93 supplément hors série asie

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Internationaux

Revue du Comité Français de la Chambre de Commerce Internationale

JAPON PIERRE LELLOUCHE Secrétaire d'Etat au Commerce Extérieur : “solidarité européenne vis-à-vis du Japon” par l’intensification des échanges et investissements croisés

HONG KONG vitrine pour l'Asie

Supplémént au N° 93 - © DR

SINGAPOUR un cadre d'affaires sécurisé

TAIWAN ouverture vers la Chine

France



France - Asie

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Taiwan Hong Kong Singapour Japon


France - Asie ■ Optimiser le management interculturel … XXVII Yves CORCELLE, Directeur associé Europe de Dragonfly Group

■ A strategic location for the energy industry in the Asia-Pacific region

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Tim TO, President of Schneider Electric Hong Kong

TAIWAN

Supplément au N°93

■ Taiwan constitue souvent une première étape vers le marché chinois ……………………………………… VIII Patrick BONNEVILLE, Directeur de l’Institut Français de Taipei

Directeur de la publication : M. Gérard WORMS, Président du

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Jean-Pierre TRINELLE, Senior Country Officer Crédit Agricole Corporate and investment Bank

■ Taiwan : un marché de l’hôtellerie porteur XIII Christophe PAIRAUD, Directeur de Novotel Taipei

Comité National Français de la Chambre de Commerce Internationale.

Editeur Conseil : Jean-Pierre KALFON Régie Publicitaire : OCIREP 15, rue des Voisins - CP 517 CH 1211 GENEVE 4 - Suisse Directeur Commercial : David ADAM

Dépôt légal 92892 Imprimeur : GR Presse Photographies de ce numéro : ©Tous droits réservés (D.R.), phovoir, fotolia ÉCHANGES INTERNATIONAUX EST LE SEUL MAGAZINE D’INFORMATION D’ICC FRANCE, COMITÉ NATIONAL FRANÇAIS DE LA CHAMBRE DE COMMERCE INTERNATIONALE

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SINGAPOUR ■ Singapour un pays attractif en Asie pour les entreprises françaises, aux côtés de la Chine et de l’Inde ………… XXXIV

Comité de rédaction : - François GEORGES - Sophie SCHNEIDER sophieschneider@yahoo.fr

Hubert TESTARD, Chef des services économiques régionaux pour l’ASEAN, Timor et la Papouasie

■ France-Singapour : des échanges denses au plus haut niveau ……………………………………… XXXVI ■ A Singapour, des débouchés intéressants dans un contexte d’affaires facile et sûr, et une ouverture vers l’Asie du Sud-Est … XXXVII

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Comité de Coordination et Editions : OPAS 41, rue Saint-Sébastien 75011 Paris - Tél. : 01 49 29 11 00 Fax : 01 49 29 11 46

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■ Taiwan un marché en pleine croissance

Michel CYWINSKI, Directeur d’Ubifrance à Singapour

HONG KONG ■ «Une volonté commune de renforcer les liens économiques entre les deux territoires» … XVI Arnaud BARTHELEMY, Consul Général de France à Hong Kong

■ Hong Kong, une vitrine pour l’Asie

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Matthieu LEFORT, Directeur du Bureau Unifrance de Hong Kong

■ Hong Kong, une implantation stratégique et un point d’entrée naturel vers la Chine …… XXI Rebecca SILLY, Associée, responsable du bureau de Gide Loyrette Nouel à Hong Kong

■ L’exploitation du tramway de Hong Kong, vitrine pour le développement en Asie…… XXIII Bruno CHARRADE, Directeur de Hong Kong Tramway Limited

■ Dépasser les différences culturelles pour percer sur le marché chinois ……………… XXV Eric TARCHOUNE, Directeur général de Dragonfly Group

■ Singapour joue pleinement son rôle de plate-forme vers l’Asie …………………………… XXXIX Carine LESPAYANDEL, Directrice de la Chambre de Commerce Française de Singapour

■ Si Singapour est un cadre d’affaires très accueillant, il ne faut pas négliger les aspects comptables et financiers ………… XLI Stéphane BENOIST, Directeur général d’Orchid Link et Conseiller du Commerce Extérieur de la France

■ Accompagner la croissance et le développement de l’économie singapourienne ………… XLIII Christophe CHALIER, Directeur général d’Air Liquide à Singapour

■ In Asia, Sodexo is present in more than 10 countries ………………………………………………… XLVI Laurent AUZANNEAU, Senior Vice President Asia Pacific Pte Ltd, Sodexo

■ Expatriés à Singapour : pour une couverture sociale qualitative …………………………………………… XLVIII Gabrielle DE LA CROIX, GMC Services Regional Manager Sales & Network Distribution Asia Pacific


S ommaire Sommaire ©DR

■ L’excellence japonaise entre la France et le Japon ■ Un esprit de confiance

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Bernard CLAUDINON, Directeur France, Tokio Marine Europe et Jun OHIWA, Directeur, Tokio Marine Europe

■ L’Alliance Renault-Nissan : une performance qui dure ……………… LXXVI Mouna SEPEHRI, Directeur général délégué à la Présidence de l’Alliance Renault-Nissan

■ Se développer au Japon dans les activités transport et logistique ……………………………………………………………………………… LXXVIII

JAPON ■ Le Japon a les moyens d’un spectaculaire rebond

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Arnaud RASTOUL, Directeur général de SDV Japan

LIV

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S.E. Philippe FAURE, Ambassadeur de France au Japon

■ «Les Japonais ont été émus par la solidarité dont la France a fait preuve» …………………………………………………………………………… LV S.E. Yasuo SAITO, Ambassadeur du Japon en France

■ Un pays qui a connu et connaît une très forte dynamique ■ Consolider les exportations françaises en Asie et au Japon

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LVIII

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LIX

■ Les partenariats entre la France et le Japon s’exercent sur des terrains variés et importants ………………………………………………………… LXI Pierre SIMON, Président honoraire du Comité d’Echanges Franco-Japonais (CEFJ), Président honoraire de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris (CCIP), Président de Paris-Ile-de-France Capitale Economique

■ Un message clair à l’attention de la communauté d’affaires franco-japonaise …………………………………………………………………………… LXIII Noriko CARPENTIER-TOMINAGA, Directrice du Comité d’Echanges Franco-Japonais (CEFJ)

■ Akebono Europe S.A.S was established in France in 1985

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■ Un marché stable et simulant …………………………………………………………………… LXVII

Peter SCHMITZ, COO Akebono Europe S.A.S. Hisataka NOBUMOTO, Chairman, President & CEO Akebono Brake Industry Co., Ltd

Bernard DELMAS, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française au Japon

■ Japan : a key country in Asia …………………………………………………………………… LXXXI

■ Le japon : quel rebond ! ………………………………………………………………………………… LXIX Nicolas BONNARDEL, Directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française au Japon

Serge GOLDENBERG, General Manager for Schneider Electric in Japan

■ Recherche et développement : l’atout japonais …………………………… LXXXIII Bernard DELMAS, Président de Nihon Michelin Tire

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■ Au Japon, une présence multiforme, adaptée aux spécificités du marché …………………………………………………… LXXXIV Luigi COLANTUONI, Délégué général du groupe Total pour le Japon et la Corée

■ Le Japon : un cadre juridique stable et favorable aux investissements étrangers ……………………………………………………………… LXXXVI Landry GUESDON, Avocat Clifford Chance

■ Accompagner les implantations japonaises en France

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Jacques MARTIANO, expert-comptable, associé de Comptaplus

■ «Un bon compromis vaut mieux qu’un mauvais procès» ……………… XCI Laurent DUBOIS, Avocat, associé au cabinet Cotty Vivant Marchisio et Lauzeral

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■ Créateur de parfum …………………………………………………………………………………………… XCIV

Ryuichi IIDA, Directeur d’ANA en France

Luc MALFAIT, Président de Takasago Europe (Division Parfums)

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■ Au cœur des échanges franco-japonais

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Les relations ĂŠconomiques et commerciales franco-taĂŻwanaises


TAIWAN

«Taiwan constitue souvent une première étape vers le marché chinois» Patrick BONNEVILLE, Directeur de l’Institut Français de Taipei

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Avec 23 millions d’habitants, très attirés par les produits français et dont le niveau de vie est proche de celui des Espagnols, Taiwan offre des débouchés intéressants. L’expérience acquise dans ce pays d’Asie facilite aussi la première approche du marché chinois, souligne ici Patrick Bonneville, Directeur de l’Institut Français de Taipei.

uel rôle joue l’Institut Français à Taiwan ? A ce jour, Taiwan entretient des relations diplomatiques formelles uniquement avec 23 pays. L'Institut Français assure informellement la représentation de la France en l'absence de relations diplomatiques et consulaires. Sur le plan administratif, l’Institut Français de Taipei délivre les visas long séjour pour les Taiwanais souhaitant se rendre en France, environ 1 000 chaque année, dont 800 étudiants et 200 hommes d’affaires ; il organise des tests et des formations à la culture et à la langue françaises aux candidats à l’expatriation en France. Il développe une action importante en matière culturelle : les Taiwanais comme les Japonais et les Coréens sont très friands de façon générale d’œuvres françaises, dans le domaine de la

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L'économie de Taiwan est développée et dynamique, avec un PIB de 34 740 dollars par personne et par an en en 2010 et un PIB total de 810,5 milliards dollars qui en fait la 19e puissance économique du monde. Elle est composée à 71,1 % du secteur des services, à 27,5 % d'industrie et à 1,4 % d'agriculture (2007). La croissance du produit intérieur brut est de 8% en moyenne ces trois dernières décennies. Les exportations ont augmenté, et depuis la seconde guerre mondiale, stimulant l'industrialisation. L’inflation et le chômage sont bas, l'excédent commercial est élevé et les réserves de change sont importantes. L'agriculture contribue à 3% du PIB, contre 35% en 1952. Les services représentent 73% de l'économie. Les industries lourdes ont été remplacées par des industries à haute technologie et haut niveau de capitaux. L'économie après la crise financière mondiale de 2008-09 est de nouveau en expansion.

VIII

France

littérature, de la musique comme celui des arts plastiques notamment... En outre, la France est après les Etats-Unis le deuxième partenaire scientifique de l’Etat ; à ce niveau, les relations de coopération bilatérales sont denses, elles le sont également sur le plan économique : nos exportations comme nos investissements directs à Taiwan sont très dynamiques. Sur le plan économique, les entreprises françaises sont moins présentes en Asie qu’aux Etats-Unis ou qu’en Amérique Latine par exemple ; qu’en est-il à Taiwan?


Taiwan

Le marché taiwanais est porteur, avec 23 millions d’habitants disposant d’un pouvoir d’achat proche de celui des Espagnols, attirés dans l’ensemble par les produits français. 1 500 Français sont immatriculés à Taiwan auprès de l’Institut Français ; ils sont environ 1 800, en comptant ceux qui ne se sont pas fait connaître auprès de nos services. 180 entreprises ou filiales sont d’origine française. A côté de la présence des grands groupes, comme on la constate sur tous les marchés importants dans le monde, un fait nouveau est la création d’entreprises à Taiwan par des Français qui s’expatrient.

Est-il facile de faire venir des expatriés, qu’en est-il de l’imposition de Français résidant temporairement à Taiwan?

Dans ce domaine, il n’existe pas de difficultés particulières, les visas sont attribués assez facilement pour affaires, les enfants des cadres expatriés peuvent fréquenter la section française d’une école européenne à Taiwan, de la maternelle à la terminale. Un accord de non double imposition est entré en vigueur fin 2010, ratifié par la France et par Taiwan ; c’est un progrès important. Quels conseils donner, pour opérer dans ce pays qui contribue à la vitalité économique de la Chine ? Si Taiwan constitue un cadre d’affaires très libéral, avec des élites souvent formées au Japon, habituées aux relations d’affaires internationales, nous sommes cependant en Asie, avec des repères culturels qui

peuvent différer des nôtres. Il faut donc, ici comme ailleurs, observer, s’informer sur les us et coutumes et se montrer très attentif. Taiwan constitue une première expérience de l’Asie, très utile pour un dirigeant d’entreprise qui souhaite ensuite se rendre en Chine pour y développer un projet. Les entreprises et investisseurs taiwanais sont des investisseurs majeurs en Chine, au Vietnam, en Thaïlande, en Indonésie, aux Philippines, et en Malaisie. Plusieurs entreprises françaises opèrent en Chine à partir de leur base taiwanaise, ce peut être une stratégie. Certaines, depuis Taiwan, opèrent au Japon. De ce fait, Taiwan est un tremplin pour prendre pied en Asie, même si son marché intérieur en lui-même est déjà très attractif !

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Si nous connaissons en zone euro des taux de progression du PIB assez faibles, ce n’est pas le cas à Taiwan ; quels sont les moteurs de la croissance? Après avoir progressé de 11% en 2010, un taux élevé traduisant un effet de rattrapage après la crise, la tendance doit se situer à des niveaux plus classiques en 2011, aux environs de 5% à 6%, ce qui reste un score intéressant pour un pays développé. Nous sommes loin bien sûr des taux chinois. Ce marché mûr demande une offre attractive, au bon positionnement qualité-prix, en adéquation avec les attentes des consommateurs. Il faut signaler à ce propos que, si Taiwan n’est plus un pays de délocalisation, de nombreuses entreprises taiwanaises ont choisi de se délocaliser en Chine et apportent une contribution active aux exportations locales. On estime ainsi qu’elles sont 75 000 à avoir fait ce choix, salariant 23 millions de Chinois et représentant 300 milliards de dollars d’investissements cumulés. Les entreprises internationales assurent 50% à 60% des exportations chinoises, dont la moitié pour les entreprises taiwanaises. Il faut donc relativiser ou tout au moins replacer dans leur contexte les débats relatifs au fort excédent de la balance commerciale chinoise… Téléphones portables, terminaux et logiciels informatiques… sont notamment au cœur de ces échanges, souvent produits en Chine par des sociétés d’origine taiwanaise, même s’il leur est apposé, en fonction de leur lieu d’assemblage, la mention made in china.

Que vendons-nous à Taiwan? Le premier secteur d’exportations françaises à Taiwan est l’informatique, l’électronique et l’optique, il représentait en 2010, 307 millions d’euros soit 22,3 % du total de nos ventes. La France exporte en effet traditionnellement de nombreux composants électroniques vers Taiwan. (ST Microelectronics est très présent sur ce marché). Viennent ensuite les produits chimiques, parfums et cosmétiques, avec, en 2010, un total de 227 millions d’euros, soit 16,5% du total. Viennent ensuite les transports (182 millions d’euros, soit 13,3%), notamment les exportations aéronautiques (A330), plus ou moins dynamiques selon les années. Dans le secteur automobile, des droits de douanes élevés (35%) pénalisent les importations de véhicules et avantagent l’assemblage local. De ce fait, seules les marques de luxe européennes telles que Mercedes, BMW et Audi s’imposent sur le marché taiwanais, aux côtés des marques japonaises. Avec 167 millions d’euros, soit 12,1% du total, nos exportations agroalimentaires se maintiennent à un bon niveau. Les Taiwanais sont dans l’ensemble assez réceptifs à l’offre française dans ce secteur. La balance commerciale bilatérale est cependant très déséquilibrée, au profit de Taiwan. En 2010, le déficit bilatéral s’est creusé à près d’1,5 milliard d’euro, contre 1,15 en 2009, au profit de Taiwan.

France

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TAIWAN

Taiwan un nouveau centre financier régional? Jean-Pierre TRINELLE, Senior Country Officer Crédit Agricole Corporate and Investment Bank

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En tant qu’acteur étranger majeur du secteur bancaire Taïwanais, Crédit Agricole Corporate and Investment Bank a acquis une solide expérience dans ce pays. Jean-Pierre Trinelle, Senior Country Officer revient sur l’offre et les objectifs de la Banque à Taiwan.

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uel est l’historique de votre présence à Taiwan ? Crédit Agricole CIB a été la première banque française et l'une des toutes premières banques étrangères à entrer sur le marché taïwanais. Nous avons établi un bureau de représentation en 1970 puis obtenu une licence bancaire en 1984. Crédit Agricole CIB a depuis acquis une solide position. Nous sommes reconnus comme l'une des banques les plus actives parmi les banques étrangères, avec une équipe de près de 80 professionnels basés à Taipei. CLSA, notre filiale en courtage, est également présente à Taiwan depuis 1996 et y est reconnue comme un acteur de premier plan. Qui sont les clients de Crédit Agricole CIB et quels services leur offrez-vous ? Crédit Agricole CIB cible une clientèle d’établissements financiers locaux ainsi que de grandes entreprises nationales et multinationales. Nous leur proposons une gamme complète de produits ou services adaptés à leurs besoins. La Banque intervient dans les domaines du financement d’entreprises, de syndication de dette, du financement du commerce extérieur ainsi que des opérations de financement d’acquisitions en monnaie locale et dans les principales devises internationales. Elle propose, en outre, à sa clientèle une gamme de produits de couverture des risques de taux, de change et de fluctuation du prix des matières premières afin de les aider dans la

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France

gestion de ses risques. Crédit Agricole CIB a également développé la vente de produits d’investissement aux clients institutionnels à Taïwan. Dans quelle mesure accompagnezvous les entreprises françaises à Taiwan et les Groupes Taiwanais en dehors de Taiwan ? Nous sommes déjà en relation avec de nombreuses grandes entreprises françaises présentes sur le sol taïwanais. Notre objectif est de continuer à les accompagner et d’accroître notre volume d’affaires avec les firmes françaises et multinationales, clients prioritaires de la Banque. Par ailleurs, concernant la clientèle entreprise «middle market» du groupe Crédit Agricole, nous travaillons en étroite collaboration avec la «délégation Crédit Agricole Asie Pacifique» basée à Hong Kong afin d’aider nos clients PME à mieux appréhender le marché local et accéder plus aisément aux services bancaires pour leurs opérations internationales. Réciproquement, nos banquiers conseil pilotent la relation mondiale avec nos clients Taiwanais. Aussi, nous coordonnons les efforts de l’ensemble du réseau de Crédit Agricole CIB dans le monde et des différents métiers afin d’accompagner nos clients locaux dans leur développement international. Quels sont vos principaux atouts? D’abord, la Banque est présente à Taïwan et plus généralement en Asie depuis de très nombreuses années,

ce qui nous a permis de développer des relations durables et de confiance avec nos clients. En outre, comme ceux-ci sont devenus des acteurs à dimension régionale ou mondiale, notre réseau de succursales dans plus de 50 pays est un atout pour les accompagner en dehors de Taïwan. C ’ e st i n d é n i a b le m e n t l’ u n d e nos points forts par rapport à nos concurrents locaux. Par ailleurs, notre expertise en financements structurés et en syndication de dettes est très largement reconnue. Nos activités de marchés de capitaux et de banque d'investissement, en particulier d’«Equity Capital Markets», se sont également renforcés au fil des années. Enfin, nos équipes commerciales locales travaillent main dans la main avec nos spécialistes produits basés à Hong Kong ou en Europe afin de répondre au mieux aux attentes de nos clients. Voyez-vous des opportunités dans le secteur bancaire ? Taïwan peut devenir un véritable centre financier régional à condition que la réglementation se rapproche des standards internationaux, en particulier pour les opérations transfrontalières. L’annonce faite récemment par les autorités d’autoriser les banques à s'engager dans le marché offshore du RMB est une étape importante dans le positionnement de Taïwan comme centre offshore pour le RMB et offrira très prochainement de nouvelles opportunités commerciales pour les banques.


Taiwan

Taiwan - a new regional finance center? Jean-Pierre TRINELLE, Senior Country Officer Crédit Agricole Corporate and Investment Bank

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‘As a leading foreign bank in Taiwan since the 1970’s, Crédit Agricole Corporate and Investment Bank has gained great experience in the country. We aim at serving our local and international clients for all their banking needs and supporting their growth in Taiwan and abroad.’

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ould you please tell us about your presence in Taiwan? Crédit Agricole CIB was the first French bank and one of the very first foreign banks to enter the Taiwanese market. We set up a representative office in 1970 and then obtained a banking license in 1984. Crédit Agricole CIB has since gained a strong foothold. We are recognized as one of the most active banks amongst foreign banks, with a team of around 80 professionals located in Taipei. CLSA, our stockbroking affiliate, has also established successful equity brokerage operations in Taiwan since 1996. What are your targeted clients and what kind of services do your teams offer them? We service banks and financial institutions as well as large local and multinational corporations. We offer them a total range of corporate and investment banking products and services, standard or customized, to suit our clients’ banking needs. Crédit Agricole CIB has thus been active in arranging debt syndication, corporate loans and trade finance, as well as structured finance transactions in local and major international currencies. In addition, the Bank provides its clientele with a range of interest rate, foreign exchange and commodity hedging products to help them manage their risks. Crédit

Agricole CIB has also successfully developed the sales of investment products to institutional clients in Taiwan. To what extent do you provide support for French companies in Taiwan and for Taiwanese companies outside Taiwan? We are the bankers of many large French companies with a local presence in Taiwan. We aim at further expanding their business with multinational corporations, which are the core clients of the Bank. Besides, concerning Crédit Agricole's mid-cap corporate customers, we work closely with our Hong Kong liaison Desk for Asia to assist them with their international operations. Similarly, our senior bankers work in close cooperation with other Crédit Agricole CIB branches, not only regionally but also globally, to drive and develop the relationship with our core Taiwanese clients outside Taiwan and support them in their international development. What are the main strengths of Crédit Agricole CIB in this market? First of all, we have been very well established for many years in Taiwan and in the Asia region as a whole, allowing us to build and develop long-lasting relationships with our clients. Secondly, as our clients have more and more regional and/or

global operations, our powerful branch network in about 50 countries helps us to support their expansion overseas. This indeed represents one of our strengths compared to our competitors. Besides, our expertise and proven track record in structured finance and loan syndication are well-recognized. Our capital market and investment banking activities have also grown and strengthened over the years, as shown by our excellent positions in hedging and investment products in the local market. Our local sales teams work hand-in-hand with product specialists based in Hong Kong and Europe, and benefit from their constant support whenever it is required. How do you see business opportunities in the banking sector in Taiwan in the coming years? Taiwan can develop into a truly regional finance center, provided that its regulations continue to develop towards international standards, particularly for cross-border transactions. As an illustration, the recent announcement by the authorities to allow banks to carry out offshore RMB business is a significant step in promoting Taiwan as an offshore center for RMB and could provide new business opportunities for banks in Taiwan in this new growing market.

France

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TAIWAN

Taiwan : un marché de l’hôtellerie porteur Christophe PAIRAUD, Directeur de Novotel Taipei

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ourriez-vous retracer l'histoire de l'implantation de Novotel à Taiwan? Depuis 1982, le groupe Accor s’est fortement développé en Asie du Sud Est avec, au début de l’année 2011, quelque 130 hôtels. 51 des 400 hôtels sous enseigne Novotel, en France et dans le monde, sont actuellement situés en Asie. Unique hôtel du groupe Accor à Taiwan, Novotel Taipei a ouvert en novembre 2009. Sa création a bénéficié de l’appui du gouvernement, dans le cadre de la réalisation d’une zone franche destinée à séduire les entreprises internationales face à la concurrence accrue de la Chine continentale. Il a pour investisseur la filiale hôtelière du transporteur aérien taiwanais, China Airlines. Distant seulement d’1,5 km de l’aéroport, il est intégré dans un complexe abritant les services administratifs de la compagnie aérienne, ainsi qu’un centre de formation de son personnel. Afin d’attirer la clientèle d’affaires, il dispose notamment de cinq salles de conférence, d’une grande salle de réception, d’un accès à Internet gratuit dans toutes les chambres. Le développement de la zone franche aéroportuaire et la connexion au réseau de métro de la capitale contribuent à son développement, tout comme l’attractivité de l’île et l’intensification des liaisons aériennes entre les deux rives du détroit de Taiwan.

Quels sont les points forts de Novotel par rapport la concurrence? Novotel Taipei présente de nombreux avantages par rapport ses concurrents, dont une marque reconnue au sein d’un réseau international et une bonne localisation. Si l’hôtel respecte les standards de qualité du groupe Accor et de l’enseigne Novotel, la tarification comme les campagnes promotionnelles répondent aux enjeux du marché local. La mise en œuvre à Taiwan du concept MICE (Meetings, incentives, conferences and exhibitions) représente aussi un point fort pour séduire la clientèle d’affaires, alors que Taiwan attire en nombre croissant les voyageurs d’affaires venus de Chine. A partir de l’hôtel, il est facile de rejoindre les plus beaux golfs, comme de visiter les montagnes du centre ou de se rendre sur les plages du Sud. L’établissement séduit aussi les touristes, avec son espace bien-être de 1500 mètres carrés, incluant Spa, fitness et jacuzi. La qualité des ressources humaines est essentielle dans l’hôtellerie, métier de services… Novotel Taiwan fait-il appel à de nombreux expatriés? Au démarrage, l’hôtel comptait cinq expatriés de quatre nationalités, issus du Vietnam, du Pakistan, de Hong kong et de France. A présent, il s’appuie surtout sur un recrutement local, ce qui ne va pas de soi alors que de nombreux jeunes Taiwanais sont attirés par l'informatique ou certains emplois moins difficiles que ceux de l'hôtellerie... Par ailleurs, récemment, le marché local de l’emploi dans le secteur est devenu

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Deux ans après son ouverture, fort de son emplacement stratégique - près de l'aéroport comme du centre-ville de Taiwan - Novotel Taipei attire une clientèle locale et nationale, avec de belles perspectives, précise Christophe Pairaud, Directeur de Novotel Taipei.

très compétitif, avec l’ouverture de nombreux établissements internationaux, notamment haut de gamme. La situation géographique de l'hôtel, à 35 minutes par autoroute du centre de Taipei, si elle contribue à son attractivité, rend plus difficile en revanche le recrutement de personnels locaux, qui ne peuvent pas le rejoindre en deux roues. Un point fort aux yeux de ses futurs collaborateurs réside dans le fait que Novotel offre u n p ro g r a m m e d e fo r m a t i o n / coaching complet pour celles et ceux qui souhaitent évoluer au niveau professionnel. Premier hôtel du groupe Accor à Taiwan, l’établissement jouit d’un marché porteur, avec une clientèle locale et internationale, pour affaires et tourisme. Les perspectives sont belles. France

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Les relations ĂŠconomiques et commerciales entre la France et Hong kong


HONG KONG

«Une volonté commune de renforcer les liens économiques entre les deux territoires» Arnaud BARTHELEMY, Consul Général de France à Hong Kong

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Les échanges commerciaux entre Hong Kong et la France sont très dynamiques, répondant à une volonté commune de renforcer les liens économiques entre les deux territoires : plus de 14000 Français sont installés à Hong Kong, qui représente la deuxième destination pour les investissements directs de la France en Asie. Mais d’autres formes de coopération sont également encouragées, qu’elle soit fiscale, culturelle, scientifique ou universitaire.

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a France est-elle un partenaire important de Hong Kong dans le domaine économique? Les échanges commerciaux entre la France et Hong Kong sont très dynamiques. L’année 2010 marque une progression spectaculaire des exportations françaises (+77,5%, contre +40% vers la Chine et +12% vers le reste du monde). Tous les secteurs d’excellence français ont profité de cette hausse, tant l’aéronautique (+1400%) que les biens de consommation (+40%). En conséquence Hong Kong s’affirme comme un partenaire commercial de première importance, absorbant 10% des exportations de la France vers l’Asie et dégageant le second excédent bilatéral français dans le monde après le Royaume-Uni (soit 3,7 Mds e, deux fois mieux qu’en 2009). Ces performances exceptionnelles pour un Territoire de 7 millions d’habitant s’expliquent à la fois par le positionnement très solide des entreprises françaises sur certains secteurs domestiques (finance, articles de luxe, vin) et par le rôle central de Hong Kong dans la distribution de certaines des exportations françaises en Chine et dans toute l’Asie. Sur le plan des investissements, en 2009, Hong Kong a été la 2ème destination des Investissements Directs à l’Etranger de la France en Asie, pour un montant 703 Me. Au total, on dénombre plus de 700 sociétés ou filiales d’entreprises françaises, qui emploient localement 30 000 personnes. En termes de stocks, ces XVI

France

derniers s’élèvent à 5,6 Mdse en 2009 contre 1,2 Mde en 1999 soit une progression annuelle moyenne de +15%. Notons enfin que la France bénéficie également du rôle de Hong Kong en tant qu’investisseur. Bien que les flux investis annuellement connaissent une évolution irrégulière (entre 50 et 200 Me par an) et restent dans l’ensemble plutôt modestes (stock investi cumulé de 1,7 Mds e en 2009, soit 0,2% du total des IDE reçus par la France), Hong Kong occupe la 3ème place en Asie des investisseurs en France, derrière le Japon (8,7 Mdse) et Singapour (1,74 Mdse) mais loin devant la Chine continentale (375 Me). Le succès de la vague récente d’investissements hongkongais dans certains secteurs clés (distribution, immobilier, TIC), conjugué aux investissements hôteliers très importants dans le haut de gamme (Shangri-La, Mandarin, Peninsula) permet d’être optimiste sur la tendance. Où en est la coopération en matière fiscale (non double imposition) ? La Convention fiscale en vue d’éviter les doubles impositions en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune et de prévenir l’évasion et la fraude fiscales a été signée en octobre 2010 par Mme Christine Lagarde et son homologue hongkongais, M. John Tsang. L’Assemblée nationale vient d’approuver le texte début octobre, ce qui permettra son entrée en vigueur dans les semaines qui viennent, avant le début 2012.

La signature de l’accord fiscal entre la France et Hong-Kong est le fruit d’une volonté commune de renforcer les liens économiques entre les deux territoires. La coopération fiscale organisée par cet accord permettra à la France d’obtenir des informations nécessaires à l’application de sa législation fiscale en matière d’impôt sur le revenu, d’impôt sur les sociétés ou encore d’impôt de solidarité sur la fortune. Hong Kong s’est en outre engagé à aligner le champ de l’échange de renseignements organisé par cet accord sur toute disposition plus étendue, négociée ultérieurement par ce territoire avec un autre Etat. Enfin, les investisseurs à Hong Kong bénéficieront d’une réduction à 10% des taux de retenue à la source sur les revenus passifs (dividendes, intérêts et redevances) et de l’élimination des doubles impositions. Les dispositions anti-abus de cet accord offriront des protections efficaces contre l’évasion et la fraude fiscales. Pourriez-vous revenir sur la coopération scientifique et universitaire avec la France ? La coopération universitaire et scientifique avec Hong Kong constitue une des axes stratégiques d’intervention du Consulat général. Plus de 100 accords ont déjà été signés entre les institutions d’enseignement supérieur français et hongkongais, principalement concernant des échanges d’étudiants.


