Études économiques de l'OCDE : Finlande 2025 - Résumé

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Études économiques de l’OCDE : Finlande

2025

Avant-propos

Cette Étude économique a été préparée par David Haugh, Kyongjun Kwak, Axel Purwin et Mikhail Vainchtein, sous la direction de Vincent Koen. Sisse Nielsen et Meral Gedik ont apporté leur concours pour la mise en forme du document, et Laura Fortin pour la communication.

Cette Étude est publiée sous la responsabilité du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement de l’OCDE. Le Comité a examiné le projet d’Étude le 4 mars 2025. Les données utilisées dans ce rapport ont été collectées jusqu’à la date du 12 mai 2025.

Des informations sur la présente Étude ainsi que sur les éditions précédentes et de plus amples informations sur la façon dont les Études sont préparées sont disponibles à l’adresse suivante : www.oecd.org/fr/themes/etudes-economiques.html

Table des matières

GRAPHIQUES

Graphique 1. La Finlande est restée à la traîne des pays comparables dans la phase de reprise consécutive à la pandémie de COVID-19 7

Graphique 2. Le taux de diplômés de l’enseignement supérieur est plus faible en Finlande que dans les pays comparables 10

Graphique 3. La Finlande a un énorme potentiel de production d’électricité d’origine renouvelable 12

TABLEAUX

Statistiques de base de la Finlande,

2023

(Les nombres entre parenthèses correspondent à la moyenne de l’OCDE)

Inégalités de revenu (coefficient de Gini, 2022, OCDE : dernière période connue)

Revenu disponible médian des ménages (milliers

PPA, 2022 ; OCDE : 2021)

Dépenses publiques et privées (% du PIB)

ENVIRONNEMENT

Note : Si l’année à laquelle se rapportent les données diffère de celle qui figure dans le titre de ce tableau, elle est indiquée entre parenthèses. Lorsque l’agrégat OCDE n’est pas disponible dans la base de données utilisée comme source, une moyenne simple des dernières données disponibles pour les pays de l’OCDE est calculée si ces données existent pour au moins 80 % des pays membres de l’Organisation.

¹ Les chiffres correspondant à l’agrégat OCDE sont des moyennes pondérées.

Source : Calculs effectués à partir d’informations extraites des bases de données des organisations suivantes : OCDE, Agence internationale de l’énergie, Organisation internationale du travail, Fonds monétaire international, Nations Unies et Banque mondiale.

Résumé

Principaux messages

L’économie finlandaise se redresse lentement après avoir connu une grave récession, dans un contexte d’instabilité, d’insécurité et de fragmentation croissante de l’environnement international. Comme dans le reste de la zone OCDE, la croissance de la productivité a fléchi et les risques à la baisse sont prédominants, mais la Finlande a aussi la possibilité de se placer sur une trajectoire de croissance plus forte et plus durable. Compte tenu du net avantage comparatif dont elle dispose en matière d’électricité bon marché d’origine renouvelable, ainsi que de son excellence dans l’ingénierie et l’innovation, la Finlande a davantage à gagner de la transition écologique de l’industrie que la plupart des autres pays de l’OCDE.

• Il est crucial de poursuivre l’assainissement budgétaire en améliorant l’efficience des dépenses publiques, de remédier aux problèmes d’inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail, de renforcer les compétences, ainsi que de favoriser l’innovation et l’investissement pour entretenir la reprise économique de la Finlande et relancer la croissance atone de sa productivité.

• Accroître le financement par les entreprises de la recherche effectuée dans l’enseignement supérieur et élargir l’éventail des formations post-licence spécialisées de courte durée contribueraient à libérer des ressources pour offrir davantage de places aux primo-entrants dans l’enseignement supérieur et, in fine, rehausser le taux de diplômés de l’enseignement supérieur et relancer la croissance de la productivité.

• Il est essentiel de réduire les obstacles linguistiques, d’améliorer les possibilités d’emploi offertes aux étudiants étrangers et de renforcer l’aide à l’intégration pour attirer des immigrés hautement qualifiés et concrétiser pleinement leur contribution potentielle à la croissance économique.

• Des mesures destinées à exercer un effet d’entraînement sur l’investissement du secteur privé, à mieux utiliser les fonds de l’Union européenne (UE) pour financer les investissements verts, à réduire les pénuries de compétences et à élaborer des cadres d’avant-garde pour la comptabilisation des actifs environnementaux, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le stockage du carbone et l’échange de quotas d’émission, aideraient la Finlande à concrétiser son potentiel considérable en matière de transition industrielle écologique, tout en atteignant ses objectifs ambitieux dans les domaines du changement climatique et de la biodiversité.

