes, sur mesure, répondant à leurs besoins spécifiques. La crise fi­ nancière et les incertitudes qui planent sur l’ensemble de l’Europe ont encore renforcé le besoin de pouvoir s’appuyer sur un plan financier solide. Le maintien du niveau de vie et la protection de ce que nos clients ont construit tout au long de leur vie, sont devenus prioritaires. Gérer les risques intelligemment, c’est de cela qu’il s’agit désormais en matière d’inves­ tissement. »


D ’ UN E I M P OR TA N C E C A P I TA L E

3 pr o f e ss i o n n e ls a pr o p o s d e l e ur pa ss i o n

D’UNE

IMPORTANCE

CAPITALE p h illip bl o n d eel

Dai s y B o ma n

Se g o le n e Gallie n n e

Daisy Boman, Phillip Blondeel et Ségolène Gallienne à propos de ce qui les passionne. Ce à quoi ils accordent une importance capitale et attribuent leur succès. Après tout, l’argent ne fait pas le bonheur. TEXTE Iris De Feijter | PHOTOS guy kokken

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D ’ UN E I M P OR TA N C E C A P I TA L E

l’artiste

DAISY BOMAN « Adolescente, j’ai suivi une formation artistique avant de m’inscrire à l’académie, mais je n’en ai jamais fait mon métier. Ma carrière artistique n’a démarré que dans les années 80, lorsque je suis partie avec ma famille en Afrique du Sud. Mon mari est architecte ; il avait, à l’époque, peu de travail en Belgique, alors que l’Afrique du Sud réclamait des représentants de cette profession. Nous avons vécu cinq ans à Johannesbourg, sans jamais avoir été réellement confrontés à l’apartheid. »

“ Il a fallu vingt ans avant que je puisse

vivre de mon art.”

« De retour en Belgique, j’ai hésité à continuer mon métier d’artiste. Jusqu’à ce que je rencontre Germain Demeurisse de la galerie d’art Minotaurus à Bruges. Il était enthousiaste à propos de mon travail et m’a encouragée à persévérer. C’est durant cette période que j’ai créé mon ‘bomanhomme’ : une représentation universelle de l’homme qui est devenue ma marque de fabrique. Tous ces petits hommes se ressemblent. En d’autres mots : tout le monde est identique. Blanc ou noir, homme ou femme. Les bonamhommes ont une tête carrée sans visage, car nous sommes tous conditionnés par une société qui nous endoctrine. Après toutes ces années, je ne me suis pas encore lassée de mes bomanhommes. Ils agissent comme des briques qui me permettent à chaque fois de construire quelque chose de neuf. On peut dire que le bomanhomme est devenu mon moyen d’expression, au lieu de l’argile. »

inspiration. « Je suis continuellement penchée sur mon travail : de tôt le matin à tard le soir. Même la nuit, je me réveille parfois pour noter une idée. J’ai un atelier à la maison, si bien que mon travail et ma vie privée s’entremêlent complètement. Cette situation me plaît beaucoup. Mais je ne demande jamais conseil à mon mari. Mon art doit venir à 100% de moi-même, sinon je ne suis pas satisfaite après coup. Il a fallu vingt ans avant que je puisse en vivre. C’est un fameux investissement, que tout artiste débutant ne peut pas se permettre longtemps. C’est pourquoi je suis une grande partisane des subsides pour les jeunes talents. » « Je trouve surtout l’inspiration en moi-même. Je ne visite pas beaucoup d’expositions, mais le salon artistique Art Basel figure depuis des années à mon agenda. Malheureusement, mon budget est encore trop modeste que pour pouvoir y acheter quelque chose. J’espère que ce sera le cas dans quelques années. 2011 a été une très bonne année. Je n’ai, jusqu’à présent, pas souffert de la crise, notamment grâce à ma récente collaboration avec une galerie à Londres. Les responsables de cette galerie m’ont permis de faire connaître mon travail au niveau international, même s’il y a beaucoup de contreparties. Ils avaient un droit exclusif sur les ventes mondiales, prélevant 75% sur le prix de vente et me poussant à produire beaucoup d’œuvres. Heureusement, le contrat a été adapté en janvier et ils ne distribuent plus mes œuvres qu’en Angleterre. J’ai, à présent, repris le contrôle des ventes au niveau mondial. Je suis en discussion avec des galeries en Finlande et à Singapour. Ce côté commercial n’est pas la partie de mon métier que je préfère. Mais si vous ne voulez pas rester cantonné à votre ville, c’est un mal nécessaire. »

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Daisy Boman a étudié le dessin publicitaire et l’architecture d’intérieur, mais travaille depuis plus de 30 ans comme artiste. Elle est surtout connue pour ses ‘bomanhommes’ : des représentations d’hommes rudimentaires, sans visages, réalisées en céramique blanche. Elle vend ses œuvres dans le monde entier.


D ’ UN E I M P OR TA N C E C A P I TA L E

Le chirurgien plasticien

phillip blondeel “Toute personne qui vient me voir est un patient,

non un client.”

« En chirurgie plastique, on marque une nette distinction entre les interventions qui ont un but esthétique et celles qui ont une finalité reconstructive. Dans les interventions de chirurgie esthétique, des personnes en bonne santé se font opérer volontairement. La chirurgie reconstructive, en revanche, entend corriger des malformations ou des anomalies : c’est de la médecine à l’état pur. Aux cliniques universitaires (UZ) de Gand, nous effectuons les deux types d’intervention, même si l’accent est clairement mis sur les reconstructions exceptionnelles et complexes. Telle est d’ailleurs la vocation d’un hôpital universitaire. Hélas, de telles interventions sont déficitaires. Nous compensons ce manque à gagner par des opérations esthétiques lucratives. Toute personne qui vient me voir est un patient, non un client. Autrement, il s’agirait d’une relation purement commerciale, ce qui n’est pas le cas bien entendu. Même dans le cas de corrections d’ordre esthétique, j’ouvre un corps humain. C’est un acte chirurgical pour lequel je suis tenu de respecter l’éthique médicale et la réglementation. »

éthique. « Lorsque j’ai décroché mon diplôme, j’ai dû faire un choix important : allais-je embrasser une carrière dans le privé ou dans le monde académique ? Un professeur me donna alors un conseil plein de bon sens : « Tu peux toujours passer de la chirurgie reconstructive à la chirurgie esthétique, mais jamais l’inverse. » Je n’ai plus hésité. Je ne suis pas devenu chirurgien plastique parce que j’en avais toujours rêvé : ce n’est qu’au cours de mes études universitaires que je me suis intéressé à cette spécialité. Je sais travailler de mes mains et j’aime m’adonner à des occupations artistiques. La chirurgie plastique est la seule branche de la médecine qui permet une part de créativité. Chaque sein est différent et toute reconstruction consiste donc à mettre en forme et à modeler. C’est ce qui rend mon métier fascinant et stimulant. » Phillip Blondeel est une sommité mondiale en matière de reconstruction mammaire. Ainsi, il a développé voici 20 ans une nouvelle technique pour la transplantation de tissus, technique reconnue aujourd’hui comme la norme en la matière. En décembre 2011, il a effectué la première greffe de visage en Belgique. Phillip Blondeel est attaché aux cliniques universitaires UZ de Gand.

« Lorsque le scandale des implants PIP bon marché a éclaté, le cliché de l’argent facilement gagné a rapidement refait surface. Heureusement, on a beaucoup parlé, au même moment, de la première greffe de visage en Belgique, que j’ai réalisée. Le grand public a ainsi pu voir que les chirurgiens plastiques s’occupent bel et bien de choses sérieuses. Sur le plan personnel, cette transplantation fut un moment exceptionnel. Durant les longues années de préparation, il nous est arrivé d’éprouver du stress, mais autour de la table d’opération, tous les intervenants étaient extrêmement calmes. » « La chirurgie plastique souffre d’un problème d’image. À cause des médias, le grand public s’imagine que l’argent et les belles voitures priment sur l’approche sérieuse de la chirurgie. Avec l’association des chirurgiens plastiques, nous entendons combattre ces abus. C’est comme ça que nous avons obtenu l’interdiction de faire de la publicité et qu’une proposition de loi concernant les cliniques privées a été introduite. Ces cliniques sont entourées, aujourd’hui, d’un flou juridique. Pour le titre de chirurgien plastique également, nous voulons que des règles plus sévères soient édictées. Actuellement, cette spécialisation est prétendument protégée, mais la loi permet à tout médecin diplômé d’effectuer n’importe quelle opération. Un généraliste qui procède à une liposuccion ? C’est tout à fait légal. Il faut que cela change. »

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D ’ UN E I M P OR TA N C E C A P I TA L E

chef d’entreprise dans la mode

SeGOLeNE GALLIENNE « Ma famille est surtout active dans l’‘économie lourde’, mais j’ai toujours rêvé de travailler dans un domaine présentant une touche de glamour, comme la mode, les produits de beauté, les vêtements pour enfants ou l’art. Mon diplôme en poche, alors que j’avais à peine une vingtaine d’années, j’ai travaillé quelque temps pour la Société Nationale à Portefeuille (SNP) de mon père Albert Frère. Ce fut une expérience enrichissante, mais qui ne répondait pas réellement à mes aspirations. Je suis ensuite devenue responsable RP chez Belgacom, puis directrice de la communication de la division ‘joaillerie’ de Dior. Je continue néanmoins à siéger au conseil d’administration de l’entreprise familiale. La marque pour enfants CdeC est l’idée de ma cousine par alliance Cordelia de Castellane. Elle a lancé la marque en 2006 et recherchait une partenaire d’affaires, qui avait les deux pieds sur terre. J’ai tout de suite été enthousiasmée par le projet. Je venais de devenir mère et grâce à CdeC, j’ai eu plus de temps à consacrer à mes proches. Travailler en collaboration avec la famille est fantastique. Cordelia et moi sommes parfaitement complémentaires. Elle est directeur artistique, tandis que je m’occupe des volets commercial et financier. Je ne me mêle jamais de la conception de ses collections et elle me laisse gérer la stratégie et le marketing. » « Mes enfants sont toujours habillés de pied en cap en CdeC – à l’exception des jeans et des chaussures. En tant que maman, j’accorde une grande importante au côté pratique des vêtements d’enfants. Une petite robe pour bébé est souvent charmante accrochée à un cintre, mais quand votre petite fille la porte, on voit surtout le lange qui dépasse. C’est moins chic ! C’est pourquoi nous ne concevons que des pantalons pour les moins de deux ans. Comme les vêtements pour enfants s’usent très vite, nous voulons que la marque CdeC soit abordable. Faire un trou dans un pantalon de € 30, c’est regrettable, mais ce n’est pas un drame. Afin de maintenir des prix raisonnables, nous produisons la majeure partie de nos collections en Asie, et le reste vient du Portugal. »

“Peu après que Cordelia et moi avons démarré l’entreprise, CdeC

n’était pas particulièrement rentable. Mon père se serait certainement fait du souci.”

enthousiasme. « Cordelia et moi avons démarré l’entreprise très modestement. Nous n’avions pas de magasins, mais organisions des ventes privées CdeC chez des amis. Aujourd’hui, nous comptons une centaine de points de vente partout dans le monde, dont 13 magasins détenus en propre. Nos boutiques sont actuellement concentrées sur le marché européen, que nous connaissons le mieux. Mais nous allons prochainement ouvrir une boutique à New York. Je demande parfois conseil à mon père, mais il n’est pas impliqué financièrement dans CdeC. C’est quelqu’un qui veut tout contrôler. Il ne serait donc pas judicieux de le laisser investir dans CdeC. Peu après que Cordelia et moi avons démarré l’entreprise, CdeC n’était pas particulièrement rentable. Il se serait certainement fait du souci. Lorsque mon frère est décédé en 1999, nous avons créé avec la famille la Fondation Charles-Albert Frère. Celle-ci aide les enfants qui souffrent de problèmes physiques, mentaux ou sociaux. Nous avons créé un hôpital de jour qui propose des soins intensifs et un accompagnement. Par ailleurs, nous codirigeons avec l’Université Catholique de Louvain-La-Neuve, une ‘maison de répit’ où nous accueillons des enfants en phase terminale. Cela permet à leurs parents de souffler un peu et de pouvoir partir en vacances avec le reste de la famille. En Grande-Bretagne et au Canada, de telles maisons sont relativement courantes, mais en Belgique, le concept est encore assez neuf. Nous espérons bientôt en ouvrir une autre à Anvers. Nous proposons également des services d’hippothérapie, qui apportent un mieux-être aux enfants par le contact avec les chevaux. De tels projets me tiennent fortement à coeur, ainsi qu’à ma famille. Il est extrêmement enrichissant de pouvoir aider des personnes qui ont eu moins de chance que nous. »

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Après avoir travaillé chez Belgacom et Dior, Ségolène Gallienne a lancé, en 2006, la marque pour enfants CdeC avec sa cousine Cordelia de Castellane. Ségolène Gallienne est la fille d’Albert Frère.


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L e pay s a g e f i s c a l b e lg e

Le dirigeant d’entreprise victime de l’« effet papillon » « Un simple battement d’ailes de papillon peut-il déclencher une tornade à l’autre bout du monde ? ». Selon Edward Lorenz, oui. Les décisions du gouvernement papillon auront-elles de tels effets ? De prime abord, les premières mesures Di Rupo n’apportent pas de grands bouleversements dans l’approche de la fiscalité belge. Pourtant, à y regarder de plus près, il semblerait qu’une (r)évolution se prépare ! TEXTE Adrien Biquet, tax advisor et Corinne VanSchoorisse, tax auditor PHOTOS Lieven Van Assche

Fidèles à notre analyse basée sur quatre piliers, nous évo­ quons certaines mesures qui impacteront à l’avenir le patri­ moine, la succession, les reve­ nus et la pension du dirigeant d’entreprise.

Adrien Biquet

Corinne Vanschoorisse

Patrimoine Les revenus immobiliers épargnés La taxation des revenus immo­ biliers n’a pas (encore) été modi­ fiée, même si l’accord de gouver­

“Les règles relatives au précompte mobilier ont connu une petite

révolution.” [ CAPITAL 15 ]

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nement prévoit, qu’à l’avenir, le pouvoir d’octroyer des réducti­ ons et crédits d’impôts touchant à la fiscalité immobilière sera régionalisé. Les nouveaux dé­ crets régionaux pourraient en­ trer en vigueur à partir de 2014. L’épargne plus lourdement taxée En revanche, la fiscalité des re­ venus mobiliers a été fortement revue, notamment en ce qui concerne la taxe sur les opéra­


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tions de bourse (TOB), le pré­ compte mobilier. Par ailleurs, une cotisation supplémentaire sur les revenus mobiliers et une taxe sur la conversion des titres au porteur ont été instaurées. Taxes sur les opérations de bourse S’agissant des TOB, leur taux a été augmenté de 30%. Désormais, l’achat et la vente de

La révolution réside dans la communication obligatoire du montant des revenus mobiliers payés à un point de contact cen­ tral tenu au SPF Finances ainsi que dans l’obligation de décla­ rer à l’impôt des personnes phy­ siques les revenus qui n’ont pas subi la cotisation supplémen­ taire. Progressivement, le pré­ compte mobilier perd donc son caractère libératoire.

Leterme » De même, les dividen­ des taxés précédemment à 25% le restent. D’autre part, dans le but de taxer les hauts revenus, le gou­ vernement crée un nouvel im­ pôt, appelé « cotisation supplé­ mentaire sur les revenus mo­ biliers  ». L’idée est de perce­ voir une taxe de 4% sur les re­ venus précomptés à 21%, lors­

Taxe sur la conversion des titres au porteur Enfin, notons l’instauration d’une taxe sur la conversion des titres au porteur. Le taux de celle-ci s’élève à 1%, si la conversion a lieu dans le courant de l’année 2012. Il sera de 2% en 2013.