Hong Kong

locales. Il constitue donc pour le Consulat une occasion exceptionnelle de travailler très étroitement avec l’ensemble de ces partenaires, politiques, culturels et économiques. En 2012, nous fêterons les 20 ans du festival French May avec une programmation exceptionnelle.

des sujets représentant un enjeu majeur dans cette région compte tenu des risques existants. Deux laboratoires internationaux associés existent également. Le premier mis en place en 2009 en partenariat avec la Chinese University of Hong Kong développe des médicaments efficaces et sûrs issus des produits de la médecine traditionnelle chinoise. Le second mis en place en 2008 avec la Hong Kong University of Science and Technology explore les mécanismes d’échanges moléculaires et atomiques lors de la multiplication des cellules neuronales animales. Enfin, le consulat répond à une demande grandissante de la communauté scientifique française et hongkongaise pour lancer de nouvelles initiatives. Le programme Hubert Curien PROCORE est financé et piloté conjointement par le Consulat, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et le Research Grant Council (organe en charge de la recherche à Hong Kong). L’appel à projets de la 14ème édition du programme PROCORE a connu un franc succès. 42 dossiers ont été déposés cette année, soit une nouvelle hausse (+14%) après celle déjà observée en 2010 (+53%). Depuis 1999, plus de 450 dossiers ont été soumis. 168 projets de recherche et 8 conférences ont été financés impliquant notamment les scientifiques hongkongais les plus éminents. Des discussions sont actuellement en cours entre l’Agence Nationale pour la Recherche et le Research Grant Council concernant la mise en place d’un programme international joint. L’aboutissement des négociations permettrait à notre coopération scientifique de disposer d’un nouveau dispositif permettant de financer de projet d’envergure. L'organisation du French May illustre la coopération culturelle entre la France et Hong Kong ; en quoi cet événement constitue-t-il un temps fort de ces relations bilatérales ? Le French May est effectivement un festival initié par la France, il y a 19 ans, mais devenu très largement un évènement hongkongais, adopté par le public, soutenu par les autorités et les institutions culturelles hongkongaises, mais aussi très largement financé par les sociétés

Vous qui y résidez, qu'y appréciezvous le plus et comment vivez-vous cette expérience à Hong-Kong ? Ce qui m’a le plus frappé lors de mon arrivée à Hong Kong il y a quelques mois, c’est l’énergie incroyable que dégage la ville. C’est un territoire qui regorge d’opportunités et les Français ne s’y sont pas trompés puisque plus de 14 000 d’entre eux sont déjà venus s’y installer. Ce chiffre est d’ailleurs en augmentation régulière et chaque mois ce sont entre 100 et 150 nouveaux Français qui viennent s’établir à Hong Kong. Il s’agit d’une population relativement jeune (moyenne d’âge de 30 ans) et très entreprenante. Hong Kong est également une ville de contrastes, ce que j’apprécie tout particulièrement. On peut passer en moins d’une heure du bruit et de la cohue de la ville avec ses gratte ciels à perte de vue au calme des réserves naturelles dans les nouveaux territoires en passant par les belles plages du sud de l’ile.

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En 2010, plus de 400 étudiants hongkongais ont fait une demande de visa auprès des services du Consulat afin d’étudier en France. Ils intègrent fréquemment les plus prestigieuses institutions françaises, principalement dans le domaine du management (HEC, ESSEC, INSEAD)… La France est ainsi la deuxième destination européenne pour les étudiants hongkongais après la GrandeBretagne. La même année, plus de 200 étudiants français sont venus suivre ici des cours faisant ainsi de la population étudiante française la plus importante d’Europe à Hong Kong. Afin de développer de nouveaux partenariats, le Consulat organise des visites et accompagne de nombreuses délégations françaises à Hong Kong et réciproquement, cinq pour le seul mois de mai 2011. Pour répondre aux besoins des entreprises françaises, le Consulat pilote aussi plusieurs dispositifs permettant d’attirer les meilleurs étudiants à venir en France. Tous les ans, 6 bourses de master sont octroyées au travers du programme « Alexandre Yersin ». Depuis 2000, 62 étudiants on pu bénéficier de ce dispositif. En 2010, deux étudiants ont pu bénéficier de la bourse de master Crédit Agricole / Ministère des Affaires Etrangères et Européennes, deux de la bourse «Instituts d’Etudes Supérieurs des Arts» et 80 de la bourse linguistique « Consulat général /Chapitre hongkongais de la légion d’honneur». Ces programmes sont désormais stratégiques pour les entreprises, la compétition pour attirer les meilleurs collaborateurs étant forte. Les entreprises françaises implantées massivement à Hong Kong l’ont bien compris. Pour répondre à ce besoin, le Consulat cherche à développer d’autres partenariats avec des entreprises privées. Sur le plan de la recherche, il existe une collaboration étroite entre la France et Hong Kong avec notamment un centre de recherche conjoint, deux laboratoires internationaux associés et une unité mixte internationale de recherche. Le centre de recherche Hong Kong University-Pasteur travaille depuis maintenant 10 ans sur les maladies infectieuses. Cet institut contribue à la recherche et à l’enseignement sur

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Hong Kong, une vitrine pour l'Asie Matthieu LEFORT, Directeur du Bureau Ubifrance de Hong Kong

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Forte de son positionnement stratégique, à la fois géographique et économique, Hong Kong constitue une véritable plate-forme de réexportation. Grand hub logistique, cette haute place des affaires attire de nombreuses entreprises.

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i Hong Kong absorbe 10% de nos exportations vers l'Asie, 72% seraient réexportées vers la Chine et le reste de l'Asie. La vocation régionale de Hong Kong est ainsi très affirmée. Quel en est le cadre, quelles en sont les raisons ? La France, qui exporte à Hong Kong pour un montant de 4,2 milliards d'euros en 2010, retire de ces échanges bilatéraux un excédent commercial de 3,7 milliards d'euros en 2010, le deuxième qu'elle réalise. Hong Kong peut tout d'abord compter sur sa position géographique idéale. La ville est reliée en moins de 4 heures de vol aux marchés clés asiatiques et en moins de 5 heures de vol à la moitié de la population mondiale. Le deuxième facteur clé est sa place logistique de premier ordre : au niveau mondial, son port de conteneurs se situe au cinquième rang et son aéroport au troisième. A ses 7 millions d'habitants s'ajoutent les

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35 millions de touristes annuels(1), dont 60% viennent de Chine, notamment pour faire du shopping, le niveau de taxes étant beaucoup moins élevé qu'en Chine. C'est aussi un marché sécurisé et contrôlé, sans contrefaçon. Hong Kong constitue une véritable vitrine. Les marques s'y créent une image, capital qu'elles pourront alors exploiter sur le marché en Chine. Hong Kong représente certes une porte d'entrée vers le marché chinois, mais également une ouverture sur l'Occident pour les Chinois. Enfin, son cadre règlementaire souple, hérité de la Common Law britannique, rend la ville véritablement attractive ; Hong Kong se situe au premier rang mondial devant Singapour des économies où la libre entreprise est garantie, selon l'Index of Economic Freedom de 2011.

Quels atouts requiert ce marché, faut-il miser sur le prix ou sur la différenciation ? Le prix n'est pas le principal critère d'achat. Le marché est très mûr, sophistiqué, et c'est la recherche de la nouveauté qui est privilégiée. Ceci se retrouve pour l'ensemble des biens de consommation. Beaucoup de fleurons du luxe français sont implantés à Hong Kong. Le marché des grands crûs est porteur également ; à titre d'exemple, on vend autant de vin en valeur à Hong Kong qu'en Chine. Les PMI-PME rencontrent-elles des difficultés spécifiques sur ce marché ? Qui dit ouverture dit forte concurrence : il est important de se distinguer, par l'innovation ou la sophistication de l'offre, sur un marché très compétitif. Il n'existe pas de barrières à l'entrée ; de nombreuses entreprises


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Quel est l'investissement nécessaire pour proposer à Hong Kong des biens d'équipement et de consommation, quels critères d'entrée sur le marché pourriez-vous citer ? Le marché est limité : celui des biens d'équipement est de taille modeste, et les grands projets d'infrastructures sont peu nombreux. L'investissement nécessaire est relativement faible, dans la mesure où le marché est libre et facile d'accès. Ainsi, très peu de licences d'exportation sont nécessaires, l'importation est simple dans la mesure où il n'existe pas de taxe sur les produits importés. Les autorités locales ont supprimé les droits d'accises sur la plupart des alcools en 2008 par exemple. Hong Kong constitue ainsi un havre fiscal, où l'imposition sur les bénéfices des sociétés s'élève à 16,5% seulement (contre 17% à Singapour, 25% en Chine). La convertibilité de la monnaie, la liberté de circulation des flux financiers sont totales, ce qui 'est pas le cas en Chine. Enfin, le droit du travail y est très souple ; un salaire minimum n'a été mis en place qu'en mai 2011 et reste relativement bas. Un contrat de travail écrit n'est pas obligatoire ; le droit social est flexible. Ainsi, les contraintes et barrières à l'implantation des entreprises sont faibles. Au niveau administratif, l'accent a été mis sur l'e-government pour les créations d'entreprise, et il n'est pas obligatoire de préciser l'objet social à ce stade. Le principal problème reste donc l'immobilier, et la nécessité de s'éloigner du centre, ce qui pose des difficultés pour l'implantation de boutiques. Hong Kong constitue-elle un lieu de soustraitance ? Quelles sont les motivations des entreprises françaises qui s'adressent à Ubifrance ? Il y a peu de capacités de production ici. Dans le cadre du développement

de la zone économique spéciale de Shenzhen, Hong Kong a délocalisé sa production en Chine dans les années 1980. Son PIB est composé à 90% de services, dont un tiers de finance, un tiers de logistique, un tiers de services aux entreprises. Mais il existe une forte réexportation : beaucoup utilisent Hong Kong comme un hub logistique. Le deuxième pôle d'exportation après l'aéronautique est la maroquinerie, vers l'Asie du Nord notamment. Les entreprises françaises ont davantage recours à Ubifrance pour trouver de nouveaux débouchés, des partenaires, surtout pour les biens de consommation et l'alimentaire, dans le cadre d'opérations collective ou de prestations B to B. La notion d'«Equipe de France de l'Export» est-elle une réalité à Hong Kong ? Avez-vous des exemples d'opérations réalisées en partenariat entre les équipes d'Ubifrance, les services des ambassades, les chambres de commerce, etc.? Elle existe totalement. Ainsi a lieu à Hong Kong depuis 19 ans un festival culturel, le French May, organisé par le service culturel du Consulat. Ubifrance a choisi la carte de la gastronomie pour promouvoir la France ; la Provence était à l'honneur cette année. La French Fashion May valorise la mode. Une autre initiative vise les Volontariats Internationaux

en Entreprise (VIE) : actuellement 230 postes sont pourvus à Hong Kong, ce qui en fait la deuxième ville d'accueil en Asie. Un grand prix VIE sera remis au Consulat en 2011, en partenariat avec Ubifrance et les Conseillers du Commerce Extérieurs de la France. Ces deux institutions ont collaboré avec la Chambre Française qui a organisé le forum Travailler ensemble, qui sera renouvelé l'an prochain. Des réflexes concrets sont déjà ancrés, et l'important est de jouer en équipe. Pouvez-vous évoquer quelques beaux succès français ? Concernant les biens d'équipement, on peut citer Airbus, qui enregistre de nombreuses commandes, mais également Dragages, filiale de Bouygues, ou Veolia et Suez qui se partagent le marché du traitement des déchets, ou Veolia Transport China pour la gestion du tramway... Le luxe réalise de belles performances également. On note la présence de niches dans l'agroalimentaire (succès de la Maison du Chocolat, de différents producteurs de jambons ou de fromages de qualité à très forte valeur ajoutée). S'agissant des biens de consommation, l'Occitane a été introduite en bourse, bénéficie d'un fort réseau de distribution et a largement diversifié ses activités avec les spas, comme c'est le cas aussi pour Agnès B., avec la création de restaurants, jouant sur son image de haut de gamme.

(1) D'après les derniers chiffres du Hong Kong Tourism Board pour 2010

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souhaitent acquérir une notoriété qui facilitera leur implantation en Chine. Le prix de l'immobilier, très élevé au mètre carré, constitue un autre frein : il est plus élevé qu’en Chine, même si la rentabilité au mètre carré reste largement supérieure à Hong Kong. Les négociations lors des renouvellements de baux commerciaux se font généralement à la hausse. Seules les grandes marques solides peuvent prétendre aux meilleurs emplacements.

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Hong Kong, une implantation stratégique et un point d’entrée naturel vers la Chine Rebecca SILLI, Associée responsable du bureau de Gide Loyrette Nouel à Hong Kong

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Le Cabinet Gide Loyrette Nouel a fait le pari de l’Asie depuis plus de 20 ans et a ouvert son bureau de Hong Kong en 2006. Il conseille autant les entreprises étrangères désireuses de s’implanter en Chine que les investisseurs chinois dans leur développement à l’international. Après 6 années passées à Pékin pour le Cabinet Gide, Rebecca Silli dirige depuis sa création le bureau de Hong Kong.

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A Hong Kong, vous disposez d’un cabinet de droit hongkongais depuis 2009. Quels bénéfices vous apporte ce statut ? Nous avons fait en sorte de pouvoir pratiquer en droit local dès que nous avons été en mesure de remplir les conditions posées par la Law Society à Hong Kong. Il s'agissait pour nous d'une volonté stratégique pour assurer une implantation pérenne et pour développer notre présence régionale. Cette capacité en droit hongkongais nous permet d'accompagner nos clients dans le cadre de leurs projets d'acquisition ou d'implantation tournés vers la Chine ou vers le reste de l' Asie. Cela nous autorise également à accompagner les entreprises chinoises dans le cadre de leur internationalisation, puisque Hong Kong est une place privilégiée pour la structuration de leurs investissements à l’étranger. Nous intervenons aussi en tant que conseil de nombreuses banques pour la mise en œuvre de prêts et de financements structurés dans des secteurs très divers (production et distribution d’énergie, infrastructure, secteur minier, pétrolier et gazier, immobilier, etc.)

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omment se sont développées les activités du Cabinet Gide Loyrette Nouel en Chine ? Notre présence en Asie illustre à la fois notre orientation internationale et la confiance que nous avons dans cette zone du monde. Gide a été l’un des tous premiers cabinets étrangers à être présent en Chine continentale avec l’obtention

d’une licence dès 1993 à Pékin. Nous avons prolongé et renforcé cette implantation par l'ouverture d'un d e u x i è m e b u re a u e n 2 0 0 2 à Shanghai. En 2006, il nous est paru opportun d'ouvrir un troisième bureau à Hong Kong afin d'y développer une plateforme régionale, et de prolonger notre activité «Chine».

Vous avez précédemment exercé à Pékin. Quelles sont les principales différences juridiques entre ces deux régions ? Dans le cadre de la politique dite de «un pays, deux systèmes» et qui doit perdurer jusqu'en 2047, Hong Kong a conservé son propre système juridique. Le système chinois est finalement

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assez proche du droit civil tel qu’on le connaît en France ou en Allemagne, avec une très forte implication de l'administration. A Hong Kong en revanche, nous évoluons dans un système de droit anglosaxon (Common law), qui laisse une liberté contractuelle nettement plus grande qu’en Chine. Cette plus large latitude s’exprime dans la rédaction des statuts, des pactes d’actionnaires et dans la mise en œuvre des projets. Les investisseurs savent également qu'ils peuvent s'appuyer sur un système judiciaire indépendant et très efficace en cas de contentieux. Quelles sont les autres avantages pour une entreprise étrangère de privilégier la place de Hong Kong ? Le cadre d’affaires est très efficace. Les délais de constitution d’une société y sont rapides (moins de 7 jours), et il n’existe pas de procédure d’approbation administrative. La fiscalité y est également avantageuse : Hong Kong bénéficie d’un accord avec la Chine qui permet à une filiale chinoise d'une société hongkongaise de faire remonter des dividendes à sa maison-mère avec un taux de retenue à la source de seulement 5% (dans la limite de récents dispositifs «anti-abus» mis en place par les autorités fiscales chinoises). Hong Kong et la Chine ont par ailleurs signé en 2003 un accord commercial (Closer Economic Partnership Agreement) octroyant des avantages en termes de d’exportation de produits vers la Chine ou d'implantation de sociétés hongkongaises dans certains secteurs de services. L’accès aux marchés chinois est donc facilité, ce qui explique que 40% des sociétés étrangères investissant en Chine ont leur siège social régional basé à Hong Kong. Moins difficile qu’une implantation directe en Chine, mois onéreuse et moins mobilisatrice en ressources humaines, Hong Kong peut être considéré comme une tête de pont. A cet égard, de nombreuses PME l’utilisent comme une première base, avant un déploiement plus large sur le territoire chinois.

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Quelles sont les différentes stratégies d’implantation possibles pour vos clients, pouvez-vous évoquer quelques projets emblématiques ? Tout dépend du projet et de l'objectif recherchés. Nos clients optent soit pour la création d’une filiale à 100%, soit pour l’établissement d’une joint-

venture avec un partenaire hongkongais ou chinois. Cette dernière option permet aux investisseurs de bénéficier du système juridique hongkongais. Nous avons par exemple récemment conseillé les Galeries Lafayette pour la constitution d’une joint-venture avec un important IT Limited, coté à la Bourse de Hong Kong et spécialisé dans la mode et la distribution textile. Nous avons également accompagné Veolia Transport dans le cadre de l’acquisition de la Société des Tramways de Hong Kong, et plus récemment le groupe Vallourec dans le cadre d'une prise de participation au capital d’une société chinoise, Tianda. Notre présence à Hong Kong nous permet aussi d'intervenir sur des dossiers régionaux. Nous sommes par exemple les conseils de la Banque Mondiale (SFI) sur certaines opérations dans la région. Quelles sont les nouvelles opportunités pour les entreprises françaises sur la place Hongkongaise ? La France fait partie depuis mars 2011 de la liste des pays « reconnus » par les autorités boursières de Hong Kong, ce qui devrait faciliter les projets d'introduction en bourse (y compris secondaire) de sociétés françaises à Hong Kong. Il est désormais également possible d’y émettre des obligations libellées en RMB et de lever par conséquent des fonds destinés à être ré-investis en Chine. Nous pensons que cela devrait intéresser prochainement les grands groupes français ayant des besoins de financement significatifs pour le développement et la consolidation de leurs investissements en Chine. Hong Kong est ainsi une destination clé pour les investissements étrangers et chinois ? Au-delà du cadre juridique et fiscal, Hong Kong dispose d’une situation géographique centrale en Asie, d’infrastructures très performantes, d’une proximité unique avec la Chine continentale et d’une main d'œuvre extrêmement qualifiée. Ce sont à nos yeux des avantages décisifs qui devraient assurer son développement futur. L’intégration croissante avec la Chine s’accélérant, Hong Kong apparait plus que jamais comme un point d’entrée naturel vers la Chine, mais également comme une plateforme privilégiée pour les investissements chinois vers l’étranger.


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L'exploitation du tramway de Hong Kong, vitrine pour le développement en Asie Bruno CHARRADE, Directeur de Hong Kong Tramway Limited

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L'exploitation du tramway emblématique de Hong Kong est assurée depuis 2009 par la filiale Veolia Transport-RATP Asia. Hong Kong, vitrine en Asie, constitue une opportunité pour les groupes Veolia Transdev et RATP alors que leurs activites se développent sur ce continent.

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a société Hong Kong Tramways, filiale de Veolia Transport – RATP Asia, assure depuis avril 2009 l’exploitation du tramway de Hong Kong. Pouvons-nous revenir aux origines de ce projet ? L'Asie constitue une zone de développement prioritaire pour les transports publics dans le monde. Avant 2009, si le groupe Veolia était actif en Asie dans ce domaine, la RATP via sa filiale RATP Dev. souhaitait internationaliser ses activités. La réussite du métro parisien faisait de la RATP une référence mondiale, tandis que Veolia Transdev présentait une expertise significative, premier opérateur mondial de tramway, présent dans 27 pays avec des activites bus, trains, ferrys, taxis,…. Il est apparu qu’en bénéficiant de leurs complémentarités, tous deux disposeraient d’un levier de croissance. Aujourd'hui, Veolia Transport-RATP Asia est présent en Chine, à Hong Kong et Macao, en Inde et Corée du Sud. A Hong Kong, le tramway, en service depuis 1904, unique avec son système métrique, étroit et à deux étages, transporte environ 230 000 passagers par jour, ce qui en fait la ligne de Tramway la plus chargée au monde. Son acquisition a été médiatisée. Il a fallu convaincre la communauté et le public de la valeur ajoutee a p p o r t é e p a r n o t re ex p e r t i s e internationale. Le débat a été vif. Techniquement, il n'avait pas été rénové depuis des décennies. Nous

avons misé sur sa modernisation. Si l’image du tramway est restée identique, nous visons une meilleure efficacité opérationnelle. Comment qualifieriez-vous ce marché ? En Asie, pour exister, il faut être connu. C'est là toute la difficulté de l'implantation. Hong Kong constitue une référence dans notre métier : les transports publics y assurent plus de 90% des déplacements. Mener à bien un projet à Hong Kong ouvre la possibilité d’utiliser cette référence pour se développer ailleurs en Asie par la suite. Dans cet environnement très libéral, l’Etat intervient peu. Si le transport public ne bénéficie d'aucune subvention, la rentabilité est assurée par le grand nombre de déplacements liés à la densité de population et par les revenus annexes comme la publicité. Nous ne sommes pas dans la situation qui voit en Europe la création de délégation de service public ; l’approche est différente. Par ailleurs, la forte médiatisation qui accompagne tout changement à Hong Kong nous a contraints à être très réactifs en matière de communication et très attentifs à nos modes opératoires. Quels sont les axes du plan de modernisation et d'amélioration du service que vous mettez en œuvre actuellement ? Il s'agit de moderniser progressivement la flotte sans modifier l'image

historique du tramway créé en 1904. Sur le plan technique, nous changeons les moteurs, les systèmes de freinage et l'aménagement intérieur, apportons une information actualisée aux voyageurs. A ce jour, seul 40% des transports par tramway empruntent des couloirs exclusifs ; nous cherchons à augmenter ce taux, pour remédier aux difficultés et lenteurs liées à la congestion urbaine. D’ici dix ans, à l’issue de ce chantier, nous souhaitons que Hong Kong dispose d’un transport par tramway plus fluide, sûr, calme et attractif. Nous misons aussi sur une motorisation économe en énergie. Qu'en est-il de votre développement à Macao ? Veolia Transport-RATP Asia exploite depuis le 1er août 2011 plus de 40% du réseau de bus de Macao. Nous sommes en phase de démarrage, ce qui est toujours difficile dans une nouvelle implantation d’autant plus que nous créons l’ensemble de l’activite ex nihilo. Nous souhaitons améliorer la qualité de service et apporter, ici aussi, notre savoir-faire. Macao ne représente que le dixième de la surface de Hong Kong mais est en pleine croissance en liaison avec le developpement du tourisme et des casinos. L'approche est différente, puisque le mode contractuel est similaire aux contrats de délégation de service public a l'européenne, initiative du gouvernement à Macao.

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Dépasser les différences culturelles

pour percer sur le marché chinois Eric TARCHOUNE à Hong Kong, directeur général du Dragonfly Group

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Crée en 2000, Dragonfly Group est un cabinet de conseil en management des ressources humaines franco-chinois, dont le rôle est d’aider les clients à s’implanter et se développer en Chine, en prenant en compte la spécificité culturelle.

ouvez-vous présenter Dragonfly et ses activités? Nous intervenons sur de nombreuses catégories de missions : - le recrutement par approche directe de dirigeants et d’experts ; - l’audit des Ressources Humaines ; - l’élaboration d’outils d’évaluation et de solutions tenant compte de la composition interculturelle du personnel de l’entreprise ; - le coaching de cadres ; - le management interculturel. L’équipe de Dragonfly Group est composée d’Occidentaux sinisants et de ressortissants chinois biculturels ayant à leur actif plusieurs années de pratique de fonctions opérationnelles au sein d’entreprises chinoises. Dragonfly Group assiste les PME / PMI comme les grands groupes étrangers dans leur implantation et développement en Chine. Il a acquis un nombre important de références d’intervention auprès d’entreprises opérant dans des secteurs variés, tels que luxe, textile, distribution, publicité, services financiers et immobiliers, transport et logistique, automobile, chimie et pharmacie, mécanique et électronique, TIC, Private Equity, services aux entreprises. Pour les opérations de recrutement, notre cabinet s’appuie sur un large réseau de partenariat en Asie, Europe, et Amériques, afin de trouver les meilleurs cadres qu’ils soient expatriés ou locaux. Quels sont les traits culturels qui différencient les entreprises occidentales et chinoises ? La structure de la pensée chinoise est très différente de la nôtre. Chez les

Occidentaux, elle est largement linéaidonne, il n’est ainsi pas rare de voir re et confrontationnelle, alors que les les femmes exercer des « métiers Chinois ont un mode de pensée plus d’hommes » en Chine : piloter un indirect, recherchant souvent une avion, conduire un train… forme d’harmonie avec leur interlocuteur. La société y est beaucoup plus Quelles approches développez-vous collectiviste, même si l’individualisme pour faciliter les relations de travail a tendance à se renforcer ces dernièentre vos clients et leurs partenaires années. Les différences culturelles res chinois? restent toutefois très marquées et Hier, les sociétés étrangères qui les relations de travail n’échappent choisissaient de s’implanter en Chine pas à la règle. venaient avant tout y chercher de En Chine, le système académique est nouveaux débouchés pour leurs axé sur l’apprentissage par cœur, la produits. Aujourd’hui, elles réalisent reproduction et le rapport vertical de que percer sur le marché chinois est maître à l’élève. C’est d’ailleurs une vital pour survivre et surveiller leur des raisons pour lesquelles les concurrence locale et internationale. industriels chinois sont très forts Mais pour y parvenir, il est essentiel pour copier, mais peinent généralede se familiariser avec les différenment à créer et à innover. Cela ces entre l’art des affaires à la explique également pourquoi les rapfrançaise et à la chinoise. Grâce ports sont très hiérarchisés au sein au coaching interculturel, Dragonfly de l’entreprise, où le patron fait quaGroup propose, en quelque sorte, siment figure d’empereur. une boussole pour aider à décrypter Enfin, autre différence majeure et ces différences culturelles et les peu connue : les femmes chinoises dépasser. ont une position très égalitaire dans la société et le monde du travail, où elles occupent souvent des postes à responsabilité. On observe que, dès l’enfance, les filles sont généralement moins surprotégées que les garçons et manifestent plus rapidement de l’autonomie, une qualité que l’on retrouve chez elles à l’âge adulte. Ainsi de nombreuses entreprises étrangères préfèrent recruter en priorité des femmes chinoises. L’héritage du communisme n’a fait qu’accentuer la > Atelier de formation interculturelle franco-chinoise ©DR

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Optimiser le management interculturel Yves CORCELLE, directeur associé Europe chez Dragonfly Group

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Implanté en Chine et en France, le cabinet de conseil en management Dragonfly intervient dans de nombreux domaines de la gestion des Ressources Humaines, du recrutement et du coaching. Ses équipes biculturelles, occidentalo-chinoises, mettent leur expertise au service de l’amélioration des comportements managériaux et d’une meilleure collaboration interculturelle dans l’entreprise.

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Au sein de la population cadre qui est notre secteur de compétence, nos clients cherchent des hommes et des femmes de nationalité chinoise ayant impérativement une formation et une expérience biculturelle franco ou occidentalo-chinoise, selon les cas. Ces cadres biculturels doivent être capables de faire l’interface entre le siège social et les collaborateurs chinois. Le profil le plus prisé est celui de cadres dont la formation

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omment accompagnez-vous vos clients dans la gestion de leurs Ressources Humaines ? Nos clients sont principalement des entreprises françaises ou issues de divers pays européens. La plupart d’entre elles n’ont pas une large connaissance de la culture chinoise ni la pratique des processus de gestion et du management d’entreprises chinoises. Leur principal souci est de comprendre et de mettre en œuvre les modalités permettant d’assurer le meilleur fonctionnement possible de leurs équipes locales, en liaison avec le siège occidental et les cadres expatriés. Pour atteindre et conserver un fort niveau d’efficacité, nous les accompagnons de diverses manières. Nous pouvons leur proposer de réaliser un audit des organisations existantes et de leur fonctionnement, avec l’identification des points à améliorer et l’élaboration de solutions pratiques réalistes. Nous les guidons également dans la bonne application du droit social chinois et des pratiques salariales en vigueur, procédons au recrutement de collaborateurs adaptés à leurs besoins. Enfin, nous intervenons dans d’autres domaines comme l’amélioration des pratiques de management franco-chinois, la motivation et la fidélisation du personnel chinois, les formations ou le coaching des cadres occidentaux et chinois. Quels sont les profils que vos clients cherchent à recruter ? Quelles méthodes d’évaluation mettez-vous en place pour faire le bon choix de candidats ?

initiale dans une université de Chine a été complétée par une formation dans une université et/ou une école d’ingénieur ou de gestion dans un pays occidental, français en particulier. Idéalement ces personnes pourront

attester d’une première expérience de leur métier au sein d’une entreprise occidentale d’une durée significative, de 3 à 5 ans environ. De retour en Chine, ils auront poursuivi leur carrière dans des sociétés étrangères, avec une bonne pratique de la langue et de la culture de l’entreprise française par exemple. Pour identifier de tels profils, nous mettons en œuvre un processus de sélection qui comprend des entretiens réalisés par nos consultants biculturels en langue chinoise, mandarin ou cantonnais, ainsi qu’en français et en anglais. Nous complétons ces entretiens par des tests validés sur des populations chinoises occidentalisées. Nous procédons également à des prises de références professionnelles approfondies auprès des anciens employeurs occidentaux et chinois des candidats. Quels sont les principes du coaching managérial que propose Dragonfly Group ? Il a pour but de mettre le cadre intéressé, français ou chinois, dans une situation d’échange et de réflexion avec un coach expérimenté, également biculturel franco-chinois, afin d’identifier et d’analyser les pratiques managériales adoptées jusque-là au sein de l’entreprise. L’objectif est de les soumettre à la critique, d’en apprécier la pertinence, l’efficacité ou les failles. Ce passage au crible se fait sous la conduite du coach qui est le garant d’une analyse exhaustive et sans complaisance, le travail devant aboutir, au final, à un meilleur comportement managérial et une efficacité renforcée. France

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A strategic location for the energy industry in the Asia-Pacific region Tim TO, President of Schneider Electric Hong Kong

Schneider Electric, the specialist in energy management, has been operating in Hong Kong since the 1950s. Since that time, it has become a key market player and a thought leader in the energy industry. Schneider Electric’s success is a consequence of its ability to offer its clients operating in Hong Kong, China, and the Asia-Pacific region innovative products and solutions for a more efficient use of energy.

