Hors série roumanie

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Internationaux

Revue du Comité Français de la Chambre de Commerce Internationale

DANS CETTE ÉDITION : - un développement accéléré de 2000 à 2008 - une évolution économique permanente - une présence économique française visible dans de nombreux secteurs - analyses d'experts et de praticiens de terrain - témoignages

© Service Audiovisuel de l’Elysée. Photographe : D. NOIZET

- retours d'expériences

France - Roumanie La Roumanie de l'après crise, nombreux succès français

Le Président de la République Nicolas Sarkozy recevant à Paris Traian Basescu, le Président Roumain

France



©Service Audiovisuel de l’Elysée. Photographe : D. Noizet

■ France Roumanie : des échanges commerciaux aux investissements et à la coopération technique, scientifique et culturelle, une relation dense ………………………………………………………III ■ Roumanie-France : un partenariat économique dynamique ……………………………………………IV S.E. Bogdan MAZURU, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Roumanie en République française

■ Au-delà de la crise, la Roumanie offre de belles perspectives …………………………………VII Jean-Marc PUPPI, Chef des services économiques en Roumanie

■ «Notre succès est celui de nos adhérents»

■ L'accompagnement de proximité vers le marché roumain ……………………………………………XI Daniela APOLOZAN, Directrice de la CCIFER

■ «Un nouveau cycle semble s'enclencher, ce qui rend le marché roumain d'autant plus attractif» ……………………………………………XIII Michel OLDENBURG, Directeur d'Ubifrance en Roumanie

Directeur de la publication : M. Gérard WORMS, Président du

■ 10 ans au service de la ville de Bucarest, des consommateurs et de l'environnement …XIV

Comité National Français de la Chambre de Commerce Internationale.

Bruno ROCHE, Directeur Général d'APA NOVA Bucuresti

Dépôt légal 92892 2 ème trimestre 2011 Imprimeur : GR Presse Sponsor officiel de cette édition : Alcatel•Lucent

Photographies de ce numéro : ©Tous droits réservés (D.R.), Fotolia, D. Noizet, Office de Tourisme de Roumanie

■ Vers une reprise progressive de la consommation en Roumanie …………………………XXVIII Gilles ZEITOUN, Directeur Général de CETELEM en Roumanie

■ La Roumanie reste une destination privilégiée pour les investisseurs étrangers ………………………XXX Guy POUPET, Président-Directeur Général BRDGroupe Société Générale

■ Rapide expansion du leasing automobile en Roumanie ……………………………………XXXII Dan BOIANGIU, Directeur commercial d'Arval Romania

■ La Roumanie est au coeur du développement du groupe en Europe centrale ………………………XXXIII

■ Habitat durable

………………………………………………………XXXVI

Constantin HARITON, Directeur Général de Saint-Gobain Roumanie

Comité de Coordination et Régie Publicitaire : Editions OPAS - 41, rue Saint-Sébastien 75011 Paris - Tél. : 01 49 29 11 00 Fax : 01 49 29 11 46

Editeur Conseil : Jean-Pierre KALFON

Raluca CURELEA, avocat, associé au cabinet BENCLINOV & ASSOCIES

Isabelle PLESKA, Directeur Général de Bricostore en Roumanie

Comité de rédaction : - François GEORGES - Sophie SCHNEIDER sophieschneider@yahoo.fr

■ «La Roumanie, marché clé en Europe du Sud-Est» ……………………………………………………………XXXIX Razvan BATRINA, Directeur Général d'Air Liquide Romania

■ Roumanie : un secteur des télécoms à forte valeur ajoutée ………………………………………………XLI Raoul ROS, PDG Alcatel-Lucent Roumanie ©DR

Directeur commercial : David ADAM

■ Le droit roumain s'harmonise de plus en plus avec la législation communautaire ………………XXIV

……IX

Bruno ROCHE, Président de la CCIFER (Chambre Française de Commerce, d'Industrie et d'Agriculture en Roumanie)

2e trimestre 2011 Numéro Hors série

©Office du Tourisme de Roumanie

France Roumanie

■ Acvatot : «une place atypique dans le paysage de la construction» …………………………………………………XLII

■ Economie, politique, sciences : une coopération solide …………………………………………XVII ■ GEFCO Roumanie : des solutions transport et logistique compétitives …………………………………XVIII Christophe DE KORVER, Directeur général de Gefco

■ La Roumanie représente un marché intérieur porteur et un hub vers les pays voisins ………XIX Dominique BARADEZ, Directeur Général pour la Roumanie et la Bulgarie au sein du groupe Total

■ Roumanie : 20 ans au service du développement des entreprises françaises à l'étranger ! ……………XXI Dana GRUIA DUFAU, Avocate aux barreaux de Paris et de Bucarest, Conseiller du Commerce Extérieur de la France

François DEBERGH, Directeur Général d'Acvatot

■ Grande distribution : un développement rapide en Roumanie …………………………………………………XLV François MELCHIOR DE POLIGNAC, Directeur Executif Carrefour Roumanie

■ Une démarche responsable… pour un meilleur service à nos clients ………………………………………………XLVII Gabriela COMAN-CONTRY, Manager

■ «Imaginer la voiture de demain»

………………XLVIIII

Jérôme OLIVE, Directeur Général de Dacia et du groupe Renault en Roumanie

■ La Roumanie, deuxième pays du groupe Renault …………………………………………………………LI

SPONSOR OFFICIEL DE CETTE ÉDITION

ÉCHANGES INTERNATIONAUX SEUL ORGANE EXTÉRIEUR OFFICIEL DE COMMUNICATION DE ICC FRANCE COMITÉ NATIONAL FRANÇAIS DE LA CHAMBRE DE COMMERCE INTERNATIONALE

I



France Roumanie : des échanges commerciaux aux investissements et à la coopération technique, scientifique et culturelle, une relation dense

La France et la Roumanie entretiennent des liens privilégiés notamment dans le domaine économique. Ces relations s'inscrivent aujourd'hui dans un contexte qui, s'il reste marqué par la crise récente - qui a atteint la Roumanie tardivement mais l'affecte plus durablement - voit le retour d'indicateurs positifs. Si les entreprises françaises sont restées fidèles au pays, dans cette conjoncture peu souriante, d'autres les ont rejointes et y ont investi. Preuve est faite que la Roumanie, par son potentiel, son marché intérieur et ses atouts propres séduit les investisseurs. Ces relations économiques bilatérales, à Bucarest, bénéficient du soutien actif de "L'Equipe de France de l'export" aux côtés des entreprises françaises, dont les services économiques de l'ambassade, Ubifrance, les Conseillers du commerce extérieur de la France, mais aussi, de la Chambre Française de Commerce et d’Industrie en Roumanie (CCIFER), qui, à la rentrée de septembre 2011, fête ses 15 ans. L'occasion de revenir sur les succès des entreprises françaises en Roumanie, mais aussi, sur les premiers pas il y a 15 ans des dirigeants de groupes et PME français qui ont su miser sur un pays en devenir, dans un environnement politique, juridique et fiscal très différent de ce qu'il est aujourd'hui.

Sophie Schneider

© Felix - Fotolia.com

Voici donc les enjeux abordés dans ce dossier qui, outre différents témoignages institutionnels et éclairages d'experts de ces relations bilatérales, met en exergue l'expérience de dirigeants d'entreprises, qui, outre leur stratégie, évoquent ici les éléments saillants de leur vie à Bucarest comme dans le reste du pays. ■


STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ROUMANIE

Roumanie – France : Un partenariat économique dynamique S.E. Bogdan MAZURU, Ambassadeur de Roumanie en France

©DR

Les relations entre Roumains et Français sont anciennes, remontant au XIVème siècle. Au XIXème siècle, la plupart des étudiants roumains font leurs études à Paris, acquérant ainsi les riches connaissances qui y étaient prodiguées, mais aussi des idées modernes de renouveau politique et social.

es relations diplomatiques entre la Roumanie et la France, au niveau de légation, ont été établies, le 20 février 1880 et ces échanges ont connu un essor particulier après la Première Guerre Mondiale. Le diplomate roumain de renommée européenne Nicolae Titulescu a été l’architecte de ces relations privilégiées et le 29 novembre 1938, les relations diplomatiques ont été élevées au niveau d’ambassade. Nous parlons donc de 130 années de relations diplomatiques bilatérales. Après le 22 décembre 1989, les relations franco-roumaines se sont considérablement développées. Les échanges de visites officielles se sont multipliés, y compris au plus haut niveau, ce qui a permis de poser les bases d’un solide partenariat politique, économique et culturel entre les deux pays. Il faut souligner notamment le soutien actif de la France en faveur de l’intégration de la Roumanie dans les structures politiques, économiques et de sécurité européennes et euro-atlantiques. La relation bilatérale entre la France et la Roumanie se déroule dans le cadre offert par «La Déclaration commune concernant la mise en place d’un partenariat stratégique entre la France et la Roumanie», signée à Bucarest, le 4 février 2008, par le Président de la Roumanie,

L

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Traian Basescu, et le Président de la République Française, Nicolas Sarkozy. La feuille de route qui complète le document prévoit les mécanismes concrets de mise en application du partenariat. Le partenariat stipule l’organisation de consultations permanentes, à plusieurs niveaux, et la recherche active de la concertation en se fondant sur un mécanisme de coopération et d’échange d’informations sur les dossiers européens, plus précisément ceux concernant la protection de l’environnement, les transports, l’énergie et le développement régional.

poids des échanges commerciaux bilatéraux avec la France est de 7% dans les échanges commerciaux totaux de la Roumanie, respectivement, plus de 8% à l'export et 5,9% à l'import. L’accroissement plus rapide des exportations roumaines face aux importations a modifié la balance commerciale et, fin décembre 2010, le solde commercial était en faveur de la Roumanie, s’établissant à 331,45 millions d’euros et mettant la France en deuxième position au classement des pays avec lesquels la Roumanie a enregistré un excédent commercial.

L’évolution des échanges commerciaux entre la Roumanie et la France (En millions d’euros) 2005

2006

2007

2008

2009

2010

TOTAL

3852,0

4602,9

5454,4

5700,97

4779,06

5874,5

EXPORT

1656,3

1938,2

2269,5

2490,60

2384,28

3102,9

IMPORT

2195,6

2664,7

3184,9

3210,37

2394,78

2771,5

SOLDE

-539,3

-726,5

-915,4

- 719,77

-10,50

331,45

Depuis 2007, la France a été constamment le troisième partenaire commercial de la Roumanie, après l’Allemagne et l’Italie. En 2010, en dépit de la crise économique, les échanges commerciaux entre la France et la Roumanie ont connu un niveau record, de 5,8 milliards d’euros, étant en forte progression (+23%) par rapport à 2009. L'évolution positive vient surtout de la hausse des exportations roumaines (+30,5%), tandis que les importations ont augmenté de 15,4%. Le

Les six principaux groupes de produits exportés, cumulant 84,1% des exportations roumaines vers la France, sont les véhicules, aéronavals et équipements de transport (31,7%); les équipements et appareils électriques (22,7%); les confections et produits textiles (10,7%); les marchandises et produits divers (8,3%); les produits plastiques et caoutchouc (5,5%); les métaux communs et articles métalliques (5,2%). La structure des importations roumaines provenant de la France inclut


les machines, équipements et appareils électriques (30,7%), les véhicules, équipements de transport (15,9%), les produits chimiques (15,9%), les métaux communs et articles métalliques (10,4%), les confections et produits textiles (7,9%), les produits plastiques et caoutchouc (6,9%). Les tendances du commerce bilatéral du 2010 semblent se maintenir également, car sur les deux premiers mois de 2011, les exportations roumaines vers la France s’établissaient à 566,78 millions d’euros (+28,9%, par rapport à la même période de 2010), tandis que les importations, à hauteur de 471,92 millions d’euros sur les deux premiers mois de 2011, ont augmenté de 24,5% par rapport à la même période en 2010. La France occupe la troisième position, avec 8,18% dans l’export roumain et les importations de la France représentent 6,26% de l’ensemble des importations roumaines (quatrième place). Il faut ajouter à ces tendances le milieu économique encore plus favorable que l'année passée, et qui repose sur la sortie officielle de la Roumanie de la période de récession, après deux trimestres consécutifs de croissance économique (+0,3% en trimestre 4 2010 et +0,7% en trimestre 1 2011), ainsi que sur les prévisions positives de croissance de 1,5 – 2% pour 2011 et environ 4% pour 2012 de la plupart des institutions internationales (FMI, la Banque Mondiale, la BERD, la CE, etc.) Coopération économique bilatérale De plus en plus diversifiée, la coopération économique franco-roumaine, fruit d'échanges traditionnels et privilégiés, a connu au fil des années une ampleur remarquable. Le partenariat stratégique a renforcé encore cette coopération. Fin février 2011, en Roumanie on comptait plus de 6500 sociétés françaises, avec un capital investi d’une valeur de 2,25 milliards d’euros, ce qui place la France au 4ème rang parmi les investisseurs étrangers en Roumanie. La position d'investisseur que la France détient en Roumanie va au-delà des montants souscrits au capital social, car de nombreux autres investissements sont mis en place lors de rachats ou de création d'entreprises par les sociétés françaises implantées dans différentes branches de l'économie roumaine.

©Service Audiovisuel de l’Elysée. Photographe : D. Noizet

Roumanie

> Le Président de la République, Nicolas Sarkozy, recevant à Paris Traian Basescu, le Président Roumain (mai 2009)

Les domaines les plus importants de coopération économique entre la Roumanie et la France, y compris la présence des investissements français, sont les télécommunications (ALCATEL, ORANGE), les constructions industrielles (ALSTOM), les matériaux de construction (ROMCIM – LAFARGE, SAINT GOBAIN), les automobiles (AUTOMOBILE DACIA Groupe RENAULT), les équipements automobiles (FAURECIA, SNR), l’aéronautique (EUROCOPTER), la distribution d'eau (VEOLIA Water), la distribution du gaz (GDF Suez), la grande distribution (CARREFOUR, GEMA-BRICOSTORE, CORA, AUCHAN), l’industrie du bois (meubles - Groupe PARISOT), l’industrie pharmaceutique (SANOFI-AVENTIS),

les pneus (MICHELIN), les infrastructures et bâtiment (BOUYGUES, VINCI), l’agroalimentaire (DANONE, SERVE), la banque et l’assurance (SOCIETE GENERALE, AXA), l’hôtellerie (ACCOR). L’intérêt des sociétés françaises, qu’elles soient des grands groupes ou des PME, à développer des relations d'affaires en Roumanie, est de plus en plus évident, tandis que la présence constante et traditionnelle des compagnies roumaines dans les Salons spécialisés organisés en France (qui compte pas moins de 9 participations cette année) constitue une prémisse prometteuse pour renforcer encore plus les relations bilatérales, commerciales ou de coopération.

France 2 E TRIMESTRE 2011

V



STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ROUMANIE

Au-delà de la crise, la Roumanie offre de belles perspectives Jean-Marc PUPPI, Chef du service économique de l’ambassade de France en Roumanie

La sortie de crise de la Roumanie se confirme : les entreprises françaises présentes sur place, et qui ont continué à miser avec confiance sur son potentiel économique, rejointes par de nouveaux investisseurs, peuvent nourrir de nouvelles ambitions. La relation économique bilatérale apparaît plus que jamais structurante pour l’économie roumaine, tandis que la Roumanie figure en bonne place dans la stratégie de développement des entreprises françaises en Europe centrale et orientale.

l’immobilier et du marché du travail. Elle a été aggravée par le contexte international, la Roumanie étant particulièrement dépendante des marchés extérieurs, notamment européens, en tant que clients mais aussi pour son financement. La Roumanie a donc dû faire appel aux bailleurs de fonds internationaux, notamment le FMI et l’Union Européenne, pour encadrer l’ajustement, devenu d’autant plus nécessaire que les autorités ont tardé à prendre les mesures nécessaires en raison du contexte électoral. Le soutien financier des institutions financières internationales a totalisé 19,95 milliards d’euros sur deux ans (20092011) et s’est accompagné d’un programme de réformes ambitieux. L’ajustement piloté par le FMI et l’Union Européenne a été un véritable succès. La Roumanie a corrigé ses principaux déséquilibres (notamment le déficit du compte courant, passé de 12,4% du PIB en 2008 à 4,5% du PIB en 2010) et coupé court à la trajectoire non soutenable de son déficit budgétaire. Le taux de change entre le leu et l’euro a retrouvé une stabilité alors qu’il était auparavant très volatil et la Roumanie peut à présent se financer sur les marchés à des taux convenables. De plus, l’économie montre des signes de frémissement. Les autorités roumaines ont récemment annoncé la fin de la crise, après que les statistiques ont révélé deux trimestres consécutifs de croissance. Le 4ème trimestre 2010 a en effet apporté une bonne nouvelle en termes de croissance, qui a limité la chute du

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©DR

ne sortie de crise se dessine en Roumanie… L’économie roumaine a connu entre 2008 et 2010 une crise profonde, prolongée par des mesures d’ajustement drastiques (baisse de 25% des salaires de la fonction publique, baisse de 15% de tous les transferts sociaux sauf les retraites, hausse de la TVA de 19% à 24%) et qui s’est soldée par deux années de récession : -7,1% en 2009 et -1,3% en 2010. Cette crise a résulté, avant tout, d’une surchauffe de l’économie, alimentée par un dérapage des dépenses publiques en période électorale, une explosion du crédit à bas coût et des effets de bulle dans le secteur de

PIB sur l’année à -1,3% alors qu’elle était prévue à -1,9%. Le 1er trimestre 2011 a ensuite confirmé ces bons résultats, avec une croissance trimestrielle de +0,7%, tirée essentiellement par les exportations et le secteur industriel. Le sévère ajustement subi par le pays a donc bien eu des effets positifs, y compris sur la compétitivité perdue en période de surchauffe. … dont les entreprises ne ressentent pas toujours les effets. Cette sortie de crise annoncée par les chiffres est cependant ressentie de façon contrastée par nos entreprises. Celles dont l’activité est tournée vers les marchés extérieurs ont connu des bons exercices ces deux dernières années, mais s’inquiètent d’un ralentissement lié à la conjoncture de leurs principaux pays clients, en zone euro. En revanche, celles qui sont actives sur le seul marché roumain (par exemple, dans la distribution, les biens de consommation, le bâtiment, etc.) ne constatent pas, d’une manière générale, de véritable reprise, sur un marché très concurrentiel. On note cependant un frémissement de la demande, perceptible à travers certaines manifestations comme la reprise du crédit à la consommation. On voit donc que la reprise est encore sujette à des incertitudes. Ses deux principaux moteurs, que sont les exportations et l’industrie, sont très dépendants de la conjoncture internationale (surtout européenne) qui connaît actuellement un certain ralentissement. France 2 E TRIMESTRE 2011

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX

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ROUMANIE

Au total, malgré le manque de visibilité, qui caractérise en fait la conjoncture mondiale à l’heure actuelle, l’économie roumaine a retrouvé une base saine qui doit lui permettre de se mettre sur les rails d’une croissance durable et équilibrée. Nos entreprises sont bien décidées à participer au redémarrage économique de ce pays au potentiel considérable. La France conserve une position forte dans l’économie roumaine… La France a une place de choix dans l’économie roumaine, tant sur le plan des investissements que des échanges bilatéraux, puisque la France occupe la troisième place au rang des investisseurs comme des partenaires commerciaux, une fois corrigé le biais lié à la non prise en compte des investissements français réalisés à partir des Pays-Bas pour des raisons fiscales. Les entreprises françaises ont la particularité d’être présentes dans tous les secteurs clés de l’économie, à des positions de leaders sur leurs marchés. Ainsi, la présence française est particulièrement visible, que ce soit dans l’automobile (Dacia Renault), dans les activités bancaires (BRD, filiale de la Société Générale), d a n s le s t é l é co m m u n i ca t i o n s (Orange), la grande distribution (plusieurs grandes enseignes au premier rang desquelles on trouve Carrefour), la distribution d’eau et de gaz (Veolia et GDF Suez) ou encore du côté des équipementiers (Alstom, Alcatel, Thalès…). Alors que les investissements directs étrangers en Roumanie, extrêmement importants avant la crise, ont chuté de façon brutale (-63% en 2009), les groupes français ont décidé de garder leurs positions dans l’économie roumaine.

