L’innovation redéfinit les secteurs traditionnels, ouvrant de nouvelles perspectives.
VOL. 61 N˚1 PRINTEMPS 2024
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7 Édito
PRINTEMPS 2024 VOL. 61 – N˚1
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9 Dans l’œil du public RÉFLEXION
10 L’engagement social : ma boussole
12 Économie circulaire et génie : un partenariat indissociable
14 La profession du génie à l’épreuve des assistants d’intelligence artificielle (AIA)
PRATIQUE EXEMPLAIRE
16 Conseils d’experts : vaincre sa résistance au changement
20 Prévenir le travail en vase clos
24 Faire briller le génie à la grandeur du Québec
26 Conversation inspirante entre deux femmes de génie
30 Encadrement professionnel
32 Déontologie professionnelle
34 Législation et jurisprudence
36 Assurance responsabilité professionnelle
ACCOMPLIR
42 Entrepreneuriat : à la conquête du monde
50 Toit vert : des congrès aux récoltes
56 Dépôt de brevet : une stratégie essentielle
60 Gestion : comment travailler avec la génération Z
64 Exosquele e : quand le génie révolutionne la santé physique
68 Nouvelle cohorte
VOIR GRAND
71 Ingénieurs
Sans Frontières Québec : mission génie solidaire
86 L’ingénierie au service de la pêche aux crabes
90 Des robots de plus en plus interactifs
92 Bertrand Nepveu : d’ingénieur à technopreneur
98 À votre agenda
38 Avis
3 Printemps 2024
Photo : iStock
50
42
71 92
La revue de l’Ordre des ingénieurs du Québec
La revue PLAN a pour objectif d’informer les membres de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) sur les conditions de pratique de la profession d’ingénieur au Québec ainsi que sur les services o erts par l’Ordre. Elle contribue à l’avancement de la profession et à la protection du public en présentant notamment des études de cas, des entrevues et des projets concrets qui influent sur l’environnement professionnel et la société.
Les opinions exprimées dans PLAN ne sont pas nécessairement celles de l’OIQ. La teneur des textes n’engage que les autrices et les auteurs. Les produits, méthodes et services annoncés sous forme publicitaire dans PLAN ne sont en aucune façon approuvés, recommandés ni garantis par l’OIQ. Le statut des personnes dont il est fait mention dans PLAN était exact au moment de l’entrevue.
DIRECTION
Éditrice : Marie Lefebvre
RÉDACTION
Rédactrice en chef : Sandra Etchenda, réd. a.
Collaboration : Dave Anctil, Andrée-Anne Bégin, Malika Daoud, Flora Dommanget, Me Martine Gervais, Marie-Julie Gravel, ing., Julie Lemieux, ing., Annie Levasseur, ing., Me Patrick Marcoux, Philippe-André Ménard, ing., Daniel Normandin
Rédaction : Emmanuelle Grill, Pascale Guéricolas, Mélanie Larouche, Valérie Levée
Révision linguistique : Marco Chioini et Marie-Andrée L’Allier
Correction d’épreuves : Marco Chioini et Annie Talbot
Image de marque : Catherine Malouin et Chloé Dulude
Conseil, direction artistique et réalisation graphique : Éric Soulier
Impression : Imprimeries Transcontinental inc.
INFORMATION
Fréquence : trimestrielle – Di usion : 75 564
Tirage : 16 600 exemplaires – Disponible sur oiq.qc.ca
Commentaires et suggestions : plan@oiq.qc.ca
Publicité : partenariat@oiq.qc.ca
MEMBRES DU CONSEIL
D’ADMINISTRATION 2023-2024
Présidente : Sophie Larivière-Mantha, ing., MBA
Menelika Bekolo Mekomba, ing., M. Ing., DESSG
Normand Chevalier, ing., M. Ing.
Marco Dubé, ing.
Sandra Gwozdz, ing., FIC
Carole Lamothe, ing.
Béatrice Laporte-Roy, ing.
Jean-Luc Martel, ing., Ph. D.
Nathalie Martel, ing., M. Sc. A., PMP
Christine Mayer, ing., M. Sc. A.
Michel Noël, ing., M. Sc. A., ASC
Michel Paradis, ing., M. Sc.
ADMINISTRATEURS NOMMÉS PAR L’OFFICE DES PROFESSIONS DU QUÉBEC
Joëlle Calce-Lafrenière, Adm. A., MBA
Alain Larocque, CRHA, ASC
Diane Morin, MBA
Catherine Nadeau
1801, avenue McGill College, 6e étage
Montréal (Québec) H3A 2N4
514 845-6141 poste : 1
Envoi de Poste-publications • no 40069191
Dépôt légal ISSN 0032-0536
Droits de reproduction, totale ou partielle, réservés
® Licencié de la marque PLAN, propriété de l’Ordre des ingénieurs du Québec
Contribution environnementale (données du fabricant):
Imprimé sur un papier Enviro Print. En comparaison avec un papier non recyclé, ce choix permet d’épargner
172 arbres, 49 m3 d’eau (513 douches de 10 min),
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INSCRIPTION ANNUELLE ING.
AVANT LE 5 AVRIL 2024
Si, au cours de la dernière année, vous étiez en congé parental, sans emploi, en congé de maladie ou aux études à temps plein, vous pourriez être éligible à un rabais sur la cotisation.
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2024-2025
Présidente
LE GÉNIE COMME MOTEUR DE TRANSFORMATION
Le nouveau PLAN
Je suis ravie de vous présenter la nouvelle édition de la revue PLAN, reflet dynamique de notre communauté et du pouvoir transformateur des ingénieures et des ingénieurs ainsi que de l’Ordre. Au-delà des meilleures pratiques, PLAN perme ra de découvrir les e ets du génie par l’entremise de rencontres surprenantes, d’accomplissements exceptionnels et de réussites collectives qui façonnent l’avenir du Québec. Parmi les nouveautés, des chroniques signées par des personnes de di érents horizons, parfois hors du domaine du génie, qui apportent des perspectives variées sur des enjeux de société liés au génie. Mon souhait est que PLAN me e de l’avant les idées, les avancées et les solutions conçues ici, au Québec.
Le génie québécois, pilier stratégique pour l’avenir du Québec
Au cours de la dernière année, plusieurs annonces importantes ont éclairé la place publique sur le rôle essentiel du génie dans le façonnement du développement économique du Québec et dans la lu e contre les changements climatiques. À preuve, pour concrétiser la transition énergétique, le Québec se tourne vers deux secteurs majeurs où l’ingénierie jouera un rôle prépondérant. Le développement de la filière ba erie au sein d’une zone d’innovation consacrée à la transition énergétique, a irant des entreprises de renom dans ce domaine. Ensuite, Hydro-Québec a déclaré son ambition d’accroître sa production énergétique de 150 TWh à 200 TWh, une démarche importante pour réduire
notre dépendance aux hydrocarbures. L’investissement dans l’automatisation par les entreprises québécoises est crucial pour accroître leur e cacité opérationnelle, réduire leurs coûts et pour qu’elles restent compétitives sur le marché mondial. La modernisation des processus grâce à la robotisation et à l’automatisation des tâches permet d’optimiser la productivité, libérant ainsi des ressources humaines pour des fonctions plus créatives et stratégiques. Cela favorise l’innovation et positionne les entreprises québécoises en tant que leaders dans un environnement commercial mondialisé, tout en contribuant à la croissance économique régionale. À l’horizon 2033, nous anticipons une demande d’intégrer 52 000 nouvelles ingénieures et nouveaux ingénieurs pour répondre aux besoins du marché qui bouillonne actuellement de projets d’envergure. Indubitablement, notre profession se positionne au cœur d’une vision d’avenir pour le Québec. Notre expertise et notre ingéniosité sont des éléments essentiels pour relever les défis actuels et pour bâtir un Québec résilient, novateur et durable.
Mars, Mois national du génie au Canada
Le Mois national du génie est l’occasion de célébrer l’excellence du génie québécois. En vue de ce mois de célébration, l’Ordre a participé à plusieurs reportages qui paraîtront dans des dossiers spéciaux sur le génie dans les quotidiens et médias du Québec. Nous publierons aussi sur nos réseaux sociaux du contenu ciblant les jeunes afin d’éveiller leur curiosité envers notre profession fascinante.
FOCUS
Dans l’œil du public P. 9
Formations sur les grands enjeux de l’ingénierie P. 19
Projections de la main-d’œuvre en génie
P. 23
Faire briller le génie à la grandeur du Québec P. 24
À votre agenda P. 98
7 Printemps 2024
SOPHIE LARIVIÈRE-MANTHA ing., MBA
Photo : Nadia Zheng
RENOUVELLEMENT ANNUEL CPI
AVANT LE 5 AVRIL 2024
Renouvelez votre inscription au registre des CPI chaque année, même si vous vous y êtes inscrit pour la première fois il y a moins d’un an.
Si, au cours de la dernière année, vous étiez en congé parental, sans emploi, en congé de maladie ou aux études à temps plein, vous pourriez être éligible à un rabais sur la cotisation.
Consultez notre site pour tous les détails.
Visitez : bit.ly/profilcpi
2024-2025
DANS L’ŒIL DU PUBLIC
À l’automne 2023, la confiance envers l’Ordre et l’aura positive entourant la profession d’ingénieur ressortent clairement dans l’opinion recueillie auprès de 1 000 Québécoises et Québécois sondés par la firme de recherche CROP.
La Direction des communications.
Évolution de l’opinion à l’égard des ingénieures et des ingénieurs
● % qui ont donné une note de confiance de 7 à 10/10.
Évolution du niveau de confiance envers l’encadrement de la profession
● % qui ont donné une note de confiance de 7 à 10/10.
49 % savent que le titre d’ingénieur est réservé aux personnes détenant un permis de l’Ordre des ingénieurs du Québec.
49 % savent que l’on peut vérifier auprès de l’Ordre si une personne en est membre.
90 % jugent important le rôle joué par les ingénieures et les ingénieurs en matière de développement durable dans le cadre de leurs projets.
89 % recommanderaient à une jeune ou un jeune de choisir la profession d‘ingénieur.
9 Printemps 2024
SONDAGE
87 % 2011 2013 72 % 2014 72 % 2015 78 % 2019 83 % 2017 84 % 2021 87 % 2023 88 % 65 % 2011 47 % 2013 47 % 2014 62 % 2015 63 % 2017 68 % 2019 78 % 2021 80 % 2023
Illustrations : Vectorstock
L’engagement social : ma boussole
Flora Dommanget, étudiante à Polytechnique Montréal, en collaboration avec Sandra Etchenda, réd. a., rédactrice en chef de la revue PLAN.
Flora Dommanget Étudiante en 4e année de génie mécanique à Polytechnique Montréal, Flora Dommanget se distingue par son engagement social. Au fil des 10 dernières années, la jeune femme a été sapeuse-pompière volontaire, bénévole au CHU de Sainte-Justine et vice-présidente externe chez Héka. Depuis mai 2023, l’étudiante est coordonnatrice aux a aires externes de l’Association étudiante de Polytechnique (AEP); elle y gère des dossiers à caractère social et politique pour améliorer les conditions de vie des étudiantes et étudiants.
Étudier en génie au Québec va au-delà de l’acquisition d’une solide formation scientifique et technologique. C’est aussi une voie pour embrasser l’engagement social, quel que soit le domaine qu’on choisit. S’engager socialement o re aux étudiantes et étudiants les outils nécessaires pour exercer leur future profession en ingénierie avec empathie. Pour ma part, l’engagement social est un mode de vie que je cultive depuis mon plus jeune âge.
Je m’appelle Flora Dommanget. Dans ce e chronique, je vous parle de la manière dont j’intègre ma passion pour le génie à mon désir de contribuer à la recherche de solutions pour faire progresser la société.
L’ENGAGEMENT SOCIAL COMME BOUSSOLE
Avant de m’impliquer dans l’association étudiante, je faisais du bénévolat dans des hôpitaux. J’ai également participé à des activités organisées à Poly en faisant du tutorat
et du mentorat. Mon objectif était de transme re mes connaissances pour aider celles et ceux qui en avaient le plus besoin.
En tant que coordonnatrice aux a aires externes de l’AEP, je suis responsable des dossiers à caractère social et politique, ce qui comprend la gestion des contacts avec di érentes associations et organismes. Nous collaborons par exemple avec des associations qui travaillent sur des problèmes comme le logement étudiant abordable et les enjeux liés à l’écologie, notamment auprès de la population étudiante du Québec. Mon rôle est d’entretenir des relations avec ces di érentes entités.
REDÉFINIR « L’INGÉNIERIE SOCIALE »
Un jour, j’ai découvert avec frayeur que le terme social engineering désignait une pratique de manipulation utilisée à des fins malveillantes pour inciter des personnes à transme re des informations sensibles. En français,
on emploie à tort les mots « ingénierie sociale » pour traduire ce e notion. Je souhaite que le terme d’« ingénierie sociale » ne soit plus associé à de la fraude. Pour moi, l’ingénierie sociale est une juste cause, c’est le fait de tenir compte des préoccupations de la société afin de leur trouver des solutions.
Dans le cadre de mes activités avec l’AEP par exemple, lorsque nous discutons de logement abordable, nous faisons de l’ingénierie sociale, dans le bon sens du terme. Actuellement, le projet qui me tient vraiment à cœur est le partenariat que nous avons établi avec l’organisme UTILE (Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant) pour contribuer véritablement à améliorer les conditions de vie des étudiantes et étudiants, d’autant plus que nous traversons une crise du logement au Québec. C’est un projet qui m’a marquée dès le début de mon mandat, et auquel je me suis associée avec enthousiasme ce e année.
Je suis également engagée dans le mouvement « PAS ICI », qui rassemble des étudiantes et étudiants en vue de me re en place un meilleur contrôle des armes devant rendre plus sécuritaire la condition étudiante. C’est en m’impliquant ainsi socialement que je veux exercer ma profession dans un proche avenir.
J’encourage les étudiantes et étudiants à s’impliquer dans des projets pouvant avoir une incidence sociale majeure, en rendant notamment visibles toutes les initiatives auxquelles je prends part au sein de l’AEP. Cela passe principalement par nos réseaux sociaux, où je partage régulièrement mes expériences et discussions sur des projets. Lorsque nous faisons des sorties et organisons des ateliers, je prends également le temps de discuter et d’échanger avec
10 oiq.qc.ca RELÈVE
GÉNIE
EN
Photo : iStock
mes condisciples. Mon objectif est simplement de montrer que c’est possible et totalement compatible avec nos études.
LA DIVERSITÉ EN GÉNIE : UNE ÉVIDENCE
J’ai choisi d’étudier en ingénierie parce que c’était une extension naturelle de ma personnalité. Depuis mon enfance, je suis passionnée par la technologie, en particulier dans le domaine de la santé. Mon engagement social en
tant que jeune sapeuse-pompière en France a renforcé mon intérêt pour le secteur médical.
Souvent, les gens perçoivent l’ingénierie comme une profession masculine, mais je ne partage pas ce e perception. Au contraire, la diversité en génie est pour moi évidente et il faut l’encourager. Je suis ravie d’étudier à Polytechnique Montréal parce que les programmes proposés évoluent vers une approche
environnementale et socialement responsable dans laquelle je me sens totalement à l’aise. Je suis optimiste quant aux changements qui s’opèrent dans le domaine de l’ingénierie, en plus d’être impatiente de contribuer à une ingénierie plus durable et socialement engagée. En définitive, mon parcours est une sorte de synergie entre ma passion pour la technologie, mes aspirations professionnelles et mon engagement social.
4conseils pour s’engager
Si je devais donner quatre conseils aux jeunes de ma génération, je leur dirais :
1 Explorez comment trouver des solutions aux problèmes sociaux. Vous pouvez participer à des comités et des projets au sein de votre école ou faculté de génie.
2Soyez des adeptes de l’organisation. Jongler entre les études, l’engagement social et les responsabilités personnelles demande une certaine structure.
3 Prenez du temps pour vous. Il est important de prendre soin de sa santé mentale. Trouver un équilibre n’est pas facile, car on a souvent envie de s’investir dans de nombreuses choses. Il est donc essentiel de prioriser et de choisir ce que l’on veut vraiment accomplir.
4Ayez des orientations claires. Même avec de la volonté, on ne peut pas toujours tout réaliser.
11 Printemps 2024 RÉFLEXION
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Économie circulaire et génie : un partenariat indissociable
Daniel Normandin Biologiste et gestionnaire de formation, Daniel Normandin est un pionnier de l’économie circulaire au Canada. Cofondateur du Centre d’études et de recherches intersectorielles en économie circulaire (CERIEC), une unité de recherche de l’École de technologie supérieure, il en assure la direction générale.
Annie Levasseur Ingénieure et professeure à l’École de technologie supérieure, Annie Levasseur est directrice scientifique du Centre d’études et de recherches intersectorielles en économie circulaire (CERIEC). Son expertise porte principalement sur l’évaluation des impacts des activités humaines sur l’environnement.
Inconnue en Amérique du Nord il y a à peine 10 ans, l’économie circulaire est maintenant de plus en plus prisée par les gouvernements et des universitaires, et représente une source grandissante de possibilités pour les entreprises.
Il n’existe pas encore de définition consensuelle de l’économie circulaire. Une requête sur les moteurs de recherche aboutira à une centaine de définitions. Elles ont toutefois un élément en commun, soit le découplage entre l’activité économique, le recours aux ressources vierges et les impacts sur l’environnement. Au Québec, le Pôle québécois de concertation sur l’économie circulaire, un regroupement volontaire multi-
partite sous le leadership de l’Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire (EDDEC) du campus de l’Université de Montréal, a proposé en 2015 la définition suivante de l’économie circulaire : « Un système de production, d’échange et de consommation visant à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service, dans une logique circulaire, tout en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des individus et des collectivités. »
La représentation schématique ci-contre illustre les diverses stratégies qui composent l’économie circulaire. Ce e dernière est la
résultante de la mise en œuvre systémique de l’ensemble de ces stratégies sur un territoire.
Pour aider à voir clair dans la pléthore de définitions, I’Organisation internationale de normalisation (ISO) élabore depuis quelques années un ensemble de normes (série ISO 59000), lesquelles devraient être publiées en 2024. Au-delà de la terminologie, les normes s’a aqueront, entre autres, à la mesure et à la performance de la circularité.
Considérée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement comme un pilier de l’action pour le climat et la préservation de la biodiversité, l’économie circulaire est vouée à prendre rapidement de l’importance au fil des années à venir, car, faut-il le rappeler, le modèle actuel d’économie linéaire (extraire, produire, consommer, jeter) n’est pas soutenable. Ainsi, annuellement, plus de 100 milliards de tonnes de ressources naturelles sont injectées dans l’économie mondiale pour répondre à une demande en forte croissance. Sur ce e quantité astronomique de ressources, seulement 7,2 % retournent dans l’économie après un premier cycle. Dans ce contexte, il faut donc extraire de plus en plus de ressources vierges à grands coups d’impacts sur l’environnement pour répondre à la demande. Aussi, comme près de 50 % des émissions de gaz à e et de serre émanent de l’extraction des ressources et de leur transformation, la circularisation de l’économie devient un passage obligé dans notre lu e contre les changements climatiques.
ET LE RÔLE DU GÉNIE DANS TOUT ÇA ?
Les ingénieures et les ingénieurs occupent une position clé dans la transition vers l’économie circulaire. Tout d’abord, les personnes
12 oiq.qc.ca
Photos : CERIEC
Daniel Normandin, biologiste, M. Sc., MBA, et Annie Levasseur, ing., Ph. D.
Ressources
Principe de la boucle de l’économie circulaire Produits
Composants
1
REPENSER
POUR RÉDUIRE
LA CONSOMMATION DE RESSOURCES ET PRÉSERVER LES ÉCOSYSTÈMES
● Écoconception
● Consommation et approvisionnement responsables
● Optimisation des opérations
EXTRACTION TRANSFORMATION
DISTRIBUTION UTILISATION
2 OPTIMISER *
2.1 UTILISER
LES PRODUITS PLUS FRÉQUEMMENT
● Économie collaborative
● Location à court terme
exerçant l’ingénierie participent à la conception favorisant la circularité des produits. Ces derniers doivent, entre autres, contenir le moins de matière possible pour remplir leurs fonctions ; ils doivent être durables, réparables, et leurs composantes, réutilisables et/ou recyclables. L’élaboration de modes de production qui réduisent le gaspillage de ressources à ce e étape incombe également à notre profession ; pensons ici à la fabrication additive, par opposition à la fabrication soustractive. Les ingénieures et les ingénieurs participent en outre à la traçabilité des produits et de leurs composantes en me ant au point des outils qui perme ent
2.2 PROLONGER LA DURÉE DE VIE
DES PRODUITS ET DES COMPOSANTS
● Entretien et réparation
● Don et revente
● Remise à neuf
● Économie de fonctionnalité
d’anticiper les besoins en entretienréparation, au moyen de jumeaux numériques, par exemple. Ingénieures et ingénieurs interviennent aussi dans la logistique pour ramener les produits des utilisateurs vers les manufacturiers (logistique inversée) en fin de cycle. Notre profession veille également concevoir les technologies et les procédés qui perme ent une réintroduction des composantes des produits en fin de vie dans l’économie avec une valeur égale ou supérieure à la valeur initiale (suprarecyclage).
Ce ne sont là que quelques exemples du travail qu’accomplissent les personnes exerçant l’ingénierie dans
Source : Institut EDDEC, en collaboration avec Recyc-Québec
2.3 DONNER UNE NOUVELLE VIE AUX RESSOURCES
● Écologie industrielle
● Recyclage et compostage
● Valorisation
ce e incontournable transition vers l’économie circulaire. Les défis sont nombreux, mais ils constituent le carburant de l’innovation, et au Québec, nous savons y faire !
Références utiles
● https://www.quebeccirculaire. org/static/h/concept-etdefinition.html
● https://www.iso.org/ committee/7203984/x/catalogue/ p/0/u/1/w/0/d/0
● https://www.circularity-gap. world/2023
● https://www.resourcepanel.org/ reports/global-resources-outlook
13 Printemps 2024 RÉFLEXION
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
L’ingénierie à l’épreuve des assistants d’intelligence artificielle (AIA)
Dave Anctil Chercheur a lié à l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA) de l’Université Laval, Dave Anctil enseigne la philosophie et l’intelligence artificielle (IA) au collège Jean-de-Brébeuf, à Montréal. Ses domaines d’expertise sont l’éthique, la politique, la robotique sociale et les sciences cognitives de l’IA.
Si l’année 2023 fut marquée par l’ascension des outils d’intelligence artificielle (IA) générative, notamment par l’adoption record de ChatGPT (OpenAI), 2024 sera celle des assistants d’intelligence artificielle (AIA). Technologiquement parlant, ce n’est pas un changement de nature, mais bien une croissance de la portée de l’IA dans nos sociétés.
Les grands modèles d’IA sont présentement déployés dans les plateformes de services numériques de Microso et de Google. Ils peuvent d’ores et déjà opérer les logiciels les plus utilisés. C’est le cas de Copilot dans le royaume de Microso et bientôt de Gemini dans celui de Google, pour ne mentionner que les écosystèmes dominants.
Le déploiement massif de ces modèles o rira une assistance
omniprésente de l’IA. Le monde du travail doit réfléchir aux enjeux et aux défis de ce e grande transformation décidée par les multinationales technologiques des États-Unis.
La promesse de Microso et de Google est que les AIA augmenteront la productivité et la qualité du travail de bureau dans les organisations. Mais leur e et sur les compétences professionnelles est mal connu.
Les membres de la profession du génie, en particulier, doivent adopter une approche d’intégration prudente et réfléchie pour engager leur responsabilité professionnelle.
LE CAS DE MICROSOFT COPILOT
Les modèles de fondation d’IA sont aujourd’hui capables de générer un éventail croissant de contenus numériques (texte, code, image, audiovisuel…). Ils peuvent également utiliser les logiciels et services
numériques pour e ectuer des tâches plus complexes ou spécialisées. Ces outils d’IA deviennent alors de véritables agents d’IA capables d’agir sur le monde. S’ils peuvent augmenter les travailleurs et travailleuses, par la même logique, ils peuvent aussi les remplacer dans l’accomplissement d’un nombre grandissant de tâches.
C’est le cas du système Copilot. Motorisé par le modèle GPT-4 d’OpenAI, il est déployé sur l’entièreté de la plateforme Microso 365. Les organisations qui ont les moyens de payer la licence professionnelle peuvent mobiliser leurs données propriétaires et celles de leurs employées et employés pour décupler la performance de l’AIA dans leurs flux de travail. Les données accumulées alimenteront ainsi le développement ultérieur des capacités de Copilot.
La première conséquence de ces AIA est la réduction progressive de la dépendance des organisations envers les compétences courantes (low skills) de leur personnel. Cela se traduit par un transfert rapide de compétences professionnelles vers des AIA. Google et Microso ont procédé d’ailleurs à la mise à pied de dizaines de milliers de travailleuses et travailleurs au tournant de l’année 2023-2024.
La conséquence plus lointaine de l’implantation de Copilot dans les organisations est la diminution de la valeur de certaines compétences techniques sur le marché du travail. Copilot facilite grandement l’utilisation des logiciels de bureautique consacrés aux tâches routinières (Word, Excel, PowerPoint, Outlook, Teams…), ainsi que la recherche sur Internet et dans les bases de données. Mais l’AIA apprendra, au fil des années, à piloter les outils spécialisés des ingénieures et ingénieurs, comme les logiciels d’analyse de données, de
14 oiq.qc.ca
Dave Anctil, Ph. D.
modélisation, de conception et de gestion de projets. Microso pourra acquérir ou coopter les sociétés propriétaires des logiciels, et Copilot apprendra à maîtriser ces outils complexes, à partir des données d’entraînement fournies par le travail des ingénieures et ingénieurs.
En somme, en mobilisant les données tirées de l’expérience des travailleuses et travailleurs, l’AIA « copilote » pourra graduellement se substituer aux professionnelles et professionnels « pilotes ». Avec les conséquences prévisibles suivantes : des gains de productivité et des pertes d’emplois, des requalifications et la consolidation du contrôle des multinationales sur nos organisations.
CENTAURES ET CYBORGS
La recherche scientifique disponible pour comprendre la transformation des professions est limitée et spéculative. Elle se penche essentiellement sur la prédiction dans des secteurs où l’IA générative est déployée.
Cependant, une étude expérimentale1, conduite à la Harvard Business School, mérite notre a ention ; elle nous apporte un éclairage concret sur les défis qui a endent les professions hautement qualifiées du génie à l’ère des AIA.
L’étude a mesuré la transformation du travail assisté par l’IA générative (GPT-4 + outils) sur une grande variété de tâches, et ce, auprès de 785 consultantes et consultants professionnels de la société Boston Consulting Group. Elle montre que l’assistance de l’IA générative augmente de façon importante la productivité (+12 %), la rapidité (+25 %) et la qualité (+40 %). L’étude révèle aussi une certaine homogénéisation des productions assistées par l’IA.
Référence
Mais la découverte la plus intéressante révèle deux types de comportements adaptatifs des professionnelles et professionnels, illustrés par les métaphores du Centaure et du Cyborg
Les Centaures adoptent une posture de division stratégique du travail : ils sélectionnent et distribuent les tâches qui semblent mieux adaptées à l’AIA, tout en préservant le contrôle des tâches sollicitant leurs plus hautes compétences. À l’inverse, les Cyborgs placent l’IA en position de contrôle du flux de travail : ils lui confient toutes les tâches et n’interviennent que pour finaliser ou complémenter les tâches mal réalisées ou insatisfaisantes.
