PLAN-2025-01

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Au croisement de l’innovation et de la vision, le numérique ouvre la voie à des espaces de vie intelligents et durables.

SOPHIA, CONSEILLÈRE RH, RÉFLÉCHIE ET RIGOUREUSE CHERCHE INGÉNIEUR.E TALENTUEUX.SE

POUR BÂTIR UN FUTUR PROFESSIONNEL PROMETTEUR.

POUR UNIR TALENTS ET AVENIR

ing emplois.ca

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7 Édito

RÉFLEXION

10 Low-tech et ingénierie durable

14 Miser sur le métal comme vecteur d’énergie propre

16 L’intelligence artificielle au féminin : un impératif pour une IA responsable

PRATIQUE EXEMPLAIRE

18 Conseils d’experts : développer sa créativité en ingénierie

22 Conversation inspirante : Changement de paradigme

48 Protection auditive : à bon entendeur !

54 Gestion d’équipe : des outils pour prévenir et gérer les conflits

60 Revalorisation : l’énergie cachée des étangs d’eaux usées

65 Nouvelle cohorte de membres

VOIR GRAND

72 Mobilité durable : une vision d’avenir portée par l’ingénierie

78 Économie circulaire : des larves pour contrer le gaspillage alimentaire

86 Transition énergétique : accélérer la cadence dans le secteur industriel

26 Encadrement professionnel

28 Déontologie professionnelle

30 Législation et jurisprudence

32 Assurance responsabilité professionnelle 34 Avis

ACCOMPLIR

38 Innovation : les villes prennent le virage numérique

44 Productivité : l’IA dans les patates

90 David St-Onge, ing. : l’ingénieur en robotique humaniste

94 Sauver la forêt, un arbre à la fois

98 Agenda

Photo : iStock

La revue PLAN a pour objectif d’informer les membres de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) sur les conditions de pratique de la profession d’ingénieur au Québec ainsi que sur les services o erts par l’Ordre. Elle contribue à l’avancement de la profession et à la protection du public en présentant notamment des études de cas, des entrevues et des projets concrets qui influent sur l’environnement professionnel et la société.

Les opinions exprimées dans PLAN ne sont pas nécessairement celles de l’OIQ. La teneur des textes n’engage que les autrices et les auteurs. Les produits, méthodes et services annoncés sous forme publicitaire dans PLAN ne sont en aucune façon approuvés, recommandés ni garantis par l’OIQ. Le statut des personnes dont il est fait mention dans PLAN était exact au moment de l’entrevue.

DIRECTION

Éditrice : Marie Lefebvre, M. Sc.

RÉDACTION

Rédactrice en chef : Sandra Etchenda, réd. a.

Collaboration : Pascal Boudreau, Malika Daoud, Me Martine Gervais, Marie-Julie Gravel, ing., Me Patrick Marcoux, Philippe-André Ménard, ing., Anne Nguyen, François-Nicolas Pelletier, Philippe Terrier, ing.,

Rédaction : Gabrielle Anctil, Emmanuelle Gril, Pascale Guéricolas, Annie Labrecque, Mélanie Larouche, Valérie Levée, William Thériault.

Révision linguistique : Marie-Andrée L’Allier

Correction d’épreuves : Marco Chioini

Conseil, direction artistique et réalisation graphique : Éric Soulier

Impression : Imprimeries Transcontinental inc.

INFORMATION

Fréquence : trimestrielle – Di usion : 75 308

Tirage : 16 770 exemplaires – Disponible sur oiq.qc.ca

Commentaires et suggestions : plan@oiq.qc.ca

Publicité : partenariat@oiq.qc.ca

MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION 2024-2025

Présidente : Sophie Larivière-Mantha, ing., MBA, ASC

Menelika Bekolo Mekomba, ing., M. Ing., LL. B.

Normand Chevalier, ing., M. Ing., Adm. A.

Marco Dubé, ing.

Sandra Gwozdz, ing., FIC

Carole Lamothe, ing.

Jean-Luc Martel, ing., Ph. D.

Nathalie Martel, ing., M. Sc. A., PMP

Christine Mayer, ing., M. Sc. A.

Michel Noël, ing., M. Sc. A., ASC

Michel Paradis, ing., M. Sc.

ADMINISTRATRICES ET ADMINISTRATEUR NOMMÉS PAR L’OFFICE DES PROFESSIONS DU QUÉBEC

Joëlle Calce-Lafrenière, Adm. A., MBA

Malika Habel, MBA, ASC

Alain Larocque, CRHA, ASCD

Danièle Marcoux

1801, avenue McGill College, 6e étage Montréal (Québec) H3A 2N4 514 845-6141, poste 1

Envoi de Poste-publications • no 40069191

Dépôt légal ISSN 0032-0536

Droits de reproduction, totale ou partielle, réservés ® Licencié de la marque PLAN, propriété de l’Ordre des ingénieurs du Québec

Contribution environnementale (données du fabricant): Imprimé sur un papier Enviro Print. En comparaison avec un papier non recyclé, ce choix permet d’épargner 172 arbres, 49 m3 d’eau (513 douches de 10 min), 11 211 kg de CO2 (44 676 km parcourus en voiture), 300 GJ (1 387 687 ampoules de 60 W pendant 1 h) et 56 kg COVNM (55 134 km parcourus en voiture).

La revue de l’Ordre des ingénieurs du Québec

INSCRIPTION ANNUELLE

AVANT LE 31 MARS 2025

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LARIVIÈRE-MANTHA

À QUOI SERT VOTRE ORDRE PROFESSIONNEL ?

Comme ingénieures et ingénieurs, vous connaissez notre rôle de protection du public et les actions que nous menons pour concrétiser ce e mission — inspection, encadrement déontologique, surveillance de la pratique illégale, etc. Mais au-delà de ces mécanismes que nous appliquons au quotidien, notre mission s’inscrit aussi dans une perspective sociétale qui vise la sécurité et le bien-être de chaque citoyenne et de chaque citoyen, tout en servant les intérêts collectifs. Votre ordre travaille notamment à exercer un leadership sur des enjeux collectifs. Par exemple, l’Ordre a joué un rôle clé dans les consultations entourant le projet de loi 67 pour la modernisation du système professionnel et le projet de loi 76 visant principalement à accroître la qualité de la construction et la sécurité du public. Depuis plusieurs années, nous réclamions l’instauration d’un permis restrictif perme ant aux professionnelles et aux professionnels atypiques d’exercer dans leur domaine de manière permanente. Nous avons constaté avec une grande satisfaction que nos e orts ont porté leurs fruits : le projet de loi 67 incluait ce e mesure qui améliore la souplesse du système professionnel tout en renforçant la protection du public.

Enfin une surveillance obligatoire des travaux !

La surveillance obligatoire des travaux, prévue dans le projet de loi 76, représente une avancée majeure pour le Québec. Ce e mesure était au cœur de nos priorités depuis plus de 10 ans. Cependant, le projet initial méritait d’être bonifié. Grâce aux interventions de l’Ordre des ingénieurs du Québec et à celles d’autres acteurs, la loi confie la responsabilité d’octroyer

les contrats de surveillance aux donneurs d’ouvrage et non aux entrepreneurs, comme le prévoyait le projet de loi au départ, ce qui aurait pu entraîner des conflits d’intérêts. Nous avons aussi plaidé en faveur d’un modèle inspiré des meilleures pratiques canadiennes, en recommandant que l’a estation de surveillance porte sur la conformité aux plans et aux devis, et non seulement sur le respect du Code de construction du Québec. Une bonne manière de renforcer la qualité de la construction et la sécurité du public au Québec. L’automne 2024 a ainsi été marqué par des avancées importantes sur des questions essentielles pour l’ensemble de la profession et la protection du public. Les succès obtenus par votre ordre illustrent le rôle déterminant des ordres professionnels dans l’amélioration des pratiques et la protection de la société.

Tournés vers l’avenir

Nous ne sommes pas les seuls à agir de la sorte. Pensons au travail du Collège des médecins sur l’état des services de santé dans certaines régions du Québec ou au tout récent guide de bonnes pratiques dans l’utilisation de l’intelligence artificielle élaboré par le Barreau du Québec. Conscient des défis posés par les technologies émergentes, l’Ordre a également entamé un processus de réflexion visant à définir les bonnes pratiques en matière d’intelligence artificielle appliquées au génie afin d’accompagner les membres dans l’exercice de leurs responsabilités. Votre ordre, c’est donc une organisation qui met de l’avant la responsabilité des ingénieures et des ingénieurs à l’égard de la collectivité afin que nous bâtissions un avenir où la sécurité et l’excellence demeurent des priorités.

FOCUS

Des villes intelligentes p. 38

Protection auditive p. 48

Mobilité durable p. 72

Économie circulaire p. 78

Transition énergétique p. 86

7

Photo : Nadia Zheng

Chronique financière

Le REER :

payer moins d’impôt aujourd’hui… et plus tard

Comme au Canada le taux d’imposition est progressif, cotiser à un régime d’épargne-retraite (REER) est un bon moyen de réduire son revenu imposable pendant sa vie active (revenus plus élevés, donc taux d’imposition plus élevé) et payer de l’impôt seulement au moment de retirer ces sommes, généralement à la retraite (donc taux d’imposition moins élevé).

Chaque année, vous avez le droit de cotiser jusqu’à 18 % de votre revenu au titre de REER. Si vous n’avez pas utilisé tous vos droits de cotisation, ils s’accumulent. Vous pourriez donc réduire votre revenu imposable et profiter d’économies d’impôt encore plus substantielles. Avec de tels avantages fiscaux, il est même parfois souhaitable d’emprunter pour maximiser sa cotisation REER, grâce à un prêt REER. Vous pouvez cotiser à un REER toute l’année fiscale précédente, ou dans les 60 premiers jours de l’année en cours afin que la cotisation soit admissible.

Voici quatre cas concrets :

Philippe, 25 ans, commis-comptable, a un revenu annuel de 35 000 $ et paie 6 287 $ d’impôt. Philippe a réussi à mettre de côté 18 % de son salaire annuel (6 300 $) afin de cotiser pour la première fois à son REER. Après déduction REER, il a 4 490 $ d’impôt à payer, donc 1 797 $ d’économies d’impôt grâce au REER.

Sophia, 23 ans, designer graphique, a un revenu annuel de 35 000 $ et paie 6 287 $ d’impôt. Sophia rêve de voyages et est parvenue à épargner 1 000 $ cette année pour cotiser à un REER. Après déduction REER,

elle a 6 001 $ d’impôt à payer, donc 286 $ d’économies d’impôt grâce au REER.

Christophe, 34 ans, facteur, a un revenu annuel de 46 000 $ et paie 9 727 $ d’impôt. Chaque semaine, Christophe verse automatiquement 75 $ dans son REER, pour une cotisation annuelle de 3 900 $. Après déduction REER, il a 8 354 $ d’impôt à payer, donc 1 289 $ d’économies d’impôt grâce au REER.

Gaëlle, 32 ans, ingénieure, a un revenu annuel de 75 000 $ et paie 20 491 $ d’impôt. Gaëlle a décroché un poste avec un salaire plus élevé. Pour réduire le montant d’impôt à payer, elle a pris un prêt REER de 20 000 $, remboursable sur un an, comme elle avait encore des droits de cotisation au titre de REER non utilisés. Elle utilisera le montant d’impôt économisé pour rembourser une partie de son prêt, et répartir le solde restant en versements mensuels. Après déduction REER, elle a 13 067 $ d’impôt à payer, ce qui fait 7 424 $ d’économies d’impôt grâce au REER.

Si, pour vous, la retraite semble bien loin, n’oubliez pas que le REER peut aussi vous permettre d’acheter le plus gros actif que vous posséderez dans votre vie : une maison. En effet, le régime d’accession à la propriété (RAP) vous permet de puiser jusqu’à 60 000 $ de votre REER, et ce, sans pénalités fiscales. Vous préférez retourner aux études ? Avec le régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP), vous pourriez retirer de votre REER jusqu’à un maximum de 20 000 $ pour financer votre nouveau diplôme ! Pour mieux gérer vos finances personnelles, inscrivez-vous à l’infolettre Banque Nationale.

Découvrez l’offre de la Banque Nationale pour les ingénieurs à bnc.ca/ingenieur

Pour tout conseil concernant vos finances et celles de votre entreprise, veuillez consulter votre conseiller de la Banque Nationale, votre planificateur financier ou, le cas échéant, tout professionnel (comptable, fiscaliste, avocat, etc.).

BAROMÈTRE

LA CONFIANCE : UN ATOUT PRÉCIEUX À PRÉSERVER

Depuis 25 ans, le Baromètre de confiance Edelman recueille les opinions de plus de 33 000 personnes dans 28 pays, dont le Canada. L’édition 2024 a mis en lumière que, bien que l’innovation soit perçue comme une promesse de prospérité, elle engendre également de la méfiance. L’édition 2025 confirme ce e tendance à l’érosion mondiale de la confiance. Voici quelques faits saillants concernant l’innovation et l’intelligence artificielle.

La Direction des communications.

→ DONNÉES CANADIENNES : LA CONFIANCE DANS L’INNOVATION EN JEU

GESTION DES INNOVATIONS

Les personnes sondées estimant que l’innovation technologique est mal gérée sont deux fois plus nombreuses que celles qui pensent le contraire.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

54 % se méfient de la croissance de l’intelligence artificielle, comparativement à 17 % qui s’en réjouissent.

Seulement 21 % considèrent que l’intelligence artificielle est su samment réglementée.

LE RÔLE DES SCIENTIFIQUES

DANS L’ACCEPTATION DE L’ INNOVATION

74 % des Canadiennes et des Canadiens ayant répondu au sondage font confiance aux scientifiques en matière d’innovation technologique.

Pour plus d’informations : edelman.com/trust-barometer

À la lumière des avancées technologiques telles que l’intelligence artificielle et les énergies renouvelables, il est crucial de di user les connaissances scientifiques acquises et de vérifier dans quelle mesure la population adhère aux innovations technologiques. En e et, l’application de ces avancées revêt une importance égale à celle de l’innovation elle-même.

Comment préserver ce e confiance ? En valorisant l’expertise scientifique tout en la rendant accessible, en instaurant une réglementation appropriée et en faisant connaître les bénéfices concrets pour la société. Il est également essentiel d’accompagner les gens dans la compréhension de l’e et des innovations sur leur vie et leur avenir.

Low-tech et ingénierie durable

Philippe Terrier, ing., est professeur enseignant à l’École de technologie supérieure et responsable du Laboratoire d’ingénierie pour le développement durable. Ses activités d’enseignement et de recherche portent sur la conception biomimétique, la low-tech et les outils d’ingénierie durable. Il a participé à plusieurs missions de soutien technique aux activités scientifiques en Antarctique.

Une des grandes questions à laquelle la low-tech essaye de répondre pourrait être la suivante1 : « Qu’est-ce qui nous su t pour nous épanouir collectivement dans un monde écologiquement contraint ? »

POURQUOI SE POSER

CETTE QUESTION ?

Parce qu’un nouveau constat s’impose. Notre dépendance aux ressources fossiles, aux minerais critiques et à la haute technologie nous conduit dans une impasse tant en ce qui concerne les ressources2 nécessaires pour continuer sur la même trajectoire qu’en raison des dommages irréversibles causés aux écosystèmes fondamentaux pour notre survie3

QUE FAIRE ALORS ?

Demander aux ingénieures et aux ingénieurs de développer des solutions technologiques aux problèmes ? En e et, le développement technologique porté par elles et eux a souvent été synonyme de progrès, de mieux-être, de sécurité, d’amélioration globale de la qualité de vie, et c’est ce constat que l’on peut globalement dresser entre le début de l’ère industrielle

et l’aube des années 2000. La croyance voulant que la hightech réglerait presque tous nos problèmes s’est ancrée solidement dans les esprits, mais des brèches apparaissent. La matérialisation des aléas climatiques apporte son lot de catastrophes qui frappent toujours plus durement les plus vulnérables. L’habitabilité de la Terre pour notre espèce apparaît de plus en plus menacée. Les dernières décennies ont donc conduit à l’émergence d’une prise de conscience que « le Monde » est trop étroit pour accueillir un développement sans limites, et où nous dépassons déjà plusieurs frontières planétaires4 qui, inévitablement, freineront nos envies de consommer toujours plus.

Pour faire face aux impératifs environnementaux qui imposent une diminution de l’empreinte carbone, écologique ou de matières premières, plusieurs avenues sont proposées, dont la croissance verte qui devait fournir un découplage entre croissance économique et impacts environnementaux. Ce e démarche mobilise la contribution des ingénieures et des ingénieurs pour concevoir les technologies salvatrices

sans que nous ayons à bousculer notre mode de vie non soutenable. Le technosolutionnisme est devenu un réflexe de base, une croyance voulant que l’avènement de la haute technologie apporterait des solutions universelles. C’est confortable, et globalement, cela ne prend pas de courage politique. Mais c’est faire fi des e ets rebond qui, très souvent, résultent des améliorations technologiques, comme l’avait pourtant mis en lumière dès 1865 Williams Stanley Jevons5. C’est aussi refuser de voir que les technologies nécessaires à la production d’énergie renouvelable dans un contexte de transition vont se heurter au mur de la disponibilité des métaux critiques6 requis pour la fabrication de ce nouveau parc intensif de machines. Les scénarios analysés par l’Agence internationale de l’énergie7 montrent que l’objectif de carboneutralité pour 2050 requiert bien plus de métaux critiques de transition (MCT) — graphite, nickel, lithium, cobalt, cuivre — que ce que la production minière pourra fournir. Et c’est sans compter que l’extraction et la purification de ces MCT est hautement intensive sur le plan des émissions de gaz à e et de serre (GES).

Ces trajectoires de croissance verte et de transition énergétique parsemées de nombreux obstacles illustrent comment il est nécessaire de trouver d’autres approches pour que l’ingénierie ne soit plus le lubrifiant de l’Anthropocène, mais qu’elle soit mise au service du maintien de l’habitabilité de la planète.

CONNAISSEZ-VOUS LA DÉMARCHE LOW-TECH ? Encore un anglicisme ! Mais pourquoi ne pas dire basses technologies ? Parce que cela ne ferait pas exactement référence au même concept. Examinons tout cela et découvrons ce qu’est vraiment la low-tech.

Que les inquiets se rassurent, la low-tech ne souhaite pas de retour à la caverne, ni la suppression de l’IRM en milieu hospitalier. Elle propose de repenser notre rapport au développement technologique.

Le terme low-tech8, utilisé faute d’une meilleure traduction pour sustainable technology ou encore intermediate technology9 , désigne bien plus qu’une technologie simple et soutenable. C’est une démarche systémique visant à réduire notre dépendance aux technologies complexes et énergivores, souvent high-tech.

Mais a ention, la low-tech n’est pas technophobe, elle est technocritique, surtout envers le technosolutionniste et ses technologies zombies10 qui existeront plus longtemps sous forme de déchets que sous forme de produits utiles ! Regardez autour de vous et pensez-y ! Combien d’objets de votre

quotidien vont faillir rapidement sans que vous puissiez vraiment leur donner une nouvelle vie, les recycler, les réparer ?

La low-tech préconise des solutions technologiques simples, une démarche réfléchie de leur usage, un discernement pour sélectionner les technologies réellement nécessaires selon les circonstances et applications. La low-tech est bien plus qu’un catalogue de technologies, c’est une philosophie, un mode de vie, et des savoir-faire que le Low-tech Lab11 résume en trois qualificatifs : utile, accessible, durable. Pour englober la vaste étendue et les multiples déclinaisons du concept, on parle souvent de démarche low-tech

Enfin, la low-tech, en tant qu’utopie rationnelle, propose un récit mobilisateur en critiquant la société de surconsommation et le technosolutionnisme, tout en décrivant un idéal de technologies utiles, mobilisées sobrement et à bon escient. La low-tech o re des outils pour guider l’action collective, et est portée par toute une communauté d’acteurs dans une démarche inclusive. Elle n’est pas réservée seulement aux ingénieures et aux ingénieurs, bien qu’elles et ils jouent un rôle majeur dans la di usion de connaissances liées aux technologies.

QUELS SONT LES PRINCIPES ET CRITÈRES DE LA LOW-TECH ?

Quelles valeurs renvoient nos technologies ? Quel progrès technique ? À quel prix ? Pour qui et aux dépens de qui ? L’approche low-tech nous invite à nous interroger sur les externalités négatives de nos technologies, mais aussi sur l’équité dans l’accès et l’appropriation des technologies par les sociétés. Dans un monde idéal, une solution low-tech répondrait à l’ensemble des critères de performance présentés ci-dessous… mais il faut bien démarrer quelque part et accepter qu’initialement,

tous les critères ne seront pas rencontrés. Ainsi la low-tech prescrit les actions suivantes :

• S’interroger sur nos besoins, sélectionner ceux qui sont essentiels, sortir du consumérisme superflu et considérer les limites planétaires. La low-tech s’inscrit dans un courant de « déconsommation » semblable à la décroissance, mais sans focalisation sur la réduction des indicateurs de croissance comme le PIB.

• Analyser et me re en question nos dépendances aux ressources rares, aux systèmes socioéconomiques, aux réseaux de distribution, aux entreprises qui détiennent un pouvoir par le contrôle qu’elles exercent sur nos high-tech insondables12

• Concilier bien-être et frugalité. Prioriser les solutions simples, sobres, e cientes sur le plan énergétique, moins gourmandes en ressources, utilisant le plus possible des matériaux de base abondants, faciles à extraire et à recycler. Se reconnecter avec le vivant et ses principes de circularité comme le propose également le biomimétisme13.

• Concevoir et produire de manière soutenable et maximiser les impacts sociaux positifs. Favoriser l’adaptabilité avec d’autres systèmes. Privilégier les circuits courts. Considérer les lieux et conditions de production. La low-tech rejoint l’innovation frugale, la permaculture ou encore l’économie circulaire et le biomimétisme, qui visent la réduction de la consommation de ressources et d’énergie et l’a énuation des impacts négatifs.

• Rendre les technologies « accessibles » afin de pouvoir les comprendre et les réparer. Proscrire l’obsolescence pour allonger la durée de vie utile. Favoriser le partage de connaissances, la coopération et la solidarité afin d’améliorer

la résilience, l’autonomie et l’empouvoirement des utilisateurs.

• Redevenir modestes et sortir des visions de domination technologique occidentale. Ne pas rejeter la rétroinnovation. Redécouvrir et perfectionner des techniques et savoir-faire oubliés et les intégrer dans des solutions modernes. Ces savoirs, parfois encore utilisés par des populations autochtones, répondent e cacement à des besoins essentiels.

QUE FAUT-IL RETENIR ?

La démarche low-tech revisite notre rapport aux technologies ainsi qu’aux principes d’ingénierie qui perme ent de les élaborer en visant plus de sobriété et une durabilité forte. C’est bien plus qu’une simple approche technique. C’est une «idéalogie», comme l’écrit Jacques Tiberi dans son ouvrage consacré à la low-tech14

La low-tech aspire à un modèle de société durable et respectueux des limites planétaires. Elle invite chacun à repenser ses besoins, et à adopter des solutions technologiques plus simples

et accessibles, tout en conservant les high-techs là où elles sont réellement incontournables et essentielles.

La low-tech ne chemine pas à contre-courant des autres concepts reconnus en ingénierie durable. Les grands enjeux environnementaux et sociaux imposent des transformations profondes de notre façon de produire et de consommer les ressources toujours plus rares. Les ingénieures et ingénieurs devront inévitablement revoir leurs approches de conception et accorder une part de plus en plus importante à la démarche low-tech afin d’éviter que chaque innovation technologique et son e et rebond nous rapproche d’un point de rupture.

Plus largement et au-delà de la low-tech, c’est l’ensemble des outils d’ingénierie durable, comme l’économie circulaire ou encore la conception biomimétique, qui devrait être mieux connu et appliqué, tant dans la communauté des ingénieures et des ingénieures que dans les universités o rant des programmes de génie à l’ère de l’Anthropocène.

1. Quentin Mateus et Gauthier Roussilhe, Perspectives Low-tech : Comment vivre, faire et s’organiser autrement ?, Éditions Divergences, 2023.

2. UNEP, Global Resources Outlook 2024, 2024.

3. M. H., Ruckelshaus, et autres, « The IPBES global assessment: Pathways to action », Trends in Ecology & Evolution, vol. 35, no 5, 2020, p. 407-414.

4. K. Richardson, et autres, « Earth beyond six of nine planetary boundaries », Science Advances, vol. 9, no 37, 2023.

5. William Stanley Jevons, Sur la question du charbon, 1865.

6. Celia Izoard, La ruée minière au XXIe siècle : Enquête sur les métaux à l’ère de la transition, Paris, Éditions du Seuil, 2024, p. 344.

7. Voir le lien https://www.iea.org/reports/global-critical-minerals-outlook-2024.

8. Philippe Bihouix, L’âge des low tech : Vers une civilisation techniquement soutenable, Seuil, 2014.

9. E.F Schumacher, Small is beautiful, 1973.

10. Emmanuel Bonnet et autres, Héritage et fermeture : Une idéologie du démantèlement, Éditions Divergences, 2021, p. 168.

11. Low-tech Lab – Accueil.

12. Dans le sens où il est, pour une majorité d’utilisateurs, complexe voire impossible de maitriser ou simplement de comprendre le fonctionnement de certaines technologies dont ils dépendent au quotidien.

13. La conception biomimétique encadrée par la norme ISO18458 est reconnue comme une approche d’éco-innovation en ingénierie.

14. Jacques Tiberi, Qu’est-ce que la low-tech? Éditions Dandelion, 2023.

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Miser sur le métal comme vecteur d’énergie propre

Pascal Boudreau a fait un baccalauréat et une maîtrise en génie mécanique à l’Université de Sherbrooke, y développant un intérêt marqué pour le secteur énergétique et les défis liés à la décarbonation. En 2021, il a entrepris un doctorat au laboratoire des carburants de remplacement de l’Université McGill ; il se consacre à l’étude de l’aluminium comme vecteur énergétique circulaire.

l’utilisation d’énergie fossile disponible en tout temps, qui est dense en énergie et facile à stocker et à déplacer. Électrifier ces systèmes entraînera nécessairement des changements technologiques, dont l’utilisation de diverses méthodes de stockage, parmi lesquelles l’aluminium pourrait jouer un rôle.

L’ALUMINIUM, SOURCE D’ÉNERGIE

Peu de gens le savent, mais ce métal stocke énormément d’énergie : un litre d’aluminium en contient davantage que deux litres de diesel. Produire de l’aluminium consiste à réduire de l’oxyde d’aluminium en métal en utilisant de l’électricité, perme ant ainsi de stocker ce e énergie sous forme de lien chimique. Ce même principe s’applique d’ailleurs à la production d’hydrogène vert, vu par plusieurs comme un carburant de l’avenir.