“Progressivement, le précompte mobilier

perd donc son caractère libératoire.”

fonds publics sont taxés à con­ currence de 0,22% (0,09% par exception). L’achat et la vente d’actions de capitalisation sont imposés à 0,65%. L’ajustement budgétaire de mars prévoit qu’à l’avenir, ces taux seront relevés à respectivement 0,25% et 1%. Toutefois, l’ensemble des taxes TOB perçues par contribuable en 2012 ne peut dépasser € 650 pour les opérations visant des fonds publics et € 975 pour les opérations relatives à des acti­ ons de capitalisation. Précompte mobilier et cotisation supplémentaire de 4% Les règles relatives au précomp­ te mobilier ont connu une peti­ te révolution. D’une part, le taux du précomp­ te a été relevé de 15% à 21% sur les intérêts et les dividendes. Par exception, les intérêts des comptes d’épargnes, exonérés à concurrence de € 1 830, sont précomptés à 15%, tout com­ me les intérêts des « bons d’Etat

que l’ensemble des revenus mo­ biliers – intérêts et dividendes – dépasse € 20 020 (en 2012). De la sorte, la charge fiscale pesant sur ces revenus atteindra 25%.

Revenus Les avantages de toute nature moins… avantageux ? Les dernières réformes n’ont pas épargné le dirigeant d’entreprise. Les modes alternatifs de rémunération tels que les avan­ tages de toute nature (ATN) voient leur évaluation forfaitaire majorée. C’est ainsi que la mise à disposition d’une maison à un dirigeant est 90% plus chère que par le passé. L’évaluation de la fourniture d’électricité et de chauffage à un dirigeant subit une augmen­

La perception de la cotisation peut se dérouler de deux ma­ nières alternatives. Soit la taxe est retenue avec le précomp­ te mobilier, et dans ce cas, si le plafond n’a pas été dépassé, l’intéressé peut réclamer le sur­ plus d’impôt par l’intermédiaire de sa déclaration à l’impôt des personnes physiques (IPP). Soit vous choisissez un prélève­ ment de 21%. Le prélèvement de la cotisation de 4% aura alors lieu sur base de la déclaration obligatoire des revenus mobi­ liers à l’impôt des personnes physiques. En plus de cette obligation de déclaration, le débiteur devra communiquer le montant des revenus mobiliers à un point de contact central du SPF Finances.

tation de 11%. En outre, la mé­ thode de calcul de l’évaluation de l’ avantage en nature d’une voiture de société est revue à la hausse. La nouvelle formu­ le se base sur la valeur cata­ logue (souvent plus élevée que la valeur facturée) du véhicu­ le et sur son taux d’émission de CO2. La perte de valeur due à l’ancienneté du véhicule est pri­ se en compte à concurrence de 6% par an, plafonnés à 30%. De plus, l’attribution de stockoption est à présent plus lour­ dement imposée. Lisez plus à ce propos page 36. TVA sur les notaires et huissiers Une mesure frappera indistinc­ tement tous les contribuables :  l’assujettissement des notaires et huissiers de justice au régime de la TVA. Le taux de cette taxe s’élève à 21%.

Succession Au sein du « pilier succession », peu de modifications ont été ap­ portées par les différentes réfor­ mes fiscales intervenues depuis décembre 2011. Cependant, il nous a semblé important de re­ lever deux modifications, l’une en Région Wallonne et l’autre en Région Flamande.

“Les dernières réformes

n’ont pas épargné le dirigeant.”

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Augmentation des droits de donation mobilière de 10% en Région Wallonne La Région Wallonne a procé­ dé à une augmentation du taux des droits de donation. Celle-ci portera les anciens taux de 3% en ligne directe et entre époux, 5% entre les frères/sœurs, on­ cles ou tantes et neveux et niè­ ces et de 7% pour les donations vers les autres personnes à res­ pectivement 3,3%, 5,5% et 7,7%.

ne sommes plus en présence d’une exonération de droits de succession, mais les taux sont dès à présent de 3% en ligne di­ recte et entre époux (ou cohabi­ tants légaux) et de 7% entre tou­ tes autres personnes. Les conditions d’application de cette réforme ayant fait l’objet d’une étude détaillée dans l’édition précédente du Capital, nous vous y renvoyons pour plus de détails.

Notons que cette modificati­ on du taux des droits de dona­ tion mobilière ne concerne nul­ lement la Région Flamande et la Région de Bruxelles-Capitale. La transmission d’entreprise en Région Flamande Depuis le 1er janvier 2012, le taux applicable à la donation des parts d’une entreprise fa­ miliale devant un notaire belge n’est plus de 2%, mais de 0%. En revanche, les droits de succes­ sion sur les parts d’entreprises familiales ont augmenté ; nous

les véhicules de pension à titre privé. Suite à l’adoption de diver­ ses mesures, des modifications sont intervenues (ou attendues) dans chacun des trois piliers. Le premier pilier :  la pension légale Actuellement, il faut avoir at­ teint l’âge de 60 ans et accompli une carrière de 35 années pour percevoir sa pension de manière

A partir du 1er janvier 2013,

ces seuils d’accès à la pension anticipée augmenteront progressivement.” Pension anticipée. A partir du 1er janvier 2013, ces seuils d’accès à la pension anticipée augmenteront progressivement pour atteindre l’objectif de 62 ans et 40 années de carrière à partir du 1er janvier 2016.

Les pensions se déclinent tradi­ tionnellement en trois piliers. Le premier couvre la pension légale de retraite, le deuxième regrou­ pe les véhicules de pension com­ plémentaire dits «  profession­ nels », et le troisième comprend

Par dérogation à cette règle, dans le cas des carrières dites longues, il sera toujours possible de partir à la retraite de manière anticipée à 60 ans pour les per­ sonnes qui prouvent une carriè­ re d’au moins 42 ans et à 61 ans pour les personnes qui ont ac­ compli une carrière d’au moins 41 ans. Le départ anticipé à la pension est sanctionné par un pourcen­ tage de réduction de la pension légale définitive, le « malus », qui peut actuellement atteindre 25%. Cette pénalité devrait être adou­ cie (maximum 18%). De plus, seules les personnes qui cesse­ ront leur activité professionnel­ le au plus tard le premier jour du mois de leur 63e anniversai­ re seraient pénalisées (actuelle­ ment jusqu’au mois qui précède les 65 ans). En outre, si lors de la prise de la pension, l’intéressé a réalisé une carrière de 41 an­ nées, aucun malus ne serait ap­ pliqué (actuellement 42 années de carrière).

age de base

Exception si pension avant…

age de pension possible

Si la carriere compte…

Exception si carriere longue

62 ans

31/12/2013

60 ans et 6 mois

38 années

60 ans si travaillé 40 ans

62 ans

31/12/2014

61 ans

39 années

60 ans si travaillé 40 ans

62 ans

31/12/2015

61 ans et 6 mois

40 années

60 ans si travaillé 41 ans

62 ans

A partir de 2016

62 ans

40 années

60 ans si travaillé 42 ans 61 ans si travaillé 41 ans

Enfin, en ce qui concerne le revenu professionnel maximum autorisé pour un pensionné de plus de 65 ans, l’accord

de gouvernement prévoit qu’il ne sera plus plafonné dans le cas où l’intéressé aurait réalisé une carrière de 42 années

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en 2013. Pour les personnes qui ne tota­ lisent pas ce nombre d’années de carriè­ re ou qui n’ont pas atteint l’âge légal de la


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pension (65 ans), les plafonds actuels devraient être mainte­ nus, mais la sanction devien­ drait proportionnelle au dé­ passement. Le deuxième pilier :  les véhicules de pension « professionnels » L’accord de gouvernement pré­ voyait un plafonnement de la rémunération servant au calcul de la règle des 80%. Toutefois, cette piste semble désormais abandonnée et l’on se dirige vers une plus forte taxation des primes d’assurance-groupe, même si aucune mesure con­ crète n’a encore été prise à ce sujet. Le troisième pilier :  les véhicules de pension « à titre privé » Il ressort de l’accord de gou­ vernement que les réductions d’impôts pour l’épargne-pensi­ on et l’épargne à long terme ne varieront plus en fonction des revenus imposables (actuelle­ ment de 30% à 40% de la prime) mais seront remplacées par une réduction fixe égale à 30% de la prime pour tous les contribua­ bles.

Conclusion Sans vouloir être exhaustifs, nous avons évoqué quelquesunes des nombreuses mesures qui viennent modifier le paysa­ ge fiscal de notre pays.

“Les premiers battements d’ailes du gouvernement

ont fait trembler les quatre piliers.”

Force est de constater que les premiers battements d’ailes du gouvernement ont fait trembler les quatre piliers. La tornade n’est pourtant pas encore pas­ sée ; de nombreuses mesures doivent encore voir le jour.

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E L L E F A I T PA R L E R D ’ E L L E

va n i n a i c k x , P i l o t e d e r a lly e b e lg e

“une plancher” Il était une fois Vanina Ickx, une jeune femme évoluant dans un monde d’hommes. La fille de Jacky Ickx n’avait pourtant jamais imaginé faire carrière dans le sport automobile. Qu’elle ait atteint les plus hautes sphères de ce sport tapageur rend cette charmante princesse encore plus passionnante. TEXTE Bart lenaerts | PHOTOS Lies De Mol

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Nous rencontrons Vanina Ickx au Club V, un club ucclois très « sélect » de messieurs et de dames qui, dans leur tête, sont restés des petits garçons et des petites filles et qui – condition sine qua non – ont de l’essence qui coulent dans leurs veines. Ce club automobile a consacré tout un espace au père de Vanina, Jacky Ickx. Il y côtoie Michel Vaillant, un héros de papier en pleine bagarre, à la recherche d’un peu d’attention. Ici, Vanina est totalement dans son élément, en particulier parce qu’elle a elle-même figuré à deux reprises dans la BD de Michel Vaillant. « Cela m’a rendue, d’une certaine façon, un peu « immortelle ». Même si je ne suis pas entièrement satisfaite de la manière dont ils m’ont représentée », plaisante la Bruxelloise, tout en faisant pétiller ses yeux noirs de jais, empreints d’un certain mystère. Même si le club se trouve à un jet de pierre de sa résidence, Vanina nous avoue n’être jamais venue auparavant, ce qui en dit long sur cette étudiante en biologie, tombée presque par hasard dans cet univers où la vitesse règne en maître.

“Quand on a été toute sa

vie nourrie à l’adrénaline, on ne peut plus s’en passer, je le crains.”

« J’ai toujours été très sportive, avec un penchant pour la vitesse », commence Vanina. « Le ski, le saut à ski, le vol en ULM et, surtout, l’équitation. La course automobile ne m’était jamais venue à l’esprit. Bien sûr, grâce à mon père, j’en connaissais un bout sur le sujet, mais je n’ai jamais eu de vrais projets dans ce domaine. Jusqu’à ce qu’un jour, dans un club de sport, j’engage la conversation avec une jeune pilote, qui devait déclarer forfait pour la course suivante parce qu’elle était enceinte. Est-ce que je voulais la remplacer ? Cela m’a semblé un chouette défi. J’ai accepté. Plus tard, quand j’ai mieux maîtrisé les techniques, j’ai pensé que ce serait amusant de faire les 24h de Spa. J’avais déjà cette idée en tête lorsque j’ai rencontré par hasard l’importateur Honda pour la Belgique. J’étais la fille de Jacky Ickx et j’avais déjà un joli palmarès. Il a tout de suite vu mon potentiel publicitaire. Quelqu’un m’a ensuite proposé d’aller au Mans. Ma carrière s’est en fait construite presqu’automatiquement, sans que j’aie d’objectif précis. C’est une série de petits projets, qui se sont concrétisés grâce à un heureux concours de circonstances. » « Bien entendu, entre les saisons, j’ai dû me démener pour trouver des budgets de sponsoring. Le sport automobile coûte très cher et, à la fin de la saison, tous les compteurs sont remis à zéro.

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Cette incertitude est parfois difficile à supporter. Chaque année, on se pose la question de savoir si on sera encore de la partie la saison suivante. Je me suis donc mise à préparer des dossiers de presse et je suis partie à la chasse aux sponsors. Sans succès. Je ne sais pas ce qui n’a pas marché. Peut-être n’étais-je pas assez convaincante ? Est-ce que quelque chose clochait dans mon dossier ? Je n’ai jamais été experte à ce petit jeu. Heureusement, j’ai eu la chance de tomber au bon moment sur la bonne personne et j’ai pu grimper les échelons petit à petit. » « En fait, tout est toujours allé très vite dans ma vie. Mon parcours est tellement atypique – et si incroyablement rapide – que je suis la moins bien placée pour conseiller les candidats pilotes sur la façon dont ils doivent mener leur carrière. Tout ce que je peux leur dire, c’est d’y aller à fond. Et de ne jamais rien regretter. C’est bien sûr mieux quand on a un plan, mais ce qui est important, c’est de s’engager, de se dévouer corps et âme, et de se concentrer. Aller de l’avant, toujours et partout. »

Un monde d’hommes Depuis 1996, Vanina a réalisé un beau parcours. A sa façon. Vivre de son métier de pilote, c’est plus ou moins à la portée de chacun. Mais participer au Mans avec des prototypes légers et puissants, c’est autre chose. « A part la Formule 1, c’est le plus haut niveau dans le sport automobile. Je n’ai jamais essayé la F1, je n’y ai même jamais pensé. De plus, je n’ai pas suivi le « bon » parcours. Si on veut faire carrière dans la F1, il faut commencer à faire du karting – et de manière intensive ! – dès l’âge de 10 ans et tout gagner ensuite si on veut grimper tous les échelons. J’avais déjà 21 ans quand j’ai fait ma première course au volant d’une petite BMW. » « Je suis pourtant convaincue qu’une femme pourrait faire de la Formule 1. L’Américaine Danica Patrick, par exemple, ferait une bonne candidate. Mais cela ne l’enthousiasme pas. Dommage. Elle aime trop les courses américaines pour avoir envie de se brûler les ailes dans la F1 », poursuit Vanina. Elle n’a jamais considéré qu’être une femme était un handicap pour faire son chemin

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“ Si on ne roule pas avec le couteau entre

les dents et si on ne se bat pas pour chaque centimètre, mieux vaut rester à la maison.”


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dans ce monde d’hommes. « C’est peut-être même un avantage. Lorsque je fais une erreur, j’ai droit à une seconde chance. Ce n’est pas toujours le cas pour les hommes. Et si j’avais été un homme, on m’aurait en permanence comparée à mon père. » Son attitude par rapport à sa situation privilégiée est tout sauf puérile. « Faire de la course à ce niveau-là, c’est en grande partie du marketing. Qu’a-t-on à offrir à un sponsor ? Pourquoi une entreprise donne-t-elle autant d’argent ? Parce que vous êtes rapide ? Il y en a tellement qui le sont ! A 18 ans, tout le monde peut prendre le volant et tout le monde se passionne pour la course automobile. Ce qu’il faut, c’est se démarquer, faire la différence. Je suis la fille de Jacky Ickx, et c’est bien sûr un avantage. »

Avancer, son vrai moteur Vanina parle volontiers. Elle aime moins poser pour le photographe. Et encore moins attendre. « Je ne suis jamais nerveuse, sauf avant le début d’une course. Vous savez, faire la course, c’est attendre. Et c’est là que le stress est à son maximum. Votre cœur fait des bonds. On peut comparer cette pression à celle d’un chanteur, juste avant son entrée en scène. On ne sait jamais à l’avance combien de temps il faudra attendre avant que le drapeau ne se lève. On a tellement de temps pour réfléchir ! C’est atroce. C’est à ce moment-là que je me demande pourquoi je me torture ainsi. Heureusement, j’oublie tout dès que les feux passent au vert. » Vanina aime surtout bouger. Cela ne l’intéresse pas d’avoir des objectifs. Par contre, avancer, c’est son vrai moteur. « Les coureurs automobiles mènent une vie hors du commun. Finalement, nous ne sommes pas si souvent en compétition. Dix fois par an, c’est déjà beaucoup. Mais à chaque tour, il faut tenir bon. C’est pourquoi nous sommes tellement concentrés, physiquement aussi. C’est presqu’un boulot à temps plein de façonner sa silhouette. En plus, nous devons toujours garder un niveau de stress suffisamment haut, pour rester alertes à tout moment. Sinon, on est incapable de faire son travail correctement. »

une

“Le fait que je sois femme est peut-être un avantage.”