La Finlande a fait preuve de résilience face à l’adversité, mais elle doit renforcer les fondements de sa prospérité à long terme

La solidité des institutions et des cadres d’action publique en place, notamment les efforts déployés de longue date par les autorités pour être prêtes à affronter les vents contraires extérieurs, conjuguée à un secteur privé innovant et flexible, a aidé le pays à résister au choc énergétique mondial de 2022 ainsi qu’à l’accentuation marquée des tensions géopolitiques. L’économie se redresse, mais la Finlande doit engager des réformes pour concrétiser son énorme potentiel en matière de transition vers la neutralité carbone, qui est susceptible d’étayer une augmentation à long terme du niveau de vie.

L’économie et la société ont fait preuve d’une résilience remarquable face aux rudes chocs subis sur les plans économique et de la sécurité du fait de la guerre d’agression illégale menée par la Russie contre l’Ukraine. La Finlande occupe toujours le deuxième rang des pays européens classés par ordre croissant en fonction du prix de l’électricité, et les entreprises finlandaises ont efficacement remplacé les produits importés de Russie. Le système bancaire a bien géré une phase de fléchissement prononcé de l’activité dans le secteur immobilier. Ses retombées sur les catégories sociales les plus vulnérables ont été limitées par le système de prélèvements et de prestations très redistributif de la Finlande.

La Finlande peut rendre sa reprise plus vigoureuse et plus durable en réalisant son potentiel considérable en matière de transition vers la neutralité carbone. Une longue tradition de gestion durable des vastes forêts ainsi que l’amélioration de l’efficacité énergétique de l’industrie, des prouesses en matière d’ingénierie et un énorme potentiel d’augmentation de la production d’électricité d’origine renouvelable constituent des fondements

solides pour renforcer la croissance de la productivité, créer des emplois et atteindre les objectifs environnementaux. Une croissance durable est essentielle à l’obtention des recettes publiques nécessaires pour faire face aux problèmes déjà manifestes que soulève le vieillissement rapide de la population.

La réalisation de ce potentiel est entravée par un manque de reconnaissance réglementaire des technologies de réduction des émissions, ainsi que par des pénuries de main-d’œuvre hautement qualifiée et de capitaux qui permettraient aux entreprises finlandaises de transposer à grande échelle des innovations à faible intensité d’émissions. Des réformes destinées à rehausser le taux de diplômés de l’enseignement supérieur, à tirer le meilleur parti des immigrés hautement qualifiés, à exercer un effet d’entraînement sur l’investissement vert privé et à mettre en place des cadres d’avant-garde pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le stockage du carbone et l’échange de quotas d’émission, seront nécessaires pour tirer pleinement parti de la neutralité carbone.

Poursuivre l’assainissement des finances publiques, tout en renforçant les réformes structurelles destinées à relancer l’innovation et la productivité

La croissance économique devrait s’établir à 0.7 % en 2025 et à 1.1 % en 2026, grâce à la baisse des taux d’intérêt. Néanmoins, une forte incertitude liée aux tensions géopolitiques et aux risques inhérents aux politiques commerciales entoure la reprise économique à court terme. Il est crucial d’améliorer l’efficience des dépenses publiques, de réduire les aides d’État ne contribuant pas à renforcer la productivité, de remédier aux problèmes d’inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail, de rehausser le niveau des compétences, d’améliorer l’accès aux financements de marché, ainsi que de favoriser l’innovation et l’investissement pour entretenir la reprise économique et relancer la croissance de la productivité.

L’économie de la Finlande se redresse peu à peu après la contraction marquée qu’elle a connue à la fin de 2023, mais sa croissance est inférieure à celle des pays nordiques comparables et à la moyenne de l’OCDE (Graphique 1). L’activité s’est redressée au cours des trois premiers trimestres de 2024 grâce à l’investissement public et au solde extérieur, mais elle a marqué le pas au quatrième trimestre en raison de l’atonie de la consommation privée. Globalement, le PIB réel s’est contracté de 0.1 % en 2024.