MA PASSION POUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

Le secteur de l’énergie nous touche toutes et tous, tous les jours. Nous en dépendons pour nous déplacer, nous chau er et nous alimenter.

L’accès à l’énergie est synonyme de richesse et de confort, comme le montre la forte corrélation entre la consommation d’énergie par individu et le produit intérieur brut dans tous les pays du monde.

Alors que nous avons grandement bénéficié de l’utilisation de combustibles fossiles, il nous faut maintenant nous en détourner dans les 25 prochaines années, sous peine d’accélérer les dérèglements climatiques déjà observés.

Le système énergétique de demain devra reposer sur l’exploitation de sources d’énergie renouvelables et durables, synonyme d’un virage vers l’électrification.

Le solaire et l’éolien représenteront sans doute les piliers de ce système,

étant déployés massivement à travers le monde en raison de leur abordabilité. Leur production varie toutefois d’heure en heure et de saison en saison. Or, nos systèmes énergétiques et nos procédés industriels actuels reposent sur

Quatre

En plus de stocker beaucoup d’énergie, l’aluminium présente l’avantage de pouvoir voyager facilement. En e et, une fine couche d’oxyde se forme instantanément à la surface de l’aluminium en contact

technologies

à la transition

essentielles

Les énergies solaire et éolienne. Leurs coûts n’ont cessé de diminuer avec les années, bien que, dans certains cas, il est maintenant moins coûteux de produire de l’électricité renouvelable que d’exploiter des centrales au charbon ou au gaz naturel.

Les ba eries. De plus en plus abordables et performantes, elles facilitent le déploiement de stockage énergétique à courte durée et rendent les voitures électriques plus accessibles.

Les thermopompes. Elles nous perme ent de chau er des bâtiments en utilisant près de trois fois moins d’électricité que les traditionnelles plinthes électriques.

L’aluminium « vert ». Il est indispensable en raison de son rôle de matériau structurel, et aussi de sa capacité à stocker de l’énergie, qui peut être transportée partout dans le monde.

Décarboner l’industrie de l’aluminium est nécessaire pour l’a einte de la carboneutralité et pour s’assurer que ce métal peut servir de vecteur énergétique durable.

avec l’air, rendant le métal inerte dans les conditions ambiantes. Il devient donc possible de conserver de l’énergie de manière saisonnière, de l’exporter outre-mer, ou de décarboner des communautés et des industries éloignées comme les sites miniers.

Une fois l’énergie stockée, il faut évidemment pouvoir la récupérer. Comment? L’aluminium peut réagir avec de l’eau dans des conditions particulières, ce qui permet de produire de la chaleur et de l’hydrogène sur demande. Pour assurer la durabilité du concept, l’oxyde d’aluminium également produit doit être récupéré et ramené à une aluminerie pour boucler le cycle.

Dans notre laboratoire, nous me ons au point une technologie perme ant l’oxydation complète de l’aluminium avec de l’eau à haute température et

à haute pression. L’hydrogène et la chaleur générés de manière contrôlée sont ensuite utilisés pour produire de l’électricité ou pour décarboner divers procédés industriels. Mon projet de doctorat vise à caractériser la vitesse de ce e réaction et à évaluer le potentiel techno-économique de la technologie, dans le but de cerner dans quelles applications il deviendra avantageux d’utiliser ce e solution.

ALUMINIUM ET RÉDUCTION DE L’EMPREINTE

ENVIRONNEMENTALE

Miser sur les métaux pour contribuer à la transition énergétique nécessite toutefois de modifier leurs procédés de production qui, comme tout le reste, reposent actuellement sur les énergies fossiles. L’utilisation d’anodes de carbone mène présentement au rejet de gaz carbonique lorsqu’on produit de l’aluminium. C’est pourquoi

il faudra miser sur une méthode plus durable en ayant recours notamment à des anodes inertes, une technologie présentement en développement. Décarboner l’industrie de l’aluminium est nécessaire pour l’a einte de la carboneutralité et pour s’assurer que ce métal peut servir de vecteur énergétique durable.

En terminant, il convient de rappeler que plusieurs des technologies nécessaires à la transition ont déjà fait leurs preuves et peuvent être déployées dès aujourd’hui. Il reste encore du travail de recherche à e ectuer pour relever les défis de demain, mais dans bien des cas, ce ne sont pas les e orts des ingénieures et des ingénieurs qui freinent les progrès. Une bonne dose de volonté politique pourrait accélérer la mise en place de mesures de décarbonation.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

L’intelligence artificielle au féminin : un impératif pour une IA responsable

Anne Nguyen est directrice principale, responsable de l’intelligence artificielle au Conseil de l’innovation du Québec. Elle a précédemment été responsable de la stratégie institutionnelle de la donnée au CHUM, directrice – analytiques et innovation chez LGI Solutions, et elle a piloté des projets de transformation numérique à l’Institut de cardiologie de Montréal. Diplômée de la Harvard Business School, elle agit aussi comme mentore en science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) auprès de jeunes filles et elle enseigne l’IA à l’université.

L’intelligence artificielle (IA) façonne notre monde à une vitesse vertigineuse, transformant nos vies, nos emplois et notre société. Cependant, alors que nous nous trouvons au cœur de ce e révolution technologique, une question cruciale se pose : qui façonne l’IA ? La réponse à ce e question est d’une importance capitale, car elle déterminera l’avenir de ce e technologie et son impact sur notre société.

LA SOUS-REPRÉSENTATION

DES FEMMES EN IA : UN DÉFI PERSISTANT

Malgré les progrès réalisés ces dernières années, les femmes demeurent largement sousreprésentées dans le domaine de l’IA. Les chi res sont éloquents : seulement 22 % de la main-d’œuvre mondiale en IA est féminine. Ce e disparité n’est pas seulement une question d’équité, mais aussi un

défi majeur pour le développement d’une IA véritablement responsable et inclusive.

LES BIAIS ALGORITHMIQUES : MIROIR DE NOTRE SOCIÉTÉ

Comment vous vous sentez-vous en lisant ces équations ?

· Président – homme + femme = première dame

· Docteur – homme + femme = infirmière

· Ingénieur – homme + femme = femme au foyer

Malgré nos avancées sociétales, ces résultats ont récemment été produits par certaines IA génératives avant d’être dévoilés, puis corrigés. Ils me ent en lumière des biais profondément ancrés dans nos données et nos systèmes, soulignant l’importance fondamentale de la diversité dans le développement de

l’IA, tant en matière de genre que de culture et d’expérience.

La sous-représentation des femmes en IA n’est donc pas que conceptuelle, elle a des conséquences tangibles. Les systèmes d’IA, entraînés sur des données historiques souvent biaisées, peuvent perpétuer et même amplifier les inégalités existantes.

L’IA ne se résume pas à l’analyse de données et à l’exécution d’algorithmes. Elle est intrinsèquement modelée par des priorités sociétales et économiques qui façonnent sa conception, son développement, son implantation et son utilisation. Elle peut également reproduire, voire exacerber les biais inscrits dans les données sur lesquelles elle s’appuie, souvent issus de décisions humaines ou de contextes sociaux sous-jacents. Ainsi, l’IA devient un reflet des dynamiques sociales et éthiques, qu’elle peut parfois renforcer.

DES FEMMES POUR UN HÉRITAGE DURABLE

Aujourd’hui, alors que l’on parle de l’IA et de la place des femmes dans ce domaine, il est frappant de constater que le passé a déjà prouvé notre importance. De nombreuses inventions concrètes montrent que notre influence est indéniable. Pourquoi faut-il encore convaincre ?

Prenons Hedy Lamarr, actrice et ingénieure visionnaire, qui a jeté les bases du Wi-Fi, du Bluetooth et du GPS avec un système de communication sans fil durant la Seconde Guerre mondiale. Ou Grace Hopper, pionnière de la programmation, qui a conçu le premier compilateur et introduit le terme bug. Ada Lovelace, quant à elle, a écrit le premier algorithme destiné à être exécuté par une machine, bien avant l’ère des ordinateurs modernes. Ces femmes ont redéfini l’innovation.

Il est également important de ne plus engager les femmes seulement pour leurs compétences humaines. Elles possèdent des compétences techniques précieuses et doivent être placées au cœur de la création des technologies de demain.

Dans le quotidien, des inventions, comme les essuie-glaces de Mary Anderson, le lave-vaisselle de Josephine Cochrane et le filtre à café de Meli a Bentz, illustrent la créativité et la persévérance de femmes dont les idées pragmatiques ont transformé nos vies.

Ces réalisations rappellent l’importance de la diversité en ingénierie et la nécessité de soutenir les talents féminins pour façonner un avenir technologique plus équitable. Ces femmes ont surmonté des obstacles pour nous o rir des solutions durables qui continuent d’améliorer notre quotidien.

VERS UNE IA PLUS INCLUSIVE ET RESPONSABLE

Pour accroître la représentation des femmes en IA, il est crucial de

privilégier l’éducation et le mentorat dès le plus jeune âge. Les programmes de STIM doivent être plus accessibles et a rayants pour les filles, en me ant en avant des modèles féminins inspirants.

Des initiatives spécifiques et créatives, comme des hackathons féminins, des journées portes ouvertes ou des ateliers de codage pour filles pourraient renforcer ce e dynamique.

Il est également important de ne plus engager les femmes seulement pour leurs compétences humaines. Elles possèdent des compétences techniques précieuses et doivent être placées au cœur de la création des technologies de demain. Les organisations travaillant sur l’IA ont le luxe de pouvoir diversifier leurs équipes, en veillant à ce que des

femmes soient présentes à chaque étape du développement, afin de réduire les biais et de créer des systèmes plus équitables.

L’IA AU SERVICE DE L’ÉGALITÉ

Paradoxalement, l’IA elle-même peut devenir un outil puissant pour promouvoir l’égalité des genres. Des systèmes d’IA bien conçus peuvent aider à relever les inégalités salariales, à promouvoir des pratiques de recrutement équitables et à me re en lumière les préjugés inconscients dans divers domaines.

L’avenir de l’IA dépend de notre capacité à intégrer une diversité de perspectives dans son développement. Les femmes, avec leurs expériences uniques et leurs approches innovantes, ont un rôle essentiel à jouer dans la création d’une IA éthique, responsable et bénéfique pour tous. En encourageant la participation des femmes à tous les niveaux de l’industrie de l’IA, nous ne faisons pas que promouvoir l’égalité des genres : nous investissons dans un avenir technologique plus intelligent, plus équitable et plus inclusif.

Nous sommes sur la route vers une IA véritablement inclusive et responsable, et chaque pas dans ce e direction est un pas vers un avenir où la technologie reflète et sert équitablement toute l’humanité. C’est non seulement un impératif éthique, mais aussi une nécessité pratique pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA au bénéfice de l’humanité.

Références

● itu.int/hub/2024/07/inclusiveresponsible-ai-needs-women-frontand-centre

● womentech.net/how-to/whatare-biggest-challenges-womenface-in-ai

IL FAUT TRAVAILLER EN DIVERGENCE, ALORS QUE LES INGÉNIEURS SONT FORMÉS POUR PERFORMER EN CONVERGENCE DES IDÉES.

CONSEILS D’EXPERTS

DÉVELOPPER SA CRÉATIVITÉ EN INGÉNIERIE

Les ingénieures et les ingénieurs sont souvent sollicités pour proposer des idées novatrices qui améliorent les produits, services et procédés de leur organisation. Toutefois, le faire de manière créative peut s’avérer complexe. Conseils pour développer ce e compétence.

À première vue, le milieu de l’ingénierie n’est pas le plus grand secteur de développement de la créativité. Les paramètres de conception sont généralement régis par des normes et des règlements plutôt rigides, et on observe parfois une résistance aux changements dans le milieu. Malgré cela, bien qu’étant un domaine technique et scientifique, l’ingénierie peut fondamentalement être une activité créative.

De l’avis des expertes consultées, il est tout à fait possible pour les ingénieures et les ingénieurs d’user de leur créativité dans un cadre professionnel, et ce, même si elles et ils ne se considèrent pas nécessairement créatifs de prime abord. Mais on ne peut pas le faire n’importe quand, ni n’importe comment. Et ça prend des e orts.

Déconstruire les idées reçues

« La créativité, c’est l’habileté à produire un artéfact nouveau, utile et original pour répondre à un besoin identifiable, à partir de connaissances déjà intégrées », indique Sophie Morin, ing., Ph. D.,

chargée de cours à Polytechnique Montréal.

« On n’invente rien à partir de rien ! Il faut démolir ce e pensée-là dès le début. Une idée nouvelle vient toujours de quelque part », poursuit l’ingénieure, qui a fait une thèse de doctorat sur l’enseignement de la créativité en ingénierie, et qui donne un nouvel atelier en partenariat avec l’Ordre.

« C’est ça, la créativité, faire de nouveaux liens entre des choses déjà apprises. Ça se travaille, ça se développe, mais il faut y me re des e orts et du temps. »

ÉMILIE DUBÉ,

LA CRÉATIVITÉ TRANSCENDE LES DISCIPLINES

Le processus créatif ou d’innovation fonctionne de manière similaire dans les domaines des arts, de la science et de la technologie. La créativité dépasse les frontières disciplinaires. Accueillir ce e diversité est essentiel pour favoriser l’innovation. Par exemple, le Massachuse s Institute of Technology (MIT) considère que la créativité transdisciplinaire fait partie intégrante de son identité.

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« Se forcer à être créatif, c’est contreproductif. Lorsqu’on se met de la pression pour être créatif, nos idées sont moins créatives. »

CONSULTANTE PRINCIPALE D’ENSEMBLE LEADERSHIP ET CHARGÉE DE COURS À LA FACULTÉ DE GÉNIE DE L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

Nous avons tendance à penser que dans le domaine de l’ingénierie, la créativité s’exprime principalement lors de la conception. « Mais ça peut également être dans la façon de gérer un horaire, d’organiser une chaîne de production, d’instaurer des mesures de santé et sécurité », commente Sophie Morin. Il s’agit néanmoins d’un jeu tout en nuances. « Parfois, l’objectif n’est pas d’être créatif, précise-t-elle. La créativité n’est pas toujours souhaitée ni nécessaire : on doit choisir les aspects d’un projet qui requièrent de la créativité. On ne peut pas être créatif partout et tout le temps. »

Quant aux méthodes d’idéation qui fonctionnent, elles dépendent de l’individu. Cela peut être une carte mentale (établir un réseau de concepts et les relier sur une feuille) ou un stimuli aléatoire (chercher un objet, une image ou un son et réfléchir aux mots que cela nous inspire), par exemple. Il faut essayer.

Il y a aussi un côté positif au cadre rigide du génie, selon Sophie Morin. Les contraintes stimulent la créativité, car on fait des e orts pour les contourner, ce qui est impossible lorsqu’on a carte blanche.

Un long processus

« Il y a de nombreuses écoles de pensée au sujet de la créativité, mais ce qui est utile d’enseigner et de croire, c’est qu’on peut tous être créatifs, avance Émilie Dubé, consultante principale d’Ensemble leadership et chargée de cours à la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke. La créativité est contrainte à beaucoup de jugement et à la peur du ridicule, mais ces réflexes se désapprennent. »

Pour développer sa créativité, il ne su t toutefois pas de se dire qu’on sera créatif à partir d’un moment précis. « On ne doit pas chercher un diamant poli dans nos idées, mais un diamant brut, mentionne Émilie Dubé. Quelque chose qui n’est ni beau ni parfait, mais qui a du potentiel. »

De l’idéation à la commercialisation, apprendre à laisser libre cours à sa créativité est un processus de longue haleine. La d.school, école étasunienne réputée de réflexion conceptuelle ( design thinking ) ra achée à l’Université Stanford, en Californie, considère que pour obtenir deux ou trois innovations qui débouchent sur un succès commercial, on a besoin de 12 prototypes prome eurs. Pour cela, il doit précédemment y avoir eu 226 prototypes à basse résolution. Et à la base, pour obtenir ce nombre, on a besoin d’avoir imaginé environ 4000 idées créatives. « Pour ce faire, il faut travailler en divergence, alors que les ingénieurs sont formés pour performer en convergence des idées, explique Émilie Dubé. Le réflexe d’accueil de la créativité des autres mérite donc d’être développé. » C’est pourquoi Émilie Dubé croit en l’importance d’o rir des cours de créativité dès le début de la formation en génie.

Les obstacles à la créativité proviennent beaucoup de l’e et de groupe. Il faut éviter d’envoyer comme message qu’il n’y a pas vraiment de place pour la di érence ou pour l’échec. Message aux gestionnaires : veillez à ne pas exprimer votre opinion trop rapidement pour éviter l’e et HIPPO (highest paid person’s opinion — l’opinion de la personne la mieux rémunérée a plus de poids que celle des autres), car de tels jugements peuvent limiter la diversité des idées. « Ce qui définit les équipes performantes, c’est la sécurité psychologique quand vient le temps de prendre des risques », signale Émilie Dubé.

« Donner libre cours à la créativité, ça prend des allers-retours, des connexions et des réflexions, dit Sophie Morin pour conclure. Ce n’est pas tout le monde qui est prêt à le faire. Et ça prend une culture organisationnelle qui favorise ce processus. »

Par William ériault, journaliste.

: iStock

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Conversation inspirante

CHANGEMENT DE PARADIGME

Marie-Claude Dumas, ing., présidente de WSP Canada, l’une des plus grandes firmes de génie et de services professionnels du monde, s’est entretenue avec Sophie Larivière-Mantha, ing., présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec, sur les changements dans l’industrie. Un échange passionnant où les deux femmes font le point sur les grandes tendances à surveiller.

Sophie Larivière-Mantha : Marie-Claude, ton parcours est très inspirant, merci d’avoir accepté mon invitation. Tu possèdes une vaste expérience en gestion multidisciplinaire et en servicesconseils auprès de plusieurs multinationales. De ton point de vue, de quelle façon le domaine du génie s’est-il transformé au cours des dernières années ?

Marie-Claude Dumas : En raison des changements climatiques et de l’impact de l’environnement sur les ouvrages, aujourd’hui, il faut absolument considérer la durabilité et la résilience des actifs. On pense par exemple aux conséquences des inondations, des tempêtes, etc., tant sur les structures que sur les êtres humains. Les ingénieures et les ingénieurs jouent un rôle central dans la résolution des défis environnementaux et climatiques, et leur expertise est essentielle pour développer des solutions durables.

Sophie : La conscience environnementale est une valeur importante pour notre profession. On en parle davantage maintenant, et je m’en réjouis. Le respect de l'environnement est une règle de conduite inscrite dans notre code de déontologie depuis longtemps. Nous faisons partie de la solution.

MINIBIO

Sophie Larivière-Mantha, ing., MBA, ASC Présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec depuis 2022, Sophie Larivière-Mantha s’est fixé trois priorités sur lesquelles elle désire intervenir durant son mandat : la surveillance des travaux, le développement durable et la place des femmes en génie.

Marie-Claude Dumas, ing. Marie-Claude Dumas est la présidente de WSP au Canada, l’une des plus grandes firmes de génie et de services professionnels du monde. Ingénieure de formation, elle dirige une organisation en pleine croissance et place les employés, les clients et l’innovation en tête de ses priorités. Elle détient une expérience multidisciplinaire dans l’industrie du génie-conseil ainsi que dans la gestion de projets majeurs, et ce, tant au Canada qu’à l'étranger.

Marie-Claude : Tout à fait ! Il y a une autre évolution importante : l’intégration de la technologie. L’intelligence artificielle, par exemple, a complètement révolutionné plusieurs industries. En génie, nous n’en sommes encore qu’au début ; la transformation va continuer et s’accélérer. Ce sera très positif, car notre travail comporte plusieurs tâches répétitives qui pourront être automatisées. Nous pourrons nous concentrer encore davantage sur des tâches créant plus de valeur ajoutée.

Sophie : Dans ce contexte, quelles sont les compétences dont les ingénieures et les ingénieurs auront besoin dans l’avenir ?

« Le respect de l’environnement est une règle de conduite inscrite dans notre code de déontologie depuis longtemps. Nous faisons partie de la solution. »

SOPHIE LARIVIÈRE-MANTHA,

ING., MBA, ASC

Marie-Claude : Dans notre métier, on peut aussi bien agir comme experte ou expert technique que comme gestionnaire de projet. Dans les deux cas, il est primordial de bien intégrer la perspective des di érentes parties prenantes afin de pouvoir proposer la meilleure solution. Par exemple, lorsqu’on conçoit un système de transport, on devrait se demander de quelle façon la génération future va se déplacer, parce que ce sera nécessairement di érent. Il faut aussi être en mesure d’expliquer et de vulgariser les solutions techniques que l’on propose. Car lorsque les gens ne comprennent pas, ça peut générer de l’inquiétudes chez les parties prenantes et réduire les chances que le projet aille de l’avant.

Sophie : Les ingénieures et les ingénieurs doivent développer leur capacité de vulgarisation afin que les solutions proposées soient compréhensibles par toutes et par tous. Elles et ils doivent ensuite vérifier que ces solutions répondent e ectivement aux besoins identifiés.

Marie-Claude : On doit aussi faire preuve de rigueur et se rappeler que l’enveloppe budgétaire n’est pas illimitée, afin de bien déterminer ce qui est indispensable dans le projet. Pour faire les bons choix, là encore, il faut comprendre les besoins et les inquiétudes des parties prenantes. Le travail en équipe est

un autre élément essentiel pour que les meilleures idées se réalisent. C’est pourquoi la collaboration interdisciplinaire est si importante.

LES DÉFIS DE LA CONSTRUCTION DE PROJETS MAJEURS

Sophie : La réalisation de projets de grande envergure est extrêmement complexe et comporte de hauts risques. On voit aussi des écarts notables en termes de délai et de coût. Quel est ton point de vue à ce sujet ?

Marie-Claude : Tout d’abord, lorsqu’il est question de dépassements de coûts et d’échéancier, je crois qu’il faut me re les choses en perspective. En e et, plusieurs éléments peuvent avoir des répercussions importantes sur un projet, et si cela n’a pas été clarifié dès le départ, il peut y avoir des surprises. D’où l’importance d’avoir un bon dialogue avec les

« En mode collaboratif, on ne pense pas qu’en fonction des coûts de conception et de construction. On tient compte de la durée de vie de l’actif, en considérant les frais liés à l’entretien et l’exploitation. »

MARIE-CLAUDE DUMAS, ING.

di érentes parties prenantes, et ce, dès l’estimation initiale des coûts. Il s’agit d’une étape déterminante. Autre facteur à considérer dans l’équation : lorsqu’on met à niveau des infrastructures existantes, il y a des éléments qui ne pourront être

clarifiés qu’une fois la démolition commencée et il pourra y avoir des conséquences sur l’échéancier et les coûts.

LES AVANTAGES DU MODE COLLABORATIF

Sophie : On parle de plus en plus souvent de mode collaboratif. Quels sont ses avantages ?

Marie-Claude : Le mode collaboratif est assurément l’une des grandes tendances observées au Canada. Ce e façon de faire rassemble dans une même équipe le propriétaire de l’actif, l’ingénieur et le constructeur dès le début de celui-ci pour que tous participent à la définition et à l’optimisation du projet. Impliquer tous ces joueurs dès le début aide à prendre de meilleures décisions. En mode collaboratif, on ne pense pas qu’en fonction des coûts de conception et de construction. On tient compte de la durée de vie de l’actif, en considérant les frais liés à l’entretien et à l’exploitation. Les étapes de conception et d’estimation des coûts sont conséquemment déterminantes pour la suite du projet. Les parties prenantes, telles que le propriétaire, l’ingénieur et le constructeur,

vont se réunir pour examiner les di érentes options si la première estimation des coûts est jugée trop élevée. Avant même la première pelletée de terre, il sera donc possible d’e ectuer la réingénierie et l’optimisation du concept.

Un autre avantage de ce e approche est que l’on peut intégrer de nouvelles technologies au projet durant sa réalisation, même si elles n’avaient pas été prévues au départ. Prenons l’exemple de la construction d’un aéroport. Les technologies de sécurité évoluent à un rythme rapide. Afin de garantir une qualité optimale pour le projet, des changements à la conception initiale pourraient être faits lors de leur mise en œuvre.

Sophie : Il faut penser à la durabilité des ouvrages pour les générations futures. C’est dommage d’utiliser des technologies obsolètes simplement parce qu’elles sont mentionnées dans le devis initial.

Au cours d’un déjeuner-conférence, tu parlais des coachs relationnels dans le mode collaboratif. Peux-tu m’en dire davantage ?

Marie-Claude : Au Canada, dans l’industrie, nous sommes habitués à la façon traditionnelle de faire les choses, laquelle encourage peu la collaboration. Or, si on veut passer en mode collaboratif, il faut modifier nos comportements et intégrer de nouveaux réflexes. C’est pourquoi il peut être utile d’avoir un coach pour nous aider à changer de paradigme. Ce coach est indépendant et contribue au succès du projet en incitant toutes les parties à faire preuve de transparence et à adopter ce e nouvelle posture qui consiste à penser au succès commun du projet.

LEADERSHIP AU FÉMININ, DIVERSITÉ ET INCLUSION EN GÉNIE

Sophie : L’Ordre vise à améliorer la présence des femmes et des personnes issues de la diversité dans la profession. Selon toi, que peuventelles apporter au sein des équipes ?

Marie-Claude : Selon moi, ce n’est pas uniquement la présence des femmes ou des minorités qui importe, mais surtout la valorisation de la diversité.

Il faut s’assurer que les membres d’une même équipe ont des profils et des parcours variés, qu’elles et ils ne pensent pas tous de la même façon. En procédant ainsi, on favorise l’innovation et on réduit le risque d’avoir des angles morts.

Au début, être confronté à de nouvelles idées peut générer un certain inconfort et susciter des désaccords au sein d’une équipe. Mais une fois l’adaptation faite, on sera capables d’échanger et de proposer une meilleure solution qui proviendra de toute l’équipe et non d’une seule personne.

Sophie : J’aime ton point de vue. On y croit tellement, à l’Ordre, que nous avons produit un guide pour aider les employeurs à développer des plans d’action favorisant l’inclusion.

EN CONCLUSION

Sophie : Pour conclure, quels conseils donnerais-tu à une jeune ingénieure nommée Marie-Claude Dumas, qui commencerait sa carrière en génie-conseil ?

Marie-Claude : Nous vivons dans un monde de défis, qui est aussi un monde en recherche de solutions. Et le génie, sous toutes ses formes, est résolument un métier de solutions, ce qui en fait une profession formidable !