Dans ce métier, personne ne peut contester qu’il faut avoir du talent. Mais pour Vanina Ickx, cela ne suffit pas. Il y a beaucoup d’autres choses qui font la différence. « Tous ceux qui font la course à ce niveau savent comment tenir un volant. C’est ailleurs que les détails prennent toute leur importance. Un pilote doit être capable de motiver son équipe et vice versa. La course automobile est quelque chose d’exigeant et tout pilote ne vaut que par sa dernière course. Ce n’est

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pas difficile d’être enthousiaste quand tout va bien. Car là, on roule plus vite. Automatiquement. Mais parfois, la couse ne se déroule pas exactement comme on le voudrait ou bien on est tout simplement plus lent que les autres. Il est souvent difficile de comprendre pourquoi. C’est alors que tout doit être au top entre les deux oreilles. On doit vraiment déborder de confiance en soi si on veut sortir de la spirale négative. » « Se crasher est vraiment atroce. Malheureusement, ça m’est arrivé trop souvent dans ma carrière. Je n’ai jamais eu peur d’être blessée, mais bien de détruire la voiture. Car c’est là qu’on se sent misérable envers toutes ces personnes qui se sont tellement investies pour rendre cette aventure possible. En même temps, je regrette que les circuits modernes soient tellement sûrs. Quand j’ai commencé, il m’a fallu une éternité avant d’oser prendre le virage de Blanchimont sur le circuit de Spa. Car si on le prend mal et qu’on effectue une sortie de route, on rate sa course. Et peut-être même sa carrière. Maintenant, le virage est tellement large qu’on peut tout essayer sans prendre le moindre risque. C’est bien sûr plus sécurisé, mais, d’une certaine façon, je trouvais cela plus amusant avant. Aurais-je préféré être pilote à la même époque que mon père ? C’est une question difficile. Oui, avant, c’était davantage le pilote qui faisait la différence. Mais mon père a aussi perdu beaucoup d’amis. Cela n’en vaut pas la peine. »

Le couteau entre les dents Comment une jeune femme en sneakers et jupe à fleurs conquiert-elle un univers aussi féroce ? Les monstres automobiles lui vont comme un poing américain à Blanche Neige. Cela explique peut-être pourquoi elle nous fait d’une certaine façon penser à un lapin, ce petit animal qu’on a envie de cajoler, mais qui peut se mettre à mordre quand il est en colère. « Quelque part en moi se cache beaucoup d’agressivité. C’est indispensable. Si on ne roule pas avec le couteau entre les dents et si on ne se bat pas pour chaque centimètre, il vaut mieux rester à la maison. Dès que je mets le casque sur ma tête, je deviens une autre personne. Si j’en étais incapable, on ne me considérerait pas comme une véritable adversaire », nous confie Vanina. Dans d’autres domaines aussi, Vanina balance entre deux extrêmes. « J’ai deux passions : la conduite automobile et la biologie. Cela explique aussi mes études. Je m’intéresse véritablement à l’environnement, même si cela peut sembler contradictoire avec la course automobile. Ca devient tout simplement fantastique quand je peux combiner mes deux passions, comme, par exemple, quand j’ai participé au développement d’une voiture de course électrique, la Citroën Survolt. Ou quand j’ai traversé l’Australie au volant d’une voiture fonctionnant à l’énergie solaire pour l’équipe Umicore Solar. Ce fut un grand privilège de collaborer avec ceux qui cherchent une solution pour demain. Malheureusement, les voitures de course électriques ne font presque pas de bruit et il manque ce petit quelque chose d’agressif pour en faire de vraies voitures de course. De plus, la puissance est libérée de façon très linéaire, sans pics vers le haut ou vers le bas. C’est presque clinique. »

Hollywood Vanina a toujours un petit sourire ironique sur son visage. Elle en a hérité de son père, en même temps que son talent pour les voitures de course et son art d’user de son charme pour séduire son entourage. Ce facteur Ickx les a tous deux menés loin dans la vie. Son père est presque larger than life. Un auteur de bandes dessinées ne pourrait pas trouver meilleur nom. Et, pour couronner le tout, il ressemble à une star hollywoodienne. « Papa était capable de tout. Il a gagné Paris-Dakar, a été deux fois vice-champion du monde de F1, a remporté le championnat du monde d’endurance, et six fois Le Mans. On n’avait jamais vu ça auparavant. J’ai très vite choisi de faire des courses d’endurance comme Le Mans. A moins que ce soit la course d’endurance qui m’ait choisie. Ca dépend de la façon de voir les choses. Pourquoi ? Parce que c’est arrivé ainsi. Et parce que les longues courses donnent plus d’opportunités. » Même si la réputation de son père l’a certainement aidée, Jacky Ickx n’a jamais appris à sa fille comment concourir. « Même s’il avait essayé,

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“ C’est bien sûr mieux quand on a un plan, mais ce qui est important, c’est de s’engager, de se dévouer corps et âme, et de se concentrer. Aller de l’avant, toujours et partout.”


E L L E F A I T PA R L E R D ’ E L L E

ça n’aurait pas marché. Il n’y a qu’une seule façon d’apprendre, c’est rouler, rouler et encore rouler. Papa peut m’apprendre à passer une vitesse, freiner ou prendre un virage, mais, au final, c’est moi qui suis derrière le volant, et c’est moi qui dois le faire. Il m’a toujours dit que je ne devais pas faire d’accident, mais ça, j’aurais pu le trouver toute seule », plaisante-t-elle. Entre les papas et leurs filles, il y aura toujours quelque chose de spécial. « Au début de ma carrière, on a fait ensemble les 24 h de Francorchamps. C’est mon pire souvenir. Ca fait maintenant 14 ans et je suis encore toute honteuse d’avoir crashé la voiture dans les glissières de sécurité. Heureusement, on a aussi participé ensemble au Paris-Dakar. C’était fantastique. J’ai soudain vu mon père sous un autre angle. C’était son monde. Je le connaissais comme père et là, j’ai appris à le connaître comme professionnel. Il est très perfectionniste, mais il est resté très cool envers moi. Le meilleur souvenir de toute ma vie. »

Le vrai monde Vanina aime rire et ne s’en prive pas, mais elle est en même temps assez réservée. Elle pèse et soupèse ses mots en permanence, même si son regard mélancolique trahit en même temps sa capacité à relativiser les choses. C’est peut-être pour cela qu’elle est tellement détendue. Comme si elle était soulagée d’un grand poids. « Cette saison, je ne vais participer à aucune course », lâche-t-elle tout d’un coup. « Mon seul plan pour cette année, c’est que je n’ai aucun plan. Je viens tout juste de me décider pour un programme de deux ans. Un master en business management. Je trouve important de me reconnecter avec la vraie vie. » « J’ai 37 ans. Il est temps de penser à mon avenir. 2011 a été une saison fantastique, avec un super résultat au Mans, une voiture formidable et une équipe qui l’était tout autant. Nous étions septièmes : jamais je n’aurais osé rêver d’un tel résultat. Après tant d’années, je sais à quel point il est difficile de rassembler toutes les pièces du puzzle. Je comprends aussi que je ne pourrai jamais faire mieux que cette septième place. Je ne rajeunis pas. Physiquement, c’est très exigeant. Je sens tout simplement qu’il est temps de passer à autre chose », nous confie encore Vanina. Sa carrière s’est peut-être construite sur une suite de hasards, mais cela n’exclut pas qu’elle ait en permanence envie d’avancer. « Faire de la compétition comme hobby, ça, je ne le pourrais pas. C’est comme quand j’avais dix ans et que je faisais des concours de jumping. J’avais mon cheval et je m’y consacrais totalement. Chaque moment de liberté y passait. Après ça, on ne peut plus aller faire des tours de manège, en tout cas, pas moi. A l’exception de la Formule 1, j’ai conduit les meilleures voitures sur les plus beaux circuits du monde. Je ne pourrai jamais retrouver le même niveau d’adrénaline à un échelon plus bas. » « Pour moi, il est important de ne plus devoir réfléchir. Ce niveau-là, je ne l’atteins que quand je me sens à 100% de mes capacités. Si je conduis pour la rigolade, je n’atteindrai plus jamais le même niveau de concentration. Et c’est justement ce que j’aime aussi intensément », dit Vanina Ickx. A 37 ans, elle se trouve face à un tout nouveau défi. « Si je n’avais pas fait de course automobile, je serais certainement devenue biologiste. Ou entrepreneur. Ca me botte. Mais pas dans le secteur de l’automobile. Et certainement pas dans la compétition. Rouler est ma passion, mais je n’ai pas d’amour particulier pour les voitures « an sich » », dit encore Vanina. Elle vient juste de s’acheter une toute petite VW Up. « Je n’aime pas les compromis. Je ne fonctionne qu’avec des extrêmes. Ce que je veux, c’est la plus grande ou la plus petite auto. Mon choix s’est porté sur la plus petite parce que je roule beaucoup en ville. » « Je ne roule presque jamais vite. Je peux me décharger de mon adrénaline sur le circuit. Je ne sais pas comment cela va évoluer maintenant que je vais arrêter la course. Aurai-je besoin d’une autre soupape de sécurité ? Peut-être que c’est mon petit ami qui va souffrir. Je suis entretemps devenue membre d’un club de triathlon. A nouveau de l’extrême, vous avez raison. Quand on a été toute sa vie nourrie à l’adrénaline, on ne peut plus s’en passer, je le crains. »

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R E P O R TA G E

N o t r e c o ll è gu e Op t i m a W i m D e P o o r t e r , c h a uff e ur d e d i r e c t i o n e t c o n du c t e ur d e c h e va u x pa ss i o n n e

« Mes chevaux ne comprennent pas le neerlandais ! »

En dehors de leur travail quotidien, les collègues d’Optima se consacrent à de nombreux autres projets passionnants. Comme Wim De Poorter, qui est non seulement chauffeur de direction, mais aussi l’un des meilleurs conducteurs de chevaux de Belgique et la force motrice du club d’attelage Halestra, à Aalter. En exclusivité pour Capital, il nous parle de sa passion tandis que nous partons à l’assaut des forêts limbourgeoises en voiture attelée à quatre. TEXTE bert voet PHOTOS Thomas Vanhaute

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r ep o r ta g e

“Drrrraf”! Et quelques instants plus tard, nous roulons à onze kilomètres heure à travers les forêts limbourgeoises.”

Pendant le shooting photo, on voit déjà que Wim De Poorter maîtrise parfaitement ses chevaux. Comme tous les ans en mars et en octobre, il retrouve les membres du club Halestra dans le cadre magnifique de l’Orshof à Neerglabbeek. Ils passent toute la journée à cheval – derrière un attelage, bien sûr ! « L’un arrive avec son poney, l’autre avec un pur-sang arabe. Nous ne sommes pas des snobs », commente Wim De Poorter. En ce beau jour de printemps, Wim a attelé quatre chevaux de la race Appaloosa. Ils sont pratiquement de la même taille, ils arborent la même robe et le même tempérament. « Un seul cheval craintif peut ruiner un attelage », explique-t-il. « Ce sont aussi tous des hongres, car lorsque l’appel de la nature est trop fort, un étalon ou une jument pense à tout autre chose qu’à l’attelage. Imaginez que cela vous arrive lors d’un concours au Portugal, avec un super cheval. » La place occupée individuellement par chaque cheval

taches rondes sur leur robe ! », s’exclame Wim De Poorter, comme s’il les voyait pour la première fois. « Les trouver a été un véritable défi. L’un vient du nord des Pays-Bas, un autre de Lommel, un troisième d’Oudenaarde et un quatrième de Tubize. J’ai vu l’un d’eux donner un coup de sabot à sa propriétaire lorsque nous sommes allés le voir. Ils ont dû appeler l’ambulance. Je l’ai pourtant acheté : j’avais vu en lui un bon cheval. Mais il faut avant tout que les chevaux soient traités avec respect. » « On achète un cheval en fonction de ce qu’on veut en faire : animer des mariages, se promener dans les bois, faire de la compétition outdoor, indoor… Fondamentalement, un cheval ne coûte pas beaucoup d’argent. Pour les chevaux de boucherie, le marché s’est effondré (environ 0,75€ le kilo). Il s’agit là de la valeur effective. Pour un bon cheval de selle, il faut compter en général quelques milliers d’euros, bien qu’on en trouve déjà pour 750€. Evidemment, si j’ai trois chevaux et que j’en recherche un quatrième pour faire des concours, le prix grimpera nettement si vous en possédez un qui soit très complémentaire en termes de morphologie, de stature, d’âge, de sexe, de caractère et de robe. » « Lorsqu’on me propose un cheval, je vais toujours le voir, et ce toute l’année. Avant d’acheter, je veux voir l’animal. L’expression de ses yeux est décisive. Je veux y lire de la douceur et de la chaleur, surtout rien de froid, d’agressif ou d’irritable. Le profane dit trop souvent : j’aime les chevaux blancs. Et il achète le premier cheval blanc venu. Comme s’il s’agissait d’une voiture. Sans compter que beaucoup de vendeurs ne pensent qu’à vendre! Pour moi, ils n’ont jamais rien, mais ils vont bien vous en fourguer un, même un caractère agressif. Ensuite, ils font comme s’ils ne vous connaissaient pas. C’est presque criminel. Oui, c’est un monde très spécial, vraiment. »

dans l’attelage a elle aussi son importance. « Mais ce sont eux qui choisissent leur position, la manière dont ils préfèrent travailler ensemble. »

Que les choses soient claires : mieux vaut ne pas se lancer à la légère. Un attelage, un cheval, un harnais, une voiture : « cela coûte très cher et c’est beaucoup de travail. Il faut aussi nettoyer les écuries. L’hiver, on vend beaucoup, aussi bien du matériel que des chevaux. Vous savez ce qui est primordial ? Une bonne assurance. Pendant le cours, j’y consacre toute une leçon. Le problème, c’est que je n’ai encore jamais vu de police concluante. »

Respect

Fou

Autre aspect non négligeable: sur le plan esthétique, ils forment un somptueux quatuor. « Ah, ces

Très instructif, tout cela. Mais assez palabré ! Nous montons dans l’attelage. Je note un indicateur de

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vitesse et un compteur kilométrique. Et cette odeur ! Drrrraf, dit Wim De Poorter. Et quelques instants plus tard, nous roulons à onze kilomètres heure à travers bois. « C’est une véritable maladie ! », affirme-t-il à propos de sa passion pour les chevaux. « Mais dans le bon sens du terme. Chaque jour, il faut que j’y aille. Je veux les voir tous les jours, je veux savoir comment ils vont. » La différence avec une belle voiture ? « Un cheval attend quelque chose de vous. J’aime les chevaux parce que je suis né au milieu d’eux, et non parmi les chiens. Et puis, je ne peux pas atteler mon chien ! Oui, je les aime. Déjà quand je les dresse. Mais quand c’est fini, c’est fini. Parfois, on est content que le dressage soit terminé. Parfois on regrette que cela n’ait pas marché, car cela aussi, ça arrive. On se demande après coup : comment se fait-il que nous ne soyons pas plus proches ? » Il avait cinq ans lorsqu’il est monté à cheval pour la première fois. « Je suis en fait cavalier de formation. Par obligation d’abord, car mes parents montaient à cheval et avaient une ferme à Aalter, où ils louaient des chevaux. Le club existe depuis 1968. C’est là que j’ai rencontré ma femme : Nancy venait régulièrement louer des chevaux. Ensemble, il y a vingt ans, nous avons en grande partie transformé ce club équestre en driving club. Et depuis

une quinzaine d’années, nous ne faisons plus que de la conduite d’attelage avec les membres du club. » « Pourtant, j’avais moi-même autrefois une vision erronée de la conduite d’attelages. Avec ces antiques voitures, cela me semblait plutôt quelque chose pour le bourgmestre… Mais ce monde s’est ouvert à moi pendant mon voyage de noces, en 1994. C’était en Hongrie, où j’ai rencontré le champion du monde Laslo Juhasz, qui m’a enseigné une manière totalement nouvelle de mener : cela ressemblait vraiment à un sport. Lorsque Nancy et moi sommes rentrés à la maison, nous avons immédiatement décidé d’acheter un bon attelage. A partir de ce moment-là, j’ai suivi énormément de formations, notamment chez le quadruple champion du monde IJsbrand Cardon, ainsi que chez Felix Brasseur, deux fois champion du monde. Plus tard, je suis devenu instructeur, sans savoir si cela susciterait de l’intérêt. A mon premier cours d’attelage simple, il y avait cinq ou six personnes. Il y a dix ans, je suis devenu président du MKB (Menopleidingen tot Koetsiersbrevet België) et depuis quelques années, je suis membre de la commission des meneurs VLP. » « Depuis lors, de plus en plus de jeunes se lancent

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“Un cheval formé calmement, c’est

un investissement pour la vie.”