VIII

France 2 E TRIMESTRE 2011

De nouveaux investisseurs français continuent de montrer un intérêt marqué pour le marché roumain en 2011, en témoignent le lancement de la filiale roumaine d’AXA (AXA Asigurari) sur le marché de l’assurance-vie ou encore l’annonce de l’ouverture, en août prochain, du premier magasin Leroy-Merlin en Roumanie. Les entreprises françaises ont gardé confiance ; celles qui étaient déjà présentes avant la crise ont continué d’investir, bien qu’à un rythme plus modéré qu’avant, avec des projets d’envergure comme le centre d’essais RTR de Renault Dacia à Titu, inauguré par le Président Basescu en septembre dernier. Enfin je pense aussi aux investissements continus dans les réseaux, réalisés par des entreprises comme Veolia (Apa Nova), GDF-Suez ou encore Orange, pour le confort et la sécurité des consommateurs roumains. En ce qui concerne le commerce extérieur, nos échanges bilatéraux ont atteint le record de 5,5 milliards d’euros en 2010, après une croissance de 23% (source : douanes françaises). La France a ainsi pu conforter sa place de 3ème partenaire commercial de la Roumanie. Après la crise, qui a évidemment touché notre commerce bilatéral (-11% en 2009), les exportations françaises vers la Roumanie ont repris à un rythme plus lent que les importations en provenance du pays : elles ont malgré tout augmenté de 15,1% en 2010, atteignant 2,51 milliards d’euros (2ème meilleure performance historique après 2008). Dans le même temps, les exportations roumaines vers la France, portées par le succès de Dacia, et notamment du modèle Duster, sur le marché français, ont progressé de 30,4% pour atteindre 2,99 milliards d’euros. Ainsi, le solde commercial entre nos deux pays s’est inversé :

d’un excédent de 452 millions d’euros en 2008, la France est passée, en 2010, à un déficit de 486 millions. … et souhaite la confirmer à travers une coopération renforcée. Les entreprises françaises, fédérées par la Chambre de commerce franco-roumaine et les Conseillers du commerce extérieur de la France, avec le plein appui des services de l’Ambassade de France, souhaitent aujourd’hui relancer la coopération économique entre nos deux pays, dans le contexte de la reprise qui se dessine. Les entreprises du secteur de l’énergie ont par exemple élaboré un Livre Blanc sur l’énergie, formulant 10 propositions concrètes et réalisables immédiatement, pour mieux valoriser le potentiel de ce secteur central de l’économie roumaine, et mieux servir les consommateurs. Ces propositions sont entre les mains des autorités ; les entreprises sont à leur disposition pour travailler à leur mise en œuvre. Cette action est une bonne illustration de l’engagement à long terme de nos entreprises en Roumanie et de la recherche de nouveaux relais de croissance, à travers une coopération économique toujours plus étroite. Au-delà de l’économie L’engagement de nos entreprises, et c’est une particularité forte que je tiens à souligner, est aussi citoyen. Elles mettent en œuvre ou participent à de nombreux programmes sociaux, caritatifs, d’éducation comme par exemple le financement de bourses professionnelles pour des étudiants roumains. Ces actions sont une manifestation supplémentaire de leur profond ancrage dans ce pays, qui traverse aujourd’hui une crise qui, au-delà de sa dimension économique, est également sociale et morale.


Roumanie

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«Notre succès est celui de nos adhérents» Bruno ROCHE, Président de la CCIFER (Chambre Francaise de Commerce, d'Industrie et d'Agriculture en Roumanie

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2011 voit le 15ème anniversaire de la création de la CCIFER. L’occasion d’analyser les évolutions de la présence française en Roumanie, mais surtout de fêter les succès des adhérents de la chambre, précise Bruno Roche, Président de la CCIFER, dans cet entretien.

L

a CCIFER fête ses 15 ans en 2011 ; quels événements marqueront cet anniversaire ? Quinze années d’existence représentent quinze années d’histoire. Pour la CCIFER, c’est une date très importante car cet anniversaire est la marque d’une maturité. En 1991 se crée à Bucarest un bureau de représentation de la Chambre de Commerce et d’Industrie francoroumaine de Paris, association des entreprises françaises qui manifestaient des intérêts pour la Roumanie. En 1996, ce bureau devient une Chambre de Commerce et d’Industrie à part entière – de plus en plus présente en Roumanie, les investisseurs ont besoin d’une structure dynamique sur place. La CCIFER intègre l’Union des Chambres de Commerce et d’Industrie Françaises à l’Étranger (UCCIFE) en 1998 et commence à

mettre en place le service d’appui aux entreprises françaises intéressées par la Roumanie. Entre temps les activités d’animation se diversifient pour répondre à la demande d’une communauté locale de plus en plus significative. Aujourd’hui la CCI française en Roumanie est une association solide, qui compte plus de 300 sociétés membres et propose des services divers d’animation et d’accompagnement commercial. Nous aimons dire que le succès de la CCIFER est le succès de nos adhérents. La France est un investisseur de première taille en Roumanie et les entreprises françaises ont fait preuve de pérennité ; même au moment le plus dur de la récession économique, aucun investisseur français de taille n’a quitté la Roumanie.

Nous allons donc cette année «fêter notre réussite ensemble», slogan que nous avons adopté depuis notre 10ème anniversaire, et pour cela, nous organisons plusieurs manifestations : Gala anniversaire, remise des Prix CCIFER, un forum d’affaires dans le pays, des séminaires et conférences sur les perspectives économiques. En plus, à partir de cette année, pour la première fois, la CCIFER accompagne les investisseurs français présents en Roumanie pour développer leurs affaires au niveau régional – avec deux destinations en priorité : la Moldavie et la Serbie. Depuis 15 ans, avec Internet et l’évolution des moyens d’information, le rôle d'une chambre de commerce telle que la CCIFER a-t-il lui aussi évolué ? Entre le réseau de relations et l'appui opérationnel, les deux

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ROUMANIE

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grandes vocations des chambres de commerce adhérentes à l'UCCIFE, quels choix avez-vous fait ? Notre but est resté le même depuis le début : soutenir les entreprises françaises et développer les relations franco-roumaines. C’est l’engagement que les membres fondateurs ont pris à la création et que nous renouvelons chaque année avec notre communauté d’adhérents. Mais nos activités ont beaucoup évolué pour s’adapter aux nouveaux besoins des entreprises. Aujourd’hui, les entreprises françaises présentes en Roumanie ont besoin de développer les partenariats locaux et d’opérer dans un contexte stable et prévisible. C’est pour cela que nous nous concentrons dernièrement à renforcer notre dialogue avec les autorités roumaines pour venir en force de proposition. Nous avons démarré l’année dernière une action sur l’énergie, en mettant l’expertise de nos spécialistes au service des autorités roumaines. C’est une démarche qui s’est avérée constructive, qui a créé un réel pôle de compétences au sein de la CCIFER et nous souhaitons mettre en place ces synergies pour d’autres secteurs é co n o m i q u e s o ù l a Fr a n ce a un savoir-faire reconnu au niveau international. Les entreprises ont également besoin de développer leur capital humain local – d’investir dans l’avenir de leurs cadres roumains. Pour les accompagner, nous avons mis en place un centre de formation professionnelle, et nous assumons un rôle de plate-forme de compétences entre les formateurs locaux ou internationaux et les besoins des entreprises. Nous avons établi des partenariats avec des écoles en France et nous avons mis en place

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des programmes de niveau international, plus accessibles et adaptés aux spécificités locales. Un autre facteur important est la notion "d'équipe de France de l'export" ; comment la CCIFER y participe-t-elle en Roumanie ? Cela fait intégralement partie de notre rôle et des services à haute valeur ajoutée ont été mis en place pour faciliter l’accès au marché roumain des entreprises françaises. Nous avons mis en place une structure d’accueil pour les nouveaux arrivés – un incubateur où les entreprises ont le temps de mûrir leurs projets avant de s’y installer. La CCIFER leur offre une infrastructure de travail complètement équipée mais également un accompagnement en leur proposant du coaching, l’accès aux bases de données qualifiées, l’accès au réseau et, bien sûr, l’appui permanent d’une équipe commerciale expérimentée. L’incu-bateur peut accueillir des entreprises qui veulent s’implanter par la suite et ont besoin d’une base de départ ajustée financièrement, des exportateurs qui sont en cours de réalisation de leur réseau et qui n’ont pas besoin d’une structure permanente, des Volontariats Internationaux en Entreprise pour le compte des entreprises françaises qui démarrent tout simplement un projet commercial avec la Roumanie. Et cette liste n’est pas exhaustive. Une fois leurs projets validés, la CCIFER met à leur disposition le réseau de ses membres pour leur éventuelle implantation et leur développement commercial. Le contexte économique actuel, après les difficultés de ces trois dernières années, rend-il d'autant plus nécessaires certaines actions de la CCIFER? Comment répondre aux attentes spécifiques des entreprises dans ce contexte? La réponse est bien sûr affirmative – nos actions sont d’autant plus nécessaires. Et pour les orienter, il faut rester à l’écoute. Afin de bien comprendre comment la crise a affecté les entreprises françaises

en Roumanie et pouvoir s’adapter aux attentes de nos membres, la CCIFER a initié l’année dernière une enquête des attentes et un baromètre de conjoncture économique. Le baromètre trimestriel nous aide à déceler les perceptions à court terme des chefs des entreprises membres et nous donne des leviers de discussion avec nos partenaires roumains. Nous avons ainsi une idée du niveau de confiance qui nous permet d’orienter nos activités. L’enquête a mis en évidence la nécessité de renforcer le partenariat entre les grandes entreprises et les Petites et Moyennes Entreprises (PME) et la CCIFER étudie en ce moment comment dynamiser cette relation. Nous ne pouvons pas nous substituer au département commercial des entreprises, mais nous souhaitons mettre en place des mécanismes facilitateurs qui valorisent l’offre et les compétences des entreprises membres. Comment analysez-vous cette année 2011 ? Pour vous citer un de nos membres, «il est possible que la situation économique et les investissements évoluent favorablement au deuxième semestre mais il est tout aussi probable que rien ne se passe». Les premiers résultats du baromètre de conjoncture économique dont je vous parlais à l’instant ont été publiés le 15 février dernier et mettent en évidence que, malgré un contexte général difficile, les chefs d’entreprises sont plutôt optimistes quant à l’évolution de leurs affaires en Roumanie. Ils considèrent la Roumanie toujours attractive pour les investissements étrangers et ont un moral plutôt positif. Cette confiance dans l’avenir après les années de crise relève encore une fois les réelles opportunités du marché roumain. Les estimations officielles sont encore prudentes, mais indiquent une certaine croissance sur les deux prochaines années. Les spécialistes estiment que marché roumain évoluera différemment avec une dynamique tempérée de la consommation, mais avec un secteur productif en croissance. Pour conclure, l’année 2010 a marqué une certaine stabilisation de la Roumanie et les prévisions sont à la hausse pour l’année 2011.


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Roumanie

L'accompagnement de proximité vers le marché roumain

>

Pot CCIFER

Daniela APOLOZAN, Directrice de la Chambre Francaise de Commerce, d’Industrie et d'Agriculture en Roumanie

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La CCIFER (Chambre Française de Commerce, d'Industrie et d'Agriculture en Roumanie) aide les entreprises françaises dans leurs investissements et leur installation en Roumanie. Elle s'est largement développée depuis sa création, et demeure aujourd’hui un acteur majeur dans la promotion de l'investissement en Roumanie, plaçant au centre de sa stratégie l'accompagnement personnalisé des entreprises. Daniela Apolozan, directrice de la Chambre, nous décrit les missions et les temps forts de son activité.

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a CCIFER accompagne de longue date les entreprises françaises vers le marché roumain ; quelles sont actuellement ses structures ? La Chambre Française de Commerce, d'Industrie et d'Agriculture en Roumanie (CCIFER) a été créée initialement comme un bureau de représentation de la Chambre de Commerce et d'Industrie franco-roumaine de Paris, qui regroupait à l’époque les intérêts des grandes entreprises françaises potentiellement intéressées par la Roumanie. A fur et à mesure que les investissements se concrétisaient en Roumanie et que des PME –PMI s’installaient pour accompagner leurs principaux donneurs d’ordre, il a été nécessaire de créer une structure autonome qui

anime la communauté locale, ait un contact permanent avec le tissu économique roumain et développe des services de proximité. En 1996, la Chambre Française d e C o m m e rce , d ’ I n d u s t r i e e t d’Agriculture en Roumanie est donc créée, ayant comme missions principales la promotion des échanges économiques franco-roumains et l'accompagnement des PME françaises pour prospecter le marché roumain. La CCI franco-roumaine de Paris, l’Ambassade de France à B u ca re st e t s e p t e n t re p r i s e s françaises installées en étaient les membres fondateurs. Quinze ans après, la CCIFER compte plus de 300 membres et représente la principale voix de la communauté d’affaires franco-roumaine. Évidemment, la structure a évolué avec ses

membres et aujourd’hui une équipe de neufs permanents est impliquée d’une part dans l’animation de la communauté et d’autre part dans les services sur mesure. La CCIFER s’est installée depuis l’année dernière dans un nouveau siège qui lui a permis de créer un incubateur pour les PME qui accueille dix entreprises et un centre de formation professionnelle de haut niveau. A présent la Roumanie est entrée dans l'Europe, le pays a intégré l'acquis communautaire et adapté ou réformé son environnement juridique et social ; avez-vous alors fait évoluer les services de votre Chambre? Autrement dit, les besoins d'information et d'accompagnement des dirigeants d''entreprises sont-ils identiques à ce qu'ils étaient dans le passé ?

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX

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Gala CCIFER

une plateforme de compétences, d’excellence et de mise en réseau qui permet aux nouveaux arrivés de valider leurs projets et à ceux déjà installés de poursuivre leur développement. Nous sommes en mesure de proposer une gamme complète de services, déclinée sur les trois phases de la vie de l’entreprise : l’approche du marché, son installation et sa croissance.

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Il y a d’une part, comme vous le dites, une évolution déterminée par l’entrée dans l’Union européenne qui a complété la proximité géographique, culturelle et linguistique entre la Roumanie et la France par un volet d’harmonisation au niveau législatif. De l’autre part, cette évolution a été imposée par un autre élément : les entreprises françaises font partie de la première vague d’investisseurs étrangers en Roumanie. Certaines y sont présentes depuis 20 ans et ont depuis longue date dépassé l’étape d’orientation sur le marché. Aujourd’hui les entreprises ont besoin de services très personnalisés, d’alternatives de haut niveau pour la formation de leur personnel et surtout d’une voix forte pour les représenter auprès de partenaires locaux. Nous avons réussi notre pari et la CCIFER se positionne comme

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Conférence « L’Energie – un pari pour la Roumanie »

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Comment la Chambre peut-elle cerner les besoins de ses adhérents? Quelles procédures a-t-elle mises en place dans ce but? Depuis cinq ans, nous avons mis en place des enquêtes qui nous donnent une image globale des besoins des membres. Mais l’information la plus précieuse nous vient du contact régulier avec les entreprises. En fait, il y a eu une volonté de se rapprocher des membres au niveau opérationnel par un contact direct avec leurs départements de ressources humaines, commercial ou marketing. Cela nous a permis de connaître les entreprises de l’intérieur et d’assurer une évaluation constante de leurs besoins. Nous consacrons une grande partie de notre temps à aller voir les gens, leur demander quels sont leurs projets et comment les aider. Avec le temps, les entreprises ont commencé à venir spontanément vers nous pour explorer de nouvelles pistes de collaboration et pour intégrer nos projets depuis le début.