L’inflation a diminué en 2024 du fait de la baisse des prix de l’énergie et du manque de vigueur de l’activité, puis s’est stabilisée aux alentours de 2 % au premier semestre de 2025. Les exportations comme les importations se sont modestement redressées en 2024, mais la confiance des consommateurs et celle des entreprises sont restées faibles. Le taux de chômage a atteint 9.5 % en mars 2025, alors qu’il s’établissait à 8.4 % un an auparavant.

Le PIB réel devrait augmenter de 0.7 % en 2025 et de 1.1 % en 2026 (Tableau 1), grâce à la baisse des taux d’intérêt, à la diminution des coûts d’emprunt et au renforcement du pouvoir d’achat, même si la

faiblesse de la confiance des entreprises et des ménages, conjuguée à l’atonie persistante du secteur de la construction, pourrait entraver la reprise. L’inflation devrait se maintenir aux alentours de 2 %, les tensions inflationnistes dues à la hausse du coût des importations et des coûts salariaux étant neutralisées par la baisse des prix de l’énergie.

La reprise est fragile et les risques sont orientés de manière prédominante à la baisse, leurs principales sources résidant dans les fractures géopolitiques et géoéconomiques. Une poursuite de l’escalade des cyberattaques et des sabotages d’infrastructures attribués à la Russie, ainsi qu’une accentuation des menaces pesant sur la sécurité au niveau international de manière plus générale, pourrait saper la confiance des consommateurs et des investisseurs. Une croissance plus faible que prévu chez des partenaires commerciaux clés de la Finlande, la persistance d’une incertitude internationale liée aux politiques commerciales exceptionnellement forte, ainsi que de nouvelles hausses des droits de douane pourraient peser sur les exportations et l’activité des entreprises.

Graphique 1. La Finlande est restée à la traîne des pays comparables dans la phase de reprise consécutive à la pandémie de COVID-19 PIB réel

Source : OCDE, base de données des comptes nationaux.

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StatLink 2 https://stat.link/tqnbj3

Indice, T1 2019 = 100

Le secteur financier est resté résilient, grâce à des établissements bien capitalisés et dotés de liquidités, face à un retournement marqué du marché immobilier, mais le secteur des entreprises reste trop dépendant des financements bancaires. On observe des vulnérabilités persistantes dans le secteur de la construction, où le ratio de prêts non performants a augmenté. Les autorités devraient surveiller de près l’évolution des risques, et se tenir prêtes à effectuer des interventions ciblées en cas de besoin. En outre, la fréquence grandissante des cyberattaques souligne la nécessité de renforcer la résilience en adoptant des mesures globales de gestion des risques et de prévention. Par ailleurs, améliorer l’accès des entreprises aux marchés financiers, notamment au capitalinvestissement, favoriserait une adoption plus poussée des nouvelles technologies et renforcerait la productivité.

Des sources multiples de tensions budgétaires assombrissent les perspectives d’évolution des finances publiques de la Finlande. En 2024, le déficit budgétaire s’est creusé pour s’établir à 4.4 % du PIB, et la dette publique s’est hissée aux alentours de 82 % du produit intérieur brut, compte tenu de l’augmentation des dépenses de défense, de santé et de retraite. Le gouvernement a pris d’importantes mesures

d’assainissement pour remédier au déficit en 2024, notamment en augmentant des impôts et en réduisant des dépenses, en particulier au titre des programmes de protection sociale, et en mettant en place des examens réguliers des dépenses. Néanmoins, les modifications de la politique budgétaire annoncées en avril 2025, notamment des réductions d’impôt sur le revenu des personnes physiques et d’impôt sur les sociétés, ainsi qu’une augmentation des dépenses de défense (dont le niveau doit atteindre 3 % du PIB en 2029), ralentiront le rythme de l’assainissement des finances publiques. Si l’on prend uniquement en compte l’effet budgétaire direct des mesures d’avril 2025 en faisant abstraction des éventuels effets positifs sur la croissance des réductions d’impôt, dont l’ampleur est incertaine, les efforts en cours d’assainissement devraient se traduire par une réduction du déficit budgétaire de l’ordre d’un demi-point de PIB par an au cours de la période 2025-26. Ce rythme progressif est opportun au regard de la situation dégradée de l’économie, mais le gouvernement devra accentuer ses efforts d’assainissement budgétaire. L’assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) offre dans une certaine mesure à la Finlande des marges de manœuvre supplémentaires pour le faire tout en préservant sa croissance.

Tableau 1. La croissance du PIB réel devrait se redresser en 2025 et 2026

Taux de croissance annuelle, en %, sauf indication contraire

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE.

