Capital N°9 FR

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C APITAL

optima magazine belgiQUE TROISIèME ANNéE novembRE 2010

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#

Baron Paul Buysse, l’éminence grise des entrepreneurs belges

“A PASSION FOR EXCELLENCE”

&

table ronde QUI SAUVERA NOS FINANCES PUBLIQUES? FESTIVAL DE FLANDRE JAN BRIERS ET GUSTAV MAHLER. VOITURE LE TAUREAU ITALIEN LAMBORGHINI. LOISIRS CONSEILS POUR L’AUTOMNE. mode DUEL OF THE DRAGONS.


C LAU S

A. F R O H

bulthaup

Qualité et longévité. Les surprenantes nouveautés bulthaup sont les plus beaux investissements de demain. C’est le cas par exemple du système universel bulthaup b3. Il offre tout ce que l’on est en droit d’attendre aujourd’hui d’une ”grande ” cuisine. Découvrez sa perfection, sa pérennité, la solidité de ses matériaux et le soin apporté à ses finitions ainsi que les divers avantages offerts par une solution d’aménagement intérieur modulable et unique en son genre. www.bulthaup.be


EDITO

D

Sincères salutations,

Jeroen Piqueur CEO Optima

colophon Editeur responsable : Jeroen Piqueur, Keizer Karelstraat 75, 9000 Gent Responsable du magazine et de la régie publicitaire : Soetkin Borryn. soetkin.borryn@optima.be, tel. 09 225 25 71 Format : Duval Guillaume Publishing/Jan Pieter Mateusen Rédacteur en chef et réalisation : Optima Financial Planners – art director: Veerle Verbrugge. veerle@eastvillage.be – coordination de la rédaction : Soetkin Borryn – consultant de la rédaction : Duval Guillaume/Jan Pieter Mateusen. Adresse de la rédaction : Capital p/a Optima NV/SA Keizer Karelstraat 75, 9000 Gent. Ont collaboré à ce numéro : Soetkin Borryn, Jeroen Lissens, Luk Coupé, Tine De Groote, Jo Viaene, Guy Kokken, Florence Delacave, Lies De Mol, Jan Verstraete, Veerle Symoens, Bart Lenaerts, Thomas Weyts, Jan Gillis, Barbara Francq, Ethel Desmasures, Guillaume Breyne, Jan Stevens, Jonas Roosens, Lieven Dirckx, Filip Van Roe, Gaëtane Meurant. Copyrights : Tous droits réservés. Aucun extrait de ce magazine ne peut être repris ni reproduit d’une quelconque manière sans l’autorisation expresse du rédacteur en chef et de l’éditeur responsable. Traduction : Brigitte Hendrickx. Impression : Stevens Print NV. Ce magazine a été imprimé sur Arctic Paper avec certification FSC. Cert no. CU-COC-809718-DJ

3

Capital

“Et le citoyen dans tout ça ? Il n’est plus sûr de rien. En quête de certitudes et de sérénité, il prend de plus en plus conscience qu’il ne peut compter que sur lui-même.”

epuis deux ans que ce magazine existe, le monde de la finance a connu la crise la plus grave depuis les années ‘30. Les retombées de cette crise se font encore sentir aujourd’hui pour de très nombreux acteurs sur le marché. Pour la plupart des intervenants, la confiance n’est toujours pas rétablie. Les citoyens se posent de nombreuses questions … Avant de nous targuer d’être parvenus à poursuivre notre croissance structurelle malgré ce climat peu favorable, permettez-nous de formuler quelques considérations portant sur l‘avenir. Après la débâcle de ces deux dernières années, l’orage est-il vraiment passé ? Rien n’est moins sûr. Il n’a jamais été aussi difficile de faire des pronostics. La volatilité qui semble caractériser les marchés financiers n’est apparemment pas en passe de disparaître. La visibilité n’est pas meilleure au niveau politique. Les interlocuteurs recherchent des solutions pour sortir de l’impasse politique récurrente, mais on ignore totalement quand la situation sera éclaircie. Entre temps, la dette publique ne cesse de grossir et les rumeurs de hausses d’impôts circulent allègrement. D’après certains bruits de couloir, une taxe supplémentaire (de 33% !) sur la plus-value des ventes de paquets d’actions serait même à l’étude. Voilà qui représenterait une véritable saignée pour l’épargne pension de tous les indépendants qui ont travaillé très dur pour s’assurer un avenir sans soucis financiers. Il est certain que les pouvoirs publics devront trouver de l’argent quelque part pour combler les trous. Oui mais où ? Là aussi, c’est le flou absolu. Les experts que nous avons réunis autour d’une table et qui s’expriment dans ce numéro nous donnent en tout cas quelques pistes. Et le citoyen dans tout ça ? Il n’est plus sûr de rien. En quête de certitudes et de sérénité, il prend de plus en plus conscience qu’il ne peut compter que sur lui-même. Ce qu’il fait d’ailleurs, fort heureusement. En élaborant un plan financier et fiscal, qui cartographie tous les aspects de sa situation personnelle et de ses attentes. De préférence lié à une large gamme de solutions adéquates, qui l’épaulent effectivement dans sa situation concrète. Optima Financial Planners accompagne depuis près de 20 ans un groupe de personnes de plus en plus important sur la voie de la sérénité financière. Même à une époque aussi incertaine que la nôtre, nos clients voient en nous une soupape de sécurité. Je tiens à les en remercier par ce biais.


DANS CE NUMéRO

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SESSUN, Manteau marron en laine et fourrure EVA HERZIGOVA pour 1.2.3.

82.


22.

76.

INHOUD

d’une importance capitale

VOITURE Le taureau italien Lamborghini.

3 professionnels nous parlent de leur motivation. Domani, designer de vases et de (cache)-pot, Robert Clergerie, créateur de chaussures et Janny De Vaan, spécialiste en cosmétique médicale.

12.

TABLE RONDE Qui sauvera nos finances publiques ?

52.

reportage Festival de Flandre : Jan Briers et Gustav Mahler.

68.

reportage Askoy II, l’esprit de Jacques Brel.

06. 11. 34. 37. 38. 46. 60. 66. 72. 90. Couverture : baron buysse Photo : Filip van roe

28.

REPORTAGE

Les meilleurs cocktails pour les fêtes.

nice to know … and to have : gadgets lifestyle. 7 QUESTIONS A … Frank Van Laecke, l’homme-orchestre pur sang. EVENTS Optima Open, Knokke accueille le tennis mondial. actua Des habitations plus coûteuses du fait de la TVA sur les terrains ? Il fait parler de lui Baron Buysse, l’éminence grise des entrepreneurs belges. Analyse Qui bénéficie de votre assurance-vie ? Loisirs Des experts choisissent les meilleures choses de la vie. quoi de neuf Optima élargit son offre de services : Ethias Banque. le point sur la situation Les statuts : pierre angulaire de votre entreprise ! opinion Où trouver les 25 milliards ?


Nice to know, nice to have

La nuit tombe plus tôt, il fait moins chaud, mais dehors, la nature s’orne de ses plus beaux atours. Capital a sélectionné à votre intention quelques articles qui agrémentent toutes les facettes de l’automne, pour ne pas donner prise au blues de la rentrée. Veerle Symoens

L’automne et sa palette de couleurs 6

Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel / Rain Level Les Rain Level Boots de REGINA REGIS sont proposées dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Ces bottes ont été spécialement conçues pour égayer les journées de pluie, de brouillard et de froid. Elles vous accompagneront dans vos balades en forêt tout au long de l’automne qui s’annonce. www.rainlevel.com

Pédaler dans la lumière / Cyglo Night Bright Tyre Les pneus Night Bright Tyres de la société CYGLO, c’est la classe et l’innovation réunies. Cyglo a intégré des feux led dans les pneus, ce qui permet de créer d’étonnants cercles lumineux tout en pédalant. Sécurité assurée grâce à des pneus qui sont aussi très beaux ! www.nightbrighttyre.com


LIFESTYLE

Le grand organisateur / Cocoon Vous êtes peut-être de ceux qui pensent sans cesse : ‘Ah, si au moins j’avais le sens de l’organisation’ ? Ou vous êtes limite maniaque et vous connaissez la place exacte de n’importe quel objet ? Dans les deux cas, vous adorerez le Grid-It de COCOON ! Des bandes en tissu élastique maintiennent en place vos indispensables du type iPhone, caméra numérique, carnet, stylo, miniécouteurs etc … Grâce à Cocoon, l’organisation ressemble dorénavant à un jeu d’enfant ! www.cocooninnovations.com

Les disques de Starck / LaCie Quand PHILIPPE STARCK dessine un produit, le monde

Jamais sans ma cravate

entier l’observe. Une fois de plus, ce designer de

/ Barry’s Farm

argent offre une protection robuste et fiable contre les

renommée mondiale parvient à nous étonner, avec les deux disques durs externes qu’il a conçus pour LACIE. Futuristes et fonctionnels, leur solide boîtier en aluminium 7

chocs et la surchauffe. Sa surface tactile intelligente répond au toucher et est personnalisable. Vous ouvrez

porter autre chose que le sempiternel costume cravate ? Glissez votre ordinateur portable

l’application de votre choix en appuyant sur le panneau

dans une housse ‘9 to 5 Laptop Sleeve’ de BARRY’S FARM, et on ne pourra pas dire que

avant. Starck, ou la preuve que le design peut être tout à

vous avez tombé la cravate ! Cela vous vaudra peut-être quelques froncements de sourcils,

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mais gageons que les sourires l’emporteront ? www.barrysfarm.net

disponible en 1 TB et en 2 TB. La version mobile existe en 430 GB et en 500 GB. www.lacie.com

Un très beau son / WeSC Vous souvenez-vous de l’époque où votre tête disparaissait pratiquement sous un casque à écouteurs ? Qui vous isolait du monde extérieur et qui avait tendance – mais oui – à vous rendre quelque peu ridicule … Après bien des recherches, on est passés à l’autre extrême : de minuscules et inconfortables mini-écouteurs. Heureusement, WeSC, un label hyper-mode, a enfin réussi à concilier ces deux univers : leurs casques audio poids plume au look rétro ne se contentent pas d’être de beaux objets : la qualité du son est irréprochable. www.wesc.com

Capital

Vous avez un code vestimentaire à respecter au bureau, mais pour une fois, vous aimeriez


La plus fine des tasses / Sharona Merlin Votre bureau est encombré et vous n’avez plus de place pour y déposer votre tasse ? Pas de problème, grâce à la Slim Cup de SHARONA MERLIN, vous ne devez plus repousser des liasses de papiers pour avoir votre tasse de café à portée de la main. Cette étudiante en design israélienne a en effet dessiné la tasse la plus fine du monde, que l’on glisse n’importe où. D’accord, ce n’est pas l’idéal pour un capuccino, mais elle fera

© Sylvia Freidler

bien l’affaire pour l’espresso du matin !

Les fleurs font tapisserie / Muurtattoo Vous voulez exercer votre créativité et personnaliser votre intérieur ou celui de votre commerce ? Visitez le site MUURTATTOO.nl, où vous découvrirez force fleurs, plantes, animaux, textes et éléments décoratifs de toutes les couleurs et de toutes les tailles sur des films autocollants en vinyle. Il vous suffira ensuite de coller sur un mur, une porte ou une fenêtre la création de votre choix, que vous retirerez en un clin d’œil lorsque vous en aurez assez. Voilà qui facilitera la tâche des décorateurs amateurs ! www.muurtattoo.nl 8

Comment garder le sourire quand il fait un temps de chien ? / Numbrella & Senz Oubliés les parapluies retournés et les baleines au vent ! Dorénavant, la pluie et le vent ne vous joueront plus des tours. SENZ a en effet créé un parapluie aérodynamique, qui adopte toujours la meilleure position face au vent et qui vous protège même lorsque les rafales dépassent la force 10. NUMBRELLA va même plus loin, en vous proposant des parapluies ‘mains libres’. Vous êtes

Une coquille pour voyager / Samsonite Si vous partez régulièrement en voyage, vous connaissez l’importance des ‘bons’ bagages. Vous tenez à ce qu’une valise soit solide et à ce qu’elle pèse un minimum. La Cosmolite de SAMSONITE répond à tous vos souhaits. Cette valise a remporté le ‘Red Dot Design Award 2010’ dans la catégorie ‘Best of the Best’. Avec ses faux airs de gros coquillage nacré, La Cosmolite est aussi fiable qu’élégante. www.samsonite.com

impatients de tester ces produits dès les premières bourrasques de l’automne ? www.numbrella.com et www.senzumbrellas.com


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Le meilleur conseil qu’on puisse vous donner, c’est d’établir un bon plan. Optima Financial Planners

Pour atteindre un objectif, vous n’avez pas besoin de conseils mais d’un plan. C’est vrai pour nos clients qui veulent sécuriser au mieux leur avenir financier. Mais c’est également vrai pour nos collaborateurs qui choisissent avec soin les étapes de leur carrière. Vous êtes un professionnel de la finance avec de l’expertise et une saine ambition ? Réalisez votre plan de carrière chez Optima, la référence dans le domaine de la planification financière et fiscale personnelle.

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7 questions à … Frank Van Laecke

UNnulputem PORTRAIT

Directeur du département ‘comédies musicales’du Koninklijk Ballet van Vlaanderen et créateur de spectacles pour Studio100, Frank Van Laecke travaille par ailleurs pour le NTGent et le Koninklijke Nederlandse Schouwburg, tout en étant le moteur de séries télévisées très appréciées en Flandre. Cet hommeorchestre a également été directeur artistique de Music Hall et metteur en scène de comédies musicales et d’énormes succès tels que ‘Daens’, ‘Tintin et le temple du soleil’ ou encore ‘Annie’. Ses spectacles font un tabac de Paris à Berlin en passant par Madrid, et jusqu’à New York et Sydney. La première de son dernier spectacle ‘Oliver!’ est prévue pour le 5 décembre prochain au Capitole à Gand. Photo : Luk monsaert

“Je travaille tellement que cela ressemble à une manie ,

est-ce un péché ?”

Où trouvez-vous l’inspiration ? Si

1

Quel défi professionnel voulez-vous encore relever ? La façon dont je travaille

2

confondu avec ‘plaisir’. Je travaille tellement que cela ressemble à une manie, mais si c’est en même temps ma passion, est-ce un péché ? Ce que je regrette par contre, c’est de ne pas prendre le temps pour profiter de l’instant présent et pour me ressourcer.

3

je cite des noms, j’en tais d’autres et je suis injuste. L’inspiration me vient de toutes sortes de choses et de personnes : des acteurs, des musiciens et des compositeurs, mais aussi une balade en forêt ou un livre qui me passionne. Je travaille énormément et je suis entièrement concentré sur le projet en cours. Mais une fois le projet terminé, je suis ouvert à tout ce qui croise mon chemin.

actuellement est déjà un défi permanent à mes yeux. Je crée énormément de pièces, pour le théâtre, des comédies musicales et des programmes télévisés. Mon plus grand défi consiste à combiner le tout, et à donner encore plus de corps et de complexité à mes spectacles.

Quel est votre plus grand

Quelles sont les principales qualités

d’un bon metteur en scène ?

Choisir les bons acteurs et en tirer le maximum. Transmettre sa passion, donner confiance, ramener le calme sur le plateau, faire en sorte que tous les collaborateurs montrent leurs fragilités, sans faire dans l’angélisme pour autant … Un bon metteur en scène doit faire preuve d’empathie sans perdre son sens critique – tant envers lui-même qu’envers ses collaborateurs. Parallèlement, il doit toujours conserver une vue d’ensemble. Un bon metteur en scène est également bon psychologue.

4

coup de gueule ? La paresse m’est insupportable. Je ne peux travailler qu’avec des gens qui se donnent à 500% dans leur travail – c’est ce que je m’impose à moi-même. Lorsque je n’y arrive pas, j’ai l’impression de traîner derrière moi un attelage de chevaux morts, ce qui me prend bien trop d’énergie et est particulièrement néfaste pour la dynamique du groupe.

6

Par quel péché vous laissez-vous séduire ? Je n’aime pas le terme ‘péché’, trop lié au catholicisme, où il est même parfois

5

qui me donnent la force d’entreprendre des projets différents avec tant de plaisir à chaque fois. Je parviens aussi souvent à réunir les gens qu’il faut, ce qui génère une certaine ambiance, très spéciale.

Quelle est votre plus grande force ?

Mon tempérament et ma passion du métier,

Que signifie l’argent pour vous ?

7

L’argent, c’est un outil qui rend la vie plus facile, qui permet de partager et de se faire plaisir de temps à autre. Grâce à l’argent, je vis mieux et plus sainement. Mais l’argent permet surtout de créer de beaux spectacles ! <<


L’avenir financier d’un Etat et de ses citoyens

ivan van de cloot 12

economiste en chef itinera institute

luc van den bossche

président d’optima ancien ministre de la fonction publique initiateur du plan copernic

La dette publique belge est énorme. Il s’agit là d’un véritable casse-tête pour un pays qui doit réfléchir aux défis d’un avenir proche. Premier de ces défis : comment faire face au coût croissant d’une population vieillissante alors que le budget courant présente déjà un déficit de 25 milliards d’euros ? Et que peuvent entreprendre les citoyens eux-mêmes pour être certains de recevoir plus tard une pension durable ? Un panel d’experts propose conseils et suggestions.


TABLE nulputem RONDE

geert vancronenburg

conseiller ĂŠconomique feb 13

administrateur optima manager competence center

QUI SAUVERA NOS

FINANCES PUBLIQUES ? jeroen lissens / Photos : filip van roe

Capital

jo viaene


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luc van den bossche

PROFIL DES PARTICIPANTS Geert Vancronenburg

Luc Van den Bossche

Économiste en chef à la FEB, la Fédération des Entreprises de Belgique.

A occupé au cours d’une carrière politique qui a duré plus de 20 ans

Ce conseiller suit de très près l’évolution des finances publiques belges. Son

plusieurs postes de ministre, dont celui de la fonction publique.

employeur FBE/VBO est fortement préoccupé par la position concurrentielle

C’est à ce titre qu’il a initié le plan Copernic, qui posait il y a dix ans

de notre pays et, à terme, par le maintien de l’emploi et de notre niveau de

les bases d’une modernisation – et d’une plus grande efficacité –

vie. L’organisation interprofessionnelle des employeurs, qui représente plus

des administrations publiques. Après avoir quitté la politique en 2003,

de 33 000 entreprises (dont 26 000 PME) a récemment appelé à lancer au

Luc Van den Bossche est devenu président de Brussels Airport Company

plus vite un pacte national sur plusieurs années – à tous les niveaux de prise

et de l’Association de l’Université de Gand. Il est également président

de décision – qui reprendrait les indispensables réformes.

du conseil d’administration d’Optima.

Ivan Van de Cloot

Jo Viaene

Précédemment économiste en chef d’ING Belgique avant de devenir celui

Manager du Competence Center d’Optima Financial Planners,

du think tank indépendant Itinera Institute. Ivan Van de Cloot est surtout

dirige une vaste équipe de fiscalistes, de juristes, d’auditeurs et de

célèbre comme observateur critique, qui commente régulièrement dans

spécialistes chargés de l’audit détaillé réalisé par Optima pour

la presse les développements socio-économiques du pays. Itinera Institute

chaque portefeuille client. Jo Viaene, administrateur et associé

rassemble des personnes qui veulent s’engager dans la société pour le bien-

d’Optima, est également l’auteur de l’ouvrage ‘Votre patrimoine

être et la prospérité de la prochaine génération. L’institut, créé en 2006,

assuré !’ (Roularta Books) qui invite les citoyens à bâtir eux-mêmes

compte parmi ses membres un certain nombre de professeurs renommés.

un plan financier à leur mesure – et à la mesure de leur vie.


TABLE RONDE

342,8 milliards d’euros : c’est ce que représente notre dette publique d’après les calculs de l’Agence Fédérale de la Dette, publiés sur www.debtagency.be. C’était en tout cas le montant connu à la date d’impression de ce magazine, car il est fort probable que la dette a encore augmenté entre temps. Conclusion aussi évidente qu’inquiétante : la première mission du nouveau gouvernement consistera à trouver de l’argent pour combler le trou des 25 milliards d’euros du budget courant. Sa deuxième tâche consistera … à trouver de l’argent, afin d’offrir à une population vieillissante la garantie d’une pension et de soins de santé acceptables. L’Etat devra donc se serrer la ceinture, et pour longtemps. Quels budgets seront les premiers touchés ? La fonction publique – pas toujours le système le plus efficace qui soit – opèrera-t-elle des coupes dans ses propres rangs ? Ou le citoyen, déjà accablé par une pression fiscale très lourde, paiera-t-il la note une fois de plus ?

“Les raisonnements à court terme, induits par la pensée des élections, sont souvent diamétralement opposés aux solutions valables et durables.” LUC VAN DEN BOSSCHE

l’expertise Optima Vous êtes indépendant ou vous exercez une profession libérale : optez pour votre propre plan de pension

L’ impact du vieillissement de la population est énorme, surtout à moyen et à long terme. Voilà qui devrait inciter un indépendant à ne pas attendre et à démarrer en temps voulu un plan de pension intelligent. Différents canaux peuvent être empruntés pour se constituer un ‘capital vieillesse’, et s’assurer du même coup une seconde jeunesse sans soucis financiers.

L’ETAT, CET EPICIER

Qui est responsable de la situation actuelle ? IVAN VAN DE CLOOT (Economiste en chef du think tank indépendant Itinera Institute et observateur critique de la politique menée par les pouvoirs publics) : « La comptabilité des pouvoirs publics ressemble à celle d’un épicier : pendant les années fastes, les dépenses ont augmenté plus vite que la croissance économique. On a assoupli la gestion et on s’est parallèlement laissé éblouir par des opérations uniques (vente de bâtiments publics, incorporation du Fonds de pension de Belgacom, ancienne entreprise publique …). Cette dernière opération a rapporté à l’Etat 4 milliards d’euros, aussitôt dépensés. En agissant ainsi, il n’est pas difficile d’équilibrer un budget … A mon avis, il y va là de la responsabilité collective de >>

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Quels sont vos besoins exacts ? Le point de départ de votre plan, c’est évidemment votre niveau de vie. Un certain nombre de modules de calcul permettent de déterminer le capital unique ou les intérêts annuels nécessaires. Un couple âgé d’une quarantaine d’années, avec un niveau de vie d’environ 3 000 euros par mois, et qui souhaite arrêter de travailler à 60 ans et profiter de la vie pendant 25 ans (donc jusqu’à 85 ans), aura donc besoin d’un capital d’environ 1 060 325 euros (dans l’hypothèse d’une inflation à 2% et d’un revenu de 4% sur les valeurs). Cet exercice est fondamental, car de très nombreux indépendants n’ont pas la moindre idée de leurs besoins financiers à long terme.