Actuellement, nous sommes en train de structurer des pôles d’animation sectorielle pour permettre aux membres de faire une analyse approfondie de leur secteur d’activité et de mieux identifier des opportunités. Nous avons connu un exemple très réussi autour de l’énergie et nous avons démarré également un pôle autour de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Ces deux domain e s co n st i t u e n t d e s s e c te u rs porteurs pour la Roumanie, pour lesquels le savoir-faire français peut apporter sa contribution. Quels grands événements marqueront cette année 2011? L'évènement phare de l’année est le Gala d’anniversaire de nos quinze ans. Lancé en 2007, le gala est un moment festif qui rassemble la communauté franco-roumaine autour des Prix CCIFER remis sur des critères d’excellence, de performance et d’initiative. En plus, nous avons un calendrier régulier de conférences économiques, qui, avec l’aide de spécialistes, visent à analyser la situation du moment et à donner des repères dans cette période en constante évolution. Nous avons perpétué également la tradition des séminaires hors de Bucarest avec notamment un évènement très réussi sur la ville de Lasi, qui a rassemblé la communauté locale et les investisseurs potentiels autour des opportunités de cette région.


Roumanie

«Un nouveau cycle semble s’enclencher, ce qui rend le marché roumain d’autant plus attractif» Michel OLDENBURG, Directeur d’Ubifrance en Roumanie

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En 2011, 205 entreprises découvriront la Roumanie, accompagnées par la Mission économique Ubifrance de Bucarest. Le secteur des infrastructures (routières, ferroviaires), de l’environnement (eau), de l’automobile et de l’énergie, mais aussi de l’agroalimentaire, feront l’objet dans ce cadre d’une attention particulière.

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uels seront les points forts de l'accompagnement des entreprises françaises en Roumanie en 2011 ? Deux pavillons France marqueront l’année en termes d’accompagnement des entreprises françaises en Roumanie : le TIB (foire industrielle de Bucarest) et Indagra (équipements agricoles) qui auront lieu au mois d’octobre. Ces deux manifestations devraient drainer près de 70 entreprises. Quels sont vos objectifs quantitatifs et avec quelles priorités sectorielles? En 2011, ce sont 205 entreprises que la Mission Economique Ubifrance de Bucarest devra accompagner en propre, hors opérations labellisées, soit 19% de plus que l’année précédente. Les priorités sectorielles sont dictées par les opportunités du marché roumain. De fait, de nombreuses opérations sont prévues dans le secteur des infrastructures (routières, ferroviaires), de l’environnement (eau), de l’automobile et de l’énergie. Nous avons essayé de concentrer les efforts sur le secteur agricole et agroalimentaire, qui recèle de nombreuses opportunités, avec des opérations, en plus de notre présence à Indagra, dans les fruits et légumes et les vins et spiritueux. Enfin, la TNT (passage prévu en 2015), la formation professionnelle, les TIC dans le secteur bancaire, le secteur pharmaceutique ou le bricolage sont autant de domaines où les conseillers export du bureau

de Bucarest ont décelé des besoins importants côté roumain auxquels nous essayerons de répondre avec une offre française de produits ou de services adaptée. Quels seront les temps forts de cette année, en matière de conférences, colloques et événements ? Toutes les filières ont établi une programmation ambitieuse mais, compte tenu de la spécificité industrielle de la Roumanie (encore près de 30% du PIB), la filière ITI (Infrastructures Transports Industries) recense le plus d’évènements. Le projet phare restera la présence collective française à la foire industrielle de Bucarest. Cet évènement à forte visibilité qui attire tous les ans près de 20.000 visiteurs professionnels est le rendez vous incontournable du monde industriel. Une quarantaine d’entreprises françaises devraient cette année encore exposer sur le pavillon Ubifrance. Avec le Salon de l’agriculture, qui reste un «must» dans la profession, j’aimerais également mentionner notre «mission découverte automobile», qui s’adresse aux équipementiers de rang 1 et surtout 2. Organisée en partenariat avec la Fédération roumaine des équipementiers automobiles et le soutien d ’A u t o m o b i le s D a c i a ( G ro u p e Renault), cette opération devrait permettre à nos entreprises de mieux connaître un secteur en plein essor, qui représente près de 10% du PIB de la Roumanie.

Enfin, comme vous pouvez le constater dans la programmation jointe (ou sur http://www.programme-franceexport.fr/), lorsque cela s’avérait pertinent, de nombreuses manifestations ont été proposées en commun, avec la Hongrie et /ou la Pologne, afin d’optimiser la prospection des entreprises. Quels conseils donneriez-vous aux entreprises quant aux modalités d'investissements et d'implantations, dans le contexte actuel ? Les opportunités d’affaires qui existaient avant la crise sont plus que jamais d’actualité. La Roumanie a mis plus de temps à sortir de la récession que la plupart des autres pays des PECO mais 2011 devrait être l’année de la reprise, selon tous les analystes spécialisés : une croissance modeste au départ (1,5% en 2011) puis plus robuste (4% à partir de 2012) selon les chiffres du FMI. Parallèlement, la crise a assainit le marché immobilier et a conduit à une très forte baisse du coût des actifs. Le moment est donc propice pour investir en Roumanie et préparer le prochain cycle économique. Quels faits ou événements, en Roumanie, seraient de nature à infléchir ou à conforter votre stratégie pour cette année 2011 ? Tous les yeux sont rivés sur les indicateurs de la croissance. Un nouveau cycle semble s’enclencher, ce qui rend le marché roumain d’autant plus attractif.

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ROUMANIE

10 ans au service de la ville de Bucarest, des consommateurs et de l’environnement Bruno ROCHE, Directeur Général d’Apa Nova Bucuresti

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Liée à la ville de Bucarest depuis dix ans par un contrat de concession, la filiale de Veolia Eau, Apa Nova Bucuresti, a dès le départ mis le cap sur le développement durable. Tout en agissant pour l’environnement, c’est aussi une entreprise citoyenne.

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ar sa vocation, Apa Nova Bucuresti constitue un acteur tourné vers le développement durable ; en quoi la société assume-t-elle ce rôle de façon très volontaire, et avec des investissements très importants ? Apa Nova Bucuresti a fêté l’année passée 10 ans de concession, 10 ans au service des consommateurs, 10 ans au service de la ville et de ses citoyens. Jour après jour, tout au long de cette période, notre société a œuvré de façon soutenue et continue afin d’offrir à ses clients une eau potable conforme aux standards européens et des prestations en assainissement de haute qualité. Le développement durable est en concordance avec la spécificité de notre métier. Les trois éléments définissant ce concept, notamment la protection de l’environnement, la responsabilité sociale et les performances économiques, peuvent être facilement identifiés dans divers aspects de l’activité quotidienne de notre société. En 2010 la protection de l’environnement a continué d’être un thème primordial dans les actions d’Apa Nova. L’Année Internationale de la Biodiversité a été célébrée au mois de juin, dans le Delta du Danube, sous le slogan «Protégez les 12.000 lieues des mers européennes». Veolia Eau, maison mère d’Apa Nova, en partenariat avec l’Unesco et le Ministère Roumain des Affaires Etrangères, a organisé un échange d'expériences international sur l'environnement. Pendant 3 jours, Sfântu-Gheorghe est redevenue la capitale verte de Veolia, dans le cadre

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d’un événement visant à devenir une tradition pour Veolia Eau, un cadre favorable au travail en commun et à l'anticipation des mesures à prendre pour la protection de l'eau, de la biodiversité et de notre avenir commun. Dans le cadre du programme «La capitale pousse verte» et de la campagne «Bucarest c'est toi !», la Mairie de Bucarest et Apa Nova ont offert aux Bucarestois une journée entièrement dédiée à la collecte des déchets recyclables. Ainsi, les habitants de la capitale ont pu s'informer sur les principes à mettre en œuvre afin d’aider la ville à devenir plus saine, plus belle et plus écologique. P o u r s e s 1 5 0 a n s d u J a rd i n Botanique de Bucarest, Apa Nova a soutenu l’inauguration du Centre d’Education Ecologique, dédié aux enfants et aux élèves intéressés par la diversité de l’environnement et par l’étude des plantes. A cette occasion, le livre-album «Le jardin des cinq saisons» a été lancé. C’est une invitation à une promenade dans les allées du jardin, tout au long des quatre saisons. «La cinquième saison» est constituée par la serre, réunissant des plantes exotiques. A Tulcea, Apa Nova a inauguré le Parc Veolia, dont les travaux ont commencé en 2009. Le Parc dessert un nouveau quartier d’habitations, destiné aux jeunes familles. Nous avons également soutenu le réaménagement de l’Aquarium de Tulcea, en le dotant de 20 nouveaux aquariums. A Sfântu-Gheorghe, Apa Nova a continué de soutenir les projets

environnementaux, en offrant cette année à la ville un camion-vidange pour la collecte des eaux usées. Cette démarche montre bien la nature des projets qui peuvent être lancés dans le domaine de la responsabilité sociale, «un investissement intelligent apportant des bénéfices pour toute la communauté». Pour citer un exemple, afin d’optimiser son activité et de protéger l’environnement, la société consomme de moins en moins de ressources naturelles et énergétiques. Parce que la responsabilité sociale nous concerne et nous motive, Apa Nova s’est impliquée dans des actions couvrant un large spectre social ; en interne nos actions se sont concentrées sur l’amélioration des conditions de travail. En 2010, la procédure de certification du système de management intégré santé-sécurité-environnement a été démarrée. Cette préoccupation envers les salariés a été complétée par l’acquisition d’équipements performants de protection individuelle et collective et par l’amélioration de la sécurité sur nos chantiers. En externe Apa Nova s’est engagée auprès des personnes défavorisées en soutenant deux associations luttant contre l’exclusion : le Samu Social et Ateliers sans Frontières. Le Samu Social offre les premières aides médicales et sociales aux sans-abri. Apa Nova met à la disposition de cette association un bâtiment et des aides financières. L’Association Ateliers sans frontières accompagne les personnes en


Roumanie

En quoi dans ce domaine, les choix effectués sont-ils qualitatifs et emprunts d'une vision à long terme? Conformément aux prévisions du Contrat de Concession conclu avec la Municipalité de Bucarest, la durée de la concession des services publics d’alimentation en eau et d’assainissement s’étend sur 25 ans. Comme nous pouvons le constater, dès le début, Veolia Eau, maison mère d’Apa Nova, a privilégié une vision à long terme. Car c’est à ce niveau que notre activité et la totalité de nos projets se déclinent. La qualité de nos services est prioritaire, nous nous sommes engagés à livrer à nos consommateurs une eau qui respecte les standards européens de qualité et des services performants 24h/24 et 7 jours/7. Les investissements s’amortissent sur le long terme. Les tarifs pratiqués à Bucarest se situent, dans un classement décroissant des tarifs pratiqués en Roumanie, au 29ème rang, des 33 villes prises en considération, soit dans les moins chers du pays. Comment la société diffuse-t-elle en interne auprès de ses salariés un esprit de performance, au service de l'environnement et du consommateur, à Bucarest? Depuis 2007, par l’intermédiaire de l’Association ESOP, les salariés d’Apa Nova détiennent 10% du capital de l’entreprise. Ainsi ils sont encore

plus concernés par la bonne marche de leur société. 2010 est l’année de la mise en place au sein d’Apa Nova du projet Ideo sur le principe de l’innovation participative, concept déroulé au niveau du groupe Veolia donnant aux salariés la possibilité d’exprimer leurs idées, de s’impliquer une fois de plus dans l’amélioration de notre activité quotidienne. L’essence du projet Ideo est qu’une bonne idée peut être dupliquée, appliquée, utilisée afin d’apporter des bénéfices dans toutes les filiales du groupe. Nous partageons notre expérience, nos idées, nos pratiques. Les salariés Apa Nova se sont engagés à faire évoluer les performances de la société : pour 2010, sur un total de 200 idées générées, 40 ont été retenues. «La vie de l’eau» est la revue interne d’Apa Nova. Depuis près de 6 ans, chaque numéro trimestriel de la revue offre à nos salariés des informations sur les modifications de la structure organisationnelle, sur les événements corporate, des informations législatives utiles, des présentations des activités spécifiques aux différentes structures de la société, des pages de loisir et divertissement. Les salariés ont encore une fois la possibilité de s’exprimer, de rédiger des articles, de faire connaitre leur domaine d’activité. Apa Nova valorise ses employés en les encourageant à prendre part de manière très active à l’innovation et au progrès continu de notre métier spécifique. Nous donnons vie à l’eau et de l’eau naît la vie. Nous respectons nos clients, l'environnement et nous-mêmes. L’objectif, pour 2010, en ce qui concerne les certifications, a été l’extension pour l’ensemble des ses activités de la certification environnementale ISO 14000, certification obtenue en octobre 2010 suite à l’ a u d i t d ’A FA Q International. Le groupe déroule ses activités, en surveillant en permanence la qualité de l’eau potable et

des eaux usées, la législation sur la distribution de l’eau potable et la collecte des eaux usées, les normes environnementales. La sécurité et la santé au travail se placent en tête des préoccupations d u m a n a g e m e n t d ’A p a N o v a Bucuresti. La déclaration sur la politique de prévention, santé et sécurité, signée en 2010 par le Directeur General de la société, a constitué le démarrage des démarches pour la mise en place du standard SR OHSAS 18001. L’objectif principal pour la fin de cette année est d’obtenir cette certification. La protection de la ressource en eau et des milieux naturels constitue aussi un axe fort de la communication en direction des usagers/consommateurs d'eau ; quels supports et quels moyens APA NOVA BUCURESTI mobilise-t-elle dans ce cadre? Les campagnes thématiques organisées par APA NOVA s’adressent en priorité aux consommateurs, aux citoyens de la ville de Bucarest : nous souhaitons passer le message sur la préservation des ressources en eau, sur la protection de l’environnement,

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difficulté afin de les réinsérer dans le monde du travail. A l’ o c c a s i o n d e l a J o u r n é e Internationale des Personnes Âgées, nous avons lancé la campagne «Les jeunes citadins de jadis», proposant de faire revivre les histoires vécues à Bucarest par nos grands-parents. Une soirée musicale spéciale a également été offerte aux personnes âgées. Les performances économiques d’Apa Nova se situent, en grande partie, par le niveau de ses investissements. Pour 2010, ceux-ci, dans le cadre du Contrat de Concession, ont pris en compte la résolution de l’équation entre les besoins du système bucarestois d’eau et d’assainissement et l’harmonisation de notre programme avec celui de la réhabilitation des rues. Le montant des investissements pour 2010 a été d’environ 74 millions de RON soit environ 17 millions d’euros.

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ROUMANIE

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sur la qualité quotidienne de la vie au sein d’une grande ville, sur les services offerts par notre compagnie. Chaque année APA NOVA organise à l’ o c c a s i o n d e l a J o u r n é e Internationale pour la Protection des Droits des Consommateurs des actions afin de nous rapprocher davantage d’eux. Dans les grands centres commerciaux de Bucarest, les salariées d’APA NOVA s’entretiennent avec les citoyens, répondent à leurs questions, donnent des informations pouvant aider les gens à mieux connaitre notre compagnie, à comprendre l’importance de ne plus gaspiller l’eau et de dépister les éventuelles fuites sur leurs réseaux intérieurs. De petits présents utiles, toujours en respectant la thématique de l’eau, sont offerts à nos clients. Par ailleurs, au siège central où se situent les caisses et l’espace dédié aux Relations avec nos clients, les représentants d’Apa Nova sont en contact direct avec tous ceux qui ont besoin de nos conseils. Notre Centre d’Appel est également à la disposition de nos consommateurs 24 heures/24, 7 jours/7.

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En 2010, Apa Nova a continué ses campagnes dédiées aux Bucarestois et à leur ville. Sous le slogan général «Bucarest c’est toi !» nous avons souhaité que cette année apporte plus de valeur à la ville dans laquelle nous vivons. Nous avons invité et encouragé les Bucarestois à faire de petits gestes simples qui font la différence. Chaque mois, nous avons lancé des actions spécifiques, comme par exemple : «Bucarest c’est toi – aime-le ! (en février) «C’est toi qui fais venir le printemps» (en mars), «Pas d’heures de pointe pour les vélos!» (en avril). APA NOVA BUCURESTI a fêté l'an dernier ses dix ans ; cette date importante a-t-elle été aussi l'occasion de fêter l'eau et la qualité de l'environnement? 2010, année des 10 ans d’Apa Nova, a été également marquée par une action environnementale d’ampleur. Dans le Delta du Danube, endroit d’une beauté magnifique, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, Apa Nova a fêté l’Année

Internationale de la Biodiversité. Avec comme slogan une phrase inspirée des romans de Jules Verne, «Protégez les 12.000 lieues des mers européennes», le groupe Veolia et Apa Nova ont démontré leur volonté et leur engagement pour soutenir des actions favorables au développement durable. A Bucarest, Apa Nova a dédié une journée entière à la collecte sélective des déchets. En partenariat avec la Maire de Bucarest, dans le cadre du projet «La capitale pousse verte», nous avons mis à la disposition des Bucarestois des dispositifs de collecte pour tout type de déchets recyclables. En responsabilisant les citoyens la capitale peut être plus propre, plus belle, de plus en plus verte. Pour l'avenir, quelles technologies et quels process vous semblent tout particulièrement prometteurs, afin d'épurer l'eau et de préserver les milieux naturels à des niveaux de qualité croissants ? Suivez-vous ces recherches avec attention ? Jusqu'à présent la ville de Bucarest ne bénéficie pas d’une station d’épuration des eaux usées, dans la mesure où les travaux de construction du projet Glina débutés en 1985, ont été abandonnés après 1989. Les réglementations européennes prévues par la Directive 91/271 sur la qualité des eaux usées urbaines déversées dans le milieu naturel ont obligé les autorités nationales et locales d’inclure dans la Stratégie environnementale de la Roumanie la réalisation de la Station d’épuration des eaux usées de Glina. Ainsi, en 2007 la Municipalité de Bucarest a repris les travaux, en faisant appel à un investissement financé par des fonds européens. A présent la Station d’épuration est soumise à des tests de fonctionnement ; après son achèvement, prévu pour 2011, la Station sera gérée du point de vue opérationnel par Apa Nova. Mais au-delà de la mise en place de nouvelles technologies pour traiter les différentes pollutions, toujours plus nombreuses avec l’évolution des moyens d’investigations, Veolia et Apa Nova se soucient de travailler également aux moyens à mettre en œuvre pour protéger les ressources afin de limiter voire d’éliminer, en amont, tout ce qui pourrait devenir source de pollution.


