58 | comprennent aussi le coût de soins de santé, le temps qui n’est pas consacré à la production à cause des maladies, et la mortalité prématurée (OECD, 2011). Seulement 64 % de la population ont accès à un approvisionnement fiable en eau potable et 80 % aux services d’assainissement (Department Water and Sanitation, 2018). Dans les faits, le déficit d’assainissement favorise les maladies et la mortalité infantiles (OECD, 2013a). Pour évaluer l’impact de la rareté de l’eau sur l’agriculture, on compare la production agricole réelle avec la production qui pourrait hypothétiquement être obtenue si la capacité des retenues d’eau n’était plus limitée en période de pénurie. Passant par les prix des produits agricoles, des effets se font aussi sentir sur le bien-être (Sadoff et al., 2015). L’Afrique du Sud s’est engagée à assurer un accès universel et équitable à une eau potable sûre et abordable ainsi qu’à des services d’assainissement et d’hygiène équitables et suffisants d’ici 2030, conformément aux Objectifs de développement durable. L’approche sud-africaine de la gestion des ressources en eau vise à prendre en compte l’équité, l’efficience et l’écologie (OECD, 2013a), et elle est considérée comme intégrant les principes de l’OCDE en matière de gouvernance de l’eau, moyennant par exemple la participation des acteurs concernés à la prise de décision. Cependant, sa mise en œuvre est difficile (Neto et al., 2017). Sur le terrain, la réglementation a peu d’effet et la transparence est insuffisante. Depuis de nombreuses années, le pays essaie de mettre en place des autorités de gestion des bassins hydrographiques (OECD, 2013a), mais les permis, dans le domaine de l’eau, sont délivrés à l’échelon national, loin des réalités locales (Neto et al., 2017). Le déficit de transparence des processus de décision, les interventions au coup par coup du gouvernement dans l’attribution des pouvoirs de décision, la participation limitée des acteurs concernés, en particulier celle de consommateurs d’eau peu influents, et le manque de cohérence dans la mise en œuvre de l’action publique dans les domaines connexes, comme l’utilisation des terres, sont également considérés comme des facteurs clés qui affaiblissent la gouvernance de la gestion de l’eau. Les systèmes de surveillance des eaux souterraines et des eaux de surface sont insuffisants et se détériorent, freinant l’application du principe pollueur-payeur. En 2018, la surveillance de la qualité de l’eau a été pour l’essentiel interrompue faute de fonds. Le plan directeur national de l’eau et de l’assainissement insiste sur la nécessité de renforcer les capacités techniques (Department Water and Sanitation, 2018). Le manque de ressources plaide en faveur d’une tarification de l’eau qui tienne compte des coûts, sous réserve de son accessibilité financière. C’est pourquoi le gouvernement d’Afrique du Sud a adopté une nouvelle stratégie de tarification de l’eau, qui a pris effet en 2017.
Les prix de l’eau sont trop bas dans l’agriculture L’agriculture contribue à hauteur de 2.6 % au PIB et de 4.5 % à l’emploi total. Environ un tiers de la production est exporté. Les grandes exploitations intensives en capital et axées sur l’exportation représentent à peu près 90 % de la production et 86 % des terres cultivables. Les exploitations de subsistance, qui appartiennent pour la plupart à des agriculteurs noirs, emploient 86 % de la maind’œuvre agricole. L’agriculture représente 61 % de l’utilisation d’eau. Sur le long terme, le changement climatique à l’échelle mondiale risque de réduire la productivité de l’agriculture irriguée davantage que celle de l’agriculture pluviale. Il ne serait donc peut-être pas efficace d’adopter une stratégie passant par le développement de l’irrigation (Calzadilla et al., 2014). Néanmoins, le changement climatique pourrait accroître l’avantage comparatif de l’Afrique du Sud en matière de production agricole, car la productivité pourrait être plus sensiblement entamée dans d’autres régions du monde. L’accès à l’irrigation est inégal. Les grandes exploitations, qui ont dans leur majorité pour propriétaires des agriculteurs blancs, utilisent souvent l’eau sans restriction et gratuitement, ce qui s’explique en partie par l’absence de compteurs. La consommation est évaluée sur la base de déclarations. Les grandes exploitations bénéficient par ailleurs de droits d’eau historiques gratuits, attribués avant la fin de ÉTUDES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE : AFRIQUE DU SUD 2020 © OCDE 2021