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hat is the history of Schneider Electric in Hong Kong? Schneider Electric was created 175 years ago, and has had a presence in Hong Kong since the 1950s. Initially, Schneider Electric’s activities were represented by agents. There were over 120 brands in Schneider Electric’s range, including Merlin Gerin, Square D, Télémecanique and many other well-known brands. Schneider Electric can be described as an integrated solutions provider,

which has been developed through mergers and acquisitions. In the past, some of our customers and end-users may have known about our different solutions without realizing that they all belonged to Schneider Electric. Three years ago, the company decided to merge all its brands under the sole name of Schneider Electric. This initiative is in line with the company strategic objective of being an integrated solution provider.

The company has managed the transition carefully and this new approach has been proven successful. Today our customers understand that all the innovative products and solutions to address their energy needs can now be provided by one single company. This new approach has also been conducive to increasing Schneider Electric Hong Kong’s market share.

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business in Hong Kong has grown steadily and we have maintained a very good customer satisfaction record.

What are the principle activities of Schneider Electric in Hong Kong? With more than 300 employees, Schneider Electric has one of the largest workforces in the energy industry in Hong Kong. Our activities include local business as well as re g i o n a l a n d g l o b a l s u p p o r t functions. Schneider Electric operates in five different markets: utilities and infrastructure; industrial and machines; data centres and networks; non-residential and residential buildings. Because of the nature of our business, we serve and impact a very diverse range of people in society, including government bodies, property developers, consultants, contractors and home owners. One of the key reasons we are successful is that we can provide custom-made solutions for the energy needs of our customers. Various customer segments, such as hotels, banks and data centre customers, have their specific needs. Schneider Electric works closely with these customer groups to understand their operations and provide them with the solutions that they need. As a consequence, Schneider Electric’s

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Does Hong Kong represent a key market for the group? Schneider Electric has a strong focus on developing countries such as China, India, and the South-East Asian countries, where the development potential is substantially greater than in more mature countries. In fact, as the demand for infrastructure and energy will grow substantially in the coming years in these countries, major investments will continue to be made. Realising this trend, many global corporations have set up their headquarters or operations in Hong Kong and use it as a stepping stone to enter the China and Asia-Pacific markets. Schneider Electric in Hong Kong has been working closely with these global players and has capitalized on many new development opportunities. China is the main market, and Schneider Electric Hong Kong works closely with the Beijing team. Today, operations in the Asia-Pacific region represent 24 % of global turnover and they are growing fast. All in all, Hong Kong, though it does not represent a very large market, is a strategic location for the energy industry in the Asia-Pacific region.

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What are the specifics of doing business in Hong Kong? As a former British colony, now with strong support from China, Hong Kong has a number of characteristics which increase the attractiveness of doing business here. For instance, Hong Kong has an open and externally-driven economy, a well-defined legal system, a low corporate tax rate and a well-educated workforce. Furthermore, the Hong Kong dollar contrary to the Renminbi - is an internationally traded currency. We see that fundamentals in Hong Kong are very strong. Many business segments have enjoyed strong growth in recent years. In addition, the government is making major investments in the economy and paying special effort to assisting businesses operating here. In Hong Kong, more than 80 % of GDP comes from the services sector, and in particular finance, transportation, tourism, and the environment. Being a major financial centre makes Hong

Kong a very attractive location for international investors. What is your subsidiary’s current situation and what are its main goals for the future? Schneider Electric has been successful in delivering a wide range of reliable products and quality services and consequently has enjoyed a relatively high market share in our industry. There are many new opportunities ahead of us. Our focus in the coming years will be to offer integrated solutions that enable greater energy efficiency. Smart grids, renewable energy and electrical vehicles are some of the focus areas in the future. The solutions we offer will make it possible for all the systems of a building, such as electrical distribution, building automation and surveillance and security to be integrated into one single platform. The goal is to allow our customers to focus on their businesses, while Schneider Electric takes care of their energy needs. How do you see the future of Schneider Electric in Hong Kong? We are fortunate to be in this particular industry. Today, the entire world is facing an energy dilemma. According to the IEA (International Energy Agency), by 2050, energy demand is expected to double. Our planet is facing an unprecedented energy challenge. We must halve current carbon emissions by 2050 to prevent the dramatic consequences of climate change. You can see that organizations and people have been more concerned about environmental protection in recent years and more discussions are taking place. In addition, rising energy costs are also leading companies to think about how to save money on their energy bills without negatively impacting their business operations. The availability and usability of Schneider Electric’s solutions makes energy saving much easier. Together with strong support from the government, I think that there will be huge opportunities for industry players like us to make a positive difference for businesses, individuals and the environment. Schneider Electric, which has the most comprehensive portfolio of products and specific applications covering the various fields of expertise that are essential to the use of energy, is certainly a perfect green partner.



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Les relations ĂŠconomiques et commerciales entre la France et Singapour


SINGAPOUR

«Singapour, un pays attractif en Asie pour les entreprises françaises, à côté de la Chine et de l’Inde»

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Hubert TESTARD, Chef des services économiques régionaux pour l’ASEAN, Timor et la Papouasie

Singapour est l’un des principaux partenaires de la France en Asie, dans le domaine économique et commercial comme en matière de défense et de sécurité. C’est aussi un hub privilégié pour opérer en ASEAN. Précisions et éléments de contexte d’Hubert Testard, chef des services économiques régionaux pour l’ASEAN, Timor et la Papouasie.

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omment analyser la présence é co n o m i q u e f ra n ç a i s e à Singapour? Les exportations françaises vers l’ASEAN ont excédé 10,1 milliards d’euros en 2010, un chiffre légèrement inférieur mais comparable à celui de nos exportations en Chine, à près de 11 milliards d’euros, et trois fois supérieur à nos ventes vers l’Inde. Au sein de la zone ASEAN, Singapour accueille 50% des exportations françaises, soit près de 5 milliards d ’ e u ro s . V i e n n e n t e n s u i t e l a Thaïlande (15%) la Malaisie (13%) l’ I n d o n é s i e , le V i ê t - N a m , le s Philippines.

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Singapour joue un rôle de hub régional pour nos exportations qui s’est renforcé ces dernières années, avec en 2000 seulement 40% de nos exportations contre près de 50% actuellement. L’un des facteurs expliquant cette vocation réside dans le fait que le pays joue le rôle de plate-forme en matière d’import export ; c’est vrai notamment dans l’électronique comme dans la filière énergétique, où Singapour importe du pétrole et du gaz et exporte des produits raffinés. La balance commerciale française est quasiment équilibrée vers l’ASEAN, avec un taux de couverture des échanges de 95%, contre 30% avec la Chine. La France a un fort excédent commercial bilatéral avec Singapour, représentant près de 2 milliards d’euros en 2010. C’est une situation rare en Asie, où mise à part l’Australie, et dans une moindre mesure les Philippines, nos échanges commerciaux sont déficitaires. Singapour est en effet un pays développé qui importe massivement des biens de consommation français. L’aéronautique représente par ailleurs plus du tiers de nos exportations, Singapour Airlines et des compagnies Low Cost comme Tiger Airways étant des clients très importants d’Airbus. La cité Etat réalise également de nombreux projets d’infrastructure, notamment dans les transports terrestres et l’énergie ; à titre d’exemple Asltom y a remporté en 2010 des contrats très importants dans les centrales thermiques.

La part de marché de la France représente 2,4% des importations singapouriennes, contre 1,6% il y a 10 ans, soit le double de celle que nous réalisons en moyenne dans la région. Cette part de marché est proche de celle de l’Allemagne, qui s’établit à 2,9%. Retrouve-t-on des indicateurs similaires s’agissant des investissements directs français à Singapour? Notre stock d’investissements en zone ASEAN est supérieur à celui que nous avons en Chine d’après les données de la Banque de France, avec fin 2010, 9,5 milliards d’euros sur l’ASEAN contre 8,2 milliards en Chine et 2,3 en Inde. L’ASEAN reste la première destination des investissements français en Asie, même si on peut s’attendre à un rattrapage de la Chine au cours des années à venir. Singapour représente environ 50% de nos investissements au sein de l’ASEAN. Les grands groupes viennent en tête, notamment ST Micro, société franco italienne, qui avec 7 000 salariés, est le deuxième employeur étranger à Singapour, Sodexho compte près de 3000 salariés, Bouygues, près de 2000, BNP Paribas, 1000. En raison du rôle joué par la place f i n a n c i è re d e S i n g a p o u r , n o s banques y sont très présentes, qu’il s’agisse de BNP Paribas, Crédit Agricole, la Société Générale ou CIC. Notre présence industrielle est diversifiée, avec par exemple, outre l’électronique et la construction, le spatial et l’aéronautique (Thales


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Singapour

et Safran), l’ingénierie (Technip, Geostock), la chimie (Air Liquide), la pharmacie (Sanofi Aventis). Enfin l’ensemble des grandes marques françaises de biens de consommation sont présentes et connaissent un développement rapide. Le PIB par habitant du pays est très élevé et supérieur à celui de la France. La présence de nombreux touristes, généralement à haut revenus, venus de toute l’Asie, soutiennent fortement une demande de biens de consommation qualitative à un bon niveau de prix. A cet égard, Singapour est beaucoup plus proche du marché américain ou européen que de l’Inde ou de la Chine. Les pouvoirs publics constitue favorisent les investissements internationaux, à travers des aides ciblées sur les projets jugés prioritaires. Un des exemples les plus marquants de cette politique est le secteur du raffinage où Singapour a su en 25 ans devenir un hub d’exportations de produits raffinées qui se situe au premier rang mondial. Parmi l’actualité récente, quels points analysez-vous plus particulièrement comme étant de nature à influencer l’économie de Singapour, et les intérêts français sur place? La crise économique est déjà une histoire ancienne. En 2010 Singapour a connu une croissance de 14,5%, soit la deuxième performance au niveau mondial après le Qatar. Son rythme de croissance est resté

supérieur à 8% au premier trimestre 2011, et pourrait atteindre environ 6% au cours de l’année. Le risque inflationniste est la préoccupation principale du gouvernement en raison des tensions sur le marché immobilier et de l’augmentation du coût des matières premières agricoles et de l’énergie suite aux crises qui agitent le Moyen Orient. La hausse des prix à Singapour atteint actuellement 5%, contre 2% à 3% habituellement. Dans un pays disposant de d’excédents commerciaux considérables, cette hausse des prix importés ne présente pas de risque pour la balance des paiements, mais peut avoir un effet d’entraînement sur l’ensemble des prix qui justifie une politique de resserrement monétaire de la Banque Centrale. Les événements au Japon génèrent à la fois des conséquences négatives et positives dont l’équilibre est difficile à

mesurer. Les risques de rupture d’approvisionnement dans les échanges de produits électroniques sont réels mais ne se sont pas confirmés pour le moment. Singapour est par ailleurs une base importante de production de semi conducteurs et peut augmenter ses ventes en substitution de la baisse de l’offre japonaise. Quels éléments orientent votre analyse du pays et de son développement futur? Les grandes entreprises françaises ont une logique de développement en Asie sur trois pôles, la Chine, l’Inde et l’ASEAN, et au sein de l’ASEAN Singapour devrait continuer à jouer son rôle de hub régional, sans empêcher une montée en puissance progressive d’implantations directes dans les principaux pays de la région, en particulier l’Indonésie, le Vietnam, la Thaïlande et la Malaisie.

Repères

Singapour était au cours des années 1980, avec la Corée du Sud, Taïwan, et Hong Kong, l'un des quatre «dragons» d'Asie. Son économie prospère, son cadre d’affaires ouvert et transparent, ses prix stables et son PIB élevé par habitant en font un pays attractif pour investir comme pour développer un projet d’affaires. Son économie repose sur les services bancaires et financiers, le commerce, la navigation, le tourisme, les chantiers navals et le raffinage du pétrole. L'industrie électronique est dynamique comme le secteur de l'armement.

France

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SINGAPOUR

France – Singapour : des échanges denses au plus haut niveau L’attractivité économique de Singapour en fait un point de chute privilégié pour nos entreprises, en Asie du Sud Est. Les relations franco-singapouriennes bénéficient de la qualité du dialogue politique bilatéral.

vec près de 5000 ressortissants français, un rayonnement fort en Asie, Singapour présente une forte attractivité pour nos entreprises. Singapour est notre premier partenaire commercial en Asie du Sud-Est et l’un des tout premiers destinataires des investissements français en Asie. La communauté française à Singapour y est en constante progression, et y reste de plus en plus longtemps. Les actifs français à Singapour sont en majorité des cadres ou des membres de professions intellectuelles ; plutôt jeunes, on compte aussi parmi eux de nombreuses femmes. Plusieurs laboratoires de recherches travaillant en collaboration avec des centres ou des entreprises françaises dans le domaine des hautes technologies sont présents à Singapour ; l’île constitue un point d’ancrage régional pour de nombreux stagiaires de grandes écoles (E.S.S.E.C., I.N.S.E.A.D.) ou d’universités. Des échanges nombreux existent dans le domaine culturel. Souvenons-nous que Pierre Loti parlait de Singapour dans Pêcheur d’Islande. Segalen, Clemenceau, Cocteau, Malraux y ont vécu ; l’Ile de Lumière, le navire-hôpital affrété par « Médecins sans frontières » pour porter secours aux boat people vietnamiens, y a séjourné.

A

Des contacts et visites fréquents C’est le cas également dans le domaine politique. On sait que les relations

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France

politiques et diplomatiques précèdent et accompagnent les échanges bilatéraux. La qualité de la relation entre la France et Singapour s’exprime notamment à travers un programme dense de visites officielles. Ainsi, à titre d’exemple, LEE Hsien L o o n g , P re m i e r M i n i st re d e Singapour, est venu à Paris en 2008. Ce déplacement a été l’occasion de poursuivre le dialogue sur des sujets régionaux tels que la Birmanie et l’ASEAN dont Singapour occupait la Présidence, et les sujets mondiaux tels que la situation financière internationale. Il a permis également de renforcer des liens bilatéraux, dans les domaines politique, économique, social et culturel. Avant cela, Nicolas Sarkozy, Président de la République, avait rencontré en 2007 LEE Kwan Yew, ancien Premier Ministre, en visite officielle en France. Jacques Chirac avait effectué une visite officielle à Singapour en 2004, à la veille du sommet de l’ASEM V d’Hanoi et de sa visite officielle en Chine. Le Président de la République avait rencontré à cette occasion le Premier Ministre LEE Hsien Loong, le Senior Minister, GOH Chok Tong, et le Minister Mentor, LEE Kuan Yew. Ce dernier avait en outre été reçu à Paris le 22 septembre 2004. LEE Hsien Loong, qui s’était rendu à Paris en janvier 2003 en qualité de vicepremier ministre, y était retourné les 28 et 29 novembre 2005.

Au niveau ministériel également, les visites dans les deux sens observent un rythme soutenu. Au cours des années passées, Bernard Kouchner, et la secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux droits de l’Homme, Rama Yade, se sont rendus à Singapour. En juillet 2008, Rama Yade y a effectué une nouvelle visite pour représenter l’Union européenne à la 15ème réunion de l’ARF (ASEAN Regional Forum). En 2009, cela a été le cas d’Eric Woerth, ministre du Budget et de la Fonction publique (10-11 juillet) et de Christine Lagarde, ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi (12-13 novembre), qui s’y est rendue de nouveau en février 2011. Citons aussi, au cours des mois passés, la visite de Luc Chatel, ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative (janvier 2011), de Thierry Mariani, secrétaire d’Etat chargé des Transports (février 2011) et d’Anne-Marie Idrac, Secrétaire d’Etat chargée du Commerce extérieur (en juin 2010). Lawrence Wong, Secrétaire d’Etat à la Défense, s’est rendu en France en juin 2011. Ces échanges sont complétés par des contacts réguliers de hauts fonctionnaires des deux pays, notamment les consultations politiques annuelles entre les secrétaires généraux des deux ministères des affaires étrangères, dont la dernière session à eu lieu le 29 mars 2011 à Paris.


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Singapour

A Singapour, des débouchés intéressants, un contexte d’affaires facile et sûr, et une ouverture vers l’Asie du Sud-Est Michel CYWINSKI, Directeur d’Ubifrance à Singapour

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Cité-Etat de 700Km2, Singapour est idéalement située au cœur d’une région en plein essor économique : l’Asie du Sud-Est. Ce hub international centralise les accès maritimes, aéroportuaires et constitue un pôle dynamique pour les entreprises étrangères souhaitant s’implanter dans la zone.

S

ingapour est-il un marché facilement accessible aux entreprises françaises ? Singapour est un bon pays pour opérer et une porte vers l’Asie du S u d - E st . C e p e t i t m a rc h é d e 5 millions d’habitants qui ne compte guère de ressources naturelles s’est très tôt ouvert aux échanges commerciaux avec les autres pays de la région pour croître et se développer. Une moitié des importations qui arrivent par Singapour repart ensuite vers l’Asie. De ce fait, vendre à Singapour permet de vendre, dans une certaine mesure, en ASEAN. Cependant, chacun des pays de la zone est spécifique et c’est pourquoi Ubifrance y est aussi présente.

Dans le classement «Doing Business» de la Banque Mondiale, qui analyse la facilité à faire des affaires dans les différents pays, Singapour arrive en première position. En termes d’investissements, il existe à la fois une tradition d’ouverture et une grande sécurité ; ajoutons à cela une stabilité politique, des défauts de paiement peu nombreux, une pratique répandue de l’anglais qui constitue l’une des langues nationales de Singapour, une vraie capacité logistique avec un port très dynamique (2ème port de transbordement mondial). Il est facile d’y opérer, il est aussi très agréable de s’y installer et simple d’y créer une société : les formalités peuvent être

accomplies en ligne en quelques jours avec un capital de départ très faible (1 Euro) pour une Private Limited, la structure juridique la plus répandue pour entreprendre équivalente à une SARL. Les quelques restrictions à l’accès au marché sont rares, certains freins sont à noter par exemple pour exercer la profession d’avocat ou dans le domaine médical. Par ailleurs, les implantations de production à faible valeur ajoutée ne sont pas à privilégier compte-tenu du coût de l’immobilier. Nous sommes aussi ici dans un contexte caractérisé par un très faible niveau de corruption, ce qui rassure les hommes d’affaires. Ce pays développé, dont le PIB par habitant France

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Singapour

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était de 44 500 dollars en 2010, offre des débouchés intéressants ; face à la concurrence, très active dans tous les secteurs, il faut privilégier la qualité, avec un positionnement moyen ou haut de gamme, qui correspond bien aux produits occidentaux et français. L’enjeu n’est pas d’y vendre, mais d’y susciter le renouvellement de l’acte d’achat. Un bon produit trouve sa place, s’il tient ses promesses. La faible taille du marché est compensée par son ouverture sur la région et son effet vitrine. S’agissant des secteurs porteurs, les infrastructures et le transport intelligent en particulier sont en plein essor ; on attend près de 20 milliards d’euros d’appels d’offres à partir de 2012, soit la plus forte concentration de projets au monde dans ce secteur. Singapour, qui se dote d’un réseau de fibre optique, a un réel besoin de contenus, ce qui dynamise l’industrie des médias. Le luxe, les vins et spiritueux, les produits gourmets, trouvent leur place sur ce marché et l’offre française bénéficie en particulier de bons débouchés.

navale et des plateformes pétrolières. Il existe une forte demande actuellement à ce niveau ; les entreprises locales ont des carnets de commande très bien garnis. Sur ce secteur, Ubifrance a monté une rencontre acheteurs au cours de laquelle les entreprises françaises ont pu rencontrer des donneurs d’ordres potentiels. Citons aussi une opération que nous mettons en place en novembre 2011 dans le domaine de l’innovation : nous inviterons des pôles de compétitivité français pour échanger et présenter leur savoirfaire sur des sujets tels que la communication, l’éclairage, la construction verte…

Comment se compose le service public d’appui sur place ? Quelles sont ses priorités ? L’équipe d’Ubifrance compte 10 personnes, et, à l’image de son organisation dans tous les pays, comporte quatre filières. Elle est multiculturelle, composée de Singapouriens, mais aussi, de personnes d’origine asiatique et française, ce qui reflète bien la vocation de plaque tournante de Singapour. Nous développons une quinzaine de grandes actions collectives chaque année. L’idée qui les sous-tend est d’explorer les marchés sur lesquels la France est encore insuffisamment présente. Une grande partie de nos opérations et de nos prestations est par ailleurs réalisée en collaboration avec les autres missions économiques-Ubifrance de la région car les entreprises, qui font 10 000 km pour se rendre à Singapour, souhaitent aussi optimiser leur séjour en approfondissant leur prospection en ASEAN. A titre d’exemple, nous avons organisé en mai 2011 une manifestation de promotion des produits gourmets qui a eu un vif succès et qui a vu la venue d’importateurs de la région. Sujet moins connu, Singapour est en pointe dans les secteurs de la construction

Un dirigeant français ou européen trouve-t-il rapidement ses marques sur ce marché asiatique ? Il existe deux niveaux de réponse. Le pays est très transparent : les appels d’offres et les procédures d’achats sont très clairs. Ensuite, pour remporter des marchés importants, il est nécessaire, ici comme ailleurs,

France

Quels succès récents évoquer ? Quatre des seize entreprises françaises venues à notre invitation rencontrer des sociétés singapouriennes spécialisées dans la construction de plateformes pétrolières ont eu des demandes de devis à l’issue de ces journées. Quatre autres ont identifié un partenaire local potentiel lors de cette mission.

d’identifier les grands acteurs du secteur sur lequel on souhaite évoluer et le cas échéant les liens qui les unissent. Sur certains grands dossiers, des alliances avec un ou plusieurs partenaires locaux sont utiles. En dehors de cela, un bon produit et un bon vendeur sont les deux conditions suffisantes pour réussir. Les différences culturelles sontelles ici source de blocage ou de difficultés ? Avec un contexte d’affaires très ouvert et la pratique, généralisée, de la langue anglaise, il est facile de se sentir à l’aise assez rapidement. Mais attention, nous sommes en Asie, non en Occident. Ici comme en Chine, il faut veiller à ne pas faire perdre la face à son interlocuteur. Il ne faut pas hésiter à expliciter dans les détails une pensée, une idée ou un concept. Car votre interlocuteur singapourien ne voudra pas nécessairement reconnaître qu’il reste des zones d’ombre dans votre présentation… ce qui pourra être source d’incompréhension. Il faut pouvoir développer un discours pédagogique le cas échéant pour aller au fond des choses et être sûr d’être bien compris. Un autre point sur lequel il faut être attentif est le cadeau d’affaires. Des codes déontologiques stricts sont en vigueur. Il faut donc s’informer avant de proposer à son client, à son futur prestataire ou partenaire, un voyage ou un avantage en nature.

Repères Il y avait, en 2005, 4300 Français à Singapour, contre plus de 9100 actuellement parmi lesquels une centaine d’entrepreneurs et 180 volontaires internationaux en entreprises (8ème pays d’accueil dans le monde). La communauté française se développe rapidement, attirée par la bonne santé de l’économie comme par les grands projets en cours. Fin 2010, le pays comptait près de 430 filiales françaises. La population est pluriethnique, composée surtout de Singapouriens d’origine chinoise (75%), mais également malaise et indienne. Le revenu moyen par habitant est comparable à celui de la France. En matière de santé et d’enseignement, Singapour est aussi une référence dans la région. Le pays bénéficie d’un environnement politique, juridique et social stable. Son modèle économique repose sur ses accords de libre-échange conclus avec la majorité des pays asiatiques (notamment dans le cadre de l’ASEAN mais aussi avec la Chine) et les grands pays développés, comme les Etats-Unis ou l’Australie. En 2010, les échanges de Singapour ont représenté presque quatre fois son PIB.


SINGAPOUR

Singapour joue pleinement son rôle

de plate-forme vers l'Asie Carine LESPAYANDEL, Directrice de la Chambre de Commerce Française de Singapour

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Avec plus de 400 adhérents, la Chambre de Commerce Française à Singapour constitue un cercle privilégié pour nouer des contacts, mais aussi un relais pour bénéficier d'un appui opérationnel. La position géographique de Singapour en fait un tremplin vers l'Asie, précise Carine Lespayandel.

i certaines chambres de commerce membres de l'UCCIFE (1) jouent simplement le rôle de point de contact, d'autre proposent un appui opérationnel. Quelles sont les ambitions de votre Chambre de Commerce, à Singapour ? Grâce à notre taille, plus de 400 sociétés membres, un conseil d'administration de 20 personnes et 13 salariés, nous jouons un rôle actif auprès des entreprises françaises à Singapour. Nos trois départements - Appui commercial, Ressources Humaines et Animation de la communauté d'affaires - nous permettent de proposer une offre complète répondant aux besoins des entreprises, aussi bien celles basées en France que celles déjà implantées à Singapour.

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L'année 2011 a été marquée par de nombreuses manifestations avec plus de 100 événements organisés : à titre d'exemple un séminaire sur les vins de Bourgogne, le Forum Travailler Ensemble et notre Gala annuel

rassemblant plus de 520 invités prestigieux. La période actuelle, marquée par des taux de croissance très dynamiques du PIB singapourien, nous invite à développer nos actions opérationnelles. À titre d'illustration, le nombre de sociétés créées via nos services a augmenté de plus de 70% par rapport à l'année 2010. Nous souhaitons donc continuer sur cette lancée et restons à l'écoute de nos membres pour adapter et diversifier notre offre de services. Quel est le contexte actuel, quels éléments orientent vos services ? Le premier d'entre eux est le travail en réseau. Nous communiquons beaucoup avec les autres partenaires chargés de l'appui au développement international des entreprises françaises, tels que les conseillers du commerce extérieur de la France, Ubifrance avec qui nous organisons la présence française sur différents salons, les chambres de commerce notamment. Cela renforce l'efficacité

de nos actions tout en évitant la dispersion des moyens. Par ailleurs, fort de sa position géographique et de son cadre d'affaires très libéral, Singapour tient souvent de base en Asie pour les entreprises étrangères. Dans cet esprit, nous nous rapprochons des chambres de commerce membres de l'UCCIFE implantées dans les pays de l'ASEAN, pour accompagner les entreprises vers Singapour mais aussi vers ces autres pays. Un autre fait nouveau est la venue en nombre plus important de dirigeants de PMI-PME françaises pour des missions de repérage ou qui cherchent à recruter un agent, voire ouvrir un bureau de représentation. Ils ont pleine conscience du potentiel du marché singapourien mais visent également, à moyen ou long terme, les marchés de la zone qui bénéficient d'une croissance importante.

(1) UCCIFE Union des Chambres de Commerce Françaises à l'Etranger

Outre son rôle d'animation de la communauté d'affaires, la French Chamber of Commerce in Singapore (FCCS) soutient le développement des échanges économiques franco-singapouriens en fournissant des services d'appui aux entreprises. La FCCS aide ainsi les entreprises françaises souhaitant se développer ou s'implanter à Singapour, au travers d'un ensemble de prestations allant de l'aide à la création d'entreprise (bureau de représentation, Private Limited…) jusqu'à l'obtention de permis de travail et la domiciliation administrative, mais également l'identification de partenaires, d'agents et clients potentiels (mission de prospection commerciale) pour des entreprises françaises désireuses de prospecter le marché local et de rencontrer les institutionnels singapouriens. La FCCS prend en charge l'organisation de pavillons français regroupant des PME françaises exposant sur des salons singapouriens à couverture régionale, et ce en collaboration avec Ubifrance. Enfin, la FCCS développe des programmes destinés à aider les entreprises singapouriennes à mieux approcher le marché français ou européen. Un service de traduction français-anglais est disponible. La FCCS propose en outre un service recrutement à toutes les entreprises implantées à Singapour.

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SINGAPOUR

«Si Singapour est un cadre d’affaires très accueillant, il ne faut pas négliger les aspects comptables et financiers» Stéphane BENOIST, Directeur Général d’Orchid Link et Conseiller du Commerce Extérieur de la France

A sa position géographique privilégiée et au dynamisme de son économie, Singapour allie un cadre d’affaires libéral, très accessible. Mais les porteurs de projets doivent cependant veiller à bien maîtriser les aspects opérationnels, juridiques et fiscaux liés à leur projet d’entreprise.

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epuis quand résidez-vous à Singapour, dans quelles circonstances vous y êtes-vous rendu initialement ? Je suis arrivé à Singapour en 1993. Le groupe Louis Dreyfus pour qui je travaillais depuis 1991 au siège parisien m’y avait confié une mission de contrôle de gestion de trois mois. Cette période s’est prolongée, j’ai été détaché sur place. En 1994, j’ai quitté Louis Dreyfus quand on m’a proposé de prendre la direction financière d’une filiale d’une société française de construction. Celle-ci travaillait à l'époque sur certains chantiers prestigieux à Singapour, dont le Ritz Carlton Hotel, Millenia Walk, l’Ambassade des Etats-Unis, l’OCBC Building... En 1997 j’ai créé Orchid Link.

Quelques-uns des groupe français qui ont fait confiance à OrchidLink : Alioscopy, A n d ro s , A r t P a r i s , Augure, Bolloré (IER), Delfingen, Euro Controle Project, eYeka, Fa s t b o o k i n g , H D F , H e d i a rd , I n g re d i a , Magellan, Mauboussin, Netgem, Socomec, Zadig & Voltaire, ainsi que de nombreux entrepreneurs et PME/PMI.