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dans l’attelage. Et vous savez quoi ? Ils ont souvent beaucoup plus le sens des responsabilités et de la technique que leurs parents ou grands-parents. Ils veulent mieux mener. Je dis parfois : prenez exemple sur vos enfants ! Vingt-cinq ans d’expérience, cela peut également signifier : vingt-cinq années de certitudes et de mauvaises habitudes. »

“Vous n’obtiendrez presque jamais d’avis neutre. Moi, je tiens à le faire, et c’est

justement pourquoi je refuse de vendre moi-même des attelages ou des équipements.”

Intonation « Vous savez mener quand vous décidez vous-même où vous allez et à quelle vitesse », résume Wim De Poorter. Qu’est-ce qui fait de lui l’un des meilleurs conducteurs de chevaux du pays ? « L’expérience et la formation. Je continue moi-même à suivre des cours. Comme un cuisinier qui continue à chercher des recettes innovantes. » « Comment apprend-on à faire du vélo ou à nager ? J’aurais beau vous l’expliquer à la perfection, si je vous jette à l’eau, vous devrez vous débrouiller. Aussi bien le cavalier que le cheval doivent apprendre. Telle race de cheval vous conviendra mieux que telle autre. C’est très personnel. Le premier truc en tant que conducteur, c’est s’adapter au cheval. Beaucoup de gens essaient de modeler le cheval à leur image. Cela ne marche pas. Et ne pas recourir

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à la contrainte – il faut que le cheval veuille faire quelque chose pour vous. Vous devez construire une véritable relation. Avec tel cheval, cela ne marchera pas avec moi, tandis que cela fonctionnera avec vous. Je ne vais pas galoper d’emblée avec quatre chevaux que je ne connais pas. Quand je dis « how », je ne sais pas comment ils vont réagir. C’est de la dynamite pour l’attelage. Je n’accepte plus certaines choses. Un cheval doit d’abord apprendre à rester immobile. Ensuite seulement, on peut continuer. Et si après avoir longtemps essayé, il ne veut pas, j’arrête, c’est fini. Apprendre, c’est beaucoup répéter, récompenser, conditionner. Pas à pas, au sens propre du terme. Ce n’est pas donné à tout le monde. Mais un cheval formé calmement, c’est un investissement pour la vie. » Mais qu’en est-il de cette mystérieuse relation entre l’homme et le cheval ? « Il s’agit d’un animal, qui a des sentiments, ou en tout cas des humeurs. Apprendre à quelqu’un à avoir ‘le sens du cheval’, c’est difficile. Comment décrire cela ? Quand vous pensez à ce que vous voulez faire avec le cheval, c’est en fait déjà en train de se produire. La communication passe. Quand votre cheval vous fait confiance, il ne panique pas dans des situations qu’il ne connaît pas. » « Votre voix est importante, mais tout passe par l’intonation. Quand je dis « galop » dans le cadre d’une conversation avec vous, les chevaux ne font rien. Ils ne comprennent pas le néerlandais, ni le français d’ailleurs ! Ce n’est pas la signification des mots qui compte. Quand vous voulez que votre cheval avance, vous parlez fort, et brièvement. Pour l’apaiser, vous devez parler doucement et lentement. Hooooow, braaaave. On peut tout à fait le faire à voix basse, car un cheval entend presque aussi bien qu’un chien. Quand vous êtes vousmême paniqué et que vous criez « calme ! », il est fort possible que votre cheval se cabre. » « Le toucher fait aussi partie de la communication. Et forcer le respect, comme avec un chien. Vous savez : ce sont toujours les mêmes qui ont de mauvais chevaux et toujours les mêmes qui en ont de bons. Cela tient à eux, mais c’est souvent la dernière chose à laquelle ils pensent. » Nous passons au galop. Seize kilomètres à l’heure. Un instant plus tard, Wim De Poorter immobilise soudain l’attelage : trois chevreuils nous regardent droit dans les yeux, et ne bougent plus. « Une telle rencontre n’est possible qu’avec les chevaux. Pas en voiture, ni à pied. Seulement avec les chevaux. »


r ep o r ta g e

Sabotage Un cours d’attelage ne se limite pas au brevet. «  Harnacher, déharnacher, atteler, désatteler, rouler dans le trafic, les maladies, les fers à cheval, l’entretien, les attelages, les assurances… Il faut savoir à quoi on s’engage », affirme Wim De Poorter. « Il y en a beaucoup qui se disent : ce n’est tout de même pas difficile. Mais une sangle un peu trop longue ou un peu trop courte, cela peut poser un sérieux problème. » « J’enseigne le système Achenbach à mes élèves. C’est surtout avec les personnes plus âgées que ça coince. Il faut être ouvert, et cela demande un certain effort de la part du conducteur. Cela revient à ne pas tirer pour guider son cheval, mais à lâcher la rêne de l’autre côté. C’est fantastique pour le cheval, car c’est moins dur : il ne ressent aucune pression dans la bouche. Je veux que les élèves prennent le contrôle, qu’ils aient le sens des responsabilités. Je tiens à ce que ceux qui ont suivi le cours mènent vraiment bien et que leurs chevaux courent mieux et plus joliment. Pas qu’ils apprennent à mener vite vite. Mais l’effort, c’est aussi de la détente. Cela doit rester agréable. » Il donne cours à des groupes de douze personnes et, à la fin du parcours, tous réussissent. « Tout simplement, parce que je donne cours jusqu’à ce que tout le monde y arrive. Il y a deux méthodes : soit

on montre constamment ce dont on est capable, soit on laisse l’élève découvrir tout par lui-même. Je choisis la deuxième méthode. Je sabote même leurs harnais, afin qu’ils apprennent à tout contrôler (rires). A la longue, ils prennent eux-mêmes l’initiative, je ne dois plus rien faire. Et pendant ce temps, des amitiés se nouent pour la vie. » Manifestement, sa méthode est appréciée : Wim De Poorter s’est construit une solide réputation. « Une fois, quelqu’un a fait le trajet en avion depuis l’Irlande, pendant 25 semaines. Une autre dame venait de Norvège deux fois par semaine. » De Poorter me confie les rênes. Après quelques tentatives, je réussis à faire tourner l’attelage. Une sensation extraordinaire ! Et quand au bout d’une heure, nous revenons à l’Orshof, un des membres du club vient juste d’arriver en Land Rover Defender, avec une remorque. « Cette personne dit toujours que j’ai changé sa vie », chuchote fièrement Wim De Poorter. « C’est un pépiniériste, qui travaillait tous les jours de la semaine. Maintenant, il fait de l’attelage le samedi. Je lui ai fait redécouvrir le week-end. J’entends aussi régulièrement des femmes affirmer qu’elles ont retrouvé leur mari. » « Il y a ceux qui font des voyages entièrement en fonction de leurs chevaux. Deux chevaux dans la remorque et en avant pour le tour du monde. Les bêtes n’en sont pas incommodées, vous savez. Bien

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au contraire. Quand on transporte un cheval, la température de son corps grimpe, sa respiration et son pouls baissent légèrement. Il se retrouve dans une sorte de griserie. Ici au Limbourg, je suis moimême en voyage. Ensuite, Nancy et moi sillonnons chaque année la région de Veluwe, aux Pays-Bas. Toute une semaine dans les bois, même lorsqu’il fait mauvais. C’est calme, tranquille, no stress. »

Competition « Atteler plus de quatre chevaux devant une voiture n’a pas beaucoup de sens. Mais bien sûr, c’est impressionnant. Pour les démonstrations, nous menons parfois dix, voire vingt chevaux. C’est comme faire du vélo sans les mains. Et pour en contrôler environ six quand quelque chose tourne mal, il faut déjà être nombreux. Je n’ai pas besoin de cela. J’adore aussi mener un seul cheval et ne me consacrer qu’à cela. » Wim De Poorter ne fait pas de compétition luimême, mais les champions européens viennent suivre des cours chez lui. « J’ai notamment donné cours à Glenn Geerts, qui perce actuellement au niveau international avec son attelage à quatre. Et à Achilles Snoeys, qui a participé à cinq championnats du monde. Ce que je sais, je le dis à mes élèves. Pas ce que je suppose. J’ai beaucoup d’expérience, mais je ne détiens pas la vérité. »


le p o i n t s u r la s it u ati o n

L a n o u v e ll e f i s c a l i t e

Avantage de toute nature « voiture de societe » :  trouvez votre solution Nul ne l’ignore, le nouveau régime fiscal applicable aux voitures de société a pour conséquence de rendre certaines d’entre elles beaucoup moins attrayantes. Sans surprise, les voitures principalement concernées sont celles qui affichent un prix catalogue élevé et dont le taux d’émission de CO2 n’est pas flatteur. Pour ces dernières, l’avantage de toute nature calculé dans le chef de leur bénéficiaire se voit quasiment doublé. texte charlotte de schuyter, senior Tax advisor PHOTO Lieven Van Assche

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L E P O I N T SUR L A S I T U AT I ON

Les nouvelles mesures prises par le gou­ vernement visent donc à favoriser le choix de voitures plus « vertes ». Dès lors, il est vrai qu’une voiture peu polluante vous coutera moins cher. Mais devez-vous nécessairement changer de véhicule  ? N’y a-t-il aucune alternative susceptible de rendre votre impôt final acceptable ? Les diverses pistes énumérées ci-après doivent être appréciées en fonction de la situation particulière de chacun. En effet, plusieurs facteurs déterminants entrent en compte, comme la distance qui sépare votre domicile de votre lieu de travail et votre statut d’employé ou de dirigeant d’entreprise.

Si vous parcourez beaucoup de kilometres… Si votre lieu de travail est fort éloigné de votre domicile, il est possible que votre avantage de toute nature soit quasiment neutralisé par la déduction de vos frais professionnels réels. Que vous soyez salarié ou dirigeant d’en­ treprise, vous pouvez opter dans votre déclaration fiscale pour la déduction de frais forfaitaires ou la déclaration de vos frais professionnels réels. Les coûts de vos déplacements quotidiens de votre domicile vers votre lieu de travail peuvent être déduits au titre de frais professionnels à raison de 0,15€ par kilomètre parcouru. L’année dernière, si vous choisissiez de déclarer vos frais professionnels réels, et par conséquent d’exposer le nombre de kilomètres réellement parcourus, votre avantage de toute nature n’était plus

Charlotte De Schuyter

“Devez-vous nécessairement

changer de véhicule ? N’y a-t-il aucune alternative susceptible de rendre votre impôt final

acceptable ?”

calculé sur le forfait de 5 000 ou 7 500 kilomètres (qui était déterminé en fonc­ tion de la distance – supérieure ou infé­ rieure à 25km – entre votre habitation et votre lieu de travail), mais bien sur les kilomètres que vous aviez véritablement effectués. Il était donc rarement intéres­ sant et même plutôt désavantageux de démontrer vos frais professionnels réels. Mais puisque la nouvelle formule du calcul de l’avantage de toute nature ne tient désormais plus compte du nombre de kilomètres parcourus, la démonstra­ tion de ce nombre de kilomètres ne peut

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plus vous nuire. Vous pouvez donc sim­ plement multiplier le nombre de kilo­ mètres qui vous séparent de votre lieu de travail (aller et retour, avec un maxi­ mum de 200km/jour) par le nombre de jours de travail prestés et le forfait de 0,15€ par kilomètre. Il y a toutefois une limite : les frais professionnels pour le trajet domicile-lieu de travail ne peuvent jamais être supérieurs au montant de votre avantage de toute nature, majoré de la contribution propre éventuelle que vous payez à votre employeur ou à votre société pour l’usage du véhicule. Si vous êtes salarié et si vous ne décla­ rez pas vos frais professionnels réels, vous pouvez bénéficier d’une exonéra­ tion d’impôts qui neutralisera en partie l’avantage de toute nature qui découle de votre voiture de société. Pour l’année de revenus 2012, le montant de l’exonéra­ tion s’élève à 370€, à condition que votre voiture soit utilisée pour vos déplace­ ments quotidiens entre votre domicile et votre lieu de travail. Si tel est le cas, votre employeur répartit en principe le mon­ tant de l’avantage selon les codes prévus à cet effet sur votre fiche 281.10. Pour bé­ néficier de cette exonération, il vous suf­ fit de mentionner le montant de 370€ aux codes 1255/2555 de votre déclaration. Toutefois, lorsque l’on sait que l’avantage de toute nature calculé ne peut jamais être inférieur à 1 200€ par an, l’exo­ nération peut sembler faible. Il ne faut cependant pas oublier que si vous payez une contribution propre pour votre voiture de société, celle-ci est portée en déduction de l’avantage de toute nature.


L E P O I N T SUR L A S I T U AT I ON

“Puisque la nouvelle formule du calcul de l’avantage de toute nature ne tient désormais plus compte du nombre de kilomètres parcourus, la démonstration de ce nombre de kilomètres ne peut plus vous nuire.”

Dès lors, si vous payez une contribution propre et que la valeur catalogue de votre véhicule de société n’est pas trop élevée, peut être l’exonération de 370€ vous satisfera-t-elle ?

Et sinon ? Que pouvez-vous faire ? Avez-vous intérêt à utiliser un véhicule privé plutôt qu’une voiture de société ? Si vous êtes dirigeant d’entreprise, vous pouvez envisager de racheter la voiture à votre société et ensuite lui facturer des frais de location pour les déplacements que vous effectuez pour des raisons professionnelles. Il vous faudra bien sûr financer l’achat de la voiture avec vos fonds privés, à un prix conforme au mar­ ché, et payer une nouvelle taxe de mise en circulation. Le loyer demandé devra correspondre à celui que demandent les entreprises de location de véhicules pour une voiture semblable à la vôtre. Celui-ci sera considéré comme un revenu mobi­ lier dont vous pourrez déduire des frais forfaitaires de 15%. Le montant net ain­ si obtenu sera taxable au taux de 15%. En outre, en fonction du taux d’émission de CO2 de votre voiture, votre société peut déduire le loyer payé. Toutefois, si vous lui facturez le carburant à part, la déductibilité de celui-ci ne dépendra pas du taux de CO2 de votre véhicule mais sera déductible dans son chef à concur­ rence de 70%. En tant que travailleur salarié, pouvezvous rendre votre voiture de société ? En principe les conditions salariales ne peuvent pas être modifiées unilatérale­

ment. Toutefois, les négociations sont toujours possibles. Mais peut-être de­ vrez vous attendre la fin de la période de leasing de votre voiture pour que votre employeur accepte de modifier votre package salarial. En attendant, même si vous décidiez de ne plus utiliser votre voiture de société, un avantage de toute nature vous sera malgré tout comptabi­ lisé. Si vous avez le choix entre une voiture privée et une voiture de société, plu­ sieurs facteurs doivent être comparés pour prendre votre décision.

penser en partie les coûts liés à votre voi­ ture privée au moyen de la déduction de vos frais réels privés et professionnels ou par le biais d’une demande d’indemnisa­ tion de la part de votre employeur ou de votre société.

La deduction de vos frais Si vous roulez avec votre propre voiture, vous pourrez déduire de vos revenus im­ posables la quasi-totalité de vos frais de déplacement dans votre déclaration. Les frais professionnels réels pour le trajet quotidien entre votre domicile et votre lieu

“Si vous êtes dirigeant d’entreprise, vous pouvez envisager de racheter la voiture à votre société à un prix conforme

au marché.”

Premièrement, il est certain que vous de­ vrez financer l’achat de la voiture avec vos propres économies. En outre, tous les frais afférents au véhicule seront à votre charge. Il faut également tenir compte de la valeur résiduelle de celle-ci au moment de sa revente. Cependant, que vous soyez salarié ou dirigeant d’entreprise, vous pourrez com­

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de travail sont identiques pour une voiture privée ou professionnelle. Dans les deux cas, vous pouvez comptabiliser un coût forfaitaire de 0,15€ par kilomètre roulé. Par contre, pour ce qui concerne les dé­ placements professionnels, l’usage d’une voiture privée vous permet de déduire les frais véritablement supportés pour ces déplacements. Les frais de financement


L E P O I N T SUR L A S I T U AT I ON

“Les frais professionnels réels pour le trajet

quotidien entre votre domicile et votre lieu de travail sont identiques pour une voiture privée ou professionnelle.”

sont totalement déductibles, tandis que les frais tels que le carburant, la taxe de mise en circulation, l’assurance, les frais de parking ou de car-wash sont déduc­ tibles à concurrence de 75%. Attention, les déplacements profession­ nels correspondent aux distances par­ courues à la demande de votre employeur ou pour le compte de votre société, en de­ hors des trajets qui séparent votre domi­ cile de votre lieu de travail. Vous l’aurez compris, un nombre important de dépla­ cements professionnels par rapport à un nombre limité d’autres déplacements per­ met la déductibilité fiscale d’une grande part des frais liés à la voiture. Dans ce cas, l’utilisation d’une voiture privée peut s’avérer plus avantageuse que l’utilisa­ tion d’une voiture de société.