LES PROFESSIONS DU GÉNIE
On peut prévoir que les personnes qui exercent l’ingénierie adopteront des comportements adaptatifs analogues. Mais, étant donné l’importance des normes qui encadrent le travail des ingénieures et ingénieurs – responsabilité civile, Code des professions, Loi sur les ingénieurs –, nous devrions toutes et tous encourager l’intégration de l’AIA sur le modèle du Centaure
En particulier, nous devrions cultiver l’impératif de contrôler de manière réfléchie et sélective les fonctions et tâches confiées à l’IA.
Le monde du génie québécois est convié à réfléchir en profondeur au lien unissant compétences et responsabilités professionnelles. Il en va de la préservation des compétences et de la confiance du public. Et de la dignité des professions.
1. Dell'Acqua, F. et coll . (2023), « Navigating the Jagged Technological Frontier: Field Experimental Evidence of the Effects of AI on Knowledge Worker Productivity and Quality », Harvard Business School Technology & Operations Mgt. Unit Working Paper no 24-013, 15 sept. doi.org/10.2139/ssrn.4573321.
15 Printemps 2024 RÉFLEXION
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« Ce e résistance plonge aussi ses racines dans notre peur de l’inconnu et de la perte de contrôle. »
PATRICK DOYON, ING.
16 oiq.qc.ca
■■■PRATIQUEEXEMPLAIRE
VAINCRE SA RÉSISTANCE AU CHANGEMENT CONSEILS D’EXPERTS
Quand survient un changement, notre premier réflexe est bien souvent de montrer de la résistance. Bien que très humaine, ce e réaction peut néanmoins s’avérer contre-productive. Comment réduire ce e résistance ?
Même s’il demeure di cile de sortir de notre zone de confort, le changement n’est pas une mauvaise chose, loin de là ! L’accueillir positivement nous permet d’évoluer, de grandir et de nous adapter à un environnement en constante évolution. Conseils d’experts pour faire du changement notre allié.
Ce qui cause la résistance
« Résister au changement, c’est d’abord une tentative de préserver ses croyances, remarque Benoit De Grâce, ing., vice-président de PMC, une firme de conseils en gestion. Lorsqu’on nous demande de modifier nos façons de faire et de penser pour gérer des projets, par exemple, on peut être tenté d’opposer instinctivement un refus. Car ce e exigence génère de la dissonance cognitive, ce que déteste notre cerveau. S’opposer nous permet de défendre nos croyances et nos valeurs, lesquelles font partie de notre identité. »
Geneviève Dicaire, fondatrice d’Unique coaching, partage cet avis et ajoute qu’il faut aussi tenir compte de la personnalité de chaque individu. « Certaines personnes ont davantage de tolérance au risque et à l’incertitude ; elles rebondissent rapidement et s’adaptent à la nouveauté, constate-t-elle. D’autres, au contraire, préféreront fuir une situation, et peuvent aller jusqu’à
qui er un emploi pour ne pas avoir à s’adapter à un changement. »
Patrick Doyon, ing., coach professionnel, souligne pour sa part que ce e résistance plonge aussi ses racines dans notre peur de l’inconnu et de la perte de contrôle. « L’être humain est un être d’habitude, c’est pourquoi on est plus à l’aise avec le statu quo. Les expériences passées entrent aussi en ligne de compte : si celles qui sont reliées au changement sont négatives, à l’avenir, on aura tendance à s’en méfier. »
Trois conditions gagnantes
La coach professionnelle Geneviève Dicaire détaille trois conditions essentielles pour réduire sa résistance au changement.
1 Se concentrer sur les éléments que l’on peut contrôler (nos actes, nos paroles, notre a itude, etc.) afin de se placer dans une dynamique positive.
2 Garder un intérêt pour l’apprentissage et chercher des solutions quand se présente une situation nouvelle.
3 Maintenir des liens sociaux positifs. En situation de stress, mieux vaut éviter de se confier à des personnes qui sont encore plus anxieuses que nous ! On choisit plutôt des individus qui sauront nous prêter une oreille a entive et nous comprendre, voire nous rassurer.
17 Printemps 2024 Photo : iStock
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Comment aplanir la résistance au changement ?
L’une des premières choses à faire est d’identifier la source de nos blocages. « Il faut reconnaître ses résistances et savoir par quoi elles sont causées, recommande Geneviève Dicaire. Sont-elles liées à nos principes, à nos valeurs, à notre niveau de tolérance au changement ? Et quelles émotions ces blocages génèrent-ils ? Ensuite, on doit passer à l’action, ce qui apaisera les résistances et les peurs. Il n’y a rien comme se lancer ! »
Benoit De Grâce abonde dans le même sens, mais remarque qu’il n’est pas toujours aisé de me re le doigt sur l’origine de ses blocages. « La plupart des gens estiment qu’ils réfléchissent de façon rationnelle et ont du mal à accepter que ce n’est pas nécessairement le cas, indiquet-il. Pourtant, c’est la prise de conscience de ses biais cognitifs qui permet de s’en libérer. » Il cite en exemple le fameux biais d’aversion à la perte, qui fait que l’on a ache plus d’importance à une perte qu’à un gain équivalent. Ce e distorsion s’applique aussi aux situations où l’on nous demande d’embrasser le changement. Selon lui, être capable de détecter quand les
émotions prennent le dessus dans notre esprit et prendre conscience des bénéfices que l’on pourrait tirer des nouveaux processus constituent des stratégies e caces. Toutefois, notre première réponse aux événements est bien souvent d’ordre émotionnel. « Parfois, ce e réponse émotionnelle est si puissante qu’elle inhibe li éralement notre capacité à utiliser notre cerveau rationnel », constate Patrick Doyon. C’est pourquoi il conseille avant tout de bien comprendre son état émotionnel, ce qui aidera par la suite à recadrer et à rationaliser la situation.
Pour améliorer sa capacité d’adaptation, il suggère aussi d’adme re que notre environnement est en perpétuel changement et qu’il faut parfois accepter de faire les choses di éremment. « Il faut donc maintenir ses connaissances à jour et faire preuve d’ouverture d’esprit. Certes, il faut faire un e ort, mais quand on a réalisé qu’apprendre permet de mieux faire face au changement et de ne pas être dépassé, on voit les choses de façon plus positive. »
Emmanuelle Gril, journaliste.
Et les gestionnaires ?
Si l’on occupe un poste de gestionnaire, comment convaincre son équipe d’embrasser positivement le changement ? Le coach professionnel et ingénieur de formation Patrick Doyon mentionne que la culture d’entreprise joue un rôle important. « Pour être agile, une organisation devrait favoriser l’innovation, la créativité et l’apprentissage par essais et erreurs. Ces dernières peuvent constituer une source d’amélioration continue. »
Adopter une approche de responsabilisation et d’autonomie professionnelle perme ant aux personnes d’optimiser leur travail en fonction des objectifs à a eindre peut aussi faciliter l’adhésion au changement. Autre point à ne pas négliger : briser les vases clos qui empêchent de créer de la valeur de façon transversale et favoriser les collaborations latérales entre services, entre équipes, etc.
Patrick Doyon recommande aussi aux gestionnaires de miser sur une communication claire et d’identifier une « équipe de champions », autrement dit des personnes respectées par leurs collègues, souvent à l’avant-garde et qui agissent comme catalyseurs.
« Ces champions pourraient tenter d’amener les personnes ayant une position neutre à une plus grande ouverture à l’égard des changements proposés. Essayer de convaincre les personnes qui résistent n’est pas une stratégie e cace ; il est préférable d’a eindre un seuil d’adhésion minimal et de créer une masse critique susceptible de favoriser le changement dans le groupe. »
oiq.qc.ca
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LES NORMES NFPA 24 ET BNQ 1809-300 POUR LES CONDUITES D’EAU SOUTERRAINES
PRÉVENIR LE TRAVAIL EN VASE CLOS
La prévention est un aspect prioritaire du travail des ingénieures et ingénieurs. Les risques liés à la gestion des conduites d’eau souterraines en matière de contamination et de protection incendie soulèvent cependant des problèmes particuliers.
Le fait que la norme de génie civil NFPA 24 (Standard for the Installation of Private Fire Service Mains and their Appurtenances), relative à la conception de conduites d’eau souterraines destinées au
réseau de protection incendie, soit méconnue et par conséquent trop souvent négligée entraîne des risques qui pourraient pourtant être circonscrits. Le même sort est actuellement réservé à la norme BNQ 1809-300
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PARMI LES MESURES PERMETTANT DE PRÉVENIR
LES RISQUES DE CONTAMINATION DES CONDUITES D’EAU
SOUTERRAINES, LA PLUS EFFICACE EST ASSURÉMENT DE FAVORISER UN ÉCHANGE D’INFORMATIONS FLUIDE ET
COMPLET
ENTRE LES INGÉNIEURES ET INGÉNIEURS AU DOSSIER.
(Travaux de construction — Conduites d’eau potable et d’égout — Clauses techniques générales), qui oblige les ingénieures et les ingénieurs à désinfecter ces mêmes conduites avant leur mise en service. Ces deux normes largement ignorées sont toutefois essentielles pour assurer la sécurité des installations.
Le nœud du problème tient au manque de synergie entre le travail e ectué par les membres de l’Ordre exerçant dans le domaine du génie civil et celui des membres qui œuvrent dans le domaine de la protection incendie. Dans ce cas précis, ces professionnelles et professionnels travaillent en vase clos, sans connaître les obligations des autres, ce qui représente un réel frein dans la gestion adéquate des risques associés aux conduites d’eau souterraines. Ce manque de communication dans la réalisation des plans et devis peut entraîner la non-conformité des installations, en plus d’accroître le risque d’un disfonctionnement des équipements de protection incendie et/ou de contamination du réseau d’eau potable.
Et comme si ce n’était pas su samment préoccupant, l’édition 2023 de la norme BNQ 1809-300 ne s’appliquant plus aux terrains privés, rien n’est alors maintenant exigé en matière de désinfection de la tuyauterie desservant ces terrains. Ainsi, si l’ingénieure ou l’ingénieur en génie civil omet de préciser dans ses documents qu’il faut désinfecter la conduite d’eau, les entrepreneurs ne sont pas tenus de le faire. Ce vide réglementaire accroît les risques.
Protection incendie
Lorsqu’il s’agit de protection incendie, plusieurs considérations doivent être prises en compte au moment de la conception et de l’installation de conduites d’eau souterraines.
« Pour un système de protection incendie automatique sous eau (gicleur), on doit vérifier
la source d’eau et sa qualité, surtout si elle ne provient pas d’un réseau d’eau potable, explique Pierre Provençal, ingénieur-conseil et formateur. Si l’eau provient d’un réseau d’eau potable, il faut déterminer sa capacité selon la méthode décrite dans la norme NFPA 291 (Recommended Practice for Water Flow Testing and Marking of Hydrants). Au Québec, c’est la norme NFPA 24 qui s’applique en protection incendie ; celle-ci ne couvre toutefois pas le volet contamination, si ce n’est le fait d’exiger un rinçage pour éliminer les débris. Avant le 3 octobre 2023, la désinfection de la conduite sur un terrain privé était couverte par la norme BNQ 1809-300 (2018), mais la nouvelle édition ne l’exige plus pour un terrain privé. »
BON À SAVOIR
Conduites d’eau potable et de protection incendie : différences selon les normes
● Ne oyage - Rinçage
BNQ 1809-300 (2023) article 11.2.2.4: 1 m/s.
NFPA 24 (2013) article 10.10.2.1.3: 3 m/s (10 pieds/seconde).
● Test d’étanchéité
BNQ 1809-300 (2023): 850 kPa (123 psi) pendant 1 h.
NFPA 24 (2013) article 10.10.2.2.1 : 1 379 kPa (200 psi) pendant 2 h.
● Butée de retenue en béton (thrust Block)
BNQ 1809-300 (2023) article 10.4.8.2 note 1: ‘‘L’utilisation des butées de béton n’est pas recommandée’’
NFPA 24 (2013) article 10.8.2 : Fortement recommandé et donne de façon très détaillée comment calculer les dimensions de la butée de retenue.
Source : bnq.qc.ca
21 Printemps 2024
« Dans un monde idéal, dès le début du projet, l’ingénieur en protection incendie doit prendre le temps d’expliquer à l’ingénieur civil qui s’occupe de la conduite reliant le bâtiment au réseau municipal (ou autre) son obligation de respecter la norme NFPA 24. »
PIERRE PROVENÇAL, ING.
Prévenir les risques
Parmi les mesures perme ant de prévenir les risques de contamination des conduites d’eau souterraines, la plus e cace est assurément de favoriser un échange d’informations fluide et complet entre les ingénieures et ingénieurs au dossier. « Dans un monde idéal, dès le début du projet, l’ingénieur en protection incendie doit prendre le temps d’expliquer à l’ingénieur civil qui s’occupe de la conduite reliant le bâtiment au réseau municipal (ou autre) son obligation de respecter la norme NFPA 24 et de s’assurer que les exigences à satisfaire sont inscrites dans les plans et devis, précise Pierre Provençal. Et puisque la norme BNQ 1809-300 ne s’applique plus sur un terrain privé, l’ingénieur civil a aussi le devoir d’imposer dans les clauses techniques particulières l’application de ce e norme. »
Place à l’amélioration
POUR EN SAVOIR PLUS SUR LA NORME
BNQ 1809-300 bnq.qc.ca
En protection incendie, il existe deux types de projets : ceux qui sont réalisés selon des plans et devis complets et ceux qui sont faits à partir de plans et devis de performance. « Pour les projets s’appuyant sur des plans et devis complets, tout se passe bien de façon générale,
De fâcheuses conséquences…
Pour illustrer ses propos, Pierre Provençal relate une récente expérience vécue dans une usine de plastique de Saint-Jean-surRichelieu. « Il s’agissait d’un projet de modernisation de la protection incendie dans l’usine. Les travaux impliquaient entre autres de refaire à neuf des sections souterraines, et d’installer une pompe à incendie
note l’ingénieur-conseil. Cependant, pour les projets réalisés selon des plans et devis de performance, il y a des progrès à faire ! »
Des leçons à tirer
Pierre Provençal souligne qu’avant le 3 octobre 2023, la contamination ne représentait pas un réel un problème si les ingénieures et ingénieurs en génie civil s’assuraient que le chapitre 11 de la norme BNQ 1809-300 était respecté. Ce chapitre précise que les essais doivent être faits par des firmes spécialisées, sous l’autorité et la direction immédiate d’une ingénieure ou d’un ingénieur. « Cependant, les ingénieurs de ces firmes spécialisées n’ont pour la plupart aucune connaissance des obligations touchant la protection incendie définies dans la norme BNQ 1809-300, et s’en rendent compte lors des essais. Chaque projet nécessite un suivi serré et beaucoup de formation. Le même problème existe chez des entrepreneurs en travaux civils. Pour moi, la principale leçon à tirer en ce qui a trait à la protection incendie est de ne jamais tenir pour acquis que l’ingénieur civil possède les connaissances nécessaires en la matière. »
Mélanie Larouche, journaliste.
et une fosse souterraine pour un dispositif anti-refoulement. L’entrepreneur civil ne connaissait pas les exigences d’essais dictées par la norme NFPA 24-2013 ; il n’avait pas l’expertise ni les méthodes de travail appropriées. Par conséquent, les essais et les réparations ont été refaits jusqu’à six fois par section de
réseau, et le tout s’est éternisé sur une période de deux ans. L’une des fuites se situait dans le sol sous le plancher de béton de la salle de pompe à incendie, laquelle était déjà installée. L’entrepreneur en travaux civils en question a eu des di cultés financières et n’a pas été en mesure de terminer son contrat. »
22 oiq.qc.ca
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Illustration : VectorstockPhoto : Pierre Provençal
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L’ACTION
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Chronique financière
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Épargne à 40 ans : six bons coups financiers à adopter dès aujourd’hui
Épargne à 40 ans : six bons coups financiers à adopter dès aujourd’hui
Épargne à 40 ans : six bons coups financiers à adopter dès aujourd’hui
Vous approchez les 40 ans, votre compte d’épargne n’est pas aussi garni que celui de vos amis et ça vous préoccupe ? Pour Ravy Pung, planificatrice financière à la Banque Nationale, il n’y a pas de recette miracle pour avoir de bonnes habitudes financières. « Évitez de vous comparer aux autres générations, ou à vos pairs.
Épargne à 40 ans : six bons coups financiers à adopter dès aujourd’hui
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Vous avez votre propre manière de dépenser et d’épargner, tout dépendant de vos priorités et de vos objectifs. Ce qui importe, c’est de le faire stratégiquement. »
Vous avez votre propre manière de dépenser et d’épargner, tout dépendant de vos priorités et de vos objectifs. Ce qui importe, c’est de le faire stratégiquement. »
Vous approchez les 40 ans, votre compte d’épargne n’est pas aussi garni que celui de vos amis et ça vous préoccupe ? Pour Ravy Pung, planificatrice financière à la Banque Nationale, il n’y a pas de recette miracle pour avoir de bonnes habitudes financières. « Évitez de vous comparer aux autres générations, ou à vos pairs. Vous avez votre propre manière de dépenser et d’épargner, tout dépendant de vos priorités et de vos objectifs. Ce qui importe, c’est de le faire stratégiquement. »
Vous approchez les 40 ans, votre compte d’épargne n’est pas aussi garni que celui de vos amis et ça vous préoccupe ? Pour Ravy Pung, planificatrice financière à la Banque Nationale, il n’y a pas de recette miracle pour avoir de bonnes habitudes financières. « Évitez de vous comparer aux autres générations, ou à vos pairs. Vous avez votre propre manière de dépenser et d’épargner, tout dépendant de vos priorités et de vos objectifs. Ce qui importe, c’est de le faire stratégiquement. »
Vous avez votre propre manière de dépenser et d’épargner, tout dépendant de vos priorités et de vos objectifs. Ce qui importe, c’est de le faire stratégiquement. »
Voici six stratégies d’épargne simples à mettre en branle dès aujourd’hui.
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1. Établissez vos objectifs
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Savourer le moment présent, c’est important. Mais financièrement, c’est mieux de voir un peu plus loin. Avant 40 ans, il est souvent question de rembourser ses dettes d’études, d’amasser une mise de fonds, puis d’avoir des enfants. Bien sûr, il faut toujours avoir des économies pour profiter de la vie ! Et pour avoir l’esprit tranquille, ça vous prend aussi un fonds d’urgence. Plus vos objectifs sont ambitieux, plus ils nécessitent une préparation financière béton.
pas votre cote de crédit. Voyez quels sont les facteurs qui influencent votre pointage et corrigez le tir au besoin.
Savourer le moment présent, c’est important. Mais financièrement, c’est mieux de voir un peu plus loin. Avant 40 ans, il est souvent question de rembourser ses dettes d’études, d’amasser une mise de fonds, puis d’avoir des enfants. Bien sûr, il faut toujours avoir des économies pour profiter de la vie ! Et pour avoir l’esprit tranquille, ça vous prend aussi un fonds d’urgence. Plus vos objectifs sont ambitieux, plus ils nécessitent une préparation financière béton.
Savourer le moment présent, c’est important. Mais financièrement, c’est mieux de voir un peu plus loin. Avant 40 ans, il est souvent question de rembourser ses dettes d’études, d’amasser une mise de fonds, puis d’avoir des enfants. Bien sûr, il faut toujours avoir des économies pour profiter de la vie ! Et pour avoir l’esprit tranquille, ça vous prend aussi un fonds d’urgence. Plus vos objectifs sont ambitieux, plus ils nécessitent une préparation financière béton.
pas votre cote de crédit. Voyez quels sont les facteurs qui influencent votre pointage et corrigez le tir au besoin.
Savourer le moment présent, c’est important. Mais financièrement, c’est mieux de voir un peu plus loin. Avant 40 ans, il est souvent question de rembourser ses dettes d’études, d’amasser une mise de fonds, puis d’avoir des enfants. Bien sûr, il faut toujours avoir des économies pour profiter de la vie ! Et pour avoir l’esprit tranquille, ça vous prend aussi un fonds d’urgence. Plus vos objectifs sont ambitieux, plus ils nécessitent une préparation financière béton.
2. Commencez à épargner
2. Commencez à épargner
2. Commencez à épargner
2. Commencez à épargner
Privilégiez l’épargne systématique et fixez-vous un montant réaliste, à la hauteur de vos moyens. Chaque paie, cette somme sera prélevée puis transférée de votre compte chèques vers votre compte d’épargne, ou encore votre REER ou votre CELI. Si vous avez des dettes avec un haut taux d’intérêt (comme votre carte de crédit), c’est important de commencer à les rembourser. Mais n’attendez pas d’avoir fini de rembourser toutes vos dettes pour épargner !
pas votre cote de crédit. Voyez quels sont les facteurs qui influencent votre pointage et corrigez le tir au besoin.
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4. Faites-vous un budget
Savourer le moment présent, c’est important. Mais financièrement, c’est mieux de voir un peu plus loin. Avant 40 ans, il est souvent question de rembourser ses dettes d’études, d’amasser une mise de fonds, puis d’avoir des enfants. Bien sûr, il faut toujours avoir des économies pour profiter de la vie ! Et pour avoir l’esprit tranquille, ça vous prend aussi un fonds d’urgence. Plus vos objectifs sont ambitieux, plus ils nécessitent une préparation financière béton.
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4. Faites-vous un budget
4. Faites-vous un budget
4. Faites-vous un budget
pas votre cote de crédit. Voyez quels sont les facteurs qui influencent votre pointage et corrigez le tir au besoin.
Plus on vieillit, plus nos priorités changent. Et avec ces priorités viennent de nouvelles dépenses. Détaillez toutes vos entrées d’argent et vos dépenses dans un budget mensuel. Révisez-le annuellement ou à la suite de tout changement important à votre train de vie. Allouez une partie de votre budget à la mise en place d’un fonds d’urgence et à l’épargne.
Privilégiez l’épargne systématique et fixez-vous un montant réaliste, à la hauteur de vos moyens. Chaque paie, cette somme sera prélevée puis transférée de votre compte chèques vers votre compte d’épargne, ou encore votre REER ou votre CELI. Si vous avez des dettes avec un haut taux d’intérêt (comme votre carte de crédit), c’est important de commencer à les rembourser. Mais n’attendez pas d’avoir fini de rembourser toutes vos dettes pour épargner !
Privilégiez l’épargne systématique et fixez-vous un montant réaliste, à la hauteur de vos moyens. Chaque paie, cette somme sera prélevée puis transférée de votre compte chèques vers votre compte d’épargne, ou encore votre REER ou votre CELI. Si vous avez des dettes avec un haut taux d’intérêt (comme votre carte de crédit), c’est important de commencer à les rembourser. Mais n’attendez pas d’avoir fini de rembourser toutes vos dettes pour épargner !
4. Faites-vous un budget
Plus on vieillit, plus nos priorités changent. Et avec ces priorités viennent de nouvelles dépenses. Détaillez toutes vos entrées d’argent et vos dépenses dans un budget mensuel. Révisez-le annuellement ou à la suite de tout changement important à votre train de vie. Allouez une partie de votre budget à la mise en place d’un fonds d’urgence et à l’épargne.
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3. Vérifiez votre dossier de crédit
3. Vérifiez votre dossier de crédit
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Le crédit est important et ne se résume pas qu’au solde actuel de votre carte. Une mauvaise cote de crédit pourrait nuire à vos objectifs. Ce sera beaucoup plus facile de vous acheter une maison avec une cote qui avoisine les 760. Consultez votre dossier, c’est gratuit et cela n’affectera
Plus on vieillit, plus nos priorités changent. Et avec ces priorités viennent de nouvelles dépenses. Détaillez toutes vos entrées d’argent et vos dépenses dans un budget mensuel. Révisez-le annuellement ou à la suite de tout changement important à votre train de vie. Allouez une partie de votre budget à la mise en place d’un fonds d’urgence et à l’épargne.
Plus on vieillit, plus nos priorités changent. Et avec ces priorités viennent de nouvelles dépenses. Détaillez toutes vos entrées d’argent et vos dépenses dans un budget mensuel. Révisez-le annuellement ou à la suite de tout changement important à votre train de vie. Allouez une partie de votre budget à la mise en place d’un fonds d’urgence et à l’épargne.
5. Pensez-y bien avant d’acheter maintenant et de payer plus tard
Privilégiez l’épargne systématique et fixez-vous un montant réaliste, à la hauteur de vos moyens. Chaque paie, cette somme sera prélevée puis transférée de votre compte chèques vers votre compte d’épargne, ou encore votre REER ou votre CELI. Si vous avez des dettes avec un haut taux d’intérêt (comme votre carte de crédit), c’est important de commencer à les rembourser. Mais n’attendez pas d’avoir fini de rembourser toutes vos dettes pour épargner !
3. Vérifiez votre dossier de crédit
5. Pensez-y bien avant d’acheter maintenant et de payer plus tard
Plus on vieillit, plus nos priorités changent. Et avec ces priorités viennent de nouvelles dépenses. Détaillez toutes vos entrées d’argent et vos dépenses dans un budget mensuel. Révisez-le annuellement ou à la suite de tout changement important à votre train de vie. Allouez une partie de votre budget à la mise en place d’un fonds d’urgence et à l’épargne.
5. Pensez-y bien avant d’acheter maintenant et de payer plus tard
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C’est facile de se créer des besoins. Parfois, les ententes « achetez maintenant, payez plus tard » semblent rendre tout plus accessible. Par contre, si votre revenu venait à changer, ces paiements monopoliseraient votre fonds d’urgence et vous risqueriez de vous endetter encore plus.
5. Pensez-y bien avant d’acheter maintenant et de payer plus tard
C’est facile de se créer des besoins. Parfois, les ententes « achetez maintenant, payez plus tard » semblent rendre tout plus accessible. Par contre, si votre revenu venait à changer, ces paiements monopoliseraient votre fonds d’urgence et vous risqueriez de vous endetter encore plus.
C’est facile de se créer des besoins. Parfois, les ententes « achetez maintenant, payez plus tard » semblent rendre tout plus accessible. Par contre, si votre revenu venait à changer, ces paiements monopoliseraient votre fonds d’urgence et vous risqueriez de vous endetter encore plus.
C’est facile de se créer des besoins. Parfois, les ententes « achetez maintenant, payez plus tard » semblent rendre tout plus accessible. Par contre, si votre revenu venait à changer, ces paiements monopoliseraient votre fonds d’urgence et vous risqueriez de vous endetter encore plus.
6. Trouvez un conseiller
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Le crédit est important et ne se résume pas qu’au solde actuel de votre carte. Une mauvaise cote de crédit pourrait nuire à vos objectifs. Ce sera beaucoup plus facile de vous acheter une maison avec une cote qui avoisine les 760. Consultez votre dossier, c’est gratuit et cela n’affectera
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Il suffit d’être sur le marché du travail pour que ça en vaille le coup. Un conseiller est là pour vous aider à maximiser votre argent. Voyez-le comme un allié pour tous vos projets de vie. Rencontrez-le annuellement ou à la suite de tout changement majeur à votre situation financière.
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C’est facile de se créer des besoins. Parfois, les ententes « achetez maintenant, payez plus tard » semblent rendre tout plus accessible. Par contre, si votre revenu venait à changer, ces paiements monopoliseraient votre fonds d’urgence et vous risqueriez de vous endetter encore plus.
6. Trouvez un conseiller
Il suffit d’être sur le marché du travail pour que ça en vaille le coup. Un conseiller est là pour vous aider à maximiser votre argent. Voyez-le comme un allié pour tous vos projets de vie. Rencontrez-le annuellement ou à la suite de tout changement majeur à votre situation financière.