Dans quelles circonstances et avec quel projet avez-vous fondé votre société? Au départ j’ai créé Orchid Link pour fournir des services de contrôle de gestion et de contrôle financier à temps partiel. Classiquement, de nombreuses sociétés, dans le cadre de leur développement, atteignent une taille critique face à laquelle leurs propres services de comptabilité ne sont plus suffisants, tout en restant trop petites pour recruter un contrôleur de gestion à temps plein. Nous répondons à ce type de besoin, proposant notre expertise de contrôle de gestion ou de contrôle financier, quelques heures par mois ou par semaine. De fil en aiguille, nos clients et futurs clients nous ont demandé une palette de services

plus large, incluant la tenue de la comptabilité, le conseil fiscal, la gestion de la paie, la mise en place de systèmes comptables, le secrétariat juridique… Nous nous sommes adaptés en proposant notre expertise comptable, mais aussi un back office plus complet. Aujourd’hui nous pouvons prendre en charge complètement la fonction administrative et financière d’une entreprise. Comment analysez-vous les difficultés que rencontrent les entreprises qui démarrent sur ce marché et quels moyens et quelle expertise leur proposez-vous? Singapour représente un contexte d’affaires assez transparent et relativement simple. Il n’en reste pas moins que des conseils de départ s’avèrent précieux, pour éviter certaines erreurs, qui, sans être dramatiques, peuvent générer une perte de temps et d’argent. Nous essayons de conseiller nos clients de façon optimale sur les aspects pratiques à connaître pour mettre en place une société et commencer leurs activités en les informant notamment sur les démarches administratives, par exemple, les procédures d’immigration et de permis de travail, les licences, ou encore l’enregistrement auprès de certaines administrations. Il est souhaitable aussi d’être au fait des questions fiscales, notamment en ce qui concerne les expatriés et les problématiques de retenue à la source. Sur le plan social, avant tout recrutement de salariés sur place, il faut maîtriser le droit social. En règle générale, France

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Singapour

pour éviter tout problème ultérieur, il faut veiller à adopter dès le départ les règles, procédures et systèmes comptables et financiers en vigueur. Enfin, notre accompagnement sur mesure varie selon la taille de notre client et la nature de son projet.

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©Yong Hian Lim - Fotolia

Pouvons-nous évoquer quelques dossiers auxquels vous avez attaché votre nom ? Depuis la création d’Orchid Link en 1997, nous avons conseillé de nombreuses sociétés et organisations en matière de finance, de fiscalité et de contrôle financier. Nous avons créé des filiales pour les groupes français de renom, nous avons mis en place des systèmes de gestion et organisé des départements comptables ici et à l’étranger (en Chine par exemple). Nous assurons ou supervisons la gestion comptable et financière de nombreuses entreprises, qui représentent près de 100 millions de dollar de chiffre d’affaires. Nos clients, nos partenaires (comme les grands cabinets internationaux d’audit ou les avocats d’affaire) et les administrations publiques, comme la Mission économique ou la Chambre de Commerce, nous recommandent régulièrement. Nous en sommes fiers! Vous êtes Conseiller du Commerce Extérieur de la France ; à ce titre, quelles sont vos activités et quels co n s e i l s d o n n e r i e z - vo u s a u x porteurs de projets ? Les Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCEF) mettent bénévolement leur expérience au service de la présence économique française dans le monde. Au cœur des marchés internationaux et experts dans leur domaine, ils transmettent leurs informations, avis et recommandations aux pouvoirs publics dont ils éclairent les décisions. A l’égard des PME nous essayons d’apporter nos connaissances de terrain et de permettre aux entreprises d’appréhender plus facilement l’ensemble des aspects d’une stratégie export et de mobiliser les relais susceptibles de faciliter leur développement international. Je ne peux que conseiller aux porteurs de projets qui s’intéressent à Singapour de prendre contact avec les interlocuteurs publics d'une part et les cabinets d’expert comme le nôtre d'autre part, auprès desquels ils trouveront des informations et des témoignages à forte valeur ajoutée.


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«Accompagner la croissance et le développement de l’économie singapourienne» Christophe CHALIER, Directeur Général d’Air Liquide à Singapour

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La filiale Soxal (Singapore Oxygen Air Liquide), détenue totalement par le groupe Air Liquide, connaît une croissance dynamique à Singapour, après y avoir effectué des investissements importants.

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vec 700 personnes, Soxal est, par ses effectifs, l’une des filiales les plus importantes d’Air Liquide en Asie. Quelles sont ses activités ? Air Liquide est implantée à Singapour depuis 1917. A cette date, le groupe servait surtout les chantiers navals en oxygène et en acétylène. Il a accompagné le développement des industries manufacturières au cours des années 1960 à 1970, de la pétrochimie à partir des années 1980, des semi-conducteurs entre 1990 et 2000 et plus récemment du secteur biomédical ou des énergies renouvelables. Au cours de ces trois dernières années, il a investi plus de 280 millions d’euros pour répondre aux besoins de ses clients dans les secteurs de l’énergie et de la chimie. Plus de la moitié de cet investissement a été consacrée à une nouvelle unité SMR (reformage de méthane à la vapeur) située à Jurong Island, avec une capacité de 100 000 Nm3 d’hydrogène par heure, la plus grande de ce type en Asie du SudEst. Elle approvisionnera notamment Neste Oil en hydrogène pour sa production de diesel renouvelable suite à un contrat signé en 2008 avec SOXAL, la filiale singapourienne d’Air Liquide, totalement intégrée depuis 2007.

L'hydrogène, dont la consommation est en pleine croissance, permet de réduire la teneur en soufre des carburants et est indispensable pour transformer le pétrole brut lourd en produits pétroliers plus légers et moins polluants. En développant ses positions dans ce domaine, Air Liquide révèle son orientation en faveur du développement durable, qui constitue l’un de ses choix stratégiques. Cette installation a été inaugurée le 3 juin 2011, le même jour qu’une unité de production d’oxygène et d’azote, dont l’investissement a été également réalisé par SOXAL. La filiale compte 20 sites de production sur l’île et 700 salariés. Elle a doublé ses ventes depuis 2009 et est devenue la troisième filiale d’Air Liquide en Asie, après celles dont il dispose au Japon et en Chine. Elle joue dans certains domaines un rôle régional, proposant son expertise, notamment dans le domaine électronique, à d’autres filiales d’Air Liquide en Asie. Quelles sont les perspectives ? A ce jour, SOXAL est leader à Singapour dans le domaine des gaz industriels et médicaux, avec des positions fortes notamment dans la pétrochimie et l’énergie. L’industrie électronique, également florissante, et le tissu dynamique de PMI-PME,

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Singapour

Air Liquide est le leader mondial des gaz pour l’industrie, la santé et l’environnement. Air Liquide produit des gaz issus de l'air (oxygène, azote, argon, gaz rares...) et d'autres gaz. Présent dans 80 pays, il compte 43 600 collaborateurs, 8 centres de recherche & développement, 5 centres d’ingénierie. Avec 300 brevets déposés chaque année, l’innovation et la technologie sont au cœur de son développement. Aujourd’hui, le groupe est organisé en 4 branches d’activités mondiales : - industriel marchand : gaz en moyenne et petite quantité pour des secteurs très diversifiés - grande industrie : utilisateurs de grands volumes de gaz industriels et de solutions énergie (chimie, raffinage, métaux) - électronique : gaz vecteurs, gaz spéciaux, liquides chimiques, équipements et installations de mise en oeuvre de ces fluides et services associés pour les fabricants de semi-conducteurs - santé : fourniture de gaz médicaux, services et équipements à l’hôpital, prestations de soins à domicile et hygiène Il est actif également en ingénierie & construction, soudage, plongée et chimie. Par ailleurs, le développement durable constitue l’une de ses orientations majeures : c’est ainsi que 42% du chiffre d’affaires du Groupe est directement lié aux activités qui contribuent à préserver l’environnement et la vie ; plus de 60 % du budget R&D est directement consacré aux problématiques environnementales (économiser l’énergie, produire plus propre, développer les énergies du futur) et à la protection de la vie. En 2010, son chiffre d’affaires s’est élevé à 13,5 milliards d’euros dont plus de 80% hors de France D’ici à 2015, le groupe a formalisé ses objectifs au sein du programme ALMA 2015, articulé autour de ses cinq relais de croissance : énergie, environnement, santé, économies en développement, hautes technologies.

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constituent deux axes forts de développement futur ; la maintenance aéronautique, la pharmacie et le biomédical recèlent aussi de réelles opportunités. Le PIB de l’Ile connaît une hausse à deux chiffres. La croissance industrielle va s’y poursuivre, notamment dans l’énergie et la pétrochimie. Les investissements réalisés ces dernières années et en cours nous permettront d’accompagner l’évolution des besoins de nos clients, dans les secteurs d’activité sur lesquels nous sommes présents, dans ce marché clé du Sud-Est de l’Asie. Nous pourrons notamment nous appuyer sur notre infrastructure de production et de distribution de gaz industriels à Jurong Island pour augmenter notre activité. Alors que le groupe a adopté récemment son programme stratégique pour 2015, nous allons pouvoir y contribuer pleinement : nos perspectives sur les cinq années à venir sont extrêmement dynamiques.

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ASIE

Sodexo in Asia, a strong presence and still growing… Laurent AUZANNEAU, Senior Vice President Sodexo Asia Pacific Pte Ltd

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Asia is an important player in Sodexo’s development. The population in Asia, combined with high GDP growth are some key drivers of potential development opportunities explains Laurent Auzanneau. The opportunities are there and with a robust strategy combining innovation and adaptability, Asia is the future.

hy is Asia important for Sodexo's W development? Asia is strategic for our Group for many reasons. With the largest percentage of the world's population, Asia's demographics, current regional GDP growth and potential for sustained development - above 15% on average mean that our current and future clients have a growing interest and need for the wide range of Quality of Daily Life Solutions that Sodexo delivers throughout the world. And what about Sodexo's presence, both in Asia and globally? Sodexo operates in 80 countries around the world and across all continents. In Asia, Sodexo is present in nearly a dozen countries including India, China, and most South East Asian countries… Singapore of course, but also South Korea, Thailand, Indonesia… What are Sodexo's Quality of Daily Life Solutions in Asia and elsewhere? In Asia and worldwide, Sodexo is a strategic partner for its clients in a number of market segments including Healthcare, Education, Corporate and XLVI

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Remote Sites. Our teams design and deliver solutions that contribute to enhancing organizational performance and the quality of life of their employees. Our solutions include facilities management, clinical technical maintenance for healthcare institutions, foodservices, camp construction and operations... What can you tell us about Sodexo's approach to Human Resources? Sodexo is and has always been a service company. People are therefore at the heart of our organization. 97% of our 380,000 employees around the world work on our clients' sites and are in contact with the 50 million people we serve on a daily basis. Our activity is complex because of the variety of geographies and markets in which we work. At the same time, it is very simple and founded on hiring, developing and retaining the people we need to serve our clients. What is Sodexo's « Better Tomorrow Plan »? What are some of the actions taken in Asia?

The Better Tomorrow Plan is Sodexo's worldwide roadmap for corporate social responsibility, based on three priorities and measurable progress: actively promote Nutrition, Health and Wellness, support the Development of Local Communities and Protect the Environment. In Asia, some of our actions include: - In Laos, our long term commitment to help develop and source from local fruit and vegetable growers within the communities around the Sepon Mine project. - In Indonesia, we are testing a «Green Camp Solution» to minimize environmental impacts and promote alternative energy sources. - In Thailand, Sodexo has introduced solar-powered vehicles for use by our teams on the Asian Institute of Technology's 160 acre campus. - For our Education clients in Singapore and Thailand, we serve specific menus to reduce students' intake of sugar and salt.



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SINGAPOUR

Expatriés à Singapour : pour une couverture sociale qualitative Gabrielle DE LA CROIX, GMC Services Régional Manager Sales & Network Distribution Asia Pacific

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Le Groupe Henner - GMC Services, leader en matière de couverture sociale des expatriés et des multinationaux, s'est implanté à Singapour en 2001. Son bureau asiatique veille sur les clients présents sur le continent, en misant tout particulièrement sur une qualité de services de très haut niveau.

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ouvez-vous présenter GMC Services et son bureau de Singapour ? GMC Services est une société de conseil et de gestion dans les domaines des prestations de santé, d'assistance, de prévoyance et de retraite. Elle appartient au Groupe Henner, fondé en 1964 par Rémy RobinetDuffo. Ce dernier a souhaité mettre en commun le savoir-faire et l'expérience d'associations et de socié-

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France

tés en activité depuis 1947 et dédiées, chacune dans sa spécialité, à la protection des personnes et des familles, tant sur le plan financier que sur celui des services pionniers et novateurs associés. Aujourd'hui, le Groupe Henner est leader en matière de couverture sociale des expatriés et des multinationaux. Il s'est implanté au Brésil, en Tunisie, au Kenya, au Luxembourg, en Suisse et à

Singapour, où il possède une plateforme de gestion et marketing qui assure le suivi de près de 30 000 bénéficiaires répartis sur tout le continent asiatique avec une forte concentration en Afghanistan, Singapour, Hong Kong, Chine, Inde et Thaïlande. Avec quelles équipes et quels moyens matériels et logistiques couvrez-vous Singapour?


Singapour

le téléphone avant 15 secondes. Bien entendu, nous restons joignables 24h/24 pour toute urgence grâce à nos 5 centres de gestion à travers le monde. À ce jour, quelle est votre cible de clientèle privilégiée, et à quels types de besoins essentiels répondez-vous? Nos partenaires locaux ciblent à la fois les entreprises et les particuliers souhaitant bénéficier d'une couverture santé internationale. Il s'agit principalement de personnes en mobilité, expatriés ou impatriés. Il est évident que notre origine française nous permet de conseiller les entreprises françaises implantées dans la région et tout particulièrement à Singapour puisque nous connaissons parfaitement leurs attentes ainsi que leurs exigences. Ils recherchent entre autres un service de qualité irréprochable avec des délais de traitement ultra rapides et la possibilité de pouvoir s'exprimer en français tout en bénéficiant d'un service local.

Le bureau de Singapour rassemble plus de 30 collaborateurs, tous de nationalités différentes, ce qui nous permet de traiter les demandes de nos clients dans 11 langues différentes. L'équipe gère les relations avec nos partenaires locaux, des courtiers en assurance, qui servent à la fois les entreprises et les particuliers. La relation client est au cœur de notre métier. C'est pourquoi nous accordons une grande attention à la formation, dans le but d'apporter une qualité de service de haut niveau. De fait, chaque membre de l'équipe se doit d'être polyvalent et de pouvoir répondre à toutes les questions qui peuvent se présenter : sur les remboursements en cours, les prestations servies par le contrat, la compréhension des factures, les demandes d'entente préalable ou encore les demandes de prise en charge. Nos standards de performance comptent parmi les meilleurs du marché. Nous nous engageons à traiter les décomptes sous 48 heures, à répondre aux emails dans les 24 heures et, pour ce qui est des appels téléphoniques, à décrocher

Les dirigeants de filiales et responsables de sociétés françaises présentes localement ont-ils toujours une connaissance suffisante des questions de protection sociale, de santé, de retraite dans l'environnement de Singapour? L'environnement juridique et social est complexe à l'international et varie d'un pays à l'autre. C'est pour cela que certains courtiers, dont GMC Services, spécialisés depuis plus de 30 ans dans la protection sociale des expatriés et des personnes en mobilité internationale, sont à l'écoute des marchés et de leurs réglementations. Nous pouvons donc mettre à disposition de nos partenaires et de nos clients toute notre expertise afin de les conseiller pour assurer à leurs salariés une protection sociale sans faille. Vos clients locaux adoptent-ils des garanties et prestations suffisantes? Le coût de la médecine locale à Singapour est très élevé si on le compare à celui de la France ou à d'autres pays d'Asie du Sud-Est. À titre d'exemple, une simple consultation à Singapour peut varier de SGD 50 à SGD 170 (soit entre 30 et 100 euros) alors qu'en Indonésie le prix variera entre IDR 50.000 et

IDR 100.000 (de 4 à 8 euros). Le rôle de GMC Services est donc de conseiller ses partenaires afin qu'ils aient connaissance du niveau de garanties requis pour assurer un niveau de couverture suffisant à leurs clients et/ou collaborateurs. Quels points vous distinguent de vos principaux concurrents et comment analysez-vous votre développement au cours des quelques années à venir? Grâce à nos 230 000 assurés multinationaux, nous avons une excellente connaissance des besoins des personnes en mobilité internationale, qu'elles soient de nationalité française ou autres. Notre réseau de prestataires de soins, Resmed, nous permet également de connaître l'environnement médical et social de leurs pays d'origine et de leurs destinations. Nous sommes ainsi en mesure de conseiller les entreprises et les partenaires quels que soient le statut et les besoins de leurs collaborateurs ou clients. D'autre part, nous faisons preuve d'une très grande réactivité grâce à notre présence sur place avec notre bureau et notre équipe médicale, possédant l'expérience des techniques et contraintes locales. Les assurés ont également accès, à l'international, à notre réseau de prestataires santé et d'établissements de soins, au sein duquel le tiers payant a été mis en place pour permettre de bénéficier du paiement direct des hospitalisations ou même des frais de médecine courante sans avoir à faire l'avance de frais. Nous pouvons orienter nos membres vers des établissements et des médecins présents dans plus de 192 pays. La crise économique impacte-t-elle vos résultats? En tant que spécialiste de la mobilité internationale, nous avons constaté, suite à la crise de 2008, une diminution de la population expatriés. Nous avons donc redoublé d'énergie pour conseiller au mieux nos clients dans cette période difficile et avons ainsi maintenu nos objectifs de croissance. Nous sommes également confiants quant aux années à venir et avons renforcé notre équipe avec un doublement des effectifs de l'équipe de conseil ces deux dernières années.

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Classic Fine Foods Singapore was established and started operating on the 1st January 2001. ■

Our function is to import, store and distribute food ingredients to hotels & restaurants, supermarkets, ship chandlers, air caterers and food processors.

Our objective is to distribute the best brands and the best products, to present the best offer to the market. We are brand builders, food specialists, fully dedicated to serving our market.

We insist on maintaining the highest standards of logistics. All of our warehouses are temperature controlled (max 15c) and all our fleet of trucks is equipped with chilled and frozen compartments. We have several rooms for storage, in 4 different temperatures. The main brands distributed are Président, Galbani, Rougié, Boursin, Maille, Bonne Maman, Bonduelle, Santagata, Levoni, Torreon, La Chinata, Serpis, Loch Fyne, Cocco, Menu, Fage, Minerva, Mc Lelland's, Stockyard, Cacao Barry, Cap Fruit, and many more. We hold ample stock available for immediate delivery to all of our customers every day. We also receive 7 shipments of fresh products per week from Europe. During the past 11 years, Classic Fine Foods has been leading the market, consistently innovating, introducing new products, raising logistical standards throughout. Last but not least, staff training is a big factor of our success and staff stability a good ingredient for growth. All of our sales people go to Europe or Australia at least once a year for training. They are committed and motivated like all of Classic Fine Foods' personnel, aiming for service, product integrity and work ethics.



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Les relations ĂŠconomiques et commerciales franco-japonaises


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«Le Japon a les moyens d’un spectaculaire rebond» S.E. Philippe FAURE, Ambassadeur de France au Japon

oilà des années que l’on parle de la fin du Japon, des années que l’on boude un pays vieillissant, affaibli, passé de mode, des années que l’on voue aux gémonies un pays dont on n’avait de cesse naguère de vanter le « miracle économique ». C’est dans ce contexte peu favorable de déclin démographique, d’aggravation des déficits publics sur fond de croissance molle, que sont intervenus le séisme du 11 mars dernier, le tsunami et l’accident nucléaire de Fukushima, «le pire depuis Tchernobyl» pour reprendre une expression journalistique qui ne fit pas grand sens tant les deux catastrophes sont différentes dans leur contexte comme dans leur ampleur. Tout le monde a vu les terribles images diffusées en boucle sur les chaînes de télévision, mais il faut se rendre sur place pour comprendre, pour donner un sens aux 25 000 morts et disparus, aux villes rasées, aux destins brisés. Et pourtant, je ne suis pas de ceux qui parient sur la fin du Japon, je pense au contraire que le Japon possède les moyens d’un spectaculaire rebond, je pense que le Japon se redressera comme il l’a toujours fait tout au long de son histoire. Et si je le pense, ce n’est pas parce que j’aime ce pays dans lequel

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je vis depuis plus de trois ans. Mon opinion s’appuie sur des éléments rationnels, des faits irréfutables. Au niveau macroéconomique d’abord, même s’il est toujours cruel de masquer derrière des chiffres tant de vies perdues, la catastrophe est soutenable : les trois préfectures du Tôhoku touchées par le séisme (Fukushima, Miyagi, Iwate) ne pèsent que 4% du PIB, 5,7% de la population. Tout le reste du Japon est intact. L’Archipel peut ensuite compter sur l’excellence de ses entreprises et le sérieux de sa population. A leur habitude, les entreprises japonaises ont montré après le séisme un sens de l’organisation et de l’adaptation qui a très vite permis le rétablissement de la chaine logistique, notamment dans l’automobile et l’électronique. La population japonaise s’étant pliée avec beaucoup de discipline aux demandes d’économie d’énergie, la baisse de production électrique pendant le pic de l’été, de l’ordre de 10% contre une estimation initiale de 25%, n’a pas affecté l’activité. Le résultat de cela est que l’économie rebondit plus vite que prévu. La récession semble écartée pour 2011 et la croissance est en vue pour 2012. Enfin, le Japon conserve tous ses atouts. Ses marques - les Sony, Sharp, Toyota, Panasonic pour n’en citer que quelques-unes - sont mondialement connues. Ses entreprises disposent d’un important cash flow qui leur permet d’investir à l’étranger sans alourdir leur bilan. Par son emplacement géographique, le pays est parfaitement intégré dans la zone asiatique, la plus active du monde du point de vue économique. Enfin et surtout, sa capacité d’innovation est intacte : premier pays pour le dépôt des brevets, le Japon consacre 3,8% de son PIB à la recherche et dévelop-

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Après les événements dramatiques du début de l’année 2011, le Japon peut miser sur différents atouts, institutionnels, culturels, économiques, pour repartir de l’avant.

pement, une somme extrêmement importante dont 80% provient de financements privés. Il est le leader en matière par exemple d’énergie solaire et tient de très nombreux «Dardanelles technologiques» qui obligent à recourir à son expertise sans autre alternative possible. La France a un rôle important à jouer avec ce pays d’une exceptionnelle résilience qui lui ressemble étrangement dans sa pratique d’un capitalisme raisonné, plus industriel que financier, plus soucieux du long terme que des résultats trimestriels. Ce sont probablement ces ressemblances qui faisaient déjà dire à Paul Claudel, Ambassadeur dans les années 20, que nos deux pays étaient liés par une «sympathie instinctive», qui font de la France le deuxième investisseur étranger au Japon et le premier pays d’accueil des investissements japonais en Europe occidentale. Ces échanges ne demandent qu’à prospérer, de nouveaux partenariats à se nouer : à chacun de savoir saisir sa chance dans le pays le plus stable d’Asie.


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Japon

«Les Japonais ont été émus par la solidarité dont la France a fait preuve» S.E. Yasuo SAITO, Ambassadeur du Japon en France

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Après l’accident nucléaire de Fukushima Dai-ichi, le lien d’amitié ou «Kizuna» francojaponais se renforce, tandis que la France offre au Japon sa coopération technique dans le domaine nucléaire.

Depuis ma nomination au poste d'Ambassadeur du Japon en France en juin 2009, j'ai été particulièrement impressionné par le succès que rencontre le Japon en France, succès qui peut être qualifié de véritable «boom». Lors de ma première venue en France au début des années 1970, le nombre de restaurants japonais en France pouvait se compter sur les doigts de la main. Aujourd'hui, on en compte plus de 700 dans la seule région parisienne. Si la culture traditionnelle japonaise, comme l'Ukiyo-e et le Kabuki, reste bien connue du public français, les

jeunes générations se passionnent depuis quelques années pour les mangas et l'animation japonaise. Rares sont également les Français qui ne connaissent pas les films de Takeshi KITANO ou les romans de Haruki MURAKAMI. Ce phénomène pourrait être qualifié de «néo-japonisme», en référence au Japonisme qui marqua la seconde moitié du XIXème siècle. Aujourd'hui, deux ans après ma nomination, ce « boom » japonais ne montre aucun signe de ralentissement. Il est vrai que le grand séisme de l'Est du Japon et la crise nucléaire qui

s'en est suivie ont eu un impact non négligeable sur l'image du Japon et ses produits, aussi bien en France que dans le monde entier. Ainsi, outre leurs efforts pour la reconstruction du pays et pour faire face à l'accident nucléaire, le gouvernement japonais et les représentations diplomatiques du Japon à l'étranger font actuellement tout leur possible pour rétablir cette image. Cependant, si l'on regarde l'autre côté de médaille, on peut aussi remarquer que l'encouragement et le soutien chaleureux de la France suite au désastre le plus important que le Japon

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ait connu depuis la Seconde Guerre mondiale ont davantage renforcé le lien d'amitié, ou « Kizuna », qui unit nos deux pays, et donné naissance à de nouvelles possibilités de solidarité franco-japonaise. En effet, les Japonais ont été profondément émus par la solidarité dont la France a fait preuve après la catastrophe, qui nous à nouveau fait prendre conscience de l'importance de l'amitié de la France. Nous avons ainsi reçu un nombre incalculable d'appels de condoléance et de sympathie de toute la France. Le 31 mars dernier, le Président Nicolas SARKOZY a été le premier chef d'État étranger à se rendre au Japon après le séisme pour réaffirmer son soutien et sa solidarité. Le gouvernement français a également dépêché des équipes de secours comprenant plus d'une centaine de membres ainsi qu'une aide matérielle, et diverses entreprises, dont la société AREVA, nous ont apporté un précieux soutien pour rétablir la situation sur le site de la centrale de Fukushima. Le 23 mars dernier, le Premier ministre François FILLON est venu à ma résidence officielle, où il a signé le cahier de condoléances pour les victimes du grand séisme de l'Est du Japon et adressé un message d'encouragement aux quelques 200 représentants présents de la communauté japonaise en France. En outre, de nombreux membres de la communauté japonaise en France ont organisé avec leurs amis français des collectes de dons et divers événements caritatifs comme des concerts et des ventes de charité. Nous avons aussi reçu un grand nombre de dessins et de messages collectifs faits par des enfants japonais et français. Lors de grands rendez-vous sportifs et de rassemblements destinés à la jeunesse autour de la culture japonaise comme le Marathon de Paris et la Japan Expo, de nombreux participants ont exprimé avec vigueur leur soutien au Japon. De nombreuses personnes ont également déclaré que ces manifestations caritatives leur avaient fourni l'occasion de connaître la culture traditionnelle japonaise telle que l'origami ou la musique japonaise. Ces actions, qui aident bien sûr les populations sinistrées, contribuent aussi à renforcer et approfondir les relations entre le Japon et la France, permettant au «néo-japonisme» en France d'expri-

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mer son potentiel supplémentaire. En outre, le grand séisme de l'Est du Japon a laissé une marque certaine sur les échanges économiques entre le Japon et la France. Une partie du secteur industriel a été fortement frappé par cette catastrophe avec des arrêts des chaînes de production. Les répercutions de la suspension de l'approvisionnement en pièces électroniques ont notamment dépassé les seules frontières japonaises et touché de nombreux pays étrangers, dont la France. Cette situation atteste des liens étroits qui unissent le Japon et la France sur le plan économique. Actuellement, la production a repris dans 80 % des usines du pays et les retombées de la catastrophe du 11 mars devraient bientôt s'estomper. D'autre part, face aux fuites radioactives entrainées par l'accident sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, différents pays ont commencé à prendre des mesures de restrictions sur les importations de produits alimentaires et manufacturés japonais. Par la présente, j'exhorte les industriels français à prendre des mesures réfléchies en considérant la situation actuelle de manière objective. Dans le cas des produits alimentaires, ceux-ci sont soumis à des contrôles très stricts en conformité avec les standards approuvés par la communauté internationale afin que des produits présentant un taux de particules radioactives supérieur à celui fixé par la loi sur l'hygiène alimentaire ne soient mis sur le marché. Comprenez bien qu'en évitant des réactions exagérées, en conservant les mêmes régimes pour les importations de produits japonais et en poursuivant vos relations commerciales avec le Japon, vous empêchez l'économie japonaise de subir des dommages supplémentaires du fait des rumeurs préjudiciables et, ainsi, vous contribuer sur le long terme au soutien des régions sinistrées et au rétablissement économique du Japon. Pour ce faire, il est essentiel de présenter rapidement des informations fiables de manière transparente. Actuellement, le gouvernement du Japon organise régulièrement des réunions d'information auprès des corps diplomatiques, des médias et des entreprises étrangers. Il fournit également des informations précises sur les taux de radiation relevés dans les différentes

régions du pays. De son côté aussi, l'Ambassade du Japon en France fera son possible pour communiquer rapidement des informations sûres aux industriels ainsi qu'à l'ensemble de la population française. Aujourd'hui au Japon, les secteurs public et privé conjuguent tous leurs efforts pour la reconstruction des régions sinistrées et pour faire face à la crise nucléaire. De nombreuses victimes du séisme sont encore contraintes à vivre dans des refuges, mais, grâce à l'aide de la communauté internationale, les infrastructures routières ont presque entièrement été rétablies, et la construction de préfabriqués, le dégagement de décombres et de boue, et la mise en place de zones d'évacuation progressent à grand pas. Le gouvernement japonais accélère pour sa part la mise en place de mesures à moyen et à long terme : suivi médical des habitants, mesure de la radioactivité des sols (cours d'école, etc.) et autres mesures de surveillance de l'environnement, maintien de l'emploi des sinistrés, soutien des professionnels de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche, durement touchés au plan économique. Concernant l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, le gouvernement japonais, avec le soutien de la communauté internationale, met tout en oeuvre afin de maîtriser la situation au plus vite. Pour ce faire, il mobilise toutes les ressources à sa disposition et fonde ses actions sur les trois principes suivants: -Donner la priorité absolue à la santé et à la sécurité de la population, à commencer par les personnes résidant dans les environs de la centrale. -Mener la gestion des risques de façon consciencieuse et approfondie. -Mettre en place un système de réponse prenant en compte tous les scénarios possibles. Conformément aux instructions du Premier ministre Naoto KAN, l'opérateur Tepco a présenté en avril dernier une feuille de route pour maîtriser l'accident de la centrale de Fukushima Dai-ichi. En mai, le gouvernement japonais a présenté sa propre feuille de route décrivant les actions à mener dans l'immédiat pour maîtriser et enquêter sur l'accident. On y voit le gouvernement se mobiliser sur de nombreux fronts : refroidissement des réacteurs nucléaires et des piscines abritant le combustible usé, gestion et traitement


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de l'eau radioactive, réduction de l'émission de particules radioactives, vérification de la sécurité de ces opérations et suivi médical des travailleurs, et gestion de la coopération internationale par le biais d'organismes tels que l'AIEA. Afin de pouvoir mieux s'attaquer aux nombreux défis associés à la reconstruction des zones touchées par l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, le gouvernement a par la même occasion publié une feuille de route concernant les mesures immédiates pour les victimes du nucléaire. Des actions pour la reconstruction et concernant l'accident nucléaire ont déjà été menées en toute transparence, et des rapports sur l'état d'avancement des feuilles de route a été publié en juin et en juillet. Suite aux événements tragiques que représentent le séisme et l'accident nucléaire de Fukushima Dai-ichi, il est important de ne pas se contenter de réparer les dégâts, mais de partager avec le reste du monde les informations et les enseignements tirés d'une analyse en profondeur de la situation, afin d'éviter que ces types de catastrophe et d'accident ne se reproduisent de nouveau à l'avenir. Ainsi, le gouvernement japonais perçoit ce sinistre comme une occasion importante pour engager le renouveau du Japon, et faire de l'Est du Japon la vitrine mondiale d'un systè-

me social de pointe, bâti selon les trois grandes lignes suivantes : -Création de communautés régionales capables de faire face aux catastrophes naturelles. -Etablissement d'un système social permettant aux habitants de vivre en harmonie avec l'environnement planétaire. -Etablissement d'une société qui prend soin de ses membres, notamment les plus vulnérables. D'autre part, un groupe d'experts pour la reconstruction du Japon suite au grand séisme de l'Est du Japon a été crée sous la tutelle du premier ministre en avril dernier afin d'établir rapidement un plan de reconstruction, accordant un rôle à chaque membre de la population japonaise et visant non seulement le simple rétablissement, mais la « renaissance » d'un Japon fort et dynamique. Fin juin, le groupe a présenté au Premier ministre sa proposition, intitulée « Proposition pour la reconstruction - un espoir issu de la catastrophe ». En outre, un ministre en charge de la Reconstruction et un ministre en charge de la Crise nucléaire ont respectivement été nommés afin de poursuivre le rétablissement et la reconstruction des régions touchées par le séisme et mettre en place un système de prévention de futurs accidents nucléaires. Sur la scène internationale, une série de conférences

internationales sur la sûreté nucléaire a été organisée à Paris début juin, suivie par la Conférence ministérielle de l'AIEA, tenue à Vienne à la fin du mois. Cette dernière conférence, au cours de laquelle le Japon a soumis un rapport sur l'accident de Fukushima, a été l'occasion de discussions animées sur la prévention des accidents nucléaires. Enfin, dans la seconde moitié de 2012, le Japon acceuillera une conférence internationale sur la sûreté nucléaire organisée conjointement avec l'AIEA. Le soutien et la compréhension de la communauté internationale seront indispensables pour que le Japon puisse s'engager durablement sur la voie de la reconstruction. Aujourd'hui, la France nous offre sa collaboration technique dans le domaine du nucléaire. A l'avenir, nous souhaitons poursuivre et développer cette collaboration en mettant en commun les enseignements que nous tirerons du désastre non seulement au niveau du nucléaire, mais aussi dans les domaines de l'environnement, de la prévention des sinistres, et tous les autres domaines concernés. La catastrophe du 11 mars dernier a provoqué des dégâts sans précédents dans certaines régions, mais cela ne signifie pas que la situation est la même sur l'ensemble du Japon. Le processus de reconstruction des zones dévastées ne sera pas aisé. Après les destructions de la seconde guerre mondiale, le peuple japonais avait pu se redresser grâce à ses ressources et à son potentiel pour réaliser une reconstruction remarquable, à l'origine de la prospérité actuelle. A l'instar du Premier ministre Naoto KAN, je suis sûr que le Japon parviendra cette fois encore à surmonter cette crise, à se reconstruire, et qu'il en ressortira renforcé. Je suis convaincu que la meilleure façon de répondre aux forts "Kizuna" et à la chaleureuse amitié que la France et le reste de la communauté internationale nous a témoignés est de contribuer à nouveau à son développement. J'espère que les actions menées ensemble par nos deux pays pour faire face à cette catastrophe contribueront également au renforcement de nos relations dans tous les domaines et permettront l'établissement d'un vrai partenariat durable entre le Japon et la France.