Comment constituer ce capital ? 1. L’épargne-pension Depuis bien longtemps, l’impôt sur le revenu offre plusieurs opportunités de sponsorisation par le fisc d’une réserve de pension. Le moyen le plus connu est celui de l’épargne-pension classique (article 145/8-16 CIR 92). La contribution maximale autorisée s’élève à 870 euros (année d’imposition 2011) par personne. Ce qui vous vaut une déduction d’impôt de 30% minimum et de 40% maximum (plus impôts locaux). Pour avoir droit à cet encouragement fiscal, il faut évidemment que la contribution soit versée avant le 31 décembre. >> (suite page 17)

Capital

Capital a réuni quatre experts autour d’une table et leur a demandé de décortiquer cette problématique. Ancien ministre de la fonction publique, le président d’Optima Luc Van den Bossche est probablement le mieux placé pour commenter les origines de nos finances publiques déjà bien malades : « les problèmes datent en fait des années ‘70, lorsque les dépenses ont déraillé. Entre 1988 et 1998, quelques mesures aussi pénibles que nécessaires ont été prises pour assainir les finances publiques. Ces dernières années, la tendance s’est à nouveau inversée, à tel point que nous n’avons jamais atteint la norme de Maastricht, qui prescrit que la dette d’un pays de la zone Euro ne peut dépasser 60% de son produit intérieur brut. A un certain moment, notre dette a même dépassé les 130% ! Grâce aux mesures précitées, nous avons réussi à descendre sous la barre des 90%, mais tout a été de mal en pis ces dernières années, et nous nous retrouvons aujourd’hui avec une dette publique égale à 100% du PNB. »


16

jo viaene

la classe politique : depuis vingt ans, nous savons que nous allons droit dans le mur, avec un énorme problème de budget, tant en matière de pensions que de vieillissement de la population. Nous en avons parlé pendant vingt ans, et maintenant nous nous retrouvons dans une impasse : les réserves sont épuisées et la crise financière est arrivée. » LUC VAN DEN BOSSCHE : « Imputer toutes les erreurs à la classe politique, c’est facile quand on est bien à l’abri derrière les murs d’un institut. Les hommes politiques sont des élus, et de ce fait, ils sont soumis aux aléas des élections, et de l’opinion publique, en partie influencée par des médias toujours avides de sensation. Face à un budget excédentaire, l’opinion publique réclame automatiquement des dépenses supplémentaires. Des dépenses d’ailleurs souvent défendables – un point de vue qui est soutenu par plusieurs lobbies. Faire des économies, cela revient dans ce cas à s’aliéner l’opinion publique. Certains hommes politiques préfèrent donc trouver des moyens pour distribuer cet excédent. » JO VIAENE (manager du Competence Center Optima) : « Le problème ne se pose pas parce que nous avons trop dépensé en une seule fois. Le drame, ce n’est pas d’aller dans le rouge, par exemple pour des mesures de relance économique. Mais lorsque le même scénario se répète d’année en année – ce qui est le cas – les choses tournent au vinaigre. »

“Imposer plus lourdement le capital entraînerait immanquablement un exode des capitaux vers l’étranger.” JO VIAENE

FAIRE DES ECONOMIES

Le Comité d’Etude sur le Vieillissement a récemment publié un rapport qui évalue le coût supplémentaire pour ce dernier à 6,3% du PIB d’ici à quelques années. Qu’est-ce que cela signifie pour notre niveau de vie ? GEERT VANCRONENBURG (économiste à la Fédération des entreprises de Belgique) : « Si les dépenses publiques ne sont pas sévèrement revues à la baisse, cela équivaut dans la pratique à une hausse de la pression fiscale moyenne de 6,3%. Quand on sait que cette pression est aujourd’hui en moyenne de 48%, on passerait donc le cap des 54%. Nous estimons évidemment qu’il ne serait pas sensé d’augmenter la pression fiscale. La fiscalité actuelle a déjà tendance à décourager le travail, à freiner l’entreprise, à limiter les investissements – autant de coûts économiques fort lourds. Sans parler des charges qui pèsent sur la consommation, et sur le capital. » IVAN VAN DE CLOOT : « Le plan de relance actuel initié par le gouvernement fédéral ne suffira pas à nous armer en prévision


TABLE RONDE

des défis futurs. Si nous étudions ce plan à la loupe, nous constatons que certaines mesures proposées n’ont rien de nouveau. Par ailleurs, elles ne visent que 1,1 milliard d’euros d’économies, alors que les seules dépenses de santé ont déjà augmenté de 3,3 milliards d’euros en 2009. La même année, les dépenses liées aux pensions ont elles aussi augmenté de 1,3 milliard d’euros. »

l’expertise Optima Il faut un minimum de cinq versements et la durée est de minimum 10 ans. Notez que l’épargne-

L’état d’indigence de nos finances publiques attire l’attention à l’étranger également. La Commission européenne a lancé en 2009 une procédure contre la Belgique pour cause de déficit budgétaire excessif. Le déficit budgétaire belge atteignait à l’époque 5,9% du PIB, soit presque 3% de plus que ce qui est admis par le pacte européen de stabilité et de croissance. Où allons-nous ? GEERT VANCRONENBURG : « Le déficit budgétaire doit absolument être ramené à 0%. Planifier la réalisation de cet objectif d’ici à 2015 est raisonnable : ce n’est ni trop lent, ni trop rapide. »

pension n’est pas possible avant l’âge de 18 ans et qu’aucun avantage n’est plus accordé après 65 ans. Les banques et les compagnies d’assurances proposent des formules d’épargne-pension. Il existe globalement deux formules : un fonds d’épargnepension ou une Assurance d’épargne-pension. Les fonds présentent évidemment plus de risques et sont plus axés banques. L’assurance opère avec un rendement minimum (2 à 3%), complété par une participation aux bénéfices qui est fixée en fonction des gains de la compagnie d’assurances.

L’IMPOT SUR LA FORTUNE

Les assurances-vie liées à un fond de placement

IVAN VAN DE CLOOT : « Comme tous ceux qui se trouvent autour de cette table, j’estime que la pression fiscale moyenne est déjà très élevée en Belgique. Ces 48% représentent un sérieux handicap, surtout quand on voit que la moyenne est de 44% dans la zone Euro. Aux Etats-Unis, où les pouvoirs publics connaissent également des difficultés financières, la pression fiscale ne s’élève qu’à 31%. Voilà qui laisse de la marge pour venir en aide aux pouvoirs publics par le biais de la fiscalité – une marge qui n’existe plus chez nous. »

(branche 23) entrent également en ligne de Compte tenu des apports réduits, l’épargnepension n’est évidemment qu’un complément à la pension légale. Il s’agit néanmoins d’une formule intéressante, grâce à l’économie fiscale réalisée. Il convient pourtant de surveiller la structure des frais

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du produit en lui-même. Nous ne pouvons que vous conseiller un minimum d’analyse concurrentielle.

2. L’assurance-vie individuelle Parallèlement à l’épargne-pension, vous pouvez constituer un capital par le biais d’une Assurancevie individuelle. Une assurance-vie peut elle aussi donner lieu à des avantages fiscaux, sous certaines conditions (fixées à l’article 145/4 CIR). L’importance de ces avantages est fonction de vos revenus et du fait que vous avez souscrit – ou non – un prêt hypothécaire (avec amortissements en capital). Ces derniers peuvent eux aussi être déduits fiscalement, à certaines conditions, et dans le même cadre que les assurances-vie. Si vous avez souscrit un prêt hypothécaire, vous avez intérêt à vérifier à l’avance qu’une éventuelle assurance-vie présente effectivement des avantages fiscaux. Le maximum fiscal est de toute manière fixé à 2 080 euros par personne pour l’année d’imposition 2011, ce qui donne concrètement une déduction d’impôt maximale variant entre 624 et 832 euros, impôts locaux compris. La durée du contrat est fixée à dix ans minimum et la fiscalité à la sortie (10%) est levée à 60 ans. Nous vous conseillons de ne retirer le capital que très peu de temps avant la date finale prévue, dans le cas contraire la fiscalité à la sortie serait sensiblement plus élevée. >> (suite page 19)

Capital

Que faut-il penser d’un impôt supplémentaire sur le capital et le patrimoine, dont on parle depuis des années ? GEERT VANCRONENBURG : « Avant tout, il ne faut pas oublier que le capital est déjà taxé en Belgique (32,7% en moyenne, contre 28,5% dans les pays voisins et 30,1% en moyenne pour l’ensemble de la zone Euro). » JO VIAENE : « Imposer encore plus lourdement le capital entraînerait – compte tenu de sa mobilité accrue – automatiquement un exode des capitaux vers l’étranger. Dans ce cas, le fisc verrait ses recettes baisser et non augmenter. Nous avons observé ce phénomène dans un certain nombre de pays, qui ont rapidement compris que l’impôt sur la fortune n’était vraiment pas une bonne idée. » IVAN VAN DE CLOOT : « Pour être tout à fait honnêtes, il faut avouer que dans certains pays, les capitaux sont encore plus lourdement taxés que chez nous. Mais est-ce bien là l’essentiel ? Nous sommes déjà champions sur toute la ligne en matière d’impôts, donc cessons de rêver d’une taxe supplémentaire sur les capitaux, qui viendrait assainir les finances publiques … Il convient de garder les deux pieds sur terre : la marge via la fiscalité a rétréci comme peau de chagrin. Nous ne pouvons tout de même pas devenir les champions d’Europe tous azimuts en matière d’impôts ? » JO VIAENE : « L’impôt sur la fortune est une sorte de Monstre du Loch Ness, qui revient sans cesse à la surface. On a souvent tendance à oublier que le patrimoine constitué par les citoyens a déjà été imposé, et qu’il l’est une nouvelle fois par le biais du précompte – mobilier ou immobilier. » >>

compte depuis peu.


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geert vancronenburg

LA PENSION DES FONCTIONNAIRES

Si les pouvoirs publics ne parviennent (plus) à trouver l’argent nécessaire auprès des citoyens en levant de nouveaux impôts, il faudra prendre d’autres mesures. Qu’en est-il de l’appareil public lui-même : réalise-t-il suffisamment d’économies ? IVAN VAN DE CLOOT : « Bien au contraire. Un bel exemple en est donné avec l’augmentation du nombre de fonctionnaires dans les régions, principalement aux plus bas échelons. Plutôt que de ne pas remplacer un fonctionnaire plus âgé, et plus coûteux, qui prend sa retraite, on choisit de le remplacer par deux jeunes fonctionnaires. Si on parvient ainsi à ne pas dépasser le budget à court terme, on oublie simplement que les autorités fédérales devront plus tard payer la pension de ces deux fonctionnaires. » GEERT VANCRONENBURG : « Et ce, alors que grâce à l’informatisation et à la modernisation, il serait tout à fait possible de réaliser les mêmes choses avec moins de personnel. De plus, le départ de 196 000 fonctionnaires entre 2010 et 2020 offre toutes les chances d’améliorer le fonctionnement de nos administrations. Beaucoup de gens minimisent les efforts à fournir. Parvenir à absorber un déficit budgétaire de 6%, cela suppose par exemple un effort plus important que celui qui nous a permis d’intégrer l’Union Européenne. »

Que penser d’éventuelles coupes dans les pensions ? Dans un entretien avec Capital, Gabriel Perl, ancien Administrateur général de l’Office National des Pensions, déclarait que la pension moyenne d’un indépendant ne s’élevait qu’à 870 euros nets par mois. Est-il encore concevable d’y toucher, ou devra-t-on faire des économies en réduisant les inégalités entre les différentes pensions et les systèmes de pensions ? JO VIAENE : « J’estime personnellement que des mesures structurelles doivent être prises en matière de pensions. Je suis certain que des économies sont réalisables dans ce domaine, à condition d’observer une période de transition. Les montants élevés des pensions du secteur public sont autant d’anachronismes aujourd’hui. » LUC VAN DEN BOSSCHE : « C’est exact. Le montant élevé des pensions du secteur public s’explique par le fait qu’il s’agissait à l’origine d’une forme de salaire reporté, parce qu’un fonctionnaire gagnait à l’époque bien moins qu’un collègue exerçant le même métier dans le privé. Aujourd’hui, ces salaires sont parfaitement comparables – sauf pour les postes les plus élevés – et les fonctionnaires ont en outre l’avantage de la sécurité de l’emploi. Il est néanmoins impossible de tout changer du jour au lendemain. Ce processus prendra du temps, comme cela a été le cas avec l’âge de la pension pour les femmes. »


TABLE RONDE

CESSER DE TRAVAILLER

IVAN VAN DE CLOOT : « Les injustices sont nombreuses, et pas seulement dans le domaine des pensions. La valorisation du travail ne s’opère pas d’une manière très logique. L’âge de la retraite ne peut pas être une sorte de fétiche, ni un dogme. La pension doit être basée sur le nombre d’années de contribution par le travail, et ce même si une personne ayant fait de longues études aura plus de 65 ans avant d’avoir réalisé une carrière complète. Il est logique que ces personnes aient prévu un plan de pension, ou constitué un capital suffisant. »

l’expertise Optima 3. La pension Libre Complémentaire Le mode de constitution de pension le plus intéressant fiscalement parlant s’opère par le biais de la pension libre complémentaire pour les indépendants (PLCI). Une prime maximum de 2 781,06 euros par an peut effectivement être

“Il ne serait pas sensé d’augmenter la pression fiscale. La fiscalité actuelle a déjà tendance à décourager le travail, à freiner l’entreprise, à limiter les investissements.” Geert Vancronenburg

versée (en fonction des revenus). Fiscalement parlant, cette prime est déduite comme contribution sociale (déductible dans la tranche la plus élevée). Lors du versement, le capital ne sera par ailleurs pas taxé en une seule fois, un impôt sera seulement levé sur la rente dite fictive (pour le fisc, le capital est transformé en rente annuelle). De ce fait, l’impôt est globalement réduit. Et c’est encore mieux si vous optez pour la PLCI sociale. Il s’agit d’une PLCI avec prestation de solidarité (10% de la prime est utilisé notamment pour la couverture décès ou un revenu garanti). La prime maximum déductible est effectivement de 3 199,76 euros pour une telle PLCI sociale.

4. Assurance Groupe / Accord de pension Individuel /Promesse de pension Les indépendants ou les personnes exerçant une profession libérale (en société) disposent d’un atout supplémentaire pour le développement d’un capital pension. Par le biais de la société, il est en effet possible de se constituer une réserve avec des primes fiscalement déductibles. A condition toutefois d’accorder au chef d’entreprise une rémunération mensuelle fixe.

Dans un tel climat, la confiance de nos chefs d’entreprise et de nos entrepreneurs est-elle encore suffisante pour investir ? GEERT VANCRONENBURG : « L’entrepreneur et l’entreprise ont besoin d’un climat stable. Un déficit budgétaire de 5%, cela peut arriver pendant une année de crise, mais cela ne peut pas devenir un phénomène structurel. Il faut donc faire des efforts, sur ce point nous sommes tous d’accord. Mais ces mesures ne risquent-elles pas de nuire à la compétitivité de nos entreprises – et donc à l’emploi et à notre niveau de vie à long terme ? »

Vous opérez soit avec un assureur externe (Assurance groupe et accord de pension individuel externe), soit vous constituez un patrimoine en interne (la promesse de pension interne). L’objectif final est identique : lorsque le chef d’entreprise prend sa retraite, on prévoit une pomme pour la soif, avec une faible pression fiscale. Attention : la déductibilité fiscale connaît des limites ici aussi. La prime est déductible dans

LE BUDGET PLURIANNUEL

les limites de la règle dite des 80%. Cela revient

Outre à une réforme des pensions et à la nécessité d’une fiscalité réaliste, vous êtes tous favorables à un budget pluriannuel. Mais comment des pouvoirs publics prévoyants parviendront-ils à voir au-delà du difficile exercice qui consiste à combler le trou du budget en cours ? LUC VAN DEN BOSSCHE : « Le principal problème avec un budget d’un an, c’est qu’il s’agit d’une comptabilité de caisse, avec recettes >>

à dire qu’une fois pensionné, un indépendant ne peut recevoir par an plus de 80% de son dernier revenu annuel brut normal. Cette règle tient compte d’une pension légale forfaitaire et du capital déjà épargné en PLCI ainsi que des projets en cours au sein de la société (ou des plans constitués en cours de carrière). >> (suite page 21)

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Capital

JO VIAENE : « Il convient d’encourager encore plus fortement les indépendants et les entrepreneurs à prendre en charge leur propre pension, et à ne pas remettre au lendemain pour le faire. Et ceux qui veulent cesser de travailler avant l’âge seront sans doute surpris par le coût de leurs ambitions. Les gens qui arrêtent de travailler dépensent en effet plus, car ils ont beaucoup plus de temps pour le faire. » IVAN VAN DE CLOOT : « Le débat public en la matière se caractérise par un conflit des générations : les baby-boomers ont été très nombreux à travailler, et ils prennent peu à peu leur retraite, souvent sans avoir économisé dans ce but. La facture de leurs pensions est aujourd’hui présentée à un groupe bien moins important d’actifs. Les pouvoirs publics ne peuvent proposer une solution qu’à condition de se montrer prévoyants – ce qui est impossible avec un budget d’un an seulement. »


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ivan van de Cloot

et dépenses. Et donc pas d’un bilan. Avec un tel budget, il est tout à fait possible de jouer de l’effet ‘le nez du chameau’. On lance des postes de dépenses structurels, qui démarrent à l’automne. Le mois ou les deux mois des dépenses tombent encore dans le budget en cours. Mais l’année suivante, le chameau est là tout entier, et on se trouve soudain confronté à 12 mois de dépenses supplémentaires. Lorsqu’il y a une décision à prendre, on a encore trop souvent tendance à ne montrer qu’un petit bout des conséquences budgétaires : le nez du chameau. ‘Oh, ce n’est que ça’ – telle est la réaction des administrateurs la première année. Le chameau tout entier n’apparaît que des années plus tard, avec ses bosses et tout son poids sur les dépenses. Le gouvernement fédéral devrait rédiger des budgets sur plusieurs années, ce que la plupart des pays font déjà. J’ai moi-même lancé à l’époque les budgets sur plusieurs années pour les communes, afin de limiter les excès à ce niveau. Parallèlement au budget, le financement des régions a fait l’objet de discussions pendant la phase de préformation. J’estime que le financement actuel des régions et des communautés n’est pas une bonne chose pour notre avenir financier. Pour leurs dépenses, les régions et les communautés dépendent en grande partie de l’Etat fédéral. Elles n’ont donc que les bons côtés et pas les mauvais, ce qui renforce encore l’appauvrissement fédéral. J’estime qu’il s’agit là d’une forme de fédéralisme de consommation – et d’une situation nuisible pour l’avenir financier du pays. Il faudra attendre pour voir ce qui pourra être changé

“Nous ne pouvons tout de même pas devenir les champions d’Europe tous azimuts en matière d’impôts ?” Ivan Van de Cloot

lorsque nous aurons un nouveau gouvernement. Une nouvelle loi sur le financement, avec une responsabilité fiscale incombant aux régions et aux communautés, est indispensable. » Mais il s’agit là d’une matière très sensible électoralement parlant ? LUC VAN DEN BOSSCHE : « Bof, le pire qui puisse arriver à un homme politique, c’est de décider une difficile réforme, dont on dit dix ans plus tard qu’elle était justifiée. Ces dix années lui auront tout de même coûté deux défaites électorales ! Les raisonnements à court terme, induits par la pensée des élections, sont souvent diamétralement opposés aux solutions valables et durables. Comparez cela au phénomène des très nombreux petits investisseurs soudain actifs en bourse. Sous la pression des investisseurs, appuyés par les médias, les entreprises ont aussitôt lancé de nombreux communiqués parlant de reprises, etc. Et la bourse a dicté aux chefs d’entreprise des décisions à court terme, avec les conséquences désastreuses que l’on sait. »


TABLE RONDE

IVAN VAN DE CLOOT : « La surenchère électorale à court terme n’est jamais une bonne chose. Ajoutez à cela l’actuelle fragmentation politique, et tout le monde pousse les hauts cris, à tort et à travers. Dans ce domaine, un système à deux partis (en Grande-Bretagne par exemple) a tout de même de bons côtés, et la Belgique est handicapée par la forte fragmentation du paysage politique. On observe souvent que les gouvernements les plus instables génèrent les plus gros déficits budgétaires. »

l’expertise Optima

5. Epargne non fiscalement déductible Si les capitaux des produits précités ne suffisent

Comment les pays voisins ont-ils résolu ce problème ? GEERT VANCRONENBURG : « L’Europe accentue la pression sur les pays – donc également sur la Belgique – pour qu’ils établissent un budget pluriannuel. C’est une bonne chose, mais cela va plus loin. La France, mais aussi les Pays-Bas et l’Allemagne – qui supprimera des dizaines de milliers de postes de fonctionnaires dans les années à venir – interviennent sévèrement, et à tous les niveaux. Chez nous – où il est encore plus nécessaire d’intervenir que dans de nombreux pays – il n’y a pas jusqu’ici de consensus politique suffisant pour prendre des mesures dont nous savons pourtant tous qu’elles sont indispensables. »

pas à réunir le ‘capital vieillissement’ nécessaire, vous pouvez évidemment opérer avec des concepts d’épargne non déductible fiscalement. Il peut s’agir de formules à intérêt fixe, qui vous garantissent une rente de base, complétées par une participation aux bénéfices donnée. L’avantage, c’est que cela vous permet de mettre de côté à intervalles réguliers un montant fixe (par exemple par le biais d’une domiciliation mensuelle), fixé à long terme et sans risques. La force de la capitalisation, combinée à une fiscalité optimale (pas d’impôt si la durée dépasse 8 ans) peut solidement renforcer votre capital pension.

DES CITOYENS PREVOYANTS

Conclusion : • Commencez toujours par la pension libre complémentaire pour indépendants. externe, une Assurance groupe ou une promesse de pension interne. Attention, ce n’est possible que si vous opérez par le biais d’une société. (et dans les limites de la règle des 80%) • Terminez par l’épargne-pension classique et l’assurance-vie individuelle (si cet espace n’est pas occupé par des amortissements en capital des prêts hypothécaires). • Si les solutions précitées ne suffisent pas,

La situation est-elle aussi catastrophique, ou la tragédie grecque est-elle encore bien éloignée ? JO VIAENE : « Notre chance, c’est que de nombreux citoyens ont été prévoyants et qu’ils prennent de plus en plus leur sort en main. Je suis persuadé que la responsabilité de la constitution d’une pension doit être plus souvent confiée aux citoyens eux-mêmes. Il devient alors possible de plaider pour une nette augmentation des encouragements fiscaux pour les pensions. Un régime permettant au foyer lambda de consacrer un montant fixe par an aux pensions – des contributions qui seraient fiscalement déductibles – donnerait un joli capital à long terme. Compte tenu de l’aversion éprouvée par la majorité des Belges face au fisc, de plus en plus de gens voudront sans doute faire des efforts supplémentaires pour compléter leur propre pension. » GEERT VANCRONENBURG : « La balance courante présente encore un excédent. Il nous reste de ce fait encore une certaine liberté de mouvement – quoique limitée. Mais il ne faut surtout pas attendre de nous retrouver dans la situation des Grecs. » <<

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• Complétez avec l’accord individuel de pension

nous vous conseillons de songer à des possibilités non déductibles fiscalement d’une durée dépassant 8 ans. L’objectif final d’un plan de pension bien mené – à savoir disposer du patrimoine nécessaire de la manière la plus optimale fiscalement parlant – est le même pour tous. Son élaboration est fonction de votre situation concrète et unique, qui est différente pour chacun. Toutes les pièces du puzzle doivent être en place. Veillez en outre à ce que votre plan de pension soit régulièrement revu, car le marché est en constante évolution. Grâce à une tarification plus serrée et à l’innovation de produits, les clients en auront plus pour leur argent. Jo Viaene Manager Competence Center chez Optima Financial Planners.

Capital

Les solutions existent donc bel et bien, et la responsabilisation est un fait. Le problème, c’est que ces solutions ne sont pas implémentées. La situation doit vraiment être désespérée avant que nous intervenions … LUC VAN DEN BOSSCHE : « Dans ce contexte, je pense qu’il faudrait un nouveau Poupehan. » (NDLR : le petit village ardennais de Poupehan, connu depuis les années ‘80 pour être le lieu de villégiature du gouverneur de la Banque Nationale de l’époque, Fons Verplaetse). Avec le premier ministre, les syndicats et les banquiers, Fons Verplaetse a mené à Poupehan des discussions portant sur la politique commune de relance pendant et après la période de récession du début des années ‘80.


3 professionnels à propos de leur passion Bart Bauweraerts & partners, Robert Clergerie et Janny De Vaan à propos de ce qui les passionne. Ce à quoi ils accordent une importance capitale et attribuent leur succès. Après tout, l’argent ne fait pas le bonheur. Veerle SymoEns / Photos : Guy Kokken

domani-designer

Bart Bauweraerts & partners — Collaboration.

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Nous sommes trois à gérer Domani. Gino (Van Den Breen, réd.) est carrossier de formation, et moi, boucher ! Malgré cela, la vie a fait que nous nous sommes retrouvés tous deux dans l’univers de la poterie. Il faut dire que nous avions des âmes d’entrepreneurs, ce qui nous a assez rapidement poussés à démarrer notre propre affaire. Nous avions plein de bonnes idées en tête et des contacts intéressants dans le secteur des pots de fleurs et des cachepot. Mais sur le plan financier, les choses étaient moins florissantes. Walter Van Gastel – un entrepreneur réputé dans le secteur de la jardinerie – a pourtant cru en nous, allant jusqu’à nous dire : « j’ai l’argent, vous avez les idées. » Il est donc devenu notre actionnaire principal. Gino et moi, nous possédions 20% des actions et nous avons pu faire des emprunts, nos parents s’étant portés garants. Nous avons démarré Domani sur un coup de tête. Je me souviens avoir photographié mon écran d’ordinateur, la première fois que nous sommes enfin sortis du rouge à la banque. Jan Buelens, un artiste verrier, nous a rejoints plus tard. Grâce à lui, nous ne nous contentions plus d’acheter les plus beaux

“Dès le lancement des nouvelles collections, c’est la bagarre.” objets design, nous avons, dès lors, pu lancer la production de pots de fleurs et de cachepot. Un commercial a emporté une de nos créations sur un salon à Francfort, et tout est ensuite allé très vite. Il est revenu avec une commande, et pas n’importe laquelle : un conteneur entier ! Nous étions fous de joie, mais cela a été une période très dure en même temps : le week-end et tard dans la nuit, nous peignions des palettes entières de pots … Aujourd’hui, c’est en Hongrie que sont produits nos pots, nos coupes et nos vases. Notre vision internationale nous a permis d’évoluer vers le marché du design. Nous collaborons actuellement avec des architectes, pour lesquels nous réalisons surtout des œuvres sur mesure, et nous menons des projets au Caire, au Japon, en Amérique et un peu partout en Europe. Le caractère impulsif et rebelle des premières années à fait place à des structures de communication plus formelles, à beaucoup de paperasses, à des ‘business models’ et au maintien à niveau de notre position concurrentielle sur le marché. Il s’agit là d’un véritable défi. Par ailleurs, certains facteurs ne sont définitivement pas contrôlables. 2008 a été une année record pour Domani, et nous avions de grands projets de

construction. Mais 2009 a été l’année de la crise. Si nous avions réalisé nos ambitieux projets, nous aurions sans doute eu de gros problèmes. Même si un entrepreneur fait un sans fautes, il n’est jamais sûr de rien. Diriger une affaire à trois, ce n’est pas simple, évidemment. Même si nos tâches respectives sont clairement définies, chacun empiète inévitablement sur le domaine des autres, et les discussions ne sont pas rares. Dès le lancement des nouvelles collections, c’est la bagarre. Jan va très loin dans la création, tandis que Gino et moi sommes plutôt axés finances et clientèle. Ce n’est pas facile, mais d’un autre côté, notre collaboration nous libère en quelque sorte. A condition de se donner à fond tous les trois, chacun d’entre nous a un peu de temps à lui, un peu de calme aussi. Un autre avantage, c’est qu’une décision est plus vite prise à trois qu’à deux et qu’on ne se retrouve jamais dans une impasse. Notre rêve, ce serait de nous profiler encore plus dans l’univers du design et, qui sait, de lancer un jour notre propre collection de – beaux – meubles. (rire) Cela nous permettrait de dire enfin autre chose que : Nous vendons des pots de fleurs. » <<


D’une importance nulputem capitale

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Capital

Bart Bauweraerts (46 ans), Gino Van Den Breen (44 ans) et Jan Buelens (44 ans) dirigent Domani, un label exclusif de cache-pot et de vases, créé en 1992. Domani est implanté à Lokeren, la production s’opère en Hongrie. Les projets vont de Paris à Milan et du Caire à Tokyo. L’accent porte de plus en plus sur le design et sur le travail sur mesure.


créateur de chaussures

Robert Clergerie — Contrastes.

