OUTRE-MER grandeur Nature _ n°3 avril 2021

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AVRIL 2021 - n°3

OUTRE-MER

OcéIndia

grandeur Nature L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

SAINT-MARTIN | l ’ association

Clean St-Martin GUYANE | les livrets de la R éserve naturelle T résor NOUVELLE-CALÉDONIE | les « fantastiques grand - mères »

SOMMAIRE

UNE

ÎLE DE LA RÉUNION 2 3 6 8 9

édito actu outre-mer Saint-Pierre-et-Miquelon Saint-Barthélemy Saint-Martin

|

L’AMBITION D’UN PORT RESPONSABLE 10 11 14 15 18

Martinique Guadeloupe Guyane Île de La Réunion Mayotte

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TAAF Nouvelle-Calédonie Wallis-et-Futuna Polynésie française


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Les inspecteurs de l’environnement, en charge de missions de police administrative et judiciaire, représentent un quart de nos effectifs ultramarins. Ils assurent entre autres la lutte contre le braconnage, la vérification du bon usage et de la gestion des ressources naturelles ou encore la surveillance de pêcheries… Une activité importante de recherche tente ensuite de répondre aux préoccupations constatées dans les Outremer. Nos équipes ont notamment contribué au programme Remmoa, mené dans les eaux tropicales françaises afin de mieux connaître la répartition de la grande faune marine (mammifères marins, tortues, oiseaux…). Elles conduisent des études sur la faune ultramarine (jaguar en Guyane, limicoles aux Antilles, tangue à La Réunion…,) ainsi que des actions de recherche sur le corail.

ÉDITO PAR PIERRE DUBREUIL, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’OFFICE FRANÇAIS DE LA BIODIVERSITÉ (OFB) L’Office français de la biodiversité (OFB) est un établissement public de l’État, créé au 1er janvier 2020 entre l’Agence française de la biodiversité (AFB) et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Il est composé de 2 800 agents qui œuvrent à la protection et à la restauration de la biodiversité, dans l’Hexagone et dans les Outre-mer. L’Outre-mer se caractérise tant par des caractéristiques géographiques très variées, dispersées dans quatre des cinq océans du globe, que par une biodiversité extraordinaire. On y compte ainsi 9 espèces découvertes en France sur 10. Cette richesse s’accompagne en retour de pressions majeures : 60 des 100 espèces les plus envahissantes étaient ainsi présentes en Outre-mer en 2016 (liane papillon à la Réunion, iguane vert en Martinique…).

L’OFB apporte par ailleurs son concours en ingénierie aux acteurs publics et peut, par exemple, appuyer les préfets dans l’instruction de dossier touchant à la biodiversité. C’est notamment le cas avec l’appui apporté aux services de l’État pour réhabiliter les lits des criques de Guyane, fortement endommagés par l’orpaillage. L’OFB finance également des travaux d’infrastructures d’eau et d’assainissement à hauteur de 20 millions d’euros par an et des études pour la surveillance des milieux aquatiques. La mobilisation de la société prend souvent la forme d’appui aux acteurs, par le biais d’appels à projet. Par ailleurs, une équipe « Économie et biodiversité » basée en Guyane est chargée de créer, développer et promouvoir des activités économiques et des filières de valorisation responsable de la biodiversité. Elle intervient en priorité dans les Outre-mer mais également sur l’ensemble du territoire hexagonal. La gestion des aires protégées est enfin une action centrale de l’OFB en Outre-mer, qui s’exerce au sein de parcs marins (Mayotte, Glorieuses, Martinique) et du sanctuaire Agoa pour les mammifères marins, situé dans les Antilles françaises. On le voit, les enjeux sont majeurs pour ces véritables réservoirs de la diversité biologique que sont les territoires français en Outre-mer et l’action volontaire de tous y est plus que jamais nécessaire !