Il est essentiel d’améliorer l’efficience des dépenses et de réduire les aides d’État accordées aux entreprises. Ces gains d’efficience sont en particulier nécessaires dans le cadre des comtés sanitaires et sociaux mis en place en 2023, auxquels a été transférée la responsabilité des services de protection sociale et de soins de santé qui relevaient précédemment de la compétence des communes. En 2024, ces comtés étaient toujours en situation de déficit budgétaire, malgré les efforts qu’ils avaient eux-mêmes déployés pour réduire leurs effectifs et augmenter le reste à charge des patients. Il serait opportun de renforcer le

pilotage financier par l’administration centrale des comtés sanitaires et sociaux confrontés à d’importantes difficultés financières. La Finlande pourrait aussi accorder à ces comtés des pouvoirs de prélèvement fiscal limités. Les aides d’État dont bénéficient les entreprises représentent environ 1.6 milliard EUR, soit 20 % des recettes d’impôt sur les sociétés. Réduire les aides d’État qui n’améliorent pas la productivité des entreprises auxquelles elles sont accordées et rapprocher encore les taux réduits de TVA du taux normal contribueraient également à l’assainissement budgétaire.

La Finlande est confrontée à des tensions budgétaires à long terme liées au vieillissement de sa population, qui tend à tirer vers le haut les dépenses de retraite, de santé et de soins de longue durée. Entre 2009 et 2022, les dépenses de protection sociale liées à l’âge ont doublé, contribuant à un écart structurel entre les recettes et les dépenses. Il est essentiel de poursuivre les efforts déployés pour élargir le périmètre des prestations soumises à conditions de ressources et favoriser la prise en charge à domicile, par rapport aux soins en établissement, afin de gérer les tensions qui s’exercent sur le coût des soins des longue durée. Des réformes destinées à rehausser le taux d’activité des seniors et à ajuster les taux de cotisation sont nécessaires pour garantir la viabilité du système de retraite.

Les réformes du marché du travail finlandais visent à faire augmenter la population active occupée de 100 000 personnes d’ici à 2027, par le biais de mesures telles qu’une réduction des impôts sur le travail et un durcissement des conditions d’admissions au bénéfice des allocations de chômage. Ces modifications jouent en faveur du

travail à temps plein, mais il est possible d’aller plus loin pour rehausser le taux d’activité et le taux d’emploi des femmes ayant de jeunes enfants, en assurant l’égalité entre les hommes et les femmes au regard du congé parental et en améliorant les incitations inhérentes au système d’accueil des jeunes enfants. Cela contribuera à combler l’ample écart de rémunération entre les genres.

La reprise sera modérée, à moins que la croissance de la productivité ne soit relancée. Les perturbations des échanges, en particulier avec la Russie, et les difficultés de développement des entreprises situées à la frontière ont freiné encore la croissance de la productivité, qui avait ralenti depuis la crise financière mondiale et l’effondrement de Nokia. Pour relancer la croissance de la productivité, il faut stimuler l’innovation, atténuer les pénuries de main-d’œuvre hautement qualifiée et favoriser un renforcement de l’investissement privé dans la transition écologique de l’industrie. Renforcer l’efficacité des mesures de lutte contre la corruption, en veillant au bon fonctionnement du nouveau registre de transparence, améliorerait encore l’environnement des entreprises.

Rehausser le taux de diplômés de l’enseignement supérieur

Au cours des deux dernières décennies, le taux de diplômés de l’enseignement supérieur a stagné, alors qu’il a continué d’augmenter dans de nombreux autres pays. Cela a contribué aux pénuries de main-d’œuvre, qui concernent presque exclusivement des postes à haut niveau de qualification, freinant la croissance. Les demandes d’inscription sont plus nombreuses que les places disponibles dans l’enseignement supérieur, et il faut engager des réformes pour faire correspondre de manière plus efficace les places disponibles avec les souhaits des étudiants et libérer des ressources pour offrir des places aux primo-entrants dans le premier cycle.

Alors qu’elle figurait en 2000 parmi les premiers pays de l’OCDE classés en fonction de leur taux de diplômés de l’enseignement supérieur, la Finlande n’arrivait plus qu’en 30e position en 2023. En conséquence, les personnes de moins de 35 ans sont aujourd’hui moins qualifiées que les cohortes d’âge plus anciennes. La réforme selon laquelle chaque étudiant ne peut accepter qu’une seule place semble porter ses fruits et les taux d’inscription augmentent, mais les autorités devraient prendre des mesures supplémentaires pour atteindre leur objectif de porter le taux de diplômés de l’enseignement supérieur de 40 % à un niveau aussi proche que possible de 50 % d’ici à 2030, pour atténuer les pénuries de main-d’œuvre qualifiée (Graphique 2).