Roumanie

Economie, politique, sciences : une coopération solide Les visites officielles françaises et roumaines en France et en Roumanie témoignent du dynamisme des relations bilatérales. Ainsi Alain Juppé, Ministre français des Affaires étrangères et européennes, a rencontré Téodor Baconschi, Ministre roumain des Affaires étrangères, les 5 et 6 avril derniers. es visites de haut niveau, nombreuses, illustrent la solidité des relations de coopération franco-roumaines. Celles-ci s’inscrivent dans le cadre de la «Déclaration commune concernant la mise en place d'un partenariat stratégique entre la France et la Roumanie», notamment. La concertation, l'échange d'informations et la coopération sont constants sur les dossiers européens. A titre d’exemple, le programme de coopération culturelle, scientifique, technologique et institutionnelle signé entre la France et la Roumanie de 2001-2004 prévoyait par différents temps forts de soutenir la francophonie et notamment l'apprentissage du français. Par ailleurs, plusieurs programmes universitaires permettent aux étudiants de suivre un cursus dans l’autre pays, assurant ainsi la promotion mutuelle des deux cultures. Autre point fort de ces relations privilégiées : le soutien français à la Roumanie au niveau européen. Il s’agit d’un atout précieux compte tenu de l’impact de la crise économique mondiale sur le pays. Le ministre roumain des Affaires étrangères, Teodor Baconschi, en visite officielle en France les 5 et 6 avril, a rencontré son homologue français, Alain Juppé. La dynamique bilatérale a tenu une place privilégiée pendant leurs échanges. Les deux hommes se sont attachés à cette occasion aux moyens de renforcer les liens entre les deux pays, notamment dans le cadre européen, sur différents dossiers majeurs tels que les perspectives financières de l'Union après 2013 ou la Politique Agricole Commune. «Nous avons beaucoup plus de choses qui nous unissent, que ©DR

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de choses qui nous séparent, dans l’esprit du Partenariat Alain JUPPÉ stratégique, je suis convaincu de notre capacité à travailler de manière particulièrement constructive, constante, sur tous les dossiers, afin d’engendrer des solutions réalistes et mutuellement avantageuses»(1), a déclaré Teodor Baconschi. Pour Alain Juppé, cette rencontre a «illustré l’importance de la relation franco-roumaine, qui repose notamment sur le dynamisme de la francophonie en Roumanie, sur la

vitalité de nos échanges économiques et sur notre coopération au sein de l’Union européenne.» Sur le plan politique également, le chef de la diplomatie roumaine a appelé à la coopération avec la France, déclarant : «La Roumanie est prête à coopérer avec les experts français pour fournir, en temps réel, des informations actualisées sur les domaines qui relèvent de la problématique Schengen». Le Ministre des Affaires étrangères de Roumanie était invité aux rencontres du Cercle des Européens le 6 avril 2011, déjeuner débat organisé à Paris à l’Ambassade de Roumanie. Alain Juppé, sur le même thème, a précisé de son côté, dans un communiqué de presse : «la relation franco-roumaine ne se réduit pas à la question de Schengen ; j’ai évoqué tout à l’heure nos relations économiques ou culturelles.(...) nous avons pu, je crois, créer ou renforcer une relation très amicale et très dense entre deux grands pays européens très proches l’un de l’autre.» En conclusion, Téodor Baconschi a invité son homologue français à effectuer une visite officielle en Roumanie. Ainsi, la France assure à la Roumanie un soutien politique et financier, mais également une collaboration dans de nombreux domaines d'action, scientifique, technique, économique, culturel notamment même si certains dossiers, comme les questions relatives aux Roms, sont plus difficiles. Demain, l'agenda de ces relations bilatérales continuera à être bien garni…

(1) Ambassade de France en Roumanie, http://www.ambafrance-ro.org/index.php/fr_FR/actualites/actualites-franco-roumaines/visite-de-teodor-baconschi-a-paris

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ROUMANIE

GEFCO Romania : des solutions transport et logistique compétitives Christophe de KORVER, Directeur général de GEFCO Romania

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L'opérateur de transport et de logistique GEFCO Romania est classé deuxième parmi les intégrateurs logistiques présents dans le pays. L'entreprise affiche d'excellentes performances, malgré la crise économique actuelle, et envisage un développement futur sur le marché local.

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ouvez-vous présenter GEFCO Romania et ses différentes activités en Roumanie ? L'entreprise GEFCO Romania, filiale de PSA Peugeot Citroën, a été créée en 2005. Elle compte cinq sites en Roumanie : deux plateformes logistiques qui traitent essentiellement des marchandises, l'une située à Bucarest (4.000 m2), l'autre à Arad (1.100 m2) ; et trois plateformes de logistique automobile à Bucarest, Curtici et Mioveni. GEFCO Romania se situe parmi les 5 principaux prestataires de logistique et de transport dans le pays. Nous proposons à nos clients des solutions multimodales qui combinent le transport routier, maritime, aérien et fluvial. Le port de Constantza, sur la Mer Noire, est un pôle particulièrement stratégique pour l'affrètement de nos marchandises. Quant à nos activités logistiques, elles concernent avant tout l'entreposage pour l'export de masse. Nos clients sont des constructeurs automobiles (Dacia Renault, Delphi, Hyundai,), des équipementiers (notamment NTN, groupe français de roulements à bille pour l'automobile), des groupes d'électronique et de produits blancs (Electrolux, Arctic) ou des ensei-

gnes de distribution (comme Carrefour et Kiabi, pour ne citer qu'eux).

nous misons sur une perspective de croissance de 10 à 20% par an.

Quelles sont vos perspectives de croissance et vos ambitions dans la prochaine décennie? La Roumanie est un pays qui continue de s'industrialiser, mais reste une région fragilisée avec un marché de consommation encore peu développé et à des indicateurs économiques en berne. C'est l'un des derniers pays en Europe à se remettre de la crise économique. La reprise que l'on constate dans de nombreux pays d'Europe de l'Ouest n'a pas lieu ici et nos clients locaux restent peu nombreux. Si on veut devenir plus performant sur la distribution nationale, il sera nécessaire à l'avenir d'investir sur de nouveaux autres sites, mais cette évolution ne pourra se faire qu'à la condition que les volumes d'échanges locaux augmentent. Cette option est actuellement à l'étude et nous déciderons de la direction à prendre en 2012-2013 en fonction de la conjoncture locale. Pour le moment, notre croissance se base sur le marché international et les flux d'échanges commerciaux à l'export. En 2010, notre chiffre d'affaires a atteint 33 Me pour un effectif de 90 personnes qui dépassera la centaine avant la fin de l'année. Dans la prochaine décennie,

Quels sont vos engagements en matière de développement durable et de responsabilité sociale ? En Mars 2011, GEFCO Romania a reçu la certification qualité ISO 14001, la norme spécifiant les exigences relatives à un système de management environnemental. Nous privilégions les solutions de transport qui contribuent à la réduction des émissions de CO2 et calculons tous les mois l'empreinte carbone de nos activités. Nous veillons également au recyclage des déchets au sein de nos plateformes logistiques et de nos bureaux. Par ailleurs, en tant que filiale de PSA, la société est liée à l'accordcadre mondial de responsabilité sociale mis en place en 2007 par le groupe, dont l'objectif est de respecter et promouvoir les droits humains fondamentaux au sein de l'entreprise. En Roumanie, GEFCO a en projet d'assurer une retraite complémentaire pour ses effectifs, âgés en moyenne de 33 ans. L'entreprise s'est également engagée à garantir un environnement de travail sécuritaire et à faciliter l'insertion professionnelle de salariés handicapés.


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Roumanie

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Ravitaillement d'avions

La Roumanie représente un marché intérieur porteur et un hub vers les pays voisins Dominique BARADEZ, Directeur Général pour la Roumanie et la Bulgarie au sein du groupe TOTAL

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uel rôle joue la Roumanie pour Total? La Roumanie est un pays pétrolier. En 1857, avec 275 tonnes extraites, elle devançait les Etats-Unis (274 tonnes en 1859), l’Italie, le Canada, la Russie et le Mexique. Cela a été aussi le premier pays à raffiner le pétrole. Les activités d’exploration et de production s’y sont développées après la première guerre mondiale, grâce à la participation de sociétés françaises et anglaises qui y ont alors investi. Petrofina, l’une des composantes historiques du groupe Total, y était présente dès 1922. La Roumanie était le 4ème producteur m o n d i a l d e p é t ro le e n 1 9 3 0 . Aujourd’hui, Total y emploie environ

500 personnes, dans quatre filiales outre le siège social Total Romania : Total Lubricants Romania, dédiée à la production et la commercialisation d’huiles et de graisses pour l’industrie et l’automobile, avec laquelle nous fournissons notamment Dacia et Renault ; Air Total Romania, pour la fourniture de jet-fuel aux avions, Hutchinson, qui fabrique des joints pour moteur ; AS24, réseau de stations service pour camions. Total compte en Roumanie deux usines et un dépôt d’aviation. Cela avec des résultats intéressants : ainsi, Air Total Romania est classée troisième sur son marché tandis que Total Lubricants Romania se situe en seconde position. La Roumanie tient lieu aussi pour le groupe de plate-

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La campagne y est belle, certes. Mais la Roumanie est aussi un pays à tradition pétrolière, à forte vocation industrielle notamment dans le secteur mécanique et automobile, doté d‘un marché intérieur non négligeable avec une population de 22 millions d‘habitants. La Roumanie constitue pour Total un pays stratégique en Europe, précise dans cet entretien Dominique Baradez, Directeur Général pour la Roumanie et la Bulgarie au sein du groupe.

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Un blending d'huile très moderne à Brasov

forme vers les pays voisins, de la Turquie à la Grèce, la Bulgarie, la Hongrie, ou les Balkans ou l’Ukraine, où nous avons ouvert récemment des France 2 E TRIMESTRE 2011

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX

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ROUMANIE

Un des blending d'huile le plus moderne de Roumanie

filiales. Ainsi, outre son marché intérieur, que la crise économique a assaini, sa tradition industrielle et la qualité de sa main d’œuvre, la Roumanie joue aussi pour nous un rôle important au niveau régional. Quelle est votre stratégie de développement dans le pays? Fidèle à son modèle économique et à ses valeurs, Total privilégie en Roumanie une stratégie à long terme. Notre objectif est d’accompagner le développement du pays et de nos grands clients qui s’y sont installés, et de répondre à l’évolution des besoins. En Roumanie comme dans les autres pays dans lesquels il est implanté, le groupe met l’accent sur le développement durable. Cela se traduit par différentes actions tendant à maîtriser et réduire l’impact de nos activités, de la prévention des risques à la collecte des huiles usagées en passant par les économies d’énergie et la maîtrise des rejets industriels. Total effectue en Roumanie des transferts de technologie, à travers sa

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Hutchinson des joints et pieces en caoutchouc de tous types

présence industrielle, la formation des salariés, qui sont des Roumains, sauf rares exceptions, ses liens avec des municipalités ou des universités. Enfin, le marché roumain, comme ceux d’Europe du Nord et de la CEI, font l’objet d’une analyse prospective. Quelles évolutions recherchez-vous à court et moyen termes? Avec notre savoir-faire et nos méthodes de management, nous pouvons accompagner la modernisation du pays et la sophistication des besoins de nos clients. Un atout majeur réside dans nos accords de coopération avec Renault et Dacia : notre certification ISO/TS en cours constitue un plus dans ce cadre. Nous avons de bonnes perspectives de croissance dans le secteur des bitumes, une activité que nous démarrons actuellement, comme dans le domaine des fluides spéciaux. Et nous sommes prêts à accompagner le pays vers les nouvelles sources d’énergie, comme le photovoltaïque ou les gaz de schiste si l’opportunité nous en est donnée.

En tant que Conseiller du Commerce Extérieur de la France, quel est votre message essentiel à l’attention des autorités roumaines? L’un des enjeux importants réside dans le développement des infrastructures et notamment des routes : le gouvernement l’a bien compris, mais dans l’application de ces mesures, le pays pourrait utiliser plus rapidement et plus largement les fonds européens. Nous suivons avec intérêt les projets en cours dans ce domaine. Autre potentiel pour le pays, l’agriculture mérite de contribuer davantage à la richesse du pays. Vous avez bien fait de parler des conseillers du commerce extérieur de la France. Avec l’Ambassade et ses services spécialisés, mais aussi la Chambre de Commerce Franco Roumaine, nous constituons une équipe avec une dynamique qui peut contribuer à amener des idées et des investissements pour le pays. Si elle n’a pas de pétrole, la France abrite l’une des premières compagnies pétrolières mondiales. Total, dont l’origine remonte à 1924, est présent aujourd’hui dans plus de 130 pays, dans tous les segments de l’industrie pétrolière : en amont (exploration production de pétrole et de gaz naturel GNL) comme en aval (raffinage, distribution, vente, transport et distribution). Le groupe est actif également dans la chimie et la parachimie. C’est l’un des premiers acteurs mondiaux sur le marché du gaz et de sa distribution comme en matière de génération d’électricité. Il investit également le secteur des énergies nouvelles : solaire, biomasse, nucléaire.


Roumanie

Roumanie : 20 ans au service du développement des entreprises françaises à l'étranger ! Dana GRUIA DUFAUT, Avocate au Barreau de Paris et au Barreau de Bucarest

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Les relations économiques franco-roumaines ont pris leur essor depuis une vingtaine d'années. Aujourd'hui, la France est l'un des principaux partenaires économiques du pays. Ces flux d'échanges et d'investissements s'inscrivent dans le cadre de l'Union européenne et les entreprises françaises participent au développement du pays dans de nombreux secteurs. Dana GRUIA DUFAUT, avocate au Barreau de Paris et au Barreau de Bucarest, accompagne depuis le début des années 90, de nombreuses entreprises françaises vers le marché roumain et aujourd'hui également des entreprises roumaines vers la France. Elle nous a accordé un entretien.

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lors que vous étiez une jeune avocate au Barreau de Paris, dans quelles circonstances vous êtes-vous intéressée à la Roumanie et avez-vous décidé d'y exercer votre profession d'avocate d'affaires? Pourquoi avoir choisi Bucarest? J'ai « redécouvert » la Roumanie au début des années 90, lors d'un voyage « retour aux sources » que j'ai fait en Roumanie avec mon père. A cette époque, j'étais déjà avocate à Paris et ayant fait l'Institut de droit comparé, j'étais assez sensible à tout ce qui était comparaison de droits. Souvent on connaît ses grands-parents car ils sont votre famille, tout simplement ! En revenant en Roumanie, j'ai découvert un grand-père qui avait été magistrat, Président de la Haute Cour de Cassation et de Justice, Président de l'Académie Roumaine, mais aussi et surtout, un passionné par les origines du droit de son pays, qui avait publié tantôt en France chez Dalloz Sirey dans les années 30, tantôt en Belgique des études sur «L'influence belge sur le droit roumain» ou «L'influence française sur le droit roumain jusqu'en 1864»… J'ai alors découvert combien certaines matières du droit roumain avaient été influencées par le Code Civil napoléonien ou par le Code de Commerce italien ; je me suis tout de suite passionnée pour ce pays francophone et francophile, et j'ai suivi de près la mise en place de la législation commerciale et de celle afférente

aux investissements étrangers. Au début des années 2000, j'ai même fait une thèse de Doctorat en droit roumain, puis je me suis inscrite en 2002, comme avocate au Barreau de Bucarest ! Sans doute n'échappe-ton jamais réellement à ses origines… Ainsi la boucle est bouclé. Les entreprises françaises ont été et restent parmi les premiers investisseurs en Roumanie ; quand cette dynamique a-t-elle trouvé son rythme de croisière? Cette année, je fête les 20 ans depuis la première société que j'ai immatriculée en Roumanie ! C'était en juillet 1991 ! Cette société existe toujours et le groupe français qui l'a ouverte à l'époque, a continué à développer ses affaires en Roumanie. Que de chemin parcouru depuis… A l'époque, pour appeler la France, il fallait passer par une opératrice, c'était encore en quelque sorte le 22 à Asnières ! En guise de fax, il y avait le télex… Les voitures bâchées faisaient partie du décor des grands boulevards… Les quelques magasins «Alimentara» d'Etat, avaient des vitrines garnies de boîtes de conserves empilées … La France a été effectivement dès le départ, très présente parmi les investisseurs étrangers en Roumanie. Les grands groupes ont tous investi et pris position en Roumanie : soit en direct comme l'ont fait des groupes tels que Bouygues, Colas, Orange,

etc., soit au travers de privatisations de succès, comme celle de la Banque Roumaine de Développement par la Société Générale, Dacia par Renault, Romcim par Lafarge, etc. Cet essor de la présence française a bénéficié du concours de tous les opérateurs français présents en Roumanie, tels que la Chambre de Commerce et d'Industrie FrancoRoumaine (CCIFER), des services de l'Ambassade, de la Mission Economique, d'UBIFRANCE ou des

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ROUMANIE CCEF, la communauté française étant bien représentée sur place. Aujourd'hui la France continue d'être en termes de capital investi, le 4ème investisseur étranger en Roumanie. En termes de sociétés immatriculées, cependant la France avec ses 6.500 sociétés se situe loin derrière l'Italie qui compte plus de 30.000 sociétés et l'Allemagne qui en compte plus de 18.000… Autant dire donc qu'il y a encore de la marge pour nos PME pour qu'elles aillent investir à l'Est et plus précisément en Roumanie. Quelle est la situation du marché roumain aujourd'hui ? Quelles opportunités d'affaires ? La croissance n'a pas toujours été linéaire au cours de ces 20 dernières années ; certaines périodes ont été moins faciles que d'autres. Depuis 2007, comme vous le savez, la Roumanie est entrée dans l'Union Européenne. J'ai toujours pour ma part considéré que le retard qu'avait pris la Roumanie au démarrage, ce qui lui a valu d'ailleurs cette adhésion retardée à l'Union Européenne, pouvait être un atout et pour la Roumanie et pour les investisseurs étrangers. En effet, pour une PME française, et même pour les grands groupes, il y a eu d'abord les marchés à l'Est, plus proches de la France, comme la Pologne, la Slovaquie, etc. Puis une fois les investissements sur ces marchés consolidés, les sociétés ont commencés à regarder encore plus à l'Est, vers des pays comme la Roumanie ! Aujourd'hui ce n'est pas mentir, que de dire qu'en Roumanie, tout reste à faire ! Tous les secteurs ont encore besoin d'investissements ! La Roumanie est le 2ème marché à l'Est derrière la Pologne et en taille et en potentiel. Le secteur des travaux d'infrastructure doit être modernisé, quelque soit le type d'infrastructures : routes, autoroutes, rail, etc. Puis les infrastructures des villes, communes et villages, telles que les réseaux de canalisation, d'adduction ou évacuation d'eaux, le traitement de l'environnement qu'il s'agisse d'industries ou tout simplement de tris et traitement de déchets ménagers… Enfin et non des moindres dans le domaine privé, les services aux entreprises, les services à la personne… En fait si on démarrait des travaux dans tous ces secteurs, et que les fonds européens à la disposition de la Roumanie étaient efficacement utilisées, la

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croissance repartirait au plus vite et il y aurait du travail pour 150% de la population active roumaine ! Pourquoi avoir choisi de disposer de deux Cabinets, à la fois à Paris et Bucarest ? Comment structurez-vous votre temps entre ces deux pôles? Comme je vous le disais au début de notre entretien, à l'origine je suis arrivée en Roumanie comme Avocate inscrite au Barreau de Paris et c'est en cette qualité que j'ai travaillé en Roumanie les premières années. J'ai eu la chance alors d'être cooptée dans un consortium par un grand cabinet d'auditeurs anglo-saxons et j'ai alors énormément appris et sur la Roumanie et sur les méthodes de travail anglo-saxonnes ! Puis avec mon inscription comme avocate au Barreau de Bucarest, j'ai aussi ouvert le Cabinet d'Avocats en Roumanie. A force d'avoir accompagné des investisseurs étrangers sur le marché roumain, nous sommes nous-mêmes devenus investisseurs dans le pays !