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ENTRE DEUX FEMMES DE GENIE
La présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec, Sophie Larivière-Mantha, ing., et la présidente de l’Union étudiante du Québec, Catherine Bibeau-Lorrain, candidate à la profession, se sont prêtées au jeu d’une discussion spontanée. Sujets abordés : le rôle des ingénieures et des ingénieurs dans la société, la présence des femmes en génie, la responsabilité sociale et environnementale. Aperçu de leurs réflexions.
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Conversation inspirante
Sophie Larivière-Mantha, ing. : Catherine, peut-on se tutoyer ? Catherine Bibeau-Lorrain, CPI : Oui, je pense que c’est une bonne idée.
Sophie : Catherine, pourquoi avoir choisi d’étudier en génie ?
Catherine : Avant d’entreprendre des études de deuxième cycle, j’ai fait un baccalauréat en génie chimique parce que je voulais pouvoir améliorer et optimiser di érents processus et procédés employés dans divers secteurs de la société, afin que le monde puisse évoluer de façon plus adéquate, notamment en matière de développement durable. Je souhaitais aussi utiliser ma tête et ma logique pour trouver des solutions à des problèmes actuels concrets.
Catherine : Et de ton côté, pourquoi avoir opté pour le génie ?
Sophie : Au secondaire, j’ai participé à une expo-sciences où j’ai présenté un distributeur automatique de nourriture pour animaux que j’avais programmée moi-même. Influencée par le travail de ma mère en automatisation, je me suis inscrite au cégep en technique de génie électrique. Cependant, lors d’un stage, j'ai réalisé qu'être ingénieure était plus propice à la programmation d’automates. Je me suis alors inscrite au baccalauréat en génie de la production automatisée à l’École de technologique supérieure, avec une concentration en technologie de la santé, et je me suis passionnée pour ce domaine ! Même si ça a été le fil conducteur de mes études, je n’ai jamais programmé d’automate professionnellement, j’ai trouvé autre chose qui me passionnait davantage.
Sophie : Pourquoi t’être engagée dans le mouvement étudiant ?
Catherine : Je veux être présente pour les étudiantes et les étudiants, défendre leurs droits et intérêts pour qu’elles et ils aient les meilleures conditions possibles pour étudier, et pour que les membres de la
communauté étudiante développent un sentiment d’appartenance. Mon but est aussi d’inciter les autres à s’impliquer afin qu’on soit plus nombreux pour changer les choses.
Sophie : C’est complémentaire à ta formation en génie. Souvent, ce qui a ire l’a ention dans un projet, c’est l’impact social, et c’est important de développer des habiletés relationnelles nécessaires pour vulgariser ces projets.
Catherine : Et toi, pourquoi avoir voulu devenir présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec ?
Sophie : Ce n’était pas du tout mon objectif de carrière !
En 2014, à la suite d’une assemblée générale extraordinaire à l’Ordre durant laquelle j’ai constaté plusieurs défis, j’ai décidé de me présenter au conseil d’administration pour aider à les régler. J’ai siégé au conseil de 2015 à 2018, puis j’ai pris une pause jusqu’en 2020, car entre-temps j’ai eu deux enfants. En 2022, après
MINIBIO
Sophie Larivière-Mantha Présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec depuis 2022, Sophie Larivière-Mantha s’est fixé trois priorités sur lesquelles elle intervient durant son mandat : la surveillance des travaux, le développement durable et la place des femmes en génie.
Catherine Bibeau-Lorrain Candidate à la profession d’ingénieur, Catherine Bibeau-Lorrain est titulaire d’un baccalauréat en génie chimique de Polytechnique Montréal et a entrepris une maîtrise en administration des a aires à HEC Montréal. Elle est présidente de l’Union étudiante du Québec, un regroupement de 11 associations étudiantes universitaires totalisant plus de 94 000 membres..
le départ de la présidente sortante, je me suis présentée et j’ai été élue. C’est donc une suite d’événements et de circonstances qui m’ont amenée à la présidence de l’Ordre.
Catherine : Finalement, nous avons des parcours semblables, mais dans des milieux di érents.
PRÉSENCE DES FEMMES EN GÉNIE
La question des femmes en génie préoccupe l’Ordre. Des études montrent qu’elles font toujours face à des défis et à des obstacles liés à leur genre dans leur profession.
Catherine : En tant que femme à la tête du deuxième ordre professionnel en importance au Québec, quels sont tes principaux défis ?
Sophie : J’ai deux jeunes enfants et la conciliation travail-famille constitue un défi important. Mon rôle de porte-parole implique de nombreuses activités le soir et la fin de semaine. Sans le soutien de mon conjoint, je n’y arriverais pas. La complexité des dossiers est un autre défi. Le domaine du génie est vaste et touche de nombreuses spécialités ; je dois être en mesure de saisir les di érents problèmes. Catherine : J’a ronte des défis similaires. Même sans enfants, concilier travail, vie associative et vie personnelle est di cile. Notre travail reste souvent méconnu, et notre entourage peut avoir du mal à comprendre nos activités.
Sophie : L’une de mes priorités est que l’on puisse compter au moins 30 % de femmes, tous domaines du génie confondus, en 2033. Crois-tu que nous y parviendrons ?
Catherine : Selon moi, c’est possible. D’ailleurs, j’ai pu constater une bonne di érence à cet égard entre le début de mon bac et la fin. Dans les universités, on voit par exemple des comités de génie au féminin
27 Printemps 2024
Photo de Sophie Larivière-Mantha : Nadia Zheng
dont le but est d’inviter les femmes à prendre leur place en ingénierie. Il faut inciter les administrations à soutenir de telles initiatives.
RESPONSABILITÉ
SOCIALE
Au cœur de plusieurs projets importants, les ingénieures et ingénieurs jouent un rôle sousestimé d’agent de changement.
Sophie : Comment peut-on encourager les étudiantes et les étudiants à considérer la responsabilité sociale comme partie intégrante de leur future carrière ?
Catherine : On devrait leur en parler davantage et les pousser à s’impliquer dans des activités extrascolaires liées à la responsabilité sociale. Ce type d’expériences permet de développer une réflexion à cet égard, et ce, de façon plus concrète.
Catherine : Que penses-tu du rôle des membres de l’Ordre comme agents de changement positifs ?
Sophie : Les personnes exerçant l’ingénierie se retrouvent souvent au cœur de la conception des projets. À ce titre, nous sommes donc en mesure de repérer les éléments qui nécessiteraient des améliorations et de proposer des solutions. Les ingénieures et les ingénieurs sont assurément des vecteurs d’amélioration qui peuvent contribuer au changement.
« Les ingénieures et les ingénieurs sont assurément des vecteurs d’amélioration qui peuvent contribuer au changement. »
SOPHIE LARIVIÈRE-MANTHA, ING.
ENVIRONNEMENT
L’environnement et la lu e contre les changements climatiques sont des défis importants auxquels nous devrons faire face et qui nécessiteront la participation des ingénieures et des ingénieurs à la recherche de solutions durables.
Catherine : Comment les membres de l’Ordre peuvent-ils intervenir concrètement dans la lu e contre les changements climatiques ? Sophie : Le développement durable est l’un des trois dossiers majeurs sur lesquels j’ai choisi de travailler durant ma présidence. Tous les membres devraient en tenir compte dans la conception des projets afin de diminuer leur impact sur l’environnement. Cela consiste, par exemple, à considérer le cycle de vie d’un bâtiment au moment de sa conception, ce qui facilitera par la suite sa déconstruction qui,
« Mon but est aussi d’inciter les autres à s’impliquer afin d’être plus nombreux pour changer les choses. »
CATHERINE BIBEAU-LORRAIN , CPI
contrairement à la démolition, vise à récupérer un maximum de matériaux.
Sophie : En tant que future ingénieure, comment crois-tu pouvoir agir dans ce e lu e ?
Catherine : Je perçois les membres de la profession comme des vecteurs de changement essentiels. On nous apprend à innover et à concevoir autrement. Par conséquent, nous possédons les compétences nécessaires ; il faut les me re en application.
Sophie : C’est déjà la fin de notre conversation. Que puis-je te souhaiter pour l’avenir ?
Catherine : De trouver un emploi où je pourrai me re en application mes passions : le génie chimique ainsi que la gestion des ressources humaines et des équipes, tout en laissant de la place pour mes engagements personnels.
La rencontre a mis en lumière les rôles similaires de Sophie Larivière-Mantha et de Catherine Bibeau-Lorrain, respectivement à la présidence de l’Ordre et de l’Union étudiante du Québec. Fières ambassadrices de la profession, elles sont engagées à faire une di érence dans la société.
Propos recueillis par Emmanuelle Gril, journaliste. Les réponses ont été éditées pour plus de concision et de fluidité.
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DES RÉPONSES À VOS QUESTIONS SUR LA FORMATION CONTINUE
OBLIGATOIRE
Chaque semaine, l’équipe de la formation continue obligatoire (FCO) reçoit une multitude de questions concernant la formation des ingénieures et des ingénieurs. Voici les réponses aux questions les plus fréquemment posées.
Quelles sont les pièces justi catives admissibles ?
Pour chaque activité déclarée, il est important de vous informer des pièces justificatives requises avant la tenue de l’activité. Vous trouve rez les renseignements à ce sujet dans le Guide d’application du Règlement sur la formation continue obligatoire des ingénieurs
Les pièces justificatives vous appartiennent, assurez-vous de les récupérer dans vos dossiers personnels dès la fin de chaque activité, ce qui peut vous éviter des démarches supplémentaires, surtout en cas de changement d’emploi. Conservez-les soigneusement pendant au moins deux ans après la fin d’une période.
Quelles sont les activités de formation admissibles ?
Le Règlement sur la formation continue obligatoire des ingénieurs est très flexible pour que vous puissiez adapter votre formation continue à votre situation professionnelle. Di érentes activités sont sans frais et vous perme ront d’accumuler jusqu’à 21 heures de formation. L’important est que l’activité soit directement liée à votre pratique et qu’elle vise le développement de vos compétences professionnelles. Une lecture a entive du Guide d’application du Règlement sur la formation continue obligatoire des ingénieurs est essentielle pour connaître les activités admissibles et pour apprendre comment les déclarer correctement.
Comment bien déclarer les activités de formation ?
Une seule adresse : votre portail. Il est fortement recommandé de déclarer vos activités de formation dès qu’elles sont terminées. Déclarez vos activités au cours de la période de référence avant la date où elle prend fin. Le portail e ectuera automatiquement des ajustements, reportant les heures nécessaires d’une activité à la période en défaut si cela se révèle nécessaire.
Pour déclarer la participation à des comités techniques ou à des communautés de pratique, veillez à ce qu’ils soient des lieux d‘échange entre des membres de l’Ordre, à ce que leur mandat soit clairement défini et à ce qu’il contribue à l’amélioration de l’exercice d’activités professionnelles. Les activités d’amélioration des opérations courantes ou de gestion de comités ne sont pas admissibles ; seules les
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Illustrations
: iStock, Vectorstock
heures d’échanges liées au développement des compétences le sont. Il est impératif de produire et de conserver des comptes rendus ; notez et conservez aussi les heures consacrées au développement des compétences ainsi que la liste des personnes qui y participent.
Pour déclarer votre plan de développement professionnel (PDP), ciblez clairement vos buts, vos objectifs et des activités de développement. L’Ordre a préparé un guide d’accompagnement pour vous aider à préparer votre PDP, de même qu’un formulaire de déclaration que vous devez remplir.
Lorsque vous vous engagez dans une démarche d’accompagnement individuel ou de mentorat, il est crucial de décrire de manière précise votre démarche avec votre stagiaire ou la personne mentorée. Consignez tous les éléments de manière structurée dans le formulaire prévu à ce e fin, en obtenant les signatures nécessaires. Il est important de noter que les conseils occasionnels ou non structurés ne sont pas acceptés dans le cadre de ce e démarche d’accompagnement. En d’autres termes, veillez à formaliser votre approche et à remplir correctement le formulaire pour assurer la validité de ce e expérience d’accompagnement.
Mon dossier de formation continue pourrait-il être véri é par l’Ordre ?
Chaque année, l’Ordre e ectue une multitude de vérifications, ciblées et aléatoires, concernant les activités de formation continue de ses membres, ainsi que celles des membres en situation de défaut pour des périodes antérieures.
L’objectif de ces vérifications est double. D’une part, elles s’inscrivent dans une démarche éducative et préventive visant à garantir que
les dossiers de formation continue respectent les exigences du Règlement sur la formation continue obligatoire des ingénieurs. D’autre part, l’Ordre s’assure ainsi que les activités sont déclarées dans la bonne période, un aspect primordial pour maintenir la qualité et la pertinence des compétences professionnelles des membres.
Les périodes scrutées comprennent la période actuelle, se terminant le 31 mars 2025, et la période précédente, qui a pris fin le 31 mars 2023. Les conséquences d’une vérification peuvent être variées, allant des félicitations pour une déclaration adéquate à des ajustements nécessaires ou même au refus d’activités qui ne sont admissibles.
Toutes les activités de formation continue déclarées dans votre portail peuvent faire l’objet d’une vérification. Rappelons que les activités, y compris celles d’autoapprentissage, doivent être directement liées à l’exercice de votre profession et viser le développement de vos compétences.
Où trouver des formations pour les membres de l’Ordre ?
Chaque année, l’Ordre conçoit des formations virtuelles adaptées à la réalité des ingénieures et des ingénieurs. Le catalogue Maestro (maestro.oiq.qc.ca) compte plus de 40 heures de formation sur des sujets pertinents et variés.
La formation continue est intégrée dans les habitudes des membres de l’Ordre. Les ingénieures et les ingénieurs y voient en e et une occasion de parfaire leurs compétences et d’enrichir leurs connaissances dans un monde en constante évolution.
La Direction de la surveillance et de l’inspection professionnelle.
Nouvelles formations virtuelles o ertes sur maestro.oiq.qc.ca
Régler un di érend : prioriser l’entente à la judiciarisation
En un peu plus de deux heures, les membres de l’Ordre peuvent explorer les solutions de règlement à l’amiable avant de recourir à la justice. Une étape essentielle pour éviter les réclamations.
Parcours de formation sur l’adaptation aux changements climatiques
En collaboration avec l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques de l’Université Laval et Ouranos, l’Ordre propose un parcours de formation de 15 heures en 5 modules. Son objectif est d’approfondir vos compétences et connaissances pour accroître la résilience quand aux changements climatiques de l’environnement bâti et de l’aménagement du territoire québécois.
DES QUESTIONS AU SUJET DE LA FORMATION CONTINUE ?
devprof@oiq.qc.ca
31 Printemps 2024
Déontologie professionnelle
DANGER : NÉGLIGENTE EXPÉRIENCE
Dans notre vie privée, avec des proches ou avec de vieilles connaissances, il su t parfois d’un simple regard ou de quelques mots pour se comprendre. Mais dans notre vie professionnelle, il n’y a pas de place pour l’ambiguïté ou les non-dits : les documents d’ingénierie produits doivent être su samment explicites, même s’ils sont destinés à des collaboratrices et des collaborateurs ou à des partenaires de longue date.
De récentes décisions du Conseil de discipline de l’Ordre des ingénieurs du Québec rappellent l’importance de produire des plans su samment explicites pour toutes les parties prenantes, même quand il s’agit d’ouvrages temporaires.
Des plans incomplets
Un de ces cas1 implique un ingénieur qui travaille depuis plusieurs années pour une entreprise spécialisée dans le domaine des co rages de structures en béton pour des projets de moyenne et de grande envergure.
Les événements concernés me ent en cause des plans d’étaiement conçus pour les coulées de béton des planchers d’un immeuble en copropriété de 36 étages.
Au cours de l’une de ces coulées, l’un des vérins d’étaiement se brise en deux, ce qui entraîne
L’INGÉNIEUR DOIT S’ABSTENIR
D’EXPRIMER DES AVIS OU DE DONNER DES CONSEILS CONTRADICTOIRES
OU INCOMPLETS ET DE PRÉSENTER OU UTILISER DES PLANS, DEVIS ET AUTRES DOCUMENTS QU’IL SAIT
AMBIGUS OU QUI NE SONT PAS
SUFFISAMMENT EXPLICITES 5 .
l’e ondrement d’une partie du plancher et crée une grande ouverture de 8 pieds sur 8 pieds qui laisse le béton s’écouler à l’étage inférieur. Heureusement, personne n’a été blessé et les dégâts matériels ont été, somme toute, plutôt limités.
Bien que la cause du bris du vérin demeure inconnue, l’enquête du Bureau du syndic a cependant révélé que les plans d’étaiement ne comportaient qu’une vue en plan, et que la présence et le positionnement des contreventements n’y étaient pas représentés. L’absence de vue en élévation et certaines autres informations manquantes rendaient le tout incomplet et ambigu.
Un autre cas2 implique un ingénieur qui travaille depuis de nombreuses années pour un client spécialisé notamment dans les échafaudages de grande envergure.
Les événements concernés me ent en cause un plan conçu pour l’installation de plateformes de travail temporaires à l’intérieur d’un vase clos de plus de 150 pieds de hauteur et de plus de 20 pieds de diamètre.
Au cours de la construction de ces plateformes, l’échafaudage sous-jacent s’e ondre ; deux travailleurs perdent la vie.
Cet e ondrement semble être le résultat d’une suite d’événements malencontreux, et certains d’entre eux sont probablement plus contributifs que d’autres. Mentionnons qu’il a été admis que « bien que [l’ingénieur] n’ait pas eu la chance d’e ectuer la visite de chantier et préparer l’a estation de conformité, les travailleurs débutent les travaux […] alors que le montage de l’échafaudage n’est pas terminé3 ». Cependant, l’enquête du Bureau du syndic ne visait pas à départager les responsabilités
32 oiq.qc.ca ■■■PRATIQUEEXEMPLAIRE
des divers intervenantes et intervenants ni à déterminer la cause exacte de l’e ondrement. D’autres instances et organismes ont le mandat de répondre à de telles questions.
L’enquête du Bureau du syndic concernait la conduite de l’ingénieur lors de sa prestation de service, y compris la qualité de ses livrables. Or, l’enquête a révélé que le plan produit par l’ingénieur était « non su samment explicite, contrevenant ainsi à l’article 3.02.04 du Code de déontologie des ingénieurs4 ».
À la suite de cet événement tragique, l’ingénieur s’est engagé à ne plus exercer la profession d’ingénieur.
En conclusion
Dans ces deux a aires, les ingénieurs impliqués ont vraisemblablement dosé les renseignements inclus dans leurs plans en fonction de l’expérience de leur client et des travailleuses et des travailleurs concernés. Mais une telle a itude, qui semble relever davantage de la négligence que de l’incompétence, peut se révéler dangereuse pour la sécurité du public.
La professionnelle ou le professionnel ne doit pas tenir pour acquis qu’elle ou il pourra plus tard compléter ou expliciter des éléments manquants ou ambigus lors de la surveillance des travaux ou au moment d’a ester leur conformité.
Rappelons que c’est la responsabilité de la professionnelle ou du professionnel de fournir dès le départ des plans complets, sans ambiguïté, afin de limiter les risques d’erreur d’exécution, et ce, même pour des ouvrages temporaires. L’expérience ne justifiera jamais la négligence.
Me Martine Gervais, avocate, che e d'équipe de la gestion des demandes d'enquêtes et conseillère juridique et Philippe-André Ménard, ing., syndic adjoint.
1. Ingénieurs (Ordre professionnel des) c. Lafaille, QCCDING 19, 3 octobre 2023
2. Ingénieurs (Ordre professionnel des) c. Boileau, QCCDING 20, 26 octobre 2023
3. Op. cit., paragraphe 9
4. Op. cit., paragraphe 6
5. Article 3.02.04 du Code de déontologie des ingénieurs
33 Printemps 2024
Illustration : Vectorstock
Législation et jurisprudence
BÂTIMENTS : ÉCLAIRCISSEMENTS SUR LA DÉMOLITION, LES MEZZANINES ET LES DÔMES
A-t-on besoin d’une ingénieure ou d’un ingénieur pour les projets de démolition d’un bâtiment, pour l’ajout d’une mezzanine ou pour l’installation d’un dôme ?
Démolition
John, le propriétaire d’une usine manufacturière, souhaite démolir la vieille partie de l’usine pour pouvoir construire un nouvel entrepôt. Est-ce que des plans d’ingénierie sont requis pour la démolition ?
Plusieurs lois et règlements peuvent s’appliquer dans le cas d’un projet de démolition d’un bâtiment. Outre les règlements municipaux qui
pourraient comporter certaines exigences, le Code de sécurité pour les travaux de construction comprend plusieurs articles concernant les activités liées à la démolition, dont certains prévoient la mise en œuvre d’activités réservées aux ingénieures et aux ingénieurs. Les deux sections suivantes sont particulièrement d’intérêt : • que la démolition soit partielle ou complète, la section 2.12 (« Précautions pendant la construc-
Illustration : iStock 34 oiq.qc.ca
■■■PRATIQUEEXEMPLAIRE
tion ou la démolition ») exige qu’à tout moment, l’entrepreneur assure la stabilité des ouvrages. Si des calculs structuraux sont requis, seule une ingénieure ou un ingénieur pourra les produire ;
• la section 3.18 (« Démolition ») indique clairement qu’une ingénieure ou un ingénieur devra concevoir une procédure de travail lorsqu’on démolit une dalle ou une charpente en béton précontraint ou postcontraint (article 3.18.1[1]), ou lorsque la démolition n’est pas e ectuée systématiquement depuis le toit jusqu’au sol (article 3.18.2[2a]).
S’agissant d’une exigence spécifique posée par ce règlement, l’intervention d’une ingénieure ou d’un ingénieur sera requise, même dans l’hypothèse où une partie de bâtiment visée par la démolition n’était pas, en elle-même, un ouvrage visé par des actes réservés.
Constructions hors toit, mezzanine et fermes de toit habitables
Magali, agente au service de l’urbanisme d’une municipalité, nous demande si elle doit exiger « un plan signé et scellé par un ou une ingénieure pour l’ajout d’une mezzanine sur un bâtiment existant de trois étages ».
Il faut tout d’abord distinguer les termes « mezzanine » et « étage ». Le Code national du bâtiment (CNB) donne les définitions suivantes : Étage : « partie d’un bâtiment délimitée par la face supérieure d’un plancher et celle du plancher situé immédiatement au-dessus ou, en son absence, par le plafond au-dessus. » Mezzanine : « niveau entre le plancher et le plafond d’une pièce ou d’un étage quelconque, ou balcon intérieur. »
Le cas que décrit Magali ne correspond pas à une mezzanine ; il faudrait plutôt parler de construction hors toit. Pour ce qui concerne la conception de la structure, l’ajout d’une ou de plusieurs pièces au-dessus du toit existant doit être considérée comme un étage dans le calcul de la hauteur du bâtiment. Dans le cas que Magali nous a soumis, le 4e étage (dont la superficie est plus petite que celle des autres étages) doit être considéré comme un étage, ce qui porte le nombre d’étages, après réalisation des travaux, à quatre. La conception de la structure devra donc se faire en suivant les dispositions de la partie 4 du CNB et requérir la contribution d’une ingénieure ou d’un ingénieur. De plus, l’avis d’une ingénieure ou d’un ingénieur sera requis
pour déterminer si la structure existante (celle du triplex) est capable de supporter le poids de l’étage qu’on souhaite ajouter.
En matière de protection incendie, le calcul du nombre d'étages du bâtiment peut ne pas inclure les mezzanines si ces dernières satisfont à certains critères. L’information à cet égard est présentée à l’article 9.10.4 du CNB. Le CNB comprend également des dispositions concernant les moyens d’évacuation. Cet aspect sera à valider avec les architectes (voir les articles 9.9.8.6 et 3.4.2.2).
En dernier lieu, les fermes de toit habitables sont considérées comme un étage selon la définition donnée par le CNB. Si cet espace est utilisé comme lieu de stockage, la conception devra être faite en conséquence des charges additionnelles prévues. Si cet espace est utilisé comme habitation, alors l’usage devra être considéré comme résidentiel et non agricole.
Dômes et mégadômes
Ce type de bâtiment sera généralement assuje i à la Loi sur les ingénieurs. Les plans de la structure (montants métalliques, toiles, etc.), habituellement fournis par le manufacturier, doivent être authentifiés par les ingénieures et les ingénieurs de ce e entreprise, selon les exigences en vigueur dans la juridiction en cause. Si le manufacturier est au Québec, les plans seront signés et scellés par une ou un membre de l’Ordre. Si le manufacturier est situé à l’extérieur du Québec, les plans seront authentifiés selon les règles en vigueur dans le pays ou la province du manufacturier.
Le manufacturier fournit les plans de la structure et donne en général des consignes pour la conception des fondations, mais ne prépare pas le plan de la fondation (à moins que le client n’ait un contrat clé en main avec le manufacturier). Les fondations incluent, s’il y a lieu, la dalle de béton et les murets latéraux auxquels vont se fixer les montants et la toile. Les plans des fondations vont tenir compte des directives du manufacturier ainsi que des caractéristiques spécifiques du sol sur le terrain où sera installé le dôme. Les plans de la fondation devront être signés et scellés par une ingénieure ou un ingénieur.
Marie-Julie Gravel, ing., conseillère à la surveillance de la pratique illégale et Patrick Marcoux, avocat.
35 Printemps 2024
Assurance responsabilité professionnelle
EN TANT QUE CONSULTANT, J’EXERCE EN PRATIQUE PRIVÉE
OU J’OFFRE MES SERVICES PROFESSIONNELS SOUS LA BANNIÈRE D’UNE SOCIÉTÉ.
DOIS-JE ADHÉRER AU RÉGIME COLLECTIF D’ASSURANCE COMPLÉMENTAIRE EN PLUS DU RÉGIME COLLECTIF
Oui, si vous exercez partiellement ou totalement des activités professionnelles réservées aux ingénieures et aux ingénieurs au Québec, définies aux articles 2 et 3 de la Loi sur les ingénieurs, ou si ces mêmes activités se rapportent à des ouvrages qui y sont situés. Le régime collectif d’assurance complémentaire, en plus du régime de base, devient une obligation lorsque vous exercez seul et à votre compte et que vous percevez des honoraires supérieurs à 15 000 $ annuellement.
Cas particuliers
1. Si vous exercez seul et à votre compte et que vous percevez des honoraires égaux ou inférieurs à 15 000 $ annuellement. Dans ce cas, vous êtes couvert par le régime collectif d’assurance de base que vous payez avec votre inscription annuelle. Dans ce contexte précis, vous n’avez pas l’obligation d’adhérer au régime collectif d’assurance complémentaire. Important à savoir : Le régime de base o re une couverture de 250 000 $ par sinistre et de
D’ASSURANCE DE
BASE ?
500 000 $ pour l’ensemble des sinistres résultant des services professionnels rendus dans le cadre d’un projet.
2. Si vous êtes employé au sein d’une entreprise privée, telle qu’une firme de génie-conseil, il est impératif que vous adhériez au régime collectif d’assurance complémentaire, à moins que la société en question n’ait obtenu une dispense pour ses employées ingénieures et ses employés ingénieurs en vertu de l’article 6 du Règlement sur l’assurance de la responsabilité professionnelle des ingénieurs. Bien que votre employeur ait la possibilité de souscrire une police d’assurance dans le régime collectif d’assurance complémentaire vous couvrant, s’il ne le fait pas, il vous incombe d’entreprendre les démarches auprès du courtier BFL CANADA afin d’obtenir une couverture d’assurance en adéquation avec votre pratique professionnelle.
Direction de la surveillance et de l’inspection professionnelle.
CONTACTEZ NOUS !