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JAPON

Un pays qui a connu et connaît une très forte dynamique La forte capacité de rebond du Japon tire ses racines du grand dynamisme qu’a montré le pays et son économie depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

e Japon est un archipel de 6 852 îles, dont les quatre plus grandes Honshu, Hokkaido, Kyushu et Shikoku, représentent 97 % de la superficie du pays. L’archipel s’étend sur plus de trois mille kilomètres. C’est le onzième pays le plus peuplé du monde, avec environ 127 millions d’habitants pour 377 835 km2 (337 hab./km2). Le Grand Tokyo, qui comprend la capitale Tokyo, est une grande région métropolitaine de plus de 30 millions d’habitants. Le Japon est la troisième plus grande puissance économique du monde par son PIB, et la troisième par PIB à par an et par habitant, le quatrième exportateur et le sixième importa-

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teur. C’est un pays développé, au niveau de vie élevé (dixième IDH le plus élevé) et la plus longue espérance de vie au monde (selon les estimations de l’ONU). Les groupes tels Toyota, Nissan, Honda, Mitsubishi, Canon, Panasonic, Sony, Akai, Sharp, Nintendo, placent le Japon parmi les grandes nations industrielles, dans les premiers rangs au niveau mondial pour l’automobile, l’électronique, la construction navale (cargos, porteconteneurs, pétroliers…). C’est une économie de services diversifiée et compétitive, performante dans les secteurs de pointe. Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon a progressé à un rythme

très dynamique avec le «miracle économique» japonais des années 1950 et 1960. Ces progrès sont principalement attribués à la présence initiale d’un capital humain important, à la coopération entre l’État (MITI puis METI) et les entreprises, à une production tournée vers les marchés extérieurs (importantes e x p o r t a t i o n s v e r s l ’A s i e e t l’Amérique), à une forte éthique du travail, à la maîtrise des techniques de pointe grâce à la recherche. Le Japon souffre d’un taux de natalité bas, en déclin démographique. Le poids de la dette publique est très important au monde, en 2009, elle représentait 217,7 % du PIB.


Japon

Consolider les exportations françaises en Asie et au Japon Les Conseillers du Commerce extérieur de la France ont organisé le 10ème Forum Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) à Kuala Lumpur (Malaisie), en novembre 2011, en présence de Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur. L’Asie représente l’un des débouchés prioritaires du commerce extérieur Français. En Asie, le Japon occupe une place particulière, tant pour les échanges commerciaux que les investissements.

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France comme le troisième invest i s s e u r d i re c t derrière les Etats-Unis et le s P a y s - B a s , d e v a n t le Royaume-Uni et l’Allemagne. Ces flux ont une forte composante industrielle et financière. De plus, la réussite d e l’ a l l i a n c e entre les groupes automobiles Renault et Nissan, a favorablement marqué le public japonais. Le nombre des implantations françaises au Japon s’établit autour de 400 entités en 2009 (200 seulement en 1980). Enfin, le Japon est le premier investisseur asiatique en France. Au niveau de Taïwan, le Conseil d’Etat a publié le 14 mai 2009 un plan de développement de la «Zone Economique de la Côte Ouest du Détroit» dans le Fujian (Chine). Cette nouvelle zone s’étendra du Jiangsu au nord du Guangdong. Centrée autour du port de Xiamen, le dévelop-

e 10 février 2011, à l'occasion des Rencontres de l'export à Bercy, le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche a souligné que : «2011 doit être l’année de la consolidation et j’espère, d’une nouvelle offensive de la France à l’export. De fait, les exportations françaises ont déjà rebondi de 11% sur les 10 premiers mois l’année 2010 par rapport à 2009. Elles ont augmenté de 27% vers l’Asie. Cette progression se situe dans un commerce mondial concentré autour de deux pôles principaux : l’Europe et l’Asie. Les deux leaders mondiaux de ces zones géographiques sont la Chine, première puissance exportatrice mondiale et, en deuxième position, l’Allemagne.

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Les échanges franco-japonais, denses, ont un impact important pour les deux pays Aujourd’hui, le Japon est le deuxième partenaire économique de la France en Asie après la Chine (depuis 2003). De plus, l’archipel est la première destination des investissements français en Asie, (fin 2009 : 15,2 milliards de dollars), plaçant la

pement de cette zone se fera au profit du renforcement de la coopération entre la Chine continentale et Taïwan. A Hong-Kong, les échanges bilatéraux ont dégagé pour la France, depuis 2004, le cinquième excédent commercial au niveau mondial et le premier en Asie, devant l’Inde (avec 837 millions d’euros au premier semestre 2007). En 2007, 680 sociétés françaises sont recensées sur le territoire, dont le tiers à vocation régionale, le tiers à vocation locale et le tiers d’entreprises locales créées par des français. Enfin, Singapour demeure pour de nombreuses entreprises françaises un point d’ancrage de leurs activités en Asie du Sud-Est (et au-delà) : près de 400 sociétés y sont implantées et représentent la plupart des grands secteurs d’activité, à commencer par la banque et l’assurance, les TIC, l’énergie, l’environnement, la chimie, les transports, l’aéronautique et la défense. Ces filiales sont membres pour la plupart de la Chambre de commerce française à Singapour (French Business Association). Près de 5 000 Français, principalement des cadres d’entreprises et leurs fa m i l le s , ré s i d e n t d a n s ce t te Cité-Etat.

Europe-Japon : un 20ème sommet positif

Pierre Lellouche s'est félicité des conclusions du 20ème Sommet entre l'Europe et le Japon, co-organisé par Herman Van ROMPUY, président du Conseil européen, et José Manuel BARROSO, président de la Commission européenne, le 28 mai 2011 à Bruxelles. La coopération dans le domaine énergétique, y compris le durcissement des normes de sûreté nucléaire à l'échelle mondiale, étaient au cœur de ce sommet. Le Groupe de haut niveau, créé lors du précédent sommet, a impulsé une dynamique en faveur du développement des relations commerciales entre l’Union Européenne et le Japon.

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Les partenariats entre la France et le Japon s’exercent sur des terrains variés et importants Pierre SIMON, Président honoraire du Comité d’Échanges Franco-Japonais (CEFJ), Président honoraire de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris (CCIP), Président de Paris Ile-de-France Capitale Economique

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Le Comité d’Échanges Franco-Japonais (CEFJ) a été marqué par l’ampleur de l’épreuve à laquelle le Japon fait face et s’est montré solidaire dès le premier jour avec le Japon. Si le peuple japonais dans son ensemble a montré une capacité exceptionnelle à faire face à cette circonstance dramatique, le pays prouve à présent sa faculté à rebondir rapidement sur le plan économique. Cette épreuve constitue une raison supplémentaire de renforcer les liens noués depuis des années avec ce pays. Le CEFJ a été créé en 1997, à l’initiative de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP) et d’une quarantaine d’entreprises françaises et japonaises, pour relancer le dialogue entre les hommes d’affaires de nos deux pays, à un moment où les échanges économiques souffraient de l’éclatement de la bulle spéculative et financière japonaise.

a situation des marchés financiers au cours du mois d’août 2011 a montré que la crise économique mondiale n’était pas terminée ; dans ce contexte, les Etats ont du adopter des mesures spécifiques pour panser les plaies de leurs économies ; d’autres s’imposeront peut-être un jour. Surtout, cette crise nous a rappelé, si besoin était, l’imbrication des zones pays et les interconnexions de l’économie mondiale. Elle a également souligné l’importance de la coopération entre l’Europe et l’Asie. Or, la France et le Japon, chacun sur leur continent, jouent à cet égard un rôle primordial car ils constituent des «ponts». Pont avec l’Asie pour le Japon, pont avec l’Europe mais aussi avec l’Afrique et le Moyen-Orient pour la France. Plus nos forces sont unies, plus nos projets peuvent utilement converger, au bénéfice de tous. Désormais, les partenariats entre la France et le Japon s’exercent sur des terrains variés et importants. Qu’il s’agisse du secteur ferroviaire (TGV et Shinkansen), du domaine nucléaire avec le projet ITER (International T h e r m o n u c le a r E x p e r i m e n t a l Reactor) ou encore de l’édition de mangas, ces bandes dessinées japonaises particulièrement prisées

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par les Français. Mais nos liens passent également par d’autres voies, tel le soutien qu’apporte le CEFJ au festival Japan Expo, premier salon de loisirs japonais en Europe. Le succès rencontré par cet événement, hébergé dans le parc d’exposition de Paris- Nord Villepinte, est chaque année plus grand, ce dont je me réjouis à un double titre : comme Président honoraire de la CCIP et comme Président honoraire du CEFJ. Il est essentiel que nous poursuivions nos coopérations, chacun dans ses domaines d’excellence. Nagoya a accueilli le congrès international sur la biodiversité du 18 au 29 octobre 2010. Il a permis, en abordant la question des grands défis environnementaux que les États devront relever dans les années à venir, d’avoir une large vision des secteurs de la recherche et des économies énergétiques, de la bio-diversité, de la gestion des émissions de CO2… Concrètement, il faudra mobiliser des solutions encore insuffisamment développées aujourd’hui comme la voiture électrique, les panneaux solaires, les bio-carburants, les normes environnementales dans l’urbanisme… Une opportunité sur laquelle le CEFJ va naturellement se position-

ner et envisage, dans ce cadre, un important séminaire sur l’environnement et l’énergie l’année prochaine. Autres problématiques : celles issues du vieillissement de la population. Selon l’ONU, un tiers de la population japonaise aura plus de 65 ans en 2030. En France, les centenaires seront près de 55 000 en 2030, ils sont actuellement environ 15 000. Il faudra concevoir de nouveaux outils, de nouveaux services pour faire face à de nouveaux besoins qui vont aller en s’accroissant. On songe ici d’abord au secteur médical et à celui des services à la personne. Mais, il faut également penser aux nanosciences, neurosciences et à la robotique, domaines dans lesquels le Japon est déjà très avancé. Il est le premier pays à avoir largement investi dans ces activités, sans doute sensibilisé par ses perspectives démographiques spécifiques. Voilà encore un terrain propice à de futures collaborations. L’innovation sera, en effet, un formidable creuset d’échanges et de coopération entre l’Europe et l’Asie, profitant à terme aux citoyens comme aux économies de nos deux pays. Des atouts face à la concurrence mondiale, la France en possède aussi

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assurément. À nous de mieux les faire valoir, par exemple en matière de technologies innovantes. Les remarquables pôles de compétitivités tel le plateau de Saclay, situé en Île-de-France, méritent d’être véritablement mis en avant car ce sont eux qui sont à même de concevoir certaines des technologies de demain, précisément celles qui se révéleront indispensables au développement économique. Le CEFJ entend, pour sa part, prendre toute sa place dans cette perspective et c’est pourquoi il poursuivra avec détermination sa mission de dynamisation des échanges francojaponais. La CCIP continuera, naturellement, à lui apporter tout son appui dans la réalisation de ses objectifs. La situation des marchés financiers au cours du mois d’août 2011 a montré que la crise économique mondiale n’était pas terminée ; dans ce contexte, les Etats ont du adopter des mesures spécifiques pour panser les plaies de leurs économies ; d’autres s’imposeront peut-être un jour. Surtout, cette crise nous a rappelé, si besoin était, l’imbrication des zones pays et les interconnexions de l’économie mondiale. Elle a également souligné l’importance de la coopération entre l’Europe et l’Asie. Or, la France et le Japon, chacun sur leur continent, jouent à cet égard un rôle primordial car ils constituent des «ponts». Pont avec l’Asie pour le Japon, pont avec l’Europe mais aussi avec l’Afrique et le Moyen-Orient pour la France. Plus nos forces sont unies, plus nos projets peuvent utilement converger, au bénéfice de tous. Désormais, les partenariats entre la France et le Japon s’exercent sur des terrains variés et importants. Qu’il s’agisse du secteur ferroviaire (TGV et Shinkansen), du domaine nucléaire avec le projet ITER (International T h e r m o n u c le a r E x p e r i m e n t a l Reactor) ou encore de l’édition de mangas, ces bandes dessinées japonaises particulièrement prisées par les Français. Mais nos liens passent également par d’autres voies, tel le soutien qu’apporte le CEFJ au festival Japan Expo, premier salon de loisirs japonais en Europe. Le succès rencontré par cet événement, hébergé dans le parc d’exposition de ParisNord Villepinte, est chaque année plus grand, ce dont je me réjouis à un double titre : comme Président LXII

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honoraire de la CCIP et comme Président honoraire du CEFJ. Il est essentiel que nous poursuivions nos coopérations, chacun dans ses domaines d’excellence. Nagoya a accueilli le congrès international sur la biodiversité du 18 au 29 octobre 2010. Il a permis, en abordant la question des grands défis environnementaux que les États devront relever dans les années à venir, d’avoir une large vision des secteurs de la recherche et des économies énergétiques, de la bio-diversité, de la gestion des émissions de CO2… Concrètement, il faudra mobiliser des solutions encore insuffisamment développées aujourd’hui comme la voiture électrique, les panneaux solaires, les bio-carburants, les normes environnementales dans l’urbanisme… Une opportunité sur laquelle le CEFJ va naturellement se positionner et envisage, dans ce cadre, un important séminaire sur l’environnement et l’énergie l’année prochaine. Autres problématiques : celles issues du vieillissement de la population. Selon l’ONU, un tiers de la population japonaise aura plus de 65 ans en 2030. En France, les centenaires seront près de 55 000 en 2030, ils sont actuellement environ 15 000. Il faudra concevoir de nouveaux outils, de nouveaux services pour faire face à de nouveaux besoins qui vont aller en s’accroissant. On songe ici d’abord au secteur médical et à celui des ser-

vices à la personne. Mais, il faut également penser aux nanosciences, neurosciences et à la robotique, domaines dans lesquels le Japon est déjà très avancé. Il est le premier pays à avoir largement investi dans ces activités, sans doute sensibilisé par ses perspectives démographiques spécifiques. Voilà encore un terrain propice à de futures collaborations. L’innovation sera, en effet, un formidable creuset d’échanges et de coopération entre l’Europe et l’Asie, profitant à terme aux citoyens comme aux économies de nos deux pays. Des atouts face à la concurrence mondiale, la France en possède aussi assurément. À nous de mieux les faire valoir, par exemple en matière de technologies innovantes. Les remarquables pôles de compétitivités tel le plateau de Saclay, situé en Île-de-France, méritent d’être véritablement mis en avant car ce sont eux qui sont à même de concevoir certaines des technologies de demain, précisément celles qui se révéleront indispensables au développement économique. Le CEFJ entend, pour sa part, prendre toute sa place dans cette perspective et c’est pourquoi il poursuivra avec détermination sa mission de dynamisation des échanges francojaponais. La CCIP continuera, naturellement, à lui apporter tout son appui dans la réalisation de ses objectifs.

Attractivité : Paris et Tokyo bien placées toutes deux sur la scène mondiale

Les liens économiques franco japonais sont denses. Comme le souligne Pierre Simon, Président de Paris Ile-de-France Capitale Economique : «Si la France est un investisseur important au Japon, de leur côté, les Japonais comptent parmi les premiers investisseurs en France. Par ailleurs, alors que les grandes métropoles sont désormais soumises à la concurrence mondiale en matière d’accueil d’entreprises créatrices d’emplois, Paris et Tokyo font toutes deux preuve de capacités de résistance face à leurs principales concurrentes et en particulier face à la concurrence nouvelle des grandes métropoles des pays émergents. Paris et Tokyo comptent parmi les villes qui ont la meilleure image à l’international, comme l’indique la dernière enquête réalisée par KPMG pour Paris Ile de France Capitale Economique (Greater Paris Investment Agency)».


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Shinjuku East side Tokyo

Un message clair à l’attention de la communauté d’affaires franco-japonaise Depuis 1977, le Comité d’Echanges Franco-Japonais (CEFJ) agit au quotidien pour rapprocher les dirigeants d’entreprises des deux pays. Depuis le 11 mars 2011, il répond à des besoins nouveaux face au drame qu’a connu le Japon, comme pour faire connaître l’impressionnante capacité de rebond du pays.

011 est une année de grands changements pour le Comité d’Echange Franco-Japonais (CEFJ), dont la création remonte à 1997, par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP), et dont le but est de contribuer au renforcement des liens économiques entre les deux pays. Pour nos 150 membres, d’une part des sociétés françaises intéressées par le marché japonais et de l’autre des sociétés japonaises installées en France, nous proposons des lieux et des occasions d’être ensemble, pour pouvoir réfléchir, échanger des informations, développer les liens personnels entre membres et élargir les réseaux d’affaires de chacun. La présidence du CEFJ est assurée par le Président de la CCIP luimême, ce qui témoigne clairement de son importance pour la CCIP et renforce encore sa crédibilité.

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Au début de cette année, la CCIP a changé de président et accueilli à sa tête Pierre-Antoine Gailly, qui préside désormais également le CEFJ, et un nouveau président délégué du CEFJ a été nommé, Olivier Mellerio. En avril dernier, un nouveau Conseil d’Administration du CEFJ a été élu, et ce Conseil se compose de 24 membres français et japonais éminents, issus des secteurs privé et public. Tous ces changements n’ont affecté ni notre sérénité ni notre détermination, et nous sommes plus que jamais prêts à aller encore plus loin et plus en profondeur et à développer nos actions afin de répondre encore mieux aux attentes de chacun de nos membres et de tous ceux qui sont concernés par le développement des relations économiques francojaponaises.

Mais ces attentes sont aujourd’hui encore plus grandes, depuis qu’un autre grand changement a marqué le début de l’année 2011. C’est celui du 11 mars. Ce jour restera dans notre cœur comme celui où le Japon a tourné une page très importante de son histoire, dans tous les domaines et à tous les niveaux. A tout moment, depuis cette date, nous n’arrêtons pas de penser aux victimes qui ont perdu la vie, à ceux qui ont été séparés de leurs êtres chers, à ceux qui travaillent le jour et la nuit dans les centrales nucléaires, à ceux qui se battent pour retrouver une vie normale, à ceux qui cherchent à se construire une nouvelle vie. Mais le combat pour la reconstruction se gagnera à tous les niveaux (politique, économique, social et culturel), par des hommes et des femmes, des jeunes et des moins jeunes, des

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individus et des sociétés, des ONG et des organismes publics … Le Japon n’a jamais autant été mobilisé pour un seul but depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Le monde entier a été touché par l’ampleur exceptionnelle des catastrophes, par leur nature sans précédent (séisme, tsunami et nucléaire), par le calme et la discipline des sinistrés (imaginant que la douleur qu’ils ressentaient devait être d’une profondeur infinie), … Tous les pays du monde ont manifesté leur volonté de secourir les Japonais, et d’être utile à ceux qui ont été touchés par les catastrophes. Cinq mois ont ensuite passé, durant lesquels le monde entier a été secoué par différents événements politiques et économiques qui ont eux-mêmes influencé le Japon. Et les difficultés du Japon se sont du coup accumulées : hausse du Yen, impôts sur les sociétés, retards dans les discussions sur un accord de libre échange (FTA), réglementations du marché de l’emploi, mesure contre l’échauffement de la terre, pénurie d’électricité,…. Et à la fin de l’été, un changement de plus, cette fois-ci sur la scène politique. Nous allons voir ce qui va se passer, et nous devons conserver un espoir : l’espoir de penser que nous sommes en bonne voie pour pouvoir accomplir la reconstruction du pays. Est-ce trop optimiste de penser ainsi ? En tout cas, le CEFJ est convaincu de l’importance croissante du rôle qu’il peut y jouer, et de la nécessité impérieuse d’agir en ce sens avec efficacité et en bonne coordination avec les nombreux acteurs économiques des deux pays. Un lien entre entrepreneurs des deux pays Mais avant tout, qu’est-ce que le CEFJ, et que fait-il ? Est-ce une chambre de commerce franco-japonaise ? Oui, et non. Nous avons déjà une chambre de commerce japonaise très active en France, qui regroupe les sociétés japonaises installées en France. Le CEFJ n’est pas une chambre franco-japonaise, mais un organisme, et le seul dont la vocation soit de développer les échanges entre la France et le Japon, sur un pied d’égalité, dans le domaine économique. Comme mentionné plus haut, le CEFJ a été créé par la CCIP, et il est ici nécessaire de rappeler, notamment

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vis-à-vis de nos partenaires japonais, le rôle important des chambres de commerce et d’industrie en France en matière économique et sociale. Ce sont des organismes publics pour lesquels la participation des entreprises est obligatoire et dont le financement est assuré via des taxes fiscales ou parafiscales. Le Japon fait partie des pays qui ont un système différent : dans certains pays comme les EtatsUnis le Royaume-Uni ou le Japon, les chambres de commerce sont des organismes à caractère associatif pour lesquelles l'adhésion est facultative et qui perçoivent des cotisations volontaires de leurs membres. Il faut aussi rappeler que les CCI en France ont une longue histoire, et que la CCI de Paris (CCIP), en particulier, a été créée par Napoléon en 1803, ce qui ne manque pas d’impressionner nos partenaires japonais. Le CEFJ est donc idéalement placé, tirant parti de sa situation privilégiée au sein de la CCIP, pour nouer des relations de qualité avec tous les acteurs économiques et sociaux des deux pays qui s’intéressent aux relations bilatérales franco-japonaises, qu’il s’agisse de relations dans le domaine commercial, économique ou même culturel. Que fait-il, concrètement ? Le CEFJ propose à ses membres-entreprises, de toute les tailles et de tous secteurs confondus, mais aussi à ses futurs membres et à ses partenaires publics, des lieux de réflexion et de rencontre, afin que chacun d’entre eux puisse exploiter davantage son potentiel de développement de ses affaires, élargir sa vision stratégique et étendre ses réseaux. Pour cela, il organise régulièrement des conférences thématiques mensuelles et des rencontres informelles. Les sujets traités jusqu’à présent ont été très variés, allant de l’impact de la crise mondiale aux changements politiques au Japon, en passant par les grands projets comme celui d’ITER (fusion nucléaire), et poussant même jusqu’au thème de l’engouement des français pour l’industrie japonaise de contenus, comme les mangas et les films de dessins animés, très bien représentés à Japan Expo., ou encore à la comparaison des différentes manières de faire du business en France, en Chine et au Japon. Le CEFJ s’efforce enfin d’aider des jeunes souhaitant entrer en contact

avec le monde des affaires. Nous avons ainsi organisé un débat entre des hommes d’affaires et des étudiants, envoyé des étudiants français dans des entreprises japonaises au Japon, et reçu une japonaise en France dans le domaine artisanal. Un apport renforcé Dans le contexte actuel, six mois après ces catastrophes qui ont si profondément marqué le Japon, le rôle du CEFJ, dont la moitié des membres sont japonais, en est naturellement sorti renforcé, en tant que pont ou carrefour des communautés économiques. La France et le Japon entretiennent depuis longtemps de très bonnes relations, et c’est toujours le cas actuellement. Mais le CEFJ se doit de poursuivre sans faiblesse ses efforts pour continuer à améliorer la qualité de son service, pour détecter de nouveaux besoins, et aussi bien entendu pour encourager le processus de reconstruction de l’économie japonaise. Ces efforts devront notamment porter à l’avenir sur trois points : Premièrement, améliorer la qualité de l’information : ces derniers mois, nous avons tous constaté qu’il nous manquait des informations, c'est-àdire en réalité des informations correctes, précises, cohérentes, utiles et exploitables. Certes, dans une situation de crise, et en particulier dans le cas d’une crise de très grande envergure et multiforme, il est normal qu’il y ait des perturbations, mais, paradoxalement, le besoin d’informations devient encore plus fort dans ce genre de situation. Par exemple, en termes de la sécurité sanitaire pour ceux qui doivent de rendre au Japon, et en particulier an matière de sécurité alimentaire... Les entreprises françaises se sentent frustrées par ce manque d’informations. Malgré les efforts permanents des autorités centrales et locales et ceux des scientifiques, beaucoup de gens ont rencontré des difficultés à trouver des informations de nature à les rassurer et à leur permettre de passer aux étapes suivantes de leur action. Nous sommes parfaitement conscients de la difficulté et de l’aspect éminemment complexe de ces sujets, mais avons pu constater une assez grande frustration chez ceux qui sont concernés par les flux de marchandises et des personnes, et ce sujet ne peut pas être éludé.