Pierre Dubreuil Pour nourrir une vision ultramarine large, au plus proche des spécificités de chaque territoire, l’OFB est présent partout dans les Outre-mer, de la forêt boréale aux mangroves tropicales. Plus de 140 agents sont ainsi en charge des grandes missions que nous confie la loi. Photo de couverture : © Éric D’Zoao | Port Réunion Photo de l’édito : © Michel Monsay | OFB


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ACTU OUTRE-MER LE PLAN DE RELANCE N’A PAS OUBLIÉ LE LITTORAL La zone mise en défens lors du confinement de mars à mai 2020 sur le site de la pointe des Châteaux en Guadeloupe.

« ON MARCHE SUR DES ŒUFS »… EN OUTRE-MER AUSSI Lors de la période de confinement de mars à mai 2020, les espaces naturels ont vu leur fréquentation se réduire presque totalement, apportant à la faune et à la flore une quiétude inédite. En l’absence de dérangement et de piétinement, de nouvelles zones de nidification ont pu être réinvesties sur le littoral en métropole comme en outre-mer, tant par des espèces d’oiseaux que de tortues marines. Les suivis réalisés à la pointe des Châteaux en Guadeloupe ont ainsi montré une recolonisation rapide de nouveaux îlots par la petite sterne lors du confinement, malheureusement remise en cause dès de la reprise de la fréquentation. Pendant le déconfinement, les gestionnaires des espaces naturels littoraux ont mis en place en urgence des actions d’information et de sensibilisation du public pour éviter que les bénéfices écologiques du confinement ne soient rapidement perdus. Ainsi, en Guadeloupe, l’opération « Coup de pousse » a été lancée à l’initiative de l’ONF, du Conservatoire du littoral, de l’OFB et des collectivités et associations locales pour poursuivre et accompagner la revégétalisation spontanée de certaines zones sensibles. Forts du succès obtenu auprès du grand public, de la mobilisation des gestionnaires et acteurs du littoral en général, le Conservatoire du littoral, l’Office français pour la biodiversité, l’Office national des forêts et la Ligue pour la protection des oiseaux ont pris la décision de pérenniser l’action au niveau national à partir du printemps 2021. Cette opération intitulée « On marche sur des œufs » permet de diffuser les bonnes pratiques pour garantir la protection des espèces durant leur période de vulnérabilité, d’informer les visiteurs et de renforcer la relation Homme-Nature. L’opération se déclinera également en outre-mer, en l’adaptant aux espèces et périodes de nidification locales : gravelot de Wilson, sternes, tortues marines….

Dans le cadre de France Relance, l’État a souhaité que le plan de relance comporte un volet littoral ambitieux, afin de contribuer à la gestion souple du trait de côte face aux effets des changements climatiques, à la protection de la biodiversité spécifique à cette interface terre-mer, aux aménagements paysagers et à la valorisation du patrimoine participant à l’attractivité touristique. Le Conservatoire du littoral bénéficie ainsi d’une aide exceptionnelle de 25 millions d’euros sur 2021 et 2022, dont 3,5 millions d’euros en outre-mer. Les projets soutenus portent aussi bien sur la protection et la valorisation de zones humides littorales (marais de Port-Louis en Guadeloupe, salines de Sainte-Anne en Martinique, Savane Sarcelle en Guyane, étangs de Saint-Martin, pripris de Yiyi en Guyane), la restauration des forêts sèches (Grande Chaloupe à La Réunion), la restauration des paysages de savane (Cap La Houssaye à La Réunion), la démolition de divers bâtiments ou la sauvegarde du patrimoine culturel (îlet à Ramiers en Martinique et baie de Soulou à Mayotte). Deux projets de développement du sentier littoral seront également proposés par le Conservatoire du littoral en outre-mer (Grandes Cayes à Saint-Martin et Petit Cul-de-sac marin en Guadeloupe) au titre du plan de relance, dans le cadre de l’appel à projets « France vue sur mer » piloté par le Cerema 1. + d’info ici : France vue sur mer

La restauration de l’étang de Chevrise à Saint-Martin.

Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement. 1

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© Fanny Cautain | OFB

LISTE ROUGE DES ESPÈCES MENACÉES EN FRANCE : 13 ANS DE RÉSULTATS

L’OFB LANCE LE PREMIER APPEL À PROJETS BIODIV’ÉCO Inédit, l’appel à projets concerne la façade Atlantique de l’outre-mer : les territoires de Guyane, Martinique, Guadeloupe, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierreet-Miquelon. À travers Biodiv’éco, l’OFB accompagne l’émergence de projets de valorisation économique de la biodiversité, partant du constat que l’outre-mer recèle dans ce domaine des opportunités de développement importantes mais encore peu exploitées. En effet, dès 2017, le président de la République a souhaité que ses opérateurs s’investissent en la matière. C’est dans ce contexte que l’équipe ingénierie de projets « Économie et biodiversité » de l’OFB, à compétence nationale et active depuis Cayenne, a été constituée. L’appel à projets, d’une enveloppe globale de 300 000 euros, est ouvert à tous les acteurs ayant un projet économique pour et par la biodiversité, qu’ils soient créateurs d’entreprises, entreprises, associations ou collectivités territoriales basés dans les territoires précités. L’objectif affiché par l’OFB est double : « - Identifier, faire émerger et accompagner des projets économiques basés sur la biodiversité et dans le respect de celle-ci, sur des filières économiques préidentifiées : agroécologie et agro-transformation, forêt-bois, pêcheaquaculture durable, biotechnologies vertes, cosmétique responsable ou encore écotourisme ; - Initier une dynamique territoriale en créant un écosystème de partenaires dans le domaine du développement économique et de la biodiversité dans chacun des territoires. » Un minimum de 10 projets économiques ayant l’ambition de préserver et restaurer la biodiversité vont ainsi être mis en lumière et développés, en bénéficiant d’un soutien en ingénierie (expertise technique, appui au business plan, conseil, valorisation via le réseau OFB et ses partenaires...) et/ou d’une dotation de 5 000 à 50 000 euros. Les candidatures doivent être déposées d’ici le 2 mai et l’annonce des projets lauréats est attendue pour la semaine du 12 juillet.

Riche d’une remarquable biodiversité, la France abrite en métropole et en outre-mer de nombreuses espèces menacées de disparition. La Liste rouge nationale des espèces menacées en France, établie selon les critères internationaux de l’UICN au niveau mondial, détermine le niveau de menace à l’échelle du territoire national (ou territorial pour l’outre-mer). Elle est réalisée à partir des meilleures connaissances disponibles, grâce à la mobilisation du réseau d’experts, et permet par exemple de réviser ou mettre à jour les listes des espèces protégées réglementairement, d’identifier les espèces qui doivent bénéficier de programmes de sauvegarde ou de délimiter des espaces à protéger en priorité. Ainsi, toutes les espèces endémiques classées en danger (EN) ou en danger critique d’extinction (CR) doivent faire l’objet de Plan nationaux d’action depuis la Loi Biodiversité de 2016, pour les sauvegarder : c’est le cas à La Réunion du pétrel noir de Bourbon classé CR, l’un des oiseaux marins les plus rares au monde. À l’occasion de la Journée mondiale de la vie sauvage du 3 mars, le Comité français de l’UICN et l’UMS PatriNat (OFB-CNRS-MNHN) ont partagé le bilan national de 13 années de résultats. Ce bilan, qui couvre la période depuis le lancement de la Liste rouge nationale en 2008, est une synthèse majeure de l’état de santé de la faune et la flore en France. Parmi les 13 842 espèces évaluées en 13 ans, 2 430 (17,6 %) sont menacées en France, dont les deux tiers en outre-mer. Les résultats s’avèrent très préoccupants sur certains groupes d’espèces : 43 % des plantes de Mayotte sont ainsi menacées, 21 % des oiseaux de Martinique et 13 % des poissons d’eau douce de Guyane. Sur les 24 chapitres de la Liste Rouge publiés en 13 ans, 14 concernent l’outre-mer avec des informations sur les oiseaux, reptiles, amphibiens et mammifères, mais encore relativement peu sur les insectes, mollusques et espèces marines. Baromètre de référence de l’état de la biodiversité, la Liste rouge est régulièrement actualisée pour suivre l’évolution des espèces menacées et comparer la situation entre pays.