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J’ai toujours voulu deux choses : fabriquer des chaussures de qualité et lancer mon propre label. C’est pour cela qu’en 1980, j’ai repris l’usine de chaussures de Joseph Fenestrier, à Romans-sur-Isère. Depuis sa création en 1895, cette usine célèbre n’avait jamais cessé de fabriquer des chaussures de qualité. J’ai conservé autant que possible ce savoir-faire qui n’a pas de prix et peu après, j’ai commencé à dessiner des chaussures sous mon propre nom. Chez Fenestrier, les artisans avaient toujours fabriqué des chaussures pour hommes, alors que je tenais absolument à créer des souliers pour femmes. Finalement, cette synergie a donné un mélange spécial – et idéal – de modèles confortables et féminins, avec néanmoins une petite touche masculine. En effet, je ne suis pas du tout d’accord quand on dit qu’une femme doit souffrir pour être belle. Dès le début, la condition de base a été à mes yeux le confort. Cela semble évident, mais combien de marques proposent des modèles qui ne chaussent absolument pas bien ? J’estime que la femme porte un vêtement, mais que les chaussures portent la femme. De toute manière, une femme n’est sexy qu’à condition de se sentir à l’aise, et comment pourrait-elle se sentir à l’aise avec des chaussures qui font mal ? Les rédactrices de mode pensaient apparemment comme

“Une femme porte un vêtement, mais les chaussures portent la femme.” moi, car elles ont soudain adopté mes chaussures atypiques, et cela m’a valu d’obtenir une renommée internationale. Michelle Obama, Sharon Stone, Tina Turner, Madonna, Vanessa Paradis, toutes chaussent mes créations. C’est évidemment une fantastique publicité, même si je ne fais rien de spécial pour cela. Je ne suis pas un habitué des soirées fashion. Je fais ce qu’il me plaît, sans suivre les modes, passagères par définition. ‘L’univers de la mode viendra à moi’, tel a toujours été mon credo, qui se vérifie d’ailleurs depuis des années. Et si les autres marques copient mes modèles, je prends cela comme un compliment. Pendant des années, j’ai travaillé comme un fou. Au début des années 2000, je n’avais plus la foi et je rêvais de calme et de détente. Au point de décider de vendre mon entreprise en 2001. Je suis parti sur un voilier en Méditerranée, j’ai pris le temps de vivre, mais je me suis vite rendu compte que je m’ennuyais à mourir. Après tout, ce qui compte dans la vie, outre quelque chose d’aussi essentiel que le confort de base, c’est bien de se réaliser et de réaliser ses rêves. Soudain, je n’étais plus rien d’autre qu’un touriste et j’ai compris que créer des chaussures, était ma passion … ainsi que mon passe-temps. Quitter cet univers, c’était un peu comme quitter

ma personnalité. J’appris alors que les repreneurs étaient à deux doigts de déposer le bilan, j’en étais malade. J’ai senti qu’il fallait agir, surtout en pensant à tous ces artisans et ouvriers motivés avec lesquels j’avais travaillé pendant 20 ans, et qui risquaient à présent de se retrouver à la rue. J’ai donc vendu une bonne partie de mon patrimoine pour racheter ma propre maison. C’est une des meilleures décisions que j’ai prises dans toute ma vie. Je suis un designer et un homme d’affaires, mais je suis aussi un homme d’émotions. Toute la fabrication se fait encore à Romanssur-Isère, ce qui m’offre la garantie de la qualité, mais aussi des délais de fabrication. Il faut que j’aie le produit sous les yeux pour le travailler, je veux humer l’odeur du cuir, suivre le processus du début à la fin. Fabriquer une chaussure ‘Robert Clergerie’, ça reste un savoir-faire exceptionnel et je suis reconnaissant envers mon personnel, qui met tout son talent à y parvenir. Personnellement, je m’engage aussi à 100%, même si je veille dorénavant à faire une pause de temps en temps. Du temps, que je passe en famille, ou à travailler dans mon jardin. Je suis un homme de contrastes, mais je sens bien que j’ai trouvé mon équilibre. Et j’espère – je sais – que cette philosophie se reflète aussi dans mes créations. » <<


D’une importance nulputem capitale

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Capital

Robert Clergerie (76 ans) a remporté à quatre reprises le prix du meilleur designer de l’année aux Etats-Unis. Le 30 novembre 2009, Nicolas Sarkozy en personne lui a remis la médaille de ‘Chevalier de la Légion d’Honneur’. Les chaussures Robert Clergerie, vendues partout dans le monde, sont toujours fabriquées de manière artisanale à Romans-sur-Isère. Robert Clergerie compte parmi ses clientes des stars de cinéma, des épouses de présidents, des chanteuses célèbres …


spécialiste en cosmétique médicale

janny de vaan

— La féminité. “Redonner sa féminité à une femme, c’est l’objectif poursuivi par les spécialistes en cosmétique médicale.”

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J’ai dirigé ma propre agence de publicité pendant douze ans. Les projets se succédaient à toute allure, la pression augmentait de jour en jour, de même que le stress. Il ne me restait pratiquement pas de temps pour mes enfants. Je me suis très souvent posé la question : « est-ce que je veux vraiment continuer comme ça ? » Je n’avais pas l’impression de « faire la différence », le côté humain importait peu ; même si j’ai aimé ce milieu, tout y était si éphémère … Un documentaire traitant de cosmétique médicale a changé ma vie. Les médecins et les spécialistes en cosmétique interrogés y expliquaient comment redessiner des mamelons suite à des reconstructions mammaires, ou des sourcils suite à une chimio … Des choses qui peuvent sembler dérisoire en comparaison de tout ce que le processus de guérison d’un cancer suppose, mais ce documentaire illustrait néanmoins la valeur inestimable du maquillage permanent. Même si les chirurgiens plasticiens réussissent à redonner du volume au sein à l’aide de prothèses ou des propres tissus après une mastectomie, la femme n’a généralement plus de mamelon. Terminer une reconstruction réussie par

un maquillage permanent, cela peut être vu – au propre comme au figuré – comme la cerise sur le gâteau après la victoire remportée sur le cancer. Redonner sa féminité à une femme, c’est l’objectif poursuivi par le spécialiste en cosmétique médicale dans la toute dernière phase de guérison. Une fois le documentaire terminé, toutes les pièces de ce puzzle qu’était ma vie se sont mises en place d’un coup. J’ai aussitôt quitté l’univers de la publicité et et j’ai entamé une formation. Enfant déjà, je dessinais avec minutie et j’avais un certain talent. Par ailleurs, j’étais soulagée de pouvoir enfin mettre en pratique ma propension à soigner – et à l’empathie. Avoir suivi des cours d’hygiène et de sciences des relations humaines m’a aussi été utile à ce stade. De plus, j’avais déjà l’expérience de l’entreprenariat. Mais en ce qui concerne les connaissances techniques portant sur la peau, le matériel et les appareils de cosmétique permanente, je suis repartie de zéro. Lorsque j’ai enfin ouvert mon centre ‘Permanent Mooi’, j’ai appelé des chirurgiens plasticiens pour leur proposer une collaboration. Quel choc ! Le premier médecin à qui je me suis adressée, m’a dit littéralement : « Mais madame, tout ce que veulent les femmes, c’est un soutien-gorge bien rempli ; le

mamelon et les cicatrices, c’est secondaire.  » Un tel manque d’empathie m’a sidérée. Heureusement, tous n’ont pas réagi de la même manière. Aujourd’hui, je travaille avec quelques excellents médecins. A terme, j’aimerais collaborer avec un ophtalmologue. En effet, de nombreuses patientes n’arrivent plus à se voir dans le miroir lorsqu’elles ne portent pas leurs lunettes, ce qui les empêche de se maquiller. Le maquillage permanent pourrait leur être très utile. Mon métier n’est pas toujours simple. De nombreux médecins restent encore très sceptiques et les patientes ont elles aussi besoin d’un complément d’informations. Ma spécialisation a encore mauvaise réputation, ce qui s’explique quand on voit des femmes aux lèvres cernées d’un gros trait mauve, ou dont les sourcils sont deux fines lignes orange … Leur maquillage permanent se remarque évidemment, parce que ces interventions sont ratées, alors qu’une intervention réussie … ne se voit pas ! Lorsqu’un maquillage permanent a été fait correctement, les gens pensent : « Que cette femme est jolie !  » Ce qui, après tout, est le but recherché. Je veux rendre à chaque femme sa féminité, et ce, quoi qu’elle ait pu vivre. » <<


D’une importance nulputem capitale

Janny De Vaan (45 ans) a lancé ‘Permanent Mooi‘ il y a cinq ans. Elle y traite aussi bien le maquillage permanent que la cosmétique médicale. Janny De Vaan travaille en étroite collaboration avec des médecins venus de différentes disciplines. Ensemble, ils viennent en aide aux patients atteints de cancer – avant traitement en redessinant par exemple des sourcils dans l’attente d’une chimio, et après traitement, notamment en redessinant un mamelon après une reconstruction mammaire. Elle traite également les femmes vieillissantes ou les personnes qui ont perdu leurs sourcils suite à une maladie génétique.

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Capital


Conseillés pour les soirées d’automne et les fêtes !

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Les grands classiques

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— Des cocktails pour un automne qui décoiffe.

Golden Apple

Culto A La Vida

Hot Daiquiri

1 Càc de sirop au caramel, 20 ml de liqueur de pomme, 50 ml de jus de pomme et 45 ml de Havana Club Añejo 7 Años.

1 Càc de sucre, 15 ml de jus de citron vert, 120 ml de jus de canneberge et 60 ml de Havana Club Añejo 7 Años.

1 Càc de sucre, 15 ml de jus de citron vert frais, 60 ml de Havana Club Añejo 7 Años et 1 piment de Cayenne.

Versez tous les ingrédients dans un shaker, ajoutez des glaçons, secouez et servez dans des verres à cocktail. Terminez par une fine tranche de pomme placée en éventail sur le bord du verre.

Dans un verre à long drink, laissez fondre le sucre dans le jus de citron vert et ajoutez des glaçons. Versez-y le jus de canneberge et ensuite le Havana Club Añejo 7 Años.

Versez tous les ingrédients dans un shaker, ajoutez des glaçons, secouez et servez dans un verre à cocktail.


REPORTAGE

Il ne faut pas grand chose pour être heureux : une bouteille de Havana Club Añejo 7 Años, des shakers, quelques ingrédients bien relevés, de beaux verres et surtout, surtout : l’envie de se lancer et d’expérimenter. Que diriezvous d’un Hot Daiquiri, d’un Golden Apple ou encore d’un Mojito Real, au champagne pour changer ? Découvrez les boissons préférées de Filippo Baldan – un des meilleurs barmen du monde – et que la fête commence! VEERLE SYMOENS

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— Des grands classiques revisités.

Mojito Real

Old Rose Daiquiri

Cuban Ginger

1 Càc de sucre, 15 ml de jus de citron vert frais, De la menthe fraîche, 60 ml de Havana Club Añejo 7 Años et 60 ml de champagne.

1 Càc de sucre, 10 ml de jus de citron vert, 20 ml de sirop de fraises, 60 ml de Havana Club Añejo 7 Años et 2 fraises.

20 ml de liqueur de pomme, 120 ml de ginger ale et 60 de ml Havana Club Añejo 7 Años.

Prenez un verre à long drink, déposez-y la menthe et le sucre, le jus de citron vert et écrasez le tout à l’aide d’un pilon. Allongez avec le champagne, des glaçons et le Havana Club Añejo 7 Años. Mélangez et décorez de quelques feuilles de menthe.

Versez tous les ingrédients dans un blender et ajoutez de la glace pilée. Après 30 secondes de mixage, servez dans un verre à cocktail. Décorez d’un petit morceau de fraise sur le bord du verre.

Déposez des glaçons dans un verre à long drink. Ajoutez la liqueur de pomme et les 60 ml de Havana Club Añejo 7 Años toe. Terminez avec le ginger ale, mélangez et … dégustez !


30

— 2 x inattendu.

Daiquiri Mulata 1 Càc de sucre, 15 ml de jus de citron vert, 30 ml de liqueur de café et 45 ml de Havana Club Añejo 7 Años.

Versez tous les ingrédients dans un blender et ajoutez de la glacé pilée. Mixez pendant 30 secondes. Servez dans des verres à cocktail. Décorez de deux grains de café.

virgin Mojito (sans alcool)

1 Càc de sucre, 15 ml de jus de citron vert frais, 1 brin de menthe fraîche et 60 ml de soda.

Prenez un verre à long drink, déposez-y la menthe et le sucre, ajoutez le jus de citron vert et écrasez à l’aide d’un pilon. Allongez d’eau gazeuse, ajoutez des glaçons et mélangez.


2

Le caméléon des

cocktails Mixer – c’est le fil rouge qui traverse l’existence de Filippo Baldan, Italien d’origine, né en Belgique, où il a grandi. Filippo Baldan, proclamé deuxième barman mondial, parcourt la planète en qualité de consultant mixologue pour le compte des bars et des hôtels les plus réputés. Barman et homme d’affaires tout à la fois, il réussit aussi bien à doser ses cocktails que sa vie professionnelle/nocturne et sa ville de famille. Il révèle à Capital de quel mix unique sa vie est faite aujourd’hui.

On me surnomme parfois le caméléon. Il est vrai qu’on peut aussi bien me voir en short, par exemple à Cuba pour l’ouverture d’un bar sur la plage, ou sur un festival où je prépare des mojitos et me retrouver le lendemain en costume trois pièces à Bruxelles, où j’occupe le poste de bar manager de l’hôtel cinq étoiles Radisson Blu Royal. » La vie de Filippo Baldan ne connaît apparemment qu’une seule constante : la variation. Le baptême du feu

En sa qualité de ‘bar consultant’ et de mixologue, Filippo Baldan est un familier des bars les plus branchés et les plus prestigieux à

Bangkok, à Cuba, au Brésil, en Jordanie ou en Russie. Il intervient également lors de luxueux événements pour Audi, de défilés de mode (Kenzo) et des salons les plus exclusifs.  « Je suis un épicurien lorsqu’il s’agit de nourriture et de boissons, et mes critères de qualité sont dès lors très élevés. De ce fait, j’apprécie le luxe dans ce domaine. C’est la raison pour laquelle j’aime tant opérer dans les bars d’hôtels chics. Les hommes d’affaires sont nombreux à apprécier un bon cocktail. Il semblerait qu’ils perçoivent particulièrement cette culture, assez comparable à celle des dégustations de cigares. » La vie de Filippo Baldan se déroule sous le signe des cocktails, alors qu’il est entré dans ce métier par hasard.  « Je voulais faire des études >>

31


la bodeguita (la havane)

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de biologie ou de géologie, mais il fallait de l’argent pour cela – et donc un job. J’ai donc démarré en salle, à l’hôtel Hyatt de Bruxelles. Après quelque temps, j’ai demandé à travailler au bar. Le premier week-end, j’ai réellement vécu mon baptême du feu avec des touristes britanniques, qui ne commandaient que des cocktails. Je ne leur ai pas caché que j’étais un débutant et après coup, ils m’ont même complimenté. Le lendemain soir, ils en redemandaient ! Un rush qui m’a donné des ailes ! » Boosté par cette expérience, Filippo Baldan s’est lancé dans l’art du cocktail. Deux ans plus tard, il remportait son premier concours. Et ce qui n’aurait dû être qu’un job d’été est devenu sa grande, son unique passion.

cela demande en effet une palette de goûts très étendue et beaucoup de créativité pour jongler avec les arômes, les épices, les fruits et l’alcool. » Filippo Baldan doit également faire des sacrifices dans sa vie privée, même si sa qualité de consultant indépendant lui permet heureusement aujourd’hui de décider de ses heures de travail.  « Aujourd’hui, je suis plus homme d’affaires que barman. Je suis marié – heureux en ménage – et père de deux enfants. Mon épouse et moi avons la même vision de notre métier, et heureusement d’ailleurs, car il n’est pas question de commencer à neuf heures du matin et de finir à dix-sept heures, vous l’aurez compris … Je voyage beaucoup, pour ouvrir de nouveaux bars, pour suivre les tendances, pour me perfectionner … »

Homme d’affaires ou barman ?

« Ne vous y trompez pas, ce travail est hyper-dur. Un bon barman ne se contente pas de préparer des cocktails. Il faut tout d’abord qu’il connaisse ses classiques et la composition des cocktails, au millilitre près. Contrairement au chef, bien caché dans sa cuisine, un barman exerce son art au vu et au su de ses clients. Les cocktails, cela se prépare en public et un barman doit être capable de faire beaucoup de choses en même temps. Amuser un groupe d’une dizaine de personnes, faire patienter ceux qui attendent leur tour, être à l’écoute des gens, être un bon psychologue et se tenir au courant de tout ce qui se passe dans le monde … Mon métier, c’est tout cela en même temps. » Filippo parle plusieurs langues, il connaît les bonnes adresses dans chaque ville, il garde toujours son calme et est aimable en toutes circonstances, même lorsqu’il ne se sent pas vraiment au top.  « On n’est pas toujours à la fête, même si cela y ressemble de l’extérieur. Lors d’événements importants, le premier mojito doit être aussi bon que le 450ème. On ne devient un bon barman qu’après des années et il faut attendre encore plus longtemps pour pouvoir se dire bon mixologue … Composer un nouveau cocktail,

Le premier mojito

Si Fillippo Baldan voyage un peu partout, il a un faible pour Cuba. Sa première découverte de ce pays, il la doit au film ‘Havana’ de Sydney Pollack, avec Robert Redford dans le rôle principal.  « Quelques années plus tôt, j’avais déjà vu ‘Cocktail’ avec Tom Cruise et soudain, tout le monde a su ce qu’était un cocktail. ‘Havana’, c’était différent : plus sophistiqué, moins grand spectacle. C’est dans ce film que j’ai vu pour la première fois des gens qui commandaient un mojito, cocktail encore inconnu en Belgique à l’époque. Cela m’a fasciné et j’ai aussitôt cherché où je pourrais trouver ce rhum. Je l’ai finalement trouvé dans un hôtel bruxellois qui le faisait venir de Cuba en conteneurs. J’ai aussitôt créé mes premiers mojitos et j’ai été l’un des premiers à les proposer en Belgique. » Filippo s’est rendu à La Havane à plusieurs reprises – pour y préparer le Festival de Cuba du Radisson Hotel ou pour y participer au Grand Prix Havana Club.  « La Havane, c’est aussi l’endroit où l’écrivain américain et Prix Nobel Ernest Hemingway aimait vivre. Cet écrivain avait l’art de dénicher les meilleurs bars. Deux de ces lieux de prédilection


Identykit FILIPPO BALDAN D’origine italienne mais né à Bruxelles, Filippo Baldan (52 ans) a exercé ses talents dans différents bars à travers le monde. Deuxième au championnat du monde de ‘Meilleur barman’ en 1999, il a remporté le ‘Golden Shaker’ en 2000. Filippo est reconnu ‘Meilleur barman de Belgique’. Il travaille actuellement comme bar manager du ‘Bar Dessiné’ à l’hôtel Radisson Blu Royal de Bruxelles. Mais Filippo est surtout connu comme consultant mixologue international. Sa passion l’a amené à découvrir les meilleurs bars de Cuba, du Brésil, de Thaïlande, de Jordanie, de Russie, … Filippo Baldan a lui-même inventé plus de 100 cocktails, dont 11 spécialement concoctés pour le fameux bar ‘Barsu’ à Bangkok. Il fait figure de mentor pour de jeunes barmen et organise régulièrement des formations et des workshops.

existent toujours aujourd’hui – ‘La Bodeguita’, connue pour ses mojitos et ‘La Floridita’, qui sert toujours les meilleurs daiquiris. En tout cas, l’amour de La Havane ne m’a plus quitté. Je prépare toujours mes cocktails avec du rhum cubain Havana Club – très souvent du Havana Club Añejo 3 Años et ces derniers temps également de l’Añejo 7 Años. On pense souvent que le Havana Club Añejo 7 Años ne se boit qu’en digestif. C’est possible évidemment, car il s’agit d’une très bonne alternative à un whiskey single ou à un cognac. Mais l’Añejo 7 Años donne aussi beaucoup de caractère aux cocktails. Son goût constant et son arôme riche et complexe en font un rhum unique. Cet arôme ne disparaît pas avec le temps et il ne bouge pas quand le rhum est mixé avec des jus de fruits, des sodas ou de l’eau. Le rhum cubain, c’est bien plus qu’une simple boisson. Ce rhum est riche d’une longue histoire, de traditions, de culture et de savoir-faire. »

Les conseils de Filippo Baldan Qu’est-ce qu’un cocktail réussi ?  « Tout est question d’équilibre, entre l’alcool – le corps du cocktail – l’arôme principal et l’arôme secondaire. Dans un bon cocktail, on ne sent pas l’alcool. »

Respectez la règle de 4 1. Mémorisez la recette et utilisez uniquement des ingrédients frais. 2. Respectez la recette. Certains cocktails, dont le mojito, sont élaborés directement dans le verre. D’autres sont secoués dans un shaker, d’autres

“ Le rhum cubain, c’est bien plus qu’une simple boisson. Ce rhum est riche d’une longue histoire, de traditions, de culture et de savoir-faire.”

encore mixés, sans compter les blends.

Transfert de connaissances

4. Soignez la décoration, c’est la cerise

« Transmettre mes connaissances, cela me plaît. C’est pourquoi j’organise des formations et des workshops destinés à de jeunes barmen et mixologues. J’en retire une immense satisfaction. Savez-vous qu’il n’existe pas en Belgique de véritable école pour le personnel de bar ? Dans d’autres pays, les écoles hôtelières prévoient pendant les dernières années de cursus une formation spéciale ‘personnel de bar’, avec des stages dans de grands hôtels et des bars. En Belgique au contraire, tout le monde peut s’appeler barman, du limonadier au garçon de café et jusqu’au mixologue expérimenté. Les standards n’existent pas et la plupart préparent dès lors n’importe quel cocktail n’importe comment. Rien d’étonnant à ce que le client soit souvent déçu ! Les gens sont étonnés, lorsque je leur ai préparé un mojito, de le trouver bon … De nombreux autres pays connaissent une véritable tradition des cocktails et on peut y déguster un délicieux cocktail dans la plupart des bars. Dans ce cas, il ne vous reste plus qu’à vous démarquer en préparant un très bon cocktail, avec votre petite touche personnelle ! Ce serait formidable si on pouvait en arriver là chez nous. » <<

sur le gâteau.

3. Choisissez le verre adapté au cocktail que vous avez choisi. Le choix est vaste : verres à long drink, de cocktail, rock ou hurricane – chaque cocktail a son verre.

La fête  « Pour une ambiance plus festive, utilisez du champagne à la place de l’eau gazeuse.  »

La base, c’est le rhum. Optez toujours pour la meilleure qualité!  « Nous vous conseillons vivement d’utiliser du rhum ‘Havana Club Añejo 7 Años’, réalisé à base de la meilleure canne à sucre du monde et qui profite du climat cubain, inégalé. Les mains et le cœur du maître rhumier façonnent son goût, et c’est ce goût dont vous vous délecterez ! »


belle réussite pour le premier Optima open — Nostalgie, sport et spectacle.

Pendant le weekend du 20 au 22 août dernier, le Royal Zoute Tennis Club a été le théâtre du tout premier Optima Open, organisé dans le cadre de l’ATP Champions Tour. Principal sponsor et propriétaire du tournoi, Optima a réussi à attirer pour la première fois en Belgique ce prestigieux tournoi international. Photos : IMAGELLAN

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En coulisses, le questionnaire de Proust Capital était également de la partie dans les coulisses de l’Optima Open. Björn Borg était déjà bien présent dans le précédent numéro de ce magazine, mais les cinq autres légendes du tennis se sont vues poser des questions pertinentes à l’occasion de ce tournoi. Ce ne sont pas seulement les personnalités contemporaines qui doivent répondre à de longs questionnaires, il y a longtemps déjà, on connaissait le fameux questionnaire de Marcel Proust. Pour notre propre ‘questionnaire de Proust’, nous avons cherché l’inspiration auprès de cet écrivain célèbre.

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4 5

6 goran ivanisevic

Quel est, pour vous, le plus grand bonheur sur cette terre ?

Quelles fautes avezvous le plus de mal à pardonner ? Quel homme ou quelle femme (d’aujourd’hui ou de hier) admirez-vous le plus ?

Votre meilleur trait de caractère ? Si vous n’aviez pas été tennisman, qu’auriez-vous souhaité être ?

Qui sont pour vous les héros d’aujourd’hui ?


events

Pat Cash

Guy Forget

Goran Ivanisevic

Richard Krajicek

Henri Leconte

Me retrouver dans un endroit agréable avec celle que j’aime.