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Nous avons également ressenti un besoin de vulgarisation des informations publiées par des centres de recherche : comment interpréter un chiffre mesurant le taux de radioactivité, chiffre publié par des laboratoires hautement spécialisés ? Qui peut répondre à des questions sur la sécurité sanitaire de l’alimentation venant du Japon ? En tout cas, bravo aux chefs français et japonais, qui utilisent et font plusieurs manifestations en France et au Japon, avec des ingrédients venant du Japon ! De même, qui pourrait fournir des informations «efficaces» et «correctes», permettant d’effectuer des dons en toute connaissance de cause ? L’importance de ce que l’on appelle au Japon les «Fuhyo Higai» (les dégâts dus aux rumeurs) est malheureusement considérable, et tout ceci est d’autant plus grave que le Japon joue un rôle extrêmement important dans les chaînes d’approvisionnement mondiales de nombreux secteurs industriels. C’est de toute manière un très intéressant sujet, qu’il nous faudra aborder lors de nos prochaines manifestations, en mettant à la même table tous ceux qui sont concernés. Deuxièmement, pour un meilleur flux des personnes entre les deux pays. Puisque c’est l’une des missions du CEFJ que d’encourager les étudiants français et japonais de connaître le pays de l’autre, sous forme d’un stage dans des entreprises, c’est maintenant qu’il faut accentuer nos efforts dans ce domaine. Compte tenu du fait que les autorités japonaises souhaitent attirer les investisseurs internationaux, et que l’industrie touristique japonaise, et française a besoin d’attirer le plus de monde possible, et sachant qu’en face les jeunes français sont frustrés de ne pas trouver des stages au Japon, eh bien cela signifie tout simplement que ce sont là des sujets sur lesquels le CEFJ peut et doit intervenir! Pourquoi ne pas réunir tous les acteurs économiques japonais qui cherchent à attirer l’attention de l’extérieur, pour encourager financièrement les déplacements des jeunes français vers le Japon ? Si le Japon souffre d’une baisse du nombre des visiteurs étrangers, il devrait réagir à cela et faire preuve d’efforts concrets. Grâce à des événements tels que Japan Expo, l’engouement des jeunes ne cesse de croître, et, cet automne, dans le domaine de l’indus-

trie de design, le Japon sera l’objet de l’attention de tous. Pourquoi ne pas profiter ? Troisièmement, une meilleure collaboration économique entre les deux pays. Au-delà des chiffres et des sujets macro-économiques tels que la crise, la déflation, les dettes publiques,…que nous laissons aux économistes et aux spécialistes l’analyse technique, il nous paraît très important de nous intéresser à des domaines où des milliers des possibilités de coopération technologique existent, en particulier suite aux événements récents : Dans le domaine de l’énergie, du nucléaire et des énergies renouvelables. Sur tous les sujets liés à l’équilibre écologique de la planète, au concept de smart city ou compact city, sur des projets comme celui de Grand Paris. Dans le domaine des changements démographiques y compris la situation des femmes dans la société – certes, moi-même, je suis une femme et je m’intéresse naturellement beaucoup à ce sujet – le Japon a beaucoup à apprendre pour se doter des infrastructures nécessaires, et la France aura beaucoup à apprendre du Japon pour tout ce qui est le service à la personne, le Japon étant le premier pays de l’OCDE dont la population va atteindre le stade de l’ «hyper-vieillissement» (37% de la population aura plus de 65 ans en 2035) Les perspectives à court, moyen et long terme Comme nous l’avons tous constaté, le paysage économique mondial a beaucoup changé par rapport à celui d’il y a 15 ans, au moment de la naissance du CEFJ. La situation des régions qui entourent chacun des deux pays n’est plus non plus du tout la même : Europe d’un côté pour la France, de l’autre l’Asie pour le Japon. Les demandes, les soucis et les buts des entreprises ont beaucoup évolué des deux côtés. Pour mieux les saisir, pour mieux répondre aux besoins des membres actuels et futurs du CEFJ, tous secteurs et toutes tailles confondus, et pour pouvoir animer la communauté économique franco-japonaise et contribuer à encourager le dialogue entre les individus, les entreprises, les régions des deux pays, il est très important pour nous de pouvoir détecter les besoins réels, en jouant véritablement le rôle de

Pont, ou voire de Carrefour. Pour cela le CEFJ continuera, en utilisant ses réseaux de contacts et d’informations, à effectuer une veille active sur tout ce qui se passe entre les deux pays et à organiser des événements qui apporteront à ses membres des solutions à leurs problèmes et des idées quant aux moyens de développer leurs affaires. Le CEFJ a accueilli en 2011 une délégation officielle du Keidanren, le patronat japonais, conduite par son président, ainsi que le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Japon, ce qui a permis de procéder à des échanges extrêmement constructifs sur des sujets tels que leur vision sur l’ensemble de l’économie, le rôle des PME, l’ouverture des marchés, la reconstruction de l’économie du Japon, et les échanges de jeunes. Nous sommes confiants dans l’avenir des liens économiques solides entre les deux pays, qui doivent pouvoir s’appuyer sur des relations personnelles étroites : bref, il faut que les uns et les autres se connaissent bien et s’apprécient, et pour cela il faut qu’ils se rencontrent régulièrement. En 2012, le CEFJ envisage d’organiser une manifestation importante, afin de faire le point sur les relations entre les deux pays un an après le 11 mars, avec autour de la table tous les acteurs du secteur privé et du secteur public, français et japonais. Nous demanderons à ce moment-là une participation active de la part de tous nos membres et de tous nos partenaires, afin d’émettre haut et fort un message clair à destination de toute la communauté franco-japonaise, et afin que chacun de nous prenne conscience, en tant que société, en tant qu’organisme, et surtout et avant tout en tant qu’individu, de la nécessité de s’impliquer collectivement dans la construction d’un futur meilleur. Pour conclure, je me permets de citer les mots de Jacques Attali, qui a bien voulu accepter notre demande de venir soutenir la communauté franco-japonaise juste après le 11 mars : Dans toutes les cultures, après une grande catastrophe, il y a toujours eu ce qu’on appelle un «complexe du survivant». Il faut savoir le dépasser, et mettre cette chance d’avoir survécu au service de l’avenir. Noriko CARPENTIER-TOMINAGA, Directrice du CEFJ (Comité d’Echanges franco-japonais)

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Le Japon, un marché fiable et stimulant

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Bernard DELMAS, président de la CCIFJ

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Le Japon se redresse à une vitesse impressionnante aux lendemains du choc du 11 mars. Les économistes annoncent un rebond de la croissance japonaise encore plus précoce et vigoureux qu’attendu. Ce dynamisme démontre une nouvelle fois la capacité du Japon à surmonter les crises grâce à la solidité de son marché et au courage de sa population. Les sociétés françaises peuvent et doivent s’associer à l’élan de reprise de l’économie japonaise, et la Chambre de commerce et d’industrie française du Japon (CCIFJ) est là pour accompagner leurs projets.

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uelle est la situation de l’économie japonaise six mois après le séisme ? Une chose est sûre, le rebond a commencé. Les perturbations provoquées par la catastrophe ont été en majeure partie résorbées, et le niveau de la production industrielle et des exportations est revenu à la normale. Le rythme de croissance dans l’Archipel pour la période juillet-septembre devrait être plus dynamique que celui observé dans les principaux pays industrialisés. Les Japonais ont été exemplaires dans leur courage et leur détermination à remettre leur pays en marche, et ils pourraient bien créer en chemin un nouveau mode de vie et de consommation, de nouvelles

a p p l i ca t i o n s i n d u st r i e l le s , d e nouveaux produits qui étonneront encore le monde. Le marché nippon est considéré difficile, mais attractif, souscrivezvous à cette approche ? L’attractivité du marché japonais ne fait aucun doute, les événements du mois de mars n’ayant aucunement entamé le fort pouvoir d’achat des Japonais et ayant à l’inverse généré d e n o u ve l le s o p p o r t u n i t é s d e croissance dont les entreprises étrangères doivent se saisir. Nous avons ainsi déjà constaté une augmentation des importations françaises et européennes d’eau minérale, de produits alimentaires, de matériaux de construction, etc.

Troisième économie mondiale, l’archipel conserve un rôle majeur et il faut aujourd’hui que le monde se souvienne du poids réel de l’économie japonaise. Réceptifs à l’innovation, les Japonais s’intéressent aux marques, aux produits, et aux services de qualité. C’est pourquoi la connaissance du client nippon est un apprentissage très instructif. Aujourd’hui comment se présentent les relations franco-japonaises ? Le Japon est notre 13ème client (2ème en Asie après la Chine) et notre 11ème fournisseur. Ce pays continue d’attirer de nombreux entrepreneurs et jeunes professionnels français qui viennent au Japon tenter leur chance. Les exemples de réussite sont nombreux, qu’il s’agisse de grosses sociétés telles qu’Eurocopter qui a conquis 60% du marché des hélicoptères civils, ou de PME innovantes. Citons ainsi l’exemple de Gameloft, devenu en quelques années un acteur majeur des jeux vidéos sur portable. Quels conseils donnez-vous aux Français qui s’intéressent au Japon ? Mon premier conseil est de ne pas différer leur voyage au Japon. En premier lieu parce que la situation est revenue à la normale dans la majeure partie du territoire japonais et notamment à Tokyo. Et ensuite pour ne pas risquer de passer à côté du formidable élan que nous observons aujourd’hui dans l’archipel et qui offre de multiples opportunités aux acteurs étrangers. Nous conseillons aux chefs d’entreprises français d’aborder le Japon

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sans a priori. Ce pays reste en tête pour l’effort mondial consacré à la recherche et au développement. Malgré la « décennie perdue », de 1991 à 2003, les Japonais n’ont pas réduit leurs investissements dans la recherche. Ils les ont au contraire renforcés en poussant les rapprochements entre secteur privé et universités. Certes le marché est difficile, mais la France a de nombreux atouts. Pour réussir, il faut faire preuve de patience. Les résultats ne sont visibles que dans la durée, la persévérance est indispensable pour établir une réelle confiance. La loyauté des dirigeants des entreprises japonaises avec qui nous travaillons est exemplaire. En dehors de Tokyo, d’autres pôles économiques importants ont de vrais potentiels. Aborder l’Asie multipolaire en phase d’intégration n’empêche pas de se consacrer au Japon dans

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toute sa diversité. Tokyo est certes le lieu de toutes les opportunités, c’est aussi là que la concurrence est la plus dure. Comment contribuez-vous à l’établissement d’un environnement d’affaires favorable aux entreprises françaises partout au Japon ? La CCIFJ est la plus ancienne chambre de commerce étrangère au Japon, et la plus grande chambre européenne avec 539 membres. Plus que jamais, le rôle de la CCIFJ est de fournir aux entreprises françaises une information actualisée et précise sur l’économie japonaise et l’environnement des affaires. Nous organisons chaque année une centaine d’événements visant à approfondir la connaissance du marché japonais et à permettre à nos adhérents d’échanger leurs expériences. Notre rôle est également d’accompagner

les entreprises françaises souhaitant se développer au Japon et de les informer sur les nouvelles opportunités offertes par le marché japonais. En 2010, nous avons ainsi réalisé 76 prestations d’appui aux PME françaises (recherche de partenaires, études de marché, accompagnement au Japon). Nous sommes l’organisme le mieux branché sur la communauté d’affaires japonaise, rattaché au « Paris Club », un club économique de 300 membres tous japonais et francophiles, ou le Cercle France Kansai, notre antenne dans la région d’Osaka/Kyoto/Kobé, 2ème pôle économique du Japon. Le Japon est un marché passionnant et les services de la CCIFJ (appui aux entreprises, recrutement, formation, événements et publications) contribuent à faciliter son approche, en bonne intelligence avec les autres opérateurs.


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Le Japon : quel rebond ! Nicolas Bonnardel, Directeur Général de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française au Japon (CCIFJ), commente ainsi les évènements récents : «Le séisme de mars 2011 a rappelé les extraordinaires qualités du Japon, à l’heure où le pays était parfois oublié par rapport à ses concurrents asiatiques dans la stratégie internationale des entreprises françaises. Le peuple japonais a fait preuve d’un grand sang froid et d’une discipline incomparable ; il a su faire de cette catastrophe une occasion de rebondir. Cet électrochoc a fait évoluer les consciences et les mentalités, générant de nouveaux comportements dans le domaine de la consommation, avec une demande tournée davantage vers l’environnement, un secteur qui offrira de nombreuses opportunités. On observe aussi un retour vers les valeurs de la famille ; le mariage connaît un nouvel essor, car les Japonais ne souhaitent plus vivre seuls. Avec, ici aussi, des marchés en hausse. Le plan de reconstruction du pays, la modernisation des infrastructures, notamment, dans le domaine de l’énergie, constitueront également autant de potentialités pour les entreprises. Il faut venir au Japon maintenant ; il s’agit d’un moment historique dans l’histoire du pays, la condition pour bénéficier du rebond de l’économie. Les autres grands partenaires du pays l’ont compris. La France, qui a toujours occupé une place importante au Japon, doit elle aussi être présente dans ce moment particulier». Il revient également sur le positionnement de la Chambre.

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Nicolas BONNARDEL, Directeur Général de la Chambre de Commerce et d'Industrie Française du Japon

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uel est le profil des adhérents de la CCIFJ? Reflète-t-il celui des entreprises françaises établies au Japon? Créée en 1918, elle fut la première chambre de commerce française à l’étranger ; la seconde, aux EtatsUnis, n’a vu le jour qu’en 1948. Aujourd’hui comme hier, elle dispose d’une forte représentativité. Avec 550 membres, elle fédère largement la communauté d’affaires française implantée au Japon, des groupes aux PMI-PME, tout en comptant près de 30% de sociétés japonaises parmi ses adhérents. Le Japon reste-t-il un pays prioritaire en Asie pour les manageurs et dirigeants français? La présence française au Japon est très importante depuis 1868, dès l’ouverture du pays vers l’Occident.

Du luxe à l’industrie en passant par les services, les groupes et entreprises français sont intéressés par ce vaste marché. Les grands noms de l’économie française sont très actifs sur ce marché, tels que Valeo, Faurecia, Michelin, Eurocopter, Air Liquide, Axa, Schneider Electric, Saint Gobain, Rodia, Total… La France est en stock le deuxième investisseur direct étranger au Japon, immédiatement après les Etats-Unis. Nos échanges bilatéraux représentent 4 milliards d’euros annuels, en progression de 2% en 2010 malgré une conjoncture difficile. Ces chiffres sont inférieurs à la réalité puisque de nombreuses entreprises françaises ont racheté des filiales japonaises et n’entrent pas ainsi dans le champ des statistiques. Investir au Japon c’est pouvoir opérer à proximité de la Chine et de la Corée du Sud, deux marchés extrêmement porteurs. C’est aussi bénéficier d’une culture d’entreprise basée sur l’innovation. Qualifié il y a vingt ans d’usine du monde, le Japon a en effet repositionné son économie sur des activités à valeur ajoutée. Il a su faire face à la fois à la baisse de la natalité et à la montée en puissance de son voisin chinois.

Quels moyens mettez-vous à la disposition de vos adhérents, quel accompagnement proposez-vous? Il est essentiel pour une entreprise française active au Japon de bénéficier de conseils. S’il existe des difficultés de nature juridique et s’il peut être difficile de cerner l’organisation de la distribution dans un secteur d’activité en particulier, un enjeu majeur réside dans la bonne compréhension de la culture du pays. Ne pas connaître les codes du monde des affaires au Japon, raisonner à partir de ses références occidentales, est source d’échec. Avec 18 permanents, la Chambre dispose d’une équipe importante. A titre d’exemple, nous organisons 80 événements tous les ans et proposons des prestations variées : publications, formation, appui aux porteurs de projets… Notre métier est d’accompagner ces sociétés dans leur démarche de développement, de la première prospection à l’implantation. Notre Chambre dans ce but a développé une vaste palette de services pour répondre aux besoins des entreprises selon leur stratégie, des études de faisabilité à la recherche de partenaires au suivi des contacts ou à la domiciliation.

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Au cœur des échanges franco-japonais Ryuichi IIDA, Directeur d’ANA en France

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Si l’Europe et en particulier Paris constituent une destination importante pour ANA, la première compagnie aérienne privée du Japon est aussi un acteur très impliqué dans le cadre de ces relations bilatérales. «Nous sommes conscients de notre rôle particulier à ce niveau dont nous en sommes fiers» souligne Ryuichi Iida, son Directeur en France.

a compagnie ANA opère actuellement 228 appareils et renouvelle sa flotte régulièrement, pour réduire ses coûts comme son impact sur l’environnement. Elle est par ailleurs la compagnie de lancement du Boeing B787 avec 55 appareils en commande dont les premiers vols commerciaux seront effectués en novembre 2011. Le premier vol international longcourrier inaugurera la ligne FrancfortTokyo/Haneda en janvier 2012. Pour autant, Boeing ne constitue pas un choix exclusif : sa flotte fait aussi appel à des Airbus A320. ANA refuse tout protectionnisme, qui serait contraire à son éthique ou tout simplement à ses intérêts. Par exemple, les sièges tout confort équipant ses appareils sont livrés par la société européenne Zodiac. Plus qu’une volonté de ne pas blesser certains pays lors de l’attribution de ses

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ANA B787 livree speciale

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marchés, ANA effectue ici des choix rationnels. «Nous sélectionnons la meilleure offre» explique Ryuichi Iida et il n’est pas rare que celle-ci soit européenne ou française.» Installé depuis de longues années à Paris, le Directeur d’ANA en France est en réalité un acteur engagé des relations bilatérales entre la France et le Japon, et cela, à double titre ; il est très impliqué dans ce cadre également comme vice-président du comité d’échanges franco-japonais, adossé à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris (CCIP). «Le comité joue un rôle essentiel pour mieux se comprendre entre Français et Japonais, accueillir les nouveaux dirigeants venus du Japon, lever certaines entraves et élaborer des projets communs». On sait que la France représente fréquemment le lieu d’implantation de sociétés japonaises pour couvrir le marché français ou édifier

un siège régional sur l’Europe, à ce niveau, cette structure joue un rôle clé. Les fonctions de M. Iida au sein d’ANA lui ouvrent aussi de larges horizons sur ces relations bilatérales en matière culturelle. ANA est choisie fréquemment par des musiciens ou artistes français ou japonais, pour leurs trajets entre Paris et Tokyo. Le nom de la compagnie apparaît également dans différents parrainages ou partenariats, il a été associé récemment au château de Versailles pour l'exposition de Takashi Murakami. A cette occasion, ANA a privatisé le château pour célébrer les 20 ans de sa ligne Paris-Tokyo. Il est en de même dans le domaine sportif ; si le Japon est le paradis du Sumo, ANA est le transporteur officiel de longue date de la Fédération Française de Judo. Alors que des terrains très nombreux rapprochent la France et le Japon, des mangas aux jeux vidéo, de la musique au sport, sans oublier le tourisme plus d’un million de Japonais visitent la France chaque année, où ils reviennent souvent et si le nombre de Français visitant le Japon reste faible actuellement, environ 150 000, il progresse - ANA contribue à ces rapprochements! Cerise sur le gâteau, et c’est bien sûr tout un symbole, le beaujolais nouveau emprunte chaque année les vols de la compagnie pour être servi sur les tables les plus raffinées au Japon! Car la compagnie est aussi très efficace en matière de fret. Quant aux liens avec les entreprises françaises, ANA a bien évidemment tissé des relations étroites avec les grandes sociétés et PME françaises qui constituent une clientèle fidèle sur nos vols.


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Cabine individuelle en classe affaires ANA

L’excellence japonaise entre la France et le Japon Avec sa desserte quotidienne entre Paris et Tokyo, la compagnie ANA (All Nippon Airways) fait du voyage d’affaires vers ou à destination du Japon une occasion de se relaxer, de se cultiver ou tout simplement, de continuer à travailler efficacement.

ans la culture japonaise, la confiance ne se gagne pas par une victoire ou une action d’éclat, mais se construit au fil du temps ; elle naît d’une relation harmonieuse et équilibrée, toujours à long terme. Ce sont ces mêmes ingrédients qui ont fini par hisser la compagnie aérienne ANA au rang de premier transporteur au Japon (avec 43 millions de passagers transportés annuellement) et au neuvième rang à l’échelon mondial (CA 16 milliards de dollars). Née après guerre, avec, alors, des ambitions uniquement régionales, ANA n’a cessé d’étendre son rayon d’action géographique et le nombre de passagers empruntant ses vols. A l’origine compagnie intérieure, elle est

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longtemps restée en position de challenger derrière l'ex compagnie nationale, Japan Airlines. Si celle-ci a connu récemment de lourdes difficultés, tel n’est pas le cas d’ANA. Qui dessert à présent tout l’archipel, soit 49 villes au Japon, à raison de près de 800 vols par jour ; de plus ANA a franchi les frontières et son réseau international comprend l’Asie, avec une forte présence en Chine, les Etats-Unis et l’Europe (Paris, Londres, Francfort et Munich). Au départ de toutes les grandes villes de province française, ANA propose plusieurs vols par jour vers le Japon via Francfort ou Munich. Depuis son essor international – la ligne de Paris vient de célébrer ses 20 ans de nombreux prix lui ont été décernés,

tant pour le développement de son réseau que pour la qualité de gestion de ses appareils ou de son service à bord ; ANA a été élue en 2007 "Compagnie de l'année" par le magazine américain Air Transport World. ANA s'est vu décerner d'autres prix par des magazines, dont, au Japon le Nikkei Business, pour l'excellence et la haute qualité de son service. De fait, la compagnie affiche aujourd’hui un très beau palmarès : 43 millions de passagers transportés annuellement et grâce à son appartenance au réseau Star Alliance des escales et liaisons facilitées vers 162 pays dans le monde. Selon la même logique, un accord de joint venture signé en février 2011 avec Luftansa va permettre d’optimiser la France

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desserte commune des liaisons Europe/Asie par les deux compagnies d’ici fin 2011. Nouvelle cabine «Inspiration of Japan» : + 50% d’espace et fauteuil-lit en classe affaires ANA vient de mettre en place une toute nouvelle cabine «Inspiration of Japan» sur sa ligne Paris-Tokyo, concept basé sur Innovation – Originalité – Modernité. La compagnie a repensé entièrement les services proposés dans les 3 classes. : en First class, ANA a conçu une cabine offrant intimité, confort et raffinement allié à un service de qualité incomparable. A l'aéroport de Tokyo-Narita, un espace exclusif "Check-in suite" est dédié au passager. A bord de la Business Class, le passager bénéficie d’un espace individuel accru de 50% avec fauteuil-lit et large table de nuit lui permettant d'alterner détente, relaxation et travail. Un nombre réduit de fauteuils (4/rangée), un accès direct au couloir et une restauration haut de gamme vous offriront un moment de sérénité et bien-être. Quant à la Economy Class, vous voyagez plus confortablement grâce au fauteuil dont le dossier à coque fixe vous permet de l’incliner sans déranger le passager assis derrière vous. Appui-tête et repose-pieds ajustables, espacement plus important pour vos jambes vous apportent davantage de bien-être. Dans les 3 classes, un large écran tactile offre plus de 160 programmes numériques interactifs : films, vidéo, musique et jeux. Vous pouvez même effectuer des achats à bord. Prise électrique universelle, connexion iPod* et port USB pour regarder ou écouter vos propres films, musique et photos.

A bord, le voyageur retrouve la culture française ; il peut dialoguer avec un personnel de cabine européen. S’il le souhaite, il peut rester fidèle à ses habitudes en choisissant la gastronomie française, en ayant accès aux magazines et films dans sa langue maternelle pendant ses moments de détente. Mais le voyage en lui-même est déjà une ouverture vers une autre culture. Il peut aussi apprécier la délicatesse de l’accueil japonais et le raffinement de sa cuisine. ANA offre 3 classes de service pour répondre à tous les budgets. A terre, tout est prévu pour votre confort, à Paris comme à Tokyo ANA a mis l’accent sur les services en ligne de l’achat jusqu’à l’embarquement sur le site de la compagnie www.ana.fr. : réservation de vol, paiement, choix du siège, repas spéciaux et autres prestations, émission du billet et enregistrement en ligne jusqu’à 75 mn avant le départ. Un code 2D envoyé sur votre téléphone portable vous permet un accès direct à l’avion, sans billet. A l’aéroport de Paris Charles de Gaulle, l’enregistrement peut être effectué jusqu’à 60 minutes avant le décollage. Tout le confort est proposé aux passagers d’ANA au salon Star Alliance : communication, restauration, travail ou relaxation (douche…). A l’arrivée à l’aéroport de Tokyo/ Narita, il est possible de se rafraîchir en escale si le trajet doit se poursuivre, vers une autre destination. De luxueuses cabines de douche et fauteuils de massage sont prévus à cet effet. Le Japon est le règne des technologies de l’information et de la communication. Avec le service «Smart e-Check in», les passagers qui ont déjà payé leur billet peuvent choisir leur siège avant le départ, à partir d’un téléphone portable ou par internet, et

récupérer ainsi leur carte d’embarquement. Un dispositif d’enregistrement au choix est proposé, en comptoir ou sur une borne. Pour éviter que des passagers pressés ne manquent leur vol, ANA a installé un espace d’enregistrement à l’extérieur de l’aérogare, au niveau du départ. Les voyageurs d’affaires bénéficient d’un couloir prioritaire pour les contrôles de sécurité. A Tokyo aussi, comme à Paris, ils ont accès à un salon privé. Tout a ainsi été prévu, chaque instant du trajet entre Paris et Tokyo a été optimisé pour faire de ces voyages autant d’occasions de se livrer en toute sérénité à ses occupations de travail ou divertissement… Une compagnie engagée et responsable Au Japon, la confiance se mérite à long terme. ANA est engagée dans une dynamique de progrès continu, pour satisfaire durablement ses actionnaires comme ses clients. Un programme d’actions en cours actuellement vise à continuer à optimiser la qualité et l’efficacité des prestations proposées de bout en bout. Mais l’éthique de la compagnie ne s’arrête pas au respect des intérêts de ses actionnaires et passagers ; elle est aussi très consciente de ses responsabilités dans le domaine de la préservation de l’environnement. C’est ainsi qu’en novembre 2008, le groupe ANA a obtenu la première certification délivrée dans le secteur aérien. Dès 2008, il a lancé un premier plan triennal de réduction de son impact sur l’environnement et de préservation de la nature, ANA Group Ecology Plan dont les ambitions concernent des aspects très variés, préservant le cadre de vie des générations futures : reforestation, préservation du corail, utilisation de matériaux recyclés… * marque déposée par Apple

Offrez-vous les privilèges Star Alliance, vous y avez droit! Comme l’explique Pascale Le Maillot, Responsable de la communication de la compagnie à Paris, ANA a rejoint en 1999 Star Alliance, qui constitue le premier réseau aérien au monde regroupant 27 compagnies aériennes. Si vous possédez déjà une carte de fidélité de l’une de ses compagnies vous pouvez faire créditer les miles parcourus sur les vols ANA et demander des billets primes. Avantages offerts par Star Alliance, : Priorité à la réservation et à l’enregistrement, enregistrement de bout en bout, accès aux salons d’aéroport, billets primes sur les compagnies partenaires… ANA Mileage Club, le programme de la compagnie ANA (20 millions d’adhérents au monde), ajoute davantage de partenaires aériens ou marchands.

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Un esprit de confiance

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Le groupe d'assurance Tokio Marine s'est lancé depuis une dizaine d'années à la conquête des entreprises européennes. Son expertise dans l'accompagnement des grands groupes japonais de l'automobile et de l'électronique lui assure un ancrage fort en Europe et en France. Il consolide sa présence par l'ouverture de délégations régionales à Bordeaux, Lyon, Strasbourg et Nantes pour être au plus près du terrain.

Bernard CLAUDINON,

et Jun OHIWA,

Directeur France Tokio Marine Europe

Directeur - Tokio Marine Europe

e nom de Tokio Marine évoque une activité tournée vers le transport maritime, est-ce son métier d'origine ? Tokio Marine est l'une des plus importantes et la plus ancienne société d'assurances «non vie» au Japon. Fondée en 1879, elle ouvrait dès l'année suivante son premier bureau à Londres, où se trouve aujourd'hui son siège européen. Un bureau de représentation a été installé à Paris en 1965, pour les industriels nippons développant leurs activités sur l'Hexagone. Depuis 1992, l'implantation française est devenue une succursale. Le transport maritime était effectivement notre activité originelle. Les premières compagnies sont nées il y a 500 ans, tournées vers les navires de commerce. Aujourd'hui, en Europe nous couvrons une large palette des risques d'entreprises tels que : incendie, responsabilité civile, accident, risques spéciaux et, bien entendu, le transport. Au pays du Soleil levant, Tokio Marine est une institution dans le domaine de l’assurance. Nous faisons en sorte que cela soit le cas également en Europe.

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Aujourd'hui, où vous déployezvous ? La stratégie de notre groupe a évolué. Alors que nous étions concentrés en Europe sur les entreprises japonaises, en 2001 nous avons décidé de nous ouvrir au

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marché local des entreprises industrielles et commerciales. Nous avons développé notre compétence dans la filière automobile et électronique. Le savoir-faire que nous avons acquis en accompagnant les grands groupes nippons dans leur installation en Europe nous a permis de répondre aussi aux besoins d’industriels français de l'automobile, comme Renault et PSA. Le rachat de Nissan par le premier constructeur français et les tentatives de rapprochement entre Mitsubishi et Peugeot illustrent bien cette concordance. Mais ces références prestigieuses sont la partie visible de l'iceberg. Le tissu de PME-PMI très divers avec lesquelles nous travaillons de plus en plus constitue notre axe majeur de développement. En 2005, nous avons également décidé une diversification vers le secteur des «risques spéciaux», dont la couverture des grands évènements culturels, professionnels et sportifs.

grandes manifestations culturelles, professionnelles ou sportives telles que : le tournoi de tennis de RolandGarros, le Tour de France, et le Paris Dakar. En 2008, l'annulation de l'épreuve fut un des plus gros sinistres du marché français. Nous continuons néanmoins à couvrir cet aléas pour cette course, qui se déroule maintenant en Amérique du Sud. Nous assurons également les risques audiovisuels, comme les tournages de films ou les concerts. Ces segments représentent entre 15 à 20 % de notre activité.

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Quels types d'événements couvrezvous ? Nous assurons les risques d'annulation liés à la climatologie, aux attentats, aux grèves, pour de

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Quels sont les atouts de TOKIO MARINE ? Notre groupe, par sa puissance et sa solidité financière, offre à ses clients une sécurité exemplaire. Les grandes agences de notation, en nous attribuant un AA (Standard &Poors), nous ont placés dans le peloton de tête des compagnies d'assurances. En France, notre implantation géographique est un atout indéniable. Depuis 2002, Tokio Marine Europe renforce progressivement sa présence sur le marché français avec l'ouverture de délégations régionales à Bordeaux, Lyon, Strasbourg et Nantes. Expertes dans de nombreux secteurs, nos équipes maîtrisent l'évaluation des risques, l'analyse des besoins et le conseil aux clients en matière de prévention. Les Japonais étant extrêmement exigeants, nous avons développé une organisation orientée vers le client et le service. Dans un environnement marqué par la rapidité et la concurrence, les entreprises doivent être réactives avec pour conséquence très souvent des activités à flux tendus. Un sinistre peut alors avoir des répercussions significatives aussi bien en termes financiers que sur l'image de marque. Une compréhension parfaite de l'activité du client, une grande proximité avec ses équipes et une réactivité sans faille sont déterminants. Notre compagnie est centrée sur le client afin de lui rendre le meilleur service possible. Cela ne reste pas un concept théorique : nous apportons la réactivité et la rigueur de notre culture. Par exemple, avec des professionnels du spectacle, il faut établir des

contrats dans des délais extrêmement courts, car cette industrie est fréquemment amenée à travailler dans l'extrême urgence. En matière de transport et de responsabilité civile, il faut souvent être en mesure de délivrer des attestations en temps réel pour permettre la conclusion ou la bonne réalisation d'un marché. Au Japon, l'assurance a été contrôlée par l'État jusqu'à la fin des années 1990 : tous les assureurs pratiquaient le même prix pour un même risque, le seul moyen de différenciation était le service rendu. C'est de cette époque qu'est née notre culture du service au client ; nous la considérons aujourd'hui comme une valeur essentielle. Pourquoi votre société continue-t-elle son développement en Europe et plus particulièrement en France ? La France est le cinquième marché mondial pour l'assurance non vie. Même si certaines activités industrielles délocalisent vers l'Asie, nos programmes restent établis en France où les centres de décision demeurent. Votre entreprise existe depuis très longtemps, quelles sont ses valeurs ? Notre longévité tient peut-être à notre approche très japonaise de la façon de faire, nous établissons des relations de fidélité. Ce n'est pas parce qu'il y a un gros sinistre, comme lors de la dernière édition africaine du Paris Dakar, que nous abandonnons nos clients. Nous avons une vision à long terme. Notre bureau de Nantes a été ouvert en 2009. Nous voulons continuer à développer notre portefeuille d'entreprises commerciales et industrielles, en renforçant nos équipes et nos implantations régionales. Pour reprendre un exemple du domaine de la construction, nous avons bâti de solides fondations et un rez-de-chaussée donnant une vision claire de ce que sera l'édifice. Nous allons maintenant élever les étages en cherchant un développement cohérent. La satisfaction de nos clients est au cœur de nos préoccupations, pour bâtir une relation durable fondée sur la maîtrise des risques.