Je lui dirais aussi de croire en ses capacités et de ne jamais cesser d’apprendre. Progresser dans une carrière veut aussi dire changer de poste. Cela peut être inconfortable au début, car on perd ses repères, mais il faut se faire confiance. Enfin, je lui conseillerais d’avoir l’esprit curieux et d’être ouverte aux nouvelles idées. Et surtout, il faut aimer ce que l’on fait, car quand on est passionnée, tout devient plus facile et plus stimulant.

Propos recueillis par Emmanuelle Gril, journaliste.

Encadrement professionnel

SUPERVISION EN INGÉNIERIE : POUR UNE PRATIQUE SÉCURITAIRE ET RIGOUREUSE

Que l’on parle d’obligation de supervision ou encore de direction et surveillance immédiates (DSI), ces termes désignent une même responsabilité fondamentale : celle des membres de l’Ordre envers le travail réalisé par une personne qui n’est pas membre de l’Ordre. Il peut s’agir de personnes non autorisées à exercer la profession, comme les candidates et candidats à la profession (CPI) ou des ingénieures et ingénieurs dont le droit d’exercice est limité. Les activités professionnelles auxquelles ils ou elles contribuent doivent impérativement se faire sous la supervision d’une ingénieure ou d’un ingénieur.

L’obligation de supervision est clairement définie dans la Loi sur les ingénieurs, le Code de déontologie des ingénieurs et le Règlement sur les conditions et les modalités de délivrance du permis de l’Ordre des ingénieurs du Québec. Ces textes encadrent les responsabilités des membres de la profession et imposent aussi des

limites strictes aux personnes non autorisées à exercer la profession. L’obligation de supervision vise à protéger le public en s’assurant que toutes les activités réservées sont réalisées sous un contrôle adéquat, dans le respect des normes professionnelles et des règles de l’art.

Les piliers d’une supervision ef cace

L’encadrement ne se limite pas à une simple vérification en fin de tâche. Il s’agit d’un processus continu comportant plusieurs étapes importantes :

1. A ribuer les tâches et guider l’exécution

L’ingénieure ou l’ingénieur doit préciser les objectifs, donner des consignes claires et s’assurer que la personne encadrée comprend ses responsabilités.

2. E ectuer un suivi régulier

La surveillance du progrès, de la qualité et de la conformité du travail doit être proactive, bien

que la présence physique constante ne soit pas requise.

3. Rester disponible

Fournir des réponses aux questions, des conseils et des orientations en temps réel fait partie des responsabilités associées à la supervision.

4. Garantir le respect des normes

L’ingénieure ou l’ingénieur doit veiller à ce que le travail respecte les lois, les règlements et les règles de l’art propres à la profession.

5. Valider les documents

Tous les documents d’ingénierie doivent être authentifiés par l’ingénieure ou l'ingénieur supervisant le travail qui en assume la responsabilité professionnelle.

Une autorité technique au cœur de la supervision

Dans de nombreuses organisations, la supervision est exercée par la supérieure ou le supérieur hiérarchique exerçant un contrôle direct sur l’exécution d’un travail. Cependant, un lien d’autorité technique peut su re pour encadrer les travaux, sans qu’une relation hiérarchique stricte soit nécessaire. Ce qui compte, c’est que l’ingénieure ou l’ingénieur ait l’autorité et les compétences nécessaires sur le plan professionnel pour superviser les travaux, indépendamment de son rôle hiérarchique.

La responsabilité professionnelle des membres de l’Ordre

Avant de superviser un travail, l’ingénieure ou l’ingénieur doit s’assurer d’avoir les connaissances, l’expérience et les compétences requises puisqu’elle ou il en assume la pleine responsabilité professionnelle.

Les risques pour les non-membres de l’Ordre

Les personnes qui exercent l’ingénierie sans y être autorisées et sans supervision s’exposent à des sanctions pénales. Les CPI et les membres faisant l’objet d’une limitation du droit d’exercice qui pratiquent sans supervision risquent également de se voir imposer des sanctions disciplinaires.

La supervision obligatoire est bien plus qu’un simple acte administratif : elle est le socle d’une pratique rigoureuse et conforme aux exigences légales et déontologiques. En exerçant la

supervision avec diligence, les ingénieures et les ingénieurs protègent leur propre responsabilité, en plus d’assurer l’intégrité de la profession et la sécurité du public.

Ainsi, que ce soit pour encadrer des CPI ou des ingénieures et ingénieurs dont le droit d’exercice est limité, l’implication active des membres de l’Ordre dans l’exercice des activités réservées est essentielle. Elle reflète les valeurs fondamentales de l’ingénierie et contribue également à maintenir des standards élevés qui font la réputation et la crédibilité de la profession d’ingénieur.

Direction de la surveillance et de l’inspection professionnelle.

LA SUPERVISION

OBLIGATOIRE EST BIEN PLUS QU’UN SIMPLE ACTE ADMINISTRATIF : ELLE EST LE SOCLE D’UNE PRATIQUE RIGOUREUSE ET CONFORME AUX EXIGENCES LÉGALES ET DÉONTOLOGIQUES.

Ressource : bit.ly/GPP_supervision

En début de carrière ?

Faites de la supervision une occasion d’apprentissage

Les jeunes ingénieures et ingénieurs sont assuje is aux mêmes obligations que les membres d’expérience. Ainsi, elles et ils doivent réaliser leurs mandats en respectant les limites de leurs connaissances et de leurs aptitudes. Pour ce faire, il est fortement recommandé d’échanger et de discuter des projets avec des membres dont la compétence est reconnue, en particulier lors des étapes de revue ou de révision. N’hésitez pas à poser des questions et à solliciter l’accompagnement d’une ingénieure ou d’un ingénieur qui pourra vous donner des conseils judicieux pour améliorer votre pratique. Comprendre parfaitement les actions posées est crucial lorsqu’il s’agit d’actes professionnels. Pensez également à garder la trace de vos échanges informels dans le cadre de vos projets, particulièrement lorsque des décisions sont prises. Ce e habitude vous perme ra de formaliser vos solutions retenues, afin d’éviter de repasser par tout le processus quand se présenteront des situations similaires. De plus, cela vous o rira la possibilité d’intégrer vos retours d’expériences et d’apporter des améliorations au fur et à mesure. Vous enrichirez ainsi vos connaissances et renforcerez votre expertise.

Rappelez-vous que les ingénieures et les ingénieurs continuent d’apprendre et de développer leurs compétences tout au long de leur carrière. C’est ce e démarche d’amélioration continue qui fait la force de la profession.

Déontologie professionnelle

VIE PRIVÉE ET INFRACTIONS CRIMINELLES

De récentes décisions du Conseil de discipline de l’Ordre des ingénieurs du Québec (CDOIQ) sont venues légitimer l’imposition de sanctions disciplinaires à l’encontre d’ingénieurs ayant commis des infractions criminelles dans leur vie privée.

Rappelons-le, être membre d’un ordre professionnel n’est pas un droit, mais un privilège1. Et cela comporte des devoirs et des obligations. Bien évidemment, la compétence vient en tête de liste, mais agir en tout temps et en tout lieu avec honneur et dignité2, tant dans sa vie professionnelle que personnelle, fait aussi partie de ces devoirs et obligations.

La vie privée

Évidemment, les ordres professionnels n’ont ni la mission ni la prétention de régir tous les aspects

de la vie privée de leurs membres. Mais depuis plusieurs années, lorsque certains comportements de la vie privée débordent dans la sphère publique, les ordres professionnels n’hésitent pas à intervenir. Ainsi, tout membre de l’Ordre qui prend part, à titre personnel, à un débat public de façon inappropriée3 est susceptible de faire l’objet d’une sanction disciplinaire. L’usage des médias sociaux, même à titre personnel, doit aussi se faire avec prudence et retenue4

Les infractions criminelles

D’abord, rappelons que les procès criminels sont publics, sauf en de rares exceptions. Outre une fonction éducative et un e et dissuasif, le caractère public de ces procès vise notamment à renforcer la confiance du public envers le système de justice.

Pour les ordres professionnels, en matière criminelle, il existe la « déclaration obligatoire5 », qui oblige « tout professionnel […], dans les 10 jours à compter de celui où il en est lui-même informé, [à] aviser le secrétaire de l’ordre dont il est membre qu’il fait ou a fait l’objet d’une décision judiciaire ou disciplinaire […] ou d’une poursuite pour une infraction punissable de cinq ans d’emprisonnement ou plus6 ».

Récemment, le CDOIQ a sanctionné un ingénieur7 qui avait omis de se conformer à ce e obligation. À ce sujet, le CDOIQ mentionne :

« [194] La commission d’une telle infraction ne doit pas être banalisée. En agissant comme il l’a fait, l’intimé a induit son ordre professionnel en erreur et l’a empêché, à l’époque, d’e ectuer le suivi requis pour les fins de sa mission de protection du public. »

Dans la même a aire, l’ingénieur concerné avait été reconnu coupable et condamné à 12 mois de prison pour, notamment, avoir eu en sa possession de la pornographie juvénile. Ce délit avait été commis dans le cadre de sa vie privée.

À ce sujet, le CDOIQ mentionne :

« [157] Considérant l’ensemble des circonstances, le Conseil estime qu’avoir eu en sa possession de la pornographie juvénile […] constituent des infractions objectivement graves. Ces infractions ternissent l’image de la profession d’ingénieur, portent a einte à la dignité et à l’honneur de la profession et minent la confiance du public.

« [158] Elles a ectent le lien de confiance devant exister entre l’intimé et les membres du public et portent a einte à la protection du public.

« [159] Le comportement de l’intimé va à l’encontre des valeurs d’intégrité, de dignité, de respect et de bienveillance devant guider les membres de l’Ordre.

[…]

« [169] La perception du public, qui est une composante de la protection du public, revêt une importance particulière en l’instance. Le public est en droit de s’a endre à un tout autre comportement de la part d’un ingénieur. Le législateur a conféré à l’ingénieur le droit exclusif d’exercer la profession et d’utiliser son titre. En contrepartie, il doit respecter des obligations déontologiques. »

Dans une autre a aire d’infraction criminelle à caractère sexuel commise dans le cadre de la vie privée8, le CDOIQ déclare :

« [47] L’intimé, en agressant sexuellement une femme qu’il connaît […], contrevient spécifiquement à deux valeurs de la profession : le sens de l’éthique et l’engagement social.

« [48] En e et, le sens de l’éthique implique pour l’ingénieur “un processus de réflexion continue sur le sens des conséquences multiples de ses actions”. Il doit faire preuve en tout temps d’intégrité et en premier lieu envers le public.

« [49] Quant à l’engagement social, l’ingénieur doit en tout temps agir en citoyen responsable.

« [50] Par ses gestes répréhensibles à l’égard d’une femme, l’intimé ne fait pas preuve d’honneur et d’intégrité en tant que membre de l’Ordre, tout au contraire, il ternit l’image de la profession. »

En conclusion

La mission des ordres professionnels n’est assurément pas de s’ériger en nouvel inquisiteur, gardien d’une morale quelconque, définie par on ne sait trop qui.

Mais lorsque des actes de la vie privée, particulièrement lorsqu’ils débordent dans la sphère publique, sont d’une nature et d’une ampleur telles qu’ils vont à l’encontre de « l’honneur et la dignité de la profession », et qu’ils sont à même de miner la confiance du public, les ordres professionnels se sentent légitimés d’intervenir.

Me Martine Gervais, avocate, che e d’équipe de la gestion des demandes d’enquête et conseillère juridique, et Philippe-André Ménard, ing., syndic adjoint.

1. Me Martine Gervais et Philippe-André Ménard, ing., « Être membre d’un ordre professionnel : privilège et obligations », PLAN, volume 59, no 4, juillet-août 2022, p. 20-22.

2. Code des professions, article 59.2 : « Nul professionnel ne peut poser un acte dérogatoire à l’honneur ou à la dignité de sa profession ou à la discipline des membres de l’ordre, ni exercer une profession, un métier, une industrie, un commerce, une charge ou une fonction qui est incompatible avec l’honneur, la dignité ou l’exercice de sa profession. »

3. Par exemple, voir Ingénieurs c. Fréche e, CDOIQ 22-12-0409, 29 novembre 2012.

4. Me Martine Gervais et Philippe-André Ménard, ing., « Les médias sociaux et la déontologie : prudence et retenue », PLAN, volume 59, no 3, mai-juin 2022, p. 20-23.

5. Me Martine Gervais et Philippe-André Ménard, ing., « "Dénonce-toi toi-même" : la déclaration obligatoire », PLAN, volume 60, no 3, mai-juin 2023, p. 18-19.

6. Article 59.3 du Code des professions.

7. Ingénieurs c. Mathieu-Potvin, 2023 QCCDING 22, 7 juin 2024.

8. Ingénieurs c. Houle, 2024 QCCDING 26, 18 septembre 2024.

Législation et jurisprudence

VRAI OU FAUX

: LA LOI SUR LES INGÉNIEURS S’APPLIQUE

SEULEMENT AU GÉNIE CIVIL ?

On entend souvent des membres et des CPI qui a rment ne pas avoir à observer la Loi sur les ingénieurs, puisque la conception de ponts ou de routes ne fait pas partie de leurs activités professionnelles. Ce e a rmation est bien évidemment fausse. En voici la preuve, en cinq exemples.

Génie biomédical

Billy travaille pour une entreprise qui conçoit des stimulateurs cardiaques implantables. Il doit s’assurer que le dispositif respecte les normes de sécurité, est biocompatible, et peut fonctionner de manière fiable et sécuritaire dans le corps humain. Un simulateur cardiaque est un ouvrage d’ingénierie (un système – art. 3, al. 1 [3°]), puisqu’il s’agit d’un système d’utilisation et de distribution d’énergie sous forme électrique dont le dysfonctionnement peut me re à risque la sécurité des personnes. E ectuer des calculs et des essais, a ester la conformité aux normes applicables, préparer ou modifier des plans, des manuels d’opération et d’entretien se rapportant à ces appareils sont donc des activités réservées aux ingénieures et aux ingénieurs. La Loi sur les ingénieurs prévoit que ces activités, impliquant des risques pour la santé des patients, doivent être e ectuées par une ingénieure ou un ingénieur pour garantir la sécurité et la fiabilité du dispositif.

Procédés industriels

Hélaine est ingénieure des procédés pour une grosse entreprise dans le domaine alimentaire. Elle conçoit, modifie et optimise les procédés à l’échelle industrielle. Son dernier projet consistait à sélectionner et à intégrer les composants d’un système de commande pour un nouveau procédé. Hélaine sera notamment responsable de préparer le cahier des charges complet, incluant une description du procédé, des instruments utilisés, des seuils d’alarme, des interverrouillages, des séquences automatiques, etc. La préparation de ce document est réservée aux ingénieures et aux ingénieurs, parce qu’on y décrit la logique qui contrôlera le comportement du procédé. Le contrôle des procédés relève de toute évidence du champ de compétence et de la responsabilité des ingénieures et des ingénieurs (art. 3, al. 3), puisque c’est ce qui assure l’opération e cace, durable et sécuritaire du procédé.

Sécurité des machines

David, ingénieur en génie mécanique, travaille comme consultant et réalise des évaluations de sécurité sur une nouvelle presse hydraulique installée dans une usine de fabrication de pièces métalliques. Dans ce type de mandat, il doit analyser les risques mécaniques, évaluer les dispositifs de protection (gardes, capteurs, arrêts d’urgence), et s’assurer que la machine est conforme aux normes de sécurité en vigueur, telles que la norme ISO 13849 pour la sécurité des machines. Le but est de protéger les opératrices et les opérateurs et d’éviter les accidents de travail. Ce type de mandat comporte plusieurs activités (analyser les risques mécaniques, faire l’inspection, préparer des rapports et des a estations de conformité,

donner des avis) qui sont réservées aux ingénieures et aux ingénieurs puisqu’elles nécessitent une connaissance approfondie des normes de sécurité et de la mécanique des machines pour prévenir les risques et protéger la santé des travailleuses et des travailleurs.

Environnement

La firme de Dalia, ingénieure en génie de l’environnement, est mandatée par une municipalité pour traiter la contamination des eaux souterraines d’un ancien site industriel. Avec son équipe, qui inclut des biologistes et des hydrogéologues, elle évalue la contamination et analyse les risques en étudiant le déplacement des contaminants vers des zones sensibles, comme les puits d’eau potable. Elle conçoit un plan de remédiation comprenant un système de pompage et de traitement de l’eau et une bioaugmentation pour accélérer la dégradation des contaminants. Elle fait la surveillance et assure le respect des normes de sécurité pour protéger les travailleuses, les travailleurs et l’environnement pendant la réalisation des travaux, et elle rédigera un rapport pour la municipalité, détaillant les étapes, les résultats obtenus ainsi que les recommandations de suivi.

Ce travail comporte de nombreux actes réservés aux ingénieures et aux ingénieurs.

Radiocommunications

Hicham est ingénieur en génie électrique. Son entreprise a été mandatée pour concevoir le réseau de radiocommunication du système ferroviaire reliant les banlieues d’une grande ville. Analyse des besoins, prédiction de couverture radio, préparation des schémas de câblage RF, sélection et interconnexion des équipements, réalisation d’essais sur le terrain, préparation des manuels d’installation, d’opération ou d’entretien de l’équipement : ces activités qu’accomplissent Hicham et son équipe sont de toute évidence réservées aux ingénieures et aux ingénieurs.

En conclusion, la Loi sur les ingénieurs est loin de se limiter au génie civil. Le domaine de l’ingénierie est vaste et en pleine expansion. La Loi sur les ingénieurs, dans sa version de 2020, couvre le génie sous toutes ses coutures !

Marie-Julie Gravel, ing., conseillère à la surveillance de la pratique illégale et Me Patrick Marcoux, avocat.

Assurance

responsabilité professionnelle

PRATIQUE PRIVÉE ET PRATIQUE GÉNÉRALE :

COMMENT LES DISTINGUER ?

Pour les membres de l’Ordre des ingénieurs du Québec, il est important de bien comprendre la di érence entre la pratique privée et la pratique générale. Ce e distinction joue un rôle clé non seulement pour répondre à vos obligations professionnelles, mais aussi pour vous garantir une couverture d’assurance adéquate.

Alors, comment savoir si vous exercez en pratique privée ou en pratique générale ? Suivez le guide !

Qu’est-ce que la pratique générale ?

Exercer en pratique générale consiste à fournir des services professionnels directement à un employeur, et non à des clients externes. Autrement dit, si vous travaillez pour une entreprise ou un organisme, vos services ne sont destinés qu’à ce e organisation et ils consistent à réaliser des travaux.

Par exemple, si votre travail dans une entreprise est de superviser ses projets de construction internes et que vous n’avez pas de relation directe avec des clients extérieurs à l’entreprise, vous exercez en pratique générale. Ce e situation ne nécessite pas d’assurance complémentaire.

Qu’est-ce que la pratique privée ?

Exercer en pratique privée consiste à o rir des services d’ingénierie à des clients externes, même si ces services sont fournis par l’intermédiaire d’un employeur. Cela inclut, par exemple, les membres qui travaillent dans une entreprise o rant des services de génieconseil, même si ces membres ne sont pas propriétaires de l’entreprise. Si vous accomplissez des mandats pour des clients en dehors de votre organisation, vous exercez en pratique privée. Voici un exemple typique : une ingénieure est employée par une firme qui fournit des services d’ingénierie à diverses entreprises ou à des particuliers, sans réaliser de travaux. Même si ce e ingénieure travaille pour une entreprise, si ses services touchent directement des clients externes, c’est-àdire que le temps d’ingénierie est facturé au client externe, elle doit s’assurer d’avoir une couverture de responsabilité professionnelle adéquate en adhérant au régime collectif complémentaire, sauf si elle bénéficie d’une dispense (voir à ce sujet les articles 5 et 6 du Règlement sur l’assurance de la responsabilité professionnelle des ingénieurs1).

Ainsi, si vous exercez en pratique privée, en adhérant au régime collectif complémentaire, vous aurez l’assurance responsabilité professionnelle appropriée, qui vous protège vousmême et aussi vos clients.

Pourquoi déclarer clairement votre statut ?

Déclarer clairement dans votre profil de membre le type de pratique que vous exercez est essentiel pour répondre à vos obligations professionnelles en tant que membre de l’Ordre. En e et, si vous exercez en pratique privée, il est obligatoire de me re à jour votre profil en conséquence. Cela inclut l’enregistrement de votre police d’assurance responsabilité professionnelle.

La mise à jour de votre statut garantit que votre régime d’assurance responsabilité professionnelle o re une couverture adaptée à votre pratique, notamment si vous réalisez des activités réservées. Les articles 2 et 3 de la Loi sur les ingénieurs définissent ces activités

Le régime d’assurance complémentaire de la responsabilité professionnelle

Le régime complémentaire a pour but de protéger les ingénieures et les ingénieurs exerçant en pratique privée qui réalisent des activités réservées, ainsi que leurs clients. Si vous exercez en pratique privée et n’avez pas encore adhéré à ce régime, il est nécessaire de le faire pour garantir une protection adéquate pour vous et vos clients. Le contrat d’assurance doit être souscrit directement par vous ou par votre employeur en contactant le courtier exclusif de l’Ordre, BFL Canada.

EN TANT QU’INGÉNIEURE OU INGÉNIEUR, IL EST PRIMORDIAL DE PROTÉGER VOTRE RESPONSABILITÉ PROFESSIONNELLE.

Pourquoi cette démarche est-elle importante ?

En tant qu’ingénieure ou ingénieur, il est primordial de protéger votre responsabilité professionnelle. Une déclaration précise du type de pratique que vous exercez et l’adhésion au régime d’assurance responsabilité convenant à votre situation vous protègent contre de potentielles répercussions juridiques et financières en cas de problème (erreurs ou omissions) sur vos projets. De plus, respecter ces exigences démontre votre engagement envers l’éthique professionnelle et le respect des règles en vigueur.

En résumé, si vous travaillez pour des clients externes – même par l’intermédiaire de votre employeur –, vous exercez en pratique privée ; vous devez l’indiquer dans votre profil en le modifiant au besoin, et vous devez également adhérer au régime collectif d’assurance complémentaire de la responsabilité professionnelle.

Pour votre bien et celui de vos clients, assurezvous de détenir une couverture d’assurance adéquate et déclarez le type de pratique que vous exercez, car le risque zéro n’existe pas !

Pour toute question, n’hésitez pas à contacter par courriel (arp@oiq.qc.ca) l’équipe de l’ARP, qui est là pour vous accompagner.

Direction de la surveillance et de l’inspection professionnelle.

1. h ps://bit.ly/3ZK0Cil

Avis de limitation du droit d’exercice

Conformément à l’article 182.9 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que le Comité exécutif de l’Ordre des ingénieurs du Québec a rendu une décision le 19 septembre 2024, relative au droit d’exercice de Jérôme Côté, ing. (membre no 121334), dont le domicile professionnel est situé à Québec, province de Québec, à savoir :

Bâtiments de protection civile et des ancrages dans le béton du domaine des charpentes et fondations

« DE LIMITER le droit d’exercice de Jérôme Côté, ing. (membre no 121334), jusqu’à ce que les mesures de perfectionnement soient complétées avec succès, en lui interdisant d’exercer toute activité professionnelle réservée aux ingénieurs par la Loi sur les ingénieurs lorsqu’elle se rapporte aux sous-domaines des bâtiments de protection civile et des ancrages dans le béton du domaine des charpentes et fondations.

Toutefois, Jérôme Côté, ing., pourra exercer dans ce domaine sous la supervision d’un.e ingénieur.e qui devra apposer aux documents d’ingénierie les marques d’authentification requises et en assumer la responsabilité professionnelle. »

Ce e limitation du droit d’exercice est en vigueur depuis le 4 octobre 2024.

Montréal, ce 4 novembre 2024

Me Élie Sawaya, avocat

Secrétaire de l’Ordre et directeur des a aires juridiques

Avis de limitation du droit d’exercice

Avis de limitation du droit d’exercice

Conformément à l’article 182.9 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que le Comité exécutif de l’Ordre des ingénieurs du Québec a rendu une décision le 24 octobre 2024, relative au droit d’exercice de Steven John Duque e, ing., (membre no 36168), dont le domicile professionnel est situé à Lourdesde-Jolie e, province de Québec, à savoir :

Assainissement autonome des eaux usées

« DE LIMITER le droit d’exercice de Steven John Duque e, ing. (membre no 36168), jusqu'à ce que les mesures de perfectionnement soient complétées avec succès, en lui interdisant d’exercer toute activité lorsqu’elle se rapporte au domaine de l’assainissement autonome des eaux usées. Ce e limitation comprend et porte également sur toute activité prévue au Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées (RLRQ, c. Q-2, r 22).

Toutefois, Steven John Duque e, ing., pourra exercer dans ce domaine sous la supervision d’un.e. ingénieur.e qui devra apposer aux documents d’ingénierie les marques d’authentification requises et en assumer la responsabilité professionnelle. »

Ce e limitation du droit d’exercice est en vigueur depuis le 7 novembre 2024.

Montréal, ce 9 décembre 2024

Me Élie Sawaya, avocat

Secrétaire de l’Ordre et directeur des a aires juridiques

Conformément à l’article 182.9 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que le Comité exécutif de l’Ordre des ingénieurs du Québec a rendu une décision le 19 septembre 2024, relative au droit d’exercice d’Yves Rossignol, ing. (membre no 40220), dont le domicile professionnel est situé à Chicoutimi, province de Québec, à savoir :

Assainissement autonome des eaux usées

« DE PRONONCER la limitation volontaire du droit d’exercice d’Yves Rossignol, ing. (membre no 40220), en lui interdisant d’exercer toute activité professionnelle lorsqu’elle se rapporte au domaine de l’assainissement autonome des eaux usées. Ce e limitation comprend et porte également sur toute activité prévue au Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées (RLRQ, c. Q-2, r 22) ainsi que sur les projets de ce domaine qui exigent une autorisation en vertu de l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnement.

Toutefois, Yves Rossignol, ing., pourra exercer dans ce domaine sous la supervision d’un.e ingénieur.e qui devra apposer aux documents d’ingénierie les marques d’authentification requises et en assumer la responsabilité professionnelle. »

Ce e limitation du droit d’exercice est en vigueur depuis le 19 septembre 2024.

Montréal, ce 21 octobre 2024

Me Élie Sawaya, avocat

Secrétaire de l’Ordre et directeur des a aires juridiques

Avis de limitation du droit d’exercice

Conformément à l’article 182.9 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que le Comité exécutif de l’Ordre des ingénieurs du Québec a rendu une décision le 19 septembre 2024, relative au droit d’exercice de Michel Chamberland, ing. (membre no 5018057), dont le domicile professionnel est situé à Lévis, province de Québec, à savoir :

Ouvrages temporaires

« DE LIMITER le droit d’exercice de Michel Chamberland, ing. (membre no 5018057), jusqu’à ce que les mesures de perfectionnement relatives au domaine indiqué ci-après soient complétées avec succès, en lui interdisant d’exercer toute activité professionnelle réservée aux ingénieurs par la Loi sur les ingénieurs lorsqu’elle se rapporte au domaine des ouvrages temporaires.