+ d’info ici : Biodiv’éco » 2021 © UICN Comité français, OFB & MNHN. Cliquer ici pour agrandir le visuel : UICN


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PUBLI-COMMUNIQUÉ

L’AFD ET LES TROIS OCÉANS Le

groupe concentre ses interventions sur le dé-

veloppement économique et social et la prise en compte des défis communs tel le changement climatique.

Pour apporter une réponse globale à

des problématiques transfrontalières et renforcer l’intégration régionale des outre-mer, l’AFD déploie une approche conçue autour de trois bassins géographiques

: Atlantique, Indien et Pacifique.

Créée en 1941, l’Agence française de développement est un établissement public qui met en œuvre la politique de la France en matière de développement et de solidarité internationale. L’AFD est aujourd’hui un des premiers bailleurs bilatéraux dans le monde. Présente dans pas moins de 108 pays via un réseau de 85 agences et de 17 directions régionales, elle finance, suit et accompagne plus de 2 500 projets de développement. L’AFD se démarque par un ancrage fort au sein des territoires français ultramarins. Adoptée début 2019, sa stratégie Trois Océans (Atlantique, Indien et Pacifique) ambitionne de répondre de façon globale à des enjeux transfrontaliers et communs aux trois bassins, sur des sujets tels que la gestion des déchets, l’eau, l’assainissement ou encore la transition énergétique, un champ d’action dans lequel les outre-mer jouent un rôle de catalyseurs. En effet, les « Trois Océans » incluent également les États étrangers des trois bassins, faisant de l’insertion régionale des outre-mer une réalité. Pour promouvoir cette approche, en plus du nouveau département Trois Océans, l’AFD a créé trois directions régionales basées à Nouméa, Fort-de-France et Saint-Denis de La Réunion. La stratégie Trois Océans prend en compte les défis partagés comme les inégalités, les crises sanitaires ou le climat. À titre d’exemple, l’agence soutient les Plateformes d’intervention régionales de la Croix-Rouge française, mises en place dans les territoires ultramarins afin de faire face aux catastrophes naturelles. Quelque 255 projets ont ainsi été financés en 2018 dans les Trois Océans, soit 1,7 milliard d’euros engagé, ce qui représente 15 % du total des engagements du groupe. L’AFD est particulièrement attentive à la résilience des populations et des territoires face aux catastrophes naturelles et travaille sur des dispositifs de prévention et d’assurance. Dans une vision de long terme, pour lutter contre le changement climatique, elle s’attache à promouvoir un développement territorial favorisant l’adaptation des populations, la préservation des écosystèmes et une croissance bas carbone.

L’AFD DANS LES OUTRE-MER Depuis 2019, l’ensemble des outils financiers à disposition du groupe s’inscrit dans l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) 1. L’AFD est actuellement le premier partenaire financier du secteur public ultramarin. En volume, les outre-mer représentaient, en 2019, 84 % de la somme totale des engagements du département Trois Océans, soit 1,2 milliard d’euros. Le financement de l’investissement du secteur public s’effectue sous forme de prêts bonifiés au secteur public (collectivités locales, EPCI, établissements publics, associations d’utilité publique), ou sous forme de prêts non bonifiés. Au-delà des prêts bonifiées classiques, l’AFD peut accorder des prêts à court terme aux collectivités publiques, en préfinancement des subventions européennes et d’État (PS2E) et du Fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA) créé en 2020. D’abord déployé à Mayotte dans le cadre du plan de relance, avant d’envisager une extension aux autres DOM, le FCTVA a pour objectif de soutenir l’investissement des collectivités en leur permettant de maintenir un bon niveau de trésorerie. En complément de son activité de prêts, l’AFD met en œuvre des actions d’appui-conseil auprès du secteur public ultramarin. En 2020, ces actions reposaient essentiellement sur le Fonds Outre-mer (FOM). Créé fin 2019 par le ministère des Outre-mer, en cohérence avec les ODD, ce fonds vise notamment à soutenir les actions d’ingénierie et d’assistance à maîtrise d’ouvrage, ainsi qu’à renforcer les projets de coopération régionale englobant les outre-mer. L’action du FOM se poursuivra en 2021 et 2022. Concernant le secteur privé ultramarin, son financement intervient par le biais de prêts directs aux entreprises dans une logique de complémentarité avec le secteur bancaire. Enfin, l’AFD soutient le développement des institutions de microcrédit en contribuant à leur refinancement.  Les ODD définissent 17 priorités adoptées en septembre 2015 par l’ONU dans le cadre de l’Agenda 2030, en vue de construire un monde plus juste et durable. 1