Si vous avez des questions concernant les activités réservées aux membres de l’Ordre, écrivez-nous à arp@oiq.qc.ca.
POUR ADHÉRER AU RÉGIME D’ASSURANCE COMPLÉMENTAIRE
Demandez une soumission au courtier de l’Ordre.
BFL CANADA
Tél. : 514 315-4529 ou 1 833 315-4529 ingenieur@bflcanada.ca
36 oiq.qc.ca
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Illustrations : iStock, Vectorstock
Avis de limitation du droit d’exercice
Conformément à l’article 182.9 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que, le 14 décembre 2023, Szilard Constantin Hedrei, ing. (membre no 28385), dont le domicile professionnel est situé à Ville Mont-Royal, province de Québec, a fait l’objet d’une décision du Comité exécutif de l’Ordre des ingénieurs du Québec relativement à son droit d’exercice, à savoir :
Charpentes et fondations
« DE PRONONCER la limitation volontaire du droit d’exercice de Szilard Constantin Hedrei, ing. (membre no 28385), en lui interdisant d’exercer toute activité professionnelle réservée aux ingénieurs par la Loi sur les ingénieurs lorsqu’elle se rapporte au domaine des charpentes et fondations.
Ce e limitation comprend et porte également sur toute activité se rapportant à un bâtiment à l’égard duquel sont appliquées des solutions acceptables complètes prévues à la partie 9 du Code national du bâtiment, tel qu’il est incorporé dans le chapitre 1 du Code de construction (chapitre B-1.1, r. 2).
Toutefois, Szilard Constantin Hedrei, ing., pourra exercer dans ce domaine sous la supervision d’une ingénieure ou d’un ingénieur qui devra apposer aux documents d’ingénierie les marques d’authentification requises et en assumer la responsabilité professionnelle. »
Ce e limitation du droit d’exercice de Szilard Constantin Hedrei, ing., est en vigueur depuis le 14 décembre 2023.
Montréal, ce 15 janvier 2024
Me Élie Sawaya, avocat Secrétaire adjoint et chef des a aires juridiques
Avis de limitation du droit d’exercice
Avis de limitation du droit d’exercice
Conformément à l’article 182.9 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que, le 16 novembre 2023, Suhil Mohammad, ing. (membre no 122059), dont le domicile professionnel est situé à Ville Mont-Royal, province de Québec, a fait l’objet d’une décision du Comité exécutif de l’Ordre des ingénieurs du Québec relativement à son droit d’exercice, à savoir : Charpentes et fondations soumises à des charges latérales
« DE LIMITER le droit d'exercice de Suhil Mohammad, ing. (membre no 122059), jusqu'à ce que les mesures de perfectionnement soient complétées avec succès, en lui interdisant d’exercer toute activité professionnelle réservée aux ingénieurs par la Loi sur les ingénieurs lorsqu’elle se rapporte au domaine des charpentes et fondations soumises à des charges latérales.
Toutefois, Suhil Mohammad, ing., pourra exercer dans ce domaine sous la supervision d’une ingénieure ou d’un ingénieur qui devra apposer aux documents d’ingénierie les marques d’authentification requises et en assumer la responsabilité professionnelle.
Il pourra cependant surveiller les travaux relatifs au domaine des charpentes et fondations soumises à des charges latérales sans la supervision d’une ingénieure ou d’un ingénieur. » Ce e limitation du droit d’exercice de Suhil Mohammad, ing., est en vigueur depuis le 28 novembre 2023.
Montréal, ce 3 janvier 2024
Me Élie Sawaya, avocat Secrétaire adjoint et chef des a aires juridiques
Conformément à l’article 182.9 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que, le 16 novembre 2023, Stella Mergl, ing. (membre no 126197), dont le domicile professionnel est situé à Saint-Colomban, province de Québec, a fait l’objet d’une décision du Comité exécutif de l’Ordre des ingénieurs du Québec relativement à son droit d’exercice, à savoir :
Géotechnique
« DE LIMITER le droit d'exercice de Stella Mergl, ing. (membre no 126197), jusqu'à ce que les mesures de perfectionnement soient complétées avec succès, en lui interdisant d’exercer toute activité professionnelle réservée aux ingénieurs par la Loi sur les ingénieurs lorsqu’elle se rapporte au domaine géotechnique.
Toutefois, Stella Mergl, ing., pourra exercer dans ce domaine sous la supervision d’une ingénieure ou d’un ingénieur qui devra apposer aux documents d’ingénierie les marques d’authentification requises et en assumer la responsabilité professionnelle. »
Ce e limitation du droit d’exercice de Stella Mergl, ing., est en vigueur depuis le 28 novembre 2023. Montréal, ce 3 janvier 2024
Me Élie Sawaya, avocat Secrétaire adjoint et chef des a aires juridiques
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Avis de limitation du droit d’exercice
Conformément à l’article 182.9 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que, le 25 janvier 2024, Nicky De Rubertis, ing. (membre no 142651), dont le domicile professionnel est situé à Terrebonne, province de Québec, a fait l’objet d’une décision du Comité exécutif de l’Ordre des ingénieurs du Québec relativement à son droit d’exercice, à savoir :
Analyse et conception d’assemblages métalliques
« DE PRONONCER la limitation définitive du droit d’exercice de Nicky De Rubertis, ing. (membre no 142651), dans le domaine de l’analyse et de la conception d’assemblages métalliques. Toutefois, l’ingénieur pourra exercer dans ce domaine sous la supervision d’une ingénieure ou d’un ingénieur qui devra apposer aux documents d’ingénierie les marques d’authentification requises et en assumer la responsabilité professionnelle. »
Ce e limitation du droit d’exercice de Nicky De Rubertis, ing., est en vigueur depuis le 5 juin 2020.
Montréal, ce 26 février 2024
Me Élie Sawaya, avocat Secrétaire adjoint et chef des a aires juridiques
Avis de radiation
Conformément à l’article 182.9 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que, le 14 décembre 2023, le Comité exécutif de l’Ordre des ingénieurs du Québec a prononcé la radiation des membres dont le nom apparaît ci-dessous, pour avoir fait défaut de se conformer aux obligations de la formation continue obligatoire conformément au Règlement sur la formation continue obligatoire des ingénieurs
Ce e décision est e ective depuis le 15 janvier 2024.
Nom Prénom Domicile professionnel
Vincent François Saint-Charles-Borromée
Locas Julien Québec
Veuillez communiquer avec le Service de l’accès à la profession (514 845-6141 ou 1 800 461-6141, option 1, ou par courriel : sac@oiq.qc.ca) afin de vérifier si ces personnes ont régularisé leur situation depuis le 15 janvier 2024.
Montréal, le 15 janvier 2024
Me Pamela McGovern, avocate Secrétaire de l’Ordre et directrice des a aires juridiques
Avis de radiation
Conformément aux articles 156 et 180 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que, le 19 août 2021, le Conseil de discipline de l’Ordre des ingénieurs du Québec a déclaré
M. Przemyslaw Pawel Tarnowski, dont le domicile professionnel est situé à Longueuil, province de Québec, notamment coupable des infractions suivantes :
« Entre le 31 mars 2008 et le 15 octobre 2012 ou entre le 6 janvier 2014 et le 3 avril 2017 alors qu’il était à l’emploi respectivement de la société Metso Papier ou Metso Minerals Canada inc., l’ingénieur Przemyslaw Pawel Tarnowski, en conservant des données informatiques privilégiées ou confidentielles de son employeur, a recouru à des procédés malhonnêtes et douteux, contrevenant ainsi à l’article 3.02.08 du Code de déontologie des ingénieurs ;
Entre le ou vers le 15 février 2019 et le 19 août 2019, en faisant usage des données informatiques privilégiées ou confidentielles de Metso Papier ou Metso Minerals Canada inc., dans le cadre de ses activités au sein TÄASK Industrial Solutions inc., l’ingénieur Przemyslaw Pawel Tarnowski a fait défaut de respecter le secret de tout renseignement de nature confidentielle obtenu dans l’exercice de sa profession ou a fait usage de renseignements de nature confidentielle au préjudice de son client en vue d’obtenir directement ou indirectement un avantage pour lui-même ou pour autrui, contrevenant ainsi à l’article 3.06.01 du Code de déontologie des ingénieurs. »
Le Conseil de discipline a imposé à Przemyslaw Pawel Tarnowski, au regard de ces infractions, deux périodes de radiation temporaire de onze (11) mois et six (6) mois à être purgées de façon concurrente au moment de sa réinscription au tableau de l’Ordre. En conséquence, Przemyslaw Pawel Tarnowski est radié du tableau de l’Ordre pour onze (11) mois à compter du 20 décembre 2023, jusqu’au 20 novembre 2024 inclusivement.
Montréal, ce 20 décembre 2023
Josée Le Tarte
Secrétaire du Conseil de discipline
39 Printemps 2024
Avis de radiation
Conformément aux articles 156 et 180 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que, le 4 janvier 2024, le Conseil de discipline de l’Ordre des ingénieurs du Québec a déclaré Vincent Arcobelli, dont le domicile professionnel est situé à Beaconsfield, province de Québec, notamment coupable des infractions suivantes :
CDOIQ 22-23-0691 :
« À Montréal, le ou vers le 17 mai 2022, dans le cadre d’un mandat de conception de plans pour créer une entrée au sous-sol d’un duplex sis sur la rue de Reims, l’ingénieur Arcobelli a fait défaut de prévenir sa cliente du coût approximatif de ses services et des modalités de paiement tout en exigeant des honoraires qui n’étaient pas considérés comme justes et raisonnables, c’est-à-dire justifiés par les circonstances et proportionnés aux services rendus, contrevenant ainsi à l’article 3.08.03 du Code de déontologie des ingénieurs. »
CDOIQ 22-23-0699 :
« À Ville Saint-Laurent, entre le ou vers le 27 juin 2018 et le 17 avril 2021, dans le cadre d’un mandat d’expertise en matière de chau age, de climatisation et sur l’enveloppe d’une résidence sise sur la rue Bertrand, l’ingénieur Arcobelli n’a pas prévenu son client du coût approximatif de ses services et il n’a pas fourni toutes les explications nécessaires à la compréhension de son relevé d’honoraires, contrevenant ainsi à l’article 3.08.03 du Code de déontologie des ingénieurs. »
Le Conseil de discipline a imposé à Vincent Arcobelli, au regard de ces infractions, deux périodes de radiation de quarante-cinq (45) jours à être purgées de façon concurrente en plus d’amendes totalisant 5 000 $. En conséquence, Vincent Arcobelli est radié du tableau de l’Ordre pour quarante-cinq (45) jours à compter du 19 janvier 2024 jusqu’au 3 mars 2024 inclusivement.
Montréal, ce 18 janvier 2024
Josée Le Tarte
Secrétaire du Conseil de discipline
AVIS DE DÉCÈS
SAC@OIQ.QC.CA
Du 4 octobre 2023 au 18 décembre 2023
L’Ordre des ingénieurs du Québec o re ses sincères condoléances aux familles et aux proches des personnes suivantes, décédées récemment :
Léonard P Constantinescu (Côte Saint-Luc)
Jacques J. d’Astous (Québec)
Richard Denis (Saint-Anselme)
Guy Perreault (Pointe-Claire)
Michael Marius Rudberg (Toronto)
EXAMEN PROFESSIONNEL
AVIS À TOUS LES CANDIDATS ET CANDIDATES À LA PROFESSION D’INGÉNIEUR ET AUX PERSONNES DÉTENTRICES D’UN PERMIS RESTRICTIF TEMPORAIRE
Conformément au Règlement sur les autres conditions et modalités de délivrance des permis de l’Ordre des ingénieurs du Québec, voici les renseignements concernant les prochaines séances d’examen :
Date des prochaines séances d’examen
Date de la séance
20 avril 2024 à 13 h
4 mai 2024 à 13 h
15 mai 2024 à 18 h 30
25 mai 2024 à 13 h
5 juin 2024 à 18 h 30
15 juin 2024 à 13 h
Lieu
Québec
Gatineau
Montréal Sept-Îles
Montréal (Rive-Sud)
Chicoutimi
Date limite d’inscription
23 mars 2024
6 avril 2024
17 avril 2024
27 avril 2024
8 mai 2024
28 mai 2024
Pour vous inscrire à une séance, vous devez au préalable compléter votre formation théorique. Une fois complétée, vous recevrez un courriel contenant le lien pour vous inscrire sur la plateforme. Pour en savoir plus, vous pouvez vous rendre sur le site de l’Ordre des ingénieurs du Québec au oiq.qc.ca ou communiquer avec l’équipe de l’examen professionnel par courriel au examenprofessionnel@oiq.qc.ca
En conformité avec la Loi sur la langue commune et o cielle du Québec, le français, cet examen est administré en français. Toutefois, les candidates et candidats qui se qualifient pour un permis temporaire selon l’article 37 de la Charte de le langue française peuvent obtenir un exemplaire bilingue du questionnaire.
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À LA CONQUÊTE DU MONDE
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DES ENTREPRISES D’ICI À L’AMBITION INTERNATIONALE 1
Plus que jamais, le Québec s’exporte et rayonne par la qualité et la créativité de son ingénierie. On ne compte plus les exemples d’entreprises québécoises évoluant à l’international grâce à l’innovation. Un écosystème performant est d’ailleurs en place pour favoriser le déploiement de cette force vive.
Haylem Technologies : un problème, une solution
Parmi ces entreprises innovantes à la conquête des marchés étrangers, Haylem Technologies a réussi à se faire une place au soleil dans la francophonie grâce à son logiciel d’aide à la lecture et à l’écriture destiné aux personnes dyslexiques. « Je crois que bien souvent, l’innovation vient d’une volonté profonde d’améliorer notre environnement, souligne d’entrée de jeu l’ingénieur Francis Haynes, président fondateur de Haylem Technologies. Et l’ingénierie demeure un merveilleux vecteur de changement. En ce qui me concerne, elle m’a permis d’apporter une solution concrète pour remédier aux troubles d’apprentissage.
C’est en 2007 que le jeune Francis, alors fraîchement diplômé en ingénierie, se lance tête la première dans l’aventure entrepreneuriale, après avoir conçu un système destiné aux personnes dyslexiques, comme son propre frère. « La technologie m’a toujours passionné, et dès mes études universitaires, j’avais déjà la fibre entrepreneuriale, raconte-t-il. Mon frère a cessé d’aller à l’école jeune et n’a pas eu ma chance d’être doué pour les études en raison de troubles d’apprentissage qui l’ont toujours freiné. Sa situation m’a motivé à concevoir un outil pour venir en aide aux nombreuses personnes de tout âge, au Québec et ailleurs, qui sont aux prises avec des troubles d’apprentissage. »
Après quelques années de recherche et développement, Haylem Technologies a lancé en 2012 son premier produit, Lexidox. « Lexidox n’a pas fait fureur, mentionne l’ingénieur avec humour. Le domaine des troubles de l’apprentissage est complexe et il faut bien le connaître pour s’y aventurer. Il y avait certaines notions que je ne connaissais pas et le produit n’était pas bien adapté aux besoins du marché.
Le résultat a été peu concluant. Mais il a tout de même eu un aspect très positif : celui de me pousser à mieux comprendre ma clientèle. »
« Vingt fois sur le métier reme ez votre ouvrage » Fort de ce e première expérience, Francis Haynes et son équipe se sont retroussé les manches pour retourner à l’ouvrage et revoir le concept. Ils ont ainsi mis au point le Lexibar, qui deviendra le produit phare de l’entreprise. « Le Lexibar a connu une belle montée en puissance, déclare fièrement l’entrepreneur. Dès 2014, nous avons tranquillement commencé à l’introduire dans les écoles du Québec. Toutefois, bien que le produit soit destiné aux enfants, il doit d’abord être recommandé par une ou un orthophoniste, ce qui allonge le processus de déploiement du produit. En 2015, il était déjà mieux intégré. Puis en 2017, nous avons présenté une version remodelée, Lexibar LP5. À partir de là, nous avons été beaucoup plus présents dans les écoles. »
S’ouvrir à l’international Ce sont les congrès spécialisés auxquels Haylem Technologies a pris part qui lui ont ouvert les portes des marchés internationaux. « C’est de ce e façon que nous avons commencé à nous faire connaître à l’international, relate Francis Haynes. Il faut savoir que le Québec
«
Bien souvent, l’innovation vient d’une volonté profonde d’améliorer notre environnement. Et l’ingénierie demeure un merveilleux vecteur de changement. »
FRANCIS HAYNES, ING., PRÉSIDENT FONDATEUR DE HAYLEM TECHNOLOGIES.
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Illustration : iStock
Le logiciel Lexibar, de Haylem Technologies, destiné aux personnes ayant des di cultés à lire et à écrire.
Le Pr Nicolas Godbout, ing., Coprésident et Lucas Majeau, ing., Directeur des opérations de Castor Optics.
Module pour l’endoscopie à fibre optique à deux modalités.
est précurseur en matière d’enseignement et de développement de produits visant à lu er contre sur les troubles d’apprentissage. Ce e avance nous amène des délégations de partout dans le monde. C’est ainsi que j’ai pu rencontrer des délégués français et que la porte vers le marché de la francophonie nous a été ouverte. Ça ne faisait pas partie de notre planification stratégique, puisque nous visions le marché local. Mais des distributeurs de la France sont entrés en contact avec nous ; nous avons discuté sérieusement des possibilités et des conditions afin d’être en mesure de bien sélectionner nos futurs partenaires. En 2018, Haylem Technologies s’est associée à un distributeur français pour déployer le Lexibar LP5. Le produit est maintenant vendu en France, en Suisse et en Belgique. »
En 2023, une nouvelle mouture a été lancée, le Lexibar LP5X est maintenant distribué dans toute la francophonie. D’ici un an à deux, un produit complémentaire destiné aux orthophonistes devrait voir le jour.
Castor Optics :
des assemblages sur mesure
Certaines entreprises amorcent leurs activités directement à l’international. C’est le cas de Castor Optics, qui fabrique des composants et des modules spécialisés à partir de fibre optique. L’entreprise, lauréate du prix Innovation issue de la recherche universitaire au gala de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ) 2023, a vu le jour dans les laboratoires de Polytechnique Montréal en 2013. L’objectif était de lancer sur le marché des coupleurs en fibres à double gaine jusqu’alors inédits. L’entreprise a depuis étendu sa gamme de produits et réalise des assemblages sur mesure pour répondre aux diverses applications de sa clientèle.
« Ma collègue Caroline Boudoux et moi avons toujours été conscients de l’énorme potentiel de notre technologie, indique Nicolas Godbout, ing., professeur titulaire à Polytechnique Montréal et coprésident de Castor Optics. Dès la première année, nous avons vendu nos produits en passant par le distributeur mondial orlabs, dont l’o re est complémentaire à la nôtre. orlabs propose notamment des appareils d’imagerie médicale de nouvelle génération et des instruments de pointe destinés aux sciences physiques. »
S’associer à une multinationale L’expertise de Nicolas Godbout est axée sur l’élaboration et le design de composants qui utilisent la fibre optique comme matière
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« Dès le début, nous avons bénéficié de ce canal de distribution international et établi une relation d’a aires étroite avec ce partenaire. Ce e situation pour le moins inusitée nous a servi de tremplin pour croître rapidement. »
NICOLAS
GODBOUT, ING., PROFESSEUR TITULAIRE À POLYTECHNIQUE MONTRÉAL ET COPRÉSIDENT DE CASTOR OPTICS.
première pour diverses applications, notamment la fabrication de circuits. Celle de l’ingénieure Caroline Boudoux, elle aussi professeure titulaire à Polytechnique Montréal, porte sur l’utilisation de la fibre optique dans l’imagerie biomédicale. « Ensemble, nous avons initialement ciblé le domaine biomédical, explique le professeur Godbout. Mais aujourd’hui, notre technologie est utilisée en photonique quantique, en inspection industrielle, en imagerie à distance (lidar), et dans plusieurs nouveaux systèmes à fibre optique. Il y a très peu de concurrence dans notre secteur d’activité, car nous occupons un créneau qui nous est propre. Ce que nous fabriquons est unique : personne ne l’a fait, ou du moins commercialisé avant nous. Encore aujourd’hui, 90 % de nos produits sont exportés. »
Castor Optics a eu la chance de pouvoir s’associer rapidement à une multinationale très réputée pour accélérer son développement.
orlabs cumule annuellement un demimilliard de ventes de composants photoniques ; le catalogue de ce e entreprise contient plus de 20 000 pièces qu’elle manufacture ellemême. « Nos produits figurent dans le catalogue de orlabs, précise Nicolas Godbout. Dès le début, nous avons bénéficié de ce canal de distribution international et établi une relation d’a aires étroite avec ce partenaire. Ce e situation pour le moins inusitée nous a servi de tremplin pour croître rapidement. »
Kinova : nouvelle ère dans la robotique d’assistance
Fondée en 2006, Kinova est une autre de ces entreprises qui a vu le jour grâce à la volonté d’apporter une solution à un problème concret. L’ingénieur Louis-Joseph L’Écuyer et son partenaire d’a aires Charles Deguire ont en e et voulu transformer le quotidien de proches a eints de dystrophie musculaire. C’est ainsi que l’idée d’un bras robotisé capable de saisir des objets s’est matérialisée et que des produits de robotique au service de l’être humain sont nés.
« Aujourd’hui, l’influence de Kinova s’est étendue de manière exponentielle et nous aidons des clients dans 42 pays grâce à nos robots exclusivement fabriqués au Québec, signale le président-directeur général, Charles Deguire. Nos produits sont présents dans des centres de recherche, des universités et entre les mains de chirurgiens et transcendent les frontières nationales pour apporter une contribution significative au milieu médical. Actuellement, 96 % de nos revenus proviennent de l’extérieur du Canada, ce qui témoigne de notre compétence à rivaliser sur les plus grands marchés internationaux. »
En 2009, le lancement de Jaco, premier robot d’assistance, a marqué un tournant dans l’histoire de Kinova. Le produit a rapidement conquis le marché et ouvert la voie à une ère nouvelle dans la robotique d’assistance. « Ce e innovation a jeté les bases de notre succès international en introduisant des solutions technologiques qui transcendent les
Le Link 6, premier robot collaboratif canadien conçu pour automatiser les applications les plus demandées en milieu industriel.
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Photos (Castor) : Caroline Perrom
« Pour a eindre l’échiquier mondial, nous avons établi des partenariats stratégiques avec des acteurs financiers et des organisations diverses. Ces alliances ne sont pas simplement transactionnelles, mais le résultat d’un travail d’équipe acharné, où chaque maillon contribue à notre croissance mutuelle et à notre expansion mondiale. »
CHARLES DEGUIRE, PRÉSIDENT ET COFONDATEUR DE KINOVA.
Le Link 6 opérant dans une salle d’opération digitale connectée.
Le robot médical de Kinova dans un contexte de chirurgie esthétique non invasive.
limites humaines et améliorent la qualité de vie, a rme Charles Deguire. L’année suivante, en 2010, une étape cruciale a été franchie grâce à la conclusion d’une entente de distribution exclusive avec les Pays-Bas pour nos bras d’assistance. Ce e collaboration stratégique a permis d’établir une présence solide en Europe, posant ainsi les fondations de notre expansion constante sur le continent. En 2013, Kinova a démontré son engagement envers l’innovation en lançant la deuxième génération de bras robotisés, le Jaco 2 et la Gen 2. Ces évolutions technologiques ont renforcé notre position en tant que leader dans le domaine de la robotique d’assistance et permis une amélioration des fonctionnalités et de la performance. »
À la conquête des marchés européens
Le cap de la diversification a été franchi en 2016 avec le lancement de la Division robotique médicale. Ce e expansion stratégique a
répondu aux besoins croissants du secteur de la santé, en me ant les technologies révolutionnaires de Kinova au service de la médecine et de la chirurgie. En 2017, Kinova a inauguré son premier bureau en Allemagne ; l’entreprise assure ainsi une présence physique sur l’un des marchés européens les plus importants. « Ce e expansion géographique a renforcé notre proximité avec nos partenaires et notre clientèle, précise le pdg. Nous avons aussi consolidé notre place sur la scène mondiale. L’année 2018 a été marquée par le lancement de la troisième génération de bras, Gen 3, une avancée importante qui confirme notre réputation d’innovateurs de premier plan. Parallèlement, nous avons étendu notre empreinte dans le domaine médical grâce au lancement d’une plateforme chirurgicale en partenariat, ce qui renforce encore notre présence dans le secteur de la santé. »
Faisant preuve d’une ingéniosité constante, Kinova a écrit un nouveau chapitre de son histoire en 2022 en lançant le Link 6, son premier robot collaboratif industriel. « Ce e pénétration du marché de la robotique industrielle a élargi notre portefeuille de produits et ouvert de nouvelles perspectives dans des secteurs variés », souligne Charles Deguire.
La conquête par Kinova des marchés internationaux est le fruit d’une stratégie mûrement réfléchie qui met l’accent sur la qualité, l’e cacité et l’adaptabilité des produits. « Pour a eindre l’échiquier mondial, nous avons établi des partenariats stratégiques avec des acteurs financiers et des organisations diverses. Ces alliances ne sont pas simplement transactionnelles, mais le résultat d’un travail d’équipe acharné, où chaque maillon contribue à notre croissance mutuelle et à notre expansion mondiale. »
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LES BÉNÉFICES D’UN
ACCOMPAGNEMENT SUR MESURE
Montréal International et l’incubateur Propolys offrent aux entreprises, notamment aux jeunes pépites en génie, un accompagnement sur mesure pour favoriser leur croissance et leur expansion à l’international. Découvrez comment ces deux acteurs de l’écosystème d’affaires québécois contribuent à faire rayonner les génies d’ici.
Montréal International : la force du réseau
Sa mission est de promouvoir les écosystèmes innovants de la grande région de Montréal et de me re en valeur les talents et l’expertise unique dont elle est pourvue, afin d’a irer des investissements étrangers et des travailleuses et travailleurs internationaux qualifiés. C’est ainsi que Montréal International joue un rôle de puissant entreme eur, dans l’intérêt de l’ensemble du Québec.
« Nous bénéficions d’un important réseau de partenaires locaux, note Mark Maclean, directeur principal, Amériques et Asie, à Montréal International. Nous me ons aussi nos investisseurs étrangers en contact avec ces partenaires. Ainsi, en plus de faciliter leur implantation, nous aidons notre réseau. »
C’est en a irant sur le territoire des 82 municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal de la richesse durable et des talents de l’étranger que Montréal International accompagne e cacement les entreprises québécoises émergentes et favorise leur réussite et leur croissance. « Notre rôle auprès de l’écosystème des jeunes pousses est de les me re en relation avec les bonnes organisations pour soutenir leur croissance, explique Mark Maclean. Notre objectif principal est d’a irer des investissements qui pourront laisser leur marque à long terme et contribuer à développer une économie durable. Nous nous sommes dotés d’outils performants à l’interne pour pouvoir bien les caractériser ; la question de la responsabilité est prioritaire. »
Se propulser vers de nouveaux marchés
En 2022, Montréal International a ba u un record en a irant sur le territoire pas moins de 3,6 milliards de dollars d’investissements directs étrangers. « Il faut aussi dire que nous disposons d’une
Les membres d’une délégation de Montréal à la conférence NeurIPS à la Nouvelle-Orléans en décembre 2023. Mark Maclean (MI), Robson Beaudry (MILA), Sophie Le Drew (MILA), François St-Hilaire (MI) et Allison Meyssonnier (MILA).
Montréal et la province se démarquent mondialement
En 2019, le Global Startup Ecosystem Report soulignait « les atouts de classe mondiale de Montréal en matière d’écosystème startups ».