Toutefois, Michel Chamberland, ing., pourra exercer dans ce domaine sous la supervision d’un.e ingénieur.e qui devra apposer aux documents d’ingénierie les marques d’authentification requises et en assumer la responsabilité professionnelle. »

Géotechnique

« DE LIMITER le droit d’exercice de Michel Chamberland, ing. (membre no 5018057), jusqu’à ce que les mesures de perfectionnement relatives au domaine indiqué ci-après soient complétées avec succès, en lui interdisant d’exercer toute activité professionnelle réservée aux ingénieurs par la Loi sur les ingénieurs lorsqu’elle se rapporte au domaine de la géotechnique. Ce e limitation comprend et porte également sur toute activité relative au domaine de la géotechnique se rapportant à un bâtiment à l’égard duquel sont appliquées des solutions acceptables complètes prévues à la partie 9 du Code national du bâtiment, tel qu’il est incorporé dans le chapitre 1 du Code de construction (chapitre B-1.1, r. 2).

Toutefois, Michel Chamberland, ing., pourra exercer dans ce domaine sous la supervision d’un.e ingénieur.e qui devra apposer aux documents d’ingénierie les marques d’authentification requises et en assumer la responsabilité professionnelle. »

Ce e limitation du droit d’exercice est en vigueur depuis le 4 octobre 2024. Montréal, ce 4 novembre 2024

Me Élie Sawaya, avocat

Secrétaire de l’Ordre et directeur des a aires juridiques

Avis de limitation du droit d’exercice

Conformément à l’article 182.9 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que le Comité exécutif de l’Ordre des ingénieurs du Québec a rendu une décision le 24 octobre 2024, relative au droit d’exercice de Peter B. MacIntosh, ing. (membre no 15242), dont le domicile professionnel est situé à Shawville, province de Québec, à savoir :

Charpentes et fondations, équipements de levage et géotechnique

« DE PRONONCER la limitation volontaire du droit d’exercice de Peter Benedict MacIntosh, ing. (membre no 15242), en lui interdisant d’exercer toute activité professionnelle réservée aux ingénieurs par la Loi sur les ingénieurs lorsqu’elle se rapporte aux domaines :

• des charpentes et fondations, incluant toute activité se rapportant à un bâtiment à l’égard duquel sont appliquées des solutions acceptables complètes prévues à la partie 9 du Code national du bâtiment, tel qu’il est incorporé dans le chapitre 1 du Code de construction (chapitre B-1.1, r. 2) ;

• des équipements de levage ;

• de la géotechnique.

Toutefois, Peter Benedict MacIntosh, ing., pourra exercer dans ces domaines sous la supervision d’un.e ingénieur.e qui devra apposer aux documents d’ingénierie les marques d’authentification requises et en assumer la responsabilité professionnelle. »

Ce e limitation du droit d’exercice est en vigueur depuis le 24 octobre 2024.

Montréal, ce 25 novembre 2024

Me Élie Sawaya, avocat

Secrétaire de l’Ordre et directeur des a aires juridiques

AVIS DE DÉCÈS

SAC@OIQ.QC.CA

Du 11 septembre au 17 novembre 2024, inclusivement

L’Ordre des ingénieurs du Québec o re ses sincères condoléances aux familles et aux proches des personnes suivantes, décédées récemment :

Yvon Asselin, Trois-Rivières

Jean-François Bourbeau, Saint-Roch-de-Richelieu

Jean-Guy Laliberté, Repentigny

Harvey Myers, Dollard-des-Ormeaux

Paul C Nadeau, Knowlton

Richard Reid, Saint-Jean-sur-Richelieu

Antonio Santiago, Cowansville

Avis de radiation

Conformément à l’article 182.9 du Code des professions (RLRQ, c. C-26), avis est donné par la présente que l’Ordre des ingénieurs du Québec a prononcé la radiation du membre dont le nom apparaît ci-dessous, pour avoir fait défaut de se conformer aux obligations de la formation continue obligatoire conformément au Règlement sur la formation continue obligatoire des ingénieurs.

Nom Prénom

Domicile professionnel

Villela Rodrigo Construction Kiewit Cie Covian Laval, QC H7T 0J3, Canada

Veuillez communiquer avec le Service à la clientèle (514 845-6141 ou 1 800 461-6141 option 1 ou par courriel : sac@oiq.qc.ca) afin de vérifier si la personne dont le nom n’est pas suivi d’un astérisque a régularisé sa situation depuis le 6 janvier 2025.

Montréal, le 6 janvier 2025.

Me Élie Sawaya, avocat

Secrétaire de l’Ordre et directeur des a aires juridiques

DÉVELOPPEMENT

PROFESSIONNEL

Déclarez à temps vos heures de formation

Deux dates importantes à retenir :

• 31 mars 2025 :

30 heures de formation continue complétées

• 15 avril 2025 :

30 heures de formation déclarées dans votre portail membre.

Pour déclarer vos formations dans votre portail, rendez-vous sur : membres.oiq.qc.ca

EXAMEN PROFESSIONNEL

AVIS À TOUTES LES CANDIDATES ET À TOUS LES CANDIDATS À LA PROFESSION D’INGÉNIEURE ET D’INGÉNIEUR, AINSI QU’AUX PERSONNES DÉTENTRICES D’UN PERMIS RESTRICTIF TEMPORAIRE.

Conformément au Règlement sur les autres conditions et modalités de délivrance des permis de l’Ordre des ingénieurs du Québec, voici les renseignements concernant les prochaines séances d’examen :

Date des prochaines séances d’examen (printemps)

Date de la séance 26

Lieu

Gatineau

Montréal

Sept-Îles

Montréal (Rive-Sud)

Chicoutimi

Montréal

Date limite d’inscription

Pour vous inscrire à une séance, vous devez au préalable terminer votre formation théorique. Une fois que la séance est terminée, vous recevrez un courriel contenant le lien pour vous inscrire sur la plateforme. Pour en savoir plus, vous pouvez vous rendre sur le site de l’Ordre des ingénieurs du Québec au oiq.qc.ca ou communiquer avec l’équipe de l’examen professionnel par courriel au examenprofessionnel@oiq.qc.ca. En conformité avec la Loi sur la langue commune et o cielle du Québec, le français, cet examen est administré en français. Toutefois, les candidates et candidats qui se qualifient pour un permis temporaire selon l’article 37 de la Charte de la langue française peuvent obtenir une copie bilingue du questionnaire.

Certaines dates pourraient être suje es à des modifications. Consultez la plateforme d’inscription pour obtenir les informations les plus récentes.

INNOVATION

LES VILLES PRENNENT LE VIRAGE NUMÉRIQUE

Les organisations municipales multiplient les recours aux technologies intelligentes pour améliorer leur e cacité et pour se rapprocher des citoyennes et des citoyens.

À Plessisville, des drones se déploient en soutien aux services municipaux pour tester l’imagerie numérique et garantir la modélisation de certains actifs. L’intelligence artificielle facilite aussi l’e cacité énergétique, de même que la cartographie de la canopée.

« Il faut indiquer dans le cahier des charges ou l’appel d’o res quel format de données doit être fourni, et ne pas oublier de tenir compte du projet de loi 25 en ce qui concerne la cybersécurité. »

Les innovations numériques transforment nos municipalités en villes intelligentes, o rant des services qui répondent aux besoins des citoyennes et des citoyens.

DU

ORGANISATIONNELLE,

« On doit, selon nous, diversifier les expériences aussi bien en faisant a aire avec des universités et des développeurs privés qu’en ayant recours à notre expertise interne. Et miser également sur les projets simples autour des procédés administratifs. »

Ailleurs, comme à Longueuil, des outils d’aide à la prise de décisions réduisent l’utilisation d’abrasifs selon les données statistiques et les prévisions météorologiques, tandis que Saint-Lin–Laurentides utilise un agent conversationnel. Ces exemples illustrent la variété des technologies intelligentes dans les organisations municipales de tailles diverses. Mobiliser des systèmes propres à chaque organisation pose cependant certains défis d’interopérabilité, comme le remarque Benoit Balmana, qui dirige Ivéo, un organisme accompagnant un réseau de 80 municipalités dans le déploiement de technologies intelligentes, grâce au soutien d’entreprises québécoises. « Il faut indiquer dans le cahier des charges ou l’appel d’o res quel format de données doit être fourni, et ne pas oublier de tenir compte du projet de loi 25 en ce qui concerne la cybersécurité », dit-il. Ce e loi renforce en e et la protection des informations personnelles, une dimension non négligeable quand il est question de ce nouveau système de traitement de données massives.

Autre di culté de taille, selon l’expert: s’assurer de l’adhésion des professionnelles et des professionnels à un virage numérique qui modifie considérablement leur façon de travailler. Selon lui, mieux vaut démarrer par des projets pilotes auprès de groupes restreints pour recevoir l’adhésion de l’ensemble du personnel.

La prudence caractérise justement la manière dont la Ville de Laval s’approprie ces nouveaux outils, pour contrer le fort taux d’échec dans l’implantation de l’intelligence artificielle observé ailleurs. « On doit, selon nous, diversifier les expériences aussi bien en faisant a aire avec des universités et des développeurs privés qu’en ayant recours à notre expertise interne, a rme Mireille Camillien, directrice du Bureau de la performance organisationnelle. Et miser également sur les projets simples autour des procédés administratifs. »

L’IA au service de l’e cience

L’utilisation d’outils de technologie intelligente, vers lesquels l’oriente une équipe de veille, permet à Laval de mieux tirer parti de son budget en réduisant les tâches administratives répétitives. L’un de ces chantiers concerne le paiement de 80 % des 120 000 factures que la Ville doit payer à ses 10 000 fournisseurs chaque année dans les 30 jours, contre 57 % actuellement. Entraînée à aller chercher l’information pertinente dans la facture centralisée au Service des finances, l’IA achemine le document au service qui pourra le traiter le plus rapidement.

En plus de l’utilisation de drones pour les inspections, de robots dans les systèmes d’égout ou d’aqueduc, ou encore du déploiement de lampadaires dotés de nœuds intelligents pour mieux détecter les pannes, la Ville innove aussi par l’acquisition d’un outil de gestion unique destiné au Service de l’ingénierie.

Mis au point par la société de développement de logiciels Isios, cet outil constitue une façon e cace de travailler ensemble sur un dossier commun pour les di érentes équipes de la municipalité, avec des documents homogènes, depuis l’idéation jusqu’à la réalisation des projets. « À tout moment, les gestionnaires peuvent interroger le système et disposer des mises à jour en temps réel de l’avancement des travaux, indique l’ingénieure Marie-Josée Girard, directrice du Service de l’ingénierie de Laval. Tout s’y retrouve : les liens vers les plans, les échéanciers, les comptes à traiter avec les fournisseurs qui se font de façon automatique, etc. »

Ce souci de cohérence de la Ville de Laval s’illustre aussi par le mode d’implantation des technologies intelligentes. Un comité de gouvernance veille en e et à prioriser et à planifier les initiatives numériques, en adéquation avec les besoins de l’organisation. D’autre part, le Service de l’innovation et de la technologie, doté d’un budget imposant de 8,1 millions de dollars en 2024, dispose de la capacité nécessaire afin d’assurer la sécurité des actifs de la Ville.

La proximité citoyenne à Sherbrooke

Du même sou e, Guylaine Boutin, ingénieure civile et directrice générale adjointe à la Ville de Sherbrooke, signale qu’il n’est pas toujours facile pour une municipalité de prioriser les projets à me re en œuvre, surtout lorsqu’elle navigue entre des centaines de systèmes technologiques di érents.

ING.,

« La rapidité de développement des outils en IA est impressionnante. »
GUYLAINE BOUTIN,
DIRECTRICE GÉNÉRALE ADJOINTE, VILLE DE SHERBROOKE.

MICHEL ANGERS, MAIRE DE SHAWINIGAN, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DE L’INNOVATION ET DE LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE À L’UNION DES MUNICIPALITÉS DU QUÉBEC.

« Nous avons des discussions sur l’identité numérique avec le ministre Éric Caire. Au sein de notre groupe, nous partageons aussi beaucoup d’informations, notamment pour aider les plus petites municipalités à bénéficier des avancées technologiques des plus grandes villes, car l’IA s’implante à une vitesse fulgurante. »

Voilà pourquoi la Ville, où un tiers des employées et des employés se servent déjà d’outils d’intelligence artificielle, vient d’adopter une politique sur l’utilisation éthique et responsable de l’IA. Son but : encadrer l’utilisation de ce e technologie et encourager son adoption par le personnel en harmonie avec le plan stratégique de la Ville, tout en respectant la vie privée des citoyennes et des citoyens.

« La rapidité de développement des outils en IA est impressionnante », souligne Guylaine Boutin, ing. L’IA facilite déjà une meilleure connexion avec les services municipaux depuis la mise en place en 2023 du portail citoyen Monsherbrooke.ca. Ainsi, les citoyennes et les citoyens peuvent obtenir des permis en ligne et recevoir des notifications personnalisées (activités de participation publique, équipements ou infrastructures à proximité de leur résidence, par exemple). De plus, un module destiné aux chantiers de construction o re à chacune et à chacun la possibilité de suivre l’évolution des travaux près de son domicile, de poser des questions et de consulter l’échéancier de réalisation.

Guylaine Boutin imagine que, dans un proche avenir, un portail unique servira, entre autres, à emprunter des livres, acheter des billets pour un spectacle, payer les stationnements avec un seul compte. Cela pourrait se concrétiser par l’adoption d’une plateforme commune avec le gouvernement du Québec que prône la Commission de l’innovation et de la transformation numérique à l’Union des municipalités du Québec. « Nous avons des discussions sur l’identité numérique avec le ministre Éric Caire, indique Michel Angers, président de la Commission et maire de Shawinigan. Au sein de notre groupe, nous partageons aussi beaucoup d’informations, notamment pour aider

Manque d’engagement numérique

Nawel Lafioune, doctorante à l’École de technologie supérieure, a étudié 44 municipalités du Québec aux fins de sa thèse de doctorat en génie civil. Celle-ci révèle que :

• 40 % des grandes villes n’ont aucune structure en place pour prendre en charge la transformation numérique;

• 90 % des villes n’ont pas la volonté de se transformer numériquement;

• 57 % des municipalités manquent d’expertise pour réaliser le virage numérique.

Ces chi res étonnants me ent en lumière plusieurs raisons qui expliquent ce manque d’engagement numérique.

Selon la chercheuse, la gestion des données pose des problèmes de qualité, de fiabilité, d’accès, de sécurité et de mise à jour. D’autre part, les technologies et outils en place sont souvent obsolètes, non interopérables et inadéquats pour répondre aux besoins modernes. Cela accentue les silos entre les di érents services municipaux, freinant l’adoption e cace des solutions numériques à grande échelle.

Enfin, les pratiques actuelles sont souvent dépassées et focalisées sur des interventions limitées à répondre aux urgences. Leur transformation nécessite un profond changement culturel et organisationnel, afin d’adopter des processus modernes, anticipatifs et durables.

h ps://espace.etsmtl.ca/id/eprint/3228/1/ LAFIOUNE_Nawel.pdf

Les petites municipalités dans la course numérique

Avec des moyens technologiques et financiers plus limités que les grandes municipalités, certaines petites villes ont la volonté d’o rir les outils technologiques les plus récents pour faciliter le dialogue avec les citoyennes et citoyens. Portage Cybertech, une entreprise québécoise, mène ainsi un projet pilote avec une localité de 3000 habitants de la région de Québec. « Nous leur proposons une plateforme adaptée à leur réalité et à leur écosystème, qui donne accès aux di érents services municipaux, avec une seule identification numérique hautement sécuritaire », indique Marc Baaklini, vice-président aux a aires et aux relations gouvernementales. Déjà implanté dans l’Ouest canadien, cet outil numérique perme rait aux petites municipalités, qui ne disposent pas d’un logiciel client comme les villes de grande taille, d’intégrer ce e composante en se regroupant au sein de l’Union des municipalités du Québec. Des discussions ont lieu actuellement avec l'Union des municipalités du Québec pour une adhésion collective à ce service, conçu pour préserver le plus possible les données sensibles des utilisatrices et des utilisateurs. Malgré sa petite taille, la ville de Bécancour où vivent 15 000 personnes, se lance aussi dans l’aventure numérique en me ant à disposition du personnel municipal un assistant virtuel urbaniste, avec l’aide d’Ivéo (voir la page 40). En puisant dans les documents sources, comme les plans d’urbanisme, les règlements de construction et de zonage, le module d’IA fournit des réponses rapides à l’équipe de l’urbanisme pour vérifier la conformité d’une demande de permis et gagner en e cacité. Un autre assistant virtuel se spécialise, lui, dans l’accès aux subventions disponibles pour les municipalités dans l’appareil gouvernemental. Le but est de profiter de l’IA pour découvrir l’information accessible dans les documents de la politique de la ville et du gouvernement afin de préremplir les formulaires. L’employé responsable dispose ainsi davantage de temps pour bien rédiger sa demande.

Vice-président aux a aires et aux relations gouvernementales chez Portage Cybertech.

« Nous leur proposons une plateforme adaptée à leur réalité et à leur écosystème, qui donne accès aux di érents services municipaux, avec une seule identification numérique hautement sécuritaire. »

URSULA EICKER, PROFESSEURE À L’UNIVERSITÉ CONCORDIA, DIRECTRICE DE LA LA CHAIRE D’EXCELLENCE EN RECHERCHE DU CANADA SUR LES COLLECTIVITÉS ET LES VILLES INTELLIGENTES, DURABLES ET RÉSILIENTES.

« Pour l’instant, on a surtout accès aux données brutes pas très parlantes. Il reste du travail à faire pour générer des cartes à partir des informations disponibles, comme la carte interactive de Montréal sur la vulnérabilité aux aléas climatiques. »

les plus petites municipalités à bénéficier des avancées technologiques des plus grandes villes, car l’IA s’implante à une vitesse fulgurante. »

Faire parler les données

Pour sa part, Ursula Eicker, professeure à l’Université Concordia et directrice de la Chaire d’excellence en recherche du Canada sur les collectivités et les villes intelligentes, durables et résilientes, se réjouit des avancées du virage numérique qui perme ent la circulation des données entre les municipalités et leurs citoyennes et citoyens, même si elle aimerait qu’une ville comme Montréal en fasse davantage.

« Pour l’instant, on a surtout accès aux données brutes pas très parlantes, constate-t-elle. Il reste du travail à faire pour générer des cartes à partir des informations disponibles, comme la carte interactive de Montréal sur la vulnérabilité aux aléas climatiques. » La professeure en génie du bâtiment, génie civil et environnemental imagine aussi le potentiel d’implication citoyenne que recèle la réalité virtuelle. Les habitantes et les habitants d’un quartier en devenir pourront s’y promener dans un décor de jeu et décider de ses aménagements.

La chercheuse fait remarquer que si les données numériques relatives à la construction des édifices récents abondent maintenant, la réalité di ère pour les constructions plus anciennes. Il va donc falloir e ectuer un certain ra rapage pour élaborer des scénarios pertinents. À ses yeux, le développement de jumeaux numériques va accélérer la transformation énergétique et aider à prendre des décisions pour un avenir sans émissions de GES. Et les villes disposent de tout le potentiel pour participer à ce e révolution numérique.

Pascale Guéricolas, journaliste.

L’IA DANS LES PATATES

L’intelligence artificielle promet de révolutionner l’industrie manufacturière. Chez Patates Dolbec, son usine 4.0 utilise un algorithme de détection basé sur l’IA lui perme ant d’a eindre une e cacité de 95 %. Voici le récit d’une transition technologique réussie basée sur la valorisation des données.

Avant 2016, le tri se faisait manuellement : il faut imaginer les milliers de pommes de terre circulant sur des convoyeurs et des petites mains qui s’activent pour les trier selon leur grosseur et soustraire celles qui présentent des défauts. « Les pommes de terre sont triées selon 12 grades de qualité et de grosseur », précise Hugo D’Astous, directeur général de Patates Dolbec. En 2016, autant pour réduire le coût de la main-d’œuvre que pour améliorer la qualité du tri, Patates Dolbec s’est doté d’un équipement de tri optique. Après photographie et analyse des pommes de terre, le système commande des actionneurs pour diriger les di érentes catégories de grosseurs et de variétés vers les postes d’emballage. Avec cet équipement, selon le fabricant, Patates Dolbec misait sur une performance de tri de 80 % à 90 %. « Mais une fois qu’on a conservé des patates pendant 12 mois au Québec après la récolte en novembre, le taux de performance est d’environ 70 %. Il y avait toujours quelques patates mal triées et il fallait une inspection finale par des humains », commente Hugo D’Astous.

C’est pour ce e raison que Patates Dolbec a fait appel à Vooban, une entreprise de développement d'applications logicielles québécoise, pour améliorer la performance du tri à l’aide de de l’IA. « On a gre é en parallèle un nouveau système de contrôle, explique Cédrick D’Astous, ing., gestionnaire de la maintenance et des projets. Un simple bouton sert à passer d’un système à l’autre en mode IA ; c’est l’IA qui prend le contrôle sur les actionneurs. Ainsi, on se sert de toute la mécanique du système de convoyage pour amener des patates vers des caméras, et à ce moment-là, l’IA prend le contrôle des décisions. »

Cela ne s’est pas fait tout seul, car il a bien fallu entraîner l’algorithme à reconnaître les pommes de terre non conformes. Une technicienne s’est a elée à ce e tâche fastidieuse d’étiqueter des milliers de photos de pommes de terre. « Elle avait un clavier spécial comportant une vingtaine de touches pour chaque défaut, poursuit Cédrick D’Astous. Les photos passaient devant elle, et elle étiquetait chacune des pommes de terre en fonction des défauts qu’elle voyait. » « C’était un travail très exhaustif et très long, mais c’était du temps bien investi parce que maintenant, le système d’IA est capable de le répliquer », renchérit Hugo D’Astous.

Un tri optimal

L’IA a amélioré la qualité du triage pour a eindre un taux de réussite de 95 % autant pour le critère de la grosseur que pour celui des défauts. Ce tri plus précis permet d’optimiser la valeur de chaque tubercule en fonction de sa grosseur. « Une petite patate a une circonférence de 1 7/8 po et n’a pas la même valeur qu’une patate de 2 1/4 po », signale Cédrick D’Astous. La qualité du tri est aussi

PATATES DOLBEC EN QUELQUES CHIFFRES

125 employées et employés

15 variétés de pommes de terre cultivées sur 10 000 acres de terre

40 000 tonnes de pommes de terre produites et 8,8 millions de sacs de 4,54 kg fournis annuellement.

« On se sert de toute la mécanique du système de convoyage pour amener des patates vers des caméras, et à ce moment-là, l’IA prend le contrôle des décisions. »

CÉDRICK D’ASTOUS, ING.

GESTIONNAIRE DE LA MAINTENANCE ET DES PROJETS DE PATATES DOLBEC

Patates Dolbec, à l’avant-garde de la technologie

Patates Dolbec a commencé ses activités en 1967 ; l’entreprise possédait alors 25 acres de terre. Actuellement, elle fait partie des plus gros producteurs de pommes de terre de l’est du Canada. Elle est constituée de deux unités : le groupe des fermes qui produit les pommes de terre et l’usine de triage et d’emballage. À l’avant-garde de la technologie, l’entreprise équipe ses tracteurs de GPS en 1996 et acquiert en 2002 un tracteur muni d’un système de guidage qui se conduit tout seul. En 2017, elle investit 12 millions de dollars pour moderniser son usine d’emballage et poursuit maintenant son virage numérique assisté par l’IA.

« On a déterminé en planification stratégique qu’un de nos secteurs d’excellence pour continuer à croître devait être la valorisation des données et le développement des compétences pour valoriser les données. »

HUGO D’ASTOUS, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE PATATES DOLBEC

plus uniforme, car, comme le fait remarquer

Hugo D’Astous, « chaque trieur humain a sa propre évaluation d’une pomme de terre alors que grâce à l’algorithme d’IA, il n’y a pas de variation, il reproduit la façon dont on l’a entraîné ». Une meilleure qualité signifie aussi moins de retours de la part des clients.

Quant aux pommes de terre déclassées pour cause de défauts, si elles ne prennent pas la direction de l’épicerie, elles ne sont pas perdues pour autant. Elles sont envoyées à la distillerie Ubald, une entreprise sœur de Patates Dolbec, qui les transforme en vodka. D’autres sont reprises dans l’alimentation animale ; Patates Dolbec examine même la possibilité d’une revalorisation en biométhane.

L’IA, un bateau à ne pas manquer

Depuis que l’entreprise s’est engagée sur la voie de l’IA, un engrenage s’est mis en marche, et Patates Dolbec envisage d’autres applications en partenariat avec Vooban. « On a déterminé en planification stratégique qu’un de nos secteurs d’excellence pour continuer à croître devait être la valorisation des données et le développement des compétences pour valoriser les données », rapporte Hugo D’Astous. Et des données à valoriser, Patates Dolbec n’en manque pas ! En plus des données sur le triage de chaque pomme de terre, l’entreprise dispose aussi des données concernant la production au champ, en matière de qualité de sol, de traitement agricole et d’irrigation. Valoriser toutes ces données perme rait d’optimiser le potentiel agricole des terres en fonction de la demande en pommes de terre. L’entreprise dispose aussi de celles relatives au fonctionnement des équipements qui pourraient être valorisées en vue d’améliorer la maintenance préventive.

Ce e première expérience d’adaptation pour profiter des ressources qu’o re l’IA a ouvert la porte à d’autres possibilités d’améliorations. Hugo D’Astous encourage d’ailleurs les entreprises à faire le saut dans l’IA :

Rentabilité accrue et transformation du travail

Avant 2016, le tri des pommes de terre était entièrement manuel et e ectué par des travailleuses et des travailleurs internationaux temporaires. L’arrivée du tri optique a permis de réduire la main-d’œuvre de moitié. La performance du tri n’étant toutefois que de 70 %, un tri manuel restait nécessaire pour repasser sur les 30 % de pommes de terre écartées parfois par erreur. L’implantation de l’IA a permis d’éliminer le tri manuel, ce qui réduit le coût des activités et augmente la rentabilité de l’entreprise. D’un autre côté, Patates Dolbec n’exclut pas de devoir un jour recruter des compétences en IA pour être plus autonome.