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Le secteur de l’enseignement supérieur est de haute qualité, mais le nombre de places disponibles est limité, si bien que la probabilité d’y entrer est faible. Le système est financé à 90 % sur fonds publics, soit une des proportions les plus élevées de la zone OCDE, et la population est largement opposée à l’idée d’instaurer des droits de scolarité de portée générale. Compte tenu des fortes contraintes budgétaires, l’augmentation du nombre de places passe par la libération de ressources existantes et un financement accru par les entreprises de la recherche effectuée dans l’enseignement supérieur, dont le niveau est faible en termes de comparaison internationale.

Graphique 2. Le taux de diplômés de l’enseignement supérieur est plus faible en Finlande que dans les pays comparables

Taux de diplômés de l’enseignement supérieur chez les 25-34 ans

Source : OCDE, Regards sur l’éducation 2024.

Environ 10 % des inscriptions à l’université sont imputables à des personnes déjà titulaires d’un diplôme de même niveau. L’offre, ainsi que la demande, de formations post-licence de courte durée doit être étoffée. On pourrait inciter les étudiants à opter pour les formations de ce type en

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préservant leur gratuité, tout en appliquant des droits de scolarité en cas d’inscription dans une formation débouchant sur l’obtention d’un second diplôme de même niveau, qui ne présente guère d’intérêt sur le marché du travail.

Enrichir le capital humain avec davantage de talents étrangers

La Finlande parvient mieux à attirer des individus talentueux et hautement qualifiés grâce aux progrès qu’elle a réalisés à cet égard, notamment en simplifiant sa procédure d’octroi des permis de séjour, mais des problèmes subsistent. Pour y remédier, la Finlande devrait étoffer ses programmes de formation linguistique, offrir aux étudiants étrangers davantage de possibilités d’acquérir une expérience professionnelle, et renforcer les efforts d’intégration.

Les travailleurs étrangers hautement qualifiés peuvent contribuer de manière cruciale à remédier aux pénuries de main-d’œuvre et à faire progresser des branches d’activité essentielles, en particulier dans des secteurs comme les technologies de l’information et de la communication (TIC) et l’énergie verte. Accroître le capital humain en attirant et en conservant des immigrés qualifiés pour compléter une main-d’œuvre nationale hautement qualifiée contribuerait à renforcer l’innovation, la productivité et la croissance.

Malgré le potentiel des travailleurs étrangers, leur manque de compétences linguistiques demeure un

obstacle majeur à leur intégration réussie sur le marché de l’emploi. Moins de la moitié des immigrés se trouvant en Finlande maîtrisent le finnois ou le suédois, alors que de nombreux employeurs exigent que leurs salariés soient capables de s’exprimer couramment dans une de ces deux langues. Étoffer les programmes de formation linguistique spécifiquement adaptés aux professionnels hautement qualifiés, tout en promouvant l’adoption de politiques linguistiques plus souples en milieu professionnel, facilitera encore l’accès à l’emploi des ressortissants étrangers et leur intégration sur le marché du travail.

Le nombre d’étudiants étrangers présents en Finlande a augmenté, mais environ un tiers des diplômés de l’enseignement supérieur de nationalité étrangère quittent le pays au cours de l’année qui suit l’obtention de leur diplôme. Ce faible taux de rétention s’explique par des compétences linguistiques limitées et une expérience professionnelle insuffisante. Développer des initiatives telles que les programmes de mentorat, les salons de l’emploi et les services de mise en relation avec des employeurs, tout en renforçant les partenariats avec les entreprises, les établissements d’enseignement et les communes, contribuerait à fluidifier le processus d’insertion professionnelle des diplômés étrangers.

Accélérer la transition vers la neutralité carbone

Les résultats scolaires des enfants issus de l’immigration sont médiocres, ce qui entrave leur intégration. Les résultats de l’enquête du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de 2022 montrent que 60 % des élèves qui sont des immigrés de première génération n’ont pas les compétences nécessaires en compréhension de l’écrit pour poursuivre leurs études ou intégrer la population active. Renforcer le soutien scolaire apporté aux enfants d’immigrés, notamment en réformant le programme d’enseignement du finnois en tant que deuxième langue, contribuerait à favoriser leur intégration à long terme et à améliorer la cohésion sociale.