Notre Cabinet a grandi au fil des ans, au fur et à mesure que se développait la présence française en Roumanie ! Nous avons grandi avec nos clients ! Aujourd'hui le Cabinet à Bucarest compte plus de 30 personnes … Bien que la proposition m'en ait été faite, je n'ai jamais souhaité rejoindre un autre cabinet de plus grande taille. Ayant fait le choix d'un accompagnement de proximité, j'ai décidé d'être proche de mes clients, qu'ils soient en France ou en Roumanie, ce qui implique bien sûr d'avoir un Cabinet des deux cotés, pour répondre à leurs attentes. J'ai en plus la chance d'avoir à mes cotés une équipe d'avocats et de collaborateurs talentueux et dévoués, francophones et francophiles sans lesquels je n'aurais jamais pu construire ce Cabinet. Comme je le dis souvent aux sociétés qui viennent investir sur le marché roumain : investir en argent c'est bien, mais investir dans le capital humain, c'est encore mieux ! Propos recueillis par Sophie SCHNEIDER

Guide « Roumanie : Destination réussite »

Dana GRUIA DUFAUT, est née en Roumanie et a fait toutes ses études en France. Petite-fille et fille de grands juristes roumains (son grand-père Andrei RADULESCU, fut magistrat, Président de l'Académie Roumaine, mais également Président de la Haute Cour de Cassation et de Justice), Dana est avocate au Barreau de Paris depuis 1987, et est également inscrite comme Avocate au Barreau de Bucarest depuis 2002. Titulaire d'un Doctorat en Droit de l'Université de Bucarest, elle a été pendant 12 ans Conseiller du Commerce Extérieur de la France. Elle est également Chevalier de l'Ordre National du Mérite. Elle accompagne depuis le début des années 90 en Roumanie de nombreux investisseurs étrangers et français en particulier, ayant ouvert en Roumanie un Cabinet d'Avocat très prisé. Elle a par ailleurs participé à de nombreuses conférences et publié de nombreux articles relatifs à la Roumanie. Le présent Guide « Roumanie : Destination Réussite », dont la préfacé a été écrite par Càlin POPESCU-TARICEANU, Ancien premier Ministre libéral de la Roumanie de 2004 à 2008, se veut un Guide d'affaires qui sort des sentiers battus ! Plein d'anecdotes, comme par exemple d'où vient le nom de « Dacia » ou de conseils pratiques si on veut faire des affaires en Roumanie, le Guide se lit avec aisance et permet à toutes les entreprises voulant aborder ce marché, d'en savoir un peu plus sur les us et coutumes locales ! A lire impérativement ! Cabinet GRUIA DUFAUT 6 Avenue George V 75008 PARIS - FRANCE Tél. : + 33 (0)1.53.57.84.84 Fax : + 33 (0)1.49.52.07.85. E-mail : paris@dgd-conseil.com

Bd. Hristo Botev nr. 28 Sector 3 - BUCAREST - ROUMANIE Tél. : + 40.21.305.57.57 Fax : + 40.21.305.57.58 E-mail : bucarest@dgd-conseil.com



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Le droit roumain s’harmonise de plus en plus avec la législation communautaire Raluca CURELEA, avocat, associé au cabinet BENCLINOV & ASSOCIES

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Spécialisé en droit commercial et des affaires, le cabinet d’avocats Benclinov traite tous les aspects relevant de la vie et de l’activité des sociétés. Il est compétent notamment dans l’arbitrage des litiges nés du commerce international. Raluca Curelea avocat, associé au cabinet BENCLINOV & ASSOCIES, analyse dans cet entretien les enjeux juridiques et réglementaires en présence pour les entreprises françaises opérant en Roumanie.

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uel est le profil de vos clients et quelles sont leurs attentes? Notre cabinet travaille presque exclusivement pour des sociétés à capitaux intégralement ou majoritairement étrangers et pour les entreprises implantées en Roumanie. Leurs domaines d’activités sont multiples: de l’agriculture à l’automobile en passant par les technologies de l’information, les assurances etc... Leurs dirigeants sont attentifs à la sécurisation juridique de leurs investissements. Nous répondons à cette exigence; nos clients attendent dévouement et engagement et nous sommes là pour les mettre en confiance. En effet, la plupart des investisseurs étrangers sont extrêmement prudents. Ils ont parfois une perception erronée de l’environnement d’affaires de notre pays. Bien sûr, il y a des carences, mais du point de vue de la législation et du cadre économique général, la Roumanie est une destination relativement sûre pour un éventuel investisseur. Stable politiquement, membre de l’Union européenne, ses lois s’harmonisent de plus en plus avec la législation communautaire. La Roumanie, à l’occasion de son intégration dans l’Union Européenne, a mis en place un programme d’harmonisation dont l’un des volets concerne l’efficacité de son système juridique; à ce niveau, comment mesurer les progrès effectués?

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L’harmonisation et la reprise de l’acquis communautaire représentent un enjeu essentiel pour tous les États de l’Union européenne. Dans de nombreux domaines, la Roumanie a pleinement intégré les directives et les règlements européens. Des décisions toujours plus nombreuses adoptées par nos tribunaux nationaux font référence non seulement au droit roumain, mais aussi aux actes normatifs communautaires qui les ont générés. D’ailleurs, quatre nouveaux Codes juridiques - civil, pénal, de procédure civile et de procédure pénale – ont été adoptés. Un opérateur économique international basé en Roumanie rencontret-il des particularités importantes? Comme vous le savez, la Roumanie dispose d’un potentiel agricole et touristique extraordinaire. C’est aussi le cas dans le domaine industriel et énergétique (hydro énergie, énergie verte). Le secteur bancaire et celui des assurances sont très dynamiques. La présence sur place de groupes tels que Renault, Lafarge, Arcellor Mital, Nokia illustre son attractivité, proposant de nouvelles opportunités aux sous-traitants, fournisseurs, ou prestataires de services. Un opérateur économique international, avant de choisir la Roumanie, passe en revue plusieurs critères tels que la nouvelle législation du travail, les évolutions législatives et la jurisprudence dans le domaine de la



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impliqués dans des activités à caractère académique. Par exemple, ils participent au concours annuel d'arbitrage commercial international Willem C.Vis (le Moot) qui se déroule tous les ans à Vienne. Dans cette compétition majeure entre étudiants, notre société soutient l’équipe «Bucharest Independent» et nos avocats font partie de l’équipe d’arbitres.

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Palais du Peuple appellé aujourd’hui Palais du Parlement

concurrence, les règles en matière de recouvrement de créances, la fiscalité raisonnable : un taux d’imposition de 16% seulement est appliqué concernant l’impôt sur le revenu, même si sur ce terrain la bureaucratie reste relativement lourde. Il analyse aussi la T.V.A. (Taxe sur la Valeur Ajoutée) et ses conséquences, les modalités de circulation des capitaux et des marchandises. Signalons aussi, parmi les points forts du pays, l’entrée en vigueur, à partir du 1er janvier 2012, de la loi concernant le droit de propriété des personnes physiques ou morales appartenant à un État membre de la Communauté Européenne, pour les terres à destination civile et industrielle, et à partir du 1er janvier 2014, pour les terres agricoles. C’est une a v a n cé e i m p o r t a n t e p o u r le s investisseurs étrangers. Quels facteurs doivent être pris en considération dans le cas du recours à la médiation? La médiation en tant qu’institution de droit a été récemment introduite dans la législation roumaine. Cette solution sera conditionnée par la culture juridique des opérateurs XXVI

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économiques, mais aussi par l’environnement économique général. Les opérateurs économiques et les consultants préfèrent souvent, actuellement, faire appel à d’autres institutions de droit, comme la conciliation prévue par le Code de procédure civile roumain. Votre cabinet, parmi ses différents pôles de compétences, a développé une spécialisation en arbitrage des litiges nés du commerce international ; quelles compétences mobilisez-vous en interne sur ce sujet ? Notre cabinet consacre un budget spécial pour la formation de nos membres dans nos domaines d’expertise. Nos avocats participent aux séminaires et conférences organisés par diverses institutions roumaines et internationales. Ils sont également

Par ailleurs, qu’en est-il du choix du tribunal compétent dans ce domaine ? En quoi l’ICC apporte-t-elle ici un cadre sécurisé ? Le choix du tribunal compétent est fait par les parties signataires au contrat, sachant qu’il y a trois critères pour apprécier la désignation du tribunal : la durée d’un litige éventuel, les coûts de celui-ci et la publicité (désirée ou non) d’un procès. Nous présentons à nos clients toutes les options possibles et nous recommandons celle qui nous semble la meilleure. Mais la décision finale leur revient. Concernant les «ICC Arbitration Rules», du point de vue procédural, ceux-ci contiennent une institution juridique particulière et extrêmement utile: l’Acte de mission. Il a le grand avantage d’éviter tout abus des parties, notamment l’extension incontrôlée de l’objet du litige, en identifiant clairement les compétences professionnelles des arbitres. Nous apprécions également l’organisation administrative de la Cour internationale d’arbitrage auprès de la Chambre de Commerce et d'Industrie. Elle assure une évolution extrêmement professionnelle, sécurisée et rapide des procédures d’arbitrage. Elle développe également une politique d’information permanente, y compris par l’intermédiaire des comités nationaux ICC (ICC Autriche, ICC Turquie etc.), concernant les évolutions de la législation, les séminaires, les conférences internationales qui se tiennent sur l’arbitrage, la conciliation et la médiation ou sur les autres instruments du commerce international (INCOTERMS, UCP 500 etc).



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Vers une reprise progressive de la consommation Gilles ZEITOUN, Directeur Général de CETELEM en Roumanie

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Après un ralentissement de l’activité en 2009 dû à la crise économique et à une contraction du marché du crédit, Cetelem est reparti en croissance en 2010. La filiale de BNP Paribas, leader du crédit à la consommation en Roumanie, souhaite renforcer sa position sur l'ensemble des produits et canaux de distribution.

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uelle est la position de Cetelem sur le marché ? Cetelem est aujourd’hui le leader parmi les acteurs spécialisés du crédit à la consommation en Roumanie. Membre du Groupe BNP Paribas, Cetelem a été l’un des premiers acteurs internationaux du crédit à la consommation à entrer sur ce marché, en 2005, par l'acquisition d'un acteur local. Le développement a été rapide et la base de données clients compte aujourd’hui plus d’un million de noms, pour une population totale de 22 millions de Roumains. Nous sommes présents sur l'ensemble des produits et canaux de distribution du crédit à la consommation : crédits amortissables et cartes de crédit, distribués sur lieu de vente dans la grande distribution et les concessions automobiles, et directement par internet ou par téléphone.

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Cetelem compte 3 200 magasins partenaires, appartenant à des chaînes internationales (ex : Praktiker, Auchan, Cora, Bricostore, Orange) ou locales (ex : Flanco, Dedeman, Rombiz). Cetelem représente également en Roumanie le troisième acteur pour la carte de crédit, tous types confondus (y compris les banques), avec plus de 300 000 cartes en portefeuille. Après un ralentissement de l’activité en 2009, en raison de la crise économique et de la contraction du marché du crédit, Cetelem a repris le chemin de la croissance en 2010 avec une augmentation de 29% de la production de nouveaux crédits, et de 36% sur le segment des cartes de crédit. Cette tendance se confirme début 2011. Quelle est la position du consommateur roumain et quelles sont les incidences de la crise sur la consommation ? La crise économique a été particulièrement marquée en Roumanie, avec un PIB en chute de 7.1% en 2009 puis de 1.3% en 2010.

La consommation a été particulièrement touchée. Les achats secondaires ont été fortement réduits pendant la crise et certains secteurs en ont beaucoup pâti : par exemple dans l’automobile où les ventes sont passées de 315000 à 106000 véhicules particuliers en 2010, dans l’électroménager où les produits électroniques et l’informatique ont connu une contraction de l’ordre de 60% en cumul en 2009 et en 2010. L’alimentaire occupe un poids important dans la structure de la consommation. Et la sortie de crise est très progressive : techniquement, elle vient de se produire au 1er trimestre 2011, deuxième trimestre consécutif de croissance du PIB. Ce sont les industries exportatrices qui redémarrent, mais pas la consommation : plusieurs mois seront nécessaires pour que la croissance se diffuse dans les différents secteurs de l’économie. Le consommateur souffre toujours de la chute de son pouvoir d’achat


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Roumanie

La Bibliothèque Centrale Universitaire et la statue du roi Carol 1er

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qui s’est produite en 2009 et 2010, et qui ne se rétablira que progressivement en raison de la diminution des revenus - notamment suite à des mesures d’austérité drastiques (baisse de 25% du salaire des fonctionnaires) - et dans le même temps d’une inflation assez élevée (encore 8.3% en avril 2011). Mais avec le retour de la croissance, bien que faible encore, nous assistons à un changement dans les esprits, et les consommateurs commencent à reprendre confiance. Comment se passe l’arbitrage consommation épargne dans ce pays ? Les intentions d’achat des consommateurs roumains sontelles identiques à celles exprimées par les européens en général ? Cetelem réalise chaque année une étude sur les modes de consommation dans les différents pays européens et les résultats 2011 pour la Roumanie sont particulièrement intéressants.

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Il en ressort que 89% des personnes interrogées en Roumanie déclarent leur intention d’augmenter leur consommation dans les douze prochains mois, et seulement 14% pensent augmenter leur épargne, soit un écart de 75%, le plus fort des 13 pays étudiés. Cela traduit une forte impatience de consommer après deux années de restrictions et confirme que la consommation reprendra progressivement dès que le pouvoir d’achat s’améliorera, ce qui devrait commencer à se produire au deuxième semestre 2011. Mais la crise aura modifié la manière de consommer : la comparaison des prix et la prise de renseignement préalable, notamment via internet, devrait rester la règle. L’acte d’achat est devenu plus responsable, et l’exigence de qualité et de service plus élevée. Le consommateur roumain se révèle également fidèle aux marques. Quelle est la stratégie de Cetelem dans ce pays ? Cetelem en Roumanie souhaite accompagner le développement économique et celui de la consommation en pratiquant le crédit à la consommation de manière responsable. Le crédit responsable est un principe essentiel pour nous. Cela signifie être transparent sur les coûts et clair dans l’information fournie aux clients, et veiller à l’équilibre budgétaire de nos clients : le crédit doit être adapté à la capacité de remboursement, c’est l’intérêt de nos clients comme le nôtre. Nous souhaitons renforcer notre

Un dimanche à la campagne : Costumes du Maramures

position de leader en continuant de nous développer sur l'ensemble des produits et canaux de distribution. En terme de canal, nous allons poursuivre le développement de notre réseau de partenaires du monde de la distribution physique, mais également mettre l’accent sur le canal internet, où Cetelem est le seul acteur en Roumanie à donner un accord de principe en ligne avec impression du contrat de crédit par le client. En termes de produits, nous mettons l’accent sur le développement de la carte de crédit, produit encore peu répandu en Roumanie, et enrichissons progressivement notre gamme de prêts personnels pour gagner des parts de marché sur ce segment d’activité. Notre développement s’appuie aussi sur une recherche permanente de la satisfaction de nos clients. Nous la mesurons de manière très précise à travers une étude internationale avec IPSOS deux fois par an, les derniers résultats indiquant que 96% des clients de Cetelem Roumanie sont satisfaits de nos services. Enfin, nous sommes très attachés à l’innovation et lançons régulièrement de nouveaux produits. Par exemple, nous offrons depuis 2010 le service de prélèvement automatique pour le remboursement des mensualités (très peu répandu en Roumanie), et avons lancé en 2011 la distribution d’assurances automobile et habitation.