« Ça fait peur aux entrepreneurs, mais pendant que des entreprises restent dans le statu quo, nous, nous développons des compétences. À partir du jour où on décide de profiter des avantages que permet l’IA, ça prend des années pour structurer les données et faire des projets d’automatisation ou autres. Ma recommandation, c’est de commencer tout de suite avec de petits projets pour se faire la main, puis de développer des compétences. » Sans quoi, craint Cédrick D’Astous, « les entreprises qui se tiennent loin de l’IA risquent de manquer le bateau ».

Par Valérie Levée, journaliste.

Une tête artificielle équipée de microphones aux oreilles est utilisée pour tester une paire de protecteurs auditifs numériques intelligents SonX développés par la société montréalaise EERS, utilisant les algorithmes créés par la Chaire de recherche industrielle ÉTS-EERS en technologie intraauriculaire (CRITAS).

PROTECTION AUDITIVE

À BON ENTENDEUR !

Préparez-vous pour les appareils intraauriculaires de demain, car le futur de l’audition se trouve déjà dans vos oreilles.

« Mon travail, c’est de remédier à un problème de conception du corps humain. » Professeur au Département de génie mécanique de l’École de technologie supérieure (ÉTS), Jérémie Voix, ing., ne manque pas d’humour ni de passion pour son métier. Il s’intéresse à tout ce qui touche les oreilles, notamment aux moyens de protéger l’ouïe et de rendre l’audition aux gens qui l’ont perdue, et aux recherches qui pourraient aider à prévenir diverses maladies simplement en écoutant ce qui s’y passe.

Une personne sur quatre dans le monde aura des problèmes d’audition d’ici 2050, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour Jérémie Voix, la solution est de développer une « paupière d’oreille » — une expression

Photoreportage : Mireille Caza/Hé Studio

« La perte auditive survient quand on entend des bruits trop forts et qu’on ne peut pas se protéger en fermant notre oreille comme on le ferait avec l’œil. »

JÉRÉMIE VOIX, ING., PROFESSEUR AU DÉPARTEMENT DE GÉNIE MÉCANIQUE DE L’ÉCOLE DE TECHNOLOGIE SUPÉRIEURE (ÉTS)

LES INGÉNIEURES ET INGÉNIEURS, EN TANT QU’INSTIGATEURS DE NOMBREUSES

AVANCÉES TECHNOLOGIQUES, SONT PARTICULIÈREMENT BIEN PLACÉS

POUR OFFRIR LEUR EXPERTISE AUX GROUPES DE TRAVAIL QUI PARTICIPENT

À LA RÉDACTION DES NORMES CONCERNANT NOTAMMENT LES PROTECTIONS

AUDITIVES ET LA MESURE D’EXPOSITION AU BRUIT.

qu’il a d’ailleurs choisie pour intituler un ouvrage de référence qu’il a dirigé. « La perte auditive survient quand on entend des bruits trop forts et qu’on ne peut pas se protéger en fermant notre oreille comme on le ferait avec l’œil », souligne-t-il. Il rappelle que nos ancêtres avaient tout avantage à utiliser leur ouïe pour « voir » la nuit, mais que la révolution industrielle — et tous les bruits qui l’ont accompagnée — est venue me re en danger ce sens essentiel. À cet égard, il se permet une pointe envers ses collègues : « Il faudrait concevoir des machines plus silencieuses, c’est le rôle des ingénieures et des ingénieurs aussi ! »

Depuis une vingtaine d’années, le physicien de formation met au point des technologies d’aides auditives capables de protéger du bruit trop fort tout en perme ant la communication, par exemple dans des milieux de travail cacophoniques. En plus de protéger, ces appareils pourraient évaluer l’exposition au bruit des travailleuses et travailleurs. « Si on pouvait mesurer le bruit en permanence, on pourrait prévenir la surdité », a rme-t-il. Dans les usines, les gestionnaires pourraient être avertis quand les niveaux sont trop élevés, et a ecter le personnel à des tâches moins bruyantes, par exemple. Dans notre vie privée, une notification pourrait s’a cher sur nos appareils si notre dose journalière de sons élevés est sur le point d’être dépassée. Car, dans ce cas-ci, la prévention est primordiale, dit Jérémie Voix : « La surdité est irréversible. »

Entendre, c'est bon pour la santé

Bien sûr, l’ouïe est un sens précieux. La perdre signifie une coupure importante avec le reste du monde. La situation est encore pire pour les personnes a eintes de maladies neurodégénératives : « La perte auditive est un accélérateur pour des maladies comme l’Alzheimer. » Incapable de suivre des conversations de groupe, de faire des sorties au théâtre ou au cinéma, une personne malentendante

STATISTIQUES

38 % des adultes de 20 à 79 ans au Canada sou rent d’une perte auditive

37 % de ce e même population sou re d’acouphènes

44 %

des Québécoises et des Québécois n’utilisent pas de moyens de protection lorsqu’ils participent à une activité bruyante

20 % seulement des personnes a eintes de perte auditive utilisent un appareil auditif

Sources : Statistique Canada, Audition Québec, OOAQ.

finira souvent par se retirer du monde, ce qui diminuera sa stimulation intellectuelle et accélérera son déclin.

Jusqu’à présent, la solution se résumait à porter des prothèses auditives. Pour s’en procurer une paire, il faut cependant débourser quelques milliers de dollars, pour des résultats parfois mitigés. « La première réaction des gens est souvent de dire qu’ils n’aiment pas ça, que les bruits sont trop forts, indique le chercheur. Le changement est trop radical. » Résultat : près de 80 % des gens qui en auraient besoin n’auront pas recours à ces appareils.

Pour Jérémie Voix, la solution passe par des appareils du quotidien : les écouteurs de téléphone. « Des écouteurs sans fil, comme des AirPods, on porte ça toute notre vie, on apprend à entendre à travers ces appareils-là, constatet-il. Le jour où on a besoin d’amplification, on ne passe pas du tout au rien. » Il se réjouit de voir que des compagnies comme Apple, le fabricant des AirPods, ont enfin compris que leur populaire produit pourrait servir à une population autrement négligée. En septembre 2024, Apple annonçait que la nouvelle mouture de ses écouteurs sans fil pourrait servir d'appareil auditif. De fait, le nombre d’écouteurs de ce type se multiplie actuellement sur le marché aux États-Unis, grâce à une réforme instaurée par l’administration. Autre avantage : impossible de savoir si la personne que l’on croise dans la rue se sert de ses écouteurs pour passer un appel ou pour amplifier le son, une manière d’augmenter l’acceptabilité de ces appareils.

Santé et sécurité

En plus du développement de technologies, l’ingénieur est aussi passionné par l’établissement de normes servant à mieux prévenir les problèmes d’audition. « Pour avertir les gens qu’ils ont a eint la limite d’exposition, il faut d’abord se me re d’accord sur la manière de mesurer ce e exposition. » Dans le cas de Jérémie Voix, les bo ines suivent les babines :

Détecter des maladies neurodégénératives

Pour son doctorat, Rachel Bouserhal a conçu un protecteur auditif capable de capter la voix à travers les parois de l’oreille. « La technologie intra-auriculaire bloque le canal auditif, ce qui amplifie plusieurs signaux physiologiques dans l’oreille, comme le ba ement du cœur, la respiration ou la parole », explique-t-elle. L’appareil sur lequel elle a travaillé a été racheté par la compagnie 3M, qui le vend à des entreprises où les travailleuses et travailleurs doivent porter, en plus de protecteurs auditifs, des masques pour se protéger de la poussière. Servant à la fois de bouchon et d’écouteur, l’appareil transmet les conversations tout en bloquant le son nuisible, ce qui améliore considérablement la qualité de vie de celles et ceux qui la portent.

Aujourd’hui professeure au Département de génie électrique de l’ÉTS, Rachel Bouserhal s’intéresse aux autres signaux qu’il est possible de capter depuis l’intérieur de l’oreille. Observant que les

« La technologie intraauriculaire bloque le canal auditif, ce qui amplifie plusieurs signaux physiologiques dans l’oreille, comme le ba ement du cœur, la respiration ou la parole. »

RACHEL BOUSERHAL, professeure au Département de génie électrique de l'ÉTS

L’évolution technologique va du prototype aux protecteurs SonX d’EERS, pour aboutir bouchons numériques 3M™ PELTOR™ PIC-100 de 3M.

objets connectés que l’on porte sur soi (en anglais, wearables) font déjà partie de notre quotidien, elle s’est demandé comment ceux-ci pourraient contribuer à détecter les signaux de l’apparition de maladies, comme la maladie de Parkinson. « Ce sont des symptômes très subtils, qu’on remarque parfois seulement 10 ou 20 ans après qu’ils sont apparus, signale la chercheuse. Un dispositif qui nous suit depuis très longtemps pourrait remarquer les anomalies, comme un changement de vocabulaire ou des saccades oculaires, dont les vibrations se mesurent même dans l’oreille. » En collaboration avec l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, elle entraîne une intelligence artificielle capable de donner un sens à tous ces signaux. À terme, elle espère pouvoir faciliter la détection de diverses maladies neurodégénératives. « Même s’il n’y a pas de remède, on sait que plus tôt on détecte certaines maladies, plus rapidement on peut faire des changements qui vont en ralentir la progression. »

il s’implique à la fois à l’Association canadienne de normalisation, à l’American National Standards Institute et auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), où il contribue à l’initiative « Écouter sans risque » (en anglais, Make Listening Safe ). Il a ainsi participé à l’écriture de normes concernant les protections auditives ainsi que leur ajustement et la mesure d’exposition au bruit.

Jérémie Voix croit que ce e implication est indispensable pour l’avancement de la société : « Les textes de loi vont toujours se référer à des normes. Par exemple, sur la limitation d’exposition au bruit dans les bars et les cinémas, la loi va citer la norme de laquelle elle s’inspire. Si la norme est basée sur des connaissances ancestrales, ça n’aide pas vraiment ! » Il considère que les ingénieures et ingénieurs, en tant qu’instigateurs de nombreuses avancées technologiques, sont particulièrement bien placés pour o rir leur expertise aux groupes de travail qui participent à la rédaction de ces normes.

Oreille tendue vers le futur

Jérémie Voix est déjà prêt pour les appareils auditifs de demain, qui recueillent dans

L’époque où seuls les bouchons en mousse étaient utilisés pour protéger notre audition est révolue. Dans la chambre anéchoïque de l’ÉTS, l’ingénieur Jérémie Voix expose les avancées technologiques dans ce domaine.

le conduit auditif des données mesurant l’activité corporelle (aussi désignés par le terme anglais hearables). « Étant donné que le cortex auditif est derrière l’oreille, on pourrait équiper des bouchons d’électrodes qui mesureraient l’activité électroencéphalographique. Une sonnerie de téléphone retentit : portez-vous votre a ention sur ce e sonnerie, ou bien l’ignorez-vous ? Selon ce que vous faites, l’appareil pourrait réagir en décrochant ou en envoyant l’appel vers votre répondeur. »

Une autre voie d’avenir : « Une équipe américaine a montré qu’en envoyant de la chaleur et du froid en alternance sur le nerf vague à travers l’oreille, on peut traiter des migraines profondes. » Peut-on imaginer des écouteurs qui amplifient le son et servent aussi d’antidouleur ? Il faudra peut-être une autre vingtaine d'années de carrière au chercheur pour me re au point un produit fonctionnel, mais une chose est claire : une fois arrivé au grand âge, si son ouïe s’a aiblit, Jérémie Voix aura tout préparé pour que la technologie lui perme e de continuer à entendre.

Gabrielle Anctil, journaliste.

Photoreportage

Entre le génie et l’humain

Entre aujourd’hui et demain

Entre l’audace et l’innovation

Entre vous et la relève !

Le Prix de la présidence 2025 FOIQ :

L’implication de Fatou Pompilus-Touré a été exemplaire. Elle a su inspirer et mobiliser avec ouverture et collaboration, laissant une empreinte durable sur la Fondation « »

souligne Nicolas Turgeon, ing., président du conseil.

Pour faire votre don jedonneenligne.org/foiq/DG

Félicitations pour cet hommage bien mérité !

GESTION D’ÉQUIPE

DES OUTILS POUR PREVENIR ET GERER LES CONFLITS

Au travail, l’émergence de conflits peut grandement nuire à l’e cacité des équipes. C’est pourquoi il est essentiel d’apprendre à les repérer, mais aussi de savoir comment les désamorcer. Conseils pratiques.

Les ingénieures et ingénieurs évoluent dans des environnements multidisciplinaires et travaillent en collaboration avec des professionnelles et professionnels ou des clients issus de milieux variés. Dans ces conditions, il peut arriver que des incompréhensions, des perceptions erronées, des méthodologies di érentes ou encore des objectifs mal alignés génèrent des frictions. Il existe heureusement des façons de régler ces di cultés avant qu’elles ne prennent de l’ampleur ; et si cela se produit malgré tout, on peut quand même venir à bout des conflits.

Drapeaux rouges

Les premiers signes d’une mésentente sont souvent discrets, mais vont généralement en crescendo. Un climat lourd, un manque d’écoute, des collègues qui préfèrent se taire plutôt que de s’exprimer, l’émergence de rumeurs ou de commérages sont généralement des indicateurs que quelque chose ne tourne pas rond. « Il y a des non-dits, une forme de mécontentement qui n’est pas clairement exprimée », précise Céline Vallières, avocate et médiatrice agréée, formatrice en communication, négociation, médiation et résolution des di érends.

D’autres drapeaux rouges devraient aussi nous alerter, notamment une détérioration de la communication. « On remarque des réunions silencieuses où les participants ne prennent pas la parole, des discussions de corridor ou à portes fermées, et un désengagement

« On remarque des réunions silencieuses où les participants ne prennent pas la parole, des discussions de corridor ou à portes fermées, et un désengagement progressif, une augmentation des retards et de l’absentéisme. »

MARIE-MICHÈLE

MÉDIATRICE ACCRÉDITÉE ET FONDATRICE DE FIKA RH

LE FAIT QUE LES MESSAGES SOIENT

MAL COMPRIS OU MAL INTERPRÉTÉS NUIT

À UNE BONNE COMPRÉHENSION MUTUELLE ET PEUT DÉBOUCHER

SUR UN

CONFLIT.

NOUVELLE FORMATION

Déconstruire le conflit : transformer les désaccords en opportunités maestro.oiq.qc.ca

progressif, une augmentation des retards et de l’absentéisme », indique Marie-Michèle Dugas, MBA, CRHA, médiatrice accréditée et fondatrice de Fika RH.

Mieux vaut prévenir…

Selon Marie-Michèle Dugas, le fait que les messages soient mal compris ou mal interprétés nuit à une bonne compréhension mutuelle et peut déboucher sur un conflit. D’où la nécessité de s’assurer que tout le monde est sur la même

longueur d’onde, particulièrement en ce qui concerne les rôles et responsabilités, ainsi que ce qui est a endu de chaque personne. En plus de la clarté, l’écoute est une autre qualité à cultiver. Adopter un leadership positif qui inspire la confiance et le respect est aussi un gage de succès. « Le partenariat préventif vaut également la peine d’être exploré, conseille Céline Vallières. Cela consiste à se doter d’une charte définissant la façon dont on procédera en cas de conflit et les modalités qui seront appliquées pour régler le di érend. »

Par ailleurs, les ingénieures et ingénieurs étant généralement plus à l’aise avec la résolution de problèmes techniques que pour régler des di cultés relationnelles, elles et ils peuvent avoir tendance à négliger ces dernières. Or, en se concentrant uniquement sur le volet technique, on risque de négliger l’aspect humain. Résultat : le problème gagne du terrain et débouche sur un conflit ouvert. Parfois des clans se forment, un manque de civilité s’installe, voire du harcèlement psychologique. C’est pourquoi Céline Vallières recommande de ne pas négliger ce e dimension et même de la placer en tête de liste, car tôt ou tard, les di cultés relationnelles finiront par gangréner la motivation de l’équipe et me ront en péril la bonne réalisation du projet.

Venir à bout d’un conflit

Les deux expertes s’entendent pour dire qu’une intervention rapide, dès les premiers signes de mésentente, est la clé pour éviter que les choses ne s’enveniment. Si malgré tout le conflit s’est installé, il est encore possible pour la ou le gestionnaire d’agir afin de dénouer l’impasse, ou de demander le soutien de ressources spécialisées en gestion des conflits.

Modèle Tuckman : les 5 phases de développement d’une équipe

Voici un graphique illustrant les cinq phases du modèle de Tuckman montrant l’évolution des performances d’une équipe au fil des étapes qu’elle traverse jusqu’à sa dissolution en fin de projet.

1

3 Formation Confrontation

2

4

Normalisation Performance

Performance d’équipe

5

Dissolution

Source : Wikipedia

« Résoudre un problème en équipe permet aussi d’apprendre et de progresser. Cela crée des liens de confiance et de solidarité. En fait, on pourrait comparer ce e situation à la dynamique d’un couple : en surmontant les di cultés, on grandit et on évolue ensemble. »

CÉLINE

VALLIÈRES, AVOCATE, MÉDIATRICE AGRÉÉE ET FORMATRICE

Les règles d’or des deux médiatrices

Pour cela, un bon plan consiste à commencer par se demander ce qui ne fonctionne pas dans l’équipe et de quelle façon cela se manifeste, puis à chercher et définir les causes du problème. Ensuite, il faudra explorer avec les protagonistes les angles d’a aque et les tactiques possibles en fonction des divers besoins et intérêts. Enfin, on déterminera en concertation quelles sont les mesures les plus appropriées et on appliquera les solutions.

« La ou le gestionnaire devrait fournir un accompagnement durant tout le processus, mais à défaut de se sentir à l’aise pour le faire, il ne faut pas hésiter à aller chercher de l’aide, suggère Marie-Michèle Dugas. On peut faire appel au service des ressources humaines, ou avoir recours à un facilitateur ou à un médiateur externe, par exemple. »

1. Accepter que l’on ne puisse pas toujours s‘entendre. En revanche, il est généralement possible de mieux se comprendre.

2. Prendre conscience de ses propres biais cognitifs aide à mieux transme re ses messages.

3. Développer son intelligence émotionnelle facilite la communication et l’ouverture d’esprit.

4. Suivre des formations sur les stratégies de gestion de conflits et se familiariser avec ces stratégies permet de s’outiller et de mieux faire face aux di cultés. Le modèle de Thomas-Kilmann, par exemple, propose cinq styles di érents (compromis, collaboration, accommodement, opposition, évitement).

5. Garder en tête que la confrontation est normale et qu’elle peut même être bénéfique si elle amène à davantage d’ouverture aux di érents points de vue et à une meilleure compréhension de l’autre.

6. Ne pas gérer les conflits dans une équipe a souvent des retombées fâcheuses. Au bout du compte, de précieuses ressources pourraient proposer leurs services à une autre entreprise et décider de qui er le navire. Ce sont des pertes qui, en ce e période de rareté de main-d’œuvre, coûtent cher.

7. Se rappeler qu’il n’existe pas de rece e magique et que chaque cas est unique. Il faut aussi s’a endre à y consacrer de nombreuses heures, et ce, d’autant plus que les individus ont besoin de temps pour cheminer.

Voir le conflit comme une

occasion d’amélioration

Un conflit est-il systématiquement négatif ? Pas nécessairement. D’ailleurs, selon le psychologue américain Bruce Tuckman, une équipe doit traverser trois étapes clés avant de devenir performante, notamment une phase de conflit. C’est en surmontant un désaccord qu’il sera ensuite possible de progresser et d’établir un véritable esprit de collaboration. Un conflit bien géré peut donc constituer une occasion d’amélioration. Mais ce n’est pas tout, car du choc des idées peut également naître l’innovation. En e et, les frictions constituent une étincelle qui peut alimenter la créativité, parce qu’elles ont contribué à élargir les horizons de réflexion. « Résoudre un problème en équipe permet aussi d’apprendre et de progresser, conclut Céline Vallières. Cela crée des liens de confiance et de solidarité. En fait, on pourrait comparer ce e situation à la dynamique d’un couple : en surmontant les di cultés, on grandit et on évolue ensemble. »

Emmanuelle Gril, journaliste.

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L’ENERGIE CACHEE DES ETANGS D’EAUX USEES REVALORISATION

Transformer un étang d’eaux usées en source d’énergie durable : c’est le pari audacieux d’Équipe Laurence. Grâce à un système novateur, ce projet allie ingénierie, e cacité énergétique et respect de l’environnement, inspirant déjà d’autres municipalités.

D’abord orienté vers la géothermie comme source d’énergie pour le siège social de 1672 m2 d’Équipe Laurence, à Sainte-Adèle, Alexandre Latour, ing., le président de la firme de génie civil, a eu une autre idée en pleine réunion. « Je me suis dit, pourquoi ne pas se servir de l’énergie disponible dans l’étang aéré municipal de traitement des eaux usées, situé à 200 mètres de notre bâtiment », se souvient l’ingénieur civil. Le principe est simple. Des tuyaux installés dans le bassin d’épuration transportent du glycol. Une fois chargé de l’énergie de l’étang, dont la température tourne autour de 5 °C l’hiver, ce liquide est propulsé vers une pompe à chaleur. L’équipement extrait la température froide du bâtiment

« Je me suis dit, pourquoi ne pas se servir de l’énergie disponible dans l’étang aéré municipal de traitement des eaux usées, situé à 200 mètres de notre bâtiment. »

ALEXANDRE LATOUR, ING., PRÉSIDENT D’ÉQUIPE LAURENCE

pour la transme re au glycol afin de chau er le bâtiment, puis le retourne ensuite vers l’étang aéré plus chaud tout au long de l’hiver. À l’inverse, le système climatise le bâtiment l’été, alors que l’étang aéré est plus froid que la température extérieure. Passer de l’idée à la construction représentait cependant plusieurs défis, car ce système n’avait jamais été installé par les constructeurs. Dans un premier temps, BPA, la firme de génie du bâtiment mandatée pour réaliser ce projet, a modélisé l’étang pour recueillir des données sur sa température, l’évaporation, la température du sol, le débit d’eau d’égout. Les eaux usées provenaient au départ en grande partie d’un hôtel situé à proximité ; cet établissement a cependant fermé quelques mois plus tard, ce qui a faussé les prédictions pour la première année de fonctionnement…

Autre contrainte, il fallait veiller à ne pas prélever trop d’énergie pour laisser les bactéries présentes dans l’eau assurer leur travail de dégradation des rebuts, et à ne pas produire d’e ets négatifs sur l’infrastructure municipale. La présence de compresseurs d’air qui remuent régulièrement l’eau stagnante compliquait aussi les calculs. Enfin, il restait à déterminer quel équipement me re en place pour aller chercher la chaleur de l’étang en hiver, et sa fraîcheur en été.

Réduction des coûts

50 % d’économie sur le coût d’investissement dans le système basé sur la cloacothermie, comparativement à un système géothermique.

Réduction de 33 % de la consommation énergétique (éclairage, ventilation, charges aux prises, humidification, climatisation, pompes, eau chaude domestique), comparativement à un système traditionnel.

Des systèmes énergétiques non traditionnels

Système géothermique

Système qui consiste à installer un échangeur dans le sol pour capter sa chaleur, puis la recueillir par une pompe qui la distribue dans le bâtiment. La circulation se fait à l’inverse pour climatiser le bâtiment.

Récupérateur de chaleur

Système qui s’installe sur les drains d’égout des bâtiments ou sur l’air de ventilation pour chau er ou climatiser selon la saison.

Puits canadien

Système constitué de tuyaux faits de béton, de plastique ou d’acier, qui sont installés sous la ligne de gel pour perme re de faire entrer l’air chaud du sol dans le bâtiment l’hiver et de profiter de l’air frais l’été.

1. Étang aéré du secteur

Mont-Gabriel à Ste-Adèle servant à puiser l’énergie.

« Les villes ont tout intérêt à utiliser l’énergie des quelque 700 étangs d’eaux usées du Québec. Elles pourraient bâtir à proximité de ces bassins des infrastructures municipales, comme des casernes ou des garages. »

ALEXANDRE LATOUR, ING.,

PRÉSIDENT D’ÉQUIPE LAURENCE

Une boucle sans fin de 3,5 km

Après avoir pensé à des plaques collées en acier, l’équipe s’est tournée vers un ensemble conçu sur mesure de tuyaux en polyéthylène, faciles à ne oyer à la pression, qui relient le bâtiment et l’étang. Le glycol, qui fait l’aller-retour entre le bassin et le siège social, circule donc dans ce e douzaine de boucles sans fin immergées dans l’eau.

Installé depuis deux ans dans ses locaux, le personnel d’Équipe Laurence bénéficie quotidiennement du système de cloacothermie ou « cacathermie », comme le surnomme a ectueusement le président d’Équipe Laurence. Il préconise une plus grande utilisation de ce système, puisque les résultats sur le plan de l’e cacité énergétique se sont révélés plus prome eurs que prévu. « Les villes ont tout intérêt à utiliser l’énergie des quelque 700 étangs d’eaux usées du Québec, a rme-t-il. Elles pourraient bâtir à proximité de ces bassins des infrastructures municipales, comme des casernes ou des garages. » Une municipalité de l’Estrie a d’ailleurs contacté la firme de génie civil pour s’informer du système mis en place, lequel devrait s’étendre bientôt à un deuxième édifice du siège social de la firme. Par ailleurs, Équipe Laurence travaille actuellement sur un projet de trois bâtiments à Prévost, dont un complexe sportif, ayant recours aux étangs aérés pour assurer le chau age et la climatisation de cet ensemble immobilier. Ce e innovation a valu à Équipe Laurence et à BPA un des Grands Prix du génie-conseil québécois en 2023 et une nomination aux Prix de l’Ordre des ingénieurs du Québec en 2024, dans la catégorie Honoris Genius –Développement durable. Elle s’inscrit également dans une démarche de développement durable plus large. En e et, l’entreprise a aussi conçu un système de gestion des eaux pluviales, afin de contrôler la qualité et la quantité des eaux rejetées dans le milieu naturel et drainées par le stationnement. Les eaux de pluie sont aussi récupérées et utilisées pour les toile es ; ce e orientation a permis à la firme de génie civil de recevoir la certification LEED argent.

2. Échangeur de chaleur installé dans les étangs d’eaux usées. 1 2

Par Pascale Guéricolas, journaliste.

Photos
Équipe Laurence
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La précision au service de l’ingénierie

NUAGE DE POINTS 3D - PHOTOGRAMMÉTRIE - DRONE BATHYMÉTRIE - JUMEAUX NUMÉRIQUES - VOLUMÉTRIE

ANALYSE DE MOUVEMENTS DE STRUCTURE - LIDAR

Au-delà des repères

JÉRÔME, ING.