Reconnu par Tortoise Media en novembre 2021 comme une plaque tournante régionale du développement et de l’accélération de l’IA, le Québec a ainsi intégré le Global AI Index pour la force de son écosystème d’IA. La province se classe en e et au 7e rang, derrière l’Allemagne, et devant Israël et les Pays-Bas. Elle excelle notamment dans les secteurs de la recherche ainsi que de la stratégie gouvernementale et commerciale, se classant respectivement aux 5e, 6e et 7e places. Qu’il s’agisse d’accueillir des universitaires de haut niveau ou d’a irer de substantiels investissements privés, le Québec devance plusieurs pays leaders dans ces domaines, selon les mesures de cet indice.
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Photos : Cambridge Consultants, Dominion Aesthetic Technologies et Alex Maret
Montréal International en quelques chi res en 2022
● Organisme sans but lucratif, financé à 85 % par les di érents ordres de gouvernement et à 15 % par des partenaires privés.
● 3,6 milliards de dollars d’investissements directs étrangers accompagnés
● 102 projets, dont : 52 implantations sur son territoire et 21 projets hors de Montréal
● 8 287 emplois créés
Source : montrealinternational.com
équipe très performante et motivée pour nous aider à a irer les talents souligne Mark Maclean. Les entreprises locales ont parfois besoin de personnel qualifié. Nous travaillons avec elles pour trouver ces talents à l’étranger. Nous les aidons aussi en ce qui concerne les questions d’immigration. Nous avons facilité l’embauche ou le processus d’immigration d’environ 800 travailleuses et travailleurs au cours de la dernière année : des ingénieures et ingénieurs de pointe, des personnes ayant de l’expertise en TI et quelques autres spécialisées en aérospatiale également. De ce e façon, nous aidons les entreprises locales à combler leurs besoins pour leur perme re de se propulser vers de nouveaux marchés. »
À l’origine des pépites en génie : les incubateurs
Réputée pour son expertise de pointe en intelligence artificielle, Montréal est aussi reconnue pour ses incubateurs et ses accélérateurs, des organismes qui investissent en capital de risque et des institutions gouvernementales qui ont à cœur le succès des entreprises en démarrage.
Les incubateurs constituent une ressource précieuse pour les jeunes pousses du secteur technologique. En intervenant très tôt dans le processus entrepreneurial, ils leur fournissent de bons outils et un accompagnement personnalisé pour leur perme re de propulser leur innovation vers la commercialisation et les marchés internationaux.
Propolys : propulseur de pépites
Propolys, l’incubateur de Polytechnique Montréal, accompagne les entrepreneuses et les entrepreneurs lors des premières phases de développement. Il soutient en moyenne 70 projets chaque année depuis 2019. « Nous arrivons tôt dans le processus, tout juste passé le cap de l’idéation, indique Sylvain Letellier, responsable des opérations et des programmes à Propolys. Un incubateur permet de bien faire comprendre aux futurs entrepreneurs et entrepreneuses comment bâtir leur modèle d’a aires. Rapidement, nous les aidons à jeter les bases d’une vision d’a aires tournée vers l’international. Tout l’aspect légal est aussi abordé en amont, notamment en ce qui a trait à la propriété intellectuelle. Ça fait partie de notre rôle. »
Plusieurs parcours d’accompagnement
Propolys propose quatre parcours : le premier concerne les technologies propres répondant à un défi environnemental ; le second vise à réduire les risques liés aux cybermenaces. Le troisième aide les étudiantes et étudiants des cycles supérieurs de Polytechnique Montréal à commercialiser leurs recherches. Le quatrième, enfin, s’adresse à l’ensemble de la communauté estudiantine et aux jeunes diplômées
« Notre rôle auprès de l’écosystème des jeunes pousses est de les me re en relation avec les bonnes organisations pour soutenir leur croissance. »
MARK MACLEAN, DIRECTEUR PRINCIPAL, AMÉRIQUES ET ASIE, À MONTRÉAL INTERNATIONAL.
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« Parmi nos critères de sélection, nous regardons le profil de l’entrepreneur et de son équipe, l’aspect novateur du projet, son incidence sur la société, sa réponse à un enjeu majeur et l’aspect technologique. »
SYLVAIN LETELLIER, RESPONSABLE DES OPÉRATIONS ET DES PROGRAMMES À PROPOLYS.
et diplômés de Polytechnique dont le projet entrepreneurial novateur peut avoir des répercussions positives sur la société. « Nous o rons l’accompagnement et l’expertise de tout un réseau, mentionne Sylvain Letellier. Parmi nos critères de sélection, nous regardons le profil de l’entrepreneur et de son équipe, l’aspect novateur du projet, son incidence sur la société, sa réponse à un enjeu majeur, et l’aspect technologique. »
Propolys travaille sur trois volets simultanément : le perfectionnement des compétences, l’accompagnement personnalisé et la mise en relation avec des acteurs clés des mondes de l’entreprise, des a aires et de la recherche. « Nous perme ons aux futurs entrepreneurs et entrepreneuses d’acquérir des compétences en a aires. C’est une forme d’entrepreneuriat technologique 101, explique Sylvain Letellier. Nous organisons des ateliers et des séances pratiques avec eux, puis les aidons à valider le potentiel et la faisabilité de leur projet et à faire leur montage financier. Propolys leur propose aussi un accompagnement stratégique par des gens d’a aires qui ont à cœur de leur faire part de leur expérience. Ensuite, nous les me ons en relation avec l’écosystème des entreprises et des a aires. Le financement fait également partie des aspects importants à faire et à connaître afin d’internationaliser l’entreprise et de lui donner la structure adéquate pour avoir un coup d’avance. »
Mélanie Larouche, journaliste.
Les pépites Insco et Versatile
L’accompagnement de Propolys dans le cadre des parcours sectoriels est de 10 mois, mais sera bientôt prolongé à un an et demi. « Nous avons pris conscience que ce soutien supplémentaire était nécessaire pour poursuivre l’a einte de nos objectifs, dit Sylvain Letellier. Ces services font partie de la mission de Polytechnique Montréal, c’est-à-dire de faire bénéficier les jeunes entreprises de son expertise en matière de technologies et de savoirs, mais aussi de son réseau de partenaires. C’est ainsi qu’on peut maximiser les e ets positifs des technologies. »
L’accompagnement de Propolys permet à l’entreprise en démarrage Insco , spécialisée dans le domaine des protéines d’insectes, de participer à la plus grande conférence dans le domaine, qui a lieu à Singapour ce e année, grâce à un soutien technique et financier après l’obtention d’une bourse du programme Mitacs.
La jeune entreprise Versatile, qui a mis en place un processus de recyclage des textiles pour fabriquer des briques isolantes, bénéficie elle aussi du soutien de l’incubateur Propolys. « Avec Versatile, on commence par quelque chose de très local, mais on ira rapidement vers les marchés internationaux. C’est là que se situe la concurrence », soutient Sylvain Letellier.
49 Printemps 2024
Photos : Inscott
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TOIT VERT
DES CONGRÈS AUX RÉCOLTES
Le bon ensoleillement et la température qui règnent sur les toits de Montréal sont propices à l’agriculture. Pour ce e raison, il y a 13 ans, le Palais des congrès de Montréal a verdi son toit pour y cultiver des fruits et… même des légumes exotiques !
Le toit vert du Palais des congrès est né en 2011 dans le cadre du 9e Sommet mondial Écocité, organisé par le Centre d’écologie urbaine de Montréal. L’événement avait accueilli plus de 1000 participantes et participants venus de 70 pays pour discuter des bonnes pratiques d’urbanisme durable telles que l’agriculture urbaine sur les toits. En 2023, le toit vert du Palais des congrès de Montréal est passé de 1500 m2 à 3250 m2, et la production agricole future devrait dépasser les 10 tonnes. Les bénéficiaires en sont les restaurants, des organismes communautaires et l’environnement.
« On commence la saison en mars et on récolte jusqu’au début de novembre », précise Éric Duchemin, professeur associé à l’Institut des sciences de l’environnement à l’UQAM. Il est aussi le directeur du Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) qui, en 2016, a pris les rênes de ce e ferme maraîchère urbaine en toiture. Depuis, le toit vert du Palais des congrès est un site d’expérimentation et une vitrine technologique de l’agriculture urbaine.
Dans sa version initiale, les systèmes de culture étaient limités et se résumaient à des pots en géotextile et des
supports verticaux posés à même la toiture, non sans risque d’endommager la membrane et d’altérer l’étanchéité. En outre, il n’y avait pas de toit vert intensif, c’est-à-dire un espace de culture sur terreau. Mais en 2020, une nouvelle règlementation de Montréal sur la gestion des eaux pluviales allait donner au Palais des congrès l’occasion de réaménager son toit vert.
Gérer les eaux pluviales
Adopté en juin 2020, le Règlement sur les branchements aux réseaux d’aqueduc et d’égout publics et sur la gestion des eaux pluviales demande aux immeubles dont la surface imperméable est supérieure à 1000 m2 de me re en place un système de gestion des eaux pluviales pour les retenir et les envoyer graduellement dans le réseau d’égout. Le Palais des congrès était concerné. « Nous avons redéployé le jardin en fonction des nouvelles exigences de la Ville de Montréal sur la rétention d’eau et des souhaits d’AU/LAB pour faire évoluer le jardin et faire davantage de recherche et d’innovation », évoque Emmanuelle Legault, présidente-directrice générale
51 Printemps 2024
Photos : Palais des congrès de Montréal
Le Palais des congrès de Montréal et son jardin sur le toit.
« Nous avons fait une évaluation du poids additionnel sur la toiture en condition hivernale pour vérifier ce qu’il est possible de faire et trouver, en coordination avec l’architecte, des solutions d’aménagement paysager. »
MARC LACHAPELLE,
TECHNICIEN, CHARGÉ DE PROJET CHEZ BPA
du Palais des congrès. AU/LAB voulait en e et expérimenter la culture intensive en sol ; et comme le terreau retient l’eau, il peut contribuer à la gestion des eaux de pluie.
C’est là que les ingénieures et ingénieurs en structure et en mécanique arrivent dans ce projet d’agriculture urbaine ; ils doivent évaluer la capacité portante de la toiture et contrôler le débit d’eau. Mais au Palais des congrès de Montréal, les expositions, salons, colloques et autres événements se suivent sans interruption et ne laissent aucune latitude pour entreprendre des travaux majeurs. Renforcer la structure de la toiture pour lui perme re de supporter une charge supplémentaire n’était donc pas une option. Il fallait adopter la démarche inverse et partir de la capacité portante de la structure existante pour évaluer la charge possible de terreau et d’eau, sans oublier la charge de neige. Autre contrainte, les travaux se sont déroulés pendant l’hiver 2022-2023 et il fallait déneiger les lieux d’intervention et trouver où entreposer sur le toit la neige ainsi que les matériaux.
Réaménager la toiture
Heureusement, la toiture avait été conçue pour d’éventuels agrandissements en hauteur du bâtiment et o rait de la marge. « Nous avons fait une évaluation du poids additionnel sur la toiture en condition hivernale pour vérifier ce qu’il est possible de faire et trouver, en coordination avec l’architecte, des solutions d’aménagement paysager. Comme il y a des accumulations de neige plus importantes près des murs, ces espaces étaient moins propices à recevoir de grandes quantités de terreau », explique Marc Lachapelle, technicien, chargé de projet chez BPA.
La solution a été de retenir l’eau dans deux types de bassin, horticoles et non horticoles. Les bassins horticoles
Des béné ces environnementaux
En plus de produire de la nourriture, le toit vert du Palais des congrès de Montréal fournit aussi un ensemble de services écologiques.
En participant à la gestion des eaux de pluie, un toit vert réduit l’engorgement des réseaux d’égout et les surverses d’eaux sales dans les milieux naturels à la suite de fortes pluies. Les bénéfices environnementaux se répercutent donc au-delà du bâtiment.
Le toit vert participe aussi à la lu e contre les îlots de chaleur. D’une part, les plantes changent l’albédo de la toiture et réfléchissent davantage la lumière qu’un toit nu, de sorte que l’air au-dessus du toit vert se réchau e moins. D’autre part, les plantes transpirent, et le passage de l’eau du liquide à la vapeur prélève de l’énergie à l’air ambiant, ce qui se traduit par une diminution de la température. « Quand nous étions sur le toit l’été dernier, c’était plus frais du côté du jardin que du côté béton », témoigne Emmanuelle Legault. « Nous avons constaté une baisse de température très importante dans la section maraîchage », confirme Éric Duchemin.
L’humidité, la température et la végétation créent un habitat qui a ire les oiseaux et les insectes, le tout formant un micro-écosystème. Une parcelle est d’ailleurs entièrement réservée à des plantes qui a irent les insectes pollinisateurs. « L’été dernier, il y avait des tournesols sur le toit, et les oiseaux s’en donnaient à cœur joie », rapporte Éric Duchemin. En ville, les toits verts sont autant d’oasis qui s’ajoutent aux espaces verts pour maintenir la biodiversité urbaine.
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Plan : BPA StructurePhoto : Palais des congrès de Montréal
Plan montrant la structure retenue pour le jardin sur le toit du Palais des congrès de Montréal.
contiennent 23 ou 30 centimètres de substrat pour la culture en sol. « La terre accumule l’eau et la renvoie graduellement dans le drain. On n’a donc pas besoin de rétention additionnelle », indique Marc Lachapelle. Les autres bassins doivent accumuler l’eau en fonction de leur capacité portante et être équipés d’un drain à débit contrôlé pour répondre aux exigences du Règlement sur les branchements aux réseaux d’aqueduc et d’égout et sur la gestion des eaux pluviales et ne pas surcharger le réseau d’égout. La coordination entre les génies en structure et en mécanique était de mise.
Le réaménagement prévoyait aussi la pose d’un plancher de bois pour faciliter la culture en pots, de même que l’installation de structures verticales sans danger pour la membrane et d’éléments de sécurisation des lieux pour accueillir le public.
L’agriculture en toiture : un potentiel insoupçonné
Il pousse sur le toit du Palais des congrès une étonnante variété de fruits et légumes (tomates, courge es, aubergines, poivrons, etc.) et même de la vigne. « Cet espace végétalisé a accueilli le premier vignoble sur toit du Canada et le premier vignoble urbain en milieu nordique du monde », lance fièrement Emmanuelle Legault. « Du vin et de la pique e, une boisson alcoolisée couplant le raisin et d’autres fruits,
« Cet espace végétalisé a accueilli le premier vignoble sur toit du Canada et le premier vignoble urbain en milieu nordique du monde. »
EMMANUELLE LEGAULT,
PRÉSIDENTE-DIRECTRICE GÉNÉRALE DU PALAIS DES CONGRÈS.
ont été produits », ajoute Éric Duchemin. Les chaudes températures ont d’ailleurs demandé de remplacer des plantes et des variétés, car celles qui avaient été sélectionnées pour le frais climat québécois n’étaient pas adaptées aux conditions régnant sur le toit. « Nous sommes allés chercher des cultivars de tomates plus adaptés aux zones tropicales. Au lieu de cultiver des épinards qui montent en graines à cause de la chaleur, nous avons semé des tétragones », illustre Éric Duchemin. AU/LAB a produit des fraises, des pêches, des kiwis et autres fruits. « On cultive de l’ail, du bok choy, de l’okra, des crocus pour produire du safran, du gingembre…», poursuit Éric Duchemin.
53 Printemps 2024
« Au lieu d’utiliser un terreau commercial qui vient de ressources non renouvelables, nous avons voulu voir si nous pouvions faire un terreau avec les matières organiques de la ville comme le bois d’élagage, du substrat de champignonnière, du frass d’insectes »
ÉRIC DUCHEMIN, PROFESSEUR ASSOCIÉ À L’INSTITUT DES SCIENCES DE L’ENVIRONNEMENT À L’UQAM ET DIRECTEUR DU LABORATOIRE SUR L’AGRICULTURE URBAINE (AU/LAB).
Une partie de la production est vendue à des restaurants et notamment à Maestro Culinaire, le partenaire alimentaire exclusif du Palais des congrès. « Des restaurateurs regre aient d’acheter de l’okra à l’étranger et sont contents de pouvoir s’approvisionner ici », confie Éric Duchemin. Une autre partie de la production est donnée à des organismes communautaires qui poursuivent des projets sociaux d’inclusion et de lu e contre l’insécurité alimentaire. En partenariat avec le Centre social d’aide aux immigrants, une parcelle était ainsi accessible aux immigrantes et immigrants. Une dizaine de personnes travaillant au centre de congrès ont aussi pu cultiver leur propre parcelle. Ces retombées sociétales s’inscrivent dans la mission de développement durable que s’est donnée le Palais des congrès.
Un laboratoire en plein ciel
En plus de tester les semences, AU/LAB a mené de nombreuses expérimentations sur les dispositifs de culture et la rentabilité économique.
Pour maximiser la surface cultivée, AU/LAB a testé des systèmes de culture hydroponique verticale sur colonnes et sur feutres. Ces derniers sont installés sur des structures autoportantes et contiennent des poches dans lesquelles sont insérés les plants. L’avantage est de pouvoir cultiver des fines herbes ou des fleurs, et pas seulement des plantes grimpantes comme c’est le cas sur des treillis. « Ça découpe l’espace et ça donne une ambiance exceptionnelle, s'exclame Éric Duchemin. Le Palais des congrès est un lieu
événementiel, alors on essaie de rendre l’endroit beau et agréable! » Le système d’irrigation est intégré au feutre, qui devient imbibé, et les plantes y puisent leurs fertilisants et finissent même par y envoyer des racines. « C’est assez complexe et il faut s’y connaître pour utiliser ce système de culture », reconnaît Éric Duchemin.
Les bassins horticoles perme ent maintenant une culture intensive et o rent une comparaison de la productivité sur 23 ou 30 centimètres de terreau qui pourra lui-même être comparé avec la culture en pots ou en plein champ. AU/LAB mène aussi des expérimentations sur le terreau. « Au lieu d’utiliser un terreau commercial qui vient de ressources non renouvelables, nous avons voulu voir si nous pouvions faire un terreau avec les matières organiques de la ville comme le bois d’élagage, du substrat de champignonnière, du frass d’insectes », indique Éric Duchemin.
En 2024, il est prévu de travailler sur l’irrigation et la fertilisation afin d’apporter l’eau et les engrais en fonction de la météo et des besoins des plantes et d’éviter que le surplus d’engrais se retrouve à l'égout.
Enfin, tout un volet de recherche porte sur la rentabilité de la culture en toiture et la mise au point d’un modèle économique. Il est question, par exemple, de déterminer quelles plantes sont productives et requièrent un minimum d’entretien pour limiter le besoin en ressources humaines, à quels prix vendre les produits et sous quelles formes (frais, séchés, en poudre, en sauce). À ce volet économique se gre e un projet de recherche en agrotourisme.
AU/LAB assure un transfert technologique au Québec, aux États-Unis et même en Europe.
Le rayonnement du Palais des congrès et de Montréal
Les nouveaux aménagements peuvent maintenant accueillir des groupes de 50 personnes où sont organisées des activités spéciales associées aux événements qui se déroulent au Palais des congrès. « L’été dernier, nous avons tenu une activité gastronomique au cœur du toit vert, mentionne Emmanuelle Legault. Notre partenaire Maestro Culinaire a préparé des mets avec les produits cultivés au Palais. » Le jardin sur le toit devient ainsi un atout qui favorise la candidature du Palais des congrès pour la tenue d’événements internationaux. « Ça participe au rayonnement de Montréal », estime Emmanuelle Legault.
Il faut dire que, d’après une étude réalisée pour le compte de l’O ce montréalais de la gastronomie, Montréal fait déjà figure de capitale mondiale en agriculture urbaine. En plus du toit du Palais des congrès, Montréal compte en e et de nombreuses fermes urbaines qui produisent des fruits et légumes, mais aussi des champignons et même des poissons. Et comme il existe une multitude de toits plats inexploités dans la ville, l’agriculture urbaine montréalaise a encore un fort potentiel d’expansion !
Valérie Levée, journaliste.
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Photos : Palais des congrès de Montréal
Printemps 2024 55
DÉPÔT DE BREVET
UNE STRATÉGIE ESSENTIELLE
Même simple, une invention (produit, procédé, usage) peut avoir une valeur commerciale et stratégique pour une entreprise. Il faut avoir le réflexe d’évaluer si elle est brevetable.
Utilité, nouveauté et non-évidence sont les trois critères auxquels doit répondre une invention pour être brevetable. Par utilité, il faut entendre que l’invention apporte une solution fonctionnelle à un problème. « Si l’invention résout un problème, o re des avantages ou apporte une amélioration par rapport à d’autres solutions, c’est souvent une indication qu’elle est potentiellement brevetable », dit David Enciso, ing., agent de brevets et directeur au cabinet Robic. Il n’est pas nécessaire d’avoir déjà développé un prototype, mais il faut pouvoir décrire comment me re en pratique la solution. La di culté est de trouver les formulations pour englober les variantes, c’està-dire les diverses façons de me re en œuvre la solution. « C’est important que le brevet protège le plus d’applications possible pour éviter que des concurrents puissent le contourner ou trouver des manières détournées d’exploiter une solution similaire », indique Jérémy Lemieux-Vallée, conseiller juridique sénior chez WSP. « Il faut se me re dans la peau d’un compétiteur, voir comment l’invention pourrait être modifiée et trouver des tournures de phrases assez précises pour être concrètes mais assez générales pour englober des variantes et des produits semblables », précise David Enciso.
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Photo : iStock
LES ACTIVITÉS DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT
QUI PRÉLUDENT À L’INVENTION DOIVENT, IDÉALEMENT, RESTER CONFIDENTIELLES.
57 Printemps 2024
La con dentialité
« Non-évidence » ne veut pas nécessairement dire complexité. « Par nature, les ingénieurs veulent trouver des solutions à des problèmes, mentionne Brigide Ma ar, ing., agent de brevet, directeur chez Smart & Biggar LP. Cependant, une fois une solution trouvée, ils la trouvent souvent évidente. Mais il ne faut pas sous-estimer ce e solution. Même les solutions très simples peuvent avoir beaucoup de valeur commerciale. »
Pour la plupart des pays, la nouveauté exige qu’avant le dépôt d’une demande de brevet, l’invention n’ait pas déjà été divulguée publiquement, par exemple dans un article scientifique, au cours d’un salon commercial ou dans le contexte d’une vente ou une o re de vente. Par conséquent, les activités de recherche et développement qui préludent à l’invention doivent, idéalement, rester confidentielles. « Il faut prévoir une clause de confidentialité lorsqu’on signe un contrat avec un employé, un fournisseur ou un client, signale Jérémy Lemieux-Vallée. Le secret commercial est une composante essentielle de la stratégie globale de protection des brevets et joue un rôle crucial dans la protection des innovations. » Certains pays comme le Canada et les États-Unis accordent toutefois un délai de grâce d’un an. « Si on a montré publiquement une invention pour la première fois à une exposition, à Chicago par exemple, avant le dépôt d’une demande de brevet, une protection en Europe et dans plusieurs autres pays n’est plus possible ; heureusement, on peut toujours déposer des demandes de brevets au Canada et aux États-Unis dans un délai maximal d’un an suivant ce e première date de divulgation publique », fait valoir David Enciso.
« Le secret commercial est une composante essentielle de la stratégie globale de protection des brevets et joue un rôle crucial dans la protection des innovations. »
JÉRÉMY LEMIEUX-VALLÉE, CONSEILLER JURIDIQUE SÉNIOR CHEZ WSP
« Les processus de rétro-ingénierie sont de plus en plus sophistiqués et fonctionnent même lorsqu’il s’agit de technologies complexes. »
BRIGIDE MATTAR, ING., AGENT DE BREVET, DIRECTEUR CHEZ MART &
BIGGAR
LP
Si l’invention n’est pas brevetée…
… l’entreprise risque de perdre le bénéfice de ses investissements de recherche. Sous-estimer votre invention peut être lourd de conséquences pour une entreprise, car elle laisse le champ libre à la compétition pour breveter une invention similaire propre à empêcher la commercialisation des produits ou des services découlant de votre invention. Une entreprise qui commercialise son invention sans l’avoir brevetée, en choisissant par exemple de reposer sur secret commercial, s’expose aussi à la possibilité de rétro-ingénierie, aussi appelée ingénierie inverse ou reverse engineering. « Si un produit novateur est bon, c’est certain que des concurrents vont regarder comment il fonctionne, vont essayer de le reproduire et même de l’améliorer, déclare Brigide Ma ar. Les processus de rétro-ingénierie sont de plus en plus sophistiqués et fonctionnent même lorsqu’il s’agit de technologies complexes. » Sans brevet, l’entreprise ne pourra pas faire valoir ses droits dans une situation de rétro-ingénierie, et l’invention étant déjà commercialisée et donc du domaine public, il ne sera plus possible de la breveter.
Si l’invention est brevetée…
… elle devient un actif. En fait, même avant l’obtention du brevet, le dépôt d’une demande apporte de la valeur à une entreprise en confirmant qu’elle détient des droits sur une technologie potentiellement brevetable. Ce faisant, le dépôt d’une demande devient un outil de dissuasion en plus d’insu er de l’incertitude chez la concurrence. Une fois obtenu, le brevet donne à l’entreprise détentrice l’usage exclusif de l’invention et la possibilité d’octroyer des licences d’utilisation. Dans le cas d’une collaboration, une demande de brevet ou un brevet permet aussi de délimiter la propriété intellectuelle préexistante ou d’arrière-plan. « Dans une collaboration, les partenaires doivent définir la propriété intellectuelle d’arrière-plan de chaque partenaire, la manière dont ce e propriété intellectuelle pourra être utilisée et à qui appartiendra la nouvelle propriété intellectuelle qui découlera de la collaboration », explique Brigide Ma ar.
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Des actifs à gérer
Comme tout actif, la propriété intellectuelle doit être gérée, et Brigide Ma ar recommande aux entreprises de faire un examen de leur portefeuille de brevets au moins une fois par année. « Quelqu’un doit connaître ce que couvrent les brevets de l’entreprise, s’il est pertinent de conserver l’exclusivité de la technologie, si une licence peut être octroyée ou si un brevet doit être vendu ou abandonné », poursuit-elle. Si l’entreprise a modifié sa technologie et que ce e modification répond aux trois critères de nouveauté, d’utilité et de non-évidence un nouveau brevet pourrait être obtenu. « C’est une façon de prolonger la durée de vie d’une protection », commente David Enciso.
Gérer sa propriété intellectuelle, c’est aussi surveiller celle de la concurrence en interrogeant les bases de données des bureaux des brevets. Règle générale, toute demande de brevet devient publique 18 mois après le dépôt de la demande provisoire et donc avant la délivrance du brevet résultant. « S’il y a des brevets d’un concurrent qui visent de la technologie proche d’un produit qu’on est en train de me re au point, il faut faire la liaison avec l’équipe de R-D à l’interne et évaluer s’il faut modifier notre produit pour réduire les risques de contrefaçon », suggère Brigide Ma ar. Il est même possible d’entrer en contact avec le bureau des brevets pour influencer l’octroi d’un brevet concurrentiel.
« On peut soume re un dossier d’antériorités afin de retarder, voire d’empêcher l’acceptation d’une demande de brevet d’un compétiteur ou, du moins, pour limiter sa protection », indique David Enciso. Par ailleurs, la propriété intellectuelle, rappelle Jérémy Lemieux-Vallée, ne se limite pas aux brevets. Il ne faut pas oublier les marques de commerce, les dessins industriels, le savoir-faire, les secrets commerciaux et les droits d’auteurs.
Valérie Levée, journaliste.