Un monde sans guerre, sans maladie, où les hommes sont libres de penser et de dire ce qu’ils veulent.

Avec ma femme et mes enfants, au soleil : un bon déjeuner ou une balade à vélo. Ou alors : admirer mes enfants qui font du sport.

Etre en bonne santé. Tout faire avec ma famille, et tenter de la rendre heureuse. Lui donner beaucoup d’amour.

Je suis d’un naturel trop confiant et il arrive qu’on en profite, ce qui est très ennuyeux.

Les miennes !

Les maltraitances envers les enfants, les personnes âgées, les femmes.

Répéter ses erreurs. Parce que les précédentes ne vous ont rien appris.

Je ne parviens à pardonner qu’aux gens que j’aime, sauf s’ils m’ont trahi.

Tous ceux qui se distinguent dans un domaine donné. J’ai personnellement beaucoup appris de mes collègues. Je respecte aussi des personnalités telles que Barack Obama ou Bill Clinton, qui se soucient de leur pays et du monde entier.

Mes parents, qui ont toujours fait de leur mieux et plus encore. Surtout maintenant que j’ai moi-même des enfants. J’admire aussi ma femme, et la patience dont elle fait preuve envers moi.

Mes parents.

Nelson Mandela, un homme magnifique. J’ai vu récemment le film Invictus. Après un aussi long emprisonnement et tant de mauvais traitements, il n’a aucun sentiment de revanche.

Le pilote de Formule 1 Ayrton Senna, tellement différent des autres pilotes. Tant de charisme, de mystère aussi …

La générosité peut-être, et mon attitude décomplexée?

Je suis – presque – toujours de bonne humeur.

J’essaie de me montrer en tous temps positif.

Je suis très ordonné. Et je tiens toujours mes engagements envers mes enfants.

L’honnêteté, la générosité … Oui, trop de générosité. C’est tout moi.

Un joueur de foot australien ! J’ai été un très bon junior, mais c’était trop dangereux et j’aimais également le tennis. De plus, le tennis me donnait l’occasion de voyager dans le monde entier.

Un musicien, guitariste.

Je ne suis pas certain, mais je crois que j’aurais aimé être un sportif.

Directeur du tournoi ABN AMRO World Tennis Tournament (quelle chance, c’est ce que je suis depuis que je me suis retiré en 2003 !).

J’aimerais être pilote de F1 ou de rallye. Ou acteur. Il n’est peut-être pas encore trop tard :-)

Les mères et les pères qui combinent 2 ou même 3 métiers.

Tous ceux qui s’efforcent de soulager la détresse des hommes.

Non pas des personnages publics, mais bien des gens qui se dévouent chaque jour pour aider leur prochain

Nelson Mandela.

Bill Gates, pour ce qu’il a inventé, mais aussi pour ce qu’il réalise dans le monde entier avec sa fondation.

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Capital

Etre détendu, en bonne santé et entouré de mes enfants et de ceux que j’aime. De préférence en pleine nature, car étant un Australien qui vit à Londres, la nature me manque.


Le chèque pour la fondation Belgian Kid’s

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guy forget

guy forget & henri leconte

björn borg

björn borg

Des milliers de personnes ont suivi sous un

héros, tandis que les amateurs de beau tennis

la musique, assurée par un orchestre de

beau soleil les performances pour ces grands

apprécient les matchs, de très haut niveau.

jazz, mais aussi les rafraîchissements et les

champions d’autrefois qui ont tout donné pour

A Knokke, Björn Borg attirait toujours autant

bonnes choses servies dans une ambiance

l’occasion – notamment un Goran Ivanisevic

la foule. Dans l’histoire du tennis de haut niveau,

détendue.

déchaîné et qui a fini par remporter le tournoi,

ce suédois âgé de 54 ans est généralement

Sur chaque billet vendu, un euro allait à la

ainsi qu’un Björn Borg toujours aussi populaire.

considéré comme l’un des meilleurs joueurs de

fondation Belgian Kid’s, pour le financement

Au fil des années, l’ATP Champions Tour s’est

tous les temps. Il faut dire qu’il compte à son

de la formation des pédiatres. Tous ceux qui

fait connaître dans le monde entier comme un

palmarès non moins de onze titres au Grand

étaient présents ce weekend-là le savent :

événement des plus populaires, qui offre au

Chelem. En plus du spectacle offert sur le

l’Optima Open 2011 sera une fois de plus

public l’occasion d’admirer une fois encore ses

terrain, les invités du Club Optima ont apprécié

l’événement de l’été à ne pas manquer ! <<

pat cash

guy forget & comte leopold lippens

pat cash

richar krajicek

goran ivanisevic


actua

Des habitations plus coûteuses du fait de la

TVA sur les terrains ? A partir du 1er janvier 2011, la vente d’un bâtiment neuf et de son terrain sera assujettie à la TVA lorsque la vente se fera simultanément et par la même personne. Jusqu’à présent, la vente du terrain n’entraînait que des droits d’enregistrement (10% en Flandre et 12,5% à Bruxelles et en Wallonie) alors que celle de l’habitation était soumise à la TVA (à 21%). Allons-nous vers une forte hausse des prix des habitations ? Ou n’y a-t-il pas de quoi s’inquiéter ?

En principe, il n’y aura pas grand-chose de changé », affirme Thomas Weyts, Estate Planning Manager chez Optima. « Il est vrai que la Cour Européenne de Justice a jugé que les bâtiments ou des parties de ceux-ci (dont des appartements) sont indissociablement liés à leur terrain pour l’application de la TVA. La Belgique a donc été obligée d’adapter sa législation, ce qui a été fait dans la Loi Programme du 23 décembre 2009, qui entrera en vigueur en janvier 2011. »

Même après le 1er janvier 2011, la Vente d’un terrain avec construction reste donc soumise au droit d’enregistrement proportionnel de 10 ou 12,5%, à condition que le propriétaire du terrain soit une autre personne que le promoteur immobilier – superficiaire. « Lorsque le terrain à bâtir est acheté à une seule personne, et le bâtiment à une autre, il ne faut pas payer de TVA sur l’ensemble (habitation et terrain) mais seulement sur l’habitation. C’est bon à savoir pour ceux qui envisagent

Capital

Thomas Weyts poursuit : « On est en droit de se poser des questions : la vente d’un bâtiment est-elle assujettie au régime de la TVA, et surtout : que faut-il entendre par ‘sol y attenant’ ? Le nouvel article 1 (§9, 2°) du code de la TVA définit effectivement un ‘sol y attenant’ comme attenant ‘le terrain sur lequel il est permis de bâtir et qui est cédé par la même personne, en même temps que le bâtiment et attenant à celui-ci.’ Sur base de cet article de loi, un terrain n’est donc pas considéré comme ‘attenant’ s’il n’est pas vendu par la même personne que le bâtiment lui-même, ou s’il ne l’est pas simultanément. Autrement dit : il ne suffit pas qu’un bâtiment ait été érigé sur une parcelle de terrain pour que cette parcelle soit automatiquement considérée comme ‘sol y attenant’ pour l’application du code belge de la TVA. »

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d’investir dans l’immobilier. Nos spécialistes suivent évidemment cette législation à la lettre et fournissent des conseils avisés pour tous les cas particuliers. » Cette nouvelle législation entraîne-t-elle d’autres modifications en matière d’investissements immobiliers ? « Non. La modification de la loi n’entraîne pas un changement du régime fiscal applicable à la cession de terrains non bâtis. Les ventes de terrains bâtis qui se déroulent en même temps que celle des bâtiments attenants seront à l’avenir également assujetties aux droits d’enregistrement proportionnels lorsqu’ils ne peuvent être considérés comme ‘neufs’ pour l’application de la TVA. » Combien de temps un bâtiment est-il considéré comme neuf par l’ administration ? Un bâtiment est considéré comme ‘neuf’ jusque et y compris au 31 décembre de la deuxième année qui suit l’année de la première utilisation ou prise de possession. » <<


Baron Paul Buysse

“Investissons là où la croissance économique se joue.” 38

Paul Buysse, c’est la somme de multiples expériences dans autant d’entreprises, plus ou moins grandes – en Belgique et à l’étranger. Autant de bonnes raisons pour interroger l’homme sur sa passion d’entreprendre, l’avenir de notre société d’abondance et la nécessité d’un plan stratégique. Jeroen Lissens / PHotos : filip van roe


il fait parler de lui

39

Capital


S

errer la main de Paul Buysse, c’est comme serrer la main de l’entreprenariat belge. L’homme à la chevelure argentée est comme à son habitude impeccablement vêtu. Il nous reçoit fort aimablement dans l’élégant bureau bruxellois du président de Bekaert, entreprise cotée en bourse et leader mondial des produits en fil d’acier. Le premier objet qui saute aux yeux sur le bureau de Paul Buysse est une rutilante ‘Spirit of Ecstasy’, la fameuse icône qui orne la calandre de chaque Rolls-Royce. C’est un souvenir du temps où Paul Buysse était le CEO du groupe britannique Vickers, qui allait revendre Rolls-Royce précisément à cette époque. «Un cadeau du personnel de Rolls-Royce », dit-il en souriant avant de commander deux cafés. «C’est le dernier exemplaire fabriqué à l’époque des propriétaires britanniques. » L’anecdote de la ‘flying lady’ ne donne qu’une toute petite idée de la carrière de cet anglophile convaincu, grand amateur de litotes (understatement en anglais), une figure de style qui reviendra souvent dans la conversation.

Un moteur de croissance

Avant la période Vickers, Paul Buysse avait déjà dirigé le groupe industriel BTR, qui comptait à l’époque un effectif de 330 000 salariés. Aujourd’hui, nos compatriotes ne sont plus rares à la tête de multinationales, alors qu’avec 17 ans de carrière aux plus hauts échelons des entreprises britanniques, Paul Buysse a été entre 1983 et 2000 l’un des tous premiers Belges à être un capitaine d’industrie à l’étranger. Il se dit satisfait de voir que son exemple a été suivi, ce qu’il estime d’ailleurs indispensable : « Je dis toujours aux managers belges qu’ils doivent se lancer sur le plan international avec leurs sociétés, et surtout hors de l’Europe. C’est là que la croissance économique se joue. » Il étaie ses propos avec des chiffres du Fonds Monétaire International. «Le commerce mondial a enregistré une baisse de 0,6% en 2009, année de crise (et de 4% en Europe !), pendant que la Chine et l’Inde enregistraient des croissances respectives de 9 et 6%. En 2010, la Chine devrait à nouveau connaître une croissance de 10,5%, tandis que nous devons nous contenter dans la CE d’une croissance de … 1%. L’Europe – Belgique inclue – n’est certainement plus le moteur de l’économie mondiale. Nous devons donc nous tourner vers l’étranger. »

“Il ne faut pas croire que les pays émergents ne s’occupent pas de recherche et d’innovation.” N’y a-t-il pas des mesures à prendre pour éviter d’évoluer vers une situation où nous serions une sorte de ‘no man’s land’ socio-économique? PAUL BUYSSE : « Si nous voulons redynamiser l’économie belge, nous devons effectivement prendre une série de décisions essentielles. Et tout d’abord : nous ne pouvons plus supporter que le coût de la sécurité sociale augmente 4 fois et demi plus vite que


il fait parler de lui

l’inflation. Il convient ensuite de relever le taux d’efficacité de la fonction publique. Osons poser la bonne question : les pouvoirs publics doivent-ils vraiment employer autant de personnes ? Il faut absolument réduire le nombre des fonctionnaires, et surtout la quantité des procédures, parfois inutiles, qu’ils doivent suivre. Troisième point important : nous devons – en collaboration avec nos universités, qui sont d’ailleurs déjà nombreuses à le faire – miser plus nettement sur la technologie, l’innovation, la recherche et le développement. Nous sommes en train de perdre l’industrie de fabrication, à forte utilisation de main-d’œuvre, au profit des pays à bas salaire, Chine et Inde en tête. Il ne faut pas croire que les pays ne s’occupent pas de recherche et d’innovation : les chercheurs y sont de plus en plus nombreux. Entre le début et la fin de cet entretien, les laboratoires d’Asie auront accueilli tout un bataillon de jeunes universitaires dynamiques, et qui en veulent … »

l’expertise Optima

Le Code Buysse II : nouvel allié du dirigeant avisé ?

Des chiffres implacables

La crise économique qui secoue notre

Cette croissance ne viendra certainement pas de l’industrie automobile, qui a pourtant été l’un des fleurons de notre pays. Vous venez d’être nommé président de la commission d’experts chargée de trouver un nouvel investisseur pour l’usine Opel d’Anvers, qui est condamnée. Ici aussi, les Chinois sont candidats … PAUL BUYSSE: « Vous savez ce que m’a dit récemment un Chinois haut placé ? « Notre problème, c’est que nous avons trop d’argent. » Et c’est vrai, la Chine est le plus gros créancier mondial, notamment face aux USA. Une situation de trésorerie à laquelle il convient d’ajouter leur suprématie numérique (ils sont 1,4 milliard), et on est bien obligé d’admettre le bien-fondé de la prédiction selon laquelle les Chinois représenteront d’ici à 2025 quelque 35% du PNB à l’échelle mondiale. N’oubliez d’ailleurs pas qu’ils occupaient déjà cette même position en 1820, mais qu’ils ont dû céder leur place au 20ème siècle, ayant manqué la révolution industrielle. » >>

pays et propulse à nouveau au centre des

“Plutôt que de maintenir l’emploi politique, investissons dans notre future croissance économique.”

débats le concept de bonne gouvernance donne rapidement aux instigateurs du code matière à compléter le texte originel. La seconde version fut présentée le 23 juin 2009 sous le nom de « Code Buysse II ». De nouveaux thèmes se voient ainsi développés, tels que la responsabilité sociale de l’entreprise, l’attitude éthique des administrateurs ainsi que le contrôle et la gestion des risques. Il est utile de noter que les dispositions contenues dans ce code n’emportent aucun caractère contraignant. Rédigé en termes très larges, le Code Buysse II se veut un outil pratique et flexible >> (suite page 43)

41

Capital

Vous semblez inquiet … PAUL BUYSSE: « Vous pouvez dire de moi que je suis un homme très inquiet. J’estime que nous manquons cruellement de dynamisme. Alors que c’est précisément ce qu’il nous faut pour remodeler notre société et pour être prêts à affronter les énormes défis économiques qui nous attendent, dont le vieillissement de la population. Ajoutez à cela les structures très compliquées de notre petit pays, qui se soldent par un handicap concurrentiel supplémentaire. Pourquoi ne pas abolir par exemple le système des provinces ? Leurs compétences pourraient parfaitement revenir aux communautés. Plutôt que de maintenir l’emploi politique, investissons dans notre future croissance économique. »

Le Code Buysse est né suite à l’émergence du concept de « Corporate Governance ». Il résulte d’une initiative originale qui conduisit la Belgique à devenir le premier Etat à se doter d’un code de bonne gouvernance destiné aux sociétés non cotées. Fruit d’une collaboration étroite menée entre l’UNIZO (Unie van Zelfstandige Ondernemers) et l’UCM (Union des Classes Moyennes), la première mouture du Code Buysse voit le jour en 2005. Celui-ci se composait d’une série de recommandations fondées sur le constat qu’une organisation efficace des structures de contrôle et de gestion d’une entreprise permet d’assurer à celle-ci une croissance significative et durable.


Nous-mêmes, pouvons-nous encore quelque chose pour notre économie ? En votre qualité de président de Bekaert, producteur de fils d’acier, vous dirigez une puissante entreprise belge ; pourtant, les centres de décision se trouvent de plus en plus souvent à l’étranger. Avec la crise financière, Fortis est notamment passé sous le contrôle des Français. PAUL BUYSSE: « Je constate que le tissu même de l’entreprenariat belge manque de fermeté. La plupart des filiales de l’ex-Société Générale sont aux mains des Français, et pas toujours pour les motifs annoncés (l’échelle par exemple). Je suis notamment persuadé que Petrofina (totalement absorbée par Total, ndlr.) aurait pu survivre en toute indépendance, et qu’il existait d’autres options que des reprises par des groupes étrangers. Je regrette que nous ne soyons pas capables de mettre sur pied un forum de capital structuré et de trouver l’énergie qu’il faut pour garder les entreprises dans notre pays. J e pense que nous n’avons pas encore vu la fin de cette tendance aux reprises étrangères. Après la vague des repreneurs français, nous allons voir arriver les Indiens et les Chinois. Pensez plutôt à Volvo Gand, actuellement entre les mains des Chinois. Ou à Hansen Transmissions – dont j’ai été le CEO – qui est aujourd’hui la propriété d’un groupe indien. L’industrie du diamant – si florissante autrefois – est elle aussi en train de nous échapper. »

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Comment faut-il agir concrètement pour retourner la situation ? PAUL BUYSSE : « C’est très simple : en étudiant l’histoire de notre propre économie du bien-être. Il n’y a pas si longtemps, nous étions encore des modèles quand il s’agissait d’attirer d’importants investisseurs. En 1963, nous avons accueilli à Genk les immenses usines Ford, grâce à une offre imparable, avec des chiffres implacables. Un mélange d’infrastructure, de fiscalité, d’aides aux investissements et à la formation. Le tout formant une offre telle qu’elle ne pouvait tout simplement pas être refusée. Ford est donc venu, et a créé des milliers d’emplois. Nous remarquons la même chose aujourd’hui en Inde et en Chine, où Bekaert a déjà ouvert plusieurs établissements. (Grâce aux investissements en Chine, Paul Buysse a été le premier européen nommé citoyen d’ honneur de Chongqing, la plus grande ville du monde avec ses 32 millions d’ habitants. A la fin de notre entretien, il nous montre l’ énorme médaille qui porte au verso le numéro ‘OOO7’, ndlr.) Mais il semble que nous ayons oublié tout cela en Belgique. »

“Tout vaut mieux que de rester assis sans rien faire. Non, sautons dans les avions, allons rencontrer les gens !” La Commission Européenne ne risquerait-elle pas de s’opposer aujourd’hui à une aide aussi débridée de la part de l’Etat – qui entraînerait une surenchère entre les différents pays ? PAUL BUYSSE : « Je suis totalement d’accord pour dire qu’on ne peut pas faire n’importe quoi, mais nous pourrions peut-être collaborer avec l’Europe pour développer un programme fort ?

Tout vaut mieux que de rester assis sans rien faire. Non, sautons dans les avions, allons rencontrer les gens ! Dans ce domaine, nous avons beaucoup à apprendre des Britanniques. L’Ambassade britannique en Chine emploie 400 personnes, contre 32 pour notre ambassade. Ces chiffres sont éloquents. Il faut qu’un Etat prenne des mesures pour conserver les entreprises existantes dans le pays, et pour en attirer d’autres depuis l’étranger. L’investissement et l’emploi sont également essentiels pour préserver notre niveau de vie à l’avenir. Je suis désolé, mais les entreprises ne viendront pas s’installer chez nous parce qu’il fait bon vivre en Belgique, ou parce que nous avons tant de sortes de – bonnes – bières … »

“Il ne manque pas d’entreprises familiales où le ‘pater familias’ croit qu’internet est une nouvelle marque de lessive. ”

UN BON PLAN

Vous êtes l’initiateur du ‘Code Buysse’, une sorte de charte de ‘corporate governance’ (ou de bonne gestion) pour les entreprises non cotées en bourse. En votre qualité de Président belge de l’organisme international FBNet (Family Business Network), vous embrassez la cause des entreprises familiales. Si les grosses entreprises ont tendance à disparaître, les entreprises familiales représentent-elles l’avenir de notre société d’abondance ? PAUL BUYSSE : « La Belgique est un pays d’entreprenariat familial, c’est un fait. Les entreprises familiales représentent environ 75% de notre PNB. Avec le ‘Code Buysse’, et grâce à mes efforts par le biais de FBNet, je m’efforce d’accompagner les entreprises familiales sur la voie d’une structure professionnelle. Combien d’entreprises familiales ne sont-elles pas dirigées par ‘ le pater familias’, qui ne pense pas du tout à passer le flambeau? A 70 ans passés, il croit qu’internet est une nouvelle lessive et que sa secrétaire, bien plus jeune que lui mais qui frise tout de même la soixantaine, est au courant de tout. Avec le ‘Code Buysse’, nous avons voulu donner une impulsion à un esprit de bonne gestion. Avec succès, je peux l’affirmer. Une dame me racontait récemment qu’elle avait réussi à résoudre un sérieux conflit avec les associés de son entreprise familiale en appliquant le ‘Code Buysse’. La rédaction d’une charte familiale, comment régler la distribution de dividendes, comment répartir les tâches des associés, etc., ce sont autant d’éléments indispensables pour une bonne gestion. De trop nombreuses entreprises n’ont pas prévu de plan stratégique pour l’avenir. Et je ne pense pas seulement ici aux petites entreprises … Tout notre tissu économique souffre de cette absence de plan stratégique, alors qu’il s’agit d’une nécessité absolue dans toute entreprise. A chacun de nos conseils d’administration, Bert Degraeve (le CEO de Bekaert, ndlr) est prié de justifier sa vision sur l’évolution de notre plan stratégique. C’est ainsi que cela doit se passer. » >>


il fait parler de lui

l’expertise Optima

destiné à tout dirigeant quel que soit le secteur d’activité dans lequel il évolue, la taille de son entreprise ou la phase de développement de celle-ci. Le code s’attache également à offrir des solutions adaptées à certains types de structures et, à ce titre, comporte notamment une section dédiée aux entreprises familiales.

Les entreprises familiales Les rédacteurs du code l’ont parfaitement perçu, la société familiale constitue un acteur tout à fait singulier dans notre paysage économique. La performance de celle-ci sur le marché s’explique notamment par la cohésion existant entre ses membres, œuvrant ensemble à la réalisation d’un projet qui constitue

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souvent le rêve de son fondateur et structure atypique rencontre toutefois des difficultés tout à fait particulières résultant par exemple de la primauté du lien de sang sur les compétences professionnelles. Par ailleurs, dans la pratique, la reprise de l’entreprise constitue fréquemment le terreau de bon nombre de discordes surgissant entre les éventuels successeurs. A cet égard, le Code Buysse II formule une série de recommandations destinées à faciliter la résolution de tels conflits notamment par l’établissement d’une charte familiale ou par le recours à des comités externes. Sans affirmer que ce code constituera un remède à tous les maux, il peut s’avérer être un premier outil permettant d’amorcer une discussion constructive sur l’efficacité de la structure de gestion et de contrôle mise en place au sein de votre société et ce éventuellement dans une optique de transmission de celle-ci. Jehanne Maldague Senior auditor Optima Financial Planners.

Capital

auquel la famille s’identifie. Cette


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Baron Paul Buysse

• BTR Automotive and Engineering Group : Group Chief Executive (1989) • BTR Engineering and Dunlop Overseas : Group Chief Executive • BTR Industries Limited : Membre du conseil de direction (1991) • BTR : Membre du conseil de direction (1991)

°17 mars 1945

• BTR plc : Regional Chief Executive

Diplômé de l’Institut Supérieur de Marketing d’Anvers

• BTR plc : Administrateur Délégué (1994-1997)

Tenneco Advanced Management Programme (Mont Pélerin-Suisse)

• Vickers plc : Chief Executive (1998-2000) • Bekaert : Président du Conseil d’Administration (depuis le 10.05.2000)

Carrière Autres mandats en cours • Ford Motor Company : Différents postes Marketing et Vente (1966-1976) • British Leyland Belgium sa : General Manager Car Sales & Marketing

• Banque Nationale de Belgique : Président du Collège des Censeurs

• British Leyland Credit sa : Deputy Managing Director-Administrator

• Belgian Governance Institute : Président du Board of Trustees

(1976-1979)

• FBNet-Belgium : Président

• Tenneco Belgium : Administrateur Délégué

• Immobel : Président

Entreprise sœur J.I. Case Benelux : Managing Director (1981)

• INSEAD-Fontainebleau : Membre du Conseil Belge

• J.I. Case : General Manager Europe North

• Nieuw Economisch Appel (Centre d’Etudes socio-économique) :

• J.I. Case, International Harvester et Poclain :

Fondateur-Président

Responsable de toutes les activités pour l’Europe du Nord (1986)

• VBO/FEB : Membre du Comité de Direction

• Hansen Transmissions International : Administrateur Délégué (1988)

• Voka-VEV : Administrateur


il fait parler de lui

PASSION

Que prévoit ce plan stratégique ? PAUL BUYSSE : « D’investir là où la croissance économique est en marche. Cela peut sembler évident, je l’admets. Mais quand il faut dire en pleine réunion qu’on a besoin de quelques centaines de millions d’euros pour être présents en Chine … Autre point essentiel : nous ambitionnons une ‘sustainable, profitable growth’, soit ‘une croissance durable et profitable’. Après tout, c’est bien là le moteur de toute entreprise – pas seulement de Bekaert, ou de BTR, ou de Vickers à l’époque. Sans oublier une bonne dose de passion, évidemment, car sans passion, on n’aboutit à rien. Je dois personnellement beaucoup à la passion. Mon souci d’excellence, j’en ai fait ma devise : ‘the passion for excellence’. » Tentez-vous de communiquer cette passion aux autres entrepreneurs ? PAUL BUYSSE : « Je m’efforce en effet de coacher un certain nombre de jeunes entrepreneurs. Nous nous rencontrons une fois par mois, et je leur demande de participer à un jeu de rôles. Je leur apprends à se mettre à la place de leur adversaire, pour comprendre son mode de pensée. C’est passionnant. »

Avez-vous perdu de l’argent du fait de la crise ? PAUL BUYSSE : « Oui, j’ai perdu mes actions Fortis, que j’avais achetées en bon père de famille. » Quelles sont les leçons que doit retirer le secteur financier de la crise que nous venons de connaître ? PAUL BUYSSE : « Certains banquiers ont stimulé la vente de produits tellement complexes qu’ils n’y comprenaient rien eux-mêmes. La réalité semblait s’être retirée du marché.