Comme de nombreux autres pays de l’OCDE, la Finlande doit parvenir simultanément à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES), à s’adapter au réchauffement de la planète et à inverser la tendance à l’affaiblissement de ses gains de productivité. Pour relever ces défis, il lui faudra accroître la taille des puits de carbone forestiers, mieux intégrer les considérations de biodiversité dans l’action publique et surmonter les obstacles à la décarbonation de l’industrie, qu’ils soient financiers, réglementaires ou liés aux compétences.

La Finlande n’est pas en bonne voie pour atteindre les objectifs ambitieux qu’elle s’est fixés en matière d’atténuation des émissions liées à l’utilisation des terres et de biodiversité. Du fait de l’intensification de l’exploitation forestière, conjuguée à l’amélioration de la mesure des émissions, les forêts finlandaises (y compris les émissions des sols) sont aujourd’hui émettrices nettes de GES. Par ailleurs, la biodiversité est soumise à des pressions de plus en plus fortes en raison de la hausse des températures et de la demande accrue d’utilisation de terres imputable à l’industrie, à l’exploitation minière et au tourisme, notamment dans l’Arctique.

Le moyen le moins coûteux pour la Finlande d’atteindre ses objectifs en matière de GES et de biodiversité consisterait à réduire ses émissions et à renforcer ses puits de carbone sur les terres agricoles et forestières. La priorité devrait être de mettre en œuvre des mesures destinées à stimuler la croissance des forêts et à réduire les émissions des sols, notamment en accordant des subventions, en mobilisant des financements privés via des marchés du carbone à participation facultative, et en utilisant des instruments de réglementation.

La Finlande dispose d’un solide cadre d’action concernant l’adaptation au changement climatique, mais le développement économique passe avant les

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besoins en matière d’adaptation et de biodiversité. Il faudrait inscrire dans la législation les objectifs de biodiversité et consacrer davantage de ressources à la planification de l’occupation des sols dans l’Arctique, afin que ces objectifs puissent davantage faire jeu égal avec la croissance économique.

Grâce à l’ampleur du potentiel de production d’électricité renouvelable bon marché dont elle dispose, la Finlande est mieux placée que la plupart des autres pays de l’OCDE pour tirer parti de la transition industrielle écologique. Cette transition est déjà bien engagée en Finlande et même si seule une petite partie de son énorme potentiel de production d’électricité d’origine renouvelable est exploitée concrètement aujourd’hui (Graphique 3), elle pourrait constituer le fondement d’activités de production à forte intensité d’énergie et faiblement émettrices de GES, d’une ampleur telle qu’elles pourraient alimenter des chaînes de valeur à l’échelle de l’UE. Pour garantir la sécurité énergétique avec un système reposant davantage sur les énergies renouvelables, par nature intermittentes, il faudra mettre en place des incitations à investir dans des systèmes plus fiables de production et de stockage.

Il est très difficile de savoir quelles sont les technologies à faibles émissions qui, au-delà de

l’électricité d’origine renouvelable, s’imposeront à long terme. Il est donc nécessaire de recourir à des aides publiques technologiquement neutres, comme les crédits d’impôt en faveur de la recherchedéveloppement (R-D) mis en place par le gouvernement finlandais.

En Finlande et plus largement dans l’UE, la prise en compte insuffisante des technologies à faibles émissions dans le cadre de l’action publique réduit les incitations à innover et à investir dans ce domaine. La comptabilisation des émissions repose souvent sur des règles empiriques élémentaires qui ne reflètent pas l’ampleur réelle de la réduction des émissions rendue possible par les nouvelles technologies. Les avantages du stockage du carbone sous forme solide ne sont pas encore reconnus dans l’Union européenne. Compte tenu de son potentiel considérable en matière de transition industrielle écologique, la Finlande devrait être à l’avant-garde et s’employer avec les autres pays nordiques à améliorer les méthodes de comptabilisation des émissions, afin que les avantages des nouveaux produits ou procédés en termes de réduction des émissions puissent être pris en compte sur toute la durée de leur cycle de vie.

Les difficultés d’accès aux financements par capitaux propres constituent un obstacle majeur à la montée en puissance des nouvelles technologies à faibles émissions. Les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer pour attirer l’investissement privé en s’appuyant sur des partenariats public-privé pour réduire les risques, ainsi qu’en apportant des capitaux d’amorçage, en fournissant des garanties ou en mettant en place des incitations fiscales. Il serait également opportun à cet égard d’améliorer encore le fonctionnement des marchés financiers, du capital-investissement au marché boursier, et d’obtenir un soutien financier plus important de l’UE.