« On peut soume re un dossier d’antériorités afin de retarder, voire d’empêcher l’acceptation d’une demande de brevet d’un concurrent, ou du moins, pour limiter sa protection. »
DAVID ENCISO, ING., AGENT DE BREVETS ET DIRECTEUR AU CABINET ROBIC
Chronologie d’une demande de brevet
● Jour 1 : Déposer une première demande de brevet (aussi appelée demande prioritaire) pour établir une date de priorité reconnue par les pays membres de la Convention de Paris concernant la protection de la propriété industrielle. La priorité pourra être revendiquée pendant un an.
● Dans l’année qui suit :
→ réaliser les essais nécessaires pour valider les composantes et la fonctionnalité de l’invention et/ou évaluer son potentiel commercial ;
→ déposer une ou des demandes dans les pays dans lesquels on veut obtenir un brevet ou une demande en vertu du Traité de coopération en matière de brevets en revendiquant la date de priorité de la première demande.
● Après 18 mois : la demande est publiée dans les bases de données et quiconque peut y accéder.
● Après une période de 2 à 4 ans : dans chaque pays où une demande est déposée, une examinatrice ou un examinateur évaluera si l’invention est brevetable et, si oui, un brevet sera délivré.
● La durée de vie maximale d’un brevet est de 20 ans à compter de la date de dépôt.
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Printemps 2024 Illustration : iStock
GESTION
COMMENT TRAVAILLER AVEC LA
GÉNÉRATION Z
Plongé dans la réalité des jeunes de la génération du millénaire, Charles Beauchemin, ing., supervise la création de jeux vidéo en utilisant les forces et les atouts de ce e génération.
GÉNÉRATION 101
Les X sont nés entre 1960 et 1980 et ont grandi avec la télévision et les jeux vidéo.
Les Y sont nés entre 1980 et 1997 et ont grandi avec l’avénement d’Internet et les téléphones portables.
Les Z sont nés entre 1997 et 2012 et ont grandi avec les réseaux sociaux et les nouvelles technologies.
Flexibilité, c’est la caractéristique qui revient le plus dans la bouche de l’ingénieur Charles Beauchemin lorsqu’il parle de ses relations de travail avec la génération Z : flexibilité dans les horaires de travail, flexibilité concernant les projets accomplis au sein des équipes, flexibilité dans les rapports hiérarchiques. « Il n’est pas rare que des diplômés de l’université, tout juste embauchés, nous fassent part de leur envie de devenir gestionnaires, raconte l’ingénieur en génie électrique. On prend alors le temps de faire un plan avec ces employés pour leur donner les moyens d’a eindre leurs objectifs de manière réaliste. »
Directeur technique chez Behaviour Interactive, Charles Beauchemin fréquente des jeunes de ce e tranche d’âge depuis des années dans ce e entreprise de création de jeux vidéo qui compte plus de 1300 personnes principalement basées à Montréal et possède des bureaux à Toronto, à Sea le, à Ro erdam et au Royaume-Uni. Il apprécie leur capacité à prendre en main leur plan de carrière et à se projeter dans l’avenir de l’industrie. C’est pourquoi il rencontre régulièrement les membres des di érentes équipes pour parler de leurs
a entes, en privilégiant une approche très directe. L’entreprise ayant opté pour une structure horizontale comportant peu de paliers de gestion, chacune et chacun a droit à l’erreur pour reprendre rapidement la bonne direction. De la même façon, Charles Beauchemin s’assure de personnaliser l’intérêt des mandats auxquels les membres des équipes répondent. En discutant de façon formelle ou non avec les uns et les autres, le gestionnaire en apprend davantage sur leurs champs d’intérêt ; il recueille ainsi de l’information qui sera utile au moment de leur assigner des projets correspondant à leurs ambitions.
L’équilibre avant tout
Étant donné que ce e génération a l’embarras du choix quant aux perspectives d’emploi et que le salaire ne constitue pas sa priorité, Behaviour Interactive met le paquet pour ce qui est de l’organisation du travail. Même s’il existe certains incitatifs pour travailler au bureau comme les petits-déjeuners et les lunchs gratuits, un environnement agréable et des cinq-à-sept réguliers, le télétravail reste accessible à 100 %. Ainsi, Charles
Illustration : iStock 60 oiq.qc.ca
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LE DÉSIR DE TRANSPARENCE, L’OUVERTURE AUX AUTRES, LA SENSIBILITÉ AUX DIVERSITÉS, LA CAPACITÉ À S’EXPRIMER SUR DES SUJETS SENSIBLES FONT SOUVENT PARTIE DES VALEURS PHARES DES MILLÉNARIALES ET MILLÉNARIAUX.
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« Il faut comprendre les individus avec lesquels on travaille et tirer parti de leurs caractéristiques pour mieux avancer. C’est important de prendre en compte leur avis lorsqu’on choisit une méthodologie pour les projets, sans rester ancré dans de vieux processus dépassés. »
CHARLES BEAUCHEMIN, ING., DIRECTEUR TECHNIQUE CHEZ BEHAVIOUR INTERACTIVE
Beauchemin annonce toujours les réunions au moins une semaine à l’avance, et se tient à l’a ût des besoins particuliers du personnel, qui accorde une grande importance à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Si une personne doit s’absenter pour un rendez-vous, le reste de l’équipe en est informée
Les jeunes de la génération du millénaire se dévoilent
Les entreprises découvrent depuis quelques années que leurs employées et employés nés après 1997, souvent désignés par l’appellation génération Z ou millénariales et millénariaux, entretiennent un autre rapport au travail et à la hiérarchie. Normal, ces diplômées et diplômés ont toujours connu le plein emploi et vivent même une période sans précédent de pénurie de main-d’œuvre qui facilite le changement rapide d’employeur et la négociation.
Un sondage Angus Reid, e ectué à la fin d’avril pour le compte du site Indeed Canada, donne quelques pistes sur la manière de s’a irer les bonnes grâces de ce groupe d’âge. En premier lieu, il semble que l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle arrive en tête des raisons des millénariales et des millénariaux pour demeurer fidèles à l’entreprise ; 76 % privilégient ce e valeur, bien avant un salaire plus élevé.
Être exible
Plus de la moitié des personnes interrogées considèrent d’ailleurs que des horaires de travail flexibles, les avantages sociaux et les congés maladie payés constituent des facteurs a rayants pour rester dans l’entreprise. La recherche du bien-être au travail, ainsi que la capacité de l’employeur à faire preuve de souplesse en matière d’horaire constituent des points importants pour la génération Z. Plus des deux tiers des travailleuses et travailleurs sondés dénoncent d’ailleurs les heures supplémentaires non payées.
La transparence de l’employeur, notamment en ce qui concerne le salaire, fait aussi partie des points que surveillent les millénariales et les millénariaux à la recherche d’un emploi. Voilà pourquoi les annonces de postes ne contenant pas ce e information sont moins considérées. La génération Z mise aussi sur l’écoute et la proactivité de l’entreprise. Presque une personne interrogée sur deux indique en e et vouloir démissionner si on ne répond pas à ses demandes.
rapidement pour ne pas perturber le projet. Même chose pour celles et ceux qui tiennent à travailler quatre jours par semaine ou qui prennent congé quelques mois pour retourner aux études.
Charles Beauchemin le reconnaît volontiers, « il faut comprendre les individus avec lesquels on travaille et tirer parti de leurs caractéristiques pour mieux avancer. Les jeunes sortent de l’école avec de très bons outils, et ils sont aussi très au fait des derniers développements logiciels, explique-t-il. C’est important de prendre en compte leur avis lorsqu’on choisit une méthodologie pour les projets, sans rester ancré dans de vieux processus dépassés. »
S’ouvrir aux autres
Ce qui distingue la génération Z ne se limite pas à la technologie. Le désir de transparence, l’ouverture aux autres, la sensibilité aux diversités, la capacité à s’exprimer sur des sujets sensibles font souvent partie des valeurs phares des millénariales et millénariaux, et Behaviour Interactive tient à les me re à profit. Ainsi, une équipe de travail, dont le client se trouve à Chicago, porte actuellement une a ention particulière aux dispositifs d’un jeu capable de répondre aux besoins des personnes ayant des di cultés de vision ou d’audition. Une amélioration qui rendra le produit plus accessible.
Conscient de l’importance des ingénieurs et ingénieures en programmation et de tous les professionnels et professionnelles qui conçoivent les jeux vendus ensuite par l’entreprise, Charles Beauchemin se dit prêt à considérer toute demande émanant du personnel. « Nous avons besoin de ces gens-là, c’est à nous de nous adapter et de faire des concessions », indique-t-il. Ce e ouverture permet peut-être à Behaviour Interactive d’a cher un taux de rétention enviable au sein d’une industrie où on s’arrache les meilleurs éléments.
Pascale Guéricolas, journaliste.
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Photo : Gaetano Cecerre / Behaviour Interactive
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Adaptation de l’environnement bâti et de l’aménagement du territoire aux
Adaptation de l’environnement bâti et de l’aménagement du territoire aux
CHANGEMENTS
CHANGEMENTS
CLIMATIQUES : s’informer et s’outiller
CLIMATIQUES : s’informer et s’outiller
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Entrevue
EXOSQUELETTE
QUAND LE GÉNIE RÉVOLUTIONNE LA SANTÉ PHYSIQUE
Conçus, entre autres, pour améliorer l’endurance physique et prévenir les problèmes musculosquele iques, les exosquele es intriguent. Gros plan sur une technologie très prome euse.
Tony Stark, personnage de l’univers Marvel plus connu sous le nom d’Iron Man, a popularisé les exosquele es auprès du grand public. Contrairement aux armures que revêt Iron Man, les exosquele es réels ne confèrent pas de superpouvoirs!
Ils sont plutôt des outils pour soutenir et améliorer les capacités physiques humaines de manière réaliste. Pour démythifier ce e technologie, Charles-Etienne Caron, ing., directeur de l’ingénierie chez Mawashi, l’entreprise qui a créé l’exosquele e UPLIFTMC, répond aux questions de PLAN
PLAN : Qu’est-ce qu’un exosquele e et comment fonctionne-t-il ?
Charles-Etienne Caron :
Un exosquele e est un dispositif externe conçu pour être porté sur le corps, et visant à prévenir les problèmes musculosquele iques, à augmenter l’endurance physique ou à favoriser le processus de rééducation. Certains exosquele es, qualifiés de passifs, procurent une assistance en stockant l’énergie dans des dispositifs tels que des élastiques ou des ressorts. En revanche, les exosquele es actifs fournissent une aide grâce à un ensemble d’actionneurs, de capteurs et de structures mécaniques qui reproduisent, supportent ou intensifient les mouvements humains.
l’exosquele e UPLIFTMC de Mawashi
PLAN : Quels sont les domaines d’utilisation des exosquele es et quels en sont les avantages ?
Charles-Etienne Caron :
Les exosquele es sont utilisés dans de nombreux domaines et à diverses fins. On s’en sert par exemple en médecine pour la rééducation et la réadaptation, dans les industries pour prévenir les blessures des travailleuses et travailleurs qui e ectuent des tâches répétitives ou exigeantes physiquement; le secteur militaire y a recours pour améliorer l’endurance et la capacité de transport des soldats. Les avantages sont variés : ils peuvent procurer une augmentation de la force et de l’endurance, réduire les risques de blessure et améliorer la qualité de vie des personnes blessées ou handicapées.
PLAN : Quels sont les obstacles auxquels les ingénieures et ingénieurs doivent faire face dans le développement des exosquele es et quelles sont les limites actuelles des exosquele es ?
Charles-Etienne Caron : Les principaux défis sont liés à l’autonomie énergétique, à la polyvalence requise pour fournir une assistance afin d’accomplir
Photos
65
: Mawashi
Printemps 2024
ZOOM SUR MAWASHI
Fondée en 2003 au Québec, Mawashi est un leader mondial dans la conception d’exosquele es et d’équipements corporels innovants. Au fil des années, Mawashi a renforcé son expertise en protection personnelle et en biomécanique humaine. L’entreprise est un acteur majeur dans le développement de nouvelles technologies et la recherche, touchant des secteurs variés tels que l’industrie, la construction, la défense, les forces de l’ordre et les services correctionnels. Parmi ses innovations notables, l’exosquele e UPLIFTMC pour les travailleuses et les travailleurs et l’exosquele e UPRISEMD.
Pour plus d’information sur le UPLIFT: h ps://upli .mawashi.ca/
des tâches variées, à l’ergonomie et à l’intégration des capteurs et des algorithmes pour une réponse rapide, naturelle et intuitive. Les limites actuelles résident dans le poids et le confort, le coût, et la capacité à s’adapter à di érentes morphologies et à di érentes tâches.
PLAN : Quelles sont les perspectives pour les exosquele es dans le domaine du génie, et en particulier pour l’exosquele e UPLIFTMC, conçu par Mawashi ?
Charles-Etienne Caron :
Les exosquele es sont de nouveaux outils qui peuvent servir à une multitude d’usages dans une foule de secteurs. Dans le domaine du génie civil, notamment, l’exosquele e UPLIFTMC o re des avantages notables pour les travailleuses et travailleurs du bâtiment et des travaux publics, des personnes qui doivent fournir d’énormes e orts physiques. Dans ce contexte, l’utilisation de l’exosquele e UPLIFTMC contribue à réduire les troubles
musculosquele iques et à augmenter l’endurance physique des travailleuses et travailleurs, ce qui permet de diminuer l’absentéisme au travail et d’accroître l’e cacité opérationnelle. L’exosquele e UPLIFTMC se distingue par sa polyvalence et sa modularité ; il o re une assistance personnalisable et est muni d’un système d’engagement adaptatif. Conçu pour convenir à di érentes morphologies, il est la solution idéale pour e ectuer une variété de tâches, en répondant e cacement aux besoins particuliers de chaque utilisatrice et utilisateur dans divers environnements de travail et champs d’application.
Propos recueillis par Sandra Etchenda, réd. a., rédactrice en chef de la revue PLAN.
L’ingénieur Charles-Etienne Caron est diplômé en génie mécanique de l’Université de Sherbrooke (2005) et titulaire d’une maîtrise en optimisation topologique de structures mécaniques. Expert en simulation par éléments finis, il a travaillé en tant qu’analyste structurel dans divers domaines, notamment les logiciels de simulation, les trains de passagers, les exosquele es et les satellites. Actuellement directeur de l’ingénierie chez Mawashi Science & Technologie, il préside en parallèle le sous-comité de l’ASTM F48.01 sur les exosquele es, qui est consacré à la conception et à la fabrication d’exosquele es.
(Comité de l’ASTM sur les exosquele es : www.astm.org/ commi ee-f48 )
Photos : Mawashi 66 oiq.qc.ca
■■■ACCOMPLIR
Nouvelle cohorte de membres
PERMIS DÉLIVRÉS PAR LE COMITÉ D ’ ADMISSION À L ’ EXERCICE DE L ’ ORDRE DES INGÉNIEURS DU QUÉBEC
du 2 octobre au 3 décembre 2023
L’Ordre célèbre l’arrivée de 77 nouvelles ingénieures et 297 ingénieurs, prêts à propulser la profession vers de nouveaux sommets. Nous leur souhaitons une carrière exceptionnelle, à la hauteur de leurs aspirations audacieuses.
- Abbas, Djamal
- Albert, Amélie
- Almases, Adnan
- Alt, Noémie
- Alvarenga, Michelle
- Amroune, Abdennour
- Archambault, Kathy
- Archambault, Philippe
- Ardolei, Olivier
- Arsenault, Antoine
- Asaad, Ahmad
- Assaf, Jean Etienne
- Asselin, Jimmy
- Auger, Louis-Alexandre
- Aylwin, Marc-Antoine
- Aziz, Olivier
- Babin Gill, Florence
- Babs, El Ghali
- Badiane, Ndeye Khary
- Bagneres, Bruno
- Bakari, Issam
- Barrière, Jean-François
- Basmahjian, Agop
- Bastien, Marianne
- Batista Monteiro, Josiane*
- Bazinet, Marie-Laurence
- Bdeira, Tawfik
- Beaulieu, Charles-Antoine
- Beaupré, Mathieu
- Beauregard, Kevin
- Bédard, Josiane
- Bélanger, Je
- Bellardini, Domenic
- Bellavance, Gabriel
- Ben Rejeb, Sarah
- Benaouda, Sammy - Bernier, Jean-Francois
- Besrour, Mohamed Mehdi
- Bidégaré, Charles - Bienvenue, Lucas
- Bilodeau, Jean-Christophe
- Bissauge, Michael
- Bisson, Louis-Philippe
- Blondeau, François-Pierre
- Boize, Marie
- Bokanga Ikundaka, Merveille
- Bolduc, Jean-Alexandre
- Bolduc, Maxim
- Bolduc-Chartrand, Gabriel
- Bonin, Raphaelle
- Borghi, Félix
- Bouabib, Yacine
- Boudreault-Belzile, Simon
- Bou ard, Abigaël
- Bouflioune, Abdelhak
- Boulhila, Mahdi
- Bourdages, Jean-Philippe
- Bourget-Perreault, Mathieu
- Bousaber, Samy
- Boutaleb Joutei, El Mamoun
- Boutin, Marie-Laurence
- Breton, Dominic
- Brouille e, Alice
- Brunet, Eric
- Cardinal, Anthony
- Carignan, William
- Carlier, Léa
- Casin, Thomas
- Centa, Andrew
- Chakhari, Lamine
- Chakroun, Khalil
- Chambon, Michaël
- Chaouki, Abdeljalil
- Charbonneau, Emilie
- Charbonneau, Paul
- Charest, Laurent
- Charlier, Philippe Alexandre
- Charron, Maxime
- Chauve e-Lussier, Marek
- Chehaze, Wassim
- Chen, Xuande
- Chénier, Gabriel
- Chevrier, Stéphann
- Chidiak, Lucas
- Chirane, Bachir
- Chouaib, Mohamed Amine
- Chraim, Sandra
- Chuitcheu IV Tchouambe, James William
- Clark, Colin
- Clark, Marc-Olivier
- Clermont, Nicholas
- Conrad, Héloïse
- Cook, George-Anthony
- Corbalan, Jose*
- Côté, Guillaume
- Courtois, Nicolas
- Cullet, Pénélope
- Cyr, Samuel
- d’Anjou-Drouin, Aurélie
- Dai, Ghania
- Dansereau, Martin
- Davidson-Roy, Hugo
- De Paula Ferreira, William
- Descôteaux, Gabriel
- Diarra, Mariam
- Dias Antunes, Michael
- Diayele, Emmanuel
- Dinkeu, Fabrice
- Dion, Jean-Philippe
- Dion, Pierre-Luc
- Dione, Tene
- Diop, Issa
- Djennadi, Farid
- Dodier, Justin
- Donschih, Maria
- Doré, Kevin
- Dorey, Coleen
- Dossou-Yovo, Ornella
- Douida, Yassine
- Du Sablon, Vincent
- Dubois, Xavier
- Ducharme, Sandrine
- Dumais, Guillaume Alexandre
- Dumont-Boyer, Laura
- Dupuis, Vincent-Xavier
- EL Gass, Hamza
- El Haite, Anouar
- El Kha ar, Hajar
- Elhanafi, Imane
- Esfandiyari, Hamideh
- Evrad, Marc
- Fakhri, Reda
- Fayad, Hassan
- Flynn, Frédéric
- Fosso, Kouam
- Frasson, Serena
- Gagné-Desautels, Jordan
- Gagnon, Léanne
- Gagnon, René
- Gagnon-Malo, Vincent
- Gallo, Ma hew
- Garant, Maxime
- Garnon, Philippe
- Genest, Elisabeth
- Ghatas, Youstina
- Gilker, Andy
- Gingras, Guillaume
- Girard, François
- Giroux, Martin
- Godbout, Tristan
- Gosselin, Gabriel
- Granger-Fafard, Olivier
- Gravel, Anne-Marie
- Grebot, Damien
- Grégoire, Thomas
- Grenier, Médérick
- Grenier-Tardif, Maxime
- Grenon Assal, Philippe
- Grou, Ismail
- Gruchala, Florian
- Guérin, Kevin
- Guesmi, Houssemeddine
- Guidon, Christophe
■■■ACCOMPLIR 68 oiq.qc.ca
- Guillaume, Florian
- Halabi, Talal
- Han, Frederique
- Harvey, Dominic
- Heidari, Arash
- Hemouzal, Hassan
- Houle Racine, Charles
- Houssa, Fadoua
- Humphries, Ma hew
- Ininahazwe, Mily Marvella
- Inpanathan, Birunthan
- Janvier, Joanie
- Janville, Arthur
- Jardon Contla, Mario
- Jean, Jérémie
- Jean-François, Leonore
- Jean-Venne-Laporte, Gabrielle
- Jodoin, Emile
- Kadi, Mourad
- Kaniut, Romain
- Karouf, Ralph Naim
- Kermani Boroomand, Farham
- Kfoury, Nassim
- Khalifa, Mahmoud
- Khater, Omar
- Kirfa, Kamal
- Klopfenstein, Hugo B
- Konate, Joël Eric
- Kouadio, Benaja
- Arnaud Desiré
- Kraml, Andrew
- Kudryavtsev, Nikita
- Kuiate Fotso, Yvan Teddy
- Kyelem, Alexandre
- Labbé, Pier-Olivier
- Labelle, Laurence
- Labrecque, Nicolas
- Lamarche, Francis
- Lambert, Catherine
- Lanctôt, Raphaël
- Landry, Simon
- Larente-Marco e, Sébastien
- Lebrun, Jonathan
- Lecours, Jean-Daniel
- Lecuyer Lesperance, Jonathan
- Lemelin, Paul
- Lemieux, Vincent
- Lessard, Marjorie
- Lessard, Philippe
- Leung, Stan
- Li, Shi Hui
- Longtin-Martel, Simon
- Lord, Fraser
- Lortie, Marc-Olivier
- Ly, Abdoulaye
- Makamwe, Ghislaine Larissa
- Mallma Panduro, Amado Santo
- Mamoun, Ilyes
- Mansour, Ali
- Mansour, Elias
- Maouche, Youcef
- Marchand, Jason
- Marchand-Beaulne, Charles-André
- Marcoux, Antoine
- Marquis, Jérémie
- Martel, Antoine
- Martel, Nicolas
- Martel, Yoan
- Massout, Omar
- Ma a, Charbel
- Ma hé, Jan
- Maya Botero, Maria Cecilia
- McRae, Cynthia Michelle
- Medouar, Abdeslam
- Meloche, Frédéric
- Merghoub, Adel
- Meric, Paul
- Messervier, Vincent
- Messier, Francis
- Mireault-Longpré, Frédéric
- Mofleh, Mario
- Mohammad Aref, Mohsin
- Mohammadi, Hossein
- Mongrain-Lalonde, Xavier
- Montenegro, Carlos Fernando
- Montpetit, Raphaël
- Morton, Daniel
- Moulahcene, Youcef
- Mousavi, Seyyed Ebrahim
- Muir, Andrew Merriman
- Munger, Frederick
- Nahoum, Pierre-Olivier
- Nayebpanah, Nastaran
- Nayef, Mohammed
- Ndjouke Jahengue, Marc Alain Bruce
- Necula, Robert
- Néron, Julien
- Ngan, Colin
- Nguyen, Quynh-vy Anna
- Nitsas, Mathilde
- Nobeen, Nadeesh
- Noury, Chloé
- Oudom, Thanongliene
- Ouellet, Charles-Antoine
- Panah, Firooz
- Paquet, Jérôme
- Paque e, Julie
- Paradis, Frédéric
- Paré, Marie-France
- Paul, Jean-Marie Anthony
- Pea, Rany
- Pelletier-Ma e, Etienne
- Péloquin, Gabriel
- Perez, Mathis
- Petrosyan, Karine
- Pietrangelo, John
- Pineda Gonzalez, Jhon Dallas
- Plamondon, Jonathan
- Poblet, Romain
- Pocthier, David
- Poirier, Bruno
- Poirier, Gabriel
- Poirier, Nathan
- Pontes, Ayla Romano
- Potvin, Dominique
- Pouliot, Samuel
- Provete Vincler, Juliano
- Quesnel, Jérémy
- Quinn, Sébastien
- Rasouli Kenari, Hannaneh
- Ravenelle, William
- Raymond, Raphael
- Réau, Sébastien
- Reda, Abdel
- Regaieg, Mohamed
- Resse-Leclerc, Anne
- Restrepo Higuita, Lina Marcela*
- Rigaud, Sébastien
- Righi, Walid
- Robillard, Daniel
- Roger, Simon
- Rohani Hajiagha, Arash
- Rossi, Anthony
- Rowan-Weetaluktuk, Zebedee
- Roy, Gabriel
- Roy, Jonathan
- Roy-Galipeau, Maxime
- Ryda, Peung
- Sabourin-Jean, Julien
- Sa i, Amine
el Mahdi
- Salazar, Paubla
- Salazar Duque, Julian Felipe
- Sami, Amina
- Sarasin, Pierre-Olivier
- Sareh, Sory Ibrahim
- Sbeih, Nader
- Sco o, Valentin
- Sebei, Sonya
- Seleznev, Tamara
- Sène, Aly Ndiaye
- Sénécal, Marc
- Shaker, Vahid
- Sheth, Devarsh
- Silini, Yanis
- Simard, Marc-André
- Simard-Gaude e, Geneviève
- Sirgi, Sean
- Sirois, David
- Slim, Houssem
- Slusarek, Alexandre
- Sotomayor Alvarez, Patricio
- Sridharan, Aravindan
- Steenhouwer, Joseph
- St-Georges, Marc-Antoine
- St-Pierre, Anh Tuân
- Sumantri, Thomas
- Tavernier, Clément
- Temri, Ezzedine
- Tessier, Yannick
- Thibeault, Pier-Olivier
- Thomas, Vincent
- Tjiu-Gildart, Madeleine
- Togbe, Igor Fernand
- Topping, Anthony
- Touimi, Noureddine
- Tremblay, Frédérique
- Tremblay, Pier-Yves
- Tro ier-Lapointe, William
- Truong, Jonas
- Turbis Labonté, Yan
- Turco e, Étienne
- Umeaka, Chiemezuo
Emmanuel
- Vaillant, Kaven
- Valere, Taphael
- Valois, Gabriel
- Veiga Sydney, Pedro Henrique
- Vende e, Marc-Gabriel
- Verge, William-R
- Veter, Paul
- Vilenski, Daria
- Vincent, Hugo
- Vincent, Olivier
- Vourc'h, Yann
- Vu, Ngoc-Hung
- Wang, Ying Wen
- Westermann, Kevin
- Wightman-Marquis, Alexandre
- Williams, Greggory*
- Williams, Jason
- Yao, Vincent De Paul
- Zarrabi, Babak
- Zelnicker, Ryan
* Détentrice ou détenteur d’un permis temporaire pour un projet particulier. Pour plus de détail contactez l’Ordre.
69 Printemps 2024
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Le programme TD Assurance Meloche Monnex est o ert par SÉCURITÉ NATIONALE COMPAGNIE D ASSURANCE Il est distribué par Meloche Monnex Assurance et Services Financiers inc au Québec par Meloche Monnex services financiers inc en Ontario et par Agence Directe TD Assurance Inc ailleurs au Canada. Notre adresse est le 50, place Crémazie, 12e étage, Montréal (Québec) H2P 1B6 En raison des lois provinciales, le programme d assurances auto et véhicules récréatifs n est pas o ert en Colombie-Britannique, au Manitoba ni en Saskatchewan. Toutes les marques de commerce appartiennent à leurs propriétaires respectifs. MD Le logo TD et les autres marques de commerce TD sont la propriété de La Banque Toronto-Dominion.