Discipline

La liste de vos mandats est impressionnante. Puis-je vous demander combien d’heures vous travaillez par semaine ? PAUL BUYSSE : « Je ne peux pas vous donner de chiffre précis. Tout ce que je peux vous dire, c’est que je prends aujourd’hui plus de temps pour moi. Que je suis plus sélectif quand il s’agit d’accepter de nouveaux défis professionnels. J’aime me retrouver avec des amis, ou en famille, avec mes cinq enfants et mes trois petits-enfants. De préférence avec un bon verre de vin. A ce propos, veuillez m’excuser si je fixe si souvent l’écran de mon téléphone : j’attends un appel d’un moment à l’autre, pour m’annoncer que je suis grand-père pour la quatrième fois. Vous le voyez, ma passion ne se limite pas au travail (il rit de bon cœur). » Quelles sont les leçons que la vie vous a apprises et que vous voulez à présent transmettre à vos enfants et à vos petits-enfants ? PAUL BUYSSE : « Je voudrais leur parler de l’importance de fabriquer du bonheur, pour les autres également. Je ne tiens pas seulement à ce qu’ils soient heureux, je veux qu’ils trouvent leur bonheur en rendant les autres heureux. Je souhaite leur apprendre à relativiser, ce qui est aussi très important. Et puis, j’essaie de leur inculquer une certaine forme de responsabilité dans tous les actes qu’ils posent. Toujours cette ‘passion for excellence’ que je voudrais leur transmettre. Tout ce que vous faites, faites-le avec passion. C’est la base de tout, également de la croissance durable et profitable d’une entreprise. La prise de responsabilités cadre bien dans cette recherche constante d’excellence, à mon avis. Je trouve que nous devons avoir honte si nous n’avons pas fait tout ce que nous pouvions pour parvenir à l’excellence. Je suis terriblement exigeant, je le sais. Dans ce sens, je regrette même l’abolition du service militaire obligatoire. Pour moi personnellement, le service militaire a été la meilleure école qui soit pour acquérir une discipline et le sens des responsabilités, sans compromission d’aucune sorte. »

“Sans passion, on n’aboutit à rien. Je dois personnellement beaucoup à la passion.” Pour terminer : Qu’aimeriez-vous encore réaliser à l’avenir? PAUL BUYSSE : « Parallèlement à mes mandats en cours, je réfléchis actuellement à des projets d’ordre culturel. Nous ne manquons pas d’artistes de qualité, de bonne musique … Bref, il y a matière à entreprendre … (Feint l’indignation) Ce serait terrible non, si je ne voulais plus rien entreprendre ? » <<

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Capital

Pour un entrepreneur aussi passionné que vous l’êtes, les contretemps doivent être encore plus durs à accepter. Quels ont été les moments les plus difficiles de votre carrière ? PAUL BUYSSE : « Le pire moment a sans doute été celui de mon départ de chez BTR, lorsque j’ai constaté, impuissant, comment la mauvaise gestion de la nouvelle direction a anéanti une entreprise qui valait 10 milliards de £ sterling. J’ai toujours travaillé avec passion, et BTR fait donc intégralement partie de ma vie. Il m’a été très dur de devoir quitter l’entreprise de cette manière. Plus récemment, en décembre 2008, j’ai aussi connu une période très difficile. Nous en étions au paroxysme de la crise financière et j’ai été touché par une sorte de désespoir – le mot n’est pas trop fort. Je me suis demandé si c’était vraiment la fin du système. En ma qualité de président des censeurs de la Banque Nationale, je me trouvais pourtant aux premières loges, mais même là, nous ne savions pas comment tout cela allait finir. En de tels moments – comme toujours d’ailleurs – un entrepreneur doit prendre conscience de ses responsabilités envers ses salariés. Un collaborateur de Bekaert, qui avait déjà perdu toutes ses économies dans la débâcle de Lernout & Hauspie, m’a pris à partie : « Il ne va rien arriver à Bekaert, n’est-ce-pas Monsieur Buysse ? » Toutes ces familles, tous ces rêves d’avenir qui dépendent en de tels moments de décisions que vous prenez, en tant que chef d’entreprise … »

En même temps, nous nous trouvions avant la crise dans une période de forte conjoncture. Il régnait une certaine euphorie et tout le monde – les clients également – était en quête de gains toujours plus importants. Je pense sincèrement qu’un meilleur contrôle du secteur portera ses fruits; pensez par exemple aux normes de Bâle qui imposent aux banques certaines règles minimum pour limiter les risques. »


Qui bénéficie de mon Assurance-vie ? — Choisissez le bénéficiaire de votre capital décès.

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A la signature d’un contrat d’assurance-vie, la clause bénéficiaire est souvent négligée et l’on opte généralement pour des bénéficiaires déclinés ‘en cascade’. Le premier bénéficiaire est dans ce cas le conjoint du preneur d’assurance. En son absence, les enfants du preneur d’assurance seront les bénéficiaires. Lorsqu’il n’y a pas d’enfant(s), les bénéficiaires sont les héritiers légaux du preneur d’assurance. Mais une solution standard convient-elle vraiment pour tous ? Voici quelques conseils qui devraient vous permettre de déterminer à qui ira votre capital décès. thomas weyts


analyse

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Capital


D

e nombreux citoyens fortunés auraient intérêt – fiscalement parlant – à ne pas attribuer entièrement le capital décès au conjoint, mais à impliquer de prime abord les enfants. Les bénéficiaires sont alors plus nombreux, ce qui limite d’autant la progressivité des droits de succession (plus le montant est élevé, plus l’impôt exprimé en pourcentage pèse lourd). Cela permet en outre d’éviter la double imposition du capital attribué aux enfants (une première fois au décès du premier parent, une seconde fois au décès du parent dernier vivant).

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Dans le cas d’une famille recomposée, il convient également de prendre garde à une clause standard, qui ne bénéficierait qu’au (nouveau) conjoint. Cela risque en effet de causer bien des soucis. Lors du décès ultérieur du nouveau conjoint, le capital risque d’aller – totalement ou en partie – à ses propres enfants. De ce fait, les enfants nés du premier mariage n’auraient aucun droit sur le capital.

Pour éviter de telles discussions, vous pouvez opter pour une désignation commune du conjoint et des enfants comme bénéficiaires. L’Article 110 de la Loi sur le Contrat d’Assurance Terrestre stipule en effet que la prestation d’assurance revient dans ce cas pour moitié au conjoint survivant et pour moitié aux enfants, sauf stipulation contraire. Il n’est donc pas question de scission successorale en usufruit pour le conjoint et en nue-propriété pour les enfants, sauf si la chose est stipulée dans la clause bénéficiaire. Malgré tout, cette dernière solution n’est pas sûre à 100%. La loi ne précise pas explicitement le déroulement du partage au cas où – dans l’intervalle entre la signature de la police et le décès du preneur d’assurance/assuré -, le conjoint venait à manquer (décès ou divorce) ou un ou plusieurs enfants venaient à décéder. Pour éviter toute discussion, nous vous conseillons donc de reprendre ce point de manière explicite dans une clause.

un exemple Un preneur d’assurances laisse un conjoint et trois enfants Bénéficiaires : ‘le conjoint et les enfants du preneur d’assurance’ - Le conjoint : 1/2 en pleine propriété - Les trois enfants : chacun pour 1/6 en pleine propriété

Bénéficiaires : ‘les héritiers légaux du preneur d’assurance, à titre personnel’ - Le conjoint : 1/4 en pleine propriété - Les trois enfants : chacun pour 1/4 en pleine propriété

Les cohabitants et l’assurance-vie

Quid si vous n’êtes pas mariés, mais que vous êtes des cohabitants légaux ? En ce qui concerne l’impôt des personnes physiques, les cohabitants légaux sont depuis 2004 traités sur le même pied que les époux. Chaque article du Code des Impôts sur les Revenus 1992 (CIR 1992) mentionnant le mot ‘marié’, vise donc également le cohabitant légal. Cette mesure ne peut néanmoins être étendue aux assurances. Sauf mention contraire explicite, à rang égal, tous les bénéficiaires ont donc droit à une partie égale du capital décès. Dans le cas d’un couple cohabitant avec trois enfants, la prestation d’assurance est donc attribuée aux trois enfants pour un quart chacun, et pour une part au cohabitant survivant. Ce dernier n’a donc pas droit à la moitié, comme c’est le cas des couples mariés (à l’Article 110 précité). Que se passe-t-il si vous n’êtes pas des cohabitants légaux, mais bien de fait ? Les cohabitants de fait n’héritent pas automatiquement de leur partenaire à l’instar des cohabitants légaux, pour lesquels c’est le cas depuis le 18 mai 2007. Depuis lors, et sans qu’ils aient à le prévoir par testament, les cohabitants légaux héritent de toute manière de l’usufruit de l’habitation commune et ses meublants. Ce n’est pas vrai pour les cohabitants de fait. Contrairement à ces derniers, les cohabitants légaux sont devenus des ‘héritiers légaux’, ce qui leur donne droit à une partie du capital décès, à condition bien sûr que ‘les héritiers légaux’ aient été désignés comme bénéficiaires. Lors du partage du capital décès, chaque héritier légal a droit à une part égale du capital, sauf si la police stipule un autre partage. Notez qu’un bénéficiaire légal héritant par testament de la ‘quotité disponible’, n’a pas droit à une plus grosse part du capital décès de la police d’assurance. Les différents modes de partage

Bénéficiaire : ‘la succession du preneur d’assurance’ - Le conjoint : tout le capital décès en usufruit - Les enfants : chacun pour 1/3 en nue-propriété

Lorsqu’une clause bénéficiaire désigne ‘les héritiers légaux du preneur d’assurance, à titre personnel’, chaque héritier légal a droit à une part égale du


analyse

capital décès, sauf stipulation contraire. En droit civil, le capital décès ne tombera pas dans la succession de la personne décédée. Les héritiers légaux ne recevront pas leur part en qualité d’héritiers, mais bien en qualité de bénéficiaires d’une clause ‘au bénéfice de tiers’. Le partage du capital décès se déroule différemment lorsque ‘la succession du preneur d’assurance’ a été désignée comme bénéficiaire. Dans ce cas, le capital décès tombe dans la succession et le partage se fait en vertu des règles du droit successoral, sauf disposition contraire. Chaque héritier a droit à la prestation assurée à hauteur de ses droits à la succession, selon les règles de la Succession légale, si besoin corrigées par des dispositions testamentaires.

Eviter toute discussion

Un bon conseil pour éviter les discussions : optez pour une désignation générique des bénéficiaires. De quoi s’agit-il exactement ? Les bénéficiaires d’une police peuvent être désignés aussi bien nominativement (par exemple ‘Virginie Stellamans’), qu’en optant pour une formulation générique (par ex. ‘le conjoint du preneur d’assurance’). Des clauses ambigües du type ‘la conjointe du preneur d’assurance, Virginie Stellamans’ sont tabou.

Un conjoint désigné comme (premier) bénéficiaire, perd en principe ses droits en cas de divorce. C’est également le cas lorsqu’il/elle est désigné(e) nominativement, sauf accord contraire ou police conclue avant mariage. En cas de remariage, le nouveau conjoint devient automatiquement le nouveau bénéficiaire, à condition que le conjoint soit désigné comme bénéficiaire en utilisant une formulation générique.

“Un bon conseil pour éviter les discussions : optez pour une désignation générique des bénéficiaires.”

Que se passe-t-il lorsqu’un bénéficiaire décède avant l’exigibilité de la prestation d’assurance ? Dans ce cas, la prestation revient en principe au preneur d’assurance ou à sa succession, même si le bénéficiaire avait accepté. Un preneur d’assurance peut néanmoins désigner subsidiairement un autre bénéficiaire. Il faut savoir que dans ce cas, la prestation ne tombera pas dans la succession du bénéficiaire. Autres droits du preneur d’assurance

Le preneur d’assurance a par ailleurs un certain nombre d’autres droits, tous strictement personnels, et propres au(x) preneur(s) d’assurance. Le droit de révocation est par exemple un de

ces droits exclusifs. La révocation est possible tant que le bénéfice n’a pas été accepté par le bénéficiaire désigné et ce, jusqu’au moment où les prestations assurées sont exigibles. Lorsqu’un preneur d’assurance a par exemple désigné son conjoint comme bénéficiaire, ce bénéfice peut toujours être révoqué, même si le conjoint a déjà accepté le bénéfice ! Autre droit en principe réservé au preneur d’assurance : le droit de rachat. Il s’agit d’un droit personnel qu’il ne peut pourtant plus exercer après acceptation du bénéficiaire, sauf avec l’accord du bénéficiaire désigné. Le rachat est la résiliation du contrat d’assurance, avec recouvrement anticipé du capital de son vivant et/ou remboursement du solde des versements anticipés (pour une Assurance décès). Le droit de réduction (soit la cessation de paiement des primes), le droit d’avance sur police (une révocation partielle du bénéfice) et le droit de mise en gage de la police sont d’autres droits personnels et exclusifs du preneur d’assurance. Les droits du bénéficiaire

Le bénéficiaire a également des droits. Il (ou elle) a en effet droit ‘au bénéfice’ et donc à l’acceptation ou au refus du bénéfice. Le bénéficiaire peut accepter le bénéfice avant même l’événement assuré (dans ce cas précis, le décès du preneur d’assurance). S’il s’agit bien là d’un droit exclusif du bénéficiaire, ce n’est en aucun cas un droit autonome. En effet, l’acceptation requiert aussi l’accord formel du preneur d’assurance. L’acceptation doit se faire par le biais d’une annexe à la police, signée par le preneur d’assurance, le bénéficiaire et l’assureur. La principale conséquence de l’acceptation, est que la désignation du bénéficiaire est irrévocable, sauf accord du bénéficiaire. Le preneur d’assurance ne peut plus exercer ses autres droits sur la police (rachat, cession des droits …) sans l’accord du bénéficiaire. Le montant de l’acceptation du bénéfice est utile dans le cadre d’un transfert de patrimoine et d’une planification successorale. <<

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Capital

Pour éclairer la question, prenons l’exemple d’un litige porté devant le tribunal de Tournai. Une dame avait désigné ses ‘héritiers légaux à titre personnel’. A son décès, un seul de ses enfants était encore en vie. Son autre enfant, prédécédé, avait lui-même trois enfants. Le tribunal a jugé que l’enfant vivant et les trois enfants de l’enfant prédécédé avaient chacun droit à un quart du capital décès. L’enfant toujours en vie et les trois enfants de l’enfant prédécédé sont en effet tous des ‘héritiers légaux’ (l’enfant encore en vie ‘directement’, et les trois petits-enfants par le biais d’une ‘représentation’). Si ‘les enfants’ ou ‘la succession’ avaient été désignés comme bénéficiaires, l’enfant toujours en vie aurait reçu la moitié du capital et les trois enfants de l’enfant prédécédé se seraient partagé l’autre moitié.

En principe, il vaut mieux opter pour l’indication générique, qui entraîne moins de discussions et de surprises. (En effet, un enfant peut décéder, ou un nouvel enfant peut arriver). L’identification des bénéficiaires génériques s’opère en effet au moment où la police arrive à échéance (par exemple du fait du décès de l’assuré), et non pas au moment de sa signature. L’avantage d’une désignation générique du conjoint bénéficiaire, c’est que non seulement les ex-conjoints perdent automatiquement leur qualité de bénéficiaire, mais aussi qu’en cas de remariage, le nouveau conjoint devient automatiquement le nouveau bénéficiaire.


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Jan Briers, le moteur du ‘Festival de Flandre’

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1

“Je tiens à ce que

la culture soit plus proche du public”


REPORTAGE

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Capital

Jan Briers était encore tout petit lorsqu’il a remis un bouquet de fleurs à la reine Elisabeth à l’occasion de la toute première édition du ‘Festival de Flandre’. Aujourd’hui, il est le directeur de ce festival, qui est devenu – en partie grâce à lui – l’un des festivals de musique classique qui comptent le plus dans le monde, une réussite calquée sur celle de certaines entreprises. « Il y a dix ans, nombreux étaient ceux qui estimaient que le Festival était vieux jeu. Grâce au ‘modèle Procter & Gamble’ il est aujourd’hui tout à fait branché et dans l’air du temps. » Jan Stevens / Photos : lieven dirckx


L

e bureau de Jan Briers, administrateur délégué du ‘Festival de Flandre’, est situé au premier étage du très beau Château de Borluut, dans la banlieue verte de Gand. « Dans les années ‘80, le château avait été annexé par le service d’Animation Culturelle de la ville de Gand », commente-t-il. « Ce service, qui comprenait un directeur et six collaboratrices, se trouvait à l’écart de tous. Ils avaient transformé les lieux en un véritable Eden. Jusqu’au moment où un échevin en eut assez et somma le directeur d’aller s’installer en ville. Ce qui ne plut pas du tout à ce dernier, qui fit ses valises et partit pour l’Amérique du sud. Le collège des échevins fit alors restaurer le château, afin d’y recevoir des hôtes étrangers de marque. Après la parution d’un article intitulé : ‘Borluut : lieu de délices pour les échevins’, le collège abandonna son projet. C’est à ce moment que j’ai proposé de louer une partie du château au ‘Festival de Flandre’. Ma proposition a été acceptée avec enthousiasme. »

dans la salle du trône de l’hôtel de ville de Gand. La réussite a été immédiate. J’ai été chargé de remettre un bouquet de fleurs à la reine Elizabeth, venue assister au concert inaugural. J’ai toujours une photo de l’événement : j’étais affublé d’une barboteuse et d’un chandail aux manches bouffantes. Quant à la reine, elle portait un immense chapeau orné de fleurs. (rires) » Jan Briers senior était un homme aux multiples talents. Il n’était pas seulement l’âme du ‘Festival de Flandre’ et le directeur de Radio 2, il était aussi professeur en sciences de la communication des universités de Gand et de Bruxelles. « Mon père avait lancé le journal régional à la radio », commente Briers junior. « J’estime qu’il s’agit là de son principal fait d’armes. Le Conseil d’Administration de l’ex-BRT n’appréciait pas du tout son idée, ce qui le rendait furibond. Il est parti en claquant la porte et il est devenu professeur

La loge

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En 1985, Jan Briers devient le directeur du ‘Festival de Flandre’. Il succède ainsi à son père, Jan Briers senior, âgé à l’époque de 65 ans et qui prend sa retraite. « Je travaillais déjà pour le Festival depuis un bon moment. Après mes études (Presse & Communication), j’avais d’abord travaillé pour la Loterie Nationale. Après un an, mon père m’a confié : « J’arrête le ‘Festival de Flandre’. » Il était dépassé par ce qui avait commencé comme un passe-temps. « Sauf si tu me rejoins », a-t-il tout de même ajouté. « Auquel cas, je continuerai encore quelque temps ». Je ne pouvais pas refuser une telle proposition. Tout le monde n’a évidemment pas apprécié le fait que mon père m’introduise au Festival. Pourtant, il ne m’a pas aidé lors de ma nomination au poste de directeur en 1985, ce en quoi il a eu parfaitement raison. D’aucuns se sont même demandé : « Jan Briers senior veut-il vraiment que son fils lui succède ? » Lorsque le conseil d’administration a été appelé à prendre une décision à propos de ma nomination, un membre de la Loge a même appelé le président du conseil : « Vous n’allez tout de même pas nommer Briers junior ? » Les francs-maçons estimaient qu’il était grand temps de parachuter des membres de la loge au Festival. Cela m’a sérieusement interpellé. »

“Notre principal combat consiste à pallier au manque de temps des gens aujourd’hui, tellement pris par leur travail.” à temps plein. Il faut dire que mon papa n’était pas un homme facile. Il estimait que les jeunes devaient étudier, un point c’est tout. Nous n’étions pas autorisés à avoir un passe-temps, ni à suivre des cours de musique. Nous habitions à l’époque Watersportbaan à Gand, où il y avait une société d’aviron. Je m’y entraînais en cachette. Le ‘huit’ du club participait aux championnats de Belgique. Il leur manquait un rameur et ils m’ont demandé si je voulais les rejoindre. Le même soir, mes parents m’ont vu à la télé, et à ma grande surprise, ils ont été très fiers de moi. » Procter & Gamble

“Le ‘Festival de Flandre’ a vu le jour avec une partie des bénéfices de l’Expo ‘58.” Les bénéfices de l’Exposition Universelle

Jan Briers senior fonde le ‘Festival de Flandre’ en 1958. « Mon père a démarré avec une partie des bénéfices de l’Expo ‘58. Les gains avaient été redistribués aux provinces, à charge pour elles de les consacrer à la culture. La province de Flandre orientale avait confié cette tâche à mon père, alors directeur de Radio 2. La première année, il a organisé une série de concerts de musique classique

Tout nouveau directeur du ‘Festival de Flandre’, Jan Briers a hérité d’une organisation très lourde, lente et coûteuse. « Le Festival était né dans le contexte d’une chaîne publique et les collaborateurs avaient donc le statut propre à l’ex-BRT. Cela signifie qu’ils profitaient de tous les avantages dont jouissaient les fonctionnaires de la BRT, notamment les primes (d’habillement et de déjeuner). Chaque heure supplémentaire prestée devait en outre être compensée. J’ai commencé prudemment à restreindre ces avantages, ce qui était indispensable à la survie financière du Festival. Le principal changement a été décidé il y a huit ans. On nous voyait souvent comme une organisation vieux jeu, proposant des concerts classiques très ennuyeux. Je tenais à bousculer cette image et je me suis inspiré pour ce faire du monde de l’entreprise : si tout le monde connaît Procter & Gamble, une entreprise qui jouit d’une excellente réputation, peu de gens savent que P&G est la maison-mère de labels aussi forts que Pampers,


REPORTAGE

Duracell et Oil of Olaz. J’ai appliqué le ‘modèle P&G’ au ‘Festival de Flandre’. Le Festival comprend aujourd’hui différents joyaux artistiques et le public les connaît tous, mais séparément. Notre coup d’essai a été le Klarafestival à Bruxelles. » En 2002, un journal a pourtant publié sur toute une page un article remettant en question le droit à l’existence d’un ‘Festival de Flandre Bruxelles’. « Pendant des années, nous avons accueilli à Bruxelles le nec plus ultra du classique pendant tout le mois de septembre. Pendant tout le reste de l’année, il ne s’y passait pas grand chose. Mais ce sont ‘les nôtres’ – ceux qui ont travaillé pour le Festival – qui ont hissé la vie musicale internationale à un niveau inégalé. Le premier d’entre eux a été Gerard Mortier, à la Monnaie, suivi de Frie Leysen, avec le Kunstenfestivaldesarts et de Paul Dujardin, avec Bozar. Pourtant, le ‘Festival de Flandre Bruxelles’ ne dépassait bientôt plus tout le monde et on pouvait à raison se demander si tout cela avait encore un sens ? Il nous fallait donc d’urgence inventer une nouvelle formule. Je suis allé voir le PDG de la VRT à l’époque – Tony Mary. Je lui proposai de faire du ‘Festival de Flandre Bruxelles’ un festival lié à une chaîne : ce serait Klarafestival, sur les ondes (radio) douze heures par jour. L’ancien nom ‘Festival de Flandre’ y serait discrètement accolé, comme une sorte de label de qualité. Il m’a donné son accord et aujourd’hui, Klarafestival est le plus grand festival de musique classique en Belgique. »

OdeGand

OdeGand est une autre nouvelle formule signée Jan Briers. « Nous organisions depuis des années des concerts à Gand, et avec succès. Nous les avons relookés il y a six ans, et ils ont connu depuis un véritable essor. Il faut dire que nous avons eu une idée lumineuse : transporter le public d’une salle de concert à une autre … en bateau. Les spectateurs qui achètent un billet, naviguent gratuitement d’événement en événement, au fil des canaux. » Comment le fidèle public de l’ancien ‘Festival de Flandre’ a-t-il réagi à tous ces changements ? « On m’a reproché depuis le début de ne pas tenir suffisamment compte de l’ancien public, plus traditionnel. Dès mon arrivée à Gand, j’ai aboli le système des abonnements. Ce n’était pas facile, car les abonnés étaient plus de 600 et à première vue, il n’y avait pas de bonne raison de changer quoi que ce soit, bien au contraire. J’estimais pourtant que ces abonnés bloquaient les meilleures places – et même toutes dans les >>

Capital

“Nous avons eu une idée lumineuse : transporter le public d’une salle de concert à une autre … en bateau.”

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petites salles, ce qui ne laissait plus aucune chance au changement. Notre public vieillissait de … 600 ans chaque année. Les gens de trente ou de quarante ans butinent : aujourd’hui ils vont au théâtre, demain ce sera un concert symphonique, la semaine prochaine un spectacle de danse … Ils ne s’intéressent pas seulement au rock, la musique classique n’est pas seule à les séduire … Ils veulent tout vivre, tout de suite. Nous tenons compte de cette tendance avec notre nouveau système d’abonnement : les gens choisissent eux-mêmes cinq spectacles à prix réduit. Cette volte-face n’était pas dénuée de risques : nous perdions 600 abonnés qui découvraient également de nouvelles œuvres, puisque ces soirées faisaient partie de leur abonnement. Nous avons persévéré et j’en suis très content, car aujourd’hui, le ‘Festival de Flandre’ a le meilleur public qui soit. »

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“J’estimais que les abonnés bloquaient les meilleures places. Cela ne laissait plus aucune place pour le changement.”