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SAINT-PIERREET-MIQUELON LE PLAN TERRITORIAL POUR LES ITINÉRAIRES DE PROMENADES ET DE RANDONNÉES (PTIPR) Dans l’archipel, ce plan d’actions 2015-2020 piloté par la collectivité territoriale insuffle une dynamique de développement du tourisme et de l’écotourisme.

Outil de gestion des sentiers de randonnée, le PTIPR a été adopté à l’issue d’un inventaire exhaustif du réseau de sentiers de Saint-Pierre-et-Miquelon et après concertation des différents acteurs de l’environnement et usagers de sentiers. « C’est un élément supplémentaire dans le projet écotouristique du territoire, s’appuyant sur la valorisation durable des richesses naturelles du territoire pour développer des produits touristiques nature », pouvions-nous lire dans le rapport d’adoption du PTIPR du 8 avril 2016. In fine, le projet nourrissait ces objectifs : - améliorer le cadre de vie de la population, en assurant confort et sécurité dans la pratique de la randonnée ; - développer le secteur de l’écotourisme en élargissant l’accès aux activités de plein air ; - coordonner et connecter entre eux les outils de découverte tels que : les panneaux d’information en français et en anglais à l’attention des promeneurs au départ des sentiers (tracé de l’itinéraire, durée, difficulté, espèces présentes...) ; les Éco-balades, ces tours guidés proposés depuis 2010 par la Maison de la nature et de l’environnement (MNE) ; le Guide Nature de la MNE qui invite à sillonner l’archipel à travers 15 parcours pédestres ; le Guide des curiosités géologiques de Saint-Pierre-et-Miquelon édité par le BRGM ; divers produits écotouristiques... Au total, 13 sentiers répartis sur les trois îles ont été inscrits au plan : Cap de Miquelon, Belliveau, Buttes Dégarnies, Cap Corbeau, Pointe Plate... Autant de sites dont la Collectivité gère l’entretien, l’aménagement et la sécurisation. De nombreux travaux, dont certains se poursuivent, ont permis d’améliorer l’attractivité des sentiers : élagage, signalétique, balisage, pose ou rénovation de passerelles, aménagement d’aires de repos, caillebotis, installation de toilettes sèches...

Cinq années après le lancement du PTIPR, le bilan de cette démarche prospective est très positif. En effet, les méthodes et techniques d’aménagement ont été adaptées au contexte et aux besoins du territoire, notamment pour répondre aux attentes des usagers sur le plan de l’intégration paysagère. De plus, le PTIPR a permis une montée en compétences des agents en charge de sa mise en œuvre, grâce en particulier à la formation en 2019 des équipes de la Cellule agricole des espaces ruraux et naturels (CAERN) de la collectivité territoriale. Deux organismes sont ainsi intervenus : l’Office national des forêts (ONF), dont un spécialiste venu de La Réunion a dispensé la formation « Balisage et signalétique », et FFRandonnée qui a apporté son expertise précieuse aux équipes de la CAERN en matière de « Conception et réalisation de sentiers en milieu naturel ». Aujourd’hui, les actions se poursuivent sur les sentiers, pour continuer de rendre l’expérience de leur découverte la plus belle possible, dans le respect de la nature.


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Le panneau d’entrée de Belliveau, un parcours côtier de 8,9 kilomètres traversant de beaux massifs forestiers, où il est possible notamment de découvrir l’harelde kakawi (canard plongeur marin), la gesse maritime (plante herbacée) et l’autour des palombes (rapace forestier).