En effet, au lieu de déduire vos frais réels, une autre possibilité serait de demander une indemnité à votre employeur ou à votre société, d’une part pour vos dépla­ cements professionnels, et d’autre part pour le trajet quotidien qui sépare votre domicile de votre lieu de travail. Tandis que l’indemnité versée en com­ pensation des trajets effectués pour des raisons professionnelles est exonérée d’impôts et de cotisations sociales, l’in­ demnité versée pour le trajet domicilelieu de travail est en principe imposable et soumise aux cotisations sociales. Pour vos trajets professionnels effec­ tués pendant la période comprise entre le 1er juillet 2011 et le 30 juin 2012, votre employeur ou votre société peut

“Par contre, pour ce qui concerne les déplacements professionnels, l’usage d’une voiture privée vous permet de déduire les frais véritablement supportés pour ces

déplacements.”

L’indemnisation de vos frais Il vous est également possible, par le biais d’une demande d’indemnisation de vos déplacements réalisés avec votre voiture personnelle, de répercuter en grande partie vos frais sur votre em­ ployeur ou votre société.

vous verser une indemnité kilométrique exonérée d’impôt de 0,3352€, sans que les frais réels de la voiture ne doivent être démontrés et pour autant que le nombre de kilomètres parcourus pour des raisons professionnelles n’excède pas 24 000.

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Pour conclure… De manière générale, les solutions telles qu’exposées ci-avant doivent être envi­ sagées si le prix de votre voiture n’est pas excessif, si son taux d’émission de CO2 est faible et si vous réalisez beau­ coup de déplacements qui peuvent être qualifiés de déplacements profession­ nels. Dans le cas contraire, les alterna­ tives proposées ne constituent qu’une réponse partielle au problème de l’aug­ mentation de l’avantage de toute nature calculé pour votre voiture. En définitive, le choix d’une voiture plus respectueuse de l’environnement et moins luxueuse se révèlera sans aucun doute la solution la plus économique pour beaucoup d’entre nous, ce qui coïncide avec la volonté ini­ tiale du législateur.


THE LEGENDS ARE BACK !

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r ep o r ta g e

G a st ronom ie

Une viande

mUrie

SUR PLACE Alors

Il y a trois ans, Hendrik Dierendonck (37 ans) se lançait dans la maturation et l’affinage de la viande de bœuf, créant ainsi une véritable mode. Auparavant, il avait déjà réussi à remettre sur la carte la race bovine de Flandre occidentale, d’une jolie couleur rouge. « Ce Dierendonck est fou, disent les fermiers. que je me contente de rechercher la meilleure qualité. » TEXTE BERT VOET | PHOTOS Heikki Verdurme

Lors du festival culinaire‘The Flemish Primitives’ 2011 à Ostende, gourmets et grands chefs ont eu l’occasion de goûter une création signée Hendrik Dierendonck  :  l’entrecôte de boeuf rouge de Flandre occidentale. Hendrik Dierendonck a salé et fait mûrir la viande pendant six semaines, le résultat étant une viande séchée, savoureuse et artisanale. Une viande goûteuse, intense, avec une graisse fondante qui a conquis plus d’un fin palais. Parmi les clients d’Hendrik Dierendonck, on dénom­ bre des restaurants tels que La Paix à

Anderlecht, In de Wulf et la Vitrine de Kobe Desramaults, j.e.f. de Jason Blanckaert, ’t Zilte de Viki Geunes et Oud Sluis de Sergio Herman, soit rien que du beau monde. Tout a été très vite pour Hendrik Dierendonck, qui a repris il y a dix ans l’entreprise de son père, Raymond. Depuis, il a ouvert une deuxième boucherie à Nieuport et il emploie 25 personnes au total. « Au début, j’étais très impressionné : un chef du calibre d’un Sergio Herman voulait me parler ! Aujourd’hui, j’ai du mal à suivre la cadence. »

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r ep o r ta g e

Un bœuf A double vocation

pour nous, en suivant nos spécifications. Les bovins sont envoyés à l’abattoir lorsqu’ils sont âgés de quatre à six ans : nous voulons de la viande de bêtes ayant vêlé plusieurs fois, car elle a plus de caractère. Une vache qui allaite maigrit et refait ensuite de la graisse, bien plus goûteuse. » « Pour commercialiser cette race, il faut vraiment être passionné, car les clients ne la réclament pas spontanément », nous confie Hendrik Dierendonck. « Il faut être soutenu par des hommes tels que Kobe Desramaults. L’été dernier, nos produits sont restés à la carte du restaurant Oud Sluis pendant six semaines. Sergio Herman avait composé une assiette de barbelés d’oignons surmontés de viande de boeuf grillée. Il n’avait pas omis de mentionner sa provenance : l’atelier Dierendonck. Une reconnaissance que j’apprécie à sa juste valeur. Après cela, les clients n’ont plus eu aucun mal à nous trouver. »

Son père, Raymond Dierendonck, nous fait découvrir les étables de sa ferme située dans les polders furnois, le berceau d’une passion. « ’t Zin min moaten (ce sont mes copines, dans le plus littéral westflandrien) : voyez comme ces bêtes sont calmes. Rien à voir avec la race blanc bleu préfabriquée – des culards à la masse musculaire hypertrophiée. Dès que le temps est plus clément, elles partent toutes en prairie. L’année dernière, nous ne les avons gardées que trois mois dans l’étable. » Raymond Dierendonck a ouvert sa boucherie en 1970 et il y revient toujours avec autant de plaisir. « C’est toute ma vie. Il faut dire que j’ai toujours élevé mes bêtes moi-même et que j’ai toujours recherché la meilleure qualité. Jadis, nous en élevions une centaine, contre 25 aujourd’hui. Nous en achetons régulièrement une dizaine, que nous engraissons nousmêmes. Nous préférons les garder plus longtemps, car ça donne du caractère à la viande. Les choses ont bien évolué avec Hendrik, qui achète de la viande dans toute l’Europe. » Hendrik Dierendonck s’est surtout fait un nom en redonnant vie à une race bovine westflandrienne qui avait quasiment disparu. « Ce sont des bovins à double vocation », nous confie-t-il. « Pour le lait et pour la viande. Si le rendement est inférieur à celui de la race blanc bleu, il y a plus de gras, et de meilleure qualité. La viande n’est pas très marbrée, mais on observe une forte saveur de gras fondu. Je tenais absolument à travailler sur notre terroir, pour le plaisir avant tout. C’est notre grande fierté que de proposer notre propre race bovine ! » « Les fermiers étaient habitués à élever leurs bêtes en fonction de l’industrie. Il fallait qu’elles soient prêtes pour l’abattage en un temps record, et surtout sans graisse ! Nous engraissons nos bovins deux à trois mois de plus qu’un éleveur normal. Pour les fermiers, cela représente une perte sèche, puisqu’au final, on n’obtient pas plus de kilos, mais plus de graisse. Ils avaient donc complètement oublié cette méthode de travail.‘Dierendonck est fou’, disaient-ils – et disentils encore parfois. Alors que je ne fais que rechercher la meilleure qualité. La graisse, c’est ce qui donne du goût, surtout lorsqu’on fait mûrir la viande. » La décision prise par Hendrik Dierendonck porte aujourd’hui ses fruits. « La viande rouge de Flandre occidentale est à présent reconnue comme produit

Bernard Claeys

Moins de viande, mais de meilleure qualitE

“La culture alimentaire a changé. Nos clients

mangent moins de viande, mais elle est de meilleure qualité.”

régional européen. Une reconnaissance qui motive, et de plus en plus d’éleveurs suivent notre exemple. Les pâturages en bordure de l’Yzer – notamment à Nieuwkapelle et Lampernisse – donnent une viande excellente – ainsi qu’un beau beurre bien jaune. Les animaux de notre élevage mangent surtout de l’herbe. Or l’herbe donne du goût à la viande, avec des notes de noisette. Même lorsqu’elles sont dans l’étable, nous leur donnons de l’herbe, tous les jours. » « Aujourd’hui, trois fermiers des alentours élèvent des bovins rouges de Flandre occidentale spécialement

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Dans la chambre froide de Hendrik Dierendonck, on ne dénombre jamais moins de sept ou huit races. « D’origine française – Limousin, Aubrac, Parthenaise ou encore Anjou (que nous élevons d’ailleurs nousmêmes). Mais aussi Rubia Gallega espagnole, Chianina italienne, Aberdeen Angus écossaise,… à l’étranger, nous passons par des grossistes pour nos achats. J’observe surtout la couche de graisse ainsi que la structure et la fermeté de la viande. Bien entendu, il m’est arrivé de faire des erreurs et de voir arriver des produits qui ne me satisfaisaient pas entièrement. Il convient surtout de faire appel à des gens de confiance et de se mettre d’accord sur tout. » « La culture alimentaire a changé », ajoute son père, Raymond. « Nos clients mangent moins de viande, de meilleure qualité. Ils tiennent à distinguer de subtiles différences de goûts. Il en va de la viande comme du vin. » Hendrik acquiesce : « la maturation de chaque race est abordée sur un mode particulier et il arrive que des clients nous achètent un petit morceau de chaque race, pour des dégustations entre amis. Nos clients viennent d’ailleurs de très loin, car la Belgique ne compte que quelques bouchers pratiquant la méthode de la maturation. » « Laisser mûrir un quartier de bœuf pendant dix à quinze jours : avant, c’était une pratique courante. Aujourd’hui, les bouchers découpent et vendent la viande deux jours après son arrivée. Les clients ne veulent voir que de la belle viande bien rouge dans les comptoirs. Pourtant, tout le monde apprécie une


r ep o r ta g e

“Dierendonck est fou, disent les fermiers.”

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r ep o r ta g e

viande qui a mûri pendant trois ou quatre semaines, tout simplement parce que les tissus musculaires sont plus tendres. Mais tout le monde n’aime pas une viande qui a mûri plus longtemps. Chez nous, la maturation prend généralement quatre, six ou huit semaines. Passé ce délai, la tendreté et la structure n’évoluent plus beaucoup, même si le goût est encore plus prononcé. Il m’arrive d’acheter en Espagne des morceaux qui ont mûri pendant cent jours ! Des cas extrêmes, puisque la viande présente alors un léger goût de pourriture, un peu comme la croûte d’un fromage bien fait. Parfois, je vais encore plus loin, jusqu’à 140 jours. »

Un carrousel de viande A Sint-Idesbald, je suis autorisé à pénétrer quelques instants dans la chambre froide. A une température ambiante de 2°, on y observe des quartiers de viande

suspendus, à différents stades de maturation. Les différentes couleurs et la grande diversité des marbrures présentent une certaine beauté intrinsèque. Sans parler des arômes ! « Tout est livré sur carcasses, rien n’est emballé sous vide », affirme Hendrik Dierendonck. « C’est très important. Les supermarchés réclamant une viande plus tendre, on a observé le phénomène du wet aging, avec de la viande emballée sous vide. La couleur de la viande ne change pas, elle ne se dessèche pas et les pertes sont donc moindres. En faisant mûrir la viande sur carcasse ou à l’os, on obtient un produit plus tendre, plus goûteux, mais il faut compter de 35 à 40% de pertes. Du fait de l’humidité, mais aussi parce qu’il faut retirer la croûte avant de vendre la viande. » Est-ce qu’il arrive que le procédé ne fonctionne pas ? « Certainement. Suite à des différences de température importantes, ou par excès d’humidité, il peut arriver que la viande s’embue et pourrisse. A Nieuport, j’ai installé récemment une grande chambre de maturation, équipée d’un gros ventilateur. Il y fait donc plus sec. La viande y tourne continuellement sur une sorte de carrousel, ce qui permet un séchage régulier. Mais la place manque déjà… En collaboration avec un fabricant de chambres froides destinées aux maîtres fromagers, j’étudie actuellement la possibilité d’installer dans ma cave une nouvelle chambre froide – encore plus spacieuse, avec un contrôle d’hygrométrie parfait. »

L’Ame d’un boucher

“Au début, j’étais très impressionné :

Sergio Herman voulait me parler ! Aujourd’hui, j’ai du mal à suivre la cadence.” [ CAPITAL 15 ]

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Hendrik Dierendonck a été élu artisan de l’année par le magazine Knack Weekend. « Hendrik a vraiment l’âme d’un boucher », déclare son père avec fierté. Hendrik tient à relativiser la chose : « On observe à nouveau une certaine reconnaissance des artisans – comme pour les affineurs de fromage ou les boulangers. Il était temps d’ailleurs, car nous sommes une espèce en voie de disparition. Tous les cours de cuisine affichent complets, alors que l’école de boucherie de Dixmude n’attire pratiquement plus d’élèves. Les honneurs qui nous échoient aujourd’hui sont un signal important pour les jeunes. Des gamins de treize ou quatorze ans n’apprennent même plus les techniques de base pendant leur stage : il n’existe plus beaucoup de bouchers qui désossent la viande eux-mêmes. Tout ce que ces jeunes apprennent, c’est à ouvrir un emballage et à déposer un morceau de viande dans le comptoir, puisque tout est acheté. Il faut voir leur tête lorsque nous leur apprenons à manier un couteau … »


D E S B E L G E S Q U I ON T UN P L A N

d i c k va n d e v y v e r e

« Lorsqu’on a tout sous controle, il faut aller de l’avant. »

Dick Vande Vyvere, pionnier du fitness, lance un nouveau concept de centres de détente.

Fondateur de la chaîne Passage, Dick Vande Vyvere a appris le fitness aux Belges. Après avoir vendu une grande partie de sa participation, il aurait pu se reposer sur ses lauriers. C’est mal connaître cet entrepreneur pur sang. En lançant Shambho, l’homme entend déployer un nouveau concept de détente permettant aux clients de « travailler sur eux-mêmes », loin de l’ambiance survoltée des salles de fitness. « Je sens bien que le marché est prêt pour une telle approche. » TEXTE Jeroen Lissens PHOTOS lieven dirckx

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D E S B E L G E S Q U I ON T UN P L A N

« Dans la famille, on a l’entrepreneuriat dans les gênes : tout le monde est indépendant. Mes parents avaient une entreprise d’électricité automobile. A l’époque, ce secteur me paraissait vieux jeu, je voulais faire quelque chose de neuf. J’ai étudié l’éducation physique à Louvain, mais l’enseignement, très peu pour moi ! Via le club d’étudiants, j’ai pris goût à l’organisation et à l’esprit d’entreprise. Pourtant, mon premier emploi n’avait pas grand-chose d’entreprenant : j’étais gardien de nuit dans une imprimerie. La journée, je suivais des études d’ingénieur commercial. Pendant des années, je me suis contenté de 4 heures de sommeil par nuit. » Comment avez-vous fait vos premiers pas comme entrepreneur ? « Après mes études, je suis parti découvrir le monde, sac au dos, durant plusieurs années, avec quelques pauses entre les voyages. A Gand, je m’occupais de sport, nous étions à la fin des années 1980 et le squash était à la mode. J’étais passionné par ces nouveaux sports et j’estimais que personne n’en avait une approche suffisamment professionnelle.