GRANDS DÉFIS.

POUR UNIR TALENTS ET AVENIR

ing emplois.ca

Nouvelle cohorte de membres

PERMIS DÉLIVRÉS PAR LE COMITÉ D ’ ADMISSION

À L ’ EXERCICE DE L ’ ORDRE DES INGÉNIEURS DU QUÉBEC

du 7 septembre au 17 décembre 2024

L’Ordre célèbre l’arrivée de 248 nouvelles ingénieures et de 906 nouveaux ingénieurs au sein de la profession. Nous leur souhaitons une carrière exceptionnelle, à la hauteur de leurs aspirations audacieuses.

- Abanda Mbele, Steve

- Abanto-Trujillo, Félix

- Abdelaziz, Mohammed Yassine

- Abdellaoui, Youssef

- Abdelmoula, Mohamed

- Abdollahi Neisiani, Maryam

- Abdoul Keebir, Abdoul Karim

- Abiven, Frédéric

- Abourich, Mohammed

- Adams, Dave

- Addis, Philip

- Adiaviakoye, Hamady

- Agni, Brou Bile

Daniel

- Agostinho, Lisa

- Aguas Mendoza, Carlos Antonio

- Ahdach, Mohamed

- Ahuanlla, Leonardo

- Aiboud, Djouher

- Aidamouni, Marc-Olivier

- Ait Taleb, Mohamed

- Aitbenomar, Redouane

- Ajjan, George

- Akilimali, Thiery

- Akkou, Omar

- Al Haddad, Carla

- Al-Haddad, Maya

- Alary, David

- Alaux, Adrien

- Ali, Abdallah Guire

- Almoazini, Mohammad

- Alsaleh, Mohammed

- Amairi, Aymen

- Amidrakh, Lahoucen

- Ammam, Rabah

- Amoussou, Mawenan

- André, Léopold

- Ang-Houle, Paul-Hugo

- Angers, Louis

- Angong, Christian

- Aramouni, Alexandre

- Arar, Sami Tamer

- Arce Ortega, Carlos Ariel

- Archibald, Daniel David

- Ardila Jimenez, Andres Felipe

- Arsenault, Samuel

- Arseneau, Sébastien

- Asefikia, Alireza

- Ashwood-Smith, Simon

- Ataei, Farhang

- Atik, Georges

- A ara, Nader

- Auger, Dominic

- Avoine, Pierre-Olivier

- Ayache, Moumen

- B.Grégoire, Alexandre

- Bach, Bao Duy

- Bachir Melhem, Lamice

- Bachour, Roger

- Badawi, Wael

Badawi Elhadi

- Bahner, Chris

- Baillargeon, Louis-Philippe

- Bakari, Rabi

- Balemba, Fernando Baguma

- Bali, Yesser

- Bammou, Youness

- Barbier, Léa

- Barbier Saint Hilaire, Raphaëlle

- Baril, Michaël

- Basmahjian, Agop

- Batnjana, Joseph

- Bautista Giraldo, Claudia Yamile

- Bayard, Caleb

- Beaubien, François

- Beaudoin, Alexandre

- Beaudoin, Félix

- Beaudoin, Geneviève

- Beaudry, Pier-Luc

- Beaulieu, Charles-Étienne

- Beaulieu, Christine

- Beaulieu, Clément

- Beaulieu, Shawn

- Beaumier, Michael

- Beauparlant, Logan

- Beaurivage, Justin

- Beauséjour, Marie-Hélène

- Bédard, Stéphanie

- Béland, Caroline

- Béland, Rémi

- Bélanger, Daniel

- Bélanger Beaulieu, David

- Belbouab, Chemseddine

- Belgharbi, Mahmoud

- Bélisle, Alexandre

- Bélisle Sayegh, Dominic

- Béliveau, Laurie

- Ben Younes, Mohamed Yousri

- Benchalel, Bochra

- Benkassa, Ali

- Bennhaila, Yasmine

- Bentley, Ryan

- Benwell, Adam

Robert Kenneth

- Benzakour Amine, Hamza

- Berestovoy, Gabriel

- Bergeron, Chloe

- Bergeron, Félix

- Bergeron, Gabriel

- Bergeron, Simon

- Bernard, Alessandra

- Bernard, Gabriel

- Bernatchez, Guillaume

- Bernèche, Thomas

- Bernier, Antoine

- Bernier, Laurent

- Bernola, Carl-Luca

- Berry-Lelievre, Raphael

- Bertrand, Benoît

- Bérubé, Pascale

- Bérubé, Yan

- Beurcq, Camille

- Billig, Cody

- Bilodeau, Antoine

- Bilodeau, Julien Marcus

- Biondi, Loredana

- Blais, Tanya

- Blanchard, Mathieu

- Blanchet, Jérôme

- Blondeau, Yves

- Blouin, Jérome

- Boivin, Éric-Olivier

- Boivin, Jean-Philippe

- Boivin, Sidney

- Bokharaei

Ghouchani, Seyed Alireza

- Bolduc, Charles

- Bolduc, Marc-Olivier

- Bombardier, David

- Bonnel, Alissa

- Bonnevie-Ricard, François

- Bonneville, Myriam

- Bou-Assaf, Roy

- Bouazara, Bassem

- Bouchard, Claude

- Bouchard, François

- Bouchard, Joël

- Bouchard, Joelle

- Bouchard, Michel-Olivier

- Bouchard, Raphael

- Bouchard, Valérie

- Bouche Noumbi, Emmanuel Jonathan

- Boucher, Antoine

- Boucher, Étienne

- Boucher, Mathieu

- Boucher, Nicholas

- Boucherdoud, Ahmed

- Bouchut, Alban

- Boudreault, Amélie

- Boudreault, Camille

- Bou ard, Olivier

- Bougie, Francis

- Bouhired, Hamza

- Bouhrir, Mohammed

- Boulay, Clément

- Boulay, Martin

- Bourassa, Mathieu

- Bourdaud, Cléo

- Bourdeau, Maxime

- Bourdon-Leblanc, Louis-Pierre

AVEC LE TITRE ING. TOUT T’EST POSSIBLE

- Bouregaa, Ikram

- Bourgeois, Maxim

- Bourgoing, Maxime

- Bourque, Philippe

- Bourque, Sebastien

- Bousselham, Ferdaws

- Boutahri, Nezha

- Boutet, Gabriel

- Boutin, Marc-André

- Bouve e, Véronique

- Bouxin, Charlène

- Boyer Gauthier, Alexis

- Bracken, James

- Brahimi, Hamza

- Brahmi, Brahim

- Brami, Benjamin Yan

- Brassard, Mikaël

- Brault, Benoit

- Bredin, Andrew

- Breton, Catherine

- Brisebois, Félix

- Brodeur, Daphné

- Brookes, Gregory

- Brouard-St-Pierre, Jean-Alexandre

- Brouillard, Donald

- Brouille e, Patrick

- Brown, Kevin

- Brunet-Filion, Gabriel

- Brunet-Richer, Ugo

- Buchen, Michael

- Butnarasu, Ovidiu

- Byrns, Darren

- Caddell, Jack

- Cady, Erika

- Caille, Alex

- Calixte, Christopher

- Camberos Millan, Jaime Antonio

- Camirand, Olivier

- Camiré, Alexandre

- Camiré, Rose-Marie

- Campeau, Shan

- Campion, Kevin

- Cancelada Porras, Ricardo Andrei

- Carbonneau, Alexandre

- Cardin, Émilie

- Carignan, François

- Caron, Gabriel

- Caron, Michaël

- Carraro Zamberlan, Ricardo

- Carrier, Alexandre

- Carrière, Anouk

- Carroll, Mathieu

- Cassol, Willian Ney

- Cayoue e, Audrey

- Cedou, Ma hieu

- Cédras, Rhandall

- Chabot, Claudia

- Chabot, Xavier

- Chagnon, Maxime

- Chalet, Raymond

- Chambon, Hugo

- Champoux, Antoine

- Charbonneau, Geneviève

- Charbonneau, Julien

- CharbonneauLacasse, Pascal

- Charest, Gabriel

- Charlebois, Simon

- Chaze e, Laetitia

- Chebil, Jihen

- Chebri, Belaid

- Chelli, Mohamed Ali

- Chénard, Tommy

- Cheour, Ziyed

- Cherfa, Oussama

- Chevalley, Marc-Antoine

- Chheang, Timothy

- Chopart, Quentin

- Chouinard, Felix

- Christiansen, Nicole

- Christou, Antonia

- Chu, Bach

- Circé, Maxime

- Clapperton-Richard, Pierre

- Clark, Colin

- Claudel, Gabin

- Combes, Hermès

- Compaoré, Félicité

- Constant, Antony

- Cordeiro, Lucas

- Corneau, Antoine

- Cornée, Sylvain

- Corriveau, Louis-Philippe

- Cortes Pizzaro, Antonio

- Cosgrove, Thomas

- Coskuner, Selin

- Côté, Thomas

- Coti, Camille

- Coulibaly, Salimata

- Coulombe, Alexandre

- Courchesne, Olivier

- Courteau, William

- Couture, Arianne

- Crevier, Simon

- Croisetière, Philippe

- Cruz Benitez, Heriberto

- Cueto Munoz, Emil Ludwig

- Cuomo-Gra , Corentin

- Cyr, Francis

- Cyrenne, Pierrick

- D’alessandro, Lucas

- D’amboise, Félix

- Da Silva, Julien

- Da Silva, Ugo Thierry Corentin

- Daabek, Bilel

- Dadi, Farid

- Dagenais, Maxime

- Dagenais, Pierre-Olivier

- Daher, Stéphanie

- Daigle, Samuel

- Daigle, Tommy

- Davalillo, Jean

- David, Véronique

- De Almeida, Jorge Virgilio

- De Oliveira Cruz, Romulo

- Debich, Zied

- Deblois, Ma hew

- Decaens, Justine

- Dejoie, Carl Eric

- Dela Rosa, John-Patrick

- Delaby, Lucas

- Delacretaz, Mathieu

- Delev, Nikola

- Delir Jafarzadehazar, Siamak

- Delorme, Louis-Philippe

- Dembele, Djegui

- Demloj, Samih

- Demontigny, Jonathan

- Derraschouk, Idris

- Des Rochers, Caroline

- Desaulniers, Francis

- DeschampsChare e, Gabriel

- Deschênes, Guillaume

Elisabeth Owona, ing. en devenir

- Desjardins, Carl

- Desjardins, Jessy

- Deslauriers, Charles-Antoine

- Desrochers, Audrey

- Desrochers, David

- Desrochers, Mélianne

- Desrochers, Philippe

- Desrosiers, Marie

- Desrosiers, Mi-Hwa

- Dessemond, Colin

- Dhe Paganon, Nicolas

- Dhimoïla, Gérard

- Dhouibi, Alaa

- Diabacte, Fayiçal

- Diallo, Seydou

- Diaz Villanueva, Andrea Del Pilar

- Didier, Jean-Marc

- Dijoux, Aurea

- Dion, Gabriel

- Dionne, François

- Diouri, Kenza Leila

- Djebbara, Kamel

- Djuidje Epse Kuda, Stela

- Do, Van Trung

- Dobli-Bennani, Abdallah

- Dodi, Louis Mircea

- Dodier, Vincent

- Domart, Doris

- Dominique, Charles

- Dommergues, Manon

- Dompierre, Jean-Loup

- Dorais, Isabelle

- Dos Santos Petrillo, Fabio

- Doucet, Mathieu

- Driver, Samuel

- Drolet, Charles-Antoine

- Dubé, Charles-Hugo

- Dubé, Frédérique

- Dubé-Velarde, Frédéric

- Dubeau, Charles-Antoine

- Dubois, Chantelle

- Dubuc, Sébastien

- Ducharme Turco e, Félix

- Duchesne, Christophe

- Dufort, Jasmine

- Duguay, Jason

- Dulac, James

- Duplessis Savard, Jérémie

- Dupont, Charles

- Dupré, Philippe

- Dupuis, Alexandre

- Duque, Anastasia

- Duran Ortega, Alonso Danilo

- Duru, Ugochukwuuzoma

- Dussault Tremblay, Marie-Gabrielle

- El Aghoury, Ihab

- El Ayoubi, Hussein

- El Byaz, Ranya

- El Faiz, Khalid

- El Ghoul, Hassan

- El Hajj, Welson

- El Hatimi, Alae

- El Khedhri, Bessem

- El Madi, Mariem

- El Mahboub, Khadija

- El Soueidi, Nadim

- El-Hassnaoui, Ahmed

- El-Mastouri, Mustapha

- Eloundou-Bana, Johann Dimitri Terre

- Ermenidis, Hugo

- Es-Sounni, Mahassine

- Eslamian, Faezeh Alsadat

- Esposito, Gennaro

- Essayem, Faiza

- Estall, Lewis

- Etienne-Dorneval, Audrey

- Fallahfard, Alireza

- Falsafi, Jalil

- Farjallah, Asma

- Fayyazi, Hossein

- Fedaouche, Amal

- Fezai, Hamza

- Figueroa-Goetschi, Diego

- Filion, Alexandre

- Filion, Etienne

- Fleurent, Jonathan

- Fofana, Mohamed

- Fomekong Dongmo, Armand

- Fontaine, Anthony

- Fontes, Allyson

- Fooladi, Javad

- Forbes, Tommy

- Forcier, Émile

- Forsyth, Alexa

- Fortier-Arseneault, Audrey

- Fortin Bergeron, Hugo-Pierre

- Fortin, Frederic

- Fortin, Gabriel

- Fortin, Léandre

- Fortin, Mathieu

- Fortin, Miguel

- Fortin-L’Allier, Paul-Eric

- Foster, Joanna

- Fournier, Justine

- François, Jean Sondy

- Fréche e, Éloïse

- Fugère, Geneviève

- Fuks, Yaroslav

- Fung, Adrien

- G. Malo, David

- Gagné, Eve

- Gagné, Nicolas

- Gagné, Pierre

- Gagnon, Marc-Daniel

- Gagnon, Maxime

- Gaillardetz, Antoine

- Gallani, Diogo Jayme

- Gan, Bing Dong

- Gaouz, Sorea

- Garand, Jessy

- Garbi, El Mahdi

- Gareau, Wylliam

- Gariépy, Thomas

- Garon, Jeanne

- Gasparini Pinho, Marina

- Gaspoz, Cyril

- Gatali, Umutoni Amandine

- Gaucel, Pierre

- Gaudreau, Flavie

- Gaudreault, Derek

- Gauthier, Louis-Philippe

- Gauthier, Martin

- Gauthier, Ma hieu

- Gauthier, Raphaël

AVEC LE TITRE ING. TOUT T’EST POSSIBLE

Maxime Bolduc, ing. en devenir

- Gauthier, Vincent

- Gauthier-Farley, Olivier

- Gbaguidi, Arnaud

- Gélinas, François

- Gendreau, Mélodie

- Gendreau, Pierre-Yves

- Gendron, Étienne

- Gendron, Marie-Christine

- Genest, Marie Elisabeth

- Genest, Steven

- Genet, Maude

- Gentil, Pierre

- George, Anjaly

- Georges, Myriam

- Georgi, Nathalie

- Germain, Frédéric

- Gervais, Charles

- Ghariani, Islam

- Ghasemi, Amir

- Giac, Frédérique

- Giguère, Jérémy

- Giguère, Philippe-Olivier

- Giguère, Thomas

- Girard, Nicolas

- Girard-Larocque, Charles

- Girault, Mathilde

- Giroux-Gauthier, Léopold

- Glogowski, Cédric

- Glokpo, Coco Novimigni

- Glorieux, Félix

- Gluard, Vincent

- Godbout-Corriveau, Philippe

- Godin, Hugo

- Gomez Sanchez

Meza, Moises

- Gonçalves Andrade, Alexandre

- Goudreault, Thomas

- Granal, Neal

- Grand, Alexandre

- Greenough, Stephanie

- Grigoriadis, Maya Alexandra

- Grondin, Kevin

- Grondin, Yan

- Guerrero Castillo, Maria Alejandra

- Guèvremont, Amélia

- Guévremont, Noémie

- Guillet De Chatellus, Foulques

- Guiot, Céline

- Habbu, Nayanika

- Hacherel, Jérémy

- Hachey, Francis

- Haddad, Joseph

- Haddad, Rabah

- Haddad, Ricardo

- Hadi, Eisa

- Hafez, Amr

- Hakimi, Hamza

- Hakla, Ahmad

- Hallé, Dominik

- Ham, Hatim

- Hamdaqa, Mohammad Adnan

- Hammadia, Abdelghani

- Hamouda, Yacine

- Hasrak, Amir

- Hassan, Hawa Boukar

- Heba, Redouane

- Hebert, Adam

- Heddebaut, Sophie

- Hély, Clément

- Henao Hernandez, Paola A. Carolina

- Hens, Alexis

- Hernandez Manzano, Lewith

- Hernandez Paez, Javier Guillermo

- Hessedé Masso, Joël

- Heyraud, Antoine

- Hidalgo-Aguilar, Edison

- Higaniro, Olivier

- Hladin, Ludovick

- Hoang, Kenny

- Holas, Philippe

- Honvo, Habacuc

Euphen

- Horth, Hugo

- Ho e-De Launière, Julien

- Houban, Ilyasse

- Houle, Jérémie

- Hounkanrin, Grâce

- Housni, Jad

- Hubert, Jean-Sébastien

- Hui, Martin Hau Chang

- Hurkmans, Olivia

- Huynh, Jason

- Ibrahim, Jonathan

- Iddir, Nassim

- Iegli Da Silva, Carlos Miguel

- Ignatowicz, Kevin

- Ijfiri, Rachid

- Ilnytska, Ulyana

- Ionno, Alexandre

- Jacob-Ferland, Vincent

- Jacquemmoz Jouve, Laurie

- Jahangirkahali, Hirbod

- Jalili, Farhad

- Jean, Anthony

- Jean, Marion

- Jean, Pierre-Olivier

- Jean-Baptiste, Reycha

- Jenjare, Anass

- Jewell, Helen

- Jiang, Shan

- Jodoin, Filip

- Jolicoeur, Elizabeth

- Joly, Alexandre

- Joncas, Léandre

- Jones, Alexander Terrance

- Jones, Jeremy Daniel

- Joseph, Zaarour

- Jougla, Renaud

- Julien, Gaël

- Juteau, Gabriel

- Ka, Amadou

- Kacel, Nora

- Kacimi, Mohand Said

- Kadi, Anes

- Kahlous, Mustapha

- Kaldany, Serge

- Kameni, Raoul

- Kaminski, Sébastien Denis

- Kandri, Hamza

- Karam, Georgi

- Karom, Mourad

- Karraz, Lara

- Kastoun, Martin

- Kathiriya, Tusharkumar

- Katryk, Kostiantyn

- Katz, Maxime

- Kearns, Marc-André

- Kedote, Mondoukpè Gracias

- Kellman, Justin

- Kepya Ngontio, Maurel Peguy

- Kershaw, Brent

- Kesserwany, Fawzi

- Khajehnouri, Yasaman

- Khamfour, Marwa

- Khan Hamid, Zahid

- Khedr, Peter

- Khijuria, Sulochana

- Klein-Miloslavich, Andreas

- Knapik, Emmanuelle

- Knez, Lucile

- Kolaric, Andrew

- Konte, Sidi Ben Amar

- Kouamou Njouokep, Fulbert Brice

- Kouasseu Ngayap, Arnold

- Koung À Bessiké, Georges-Emmanuel

- Krikorian, Kevork

- Kuntu, Igor

- Kutuluka, Bertrand

- L’abbé, Édouard

- L’arrivée, Courtney

- L’Ecuyer, Austin

- L’honoré, Catherine

- Laasri, Fadoua

- Labelle, Loup

- Laberge, Daphné

- Labonté, Guillaume

- Labrecque, Raphaël

- Labrie, Elliot

- Lachance, Dominic

- Lachance, Megan

- Lacombe, Dominic

- Lacombe, Sendy

- Lacroix, MarcAntoine

- Ladouceur-Nagy, Emile

- Lafond, CharlesAntoine

- Lafond, Olivier

- Lafond, Pierre

- Laforge, Felix

- Lagacé, PierreOlivier

- Lagueux, Philippe

- Laine, Amaury

- Lajili, Abdelkarim

- Lajoie, Pierre-Yves

- Laliberté, Antoine

- Laliberté, Kevin

- Lalonde, Victor

- Lalonde, Vincent

- Lalonde-Gingras, Sébastien

- Lamas Alvarez, Patricia

- Lambert, Victor

- Lamontagne, Pier-Luc

- Lamontagne

Simard, Patrick

- Lamoureux, Maxime

- Lampert, Colin

- Lamy, Adam

- Lamy, Mathieu

- Lamy Brault, Renée

- Landari, Hamza

- Landreville, Philippe

- Landry, Dayna Marie

- Landry, Philippe

- Laneuville, Vincent

- Langlois, Camille

- Langlois, Jean-Guillaume

- Laplante St-Martin, David

- Laquerre, James

- Largy-Nadeau, Judith

- Larivée-Lacasse, Anthony

- Larochelle, William

- Larouche, Simon

- Latif, Zakee

- Latulipe Loiselle, Alex

- Laurent, Blanche

- Laurin, Gabriel

- Lauzon-Fauteux, Pierre-Alexandre

- Lavigne, Loïc

- Lavigueur, Clémence

- Lavoie, Etienne

- Lavoie, Marie-Eve

- Lavoie-Charland, Aude

- Lavoie-Moore, Caroline

- Le Bail, Jérôme

- Le Scieller, Loïc

Michel

- Le, Hoang Long

- Le, Huynh-Tony

- Leblanc,

Jacob-Olivier

- Leblanc, Mathieu

- Leclerc, Philippe

- Leclercq, Raphael

- Lecointre, My-Ly

- Lecuru, Thomas

- Leduc, Dean

- Lefebvre, Alice

- Lefebvre, Christophe

- Lefebvre, Sandryne

- Légaré, Édouard

- Legault, Xavier

- Lejeune, Quentin

- Leleu, Gabriel, Guy, Paul

- Lelievre, Nathan

- Lemay, Karl-David

- Lemay, Rosalie

- Lemieux, David

- Lemieux, Megane

- Lemieux-Chalifour, Florence

- Lemoine, Priscille

- Lenoir, Pierre-Loup

- Lerner, Justine

- Lessard-Vachon, Amélie

- Létourneau, Alexandre

- Létourneau, Joannie

- Levasseur, Billi Bob

- Levasseur, Yoan

- Léveillé, François

- Léveillée-Dallaire, Xavier

- Levesque, Alexia

- Lévesque, Carolanne

- Lévesque, Nicolas

- Leys, Vincent

- Lezo, Sylvain Albert

- Lgasse, Elmahdi

- Lherisson, Christian

- Lidurin, Louis

- Lischer, Lucas

- Liu, Haojun

- Liu, Ka Wai

- Livanu, Adrian

- Lizo e, Marco

- Llinares, Rémi

- Lombart, David

- Lombo Konde, Felicien

- Lu, Sen Quan

- Luc, Édouard

- Luccioni, Anne-Sophie

- Lucuix-André, Julian

- Maaboudallah, Farouk

- Madore, Roxanne

- Mahasen, Sami

- Mahdi, Abdellah

- Maher, Merouane

- Maheu, Eric

- Mailhot, Loucas

- Mailhot-Sanche, Aubert

- Malave Naranjo, Simon Alberto

- Mallet, Michel Jasen

- Maltais, Nicolas

- Maltais, Sébastien

- Mandato, Marco

- Marchand, Shawn

- Marchesseault, Francis

- Marcil, Félix

- Marcoux, Antoine

- Marechal, Ileana

- Marquis-Basque, Frédéric

- Marsan, Jérémie

- Martel, Emile

- Martin, François

- Martinez, Grégory

- Martins Ribeiro, João Leonardo

- Marzouk, Mina

- Masarin, Ella

- Masson, Landry

- Mastromonaco, Mitchell

- Mathieu, David

- Mayala Wombo, Milka

- Mazloom, Shahabaldin

- McCarthy, Christopher

- Mchake, Zi a

- Mclean, Taylor

- Mejia Bohorquez, Barbara Valeria

- Mektoub, Hakim

- Melanson, Frédéric

- Melki, Sameh

- Mellado-Cusicahua, Andrea

- Melliti, Brahim

- Ménard-Levasseur, Alexandre

- Mennad, Azzeddine

- Mercier, Simon

- Méthé, Marc-Olivier

- Meunier, Louis-Félix

- Meyer, Francis

- Mhala, Tahsin

- Michaud, Hubert

- Mignot Cavanna, Alexandre

- Mile e, Samuel

- Miller, Tristan

- Miron, Philip

- Miseros, Nikolaos

- Mobarra, Mohammadjavad

- Moda eri, Michael

- Mohammadivala, Amin

- Moir, Aidan

- Moman, Jordan

- Mone e, Jeremie

- Mone e, Philippe

- Montcalm, Tyler

- Montmagny, Maxime

- Moquin, Etienne

- Moreau-Beaudry, Jake

- Morin, Etienne

- Morin, Guillaume

- Morin, Jean-David

- Morin, Tommy

- Morin, Tristan

- Moslemi, Zoheir

- Mouafo Nuentsa, Styve Rahim

- Mouafo Soh, Salomon Blaise

- Mousavi, Seyyed

Ebrahim

- Moutahir, Fouad

- Naboulsi, Diala

- Nacoulma, Aboubacar

- Nadeau, Allison

- Nadeau, Vincent

- Nadon, Charles

- Naimi, Rayene

- Najah, Mohamed

- Najih, El-Mehdi

- Nana, Charlie

Narcisse

- Nana, Nassim Ahmed

- Naranjo Campo, Hubert Antonio

- Nasr Esfahani, Reza

- Nasrallah, Zakaria

- NavarroPapathanasopoulos, Daphne

- Ndaw, Mame Aminata

- Ndenha, Daniel Laurent

- Nebbaki, Anas

- Ne o, Sydney

- Ng, King Hang Ricky

- Ngatchuessi Meumeu, Blaise Pascal

- Ngom, Pauline Michèle

- Ngoyo Mandemvo, Dan David

- Ngue Ayissi, Eric Yann

- Nguemaleu Tchangoue, Éliane Audrey

- Nguyen, Quoc Khanh

- Nguyen, Sy Quy

- Nichols, Jacinthe

- Nizam, Rami

- Noël, Alexandre

- Noël-Houde, Jean-Philippe

- Noubissie Noussa, Hermann

- Noureau, Estelle Isabelle

- Nourouzpour, Cyrus

- Nowbakht, Ali

- Ntchantchou Tchoungo, Georges Eric

- Nwaha Dingom, Jean Merlain

- Nya Samuel, Youssoufa Aristide

- O’reilly, Blake Stevens

- Oh, Hak Jun

- Ojeda Puentes, Ana Beatriz

- Oke, Jonathon

- Omrani, Amine

- Ordonselli, Sara

- Osei-Bonsu, Akosua

- Ospina Llano, Julián Andrés

- Otouhami, Mohamedsaid

- Ouaked, Rachida

- Oublon, Paul

- Ouellet, David

- Ouellet, Mathieu

- Ouellet, Simon

- Ouelle e, Émile

- Ouerghemi, Fadi

- Oueslati, Zied

- Ousi Benomar, Myriam

- Pagé, Paul-David

- Pageau, Vincent

- Palmeira Da Cruz, Alisson

- Palsson, Ragnar

- Pameole, Daniel-Antoine

- Paque eDesjardins, Gabriel

- Paquin, Gabriel

- Parada Rincon, Johanna

- Paradis, Sarah

- Paradis, Vincent

- Pareti, Hugo

- Paris, Pierre-Olivier

- Parker, Michael

- Parsa, Soleiman

- Pasko , Chloé

- Passoki, Pahessilè Angelo

- Patego Tchamba, Erna Loice

- Patel, Jay

- Patoine, Yanrick

- Patry, Élisabeth

- Pa acini Junior, Alejandro

- Pauzé-Carbonneau, Mathieu-Justin

- Paye e, Mathieu

- Payeur, Guillaume

- Payeur, Nicolas

- Pearce, Kaden Andreas

- Pedneault, Philippe

- Pelletier, Charles

- Pelzmann, Tanja

- Pepin Peloquin, William

- Perez Armino, Jorge

- Perreault, Marc-Antoine

- Perreault, Mathieu

- Perreault, Melanie

AVEC LE TITRE ING. TOUT T’EST POSSIBLE

- Perron, Brayden

- Petit, Philippe

- Philippe, Florian

- Piao, Chenghe

- Picard, Francis

- Picard, Raphaël

- Piché, Olivier

- Pichon-Roy, William

- Pierre, Adrien

- Pie e, Tommy

- Pilon, Michaël

- Pilo e, Vincent

- Pineda Valencia, Jose Alan

- PinsonnaultDuchemin, Noémie

- Pires Vital Batista, Jeanine

- Pisani Ruiz, José Humberto

- Plamondon, Charlo e

- Plante, William

- Plourde, Etienne

- Poirier Defoy, Marine

- Poissant, Chloé

- Poisson Demers, Jean-Michel

- Pomar Chique e, Olivier

- Popa, Dragos

- Potvin, Simon

- Poudrier, Maxime

- Pouliot, Lauriane

- Pradeilles, Arthur

- Preda, Dragos-Adrian

- Prévost, Guillaume

- Proulx, Jérôme

- Proulx, Maxime

- Proulx Petit, Simon

- Provost, Catherine

- Prunier, Corentin

- Pyra, Jennifer

- Qotia, Omar

- Quentin, Sandrine

- Quirion Cantin, Nicolas

- Quirion-Arguin, Jacob

- Qureshi, Qasim

- Racine, Guillaume

- Radphangthong, Marc

- Ra oul, Michael

- Rahal, Jason

- Rahmouni, Ayoub

- Ramirez Cardona, Diego Alejandro

- Rand, Charles

- Rangel Suarez, Carlos Mauricio

- Rasouli, Ebrahim

- Ratnayake, Iranga

- Ratovelomanana, Tina

- Raymond, Jacinthe

- Rayyad, Adnane

- Razafintsalama

Zafinimanga, Raivohavana

- Reatiga Caballero, Jerson Alexander

- Recchia, Grégoire

- Redissi, Amira

- Regrag, Nadjim

- Rengifo Lozano, Juan Felipe

- Reyes Venegas, Carlos

- Rezai, Mohammad Fahim

- Riccio Berni, Ackfay

Nicolle Natha

- Richard, Cédric

- Richard, Philippe

- Richard, Robin

- Rima, Sandra

- Rinieri, Manon

- Rioux, Mathieu

- Roberge, Noémie

- Roberge, Vincent

- Robert, Cédric

- Robert, Jérémy

- Robert, Louis

- Robert, Marie-Soleil

- Robert, Maximilien

- Robichaud, Sophia

- Robillard, Caroline

- Robitaille, Mathieu

- Roc, Clara

- Rochon, Samuel

