Hors série turquie

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Internationaux

© Service Audiovisuel de l’Elysée. Photographe : P. Segrette

Revue du Comité Français de la Chambre de Commerce Internationale

France - Turquie Vitalité et dynamisme des liens économiques bilatéraux

Nicolas Sarkozy, Président de la République française, et Recep Tayyip Erdogan, Premier Ministre de la Turquie, en 2010, à Paris D A N S

La Turquie : partenaire majeur de la France S.E. Bernard EMIE, Ambassadeur de France en Turquie

C E T T E

Saison de la Turquie : contribution au développement des relations bilatérales S.E. Tahsin BURCUOGLU, Ambassadeur de Turquie en France

France

É D I T I O N

La Turquie : un pays méditerranéen pour les relations humaines, américain pour la conception de la réussite

La France : 4ème débouché de la Turquie en dehors de l’Union Européenne

Europe : de l’intégration économique à l’intégration monétaire



France Turquie ©Service Audiovisuel de l’Elysée. Photographe : P. Segrette

vitalité et dynamisme des liens économiques bilatéraux Par sa politique étrangère équilibrée, la Turquie constitue un interlocuteur important de la France, trait d'union entre l'Occident et l'Orient. Par sa performance économique, elle représente un pays très attractif, vers lequel les entreprises françaises ont appris à se tourner. Autant de raisons pour lesquelles ce dossier, édité pour faire le point sur de tels enjeux, a rencontré un large écho. ■ La Turquie, partenaire majeur de la France …… III S.E. Bernard Emié, Ambassadeur de France en Turquie

■ Encouragés par le succès de la Saison de la Turquie, nous souhaitons que les relations entre la Turquie et la France puissent se hisser au niveau qu’elles méritent …………………………………………… V e

4 trimestre 2010 Numéro Hors série

Directeur de la publication : M. Gérard WORMS, Président du Comité National Français de la Chambre de Commerce Internationale.

Comité de rédaction : - François GEORGES - Sophie SCHNEIDER sophieschneider@yahoo.fr Comité de Coordination et Régie Publicitaire : Editions OPAS - 41, rue Saint-Sébastien 75011 Paris - Tél. : 01 49 29 11 00 Fax : 01 49 29 11 46 Directeur commercial : David ADAM Editeur Conseil : Jean-Pierre KALFON

Dépôt légal 92892 4 e trimestre 2010 Imprimeur : GR Presse Photographies de ce numéro : @Tous droits réservés (D.R.), Gilles Bassignac - Connaissance des Arts, Nathalie Ritzmann, Murat Ulker, Denis Bachalew, Umariletisim En couverture : Notre photo : le Premier Ministre de la République de Turquie, M. Erdogan, en visite officielle en France en avril 2010.

ÉCHANGES INTERNATIONAUX SEUL ORGANE EXTÉRIEUR OFFICIEL DE COMMUNICATION DE ICC F RANCE C OMITÉ NATIONAL F RANÇAIS DE LA C HAMBRE DE C OMMERCE I NTERNATIONALE

■ Creating high value in the growing Turkish market ………………………………………………………………… XXXV Ali Kançal, CEO, Alcatel-Lucent Teletas

■ Exporter la technicité française en matière de gestion de grands réseaux de transport d’électricité haute et très haute tension ……… XXXVIII

S.E. Tahsin Burcuoglu, Ambassadeur de la République de Turquie en France

Guy Stalens, chargé de mission au Service des Relations Internationales et du Développement (SRID) et Nathalie Baumier, chef du Pôle Contrats Internationaux à SRID

■ Europe : de l’intégration économique à l’intégration monétaire ………………………………………………… VII

■ A strong retail sector ………………………………………………………… XLI

Jean-Antoine Giansily, Ancien député au Parlement Européen, Ancien chef de la mission économique d’Istanbul

■ Turkey is ideal economy to provide banking services ……………………………………………………………… XLIV

■ 15 milliards d’euros annuels fin 2012 de commerce bilatéral entre la France et la Turquie ………………………………………………………………………………… XI Axel Baroux, Directeur de la mission économique Ubifrance en Turquie

■ In future, Turkey will remain a major market due to the size of the population and the increase of the number of patients treated XIV Matthieu Accolas, General Manager of Servier in Turkey

■ La Turquie : méditerranéenne pour les relations humaines, américaine pour la conception de la réussite ………………………… XVI Yves-Marie Laouenan, Partenaire fondateur à Istanbul de LDS Consulting Ltd, Secrétaire Général et ancien Président de la Chambre de Commerce Française en Turquie, Vice-Président de l’Union des Chambres de Commerce et d’Industrie Françaises à l’Etranger

■ De fil en aiguille, réussir en Turquie ………………… XXI Osman Macit Söylemez, Avocat, Fondateur de Gayret Consultant Services

■ La Chambre de Commerce Française en Turquie ……………………………………………………………………………… XXIII Olivier Guillaume, Président, et Raphaël Esposito, Directeur de la CCFT

■ La Turquie, terre d’opportunités

………………………

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François Bernard, Directeur du bureau français de l’agence nationale Invest in Turkey

Jacobo Caller Celestino, Directeur Général de Carrefour SA

Dilek Yardim, General Manager and Senior Country Officer of Credit Agricole Yatirim Bankasi Türk As

■ Energie et efficacité énergétique : un large potentiel …………………………………………………………… XLVII Sarkis Çadircioglu, Directeur général de Legrand Elektrik San. A.fi. Turquie

■ Sustainability and green environment

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XLIX

Turhan Turhangil, the Balkans and Middle East Regional President of Schneider Electric

■ Des finances saines, un système bancaire solide et des entreprises dynamiques …………………… L Pierre Lebit, Directeur Général de Société Générale en Turquie

■ Depuis les années 1980, la notion de marque s’impose

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LI

Osman Uslu, Président du Conseil d’Administration de Publicis en Turquie

■ De la couverture au solaire

………………………………………

LIII

Burhan Karahan, Directeur Général et Président du Conseil d’Administration d’Onduline Avrasya

■ Un groupe familial alimentaire au cœur des relations franco-turques……………………………………… LVII Précisions de Guillaume Pagy et de Frédéric Pagy, la neuvième génération aux commandes de Pagysa, groupe familial turc

■ Le transport aérien un atout pour le développement des relations bilatérales………… LXI Erol Buyukcicek, Directeur de Turkis Airlines à Paris

■ Çiragan Palace Kempinski «Living history» LXV

■ En Turquie, de nouveaux marchés à conquérir ……………………………………………………………………………… XXIX

Henri Blin, General Manager Çiragan Palace & Area Director Turkey & Bulgaria

Jean Lemierre, Président du Conseil Franco-Turc des Hommes d’Affaires

■ Un tourisme d’excellence …………………………………………… LXVI

■ Une offre intégrée de transport, anticipant l’évolution des 20 ans ……………………… XXXI

Jean-Charles Fortoul, Directeur Général Villages Club Med Turquie Grèce

■ Un marché automobile turc prometteur

……

LXVIII

Lucien Arkas, Président d’Arkas Holding

Tarik Tunalioglu, Directeur général d’Oyak Renault

■ Energy and transport : strong growth of Turkish market ………………………………………………………… XXXIII

■ La Turquie premier potentiel automobile en Europe …………………………………………………… LXXI

Gilberto Riccobono, Country President, Alstom Turkey

Jean-Pierre Vieux, Président de la section Turquie des CCEF (Conseillers du Commerce Extérieur de la France) et Directeur Général de Peugeot en Turquie I



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> Le 12 octobre 2010 à Ankara, à l'occasion de l'inauguration du nouveau lycée français Charles de Gaulle d'Ankara par M. Bernard Kouchner, alors Ministre des Affaires étrangères et européennes et M. Ahmet Davutoglu, ministre turc des Affaires étrangères.

> À Istanbul le 4 octobre 2009 à l'occasion du "Dîner des banquiers" offert par l'Ambassadeur en marge des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI à Istanbul.

La Turquie partenaire majeur de la France S.E. Bernard EMIE, Ambassadeur de France en Turquie

La Turquie est un partenaire majeur de la France. Les relations étroites qui unissaient les ports français de la Méditerranée aux ports turcs dès le XVIIIIème siècle, lorsque Marseille était le premier port partenaire de Smyrne, se sont aujourd’hui étendues à l’ensemble de nos deux pays pour former un lien exceptionnel. La Turquie est à ce jour le troisième client de la France (hors Union européenne) après les Etats-Unis et la Chine ex aequo avec la Russie mais avant d’autres pays comme le Japon, l’Inde ou le Brésil. La France était en 2009 le deuxième débouché des exportations turques. Avec 10 milliards d’euros en 2009, notre commerce bilatéral est considérable et de surcroît structurellement équilibré. L’objectif des gouvernements français et turcs est de porter ce chiffre à 15 milliards d’euros d’ici 2012.

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a présence économique française en Turquie est également majeure grâce à des investissements massifs qui permettent à la France d’être l’un des tout premiers investisseurs dans le pays. Les 400 entreprises françaises qui y sont installées dans

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tous les secteurs, emploient 100 000 personnes et en font vivre 500 000. La Turquie est devenue un pays où la haute technologie côtoie des activités plus anciennes. Elle compte désormais parmi les grands acteurs mondiaux dans le domaine de l’électronique et France 4 E TRIMESTRE 2010

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> Le 23 mai 2010 à Istanbul, à l'occasion de la conférence internationale sur la reconstruction et le développement de la Somalie.

de l’informatique de défense avec des productions pour Airbus et Thalès. Alstom possède à Gebze son usine la plus moderne au monde de transformateurs de puissance, Turkish Aerospace Industries (T.A.I.) est un partenaire à risque d’Airbus, et Renault produira dans son usine turque de Bursa sa première berline électrique. Ces résultats impressionnants s’expliquent aisément par l’importance du marché intérieur de la Turquie, désormais 17ème économie mondiale, dont le PIB par habitant s’élève à 105 000 dollars, avec une main-d’œuvre qualifiée et des infrastructures de très bon niveau. La France y contribue également grâce à ses deux lycées français à Ankara et Istanbul et un réseau exceptionnel de dix lycées turcs francophones à Ankara, Istanbul et Izmir, qui forment 10 000 élèves. Ce dispositif unique au monde est couronné par l’université publique francophone de Galatasaray à Istanbul, classée comme l’une des six universités d’excellence du pays. La Turquie compte aussi près de 200 000 francophones, qui sont autant de relais pour la relation franco-turque.

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Si la relation politique entre la France et la Turquie est l’une des plus anciennes au monde, puisqu’elle remonte à l’alliance passée entre François Ier et Soliman le Magnifique en 1531, elle est aussi forte et vivante aujourd’hui. Après les visites du Président de la République et du Premier ministre turcs en France, à l’occasion de l’ouverture et de la clôture de la Saison de la Turquie en France, en octobre 2009 et avril 2010, ce sera au tour du Président de la République français, M. Nicolas Sarkozy, de se rendre en Turquie en 2011 dans le cadre de la présidence française du G20. Au-delà de la grande proximité de vues et de l’excellente coopération entre les deux pays sur nombre de sujets de politique internationale, la présidence française du G20, qui s’exercera pour un an à compter du 13 novembre 2010, sera l’occasion d’approfondir considérablement le dialogue franco-turc sur les grands enjeux globaux d’aujourd’hui, qu’il s’agisse de la réforme du système monétaire international, de la stabilité des prix des matières premières ou bien encore de la réforme de la gouvernance mondiale.

C’est dire que nos deux pays peuvent beaucoup travailler ensemble dans tous les secteurs et notamment dans le domaine économique et financier où nous devons non seulement renforcer les investissements français en Turquie, attirer davantage les investissements turcs en France, mais aussi organiser des coopérations économiques commerciales et industrielles dans des pays tiers, comme l’Asie centrale, l’Afrique du Nord, l’Afrique et l’Iraq. C’est pourquoi j’invite les entreprises françaises, les grandes comme les P.M.E., à se montrer encore plus actives en Turquie, ce marché proche de nous, ce grand pays ami, ce partenaire historique dans lequel notre présence économique peut être encore beaucoup plus importante. De manière générale, la France sait trouver en la Turquie un partenaire fort et dynamique et qui regarde avec confiance vers notre avenir commun, au moment où il se rapproche aussi de l’Union européenne avec une politique de réformes audacieuses».


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S.E. Tahsin BURCUOGLU, Ambassadeur de la République de Turquie en France

«Encouragés par le succès de la Saison de la Turquie, nous souhaitons que les relations entre la Turquie et la France puissent se hisser au niveau qu’elles méritent» «Le dossier consacré à la Turquie par les “Echanges Internationaux” est particulièrement judicieux au moment où elle est mise en valeur non seulement grâce à sa politique étrangère multidimensionnelle et influente, mais aussi en raison de sa performance économique impressionnante, dans un contexte global et européen particulièrement difficile.

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La Turquie offre également un accès facilité vers l’Europe de l’Est, l’Asie centrale, le Caucase, le Proche et le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et vers les 1,2 milliard de consommateurs que représentent tous ces marchés. Au-delà de ce rôle, elle y dispose d’une forte présence, grâce aux investissements directs turcs qui se sont élevés à plus de 15 milliards de dollars.

vec un taux de croissance de 11,7% pour le premier trimestre 2010 (alors que la Chine enregistre pour la même période un taux de 11,9 %), la Turquie est la 16ème économie mondiale et la 6ème en Europe. Membre du G20 et largement intégrée à l’espace économique européen notamment grâce à l’Union douanière dont elle fait partie depuis 1996, la Turquie est le 7 ème partenaire commercial de l’Union Européenne tandis que cette dernière est le 1er partenaire commercial de la Turquie et que sa part dans les exportations turques est de 46 %. Le dynamisme et la diversité de l’économie turque offrent de grandes opportunités aux investisseurs européens et français et l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, avec tous ses atouts, augmentera les dimensions du marché intérieur européen, ainsi que la compétitivité de l’UE dans l’économie globale.

©Gilles Bassignac - Connaissance des Arts

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La Turquie voit également ses relations économiques et commerciales avec la France se développer considérablement. Au cours des dix dernières années, on constate une augmentation du commerce bilatéral de 150%. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays s’élève à un peu plus de 10 milliards d’euros. La France, avec plus de 3 milliards d’euros et avec un impor-

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Ancien Hôtel de Lamballe - Vue sur cour

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©Gilles Bassignac - Connaissance des Arts

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Ancien Hôtel de Lamballe - Vue sur le jardin

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tant nombre de sociétés, occupe la deuxième place parmi les investisseurs directs étrangers, qui bénéficient d’ailleurs dans notre pays d’un traitement identique aux investisseurs turcs. Il est évident que ce bilan ne reflète toujours pas le potentiel économique réel des deux pays. Au vu de l’historique des relations franco-turques, de la diversité de ces relations à l’époque contemporaine, des points communs qui existent entre nos deux pays, du succès de l’intégration de la communauté turque en France, ainsi que des opportunités qu’offrent ces pays l’un pour l’autre, il est indubitable que d’importantes avancées peuvent être réalisées dans ce domaine. Les relations entre les peuples français et turc jouissent en effet d’une histoire profondément enracinée qui

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remonte au XVIème siècle. Au cours du processus de modernisation initié dans la dernière période de l’Empire Ottoman, la France a été prise comme modèle et l’administration turque de l’époque républicaine est en partie inspirée de l’exemple français. Il est naturel que l’histoire de liens aussi anciens comporte «des hauts et des bas», en particulier lorsque ces relations sont denses, variées et étendues à de nombreux domaines. Ce qui importe c’est de rendre les «hauts» prédominants. La présence d’environ 500 000 Turcs résidant en France, ainsi que notre Ambassade, nos services commerciaux et économiques, la représentation de l'Agence turque pour la promotion et le soutien à l'investissement, nos Consulats généraux à Lyon, Marseille, Strasbourg et Paris

qui se tiennent à la disposition de nos concitoyens et des hommes d’affaires français, constituent assurément des atouts très importants auxquels viennent s’adosser nos efforts destinés à contribuer à l’amélioration des relations politiques et commerciales entre la France et la Turquie. C’est avec cette ambition que nous avons réalisé la Saison de la Turquie en France de juillet 2009 à mars 2010 en bénéficiant de l’accueil et du soutien de la France. Avec plus de 600 manifestations organisées à travers tout le pays durant 9 mois, cette Saison a constitué une véritable opportunité de rapprochement entre la Turquie, qui avance vers l’Union européenne, et la société française. Elle a renforcé la compréhension mutuelle entre nos peuples. A l’issue de cette remarquable entreprise, qui disposait également d’un important volet économique, nous sommes convaincus que les deux peuples ont pu découvrir leurs points communs et établir des partenariats durables pour leurs prochaines coopérations dans différents domaines, y compris commercial. Encouragés par le succès de la Saison de la Turquie, nous souhaitons que les relations entre la Turquie et la France puissent se hisser au niveau qu’elles méritent. Rehausser cette amitié historique apportera assurément beaucoup à la France, à la Turquie et à l’Europe».

S.E. Tahsin BURCUOGLU, Ambassadeur de la République de Turquie en France


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La Chambre de Commerce d’Istanbul

Europe : de l’intégration économique à l’intégration monétaire

l m’a été donné, alors que je siégeais au Parlement Européen, pendant la quatrième mandature (1994-1999) d’intervenir dans le dossier européen de la Turquie, d’abord par conviction, mais aussi avec les instructions de Jacques Chirac, qui, lorsqu’il incarnait la France à l’Elysée avait une qualité majeure : en matière de relations internationales, il respectait la parole de la France, et traitait toujours nos partenaires avec déférence et courtoisie. En s’intéressant avec beaucoup de courage à un sujet qui avait été ouvert dès les années 1960 par le Général de Gaulle, qui fût reçu triomphalement à Ankara et à Istanbul en octobre 1968, la reprise du dialogue, dans les années 1990, par le Président Chirac ne fût alors que la poursuite de la politique du Général par d’autres voies. Jacques Chirac fut un remarquable

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négociateur, comme on a pu le réaliser en juin 1995, lorsque son intervention mis fin à la guerre dans l’ex-Yougoslavie, ou encore, à maintes reprises, quand il fallait défendre l’agriculture française contre les glorificateurs de la mondialisation. En 1995, lors de la fin de la Présidence française de l’Union Européenne, à laquelle Jacques Chirac avait succédé à François Mitterrand, j’étais membre de la délégation du Parlement Européen avec le Parlement Turc, seul Français avec le Président qui était un élu alsacien du Groupe Communiste, Francis Wurtz. A cette période, les gaullistes du Parlement Européen étaient inscrits au groupe UPE (Union Pour l’Europe). Nos principaux partenaires étaient les Italiens de Forza Italia de Silvio Berlusconi, et les élus irlandais du Fianna Fail, parti alors au pouvoir à

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La Turquie est largement adossée à l’Europe par ses flux d’importexport. Aujourd’hui, pour définir les modalités de son intégration politique et financière, il faut répondre à une question : la Turquie devra-t-elle sacrifier au moins partiellement son système économique pour entrer dans l’euro?

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ce que la Turquie apportait à cette ratification, suspendue depuis 1974 en raison de l’affaire Chypriote. Il me fallu plus de temps pour comprendre que ce dossier était bloqué en France par Alain Lamassoure, car c’était l’une des pommes de discorde entre l’ancien Président, Valéry Giscard d’Estaing, et Jacques Chirac. En mai 1995, lors de la nomination du gouvernement par Alain Juppé, et son remplacement par Michel Barnier aux Affaires Européennes, Jacques Chirac a repris la main sur ce dossier et enclenché le processus de ratification.