Je vois toujours les choses en grand. Aux Etats-Unis, j’avais vu des clubs de fitness et assisté à des conférences sur le sport. Ce professionnalisme m’attirait. » Avez-vous eu du mal à trouver des fonds pour financer ce nouveau concept ? « Un jour, je me suis rendu à la banque en bermuda et en T-shirt, mais muni d’un dossier en béton, pour obtenir le financement de mon premier centre de fitness dans un bâtiment inoccupé à Gand. Le succès a été instantané : au bout d’une semaine, nous comptions mille membres grâce, en partie, à la reprise du fonds de commerce et des membres d’un club de sport existant, mais surtout grâce à nos propres actions publicitaires créatives. Nous avons fait du bénéfice dès le début. » La suite de l’histoire est connue… « Ce centre était le premier d’une chaîne de 38 clubs en Belgique et au Luxembourg. En 1999, j’ai conclu une joint-venture avec la chaîne britannique Fitness First, avant de me retirer petit à petit de la gestion journalière. J’avais de nouveau besoin de m’essayer à quelque chose de neuf. »

« Cette nouvelle initiative a vu le jour en 2010 avec le lancement de JustFit, une chaîne de fitness axée sur une approche très pratique et à prix attrayants. J’en suis toujours le président du conseil d’administration et le CEO. En deux ans, nous avons développé une chaîne de 9 établissements totalisant 22 000 membres. » D’où vous vient l’inspiration pour une nouvelle forme de détente ? « Entre toutes ces entreprises, je percevais bien qu’il y avait, de la part du marché, une demande pour un mode de détente qui n’a pas sa place dans un centre de fitness ordinaire. Une approche plus holistique, mais proposée d’une manière professionnelle et encadrée par une structure appropriée. J’ai alors lancé sous le nom de Shambho un concept destiné aux indépendants et aux professions libérales, à l’emploi du temps chargé mais désireux d’investir en eux-mêmes. Loin de l’agitation et des télévisions des centres de fitness, mais aussi loin de l’image bobo-écolo qu’on associe volontiers à la relaxation. »

“Un jour, je me suis rendu à la banque en bermuda et en T-shirt, mais muni d’un dossier en béton, pour obtenir le financement de mon premier centre de fitness.” [ CAPITAL 15 ]

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D E S B E L G E S Q U I ON T UN P L A N

Une chaîne « alternative » donc ? « La combinaison des formations et du yoga, avec le confort d’un spa de haute qualité : cela ne peut que marcher. Aujourd’hui, le yoga n’est plus une discipline dont on se méfie. La majorité de nos membres sont des femmes, mais le nombre d’hommes augmente progressivement. Nous complétons l’offre sur mesure en fonction de la demande de chaque client. Je citerai, par exemple, les formations Pilates, les sessions sous accompagnement d’entraîneurs personnels ou encore les cours de mindfulness externes, et ainsi de suite. Nous avons recherché un emplacement en bordure de la ville, facile d’accès et confortable. Nous avons fait tourner l’établissement à l’essai pendant quelque temps et avons rapidement accueilli mille membres. Figurez-vous que même des thérapeutes de couple louent nos locaux. J’y vois la meilleure preuve que nous avons réussi à créer un environnement reposant, sûr et serein. »

but est d’inciter le plus grand nombre de gens à faire de l’exercice. Après avoir établi leur profil, nous allons les orienter vers des partenaires, comme des clubs de fitness, qui nous verseront en retour une commission. Les autorités publiques y trouveront leur compte également. Savez-vous que notre pays compte entre 600 000 et 1,2 million de diabétiques ? Chaque patient coûte à la communauté € 3 000 par an, alors qu’il est prouvé que des programmes actifs d’exercice augmentent leur qualité de vie de 40% ! Il est clair que cette approche peut permettre à l’Etat de réaliser d’énormes économies. Cette année, nous voulons ouvrir 20 points de mesure dans des endroits de grande fréquentation répartis dans tout le pays. »

Et comment se présente l’avenir de Shambho ? « Aujourd’hui, nous n’avons encore qu’un seul centre, à Gand, mais je souhaite également en faire une chaîne. Le but est d’être présent dans toutes les grandes villes. Mais chaque chose en son temps : je souhaite d’abord affiner notre concept. La réaction du marché prouve toutefois que nous faisons bonne route. Nous n’allons donc certainement pas attendre indéfiniment. Comme je le dis souvent : quand tout est sous contrôle, il faut prendre le taureau par les cornes et aller de l’avant. » www.shambho.be

“Je n’aime pas quand les choses traînent. Une telle approche s’accompagne parfois

d’une certaine part de risque.”

Un signe des temps ? « Aujourd’hui, les gens recherchent un environnement reposant. Ils sont disposés à investir en euxmêmes et ils veulent sentir que c’est une démarche qu’ils entreprennent pour eux-mêmes. Même si cela se fait dans un petit groupe de personnes qui partagent les mêmes intérêts, avec qui ils font, par exemple, des exercices de respiration. Ici, la maîtrise du corps prend le pas sur la performance. » On compte sans doute de nombreux entrepreneurs parmi toutes ces personnes fort occupées… « En effet, les entrepreneurs et les personnes actives dans les affaires sont très nombreux, mais nous ne voulons pas être un club d’affaires. Il s’agit de l’être humain dans son contexte privé. Chez nous, on ne voit pas de GSM, ni de gens qui consultent leurs mails. On éteint tout pendant un moment. D’où aussi notre nom : Shambho, signifiant « qui apporte le repos » en sanscrit. » Le repos… un terme qui semble bien peu applicable à votre parcours si l’on en croit votre CV… « C’est exact, je n’aime pas quand les choses traînent (rire). Une telle approche s’accompagne parfois d’une certaine part de risque. J’aime voir grand. C’est pourquoi je m’occupe actuellement d’un projet qui entend mesurer la santé des Belges par le biais d’un profil santé personnel dans des points de mesure répartis dans tout le pays. Ce projet aura pour nom Fitindex. Le

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MOBILITe

p o rs c h e 9 11

un chiffre Son nom est le fruit du hasard, mais ce n’est pas la seule raison du succès de la Porsche 911. TEXTE Bart Lenaerts PHOTOS Lies De Mol

Elle est unique, cette Porsche 911, et dotée d’un tel nombre de qualités que ça en devient gênant. Ce n’est vraiment pas juste : tant de talent, tant de puissance, tant de beauté et en plus, elle a vraiment du caractère ! Pourtant, personne ne songe

à lui reprocher sa réussite. Non pas qu’elle fasse figure d’outsider, puisque dès les années ’70, la Porsche a abandonné son image gentillette au fur et à mesure de ses innombrables victoires, tant sur les circuits qu’en rallyes. Mais c’est dans les années

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’80 qu’elle a vraiment perdu toute son innocence. La voiture de sport si délicate des débuts est peu à peu devenue une vedette des ventes, rendant vertes de jalousie des valeurs sûres comme Aston Martin, Lamborghini, Maserati et même Ferrari …


MOBILITE

“La 911, c’est l’incarnation d’une

histoire passionnante et passionnée, avec des épisodes haletants, des passages difficiles, de véritables tragédies familiales et une catharsis bien plaisante.”

Comment expliquer le fait que la Porsche 911 plaise encore et toujours à tout le monde ? Un tel consensus serait-il lié à ses mirettes rondes et désarmantes, à son arrière-train tout en douceur, à l’élégance de ses lignes ou à l’absence de spoilers ou autres falbala ? Un homme d’affaires qui réussit peut se présenter n’importe où en 911, alors qu’une Ferrari m’as-tu vu ou une tapageuse Lamborghini en indisposerait plus d’un. La Porsche 911, c’est bien plus qu’une voiture de sport visant à combler une lacune sur le marché. C’est l’incarnation d’une histoire passionnante et passionnée, avec des épisodes haletants, des passages difficiles, de véritables tragédies familiales et une catharsis bien plaisante.

Oups, une erreur… Lorsque Porsche a levé le voile au salon de Francfort en 1963, la Porsche 911 s’appelait encore tout simplement 901. La marque, encore assez modeste à l’époque, n’avait apparemment pas réfléchi longtemps au nom à lui donner. Quelques mois plus tard, Porsche a dû rectifier la barre, Peugeot ayant été la première à se réserver les sigles à trois chiffres avec un zéro au centre. Porsche n’a donc

pas eu d’autre choix : la 901 a été rebaptisée 911. Aujourd’hui, personne ne se soucie plus d’un tel détail et la 911 est presque aussi connue que Coca Cola, Apple ou autres icones … Une renommée qu’elle doit à une autre erreur : son moteur est placé totalement à l’arrière, une construction particulière, héritée de l’ancienne Porsche 356, qui copiait à son tour la technologie de la très modique Coccinelle VW. Un agencement qui avait certains avantages, notamment le fait de laisser de la place pour une banquette arrière. Même si cette banquette est tellement compacte qu’elle en devient symbolique, elle constitue tout de même un sérieux atout face aux autres voitures de sport. Le maximum de poids pesant sur les roues arrière, la 911 présente par ailleurs une motricité super-efficace, ce qui lui permet de gagner en vitesse avec un nombre de chevaux relativement réduit. Mais cette architecture spécifiquement Porsche se solde par un gigantesque inconvénient : la tenue de route de la Neunelfer est malicieuse, trop de masse à l’arrière entraîne un net survirage dans les virages pris à grande vitesse.


Aucun constructeur de voitures de sport n’a suivi l’exemple donné par Porsche avec cette construction. C’est bien la preuve de l’erreur commise a priori. Même au sein de la marque, on trouve des arguments à charge : Porsche doit se démener comme un beau diable pour essayer de faire oublier que la moins coûteuse Cayman – dont le moteur est placé au centre – est plus équilibrée et donc plus agile et plus rapide. Mais malgré cela, la 911 tire son épingle du jeu. Tout simplement parce que c’est …la 911. Et parce qu’elle a accumulé les victoires en courses, évidemment. Même si ces victoires sont dans une large mesure à mettre au compte d’audacieux pilotes qui ont tiré le maximum de ses points forts avec assez de talent pour faire oublier ses points faibles. Voilà qui est bien fait pour booster sa popularité. Quiconque pilote une 911 peut s’identifier à l’un de ces héros d’un riche passé Porsche.

911 est non seulement plus longue et plus large que son ancêtre, elle est aussi plus robuste. Sous le capot, on note bel et bien du changement. Le moteur boxer six cylindres à refroidissement par air de la première 911 dépassait à peine les 100 chevaux tandis que le plus récent flirte avec les 400 chevaux. Depuis trois générations, le refroidissement se fait à l’eau, pour respecter des normes d’émission toujours plus sévères. Un véritable sacrilège pour les fanas de 911 purs et durs, car le son si caractéristique a de ce fait perdu de son ampleur. Qu’est-ce qui n’a pas changé ? L’étonnante diversité, même si elle était jadis surtout le fait d’une évolution organique et qu’elle visait la compétition, alors qu’elle est aujourd’hui dictée par le département marketing, soucieux d’attirer suffisamment l’attention. La nouvelle venue n’étant proposée sur le marché que depuis quelques mois, l’offre se limite pour le moment à la Carrera et à la Carrera

Toujours plus de choix Après près d’un demi-siècle, la 911 en est aujourd’hui à sa septième génération. Comme il convient pour une formule à succès, elle est toujours restée rigoureusement fidèle au concept d’origine ou c’est du moins l’impression que donne la plus récente des 911. La ligne de toit n’a pas changé, ni les si charmants phares qui nous font les yeux doux, et son allure est aussi athlétique que celle de sa lointaine ancêtre. Rien n’a changé sous le capot non plus, et c’est toujours un boxer six cylindres qui se manifeste derrière le train arrière. Mais il suffit d’aligner une série de 911 de différentes générations pour s’apercevoir que la voiture de sport allemande a évolué au fil des ans, et bien plus que ce que l’on aurait cru. La toute nouvelle

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S. Mais le cabriolet ne devrait pas se faire attendre bien longtemps et toute une série de variantes sur le même thème suivront – dont les GT3 et GT3 RS hardcore, une puissante Turbo, une GT2 qui l’est plus encore, etc., etc. Il y en aura donc pour tous les goûts, un aspect qui a toujours contribué à la popularité de la 911. Déjà au tout début, l’usine sortait régulièrement des versions encore plus puissantes, même s’il s’agissait surtout à l’époque de devancer la concurrence sur les circuits. Aujourd’hui, ces 911 sur-boostées valent beaucoup d’argent, parce qu’elles sont encore plus pures, et surtout plus rares. Wim Meire (Rennsport Classics Anvers), qui pilote la 911 écarlate (voir les photos accompagnant cet article) a même réussi à en faire commerce. Tout en respectant la tradition, il transforme des 911 ‘normales’ des années ‘70 en véritables bêtes de course.


“La 911 était là et bien là. La marque a donc décidé

de peaufiner ce diamant brut.”


MOBILITE

Un flirt pousse avec la faillite

Pour tous les gouts

Des années durant, Porsche a recherché un modus operandi. Les ingénieurs de la marque ayant parfaitement conscience du fait qu’en théorie, la 911 était née d’un concept erroné, ils ont donc fait dès le milieu des années ’70 de vagues tentatives pour diriger la marque de voitures de course dans une autre direction. Hélas, la 924 s’est avérée une automobile bien sage et un peu ennuyeuse, et surtout bien trop VW, tandis que la baroque 928 était trop lourde et trop clinquante pour séduire. Plusieurs années plus tard et après avoir flirté avec la faillite, Porsche a dû se rendre à l’évidence : la 911 était là et bien là. La marque a donc décidé de peaufiner ce diamant brut, pour que cette crâneuse brille toujours plus haut au firmament automobile. C’est l’une des raisons pour lesquelles la 911 est aujourd’hui plus prisée que jamais.

S’il fallait citer une seule personne capable d’expliquer la magie de la 911, ce serait Gert Beets (Classic Division de Beerens à Anvers) : « Jadis, j’étais fou de tout ce qui venait d’Italie. Alfa Romeo, Ferrari, Maserati … Mais mon métier m’a amené à m’intéresser à Porsche – du fait d’une demande bien plus importante. Peu à peu, j’ai attrapé le virus et j’ai appris à apprécier la 911. » Son rugissement, fantastique, et de fort belles lignes, ce sont là les principaux atouts de la 911, mais Gert Beets n’a aucun mal à en énumérer d’autres : « la 911 est hyper-fiable, ce qui est unique pour une voiture de sport et se retrouve même à l’intérieur. Tout y est très germanique et très sobre, mais aussi conçu pour durer », dit-il en parlant des anciennes 911. Porsche a d’ailleurs réussi à pallier à cette extrême sobriété, pour preuve la nouvelle 911. L’habillage intérieur de ce modèle est presque aussi luxueux que celui d’une grosse Audi.

Malgré tout, il s’agit là d’un cadeau empoisonné. A l’heure actuelle, il n’est plus concevable de bâtir une marque sur un seul modèle. Que faire si ce modèle ne plaît plus – une hypothèse peu probable avec la 911, mais bon… Dans ce cas, on est confronté à un énorme problème. Mais même sans aller si loin, une marque est alors trop dépendante du cycle de vie d’un tel modèle. C’est ce qui a poussé Porsche à développer les plus compactes Boxster et Cayman, la Panamera quatre portes et même le gros SUV Cayenne. Ces deux derniers modèles ne sont pas des premiers prix de beauté, leurs lignes font tout de même clairement référence à la 911. Voilà qui suffit à garantir la réussite commerciale.

Et Gert Beets de poursuivre : « Le principal avantage de la 911 ? Il en existe pour – presque – toutes les bourses et tous les usages. Entre € 25 000 et € 250 000 : le choix est assez vaste pour que tout le monde s’y retrouve. Depuis les bêtes de course jusqu’aux voitures de sport utilisables dans la circulation de tous les jours, en passant par d’indolents modèles classiques – et toutes les nuances entre ces catégories, les versions standard étant généralement les plus harmonieuses. » Gert Beets n’est pas vraiment charmé par le modèle lancé en 1998 : « il est moins beau, ne fût-ce que parce qu’il a subitement perdu ses phares ronds. Avec son moteur à refroidissement

“A l’heure actuelle, il

n’est plus concevable de bâtir une marque sur un seul modèle.”