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ROUMANIE

La Roumanie reste une destination privilégiée pour les investisseurs étrangers

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Guy POUPET, Président - Directeur Général, BRD-Groupe Société Générale

Pays latin et francophile, un des plus grand marché d'Europe Centrale et Orientale (21,6 millions habitants), la Roumanie reste un pays industriel qui bénéficie d'importants financements européens. Deuxième banque du pays, la BRD Groupe Société Générale est présente dans tous les secteurs de l'économie et sur tous les segments de marché : TPE, PME, grandes entreprises locales ou multinationales, ainsi que sur les collectivités locales. Elle accompagne la plupart des investissements français réalisés en Roumanie, dont malgré la crise, la France reste un partenaire commercial privilégié. uelle est l'importance des investissements français en Roumanie et des échanges croisés franco-roumains ? La France est le 3ème partenaire commercial et le troisième investisseur étranger en Roumanie. Ces investissements ont commencé il y a déjà une douzaine d'années dans le cadre de privatisations ou de projets «greenfield» et concernent à peu près tous les secteurs de l'économie roumaine. Sans être exhaustif, je n'énumère que quelques exemples qui sont d'ailleurs bien connus : Renault, Alcatel, Orange, Michelin, Danone, Lafarge, bien-sur la Société Générale. Pratiquement, il n'y a pas eu de désinvestissement en ce qui concerne les grandes entreprises françaises venues en Roumanie.

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Deuxième banque du pays, quelle place occupe la BRD Groupe Société Générale auprès de la communauté d'affaires française en Roumanie comme auprès de grandes administrations ou institutions roumaines ? La BRD est la banque de référence tant pour les grandes entreprises françaises qui ont investi en Roumanie que les grandes entreprises roumaines ou internationales actives sur le marché roumain. La BRD-Groupe Société Générale a accompagné, par son savoir-faire, son expérience et sa connaissance approfondie du marché roumain, la plupart des investissements français réalisés dans ce pays. Nous sommes par ailleurs un des acteurs majeurs dans le financement

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des administrations locales, un marché potentiel si l'on prend en considération la possibilité des municipalités de cofinancer leurs projets d'investissements avec des fonds européens. L'implication sur ce marché prometteur est aussi une de nos directions stratégiques d'action à moyen et long termes. Comment évoluent les indicateurs macro économiques, quels sont les éléments de nature à orienter les investissements étrangers en Roumanie au cours des mois à venir ? Nous espérons que l'année 2011 sera meilleure que 2010, et que les résultats des mesures prises par le gouvernement avec le soutien du FMI et de l'Union Européenne pour stopper la récession ne tarderont pas à apparaître. La majorité des analystes prévoient le retour à la croissance en 2011. La Roumanie reste une destination privilégiée pour les investisseurs étrangers, qui trouvent ici le second marché en termes de population en Europe Centrale et une main d'œuvre bien formée à un coût encore réduit. En plus, la proximité culturelle historique entre la France et la Roumanie facilite beaucoup l'accès des entreprises françaises au marché roumain. Les opportunités sont nombreuses. Les besoins sont considérables dans des secteurs comme l'énergie, les infrastructures, l'agriculture ou l'environnement.



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Rapide expansion du leasing automobile en Roumanie Dan BOIANGIU, Directeur commercial d’Arval Romania

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Filiale de BNP Paribas spécialisée dans le leasing automobile, Arval Romania enregistre une forte croissance depuis 2006, stimulée par l’évolution des modes de consommation.

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ourriez-vous revenir sur les évolutions récentes d'Arval Romania? Filiale d’Arval, elle-même filiale à 100% du groupe BNP Paribas, Arval Romania connaît depuis sa création en 2006 une croissance dynamique, avec, fin 2010, 3 500 véhicules, un chiffre d’affaires annuel de 21 millions euros en progression de 40%, et 11 millions d'euros d’investissements réalisés au cours des douze derniers mois. Dans certains pays d’Europe de l’Ouest, le leasing automobile représente 30% des ventes. Il reste émergent en Roumanie ; les grandes sociétés multinationales ont ouvert la voie, suivies par des sociétés roumaines, et le marché connaît depuis quelques années une progression annuelle de 15%, même depuis la crise internationale de 2008. Selon l’Association des Sociétés du Leasing Opérationnel de Roumanie, il représente dans sa globalité 8 000 à 10 000 nouveaux véhicules par an. Il existe donc encore un fort potentiel de croissance.

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Sur quels atouts spécifiques Arval Romania base-t-elle sa croissance ? Arval Romania possède des bases solides grâce au groupe BNP Paribas : le groupe Arval a été créé il y a 20 ans, est présent dans 34 pays avec 22 filiales, plus de 4000 employés et un large réseau de partenariats dans les 12 autres pays. Le parc auto mis à disposition de nos clients dans le monde entier représente plus de 667 500 véhicules (chiffres de fin décembre 2010). Sa capacité à répondre aux besoins lui a permis de connaître en 2010 une progression de 10% de sa part de marché avec le lancement de nouveaux services ; citons notamment Arval Mobile, la première solution de mobilité pour i-Phone ou le programme Eco&Safety driving, Drive4Life. Mais notre plus grande fierté est l’enquête lancée avec la collaboration de TNS Sofres en 2010 ; elle a indiqué que 98% de nos clients considèrent que notre société offre des prestations de qualité, 94% témoignent de leur satisfaction globale, 92% estiment qu’elle respecte ses engagements et 90% apprécient la rapidité des services.

Quels défis relèverez-vous au cours des prochaines années ? En 2011, nous lancerons Analytics, outil convivial de prise de décision assorti de rapports détaillés et personnalisés, destiné aux gestionnaires de flottes, qu’il aide à rationaliser et à optimiser les coûts. Ce programme a emporté le 1er prix à l'occasion du Fleet Industry Award 2010 en France. Par ailleurs, nous continuerons à communiquer sur l’Eco&Safety driving, premier service de ce genre en Roumanie, qui propose des conseils pour une conduite en sécurité en économisant le carburant. Quels conseils donneriez-vous pour investir en Roumanie ? Même si, au départ, le développement du leasing en Roumanie représentait un vrai défi, Arval Romania compte aujourd’hui plus de 200 clients dans tous les domaines d’activité et tous les segments de marchés, des petites entreprises aux multinationales. Nous avons vu rapidement changer les mentalités, face à un service neuf qu’est la location/vente longue durée. Le rythme soutenu de signature de nouveaux contrats et la réactivité des solutions d’optimisation des coûts proposées par les experts d’Arval Romania, surtout pendant la crise économique, sont autant de signes encourageants. Je recommande aux investisseurs étrangers de prendre très sérieusement en considération notre pays pour y développer leurs projets.


Roumanie

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Bricostore à Arad

La Roumanie est au cœur du développement du groupe en Europe centrale Isabelle PLESKA, Directeur Général de Bricostore en Roumanie

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ourriez-vous évoquer l’histoire de Bricostore en Roumanie? Enseigne française de distribution d’articles de bricolage, Bircostore appartient au groupe Bresson. Depuis sa création en 1846, celui-ci s’est adapté à la demande du marché en s’appuyant sur son actionnariat familial. En 1977, il a ouvert sous le nom d’Euroloisirs, sa première grande surface de bricolage. A partir de 1991, le groupe, qui détient huit magasins, les place sous enseigne Bricostore et développe son réseau de bricolage.

Dans ce secteur en France, la grande distribution est déjà florissante. Pour connaître un développement soutenu, les actionnaires se tournent vers les pays émergents d’Europe centrale. En 1998, Michel et Philippe Bresson ouvrent un magasin à Budapest ; huit autres points de vente suivront en Hongrie. En 2001, le groupe cède ses huit magasins Bricostore en France. En mars 2002, il tient lieu de pionnier en Roumanie en créant, à Militari, en périphérie Ouest de Bucarest, la première enseigne de distribution

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Sa stratégie de croissance depuis le début des années 2000 conduit Bricostore, groupe français spécialisé dans la grande distribution d’articles de bricolage, à privilégier l’Europe centrale. Cela avec un réel succès. Ici comme ailleurs, les grandes enseignes françaises, grâce à la modernité et à l’attractivité de leur offre, donnent le «la».

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Bricostore à Focsani

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Roumanie

Quelle place occupe actuellement la Roumanie dans la stratégie de développement de Bricostore ? La Roumanie constitue un pays clé dans la stratégie du groupe. Ce marché à fort potentiel de 22 millions d’habitants assure déjà 70% de son chiffre d’affaires. Il est vrai que depuis 2002, la compétition s’y est développée, avec actuellement huit grandes enseignes internationales de distribution d’articles de bricolage. Notre modèle de développement est atypique, celui d’un groupe français qui n’a plus de magasin dans l’Hexagone, concentrant ses ressources sur l’Europe centrale. Outre la Roumanie, la Croatie et la Hongrie, d’autres pays pourront être concernés demain dans le cadre de son expansion internationale, en fonction des opportunités.

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Bricostore à Brasov

Bricostore à Militari

mentionné, mais aussi les mesures d’austérité du gouvernement, avec la compression des effectifs de la fonction publique et la baisse de 25% du salaire des fonctionnaires, sans oublier l’augmentation de la TVA de 19 à 24% au 1er juillet 2010. Les banques ont durci les conditions d’accès aux crédits. Un changement de comportement s’est opéré. Les Roumains ont tendance aujourd’hui à placer leur argent, du fait de l’incertitude face à l’avenir et de l’insécurité sur le marché du travail.

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Quel est l’impact de la conjoncture sur vos activités ? De 2002 à 2008, tout est allé très vite : les promoteurs ont vu en la Roumanie

la poule aux œufs d’or, ce qui a engendré une flambée des prix de l’immobilier. Ajoutons à cela l’engouement des Roumains pour la société de consommation, et notamment pour les produits venus d’Europe ou des Etats-Unis, après la sortie du régime communiste qui a dopé la distribution. L’arrivée des grandes enseignes de distribution, offrant des produits de qualité similaire à ceux vendus en Europe de l’Ouest, a répondu à cette demande très forte. Dans les années 2000, la conjonction d’un accès facile au crédit, mais en devises étrangères, la flambée de l’immobilier et la surchauffe salariale ont dynamisé fortement notre secteur d’activité, permettant à un grand nombre de Roumains d’acheter leur premier logement ou d’agrandir le leur en le rénovant. Des financements variés ont été mobilisés pour cela : les Roumains ont puisé dans leurs économies, emprunté auprès de leur famille, à leurs amis ou souscrit un emprunt bancaire. La plupart des foyers roumains étaient et restent endettés à plus de 70% de leurs revenus, et ont contracté des crédits en devises, en euro ou franc suisse. Ceux-ci affectent leur pouvoir d’achat. Il leur faut rembourser les crédits en devises, et leurs mensualités sont impactées par la baisse du leu. Qui aurait pu croire, quand la crise est partie des Etats-Unis, qu’elle s’étendrait jusqu’en Roumanie ? Même les plus avisés n’y ont pas crû au début! Elle est y arrivée plus tardivement en Roumanie, fin 2008, début 2009, affectant les habitudes de consommation et les modes de vie. Plusieurs facteurs ont eu un impact important sur les habitudes de consommation et le pouvoir d’achat des Roumains. Citons notamment le remboursement des crédits, comme

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spécialisée du pays, bénéficiant de la dynamique de Carrefour et de sa galerie commerciale qui y étaient implantés. Bricostore compte actuellement neuf magasins en Hongrie, dont quatre à Budapest ; il en compte déjà deux en Croatie et ouvrira au printemps 2012 un premier magasin à Zagreb. En Roumaine il compte 15 points de vente, dont 4 à Bucarest, le quinzième ayant vu le jour le 24 février 2011 à Drobeta Turnu Severin, ville de 100 000 habitants au sud du pays. Bricostore opère sur le marché roumain avec une superficie de 160 000 mètres carrés, emploie 1 600 salariés, après y avoir investi 140 millions d’euros et avec un chiffre d’affaires annuel en 2010 de 170 millions d’euros.

Quels sont vos objectifs, dans ce contexte, sur le marché roumain ? Ces différents facteurs ont pesé fortement sur la consommation des ménages et sur notre activité. Les ouvertures de centres commerciaux qui se développaient comme des champignons, à des coûts exorbitants, ralentissent ; certains projets sont repoussés voire gelés. Pour autant, nous ne remettons pas en cause nos projets dans le pays. Bricostore a toujours eu conscience, dans sa politique d‘expansion, de l’importance de l’emplacement des sites de ses futurs magasins, quelle que soit la conjoncture. Nous comptons ouvrir une dizaine de magasins durant les cinq prochaines années, dimensionnés selon le potentiel des sites sur lesquels ils seront implantés. Nous continuons à approfondir notre concept et nos services, soucieux de satisfaire nos clients auxquels nous voulons proposer la meilleure offre, en respectant leurs capacités financières. Si nos magasins sont dédiés aux bricoleurs et aux artisans, notre cible prioritaire, nous souhaitons aussi satisfaire une clientèle de plus en plus féminine avec des offres tournées vers la déco, les tendances et le design et des showroom attractifs, dans lesquels nos clients peuvent trouver leur inspiration pour relooker une chambre, une salle de bains, une cuisine… Dans ce même esprit, nous formons continuellement nos équipes afin de mieux servir nos clients, comprendre leurs projets et répondre à leurs demandes.

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX

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Habitat durable Constantin HARITON, Directeur Général de Saint-Gobain Roumanie

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adhésifs, de SG Conducte - qui commercialise des systèmes d'alimentation en eau et canalisation, de Brodrene Dahl, basé à Tulcea présente dans le domaine des installations pour l'industrie navales et de SG Abrasives, basée à Satu-Mare et MTI Brasov, rattachée à l ' e n t re p r i s e L a p e y e re , q u i fabrique et commercialise une large gamme de produits de bois. Au total, les investissements réalisés depuis un peu plus de cinq années par Saint-Gobain en Roumanie dépassent 250 millions d'euros. Comment s’est déroulée l’année 2010 ? Le groupe Saint-Gobain a enregistré en 2010 un chiffre d'affaires de 612,14 millions lei, en hausse de presque 6% par rapport à 2009, mais ses résultats financiers ont été affectés par la crise et surtout par la chute du secteur de la construction. Toutes les sociétés de Saint-Gobain implantées en Roumanie n’ont pas

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uelles sont les racines de Saint Gobain en Roumanie? Le groupe Saint-Gobain s’est implanté en Roumanie assez discrètement en 1992 via «Exprover». Son succès a conduit deux ans plus tard à l’établissement de la société Saint-Gobain Sticla Romania qui visait particulièrement les petits clients de Bucarest. Saint-Gobain Glass Roumanie a été fondée en 2005 afin de préparer les importations à grande échelle, et de gérer à Calarasi le projet de construction d'une usine de verre plat (verre «flotté»). La présence de Saint-Gobain dans ce pays a gagné en cohérence en 2005, suite à l'acquisition par le Groupe de la multinationale BPB Plc, représentation locale de la société Rigips - leader du marché de matériaux de construction à base de plâtre et de l'usine de ouate minérale et basaltique de Ploiesti, devenue désormais «Isover». Le Groupe est présent en Roumanie par l'activité de Weber à Turda - production de mortiers et

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L’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments est au cœur de la stratégie de Saint-Gobain. Le groupe, l'un des principaux investisseurs étrangers en Roumanie, renforce son positionnement sur les solutions à forte valeur ajoutée dans l’habitat.



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importants, en dépit de quelques processus de réorganisation interne. Vers quels marchés destinez-vous la production de vos usines roumaines ? Saint Gobain exploite en Roumanie 9 sites de production. La gamme de est très large, diverse et performante, en phase avec ce qui est produit et développé dans les autres pays de l'Union Européenne. C’est le cas de la maison Multi Confort qui au delà des paramètres de qualité de vie assure des consommations d'énergie minimales, une lumière optimisée et une très bonne durabilité.

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été touchées de la même manière. Les sociétés spécialisées dans les matériaux de construction ont le plus souffert. Pour faire face à la situation, nous avons utilisé les techniques de gestion classique tout en veillant à limiter le plus possible les licenciements, la qualité des ressources humaines étant essentielle pour le bon fonctionnement de la société et la préparation des futures étapes de la croissance. Le nombre de salariés, autour de 1000, est resté stable pendant toute cette période, et nous ne prévoyons pas de changements

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Quelle est votre stratégie de croissance dans ce pays ? Notre stratégie vise la croissance à long terme, soutenue par une offre innovatrice de produits, systèmes et solutions qui répondent aux principales exigences du moment et de l'avenir: le développement durable, l ' e f f i ca c i t é é n e rg é t i q u e e t l a protection de l'environnement. Cette politique est basée principalement sur la croissance organique, par l’extension des industries existantes ou par de nouveaux investissements de type "Greenfield», mais elle n'exclut pas les perspectives d'acquisitions, dans la mesure où se présentent des opportunités dans l'intérêt circonstanciel du groupe. Pour mieux répondre aux nouvelles orientations stratégiques au cours de l'année 2010, les activités de Rigips, Isover, Weber et le PAM (tuyaux) ont fusionné en une seule société, Saint Gobain Construction Products Romania, permettant des synergies entre ces activités.


Roumanie

Razvan BATRINU, Directeur Général d’Air Liquide Romania

«La Roumanie, marché clé en Europe du Sud-Est»

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Air Liquide est présent depuis 1999 en Roumanie, un pays confronté à des besoins croissants en gaz industriels offrant des perspectives très prometteuses d’expansion pour le groupe. En l’espace de douze années, la filiale Air Liquide Romania n’a cessé de renforcer sa présence sur le segment de marché qu’elle exploite et d’attirer de nouveaux clients. Sa stratégie de croissance passe, au premier chef, par l’innovation et l’accès aux énergies émergentes.