Notre principal combat

« Ce qui me motive ? Le fait que tant de gens ont de cette façon accès à la musique classique – et en profitent. Je tiens à ce que la culture soit plus proche du public, je veux démocratiser la musique classique. J’ai sans doute hérité cela de mon père. Notre principal combat consiste à pallier au manque de temps des personnes aujourd’hui, tellement prises par leur travail – sans oublier le problème des embouteillages. A Anvers, ‘De Singel’ est en bordure du ring : les spectateurs qui arrivent de province perdent des heures dans les bouchons. A la fin, ils renoncent et ne sortent plus. Mon père a pris une décision sensée en étalant les activités sur un maximum de villes et de communes. Nous en récoltons encore les fruits aujourd’hui. Le ‘Festival de Flandre’ ne fait que croître et prospérer dans quelques 84 villes et communes. Nous apportons la culture aux gens au lieu d’emporter les gens vers la culture. Même dans mon tout petit village – Baaigem – le ‘Festival de Flandre’ organise un concert, auquel assiste la majorité des 550 habitants, car pour eux, il s’agit là de l’événement de l’année. Un de mes voisins me disait il y a quelques jours : « j’ai des billets pour le concert. » « Ah, parfait », lui dis-je. « J’ignorais que la culture vous intéressait ? » « Bof, pas vraiment », me répondit-il. « Mais j’ai une nouvelle copine et je tiens à la montrer. (rires) » << Huaorani territorium (Amazone-Ecuador)


Les 150 ans de Gustav Mahler

REPORTAGE

Né il y a 150 ans, Gustav Mahler tenait la vedette lors du récent KlaraFestival couronné de succès. Claude Blondeel (radio Klara) est totalement fasciné par ce compositeur, qui disait en parlant de lui-même :   « Pour connaître ma musique, il faut connaître ma vie. » Une tentative. Claude Blondeel

2

Optima est le partenaire officiel du klarafestival.

l’homme, sa musique et sa muse

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La plus belle femme de Vienne

Alma, la femme de Mahler ne se porte pas beaucoup mieux à l’époque : dépressive chronique, elle a de gros problèmes d’alcool. A certains égards, Gustav et Alma ont plus de points communs qu’ils ne veulent en convenir. Ils ont été très amoureux l’un de l’autre, et ils ont été heureux pendant un temps. Mais à présent, l’amour qu’ils se portent et leur narcissisme s’opposent et les tourmentent. Alma a beaucoup sacrifié pour Gustav. Elle avait vingt ans de moins, elle venait d’une famille d’artistes et avait acquis de solides notions de composition. Ce n’est qu’aux premières semaines de l’été 1910 que Mahler réalise vraiment à quel point Alma va mal. Adultère et cicatrices

Tous deux sont encore très marqués par la perte de leur fille, Putzi. Mais Gustav réussit à sublimer ce malheur par le biais de la créativité. Il compose toujours et réussit fort bien comme chef >>

Capital

S

igmund Freud se souvenait très bien de Gustav Mahler et de l’été 1910 :  « J’ai eu Mahler en analyse. Il souffrait de terribles obsessions. Nous nous sommes promenés quatre heures durant avant qu’il commence à me raconter sa vie. » L’été 1910 est une époque cruciale dans la vie de Mahler. Son mariage est en pleine crise, ce qui provoque chez lui une grande confusion intérieure. Gustav espère trouver une solution à ce conflit intérieur en s’entretenant avec Freud, mais il n’en est rien. Mahler ne vivra plus bien longtemps.


d’orchestre, tant en Europe qu’en Amérique. Alma a beaucoup plus de mal à se rétablir. Elle a un grand talent de compositrice, mais Gustav l’a poussée à abandonner cette activité. Elle se sent comme ‘gommée’ par le génie de son époux. Finalement, Alma part se reposer dans un sanatorium, où elle rencontre l’architecte Walter Gropius, avec qui elle a une aventure amoureuse qui dure plusieurs mois. Lorsque Mahler l’apprend, il est un homme brisé. La musique, un baume salvateur

Le malheur et la mélancolie tels qu’ils sont décrits par Freud semblent être le leitmotiv de l’existence de Mahler. Enfant déjà, Mahler a la vie dure et le thème de la mort reviendra fréquemment, dans sa vie comme dans son œuvre.  « Pour comprendre ma musique, il faut comprendre ma vie », disait-il. La mère de Gustav Mahler a donné naissance à 14 enfants en 21 ans. Huit d’entre eux ont succombé à la diphtérie et à la scarlatine. Gustav Mahler ressent profondément la souffrance de sa mère, souffrance qu’il exprime dans ses compositions, notamment dans ‘Das Klagende Lied’ et ‘Kindertotenlieder’. Enfant déjà, Gustav est un rêveur, et la musique est pour lui un refuge et un baume. Lorsqu’il passe le difficile examen d’entrée au conservatoire de Vienne, le directeur laisse tomber :  « Herr Mahler, votre fils est un musicien né. » Mais est-ce bien là une bénédiction ?

Une carrière éclair

C’est en tout cas une bénédiction pour sa carrière. En 1888, Mahler est nommé chef d’orchestre à l’Opéra de Budapest, récemment achevé. C’est un fait unique : il n’est après tout qu’un jeune chef d’orchestre, relativement peu connu, juif de surcroît, et ce dans une ville réputée antisémite. C’est donc là que Mahler crée sa première symphonie. Les critiques sont impitoyables. Pourtant, en 1897 il est nommé directeur du Hofoper de Vienne, le poste le plus envié et le plus puissant dans le monde de la musique en Europe. La peur de la mort, source d’inspiration

La mélancolie ne disparaît pas pour autant. Dans la nuit du 24 février 1901, Mahler a failli mourir d’une grave hémorragie intestinale. Il traduira cette angoisse mortelle dans ses ‘Lieder eines fahrenden Gesellen’ et reprendra à diverses reprises le thème de la mort ; c’est comme s’il se nouait une romance fatale entre sa musique et l’inéluctabilité de nos fins dernières. Cette fascination et cette angoisse s’expliquent sans doute par le grand nombre de deuils dans la famille où il a grandi, mais il semblerait qu’il désire aussi inconsciemment faire l’expérience de la mort par lui-même. Pendant tout le printemps et l’été 1901, il est obsédé par le passage du temps et par la menace d’une mort imminente. ‘Des Knaben Wunderhorn’ est composé à cette époque. Gustav et Alma

58 alma schindler

L’hiver arrive, et le 7 novembre 1901, Alma Schindler se rend à une réception donnée par Bertha Zuckerland, la belle-sœur du président français Georges Clemenceau. Au grand étonnement de toute l’assemblée, le directeur du Hofoper, Gustav Mahler, fait lui aussi acte de présence. Mahler n’apprécie pourtant pas du tout les cénacles mondains de Vienne. C’est le coup de foudre, même si Alma lutte contre les sentiments qui l’habitent, compte tenu de son engagement envers un autre compositeur : Alexander von Zemlinsky. Un mois après leur rencontre, Gustav Mahler part pour Berlin, où il doit diriger une représentation de sa quatrième symphonie. Pendant tout le voyage, il écrit chaque jour une lettre d’amour à Alma. La différence d’âge entre eux – dix-neuf ans – lui pose pourtant problème ; il se demande s’il est bon  « d’accorder le printemps à l’automne et de l’obliger à faire l’impasse sur l’été ? » Une fois Mahler rentré à Vienne, tout va très vite. Le 23 décembre, Alma Schindler et Gustav Mahler fêtent leurs fiançailles. Peu après, ils font l’amour pour la première fois. Alma note sans sourciller dans son journal :  « Il m’a fait don de son corps et j’ai laissé faire sa main. Son érection était magnifique. Il m’a entraînée vers le sofa, m’y a déposée avec précaution et a été sur moi d’un bond. Mais au moment où je l’ai senti me pénétrer, toute sa force l’avait quitté. Vaincu, il est retombé de tout son poids sur ma poitrine. Son sentiment de honte était tel qu’il en aurait pleuré  ». Malgré cela, Alma et Gustav se marient le 9 mars 1902. Il est alors âgé de 41 ans et elle a 22 ans. Cette belle femme, adulée, fêtée, habituée aux mondanités, épouse un homme qui n’aime rien tant que la solitude. Chronique d’un mariage raté

Même les gens qui les connaissent à peine se rendent compte qu’ils ne sont pas bien accordés sur certains points. Mahler a


REPORTAGE

L’orchestre philharmonique de Rotterdam et le Collegium Vocale interprètent la deuxième symphonie de Malher

de petite taille, pas de menton, des yeux protubérants…. » Il devient son professeur de musique et quelques semaines plus tard, arrive ce qui doit arriver :  « Je pris sa tête dans mes mains, et notre baiser fût si violent que nos dents s’entrechoquèrent. » D’un autre côté pourtant, elle ne peut s’empêcher de l’humilier.  « Il est si vilain, si petit, et moi si belle, si grande. » Vous l’aurez compris, Gustav Mahler en a lui aussi pris pour son grade.

Vivre avec un génie & l’éclat de rire

Dès le voyage de noces, qui est l’occasion d’une tournée de concerts, Alma a tout compris :  « Il faut que je colle ma vie sur la sienne pour qu’il soit heureux. » Mahler a horreur de perdre du temps et tout son entourage doit se soumettre à sa folie du travail. Pour travailler en paix, il fait construire une petite maison dans le jardin de la ‘Villa Mahler’. Alma se sent ‘réduite à l’état de ménagère’. Le 3 novembre 1902, Alma met au monde sa première fille, Maria Anna. Elle souffre le martyre pendant l’accouchement. Lorsque l’enfant naît enfin, après de terribles douleurs pour Alma, qui a manqué mourir, on apprend à Mahler que l’accouchement s’est fait par le siège. Il éclate de rire :  « Ah, c’est bien mon enfant. Elle présente d’emblée au monde la partie du corps qu’il mérite. » Lorsqu’Alma veut se remettre à composer, il lui répète une fois de plus qu’il n’y a place que pour un compositeur dans leur foyer … Amour et souffrances

Voilà qui fait remonter à la surface des tensions enfouies et qui révèle le caractère particulier d’Alma. A dix-sept ans à peine, celle-ci rencontre le peintre Gustav Klimt, à la barbe négligée et aux longs vêtements qui lui donnent une allure mystérieuse. Alma est bientôt subjuguée par ce  ‘sauvage’ et plusieurs décennies plus tard, elle décrira cette amourette comme son premier grand amour. Trois ans plus tard, elle rencontre le compositeur Alexander von Zemlinsky. Elle note dans son journal :  « Une véritable caricature :

L’Amérique

En 1907, Mahler décide de quitter le Hofoper de Vienne, pas seulement à cause des scandales et des intrigues, mais aussi parce que son œuvre artistique prend de plus en plus d’ampleur. Le coup de pouce final lui est donné par le Metropolitan Opera de New York, en pourparlers avec lui. Mahler choisit New York, et un salaire quatre fois plus élevé que celui qu’il reçoit à Vienne. Mais le sort s’acharne sur lui une fois de plus : leur fille Maria contracte la scarlatine et la coqueluche, elle meurt après d’atroces souffrances à l’aube du 12 juillet. La mort de leur fille éloigne encore plus les deux époux. Alma passe ses journées au lit et boit plus que de raison. Après deux saisons, le couple rentre à Vienne. La fin

Le matin du 20 février 1911, Gustav Mahler se réveille avec de la fièvre et une angine. Alma ne fait ni une ni deux et écrit à Walter Gropius :  « Gustav est très malade. Fais en sorte de rester en forme, et en bonne santé, afin que le jour où nous nous reverrons, le plaisir de notre union et de notre amour soit infini. Je te veux. Ta femme – Alma ». L’agonie de Gustav Mahler dure six longs jours. Pendant que la tempête fait rage au dehors et que la pluie est si forte qu’il semblerait que le déluge soit proche, ses râles sont de plus en plus faibles. Le18 mai 1911, peu après vingt-trois heures, Gustav Mahler rend son dernier soupir. <<

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Capital

pratiquement le double de l’âge d’Alma ; il est juif dans une société antisémite, elle est catholique. L’ambition et le talent de Mahler l’ont aidé à s’élever hors de la classe moyenne méritante. Alma est l’enfant gâtée – mais bien élevée – d’une famille d’artistes tout ce qu’il y a de distingué. Mais Mahler est attiré par les belles chrétiennes talentueuses. Un autre drame en perspective.

HOFOPER-vienne


Nos experts ont choisi pour vous

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les délices

de la vie Le Belge épargne beaucoup sauf lorsqu’il s’agit de ses loisirs. C’est la raison pour laquelle Capital a recueilli des conseils auprès de trois épicuriens pour l’automne. Découvrez ces petites merveilles qui n’attendent plus que vous. Car il faut bien dire que le bien-être – qu’il s’agisse de gastronomie, de voyages ou de culture – vaut aussi son pesant d’or !


Loisirs

gastronomie LES CONSEILS DE PETER GOOSSENS, HOF VAN CLEVE

Meilleur chef au féminin

La Maison Pic à Valence

Un couvent étoilé

Restaurant/Hôtel De Librije (Zwolle)

En 2007, Anne-Sophie Pic était élue ‘Chef de l’Année’ par les 8000 chefs du Guide Michelin. Elle est par ailleurs la seule chef française

Le restaurant (3 étoiles au Michelin) a pour cadre

à compter 3 étoiles au Michelin, ce qu’elle doit sans doute à sa touche

la bibliothèque d’un couvent de Dominicains

perfectionniste et tellement féminine. Pour Anne-Sophie,

datant du 15ème siècle à Zwolle (Pays-Bas). En cuisine, le chef privilégie les légumes

tout est émotion dans la cuisine. Cette année, la ‘Maison Pic’,

du jardin et les produits de fournisseurs locaux. Vous pouvez y réserver une table

l’élégant hôtel cinq étoiles de la famille, fête son 120ème

en cuisine, et vos invités verront à l’œuvre le chef, Jonnie De Boers, pendant que son

anniversaire. Outre le restaurant gastronomique, les luxueuses

épouse Thérèse, oenologue respectée, se charge des vins. Pour un dîner plus privé,

chambres et suites de l’hôtel, la famille gère un bistro, un bar et

vous trouverez refuge au salon, très chic avec ses vitrages gothiques. Vous retrouverez

l’école de cuisine d’Anne-Sophie : ‘Scook’. www.pic-valence.fr

le même souci de pureté et la même passion du beau à l’hôtel Librije (5*), où le service est personnalisé à l’extrême – avec maître d’hôtel à l’anglaise et Bentley classique faisant office de taxi – et où l’hospitalité n’est pas un vain mot. L’Hôtel Librije est situé à deux pas du restaurant, la combinaison idéale ! www.librije.com

Un restaurant renommé, une ambiance ‘clubby’

Au premier abord, Hakkasan respire

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Duke of Berkshire

La boucherie Dierendonck, Sint-Idesbald

l’ambiance d’un club de nuit sexy, avec ses boiseries en chêne, ses sièges en cuir

Keurslagerij Dierendonck (Sint-Idesbald) détient

marron et ses lampions. Mais Hakkasan,

6 médailles d’or et 5 médailles d’argent, qui

c’est bien plus que ça, puisque c’est aussi

lui ont été décernées par un jury européen de

le premier restaurant chinois de Londres

professionnels. Cette boucherie est l’une des rares à toujours choisir ses bêtes sur

doté d’une étoile au Michelin.

pied, dont certaines sont encore élevées dans la ferme familiale dans les polders de

La marque d’eau minérale San Pellegrino classe Hakkasan parmi les

Furnes. Le gibier vient directement du chasseur. Hendrik Dierendonck travaille avec

50 meilleurs restaurants au monde. Le Chef, Tong Chee Hwee, manie

différents ateliers pour les plats préparés, et tout est frais du jour. Vous y trouverez

et allie à merveille les styles modernes et authentiques de la cuisine

également du porc ‘Duke of Berkshire’, une authentique race anglaise, unique et

cantonaise. Hakkasan, c’est aussi ‘fashion meets gastronomy’, bref,

réputée pour son goût exceptionnel. De nombreux chefs renommés apprécient

une expérience qui fera appel à tous vos sens. www.hakkasan.com

particulièrement leur viande très tendre. www.dierendonck.be

Le raffinement d’un atelier-bar

L’Atelier de Joël Robuchon à Paris Dans l’atelier de Joël Robuchon, installez-vous sur l’un des 40 tabourets du très long bar, et jetez un coup d’œil à la cuisine. Vous suivrez ainsi de près les préparations des chefs Eric Lecerf et Philippe Braun. Goûtez des mini-plats façon tapas de luxe et composez votre menu selon vos envies. L’intérieur est tout en raffinement rouge et noir et la carte suit les saisons. Une adresse que connaîtront bientôt tous les amateurs de grande gastronomie ! www.joel-robuchon.com

Capital

Hakkasan à Londres


voyages Conseils de Frieda Ryckaert, styliste et grande voyageuse

Tous dans les arbres !

Le Tree Hotel au nord de la Suède

Tout a commencé par un documentaire – ‘Trädälskaren’ de Jonas Selberg Augustsén, soit une découverte de la signification culturelle et philosophique de l’arbre. Pour les besoins du film, une cabane dans un arbre avait été construite à Harads, tout au nord de la Suède, dans l’une des plus magnifiques régions naturelles du pays. Une fois le film mis en boîte, le couple Britta Jonsson-Kent Lindvall a décidé de proposer cette cabane en location et de développer le concept pour en faire un hôtel. Britta et Kent ont confié le projet à un groupe d’architectes et de designers triés sur le volet. Le concept d’un séjour haut perché acquérait de ce fait une nouvelle dimension. Les noms des chambres sont éloquents : ’Mirrorcube’, ‘UFO’, ‘Blue Cone’. Et on n’a même pas oublié le sauna dans l’arbre ! Le lieu se trouvant à une 62

soixantaine de kilomètres à peine du cercle polaire, on peut y apercevoir l’aurore boréale en hiver, un spectacle unique. On peut y skier (avec ou sans chevaux), partir en balade en traîneau à chiens, découvrir la culture authentique des Nomades Sami … www.treehotel.se

Du bungalow de luxe à l’île privée

Sofitel Luxury Hotels Bora Bora

Sofitel Luxury Hotels propose un nouveau concept de resorts en Polynésie Française : la fusion de Bora Bora Marara Beach Resort et de Bora Bora Motu Private Island. Une collaboration qui permet aux clients de profiter de deux lieux d’exception : les luxueux bungalows du resort en bordure d’une plage de sable blanc et une île privée et préservée, avec une des plus belles lagunes au monde. Deux minutes en bateau suffisent pour emmener les clients qui le désirent admirer le jardin botanique de l’île, très isolé, où ils découvriront un resort romantique à souhait au milieu d’une nature vierge et protégée, des vues magnifiques sur la lagune et des couchers de soleil à couper le souffle. Sofitel Bora Bora Marara Beach & Private Island via www.sofitel.com


Loisirs

Des trains de rêve

Sur les rails avec le Luxury Train Club

Les voyages en train de luxe attirent de plus en plus de voyageurs de par le monde. Le ‘Luxury Train Club’ est une sorte de forum qui regroupe les passagers et les compagnies intéressées par cette formule. Le site web très bien agencé – avec visuel Flickr photostream – propose tous les renseignements portant sur ces trains à destinations lointaines, qui font rêver. Vous y découvrirez des noms aussi mythiques que ‘Pullman Orient Express’ européen, ‘Majestic Imperator’, ‘El Transcantabrico’, ‘The Blue Train’ (Afrique du Sud), ‘Golden Eagle’ (Russie), ‘Palace on Wheels’ (Inde) ou encore ‘The Maharaja’s Express’. Outre l’offre complète des voyages en trains de luxe, vous y découvrirez une formule encore méconnue : le ‘train chartering & private rail cars’. La nouvelle manière de voyager – en groupe ou individuellement – toujours dans le plus grand respect de votre vie privée. www.luxurytrainclub.com

Bienfaisante Tchéquie

ˇ cures à Karlovy Vary et à Mariánské Lázne

Le pays le plus varié d’Afrique

Etonnante Ethiopie

L’Ethiopie offre une surprenante mosaïque de paysages et de cultures. D’aucuns – les connaisseurs – considèrent ce pays comme l’un des plus beaux du continent. Pendant des siècles, Gondar (au nord) a été la capitale des empereurs éthiopiens. On y admire encore aujourd’hui d’importantes forteresses médiévales ainsi que des églises renfermant mainte fresque. D’après les Ethiopiens, la légendaire reine de Shaba aurait vécu à Axum. Vous y découvrirez d’anciens obélisques couverts d’inscriptions ainsi que les églises taillées dans la roche à Lalibela, inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. A ne manquer sous aucun prétexte : début janvier, des milliers de pèlerins célèbrent la fête du Leddet, le noël des chrétiens orthodoxes. Mettez le cap au sud à bord d’un Land Cruiser et traversez la vallée du Grand Rift, une région montagneuse et admirablement verdoyante, pour descendre ensuite sur les savanes de la vallée de l’Omo, où vivent encore aujourd’hui des tribus authentiques telles que les Konso, les Mursi et les Hamar. Vous l’aurez compris : l’Ethiopie est un pays aussi fascinant que varié ! www.winedinetravels.nl/land/rusland-op-niveau

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Capital

Le patrimoine culturel tchèque mérite d’être revalorisé. Si Prague monopolise toute l’attention des amateurs de City Trips, les hauts-lieux historiques et culturels du pays sont toujours méconnus. La renommée dont jouissaient au 19 ème siècle Karlovy Vary – Karlsbad à l’époque – et Mariánské Lázně – ex-Marienbad – leur venait de leurs sources d’eau chaude. Karlovy Vary, à quelque 130 kilomètres à l’ouest de Prague, était le lieu de rendez-vous de personnalités internationales qui venaient y prendre les eaux. Au Grand Hôtel Pupp, qui a servi de décor pour le film de James Bond ’Casino Royale’, on n’a pas de mal à s’imaginer le luxe et la splendeur de ces lieux à la grande époque. Mariánské Lázně, dans le même arrondissement, a un charme fou, avec ses parcs à la taille imposante, ses belles maisons de maître et ses thermes magnifiques. www.pupp.cz


culture Conseils de Claude Blondeel, collaborateur Klara

Le Andy Warhol néerlandais

Exposition ‘Kees van Dongen, La rétrospective vers le succès’

Pour la première fois, l’exposition ‘Kees van Dongen – la rétrospective vers le succès’ réunira environ 80 chef-d’oeuvres du célèbre artiste néerlandais. Kees Van Dongen était tout à la fois un bohémien et un membre de ce qui ne s’appelait pas encore à l’époque la jet-set. De nombreux acteurs, hommes politiques et artistes ont été les invités des fêtes qu’il organisait dans son atelier. Ce qu’a été Andy Warhol dans le New York des sixties, Kees van Dongen l’a été à Paris dans les années ‘20. Femmes aux grands yeux, femmes nues, acrobates, mondaines, amantes … l’exposition offre une sélection unique des portraits hauts en couleurs qui ont fait la renommée mondiale de Van Dongen. Le nu qui a pour modèle sa femme Guus, très osé pour l’époque, les oeuvres expérimentales que lui ont inspiré ses voyages en Espagne, au Maroc et en Egypte, ce sont autant 64

d’œuvres majeures. Il arrivait aussi à van Dongen de prendre des hommes pour modèles, notamment le boxeur Jack Johnson et des musiciens de jazz. Vous découvrirez également à Rotterdam des dessins, des céramiques, des affiches et du matériel photo. Musée Boijmans Van Beuningen jusqu’au 23 janvier 2011. www.boijmans.nl

LE CRÉPUSCULE D’ UNE IDOLE

MICHEL ONFRAY

Cette fois-ci c’est Sigmund Freud qui est la cible du philosophe français Michel Onfray. Dans ‘Le crépuscule d’une idole’, il démontre avec brio que les théories de Freud ne sont qu’une affabulation bien orchestrée, une manière fantaisiste de rapporter des faits. Pourtant, il se souvient comme si c’était hier de son acquisition des ‘Trois essais sur le théorie de la sexualité.’ Livre qu’il a adoré comme les écrits de Marx et de Nietzsche. Mais maintenant il est grand temps pour Onfray de tuer le père (Freud). Selon Onfray, Freud ne guérissait pas, mais il a falsifié des résultats pour dissimuler les échecs de sa méthode analytique. Freud n’était pas un libérateur de la sexualité, bien au contraire, il était un phallocrate misogyne et un homophobe. ‘Le Crépuscule d’une idole’ est un livre passionné et passionnant. www.grasset.fr


Loisirs

Knockin’ on heaven’s door

Wim Delvoye

L’ enfant terrible de la scène artistique belge occupe actuellement le Palais des Beaux-Art de Bruxelless. De Wim Delvoye, vous connaissez sans doute la fameuse machine à caca ‘Cloaca’, les porcs tatoués ou encore les objets d’usage courant aux motifs héraldiques. Aujourd’hui, Wim Delvoye nous présente de monumentales cathédrales métalliques, les torsions elliptiques du Christ en croix, des vitraux obscènes et une tour gothique en acier. Pour Wim Delvoye, grand admirateur de Rubens et de Léonard de Vinci, le religieux fait remonter les choses enfouies à la surface, où elles éclatent au grand jour entre les mains d’un artisan libéré de toute contrainte. L’artiste remet en question l’espace et le temps, les genres, les cultures et la pratique ; il fait cohabiter le spirituel et le trivial, il confronte notre patrimoine artistique et les technologies de pointe. La flèche gothique en acier érigée sur le toit du Palais des Beaux-Arts nargue son homologue qui surplombe l’Hôtel de ville de Bruxelles. Bozar du 20 octobre au 23 janvier. www.bozar.be

L’amour, cette oeuvre d’art

La Bohème de Puccini

Cet émouvant récit mettant en scène de jeunes artistes inspirés se déroule dans la fabuleuse ambiance du Quartier Latin. Après des

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débuts plutôt hésitants à sa création, ‘La Bohème’ de Puccini a connu

scène contemporaine et trépidante. Les scènes légères et badines contrastent avec les moments poignants du récit, culminant dans la fin tragique de Mimi, l’amante du poète Rodolfo. A la Monnaie, du 10 au 31 décembre. www.lamonnaie.be

La noblesse du jazz

Cd-box Duke Ellington Carnegie Hall Concerts 1943 – 1947 Tout jeune déjà, Edward Kennedy Ellington était un gentleman, d’où le surnom que lui ont donné ses camarades de classe : ‘The Duke’. A dix-sept ans, Ellington débute comme musicien professionnel ; il se produira par la suite au fameux Cotton Club. Mais c’est avec son orchestre de jazz ‘Duke Ellington and his Jungle Band’ qu’il se taille une place dans l’histoire de la musique. Ellington veut tenter tous les styles. Il compose et produit des arrangements pour tous les instruments du groupe, comme s’il écrivait pour un orchestre symphonique. Il signe une définition géniale d’un style musical qui couvait déjà depuis tout un temps, à savoir ‘the great black music’. Duke Ellington respire la musique, il vit la musique, il est la musique. Le titre de son autobiographie ‘Music is my mistress’ n’a donc pas de quoi étonner. En 1943, il crée sa suite ‘Black, Brown and Beige’ au Carnegie Hall, temple de la musique classique. Revivez ces moments inoubliables avec ce box comprenant 8 cd (Prestige/Universal Music). www.universalmusic.be

Capital

un succès mondial et est encore aujourd’hui l’une des œuvres du répertoire les plus appréciées. Andreas Homoki signe une mise en


Des services à 360 degrés — Optima peaufine une gamme unique et complète de services bancaires. Optima Financial Planners ne cesse de développer son offre de services. Plus que jamais, notre société vise à proposer à ses clients des solutions à la mesure de leur vie. Pour cela, Optima envisage d’élargir ses activités aux produits bancaires et de placement. Philip de hulsters

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quoi de neuf

L

’intérêt porté par Optima aux services bancaires ne date pas d’hier. C’est d’ailleurs tout à fait logique : de nombreux clients réclament en effet un accompagnement pratique sur base de leur plan financier. Pendant cette phase d’accompagnement, nous recherchons ensemble des solutions concrètes à la mesure de leur situation personnelle. Depuis longtemps, Optima accompagne ses clients en sa qualité de courtier agréé en assurances, en immobilier et en crédits. Grâce à ce portefeuille combiné d’assurances (patrimoines), de solutions immobilières et de crédits, l’offre actuelle d’Optima est polyvalente et assez unique dans l’univers des fournisseurs de services financiers. Mais nous voulons aller encore plus loin dans une offre à la mesure du client. Le passage aux services bancaires est parfaitement complémentaire avec l’actuelle offre d’accompagnement proposée par Optima. Avec des assurances, de l’immobilier, des crédits et des services bancaires et de placement, Optima disposera de quatre solides piliers pour un patrimoine privé stable et durable.