- Rodaros, Michael

- Romero Moncada, Rigoberto

- Rönnqvist, Erik Mikael

- Rostamian, Salar

- Roy, Alexis

- Roy, Charles

- Roy, Dominic

- Roy, Mathieu

- Roy, Maxime

- Roy, Olivier

- Roy, Simon

- Roy, Tomy

- Royer, Emerik

- Saade, Alexandre

- Saavedra, David

- Sabahi, Mohammed

- Sabourin, Pascale

- Sabourin-Somers, Ian

- Sahouli, Marwane

- Sahraie, Hamed

- Saint-André, Victorien

- Sakhaei, Babak

- Salehianzandi, Neda

- Sam Sam, Alexandre

- Samson, Jasmin

- Sanchez, Alan

- Sanou, Ranine

- Sanschagrin, Alex

- Santoro, Amanda

- Saoudi Hassani, Mohamed

- Sauvageot, Margaux

- Savadogo, Ibrahim Moubarak

- Savard, David

- Savard, Lorie

- Sawadogo, Abdouramane

- Sayed Hassan, Rima

- Sca , Ke y Vanessa

- Seeuws, Lucas

- Seguin, Nicolas Rejean

- Sehabi, Yazid

- Selimaj, Ilir

- Senécal, Martin

- Septfons, Romain

- Servant, Xavier

- Sha er, Natasha

- Shams, Ghasem

- Shannon, Jack Henry

- Sharafdoust, Negar

- Shelubale, Arnold Nyanguba

- Shkor, Olga

- Shogbon, Alicia

- Siarov, Boris

- Sibué, Alexandre

- Sierra, Rafael

- Sieu, Wendy

- Siino, Laurent

- Sikadi, Borel

- Silue, Chientchon

- Simard, Amélie

- Simard, Simon

Wiebke Mainville, ing. en devenir

- Siméon, Inotes

- Siqueira De Oliveira Melo, Rafael

- Sirois, Samuel

- Sitamdze Wadje, Sandy Josepha

- Slaney, Benjamin

- Snaiki, Reda

- Soares Bravo, Alencar

- Sodhi, Kuljit

- Sow, Amadou

- Sow, Cheikh

- St-Amour, Alexandre

- St-Germain, Michaël

- St-Jean, Olivier

- St-Louis, Tristan

- St-Onge, Antony

- St-Onge, Simon

- St-Pierre, Jean-Sébastien

- St-Pierre, Vincent

- St-Pierre, Vincent

- St-Pierre Labbé, Josua

- Stankowitch, Florian

- Stefanowski, Corentin

- Stepenko, Arseni

- Sukurwako, Eric Alpha

- Sun, Fu

- Synno , Raphaëlle

- Taghzant, Saida

- Taïki Vaïtchemé, Martin

- Taillefer, Vincent

- Talbot, Frédéric

- Tangon, Eric

- Tanguay, Marc-Olivier

- Tanguay, Samuel

- Taouzri, Rachid

- Tapia Vargas, Manuel Octavio

- Tawk, Heidi

- Tcheumtchoua Sakou, Rodrick

- Tchide Saa, Abel Aimé

- Tchuem Simo, Thierry Benale

- Tebbeb, Majdi

- Teixeira Carneiro, Lucas Henrique

- Telfort, Jonathan

- Terrisse, Justin

- Teruel, Romain

- Tessier, Daniel

- Thairi, Mohamed Amine

- Théberge, Louis-Michel

- Thériault, Ariane

- Thériault, Nicolas

- Théroux, Michaël

- Therrien, William

- Thibault-Milks, Anthony

- Thibodeau, Philippe

- Thifault Taillon, Charles-Étienne

- Thivierge, Gabriel

- Thomasset, Foucauld

- Thompson, Stephen Phillip

- Thuriet, Jean

- Tonoukouin, Cachoremartial

- Torabi Pour, Amin

- Toubal-Seghir, Djawad

- Touche e, Ariane

- Tourangeau, Francis

- Tournier, Estevan

- Tran, Duc Anh

- Tranclé-Armand, Nicolas

- Tranquille, Julien

- Travasarou, Thaleia

- Tremblay, David

- Tremblay, Elisabeth

- Tremblay, Gabrielle

- Tremblay, Stéphane

- Tremblay, Vincent

- TremblayLalance e, Thomas

- Trochu, Julien

- Trouillon, Raphaël

- Trudeau, Anne-Laurence

- Trudeau, Sven

- Trudel, A. Jim

- Tumio o-Dorion, William

- Turcot, Nicolas

- Turco e, Andy

- Turco e, Jérôme

- Turco e, Maxime

- Turco e, Nicolas

- Turco e, Raphaël

- Turenne, Jean-François

- Turgeon, Guillaume

- Turgeon, Jacob

- Turnier Tro ier, William

- Vachon, Steeve

- Vaillancourt, Je rey

- Vaillant, Paul

- Valery Cano, Saul Alberto

- Vallée-Godbout, Ulysse

- Vandal, Ismaël

- Verme e, Simon

- Veter, Paul

- Vézina, Laurent

- Vidal, Thibaut

- Vieira De Souza, Adriana

- Vigeant, Stéphanie

- Villaret, Arthur

- Villeneuve, Jonathan

- Vivion, Marin

- Vlad, Theodor

- Vuillermet, Laurent

- Wadiwala, Safwan

- Walser, Peter

- Wamkeue Yomeni, Fred

- Wandege, Drossia

- Watat Nana, Cedric Michael

- Waters, David

- Wazir, Samuel

- Webster, Keesha

- Wesh, Jean Benoit

- Widjaja, Liyenita

- Wijaya, Jessica

- Wockner, Oliver

- Xavier, Ryan

- Xhaferi, Klaud

- Xiong, Xiang Yang

- Yaba, Ruben Ndonzoao

- Yalpanian, Ali

- Yaremko, Ma hew

- Yazdani, Tooraj

- Yousfi, Nawres

- Zaltzhendler, Maor

- Zambrano

Palomares, Percy

- Zeggane, Abdennour

- Zegue, Juvencia

- Zelaya-Flores, Lucy Guadalupe

- Zerdoudi, Mounir

- Zhang, Xingye

MOBILITÉ DURABLE

UNE VISION D’AVENIR PORTÉE PAR L’INGÉNIERIE

La transformation de la mobilité au Québec prend plusieurs visages, et pour chacun d’eux, l’ingénierie contribue activement aux changements a endus en proposant une nouvelle manière de concevoir les déplacements des personnes et des marchandises dans une vision d’avenir.

Le gouvernement compte faire du Québec un leader nord-américain de la mobilité durable et intégrée. Les ingénieures et les ingénieurs y ont un important rôle à jouer. On compte entre autres sur leur expertise pour bien orienter les actions sur la base de données probantes, d’analyses et de réflexions poussées, d’exercices de modélisation et de simulation, ainsi que pour proposer une planification intégrée de l’aménagement du territoire et des modes de transport. Rien de moins !

Prévoir

les besoins futurs

« Le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) est composé de plusieurs secteurs, explique Yan Turgeon, conseiller expert en mobilité durable au MTMD. Les ingénieures et les ingénieurs qui travaillent dans chacun de ces secteurs possèdent une expertise unique, souvent très pointue. Le défi de la Politique de mobilité durable (PMD), c’est de faire en sorte que tout le monde se parle, que l’expertise spécifique de chaque secteur percole au sein du ministère, que les actions de tous les secteurs convergent vers la mobilité durable. Par exemple, si la réhabilitation d’une voie de chemin de fer destinée au transport de marchandises peut bénéficier au transport des personnes, il faut saisir ce e occasion. La PMD nous permet de faire ces liens et d’accélérer la transition. »

Pour éclairer la prise de décision, le MTMD peut compter sur le travail de modélisation réalisé à partir des résultats des enquêtes origine-destination des grandes

agglomérations urbaines. Ingénieure en planification des transports urbains, Louiselle Sioui travaille à la Direction de la modélisation au MTMD. « En modélisation, nous avons accès à beaucoup de données sur la mobilité, notamment grâce aux grandes collectes de données que sont les enquêtes origine-destination, indique-t-elle. Ces enquêtes nous aident à comprendre et à modéliser les déplacements des ménages. Ainsi, on est bien outillés pour développer des indicateurs, contextualiser les motifs de déplacements et anticiper les comportements, de façon à éclairer la prise de décision. Le génie des transports, c’est très humain, plus que d’autres domaines du génie, en raison de l’objet d’étude. On parle des gens, on cherche à comprendre leurs comportements et à anticiper les déplacements futurs. »

« Le génie des transports, c’est très humain, plus que d’autres domaines du génie, en raison de l’objet d’étude. On parle des gens, on cherche à comprendre leurs comportements et à anticiper les déplacements futurs. »

LOUISELLE SIOUI, ING., INGÉNIEURE EN PLANIFICATION DES TRANSPORTS URBAINS AU MINISTÈRE DES TRANSPORTS ET DE LA MOBILITÉ DURABLE DU QUÉBEC

« La notion de partage équitable des espaces publics est un élément fondamental ; nous devons le traiter de manière à favoriser le bien commun. Nous devons o rir aux gens diverses options de transport, à la fois sécuritaires et confortables. »

STÉPHANE BLAIS, ING., DIRECTEUR DE L’EXPERTISE VÉLO À VÉLO QUÉBEC

Proposer diverses options de transport

Stéphane Blais, ing., directeur de l’expertise vélo à Vélo Québec — un organisme sans but lucratif qui a pour mission d’encourager les gens à utiliser le vélo comme mode de déplacement —souligne que l’utilisation du vélo contribue à l’a einte de plusieurs des cibles du plan d’action de la la PMD, entre autres celles de me re la mobilité au service des citoyennes et des citoyens et de réduire l’empreinte carbone. « Il ne faut pas négliger l’aspect culturel dans la compréhension de la mobilité et dans notre volonté de changement des habitudes, cet aspect humain est très sensible, insistet-il. Aussi, la notion de partage équitable des espaces publics est un élément fondamental ; nous devons le traiter de manière à favoriser le bien commun. Nous devons o rir aux gens diverses options de transport, à la fois sécuritaires et confortables. »

L’implantation de voies cyclables ne sert pas que les intérêts des cyclistes, elle profite à l’ensemble de l’écosystème d’un quartier. « Elle permet de civiliser les déplacements, d’éloigner les voitures du tro oir, ajoute Stéphane Blais. Elle s’intègre à une vision globale, avec l’ajout de verdure pour limiter les îlots de chaleur. »

194 JEUX DE DONNÉES

C’est le nombre de jeux de données ouvertes en lien avec le transport disponibles sur le site donneesquebec.ca/

Me re en place

une infrastructure intelligente

Professeur à l’Université de Sherbrooke et directeur du Laboratoire sur l’intelligence véhiculaire, Denis Gingras, ingénieur à la retraite, note que les infrastructures de transport auront de plus en plus tendance à privilégier une utilisation multimodale. « Le gros défi d’ingénierie consistera à intégrer et à coordonner l’intelligence adaptée aux di érents modes de transport. Nous aurons également besoin de capteurs (lidars, radars, vidéos, etc.) pour collecter des données afin de mieux comprendre et anticiper la dynamique de l’environnement. L’infrastructure intelligente peut servir à plusieurs usages ; ainsi, des lampadaires intelligents peuvent adapter l’éclairage à la luminosité, surveiller la météo, recueillir des données sur le trafic ou di user de l’information. Une chaussée munie de capteurs intégrés permet déjà le monitorage du trafic et des conditions d’adhérence à sa surface. »

Générer d’énormes quantités de données exige l’automatisation du stockage, du traitement et de la synthèse des informations obtenues après analyse, précise Denis Gingras. « De plus, les trois ordres de gouvernement se partagent le système routier, d’où la pertinence d’échanger des données pour rendre les routes plus performantes, pour mieux planifier, déterminer les zones à risque, etc. »

En milieu urbain, il pourra un jour être avantageux d’intégrer les véhicules autonomes pour certaines fonctions, comme véhiculer plusieurs personnes à la fois, afin de réduire le voiturage en solo et le nombre de véhicules sur la route. « Il faut adapter la mobilité en fonction des aspects géographiques, démographiques et des divers besoins des citoyens, poursuit Denis Gingras. La technologie des véhicules autonomes sans conducteur progresse, mais elle n’est pas encore totalement au point, notamment en ce qui concerne l’évaluation des risques et les aspects de sécurité routière liés

Repenser les priorités pour un avenir plus vert

La mobilité durable vise l’adoption de modes de transport e caces et respectueux de l’environnement. Amélie Cossé, de la firme-conseil en transport Momentum Consultants, est spécialisée dans ce domaine et approuve la démarcge RTA (Réduire – TransférerAméliorer) pour faire du Québec un leader en matière de mobilité durable. Voici un rappel des trois piliers de ce e approche :

1

Réduire implique de prioriser la densification urbaine et l’intégration de la mobilité dans l’aménagement du territoire plutôt que l’étalement urbain, afin de diminuer les déplacements motorisés quotidiens des citoyennes et des citoyens, en concevant des espaces où il est possible de vivre, travailler et accéder aux services localement.

2

Transférer signifie e ectuer un transfert modal vers des options de transport plus durables, comme la marche, le vélo ou les transports collectifs. Ce faisant, on cherche à accroître la part modale des transports actifs (vélo et marche) et collectifs (transport en commun, covoiturage, autopartage).

3

Améliorer consiste à procéder à l’électrification des déplacements restants, notamment ceux qui sont liés à la logistique urbaine.

la démarche RTA se concentre sur les modes de transport, mais porte également sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme pour encourager des pratiques durables. Comme le souligne Amélie Cossé, l’ordre de priorité doit être respecté rigoureusement pour a eindre les objectifs fixés : « La politique la plus e ciente pour diminuer les émissions de gaz à e et de serre associées au transport consiste à réduire la nécessité de se déplacer sur de longues distances en concentrant nos activités dans un territoire aménagé pour privilégier la densité et la mixité d’usage. »

Amélie Cossé note que les politiques et les investissements québécois me ent l’accent sur l’électrification, au détriment des étapes essentielles de réduction et de transfert. Elle cite la ville de Londres comme modèle inspirant, où chaque projet immobilier doit démontrer des des répercussions positives sur la mobilité locale et la santé des rues environnantes.

Pour le Québec, le défi est double. D’une part, il s’agit de promouvoir une collaboration beaucoup plus étroite entre des personnes issues de disciplines variées — urbanistes, architectes, architectes paysagistes et ingénieurs — avec les constructeurs et promoteurs immobiliers. Ce e synergie est essentielle pour répondre e cacement aux besoins en mobilité de la population, tout en tenant compte également des besoins des piétons, des cyclistes et des commerçants.

D’autre part, le cadre d’aménagement du gouvernement du Québec pourrait jouer un rôle accru en faveur de la mobilité durable par l’adoption de règles et d’outils visant à renverser la logique actuelle, centrée sur l’automobile. Ces mesures devraient être applicables à tous les échelons : provinciale, régionale, municipale et locale.

Par Marie Lefebvre, directrice des communications de l’OIQ.

« Le gros défi d’ingénierie consistera à intégrer et à coordonner l’intelligence adaptée aux di érents modes de transport. Nous aurons également besoin de capteurs (lidars, radars, vidéos, etc.) pour collecter des données afin de mieux comprendre et anticiper la dynamique de l’environnement. »

DENIS GINGRAS, INGÉNIEUR À LA RETRAITE, PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE ET DIRECTEUR DU LABORATOIRE SUR L’INTELLIGENCE VÉHICULAIRE

à son utilisation. En particulier, les véhicules autonomes ne sont pas encore bien adaptés aux conditions hivernales. Pour ce qui est de leur système de propulsion, logiquement, les véhicules autonomes seront tous électriques. »

En misant sur l’innovation, l’expertise et une planification intégrée, l’ingénierie québécoise façonne la mobilité durable de demain.

Par des approches humaines, technologiques et collaboratives, elle répond aux défis actuels et futurs, a rmant son rôle central dans la transition vers des solutions de transport adaptées, responsables et axées sur le bien commun.

Par Mélanie Larouche, journaliste.

Un autopartage

remplace 10 véhicules personnels

Les services d’autopartage ont assurément un rôle à jouer dans l’a einte des objectifs de mobilité durable au Québec. Pionnière de l’autopartage en Amérique, Communauto dessert plus de 50 000 personnes au Québec annuellement. Selon des études réalisées par des chercheurs de Polytechnique Montréal, chaque voiture d’autopartage de Communauto remplace 10,2 voitures privées et les usagers utilisent quatre fois moins la voiture que ceux qui possèdent un véhicule. D’autres études montrent que l’autopartage entraînerait une réduction d’environ 30 % à 40 % des kilomètres parcourus. Ce e diminution des déplacements e ectués en voiture se traduirait, en moyenne, par une réduction de 1,2 tonne des émissions de CO2 pour chaque usager.

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Laila Haj ingénieure et ambassadrice

ÉCONOMIE CIRCULAIRE

DES LARVES POUR CONTRER LE GASPILLAGE ALIMENTAIRE

Au Canada, 40 % de la nourriture produite finit à la poubelle, ce qui représente des pertes de plus de 30 milliards de dollars par an. Ces aliments jetés contiennent pourtant encore des calories et des nutriments exploitables. La conception de procédés industriels visant à valoriser ces résidus alimentaires et à leur trouver de nouveaux débouchés est le défi que relève Entosystem.

Entosystem a été fondée en 2016, à Sherbrooke, pour transformer des résidus alimentaires en nourriture pour insectes qui, à leur tour, sont transformés en aliments pour animaux et en fertilisants. Après avoir consacré sept ans à développer son procédé, à titre de projet pilote Entosystem est passée à l’échelle industrielle en 2023 avec le projet Envol, une usine de 100 000 pi2 (9290 m2) construite à Drummondville au coût de 60 millions de dollars. De la culture des insectes à la production d’ingrédients alimentaires en passant par l’automatisation, ce projet d’ingénierie multiple est le lauréat du prix Honoris Genius — Projet d’ingénierie 2024 de l’Ordre.

Illustrations : iStock

Procédé d’Entosystem

Les déchets alimentaires nourrissent les insectes. Après six jours, ces insectes sont récoltés pour produire des engrais, des protéines, de l’huile et des aliments pour animaux destinés à l’agriculture biologique. Les produits biologiques se retrouvent dans les épiceries, génèrent de nouveaux déchets alimentaires, et ainsi le cycle recommence.

GASPILLAGE ALIMENTAIRE

ENTOSYSTEM

RÉCOLTE APRÈS

6 JOURS ENGRAIS

« On a une équipe d’entomologistes à l’interne qui s’occupe de tout ce qui est vie de l’insecte, qui regarde la valeur nutritive de la matière organique et des grains qu’on reçoit et qui cherche la bonne formule pour nourrir les insectes. »

Pour concevoir son usine, Entosystem a fait appel à Sogenix, une firme de génie-conseil spécialisée dans le domaine alimentaire. Partant des connaissances acquises au stade du projet pilote, Sogenix a déterminé les procédés requis, a fait les plans d’aménagement et a établi les spécifications de tous les équipements de l’usine. Celle-ci comporte deux sections, l’une destinée à l’élevage des insectes et l’autre, aux procédés de transformation.

Un élevage bien nourri

Dans la section des insectes, des milliers de bacs contiennent des millions de larves de mouches soldats noires. C’est une larve détritivore, donc tout indiquée pour ingurgiter des résidus alimentaires préconsommation. « On prend ce qui n’a pas été touché par le consommateur, mais on ne prend pas de viande », indique Alexis Larivée, ing., directeur de l’ingénierie chez Entosystem. Plus précisément, les larves sont nourries d’une mixture élaborée avec les résidus alimentaires et des céréales. « On a une équipe d'entomologistes à l'interne qui s'occupe de tout ce qui est vie de l'insecte, qui regarde la valeur nutritive de la matière organique et des grains qu'on reçoit et qui cherche la bonne formule pour nourrir les insectes », ajoute Alexis Larivée.

En se développant, les larves produisent de la chaleur, de l’humidité et des gaz qu’il faut évacuer, d’où la nécessité d’un contrôle pointu des conditions ambiantes. Au bout de six jours, les larves sont prêtes pour la récolte et sont envoyées en transformation. Une petite fraction de larves poursuit cependant son développement jusqu’au stade adulte pour assurer la reproduction des insectes.

HONORIS GENIUS –PROJET D’INGÉNIERIE

Sogenix et Entosystem, l’équipe projet derrière Envol, ont reçu ce prix de l’Ordre en 2024.

Entosystem en chiffres

La mouche soldat noire est un remarquable détritivore. Une seule tasse de ces larves peut consommer 3 tonnes de résidus alimentaires en moins de 14 jours.

À pleine capacité, l’usine peut élever 400 millions d’insectes et traiter annuellement 90 000 tonnes de résidus pour les transformer en 5 000 tonnes de larves protéinées et 15 000 tonnes d’engrais.

« C’est une industrie naissante, et les manufacturiers n’o rent pas beaucoup de solutions. Il faut se raba re sur des procédés semblables et adapter les équipements. »

SÉBASTIEN RIVEST, ING., ASSOCIÉ CHEZ SOGENIX

Une transformation ingénieuse

Dans la section de la transformation, larves et résidus de croissance sont tamisés, puis séchés. Une partie des larves entières est vendue ; une autre est pressée pour en extraire de l’huile et un tourteau qui sera broyé en farine. Pour les concepteurs, le défi était de trouver des équipements adaptés aux larves. « C’est une industrie naissante, et les manufacturiers n’o rent pas beaucoup de solutions. Il faut se raba re sur des procédés semblables et adapter les équipements », explique Sébastien Rivest, ingénieur chez Sogenix. « Il faut envoyer de la matière au manufacturier pour qu’il fasse des tests, et ça allonge l’étape de conception », commente Alexis Larivée. « La presse utilisée pour les larves est une presse à huile de tournesol ou de soya que le manufacturier a adaptée en travaillant les pièces internes pour rendre l’équipement aussi performant avec les larves qu’avec les autres matières », signale Sébastien Rivest.

À la sortie, les résidus de croissance fournissent un fertilisant, standard pour ce qui est de l’apport en nitrate, phosphate et potassium, mais approuvé par Ecocert pour la culture biologique. La farine — qui contient de 60 % à 65 % de protéines —, l’huile et les larves séchées sont vendues comme ingrédients à des manufacturiers d’alimentation animale qui les intègrent dans leurs propres rece es en remplacement de protéines de volailles ou de poissons. Ainsi, rien ne se perd. Les larves recyclent des résidus sans en produire elles-mêmes.