Budget, qui est traditionnellement le jour de l’année où il y a le plus grand nombre de parlementaires présents en séance. Notre groupe fût prié de se mobiliser en conséquence, et c’est finalement avec près de 330 voix que la ratification fût acquise, la cinquantaine de députés du groupe chiraquien présente, à quelques abstentions près, ayant apporté la majorité indispensable à l’adoption du texte. Jacques Chirac ne s’en tint pas là. L’Elysée veilla à ce que l’Union douanière se mette en place grâce à une coopération technique franco-

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Dublin et dont la délégation était conduite par Gérard Collins. Celui-ci, lorsqu’il était, quelques années auparavant, Ministre des Affaires Etrangères d’Irlande, avait présidé l’Union Européenne en 1990, et signé le Traité de Maastricht en 1992. Il était réputé être de bon conseil. S’ajoutaient à ces trois nationalités trois Portugais, deux Hollandais et deux Grecs, plutôt de droite, mais hommes et femmes de bon sens avec qui le dialogue était ouvert. Ce groupe, fort de six nationalités et d’une soixantaine de membres, détenait très souvent la clef de scrutins indécis dans ce Parlement. Dès le passage du témoin européen à la présidence espagnole de Javier Solana, Jacques Chirac annonça que le chantier qui devait être réglé avant la fin de l’année était celui de la ratification de l’Union Douanière avec la Turquie. Avant son arrivée à l’Elysée, Jacques Chirac avait rencontré plusieurs fois Suleyman Demirel, alors Président de la République turque. Il était persuadé de l’intérêt de cet accord, antichambre de l’entrée de la Turquie dans l’Union. Des instructions très claires en ce sens avaient été données à JeanClaude Pasty, Président du groupe UPE, par Jacques Chirac lui-même. En ma qualité de seul membre RPR de la délégation, j’étais en quelque sorte le bras séculier des instructions présidentielles, chargé à la fois de rassurer nos amis parlementaires turcs sur la volonté du Chef de l’Etat français d’aboutir, et de la rédaction des avis et des amendements du groupe UPE sur le texte qui devait ê t re ra t i f i é p a r le Pa r le m e n t Européen. Au sein de l’Association du Traité Atlantique, je fréquentais depuis les années 1970 l’Ambassadeur Ümit Halük Bayülken, qui fut Ministre de la Défense, Ministre des Affaires Etrangères et plus tard Ambassadeur auprès de l’OTAN. Député kémaliste d’Antalya, sur la côte méditerranéenne de la Turquie, ce fût un homme d’Etat de grande envergure. J’étais personnellement convaincu de la nécessité de ratifier cet accord douanier, et Bayülken me mit alors en contact avec Tansug Bleda, Ambassadeur de Turquie à Paris, qui était également en charge du Parlement Européen. Je compris très vite toute l’importan-

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Jacques Chirac et Yves-Marie Laouenan à Istanbul le 11 mai 2010

Le fait d’avoir le soutien du nouveau Président de la République et de trouver aux Affaires Européennes un relais actif en la personne de Michel Barnier, guidé par Jacques Chirac et son Ministre de tutelle Hervé de Charrette, n’était pas suffisant pour obtenir la ratification. Le scrutin nécessitait en effet d’obtenir une majorité qualifiée, c'est-à-dire 314 voix au minimum sur un Parlement composé alors de 627 membres représentant 15 nationalités, alors qu’il n’est pas possible de déléguer son vote, et qu’il faut vraiment un événement exceptionnel pour qu’il y ait plus de 400 députés en séance. Sachant que le scrutin serait serré, il fallait donc s’assurer d’une date où le plus grand nombre de parlementaires serait présents. La Conférence des Présidents choisit le 13 décembre, jour du vote du

turque, menée par un GIE constitué par les Douanes françaises et une société d’informatique française associée à une équipe turque. En 2002, cette coopération était en place. En 2001, après mon départ du Parlement européen, il s’inquiéta personnellement de me faire nommer à Istanbul comme chef de la Mission économique, afin de pouvoir maintenir un lien privilégié avec ses amis en Turquie. Quand est arrivé le mois de décembre 2004 et le Conseil Européen de Bruxelles qui devait décider de l’ouverture officielle des négociations en vue de l’adhésion, ce fut encore Jacques Chirac qui défendit l’ouverture du dialogue entre l’Union européenne et la Turquie. Convaincu de l’importance du sujet pour l’opinion publique, il tint alors à s’expliquer devant les Français par une brève


intervention au journal télévisé de vingt heures le 12 décembre 2004. Les vraies négociations ne commencèrent qu’en 2006. Elle se poursuivent depuis. Le grand débat qui agitait « l’establishment » européen après la chute du Mur de Berlin était de savoir s’il fallait privilégier l’approfondissement ou l’élargissement. Autrement dit, fallait-il accepter très vite les Etats ex-satellites abandonnés à leur sort par la Russie soviétique, ou au contraire renforcer les institutions ? Comme souvent, on n’a pas choisi franchement. On a élargi de quinze à vingt-sept membres pour des raisons politiques, mais on a simultanément renforcé les contraintes économiques et financières en substituant aux critères de convergence de Maastricht de 1986 le pacte de stabilité d’Amsterdam de juin 1997, on a ainsi créé de facto deux zones : les seize pays qui sont dans l’euro, et les autres. La crise grecque vient de le prouver : la Banque Centrale Européenne a du voler au secours de la Grèce, car la situation économique dans ce pays mettait l’euro en péril. En revanche, en septembre 2008, la crise hongroise avait déclenché l’intervention du FMI, tout simplement par ce que la dévaluation brutale du forint hongrois pénalisait uniquement les Hongrois, laissant l’euro indemne, bien que les Hongrois soient membres des vingt-sept. Ce qui conduit à cette question fondamentale : économiquement et monétairement, à quoi sert-il en 2010 d’être membre de l’Union Européenne si l’on n’est pas dans l’euro ? Aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, la Turquie subit d’abord l’influence de la zone dollar. Les structures étatiques sur lesquelles reposent son économie, et sa dépendance absolue aux énergies venues d’ailleurs, essentiellement le pétrole, l’obligent comme elle l’a toujours fait depuis les années vingt, à jouer avec la variable d’ajustement monétaire. De ce point de vue, la levée de la tutelle du FMI sur Ankara est un gage de la bonne santé recouvrée de la Turkish Lira. Mais la gestion des crises économiques par la monnaie est aujourd’hui récusée par les banquiers centraux des seize membres de l’euro quand ils se réunissent à Francfort. Il est donc erroné de penser que la France de 2010 peut avoir une

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influence sur le processus d’adhésion. Pour ouvrir de nouveaux chapitres de négociation, il faut que les chapitres en cours d’examen soient clos. Les négociateurs européens et Turcs savent bien que, même si l’on doit aboutir à un accord faisant des Turcs des Européens de la deuxième catégorie, on finira inévitablement par y parvenir. Mais la vérité est plus prosaïque. L’expérience de l’Europe centrale, où je viens de passer quatre années extrêmement intéressantes, montre bien aux économistes les limites de l’exercice appliqué à la Turquie. Comment les Turcs pourraient-ils accepter les sacrifices que le pacte de stabilité impose aux Etats pour passer à l’euro, alors que ni les Polonais, ni les Hongrois, ni les Roumains n’y parviennent six ans après leur adhésion ? Tout ce qu’il était possible de faire sur le plan politique l’a été sous la Présidence de Jacques Chirac En 2010, le problème ne se pose plus sur le plan des relations politiques bilatérales, notamment parce que la Turquie est devenue membre du G 20 en raison de son poids dans l’économie mondiale. Or cette nouvelle dimension économique, due au changement profond de l’industrie turque depuis quinze ans, puise sa source dans l’Union douanière, qui a considérablement modifié la qualité des produits fabriqués par les Turcs (désormais aux standards européens) et surtout fait de l’Union Européenne la première destination de la production turque exportée.

Aussi, la candidature à l’Union Européenne questionne les Turcs de deux manières : ont-ils intérêt à être des citoyens européens appartenant à la deuxième zone, celle des monnaies disparates et spéculatives, où vont-ils devoir sacrifier au moins partiellement leur système économique pour entrer dans l’euro ? A l’heure où la tendance est majoritairement au resserrement de l’intégration des économies des seize pour mettre l’euro à l’abri de la crise mondiale, le «gouvernement économique» dont la mise au point de la structure a été confiée au Président Van Rompuy, ira très au-delà des simples recommandations que peuvent faire aujourd’hui le Président Jean-Claude Juncker avec les membres de l’Eurogroupe. L’Europe en cette fin d’année 2010 progesse vers une homogénéité accrue si l’on accepte l’idée que l’Europe sociale et l’Europe fiscale avanceront au même rythme dans chacun des Etats membres. La place des Turcs dans le dispositif monétaire à venir ouvre un réel débat. Dans ce cadre, les relations industrielles, agricoles et financières, qui reposent avant tout sur les échanges économiques et commerciaux franco-turcs et germano-turcs, joueront un rôle crucial.

Jean-Antoine GIANSILY, Ancien député au Parlement européen (1995-1999), Ancien chef de la Mission économique d’Istanbul (2001-2005)

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Le Forum France-Turquie en juin 2010…

15 milliard d’euros annuels fin 2012 de commerce bilatéral entre la France et la Turquie

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Axel BAROUX, Directeur de la Mission Economique Ubifrance en Turquie

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La France est le 4ème débouché de la Turquie en dehors de l’Union européenne. Avec 330 filiales et plus de 70 000 emplois directs, la présence française dans le pays est solide et diversifiée. Les flux d’échanges bilatéraux franco-turcs sont appelés à s’intensifier, alors que la Turquie aborde une nouvelle phase de croissance, qu’a interrompue en 2009 la crise économique mondiale, indique Axel Baroux, Directeur de la Mission Economique Ubifrance en Turquie.

es atouts de la Turquie sont connus par les sociétés françaises du CAC 40 mais aussi par nos PMI-PME, toujours plus nombreuses, qui y sont présentes ou y exportent : un pays proche, bien situé géographiquement, à l’économie dynamique… Quel est le principal moteur de croissance du vaste marché turc ? Pour en évoquer les atouts, la Turquie a un positionnement géographique remarquable, au cœur d’un vaste ensemble régional formé par la Grèce et la Bulgarie à l’Ouest, la Géorgie, l’Arménie et l’Iran à l’Est, l’Irak, la Syrie et Chypre au Sud. Bordée par quatre mers, en contact

avec le Proche-Orient et la rive Sud de la Méditerranée, avec une superficie représentant une fois et demie la France, elle compte 72 millions d’habitants, une population qui, pour les deux tiers, a moins de 35 ans, et vit en ville. 16ème économie et 5ème économie émergente, 15ème exportateur et 22ème importateur au niveau mondial, le pays a assaini et restructuré son système bancaire en 2001. Sa dette publique est maîtrisée, à 46% du PIB fin 2009. La Turquie a connu la plus forte croissance au sein de l’OCDE de 2002 à 2008 ; la progression de son PIB doit se situer à 7 % en 2010 selon

les prévisions du FMI. La productivité y est forte dans les services et l’industrie. Les investissements directs étrangers y ont atteint 18 milliards de dollars en 2008, contre 1 milliard en 2002 et 8 milliards en 2009, malgré la crise. Il est vrai que la réglementation à ce niveau compte parmi les plus libérales de l’OCDE. Le marché turc est tiré par son poids industriel. Mais la population turque bénéficie également de l’augmentation du pouvoir d’achat et de l’évolution des modes de vie et de consommation dans des domaines tels que la maison, la décoration, l’univers de la personne, la santé. Il y a

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… Dialogue entre dirigeants des deux pays

actuellement en Turquie plus de 60 millions de téléphones mobiles, près de 45 millions de cartes bancaires et 30 millions d’internautes. Quels sont les secteurs clés de l’économie turque ? La balance commerciale turque est excédentaire dans le secteur de l’emballage, témoignant du dynamisme de la production locale, tirée par l’agroalimentaire et la pharmacie. La sophistication accrue de l’offre stimule la demande d’étiquettes, de systèmes de fermeture ou assurant la traçabilité des produits… La Turquie figure parmi les principaux producteurs agricoles mondiaux. Ce secteur représente 19% de son PIB, 6% de ses exportations et 471 000 emplois directs. Il offre de nombreuses opportunités sous forme d’implantation locale, par rachat d'entreprises privatisables, ou en nouant des partenariats technologiques ou financiers avec des entreprises turques qui cherchent à acquérir des technologies européennes afin de s’adapter aux réglementations internationales d’hygiène, de qualité et d’environnement. La chimie turque (11% de la production industrielle) réalise 4 milliards de dollars annuels d’exportations mais importe pour 24 milliards de m a t i è re s p re m i è re s , b i e n s e t produits intermédiaires.

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La transformation plastique est portée par les secteurs de l’emballage, du second œuvre, de l’électroménager et de l’automobile, principaux t r a n s fo r m a t e u r s d e m a t i è re s plastiques primaires, dont les importations ont doublé en 5 ans pour atteindre près de 5,3 milliards de dollars. La Turquie importe également pour 1,6 milliard de dollars de produits en matière plastique, principalement semi-finis (plaques, feuilles). Les réserves de croissance restent importantes sur ce marché. Le second œuvre bénéficie du développement de la construction. 80% des produits sont fabriqués localement (ciment, carrelage, céramique…) mais les importations s’élevaient en 2008 à 6 milliards de dollars ; dans ce domaine, des opportunités existent sur les marchés local et régionaux d’Europe de l’Est, du Moyen et du Proche-Orient, d’Asie centrale et de Russie, où les opérateurs turcs bénéficient de positions fortes. La hausse du niveau de vie et l’évolution des modes de vie stimulent l’univers de la personne, également porté par le développement de la grande distribution moderne. Le marché des cosmétiques représente 1,5 milliard de dollars dont 540 millions d’importations en 2009 (ici, la France est en tête avec 26% de parts de marché). Ce secteur est appelé à un fort essor. Le textile/habillement est aujourd’hui le premier secteur à l’exportation

(à hauteur de 19 milliards de dollars). La Turquie réalise 4% du commerce mondial dans ce domaine et poursuit ses efforts de modernisation ; le textile en Turquie importe annuellement pour plus de 9 milliards de dollars de matières premières et d’équipements. Les énergies renouvelables se développent face à l’insuffisance de la production d’électricité par rapport à la demande comme à la volonté des pouvoirs publics de mettre en place un cadre législatif incitatif et à la forte implication des acteurs privés. Les bailleurs de fonds internationaux ont fait de leur développement une priorité. L’enjeu européen est également au cœur de la politique environnementale définie par le plan cadre

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La dimension personnelle est un élément clé de toute relation d’affaires en Turquie

de 2006, qui évalue les besoins totaux en matière d’environnement à 70 milliards d’euros dont 60% dans l’eau, 15 % dans la gestion et l’élimination des déchets et 25% dans le contrôle de la pollution industrielle. Bien que frappée par la crise, l’industrie automobile regroupant 13 constructeurs (Renault, Fiat, Ford, Honda, Toyota…) et plus d'un millier d'équipementiers (Bosch, Federal Mogul, Trelleborg, Valéo, Faurecia…), reste dynamique. Ce devrait être à nouveau le premier secteur exportateur du pays en 2010, poussé par les investissements de Renault, Hyundai, Chery, Mahle, Magna et la montée en puissance des centres de R&D (Ford, Mercedes). Le marché de la santé qui représente 10 milliards de dollars doit atteindre 23 milliards en 2020. 80% des matières premières et équipements m é d i ca u x s o n t i m p o r t é s . L e s réformes ont permis l’amélioration des soins, l’émergence d’un secteur privé de pointe et le développement de laboratoires pharmaceutiques et de recherche. Le marché des TIC connaît aussi depuis le début des années 2000 une croissance annuelle moyenne de 20%. Des opportunités nouvelles se présentent dans les télécommunications et particulièrement les services 3G lancés en juillet 2009, les licences Wimax et les licences MVNO (Mobile Virtual Network Operators), la privatisation de Kablo TV et l’ouverture à la concurrence des appels courtes distances. Comment analysez-vous les évolutions récentes des flux d’échanges bilatéraux franco-turcs ? 2009, année de crise, a quelque peu

brouillé les repères dans ce domaine… 2008 avait représenté un niveau inédit en termes d’échanges commerciaux entre la France et la Turquie, qui représentaient près de 11 milliards d’euros. En 2009, ces flux ont fléchi à 9,9 milliards. Dans un contexte de baisse généralisée du commerce mondial, la Turquie a vu chuter de plus de 30% ses importations, et ses exportations de près de 23%. Les échanges de la France avec le reste du monde ont connu une tendance similaire, mais moins marquée. C’est ainsi qu’en 2009, les exportations de la France vers la Turquie ont diminué de 15% tandis que les exportations de produits turcs vers la France baissaient de 5,2% seulement. Pour la première fois depuis 2001, la Turquie a alors dégagé un excédent, dans le cadre de ces relations bilatérales, représentant 212 millions d’euros. La tendance s’est inversée début 2010. De janvier à mars 2010, les échanges franco-turcs ont progressé de près de 35% par rapport au premier trimestre 2009. Hors Union européenne, la Turquie est le quatrième client de la France dans le monde, derrière les EtatsUnis, la Suisse et la Chine, devant le Japon ou la Russie. L’ambition est de porter à 15 milliards d’euros fin 2012 le commerce bilatéral. Cet objectif a été réaffirmé le 7 avril 2010 lors de la visite officielle du Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan en France, avec le Président de la République Nicolas Sarkozy et le Premier Ministre François Fillon, lors de la clôture de la Saison de la Turquie. Différentes actions sont lancées dans ce but. C’est ainsi que du 14 au

16 juin, lors du Forum France Turquie, 200 entreprises françaises et turques se sont rencontrées pour échanger et développer des projets communs. Le village expert et les ateliers ont apporté des réponses à leurs questions techniques. L’ouverture à Istanbul d’un Bureau de l’Agence Française pour les Investissements Internationaux aura aussi un impact positif sur les échanges et les investissements croisés franco- turcs, alors qu‘un nombre croissant de sociétés turques s‘internationalisent. De leur côté, les PMI-PME françaises disposent d’un programme dense et personnalisé d’accompagnement vers le marché turc auprès de l’Equipe de France de l’Export associant notamment Ubifrance, les CCI en France, la chambre de commerce française en Turquie et les conseillers du commerce extérieur de la France. Dans le cadre de relations d’affaires franco-turques, les différences culturelles constituent-elles un frein réel ? Elles sont minimes ; à vrai dire, une entreprise française ne se sent pas réellement dépaysée en Turquie. A ce propos, s’il faut souligner quelques spécificités du pays, il faut aussi corriger certains préjugés. La dimension affective est très importante en Turquie dans les relations d’affaires : il faut donc établir des relations personnalisées. La plupart des chefs d’entreprise turcs pratiquent l’anglais, une langue qu’il est donc important de maîtriser. Par ailleurs, l’apprentissage de quelques formules de politesse en turc sera apprécié. Soigner son apparence est une question de politesse qui sera également très appréciée. En outre, sachez que les Turcs préfèrent en général traiter avec des interlocuteurs d’un certain âge et d’une certaine expérience. Autre préjugé ; ne soyez pas surpris de traiter avec des femmes ; il n’est pas rare en effet que celles-ci occupent des postes clés, notamment dans le secteur tertiaire. Enfin, à l’occasion de relations professionnelles, il convient d’éviter d’adopter des positions tranchées sur des sujets délicats ou passionnels tels que la question arménienne, les relations avec l’Europe ou la situation chypriote, un conseil de bon sens…

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Servier is the second-largest pharmaceutical French company world wide

In future, Turkey will remain a major market due to the size of the population and the increase in the number of patients treated Matthieu ACCOLAS, General Manager of Servier in Turkey

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In the Turkish pharmaceutical market, Servier is a major player, and will have strong growth during the next few years, as Matthieu Accolas, the General Manager of Servier in Turkey explains in this interview.