Optima deviendrait-il un banquier ? Non, certainement pas. Soyons clairs: nous restons fidèles à la philosophie qui a toujours été la nôtre. Etablir un plan sur base d’un audit détaillé de la situation financière et fiscale et des attentes de chaque client, telle a été – et est encore – la base nos services. Partant de connaissances approfondies de la situation de chaque client, nous estimons aujourd’hui qu’il existe un potentiel pour des services bancaires et de placement sur mesure. C’est clair : nous n’allons évidemment pas opérer dans l’urgence – surtout lorsqu’il s’agit de la protection durable de votre patrimoine. Chaque étape éventuelle vers un développement de nos services est soigneusement préparée – tant en interne par les spécialistes en la matière, qu’en externe avec les instances régulatrices. Les récents articles de presse traitant de l’offre de reprise d’Ethias Banque et d’autres enrichissements de la gamme Optima ne sont donc qu’une première étape dans un dossier aussi complexe qu’étendu. Nous ne manquerons pas de vous informer en priorité – en votre qualité de client et de relation d’affaires – de chaque progrès réalisé en la matière, et ce par le biais de ce magazine. <<

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Capital

L’offre des services Optima s’articule sur 360° et sur deux niveaux: tout d’abord celui de l’audit et du plan financier, unique en son genre du fait de sa large gamme de services client (revenus, patrimoine, pension et succession), ensuite l’accompagnement pratique (assurances, immobilier, crédits et services bancaires). Bref, une offre extrêmement variée et qui ne connaît pas sa pareille en Belgique.


L’âme d’un

bateau Les frères Staf et Piet Wittevrongel ont mis tout leur cœur et toutes leurs forces à sauver l’Askoy II, le bateau à voile de Jacques Brel. « Mais il s’agit de bien plus que de sauver un bateau », déclare Piet Wittevrongel. « Nous mettons tout en œuvre pour que certains épisodes de la vie de Brel ne soient pas oubliés. » Jan verstraete/ Photos : JONAS ROOSENS


reportage

l’expertise Optima

Prenez une cathédrale, Et offrez-lui quelques mâts, Un beaupré, de vastes cales

24 juillet 1974. Pour Jacques Brel, le grand jour est arrivé. Il part pour un tour du monde en bateau à voile. Sa fille, France, embarque avec lui sur l’Askoy II. Le nouvel amour de sa vie, Maddly Bamy, reste dans la cabine, car l’épouse de Brel – Thérèse Michielsen dite Miche – est sur le quai et fait ses adieux à Jacques. Un an plus tard, Maddly et Jacques Brel, qui souffre d’un cancer aux poumons, s’installent à Hiva Oa, îlot idyllique des Marquises qui a également été le dernier refuge du peintre français Paul Gauguin. Piet Wittevrongel : « La maladie de Jacques l’a poussé à revendre l’Askoy II. Le bateau est ensuite passé par différents propriétaires, dont des trafiquants de drogue. En 1993, le dernier propriétaire du bateau, Lindsay Wright, met le cap sur la Nouvelle-Zélande à bord de l’Askoy II. En juin 1994, une terrible tempête fait échouer le bateau à Baylys Beach. Deux tentatives pour repêcher l’épave échoueront. » L’Askoy II est peu à peu rongé par la rouille et enlisé dans les sables de la côte néozélandaise, et ce jusqu’à l’entrée en scène de Staf et Piet Wittevrongel en 2003. Eux sont bien décidés à sauver l’Askoy II.

Le legs en duo : éviter les droits de succession en faisant un don à une asbl

Le legs en duo est une technique fréquemment utilisée pour combiner un legs fait à une bonne œuvre avec des droits de succession allégés. Le legs en duo doit son nom au fait qu’il existe deux légataires. Vous léguez une partie de votre patrimoine à une personne déterminée (par exemple un ami proche)

Sur les traces de Brel

sans qu’elle ait à payer des droits de succession,

« Une exposition a été organisée 25 ans après la mort de Jacques Brel », se souvient Piet Wittevrongel. « Aucune trace de sa dernière compagne, Maddly Bamy, qui était pourtant toujours à ses côtés lors de mes rencontres avec le chanteur. Je me souviens de la première fois où je lui ai serré la main : elle avait des mains de mannequin. Plus tard, ses mains étaient devenues bien calleuses, après toutes les manœuvres sur un bateau à voile … A l’issue de cette exposition, je ressentais de la colère : je considérais que l’ostracisme qui touchait Maddly était une falsification de l’histoire. Quand on pense à toutes les chansons de Brel qui parlent d’amour ! J’estime que si on veut respecter l’âme et l’esprit de Brel, on doit aussi respecter son ultime amour. C’est à cette époque que m’est venue pour la première fois l’idée de retrouver l’épave de l’Askoy II. » Piet Wittevrongel a entraîné dans sa mission son frère, Staf. Les frères Wittevrongel sont rapidement entrés en contact avec Noel Hilliam du Maritime Dargaville Museum. Noel Hilliam leur apprend que l’Askoy II est en très mauvais état et que toute tentative pour repêcher l’épave ne parviendrait qu’à la détruire entièrement. Mais les deux frères ne sont pas hommes à se laisser décourager. Ils décident d’aller voir par eux-mêmes sur place, à Bayleys Beach et rejoignent la Nouvelle-Zélande après maint détour. En cela, ils suivent les traces de Jacques Brel. Les Iles Marquises, où l’artiste a vécu ses dernières années de bonheur, sont une étape obligée. Piet Wittevrongel : « Nous y avons parlé avec les dernières personnes ayant connu Brel. D’après ces témoignages, Brel l’anticlérical, qui disait bouffer du curé au petit déjeuner, aurait pourtant fait preuve d’un esprit très ouvert. A Hiva Oa, sa meilleure amie était une religieuse : Sœur Rose. Après avoir revendu son bateau, il s’était acheté un petit avion. Un beau jour, Jacques Brel embarqua Sœur Rose dans son avion. Une fois dans les airs il lui dit : « Peut-être que le ciel n’existe pas, mais je vous y aurai tout de même amené. » >>

puisque ceux-ci seront payés par le second légataire. Une partie de votre patrimoine est également léguée à ce second légataire,

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auquel incombe la tâche de payer les droits Capital

de succession sur le premier legs. Ce second légataire est généralement une asbl ou un organisme d’utilité publique, jouissant d’un tarif réduit (voir tableau). L’asbl paiera les droits de succession sur son propre legs au tarif réduit, et sur le legs du premier légataire au taux applicable à l’égard de ce premier légataire.

Quel est le montant des droits de succession ou de donation à payer par une asbl ?

Flandre

Wallonie

Bruxelles

Don de personne physique à asbl

7%

7%

7%

Legs de personne physique à asbl

8,8 %

7%

25 % of 12,5%

>> (suite page 71)


Le dernier amour

Une fois arrivés sur les îles Marquises, les frères Wittevrongel visitent le fort beau musée consacré au chanteur. Et là non plus, aucune photo de Maddly Bamy. Ils découvrent par contre l’avion de Brel, très bien restauré. Les deux frères n’omettent évidemment pas de visiter sa tombe. « Dix ans après sa mort, la pierre tombale a été retirée à la demande de la famille, parce qu’elle était surmontée d’un bas-relief représentant Brel et Maddly. Tout s’est terminé par un procès, que la famille a perdu. La pierre tombale a donc été replacée. Une fois de plus, tant d’injustice me révoltait », avoue Piet Wittevrongel. « On tente sans cesse de taire certains pans de son histoire, ou de détourner les faits. On a par exemple prétendu que Brel aurait été pendant ses dernières années un homme aigri, et que Maddly lui aurait servi d’infirmière, ce qui est faux. Aux Marquises, Brel transforme son avion en taxi au service des habitants des îles voisines, notamment pour les emmener à l’hôpital. Lee Adamson, qui lui avait racheté l’Askoy II, m’a également confié que Jacques Brel était un homme qui profitait de la vie. » Concorde

70

Pour un post-soixante-huitard tel que Piet Wittevrongel, l’œuvre de Brel compose la bande sonore de ses jeunes années. « Jacques Brel, c’était mon père spirituel », dit-il. « Avec mon frère, on a eu le bonheur de le rencontrer à plusieurs reprises lors de ses visites à la voilerie de mon père. Brel venait y passer commande des voiles de l’Askoy II. Pourquoi avait-il opté pour cette voilerie et non pour une autre ? « Parce que tout le monde le lui avait déconseillé », répondait-il, caustique. « On lui avait également déconseillé d’acheter l’Askoy II, bateau trop lourd et trop lent. Mais pour Brel, 24 heures en mer, c’était 24 heures en mer. Pour les gens pressés, il y avait toujours le Concorde. » L’artiste célèbre leur apparut comme un homme discret, avec beaucoup d’humour. Brel était arrivé à la voilerie dans une tenue si débraillée que Staf Wittevrongel n’avait même pas reconnu l’artiste. Il avait cru voir un de ces doux rêveurs désargenté qui tenaient à faire le tour du monde à la voile. « Lorsque mon frère lui a réclamé son adresse, Brel lui répondit : ‘Je suis l’homme que les Flamands voudraient voir mort’. Il faut dire que le morceau ‘Les Flamands’ lui avait valu plus d’un ennemi. »

et trouve 50 000 euros pour la tentative de sauvetage. Il est temps d’ailleurs, car l’Askoy II s’enlise de plus en plus dans des sables mouvants. Fin 2007, Staf repart pour la Nouvelle-Zélande, avec du matériel lourd. Avec l’aide de Noel Hilliam, il veut repêcher l’épave, ce qu’il réussit enfin, après trois tentatives. « Je suis toujours parti du pire scénario », avoue Piet Wittevrongel. « J’ai cru perdre tout mon argent. Pourtant, même si les tentatives avaient échoué, j’aurais tout de même vécu une aventure formidable. J’ai rencontré en chemin tant de gens fantastiques, tant d’enthousiasme aussi. » L’acier du World Trade Center

Mais il avait fallu trois tentatives pour renflouer le bateau et il ne restait plus d’argent dans la caisse pour le transport. Oriental Overseas Countainer Lines consentit à organiser le transport gratuitement. L’Askoy II a été transporté vers le Site Maritime d’Ostende pour y être restauré. « Lorsque le site a fait faillite, l’Askoy s’était échoué une fois de plus », commente Piet Wittevrongel. « Cette fois aussi, l’aide est venue de là où on ne l’attendait pas. Nous avons été contactés par Peter Janssens (Nieuwe Scheldewerven), qui venait de reprendre le chantier naval et qui voyait dans la restauration de l’Askoy II une belle opportunité pour se faire connaître. Enfin, le 8 avril 2008, le jour de l’anniversaire de jacques Brel, les grues Michielsens transportent gratuitement le bateau vers Rupelmonde. » Aujourd’hui Peter Janssens, qui a travaillé comme soudeur sur les chantiers navals, restaure l’Askoy II dès qu’il a une heure de libre. Le lancement du bateau est prévu pour 2012, année du 500ème anniversaire de la naissance de Mercator. Un petit morceau d’acier à l’histoire mouvementée aura en tout cas une place réservée sur le bateau : « j’ai été très triste de lire que

La quille

Après de longues pérégrinations sur les traces de Brel, Staf et Piet arrivent enfin en Nouvelle-Zélande. Un sondage permet de déterminer que le bateau peut être sauvé. « J’y ai d’ailleurs toujours cru », affirme Piet Wittevrongel. « Il est toujours possible de restaurer un bateau. On nous demande souvent pourquoi nous tenons tant à restaurer l’épave de l’Askoy II. Il serait tout de même plus simple de construire une réplique ? Je ne suis pas d’accord. Les marins disent : quand on a la quille, on a l’âme. Et nous avons la quille de l’Askoy II. Avec cette restauration, c’est aussi la véritable histoire de Jacques Brel que je tiens à remettre à l’honneur : sa pensée, son amour de la vie et sa rébellion face à la société, c’est tout cela que je veux transmettre par le biais de ce bateau. »

Le fils de Brel Piet Wittevrongel a rencontré de nombreux personnages singuliers pendant l’aventure du sauvetage de l’Askoy II, qui tous ont joué un rôle dans la vie du chanteur. « Mais la rencontre qui m’a le plus frappé est celle avec son fils, Eric Lehousse, qui vit à Montréal, au Canada », nous confie-t-il. « Eric est le fils de Brel. Sa mère, une Belge, était mariée avec un Canadien lorsqu’elle a eu une aventure avec l’artiste. Eric ressemble à Jacques Brel comme deux gouttes d’eau. Il gère un restaurant belge à Montréal : Le Petit Moulinsart, du nom du château (fictif) des BD de Tintin. Eric a hérité du talent musical de son père. Il chante parfois dans le club en face de son restaurant, où il interprète notamment

De retour en Belgique, les frères Wittevrongel lancent une fondation destinée à récolter des fonds pour repêcher et restaurer l’Askoy II – une entreprise qui échoue. Pourtant, Piet Wittevrongel ne pense nullement à jeter l’éponge. Il puise dans ses économies

‘Fils de’. Un soir où il s’y produisait, Maddly Bamy se trouvait dans la salle. Eric, qui tient à vivre sa vie, ne veut pas entendre parler d’un test ADN qui lui permettrait de faire valoir des droits sur la fortune de Jacques Brel. »


reportage

l’expertise Optima

Le succès du legs en duo s’explique aisément. De nombreuses personnes souhaitant léguer à des frères ou sœurs, de la famille éloignée ou des amis proches, sont abasourdies lorsqu’elles constatent l’importance des droits de succession appliqués dans de tels cas. A Bruxelles et en Wallonie, ces tarifs progressifs peuvent aller jusqu’à 65% entre frères et sœurs, jusqu’à 70% entre oncles, tantes, neveux et nièces, et même jusqu’à 80% dans la catégorie ‘étrangers’ ! Avec un legs en duo (ou encore un ‘legs exempt de droits de succession’), il est possible d’abaisser le montant total de ces droits de succession. Le premier légataire ne reçoit plus la totalité du patrimoine, mais seulement une partie. Comme ce légataire ne doit plus payer de droits de succession, il conserve au final une plus grande part que si le patrimoine tout entier lui avait été

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légué. Tous les héritiers s’en portent donc bien,

Cette technique est surtout intéressante en l’absence d’héritiers directs (qui doivent payer des relatifs proportionnellement moindres – par exemple les conjoints et les petits-enfants). Plus l’héritage est important et plus le degré de piet wittevrongel

parenté est éloigné, plus le montant des droits de succession est élevé, et plus le legs en duo présente donc un avantage financier. Il convient pourtant de prendre garde à ne pas vider (entièrement) de sa substance le legs fait à l’asbl. S’il ne représente aucun avantage pour l’asbl,

les Américains allaient construire un nouveau navire de guerre avec l’acier du World Trade Center. Je ne comprends pas comment ils peuvent recycler les restes d’un bâtiment détruit par la violence pour en faire un navire de guerre, destiné à d’autres actes de violence. J’ai eu énormément de mal à me procurer un petit bout d’acier du bâtiment, et je lui donnerai une place d’honneur sous le gouvernail de l’Askoy II. »

celle-ci n’acceptera pas le legs et le legs en duo n’aura donc aucun sens. Le legs en duo est plus avantageux en Flandre et en Wallonie qu’à Bruxelles. En Flandre, le taux pour les asbl est en effet de 8,8 %, contre 7% en Wallonie. Dans la région de Bruxelles-Capitale, le taux est par contre de 25%, sauf pour les

Entre temps, l’Askoy joue un rôle de plus en plus important dans l’histoire de Jacques Brel. Une nouvelle biographie de l’artiste est attendue sous peu. Cet ouvrage, signé René Seghers, consacrera tout un chapitre à l’Askoy II. <<

legs aux asbl habilitées à recevoir des dons fiscalement déductibles. Celles-ci jouissent d’un taux réduit de 12,5%. Sven Hubrecht

Vous retrouverez tous les renseignements portant sur ce projet et sur les modalités de soutien financier sur www.askoyii.be

Juriste Fiscaliste Optima Financial Planners

Capital

seul le Trésor public y perd.



Le point sur la situation

Des statuts adéquats

du travail sur mesure !

Gaëtane Meurant

T

oute action bien préparée est à moitié réussie. Pour éviter d’avoir à modifier ultérieurement les statuts de votre société en fonction de votre situation personnelle – une procédure lourde et qui engendre des coûts importants – mieux vaut donc consacrer le temps nécessaire à leur rédaction.

début. Ceci peut être réalisé, notamment en y introduisant une clause d’inaliénabilité ou de préemption, qui évite la vente d’actions en dehors du cadre familial, ou encore une clause d’agrément, qui soumet la cession d’actions de l’entreprise à l’accord préalable du conseil d’administration. Autant de mécanismes qui répondent aux souhaits du fondateur de la société.

Des statuts adapté à votre situation ­permettent aussi d’éviter bien des ­déboires le jour où vous décidez de céder ­l’entreprise. De nombreux entrepreneurs souhaitent conserver l’œuvre de toute une vie ‘dans la famille’ le jour où ils cessent leurs activités. La conservation du caractère familial d’une entreprise peut parfaitement être stipulée dans les statuts, et ce dès le

Pour une famille, les statuts ne sont pas seulement utiles lors de la transmission. Dans la gestion quotidienne également, des statuts judicieusement rédigés permettent aux associés (familiaux) de faire entendre leur voix concernant le fonctionnement de l’entreprise. Cela peut sembler évident, mais la loi confère au conseil d’administration ou >>

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Capital Capital

Il n’est pas rare que les statuts soient standardisés lors de la création d’une société. Des statuts rédigés avec soin, à la mesure de votre situation, voilà qui est pourtant tout à votre avantage. Pas seulement lors d’une transmission ou de la gestion quotidienne de la société, mais aussi lorsque vous souhaitez l’utiliser aux fins d’investissement.


aux gérants – et donc pas nécessairement aux associés ou aux actionnaires – les pleins pouvoirs de décision. Il n’est donc pas tenu compte du fonctionnement d’une entreprise familiale où les associés sont souvent désireux de garder un œil sur certaines décisions importantes. Des statuts rédigés sur mesure peuvent ici aussi apporter la solution. Une clause statutaire de limitation des pouvoirs de gestion peut par exemple soumettre certaines décisions de l’organe de gestion à l’approbation des actionnaires. Il est également possible de limiter les pouvoirs de gestion des gérants en réservant à l’assemblée générale la faculté de prendre certaines décisions. Dans le cadre d’une société anonyme, on peut envisager d’introduire une clause de représentation proportionnelle des administrateurs. La société garantit de ce fait une représentation de certains actionnaires minoritaires (familiaux) au sein du conseil d’administration. 74

Ces exemples démontrent qu’il est tout à fait possible de régler correctement par des statuts des questions familiales – souvent délicates – au sein de l’entreprise. Des règles adéquates génèrent souvent une collaboration fructueuse. Faut-il s’étonner que des études révèlent que les sociétés familiales les plus harmonieuses sont aussi souvent les plus rentables ? Que se passe-t-il lorsqu’un chef d’entreprise transmet sa société à son/ses successeur(s) ? Il n’est pas rare que le chef d’entreprise tienne à garder un certain contrôle. Dans ce cas également, des statuts correctement rédigés permettent une application précise : une nomination statutaire en tant que gérant (exclue pour les SA, mais possible pour pratiquement toutes les autres sociétés) lui garantit en principe un mandat irrévocable. Des statuts rédigés avec soin sont aussi déterminants pour les revenus que vous retirerez plus tard de la société et pour le droit de vote que vous conserverez, après avoir fait don des actions sous réserve d’usufruit. Ils peuvent notamment contenir une règle attribuant une grande partie des droits de vote (liés aux actions) à l’usufruitier.

Les statuts peuvent aussi stipuler que les dividendes et les réserves disponibles reviennent en pleine propriété à l’usufruitier. Fiscalité

Des statuts bien formulés sont indispensables pour éviter des discussions avec les autorités fiscales. Un exemple typique nous est donné avec l’entrepreneur ou le titulaire de profession libérale qui choisit de réaliser un investissement immobilier par le biais de la société. Dans ce type de situation, l’administration fiscale refuse souvent la déduction de dépenses liées à des opérations immobilières lorsque les contribuables se montrent imprudents. Les opérations immobilières réalisées par le biais de la société pour faire de belles économies s’avèrent alors beaucoup moins intéressantes que prévu initialement…

“Des statuts rédigés avec soin, à la mesure de votre société, voilà qui est indispensable. Pas seulement pour la gestion quotidienne de votre entreprise, mais aussi lorsque vous souhaitez la transmettre ou investir par le biais de la société.”