INGÉNIEURS SANS FRONTIÈRES QUÉBEC
MISSION GÉNIE SOLIDAIRE
Organisme à but non lucratif crée en 1994, Ingénieurs Sans Frontières Québec se consacre à améliorer les conditions de vie des communautés moins nanties, tant à l'échelle locale qu'internationale. Découvrez deux projets : l’un au Nunavik, dans le nord du Québec, et l’autre au Togo, en Afrique de l’Ouest.
71 Printemps 2024 VOIRGRAND■■■
Illustration : Vectorstock –Photos : Ingénieurs Sans Frontières Québec
Le projet Sivumuarnik
Le projet Suku
LE PROJET SIVUMUARNIK
ÉVEILLER LES CONSCIENCES
72 oiq.qc.ca
Photo :Ingénieurs Sans Frontières Québec
■■■VOIRGRAND
En partenariat avec Ingénieurs Sans Frontières Québec, une douzaine d’employées et employés de la firme de génie-conseil Hatch se succèdent depuis 2019 au Nunavik, dans le nord du Québec. Leur mission consiste à sensibiliser les élèves des écoles primaires et secondaires aux sciences et à la technologie dans le cadre du projet Sivumuarnik, qui présente des ateliers ludiques liés à l’environnement.
73
Printemps 2024
De gauche à droite :
Atelier sur la robotique/ microélectronique (village d’Umiujaq).
Atelier sur la construction d’infrastructures (village de Kangirsuk).
Atelier sur le pergélisol (village de Kangiqsualujjuaq).
Atelier sur l’accès à l’eau potable (village d’Inukjuak).
L’ingénieure en génie hydraulique Cyrine Ben Hassine se souvient très bien de son arrivée en septembre 2022 dans le village de Kangirsuk, 500 habitants, au bord de la baie d’Ungava après plusieurs trajets en avion.
« Le paysage y est magnifique, et l’horizon très lointain donne un aspect méditatif à cet environnement on ne peut plus dépaysant », témoigne la jeune femme. Très bien accueillie sur place, l’équipe de la firme Hatch a eu la surprise de voir son horaire de travail bouleversé par la réalité inuite. Plutôt que de donner des ateliers dans le domaine des STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) comme prévu, Cyrine Ben Hassine et ses collègues se sont retrouvés dans un canot où les élèves et leur famille pêchaient l’Arctic char, autrement dit l’omble chevalier local.
« Ils ont décidé d’organiser une expédition de pêche et de cueille e de petits fruits, destinée à rapprocher les jeunes Inuits de leur culture, et nous ont proposé d’y participer, raconte-t-elle. On a tout de suite accepté, car c’était une occasion de mieux connaître les élèves. » Pendant deux jours, les trois jeunes adultes venus de Montréal ont eu l’occasion de se plonger dans la réalité du Grand Nord, en dormant le soir dans des chalets traditionnels appartenant à des aînés de la communauté. Le trio a même pu avancer dans ses activités pédagogiques en récoltant sur place le sable nécessaire à l’un des ateliers.
Une fois de retour à l’école, les élèves ont entamé les activités pédagogiques en plongeant notamment dans l’univers des énergies renouvelables. But de l’exercice: construire une petite éolienne avec des pales de di érentes longueurs, mues par un ventilateur. « J’ai profité de mon expérience pour les sensibiliser à l’énergie verte en leur expliquant les di érents types de barrages, explique Cyrine Ben Hassine. Il faut savoir que dans leur village, tout fonctionne au diésel transporté par bateau ; il me semblait donc important de leur donner une autre perspective. » Frédéric Gagnon, ingénieur en construction, a lui aussi profité de ses acquis professionnels en matière de sol – un élément nécessaire pour assurer de bons ancrages aux infrastructures – quand il a animé un atelier sur le pergélisol pour les élèves du village de Kangiqsualujjuaq.
« C’est une réalité bien connue de la communauté, car de nombreuses maisons s’a aissent à cause de la hausse des températures, dit-il.
74 oiq.qc.ca
■■■VOIRGRAND
La naissance de Sivumuarnik
« La réussite à l’école, c’est le gros défi de ce e région. »
Épris du Nunavik depuis 17 ans, Maxime Ladouceur dirige Kautaq Construction. Ce e entreprise appartenant aux Inuits construit principalement des infrastructures communautaires. Le viceprésident d’Ingénieurs Sans Frontières Québec (ISFQ) aimerait bien embaucher davantage de personnel local pour travailler sur ses chantiers, comme des ingénieures et des ingénieurs ou d’autres corps de métier professionnels. Le problème, c’est que seulement 23 % des élèves du Nunavik obtiennent leur diplôme de 5e secondaire, ce qui limite ensuite leurs perspectives professionnelles.
Allumer la flamme
C’est de qui a donné au viceprésident d’ISFQ l’idée de trouver des moyens pour inciter et motiver les jeunes du Nunavik à poursuivre leurs études. Comment ?
En allumant des flammes dans leurs yeux grâce à la mise en place du projet Sivumuarnik, un mot de la langue inuktitut que l’on pourrait traduire par « aller
de l’avant ». Il s’agit d’ateliers dynamiques de sciences et technologie traitant de sujets qui les concernent. Les ateliers, donnés dans les écoles du Nunavik, sont animés par des volontaires d’ISFQ qui, pour une fois, apportent leur aide dans leur propre pays.
« L’important, c’est d’accrocher les jeunes à ce qu’ils connaissent, en leur faisant toucher du doigt leur propre réalité », explique Maxime Ladouceur.
Les ateliers misent surtout sur la pratique, et non pas la théorie, car le but est de pousser les élèves à prendre conscience le plus possible de leur environnement et de leur incidence sur celui-ci. Le fait d’amener sur place des jeunes professionnelles et professionnels en génie venus du sud de la province ajoute une dimension humaine non négligeable. Un échange culturel se crée sur la base de tout ce qui touche le génie.
Un impact positif Soutenu par le Programme NovaScience du ministère de l’Économie, de l’Innovation et
de l’Énergie du Québec, ce projet ne récolte que des éloges dans toutes les communautés qui l’accueillent, tant du côté des élèves que des directions d’école. Pour l’instant, six ateliers thématiques sont o erts, et d’autres pourraient s’ajouter selon la demande des écoles. D’autres communautés plus au sud ont manifesté leur intérêt pour accueillir un projet de la même nature, ainsi que des personnes habitant au Nunavut, plus au nord.
Maxime Ladouceur, lui, espère que ces ateliers vont servir de bougies d’allumage à la motivation scolaire des élèves, car il constate que les besoins locaux en main-d’œuvre sont grands. « Qu’il s’agisse de travailler sur les structures de bâtiments, les fondations, ou encore de gérer des projets de route ou de récupérer des matières premières, les perspectives de travail ne manquent pas », précise-t-il. Qui sait ce que des ateliers qui abordent certaines questions touchant particulièrement les communautés du Nord peuvent changer dans la vie de plusieurs des jeunes concernés...
75 Printemps 2024
Illustration : VectorstockPhotos : Ingénieurs Sans Frontières Québec
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Village d’Inukjuak (en haut à gauche).
Expédition de pêche avec les élèves de la communauté de Kangirsuk (en bas à gauche). Coopérantes et coopérants volontaires d’ISFQ (Bailey Thompson, Arianne Provost-Savard et Frédéric Gagnon) pour la mission à Kangiqsualujjuaq (à droite).
Pour montrer que le sol permet une meilleure stabilité des fondations, j’ai demandé aux participants et participantes de trier au tamis di érents types de roches mêlées à du sable. »
Des ateliers tournés vers la réalité inuite
Plusieurs reconnaissaient d’ailleurs les structures de bois renforçant le soubassement des demeures que l’équipe avait pris soin d’illustrer –une façon de rendre cet apprentissage encore plus concret. Bailey ompson, CPI, faisait partie du groupe qui s’est rendu à Kangiqsualujjuaq ; l’incarnation de la culture du partage par les élèves l’a étonnée. « Au cours d’un atelier sur la filtration de l’eau, nous avions prévu que chaque équipe représenterait un pays, et que les pays les moins riches recevraient moins de matériaux et d’instructions afin d’illustrer la disparité des moyens, relate la jeune femme formée en génie électrique. À ma grande surprise, celles et ceux qui avaient plus de moyens les donnaient aux autres. »
De son côté, Cyrine Ben Hassine espère que cet atelier aura sensibilisé les jeunes à l’importance de l’accès à l’eau potable, car dans ces villages nordiques ce sont des camions qui transportent ce e précieuse ressource d’une maison à l’autre, en l’absence de puits et de système d’aqueduc. « Il manque de personnel qualifié sur place pour traiter les eaux, c’est donc très important de pouvoir former plus de gens », mentionne-t-elle. Ce besoin de personnel local faisait partie des préoccupations de Frédéric Gagnon au départ « Lorsque je suis arrivé là-bas, j’avais envie d’inciter les jeunes à venir poursuivre leurs études dans le Sud pour qu’ils aient accès à de bons emplois.
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Photos : Ingénieurs Sans Frontières Québec
Hatch, partenaire indissociable de Sivumuarnik
Chez Hatch, on prend le merveilleux au sérieux. La preuve, les représentants de la firme de génie-conseil ont été interpellés en 2019 par l’o re de partenariat d’Ingénieurs Sans Frontières Québec (ISFQ) : o rir des ateliers dans le domaine des STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) dans les écoles du Nunavik. Très rapidement, un comité a été créé pour servir de passerelle entre ISFQ et Hatch, afin de pouvoir envoyer des coopérantes et coopérants sur place, et initier les jeunes de la façon la plus concrète possible à des phénomènes qui les touchent.
« Cela fait partie de notre vision d’entreprise d’avoir une influence positive sur la communauté et de créer un monde meilleur par des changements significatifs, confie Jean Gohin, ingénieur de projets de construction. Avec ces ateliers,
nous pouvons ouvrir l’horizon des possibles pour les jeunes, nourrir leur émerveillement. » Partie prenante du comité pour le projet Sivumuarnik, un mot inuktitut qui signifie « aller de l’avant », Jean Gohin fait remarquer que les élèves de ce coin du Québec n’ont pas souvent la chance de rencontrer des ingénieures et ingénieurs. Grâce à ce e initiative, les jeunes Inuits et Inuites ont donc la possibilité de penser à développer leur propre expertise localement.
Une expérience unique
En quatre ans, trois éditions du projet Sivumuarnik ont eu lieu, dans six communautés di érentes du Nunavik. Jusqu’à présent, une douzaine de coopérantes et coopérants de la firme de génie-conseil Hatch ont eu l’occasion de faire part de leur savoir-faire aux jeunes. Avant
Après avoir passé du temps avec eux, que ce soit en jouant au hockey ou en discutant, je comprends maintenant leur désir d’avoir un rythme de vie di érent, et surtout de rester dans leur communauté pour vivre pleinement en harmonie avec leur culture. »
Des activités qui éveillent les consciences
Pour certains élèves, cet engagement de quelques jours contribue cependant à changer leur perception, comme l’a constaté Cyrine Ben Hassine à Kangirsuk. « Une jeune fille, qui montrait un grand intérêt dans les ateliers, nous a posé beaucoup de questions sur les études post-secondaires », dit-elle. La participation active des élèves et leur intérêt pour les activités pédagogiques ont surpris les animatrices et animateurs des ateliers. Elles et ils se souviennent avec émotion de l’enthousiasme des jeunes qui, à quelques reprises, leur ont demandé de rester enseigner dans le Nord.
Très touchés par ce e expérience, les membres de l’équipe de Hatch reconnaissent en revenir transformés. Bailey ompson, pour sa part, est heureuse d’avoir appris de la société inuite et se sent encore plus ouverte sur le plan professionnel. « J’espère avoir bientôt l’occasion de m’impliquer d’une autre façon auprès d’autres cultures », a rme ce e professionnelle de Hatch en instrumentation. Les employés de Hatch des bureaux du Québec bénéficient d’ailleurs du vécu de leurs collègues au Nunavik, car des rencontres très courues sont organisées à l’interne au retour de chaque mission dans ce e région nordique.
Pascale Guéricolas, journaliste.
même le séjour, plusieurs rencontres sont organisées avec l’équipe d’ISFQ pour les plonger dans l’univers nordique, bien di érent de la réalité scolaire du reste du Québec. Puis, un duo de Hatch se rend dans une des communautés, en compagnie d’un membre d’ISFQ, pour o rir cinq ateliers en lien avec les énergies renouvelables, l’eau potable, les ouvrages d’art et le pergélisol.
Au fil des missions, Jean Gohin constate que l’enthousiasme des ingénieures et ingénieurs de Hatch pour ce projet hors du commun reste intact. « Les coopérantes et coopérants reviennent vraiment enchantés par ce e expérience qui se déroule au Québec, mais dans un contexte bien di érent que celui qu’on connaît, soulignet-il. Pour Hatch, c’est important de redonner à la province dans laquelle nous travaillons. »
POUR EN SAVOIR PLUS SUR INGÉNIEURS SANS FRONTIÈRES QUÉBEC isfq.ca
77 Printemps 2024
■■■VOIRGRAND 78 oiq.qc.ca
LE PROJET SUKU
CHANGER LE MONDE, UNE ÉCOLE À LA FOIS
Dans le cadre du Programme d’Engagement envers la Coopération internationale (PECI) d’Ingénieurs Sans Frontières Québec (ISFQ), une équipe multidisciplinaire composée de cinq jeunes Québécois formés en ingénierie a participé à la mise en place du projet SUKU.
Ce projet visait à améliorer les infrastructures d’une école secondaire située au Togo, en Afrique de l’Ouest. Avant la réalisation de ce chantier à l’automne 2021, la communauté locale du village de Danyi N’Digbé devait régulièrement se mobiliser après chaque épisode de mauvais temps pour refaire le toit de paille qui recouvrait la salle de classe des élèves de 1re secondaire. Les livres et le matériel scolaire de la bibliothèque étaient en outre continuellement endommagés, faute d’un lieu clos pour les protéger. Ces conditions di ciles n’aidaient pas les enfants des agricultrices et agriculteurs du village à poursuivre leurs études.
Pendant un an, l’équipe de coopérantes et coopérants volontaires a d’abord travaillé à la collecte des fonds nécessaires pour mener à bien les travaux. Commencées en pleine pandémie durant l’été 2020, les activités caritatives ont permis de réunir environ 75 000 $, ce qui allait perme re d’acqui er tous les frais de voyage, mais surtout d’acheter des matériaux de construction et payer la main-d’œuvre qualifiée pour l’accomplissement des travaux.
SITUATION GÉOPRAPHIQUE DU TOGO
De haut en bas : bâtiment construit avec l’aide d’ISFQ (salle de classe, bibliothèque, bureaux et entrepôt).
Des élèves du secondaire célébrant l’inauguration de leur nouvelle salle de classe.
Des infrastructures scolaires plus accueillantes et plus sécuritaires
Avant le départ pour le Togo, de nombreux échanges ont eu lieu entre ISFQ, les coopérantes et coopérants volontaires, les ingénieures, ingénieurs et architectes mentors. Sans oublier l’organisation non gouvernementale (ONG) Écho de la Jeunesse, qui vise à développer les communautés togolaises en lu ant pour les droits fondamentaux des enfants, notamment en optimisant les conditions devant favoriser une meilleure éducation. Ce e ONG a d’abord fourni les plans préliminaires d’un nouveau bâtiment d’environ 110 m² répondant aux normes du gouvernement togolais ; ce bâtiment comprenait une bibliothèque, une salle de classe, un entrepôt et un local administratif. En partenariat avec la firme de génie-conseil Stantec, une équipe bénévole – composée d’ingénieures et d’ingénieurs en structure et d’architectes
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Illustration : VectorstockPhotos :Ingénieurs Sans Frontières Québec
en terrassement et en aménagement paysager – a amélioré les plans et devis. Des modifications ont été apportées pour renforcer la capacité structurelle de la charpente en bois et des fondations et ainsi favoriser la durabilité des infrastructures. Peu à peu, le projet a pris forme pour rendre ces nouvelles infrastructures scolaires plus accueillantes et plus sécuritaires, et aussi pour rénover des salles de classe existantes. Enfin, les conseils avisés d’un ingénieur ayant déjà participé à des projets en Afrique de l’Ouest ont joué un rôle non négligeable pour aider l’équipe québécoise à se préparer à sa nouvelle réalité. D’ailleurs, les cinq jeunes participants québécois ont consulté les bénévoles de Stantec tout au long de leur présence sur le chantier afin de résoudre des problèmes techniques.
Le génie du Québec au service du monde
Depuis 30 ans, Ingénieurs Sans Frontières Québec permet à des ingénieures et des ingénieurs d’ici de me re leur expertise au service de la coopération internationale. Créé en 1994 à ce e fin, Ingénieurs Sans Frontières Québec (ISFQ) a revu quelque peu son fonctionnement au fil du temps. Jusqu’en 2016, l’organisme comptait exclusivement sur des bénévoles pour son administration, me ant sur pied annuellement un ou deux projets de coopération à l’étranger une fois les fonds amassés.
« Ces projets tournaient principalement autour de quatre thèmes : les infrastructures légères, l’accès à l’eau potable, le renforcement des capacités techniques locales et les énergies vertes », explique l’ingénieur Pierre-Luc Huot, directeur général d’ISFQ.
Depuis, la structure d’ISFQ s’est renforcée : l’organisme a embauché du personnel permanent, mis sur pied des formations pré-départs pour les coopérantes et coopérants volontaires, créé des outils de gestion de
Pierre-Luc Huot, ing. : faire face
« Moi qui ne fumais pas, j’ai imité les fumeurs du chantier ; je me lavais à la rivière avec les gens du village alors que j’avais accès à une douche et, régulièrement, je ne mangeais qu’un repas par jour. »
au mimétisme culturel
En 2009, Pierre-Luc Huot, alors étudiant en génie de la construction à l’École de technologie supérieure (ÉTS), vit un immense choc culturel lorsqu’il prend part à sa première expérience de coopération internationale. Ce jeune homme qui n’avait jamais pris l’avion se retrouve en pleine jungle de la République démocratique du Congo pendant quatre mois à surveiller la construction d’un petit bâtiment dans un milieu complètement di érent de son univers habituel. « Moi qui ne fumais pas, j’ai imité les fumeurs du chantier ; je me lavais à la rivière avec les gens du village alors que j’avais accès à une douche et, régulièrement, je ne mangeais qu’un repas par jour, raconte le directeur général d’Ingénieurs Sans Frontières Québec (ISFQ). Cela m’a pris plusieurs années à comprendre
De haut en bas : journée d’atelier sur le développement durable.
Des maçons érigeant le mur d’une salle de classe.
que je faisais du mimétisme culturel afin de camoufler le malaise que je vivais. »
Ce e expérience particulière fait partie des scénarios possibles du choc culturel que vivent les candidates et les candidats initiés à la coopération internationale qui ne sont pas préparés adéquatement. Aujourd’hui, ISFQ o re plus de 60 heures de formation pré-départ obligatoire aux coopérantes et coopérants volontaires. Le but : diminuer les risques intrinsèques à la coopération internationale sur le déroulement qui y participe, et sur les résultats du projet. Au programme : les enjeux de santé et de sécurité en mission, ainsi que des renseignements sur les biais interculturels pour mieux échanger et coopérer avec les partenaires locaux.
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Photos :Ingénieurs Sans Frontières Québec
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projets et des politiques internes, qui s’harmonisent aux pratiques des organismes de coopération internationale. Des réalisations d’envergure embrassent aujourd’hui de nouveaux domaines comme les équipements médicaux, la sécurité alimentaire, la réhabilitation de l’environnement et le développement socioéconomique, sans oublier les ateliers de sensibilisation aux sciences et technologies destinés aux jeunes du Nunavik (voir l’article p. 72).
Cependant, ISFQ n’oublie pas sa vocation première, qui est de fédérer les ingénieures et les ingénieurs ainsi que les jeunes professionelles et professionnels du Québec qui désirent s’impliquer dans une infrastructure à l’international. L’organisme québécois veille à les encadrer durant toute la durée de leur collaboration, notamment grâce à une équipe assignée à chaque projet, dont les membres viennent d’une entreprise de génie-conseil du Québec et veillent au mentorat des participantes et participants. « Même si la plupart des plans et devis sont produits à l’international par des ingénieures et des ingénieurs locaux et qu’ils dépendent des normes des pays où a lieu le projet, nous tenons à respecter la loi québécoise sur la responsabilité professionnelle de l’ingénieur, indique Pierre-Luc Huot. Les actes réservés à la profession sont donc accomplis par des ingénieures et des ingénieurs mentors qui ont les compétences requises. Elles et ils appuient les candidates et candidats à la profession ou les étudiantes et étudiants sur le terrain. »
Écouter les communautés
Autre volet mis en avant par ISFQ depuis six ans : des projets multidisciplinaires intégrant des acteurs externes au monde du génie. Plutôt que de simplement fournir une infrastructure en quelques mois, l’organisme réfléchit de manière plus globale pour répondre à l’ensemble des besoins exprimés par les communautés locales afin d’assurer pérennité, acceptabilité et autonomisation.
C’est ainsi, par exemple, que l’organisme s’implique dans la restauration des écosystèmes, en reboisant 100 hectares dans la mangrove guinéenne avec l’expertise d’ingénieures et d’ingénieurs en foresterie et de biologistes. « Lorsqu’on accompagne des regroupements de femmes dans des activités génératrices de revenus à partir des ressources naturelles de proximité, on doit aussi penser à restaurer l’environnement immédiat si l’on vise la gestion durable de ces ressources », précise Pierre-Luc Huot. Le projet Oxygène constitue un autre de ces projets intégrés qui a eu des retombées importantes durant la pandémie de COVID-19. L’organisme a d’abord contribué à fournir une quarantaine de concentrateurs d’oxygène et d’autres dispositifs médicaux à six hôpitaux de référence du Bénin. ISFQ a sollicité l’appui de diverses universités, de médecins spécialistes, d’ingénieures et ingénieurs en mécanique et du secteur biomédical pour former le personnel des hôpitaux à entretenir et réparer le matériel et ainsi favoriser sa durabilité. Voilà un exemple parmi d’autres de l’orientation que prend l’organisme québécois, une orientation qui cherche à donner la possibilité aux personnes, principalement du domaine du génie, de mener à bien des expériences de coopération internationale pertinentes, en cohérence avec les besoins définis par les bénéficiaires.
Pascale Guéricolas, journaliste.
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Photos : Ingénieurs Sans Frontières Québec
Témoignages
S’OUVRIR AUX AUTRES CULTURES
En 2021, cinq jeunes, titulaires de diplômes en génie, ont travaillé dans un chantier de rénovation de salles de classe et de construction d’un bâtiment dans une école au Togo sous l’égide d’Ingénieurs Sans Frontières Québec.
Trois membres de ce e équipe multidisciplinaire ayant contribué à améliorer l’accès à l’éducation dans ce village témoignent.
Julien Durand, ing. :
la découverte de la solidarité
Seul représentant masculin du projet SUKU aux côtés de quatre jeunes diplômées, Julien Durand faisait l’objet de toutes les a entions de l’entrepreneur sur le chantier de l’école dans les premiers jours. « Il a fallu que je lui explique que nous formions une équipe soudée, et que chacune des membres avait les compétences pour répondre à ses questions », raconte l’ingénieur en génie civil titulaire d’une maîtrise orientée vers le traitement et la distribution des eaux, qui travaille pour la firme de génie-conseil Stantec au Québec. Cet irritant résolu, Julien Durand s’est rapidement familiarisé avec la façon de travailler de la communauté togolaise, qui
l’a beaucoup impressionné. « En l’absence de machinerie et d’outils mécaniques, les gens font preuve d’une grande créativité, indique Julien Durand. Je peux m’en inspirer ici, même si les défis techniques ne sont pas les mêmes. Qu’on soit au Togo ou au Québec, un ingénieur doit décortiquer les problèmes en petites bouchées et réfléchir à des solutions de rechange. » Les questions à résoudre n’ont pas manqué sur place, qu’il s’agisse de l’envol des prix de certaines matières premières comme le ciment ou des retards d’approvisionnement liés à l’impossibilité des camions d’a eindre un village situé en haut d’une montagne par temps de pluie.
Cependant, aux yeux de Julien Durand, la plus grande di culté reste le manque d’accès à des engins mécaniques, qui a compliqué le remblayage des fondations. C’est là qu’il a découvert que la solidarité constitue une valeur qui n’a rien de théorique dans ce e communauté. « Pour transporter 120 mètres cubes
de terre, on a fait appel aux bras des personnes habitant dans les cinq quartiers du village selon un horaire hebdomadaire », mentionne l’ingénieur civil. Il se montre d’ailleurs très admiratif de la grande capacité des Togolaises et des Togolais de revenir à l’essentiel, soit l’entraide.
Très investi dans ce projet pour lequel il a sollicité l’appui technique et financier de son employeur, le jeune ingénieur considère que le projet SUKU cadre très bien avec les valeurs de ce e firme de génie-conseil.
« Ce genre de projet permet à Stantec de partager son savoir-faire avec des communautés à l’étranger qui en ont besoin, tout en sortant son personnel de la routine », souligne-t-il. Fier du travail accompli en trois mois, Julien Durand espère que les générations d’élèves qui vont se succéder prendront soin des installations construites. Un atelier réalisé avec les di érentes classes à la fin du projet visait justement à s’assurer que chacune et chacun allait veiller à l’entretien des bâtiments, ainsi que sur les arbres fruitiers plantés sur le terrain. Ce volet n’a été que partiellement réalisé, faute de fonds su sants, mais les plans réalisés par Stantec restent d’actualité pour contribuer à améliorer la sécurité alimentaire, si jamais la communauté choisit de les me re à exécution.
Cinq membres de l’équipe SUKU lors de la cérémonie d’inauguration du nouveau bâtiment d’une école au Togo.
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Véronique Gisondi, ing. : cultiver l’adaptation
Chaque matin, Véronique Gisondi, toujours suivie par son petit chien adopté au village, parcourait le chantier comme les autres membres du projet SUKU pour prendre le temps de s’informer de la santé de tout le monde. Un geste tout sauf anodin dans un contexte où il est primordial de compter sur les forces vives de l’équipe pour que les travaux se déroulent bien dans la journée. Rentrée au Québec, ce e chargée de cours au Département des génies civil, géologique et des mines et associée de recherche à Polytechnique Montréal a conservé ce e habitude.
« Je m’informe fréquemment de mes collègues, car j’ai compris que rien n’est acquis et qu’il faut se me re à l’écoute les uns des autres », confie ce e ingénieure civile de formation. Ce e empathie développée en montant les murs d’une salle de classe et d’une bibliothèque fait partie des leçons retenues de ce e expérience, tout comme sa capacité à s’adapter à une réalité changeante et à lâcher prise. « Sur le chantier, il y avait fréquemment des retards dans la livraison de gravier ou de ciment, sans parler de l’accès limité au bois dans un pays où le gouvernement lu e contre la surcoupe d’arbres, raconte Véronique Gisondi. On faisait donc les co rages les uns après les autres, ou encore on aidait le ferrailleur à plier les armatures en a endant la coulée de béton. »
En améliorant avec ses collègues les locaux de l’école, la jeune chargée de cours a pu constater les répercussions d’une telle construction sur les élèves et les familles : les jeunes étudient maintenant dans de meilleures conditions. « Des inspecteurs du gouvernement sont venus sur le chantier et ont constaté
que l’école répondait désormais aux critères pour devenir un établissement public, signale Véronique Gisondi. Les parents n’ont donc plus à payer de frais de scolarité. »
L’équipe a aussi animé des ateliers sur le développement durable et l’entretien des bâtiments : sensibilisation à l’importance de regrouper les déchets en un point central et de bien réparer les gou ières dans une région où il faut économiser l’eau du puits. Très heureuse de son expérience unique,
Véronique Gisondi a le plaisir d’en faire part chaque année à ses étudiantes et étudiants au baccalauréat en génie civil à Polytechnique Montréal. Elle leur propose une étude de cas ayant pour cadre une situation se déroulant au Togo, sous un angle de développement durable et où il faut trouver des solutions pour accéder à des matériaux, respecter un budget, et surtout veiller à la sécurité au travail. Fréquemment, des étudiantes et des étudiants s’enthousiasment pour le projet et lui demandent comment s’y prendre pour faire partie d’équipes chapeautées par Ingénieurs Sans Frontières Québec. La relève semble donc assurée.