Les solides compétences de la main-d’œuvre dans le domaine de l’ingénierie constituent un atout majeur pour la transition écologique de la Finlande, mais le capital humain vert est insuffisant. Pour que le potentiel de la transition écologique se concrétise, il sera également essentiel de veiller à ce que le système d’enseignement permette aux travailleurs d’acquérir les compétences spécialisées nécessaires, et à ce que les entreprises puissent attirer des immigrés hautement qualifiés.

Graphique 3. La Finlande a un énorme potentiel de production d’électricité d’origine renouvelable

Production d’électricité d’origine éolienne ou solaire, 2023 ou dernière année connue

Énergie éolienne Solaire photovoltaïque

Note : Données de 2022 pour la Bulgarie, la Croatie, Chypre, Malte et la Roumanie. Les données de la Finlande concernent la production effective et potentielle. Seule la production effective a été indiquée pour les autres pays et régions, de façon afin qu’il soit possible d’effectuer une comparaison d’échelle concernant le potentiel de production d’électricité de la Finlande.

Source : Agence internationale de l’énergie (AIE) ; et université de technologie de Lappeenranta-Lahti (LUT University).

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Principales conclusions

Assainir les finances publiques

La défense, le service de la dette et le vieillissement démographique exercent des tensions croissantes sur le déficit budgétaire.

Les comtés sanitaires et sociaux, auxquels a été transférée en 2023 la responsabilité des services de protection sociale et de soins de santé qui relevaient précédemment de la compétence des communes, sont confrontés à des difficultés financières, malgré les efforts déployés pour réduire leurs effectifs et augmenter le reste à charge des patients.

Les femmes sont pénalisées par le fait qu’elles demeurent plus longtemps en dehors du marché du travail pour s’occuper de jeunes enfants, ce qui réduit leurs possibilités d’améliorer leur rémunération en changeant d’emploi en début de carrière ; cela se traduit par un des écarts de rémunération entre les genres les plus importants de la zone OCDE, et réduit l’offre de main-d’œuvre ainsi que les recettes fiscales.

Rehausser

Principales recommandations

Poursuivre les efforts d’assainissement des finances publiques, notamment en améliorant l’efficience des dépenses et en réduisant les aides d’État qui n’améliorent pas la productivité des entreprises auxquelles elles sont accordées.

Renforcer le pilotage financier par l’administration centrale des comtés sanitaires et sociaux menacés d’insolvabilité, notamment en imposant l’application automatique de la procédure d’évaluation du ministère des Finances aux comtés qui dépassent les limites de leur budget.

Supprimer progressivement l’allocation de garde d’enfant à domicile pour favoriser une augmentation du taux d’activité des femmes ayant de jeunes enfants, tout en garantissant l’accès à des services d’éducation des jeunes enfants de qualité.

le taux de diplômés de l’enseignement supérieur

Environ 10 % des places disponibles à l’université sont attribuées à des étudiants déjà titulaires d’un diplôme, ce qui réduit le nombre de places offertes aux primo-entrants. Les étudiants sont incités à s’inscrire en licence une seconde fois par l’absence de droits de scolarité et le manque d’autres possibilités de formation.

La formation continue et les microcertifications permettent de s’adapter à l’évolution des besoins du marché du travail tout en proposant des formations de courte durée aux personnes déjà titulaires d’un diplôme, ce qui libère des ressources pour les primo-entrants. L’offre est cependant limitée, le taux d’inscription dans les formations qualifiantes de courte durée est faible, et les microcertifications ne sont généralement guère reconnues par les employeurs.

Appliquer des droits de scolarité en cas d’inscription dans une formation débouchant sur l’obtention d’un nouveau diplôme de même niveau.

Élargir l’éventail de formations post-licence gratuites débouchant sur des diplômes ou des microcertifications, et accroître le nombre de places offertes aux primo-entrants dans l’enseignement supérieur.

Enrichir le capital humain avec davantage de talents étrangers

Les travailleurs hautement qualifiés originaires de pays étrangers peuvent contribuer à remédier aux pénuries de compétences actuelles et futures.