Avec le projet Envol, Entosystem a bel et bien décollé en devenant un acteur majeur dans la recirculation des résidus alimentaires et la production de protéines d’insectes. L’entreprise entend poursuivre son envol avec l’obtention d’un financement pour la construction d’une deuxième usine.

Valérie Levée, journaliste.

Réduction du gaspillage alimentaire : une pratique stratégique essentielle

La hiérarchie des solutions pour réduire les pertes et gaspillages alimentaires permet une pratique stratégique pour agir à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement. L’enfouissement et l’incinération des déchets alimentaires devraient être les derniers recours à envisager, et ce, uniquement après avoir épuisé toutes les autres options de la hiérarchie de récupération.

HIÉRARCHIE DES SOLUTIONS POUR PRÉVENIR LES PERTES ET GASPILLAGES ALIMENTAIRES

RÉDUCTION

– Améliorer les activités et procédés pour réduire la production de déchets

La plus privilégiée

RÉCUPÉRATION

– Dons alimentaires pour nourrir les gens

– Fabrication de sous-produits ou de nourriture pour animaux

RECYCLAGE

– Fabrication de produits cosmétiques ou de fertilisants

– Production de biodiesel

– Compost

ÉLIMINATION

– Envoyer au site d’enfouissement

La moins privilégiée

Source :

1 Nouvelle usine de production d’insectes d’Entosystem spécialisée dans la fabrication de farine d’insectes.

2 Entrepôt de résidus alimentaires nourrissant les larves.

3 Robot de stockage qui gère les caisses de larves.

4. Récolte de larves de mouches soldats noires au profil nutritionnel perme ant de remplacer la protéine de soya ou de poisson dans l’alimentation avicole.

1001 vies de la drèche de brasserie

En 2020, COOP Boomerang a démarré ses activités sur la base d’un constat : à Montréal, les brasseries ne savent que faire de leur drêche. Une microbrasserie peut générer entre 200 et 3 000 kg de drêche par brassin, à raison de plusieurs brassins par semaine, indique Alexis Galand, ing., responsable des opérations de COOP Boomerang. En milieu rural, des éleveurs récupèrent les drêches pour nourrir leur bétail, mais en ville, les débouchés étaient presque inexistants. Pire, certaines petites brasseries payaient pour s’en débarrasser. COOP Boomerang a donc entrepris de transformer la drêche en farine pour la retourner dans l’industrie alimentaire, et s’est mise en quête d’un séchoir et d’une presse. Comme pour Entosystem, le défi était de dénicher des équipements adaptés à la drêche. « On a collaboré avec une entreprise américaine pour adapter son déshydrateur en spécifiant qu’il devait être construit en acier inoxydable et sans pièces détachables. C’est un cylindre avec un bras pour mélanger et une sou erie qui extrait l’humidité », décrit Alexis Galand. Pour la presse, COOP Boomerang a essayé un moulin à céréales, mais la drêche, légère et floconneuse, entrait trop lentement dans le moulin et les pierres surchau aient. Le moulin à café n’a pas non plus donné de bons résultats et COOP Boomerang s’est finalement tournée vers un équipementier chinois qui fabrique des moulins à épices. Il en sort une farine de drêche essentiellement composée de fibres et de protéines. Ce n’est pas une farine au sens propre du terme, car elle ne contient plus de sucres, ceux-ci étant partis dans la bière.

« Ça a à peu près la même valeur nutritive que la poudre de pois chiche, et le goût est assez agréable », mentionne Alexis Galand. Ce e farine trouve preneurs chez les boulangers, les pâtissiers et les chefs cuisiniers qui l’incorporent à leurs rece es. Certaines brasseries qui tiennent un espace de restauration la réintègrent aussi dans leur cuisine.

COOP Boomerang transforme ainsi la drêche de huit brasseries de Montréal et produit une tonne par mois de produits secs, soit de la farine de drêche et de la drêche sèche non moulue vendue à une champignonnière et à une entreprise d’alimentation pour chevaux.

COOP Boomerang s’est fait la main avec la drêche, mais adapte maintenant le procédé à d’autres résidus alimentaires, comme de la pulpe de framboise et de gingembre qui sera utilisée dans des thés et des kombuchas.

« On a réalisé qu’il y a plein d’entreprises qui voudraient utiliser des résidus alimentaires, mais ça demande une logistique de collecte et des équipements spécialisés. On est devenus spécialistes de la collecte, de la déshydratation et de la mouture », résume Alexis Galand.

Mathieu Gauthier, Tangui Conrad et Alexis Galand, ing.
Photos : COOP Boomerang

Gestion de

Procédés alimentaires

Conception mécanique

Automatisation et contrôles

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

ACCÉLÉRER LA CADENCE DANS LE SECTEUR INDUSTRIEL

Derrière les murs des usines québécoises, de nombreux e orts sont déployés pour accroître l’e cacité énergétique. Découvrez certaines des stratégies adoptées pour relever ce défi.

Le secteur industriel est un grand consommateur d’énergie, en particulier d’hydroélectricité, une ressource longtemps considérée comme peu coûteuse. Cependant, les hausses des tarifs d’électricité prévues dans les prochaines années incitent les industries à améliorer davantage leur e cacité énergétique pour réduire leurs coûts de production.

Jusqu’à récemment, la faible rentabilité des investissements en e cacité énergétique avait freiné les entreprises, mais ces hausses tarifaires à venir changent la donne. « Les industries devront accélérer l’adoption de mesures d’e cacité énergétique », a rme Stéphan Gagnon, Stéphan Gagnon, ing., coordonnateur de la valorisation des rejets thermiques au ministère de l’Environnement, de la Lu e contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Des solutions simples

Les avenues pour réduire la consommation d’énergie sont nombreuses et diversifiées, comme le souligne Andrée-Anne De Gagné, ing., directrice générale de Gaama, une firme spécialisée en e cacité énergétique des procédés industriels. « Les façons de faire sont extrêmement variables d’une industrie à l’autre et même d’un secteur d’a aires à un autre », précise-t-elle. Pour déterminer les meilleures solutions pour l’entreprise, elle recommande d’e ectuer un bilan énergétique des opérations en définissant les besoins et les rejets en énergie.

Dans le secteur manufacturier, la gestion des cycles de chau age et de refroidissement représente un défi majeur. « Les processus multiples de chau age et de refroidissement nécessitent une consommation d’énergie supplémentaire, indique Andrée-Anne De Gagné. Par exemple, chez l’un de nos clients, l’intégration d’un système d’accumulation d’énergie a permis d’éliminer l’utilisation d’une des trois chaudières, ce qui a considérablement diminué la consommation tout en maintenant la même productivité. » D’après Ressources naturelles Canada, l’utilisation d’une méthode systématique d’analyse des procédés perme rait à une entreprise de réduire jusqu’à 30 % de sa consommation d’énergie dans le secteur industriel, tout en diminuant ses émissions de gaz à e et de serre.

« Les industries devront accélérer l’adoption de mesures d’e cacité énergétique. »

STÉPHAN GAGNON, ING., COORDONNATEUR DE LA VALORISATION DES REJETS

THERMIQUES AU MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT, DE LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES, DE LA FAUNE ET DES PARCS

« Sans hésitation, je peux a rmer que nous sommes des leaders et que nous excellons. Le génie québécois rayonne à travers des solutions techniques avant-gardistes et des réalisations qui méritent d’être mises en valeur. »

ANDRÉE-ANNE DE GAGNÉ, ING., DIRECTRICE GÉNÉRALE DE GAAMA

Optimiser l’e cacité énergétique ne nécessite pas toujours des technologies complexes. Des actions simples, comme moderniser les équipements — notamment en utilisant un moteur ayant un meilleur rendement —, installer des thermopompes ou encore isoler les infrastructures pour réduire les pertes de chaleur, peuvent donner de bons résultats. « Les solutions existent souvent déjà, dit la directrice générale de Gaama. Par exemple, l’installation d’échangeurs thermiques sur des machines de pâte à papier ou l’optimisation des systèmes de chau age et de ventilation peuvent apporter des bénéfices immédiats. »

Les rejets des uns font le bonheur des autres

Un procédé industriel génère souvent de la chaleur résiduelle, appelée rejet thermique. Par exemple, lors du ra nage du pétrole, la chaleur produite en surplus peut être récupérée et réutilisée dans une boucle énergétique pour répondre aux besoins d’une autre industrie située à proximité.

Ces boucles énergétiques ont un potentiel considérable. On estime qu’elles peuvent diminuer les émissions de gaz à e et de serre et réduire de 20 % à 30 % la facture des entreprises et des particuliers connectés à la boucle.

Au Québec, la valorisation des rejets thermiques est en pleine croissance, et plusieurs projets ont déjà été réalisés. L’un d’eux associe les Produits forestiers Résolu et les Serres Toundra. « La centrale de cogénération de Résolu produit de l’électricité et de la chaleur à haute température pour ses besoins industriels, explique Stéphan Gagnon. Les rejets résiduels de chaleur, qui seraient autrement dissipés dans des tours de refroidissement, sont récupérés pour chau er les serres où sont cultivés des concombres. » Pour les Serres Toundra, il s’agit d’une source de chaleur renouvelable qui réduit la consommation d’énergie.

Consommation énergétique : un appétit gigantesque

36 %

La consommation énergétique totale du Québec a ribuable au secteur industriel.

70 %

Dans le secteur industriel, part de la consommation énergétique provenant des industries manufacturières, de l’aluminium et des pâtes et papiers.

Photo : SOFIA photographe — Illustration : Vectorstock

Pour Résolu, l’utilisation des rejets thermiques par les serres diminue le besoin de faire fonctionner les tours de refroidissement, entraînant ainsi des économies d’énergie et de maintenance. « Ce projet illustre le potentiel des rejets thermiques : transformer une source de chaleur sous-utilisée en un atout économique et écologique », ajoute-t-il.

Chauffer un hôpital en brûlant des déchets

À Québec, un réseau souterrain de 2,2 kilomètres reliera l’incinérateur de la ville à l’hôpital de l’EnfantJésus. L’incinérateur fournira ses surplus de chaleur et de vapeur à une centrale trigénération, en ce sens qu’elle répondra aux besoins de l’hôpital en électricité, en chaleur et en refroidissement. Grâce à la valorisation des rejets thermiques, l’hôpital devrait réduire sa consommation annuelle de gaz naturel de 5,7 millions de mètres cubes. Une réduction avantageuse sur le plan économique et qui perme ra aussi de réduire les émissions de CO2 de plus de 10 000 tonnes par an, soit l’équivalent d’environ 3520 voitures de moins sur les routes chaque année.

Ce e démarche est soutenue par un programme de valorisation des rejets thermiques du gouvernement québécois, qui dispose d’une enveloppe de 400 millions de dollars. Stéphan Gagnon est celui qui coordonne ce projet — il est d’ailleurs un des pionniers de la valorisation des rejets thermiques chez nous. Il travaille à créer des liens entre des entreprises qui reje ent de la chaleur et d’autres qui peuvent utiliser ce e chaleur. D’ailleurs, un règlement sur la déclaration obligatoire des rejets thermiques provenant de sites éme eurs devrait entrer en vigueur en 2027, ce qui facilitera ce maillage.

Le leadership québécois en ingénierie

Les ingénieures et ingénieurs jouent un rôle clé dans l’accélération de la transition énergétique du Québec, d’après Andrée-Anne De Gagné. « Nous sommes au cœur de toutes les décisions techniques, allant de la conception des produits à leur fabrication, en passant par le choix des matériaux et la conception des procédés. » Elle rappelle que les ingénieures et ingénieurs ont la capacité d’intégrer des solutions innovantes et durables à chaque phase du développement. « Sans hésitation, je peux a rmer que nous sommes des leaders et que nous excellons. Le génie québécois rayonne à travers des solutions techniques avant-gardistes et des réalisations qui méritent d’être mises en valeur », conclut-elle.

Annie Labrecque, journaliste.

60 %

Portion de l’énergie consommée par le secteur industriel qui est perdue sans générer de valeur ajoutée.

19 %

Part des émissions de GES au Québec liées à la consommation d’énergie par le secteur industriel.

Source : État de l’énergie au Québec, édition 2024, Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal.

David St-Onge, ing.

L’INGÉNIEUR EN ROBOTIQUE HUMANISTE

Très orienté vers l’ergonomie cognitive, cet adepte des arts cherche inlassablement à mieux adapter les robots aux besoins des gens.

Dans une salle du laboratoire INIT Robots, un laboratoire d’interaction naturelle et intuitive pour la téléopération des robots, à l’École de technologie supérieure (ÉTS), plusieurs petits drones volent autour des gens qui les utilisent, sous le regard a entif d’une équipe de recherche. Rythme cardiaque, dilatation de la pupille, oculométrie pour surveiller la trajectoire des regards, rien n’échappe à leur vigilance pour comprendre les réactions à la manipulation de ces engins. Voilà le genre de projets auxquels se consacre depuis des années le professeur de génie mécanique David St-Onge, ing.

Croiser toutes ces données permet au chercheur de mesurer la charge cognitive quantitative liée à l’accomplissement de la tâche, y compris les pressions externes pour performer. C’est que la conduite de plusieurs drones en essaim requiert une grande concentration et génère un niveau de stress parfois di cile à assumer. Les informations recueillies le guident donc pour concevoir des systèmes destinés à rendre l’utilisation des robots, au sol comme dans les airs, plus intuitive et moins complexe. L’ensemble de la carrière du professeur au Département de génie mécanique de l’ÉTS reflète ce désir de rapprocher les robots des besoins réels des gens, lui qui depuis plusieurs années collabore avec des artistes intégrés dans

les équipes de son laboratoire. « On ne parle pas beaucoup de l’humain dans la formation en génie. Nous avons besoin de l’expertise des artistes pour concevoir des technologies plus sensibles et poétiques », souligne cet ingénieur hors norme. Depuis quatre ans, des chorégraphes, des marionne istes, des acrobates s’associent régulièrement au Laboratoire INIT Robots pour insu er un peu d’humanité aux systèmes robotiques conçus par les équipes de recherche. Selon les projets, les créatrices et créateurs imaginent des façons de faire bouger

« On ne parle pas beaucoup de l’humain dans la formation en génie. Nous avons besoin de l’expertise des artistes pour concevoir des technologies plus sensibles et poétiques. »

À L’ÉTS

1 Deux robots manipulateurs mobiles conçus sur mesure pour les recherches sur la collaboration intuitive et sécuritaire avec les travailleuses et travailleurs du secteur manufacturier.

2 Une des huit plateformes identiques des cours de robotique étant également au cœur des travaux pratiques du manuel de robotique en accès libre. (h ps://pressbooks.etsmtl. ca/fondementsrobotique)

3 Deux exemplaires de la flo e de 16 microdrones de l’ÉTS conçus en partenariat avec le MISTlab de Polytechnique Montréal pour la conception de mouvements d’essaims à proximité des humains.

Photoreportage : Mireille Caza/Hé Studio

des essaims de drones ou des bras robotiques, ou encore plongent le public dans l’atmosphère d’une caverne inaccessible. Ainsi, au cours de l’été 2024, l’installation Cavernautes invitait le public à découvrir — par l’entremise d’un dirigeable déployable — une caverne située dans l’arrondissement de Saint-Léonard, à Montréal. Ce projet de recherche-création, piloté par David St-Onge et l’artiste et professeur à l’Université du Québec à Montréal Nicolas Reeves, a notamment permis à l’équipe de recherche et aux artistes de me re au point un agencement de polymères deux fois plus léger que les membranes commerciales existantes. Il a aussi facilité le développement d’une structure se rétractant dans les petits tunnels d’accès, pour mieux se déplier ensuite.

Multidisciplinaire avant tout

La facilité de David St-Onge à combiner la créativité des mondes artistique et scientifique remonte à son passage au cégep. À l’époque, le jeune étudiant s’intéresse aussi bien au théâtre qu’à la physique. Le visionnement d’une vidéo sur les gréements acrobatiques du Cirque du Soleil le convainc qu’une formation en génie mécanique lui perme ra de conjuguer ses deux passions, d’autant que sa spécialisation en mécatronique lui ouvre les portes de l’interdisciplinarité.

Tout naturellement, à la fin de son baccalauréat, il travaille pendant quatre ans pour un atelier de fabrication très tourné vers le secteur culturel. C’est là qu’il conçoit, par exemple, un système interactif extérieur pour l’Insectarium de Montréal. Devenu ensuite consultant à son compte, il reçoit une commande, celle de l’artiste Nicolas Reeves, qui réoriente complètement sa carrière.

« Je n’avais pas les connaissances à l’époque pour réaliser son œuvre, un dirigeable cubique flo ant immobile dans une salle. J’ai donc décidé d’aller faire une maîtrise en robotique à l’Université Laval », raconte le chercheur. Ce e recherche lui donne notamment les outils pour combiner l’information obtenue par des capteurs de distance avec des accéléromètres et des gyroscopes, alors que de petites turbines savamment disposées sur la structure du cube volant créent les délicats flux d’air qui le maintiennent en équilibre.

Accumuler les connaissances

Peu de temps après, ce curieux de nature décide d’entreprendre un doctorat en robotique

« Je n’avais pas les connaissances à l’époque pour réaliser [l’]œuvre [de Nicolas Reeves], un dirigeable cubique flo ant immobile dans une salle.
J’ai donc décidé d’aller faire une maîtrise en robotique à l’Université Laval. »
DAVID

ST-ONGE, ING. PROFESSEUR DE GÉNIE MÉCANIQUE À L’ÉTS

spatiale. L’objectif : concevoir un filet rigide pour récupérer les déchets en orbite dans l’espace. Cela représentait un défi d’importance, puisqu’il s’agissait d’imaginer une structure capable de se rétracter de 30 à 40 fois pour entrer dans la soute d’une nave e spatiale. Ces connaissances se sont avérées bien utiles quelques années plus tard pour perme re le passage d’un dirigeable dans les couloirs étroits de la caverne de Saint-Léonard ou pour concevoir la scène déployable d’une troupe de cirque itinérante.

L’expertise de David St-Onge l’a aussi amené à contribuer à une petite révolution sur les chantiers de construction. L’un de ses projets de recherche consistait en e et à intégrer les données provenant du jumeau numérique d’un bâtiment en cours de construction dans une carte interactive. Ce e carte servait ensuite à guider un robot de mesure dans les pièces déjà construites, avec des relevés sur le terrain en temps réel, y compris dans les zones à haut risque, avec un degré maximal de sécurité.

Il s’agit là d’un autre exemple parmi de nombreux autres de la façon dont David St-Onge augmente la convivialité des systèmes, par une compréhension accrue et approfondie des besoins des êtres humains qui les manipulent.

Pascale Guéricolas, journaliste.

DAVID ST-ONGE EN TROIS PROJETS DE RECHERCHE

• Cavernautes : cavernautes.nxigestatio.org

• Dirigeable flo ant dans les airs : sciencedirect.com/science/article/pii/ S0921889016306674?via%3Dihub

• Robot et chantier de construction : h ps://itcon.org/paper/2021/29

SAUVER LA FORÊT, UN ARBRE À LA FOIS

Des robots aux caméras ultraprécises cartographient les forêts boréales, o rant des solutions inédites aux défis climatiques. Ces avancées pourraient bien un jour transformer la vision des futurs taxis autonomes.

Bien décidé à jouer un rôle dans la recherche de solutions pour sauvegarder l’environnement, Philippe Giguère, ing., professeur au Département d’informatique et de génie logiciel de l’Université Laval, a fait un constat il y a quelques années. Si les véhicules autonomes disposent d’informations pour s’orienter dans les villes et sur les routes, la situation di ère du tout au tout dans les milieux non structurés, c’est-à-dire non aménagés, comme les forêts. « Il s’agit de problèmes orphelins auxquels les chercheurs universitaires ont le devoir de s’intéresser, car personne ne le fera sinon », a rme avec force le codirecteur du Laboratoire de robotique boréale (Norlab).

Or, ces données jouent un rôle primordial pour comba re les changements climatiques actuels et futurs. Il su t de penser à la promesse du gouvernement canadien

de planter 2 milliards d’arbres sur 10 ans. Les outils robotiques mis au point par le chercheur perme ent justement de vérifier l’état des plantations sur le terrain.

Un des projets de recherche menés au Norlab concerne ainsi l’utilisation des images d’ensemble de drones survolant les zones de régénération, autrement dit des espaces où des épine es, des pins et autres espèces ont été plantés après des coupes forestières. L’intelligence artificielle et les algorithmes conçus par Philippe Giguère facilitent le traitement des informations visuelles captées par des caméras. Il devient alors possible d’obtenir des renseignements fiables sur l’état de la repousse et sur les obstacles qui l’entravent.

Des images de très haute résolution

Ce travail bénéficie du savoir-faire de Philippe Giguère, un véritable expert de la perception visuelle des robots, qui se passionne pour les types de caméras à utiliser pour a ner l’information à traiter. Plutôt que d’avoir recours à des équipements de quelques mégapixels, comme dans les voitures autonomes qui voient en rouge, vert ou bleu, il teste sur ses robots des caméras à très haute résolution de 102 mégapixels.

« Il s’agit de problèmes orphelins auxquels les chercheurs universitaires ont le devoir de s’intéresser, car personne ne le fera sinon. »

PHILIPPE GIGUÈRE, ING., PROFESSEUR AU DÉPARTEMENT D’INFORMATIQUE ET DE GÉNIE LOGICIEL DE L’UNIVERSITÉ LAVAL ET CODIRECTEUR DU LABORATOIRE DE ROBOTIQUE BORÉALE (NORLAB)

Photos
«

On a habitué nos étudiantes et étudiants à résoudre des problèmes sur les capteurs et les robots, ce qui leur permet d’exercer leur esprit analytique rigoureux au travail. »

PHILIPPE GIGUÈRE, ING., PROFESSEUR AU DÉPARTEMENT D’INFORMATIQUE ET DE GÉNIE LOGICIEL DE L’UNIVERSITÉ LAVAL ET CODIRECTEUR DU LABORATOIRE DE ROBOTIQUE BORÉALE (NORLAB)

Parmi cet arsenal, une caméra hyperspectrale de 250 bandes de couleur donnant plus d’informations sur la composition matérielle des surfaces, et une caméra multipolaire qui procure des données sur la polarisation de la lumière. Les informations sur les surfaces

Norlab, le laboratoire de robotique boréale

Codirigé par François Pomerleau et Philippe Giguère, tous deux ingénieurs et professeurs au Département d’informatique et de génie logiciel de l’Université Laval, Norlab joue un peu le rôle d’un phare dans la nuit. Il se spécialise en e et dans la recherche dans les milieux non structurés, surtout en forêt nordique, pour lesquels les systèmes mobiles et autonomes manquent de données.

L’équipe, notamment composée d’une quinzaine d’étudiantes et étudiants

venant de divers secteurs (génie logiciel, physique, informatique, génie électrique), travaille sur la cartographie de cet environnement en 3D. Rappelons que les méthodes mises au point plus au sud ne fonctionnent pas dans cet espace qui n’a rien de plane. En outre, l’e et des chutes de neige dans cet environnement dépourvu de routes est mal connu ; une variable importante pour prévoir le déplacement dans la forêt boréale du robot, équipé de capteurs 3D, de radars et de caméras.

réfléchissantes ou non fournissent de précieux renseignements pour départager les objets artificiels, comme une voiture, d’un élément naturel, comme un arbre ou un buisson, par exemple. Ainsi équipés, les capteurs du robot du laboratoire Norlab qui parcourt la forêt produisent des images d’une très haute précision. On y distingue ne ement la forme des feuilles d’un arbre ou l’écorce caractéristique d’une essence. Encore faut-il pouvoir tirer parti de ces dizaines de milliers de prises de vues e ectuées. En e et, annoter ces données dans des milieux inhabités comme la forêt boréale revient trop cher, contrairement à ce qui se passe pour les véhicules autonomes sur les routes où les entreprises disposent de maind’œuvre pour accomplir ce travail.

Identifier des lieux

Voilà pourquoi le chercheur met à profit des techniques d’autoapprentissage pour les réseaux de neurones afin d’entraîner son robot à reconnaître facilement diverses espèces végétales, dont les essences d’arbres, à partir du simple cliché d’un bout d’écorce. Des travaux récents portent aussi sur la reconnaissance visuelle de lieux afin de retrouver la position d’un endroit sur son cellulaire à partir d’une simple photo de ce lieu dans une ville.

Selon le professeur, ce e démarche robotique de l’intelligence artificielle donne un avantage à ses étudiantes et étudiants qui ne se contentent pas de simplement télécharger des jeux de données sur Internet. « On a habitué nos étudiantes et étudiants à résoudre des problèmes sur les capteurs et les robots, ce qui leur permet d’exercer leur esprit analytique rigoureux au travail », souligne Philippe Giguère. Le chercheur espère donc former les innovatrices et les innovateurs de demain. Qui sait, des applications améliorant les perceptions visuelles de futurs taxis autonomes viendront peut-être des recherches menées en forêt boréale !

Pascale Guéricolas, journaliste.

Photo : Université Laval

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À VOTRE AGENDA

Voici un aperçu des activités à venir au cours des prochains mois.

Formation continue

obligatoire : n de la période de référence 2023-2025

→ 31 mars : date limite pour naliser vos formations

→ 15 avril : date limite pour déclarer vos formations

L’ingénierie étant en constante évolution, la formation continue aide les ingénieures et ingénieurs à actualiser et à approfondir leurs compétences. Elle soutient leur développement professionnel tout en contribuant à assurer la protection du public.

Inscription

annuelle

→ 10 février au 31 mars 2025

Grâce à votre cotisation annuelle, vous maintenez votre statut de membre de l’Ordre et vous pouvez vous a cher fièrement comme ingénieure ou ingénieur.

Élections au conseil d’administration

→ Avis d’élection : 7 avril 2025

→ Campagne électorale : 29 avril au 28 mai 2025

→ Vote en ligne : 13 au 28 mai 2025

Les élections représentent une occasion de faire entendre votre voix et de participer activement à l’avenir de la profession d’ingénieur.

Soirée de l’excellence en génie

→ 4 juin 2025

Découvrez, lors d’une soirée festive au théâtre St-James, à Montréal, qui sont les lauréates et lauréats des Prix de l’Ordre 2025 et saisissez l’occasion d’échanger avec vos collègues. Billets en vente dès le mois d’avril.

Assemblée générale annuelle

(virtuelle)

→ 12 juin 2025, à 17 h 30

L’assemblée générale annuelle est un rendez-vous au cours duquel le conseil d’administration de l’Ordre présente aux membres le bilan des activités menées durant l’année écoulée.

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