Arianne Provost-Savard : prendre le temps
Avant même de se former au pliage d’armatures métalliques sur le chantier de l’école secondaire togolaise ou d’apprendre à faire des co rages, Arianne Provost-Savard était déjà très investie dans le projet SUKU. Ce e étudiante au doctorat en génie chimique à Polytechnique Montréal a en e et pris en charge une partie de la collecte de fonds au Québec avec ses quatre autres collègues, un an avant leur départ. « J’ai rempli beaucoup de formulaires pour avoir accès à des bourses, et nous avons organisé une soirée bénéfice virtuelle afin de recueillir de l’argent auprès des commanditaires, de la population et de nos proches », raconte-t-elle.
Tenu pendant la pandémie, cet événement a nécessité une grande préparation puisqu’il a fallu trouver des prix pour une vente aux enchères, tourner une vidéo exposant les motivations des participantes et des participants, embaucher un humoriste pour présenter un court numéro. Tous ces e orts ont cependant porté leurs fruits, puisque l’équipe a réuni près de 75 000 $, soit une somme supérieure à l’objectif de départ.
Une fois arrivés dans le village, les cinq jeunes se sont félicités de disposer d’un peu plus d’argent que prévu, parce que le coût de plusieurs matériaux et travaux ont dépassé
les estimations. « Le principal défi, c’était qu’il fallait tout faire à la main, ce qui a été un petit choc au départ », se souvient la jeune femme. Rapidement cependant, elle a constaté que les ouvriers et l’organisme Écho de la Jeunesse qui les supervisaient ont déployé beaucoup d’e orts pour que l’équipe se sente à l’aise et que le travail s’accomplisse dans les meilleures conditions.
Les liens tissés accompagnent toujours Arianne Provost-Savard, elle qui aimerait participer à d’autres projets dans des pays en développement dans l’avenir !
« Cette expérience a changé ma vision des choses en me montrant qu’il existe d’autres façons de vivre que celles qu’adoptent la plupart des gens en Amérique du Nord, souligne-t-elle. Maintenant, je profite davantage de mon temps, et j’ai compris qu’en faisant les travaux plus lentement, on arrive souvent à de meilleurs résultats. » Spécialisée en analyse des impacts environnementaux des modes de gestion des matières résiduelles, ce e chercheuse souhaite ne pas se concentrer uniquement sur les aspects techniques des projets. Forte des connaissances acquises au Togo, elle considère tout aussi important de prendre en compte les aspects sociaux et les retombées pour la population.
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L’INGÉNIERIE AU SERVICE DE LA PÊCHE AUX CRABES
On trouve l’ingénierie partout… jusque dans les casiers de pêche aux crabes et aux homards ! Grâce à l’automatisation, Les industries Fipec ont pu accroître leur production et remédier en partie au problème de manque de main-d’œuvre. Ici, l’ingénierie a permis de revoir les façons de faire et de propulser les projets de croissance.
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Les industries Fipec se spécialisent depuis 1967 dans la fabrication sur mesure de casiers et de filets de pêche. L’entreprise gaspésienne, qui distribue ses produits dans toute l’Amérique du Nord, fabrique également divers équipements et accessoires pour la pêche et la navigation, tant de loisir que commerciales. Son président, Daniel Desbois, souhaitait se donner les coudées franches pour poursuivre la croissance de Fipec et, de ce fait, étudiait les options qui s’o raient à lui pour améliorer la productivité de ses installations. « J’ai réalisé, en 2022, lorsqu’un de mes soudeurs est tombé malade en pleine période de production, à quel point la perte de main-d’œuvre spécialisée nous rendait vulnérables, raconte-t-il. J’ai mis deux mois avant de réussir à le remplacer, c’était très problématique. Je me suis alors dit que ça nous prenait une solution à long terme. »
Une analyse des besoins
Photos : Fipec, iStock
En tournée dans la région gaspésienne à ce moment-là, une équipe d’Investissement Québec a contacté Daniel Desbois pour lui o rir son aide. « Les gens d’Investissement Québec m’ont demandé si j’étais intéressé à ce qu’ils fassent un état exhaustif de ma situation pour pouvoir me proposer des solutions adaptées, explique le président. J’ai accepté. Ils sont venus me rencontrer durant l’été pour prendre le pouls de
l’entreprise et m’ont exposé di érentes pistes de solutions qui n’étaient pas toutes liées à l’automatisation. Benoît Genest, conseiller expert en innovation à Investissement Québec, m’a proposé de nouvelles façons de faire pour améliorer la productivité dans l’usine. Il a posé un regard nouveau sur nos activités ; ça nous a beaucoup aidés à revoir nos objectifs et à adapter notre stratégie d’a aires. »
Une vision globale de la production
Le premier contact de Fipec avec Benoît Genest, candidat à la profession d’ingénieur, s’est fait
Ci-dessus : des casiers de pêche à crabes des neiges.
DANIEL DESBOIS, président de Fipec
« Benoît Genest, conseiller expert en innovation à Investissement Québec, m’a proposé de nouvelles façons de faire pour améliorer la productivité dans l’usine. Il a posé un regard nouveau sur nos activités ; ça nous a beaucoup aidés à revoir nos objectifs et à adapter notre stratégie d’a aires. »
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BENOÎT
GENEST, CPI, Investissement Québec
« Nous sommes à l’écoute des clients pour leur proposer des solutions concrètes qui les aideront à “se me re en mouvement” et à faire les premiers pas. »
lors d’une visite en vue de l’élaboration du plan d’action. « D’entrée de jeu, l’entreprise présentait e ectivement une vulnérabilité quant à sa main-d’œuvre spécialisée, souligne-t-il. Il était donc important de déterminer les postes clés, soit ceux qui sont critiques du côté de la production, ou là où il y a un goulot d’étranglement. Notre but est d’aider le gestionnaire à prendre conscience de la situation et de lui proposer un plan d’action. Nous avons déterminé qu’à Fipec, la soudure des casiers à crabes constituait une étape critique ; c’est là que l’automatisation peut considérablement améliorer la production. Il y a
La cadence de soudage avec un robot est deux fois plus rapide que celle du soudage manuel. Ce gain de temps permet à l’opérateur d’e ectuer d’autres tâches à valeur ajoutée ou de prêter main-forte à des personnes occupant d’autres postes.
Les robots collaboratifs soudeurs sont plutôt communs, mais avant de les implanter en entreprise, il est essentiel de tester leurs capacités en fonction des caractéristiques de soudage propres au produit. À Fipec, la position de soudage était critique. Lors de la preuve de concept, la soudure en position verticale descendante a été testée chez Amecpro, avec succès. Photo fournie par Investissement Québec.
plusieurs étapes dans la fabrication, et celle-là est une étape clé. »
En même temps, l’entrepreneur voulait aider ses employées et employés dans leur travail, leur faciliter la tâche et rendre le travail plus stimulant. « Ici, l’automatisation ajoute de la diversité dans le travail de la personne chargée de la soudure, indique Benoît Genest. L’opérateur du robot a participé à l’élaboration du projet, puis il a été formé. Il s’est montré très ouvert et intéressé, il s’est senti valorisé pendant tout le processus. »
Une approche personnalisée
L’approche de l’équipe Innovation d’Investissement Québec est très personnalisée. « Nous analysons l’entreprise dans sa globalité, note Benoît Genest. Ce service est accessible à toutes les entreprises du Québec. Nous arrivons avec un regard neutre, nous ne sommes pas là pour vendre des choses, nous sommes là pour bâtir un plan d’action avec l’entreprise pour la faire gagner en productivité. Nous voulons déterminer avec le gestionnaire quels seraient les gains potentiels. Nous voulons comprendre leur réalité, car ce que nous proposons doit être aligné avec celle-ci. Nous sommes à l’écoute des clients pour leur proposer des solutions concrètes qui les aideront à “se me re en mouvement” et à faire les premiers pas. »
Benoît Genest et son équipe ont précisé avec Daniel Desbois les grandes orientations et les objectifs d’a aires de Fipec afin de pouvoir lui apporter une aide sur le plan technique pour favoriser l’a einte de ces objectifs. Toute la gamme des produits a été analysée, et l’équipe, constituée d’ingénieures, d’ingénieurs et de candidates et de candidats à la profession, a contribué à bien définir les principaux défis. « L’exercice de priorisation des actions à accomplir a permis à Daniel Desbois de réaliser que l’automatisation de la soudure des casiers était la solution, mentionne Benoît Genest. À partir de ce moment-là, nous avons
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pu bâtir avec lui un cahier des charges précisant les besoins, les contraintes, les objectifs et toutes les spécifications techniques. »
Ce cahier des charges devient un outil précieux pour l’entreprise lors de la présentation du projet à des intégratrices et des intégrateurs. Investissement Québec agit comme une courroie de transmission pour faciliter les démarches. « Notre équipe a fait connaître à Daniel Desbois l’écosystème des intégrateurs au Québec, poursuit Benoît Genest. Nous l’accompagnons d’un point de vue neutre, nous l’outillons, mais les décisions lui reviennent toutes. Nous participons à la planification de la réalisation du projet de façon progressive. »
Une première phase bientôt terminée
La réalisation du projet a débuté au printemps 2023. Le robot devrait être opérationnel d’ici le début de l’été 2024. « Ce e première étape a nécessité un investissement de 400 000 $, dit Daniel Desbois. Il me perme ra d’augmenter la production, d’éliminer le temps supplémentaire de certains employés et de reconquérir un marché que j’avais dû délaisser, celui des plus petits casiers à crabes, certes moins utilisés, mais pour lequel il existe encore une demande. On commence par ça, et on verra de quelle façon on pourra étendre l’automatisation à d’autres postes. »
Benoît Genest et son équipe sont très fiers d’être venus en aide à une entreprise qui faisait face à un problème menaçant sa croissance et
sa pérennité. « Daniel Desbois a osé, et il va en récolter les fruits, déclare avec enthousiasme Benoît Genest. Nous avons travaillé dans un climat de confiance et de collaboration. Pour Fipec, nous avons trouvé l’équipement approprié, mis au point le projet adapté aux besoins de l’entreprise et soutenu financièrement sa réalisation. Peu importe la taille de l’entreprise ou son degré d’avancement technologique, Investissement Québec peut l’accompagner. L’ingénierie vient en aide à tellement de secteurs, elle touche à tout ! Elle permet de trouver des solutions pratiques à des problèmes de tous les secteurs d’activité. »
Mélanie Larouche, journaliste.
POUR EN SAVOIR PLUS SUR INVESTISSEMENT QUÉBEC
investquebec.com
Services d’Investissement Québec
Pour augmenter la productivité et propulser la croissance des entreprises québécoises, Investissement Québec propose deux gammes de services complémentaires perme ant la prise en charge complète de leurs besoins : de l’accompagnement et des solutions financières. L’accompagnement, toujours sur mesure, peut être de nature stratégique, technologique, ou concerner les exportations. Les solutions financières, quant à elles, sont personnalisées et adaptées aux besoins des entreprises. Fipec a essentiellement bénéficié de l’accompagnement technologique et du soutien financier o erts par Investissement Québec. Fipec travaille aussi avec les expertes et experts en exportation d’Investissement Québec pour définir sa stratégie de commercialisation dans les marchés à l’extérieur du Québec.
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Illustration : Vectorstock –Photos : Fitec
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Bateau de pêche commerciale de type crabier.
ROBOTS
DES INTERACTIFS DE PLUS EN PLUS
Passionné par la cobotique, soit la collaboration entre l’humain et le robot, Martin Otis, ing., professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi, s’intéresse à la façon dont la machine pourrait mieux interagir avec les utilisatrices et utilisateurs en milieu de travail.
D’aussi loin que Martin Otis se souvienne, la programmation et la réalisation de petits circuits électriques le passionnaient. Rien d’étonnant dans ces conditions que ce fier utilisateur d’un Commodore Vic-20 dans les années 1980 ait opté pour un baccalauréat en génie électrique et informatique, puis plus tard pour un doctorat dans le même domaine. Entretemps, il fait une première incursion dans le domaine de la microrobotique à la maîtrise, lorsqu’il se penche sur la biocompatibilité des matériaux introduits dans un corps humain, plus précisément quand il s’agit d’aller porter des médicaments dans des zones précises.
Sa thèse de doctorat le rapproche encore un peu plus de la robotique. Le jeune homme s’intéresse en e et à l’étude de la marche chez
des personnes en perte d’autonomie ou qui sou rent de limitations physiques à la suite d’accidents. Il a alors recours à des mécanismes robotiques pour évaluer l’équilibre de ces personnes en utilisant une méthode moins invasive qu’une caméra ; des casques, des semelles, des gants équipés de capteurs servent à prendre les mesures dont il a besoin.
Tout ce qui le mobilise aujourd’hui dans ses travaux portant sur les interactions entre les humains et les robots se trouve déjà à petite échelle dans ce e recherche. Martin Otis ne cherche pas à me re au point des mécanismes automatiques complètement autonomes. C’est en fait l’interaction entre les deux univers, celui du robot et celui de l’humain, qui l’intéresse, autrement dit la cobotique, aussi appelée robotique collaborative.
L’industrie a déjà adopté plusieurs modèles de robots collaboratifs, ce mode de travail ne garantit pas la sécurité des personnes puisque les risques de collision sont bien réels.
Des robots plus proches des humains
Les recherches de Martin Otis visent donc à rendre des systèmes plus autonomes et plus sécuritaires en fonction d’erreurs humaines possibles ou d’agissements non prévus. Imaginons qu’une personne se déplace rapidement sur un lieu de production, là où se trouve un robot lui aussi en mouvement. Pour éviter la collision, il faut faire intervenir des notions d’optimisation, d’intelligence artificielle, de génie informatique et robotique ou de génie logiciel. Le but est de rendre l’interaction plus fluide et de pouvoir changer le comportement du robot en fonction de l’état de fatigue, de l’équilibre et de la concentration de son vis-à-vis humain. Cependant, le domaine du traitement des comportements anormaux en est encore à ses balbutiements, de sorte que son degré de maturité technologique ne permet pas son application.
Alliance gagnante, robot et industrie 5.0
L’ingénieur poursuit en donnant un autre exemple dans un domaine en pleine émergence, celui de l’économie circulaire mise en œuvre dans l’industrie 5.0, en particulier le démontage de ba eries électriques. La synergie avec l’humain devient nécessaire pour montrer à la machine à démonter les nombreux fils électriques, et trouver comment se débarrasser
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Illustration : VectorstockPhotos : CC-BY
« Dans les 5 ou 10 prochaines années, il y aura non seulement des robots collaboratifs, mais aussi des robots de plus en plus interactifs, c’est-à-dire ayant di érents “comportements”. »
MARTIN OTIS, ING.
des pièces flexibles, une manœuvre qui pose actuellement problème.
« Dans les 5 ou 10 prochaines années, il y aura non seulement des robots collaboratifs, mais aussi des robots de plus en plus interactifs, c’est-à-dire ayant di érents “comportements”, prédit Martin Otis. On peut penser qu’ils seront utiles, par exemple, à l’assemblage dans le secteur automobile où il y a beaucoup de harnais électriques nécessitant une grande dextérité, des tâches exécutées par des humains à l’heure actuelle. »
Selon Martin Otis, de grandes possibilités s’ouvrent pour l’ingénierie autour du génie logiciel et de l’intelligence artificielle, de même qu’en ce qui concerne de nouvelles connaissances qui ne font pas encore forcément l’objet de contenus universitaires. Il s’agit d’un domaine qui fait appel à des compétences très variées pour bien comprendre comment combiner des algorithmes en temps réel dans un robot.
Le professeur se sent d’ailleurs privilégié d’e ectuer ses recherches à l’UQAC, qui dispose de très grands centres de recherche, tant en robotique que dans les secteurs de l’énergie, des matériaux intelligents et de la métallurgie. La région du Saguenay profite de cet apport puisque, déjà, le Laboratoire d’automatique et de robotique interactive a contribué à trois démarrages d’entreprises utilisant la cobotique.
Pascale Guéricolas, journaliste.
POUR EN SAVOIR PLUS SUR LA COBOTIQUE À L’UQAC uqac.ca/portfolio/ martinotis/tag/cobotique/
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Martin Otis , ing., dans le laboratoire de recherche en compagnie de son équipe d’étudiantes et d’étudiants de l’UQAC.
Bertrand Nepveu
D’INGÉNIEUR À TECHNOPRENEUR
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Le casque de réalité virtuelle et augmentée Totem, dont Apple a fait l’acquisition a été lancé en février 2024 aux États-Unis seulement. Son inventeur croit en un entrepreneuriat créatif pour naviguer dans ce nouvel univers.
L’hiver dernier, Bertrand Nepveu a vécu l’enfer sur les routes de Californie alors que des glissements de terrain projetaient d’énormes pierres sur la chaussée devant son véhicule. Il s’en est heureusement tiré sans une égratignure. « Je me suis exercé des milliers de fois à ce genre de scénario dans les jeux vidéo, j’avais donc de très bons réflexes », raconte en souriant le fondateur de l’entreprise Vrvana.
Qu’on se le dise, le créateur du casque de réalité virtuelle Totem, vendu pour une quarantaine de millions de dollars à Apple, sait tout ce qu’il doit à l’univers des jeux. Qu’il s’agisse d’énigmes basées sur la physique ou sur les principes de programmation, ou bien de jeux de poursuite ou de simulation à la SimCity ou à la Civilization, le quadragénaire a réussi à tirer le meilleur de cet univers depuis les années 1980. Il a éto é ses connaissances pendant ses études de baccalauréat en génie informatique à l’Université de Sherbrooke, puis durant son MBA qui lui a permis de maîtriser le langage des a aires.
Croire en ses projets
Né dans une famille d’entrepreneurs – le grandpère de Bertrand Nepveu possédait l’entreprise qui fabriquait la fameuse eau de Javel La Parisienne –, ce passionné d’ordinateurs lance Vrvana trois ans seulement après l’obtention de son bac. Au début, il cherche surtout à o rir aux adeptes de jeux vidéo un équipement doté de microécrans de très bonne définition, ainsi que des capteurs de mouvements pour la console Xbox 360. L’ingénieur croit à son projet, au point de vivre chichement avec un
PARCOURS DE BERTRAND NEPVEU
2000
Génie informatique
2005
MBA
2005
Fondation de Vrvana
2017
Totem remporte le Best in Show lors du CES
2018
Acquisition du casque Totem par Apple
2023
Cofondation de Triptyq Capital
93 Printemps 2024
Photo : Christian Fleury
capital de 200 000 dollars pendant 8 ans, avec deux associés à temps partiel.
En 2013, il proje e le film Avatar sur ce casque de réalité virtuelle aux responsables d’Ubiso , qui s’émerveillent devant le produit. D’autres ingénieurs se joignent à lui pour travailler sur ce prototype, mais les investisseurs se montrent très sceptiques quant à l’essor de la réalité virtuelle, ce qui limite les possibilités financières. Heureusement pour Vrvana, Facebook achète pour trois milliards de dollars la jeune entreprise Oculus, qui a mis au point un casque de réalité virtuelle. Cet événement convainc les financiers, qui dotent la jeune entreprise québécoise d’un budget de 750 000 dollars pour élaborer son projet.
Un casque polyvalent et futuriste
Passionné autant par la mécanique que par l’électronique et la programmation, le jeune entrepreneur possède tous les outils pour me re au point un casque léger, équipé de cartes de circuits imprimés habituellement réservées aux ordinateurs portables. Sans oublier l’interface avec les jeux pour s’assurer que l’utilisateur progresse dans son activité. Persuadé qu’il est possible d’utiliser des caméras au lieu de projecteurs sur des surfaces semi-transparentes pour o rir de la réalité augmentée, Bertrand Nepveu, autodidacte de nature, se forme aussi à l’optique. Avec son équipe, il parvient à passer de la réalité augmentée à la réalité virtuelle en captant les photons de la caméra en temps réel, puis en les projetant sur des écrans. « Ce e captation à grand angle à l’aide de lentilles produit cependant un phénomène de distorsion, explique l’ingénieur. L’utilisation d’une puce qu’on a commencé à breveter en 2010 nous a notamment permis de supprimer les aberrations chromatiques. On est ainsi devenus capables de prendre un photon du monde réel en réalité augmentée et de l’a cher dans l’œil de l’utilisatrice ou de l’utilisateur en moins de 15 millisecondes, ce qui est en dessous de la perception de latence du cerveau. »
Un prix lors du Consumer Electronics Show (CES)
Tout cela a permis à Vrvana de procurer aux adeptes de jeux des émotions analogues à la vraie vie dans le monde virtuel, même si le cerveau sait parfaitement qu’il s’agit d’un univers factice. L’entreprise est projetée dans l’univers
« Au Québec, on n’aime pas le risque. Voilà pourquoi j’ai choisi de me concentrer sur la Californie pour trouver de l’argent. »
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MILLIARDS US Projection de la valeur du marché mondial de la réalité virtuelle en 2030 par Fortune Business Insights.
de grands en 2017. Au salon de l’électronique Consumer Electronics Show (CES), la jeune pousse remporte en e et le prestigieux prix du meilleur produit Tom’s Hardware.
On pourrait imaginer que les investisseurs se seraient précipités pour soutenir la recherche et développement de ce casque révolutionnaire après ce e récompense, mais il n’en a rien été. « Au Québec, on n’aime pas le risque, constate Bertrand Nepveu avec le recul. Voilà pourquoi j’ai choisi de me concentrer sur la Californie pour trouver de l’argent ». Mais le marché montre des signes de ralentissement. L’équipe choisit plutôt d’accepter l’o re d’achat d’Apple, une entreprise ayant les ressources su santes pour amener le casque à un niveau supérieur.
Un bond dans le monde des grands
Peu de temps après, l’équipe composée de neuf ingénieurs québécois se retrouve plongée dans le mode de fonctionnement d’une multinationale mythique de la Silicon Valley, à laquelle le créateur de Vrvana voue une admiration sans bornes depuis les années de gloire de Steve Jobs. Malheureusement, la réalité d’une entreprise empêtrée dans ses protocoles, et craignant de perdre de fortes sommes en prenant des risques, s’avère bien di érente de celle d’une jeune pousse du Québec, carburant à l’audace et à l’ingéniosité.
MÉTAVERS : Monde virtuel, immersif et persistant, qui permet la virtualisation des activités humaines, notamment sociales, ludiques, culturelles et commerciales. Le terme métavers est issu de la contraction de méta-univers.
Ce e expérience de 3 ans et demi a appris la patience et l’humilité à l’ingénieur fou de virtuel, qui pense que 80 % des foyers posséderont un tel équipement d’ici 5 ans. Son but demeurait le même : faire de ce casque le produit le plus créatif possible. Il a fallu pour cela résoudre une question d’ingénierie complexe, car le design décidé par Apple interdisait que les caméras se trouvent en face des yeux des personnes portant le casque.
« Pour moi, il s’agit du produit de consommation électronique courante le plus complexe de l’histoire, a rme l’ingénieur, car son utilisation joue sur le cerveau, qui détecte très rapidement les anomalies visuelles. » À force de travail, l’équipe vient à bout d’un problème qui semblait insoluble, et réussit à corriger en
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Bertrand Nepveu, ing., avec, à gauche, son prototype et à droite le casque
Apple Vision Pro.
Un écran virtuel d’applications pour l’utilisation de l’Apple Vision Pro.
L’Apple Vision Pro, le casque de réalité mixte (réalité virtuelle et réalité augmentée) comprenant plusieurs caméras, capteurs et microphones.
95 Printemps 2024
Photos : Apple et Christian Fleury
« J’ai envie de me re à profit tout ce que j’ai appris en Californie pour aider la nouvelle génération d’entrepreneuses et d’entrepreneurs. Cela me permet de combiner les capacités de résolution de problèmes de mon cerveau d’ingénieur avec mes connaissances en finance. »
temps réel la distorsion issue de la distance entre la caméra et les yeux. Il a en fait fallu estimer les distances auxquelles se trouvent les objets que voit l’utilisatrice ou l’utilisateur et les transformer en quelques millisecondes pour suppléer à la di culté posée par la forme du casque. Cet apport a été indispensable pour donner vie à Apple Vision Pro.
Entrepreneuriat technologique et capital de risque
Revenu de Californie depuis deux ans, Bertrand Nepveu vient de lancer Triptyq Capital avec
PALMARÈS
DES 5 PRINCIPAUX
SECTEURS
MONDIAUX
EXPLOITANT LA RÉALITÉ
VIRTUELLE :
1 Jeux vidéo
2 Divertissement
3 Automobile
4 Santé
5 Détail
deux autres personnes. Ce fonds d’investissement de 40 millions de dollars mise sur les technologies du divertissement dans l’économie des créatrices et créateurs. « J’ai envie de me re à profit tout ce que j’ai appris en Californie pour aider la nouvelle génération d’entrepreneuses et d’entrepreneurs, confie-t-il. Cela me permet de combiner les capacités de résolution de problèmes de mon cerveau d’ingénieur avec mes connaissances en finance. »
Son implication majeure au sein d’Apple lui a donné confiance dans les possibilités du Québec – un important pôle universitaire en génie, déjà riche en industries créatives – à s'imposer dans le domaine du métavers. Cet homme qui a vendu sa création à Apple faute d’investissement local su sant rêve de développer de grandes entreprises ici, afin de créer ce e extension de la vie réelle non seulement pour jouer, mais aussi pour se former ou converser avec ses proches. Ce modèle se base sur la collaboration et la mise en commun de ressources, comme dans les jeux vidéo!
Pascale Guéricolas, journaliste.
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Photo : Christian Fleury
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INNOVATIONS
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Voici un aperçu des activités à venir au cours des prochains mois.
Inscription annuelle
→ 12 février au 5 avril 2024
Grâce à votre cotisation annuelle, vous maintenez votre statut de membre de l’Ordre et vous pouvez vous a cher fièrement comme ingénieure ou ingénieur.
En plus de me re à jour vos renseignements professionnels et personnels, de valider votre statut et de faire vos déclarations, l’inscription annuelle vous permet d’indiquer votre domaine de pratique et de vérifier que votre dossier de formation est à jour.
Élections au conseil d’administration
→ Avis d’élections : 9 avril 2024
● Campagne électorale : 30 avril au 29 mai 2024
● Scrutin des régions en élection : 14 mai au 29 mai 2024
Soirée de l’excellence en génie
→ 29 mai 2024
Découvrez, lors d’une soirée festive, les lauréates et lauréats des Prix de l’Ordre 2024 et saisissez l’occasion d’échanger avec vos pairs. Les billets en vente dès le mois d’avril.
Assemblée générale annuelle (virtuelle)
→ 13 juin 2024 à 17 h 30
L’assemblée générale annuelle est un rendez-vous au cours duquel le conseil d’administration de l’Ordre présente aux membres le bilan des activités menées durant l’année écoulée.
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Illustrations : VectorSstock
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