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L’Alliance Renault-Nissan : une performance qui dure

Carlos GHOSN

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Là où, dans le secteur automobile, différents rapprochements capitalistiques et opérationnels ont échoué ou montré leurs limites, l’Alliance entre Renault et Nissan initiée en 1999, et qui s’ouvre depuis 2010 à Daimler au travers d’une coopération stratégique, constitue un atout important pour Renault comme pour Nissan. Les deux constructeurs, qui avec 7,2 millions de voitures vendues en 2010 et 10,3% du marché mondial, se situent au quatrième rang mondial, bénéficient tous deux de l’Alliance et se sont appuyés sur elle dans le cadre de la voiture zéro émission.

de membres des comités exécutifs de chaque entreprise ; celui-ci se réunit en moyenne dix fois par an. Une équipe dédiée à l’Alliance a été crée en 2009 pour approfondir et accélérer les synergies entre les deux constructeurs. Cette équipe est composée de seize Directeurs issus des deux entreprises auxquels il revient, en relation avec les directions de Renault comme Nissan, de définir et conduire les synergies recherchées. Tout a débuté en 1999, avec l’entrée de Renault dans le capital de Nissan

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’exemple de Renault et Nissan est rare dans le secteur automobile où différentes fusions et acquisitions ont été un échec ; quels en sont les points forts ? L’alliance constitue une structure composée de deux entreprises mondiales, liées par des participations croisées ; à ce jour, Renault détient 43,4% du capital de Nissan et Nissan détient 15% du capital de Renault. Les participations croisées constituent le ciment de l’Alliance. L’Alliance est pilotée par un directoire présidé par Carlos Ghosn, constitué

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Mouna SEPEHRI, Directeur général délégué à la Présidence de l’Alliance Renault-Nissan.

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Usine de Barcelone qui fabrique des véhicules pour Renault et Nissan

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et les premiers contrats de coopération. Depuis, l’Alliance s’est approfondie, notamment pendant la crise, avec un pragmatisme qui constitue l’une des clés de son succès. Les synergies réalisées en 2009 ont représenté 1,9 milliard d’euros, dépassant les objectifs qui étaient d‘1,5 milliard d‘euros. L’originalité et la force de la culture de Renault comme Nissan rendaient peu opportune l’idée de fusion. Nous avons souhaité éviter toute domination de l’une ou l’autre. Surtout, il a fallu faire de l’Alliance un facteur de succès pour les équipes des deux constructeurs, et prendre en compte l’enjeu humain, essentiel dans de telles opérations. Ces éléments étaient au cœur de la stratégie conduite depuis 1999. Forts de cet acquis, avec la crise, nous avons pu aller plus loin et rechercher de nouvelles synergies. Nous avons fait école. Le succès rencontré a permis à Renault de nouer des accords avec d’autres partenaires, tels que Lada en Russie. Pour cette raison, Daimler a choisi en 2010 de nouer une coopération stratégique avec l’Alliance. La réussite de l’Alliance Renault-Nissan, l’une des seules dans l’automobile, l’a convaincu. A ce jour, quels en sont les terrains prioritaires ? Ils sont variés, des achats à l’ingénierie concernant le véhicule ou mécanique . Une société commune, Renault Nissan Purchasing Organization, couvre la totalité des


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La gamme de véhicules électriques Renault

achats des deux groupes ; des appels d‘offres communs permettent d’optimiser les couts. En matière d’ingénierie, par exemple, le partage de composants tels que des systèmes de climatisation, plaquettes de freins et amortisseurs permettent de réaliser d’importantes économies d’échelle. Il en va de même pour les plateformes communes ; par ailleurs, le moteur V6 diesel fabriqué par Renault à Cléon équipe la gamme Infiniti, deux exemples parmi de nombreux autres. En 2009 a été mise en place une structure Alliance destinée à identifier les usines de l’Alliance les mieux placées pour produire les véhicules dans une optique de réduction des coûts de livraison, de partage des actifs existants (usines et plateformes) afin de minimiser le ticket d’entrée et de permettre à un des deux partenaires de bénéficier d’opportunités nouvelles grâce à la fabrication croisée de l’autre partenaire sur un marché. Cela a été et est le cas au Mexique, au Brésil, en Espagne, Afrique du Sud, en Corée, en Inde, mais aussi, en France à Batilly où sont fabriqués le Renault Master et le Nissan Interstar. Au Brésil, le Renault Master, Nissan Frontier, Nissan Xterra sont fabriqués dans l’usine Renault de Curitiba. Dans le domaine logistique, les synergies de l’Alliance sont importantes également. Un directeur monde, commun aux deux groupes, a été nommé en 2009, créant une équipe Global Alliance Logistics et rapprochant sous son management

les deux directions. Les synergies sont passées de 25 à 56 millions d’euros en 2009 et 100 millions en 2010. C’est ainsi que le ferry qui achemine les voitures Renault d’Espagne au Royaume Uni en passant par la France et la Belgique transporte aussi vers le sud des voitures Nissan fabriquées au Royaume Uni. Autre exemple : un appel d’offres commun sur le transport maritime et terrestre s’est traduit par une réduction des couts de 12% pour l’Alliance. Quel est le défi essentiel actuellement ? Nous allons poursuivre notre offensive sur la mobilité zéro émission afin d’asseoir notre leadership dans ce domaine. En 2010, Nissan a lancé la LEAF, élue voiture de l’année 2011. En 2011 Renault lancera les modèles Kangoo et Fluence en version électrique. Renault lancera également

d’ici la fin de l’année Twizy, un quadricycle urbain 100% électrique. Vous animez l’Alliance, rapportant directement à Carlos Ghosn, vous êtes également membre du comité de pilotage de la coopération entre Daimler et l’Alliance ; comment définir cette expérience? C’est indéniablement une expérience riche. La diversité des cultures telle que nous la vivons au sein de l’Alliance est de mon point de vue une source d’enrichissement tant personnelle que professionnelle. Si, 12 ans après, nous sommes le seul partenariat automobile à avoir créé de la valeur, c’est parce que nous n’avons pas cherché à imposer un modèle au détriment de l’autre. La diversité est notre force, car je pense qu’on obtient de meilleures idées et de meilleurs résultats en partageant des points de vue différents.

Une recherche d’équilibre L’alliance a souhaité éviter toute domination d’un partenaire sur l’autre. Dans un souci d’équilibre, le directoire de l’Alliance est composé des membres du Comité Executif de chaque entreprise. La société commune, responsable de la gestion stratégique de l’Alliance, est basée, non en France ni au Japon, mais aux Pays Bas. Toutes les instances et tous les groupes de travail sont composés de personnes issues de chaque entreprise pour que l’équilibre soit préservé et que l’Alliance profite de l’équilibre du travail dans un contexte multiculturel. Dès le début de l’Alliance, Carlos Goshn a mis en place des équipes transverses qui permettent aux Français comme aux Japonais de partager leurs points de vue et leurs idées. Il croit à la fertilisation croisée entre les deux entreprises à travers des collaborateurs venant de différents horizons culturels et professionnels.

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Se développer au Japon dans les activités transport et logistique Arnaud RASTOUL, Directeur général de SDV Japan

Fort de ses implantations dans cinq grandes régions, Afrique, Amériques, Asie Pacifique, Europe, Moyen-Orient & Asie du Sud, et de son expertise large, couvrant toute la chaîne du transport et de la logistique, le groupe SDV répond bien aux besoins des opérateurs du commerce international exportant ou important vers ou à partir du Japon, précise Arnaud Rastoul, Directeur général de SDV Japan.

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e groupe SDV, filiale de Bolloré, figure parmi les 10 premiers groupes mondiaux de transport et de logistique. Quel est actuellement le cœur de son métier ? Le transport intercontinental maritime et aérien est historiquement au cœur des activités du groupe SDV. Accompagnant l’évolution des besoins de ses clients, SDV est devenu un acteur global et propose une gamme complète de services, associés à une expertise sectorielle, en amont et en aval de la production : organisation de transport, douane et conformité réglementaire, logistique, projets industriels, services supply chain. Nos agences sont regroupées en 5 zones : Afrique (Bolloré Africa Logistics), Amériques, Asie Pacifique, Europe, Moyen-Orient & Asie du Sud. Nous développons une approche transversale de la gestion des clients, des fournisseurs (achats de fret maritime et aérien) et des opérations (maillage des plates-formes portuaires et aéroportuaires). Quelle est l’histoire de la filiale SDV Japan ? SCAC Japan a été créée en 1977, pour devenir, en 1993, KK SDV Japan, avec l'acquisition d’une entité locale, TTA Japon. L’un des enjeux était de faire évoluer la culture d’entreprise de la nouvelle entité, conformément à l’identité du groupe, qui compte à

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présent parmi les dix premiers acteurs mondiaux dans son secteur. Quel intérêt présente le marché japonais pour SDV ? S’il est dominé par quatre acteurs japonais, il nous permet de proposer notre expertise globale, notre réseau international et nos services. Au départ, nous avons joué la carte du «plus grand spécialiste de l'export depuis la France», un argument en phase avec les attentes de nos clients japonais qui privilégient une sécurité optimale. Aujourd'hui, l'enjeu est de faire évoluer notre image, pour mettre en avant notre réseau. Les bénéfices des échanges entre pays d’Asie sont désormais beaucoup plus importants que ceux en provenance de la France! En particulier depuis le Vietnam, où nous avons un bureau japonais pour répondre aux demandes de nos clients. Quels sont les points forts de SDV par rapport par rapport à la concurrence ? Quelle est sa stratégie de développement ? Nos 525 agences dans 92 pays nous confèrent un réel avantage. Notre développement dans des secteurs stratégiques représente aussi un élément majeur de différenciation. Pour cela, nous approfondissons notre connaissance de l’industrie pour gérer la chaîne logistique de nos clients dans une série de secteurs

d’activités tels que : l’aérospatiale, le pétrole et le gaz, la cosmétique, les parfums et arômes, les produits alimentaires et les boissons, la santé, la mode ainsi que l’industrie automobile et les nouvelles technologies. Forts de la bonne compréhension de leurs problèmes, nous avons créé par exemple un centre de distribution régionale qui nous assure une valeur ajoutée supérieure en matière de dépôt et retrait de marchandises, de ré-étiquetage ou de et de traçabilité. Notre stratégie est de bâtir avec nos clients une croissance durable. Quels sont les enjeux à venir ? Au Japon, nous devons continuer à faire progresser notre connaissance de certaines industries clés comme l'automobile ou les nouvelles technologies, tout en conservant notre position dans les secteurs de l’habillement, des cosmétiques et de l’agroalimentaire. Nous devons encore faire progresser notre image de leader mondial dans le domaine de la supply chain internationale, en intégrant notre expertise sectorielle ainsi que la valeur ajoutée de nos systèmes d’information Les choses évoluent, nous avons été récompensés en obtenant la gestion de nouveaux clients, opérant, notamment, de la Chine vers l'Europe. Nous sommes pleinement confiants dans l’avenir car nous avons tous les moyens de nos ambitions.



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Akebono Europe S.A.S was established in France in 1985 Mr. Hisataka NOBUMOTO, Chairman, President & CEO- Akebono Brake Industry Co., Ltd

Mr. Peter SCHMITZ COO - Akebono Europe S.A.S.

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Akebono supports automaker, supplier and aftermarket customers around the world through its Asia-Europe-North America tri-polar network of operations. This strategy enables the company to tailor brake applications to vehicles and driving tastes that are distinct to each of these regions. Once optimized, Akebono friction material and brake innovations are leveraged worldwide to better serve the global automotive industry. R&D technical centers for advanced friction and brake product research, including noise, vibration and harshness (NVH) performance, are located in Farmington Hills, Michigan in the United States, at several locations in Japan, and in Gonesse, France.

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Akebono Brake Industry Co., Ltd. has been progressively developing brake friction material and related products ever since it first began manufacturing woven linings for drum brakes and clutch facings in 1929. Its R&D technical centers are located in Farmington Hills, Michigan in the United States, at several locations in Japan, and in Gonesse, France.

kebono currently supplies products on an original equipment manufacturing (OEM) basis to all the Japanese automakers, to General Motors, Ford and Chrysler in the United States and to Volkswagen, Opel, Fiat, Saab, Mercedes and Porsche in Europe. Akebono has a dominant market position in Japan, and its product range covers items for automobiles, motorcycles and rolling stock, as well as industrial machinery, such as forklifts, wind turbine generators and agricultural equipment. In 2007 Akebono was appointed official supplier and has been supplying brake calipers and master cylinders to the Vodafone McLaren Mercedes Formula 1 team. In addition to brakes, Akebono also designs and sells sensors for automotive applications. Akebono operates four main production facilities in Japan, all of which have been spun off as independent companies to enhance competitiveness. Akebono’s North American engineering, manufacturing and marketing activities are coordinated by the U.S.-based Akebono Brake Corporation (ABC), which serves as the headquarters for expanding operations on the continent. At the end of 2009, Akebono concluded an asset purchase agreement with Robert Bosch for its North American brake b u s i n e ss , i n c l u d i n g t w o manufacturing plants in the United States. As a result,

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there are now a total of four facilities under the supervision of ABC. Akebono Europe S.A.S (Gonesse) was established in France in 1985. In 1995 the Centre de Recherche Européen Akebono (CREA) was added as a research and development base, and Akebono’s first European production operation, Akebono Europe S.A.S (Arras), was founded in 1998. 2007 saw the establishment of Akebono Brake Europe N.V. in Belgium as the new European Headquarters. In Asia, Akebono has become a major supplier of technology and is actively expanding its involvement there. It acquired an equity interest in the Indonesian brake manufacturer PT. Tri Dharma Wisesa in 1996. Akebono Corporation (Guangzhou) and Akebono Corporation (Suzhou) were established in China in 2004, producing drum brakes, disc brakes and pads. New Akebono Brake (Thailand) started production in 2008. As an example of its long-standing commitment to the environment, Akebono established a system for collecting and rebuilding drum brake shoes in 1965. In 2005 that system evolved into a new environmentallyfriendly business model as “Eco Pads”, rebuilt disc brake pads using recycled pressure plates. Akebono recently developed aluminum brake calipers that weigh 20% less than conventional ones, improving fuel efficiency and reducing automobile CO2 emissions.


Japon

Japan: a key country in Asia

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Serge GOLDENBERG, General Manager of the Schneider Electric in Japan

Japan is a major country in Asia for Schneider Electric, as Serge Goldenberg, General Manager for the Group in the country, explains in this interview. Over the next five years, he adds, the ambition is to double the turnover in Japan, while promoting Schneider Electric energy management solutions. Schneider Electric is aiming at strong growth in Japan.

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hat is the history of Schneider Electric in Japan? What facilities does Schneider Electric own in the country, and are there also production sites? It has been a long story, as we set foot in this market almost 50 years ago. We started by setting up a representative office in 1962, and then we created subsidiaries, as well as partnerships with local companies. Through our different structures, we have 3 offer creation centers, 3 manufacturing facilities and several sales offices that cover the whole country; we employ a total of 2,600 persons, dedicated to a wide range of activities: research & development, manufacturing, marketing and the sale of our products and solutions. Japan is part of our Asia Pacific zone, which as a whole represents 24% of the company’s turnover. What position does Schneider Electric hold in Japan and what are its market shares? How can the special expectations of your customers in the Japanese market be analyzed? The country’s ambitions in terms of energy efficiency make it a designated target for some of our energy management solutions, which enable a 30% reduction in electricity bills. Further to to its market potential, we see Japan as a key area for fostering technological partnerships: some successful partnerships have contributed to boosting our sales globally, so we are continuing to investigate potential alliances. We offer a wide array of products and solutions in several markets: the machine manufacturer market (OEM), the electrical distribution market, the telecom market and the data center market. Depending on the

market and on the product or solution, our position can range from challenger to leader, with a market share of more than 40%. Examples of markets and products where we have developed a clear leadership are the machine manufacturer market with human machine interface devices and the IT market with small uninterruptible power supplies. Above all, and unsurprisingly for this demanding country, our Customers expect competitive offers, a superior level of quality and support and high flexibility. They also expect strong commitment in the long run, which is why they tend to feel more confident about partnerships involving a local ‘recognized’ player, at least at the beginning of the business relationship. What are its main assets compared to its competitors? Fo r t h e g ro w i n g n u m b e r o f Customers looking for energy saving solutions, we can provide highly energy efficient modular solutions for data centers, for example. We present customers who depend on foreign markets to sustain growth (such as machine manufacturers) with attractive options to leverage our extensive worldwide network and wide array of solutions, helping them to provide their own customers with equipment that is easily serviceable globally and suit local tastes. From that perspective, it is our global player status that can make all the difference. For other Customers who are looking for superior technology, we offer some highly differentiated products and solutions. Which special factors are encountered by the company in Japan, especially in organizing distribution?

Depending on the market, we face very different situations; in the IT market, distribution is organized in a way which is similar to that which can be found worldwide. In the OEM market and the electrical distribution market, there has been comparatively much less concentration over the years; distribution remains quite fragmented, with two levels and high running costs. Over the next five years, our ambition is to double our turnover in Japan while promoting Schneider Electric’s energy management solutions. What are your short-term and mediumterm ambitions? And which main challenges must you tackle in this respect? A key challenge for us will be the internationalization of our team, as some of our solutions require intensive collaboration among our various international teams. Another key challenge will be our ability to make our distribution channels more efficient. Concerning intercultural relations, is it easy to operate in Japan with a European business culture? What advice would you give in this area? So far, one common point among our success stories has been the involvement of local partners and local players, at least at the beginning. I would therefore stress the importance of partnerships to help to bridge the cultural gap you are referring to. However, it is essential to make sure that the interests of both partners converge before entering into such a relationship, and to be careful not to rely on a superficial analysis or even on instinct: our experience has taught us that clarifying the criteria for success as seen by each partner is critical to the success of ventures. France

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Recherche et développement: l'atout japonais

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Bernard DELMAS, Président de Nihon Michelin Tire

Acteur majeur dans le domaine de la recherche et du développement, le Japon offre des infrastructures et des compétences techniques de haut niveau, mais aussi une concurrence stimulante. Pour Michelin, qui a acquis dans l’archipel une forte notoriété, être présent sur place est essentiel. L’accès aux centres de recherche des constructeurs automobile permet de capter un parc potentiel de véhicules important sur le reste du continent asiatique.

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uelle est l’histoire de Michelin au Japon ? C’est à la faveur des Jeux olympiques de Tokyo en 1964 que Michelin débute l’aventure japonaise : nous avions équipé les pneus du métro aérien de Tokyo construit à cette occasion. Depuis nous n’avons plus quitté le pays et nous avons accompagné la montée en puissance des constructeurs automobiles. En 1989, une joint-venture avec un manufacturier nippon nous a permis d’asseoir notre position, confortée par la création en 1991 d’un centre de recherche et développement pour servir le marché japonais et les marchés asiatiques. En 2000, Michelin qui a intégré sa Joint-venture, est désormais seul maître à bord dans ses opérations commerciales et industrielles. L’aventure japonaise se poursuit parallèlement avec les guides gastronomiques. Le guide Michelin Tokyo et Kyoto – Osaka remporte un succès extraordinaire. Aujourd’hui que représente l’archipel dans vos activités, et comment évoluent les secteurs sur lesquels vous vous trouvez ? Michelin au Japon regroupe 800 personnes, réparties sur trois pôles d'activité : le service commercial, de représentation auprès des grands groupes de constructeurs automobiles et une activité de recherche et développement. Notre pôle de R&D japonais est le troisième plus important du groupe, après ceux de Clermont-Ferrand et de Caroline du Sud. Il est devenu le centre d’expertise pour le marché des pneumatiques hiver “studless” (sans clous) dont

l’usage a été initié et amplifié par la réglementation locale. Michelin utilise ce marché japonais comme un marché de pointe, exigeant sur la qualité, sensible au développement durable, à partir duquel les technologies innovantes sont testées et développées, pour les appliquer à d’autres marchés. Le respect de l’environnement est-il un des piliers de la stratégie de Michelin ? Oui, car la mobilité et le respect de l’environnement sont pour nous deux notions indissociables. Depuis vingt ans nous travaillons sur le pneu vert : des pneus à basse résistance au roulement permettant de réduire la quantité de carburant consommée par le véhicule et donc les émissions polluantes. Il faut savoir que 20% de l’essence d’une voiture est consommé par les pneumatiques et la proportion est encore plus importante pour les poids lourds. Pour ces derniers il s’agit de proposer des pneus qui peuvent être recreusés et/ou rechapés afin de prolonger leur durée de vie. Le Japon constitue-t-il pour vous une base vers le reste de l’Asie ? Notre présence dans l’archipel sert également au développement de l'ensemble de nos activités en Asie. Le Japon est une porte historique vers le reste du marché asiatique dont l’industrie automobile est aujourd’hui en plein développement. Si vous voulez être présent dans ces pays, il faut être aussi au Japon. Le partenariat fort auprès des constructeurs automobiles japonais, implantés partout en Asie, nous rend de

facto présent sur l’ensemble de ce continent. On le voit, par exemple avec Honda, un partenaire historique que nous suivons depuis 1970. Par son intermédiaire Honda Chine, Thaïlande ou Inde équipe la majorité de ses voitures pour ces marchés avec des pneus Michelin. Quelles sont vos perspectives à moyen et long terme ? Après plus de 40 ans de présence, nous avons des ambitions importantes de développement dans ce pays. La crise récente du centre nucléaire de Fukushima, conséquence du grand tremblement de terre et tsunami du Tohoku n’a rien changé à cela. Au contraire, les consommateurs et les constructeurs automobiles sont plus que jamais demandeurs de p ro d u i t s s o p h i s t i q u é s a l l i a n t durabilité, sécurité et performance environnementale : silence et faible consommation de carburant. Michelin est la seule entreprise étrangère à ce jour, ayant reçu en 2009, de la part du Ministère de l’environnement japonais, le label Eco-First pour son engagement au respect d’une charte environnementale. Le logo Eco-First peut être utilisé par Michelin dans toutes ses communications et réseaux de distribution au Japon, ce qui est un atout considérable dans un contexte de forte concurrence.

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© Thierry Gonzales / TOTAL

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Total au Japon : une présence multiforme adaptée aux spécificités du marché Luigi COLANTUONI, Délégué Général du groupe Total pour le Japon et la Corée

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Première capitalisation de la Bourse de Paris et l’un des tout premiers acteurs mondiaux du secteur de l’énergie, le Groupe Total développe son savoir-faire à tous les niveaux de cette industrie : exploration et production de pétrole et de gaz naturel, raffinage et distribution, énergies nouvelles, trading et chimie. Au Japon, peu visible du grand public, le groupe français n’en est pas moins un acteur important du marché domestique de l’énergie, où il développe ses activités depuis plus d’un demi-siècle.

ans quelles circonstances Total a-t-il effectué ses premiers pas au Japon ? C’est via le trading de produits pétroliers que Total a noué ses premières relations avec le Japon. Nos premières exportations de pétrole brut à destination du Japon ont débuté en 1953. Et c’est en 1957 que nous avons ouvert notre premier bureau de représentation à Tokyo, afin d’être positionné au plus prêt de nos clients.

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Quelle a été la réaction du groupe Total dans les jours qui ont suivi le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars ? L’ensemble du Groupe s’est immédiatement senti concerné. Ces deux événements tragiques n’ont heureusement pas fait de victime parmi nos collaborateurs et leurs familles. Nos bureaux dans la région de Tokyo ont été fortement secoués par le tremblement de terre, mais l’ensemble de nos activités dans le pays ont pu se poursuivre. Dès les premières heures, et encore aujourd’hui, des membres de notre LXXXIV

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personnel japonais comme expatrié se sont directement impliqués dans les opérations de sauvetage et de déblayage. Dans un contexte difficile, nous avons été en mesure de fournir localement en carburant les équipes de la Sécurité Civile française arrivées dans les premiers jours. Enfin, via sa direction du Mécénat, le groupe Total a fait un don d’un million d’euros à la Croix-Rouge, qui permet dans le plus long terme de soutenir les opérations d’assistance aux victimes dans les régions les plus touchées au nord du Japon. Quelle est la particularité du Japon et comment analysez-vous son potentiel dans votre activité ? Pour ce qui est de l’énergie, le Japon est un pays à part. C’est un archipel très pauvre en ressources naturelles et qui dépend à 96% des importations. Au cours des années 70, décennie des chocs pétroliers, la dépendance au pétrole du MoyenO r i e n t q u i s’ é ta i t d éve lo p p é e dans l’immédiat après-guerre l’a poussé à remettre en question son modèle énergétique. Avec deux mots

d’ordre : efficacité énergétique et diversification des approvisionnements. Aussi le Japon a-t-il accentué dès cette époque le recours au gaz naturel liquéfié (GNL), l’idée étant de ne plus dépendre exclusivement du pétrole brut. Quelles ont été les grandes étapes de l’implantation de votre Groupe au Japon et quelles sont vos relations avec les entreprises de votre secteur d’activité ? Nos multiples activités autour du globe nous ont amené à tisser de nombreux liens avec le Japon. C’est notamment le cas du secteur de l’exploration-production où les acteurs japonais sont nombreux, et tous ont besoin de partenariats pour se déployer hors des frontières du pays. Plusieurs compagnies comme Inpex, Moeco (filiale de Mitsui), Mitsubishi, Mitsui, Nippon Oil, Idemitsu, Marubeni, Itochu, Sumitomo sont associées à Total. Aujourd’hui, la demande en gaz naturel représente 17% de l’énergie primaire consommée au Japon. La part des projets qui alimente cette


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demande et auxquels le groupe Total contribue se situe aux alentours de 7%, ce qui nous place parmi les leaders. Nous avons au fil des années fortement contribué au développement des approvisionnements du Japon en GNL à partir de nos centres de production basés principalement en Indonésie et au Moyen-Orient. Notre partenaire historique est Inpex, premier extracteur japonais, avec qui nous travaillons de façon continue depuis plus de 40 ans sur les sites de la Mahakam en Indonésie. Nous avons par la suite développé avec cette société de nombreux projets au Moyen-Orient, en Asie Centrale, au Canada... Le dernier en date est celui d’Ichthys, un gisement offshore de gaz naturel situé au large de la côte nord-ouest de l’Australie dans lequel Inpex est opérateur ; nous en sommes à la phase d’ingénierie et la décision finale d’investissement est prévue à la fin de l’année 2011. Total est également présent au Japon dans d’autres secteurs comme la Chimie et les Lubrifiants… Effectivement. Le groupe Total commercialise des lubrifiants sur le marché automobile et industriel via sa filiale dédiée à ce segment, Total Lubricants Japan. Elle distribue également des carburants et lubrifiants de compétition, permettant à nos marques Elf et Total d’être positionnées sur ce segment. Les activités de notre branche Chimie sont structurées autour de grands métiers. Total Petrochemicals Japan regroupe celles de la pétrochimie de base et ses dérivés. Total est également présent dans le domaine de la chimie de spécialités, notamment via Atotech, un leader mondial incontesté de la métallisation. Cette entreprise dispose d’une usine à Koda dans la région de Nagoya, ainsi que d’un centre de recherche et de développement pour la production de circuits imprimés à Yokohama. La filiale d’Atotech au Japon a été un pilier fort dans le développement de la présence de cette activité à l’échelle de l’Asie et pour l’établissement de fortes relations tant techniques que commerciales avec ses clients japonais ayant ouvert de nouvelles usines dans la région. Les activités de transformation du caoutchouc (Hutchinson) et les adhésifs (co-entreprise Bostik Nitta) complètent notre offre sur le marché japonais.

Total se consacre notamment, en partenariat avec plusieurs sociétés japonaises, au développement du Diméthyle Ether (DME), un carburant propre qui peut remplacer le Diesel ou le GPL (Gaz de Pétrole Liquéfié) et être produit aussi bien à partir de méthanol que de biomasse. L’usine commune de Niigata (capacité de production de 80 000 tonnes par an) permet de promouvoir le DME sur le marché japonais. Le Japon est un pays particulièrement sensible aux enjeux écologiques ; comment conciliez-vous cet impératif avec la croissance des besoins énergétiques ? La lutte contre le réchauffement climatique représente un enjeu aussi important que délicat à traiter dans un monde tiraillé entre des besoins toujours croissants en énergie et la nécessité de polluer moins. D’après l’Agence Internationale de l’Energie, l’évolution de la demande mondiale sera telle que 75% de la demande énergétique en 2030 sera toujours couverte par les énergies fossiles, à savoir le gaz naturel, le pétrole et le charbon. Il est important de renforcer la complémentarité de toutes les formes d’énergie. Le groupe Total investit et s’engage activement dans le monde au sein de nombreux projets industriels et de R&D autour des énergies renouvelables, en particulier dans le solaire et la biomasse. Notre tout récent investissement dans le solaire, avec l’acquisition pour 1,3 milliards de dollars de 60% de la société californienne SunPower, marque bien notre détermination. Il est également essentiel d’augmenter l’efficacité énergétique dans tous les domaines d’application afin de pouvoir continuer à satisfaire cette demande. Et le Japon, l’un des plus gros consommateurs d’énergie au monde, a aussi le plus haut niveau d’efficacité énergétique. Cette situation a-t-elle évolué depuis les incidents de Fukushima ? Le questionnement autour de la pérennité et de l’acceptabilité du nucléaire au Japon est tout à fait légitime dans le contexte actuel. Il ne faut pas toutefois pas oublier que le modèle économique japonais d’après-guerre -qui en a fait la 2ème puissance économique mondiales’est bâti sur une forte demande en énergie. Et le nucléaire a contribué à

réduire cette dépendance par rapport à l’étranger. Le Japon est le pays du protocole de Kyoto et, même si l’on en parle moins depuis quelques mois, la question du réchauffement c l i m a t i q u e re s t e d ’ a c t u a l i t é . Aujourd’hui, c’est donc la politique énergétique dans son ensemble qui est repensée par les autorités japonaises. Il est encore tôt pour en tirer les conclusions, mais le GNL et le solaire seront vraisemblablement parmi les principaux gagnants. Quelles en seront les implications pour Total au Japon ? Etant un acteur de poids du GNL au Japon et dans le monde, et désormais, aux côtés de Sunpower, un des leaders de l’industrie solaire, le Groupe saura offrir à ses partenaires japonais les solutions les plus adaptées. En plus de notre effort de développement des énergies renouvelables et propres (solaire, biomasse), nous continuerons de nous consacrer à un travail de réduction des émissions de gaz à effets de serre, conséquences de l’exploitation des énergies fossiles et de leur utilisation par les consommateurs. C’est la position du groupe Total qui défend l’idée qu’il faut faire évoluer le modèle par des énergies utilisées de manière toujours plus propre et efficace au Japon comme partout ailleurs dans le Monde.