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uels ont été les premiers pas d’Air liquide en Roumanie ? Air Liquide Romania a démarré ses activités en décembre 1999 dans le domaine des gaz industriels, alimentaires et médicaux. Depuis sa création, la filiale roumaine n’a cessé de développer son portefeuille de clients, principalement dans les secteurs de la métallurgie, l’industrie du verre, la construction navale, l’industrie automobile et l’agroalimentaire. En 2005, la signature d’un contrat de longue durée avec le groupe SaintGobain pour la construction d’une usine de séparation de l’air et de plusieurs unités d’hydrolyse a constitué une des étapes majeures de notre développement. Cette usine, située à Calarasi, fournit de l’azote et de l’hydrogène destinés à la fabrication du verre «float». Elle produit également des capacités supplémentaires d’azote et d’oxygène pour d’autres clients industriels. Au début de l’année 2008, suite à un partenariat signé avec les chantiers navals de Braila et Tulcea, un nouveau pas a été franchi avec l’ouverture, à Braila, de la première usine de production d’acétylène d’Air Liquide Romania. Enfin, en 2010, nous avons démarré à Buzau un centre de conditionnement de dernière génération, conçu pour remplir des bouteilles avec des gaz simples et des mélanges plus co m p lexe s . O u t re s a ra p i d i t é d’installation, le système Floxfill offre les avantages de la standardisa-

tion (harmonisation des pratiques, interchangeabilité, évolutivité) et de la sécurisation. D’autres projets en cours nous permettront dans l’avenir proche de renforcer notre présence en Roumanie. En matière d'énergie, quel est le contexte actuel du marché roumain ? Quels sont les secteurs les plus porteurs ? Les solutions de combustion à l'oxygène, développées par Air Liquide, améliorent le rendement et le transfert thermiques, ce qui permet de réduire la consommation de combustible (fioul, gaz naturel, charbon) et, du même coup, de diminuer les émissions de CO2. Face à la forte hausse du prix du gaz naturel, Air Liquide Romania a énormément misé sur «l’oxycombustion», un procédé qui, selon nous, a un fort potentiel de développement. Notre expertise très pointue sur cette technique va nous permettre de répondre aux enjeux énergétiques et environnementaux qui se présenteront dans les années à venir. La production de gaz «on-site» est une autre solution proposée par la filiale roumaine. Cette alternative de fourniture de gaz directement sur le site de production réduit les frais de transport et optimise les coûts d'énergie, tout en participant à la réduction des émissions de CO2. Air Liquide Romania est également très actif dans le domaine des nouvelles énergies avec notamment le photovoltaïque, l’optoélectronique ou encore

l'hydrogène, cette dernière énergie étant d'ores et déjà utilisée pour alimenter les piles à combustible. Quelle est votre position sur le segment du marché que vous exploitez ? Bien que présents sur ces marchés depuis relativement peu de temps, nous sommes en train de croître très rapidement grâce à nos compétences et à notre haut niveau de service. Nous espérons devenir un des leaders roumains dans notre industrie d’ici 2015. Face à la crise, nous avons dû rapidement nous adapter au nouveau contexte économique. Pour 2011, nous nous sommes fixés plusieurs objectifs à atteindre : d’une part, le contrôle et la réduction de nos coûts de production, d’autre part, la recherche active de nouvelles opportunités d’affaires. Pour cela, nous avons su développer des équipes locales très motivées et compétentes : nous nous présentons sur le marché avec une offre à forte valeur ajoutée du point de vue technique, un service de qualité et une attention très marquée pour la sécurité. Les résultats que nous avons obtenus récemment sur le marché nous confortent dans la pertinence de cette approche. Comment voyez-vous l'évolution d’Air liquide en Roumanie dans les prochaines années ? Notre objectif local pour les années à venir s’inscrit dans la droite ligne du programme ALMA 2015, dont la stratégie a été définie par le groupe

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ROUMANIE pour la période 2011-2015. Cette ambition porte sur des résultats de performance (innover, renforcer la compétitivité, développer les talents et les compétences pour conquérir une position de leader) et d’adaptation au nouvel environnement de marché. Air liquide Romania a travaillé sur un plan de développement très détaillé qui mise à la fois sur la croissance dans nos activités actuelles et l’élargissement de notre offre de produits. Notre portefeuille de clients potentiels est très équilibré entre les petits et les grands consommateurs de gaz. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous sommes très optimistes dans nos chances de croissance. Nos fortes compétences techniques, à la fois locales et reliées à la plateforme

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d’experts techniques européens du groupe, constituent un autre atout de poids pour le futur. Enfin, nous mettons au cœur de notre activité de développement de projets la sécurité, la qualité et l’écoute du client. Cette approche spécifique semble particulièrement appréciée et nous a d’ores et déjà permis de fidéliser notre clientèle. Quelles sont vos perspectives économiques pour la prochaine décennie ? Malgré certaines difficultés économiques conjoncturelles dues à la crise mondiale, la Roumanie affiche des perspectives de croissance encourageantes à court et moyen terme : 1,5% en 2011 si l’on se réfère aux prévisions du Fonds Monétaire

International et 4% en moyenne sur la prochaine décennie selon l’analyse de certains économistes. Par ailleurs, l'industrie reste le secteur le plus performant de l’économie roumaine, enregistrant en 2010 une croissance de 5,1%. Le marché est donc porteur d’opportunités dans de nombreux secteurs. En nous basant sur notre expérience passée ainsi que sur les résultats obtenues grâce à nos clients importants, nous sommes persuadés que la Roumanie va continuer à bénéficier d’afflux d’investissements directs étrangers. Cela se traduira pour nous par l’arrivée de nouveaux clients traditionnels qui font confiance depuis des années au professionnalisme du groupe et de sa filiale roumaine.


Roumanie

Roumanie : un secteur des télécoms à forte valeur ajoutée Raoul ROS, PDG Alcatel-Lucent Roumanie

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Alcatel-Lucent est particulièrement bien implanté en Roumanie, pays qui constitue un véritable centre stratégique pour le groupe. Grâce à ses capacités d’innovation, il y réalise de belles performances.

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a Roumanie est-elle un pays important pour Alcatel-Lucent tant en termes de chiffre d'affaires que d'activités? La Roumanie est l’unité de coordination et de support des activités d’AlcatelLucent pour l’Albanie, la Bulgarie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Hongrie, le Kosovo, la Macédoine, la Moldavie, le Monténégro, la Roumanie, la Serbie et la Slovénie. C’est donc un centre important et bien positionné sur la carte Alcatel-Lucent. Le marché roumain a été fortement impacté par la crise économique depuis 2009, très peu de projets ont été lancés au niveau national et les opérateurs télécoms ont vu dans le même temps leurs revenus diminuer de façon importante. Notre business en Roumanie en été bien sûr affecté. Malgré cela Alcatel-Lucent a poursuivi ses investissements dans le pays en transformant et modernisant le centre de Timisoara où travaillent prés de 1600 personnes. A coté des équipes qui supportent le business régional d’Alcatel-Lucent nous avons également un centre de recherche et développement qui contribue au développement des produits et solutions pour les réseaux mobiles de troisième (3G) et quatrième génération (4G-LTE), un centre de services qui supportent l’intégration, la gestion et les opérations de réseaux pour des clients du monde entier, ainsi qu’une équipe développant des applications multimédia. L’expérience acquise par nos équipes roumaines aux quatre coins de la planète bénéficie directement à nos clients régionaux qui disposent ainsi localement des meilleurs experts mondiaux. La Roumanie est donc un centre stratégique pour Alcatel-Lucent.

En quoi constitue-t-elle une localisation stratégique pour le groupe et quelle est la visibilité du groupe actuellement sur ce marché? Alcatel-Lucent est présent en Roumanie depuis 1991, nous célébrons donc cette année nos 20 années de présence dans le pays. 20 années pendant lesquelles Alcatel-Lucent a contribué au développement des télécommunications en Roumanie de façon unique, l’expérience et le savoir-faire acquis au fil de toutes ces années constituent un atout exceptionnel pour le groupe et pour nos clients. Les télécommunications évoluent à une vitesse et avec une intensité jamais égalées par le passé. On compte aujourd’hui dans le monde 4 milliards d’utilisateurs de téléphone mobile, c'est-à-dire qu’il y a aujourd’hui plus de personnes utilisant un téléphone mobile que de personnes ayant accès a un point d’eau courante ! La vidéo envahit les réseaux et avec le Web 2.0 nous ne sommes plus de simples consommateurs mais nous sommes devenus de véritables fournisseurs de contenu : 500 millions de Face-Bookers ont posté 1,5 milliards d’images… La Roumanie ne reste pas à l’écart de cette révolution, on compte désormais 24.6 millions d’utilisateurs de téléphones mobiles, 3 millions lignes d’internet haut-débit, et les perspectives de croissance sont bien réelles. On peut s’attendre à un développement important des réseaux hautdébit basé sur la fibre optique, au déploiement du haut-débit dans les zones rurales, à l’avènement du haut-débit mobile avec l’introduction des réseaux de quatrième génération (4G-LTE). C'est-à-dire toujours plus de trafic dans les réseaux, avec la nécessite absolue de réduire le coût des données transportées.

Alcatel-Lucent possède la technologie, les produits et les solutions pour relever ces défis, nous avons localement les ressources et l’expertise requises pour les déployer et les supporter. Nous sommes solidement et durablement implantés dans la région. Tout cela nous rend extrêmement pertinents pour nos clients et fait d’AlcatelLucent un partenaire de choix. Comment évoluent la conjoncture et les activités du groupe? Fin 2008, le groupe s’est engagé dans une transformation stratégique pour gagner en pertinence et en agilité. Les performances des derniers trimestres, notamment aux États-Unis mais pas seulement, montrent que le groupe est en bonne voie. La combinaison des équipes de recherche des Bell Labs avec les ingénieurs R&D du monde entier ont permis de lancer sur le marché des innovations révolutionnaires. Le light radio annoncé en début d’année, qui compacte au sein d’un cube de petite taille les fonctions d’antenne, de module radio et d’une partie des fonctions de la base station d’un site mobile, en est un parfait exemple. L’annonce en Juin dernier d’un routeur IP (Internet Protocol) 4 fois plus rapide que le plus rapide des routeurs actuels, pouvant gérer 400Gbits, démontre une fois encore cette capacité d’innovation. Cette innovation dans les produits et les solutions de réseaux combinée avec une forte présence locale sont les clefs pour accompagner nos clients dans l’optimisation de leur coût d’exploitation et pour les aider à générer des revenus supplémentaires. C’est ce que nous nous attachons à réaliser avec un succès croissant en Roumanie et dans la région.

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ROUMANIE

Acvatot : « une place atypique dans le paysage de la construction » François DEBERGH, Directeur Général d'ACVATOT

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Grâce à une progression considérable de son chiffre d'affaires au cours de la précédente décennie, Actavot, entreprise roumaine de construction et d'entretien des réseaux, occupe une des premières places sur le segment du marché qu'elle exploite.

ouvez-vous présenter Acvatot et P ses métiers? L'entreprise ACVATOT a été créée en 1991 en Roumanie et est devenue, en décembre 2000, une filiale du groupe Véolia. Elle est spécialisée dans la conception, la construction, la réhabilitation et l'entretien des réseaux (eau, assainissement, gaz, chauffage urbain, réseaux techniques d'incendie, téléphonie, électricité), et des ouvrages qui leur sont associés (stations de traitement, stations de pompage réservoirs, etc.). Acvatot intervient également dans la réalisation d'aménagements extérieurs : terrassements, démolitions, remblais, construction de voiries, séparateurs et ouvrages divers en béton. Avec plus de 270 collaborateurs et un chiffre d'affaires de 21 millions d'euros en 2010, Acvatot et sa filiale HYDROSERVICE (spécialisée dans le curage, le diagnostic des réseaux et les technologies sans tranchées) conduisent des projets sur l'ensemble du territoire roumain et poursuivent leur développement dans la Région des Balkans : Bulgarie, Serbie, Moldavie, Monténégro. Quels sont les points forts de votre expertise ? L'un de nos atouts principaux est la capacité à gérer des projets «clé en main», du design à la réalisation complète des travaux, en passant par la maintenance et l'obtention initiale des permis de construction. À cela s'ajoute la volonté permanente de proposer à nos clients des variantes techniques ou financières permettant d'améliorer la performance de leurs investissements.

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Notre autre point fort est d'être polyvalent : nous bénéficions d'une expertise concrète sur l'ensemble des réseaux et des projets d'infrastructures complexes, tels que les centres commerciaux ou logistiques. Cette expérience nous permet de répondre aujourd'hui à l'ensemble des sollicitations techniques pouvant se présenter dans un projet d'aménagement extérieur. Nous apportons également un soin tout particulier à l'organisation de nos chantiers en garantissant aux clients la mise en valeur de leurs projets. Qu'il s'agisse de projets privés ou publics (15 % en 2010), nous avons à cœur d'établir avec nos clients un partenariat de longue durée, en leur apportant le soutien technique nécessaire pour préparer au mieux leurs projets en cours ou à venir, afin de favoriser leur développement en Roumanie ou dans les pays voisins. L'ensemble de nos métiers s'inscrit dans une politique de développement durable et dans une recherche constante de solutions constructives alternatives respectueuses pour l'environnement. Cette préoccupation nous a amenés à promouvoir des techniques innovantes permettant de limiter l'impact de nos interventions sur l'environnement. Outre les techniques habituelles de pose sans tranchées, nous disposons d'un large panel de techniques de réhabilitation des réseaux et de leurs ouvrages associés. J'insisterai, enfin, sur le savoir-faire et la stabilité de nos collaborateurs qui ont permis à Acvatot de mettre en place des équipes performantes aux compétences régulièrement enrichies et actualisées.

Notre centre interne de formation ACVASCHOOL est d'ailleurs né de ce besoin de professionnalisation constant. Cette structure fournit des formations sur mesure pour nos collaborateurs et pour certains partenaires. Des fonds européens (665 Ke) nous ont été accordés pour la formation de nos équipes terrain et de notre management. Quelle est votre position sur le segment du marché que vous exploitez ? Nous occupons sans conteste une place atypique dans le paysage de la construction. La progression de notre chiffre d'affaires a été considérable au cours de la décennie précédente : de 100 000 euros en 2000 à 30 millions d'euros en 2008. Ces résultats nous positionnent désormais parmi les premières sociétés de réseaux en Roumanie. De plus, à la différence de nos concurrents, nous disposons d'un centre de formation spécifique et développons des projets de responsabilité sociale à travers une Fondation qui font d'Acvatot une société originale. Notre bonne image et notre reconnaissance extérieure proviennent largement du professionnalisme de nos équipes et de la qualité de nos chantiers en général. Dans Bucarest par exemple, la majeure partie de nos réseaux est réalisée en forage dirigé, ce qui permet d'éviter de casser la voirie, d'engendrer des déchets portant atteinte à l'environnement, et de provoquer des gênes pour les riverains. Ces techniques, qui demandent à la base un investissement lourd, nous permettent, enfin, de gagner en compétitivité et rapidité d'exécution.


Roumanie

D'une manière générale, comment se porte le secteur du bâtiment en Roumanie ? Ce secteur a subi de fortes modifications à la suite de la crise. De toute évidence, il souffre du manque d'investissements extérieurs et ne trouve pas encore de compensations dans les divers programmes de financement européens pour les infrastructures. De nombreux marchés sont à l'arrêt pour des raisons administratives ou en raison de l'incapacité de certaines sociétés à réaliser les travaux remportés à des prix trop faibles. Entre 2008 et 2009, notre chiffre d'affaires est passé de 30 millions d'euros de chiffres d’affaires à 21 millions, soit une diminution de 30%, à la mesure du repli constaté sur le marché du bâtiment en Roumanie. Notre performance a été de maintenir les mêmes résultats en 2010,

alors que de nombreuses sociétés ont continué, pour leur part, à enregistrer un recul de leurs recettes.

semble de nos collaborateurs sur des sujets de développement et de consolidation de l'entreprise.

Pouvez-vous nous parler de vos chantiers en cours ? Outre notre activité axée sur les réseaux avec nos partenaires traditionnels, nous avons démarré une activité significative avec des clients publics. Nous nous attendons de manière générale à une activité similaire à celle des deux dernières années, ce qui serait selon moi plutôt satisfaisant étant donné la situation actuelle sur le marché de la construction. Sur un plan moins technique, nos principaux chantiers sont la poursuite du programme de formation financé par l'Union européenne et le suivi de notre projet d'entreprise ACVATOT 2010-2012 qui regroupe un certain nombre de projets impliquant l'en-

Quelles sont vos perspectives économiques pour la prochaine décennie ? Nous espérons revenir sous deux ans à un niveau d'activité similaire à celui de 2008 (30 millions d'euros) ; puis, à partir de ce point, renouer avec une croissance maîtrisée de nos activités et une progression annuelle de 5%. Bien entendu, nous attendons beaucoup des fonds européens, mais nous comptons également sur la reprise des investissements privés. Nous souhaitons également consolider notre démarche commerciale envers la clientèle industrielle et publique. Nous nous appliquerons enfin à poursuivre notre développement dans de nouveaux métiers, tout en restant fidèle à nos principes fondateurs d'organisation et de partenariat avec nos clients.

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STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ROUMANIE

Grande distribution : un développement rapide en Roumanie Francois MELCHIOR DE POLIGNAC, Directeur Executif Carrefour Roumanie

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Le groupe Carrefour est aujourd'hui bien implanté en Roumanie ; après avoir introduit le concept d’hypermarché dans le pays, il y a connu une belle expansion. François Melchior de Polignac continue la conquête du marché roumain.