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onsidering its turnover and profitability, does Turkey rank among the most important countries worldwide for Servier? Turkey is a major country for Servier. At the end of 2009, considering its turnover, Servier Ilaç ranked fifth among XIV

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the subsidiaries of the Servier Research Group worldwide and second among French laboratories in Turkey. Servier Ilaç currently employs more then 400 people, two-thirds of whom come from scientific backgrounds. Over the last 10 years, Servier has also invested in research

in Turkey, and a clinical studies department is currently operational in Turkey. Turkey has always had a unique place in Servier and has always been a priority for the company. With a consolidated turnover of 3.6 billion euros for the 2008/2009 financial year, Servier is the


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second-largest French pharmaceutical company worldwide. Where is Servier positioned in the Turkish market? Our drugs, which are the products of our own research, are well recognized by the scientific and medical community and we are continually developing local partnerships, especially in the fields of cardiovascular diseases, diabetology, neuropsychiatry, osteoporosis and cancerology. Servier is a major player in these markets, and 5 out of our 16 medicinal products registered in Turkey are the leaders of their respective indications. What is the story of Servier in the country? Servier products have been present in Turkish market for 32 years (since 1978) and Servier Ilaç is the first French pharmaceutical company established in Turkey. Today, we are a leading company in cardiology. 25 years ago, we set up our own subsidiary in Turkey, and since then we have developed a production partnership with a leading Turkish pharmaceutical company. One third of our drugs are produced locally. Servier’s mission is to contribute to the healthcare sector in Turkey by enhancing access to innovative products, technology and information in the Turkish medical field and by creating an ethical and transparent e n v i ro n m e n t a n d s u p p o r t i n g research. Servier’s high ethical and scientific values come from the quality of our people. Most of our staff members in Turkey are graduates from life science departments of universities. They are highly dedicated to their mission, which is to transfer evidence-based medical information to healthcare professionals. In this respect, we are proud of our very good reputation and well-established image among doctors as being ethical and transmitting ethical medical information. Servier is not listed on the stock exchange and is organised as a foundation. There is, therefore, no pressure from shareholders, which in turn, provides Servier with the unique advantage of investing more than 25% of its turnover in research, while the average percentage of turnover

reinvested in research by the top 10 world leaders of the pharmaceutical industry is 14%, a figure already considered to be high. Servier contributes to the development of research through support programmes and research fellowships in various fields. Are there some specific trends in the Turkish health market? And what about laws & regulations and the organization of health sector in the country? The main strengths of the Turkish pharmaceutical market are the growing population, improving healthcare awareness, declining morbidity and mortality rates and relatively easy access to medicines. Health regulations in Turkey are changing step by step. Per capita healthcare spending (530 USD) is much lower than world averages. Furthermore, domestic patent law and intellectual property rights continue to remain below international standards, and state-controlled prices lead to decline in the industry, which, together, form the weaknesses of the Turkish pharmaceutical market. In future, Turkey will remain a major market due to the size of the population and the increase in the number of patients treated. But the difficulty to obtain registration and reimbursement is the greatest threat, due to the negative effect on patients’ access to innovative drugs. As the major player in the industry, we believe that both original and generic drugs should be equally important for the Turkish government. Innovative drugs provide better treatment of illnesses and are needed to ensure a better quality of life, while generics decrease costs over time. It can be said that Turkey is seeking to find the right balance between the two. We believe this balance will be attained in time, as the price and reimbursement processes of the government improve.

cardiovascular diseases. Servier has introduced two innovations ; one in osteoporosis and the other in IHD to the Turkish Market. However, patients who could benefit from these important innovations have currently very limited access to them. We strongly believe that for the benefit of Turkish patients, the health autorities should provide the same level of access of patients to these innovations as in European countries. Servier offers substantial internal career development possibilities, along with extensive training programmes. As a result, in 2010, 35% of our current employees have over 10 years of seniority. What are your objectives for the next few years? Currently, 3 new medicinal products are under the registration process in Turkey. Particularly Valdoxan, which is the first antidepressant of a new therapeutic class, has been in the registration process for almost 4 years. We expect that the restrictive process will be waived, so that Turkish patients can benefit from these innovations in the same way as in Europe. In 2011, Servier will celebrate its 25th anniversary in Turkey. During the last quarter of a century, Servier has been dedicated to contributing to the satisfaction of the needs of physicians through scientific education and of the patients who benefit from it. In the future, we intend to remain one of the main players in ongoing training in the health sector. We also plan an large number of training programmes for every person working with us to find fulfillment in their careers. It is just as important for our research to contribute to medical progress. For us, research is as vital as being an industry.

What is the position of Servier in the Turkish Market today? Our investment in research makes it possible for us to continually make new innovative discoveries. Since 2010, two new Servier Products have been made available to the medical community for patients with

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Paris et Istanbul sont à 3 heures 15 en avion

La Turquie : méditerranéenne pour les relations humaines, américaine pour la conception de la réussite Yves-Marie LAOUENAN, Partenaire fondateur à Istanbul de LDS Consulting Ltd, Secrétaire Général et ancien Président de la Chambre de Commerce Française en Turquie, Vice-Président de l’Union des Chambres de Commerce et d’Industrie Françaises à l’Etranger (UCCIFE).

Fin connaisseur du pays où il réside depuis longtemps, Yves-Marie Laouenan propose dans cet entretien quelques clés essentielles. ©DR

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a Turquie est-elle accessible aux dirigeants de PMI-PME, notamment, primo-exportateurs ? La Chambre de Commerce Française en Turquie et Ubifrance constatent depuis plusieurs années que les PMI-PME représentent une part croissante des entreprises françaises qui font appel à leurs services pour prendre pied sur le marché turc. Certaines d’entre elles exportent pour la première fois. Elles sont le plus souvent actives sur des marchés de «niches» ou fortement spécialisées. Il reste que, pour réussir dura-

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blement, ces entreprises doivent être structurées, dotées des moyens de leurs ambitions, présentes et futures ; elles doivent aussi être aguerries, sur leur marché domestique. En quoi les accords douaniers constituent-ils un atout important pour la Turquie ? Quelles en sont les limites ? En 1996, la Turquie est entrée dans l’Union Douanière ; cela a été le premier pays non-membre de l’Union Européenne à y être admis et cela a permis de lever les barrières tarifaires, d’ouvrir le marché et de mettre

les industriels et les entrepreneurs turcs en présence directe de la concurrence européenne sur leur marché domestique. Le dynamisme et la flexibilité qui caractérisent l’économie turque ont pleinement joué ; de 1996 à 2000, on a assisté à une vigoureuse restructuration de l’industrie locale, qui est sortie renforcée de cette période. Dans le même temps, le pays a bénéficié de l’afflux massif d’investissements étrangers et de l’apport international en matière de technologies et d’accès aux marchés tiers. Aujourd’hui, la Turquie compte 17 constructeurs de


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Quelles opportunités ce vaste marché offre-t-il à deux pas de la France? Dans quels secteurs se trouvent les plus forts relais de croissance ? Proche de la France, ce marché l’est en effet! Un transport routier de marchandises (20-23 tonnes) de Paris à Istanbul est effectué en cinq ou six jours pour un coût d’environ 3 200 euros… Paris et Istanbul sont à 3h15 d’avion… Quant aux opportunités sectorielles, il suffit d’examiner la structure des échanges franco-turcs : ils ont totalisé près de 10 milliards d’euros en 2009, avec une croissance des exportations françaises de 22% au cours des sept premiers mois de 2010 ; les exportations turques ont progressé de 17% pendant ce temps. Nos exportations concernent avant tout les matériels et équipements de transport (près du quart de nos ventes), dont l’automobile et la soustraitance. Viennent ensuite les produits industriels et la métallurgie, qui représentent 12% de nos ventes, les machines industrielles, agricoles, textiles, spéciales, les matériels et équipements électriques. Les exportations françaises de cosmétiques et parfums, ainsi que la pharmacie, ont représenté 650 millions d’euros au cours des sept premiers mois de l’année 2010. Dans certaines niches,

telles que l’informatique et les nouvelles technologies, l’on relève une forte progression (+34%) dans la même période. Ce marché recèle donc de très larges possibilités ; l’on y rencontre une concurrence internationale très vive. Quel est l’impact de la non-appartenance de la Turquie à l’Europe et à la zone euro ? Les années passées ont vu la croissance de la livre turque par rapport à l’euro. Le fait que le pays n’appartienne pas à la zone euro a pu pénaliser les exportateurs turcs, par exemple, dans le secteur textile, mais a aussi renforcé le pouvoir d’achat moyen des Turcs et dynamisé les importations… Les chiffres que nous avons déjà cités montrent que les exportateurs français ont tiré parti de cette situation et en bénéficient encore aujourd’hui. Il sera bientôt nécessaire de produire sur place, pour exporter vers l’Union Européenne, mais aussi pour couvrir le marché turc et les marchés plus à l’Est. La Turquie peut-elle, aujourd’hui encore, être considérée comme un pays de délocalisation, compte tenu de la hausse continue du pouvoir d’achat de ses habitants ?

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véhicules de toutes catégories dont 13 producteurs d’automobiles et 1 000 équipementiers. Le volume des échanges franco-turcs a quadruplé de 1996 à 2008 et devrait être multiplié par 5 de 1996 à 2010… Les exportateurs français et leurs concurrents européens ont ainsi fortement bénéficié de cette période de restructuration, comme de l’expansion économique et de l’accroissement du pouvoir d’achat du consommateur turc, qui ont contribué à faire de la Turquie et de ses 73 millions d’habitants un relais de croissance important – pour ne pas dire essentiel – pour l’Europe. Les 300 filiales locales d’entreprises françaises créées au cours des vingt dernières années n’ont pas été les dernières à en bénéficier : ceci, avec un taux d’échec marginal ou quasi nul. Ces accords douaniers avec l’Union Européenne présentent certaines limites ; par exemple, le secteur agroalimentaire reste régi par un régime transitoire. Le gouvernement turc souhaite mettre en place à court terme une zone de libre échange avec certains pays voisins du Proche-Orient (Syrie, Liban, Jordanie...) ; cela accélérera encore le développement de l’économie du pays.

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Le volume des échanges franco-turcs a quadruplé de 1996 à 2008

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La Turquie n’est plus un pays de délocalisation, mais représente un marché en soi.

Depuis quelques années déjà, la Turquie n’est plus réellement une terre de délocalisation, au sens où nous l’entendons en France. Les coûts salariaux y sont en progression constante, la monnaie s’y apprécie, ce qui amène de nombreux industriels turcs à étudier les possibilités de délocalisation offertes et à se tourner notamment vers l’Est de l’Union Européenne, la Roumanie ou la Bulgarie… Investir en Turquie et y produire des biens et services, c’est bénéficier d’un droit du travail très libéral, de ressources humaines jeunes (50% de la population a moins de 25 ans), qualifiées, souhaitant continuer à se former et à évoluer, avec le sens des responsabilités, du dévouement à l’entreprise, un faible taux d’absentéisme et une bonne productivité ! Les contrôles de qualité des industriels français qui y sont implantés en attestent. XVIII

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Cependant, le caractère concurrentiel du marché se retrouve au niveau des salaires : une haute qualification est souvent rémunérée au même niveau qu’en France, voire à un niveau supérieur, pour certains postes de la finance. Le tissu industriel très dense, dynamique et très flexible, offre des possibilités intéressantes d’approvisionnement et de sous-traitance, aux portes mêmes des usines. Tel est le cas dans les zones industrielles de la région Marmara, mais aussi, et de plus en plus, dans les agglomérations du Sud (Kayseri, Gaziantep, Adana, etc.), qui connaissent un essor sans précédent. Comment se présente 2011, après une année 2009 difficile ? Le secteur bancaire turc avait bénéficié d’un «curetage» et d’un assainissement approfondi au début de la présente décennie : de ce fait, la Turquie a bien moins ressenti la crise

financière et économique mondiale que de nombreux pays de l’Union Européenne. Fortement tributaire de ses débouchés à l’exportation, la Turquie a pâti de la baisse de la demande dans l’Union Européenne qui absorbe plus de 45% de ses exportations. Le taux de chômage a fortement progressé en 2009, avant d’évoluer à la baisse ; les effets de cette mauvaise conjoncture ont cependant été amortis par la structure sociale et la «solidarité culturelle» du pays. Mais le dynamisme et la flexibilité des opérateurs économiques et industriels ont joué pleinement ; l’impulsion vigoureuse donnée par les autorités, associée à la gestion monétaire solide d’une banque centrale indépendante et focalisée sur la lutte contre l’inflation, ont porté leurs fruits, peut-être plus rapidement qu’ailleurs. Pour 2010, les analystes anticipent un taux de croissance du PIB proche de 7%. La croissance a été tirée par la consommation des ménages, le fort rebond des investissements et la reprise dans le secteur de la construction. Même si certains indicateurs restent négatifs, la tendance actuelle annonce une poursuite de la croissance en 2011. Quelles erreurs éviter, dans la relation d'affaires avec des partenaires turcs ? Culturellement, et cela vaut aussi dans le monde des affaires, la Turquie ne répond à aucune typologie «standard»... Elle constitue un modèle propre, dont les composantes principales sont méditerranéennes pour ce qui concerne le facteur humain, les relations sociales, le dynamisme et la flexibilité, mais américaines dans la recherche de l’efficacité, le pragmatisme. Le court terme y reste souvent privilégié, y compris dans la recherche du profit. Pour réussir, une joint-venture avec un partenaire turc doit être basée sur une relation personnelle structurée, à entretenir en permanence, qui ouvre la voie à une confiance mutuelle. Les relations, les contacts personnels priment sur les échanges écrits et sont essentiels. Les engagements oraux sont souvent plus importants et mieux respectés que les dispositions contractuelles.



Gayret Consultant Services® Vos Droits et Vos Intérêts en Turquie Abdulhak Hamit Cad. No:24 Taksim 34437 Istanbul Téléphone : (0 212) 235 41 51 - 52 - Télécopie : (0 212) 253 52 62 Web : www.gayret.com - Courriel : m.soylemez@gayret.com

Président : Osman Macit Honoré SÖYLEMEZ m.soylemez@gayret.com

• Année de Création : 1985 • Langues de Correspondance : Français, Anglais • Profil : 14 Avocats associés et conseillers académiques, résidant à Istanbul et Ankara, constituent le profil de Gayret Consultant Services • Activités : - Droit pharmaceutique. - Droit de la propriété intellectuelle et industrielle : Immatriculation, transfert, invalidation des brevets et licences.

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- Droit de la concurrence : Ententes, réglementation Anti-Trust. - Rédaction de contrats de tous types : Licences, brevets, Know-how, joint-ventures et consortiums… - Droit commercial. - Droit des transports. - Liquidations des créances. - Droit pénal des affaires (notamment soupçon de blanchiment d’argent). - Droit du travail. - Représentation des clients auprès des agents gouvernementaux.


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De fil en aiguille, réussir en Turquie Osman MACIT SÖYLEMEZ, Avocat, Fondateur de Gayret Consultant Services

Osman Macit Söylemez a fondé Gayret Consultant Services en 1985, un cabinet conseillant de nombreuses entreprises françaises implantées en Turquie. Passionné autant d’histoire ottomane que de botanique, esprit fantasque mais aussi, avec un bon sens à toute épreuve, il est attiré par l’écriture. Ce qui explique le choix d’un ton romanesque pour relater ici une de ses premières affaires.

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groupe, puis à rénover entièrement ses locaux situés à Nisantasi… ce qui épuisa le capital de la société ! Sans hésiter, je mis mes propres économies à la disposition de mes nouveaux clients, et leur proposai, à des fins de sécurité, de conserver chez moi dossiers et correspondances sensibles. Le Ministère de la Santé reçut favorablement notre demande, mais la situation s’embrouilla quand il s’agit « ébut 1986, je croisai à Taksim un de récupérer les autorisations, le préjeune homme à l’air si préoccupé sident du groupe politique parlemenque je l’invitai à venir s’asseoir dans taire de la majorité s’y opposant. Nous le parc pour me dire ce qui le rendait si devions donc trouver nous aussi un élu soucieux. Après qu’il m’eut exposé son plus influent. problème, je lui suggérai 3 questions à Je parvins à rallier à notre cause un poser à son avocat et de revenir m’en des vice-présidents de la Grande parler le lendemain au même endroit. Assemblée Nationale Turque, membre Fidèle au rendez-vous, il me confia que du même parti. Nous rencontrâmes la réaction positive de l’avocat à mes le Ministre qui demanda l’avis questions l’avait convaincu de leur pertide son conseil juridique. Mais le nence. Le jeune homme, représentant directeur général du ministère et celui pour la Turquie d’une entreprise phardes affaires pharmaceutiques, acquis maceutique française, me proposa alors aux intérêts de la partie adverse, de me présenter à son directeur général ralentirent la procédure. des exportations. J’investis alors le minisLors de notre rencontre, tère. Je m’y rendais celui-ci me tendit un dos- Ainsi le lien de chaque matin plus tôt sier et me demanda de lui confiance et de que tout le monde et dire ce que j’en pensais. A sortais le soir le dernier, peine en avais-je com- solidarité avec le saluant tous ceux que je mencé la lecture que je client, l’audace et croisais et me montrant relevai la tête, surpris : la persévérance, attentif à leurs problè«Ce contrat vise à mettre sont-ils devenus mes. Les fonctionnaires fin aux relations entre les la marque de finirent par penser que cocontractants.» fabrique de Gayret j’étais un des leurs. Le «Comment se fait-il alors que le cocontractant ne Consultant Services. stratagème réussit si bien que le directeur du le comprenne pas ?», personnel me convoqua un jour pour s’étonna mon interlocuteur. «Il ne peut m’avouer que les hauts fonctionnaires pas le comprendre, lui répondis-je, du ministère redoutaient mon experticar il est probable qu’il ne le veuille se, «car ils en savent bien moins que pas.» vous». Devenu incontournable, j’étais Il était clair que l’entreprise turque partie convoqué à toute heure, parfois même au contrat usurpait des brevets (ruhsats) la nuit, pour prodiguer mes avis. du groupe sur la base de fausses Il me fut désormais facile d’obtenir déclarations. Il fallait donc rompre le une rencontre avec le directeur contrat, annuler les autorisations, et en général du ministère. La présence obtenir de nouvelles. Mais leur avocat se à mes côtés du vice-président de déclarait pessimiste. l’Assemblée, et l’objectivité de nos Ce fut entre nous le début d’une arguments, évincèrent de la réunion le fructueuse collaboration qui nous directeur des affaires pharmaceuamena à créer une filiale turque du

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tiques. Il nous fut ainsi possible de consulter enfin les pièces officielles du dossier, et de relever les informations qui nous faisaient défaut. De retour à Istanbul, il ne me restait plus qu’à consulter les archives notariales poussiéreuses pour prendre copie des originaux, dont le groupe n’avait aucune trace. Je notifiai ensuite par acte notarié au Ministère et à l’entreprise l’annulation des autorisations. L’ancien délégataire continuait toutefois à commercialiser illégalement nos produits, et il nous fallait obtenir de nouveaux ruhsats. Les conflits d’intérêt entre haute administration et ministres de la Santé successifs (pas moins de cinq du début à la fin de cette affaire) différaient constamment la décision. Aussi, lorsque le secrétariat personnel du Ministre m’avertit par téléphone que les ruhsats étaient à la signature, nous partîmes immédiatement à Ankara pour les recevoir des mains du directeur des affaires pharmaceutiques. Nous l’attendîmes toute la journée, puis le ministère se vida de son personnel, et, bien plus tard, les lumières s’éteignirent. Mais rien ne nous aurait convaincus d’abandonner la place. Nous trouvant dans le noir à une heure si tardive, le directeur général hurla qu’il n’était pas garçon de bureau, et qu’il fallait nous présenter au guichet le lendemain. A la première heure, nos cinq certificats étaient délivrés sans difficulté. Le soulagement fut tel, après de si longs mois d’incertitude, que nous tombâmes en larmes dans les bras l’un de l’autre. Il fallut ensuite trouver un nouveau sous-traitant turc pour la fabrication des produits, et ce fut mon rôle de proposer l’entreprise, et d’organiser le nouveau lien contractuel. Une opération qui s’est soldée par un plein succès, mais aussi par un rhume mémorable dû à la tempête de neige qui, ce jour-là, immobilisa notre bus et nous contraint à rentrer à pied sous le blizzard, mais les contrats signés en poche.»

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La Chambre de Commerce Française en Turquie Olivier GUILLAUME, Président

Raphaël ESPOSITO, Directeur

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uel rôle joue la CCIFT dans les échanges franco-turcs et quelle est sa représentativité? Créée il y a 125 ans, la CCFT est l’une des chambres de commerce françaises à l’étranger les plus anciennes. Cette antériorité illustre celle des relations franco-turques, denses depuis François 1er, et dont la tradition se perpétue aujourd’hui. C’est ainsi qu’en 2010, si 300 000 Turcs parlent actuellement notre langue. La Turquie accueille la seule université publique francophone au monde dans un pays qui ne l’est pas et une dizaine de lycées turcs francophones plus que centenaires qui dispensent des cours en français à plus de 10.000 étudiants.

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Depuis 125 ans, avec ses 450 adhérents et ses relations étroites avec la communauté d’affaires française en Turquie, la Chambre de Commerce Française en Turquie (CCFT) implantée à Istanbul est au cœur même de la relation d’affaires franco-turque. Précisions et éléments de contexte d’Olivier Guillaume, son Président, et de Raphaël Esposito, son Directeur.