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par eau, le bruit n’est plus aussi rauque. Un écueil que Porsche a réussi à éviter avec le récent modèle » « Les plus belles 911 sont celles de la première série, avec les petits pare-chocs en chrome », estime Gert Beets. « Mais la 911 équipée du moteur 3,2-litres de 1989 est certainement celle qui se conduit avec le plus de plaisir. Le modèle lancé en ’93 n’est pas mal non plus. C’est déjà une voiture moderne, mais qui a gardé une petite touche classique. »

Chaque medaille a son revers N’y a-t-il vraiment rien à redire à la 911 ? Si bien sûr, il reste qu’en acheter une n’a rien de bien original. Même remarque pour les 911 classiques rencontrées dans les rallyes oldtimer. De plus, la Porsche traîne derrière elle une réputation de widowmaker. C’est surtout lié à la fin des années ‘70, lorsque le caractère imprévisible de la 911 Turbo a causé de mauvaises surprises à plus d’un malheureux pilote. « Par temps de pluie, elle dérape si facilement et si vite que l’on aurait mieux fait de poser des essuie-glaces sur les vitres latérales. Cela ne me plaît pas, même si ce petit côté morbide participe certainement à la naissance d’un mythe. Celui qui réussit à maîtriser la 911 est forcément un bon conducteur », affirme Gert Beets. Heureusement, ce côté hyper mordant a quasiment disparu. Porsche, souhaitant attirer et conserver une nombreuse clientèle, a façonné le caractère aiguisé de la 911 jusqu’à la rendre plus modérée. Ce qui a aussi un inconvénient : si l’on s’en tient à la vitesse légale, on en oublierait presque que l’on pilote un engin très spécial. Mais rouler en Porsche, ce n’est pas donné. La 911 de base coûte évidemment moins qu’une Aston ou une Maserati, mais Porsche joue à fond le jeu des listes d’options, ce qui sucre l’addition pour ceux qui tiennent à bien habiller leur 911. Pas beaucoup de bonnes affaires non plus du côté des classic cars Porsche : « Pour ce qui est des récentes occasions 911, la baisse de prix est dramatique suite aux nouvelles mesures fiscales qui touchent les voitures de société. Alors que les prix augmentent d’année en année pour ce qui est des classic cars 911. Même chose au niveau des pièces de rechange », déclare Gert Beets. « Mais il s’agit de toute manière d’une voiture mythique, d’une evergreen. Après tout, il n’y a pas beaucoup d’exemples de voitures produites depuis 1963 sous la même appellation. » Pour terminer, Gert Beets refuse d’admettre que le concept de la 911 soit une erreur : « je préfère parler d’obstination. »


u n clie n t raco n te

l e s pr o du i t s fr a i s d e l a fa m i ll e D e k e t e l a e r e , e n F l a n dr e o c c i d e n t a l e

« Nous n’avons pas regrette une seule seconde de nous etre lances » A une époque où les grandes chaînes de supermarché dominent de plus en plus le paysage, les magasins de produits frais se font rares. Ce n’est pas le problème de la famille Deketelaere, qui a ouvert à Courtrai son troisième magasin de produits frais juste à côté de deux grands supermarchés. Ces différents points de vente constituent pour la famille un instrument unique dans le cadre de la succession familiale, pour laquelle ils sont allés consulter les spécialistes d’Optimabanque. Le portrait d’un bel exemple d’esprit d’entreprise. TExte Jeroen Lissens PHotos lieven dirckx

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U n clie n t r ac o n te

Bernard Deketelaere (56 ans) et son épouse Marleen ont réfléchi pendant des années avant de faire le grand saut en 2004 et de lancer leur propre entreprise – un magasin d’alimentation, uniquement avec des produits frais, fruits, légumes, charcuterie et boucherie, ainsi que leur propre service traiteur. « La qualité, mais à prix serrés », explique Bernard Deketelaere. Le concept a marché. Le premier établissement à Roulers (à proximité du Kleine Bassin, qui a donné son nom au magasin) a bientôt été suivi par un deuxième magasin à Menin et la famille vient récemment d’ouvrir un troisième point de vente à Courtrai.

L’agrandissement de l’entreprise familiale cache un plan astucieux, visant à assurer la succession familiale pendant que, lentement mais sûrement, les enfants « grandissent dans et avec l’entreprise ». Bernard Deketelaere raconte : « Je me suis lancé lorsque mon fils Frederik a eu 20 ans. C’était le moment, et nous le savions. Comme il étudiait la boucherie, ouvrir une boucherie représentait l’étape logique. Dès le début, nous savions que Frederik et son épouse Christel travailleraient avec nous.»

Anticiper Et c’est ce qui est arrivé. A son tour, la fille

La succession familiale : s’y prendre correctement (et à temps), c’est déjà la moitié du travail !

5 conseils cruciaux pour mener à bien votre succession familiale.

C’est bien connu, la Belgique est connue pour être un pays de PME. Aujourd’hui, les baby-boomers décident de passer progressivement le flambeau à la génération suivante. Des études récentes prévoient un afflux de successions d’entreprises dans les 10 à 15 années à venir. Pour beaucoup, cette cession de l’entreprise à un membre de la famille relève de l’évidence. Mais dans la pratique, la procédure de succession familiale se déroule-t-elle toujours aussi facilement ? L’expérience nous enseigne que la succession familiale est souvent un périlleux exercice d’équilibre. A la lumière de quelques exemples concrets, voici d’ores et déjà cinq conseils utiles pour bien planifier votre succession. 1. Nul n’est éternel Le pater familias a souvent tendance à penser qu’il est éternel et donc, à remettre à plus tard le soin de penser à sa succession. Mais voilà que l’inattendu se produit. Un décès soudain ne doit pas – du moins au niveau fiscal – être une catastrophe financière totale ; la transmission des entreprises unipersonnelles comme des sociétés peut se faire sans trop de frais, dans certaines conditions. Mais la succession n’est pas réglée pour autant. Plus gênant encore : en vertu du droit successoral belge, les héritiers sont tenus à l’indivision par la copropriété, ce qui conduit fréquemment à des discussions difficiles et, finalement, à … l’arrêt de l’entreprise. L’héritage bon marché est donc très rarement utilisé en tant que technique de planification. 2. Choisissez la bonne personne à la bonne place Le choix du successeur constitue la première difficulté. D’un point de vue purement rationnel, ce choix devrait être basé sur des facteurs qui garantissent la pérennité et la croissance de l’entreprise familiale. La fameuse « bonne personne à la bonne place » offre en effet les meilleures chances de succès dans l’entreprise familiale.

Ce choix est inévitablement lié aux relations familiales. Il faut parfois choisir le successeur parmi l’un des enfants, ou – plus difficile encore – refuser aux enfants la succession de l’entreprise. Pour un pater familias, il n’est ni facile ni enviable de faire primer les intérêts de l’entreprise sur l’harmonie familiale, ou l’inverse. 3. Evitez les pièges successoraux Même si tout le monde tient à éviter les disputes successorales, des conflits surviennent dans 40% des cas à propos de la répartition et de la valeur de l’héritage. Il convient d’y être très attentif dans le cadre de la succession dans une entreprise familiale – surtout lorsque la donation est utilisée comme technique de succession. Lorsqu’il y a plusieurs enfants, le droit successoral belge prévoit une certaine forme d’égalité. Ce principe a des répercussions sur la réserve. La partie réservataire de la succession est constituée d’une partie bien déterminée de la succession totale, qui doit revenir par définition aux héritiers réservataires (le conjoint survivant et les enfants). La partie dont on peut disposer librement est la partie disponible. L’importance de la réserve et de la partie

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U n clie n t r ac o n te

disponible dépend du nombre d’enfants. Avec un seul enfant, la réserve s’élève à la moitié de la succession, pour deux enfants, aux deux tiers, et pour trois enfants ou plus, aux trois quarts. L’ouverture de la succession, c’est le moment de vérité. A ce moment-là, on vérifie si la réserve légale de chaque enfant n’est pas atteinte par des donations antérieures, par exemple. On le fait en constituant la masse fictive :  la totalité du patrimoine du testateur est reconstituée comme si aucune donation n’avait eu lieu de son vivant. Il est important de savoir que dans le cas d’une telle reconstitution du patrimoine, les donations effectuées antérieurement sont valorisées à leur valeur au moment du décès. S’il apparaît que la part réservataire d’un ou plusieurs héritiers n’a pas été respectée, les héritiers peuvent demander la réduction. Ceci implique que les héritiers qui ont reçu trop peu sont en droit de revendiquer leur part légale. Les conséquences financières peuvent être lourdes pour le successeur : il risque une demande de réduction des autres héritiers lorsque la valeur des parts a fortement augmenté en valeur suite à ses propres efforts. Il est évident que tout règlement de succession doit tenir compte de cet aspect. Notez aussi que ce problème peut se produire en cas de vente des parts. Une vente à un prix trop bas constitue en effet une donation cachée, qui est également soumise aux principes cités plus haut. Un testateur averti en vaut deux … 4. Contrôlez la faisabilité financière et fiscale Le choix de la donation ou de la vente de l’entreprise familiale dépendra fortement des moyens financiers des parents et du successeur. Une bonne planification financière est à cet égard extrêmement importante, aussi bien en fonction du maintien du niveau de vie que de la planification de la succession. Les parents ont en effet besoin d’un capital non négligeable afin de pouvoir maintenir leur niveau de vie si les revenus de l’entreprise familiale disparaissent soudain. Exempter ce capital de droits de succession est un souhait supplémentaire dans une bonne planification familiale.

En cas de vente de l’entreprise familiale au successeur, dans l’état actuel de la législation (et de la jurisprudence), la plus-value sur les parts reste en principe exemptée d’impôts. Par conséquent, l’achat de parts n’est pas fiscalement déductible dans le chef du successeur. En d’autres termes, celui-ci doit financer cet achat avec de l’argent net, soit de l’argent qui a été préalablement soumis à l’impôt des sociétés ou des personnes physiques. Dans ce contexte, le choix d’une bonne structure de cession peut faire économiser beaucoup d’impôts. 5. Ne coupez pas brutalement tous les liens avec votre entreprise Une fois que la succession est organisée, cela ne signifie pas pour autant que vous devez vous reposer en tant que chef d’entreprise. Votre désir de continuer à travailler un peu – même si c’est dans un rôle moins éminent – est justifié, et souvent même nécessaire pour la continuité de l’entreprise. Dans le cas où le successeur devait ne pas donner satisfaction ou s’il décédait inopinément, vous souhaiteriez reprendre les rênes de l’entreprise. Cet élément joue également un rôle dans le choix de la bonne technique de succession. Conclusion C’est très clair : pour une cession et/ou succession correcte, mieux vaut ne pas agir à la légère. Faites-vous donc conseiller de manière professionnelle et indépendante. Comme nous l’avons dit précédemment, une vente est une manière fiscalement sûre d’assurer la succession. Mais le successeur doit pouvoir financer la cession. Encore un dernier conseil : pour ses plans de financement, le candidat repreneur a intérêt à disposer de tous les chiffres ainsi que d’actifs purement professionnels. Si le privé et le professionnel sont trop imbriqués dans votre entreprise, commencez par procéder à un « nettoyage » environ trois ans avant la cession. En effet, si votre successeur devait soudain se retirer, vous devriez vendre à un tiers, qui sera lui aussi intéressé uniquement par des chiffres corrects et complets concernant votre entreprise. Koen Petit – Manager Competence Center, Optimabanque

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U n clie n t r ac o n te

de Bernard et Marleen, Eveline, s’intéresse au commerce de ses parents. Le gendre, Wim Van Bogaert, un géomètre de formation qui travaillait encore à l’époque pour une importante entreprise de dragage, est bientôt séduit à son tour. « Nous avons alors ouvert un nouvel établissement à Menin, à proximité de la frontière française », explique Marleen Deketelaere. « Aujourd’hui, chacun a son propre établissement : Frederik et Christel à Roulers, Eveline et Wim à Menin. Mon mari et moi, nous nous consacrons principalement au lancement du nouvel établissement. » Bernard et Marleen Deketelaere sont des entrepreneurs qui anticipent. « Il arrive un moment où on réalise qu’on n’est pas éternel », explique Bernard. « Nombreux sont les entrepreneurs qui n’aiment pas lâcher les rênes. Personnellement, cela ne me pose pas de problème. Lorsque les enfants proposent une nouvelle idée, je trouve cela enrichissant. Avec les conseillers d’Optimabanque, nous avons pu développer une bonne structure : je passe partiellement le flambeau, même si je progresse encore, avec l’entreprise. Je n’ai pas l’intention d’arrêter demain, mais j’ai l’esprit tranquille : la succession est assurée. »

Confiance « Entreprendre en famille, c’est une question de confiance », ajoute Marleen. « Wim, par exemple, assure l’informatisation de notre système de prix, ce qui nous épargne énormément de travail dans les différents magasins, tandis que Frederik assure la continuité de l’expertise.» « Ces avantages d’échelle permettraient en théorie d’ouvrir plus facilement un quatrième, voire un cinquième magasin », Wim rêve tout haut, ce qui provoque une certaine agitation autour de la table. « Nous avons fait la preuve de nos ambitions, mais nous ne sommes pas une multinationale ! »,

tempère Bernard. Wim sourit : « il ne faut jamais dire jamais ! » S’ensuit une discussion animée entre les générations, la jeune garde poussant au développement et l’ancienne aspirant plutôt à conserver ce qu’elle a construit. Une fois par mois, la famille se réunit pour ce genre de discussions dans le cadre d’une sorte de conseil de famille.

Prosperite Bernard a cependant une vision très claire de la cession à la génération suivante : « Marlène et moi sommes tous deux issus d’une famille nombreuse, avec un seul salaire. Nous n’étions pas riches à la maison et nous avons à notre tour travaillé très dur pour que la génération suivante connaisse une vie meilleure. Pour autant, nous ne faisons pas cadeau de l’entreprise à nos enfants. Eux aussi doivent travailler dur, même si nous avons posé les fondations pour eux. Heureusement, car aujourd’hui, lancer sa propre affaire n’est pas une partie de plaisir. A l’heure actuelle, les banques ne sont pas vraiment pressées d’aider ceux qui veulent lancer une nouvelle entreprise sans argent. » La crise ne leur met-elle pas de bâtons dans les roues ? « Nous observons que les clients regroupent davantage leurs achats au début du mois », commente Marleen. « Et ils font leurs comptes au sou près. Même s’ils achètent autant de volume qu’avant, ils optent plutôt pour des produits moins chers. » Toutefois, l’avenir ne leur fait pas peur. Bernard :  « Nous servons toujours nos clients au doigt et à l’œil. Nos produits sont hyper frais, alors que les prix ne sont absolument pas plus élevés que chez la concurrence. Non, les magasins de produits frais ne sont pas en voie de disparition. Si nous avons regretté notre décision de travailler à notre compte ? Pas une seconde ! »

Client d’Optimabanque, vous aimeriez retrouver votre histoire dans Capital ? C’est tout à fait possible. Chaque trimestre, la rédaction de Capital sélectionne l’un d’entre vous et notre photographe vient vous rendre visite. N’hésitez pas à faire parvenir vos questions et vos remarques à capital@optima.be

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L O I S I RS

n o s e x p e r t s o n t c h o i s i p o ur v o us

les

délices de la v o ya g e s

g a s t r o n o mie

c u lt u r e

Il semblerait que le Belge épargne dans de nombreux domaines, mais pas dans celui des loisirs. C’est la raison pour laquelle Capital a recueilli des conseils auprès de quatre épicuriens pour l’été. Découvrez les petites merveilles qui n’attendent plus que vous. Car il faut bien dire que le bien-être – qu’il s’agisse de voyages, de gastronomie ou de culture – vaut aussi son pesant d’or !

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voyages L E S C o n s e i ls d e debbie papp y n , j o ur n a l i s t e v o y a g e s

 www.atlasreizen.be / www.klm.be

L’A FRIque

Safari gorilles au Rwanda lée dans les années ’60 pour étudier les gorilles. Avant d’être assassinée, probablement par des braconniers, elle a mené pendant vingt ans un combat sans relâche pour leur survie. Un film, Gorilla’s in the Mist (Gorilles dans la brume) a mis en lumière sa vie et celle des gorilles de montagne en voie d’extinction. Cette région est l’une des plus exaltantes qui soient sur le continent africain. Pas trop de touristes, tout est sécurisé et fort bien organisé dans un des seuls endroits au monde où ces impressionnants – mais inoffensifs – anthropoïdes peuvent être observés dans leur milieu naturel. Dans la forêt vierge, dans la montagne et très souvent dans la brume, eh oui ! Vols directs pour Kigali au Rwanda : chaque jour depuis Bruxelles avec KLM.