Le manque de compétences linguistiques demeure un obstacle majeur à l’attraction et à l’intégration des talents étrangers. L’anglais est largement utilisé comme langue de travail dans certains secteurs, comme les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les industries vertes, mais il est possible d’en développer l’usage dans les entreprises dont les salariés sont d’origines diverses.

Les étudiants étrangers n’ont pas suffisamment accès à des réseaux professionnels et manquent de possibilités de stage pendant leur formation, ce qui limite leur aptitude à trouver du travail une fois diplômés et, partant, contribue à la faiblesse de leur taux de rétention.

À politiques inchangées, la Finlande n’atteindra pas son objectif de ramener à zéro ses émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2035, sachant que le secteur de l’utilisation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie (UTCATF) est un émetteur net de GES. Pour améliorer la contribution de ce secteur à la réduction des émissions sur le long terme, il est nécessaire de renforcer la croissance des forêts. Réduire les émissions des sols constitue le moyen le plus rapide et le moins coûteux de faire diminuer les émissions imputables à l’utilisation des terres, au changement d’affectation des terres et à la foresterie.

Les investissements dans la production d’électricité à faibles émissions, notamment éolienne, solaire ou nucléaire, ont considérablement augmenté, mais la poursuite de leur montée en puissance se heurte à divers obstacles et reste entourée d’incertitude.

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Étoffer le programme d’attraction des talents étrangers « Talent Boost » et transformer les financements par projet de dispositifs ayant débouché sur des résultats positifs en financements plus stables et pérennes, accompagnés d’un solide cadre de suivi et d’évaluation.

Encourager les entreprises à adopter des politiques linguistiques souples en milieu professionnel.

Offrir davantage de possibilités de stage aux étudiants étrangers, par le biais de partenariats avec les entreprises, les établissements d’enseignement et les communes.

Pour réduire les émissions du secteur UTCATF, mettre en œuvre le train de mesures du gouvernement destiné à favoriser la croissance des forêts et réduire les émissions des sols. Faire porter en priorité les efforts des pouvoirs publics sur la réduction des émissions de GES provenant des sols en accordant des subventions, en mobilisant des financements privés et en utilisant des instruments de réglementation.

Simplifier encore les procédures d’autorisation, promouvoir les réseaux intelligents et les solutions de stockage de l’énergie, renforcer la sécurité des infrastructures, et fournir des capitaux d’amorçage pour attirer les investissements privés.

Accélérer la transition vers une économie bas carbone

Les investissements dans les technologies bas carbone pâtissent du caractère inadapté ou de la rigidité excessive des méthodes de comptabilisation des émissions, qui ne permettent pas de tenir compte des avantages que présentent en termes de réduction des émissions le captage du carbone, le craquage du méthane ou les voiles à rotor, dans le transport maritime, sur toute la durée du cycle de vie de ces produits ou procédés.

Le développement de secteurs à faibles émissions comme celui de l’hydrogène est freiné par l’incertitude qui entoure à la fois les intrants (l’électricité d’origine renouvelable) et la demande des utilisateurs (pour la production d’acier vert, par exemple), ce qui entrave l’utilisation de l’hydrogène vert pour décarboner des industries telles que la sidérurgie.

Les changements d’affectation des terres exercent des pressions sur la biodiversité. Le changement climatique accentue ces pressions et rend nécessaire un renforcement des mesures d’adaptation.

Dans le respect des normes internationales, notamment de l’UE, revoir les méthodes de comptabilisation des émissions et abandonner les règles empiriques excessivement simples ou rigides, pour pouvoir tenir compte de la réduction effective des émissions sur la totalité du cycle de vie d’un produit.

Favoriser les procédés industriels à faibles émissions en renforçant les incitations à l’investissement grâce à des partenariats public-privé stratégiques permettant de réduire les risques, à l’apport de capitaux d’amorçage, à la fourniture de garanties ou à la mise en place d’incitations fiscales, ainsi qu’à une meilleure utilisation des fonds de l’UE, et évaluer de manière systématique ces interventions.

Inscrire dans la législation les objectifs finals en matière de biodiversité énoncés dans les Stratégie et plan d’action nationaux pour la biodiversité, et revoir l’importance accordée à la biodiversité ainsi qu’à l’adaptation au changement climatique – notamment en mettant en œuvre une planification de l’occupation des sols adaptée au climat pour protéger certaines zones –afin que ces objectifs puissent davantage faire jeu égal avec le développement économique.

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Études économiques de l'OCDE : Finlande 2025 - Résumé by OECD - Issuu