Implantée au centre d’Istanbul, la CCFT compte près de 450 adhérents, dont deux tiers de sociétés turques et un tiers de groupes et PME français, qui peuvent ainsi échanger aisément. Un nombre important de dirigeants français qui en sont membres sont également conseillers du commerce extérieur de la France : la chambre se trouve ainsi au cœur des relations franco-turques en Turquie ; aux côtés notamment d’Ubifrance, de l’AFII, d’Invest in Turkey et des CCI en France, elle participe à l’Equipe de France de l’Export (1), tout en échangeant avec l’ambassade de France et son service économique basés à Ankara. A titre d’exemple, notre chambre a créée il y a quelques années un Club pays dédié à la

Turquie, avec quelque 25 CCI de France, réparties dans tout l’Hexagone, du Nord au sud, une initiative qui vise à la fois à informer et sensibiliser les dirigeants de PME et entreprises françaises. Le conseil d’administration, lui aussi franco-turc, désigne son président, alternativement, Turc et Français, auquel il confie un mandat de deux ans, une durée volontairement courte de façon destinée à stimuler la participation de ses adhérents. Nous sommes très attachés à cette alternance. La CCFT est membre de l’UCCIFE, l’Union des Chambres de Commerce et d’Industrie Françaises à l’Etranger, et tire l’essentiel de ses ressources des services qu’elle

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propose à ses adhérents et aux PME de France, grâce à une équipe de dix personnes, dont sept salariés et trois stagiaires, Français et Turcs.

10 ans, elle tient une Soirée consacrée au Beaujolais Nouveau dans les salons du Palais de France. S é m i n a i re s , ta b le s ro n d e s e t colloques, forums et stands sur les salons, ainsi que des rendez-vous de haut niveau et journées d’information avec des entreprises en France, figurent également à son agenda.

QUELQUES CONSEILS

• Le marché turc fonctionne par réseau(x) : travailler seul sur ce marché, sans intermédiaire local ou personnel turc, est difficile. • Ne pas entrer dans des débats sur des questions politiques ou sociopolitiques en Turquie qui pourraient générer des malentendus et nuire aux relations commerciales. • Le contact personnel et la relation de confiance sont une base indispensable. L’écrit est moins courant qu’en Europe Occidentale. Il est cependant conseillé de formaliser les pourparlers, au moins par une lettre d’intention. • Garder un contact personnel quasi-permanentt avec votre partenaire, votre distributeur ou votre agent. De bonnes relations avec un partenaire turc ne peuvent fonctionner que par contacts oraux réguliers et ne doivent en aucun cas se limiter à de simples échanges épistolaires. • Il est bon d’effectuer des visites régulières sur place pour motiver le distributeur ou l’agent

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Quelles sont ses missions essentielles? Elles sont au nombre de quatre. Si la CCFT anime la communauté d'affaires franco-turque en Turquie, elle assiste les entreprises françaises et turques dans leurs échanges p ro fe s s i o n n e l s , c o n t r i b u e a u d é v e lo p p e m e n t d e s re l a t i o n s commerciales bilatérales entre la France et la Turquie et constitue le porte-parole de la communauté d’affaires franco-turque. Parmi ses actions, citons notamment la publication d’une lettre mensuelle d’informations et d’un annuaire annuel des membres ; la diffusion d’offres d’affaires ; l’organisation d’un déjeuner-débat bimestriel sur un thème économique, financier ou stratégique, animé par une personnalité, ainsi que de différentes réunions techniques sur un thème ou une problématique.

Tous les ans, la CCFT remet également les Oscars du Commerce Franco-Turc, en présence de personnalités concernées par la relation économique bilatérale. Elle organise depuis plus de vingt ans un gala de prestige qui regroupe la plupart des adhérents et leurs invités du monde des affaires turc et français. Depuis

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Nos photos : ci-dessus et page suivante. L’un des grands temps forts de l’année 2010, pour la communauté d’affaires française en Turquie, a été le Forum France Turquie, associant les partenaires de l’Equipe de France de l’Export.

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de la France. Le pays a plusieurs grands atouts : le coût et la qualité de la main d’œuvre locale, la capacité d’adaptation et de réactivité de son vaste marché intérieur et de ses acteurs, un cadre d’affaires inspiré de modèles européens, une occidentalisation des habitudes de consommation, un besoin en technologie à forte valeur ajoutée. Compte tenu de sa situation géographique, il constitue une excellente plate-forme de réexportation vers les pays limitrophes. C’est aussi un pays jeune : deux tiers de ses 72 millions d’habitants ont moins de 35 ans (la moyenne d’age étant 29 ans), ce qui constitue un atout certain pour son économie. ©DR

En 2009, les investissements directs étrangers vers la Turquie ont fléchi ; avez-vous décelé chez vos adhérents français un certain repli ou de l’attentisme? Si la Turquie a pâti de la crise financière, elle l’a subie indirectement, dans la mesure où elle a été affectée par la baisse des importations et des investissements effectués par des entreprises internationales ou européennes, mais n’a pas du secourir ses banques. Elle a connu de ce fait une croissance négative de 4,7% en 2009, mais avec une reprise dès les premiers mois de 2010. Son PIB en 2010 doit être sensiblement égal à ce qu’il était en 2008. Tirant les leçons de la période passée, la Turquie a réorienté partiellement son commerce extérieur : l’Union Européenne ne représente plus que 50% des exportations turques, contre 60% il y a deux ans. La Turquie représente une destination très attractive, aux côtés du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine. Les investisseurs sont confiants dans la capacité du pays à connaître une croissance durable. De ce fait, nos adhérents n’y ont pas diminué leurs positions et ne se sont pas retirés du

pays. Cela a pu être le cas peut-être de certaines PME, peut-être certains projets ont-ils été différés. Mais il n’y a jamais eu recul des entreprises du CAC 40 en Turquie. Faut-il le rappeler ? L'offre française est bien accueillie sur ce marché ouvert et dynamique de 72 millions de consommateurs, situé à trois heures

Il existe en Turquie, outre deux lycées français à Istanbul et à Ankara, 9 autres lycées (6 à Istanbul, 2 à Izmir et 1 à Ankara, la plupart plus que centenaire) et une université publique turcs qui dispensent en grande partie leurs cours en langue française. C’est au total, plus de 10.000 élèves qui suivent tous les ans un enseignement bilingue de qualité. Le rayonnement de ces institutions en Turquie qui bénéficient d’une longue tradition française, est particulièrement important, comme en témoigne le nombre d’anciens élèves qui occupent des postes clés dans la société turque. Plus de 6.000 français vivraient en Turquie dont une très large majorité sur Istanbul (4.946 immatriculés au Consulat Général à Istanbul au 25/10/2010)

Est-il facile de comprendre le monde des affaires en Turquie? A quels aspects prêter attention? Le contact personnel est très important dans les transactions commerciales. Pour établir dans la durée la confiance dans les relations, il faut développer une relation personnelle avec son partenaire turc. L'exportateur français doit parfois faire face à des demandes précises et incessantes relatives à la documentation et au produit. Beaucoup d'importateurs et distributeurs turcs préfèrent des contacts directs avec le fabricant ou l'exportateur dès qu'ils pressentent qu'un intermédiaire compliquerait les transactions, entraînerait un moindre profit pour lui ou accentuerait la concurrence. En général, le Turc est moins direct que le Français. Il évite habituellement la confrontation et prend rapidement les décisions.

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Case réservée n° 2610


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La Turquie, terre d’opportunités François BERNARD, Directeur du bureau français de l’agence nationale Invest in Turkey.

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La Turquie est une destination très attractive pour les investisseurs étrangers, auxquels elle offre de nouveaux relais de croissance. Il faut y prendre ses marques dès maintenant. A la croisée d’une Europe prospère, mais recherchant une nouvelle croissance, et d’une Asie en plein essor, des principaux pays producteurs de matières premières – notamment énergétiques – et des plus gros consommateurs de ces ressources, la Turquie bénéficie d’une position stratégique incomparable. Si son économie est solide, sa diplomatie est elle aussi facteur de confiance, contribuant à la stabilité régionale. Pour faire connaître ces atouts, le Premier Ministre turc a créé fin 2006 une agence dédiée à la promotion et au soutien à l’investissement, Invest in Turkey.

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Opérer en Turquie c’est bénéficier d’un accès privilégié à de nombreux marchés porteurs, mais aussi à certains marchés peu explorés, comme les anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale, la Syrie, l’Irak ou l’Iran. Un autre avantage réside dans le fait que les managers turcs défendent efficacement les intérêts des entreprises françaises dans ces pays, compte tenu de leur proximité géographique et de leur flexibilité.

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Istanbul Moderne de nuit en 2010

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omment caractériser la Turquie aujourd’hui ? Au cours de ces dernières années, le pays a bénéficié à la fois d’importantes réformes structurelles et de la montée en puissance du secteur privé. Chaque année, un million de Turcs arrivent sur le marché de l’emploi, forts pour 400 000 d’entre eux d’une formation supérieure, de niveau Bac + 3 à Bac + 5.

De ce fait, les investisseurs internationaux bénéficient dans le pays de ressources humaines hautement qualifiées. La population, avec 72 millions d’habitants, est majoritairement jeune ; l’âge moyen représente 28,5 ans. Après avoir vu tripler leur pouvoir d’achat en six ans, les Turcs souhaitent consommer des biens et services de qualité. Aussi, le marché intérieur apparaît-il très dynamique.

Quel a été le principal obstacle rencontré lors de la création du bureau de l’Agence Invest in Turkey en France ? L’image de la Turquie en France n’est pas conforme à la réalité ; il existe un décalage dans la perception du pays, lié à des facteurs sociaux, politiques et culturels comme à ses changements, rapides et profonds, depuis trente ans. La Turquie du début des années 2000 était très différente de celle que j’ai découverte à la fin des années 1970, mais n’est déjà plus comparable à celle de 2010 ! Ce manque de connaissance alimente les clichés. Certaines entreprises françaises ignorent que la Turquie constitue une destination stratégique pour leurs exportations ou investissements. Quelle est la mission de l’Agence Invest in Turkey dans le cadre de l’accueil des investissements internationaux en Turquie ? Nous avons souhaité, dès le début de notre activité en France, proposer une autre approche du pays. France 4 E TRIMESTRE 2010

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©Murat Ulker

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Université de Galatasasay

Jusqu’en 2002, la Turquie attirait moins d’un milliard de dollars d’investissements annuels. La mission confiée par le Premier Ministre Turc, M. Erdogan, à l’agence Invest in Turkey, présidée aujourd’hui par Dr Hüseyin Aslan, est d’augmenter ces flux. L’agence, point central d’assistance aux investisseurs internationaux («one stop shop»), composée de collaborateurs polyglottes et expérimentés à l’international, compte des représentants là où se trouvent les investisseurs potentiels. Ces derniers sont donc pris en charge dans leur approche concrète du marché. L’Agence les aide en amont de leur projet et les suit tout au long de sa mise en œuvre. Depuis janvier 2007, date début de ses activités, Invest in Turkey a traité près de 2 000 dossiers et aidé près de 1 400 entreprises, quelle qu’en soit l’activité ou la taille, des groupes aux PME. En effet, tous les dossiers sont éligibles et peuvent bénéficier de son aide, confidentielle et gratuite, sans différence de traitement. A titre d’exemple, nous avons travaillé récemment sur deux projets, l’un représentait un investissement d’un million d’euros, l’autre générera près de 750 millions d'euros d'investissement direct en Turquie ! Toutes les entreprises peuvent avoir besoin de l’expertise de l’Agence, même si ce sont principalement les PME qui ont recours à ses services. L’une de ses missions consiste à comprendre la stratégie de l’investisseur, à l’accompagner dans ses démarches, à le conseiller, à la lumière de l’expérience acquise en matière d’implantations industrielles XXVIII

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et, s’il le faut, à intervenir auprès des administrations pour résoudre les éventuels blocages ou problèmes administratifs qui pourraient constituer un frein. En effet, nous avons également pour mission de faire connaître aux décideurs concernés en Turquie les retours d’expérience issus du terrain. Ces données constituent autant d’indications pour améliorer les procédures et les règlements et renforcer l’attractivité du pays. Les entreprises aidées par Invest in Turkey appartiennent à presque tous les secteurs de l’économie, même si certains sont particulièrement représentés, notamment l’énergie - dont l’énergie renouvelable - le textile, l’automobile - secteur très dynamique en Turquie - la chimie, l’informatique ou l’agroalimentaire. Les entreprises françaises qui ont fait le choix de la Turquie s’y sentent bien, y restent et y développent leurs projets, entraînant dans leur sillage partenaires et sous-traitants ! Dans certains cas, leur présence industrielle en Turquie permet de préserver les emplois en France. Quelles sont les mesures en faveur des investisseurs internationaux ? Les mesures mises en place par le Gouvernement turc pour les investisseurs internationaux sont également à la disposition des entreprises turques ; internationales ou domestiques toutes ont des droits identiques ! Il existe à la fois des mesures générales telles que les exonérations de droits de douane ou de TVA sur les équipements importés, et d’autres, plus spécifiques, en fonction des

régions, concernant des secteurs ciblés comme prioritaires et/ou stratégiques ou des grands projets, créant de nombreux emplois. D’autres dispositifs concernent des projets en Zones d’Activité Spéciales comme les Technoparcs (zones de développement technologique), les Zones Franches qui représentent une opportunité pour les entreprises internationales utilisant la Turquie comme base de production avant ré e x p o r t a t i o n , o u l e s Z o n e s Industrielles Organisées qui réunissent, en un lieu unique, des conditions optimales. Depuis 2008, Invest in Turkey a mis l’accent sur la politique de soutien à la recherche et au développement (R&D), objectif prioritaire pour le gouvernement turc, qui lui consacre différentes mesures et ambitionne d’allouer 2% du budget national à cette priorité. Pour cette raison, de nombreux groupes ont fait de la Turquie l’un de leurs partenaires privilégiés tant dans des activités de haute technologie que dans le domaine de la recherche et du développement. En Turquie, tout va très vite ; le pays se développe et se donne les moyens de le faire dans les meilleures conditions. Aujourd’hui classé au seizième rang mondial en terme de puissance économique, la Turquie sera, selon certains observateurs internationaux tels le Cabinet Price Waterhouse Coopers ou la banque d’investissement Goldman Sachs, au dixième rang des puissances mondiales d’ici 2050. Il faut donc y prendre ses marques dès maintenant.

www.invest.gov.tr


©Denis Bachalew

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Istanbul accueille 70% des Investissements Directs Étrangers (IDE) venus de France

«En Turquie, de nouveaux marchés à conquérir» Jean LEMIERRE, Président du Conseil Franco-Turc des Hommes d’affaires

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Le conseil franco-turc des hommes d’affaires met en relation les chefs d’entreprises français, avec leurs homologues en Turquie. Il constitue un outil privilégié de liaison entre manageurs français et turcs.

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ean Lemierre, vous présidez le Conseil Franco-Turc des Hommes d’affaires. Quelles relations développez-vous avec vos partenaires au sein de cette enceinte ? Nous entretenons une relation très étroite avec le DEIK (Foreign economic Relations Board) avec qui nous l’avons créé en 1987. Je souhaite d’ailleurs vous préciser que c’est l’un des premiers groupes d’hommes d’affaires fondé par Medef International. Il a tenu un rôle majeur dans la relation écono-

mique franco-turque, qui nous a permis de soutenir les entreprises et les investissements français alors même que la relation politique était parfois délicate. Tout au long de ces années, nous avons noué des liens très forts avec la Tusiad (Turkish industrialists’ and businessmen’s Association), qui est membre de Businesseurope, le «Medef» européen, et dont la nouvelle présidente, Ümit Boyner, est venue intervenir à l’université d’été du Medef en septembre 2010.

A travers les crises, nous avons su créer un dialogue franc et constructif qui participe certainement au succès des entreprises françaises en Turquie. Quelles sont donc les actions précises menées par Medef International avec la Turquie ? Le but du Conseil Franco-Turc des Hommes d’affaires est, par des actions concrètes, de mettre en France 4 E TRIMESTRE 2010

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relation les chefs d’entreprise français, avec les décideurs publics et privés de Turquie. Ainsi, nous nous déplaçons, à peu près tous les 18 mois, en Turquie, avec une trentaine de sociétés de toutes tailles, de toutes régions et de tous secteurs. Certaines d’entre elles sont déjà implantées en Turquie, d’autres viennent rencontrer des partenaires potentiels. A Ankara et Istanbul, nous rencontrons les plus hautes autorités politiques et économiques turques et nous avons également des réunions avec nos homologues et partenaires que sont la Tusiad et le Deik, afin de favoriser les échanges e n t re e n t re p r i s e s t u rq u e s e t entreprises françaises. Notre dernière délégation remonte au mois de septembre 2010, nous espérons maintenant une visite re to u r d e n o s p a r te n a i re s e t homologues pour 2011… Lors de notre dernière rencontre, nous avons souhaité mettre l’accent sur trois points qui nous paraissent primordiaux et que nous tenterons donc de développer à l’occasion de

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nos prochains évènements. Tout d’abord, les messages à l’attention du G20. Comme vous le savez, le B20 (G20 business) est en train de développer une action auprès des gouvernements afin de structurer les attentes des entreprises. Nos collègues turcs ont un rôle important dans ces débats, cruciaux pour l’avenir des entreprises. Ensuite, nous avons choisi de mettre l’accent sur les partenariats entre les entreprises françaises et turques pour conquérir et s’implanter des marchés tiers comme l’Asie centrale et le Caucase entre autres, et sur les investissements croisés, et plus particulièrement sur les investissements turcs en France. A Paris ensuite, nous recevons très régulièrement des délégations venues de Turquie : membres du gouvernement en visite d’Etat, officielle, de travail ou privées, ainsi que regroupant des chefs d’entreprise. Ainsi, récemment à l’occasion de la Saison de la Turquie, nous avons eu le privilège et le plaisir de recevoir au Medef le président Abdullah Gül en octobre 2009 puis le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan en avril 2010. Pour chacune de ces rencontres, plus de 300 entreprises françaises avaient répondu présentes, signe du grand intérêt et des excellentes relations économiques et commerciales entre nos deux pays. Justement, pouvez-nous nous dresser un état des lieux des relations économiques et commerciales entre Paris et Ankara ? Je commencerai par rappeler une évidence : la Turquie est un partenaire majeur de la France. Celle-ci est ainsi le quatrième client et le sixième fournisseur d’Ankara pour un total d’échanges d’environ 5,7 milliards d’euros pour le premier semestre 2010 (aux alentours de 11 milliards en 2008, 10 milliards en 2009) et une part de marché dans les importations turques de 4,5 %. Nous restons mobilisés afin de remplir l’objectif fixé d’atteindre 15 milliards d’euros d’échanges en 2012 même s’il semble difficile à atteindre puisqu’en base annuelle le chiffre 2010 se situerait à 11,5 milliards d’euros. Et, en termes de stocks, la France était, à la fin de l’année dernière, le troisième investisseur en Turquie avec 11,5 milliards de dollars, derrière les Pays-Bas et l’Allemagne, avec 8,6 %

du stock global d’IDE en Turquie et 10,6 % du stock européen. En termes de flux, la France occupe, en 2009, le 3ème rang des investisseurs étrangers derrière les PaysBas et l’Autriche. Au cours du premier semestre 2010, la France occupait le deuxième rang des investisseurs étrangers avec 236 millions de dollars. Combien d’entreprises françaises sont implantées aujourd’hui en Turquie ? Et dans quels secteurs en particulier ? L’essor des investisseurs français en Turquie remonte à la deuxième moitié des années 80. D’une quinzaine de sociétés françaises implantées à l’époque, nous en sommes à plus de 300 aujourd’hui ! Toutes tailles et tous secteurs confondus, elles emploient environ 70 000 personnes en Turquie. Concrètement, sur le plan géographique, il est à noter qu’Istanbul est la région d’accueil de la majorité des investissements français, avec environ 70 % du total. Les 30 % restants se situent dans les régions d’Ankara (10 %), de Kocaeli (5 %), d’Izmir (5 %) et de Bursa (4 %). D’un point de vue sectoriel ensuite, plus de 50 % des implantations françaises ont une activité de type industriel. Enfin, en termes de structures locales, 68 % ont le statut de filiale, tandis que 20 % et 9 % ont choisi de créer une co-entreprise ou d’ouvrir un bureau de représentation. J’ajouterai que si la présence française est assez récente – si l’on fait notamment une comparaison avec les entreprises allemandes ou italiennes – , elle est en revanche très visible dans la vie quotidienne : automobile, grande distribution, agro alimentaire, services bancaires et financiers, secteur énergétique, pharmaceutique, etc. Les entreprises françaises sont donc déjà très nombreuses en Turquie. Quels sont leurs atouts ? Reste-t-il encore des marchés à conquérir ? Les atouts et le savoir-faire des entreprises françaises, l’image des produits français sont connus : technologie, fiabilité, sérieux, formation. Et en Turquie, comme ailleurs dans le monde, les sociétés de l’Hexagone ont bien entendu encore des marchés à conquérir.


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En Turquie, Arkas développe ses services notamment vers l’Anatolie, contribuant à l’ouverture internationale de cette partie du pays.