Ceux qui connaissent vraiment l’Afrique n’ont plus rien à prouver. Pour eux, plus question de passer par l’incontournable étape des big five, mais parlezleur d’un safari gorilles au Rwanda et ils sont toute ouïe. L’agence de voyages belge Atlas Reizen propose un trekking unique, une découverte des gorilles au cœur du très impressionnant Parc National des Volcans au Rwanda. Votre point de départ : le très confortable et luxueux Sabinyo Silverback Lodge, au pied de la chaîne Virunga. Après quelques heures de marche, vous vous approchez à quelques mètres à peine des huit groupes de primates familiarisés au contact humain. C’est dans cette région des Virungas Mountains que Diane Fossey s’est instal-

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L O I S I RS

l’OCEA NIE

 www.thelair.com.au / mona.net.au

L’ASIE

Dans les rizières birmanes

Votre villa privée en Tasmanie

Myanmar figure à nouveau en bonne place sur la plupart des travel hotlists. Mieux vaut ne pas attendre trop longtemps si vous avez envie de vivre l’ancienne Birmanie dans sa splendeur. Les organisateurs de voyages ‘Vreemde Kontinenten’ ont créé un périple individuel unique au Myanmar, comprenant un trekking (degré de difficulté moyen) de quatre jours en montagne, pour admirer des paysages exceptionnels. Accompagnés d’un guide local, vous découvrirez rizières et plantations de thé et surtout, vous rencontrerez de nombreux habitants. Egalement au programme de ce périple de 16 jours, une visite à l’Etat Fédéré de Than, avec ses 30 ethnies, sans oublier bien entendu les principaux highlights du Myanmar. Après quatre années d’interruption, Qatar Airways assurera à partir d’octobre 2012 la liaison avec Yangon au Myanmar. Vols depuis Bruxelles trois fois par semaine, via le Qatar. Le circuit touristique organisé par Vreemde Kontinenten :  à partir de € 1 660, vols non compris.

Les particuliers sont de plus en plus nombreux à proposer à la location des maisons de vacances toujours plus attrayantes et particulières, souvent dessinées par des architectes, avec un intérieur design et de qualité. Y passer la nuit peut même vous donner des idées pour la construction ou la décoration de votre propre maison. Un éloquent exemple nous en est donné avec la maison de l’architecte australien Rick Bzowy. Il a mis toute son âme dans la construction de The Lair sur la côte Est de la Tasmanie. D’une extrême pureté de lignes, cette maison qui semble balancer entre ciel et terre domine un paysage des plus sauvages. Rick Bzowy a soigné tous les détails : le réfrigérateur est plein, de même que les casiers à épices et à bouteilles. Il n’a oublié ni les fruits frais ni les légumes. Il a pensé aux huîtres et aux moules fraîchement cueillies, au bacon et aux œufs pour l’omelette du matin, aux yaourts frais, aux jus de fruit… La longue-vue Leica, une machine à expresso qui ferait le bonheur d’un barrista, les meubles… autant de grands classiques du design, mais qui supportent allègrement un usage intensif. C’est cher, me direz-vous ? Moins cher en tout cas qu’une suite dans un hôtel de luxe :  € 600 par nuit pour quatre, boissons et nourriture comprises. Le bonus, c’est Rick Bzowy qui se propose – sans supplément – pour vous cuisiner un bon dîner ou faire office de dj. Quoi qu’il en soit, la Tasmanie est LE nouveau spot incontournable en Océanie. Inauguré il y a un an, le musée MONA attire des voyageurs du monde entier grâce à son énorme collection privée d’art moderne.

L’A FRIque

 www.lesterresmbarka.com / www.thomascookairlines.com

 www.vreemdekontinenten.be / www.qatarairways.com

Un manège à Marrakech De longues journées ensoleillées, des nuits relativement fraîches et un grand ciel bleu, avec le Haut Atlas qui se profile au loin … Marrakech, c’est encore et toujours une destination privilégiée pour ceux qui aspirent à se couler dans un autre univers sans passer de trop longues heures dans l’avion. La ville compte d’innombrables Riads, tous plus captivants les uns que les autres. Pour ceux qui ont soif d’espace et de nature, Les Terres M’Barka sont un lieu de villégiature unique, avec une ferme et des lofts en plus des suites de l’hôtel. Un décor libre de toute règle de style pour de spacieuses chambres, de grandes suites pensées comme des lofts abritant trois chambres, une cuisine où l’hôtesse, Fatiha, fait des merveilles… Le lieu idéal si vous souhaitez vous reposer ou faire du cheval. A moins que vous ne préfériez les longues balades dans les champs d’oliviers ou que vous optiez pour une excursion dans le désert Agafay tout proche, ou pour une journée shopping à Marrakech ? Vous voulez vivre au plus près de la nature, vous tenez à préserver votre intimité ? N’hésitez pas : réservez dès maintenant le plus grand loft – avec ses trois chambres, sa piscine privée et en prime, la vue sur le manège des Terres M’Barka. Vous pourrez y suivre des ateliers de cuisine dirigés par Fatiha, avant de servir à vos amis des tajines ou des couscous ‘comme là-bas dis’. Vols directs sur Marrakech plusieurs fois par semaines avec Thomas Cook – à partir de € 108 aller/retour, taxes comprises.

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gastronomie L E S C o n s e i ls d e P E T E R G O O S S E N S , HO F VAN C L EVE

 www.annvanhoey-ceramics.be

A nn Van Hoey − CEra miste

Un très joli bec Née à Malines, Ann Van Hoey a percé très tard dans l’univers de la céramique d’art. Elle a poussé loin son exploration avec son ‘Étude Géométrique’ (2008). A partir d’une demi-sphère incisée et pliée en son pourtour, Ann propose des contenants à quatre, trois, deux (bi-angle)ou un seul angle. Plus tard, elle travaillera sur la confrontation entre le cercle et le triangle, et sur la combinaison des droites et du cercle. ‘Geometry’ est une ligne de vaisselle de table spécialement conçue pour Peter Goossens, le chef étoilé du restaurant Hof van Cleve : des assiettes, des plats et des tasses en fine porcelaine, avec une jolie finition en forme de bec. Le dialogue agile entre les formes géométriques – du cercle au point – génère une sensation d’élégance et de pureté indéniables. Le service est produit et distribué par Serax, société belge d’articles de décoration.

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L O I S I RS

Flocons de Sel – Megev e

 www.floconsdesel.com

Trois étoiles dans les Alpes Il n’a pu retenir une larme, il s’est échappé le temps d’une promenade d’un quart d’heure et après seulement, il a été en mesure de boire une coupe de champagne avec toute l’équipe. « C’était un moment fort en émotions », se souvient Emmanuel Renaut (44 ans) à propos de la troisième étoile au Michelin qu’il a obtenue en mars dernier. Voilà qui fait des Flocons de Sel d’Emmanuel Renaut le 105ème restaurant dans le monde à ‘valoir le voyage’ d’après la bible rouge. Dans cet hôtel restaurant accroché au flanc de la montagne à Megève, avec une vue superbe sur les alpages, les glaciers et les cimes enneigées, Emannuel Renaut concocte une cuisine qui lui ressemble : imaginative, haute en couleurs, passionnée, pleine de vie. Il ose la couleur dans ses mets, ajoute une touche d’acidité par ici, une note d’amertume par là, il n’est jamais là où on l’attend. Le résultat : une cuisine intemporelle, sans prétention et qui privilégie les produits du terroir.

Hibiscus Londres

Un Français à Londres

L a Manounia – Marra k ech

 www.mamounia.com

Lorsqu’il part s’installer au Royaume-Uni en 1997, le chef français Claude Bossi a déjà travaillé avec différents grands chefs de l’Hexagone. Rien d’étonnant donc à ce qu’il hérite d’une première étoile Michelin en 2001 avec son restaurant, Hibiscus, qui se trouvait à l’époque à Ludlow. En 2007, l’Hibiscus – qui a entre temps remporté une deuxième étoile – s’installe à Londres (Maddox Street). Claude Bossi n’est pas un adepte des alliances de goûts bizarroïdes ou du high tech en cuisine, toutes choses qui altèrent selon lui le caractère propre des ingrédients. A l’Hibiscus, il met l’accent sur l’originalité et le flair.

Un conte de fée moderne L’hôtel La Mamounia Marrakech, c’est en quelque sorte un palais surgi du fond des âges. Y passer la nuit s’apparente à une expérience mythique et les restaurants de l’hôtel sont tout simplement divins. Abrité dans un Riad en plein cœur du parc de La Manounia – une oasis dans la ville – le restaurant Le Marocain se déploie sur trois niveaux. On vous y sert une cuisine marocaine exceptionnelle, alliant tradition et modernité avec justesse. Cuisine fine et délicate que celle du restaurant Le Français, dans un décor harmonieux rehaussé de notes chaudes. Dans l’atmosphère feutrée et intime, L’Italien propose une cuisine italienne contemporaine, toujours préparée avec des produits de saison, parfois issus du jardin potager biologique de l’hôtel.

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 www.hibiscusrestaurant.co.uk


culture L e s c o n s e i ls d e Mar c Holt h o f, j o ur n a l i s t e sp e c i a l i s t e d e l a c ult ur e

 www.fotofestival.be

Festi val international de la Photo

Le Pays des Merveilles à Knokke-Heist Le Festival international de la Photo de Knokke-Heist est baptisé cette année « Wonderland ». Au fil d’un itinéraire vélo dans la commune côtière, six photographes internationaux nous emmènent à la découverte de la planète tout entière. En leur compagnie, nous survolerons les étendues de terre de nos voisins du Nord avant de nous enfoncer dans la jungle profonde du Brésil ou du Costa Rica et de naviguer vers la mer de Bering à bord d’un bateau de pêche. Le Festival de la Photo se compose d’une exposition en plein air (jusqu’au 20 juin) et d’une série d’expositions en intérieur au Centre culturel de Knokke-Heist, au Musée Sincfala et au Casino de Knokke (jusqu’au 10 juin).

Flagey et Boz ar

 www.concours-reine-elisabeth.be

Concours Reine Elisabeth Pour la première fois, Flagey sera partenaire du Concours Reine Elisabeth et accueillera la première épreuve et la demi-finale. La finale se déroulera à Bozar. L’édition 2012 sera dédiée au violon et consacrera les 75 années d’existence du Concours. Créé en 1937 par la Reine Elisabeth, ce concours, l’un des plus reconnus au monde, se distingue par ses exigences artistiques particulièrement élevées, ses épreuves de très haut niveau et son succès unique auprès d’un large public. Après Ray Chen en 2009, qui sera le grand gagnant de cette édition ?

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L O I S I RS

Beaufort 04

 www.gentjazz.com

Gent Ja zz

Un aristocrate du jazz Après avoir appris le métier dans le fameux deuxième quartette de Miles Davis, le saxophoniste Wayne Shorter a été la force motrice de la formation Weather Report aux côtés du pianiste Joe Zawinul. Aujourd’hui, il est l’un des meilleurs musiciens de jazz au monde. Jazz Gent (du 5 au 14 juillet) lui rendra un hommage bien mérité. Le samedi 7 juillet sera entièrement mis sous le signe de cette grande étoile du jazz puisqu’il s’y produira luimême avec son quartette. Joe Lovano et le Dave Douglas Quintet lui rendront également hommage. Le Conservatoire de Gand, de son côté, lance un projet articulé autour de la musique de ce saxophoniste d’exception.

Brussels Film Festi val

 brusselsfilmfestival.be

L’été de l’art contemporain Beaufort, le festival triennal de l’art contemporain, en est cette année à sa quatrième édition. Une série d’installations monumentales et d’œuvres intrigantes surgiront de nouveau sur notre littoral. Pour cette quatrième édition, ce sont des artistes contemporains européens qui ont été sélectionnés. Les œuvres de Adrian Ghenie (Roumanie), Jannis Kounellis (Grèce), Nedko Solakov (Bulgarie), Erwin Wurm (Autriche) et des Belges Nick Ervinck, Hans Op de Beeck et Arne Quinze pourront être admirées sur ou derrière la plage et les dunes. Jusqu’au 30 septembre.

La capitale à l’heure du cinéma La dixième édition du Brussels Film Festival se tiendra du 8 au 16 juin à Flagey et à Bozar. Le programme comprend une sélection parmi la nouvelle offre de films européens. Mais le festival se veut aussi une plateforme pour la découverte de nouveaux talents. Le programme comprend une cinquantaine de films avec une compétition officielle, des films en avant-première, des films qui n’ont pas été diffusés en Belgique, des projections en plein air à la Place Sainte-Croix et des courts-métrages. Par ailleurs, le programme propose aussi des concerts apéritifs, une soirée VIP, une soirée de concert et des activités pour les enfants. Le Brussels Film Festival entend être un événement cinématographique populaire à ne pas manquer si l’on veut bien commencer l’été.

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 www.beaufort04.be


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C’est la realisation d’un projet qui en fait toute sa valeur Début 2012, le nouveau Ministre des Finances présentait sa note de politique générale. Dans cette note, le Ministre vise la simplifi­ cation de la législation fiscale et des procé­ dures administratives ainsi qu’une fiscalité équitable et juste. La réglementation doit être clarifiée et simplifiée, la charge admi­ nistrative des citoyens et des entreprises doit être allégée. Le Ministre souhaite dé­ poser dans le courant de l’année des pro­ positions visant à simplifier drastiquement la règlementation fiscale. Les divergences régionales en matière de contrôle et de re­ couvrement de l’impôt doivent disparaître. Ce sera la contribution du ministère des Finances à une croissance durable. La note de politique générale est ambitieuse, mais pour paraphraser le Ministre : « C’est la réalisation d’un projet qui en fait toute sa valeur ». Quoi qu’il en soit, les premières mesures prises par le nouveau gouverne­ ment sont un coup dans l’eau. Taxer plus lourdement les revenus du patrimoine, c’est justifiable à condition d’alléger les charges pesant sur le travail et sur les entreprises – seul moyen de réa­ liser une croissance économique subs­ tantielle. Une étude publiée par Deloitte révèle que dans la grande majorité des PME, près de 52% des bénéfices opé­ rationnels vont à l’Etat. La plupart des actifs ne sont pas mieux lotis, puisque la majeure partie de leurs revenus est taxée à plus de 50%. On s’étonne après cela de voir tant de gens opter pour la voie (légale) la moins imposée…

s’améliore. Un ajustement de la pression fiscale permettrait de remettre 150  000 chômeurs au travail. C’est le résultat d’une étude du Fonds Monétaire International (FMI), publiée dans une annexe au rap­ port annuel portant sur la Belgique. Cela n’a pas de quoi nous étonner. Prenons l’exemple de l’hôtellerie et de la restau­ ration : une baisse sensible des charges sociales permettrait la création de milliers d’emplois dans ce secteur, où les entrepre­ neurs sont actuellement taxés à blanc et stigmatisés comme étant des fraudeurs.

“La note de politique générale est ambitieuse, mais pour paraphraser le Ministre :  « C’est la réalisation

d’un projet qui en fait toute sa valeur.” Thomas Weyts expert estate planning

Nous ne pouvons que louer les ambitions du Ministre des Finances qui souhaite simplifier la législation fiscale. Des abatte­ ments fiscaux en échange d’une baisse de l’impôt sur les sociétés jusqu’à atteindre la moyenne européenne (22,4%), voilà qui représenterait déjà un grand pas en avant. L’accord gouvernemental cite comme objectif central le relèvement du taux d’emploi à 73,2%, ce qui est indispensable, mais n’est réalisable que si le climat fiscal

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Même chose d’ailleurs pour les grandes multinationales, dont on affirme – à tort – qu’elles ne paient pas (suffisamment) d’impôts. Il est pourtant normal que leurs revenus étrangers ne soient pas taxés une deuxième fois dans notre pays. Dans ce contexte, imposer une taxation mini­ mum – comme le proposent certains – serait néfaste. Rien que les 900 sociétés américaines installées chez nous pro­ curent un emploi à quelque 140 000 per­ sonnes. Les cotisations sociales des mul­ tinationales sont gigantesques. Certaines mesures fiscales du nouveau gouverne­ ment (notamment la nouvelle règle ‘thin­ cap’) sont dénuées de bon sens. Certaines multinationales envisagent d’ores et déjà de délocaliser leur siège, vers la Suisse notamment. Entreprendre, telle est la clé. Seule une politique de stimulation de la croissance permettra de sauvegarder notre économie du bien-être.


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