Ici aussi, des statuts convenablement conçus sont utiles. Si vous souhaitez effectuer des investissements immobiliers (par exemple l’achat d’un appartement à la côte) par le biais de votre société, vérifiez avant tout que vos statuts vous le permettent. Cela paraît simple, mais ne l’est pas tant que ça. La présence d’une clause de type « la société peut acquérir tous immeubles utiles à la réalisation de son objet social » n’est pas suffisante ! Elle exige en effet l’existence d’un lien de causalité entre l’acquisition de l’immeuble et la réalisation

de l’objet social, ce qui n’est pas le cas dans notre exemple. En guise d’alternative, il est possible d’insérer une clause semblable à celle-ci « la société peut, comme but accessoire, faire des placements dans des biens mobiliers ou immobiliers et peut investir ses moyens. Le placement ou l’investissement de ses moyens peut être financé par des emprunts ». Cette clause institue l’investissement en immobilier comme activité en soi de votre entreprise. Elle vous permettra d’exécuter des opérations immobilières via votre société, sans risque de discussion avec les autorités fiscales. Il est clair que des statuts rédigés avec soin permettent d’améliorer le fonctionnement de votre entreprise et sa transmission. Une certaine prudence et un accompagnement professionnel sont indispensables pour leur rédaction. La précaution est notamment de mise si vous êtes titulaire d’une profession libérale. Certes, vous pouvez étendre l’objet social de votre société afin d’acquérir un bien immobilier, mais sachez que l’exercice d’une profession libérale doit obligatoirement se faire sous la forme d’une société civile, et que certaines professions libérales sont régies par des règles déontologiques strictes, limitant parfois la possibilité d’investissements immobiliers. Il faut donc prendre soin de rédiger une clause prévoyant l’investissement immobilier, tout en maintenant le caractère civil de la société. Cette clause doit par ailleurs se conformer aux prescriptions déontologiques propres à votre profession. Conclusion

Vous l’aurez compris : les statuts de votre société contiennent les principes de base de son organisation et, comme dans tout projet, de bonnes fondations sont souvent la clé de la réussite. Ne vous contentez donc pas de statuts standardisés qui ne tiennent pas compte des particularités liées à votre activité, votre environnement familial ou vos ambitions personnelles en tant qu’entrepreneur ou titulaire de profession libérale. Assurez-vous d’un accompagnement professionnel et prenez le temps de rédiger des statuts. Ce n’est que de cette façon que vous aurez la garantie d’une adéquation entre le bon fonctionnement de votre société et vos objectifs personnels. <<


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Un matador belge à la conquête du monde automobile

“Je ne suis pas d’un caractère facile et je ne fais jamais ce qu’on me demande !”

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VOITURE auto

Le designer belge Luc Donckerwolke a maté le taureau italien Lamborghini. Celui qui considère la Murciélago comme son propre enfant a signé avec la Gallardo des records de vente inégalés. Entre temps, cet homme qui semble fait pour les missions les plus difficiles a quitté Lamborghini pour … Seat, où il veut arriver à associer ‘espagnol’ et ‘passionné’ avec ‘économe’ et ‘écolo’. BART LENAERTS / Photos : Lies De Mol

L

es Belges ne sont pas rares à occuper les postes les plus élevés dans l’univers du design automobile. Pendant que Lowie Vermeersch fait la loi chez Pininfarina à Turin et que Dirk Van Braeckel est l’homme de confiance de Bentley à Crewe, à Barcelone Luc Donckerwolke s’efforce de sortir Seat du rouge et de placer la marque sous le feu des projecteurs. Une mission qui lui prend tellement de temps, qu’il n’en trouve plus à accorder aux interviews. Une audience papale est encore plus facile à obtenir, sauf … si on lui amène l’amour de sa vie : une Lamborghini. Dans ce cas, il range ses crayons, le temps d’une balade au volant de ce taureau sauvage et d’une longue conversation. Nous avons parlé de l’Espagne et de l’Italie, de design et d’automobile, de passion et de pureté. Bref, de tout ce qui fait sa vie.

De longs détours

‘Belge’, c’est ce qui est consigné sur le passeport de Luc Donckerwolke, même s’il est clairement un citoyen du monde. « Fils d’un diplomate des Nations Unies, j’ai grandi en Afrique. J’étais déjà fou de voitures à quatre ans – âge où j’ai découvert les BD de Michel Vaillant, le coureur automobile. Lorsque je suis arrivé en Belgique à dix ans, cela ne m’a pas plu et dès la fin de mes études, j’ai tenu à repartir pour l’Afrique. Il faut dire que j’avais toujours vécu en pleine nature et que je n’étais même pas habitué à porter des chaussures. J’ai pourtant renoncé à cette vie en liberté dès que j’ai découvert le design automobile. Une vie qui coïncide à ce point avec le travail, ce n’est probablement pas très sain. En effet, il ne reste alors rien quand on n’a >>


“Un bon design est simple et se résume en une ou deux lignes.”

plus ce travail. Mais passer des journées entières à faire des choses qui vous ennuient, cela me semble bien pire », affirme-t-il. Luc Donckerwolke a fait ses débuts chez Peugeot. « Hélas, personne n’y était vraiment motivé. Je suis parti avant que cette atmosphère négative ne déteigne sur ce qui était à mes yeux un si beau métier. » Heureusement pour lui, le jeune homme eut bien vite l’occasion d’intégrer le groupe VW (chez Audi), où Dirk Van Braeckel était son supérieur direct. Luc Donckerwolke y a tout de suite eu l’occasion de concevoir une voiture – qui plus est à son propre rythme – ce qui fut pour lui un changement bénéfique. Après la reprise de Skoda par le Groupe VW, les deux Belges partirent pour Prague, où ils travaillèrent jour et nuit à la conception de la Fabia et de l’Octavia. Entreprise couronnée de succès, puisque ces deux modèles ont réussi à remettre sur la carte la souffreteuse Skoda. Alors que Dirk Van Braeckel passait chez Bentley, Luc Donckerwolke revint à Audi, où il ne tarda pas à concevoir une révolutionnaire A2, qui a fait un véritable flop. « C’est dommage, cette voiture était bien trop en avance sur son temps. Aujourd’hui, un véhicule écologique de ce type ferait un tabac. Vous ne réussirez pas à dénicher une A2 d’occasion à un prix serré. » Quelque temps plus tard, le directeur demanda à parler à Luc Donckerwolke – un grand moment de suspense. « Il voulait savoir comment j’envisageais mon avenir, car je ne correspondais pas vraiment à l’esprit du groupe. Je me suis dit que c’était fini pour moi, que je n’avais pas réussi. Mais je me trompais. Ils avaient une

mission en vue pour moi : un pays difficile, des gens malaisés, un projet ardu. Mon directeur ne m’en a pas dit plus ce jour-là, pour ne pas peser sur ma décision. J’ai pensé qu’ils avaient racheté Lada. Ce n’est qu’après avoir dit oui que j’ai appris que j’allais partir dès le lendemain pour Lamborghini. Entre temps, j’étais habitué à vivre entre deux avions. Michel Vaillant et Coca Cola étaient les seules constantes dans ma vie de nomade moderne. » Cinq directeurs

Lamborghini s’avéra une mission passionnante certes, mais aussi très ardue. Il faut dire qu’il y a dix ans, Lamborghini n’était rien, ou seulement un grand nom et un modèle bien trop lourd, qui ne séduisait vraiment que les mauvais garçons et les filles qu’ils promenaient à leur bras. « Au sein du Groupe VW, on m’expédie toujours là où il y a des problèmes, probablement parce que je ne suis pas d’un caractère facile et que je ne fais jamais ce qu’on me demande », reconnaît-il. « Lorsque des lois sont dictées, vous pouvez être assurés que je les transgresserai. Je suis donc l’homme qu’il faut pour dicter la voie à prendre. » La combinaison Lamborghini et Luc Donckerwolke se révéla bientôt un mariage béni des dieux. Les deux partenaires vivent à 300 km/h, ils regorgent de tempérament et ils ne font aucun compromis. « Je suis tombé littéralement amoureux de l’Italie. C’est formidable, la façon de vivre des gens dans ce pays. Après une dispute mémorable, ils n’hésitent pas à aller boire un café ensemble.


VOITURE

En outre, ce sont l’Italie et Lamborghini qui ont fait de moi l’homme que je suis. Et non l’inverse », avoue Luc Donckerwolke avec une étonnante franchise. « Il faut dire que la situation était très particulière. Je considère surtout la Murciélago comme mon bébé. Je me suis battu pour chacune de ses lignes, pour chacun de ses boulons. J’ai même été voir le sellier afin de lui réclamer un nouveau patron. » Cinq ans et deux modèles plus tard, Luc Donckerwolke avait réussi à faire oublier Lamborghini, ‘gloire passée’, pour en faire Lamborghini, ‘le pire cauchemar de Ferrari’. La mauvaise image de la marque avait disparu grâce à une Murciélago extrême, tandis qu’une Gallardo plus accessible garantissait le volume des ventes. « Pendant toute cette époque, aussi difficile que passionnante, j’ai survécu à cinq directeurs. Mais pour être tout à fait honnête, je dois bien avouer que je n’ai jamais travaillé pour Lamborghini. J’ai travaillé pour moi, j’ai mené bien des batailles et j’ai toujours fait ce que j’ai voulu. Après coup, il est heureusement apparu que les choses allaient du bon côté. Car même aujourd’hui, neuf ans après et en pleine période de crise, la Murciélago se vend encore très bien », fait remarquer Luc Donckerwolke, qui songe sans doute au caractère indomptable des Lamborghini, mais aussi au sien … La Gallardo a parallèlement réalisé une véritable performance, puisque le 10 000ème exemplaire a quitté l’usine récemment.

Art ou design ?

Nous rencontrons Luc Donckerwolke à Mont Juïc, avec vue plongeante sur Barcelone. Luc Donckerwolke y observe amoureusement deux de ses créations : la Seat Bocanegra et la Lamborghini Gallardo Superleggera. La plus sportive des petites espagnoles et le plus fougueux des taureaux de Sant’Agata cernent les deux extrêmes de l’énorme portefeuille du groupe VW. Or Luc Donckerwolke est passionné par les extrêmes, notamment ceux des lieux où se déroule l’interview. A Mont Juïc, autour de ce temple de l’art et de la culture et du pavillon olympique de Mies van der Rohe, un circuit automobile était encore en activité au début des années ‘70. Il s’agit en quelque sorte d’une terre sacrée pour Luc Donckerwolke, et ce à plus d’un titre. « L’architecte Mies van der Rohe est l’un de mes héros, de même que Ronny Peterson, qui a signé ici même le meilleur temps qui soit pour un tour de circuit », murmure-t-il tout en laissant filer la Lamborghini à vive allure sur l’asphalte. S’il est évident que Luc Donckerwolke est passionné d’automobile, il sait aussi que le monde a autre chose à offrir : les livres notamment, mais aussi les montres, l’art, et même les chaises, qu’il collectionne avec son épouse, l’artiste Belinda. « J’ai acheté une ‘Chair One’ du designer et artiste Konstantin Grcic. Il m’a écrit par la suite qu’il s’était inspiré pour ce siège de la Lamborghini Murciélago ! Ça, c’est fantastique ! Plus tard, à l’occasion d’un vernissage, il a même accroché au mur un >> 79

Capital

“Comme designer, j’observe de très près les voitures électriques, car leur architecture et leur distribution technique autorisent toutes sortes de nouveautés.”


pare-choc de la Gallardo, comme s’il s’agissait d’une oeuvre d’art. » Et pourtant, Luc Donckerwolke ne va pas jusqu’à se qualifier lui-même d’artiste. « Ce serait faire preuve d’arrogance, car je dois tenir compte de très nombreux paramètres, tant industriels qu’économiques. Un artiste exprime ses émotions. Moi, je n’utilise les émotions et les techniques artistiques que pour résoudre des problèmes ou pour transmettre des idées. Je suis un designer, un point c’est tout. Et qui plus est, un designer automobile. Il arrive que l’on me fasse des propositions dans d’autres secteurs, mais pour moi, le design n’est qu’une façon de canaliser ma passion pour les voitures », affirme celui qui trouve encore le temps de dessiner les Vaillantes – les voitures avec lesquelles Michel Vaillant, le héros de BD de ses jeunes années, file vers de nouvelles aventures. Des larmes 80

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Même si le courant est passé entre Donckerwolke et Lamborghini, l’aventure italienne n’a pas duré très longtemps. Il y a cinq ans en effet, le Groupe VW le sommait de partir au secours de Seat, déficitaire à l’époque. De nouveaux problèmes en perspective. Cela ressemblait pourtant à une promotion, sur le papier s’entend, puisque Luc Donckerwolke quittait un minuscule label niche pour un acteur mondial, dont le studio de design employait près de 100 talents qu’il s’agissait de canaliser. « J’ai pourtant refusé à trois reprises.

Parce que je ne voulais pas quitter Lamborghini, mais surtout parce que j’étais conscient de ne pas avoir l’étoffe d’un bon manager. Je suis un homme d’émotions, je n’ai rien de rationnel et je change d’avis comme de chemise. Ce qui est d’ailleurs indispensable, car dans ce travail, il n’est pas bon d’être trop sûr de soi. Lorsque j’ai fini par partir pour Barcelone avec Melinda, je n’ai pu retenir mes larmes. Je ne voulais pas laisser derrière moi mon équipe, ni mes amis. Mais je les ai chargés de veiller sur Lamborghini », ajoute-t-il tout en caressant le spoiler avant de la Superleggera. C’est à peu près le seul élément de la Lamborghini dessinée par ses successeurs. « C’est beau, n’est-ce-pas ? Très différent de ce que je faisais, mais tout à fait réussi. Et puis, il faut bien que j’accepte qu’ils travaillent d’une autre manière. J’ai malgré tout gardé le contact avec les gars. Je suis flatté qu’ils me demandent sans cesse mon avis, même s’ils se débrouillent fort bien sans moi », fait-il, magnanime. A Barcelone aussi, Luc Donckerwolke doit mettre tout son potentiel dans la balance, car Seat est encore trop jeune pour être une marque forte. Seat ne peut se targuer d’un riche héritage et elle souffre en outre d’une image de marque plutôt confuse. « Heureusement, l’ADN de notre design est réussi. Il faut à présent que nous présentions une gamme forte, pour séduire un marché plus vaste. Je vous le dis : d’ici quatre ans, cette marque aura pris son envol », promet-il.


VOITURE

“Ce n’est qu’en voyant une Hollandaise littéralement tombée de sa chaise à sa vue, que j’ai pleinement appréhendé l’impact émotionnel de la Murciélago.”

Passionné et économe

Du Luc Donckerwolke tout craché : ce soir-là, sur la plage de Barcelone, il prend la pose d’un matador défiant avec son drapeau rouge une Gallardo noire d’ébène – la séduisant et la maîtrisant tout à la fois. De l’humour mêlé de bravoure, c’est tout lui. Car une voiture sur une plage, ce n’est plus accepté, même pas à Barcelone. Surtout quand il s’agit d’une super car qui fait un clin d’œil à l’univers de la tauromachie. La veille, les courses de taureaux ont été interdites par la loi en Catalogne. Malgré cela, Luc Donckerwolke ne croit pas que les bolides seront eux aussi mis hors la loi dans notre société si politiquement correcte. « Ferdinand Porsche disait toujours que la dernière des automobiles, ce sera une voiture de sport. En effet, l’émotion est cruciale. La première fois que j’ai piloté une Murciélago, j’ai fait le plein de nuit. Ce n’est qu’en voyant une Hollandaise littéralement tombée de sa chaise, que j’ai pleinement appréhendé l’impact émotionnel d’une telle voiture. » Il joue de ces émotions chez Seat également, à présent que la marque tient à se profiler comme étant espagnole et passionnée, mais aussi économe et écolo. « Auto Emoción ou Ecomotive ? Comment allier l’eau et le feu ? Si une marque réussit à le faire, ce sera Seat. Nous avons l’image de marque qu’il faut, les meilleurs modules techniques et le bon ADN design. Seat est une marque sportive, mais sur le mode athlétique, sans faire dans l’intimidation. Et je veux que cela se remarque dans nos concepts. Un bon design est simple et se résume en une ou deux lignes. En matière de design,

l’écologie et l’émotion sont donc parfaitement associables. » Luc Donckerwolke sait néanmoins qu’il va falloir revoir nos modes de consommation, et pas seulement en matière de voitures. « Comme designer, j’observe de très près les voitures électriques, car leur architecture et leur distribution technique autorisent toutes sortes de nouveautés. Notre Seat IBE show car vise à démontrer qu’une voiture électrique n’est pas dénuée d’émotions.’ Marquer la rue de son empreinte

A première vue, on pourrait penser que Luc Donckerwolke n’est qu’ambition, mais il n’en est rien. « En ma qualité de directeur du design, il arrive assez souvent que je doive vendre des idées qui ne sont pas les miennes, ce qui ne me plaît pas du tout. Je ne veux pas m’accorder plus d’importance qu’il n’en faut et je ne veux pas être appelé le roi du design. Le design, c’est toute ma vie. Je ne me fais pas payer pour cela. Je ne réclame – un bon – salaire que pour les soucis pratiques qui m’empêchent de faire ce que je fais bien : dessiner des autos. Bon, ce n’est pas la fête tous les jours, mais j’ai tout de même du mal à croire que je joue un rôle si important dans ce secteur. Mon père disait toujours que je devrais soit gagner beaucoup d’argent pour assouvir ma passion, soit trouver un job dans ce secteur. Il avait raison », sourit l’homme qui marquera de plus en plus nettement le monde de son empreinte. C’est écrit : il passera un jour à une bien plus grande marque. Il n’en a peut-être pas l’ambition, mais il a la passion et le talent qu’il faut. <<


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Photos et concept  lieven dirckx assistants du photographe alexander popelier & Gaetan Begerem STYLING lisa lapauw production soetkin borryn coiffure & maquillage Steven raes at touch by dominique avec redken et guerlain mannequins Masako Furuichi & Loïc Masurel @ models office nous remercions en particulier verso antwerpen, Kontrimo Temse et le joailier nys kortrijk


MODE

MASAKO LOIC

Robe noire avec empiècement drapé sur l’épaule BLACK BALLOON, Bottillons noir BOTTEGA VENETA, Stay-up couleur chair FALKE.

Pantalon en laine gris GIORGIO ARMANI by Verso, Chemise à fermeture décorative noir au cou DIOR by Verso, Long manteau gris en laine FILIPPA K, Ceinture cuir noire FREDDY LE CLUB, Chaussettes lignées noir/gris FALKE, Chaussures en cuir noir SHOE THE BEAR.


MASAKO

Chemisier semi transparent avec décorations en cuivre ESSENTIEL, Blouson futuriste en cuir noir MARC PHILIPPE COUDEYRE,

Leggings en cuir noir RODARTE, Chaussures gris foncé à lacets CHI MIHARA, Chaussettes grises à fils scintillants POLDER by A.puur.A., Bijoux Sissi Collection by Pasquale Bruni. Nous remercions le joaillier NYS.


MODE

sharpness is a state of mind

MASAKO

Cache-cœur inspiration japonaise à lignes verticales camel LES COPAINS by Verso, Legging semi transparent plissé noir PATRICIA PEPE, Boucles d’oreilles bronze pendentifs en cuivre BLACK BALLOON, Gros bracelet noir DYRBERG & KERN by Maasmechelen Village, Bottillons noirs BOTTEGA VENETA. LOIC Pull col roulé camel GUCCI, Pantalon brun à carreaux BOSS ORANGE, Écharpe coton camel à carreaux CAFE COSTUME, Gants en cuir noir SUIT, Chaussures en cuir camel SHOE THE BEAR.


a sword

by itself rules nothing. it only comes alive in

skilled hands

MASAKO

Chemisier gris fermeture à nœud au cou TRENESSE, Robe grise HUMANOID, Manteau brun en laine LIU JO, Chaussures taupe à

lacets TOD’S by Verso, Stay-up nacré avec détail dentelle FALKE. LOIC Pantalon costume camel PRADA, Chemise blanche avec gilet gris assorti JIL SANDER by Verso, Ceinture noire, fermeture brune stylist own, Chaussures en toile beige à finition en cuir brun SHOE THE BEAR, Montre en argent CALVIN KLEIN.


if i die

under a skirt, i can still

flirt as a ghost MASAKO

Chemisier en satin vieux-rose PAUL & JOE by Verso, Pantalon rose pâle models’ own, Chaussures taupe à lacets TOD’S, Lourd collier, perles en

bois noires et blanches BLACK BALLOON, Bague et bracelet en argent TWICE AS NICE. LOIC Pull en V noir avec détail au col BOTTEGA VENETA, Pantalon costume camel PRADA, Veste costume avec fil argenté BIKKEMBERGS by Verso, Montre en argent avec écran télé DOLCE & GABBANA, Chaussures en toile beige à finition en cuir brun SHOE THE BEAR.


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MODE

real sharpness

never comes without effort no growth without assistance. no action without reaction, no desire without restraint.

MASAKO

Chemisier semi transparent avec décorations en cuivre ESSENTIEL, Jupe noire, accent blanc aux poches ESCADA by Maasmechelen Village,

Bracelet-montre doré CALVIN KLEIN, Collants noirs en dentelle motif à fleurs FALKE, Bottes noires SCHOLL. LOIC Veste et pantalon velours bordeaux BOSS, Chemise lignée blanc/rouge BOSS, Nœud papillon bordeaux stylist own, Chapeau melon noir stylist own, Gants noir SUIT, Chaussures marron en cuir tressé FLORIS VAN BOMMEL, Bijoux Sissi Collection by Pasquale Bruni. Nous remercions le joaillier NYS et Kontrimo Temse pour l’hélicoptère.


OPINION

Où trouver les

25 milliards ? faire rentrer de l’argent dans les caisses et, évidemment, les hausses d’impôts sont à l’honneur. Si une chose paraît certaine, c’est que la taxation des revenus du travail semble avoir atteint ses limites et imaginer de l’augmenter encore ne semble ni envisageable, ni envisagé. D’autres propositions sont mises sur la table (des négociations), avec au premier plan l’introduction d’un ‘impôt sur la fortune’.

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Cela en étonnera plus d’un, mais les spécialistes de la planification financière ne se préoccupent pas seulement de chiffres. Aussi consacrons-nous dans ce magazine une page à l’opinion d’un collaborateur d’Optima. Dans ce numéro, Guillaume Breyne se demande où l’Etat belge va bien pouvoir trouver les milliards nécessaires à équilibrer le budget.

25 milliards d’euros – c’est ce dont l’Etat belge a besoin pour équilibrer son budget d’ici 2015. Pour ce faire, il est préconisé de faire des économies … mais cela ne suffira certainement pas. Il convient dès lors de

Alors que beaucoup de pays européens (Espagne, Luxembourg et Allemagne notamment) ont ces dernières années supprimé l’impôt sur la fortune de leur package de taxation (les Pays-Bas l’ayant remplacé par une taxation des revenus du patrimoine) et que l’irréductible France poursuit son expérience – contestée – en la matière, il est de plus en plus question d’un tel système en Belgique. L’assouplissement du secret bancaire, la suppression des titres au porteur, l’obligation de déclarer les actions de SA, le tout combiné avec les échanges internationaux de données pourrait permettre la mise en place d’un tel système. Un modèle

L’exemple de nos voisins français nous montre qu’une telle imposition n’est pas toujours opportune. Combien de citoyens fortunés de ce pays n’ont-ils pas préféré l’exode fiscal ? L’exemple du plus connu des chanteurs français (et futur ex-Belge), Johnny Halliday, qui a longtemps hésité entre la Suisse, la Belgique et la France pour y établir sa ‘résidence fiscale’, a provoqué un tollé dans l’hexagone. Un modèle pour les Français, ami intime du président Sarkozy qui plus est, qui quitterait la France pour des raisons fiscales ? Visiblement, le fisc français prend ces derniers temps des mesures importantes pour ramener ses citoyens exilés à la raison, et ce, notamment via le bouclier fiscal (limitant l’imposition à 50% des revenus). Quoi qu’il en soit, en Belgique, la N-VA et le PS, les deux vainqueurs des dernières

élections, ne semblent pas encore sur la même longueur d’onde à ce sujet (entre autres). Le PS est partisan d’une cotisation de solidarité sur les fortunes supérieures à 1,25 € million (excepté l’habitation familiale et le patrimoine professionnel), alors que la N-VA est beaucoup plus floue (mais semble malgré tout contre au vu des débats pré-électoraux). Bart De Wever (N-VA) estime en effet que « les grands patrimoines vont y échapper, car ils font disparaître leur fortune ».

“La taxation des revenus du travail semble avoir atteint ses limites et imaginer de l’augmenter encore n’est ni envisageable, ni envisagé.”

Les revenus du capital

Cet impôt sur la fortune est-il vraiment la seule optique ? Si d’autres possibilités se font jour, c’est la taxation sur les revenus du capital qui semble actuellement tenir la corde, et ce, particulièrement, par l’augmentation du précompte mobilier (actuellement bien souvent limité à 15%). Si les discussions gouvernementales en cours tendent à penser que ce taux pourrait passer à 20 ou 25%, il est tout aussi envisageable que des revenus mobiliers actuellement non taxés, tels que les plus-values sur actions par exemple, le soient à l’avenir. La pression fiscale – déjà très élevée dans notre pays – ne risque pas de diminuer. Espérons que le gouvernement trouve le courage, lors de ‘l’opération 25 milliards’ de balayer devant sa porte et de faire des économies sur ses propres frais. C’est là l’unique moyen d’éviter que l’emploi ne soit davantage mis à mal par une nouvelle augmentation de la pression fiscale. Guillaume breyne Coordinator Audit Center


DRONGEN Mariakerksesteenweg 197 | 9031 Drongen-Gent 09 226 25 01 | info@depuydthaarden.be KNOKKE NatiĂŤnlaan 215 | 8300 Knokke 050 34 24 44 | info@depuydthaarden.be www.depuydthaarden.be


Tout commence par une idée, mais n’aboutit qu’avec un plan. Optima Financial Planners

Plus vos ambitions sont grandes, plus importants sont vos besoins en matière fiscale et de placements. C’est pourquoi Optima prend le temps de vous écouter. Ce n’est que lorsque nous avons compris d’où vous venez et et vers quoi vous vous dirigez que nous pouvons vous proposer un plan sérieux. Un plan qui vous donne une vision claire de tous les aspects de votre situation.

Your future is capital

Nous commençons par étudier comment optimaliser vos revenus et vos moyens disponibles, tout en réfléchissant déjà à la façon de répondre à vos attentes à plus long terme, comme votre pension et votre héritage. Ne demandez pas conseil, exigez un plan. Pour vous, pour aujourd’hui et pour demain.

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