«Une offre intégrée de transport, anticipant l’évolution des 20 ans»

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Lucien ARKAS, Président d’Arkas Holding

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Au cœur des échanges de marchandises, Arkas Holding étend ses activités également à la logistique et au tourisme. Avec 5 645 salariés, ce fleuron du capitalisme turc participe activement à l’ouverture internationale de l’Anatolie, par son offre de transports. Pour Lucien Arkas, son président, tout capitaine d’industrie doit aussi être visionnaire. Il faut anticiper les besoins futurs. Dans un marché global qui se redresse lentement, le groupe poursuit son déploiement.

rkas est l‘un des principaux opérateurs de transport maritime de Turquie ; quel est le profil de ses activités? Arkas a plus d’un siècle d‘existence. Aujourd’hui, Arkas Holding constitue une chaîne de services intégrés. Après avoir diversifié nos activités, nous offrons des prestations logistiques ; du transport maritime à la gestion portuaire, de l’approvisionnement en soutes au tourisme de croisière.

Nous avons noué des relations de coopération avec de grands opérateurs du secteur. Avec notre société «Arkas Line», nous proposons un réseau de lignes régulières en Mer Noire et en Méditerranée. Nos 45 sociétés emploient 5000 personnes en Turquie et 645 à l’étranger. Notre flotte marchande se compose de 30 porteconteneurs et de trois navires ravitailleurs. Nous opérons, depuis mai 2010, un premier navire d’une capacité de 2500

EVP(1), parmi les plus grands porteconteneurs de Turquie ; le second nous sera livré par le chantier allemand de Stralsund en mai 2011. Forte de 41 bureaux dans 19 pays, y compris la Turquie, Arkas détient la plus grande flotte de porte-conteneurs de Turquie. Quels sont ses points forts, techniques et opérationnels? Notre développement repose sur l’anticipation - nous investissons

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pour accompagner l’évolution des besoins de nos clients. En tête de nos points forts se trouvent notre offre de services intégrés, plus d’un siècle d‘activité commerciale, nos partenariats ré u s s i s e t n o t re e x p é r i e n c e internationale. Opérateur global, nous intégrons toutes les phases du transport d’une marchandise, dont nous assurons la prise en charge, par voie maritime, routière, ferroviaire et aérienne, selon les intérêts de nos clients. En outre, nous répondons aux besoins logistiques, d’exploitation portuaire, d'entreposage et de services de transitaire. Notre offre intégrée fait la différence par rapport à nos principaux concurrents. Nous continuons à nous structurer en Méditerranée et Mer Noire, dans 14 pays : Grèce, Italie, Monaco, Espagne, Algérie, Maroc, Égypte, Liban, Syrie, Bulgarie, Roumanie, Ukraine, Russie, Géorgie. Depuis plus de dix ans, nous avons orienté nos investissements à l’étranger afin d’y assurer des liaisons régulières. Nous y gérons nos activités dans nos bureaux, et, à défaut dans certains pays, collaborons avec des agences locales qui représentent notre compagnie maritime, Arkas Line. XXXII

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Selon le cas, nous établissons nos bureaux indépendamment ou en partenariat. Ainsi, en Turquie, une joint-venture nous lie aux acteurs maritimes mondiaux MSC, HapagLloyd, Yang Ming. En Turquie comme à l'étranger, outre Arkas Line, nous représentons des sociétés telles que Hapag-LloydHamburg, Hamburg Süd-Hamburg, Hanjin-Seoul, PIL (Pacific International Line)-Singapore, Grimaldi Lines-Naples, ACL (Atlantic Container Line) New York, Yang Ming-Taipei, Tarros-La Spezia et DAL (Deutsche Afrika Linie)-Hamburg. Dans vos activités, comment chiffrer l'impact de la conjoncture internationale? 2009 fut difficile, mais nous avons pris des mesures et fini l’année sans dommages. Le commerce mondial s’améliore, nous anticipons une augmentation du flux d’import-export vers la Turquie. Quant au transport en conteneurs, l’amélioration sera plus lente, il faudra que le secteur financier et commercial s’améliorent.

Pour l'avenir, comment voyez-vous évoluer votre société? Nous observons des plans sur cinq ans, planifiant nos investissements aussi à long terme. Nous avons à nouveau accéléré nos investissements. Parmi nos grands projets, à l’étranger, nous voulons développer notre organisation en Méditerranée et Mer Noire. En Turquie, nous mettons en œuvre le «Projet Arkas Anatolie». Il vise à assurer un service plus économique aux industriels et aux investisseurs en reliant les villes d’Anatolie aux ports. La réduction des coûts grâce à l’intégration des transports maritimes, ferroviaires et routiers, contribuera à l’ouverture internationale accrue de l’Anatolie.

(1) L’unité de mesure de la conteneurisation Équivalent Vingt Pieds (TEU = Twenty Équivalent Unit).

Pour plus de détails : www.arkas.com.tr


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Energy and transport : strong growth of Turkish market Gilberto RICCOBONO, Country President , Alstom Turkey

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Alstom is a key contributor to the energy and rail transport infrastructures in Turkey. Historically very active in the country, Alstom has supplied key equipment for more than 50% of Turkey’s 45 GW installed capacity, 50 % of the installed transmission base of TEIAS and successfully performed several key railway projects.

an you summarize the presence of Alstom in Turkey ? ALSTOM started its activities in the 1950s, both in power generation and railway transport, and successfully contributed so to the country socioeconomical development. More than a long lasting business partner, Alstom is today an economical contributor, with 1200 employees in Turkey and 85% of the 450 million euros revenues of the Gebze factory devoted to export in 2009. This plant is ranked 39th among the top 500 national companies, is one of the most modern high-power transformers factories in the world and is the only Alstom unit producing special electric arc furnace transformers for heavy industrial applications.

Besides the manufacturing activity, Alstom has a local team of experts engineering and managing turnkey power transmission projects in the entire region; a Service unit, capable to perform any kind of maintenance or upgrading of thermal power plants as well as a team engineering, tendering and executing electromechanical works for hydro projects. What are your main references in Turkey ? In Turkey, Alstom supplied systems that are still in the memories: in power generation the hydro generators of the Atatürk dam (the biggest hydro power plant in Turkey and one of the biggest in Europe); in power transmission, the two largest special transformers manufactured to date

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requirements and to contribute so to the energy security and capacity of Turkey. The ongoing investments provide to Alstom Grid a huge potential also in power transmission. The investment plans in railway transport are booming: the Turkish National Railways plan to invest 20 billion of US dollars by 2023, the investment program of Istanbul Municipality includes four metro projects, several other Municipalities have tramway or metro projects.

What’s the specific potential of Turkey concerning your activity ? Due to its fast economic growth, Turkey needs to increase its installed capacity. Concurrently the existing plants need to be maintained and/or upgraded to the new environmental standards. Alstom Power, as a leader in clean power solutions, is capable of meeting these various market

What are your advantages on the Turkish Market ? Our global strategy, based on offering a wide and complete portfolio of high quality and innovating products, and our capacity to provide complex solutions on a turnkey basis, perfectly fits our activities in Turkey. Our long-lasting presence, with sound local expertise and service activities, also position us very well to respond to the market needs.

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in the world were produced in Gebze; in transport our references include more than 460 locomotives and 100 Electric Multiple Units for the National Railways, the construction of Istanbul’s first Metro line (including 32 metro cars) and the current delivery to Istanbul of 80 metro cars and 37 tramways.

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Today which challenges appear in front of you ? Due to its dynamism, the Turkish market is appealing our competitors, especially the Asian ones, which are locally particularly aggressive. We have therefore to be pro-active in demonstrating the “value-for money” that we offer. Moreover we’ll have to develop our contribution to Turkey by enhancing our local presence, making Turkey a cornerstone of Alstom development in the region.


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Creating high value in the growing Turkish market Ali KANÇAL, CEO, Alcatel-Lucent Teletas

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For Alcatel-Lucent, Turkey has a large potential in terms of technical know-how and qualified workpower. It’s a key country for the group, explains Ali Kançal, CEO AlcatelLucent Teletas.

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an you give information on Alcatel-Lucent? Alcatel-Lucent is the trusted transformation partner of service providers, enterprises, strategic industries such as defense, energy, healthcare, transportation, and governments worldwide, providing solutions to deliver voice, data and video communication services to end-users. A leader in fixed, mobile and converged broadband networking, IP technologies, applications and services, Alcatel-Lucent helps customers transform to a more dynamic communication infrastructure through reliable, end-to-end and business critical communication solutions. Alcatel-Lucent Teletas, with a workforce of 650 employees, renders services to service providers, enterprises and governments, and enables them to offer their end users technological solutions, voice, data and video transmission services over fixed or mobile platforms. With its international service group consisting of 32 teams, Alcatel-Lucent Teletas has become one of the important support and R&D centers in new technologies such as IP, DSL, IPTV, NGN, VoIP, IMS, FemTo-Mobile, offering a comprehensive professional service set ranging from consultancy to design, complex integration to deployment, operational to business support of next generation networks, from IPTV to installation of security systems, IP/PSTN transformation and maintenance to operational support and partial and complete outsourcing. Can you explain Alcatel-Lucent’s strategy? Application Enablement is an industry vision and network approach that

combines the trusted capabilities of network operators and the speed and innovation of the web to provide end users and enterprises what they demand: a richer and more trusted web experience and beyond. Through a strategic focus on application enablement, Alcatel-Lucent is helping its customers create new value by exposing their network capabilities in a managed and controlled way, facilitating new business models and improving return on investment. Alcatel-Lucent’s Application Enablement strategy aims at not only improving the web experience of consumers and employees, but also increasing the return on investment for our customers. To reach this goal, Alcatel-Lucent combines the reliable network capabilities such as security, accuracy and quality with the creativity of application and content providers. And this situation requires providing an Application Enablement environment that enables hundreds of content providers to create websites in line with end user needs. What kind of a transformation must service providers realize in their network architectures to comply with this strategy? Within the frame of this strategy, service providers must transform their networks into Alcatel-Lucent’s High Leverage Network™ (HLN) architecture. The Alcatel-Lucent High Leverage Network™ (HLN) architecture addresses the dual challenges of simultaneously scaling and managing network capacity to meet increasing bandwidth demand while delivering differentiated, revenue generating services. It achieves this by delivering scalable bandwidth at the lowest cost per bit and by embed-

ding intelligence in the network to enable dynamic service creation and delivery. The foundation for the Alcatel-Lucent Application Enablement vision, the HLN architecture collapses multiple complex costly overlay networks into a simpler, fully optimized network that leverages technical innovations and embraces existing environments. High Leverage Network™ (HLN) architecture offers high bandwith, always-on operation, application/ service compliance, scalability, reliability and flexibility, low cost, ecological sustainability, multiservice, openness and collaboration, reliable and special structure. Can you give information on your operations in mobile technologies? Mobile communication technologies develop rapidly. Soon after 2G and 3G, we have begun to talk about 4G (LTE). Alcatel-Lucent New Generation Wireless Broadband offers the industry’s largest end-to-end LTE solution, and brigns new revenue resources and innovative business models for our customers. Providing professional services and the best-in-class platforms, our solution includes an end-to-end LTE network architecture, tested and approved new wireless services, a rich and open device/application ecosystem and ng Connect Program’s service partners. Alcatel-Lucent is a world leader in LTE with over 40 LTE customer trials. Our LTE solution is used in field tests of large operators such as Verizon Wireless, AT&T, Cox (USA), Telefonica (Spain), FT/Orange, Bouygues Telecom, SFR, (France), Telecom Italia (Italy), Etisalat (UAE), Singtel and China Mobile (Asia Pacific), STC France 4 E TRIMESTRE 2010

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(Saudi Arabia), MTS (Ukraine), Telenet (Begium). At this point, I would like to mention Alcatel-Lucent’s two important initiatives. The ng Connect Program, where Alcatel-Lucent is a founder, manages an open LTE ecosystem consisting of device manufacturers, content providers and application partners. With the ng Connect Program and Alcatel-Lucent’s endto-end LTE solution, wireless broadband operators benefit from open innovation, pre-integrated solutions, faster access to market with LTEenabled services and the ability to use non-traditional business models. The number of members of the ng Connect Program more than doubled in two years, reaching 37. Another initiative is LTE Connected Car. Offered by the ng Connect Program and equipped with in-vehicle broadband connection, this car represents an exciting new potential revenue opportunity for network operators, automotive suppliers and application providers, and sets the stage to usher in a new era of richer and personalized in-car end-user experiences. This solution concept car offers a comprehensive menu of futuristic entertainment, infotainment, security and driving-related features that can be sampled in the vehicle. Alcatel-Lucent has a powerful global service group. What does this group do? Alcatel-Lucent offers the methodologies, support and expertise required to migrate any network, whether wired or wireless, to an IP/NGN/IMS-based technology. Alcatel-Lucent Services Group is a trusted partner of 30 large service providers and over 100 companies in more than 130 countries. Alcatel-Lucent offers design, integration, application and management services for complicated, multi-technology and multi-vendor projects in a constantly changing environment, helping customers with their transformation initiatives. With our application approach that aims at reducing complexity in every stage of network lifecycle, we implement reliable networks focused on customer needs and based on best applications. By working with Alcatel-Lucent’s professional team, companies can reduce risks, improve skills and increase market mobility. Today, IT and network services converge each day. As a network

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integrator, Alcatel-Lucent closes the gap between these two technologies, and adds value to global customers through its IT experience, network expertise and strategic cooperations such as HP partnership. Besides, our team ensures that business criteria such as go-to-market time, new revenue resources and risk management are met through our processes and technologies. Alcatel-Lucent is a leader in IPTV access and middleware. We are number one in service transformation and subscriber data integration. We support more than 5 million subscribers worldwide. This corresponds to more than 18 percent of all IPTV subscribers across the world. We realized 80 mobile multimedia applications with live traffic. We have more than 100 Certificated Information System Security Professionals (CISSP), over 400 RF engineers and 1,000 PMP Certificated Project Managers. We have invested more than 75 million Euros in IP transformation centers in the USA, Belgium, Singapore and India. Alcatel-Lucent implements and manages over 100 programs for the world’s largest and complicated networks every year. What can you say about your service team in Turkey? Turkey has a large potential in terms of technical know-how and qualified workpower. Turkish engineers participate in successful projects all over the world. Alcatel-Lucent is ready more than ever to utilize the opportunities offered by Turkey with regard to advanced technology and engineering resources. Nearly 400 Turkish engineers who participated in international projects last year supported Alcatel-Lucent’s global technical support, R&D, integration and transmission projects. Our R&D center contributed to Femto, HLR, IN, Payment Systems, Touchatag RFID-based application development projects in 2009. In 2009, our International Technical Support Group, the largest in the EMEA region, solved nearly 10,000 problems encountered by operators in 165 countries regarding 130 distinct products, providing high customer satisfaction. What projects do you have in your future roadmap for Turkey? We expect that investments in fiber access (FTTX) on the part of fixed net-

work operators and in mobile backhaul -namely IP and optics- on the part of mobile operators will gain momentum to meet Turkey’s increasing bandwith need. We think the Femtocell technology will spread among mobile operators, and investments will increase. Due to the increase in data traffic, IP transformation has become more important than ever for our customers. In parallel to our Application Enablement vision, we believe that operators will open their network values and capabilities to media and advertising companies, third-party application developers and similar channels in a controlled way in 2011, creating new revenue resources. At Alcatel-Lucent, this issue was the focus point of R&D and purchasing investments globally in the last two years. Gaining more power with re c e n t P ro g r a m m a le We b a n d OpenPlug acquisitions, AlcatelLucent proved its superiority by becoming the telco provider with the highest grade in the specification test conducted by WAC (Wholesale Applications Community) in the summer of 2010. In the upcoming period, we will increase our R&D investments in Turkey. Our goal is to become more competitive by increasing our share in Alcatel-Lucent’s global R&D works. We believe that our successes in Turkey will continue with our powerful technical team and advanced technology infrastructure. Alcatel-Lucent is keen on green IT as well. The Green Touch™ initiative, pioneered by Alcatel-Lucent, aims at creating a green and more sustainable communication in future. Green Touch™, a global consortium organized by Bell Labs, aims at creating the technologies needed to make communications networks 1000 times more energy efficient than they are today. A thousand-fold reduction is roughly equivalent to being able to power the world’s communications networks, including the Internet, for three years using the same amount of energy that it currently takes to run them for a single day. With our advanced technologies and expertise services, we aim at meeting customer needs with the most effective, rapid and efficient solutions i n t h e g r o w i n g Tu r k i s h a n d Azerbaijan markets, thus creating high value.



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Exporter la technicité française en matière de gestion de grands réseaux de transport d'électricité haute et très

haute tension Guy STALENS, Chargé de Mission au Service des Relations Internationales et du Développement (SRID)

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La Turquie s'apprête à rejoindre l'Europe de l'électricité, placée sous le contrôle des gestionnaires des réseaux de transport haute et très haute tension des différents Etats. RTE, par l'intermédiaire de sa filiale dédiée, RTE International, lui apporte son concours, tout en exportant largement son savoir-faire en d'autres points du globe. Entretien avec Guy STALENS et Nathalie BAUMIER, Chef du Pôle Contrats Internationaux à SRID

TE, en tant que gestionnaire des réseaux de transport haute et très haute tension, assume en France des missions essentielles, garant de l'équilibre entre l'offre et la demande et de la sécurité d'approvisionnement en électricité. Comment intervient-il à

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l'international, avec quelles structures et quels objectifs ? RTE (Réseau de Transport d'Electricité), a été créé en 2005 en tant que société distincte d'EDF, filiale détenue totalement par celle-ci. La loi l'a institué en tant que gestionnaire du réseau de transport de l'électricité français,

qu'il exploite, maintient et développe. Il est garant du bon fonctionnement et de la sûreté du système. RTE intervient sur les 100 000 km de réseaux à haute et très haute tension ; ceux à moyenne et basse tension destinés à la desserte locale, urbaine ou rurale, relèvent des ges-


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tionnaires de réseaux de distribution. Les activités internationales de RTE sont de deux ordres.

Les ventes de prestations Conformément aux règles en vigueur dans le secteur de l'énergie en Europe, mises en place en France sous l'égide de la CRE (Commission de Régulation de l'Energie) et à la séparation entre les activités régaliennes et commerciales, RTE propose son savoir-faire à l'étranger par l'intermédiaire d'une filiale dédiée, RTE International. Pour réaliser ses prestations, RTE

International fait appel aux experts de RTE. Depuis sa création, RTE International a travaillé sur différents projets dans le monde : en Asie du Sud Est, en Europe de l'Est, au Maghreb, au Moyen Orient et en particulier en Afrique sub-saharienne….

Quelle est la situation de la Turquie en matière de réseau électrique ? Quelles sont les relations entre RTE et TEIAS, le gestionnaire de réseau de transport d'électricité en Turquie ? (1) La Turquie souhaite poursuivre son intégration au sein du marché de l'électricité européen, en interconnectant son réseau avec le système électrique européen, via la Grèce et la Bulgarie. Dans cette perspective, RTE et le gestionnaire de réseaux turc, TEIAS, coopéraient depuis 2006, dans le cadre d'un contrat de jumelage financé par l'Union européenne. Les deux compagnies ont ainsi partagé et renforcé l'expérience de leurs experts dans la plupart des domaines relatifs à la gestion d'un grand système électrique pendant deux ans. (1) TEIAS, l'équivalent turc de RTE, gère plus de 45 000 km de lignes à haute tension et très haute tension et est détenu par l'état turc à 100%.

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La gestion des interconnexions L'interconnexion transfrontalière en haute et très haute tension permet de faire face instantanément à des fluctuations de consommation comme à des pannes et difficultés d'alimentation. Mais elle nécessite la confiance mutuelle entre gestionnaires de réseaux. En Europe, elle représente une réalité depuis plus de 50 ans. Avec ses homologues, RTE construit des dispositifs techniques et économiques permettant d'organiser le marché européen et de fluidifier les échanges. Cette coopération accroît la sûreté des réseaux électriques et améliore la sécurité d'approvisionnement. Elle représente un enjeu majeur, notamment, compte tenu de deux évolutions récentes. La dérégulation des marchés européens de l'énergie, en multipliant les acteurs impliqués dans la vie du système électrique, réduit la visibilité dont disposent les gestionnaires de réseaux dans les différents pays d'Europe. La proportion croissante de l'électricité issue de sources renouvelables constitue aussi un élément préoccupant. Ces

deux facteurs émergents compliquent singulièrement le maintien de l'équilibre général du système interconnecté européen, renforçant le rôle des gestionnaires de réseaux de transport, dans les différents pays. La France a été historiquement l'un des grands acteurs de la construction de l'Europe de l'énergie. Dans ce domaine, le savoir-faire français est reconnu. RTE assume des activités importantes au sein des organisations européennes et internationales : le CIGRE (Comité International des Grands Réseaux Electriques), le VLPGO (Very Large Power Grid Operator), l'UCTE (Union pour la Coordination des Transporteurs d'Electricité) et l'ENTSO-E (European Network of Transmission System Operators for Electricity).