TOTAL CHIFFRES CLES 2010

Activités dans plus de 130 pays Plus de 93 000 collaborateurs, 215 au Japon Chiffres d’affaires : 159 Milliards d’Euros Résultat net ajusté : 10,3 Milliards d’Euros Investissements : 16,3 Milliards d’Euros Production d’hydrocarbures : 2,38 Mbep*/jour Réserves (au 31/12/2010) : 10 695 Mbep *Mbep : Millions de baril équivalent pétrole

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Le Japon : un cadre juridique stable et favorable aux investissements étrangers Landry GUESDON, Avocat aux Barreaux de Paris et de Tokyo

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Dans cet entretien, Landry Guesdon, Avocat aux Barreaux de Paris et Tokyo (Gaikokuho Jimu Bengoshi) chez Clifford Chance livre son analyse du droit des affaires japonais tout en évoquant différentes situations concrètes rencontrées dans le cadre de sa pratique professionnelle. Le Japon, souligne-t-il, a certes été meurtri dans sa chair par le séisme et le tsunami du 11 mars mais a rapidement retrouvé son rythme et reste un formidable marché qui, malgré la distance, est loin d'être inaccessible.

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e droit des affaires au Japon estL il difficile à appréhender ? Le substrat juridique est commun.

activités civiles à usage militaire potentiel.

D'éminents juristes occidentaux ont participé à la modernisation du Japon pendant l'Ere Meiji. La France, jusqu'à sa défaite contre la Prusse qui lui fit perdre son prestige, servit de modèle en matière juridique. Le Japon reste un pays de tradition civiliste et, même si une réforme du Code civil est actuellement à l'étude, le droit des contrats et obligations et des engagements sans convention reste très proche du droit français. Dans certains domaines liés à l'économie, l'inspiration est plutôt américaine, ainsi en droit de la concurrence et en droit boursier et financier. Il existe toutefois beaucoup de convergence en droit des sociétés avec, notamment, des formes sociales proches de la SA, SAS, SARL ou la SNC. La situation est un peu plus complexe s'agissant d'activités réglementées. L'EBC (European Business Council in Japan), qui publie un rapport annuel sur le cadre économique et réglementaire nippon, félicite le pays pour ses réformes, mais pointe certaines pratiques discriminatoires, entraves aux échanges et mesures restreignant l’accès au marché. Les dispositions de la loi sur les changes et le commerce extérieur sont plus contraignantes pour les secteurs sensibles ou protégés dont le nucléaire, l’aérospatial, l’armement, le cuir, l’agriculture, le pétrole et le gaz, la production de produits biologiques comme les vaccins, et les

Sur quels points porte la majorité des demandes des entreprises qui consultent votre cabinet ? Nos activités "Corporate" sont variées. Par exemple, nous sommes sollicités pour du transactionnel : acquisition, réorganisation ou jointventure, alliance stratégique. Nous le sommes également pour assister nos clients dans le cadre de créations de filiales, dans leurs négociations de contrats commerciaux, pour des questions de droit du travail, de réglementation financière, pharmaceutique, cosmétique, agroalimentaire ou environnementale.

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Que vous a enseigné votre pratique juridique au Japon dans le domaine des fusions et acquisitions ? Le cadre juridique est globalement conforme aux normes internationales. Des sujets autrefois ignorés sont devenus classiques : gouvernance d'entreprise, apports partiels d'actifs et filialisations, défenses anti-OPA, échanges d'actions… La pratique des M&A n'est pas fondamentalement différente de la nôtre. Identifier la cible est souvent une gageure car actionnaires et management ont du mal à se décider à vendre et le font souvent au dernier moment dans de mauvaises conditions. Il faut être patient et savoir gérer attentivement la phase post-acquisition et l'intégration.

Comment éviter, dans une relation d'affaires, les difficultés culturelles entre dirigeants français et japonais ? Un climat de confiance mutuelle doit s'établir dans la durée. Un Japonais considérera parfois l'étranger avec méfiance, lui prêtera d'autres valeurs comme la recherche du profit rapide et le culte de la "shareholder value", au détriment du développement à long terme. A cet égard, les sociétés françaises jouissent d'une bonne réputation ; elles partagent ce respect des intérêts des parties prenantes au sens large, ce qui inclut les actionnaires, mais aussi, les salariés, fournisseurs, clients et consommateurs. La langue japonaise est complexe, l'anglais des interlocuteurs parfois rudimentaire. Dans le cadre des fusions-acquisitions, l'audit juridique peut s’avérer difficile avec une documentation en japonais ou lacunaire. Lors des négociations, nous expliquons les différences de pratiques pour éviter les malentendus. Le processus décisionnel japonais consensuel peut être très lent alors que la phase d'exécution est rapide. Notre mission consiste à guider nos clients pour éviter écueils et frustrations. Quels sont les secteurs porteurs au Japon ; comment y évolue la conjoncture ? Le niveau actuel des flux financiers étrangers au Japon demeure faible par comparaison à ce qu’il est dans d’autres grands pays industrialisés. Un yen fort ne risque pas d'inverser la tendance mais favorise les


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importations étrangères. Le Japon reste un formidable marché, toujours en pointe en matière de R&D et hautes technologies. Le souci des dirigeants japonais d'assurer une meilleure productivité du capital, le recentrage sur les activités principales entraînant la cession des activités annexes, le développement des "management buy-out", un plus grand appel au "private equity» devraient favoriser le développement des fusions et acquisitions. L'industrie pharmaceutique, le matériel médical, les biotechnologies et sciences de la vie, les assurances et l'énergie sont des secteurs à suivre. Notre activité consiste aussi à accompagner les sociétés japonaises dans leurs investissements à l'étranger. Par exemple, les prises de participations d'électriciens japonais majeurs dans différents projets initiés par Areva ou la prise de participation de NTT Communications dans un groupe franco-suisse ; en cours, l'acquisition du groupe

Permasteelisa par le géant nippon JS Group Corporation. La signature d'un accord de partenariat économique entre le Japon et l'Union Européenne aurait bien entendu un impact significatif sur les investissements franco-japonais. Pouvons-nous évoquer quelques dossiers emblématiques auxquels le cabinet a associé son nom ? Il a participé à plusieurs belles opérations franco-japonaises dont les joint-ventures entre Nikon et Essilor, Nexans et Viscas, bioMérieux et Sysmex, le rapprochement AxaNippon Dantai, l'acquisition de Shu Uemura par L'Oréal et nombre de transactions réalisées par SaintGobain dont l'achat du groupe MAG; des deals plus modestes comme la reprise de l'équipementier nippon Decker par Fives ou le rachat par Astrium (EADS) à ImageOne de sa participation dans leur joint venture Tokyo Spot Image en juin dernier. Des implantations multiples aussi

(Coface, Axa Direct, Carrefour Japon jusqu'à sa cession à Aeon, et bien d'autres, notamment dans le secteur de la distribution). Clifford Chance a représenté Suntory dans le cadre de l'acquisition d'Orangina Schweppes l'an dernier. Il est, par ailleurs, intervenu dans le cadre de la vente de Vodafone Japan à Softbank et de l'achat du groupe d'agrochimie Arysta Life Science par Permira, la plus grosse opération de private equity au Japon en 2007. Les transactions les plus importantes en ce début d’année 2011 sont l'intervention dans le volet japonais de l'achat par Hearst Corporation des activités de presse magazine à l’international de Lagardère; la joint-venture entre NEC Corporation et Lenovo, l'acquisition par Fujifilm de l'activité biopharmacie du groupe Merck et les acquisitions annoncées d u g ro u p e M e t a b i t p a r N Y S E Euronext et de Permasteelisa par JS Group/LIXIL.

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Clifford Chance, dont les origines remontent au début du XIXe siècle, avec plus de 7000 personnes dans le monde, dont 3500 avocats, est implanté actuellement en Europe, en Amérique du Nord, au Brésil, en Asie, en Australie et au Moyen-Orient. Le cabinet est présent dans les grands centres économiques, notamment à Londres, Paris, Francfort, Amsterdam, Tokyo, Bruxelles, Hong Kong, Shanghai, Singapour et New York. Le bureau de Tokyo, créé en 1987, compte environ 70 avocats dont deux-tiers sont japonais. Landry Guesdon anime le "French Desk", qui a son pendant au bureau de Paris, avec Miho Mizuguchi, avocate au barreau de Tokyo, au sein du département «Corporate» ; assistés d'avocats japonais ou étrangers, en fonction des dossiers. Le cabinet est organisé en groupes de spécialisation et propose ses prestations dans les domaines suivants : fusions et acquisitions, joint-ventures, distribution, concurrence, immobilier, droit social, réglementation pharmaceutique, propriété intellectuelle, droit bancaire, marchés de capitaux, financements de projets, environnement et énergie, assurances et contentieux. Des équipes pluridisciplinaires sont souvent créées afin de conseiller les clients lors d'opérations complexes mettant en jeu diverses spécialisations juridiques ou des systèmes de droit différents. Il peut traiter ainsi l'ensemble du droit des affaires, pour des entreprises japonaises et étrangères de secteurs divers, de la mode à l'électronique. Contact: Landry Guesdon (landry.guesdon@cliffordchance.com)

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Accompagner les implantations japonaises en France

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Jacques MARTIANO, expert-comptable, associé de Comptaplus

Fasciné par le Japon - il étudie depuis quarante ans auprès de grands maîtres japonais l’Iaido, l’art de dégainer le sabre - Jacques Martiano a lié sa passion à son métier d'expert-comptable en se mettant, depuis 1982, au service des entreprises nippones s’installant en France. Le champ d'intervention de Comptaplus est très large. La société assure l'interface presque dans tous les domaines même parfois très éloignés de ses prestations de base, comme d’aider l’inscription à l'école des enfants !

Avec qui travaillez-vous et quels sont vos clients ? Notre équipe est forte de 13 personnes, quatre Français et neuf Japonais. Ces collaborateurs aux compétences complémentaires travaillent en équipe, pour couvrir le spectre le plus large dans le domaine des affaires. Quant à nos clients, ce sont essentiellement des PME ou des filiales de grands groupes, représentant l’intégralité des activités présentes sur le territoire.

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omment vous est venue l’idée d’accompagner les entrepreneurs japonais vers la France ? Cette activité n'est pas le fruit du hasard ni d'un concours de circonstances. Mon attirance, ma fascination pour ce pays et sa culture remontent à mon adolescence. Après un long processus, Comptaplus est née de ce désir de proposer aux entrepreneurs nippons, dans leur langue, les meilleurs services possibles pour leur implantation, puis leur développement dans l’Hexagone, avec une qualité comparable à celle qu’ils peuvent trouver chez eux. J’ai toujours pensé que la décision d'un dirigeant était issue d'une réflexion pluridisciplinaire. Elle doit être faite à partir d'informations fiables et claires données par des conseils qui prennent en compte l'ensemble des contraintes et cela, dans des délais raisonnables. Pour un chef d'entreprise, dans un contexte étranger, faire un simple choix peut devenir un vrai parcours du combattant. Nous sommes là pour leur venir en aide.

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Le staff COMPTAPLUS

Quelle place tient la communication dans votre service «à la japonaise» ? Communiquer en japonais veut d ' a b o rd d i re co m p re n d re d e s cultures diverses qui véhiculent des concepts différents, que la simple traduction mot à mot ne peut expliquer. Le parti pris de faire du japonais notre langue de communication principale avec nos clients leur facilite l'acquisition de nouveaux concepts et les sécurise. Ils peuvent ainsi exercer leur activité sans risque dans notre pays. Nous sommes à leur disposition pour les assister dans l’application des mécanismes français et européens et nous leur remettons l'ensemble des documents juridiques et financiers dans leur langue, ainsi qu’en français et en anglais s'ils le désirent. La présence d'un staff majoritairement issu de l’archipel parfaitement

bilingue, voire trilingue, assure à nos clients une parfaite communication à tout moment, la possibilité de rassurer leurs associés en leur proposant des informations dans leur langue. Ils peuvent également demander à nos collaborateurs de contacter directement les services comptable, financier ou international de leur société mère afin de régler au quotidien les ajustements dans les documents de «reporting» ou pour des explications techniques sur des opérations comptables, fiscales, sociales ou juridiques. Nous sommes par ailleurs presque tous les mois dans l’archipel pour rencontrer les maisons mères des filiales dont nous nous occupons. Que leur apportez-vous ? Le concept qui a prévalu à notre création est celui d’un service

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Nous apportons une réponse adaptée aux différents événements de la vie de la société.

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Comment les entrepreneurs japonais analysent-ils la France en termes d’opportunités ? Parce qu'ils aiment la France avec tout ce qu'elle représente d'art de vivre, d'histoire, mais aussi de rêve et d’imaginaire, venir travailler dans l’hexagone est une «récompense», même si, dans le quotidien, ils sont confrontés à une réalité complexe, particulièrement dans la gestion des ressources humaines, qui alourdit la vie des affaires. Il n’empêche, notre pays est géographiquement au centre des opérations européennes et les sociétés nippones continuent de s’y

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Une réunion des cadres COMPTAPLUS

pluridisciplinaire intégrant un champ d'intervention le plus large possible. De l'établissement des comptes annuels aux avis en matière de gestion, de droit des affaires, de droit fiscal, de droit social ou à l'export, nous sommes le conseil permanent du chef d'entreprise.

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implanter. Nous avons des clients dans toute la France, majoritairement en Région parisienne, mais aussi en Alsace et dans l’agglomération lyonnaise où des sociétés de biotechnologie s’installent près des centres de recherche. Quels conseils donner à des entrepreneurs français désirant s’installer dans l’Archipel ? Il convient de bien s’informer et de s’entourer avant de se lancer dans ce qui est encore une aventure, du fait de la méconnaissance qu’ont les chefs d’entreprises français de ce pays et de son marché. Dans un second temps, je conseille de trouver un partenaire qui va pouvoir être le relais idéal. Enfin, il ne faut pas être pressé. Construire une relation durable demande du temps au pays du Soleil levant !


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«Un bon compromis vaut mieux qu’un mauvais procès» Laurent DUBOIS, avocat, associé au cabinet CVML

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Installé au Japon depuis 1978, avocat spécialisé en droit des affaires et dans l’appui aux investisseurs internationaux, associé au cabinet Cotty Vivant Marchisio et Lauzeral, Laurent Dubois livre dans cet entretien son analyse des relations d’affaires au Japon tout en évoquant à cette occasion différentes situations concrètes qu’il a rencontrées au cours de sa carrière.

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ans quelles circonstances avez-vous rejoint au Japon un cabinet d'avocats en 1998? En 1978, comme attaché juridique auprès de la Mission Economique de l’Ambassade de France, j’ai découvert les problématiques auxquelles sont confrontées les entreprises françaises opérant au Japon.

Après l’autorisation de la pratique du droit aux avocats étrangers en 1988, j’ai ouvert le bureau de Gide Loyrette Nouel à Tokyo. L’interdiction, jusqu’en 2006, de pratiquer en droit japonais, m’a conduit à m’associer à un cabinet japonais de renom, TMI Associates. J’ai opéré ainsi jusqu’en 1998 et de manière indé-

pendante, sous mon propre nom, jusqu’en 2006. J’ai rejoint à cette date le cabinet CVML. Quelles sont les compétences du cabinet? Nous proposons un appui opérationnel et juridique aux entreprises ; du droit des contrats, au droit des sociétés, des acquisitions, de la

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concurrence, de la propriété intellect u e l le , a u d ro i t s o c i a l e t a u contentieux. Nous intervenons régulièrement dans des procédures d’arbitrage au Japon ou en France, soit en qualité d’arbitres soit pour assister et représenter nos clients. Nos équipes représentent deux cultures différentes qui nous permettent de répondre de façon circonstanciée aux besoins de nos clients, qui sont tant des entreprises japonaises que françaises. Quel est le mode opératoire des dirigeants d'entreprises français ou européens, sur ce marché? Les accords de distribution, accords de licence et joint venture ont longtemps été le seul accès au marché japonais. Depuis le début des années 1980, les entreprises françaises choisissent souvent de s’implanter le pays, en propre ou par la voie d’acquisition, pour la distribution comme pour la production. Faut-il conseiller un accord de partenariat avec un associé japonais, en matière de production ou de distribution ? Quel mode opératoire privilégier? La joint venture permet de contourner certaines difficultés structurelles telles que la difficulté à, avoir accès à un réseau de distribution ou à recruter des collaborateurs expérimentés. S’appuyer sur un associé japonais permet de lever ces obstacles. En cas de transfert de technologie, l’accord de joint venture apparaît plus protecteur pour l’entreprise qu’un contrat de licence. En outre, cette association avec un partenaire japonais réduit les coûts d’investissement et d’implantation. La coopération qu'impose ce partenariat incite au dialogue. Mais cette solution présente aussi des inconvénients, accentués au Japon par les différences culturelles. Citons ici les divergences d’intérêts : pour l’entreprise occidentale, l’association vise à accéder plus aisément au marché japonais, alors que son partenaire japonais souhaite souvent ainsi accéder pour lui-même à une technologie occidentale. Difficultés et frustrations risquent d’altérer la qualité de la cohabitation. De fait, la joint venture représente souvent un point de départ vers une implantation directe.

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Les fusions et acquisitions entre deux sociétés de nationalités et de pays différents posent des problèmes variés ; quels enjeux spécifiques doivent être signalés à ce sujet au Japon? Les acquisitions de sociétés cotées par offre publique d’achat inamicales, exceptionnelles, ne sont pas recommandées. En cas de fusion et acquisition, l’adhésion du management et du personnel est essentielle. Le droit des sociétés japonais permet à l’acquéreur de réaliser des acquisitions partielles ou totales. Les sociétés européennes ont face à elles deux grands cas de figure ; la filiale d’un groupe qui cherche à se restructurer ou se recentrer sur son cœur de métier, ou une entreprise plus petite, qui traverse une crise de succession ou une crise financière. Dans le premier cas, la lisibilité des comptes et de la documentation juridique est généralement satisfaisante. Dans le second, l’audit préalable à l’acquisition peut s’avérer difficile, faute d’une comptabilité exhaustive et à jour. L’acquéreur peut choisir le transfert d’actifs pour éviter la responsabilité de dettes dont il n’aurait pas été informé lors de l’acquisition. Le rachat des actifs pose cependant le problème du transfert des contrats commerciaux et de travail.

salariés qualifiés. Un contrat à durée déterminée ne peut excéder trois ans, mises à part deux exceptions pour lesquelles il peut atteindre cinq ans : les personnes possédant une spécialisation particulière de haut niveau, recrutées pour un projet spécifique et les salariés de plus de 60 ans. Le droit du licenciement s’est renforcé, à présent comparable au droit français. S’il s’agit d’un licenciement pour faute, l'employeur doit motiver sa décision par une cause réelle, sérieuse et socialement acceptable. A défaut, le licenciement peut être jugé abusif, avec pour conséquence immédiate la réintégration de l’employé concerné. Il n'existe pas de définition légale du caractère abusif d’un licenciement. Les décisions des tribunaux permettent de dégager quelques règles. Il faut prouver que la faute ou l’incompétence rendent impossible le maintien de l’emploi et montrer que le licenciement est la seule solution possible. S’agissant du licenciement pour motif économique, il doit être indispensable à la survie de l'entreprise, qui doit avoir mis tout en œuvre pour l’éviter, par des mesures de reclassement notamment ; le choix des personnes à licencier doit être basé sur des critères objectifs et raisonnables.

Qu'en est-il du droit social? Est-il aisé d'en comprendre les règles? Deux principes juridiques existent : le "droit au travail" stipulé par à l'article 27 de la Constitution institutionnalise l'emploi à vie ; son pendant, l'obligation au travail, conforte la fidélité à l'entreprise. Mais ces règles ne peuvent, à elles seules, expliquer les relations sociales. Alors que la réglementation française, fondée sur une relation d'opposition, recouvre l'ensemble des situations juridiques, au Japon, les incertitudes dans l’application de la loi sont arbitrées sur fond de confiance réciproque par les pratiques coutumières, le règlement intérieur des entreprises et la libre volonté des partenaires. La loi, la jurisprudence et les usages constituent les trois niveaux de formation d’appréciation d’un litige entre employeur et salarié. Le contrat de travail à durée indéterminée, le plus fréquent, est indispensable pour recruter des

Français et Japonais ont-ils la même approche du temps et des relations humaines ? Le Japonais ne fixe pas de limite à sa tâche, qu’il considère comme prioritaire par rapport à toute autre préoccupation. Le Français lui paraît «avare de son temps», car cherchant à optimiser son agenda dans un souci d’efficacité. Cette différence est importante lors de négociations. Par ailleurs, au Japon, l'étude et le suivi de la négociation associent également l’ensemble des personnes concernées par sa mise en application. Ajoutons à cela le souci japonais de recueillir un consensus, qui suppose de longues discussions. Les négociateurs européens ont plus de latitude à prendre des décisions plus rapidement, mais peut-être plus de mal à les faire appliquer par des cadres et salariés qui n’auront pas participé à la discussion et à la réflexion. Dans les relations humaines,


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ce qui est frappant est la différence comportementale. Au Japon, le langage au plan social est codifié: seul peut être dit ce qui doit être dit dans une circonstance donnée. Ceci implique de ne pas laisser paraître ses sentiments et de ne pas nécessairement exprimer ce que l'on pense. Ce qui est pris souvent pour de la duplicité par les Occidentaux est ici une règle élémentaire de politesse. Dans les affaires, c'est évidemment le plan social qui prévaudra. A votre avis le séisme et les suites de l’accident nucléaire de Fukus-

hima vont-ils faire évoluer les relations d’affaires que vous évoquez plus haut ? Il n’y a pas de doute que ces événements ont et vont contribuer à modifier un certain nombre d’aspects des relations d’affaires au plan juridique. Pour ne parler que de quelques uns, citons la définition de la force majeure et de sa prise en compte dans les contrats, les risques liés à la rupture des chaines d’approvisionnement et, plus généralement, à l’inexécution des contrats, la gestion des ressources humaines en temps de crise, y compris

naturellement celle des expatriés, la sécurité dans les baux de bureaux et de bâtiments industriels. Il faut souligner ici que les mesures prise par le gouvernent immédiatement après le séisme au plan social et en faveur des entreprises en difficultés notamment, associées à la réactivité des entreprise japonaises, ont fortement atténué l’impact de ces questions. Elles n’en demeureront pas moins à l’esprit des entreprises étrangères opérant au Japon ou prévoyant de le faire dans les mois et années à venir.

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Créateur de parfum Luc MALFAIT, Président de Takasago Europe (Division Parfums)

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Transformer des mots en odeur, c'est le métier de Takasago qui compose les parfums à partir des désirs de ses clients. Au siège parisien de l'entreprise japonaise, on élabore les fragrances pour de grands noms de la parfumerie et de la cosmétique. On crée également des senteurs pour les produits d'hygiène corporelle et d'entretien de la maison. Dans tous ces domaines, Takasago s’impose par ses compétences et sa créativité.

uelle est l'histoire de Takasago et de sa présence en Europe ? Né au Japon en 1920, il s'est rapidement distingué en maîtrisant la synthèse de la vanilline. Dès les années 1960, il s’est développé à l’international en s'implantant d'abord aux USA. En 1978, le groupe est arrivé en France avec un centre de création à Paris et une usine en région parisienne. La capitale française forme, avec New York et Tokyo, le triangle de la parfumerie, ce sont trois villes incontournables dans le domaine de la création.

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Quelles sont ses activités en France ?

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Au sein de Takasago Europe, 200 collaborateurs créent et produisent des concentrés de parfum pour de grands noms de la parfumerie, de la cosmétique et des produits d'entretien de la maison. Aujourd'hui, notre site de production de Saint-Ouen l'Aumône (Val-d'Oise) a une capacité de 5000 tonnes annuelles de parfums composés à partir de 2000 matières premières naturelles et de synthèse. En fonction des besoins de nos clients, nous fournissons quelques kilogrammes à plus de 20 tonnes, avec dans tous les cas la même précision pour répondre à des exigences de qualité très strictes. Des filiales en Allemagne, en Espagne, en

Italie, en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud assurent une présence commerciale et recueillent les besoins de nos clients. Le groupe est particulièrement actif en recherche et développement, comme en témoigne la présence dans l'équipe dirigeante au Japon du Professeur Noyori, Prix Nobel de chimie en 2001. Pour quelles grandes marques travaillez-vous ? Si quelques parfumeurs composent leurs fragrances en interne, les autres font appel à des maisons comme la nôtre. Sans parfum, il n'y a pas d'élégance possible, c'est l'invisible, ultime et inoubliable accessoire. «MaDame» de Jean-Paul Gaultier une senteur florale avec de forts accents de rose et une belle note de grenadine, «Rumeur» de Lanvin, Fan di Fendi qui parle de soleil romain, de cuir et de rose, par exemple, ont été élaborés dans nos laboratoires. Nous les créons à partir des désirs de nos clients à qui appartient toujours le choix final. Le parfumeur, parce qu'il maîtrise une multitude de combinaisons possibles, grâce à sa mémoire olfactive et à sa créativité, construit une fragrance autour d'une note de tête, la plus légère, qui s'exhale à l'ouverture du flacon, d'une note de cœur, celle qui donne la vraie expression et que l'on sent une fois posée sur soi et enfin d'une note de fond, celle qui reste dans le sillage. C'est l'art subtil de la composition que de savoir bâtir les accords et nos créateurs maîtrisent parfaitement l'architecture de cet assemblage qui se diffuse de manière harmonieuse et mémorable.


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Avant d'acheter un shampooing, on débouche souvent pour le sentir. Le parfum a un pouvoir important sur le consommateur, à son insu. Les neurophysiologues ont démontré l'influence des odeurs sur le comportement. La lavande à un effet calmant. Diffusée dans les salles d'attente d'aéroports elle tranquillise les voyageurs.

Le monde des arômes et de la cosmétique est en constante évolution, sur le plan technologique et réglementaire comme des ingrédients, comment relever ce défi ? Takasago est un membre actif de l'International Fragrance Association (IFRA) dont l'objectif principal est d'assurer la sécurité des ingrédients au travers d'un programme scientifique spécifique. Des panels d'experts, de dermatologues, de médecins, de spécialistes de l'environnement, assurent l’innocuité des composants utilisés. Sur le plan technologique, notre univers est sans doute beaucoup plus sophistiqué que ne l'imagine le grand public. Nous accompagnons nos clients dans leur recherche d'innovation. Ils veulent des substances aromatiques caractéristiques, mémorables, qui durent longtemps, qui ont des propriétés apaisantes ou énergisantes ou encore un pouvoir antibactérien, etc. Nos équipes de recherche et développement au Japon mettent au point des molécules innovantes qui sont ensuite utilisées par nos créateurs. Nous utilisons aussi très largement les produits naturels qui leur confèrent une richesse inégalée. Techniquement, il doit répondre à des exigences particulières. S'agitil d'un shampoing, il doit bien sûr être stable aux températures élevées. D'une lessive, il faut qu'il soit résistant à la température mais également aux interactions avec les composants de la base lavante.

Plagiant Alfred d e M u ss e t peut-on dire : qu'importe le flacon pourvu qu'on ait… l'odeur ? Nous le disons à nos clients, c'est l'odeur qui détermine l'acte initial d'achat et surtout les suivants. En parfumerie fine, on distingue deux types d'acheteur ; le volatile, «snif and buy» et le loyal, fidèle à son flacon. Dans le cas des produits d'entretien, le consommateur peut utiliser la signification de l'odeur pour évaluer les attributs fonctionnels du produit, l'odeur véhicule certaines qualités. Pour les produits d'hygiène corporelle elle est décisive.

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Surtout, il faut qu'il résiste au séchage, au repassage et qu'il soit perceptible sur le linge quand on le range dans l'armoire. Mais ces aspects techniques ne font jamais oublier la fonction essentielle qui est de plaire et d'enchanter le consommateur. Nous travaillons d'abord sur les émotions créées par les parfums et avons d'ailleurs des re c h e rc h e s d a n s c e domaine qui visent à mieux comprendre l'impact des ingrédients utilisés. Nos études de marché visent à cerner les préférences par pays et leurs évolutions. Les notes florales, fruitées, sont bien souvent plébiscitées, mais il subsiste des préférences régionales marquées.

Une automatisation très poussée En matière de parfum passer de l'échelle du laboratoire à l'échelle industrielle requiert des compétences spécifiques. Comme pour une recette de cuisine, il ne suffit pas de mettre les quantités indiquées pour atteindre le résultat escompté. De gros investissements ont été réalisés dans le site de production de Takasago en France avec deux objectifs précis : la traçabilité des ingrédients utilisés et la réactivité permettant de livrer rapidement les commandes reçues. La production est gérée par le logiciel SAP qui permet d'atteindre de manière fiable ces deux objectifs. Chaque année plusieurs centaines de milliers de lignes de formules sont pesées dans l'usine de Takasago à Saint-Ouen-l’Aumone par les robots et, pour les ingrédients plus rares ou plus difficiles à mettre en œuvre, par des préparateurs très compétents.

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