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arrefour est bien implanté en Roumanie, avec dès 2007 l'ouverture d'un huitième hypermarché à Bucarest. Pourriezvous retracer son histoire dans le pays ? C'est il y a dix ans (en juin 2001, à Bucarest, zone Militari) que le groupe Carrefour a lancé l'hypermarché en Roumanie. L’expansion a été rapide et le groupe Carrefour compte à présent 23 hypermarchés dans 15 villes du pays, tandis que deux de plus devraient ouvrir d'ici la fin de l’année. En 2007, Carrefour se positionne aussi sur le segment des supermarchés en achetant la société Artima et en les remodelant sous la marque Carrefour Market. Le groupe compte donc également 36 supermarchés dans tout le pays. Dans la grande distribution, ce sont les prix et les services qui font la différence. Carrefour a ainsi mené une politique de prix très agressive au quotidien et a développé les services de haute qualité pour ses clients : • Services financiers : la Carte de crédit Carrefour MasterCard, crédits divers, carte prépayée Carrefour MasterCard, etc. • Multiples moyens de paiement (carte de crédit, tickets-restaurants, chèques cadeaux etc) • Assurances : maison, voiture, voyage, biens personnels. • Retouche gratuite pour les textiles • Livraison gratuite pour les grands produits à la limite de 30 km • Ligne téléphonique gratuite. Carrefour consolide également sa place de grand distributeur en Roumanie par ses marques propres :

la marque ‘No.1’ en 2004 et la marque 'Carrefour' en 2009 pour des produits alimentaires et non-alimentaires, la marque ‘TEX’ en 2008 pour les textiles. De plus, le souci du groupe de garantir la sûreté alimentaire et le bien-être de ses clients lui a permis d'établir des partenariats stratégiques avec des fournisseurs locaux qui respectent les standards européens et des cahiers des charges très stricts. De ces exigences résultent des produits frais et sains, surveillés en permanence jusqu’à leur arrivée dans les magasins Carrefour. C’est ainsi que les Filières Qualité Carrefour sont apparues, pour la viande de porc en 2008 et pour la truite fraîche et la carotte en 2010. Comment le groupe a-t-il contribué à la modernisation de la distribution en Roumanie ? Carrefour a été le premier à introduire le format de l'hypermarché en Roumanie, qui a connu un vif succès auprès des consommateurs roumains. Ce modèle concentre plusieurs avantages, à savoir une politique de prix agressive dès 2001, ayant pour objectif la croissance du pouvoir d’achat du consommateur roumain ; une gamme de produits très large soit environ 50 000 articles disponibles et adaptés à la demande ; une excellente qualité ; des capacités d'innovation ; des services respectant de hautes exigences. Les produits français et en général les produits étrangers font partie de l’offre Carrefour en Roumanie depuis

2001 et sont bien acceptés par les clients roumains, qui cependant sont plutôt orientés vers les produits traditionnels. Quelle est l'originalité du marché roumain en termes d'organisation de la distribution et de pouvoir d'achat des consommateurs ? Les Roumains se sont très bien adaptés. Ils sont devenus des clients très exigeants, conscients de leur droits, et les éventuelles différences par rapport aux modes de consommation des pays occidentaux sont aujourd'hui peu nombreuses. Par contre, le pouvoir d’achat n’est pas au même niveau que dans les autres pays. Mais Carrefour a instauré une politique de prix très agressive, notamment des promotions et offres spéciales. De plus, les marques propres et les filières de qualité permettent aux clients de bénéficier à la fois de la sécurité alimentaire et d'un très bon rapport qualité-prix. On dit les Roumains très bien formés ; qu’en pensez-vous ? Les Roumains sont en effet très bien formés. Les nouvelles générations font des études et travaillent en même temps : la main d’oeuvre est jeune, enthousiaste et expérimentée. Par contre, dans notre domaine, il peut être difficile de recruter des professionnels tels que des confiseurs, des bouchers ou des charcutiers, à cause de la migration de la force de travail spécialisée vers l’Europe de l’Ouest ces dernières années.

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UNE DEMARCHE RESPONSABLE… POUR UN MEILLEUR SERVICE À NOS CLIENTS Gabriela Coman-Contry Manager GUYOMARC'H ROMANIA, créée en 1993, est la première implantation du Groupe INVIVO NSA (ancien EVIALIS) en Europe Centrale et le 1er investisseur étranger dans le domaine de la nutrition animale en Roumanie. Nous sommes le pionnier de l'alimentation animale moderne dans le pays, avec une contribution importante dans le domaine des services, des concepts nutritionnels, de la gamme de produits innovants et adaptés aux clients de cette région de l'Europe. Pourquoi la Roumanie ? La Roumanie était le grenier à blé de l'Europe Centrale et Occidentale, pays qui offre un gros potentiel en termes de production et d’exportation. Depuis l'ouverture de 1990, la Roumanie est devenue un nouveau marché pour de nombreux investisseurs, y compris pour GUYOMARC'H. Le marché est soumis à des changements culturels, alimentaires et agricoles ; GUYOMARC'H a souhaité se hisser au rang des acteurs majeurs, dans le domaine Nutrition et Santé Animale.

L’APPARTENANCE À UN GROUPE

de référence

InVivo NSA est le nouveau maillon fort d’un groupe international puissant et diversifié : InVivo.

1er groupe coopératif agricole français, InVivo intervient dans 4 domaines d’activité : • Semences et Agrofourniture • Nutrition et Santé Animales • Stockage et Commerce des grains • Distribution professionnelle et grand public

Le marché d'aliments complets, sur lequel la compagnie GUYOMARC'H ROMANIA se positionne, a subi depuis les dernières 18 années des évolutions difficiles à anticiper, le marché étant dépendant du secteur zootechnique, dont l’évolution a été à son tour sérieusement affectée par le passage des structures étatiques à 100% à des structures complètement privatisées. Leader de notre marché : au fil des année, la compagnie GUYOMARC'H Romania a toujours occupé la position de leader ou de co-leader, avec environ 15 % de parts de marché. Cette position a été conçue et maintenue parce que GUYOMARC'H ROMANIA s'appuie sur des moyens performants : Un des plus importants centres de recherche mondiaux du secteur d'activité : • 160 experts à travers le monde • 50 ans d’expérimentation sur la nutrition et la santé animales, reconnus par une certification ISO 9001 • 13 stations de recherche appliquée • plus de 250 protocoles de recherche lancés chaque année pour des tests nutritionnels, zootechniques, d'appétence, ainsi que sur des programmes environnementaux, LAREAL, un Laboratoire de recherche alimentaire (accrédité COFRAC) proposant 600 types d'analyses différentes et plus de 1 250 000 dosages par an. 2 outils industriels de haute technologie, certifiés ISO 9001 et HACCP 22000 spécialisés dans :

Notre gamme propose des produits adaptés aux spécificités roumaines, conçus à partir de programmes alimentaires sur mesure. La responsabilité à toutes les étapes : dans ce marché de la nutrition animale aux enjeux très importants, la qualité et la sécurité alimentaire des consommateurs, nous avons été le premier fabricant local de nutrition animale à avoir mis en place la traçabilité par le système des codes barre pour toute sa production. Aujourd'hui nous avons réussi à faire connaître et appliquer par nos clients une bonne partie des secrets de ce métier en vue de meilleures performances, et nous pouvons être fiers de notre résultat : nous sommes à l’origine d’une nutrition animale moderne en Roumanie comme partout dans l'Europe.

• la fabrication des premix, spécialités nutritionnelles et additifs associés à une large palette de services. • la fabrication des concentrés et aliments complémentaires.

Ce statut nous oblige à faire toujours plus et mieux face aux exigences du marché et à une forte concurrence, comme pôle régional du groupe INVIVO NSA dans la région de l'Europe Centrale-Est.

Une équipe commerciale de professionnels, ingénieurs et vétérinaires spécialisés en nutrition, proches du terrain, qui proposent des solutions personnalisées et des réponses rapides et adaptées.

DES MARQUE RECONNUES

Un réseau de distribution : dépôts régionaux et distributeurs locaux. Bucuresti, Sector 1, Bulevardul Expozitiei nr. 1, Et.6, cam. 611, 613, 622, CP 012101 Tel. : 021-310.27.64 / 65 / 66, fax : 021-313.45.04 Web site : www.guyomarch.ro - E-mail : office@guyomarch.ro

Localitatea Brad,Comuna Beresti-Bistrita, Judetul Bacau Tel. : 0234/ 22.88.04 Fax : 0234/ 22.88.04 Web Site : www.evialis.ro - E-mail : office@evialis.ro



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Jérôme Jérôme OLIVE, OLIVE, Directeur Directeur Général Général de de Dacia Dacia et et du du groupe groupe Renault Renault en en Roumanie Roumanie ©DR

«Imaginer la voiture de demain»

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Chez Dacia Renault, la voiture de demain gardera les mêmes atouts que ceux qui fondent son succès aujourd’hui : un rapport prix/habitabilité/prestations sans équivalent.

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omment estimer actuellement l'apport à la Roumanie de Renault Dacia? La Roumanie est devenue le deuxième pays de Renault dans le monde, après la France, avec environ 18 000 salariés. Cela fait du groupe l’un des plus grands employeurs du pays. Le groupe Renault est aussi un formateur important, avec plus de 5 millions d’heures de formation financées pendant plus de dix ans dans l’ensemble des entités dont il dispose dans le pays. Ses activités, très diversifiés, ont un effet structurant sur l’ensemble de l’économie roumaine, de l’industrie à la logistique et aux services. Ainsi, en Roumanie, plus de 130 000 personnes travaillent en relation avec le Groupe Renault, et, en premier lieu, auprès de ses 800 fournisseurs. En douze ans, Renault a investi près de deux milliards d’euros en Roumanie. Dacia est un contributeur important à l’économie nationale. En dix ans, son apport à la production i n d u s t r i e l le , a u P I B , c o m m e aux exportations du pays, a été considérable.

En mai 2011, l’Institut National de Statistique de la Roumanie a annoncé une croissance de 0,6% du PIB par rapport au dernier semestre de l’année 2010 et de 1,6% par rapport au premier semestre de cette même année 2010. Celle-ci est basée d'abord sur les exportations, et notamment celles de Duster, le nouveau 4X4 de Dacia.

La Roumanie constitue-t-elle un pays clé pour le groupe? La Roumanie, comme la France, détient l’ensemble des compétences nécessaires à un constructeur automobile. C’est en Roumanie, chez Dacia, que se trouvent le plus grand site de production de Renault dans le monde, la deuxième usine mécanique,

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le plus important magasin de pièces de rechange Dacia et la plus grande plate-forme logistique de l’Alliance Renault-Nissan. Nous avons aussi le seul centre de fabrication d’outillages d’emboutissage du groupe. En 2007, nous avons créé un centre d’ingénierie, Renault Technologie Roumanie, qui est maintenant en charge des développements sur la gamme M0. Il a été complété par un centre de Design et un centre d’essais, qui centralisent tous les moyens nécessaires à la conception de nouveaux modèles. Ainsi, comme on peut le voir, Renault a créé une filière complète dans le domaine automobile, du design à l’ingénierie, la fabrication (véhicules et mécanique), la logistique, la vente, ceci sans oublier les services après-vente. Comment définir le rayonnement international de Renault Dacia? Il y a sept ans, Dacia était une marque roumaine, peu connue à l’étranger. La reprise par Renault et le développement des voitures low-cost lui ont conféré une notoriété et un succès importants à l’international - en Europe et au-delà - qu’il n’aurait pas été possible d’imaginer avant la privatisation de Dacia. Je citerai ici un seul exemple : 4% des ventes de Dacia étaient réalisées à l’exportation en 2000, contre 90% en 2010. Ces chiffres illustrent le succès de notre business model : nous avons su offrir aux clients des voitures fiables et un

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rapport optimal entre le prix, l’habitabilité et les prestations. Notre rayonnement international s’apprécie aussi à travers nos équipes roumaines d’ingénierie qui conçoivent et adaptent des véhicules de la gamme Entry pour tous les marchés internationaux sur lesquels celle-ci est vendue. Le marché automobile roumain a-til été affecté par la conjoncture mondiale défavorable? Quelles sont les perspectives en Roumanie pour Renault Dacia en 2011 et 2012? Dans son ensemble, le marché automobile roumain a été très impacté par la crise et le reste aujourd’hui. En 2010, les ventes du secteur ont fléchi de 20,4% par rapport à une année 2009 elle-même encore moins favorable. Il reste très difficile d’estimer la tendance pour 2011 comme pour 2012. Fort heureusement, la prime gouvernementale à la casse reste en vigueur, offrant aux particuliers comme aux entreprises des remises importantes sur l’achat de véhicules neufs, dont le montant peut atteindre 2400 euros. Ce programme, réduisant les émissions de CO2, augmentera aussi la sécurité sur les routes roumaines. Comment ont évolué les ventes de Dacia en 2010? En 2010, Dacia a vendu 348 723 véhicules, soit 12% de plus par rapport à 2009. C’est la sixième année

consécutive de croissance à deux chiffres pour la marque, qui a plus que doublé son résultat de 2005 à 2010. L’an dernier, sur le marché automobile roumain, qui a fléchi de 20,4%, Dacia a vendu 36730 véhicules et a augmenté de 2,8% sa part de marché, la portant à 31,7%. Mais la plupart des ventes ont été réalisées à l’international : 311 000 voitures ont été exportées, soit 15% de plus par rapport à 2009 et Dacia a consolidé son succès dans l’Europe Occidentale. La France est redevenue le premier pays d’exportation pour Dacia, avec plus de 110 000 voitures vendues, ce qui correspond à une part de marché de 4,12%. Dacia constitue la sixième marque la plus vendue dans l’Hexagone. Citons aussi, parmi nos principaux pays d’exportation, l’Allemagne avec 40 500 voitures, l’Italie avec 21 930 et l’Espagne avec 21 739, mais aussi la Turquie, l’Algérie, la Belgique, le Maroc ou les Pays Bas. C o m m e n t d é f i n i r v o t re d é f i essentiel? La voiture de demain conservera les mêmes gènes ou les mêmes atouts qu’aujourd’hui : un rapport sans égal entre le prix, l’habitabilité et les prestations. Notre principal défi est d’améliorer en permanence la qualité de nos véhicules tout en les proposant à un prix accessible à nos clients. Cela passe par une très grande compétitivité de l’ensemble de nos activités en Roumanie.


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La Roumanie, deuxième pays du groupe Renault

remier constructeur automobile roumain, Dacia est né en 1966 avec la création de l`Usine d`Automobiles de Mioveni. En 1999, Renault a acheté 51% du capital de la société et en détient aujourd’hui 99,43%. Depuis, Dacia a entrepris un large programme de modernisation : de la mise à niveau des installations industrielles, la reconstruction du réseau commercial, la réorganisation du réseau de fournisseurs, à l’obtention des trois certifications pour le management de la qualité, dont l’une pour la protection de l’environnement. Dacia est devenu l’un des acteurs majeurs de l’économie roumaine, le plus gros exportateur du pays en 2010 et un grand formateur, avec plus de 5 millions d’heures de formation organisées pendant plus de 10 ans. Couvrant une surface de 2,9 millions de mètres carrés, la plateforme de Mioveni comprend une Usine Véhicules, une Usine Mécanique et Châssis et un centre logistique RIR-ILN, le plus grand de l’Alliance Renault-Nissan. En Roumanie, l’Usine Véhicules Dacia est la plus grande du groupe Renault, avec 8400 salariés. Elle produit aujourd’hui six modèles : quatre véhicules personnels - Logan Berline, Logan MCV, Dacia Sandero et Dacia Duster et deux modèles utilitaires - Logan Van et Logan PickUp. Sa capacité de production est de 350 000 véhicules. Dacia compte aussi la deuxième usine mécanique du groupe, avec 3700 salariés. Elle produit des moteurs K7J, K7M et F8Q, des boîtes de vitesses JH et TL4, aluminium et Châssis. La capacité de production est de 350 000 moteurs, 600 000 boîtes de vitesse et 460 000 transmissions par an. Les deux usines

utilisent le Système de Production Renault. Renault Industrie Roumanie – International Logistics Network a été créée en 2005 comme plateforme d’exportation de pièces vers d’autres usines Renault qui fabriquent des véhicules de la famille X90. Il alimente en pièces les usines de Russie, du Maroc, de la Colombie, de l’Inde, de l’Iran, du Brésil et de l’Afrique du Sud. En 2010, 87 482 camions ont été nécessaires à son approvisionnement. 28 987 camions et 568 trains ont expédié 341 873 véhicules, tandis 5 411 camions et 164 trains ont été affrétés pour expédier les pièces produites dans cette usine. Renault Technologie Roumanie (RTR) est le deuxième centre d’ingénierie de Renault et le seul centre d’ingénierie automobile de l’Europe de l’Est. Il est chargé du développement

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Renault a investi à peu près 2 milliards d’euros en Roumanie pour créer une filière industrielle complète dans le domaine automobile, du design à l’ingénierie, la fabrication (véhicules et mécanique), la logistique, la vente et les services après-vente. Dacia est ainsi devenu un acteur majeur de l’économie nationale.

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des projets véhicules et mécanique fabriqués dans les usines de la zone de l’Europe de l’Est et de la Méditerranée ou destinés à ces mêmes marchés. Il est implanté sur trois sites : - Bucarest : studio de Design et bureaux d’études - Mioveni : prestations d’ingénierie au service des usines Dacia - Titu : un centre d’essais qui vient en complément des centres d’essais d’Aubevoye et de Lardy en France et qui est principalement dédié à la mise au point des véhicules et des organes mécaniques de la gamme Entry. Les 2500 ingénieurs de RTR travaillent en étroite collaboration avec

le Technocentre et les autres centres d’ingénierie régionale de Renault pour concevoir et mettre au point de nouveaux véhicules et organes mécaniques, notamment pour la gamme Entry. Ainsi, Dacia comporte aujourd’hui une gamme de véhicules robustes, fiables et accessibles aux clients roumains et internationaux, respectant les standards de qualité de Renault. Deuxième marque du groupe Renault, Dacia véhicule une image positive de la Roumanie dans le monde. Le réseau commercial Dacia en Roumanie compte à présent 100 points de vente mono et multi-marques.




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