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TEIAS et RTE sont liés également depuis peu par un accord-cadre de coopération. Il concerne particulièrement l'accompagnement du changement lié à l'ouverture du secteur, la sécurité et qualité d'approvisionnement, les techniques de conduite opérationnelle et la mise en oeuvre de formations. Il contribuera à la création en Turquie d'un marché de l'électricité en accord avec les directives européennes, y compris sur les aspects institutionnels, organisationnels et structurels : enchères sur les interconnexions électriques, mécanismes d'ajustements, bourses de l'électricité, etc… Cet accord confirme la reconnaissance internationale de RTE en matière de gestion des grands systèmes électriques et d'organisation du secteur. Depuis 2001, RTE s'est engagé ainsi avec une vingtaine de gestionnaires de réseau de transport ou compagnies électriques, en Asie, en Amérique du Nord, en Afrique et en

Europe, à travers une soixantaine de contrats de prestations.

RTE est aussi impliqué dans la construction du marché euroméditerranéen d'électricité. Quels sont les enjeux en présence à ce niveau ? La réalisation d'une boucle méditerranéenne, tout en améliorant la sûreté électrique, sera un élément important de la construction du marché euroméditerranéen de l'électricité. L'électrification du continent africain doit se poursuivre selon deux directions : verticalement, en poursuivant l'effort pour permettre l'accès du plus grand nombre à l'électricité, et horizontalement, en favorisant l'interconnexion entre les pays africains. Dans ce contexte, RTE est impliqué dans les études et essais visant à interconnecter entre eux les pays du bassin méditerranéen. Parallèlement, l'initiative française pour le développement des réseaux méditerranéens (Medgrid) vise à

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favoriser à la fois le développement de l'énergie renouvelable couvrant les besoins liés à la forte croissance des pays du sud méditerranéen et la valorisation à l'export des surplus de production passagers. La réalisation d'une telle «boucle méditerranéenne», tout en améliorant la sûreté électrique, constitue un élément indispensable pour l'essor d'un marché euro-méditerranéen de l'électricité. En conclusion, la démarche de RTE est développée par deux approches complémentaires : la première s'inscrit dans les schémas de développement des réseaux électriques financés par les institutions financières comme la Banque Mondiale, l'AFD, etc. en répondant à des appels d'offres internationaux. La seconde vise principalement à établir un partenariat en signant des conventions de coopération et d'assistance avec les sociétés électriques au niveau des pays ou des régions.

PRINCIPALES MISSIONS DU CABINET IT CONSULTING :

RTE, société anonyme filiale du groupe EDF, est le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français. Entreprise de service public, il a pour mission l'exploitation, la maintenance et le développement du réseau haute et très haute tension. Il est garant du bon fonctionnement et de la sûreté du système électrique. RTE achemine l'électricité entre les fournisseurs d'électricité (français et européens) et les consommateurs, qu'ils soient distributeurs d'électricité ou industriels directement raccordés au réseau de transport. Avec 100 000 km de lignes comprises entre 63 000 et 400 000 volts et 45 lignes transfrontalières, le réseau géré par RTE est le plus important d'Europe. RTE a réalisé un chiffre d'affaires de 4 221 millions d'euros en 2008 et compte environ 8500 salariés.

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A strong retail sector Jacobo CALLER CELESTINO, Directeur Général de Carrefour SA

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With its strong economy, Turkey is likely to be one of the fastest-growing markets in Europe for Carrefour.

Why did Carrefour invest in Turkey? Retail sector is considered to be one of the most appealing markets for foreign investment in Turkey. Population over 70 million, improvement in purchasing capacity and growing demand for Western trends are the major reasons why a foreign investors should invest in the retail market in Turkey. There was a huge gap in the retail market in the beginning of 1990s which Carrefour Group had seen as a great opportunity to grow in the Turkish market as quickly as possible. Since the Turkish retail market is in the developing stage unlike the saturated markets of Europe, it promises a great potential for foreign investors. Turkey’s geographical position, hectic pace of growth in the retail sector, qualified and competitive labour force combined with the late political and economical stability in the country have been very attractive for Carrefour Group. As planned, Carrefour in Turkey has grown very quickly. In 1993, the first hypermarket of Carrefour in Turkey opened in Icerenkoy. In 1996, a partnership with Sabanci Group has been established and the brand name has changed as CarrefourSA. In 2005, CarrefourSA has purchased Gima and Endi and its endorsement reached at 1.5 billion dollars. After that, CarrefourSA started to grow by doubling its number every year. While we opened 30 stores in total in 2008, this number reached to 58 in 2009. We are planning to double 2009’s number at the end of 2010. Since the beginning of this year, we have opened 69 supermarkets including the Alpark supermarkets we have recently acquired and 1 hypermarket which is a faster investment growth comparing to other years. Today,

CarrefourSA has approximately 8000 employees, 26 hypermarkets and 186 supermarkets in 43 provinces. In 2009, Carrefour registered 1383 millions euros of sales in Turkey and owned more than 350 points of sales (shops, hard discounters, supermarkets and others). What characterize the turkish market? Because of its strong economy which has come out from the global financial crises with a minimum damage comparing to the European economies, Turkey is likely to be one of the fastest-growing markets in Europe. The demand in food and drinks in Turkey is increasing in consequence of the indications that Turkish economy is emerging from the global financial crisis. Also; according to financial forecasts, total food consumption in Turkey is also expected to grow in parallel with Turkey's real Gross Domestic Product growth in the next 5 years by reasons of the developments in the mass grocery retail industry and processed food industry. Therefore, with the economic growth, an expanding population especially in urban areas; rising levels of disposable income and the continued development of organized retail infrastructure Turkey’s retail sales is expected to increase and retail industry in Turkey is expected to grow gradually. Speaking only on behalf of CarrefourSA and its supermarkets and hypermarkets, consumer-spending outlook is totally different in Turkey when we take the shopping trends of Turkish people into account especially during the economic turbulence of the past 2 years. According to the inquiries we have done, Turkish consumers prefer supermarkets and convenience

stores for their daily shopping. On the other hand, they prefer to do their monthly shopping from the hypermarkets. As such, we provide solutions to our customers in both channels with CarrefourSA hypermarkets ad CarrefourSA Expres stores. In addition to that, I think that the financial crisis has had a negative impact on brand loyalty of the customers. Being price competitive is really crucial. Together with the crisis, brand loyalty has decreased steadily amongst customers and brand and store choices have changed in line with the promotions offered. We as CarrefourSA owe our customer loyalty to the strength of our brand in the crisis period. Also, during the crisis we have had a steady increase in the sales of our private label products under the “Carrefour” brand name in which we have offered the quality at the best prices. In May 2010, the turkish subsidiary of Carrefour, Carrefour SA, wished to acquire entirely Ipek, a local brand of supermarkets. Why did the group do so? Last May, we have signed a purchasing agreement to acquire the local supermarket chain Alpark operating 27 stores throughout Istanbul. We have recently initiated a project to change these stores in accordance with CarrefourSA format. Our aim as CarrefourSA is to be present at the places whereour customers can re a c h u s e a s i ly a n d q u i c k ly. Therefore, while determining the location of our new stores, we take our criteria of “being near our customers” into consideration. We will continue to open new stores in the second half of 2010 in order to maintain our leading and permanent France 4 E TRIMESTRE 2010

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position in the Turkish retail industry. We furnish services in 43 provinces presently. We want to grow stronger in the provinces that we exist as well as we want to bring the quality and services of CarrefourSA to the provinces in which we are not present. Through purchasing and opening new stores, we want to keep our promise of being present all around Turkey. And tomorrow, which are the main challenges for Carrefour?

As CarrefourSA, we have combined the experience of Europe’s number one retailer Carrefour and the power of Sabanci Holding which is the biggest holding in Turkey. We believe in the turkish market and we are sure that our investments will take us further and we will close this year with great accomplishments. With new openings, we aim to maintain our leadership in the hypermarket segment and plan to reach every part of Turkey through ascending our growth speed in the supermarket

format as well as create employment for the young and dynamic population of Turkey. We will continue to support the family budget by providing cheap but high quality products. Moreover, we will continue to invest in our private label products which are cheaper by %40 from the leader products in the same category but aim to be the category leader. Therefore, we are determined to accelerate our growth speed in 2010 through our strong balance sheet, right investments and experienced staff.

Un puissant secteur de la distribution Jacobo CALLER CELESTINO, Directeur Général de Carrefour SA

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Avec son économie dynamique, la Turquie apparaît comme l’un des marchés à la plus forte croissance pour Carrefour.

Pourquoi Carrefour a-t-il investi en Turquie? En Turquie, la distribution constitue un secteur très attractif pour les investisseurs étrangers. Une population vaste, de plus de 70 millions d’habitants, l’augmentation du pouvoir d’achat, le goût accru des consommateurs pour un mode de consommation occidental et la nouveauté incitent les sociétés étrangères à investir dans ce secteur. Au début des années 1990, un besoin important existait dans ce domaine ; le groupe Carrefour y a vu une excellente opportunité de croissance rapide. Le secteur de la distribution en Turquie est en développement ; contrairement aux marchés saturés, il présente un fort potentiel. La position géographique de la Turquie, le taux de croissance tonique de la distribution, une main d’œuvre qualifiée et compétitive combinée à la stabilité politique et économique du pays, sont apparus très motivants pour le groupe Carrefour. Comme prévu, Carrefour a réalisé une croissance très rapide en Turquie. Le premier hypermarché de Carrefour en Turquie a été inauguré en 1993 à Içerenköy. En 1996, une

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association avec le groupe Sabanc› a été instituée et la marque a été modifiée pour devenir CarrefourSA. En 2005, CarrefourSA a racheté Gima et Endi et son chiffre d’affaires a atteint 1,5 milliards de dollars. Par la suite, CarrefourSA a doublé ses performances économiques chaque année. Nous avions ouvert 30 magasins en 2008 ; ils étaient au nombre de 58 en 2009. Nous prévoyons de doubler, fin 2010, le chiffre d’affaires réalisé en 2009. Depuis le début de l’année 2010, nous avons inauguré 69 supermarchés dont les supermarchés d’Alpark que nous avons acquis récemment et un hypermarché, soit une croissance annuelle plus rapide que celle que nous avions connue p ré cé d e m m e n t . A u j o u rd ’ h u i , CarrefourSA compte près de 8 000 employés, 26 hypermarchés et 186 supermarchés dans les 43 provinces. En 2009, Carrefour a réalisé 1,383 milliard d’euros de chiffre d’affaires en Turquie avec plus de 350 points de vente. Qu’est ce qui caractérise le marché turc ? Grâce à son économie puissante, qui a fait preuve pendant la crise d’une

capacité de résistance supérieure à celle des autres économies européennes, la Turquie apparaît comme l’un des marchés à l’évolution la plus rapide en Europe. L’augmentation de la demande pour les aliments et les boissons indique que l’économie turque sort de la crise financière globale. Selon les prévisions financières, la consommation augmentera parallèlement à la croissance du Produit National Brut que connaîtra le pays au cours des cinq années, conditionnant le développement des ventes en gros comme des aliments conditionnés. Le secteur de la distribution évoluera progressivement, avec la croissance économique, l’augmentation de la population surtout dans des zones urbaines, celle des revenus. Le profil des dépenses des consommateurs au cours des deux dernières années a été spécifique, marqué par la crise. Selon les recherches que nous avons effectuées, les consommateurs turcs préfèrent les supermarchés et le commerce de proximité pour leurs achats quotidiens. Parallèlement, ils préfèrent effectuer leurs achats mensuels dans des hypermarchés. Pour cette raison,


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nous proposons les deux solutions à nos clients avec CarrefourSA hypermarchés et CarrefourSA Express magasins. Avec la crise financière, les consommateurs se sont montrés moins fidèles aux marques, mais plus sensibles au prix de vente des produits. La compétitivité est devenue un élément clé. CarrefourSA doit la fidélité de ses clients pendant la crise à la puissance de sa marque. Nous avons constaté une augmentation constante de nos ventes sous marque «Carrefour» alliant qualité et prix compétitif. En 2010, CarrefourSA, la filiale turque de Carrefour, a souhaité acquérir totalement Ipek, une marque locale de supermarchés. Pourquoi ce projet ? En mai dernier, nous avons signé un contrat d’acquisition de la chaîne de supermarchés locale Alpark, forte de 27 magasins à Istanbul. Nous avons lancé récemment un programme pour modifier ces magasins conformément au modèle de CarrefourSA.

Notre but est d’être présents là où nos clients peuvent nous atteindre facilement et rapidement. Nous continuerons à ouvrir de nouveaux magasins au cours de la deuxième moitié de l’année 2010 pour maintenir notre position de leader dans le détail en Turquie. Nous proposons actuellement nos services dans 43 provinces. Nous désirons une croissance plus forte dans les provinces où nous sommes présents et apporter la qualité et les services de CarrefourSA là où nous ne sommes pas encore. En rachetant des magasins ou en ouvrant de nouveaux, nous voulons tenir ce double engagement. Pour demain, quels sont les défis les plus importants? En tant que CarrefourSA, nous allions l’expérience de Carrefour, numéro un de la distribution en Europe, et la puissance de Sabanc› Holding, premier acteur de Turquie. Nous avons confiance dans le marché turc et sommes certains que

nos investissements nous porteront en avant et que nous clôturerons cette année 2010 avec un grand succès. Notre objectif est de maintenir notre position de leader dans la grande distribution avec de nouvelles o u v e r t u re s . N o u s s o u h a i t o n s desservir l’ensemble de la Turquie en augmentant notre croissance dans les supermarchés et créant de nouveaux emplois pour la population turque, jeune et dynamique. Nous continuerons à préserver le budget des familles en offrant des produits de qualité à prix abordables. En plus de cela, nous continuerons à investir dans nos produits de marque, 40% moins chers que les produits leaders de même catégorie. Mais notre objectif est de devenir le leader de la catégorie. C’est pour cette raison que nous sommes déterminés à accélérer notre croissance en 2010 grâce à notre bilan, la qualité de nos investissements et de nos salariés.

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Turkey is ideal economy to provide banking services Dilek YARDIM, General Manager and Senior Country Officer of Credit Agricole Yatirim Bankasi Türk AS

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Turkey, which is a large dynamic country with favourable demographics, an energy corridor and terminal for Europe connecting with the East and an EU candidate country (customs union since 1996, and accession negotiations since 2005), is an ideal economy to provide banking services, according to Mrs Dilek YARDIM, General Manager and Senior Country Officer of Credit Agricole Yatirim Bankasi Türk AS.

First, could you please tell us about your presence in Turkey? At Crédit Agricole CIB, we provide wholesale banking services to our clients, which we manage through a small but efficient organization of 21 full-time employees. We also provide equity brokerage services through our sister company, Crédit Agricole Cheuvreux Menkul Degerler AS, which employs 13 people. The Turkish Banking system consists of 49 banks, with large Turkish banks dominating the financial system. 7 out of 49 banks hold 76 % of total assets in the banking sector; the 4 largest Turkish private banks have a 46% share and the 3 largest state banks have a 30% share of total assets. We operate in Turkey under an investment banking licence. Including Credit Agricole, there are 13 investment & development banks in Turkey (3 of which are owned by the state), which constitute 3% of the total assets in banking sector. How could you describe the Middle East market and your local environment? Turkey usually is not considered as part of the Middle East from an economic perspective, as the usual Middle East socio-economic dynamics are quite different from those in Turkey. Turkey is not an oil-exporting country, it has an established industrial economy, it is self-sufficient in agriculture, it has excellent corporate governance and it has a skilled labour force, with almost half a million university graduates entering the labour market every year. There

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is sustainable economic growth in Turkey, with an annual average growth in GDP of 4.7% over the last 7 years. The OECD forecasts that Turkey will be the fastest-growing OECD member over the next 7 years, with an annual average growth rate of 6.7%. The institutionalized economy has been fuelled by over USD 83 billion of FDI in the last 7 years. The banking system is very healthy, with no exposure to toxic assets, and is very well capitalized and highly liquid, thanks to the tough measures enforced by the Turkish Banking regulator. What are the characteristics of the office in Turkey? While the presence of its historical predecessor in Turkey dates back to 1875, Crédit Agricole Yatirim Bankasi Türk A.S (a wholly owned subsidiary of Crédit Agricole CIB) was established as an investment bank on January 9th, 1990. We are only active in corporate and investment banking services in Turkey. Being an investment bank, we do not accept deposits. We have no branches, but we use all the facilities of the Crédit Agricole network in foreign trade transactions. We operate on wholesale corporate banking principles, providing customized solutions to a select group of clients. What kind of services do your teams offer to your clients and who are your most important clients? We give investment banking advice for mergers and acquisitions, and provide advisory services for privati-

zation transactions. We also provide bilateral and syndicated loans to selected large corporations. In addition to that, we are an active structured finance bank, providing aircraft financing, project finance, and export/trade finance transactions. We provide these services to large Turkish conglomerates, financial institutions and to French and other multinational companies operating in Turkey What are the goals that you want to attain in this country? As a locally-incorporated international bank, our aim is to be a trusted partner for all our longstanding clients. Our commitment to them allows us to sustain healthy relationships and makes us a dedicated and responsive bank in their eyes. Delivering global experience with transparency provides stability to our small but effective franchise. We will continue to evaluate market opportunities in corporate and investment banking, in accordance with our global strategies and continue to deal with large Turkish corporations and multinationals. How do you work with the other offices in Europe and in the region? We work in coordination with the Crédit Agricole CIB’s other offices in the region to drive & develop the operations of our Turkish Clients (which are mainly active in telecoms, food & beverages, glass and bottling) and meet their banking service requirements.


ŠUmariletisim

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What do you think about the prospect of Istanbul becoming a financial centre? Istanbul is already a cultural and tourist centre, with its considerable economic power and vast skilled human capital, so it is a perfect candidate to become the financial centre of the region. There is strong public backing for this idea, with g o v e r n m e n t a l lo c a t i n g m a j o r resources to the project, under the leadership of the Minister of Economy, Ali Babacan. Turkey faced a major banking crisis in 2001 and very severe measures were enforced on the financial institutions. During the recent global crisis, we saw that these measures worked, and Turkey proved itself in terms of market regulation and control. We believe that the country will be able to properly handle a financial centre with its regulatory knowledge and expertise. If the right steps are taken in the coming years to pass the necessary legislation and improve the city’s infrastructure, there is a real chance that Istanbul will become a financial centre within the next decade.

How do you see the banking sector in Turkey in the upcoming decade? Turkey is one of the fastest growing economies worldwide and it is steadily on its way to becoming one of the top 15 economies in the world. With increased economic and political stability, we believe that the country will receive investment grade status in a short period of time. The growing economy and increasing stability will attract major capital inflows, and fuel banking sector growth. Only 50% of Turkish adults are exposed to banking services, creating room for major growth opportunities by expanding banking services to a wider population. The solid performance of Turkish banks during the crisis now offers them many prospects outside Turkey as well. This fact is proved by the interest shown by major Turkish banks in their counterparts in Eastern Europe and the Middle East. We believe that in the foreseeable future, the Turkish Banking Sector will see robust growth and will become a dominant player in this region.

What are the risks associated with the Turkish Economy in the short term? The major risk factors for the Turkish economy in the short term are the state of the European economies, domestic political risks and the growing current account deficit. Although Turkish players have, to some extent, managed to diversify exports into other markets like the Middle East and Africa during the global crisis, the EU still is the dominant export partner. Therefore, increasing worries about the state of the European economies and low long-term growth forecasts for the region are a major risk for the Turkish economy. The Turkish economy also traditionally, generates high current account deficits in times of high growth. Deteriorating global markets may decrease the appetite for risk and limit Turkey’s ability to finance its account deficit.

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Energie et efficacité énergétique :

un large potentiel

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Sarkis ÇADIRCIOGLU, Directeur général Legrand Elektrik San. A.Fi. Turquie

Le groupe Legrand a réalisé en 2009 un chiffre d’affaires de 3,578 milliards d’euros sur les marchés résidentiel, tertiaire et industriel. Présent dans près de 180 pays, il réalise 75% de ses ventes hors de France, Legrand poursuit son développement en Turquie avec le rachat d’Inform. Cette acquisition sur la rive du Bosphore confirme sa volonté de miser sur les pays émergents.

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egrand a annoncé le 9 juillet dernier l’acquisition d’Inform, numéro un des onduleurs et équipements électriques sécurisés en Turquie. Quel en est l’impact ? Le groupe Legrand est déjà en Turquie un acteur de premier plan en appareillage, en distribution d'énergie, en cheminement de câbles et, depuis le rachat d'Estap en 2008, le leader incontesté en armoires et coffrets pour infrastructures numériques. Le groupe accélère son développement dans les pays émergents ainsi que le domaine de l’efficacité énergétique, avec l’acquisition d’Inform en Turquie. Basé à Istanbul, Inform, qui emploie 360 personnes, a réalisé en 2009 un chiffre d'affaires de près de 70 millions de dollars et une marge opérationnelle à deux chiffres. La gamme d’Inform est un complément aux produits de Legrand dans la distribution électrique ainsi que le câblage structuré (disjoncteurs, transformateurs moyenne tension, condensateurs, cabinets). Ce rachat permettra d’étoffer notre offre de solutions complètes, intégrées et profitables, augmentera le volume de nos ventes et créera des nouvelles opportunités. Quel est l’historique de votre présence en Turquie ? Legrand réalise sa croissance par l’acquisition de sociétés leader sur

leur marché. Il cible surtout les pays émergents au fort potentiel. La Turquie est un de ces pays. A l’époque, Bufer Elektrik, leader sur son marché, a attiré l’attention de Legrand. En 1989, Bufer a rejoint le groupe. Nous avons déménagé l’usine à Gebze dans la zone industrielle et l’avons agrandie au fil du temps. Comment se caractérise cette implantation ? Nous sommes un pôle de production et une unité experte en produits de protection. Nos capacités augmentent sans cesse. Notre flexibilité et notre adaptation rapide sont deux atouts importants. N o u s e x p o r t o n s le s p ro d u i t s fabriqués vers le groupe tout en répondant aux besoins du marché turc. La Turquie, du fait de sa nature et de sa position, est un pays qui se développe rapidement. Notre organisation commerciale est adaptée. Notre proximité avec les acteurs de la chaîne économique nous permet de nous développer en parallèle même parfois plus vite que le marché. Depuis l’acquisition d’Inform, la Turquie représente au moins 3% des ventes totales du groupe.

Quelle stratégie oriente votre développement ? Après avoir complété notre offre pour tous types de bâtiment, nous avons créé des liens assez forts avec les bureaux d’études et installateurs afin de continuer notre développement. Aujourd’hui, nous figurons au top 5 des plus gros fournisseurs de produits d’installations électriques du pays. Pour quels produits et quels marchés êtes-vous présents en Turquie ? Legrand Turquie est un acteur majeur du marché de l’installation électrique et de câblage structuré. Nous pouvons fournir une très grande partie des produits nécessaires pour tous types de bâtiments, à l’exception des câbles électriques et éclairages. Legrand est co-leader pour les produits de protection modulaire et leader incontesté pour les cabines de câblage structuré via notre société sœur Estap. Comment évoluera votre présence en Turquie ? Comme je l’ai déjà indiqué, la Turquie en tant que pays émergent occupe une place privilégiée dans le développement du groupe. De ce fait, Legrand va poursuivre une stratégie active via ses sociétés existantes dans le pays ou au travers de nouvelles acquisitions ciblées.

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Sustainability and green environment At Schneider Electric, we offer efficient solutions that can provide up to 30% energy savings, in the markets for energy, infrastructure, industry, building automation and data centres in Turkey, as well as in the 100-plus countries where we operate, without compromising comfort and quality. As the global experts in energy management, we ensure that energy reaches everyone in a safe, reliable, productive, effective and environment-friendly manner.

ne of our fields of operation in Turkey is renewable energy sources. We are already building benchmarks in infrastructure and energy management, in the fields of hydroelectric and wind power plants and solar energy. Today, many wind power plants in Turkey operate with Schneider Electric solutions. In Turkey, we provide services from 3 factories and 2 R&D centres, with approximately 1,200 staff members. We carry out our operations in a total of 16 cities, including Istanbul, Ankara and Izmir. We export from Turkey to a wide geographical area, to many European countries as well as to North and South America, thanks to our factories, which have become centres for manufacture and export. The achievements of global companies in Turkey and the new responsibilities that ensue have major impacts on decisions about new investments in the national economy.

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The success of Schneider Electric Turkey has led us to assume new ro le s wo r l d w i d e . O u r Tu r k i s h Headquarters is now responsible for 27 countries, including Turkey. Schneider Electric opened its newest factory in April this year in the Manisa Organized Industrial Zone, which is one of the largest Industrial Zones in Turkey. Our new factory was built in a totally environmentallyfriendly manner, on an area of 73,000m2 in the Manisa Organized Industrial Zone. Turhangil stated that Manisa Factory was the most important benchmark for Schneider Electric, due to its contribution to energy efficiency applications and the reduction of carbon emissions in Turkey, and said "Our Manisa factory has become our benchmark, where the solutions that we offer are implemented throughout the plant. Both the administrative units and manufacturing unit of our factory consume as much as 30% less energy than others in their category, which makes us proud of our contribution towards sustainability.” Pointing out that one of the key issues in the world is ever-increasing energy needs and that electricity consumption is also rapidly increasing in Turkey, which is one of the new economies, and that it has therefore become essential to use energy effectively and make use of renewable energy sources, Turhangil said, “at Schneider Electric Turkey, we are making it possible for companies in our target markets to reach optimum energy efficiency.” With the Manisa factory, Schneider Electric Turkey will become a global

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Turhan TURHANGIL, the Balkans and Middle East Regional President of Schneider Electric

manufacturing and export centre. Emphasizing that confidence in the skills of the Turkish people has become the determining factor in this investment of Schneider Electric in Turkey and that the new factory has been positioned as the export centre of Schneider Electric, Turhangil said: “In the Manisa factory, we will export to a very wide geographical area. With the Manisa factory, Turkey will become a global manufacturing and export centre.” Once all investment phases of our new factory have been completed, we are expecting to double our business volume. With the investments to be made in our factory, which will be sun-powered, and the jobs that will be created, our primary objective will be to add value to Turkish economy. We are also proud to see our positive contributions towards sustainability and the green environment.” France 4 E TRIMESTRE 2010

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Des finances saines, un système bancaire solide et des entreprises dynamiques Pierre LEBIT, Directeur général de Société Générale en Turquie

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Leader européen à dimension internationale, la Société Générale vient d’être nommée «Meilleure banque» en Europe centrale et orientale au titre des «Euromoney Awards». Implantée en Turquie depuis vingt ans, la Société Générale compte parmi ses clients de nombreux groupes à capitaux turcs et des «joint-ventures» à capitaux étrangers et turcs. «Notre implantation dans la région nous permet de répondre aux besoins croissants de financements et de conseils de nos clients institutionnels turcs», explique Pierre Lebit, Directeur général de la banque en Turquie.

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mais le gouvernement lutte contre ce problème de façon efficace.

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quand remonte votre présence en Turquie ? Notre succursale, fondée en 1989, offrait alors des services bancaires locaux ainsi que des financements export, pour nos grands clients européens désirant investir dans le pays, et comptait une cinquantaine de collaborateurs environ. Depuis 2001, notre développement a été favorisé par l’émergence des grands groupes turcs constitués en partie à la suite des privatisations menées par l’Etat. Aujourd’hui, l’industrie turque est l’une des plus compétitives de la région grâce aux réformes réalisées après la sévère crise économique qu’a connu le pays au tournant des années 2000. Par ailleurs, 84 % des investissements étrangers en Turquie viennent d’Europe. La France arrivant à la seconde place à la fin juin 2010 en termes d'investissements directs, il est logique que la stratégie de développement de Société Générale se déploie dans ce pays. Depuis 2005, Société Générale, via ALD International, dispose d’une filiale spécialisée dans le leasing et la gestion de flottes automobiles en Turquie qui gère actuellement 6 000 véhicules environ. Enfin, en 2007, devant le potentiel de progression de la consommation intérieure, dû à l’amélioration du niveau de vie de la population, jeune et entreprenante, nous avons mis en place une activité de crédit à la consommation qui se développe de façon satisfaisante.

C’est pourquoi, en vingt ans, nous sommes passés d’une cinquantaine d’employés à plus de 300 aujourd’hui. La croissance turque est forte, qu’en est-il du système bancaire ? Le pays reste-t-il sous-bancarisé ? La Turquie a traversé la crise financière de façon remarquable. Avec un taux de croissance de 11% au premier trimestre 2010 et de 10,3% au deuxième, l'économie turque fait la preuve de sa capacité à rebondir fortement grâce à ses finances publiques saines, son système bancaire solide et le dynamisme de ses entreprises. La population reste encore sousbancarisée par rapport à la moyenne européenne. L'économie informelle, quant à elle, demeure importante,

Quelle gamme de services proposez-vous à vos clients locaux ? Nous proposons tous les services d'une banque de financement et d'investissement. Par exemple, en matière de financement de l’importation de biens d’équipements, Société Générale est leader mondial ; la Turquie est un des pays les plus actifs dans ce domaine. Nous sommes également très présents en matière de financements de projets énergétiques ou d’infrastructures. Dans les activités de conseil, nous avons une équipe locale chargée des fusions-acquisitions, notre force reposant sur l’expertise des spécialistes sectoriels de notre siège combinée à notre présence locale, qui nous permet de fournir un service professionnel de haute qualité. A noter également que nos clients turcs investissent de plus en plus dans les pays d'Europe de l'Est, en Russie et en Afrique du Nord. La forte implantation du groupe dans ces zones nous permet de les accompagner efficacement. Ce pays à fort potentiel continue d'attirer les investisseurs stratégiques. Nous nous situons donc clairement dans une logique de croissance de nos activités en Turquie.


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Communiquer c’est écouter les cultures locales pour créer un univers de marque que partagent des gens très différents

Depuis les années 1980, la notion de marque s’impose Osman USLU, Président du Conseil d’Administration de Publicis en Turquie

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La réussite du groupe Publicis en Turquie s’appuie sur une profonde connaissance de la culture locale conjuguée à l’efficacité de méthodes de travail internationales. Une expertise forgée au fil des années au service de marques de toutes origines.

Q UELQUES GRANDES MARQUES SERVIES PAR PUBLICIS EN TURQUIE :

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Akbank, Avon, Borusan, Citi, D&R, Dacia, Darty, Enerjisa, Eti, Evyap, Groupe Seb, Halkbank, HP, Hyundai, ‹pek, Korozo, L'Oreal, Microsoft, Migros Türk, Nestlé, P&G, Petlas, Ray, Samsung, Show TV, Sony, Suryapi, Thy, Türk Telekom, Ülker, Visa, Zürich

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u début des années 1980 vous avez créé plusieurs agences de publicité en Turquie ; la publicité était un concept nouveau à cette époque, dans quel cadre replacer cette initiative ? La première agence turque fut créée en 1909 à Istanbul ! Mais c’était bien entendu plus de la “réclame” que de la publicité. Les années 1980 ont vu l’émergence des agences de publicité comme nous les connaissons. Ces années correspondent également à un tournant dans l’histoire du pays, avec son ouverture grandissante vers l’étranger et la libéralisation de son économie. La création de Yorum en 1981 a marqué un renouveau du secteur de la publicité en y injectant une forte dose de passion et de créativité. Cette approche a trouvé tout son sens avec l’entrée de la Turquie dans l’Union Douanière Européenne en 1995. Dans un environnement plus compétitif, les entreprises locales

ont eu un besoin grandissant de publicité efficace et les marques internationales, qui arrivaient en force, ont dû s’adapter au consommateur turc. Le développement de cette activité correspond-elle à une transformation des modes de consommation ? Tout à fait. À partir des années 1980, la Turquie progresse rapidement vers une société de consommation de masse dans laquelle la marque prend de plus en plus d’importance. La multiplication des canaux de communication demande également une expertise croissante pour faire en sorte que la communication soit reçue, acceptée, relayée par les consommateurs. Sur quels créneaux vous êtes-vous développés ? Il n’y a guère de secteurs de la communication auxquels je n’ai pas France 4 E TRIMESTRE 2010

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touché. J’ai toujours eu une attitude d’entrepreneur. J’étais étudiant en arts graphiques quand j’ai créé ma première agence de graphisme. En fondant Yorum en 1981, j’ai pénétré l’univers de la publicité. En 1982, nous avons gagné le concours d’une des plus grandes entreprises turques : Renault ! Cela nous a donné une formidable énergie pour grandir. J’aime observer, imaginer l’évolution du marché et me positionner sur les vagues montantes. Yorum était une agence généraliste qui faisait son propre média-planning. Avec la multiplication des canaux et des recherches, j’ai séparé une agence spécialisée dans le planning et l’achat média, Allmedia, qui allait devenir SMG Turquie, l’un des leaders du secteur. Face aux besoins grandissants de solutions neutres en média, j’ai fondé Bold, devenue Publicis Bold, une agence de publicité de nouvelle génération avec un accent porté sur les services marketing. Zone Publicis Consultants fut l’étape suivante, avec une concentration sur la communication institutionnelle et le conseil en marque. Enfin, nous avons conclu le mois dernier le rachat d’un joyau de la scène digitale, l’agence Litespell que nous avons mariée à notre agence globale Publicis Modem. Avec cette combinaison, nous comptons asseoir notre leadership sur ce créneau également. J’accorde beaucoup d’importance aux structures et aux professionnels qui les font vivre. Même si je suis

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créatif d’origine, j’ai préféré ne pas me mettre personnellement en avant. Le bénéfice est qu’aujourd’hui chacune des agences est dirigée par des professionnels compétents, expérimentés et fidèles à leur entreprise. Pour quel type de clientèle ? Les entreprises qui nous confient leurs marques sont très généralement parmi les leaders de leurs secteurs. Ce sont des industries très diverses, depuis la construction jusqu’à l’automobile et la finance en passant par l’alimentaire. Renault est notre “premier amour” depuis 1982. Publicis Yorum accompagne Akbank depuis 10 ans dans tous les domaines de la communication. Nestlé, L’Oréal, Zurich ou Sony sont des marques qui lui font confiance. Migros, le premier groupe de distribution turc, travaille avec Publicis Bold. Darty, qui est en Turquie un challenger ambitieux, travaille avec Publicis Bold pour la création et SMG en média, ce qui est également le cas de Korozo, le leader de l’emballage. Nous faisons des campagnes remarquées pour D&R, une enseigne de distribution de produits culturels. Hyundai, P&G ou encore le géant de l’alimentaire Ülker font partie des entreprises bénéficiant des services de SMG. Les portefeuilles de nos agences comportent un nombre équilibré de clients internationaux et d’entreprises turques.

Pourquoi avez-vous choisi de vous affilier au groupe Publicis ? Depuis les toutes premières années d’existence de l’agence Yorum, j’ai été contacté par de nombreux groupes. Je connaissais Publicis de près, puisque nous partagions un client important pour tous deux, Renault. J’avais confiance en l’avenir de ce groupe et le temps m’a donné raison. J’ai aussi toujours apprécié la culture française, son art et son savoir-vivre. Publicis était très sensible aux réalités locales et nous écoutait vraiment. Nous avons conclu un accord d’affiliation fin 1991 et continué à travailler côte à côte. Publicis a grandi jusqu’à devenir le 3e groupe mondial de communication. En 2006, nous avons franchi un pas décisif avec le transfert de 51% des parts de quatre de nos entreprises à Publicis. Quelles sont les perspectives de développement dans la région ? Elles sont excellentes. La population est jeune ;une remarquable croissance économique est au rendez-vous. Notre secteur va se développer de façon très rapide sur le digital et nous avons pris à bras-le-corps cette révolution. C’est toute la structure des agences que nous rénovons, avec les professionnels à la tête des agences, en fonction de cet impératif. Nous représentons et travaillons quotidiennement avec Digitas, Razorfish et Publicis Modem. Le marché turc est dynamique, la population est jeune. Culturellement travaillez-vous de façon différente ; communique-t-on de la même manière dans tous les pays ? La communication nécessite une très bonne compréhension de l’environnement humain dans lequel vous vous trouvez. Parler à un adolescent stambouliote ou à un paysan de Thrace demande une approche différente. Heureusement, nous sommes des spécialistes de ce décodage. La force de la publicité c’est souvent cela ; sa capacité à écouter les cultures locales pour créer un monde de marques que partagent des gens très différents.


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De la couverture au solaire Burhan KARAHAN, Directeur Général et Président du Conseil d’Administration d’Onduline Avrasya

Leader en Turquie dans le secteur de la toiture, la filiale du groupe Onduline couvre près de 20 millions de mètres carrés de bâtiments annuellement et réalise une forte croissance dans les pays du ProcheOrient et d'Asie centrale. Les plaques développées par la société étaient jusqu’à présent conçues à partir de papier recyclé, mais Onduline Avrasya se tourne désormais vers le solaire. «Une évolution qui va transformer un métier classique en un métier high-tech», analyse Burhan Karahan, le Directeur Général et le Président du Conseil d’Administration d’Onduline Avrasya.

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u sein du groupe Onduline, chaque pays garde ses spécificités ; qu’en est-il de la Turquie ? En effet chaque pays a ses habitudes, sa culture, ses traditions. Les produits-phares en Turquie sont les plaques de toiture dont nous sommes les inventeurs. Elles représentent 60 % de notre chiffre d'affaires, 40% en France. Nous avons introduit la notion de toiture légère

par opposition à la tuile traditionnelle et depuis nous constituons une référence dans ce domaine. Ce type de couverture est parfaitement adapté aux pays à menace sismique. Nous sommes également leader avec les membranes d'étanchéité, que nous avons développées et expérimentées sur le marché turc. Tout comme les tuiles en céramique dont nous garantissons une pérennité

égale à la durée de vie du bâtiment. Nous avons développé pour les villas de Turquie des plaques haut de gamme, baptisées Onduvilla, dont le succès s’étend en France, Italie, ou Indonésie notamment. Quels types de produits fabriquezvous en Turquie? Dans notre usine de Turquie, nous fabriquons majoritairement les France 4 E TRIMESTRE 2010

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produits pour le marché turc, mais cela ne suffit pas. Nous importons depuis nos usines en France et en Italie. Quelle est votre zone d’influence ? La Turquie est le centre d'une très vaste région composée de 25 pays. Nous intervenons dans le Caucase : en Azerbaïdjan, en Géorgie et en Arménie. Nous poursuivons notre expansion au Moyen-Orient, en Syrie, en Irak et au Liban où nos produits se vendent parfaitement et nous nous étendons jusqu'à la Chine. Vous misez fortement sur le solaire. Quelle est sur ce sujet votre vision de spécialiste de la toiture ? Le solaire a moins de 20 ans et s'est développé en Europe grâce aux incitations financières. En Turquie, il n’y a pas d’aides de l’Etat. Le toit peut devenir une petite usine de production d'énergie solaire. Nous avons mis en place des groupes de recherche afin de convertir nos produits en panneaux solaires, et de proposer des solutions standardisées. Cela suppose, entre autres, de résoudre le problème des ondulations de nos plaques. Quant à l’expérimentation, elle se fera, là encore, en Turquie. Spécialistes des couvertures, nous pensons que les toits sont aussi source d’énergie. Notre but est de travailler dans ce sens en étant autonomes et attractifs. Le rapport entre l'énergie obtenue et l'investissement initial est important. Il y a quatre ans en Turquie, il fallait 22 ans pour amortir

QUELQUES RÉFÉRENCES MAJEURES

• Onduline ; le nom générique pour toutes les plaques de toiture ondulées… • Le 1er importateur de shingles sur le marché turc. • L’inventeur et l’unique fournisseur des plaques d’étanchéité sous tuiles (Isoline&Rufoline) • Le 1er lanceur de toitures vertes (végétales) en tant que “système complet”. • L’inventeur des tuiles bitumées (Onduvilla)…

le système. Les panneaux solaires sont plus efficaces et moins chers. D'ici deux à trois ans les installations seront rentables en six à sept ans. Notre cœur de métier évolue. Dans une quinzaine d’années, le groupe

paraîtra très différent, avec des produits qui commencent aujourd'hui à se développer. Notre métier, hier, classique, devient très technologique.

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Faire du toit une source d’énergie : le pari est séduisant. Le retour sur investissements s’accélère, grâce aux progrès technologiques.

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Çiragan Palace Kempinski «Living history» ©DR

Henri BLIN, General Manager Çiragan Palace & Area Director Turkey & Bulgaria

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ou’re the only Ottoman Imperial Palace & Hotel by the Bosphorus, and you have a great history... Yes, we are very proud of our history which is a significant part of the Ottoman legacy. The area whereabouts the Çiragan Palace were known to be as “Kazancioglu Gardens” at the beginning of the 17th century. At the grounds of the Palace, first, a mansion was built in 1710. Then it was replaced by a Palace in 1834. The

current Çiragan Palace is the second palace that was re-built in 1871. Now the Çiragan Palace Kempinski Istanbul, with our rich history, superb location, resort ambiance including a spacious green garden and the world renown Kempinski Service, is more than a hotel; we are a landmark of Turkey and the place “to see and to be seen” as we host many high profile and prestigious events, meetings and high society weddings all year around. Is France one of your key markets? Definitely, France is a very important market for us. It was important as

well to the Ottoman culture in the 19th century in many aspects of life. Çiragan Palace has a very nice story; the wife of the French Emperor Napoleon III, highly known for her beauty, Empress Eugenie visited the most famous bath of the new Çiragan Palace during her stay in Istanbul on her way to open the Suez Canal in 1869. She and the Sultan’s being armin-arm the whole visit in contrast with the protocol rules had caused to love rumours, which for course had not been proved... Nevertheless today, we have a picture at our Palace where we see her with Sultan Abdülaziz during her visit.

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Un tourisme d’excellence Jean-Charles FORTOUL, Directeur Général villages Club Med Turquie Grèce

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Implanté en Turquie depuis 1967, le Club Med Turquie y accueille chaque année environ 65 000 clients dans ses quatre villages. Pour Jean-Charles Fortoul, Directeur Général villages Club Med Turquie Grèce, «le Club Med et la Turquie, c’est une longue histoire d’amitié!».

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ue représente le Club Med en Turquie ? La Turquie fait partie des destinations qui ont attiré le Club Med depuis la création en 1950 du premier village à Alcudia aux Baléares. Puis ce furent l’Italie, la Grèce… Le Club Med y est présent depuis 43 ans. De 1967 à 2000, le Club Med Turquie a exploité huit villages. Depuis, il a fermé ceux de l’hôtel Kervansaray (1982), de Kusadasi (2003) puis de Foça (2005) et la Villa Uçhisar (2005). Aujourd’hui, il en exploite quatre : • au pied des monts Taurus, à Kemer depuis 1973, village 3 tridents,sans encadrement d’enfants ; • à Palmiye depuis 1988, village familial 4 tridents,avec encadrement d’enfants à partir de 2 ans ; • à Bodrum depuis 1995, village 4 tridents, situé au bord de la mer Egée et «redesigné» le long de la riviera turque, pour tous sans encadrement d’enfants ; • à Beldi depuis 2000, village 3 tridents, au sud d’Antalya, avec encadrement d’enfants. Depuis plusieurs années, le Club Med travaille avec un partenaire

local, la société Palmiye. Celle-ci est propriétaire des villages de Palmiye (Antalya) et Bodrum. Le Club Med Turquie propose 3 700 lits. Il accueille environ chaque année 65 000 clients : des Français (48%), Belges (12%), Russes (7%), Turcs (7%), Suisses (%7) Britanniques (6%), ou d’autres pays (13%)… Une clientèle haut de gamme séduite par nos villages 3 et 4 tridents. Quels sont ses atouts, avec quelle ambition ? Nos villages connaissent un vrai succès. La Turquie est le pays qui génère le meilleur taux de satisfaction pour Le Club Med dans le monde. Il en est de même pour les intentions de retour. Ses atouts sont une richesse culturelle incontestable, une pléiade de sites préservés, un patrimoine historique prodigieux et aussi une excellente qualité de service. Le personnel

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turc est une ressource précieuse à laquelle nous proposons la mobilité interne. Par exemple, chaque hiver, 150 salariés turcs travaillent dans nos villages de montagne des Alpes françaises. Nous réfléchissons actuellement à de nouveaux développements pour un ou deux villages qui répondent à une stratégie de montée en gamme du Club Med initiée en 2004, c’est-àdire en 4 et 5 tridents. Ils répondront à des critères de développement durable selon le nouveau concept «Village Eco Nature by Club Med» que nous avons déjà mis en œuvre à Cherating en Malaisie.

La Turquie est le pays qui génère le meilleur taux de satisfaction pour le Club Med dans le monde



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Un marché automobile turc prometteur Tarik TUNALIOGLU, Directeur Général d’Oyak Renault

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La Turquie est un marché très prometteur avec un faible taux de motorisation comparé aux marchés européens. Elle est aussi devenue un des pays phares de l'industrie automobile.

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uel est la nature de la présence de Renault en Turquie ? Renault, premier investisseur français et premier investisseur dans l'automobile, est présent en Turquie depuis 41 ans. Renault exerce ses activités commerciales via Renault Mais et industrielles via OyakRenault. Oyak-Renault a été créé en 1969, en partenariat avec Oyak (Mutuelle de l’Armée Turque.) Le démarrage opérationnel d’OyakRenault date de 1971 avec la production de la Renault 12. La Turquie est un pays à fort potentiel de développement. Elle est un marché très prometteur avec un faible taux de motorisation comparé aux marchés européens. Elle est aussi devenue un des pays phares de l'industrie automobile de nos jours.

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Sur le plan commercial, la Turquie constitue une composante essentielle dans la dynamique de croissance à l’international engagée par Renault hors Europe. Cela tient à la place prépondérante du marché turc dans les ventes de Renault d’une part, et au fort potentiel de croissance du pays d’autre part. La Turquie est le 10ième marché mondial pour le Groupe Renault à fin juin 2010, et le 4ième hors d'Europe. La marque Renault, avec Renault Mais, garde son leadership commercial en Turquie sur les véhicules particuliers. Le marché automobile turc, représente un potentiel de croissance très important (138 voitures pour 1000 habitants, contre près de 600 en Europe Occidentale).

Fin juin 2010, la Turquie était le 10ème marché mondial pour le groupe Renault

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Sur le plan industriel, avec quinze constructeurs et un millier d'équipementiers, la production du secteur automobile en Turquie est passée de moins de 20.000 unités en 1969 à plus de 1 147 000 unités en 2008. Aujourd’hui Oyak-Renault est le leader et un acteur majeur et historique du secteur automobile en Turquie. Parlons plus précisément de l’activité industrielle d’Oyak-Renault, dont vous êtes le Directeur Général. Le site situé à Bursa, qui regroupe un centre de logistique international avec une usine de carrosseriemontage et une usine de mécaniquechâssis, est l’un des 38 sites industriels du Groupe Renault à travers le monde. Oyak-Renault dispose d’une capacité de production annuelle de 360 mille véhicules et de 450 mille moteurs. Elle fabrique actuellement les véhicules Symbol, Fluence, Clio III Berline et break Grand Tour, et Mégane HB sur sa seule ligne d’assemblage, ainsi que les moteurs et les organes mécaniques associés à ces véhicules. Renault a décidé de fabriquer la version électrique de Fluence chez Oyak-Renault a partir du premier semestre 2011. Ce véhicule électrique sera produit sur la même ligne de production que les variantes thermiques de Fluence. Nous sommes une des 4 usines de Renault à produire des véhicules électriques de série. Oyak-Renault et l’usine de Bursa sont au meilleur niveau des standards de Renault, (qualité, SPR,…). Les hommes et les femmes jeunes, de haut niveau d’éducation, flexibles


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Oyak Renault est l’un des 4 sites Renault dans le monde à fabriquer des véhicules électriques en série.

et déterminés ainsi que l’excellente performance qualité-cout-délais de l’usine et du sourcing local permettent à Oyak-Renault d'être l'une des principales bases industrielles de Renault. La Turquie constitue non seulement un marché local majeur, mais aussi une base d’exportation vers les marchés très concurrentiels de la Méditerranée, de l’Europe de l’Est, de la Russie, du Maghreb et du Moyen Orient ainsi que de l’Europe de l’Ouest. Cette success-story de Renault en Turquie est aussi dûe à un partenariat exemplaire avec Oyak. Ce partenariat est un exemple de gouvernance équilibrée, basé sur un respect mutuel constant et une vision à long terme. Pouvez-vous nous dire plus sur les véhicules électriques ? Conscient de l’enjeu du réchauffement climatique, Renault travaille depuis de nombreuses années sur la réduction des émissions de CO2 de ses modèles, sur l’ensemble du cycle de vie, avec le souci de réduire constamment l’empreinte écologique de l’automobile sur la planète. Dans le cadre de sa démarche environnementale Renault eco2, Renault considère qu’il est essentiel d’offrir au plus grand nombre de clients les technologies les plus performantes à un prix accessible. Le véhicule électrique est la solution de rupture permettant d’offrir la mobilité Zéro Émission à l’usage pour tous. Renault estime qu'à l'horizon 2020, les véhicules électriques représenteront 10% du marché mondial. L’Alliance investit 4 milliards d’euros dans le programme zéro émission et une équipe de 2000 personnes travaillent sur le véhicule électrique. 2011 verra le début de la commercialisation en série de véhicules électriques Renault accessibles à tous. L’Alliance RenaultNissan vise le leadership pour la commercialisation en masse des véhicules Zéro Émission à l’usage.

À partir de 2011, Renault va progressivement commercialiser quatre véhicules électriques dont deux dérivés de véhicules à moteur thermique. Renault Fluence Z.E. dont la commercialisation débutera en Israël et en Europe, sera la version électrique de Fluence. Ce véhicule sera fabriqué comme je vous l’ai déjà dit à l’usine de Bursa en Turquie. Ce choix industriel permet à Renault de limiter le ticket d’entrée du programme et de mettre en place une industrialisation rapide, tout en garantissant un très haut niveau de qualité. Renault Kangoo Express Z.E., sera une version électrique du Renault Kangoo Express destinée avant tout aux professionnels, artisans et aux flottes d’entreprises. Ce véhicule sera fabriqué à l’usine de Maubeuge en France. L’offre des véhicules électriques va ensuite s’étendre à d’autres segments, a ve c d e u x n o u ve l le s vo i t u re s qui auront une architecture 100% électrique. Dérivé du concept-car Twizy Z.E. Concept, ce véhicule proposera une mobilité dédiée à la ville. Ce véhicule sera fabriqué à l’usine de Valladolid en Espagne. Inspiré de Zoe Z.E. Concept, le 4ème véhicule arrivera début 2012 et offrira une grande polyvalence d’usage pour les trajets quotidiens des grandes villes et des banlieues. Ce dernier sera fabriqué à l’usine de Flins en France. Ces choix d’affectations permettront à Renault d’alimenter les marchés grâce à leur localisation au plus près de leurs marchés, mais aussi de bénéficier du savoir faire et des implantations de ces usines en terme de productivité et de qualité. Le Groupe pourra ainsi proposer des véhicules électriques à un tarif aussi attractif que celles des versions thermiques. Dans le cadre de la stratégie zéro émission, L’Alliance Renault-Nissan

collabore avec les gouvernements, les administrations et collectivités locales, les énergéticiens et d’autres partenaires afin de faire progresser le déploiement en masse des véhicules électriques dans le monde. Elle a signé à ce jour plus de 60 accords dans le monde entier destinés à préparer les marchés et les infrastructures à une commercialisation en masse des véhicules électriques à partir de 2011. En 2010, Renault a également signé des protocoles d’accord pour le déploiement de programmes visant la préparation d’un Partenariat Zéro Emission avec Istanbul Enerji, filiale de la Municipalité Métropolitaine d’Istanbul et avec la Municipalité Métropolitaine d’Ankara. Ces accords ont pour objectif d’aboutir à des partenariats pour la promotion et le déploiement du véhicule électrique à Istanbul et à Ankara. Différentes autres démarches et négociations avec le gouvernement, les administrations et collectivités locales sont en cours pour le développement de la mobilité électrique en Turquie. Votre message de conclusion… Notre ambition est de maintenir notre leadership commercial et industriel en Turquie, situé au cœur d’une région à forte potentiel de développement. Avec le véhicule électrique pour tous, une page de l’histoire de l’industrie automobile se tourne. Chez Renault, nous sommes tous mobilisés pour gagner le pari de la commercialisation en masse du vehicule électrique et «Faire que l’automobile soit à nouveau perçue comme un progrès pour l’homme et pour la planète». C’est précisément le sens de notre signature de marque : «Changeons de vie, changeons l’automobile» France 4 E TRIMESTRE 2010

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La Turquie, premier potentiel automobile en Europe Jean-Pierre VIEUX, Président de la section Turquie des CCEF et Directeur Général de Peugeot en Turquie

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Si la Turquie est un site de production choisi par de nombreux constructeurs automobile, c’est aussi un marché prometteur, en croissance dynamique depuis plusieurs années. A deux pas de l’Europe, la Turquie bénéficie de liens structurels étroits avec l’Union Européenne qui absorbe en grande partie ses exportations et renoue actuellement avec la croissance. Jean-Pierre Vieux, Président de la section Turquie des Conseillers du Commerce Extérieur de la France est aussi directeur général de Peugeot en Turquie. Tout en suivant avec attention les indicateurs macro-économiques généraux du pays, il porte une attention particulière au marché automobile. Il nous a accordé un entretien.

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Par son potentiel de croissance, la Turquie est, pour Peugeot, le quatrième marché prioritaire

dernier. En effet, la Turquie, si elle a été atteinte directement de manière moins importante par la crise financière née des subprimes américaines, ses banques et institutions financières n’ayant pas souscrit de placements hasardeux, a en revanche subi la baisse de

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ourquoi faut-il désormais considérer la Turquie comme l’un des marchés automobiles d’avenir au niveau mondial ? En 2009, la Chine est devenue le premier marché automobile mondial, d e v a n t l’A m é r i q u e d u N o r d . L’essentiel de la croissance des ventes se fait actuellement en pays émergents. Peugeot considère la Turquie comme une cible essentielle au regard de son potentiel de développement, le plus élevé d‘Europe. La Turquie est pour le groupe le quatrième marché prioritaire en termes de croissance, après la Chine, l’Amérique du Sud et la Russie. C’est le cas pour plusieurs raisons. A ce jour, le taux d’équipement y reste faible. La Turquie compte actuellement 130 voitures pour 1000 habitants, contre un ratio moyen de 500 à 600 pour 1 000 en Europe de l’Ouest. Sur cette base, avec 72 millions d’habitants, les ventes annuelles du secteur en Turquie représentaient 800 000 véhicules. Elles se sont élevées à 700 000 en 2005 et 550 000 seulement l’an

Le secteur automobile représente la deuxième activité exportatrice de Turquie, emploie environ 500 000 personnes et compte plus de 1 000 entreprises. La capacité de production actuelle du pays est d’un million d'unités dont 700 000 voitures particulières. Le secteur est concentré dans la région de Marmara : Bursa, Istanbul, Kocaeli, Gebze, Adapazari. Depuis l'entrée du pays dans l'Union douanière avec l'Union Européenne en janvier 1996, l'industrie automobile turque a connu une mutation rapide devenant progressivement un centre de production mondial.

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commandes de ses partenaires commerciaux européens. A présent, la croissance économique est de retour. Depuis le début de l’année, le PIB turc progresse à nouveau, stimulant la consommation. La Turquie compte de nombreux sites de production, turcs et étrangers. De nombreux constructeurs internationaux y sont implantés. Chaque année, plus d’un million de voitures y sont fabriquées, qui sont ensuite exportées pour la plupart. Le gouvernement turc a annoncé en avril dernier différentes mesures de soutien au secteur, dont des aides à la recherche, ou la réduction de certaines taxations à l’importation, qui, en frappant certains composants ou éléments d’une voiture à leur entrée dans le pays, augmentent les coûts de production. Nous suivons ces évolutions avec beaucoup d’intérêt. En effet, les taxations peuvent représenter de 37% jusqu’à 84% de la valeur d’une voiture en fonction de la cylindrée. Quelle a été la stratégie de Peugeot, ce s d e r n i è re s d é ce n n i e s , e n Turquie ? Dans le courant des années 1980, a débuté l’assemblage du Minibus J9 chez Karsan à Bursa, 100 000 véhicules ont été fabriqués grâce à une collaboration franco-turque et exclusivement vendus en Turquie. C’était une première. Depuis, la présence de Peugeot en Turquie s’est étoffée. Peugeot a renforcé ce partenariat par la fabrication du Partner et plusieurs petits combis représentant des ventes importantes. En 2001 a été créée également une filiale commerciale turque chargée de l‘importation et de la distribution des voitures. Nous comptons actuellement en Turquie 45 concessionnaires, 66 points de vente et représentons quelque 3 500 emplois directs. Peugeot a noué dans le pays des accords avec TOFAS, une joint-venture Fiat et un groupe local KOC, pour la fabrication du véhicule Bipper et Némo pour le groupe PSA.

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60% des véhicules que nous vendons sont importés depuis nos usines françaises, de fait les 40% restants sont produits sur place, avec, dans certains cas, des adaptations répondant aux particularités du marché turc. Si la voiture constitue à leurs yeux un élément de standing, les Turcs apprécient notamment les modèles tri corps avec un large coffre. Le Partner, le modèle Bipper, fabriqué avec Fiat à Bursa, le monospace 5008, avec appuie-têtes intégrés à l’arrière équipés d’écrans vidéo, en sont quelques exemples. Les Turcs apprécient les belles voitures. Nous avons représenté les couleurs du pays avec Peugeot Sport Turquie lors du Championnat des rallyes IRC. Nous allons à la rencontre de nouveaux clients avec des modèles tels que le coupé sportif RCZ, proposé aux consommateurs turcs. Avec 31 000 ventes l’an dernier, notre part de marché globale dans le pays représentait 5,5%, un résultat en hausse nette depuis 2007 (où elle atteignait 3,5%). Selon cette même dynamique, nous visons 8% d’ici deux à trois ans. 2009, si elle a représenté une année de crise du secteur dans le pays, s’est traduite par une hausse importante de nos performances : Peugeot, qui s’est hissé au rang de 6ème marque du marché total, a connu la plus forte progression des ventes d’utilitaires légers avec une croissance de 60,3%, devenant la 3ème marque sur le marché des utilitaires avec un taux de pénétration de 8,9%. Depuis votre arrivée à la tête de la filiale, Peugeot a connu de belles performances en Turquie… Sur quels points forts et quelle stratégie s’appuiera la croissance des ventes en 2011 ? Outre le développement intensif de la qualité de la distribution, nous misons sur l’adéquation de l’offre aux attentes de nos clients. Présente de longue date dans le pays, l’enseigne y bénéficie d’une bonne image, essentielle à son

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Le ministère de l’Industrie et du Commerce de Turquie, a lancé différentes initiatives pour aider le secteur automobile du pays. Un rapport intitulé «Stratégies pour le secteur automobile turc», présenté par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Nihat Ergun, a proposé des mesures d’incitations à la production et aux études de R&D sur les véhicules électriques et la création de stations de recharge. Parallèlement, des mesures de nature fiscales ont été listées, réduisant certaines taxations à l’importation. Après son évaluation par le Comité de coopération économique, le rapport devait être soumis au Conseil suprême de la planification.

développement dans un pays méditerranéen, dans lequel elle n’a pas le droit de décevoir… Les enquêtes de satisfaction nous permettent de mesurer la qualité des services après vente qui constituent un critère important dans un pays qui se modernise et se développe très rapidement, à l’image d’Istanbul, trait d’union entre l’Orient et l’Occident, d’Ankara, comme de nombreuses grandes villes que compte le territoire désormais très urbanisé. Les statistiques des ventes, telles qu’elles se présentaient en juillet dernier, nous invitent à nous montrer confiants quant à nos performances, sur le marché turc. En tant que Conseiller du Commerce Extérieur de la France, et ayant été en poste également dans d’autres pays émergents, à partir desquels vous pouvez tenter des comparaisons, comment analysez-vous les risques pays attachés actuellement à la Turquie ? Avec sa population jeune, son réseau d’enseignement supérieur, sa croissance économique cumulée depuis plusieurs années, ce pays laïc se développe rapidement, au point de devenir, sur certains aspects, plus moderne que ses voisins européens. I l fa u t d o n c s e g a rd e r , p o u r l’analyser, de clichés qui parfois ont la vie dure. Ses institutions financières, assainies en 2001, ont fait la preuve de leur solidité lors de la crise mondiale de la fin 2008. Le pays présente certains risques systémiques, notamment, concernant la monnaie ou le rythme de croissance, mais les mesures adoptées successivement par les autorités, avec beaucoup de réalisme et un fort engagement à l’égard des investisseurs internationaux, créent un climat de confiance.




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