En 2021, les travaux programmés sont l’aménagement du sentier de Belliveau sur la côte Est de Miquelon, et la pose du matériel de signalétique accompagné du balisage. Ce travail de valorisation des sentiers de randonnée de l’archipel s’inscrit pleinement dans la stratégie de sensibilisation à la préservation de la biodiversité et d’éducation à l’environnement, développée avec la création de la Maison de la nature et de l’environnement, véritable centre d’interprétation de la biodiversité locale.

À Miquelon, l’aménagement du sentier de Belliveau comporte au total 1 500 mètres de passerelles à réaliser. Les balises de direction et les panneaux de recommandation vont être réceptionnés courant avril. Ce chantier d’envergure est priorisé par la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon, en raison de fortes attentes des usagers.

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© Karl Questel

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SAINT-BARTHÉLEMY MALGRÉ SA PETITE SUPERFICIE (24 KM2), « SAINT-BARTH » JOUE UN RÔLE CLÉ DANS LA CONSERVATION DE CERTAINES ESPÈCES Forêt sèche, côtes rocheuses, zones humides, plages, herbier sous-marin et récifs coralliens forment les milieux terrestres et marins du territoire. Parmi les animaux et végétaux présents, certains n’existent nulle part ailleurs, hormis sur une poignée d’autres îles ou îlets. C’est le cas d’un reptile, la couleuvre du Banc d’Anguilla, que nous présente l’Agence territoire de l’environnement (ATE) dans son dernier bulletin. parfois arboricole, qui évite de manière générale les terrains à découvert, ce qui lui permet de passer inaperçue aux yeux des faucons crécerelles. À Saint-Barthélemy, les secteurs denses de Broméliacées (Aechmea lingulata et Tillandsia utriculata) représentaient les premières zones d’observation de l’espèce sur le morne de Grand Fond. Les feuillages denses de ces plantes rendaient possible un camouflage rapide du reptile, jusqu’à ce que le surpâturage par les chèvres le prive peu à peu de ses cachettes... Outre la restriction de son habitat, l’espèce subit deux causes majeures de mortalité : des spécimens sont retrouvés écrasés sur les routes (56 % des données de l’ATE sur la mortalité de ce serpent) quand d’autres subissent les attaques des chats (39 % de ces données). © Karl Questel

En dépit d’années de sensibilisation, la majorité des habitants de l’île continue de craindre cet animal pourtant parfaitement inoffensif pour l’homme et classé en danger d’extinction par l’UICN. La découverte de reptiles morts près des habitations, tués par un objet contondant ou une machette, témoigne de cette réalité toujours d’actualité. Ce prédateur carnivore et surtout diurne pouvant atteindre 138 centimètres de long est endémique du Banc d’Anguilla. Il chasse les lézards et peut se nourrir également d’amphibiens, oisillons, petits rongeurs... La couleuvre ou couresse du Banc d’Anguilla aurait disparu de Saint-Martin, où son observation la plus récente remonte à 1996. De nos jours, elle n’est plus visible qu’à Saint-Barthélemy, à Anguilla et sur trois îlets satellites : Scrub Island, Îlet Tortue et Îlet Bonhomme (carte ci-contre). Sur l’île principale de Saint-Barthélemy, son habitat s’étend du bord de mer jusqu’au sommet du morne Vitet, le point culminant de l’île (286 mètres). Cela étant dit, repérer ce serpent dans son environnement naturel relève du défi, tant ses couleurs et motifs se confondent avec le milieu ambiant. De plus, Alsophis rijgersmaei est une espèce de sous-bois, Présence du serpent (en vert) dans le Banc d’Anguilla.


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SAINT-MARTIN Nettoyage de l’Anse des Sables en 2018. © Floriane Amblard

LA REMARQUABLE IMPLICATION DES BÉNÉVOLES DE CLEAN ST-MARTIN

Les actions récurrentes de l’association ont démarré fin 2017, à la suite du passage du cyclone Irma. Grâce à une équipe très énergique et aux courageux efforts des bénévoles, Clean St-Martin conduit régulièrement sur l’île des opérations de ramassage des déchets et souhaite sensibiliser la population. Après le terrible ouragan qui a ravagé l’île en septembre 2017, un collectif s’était constitué pour nettoyer les plages et ainsi permettre aux Saint-Martinois d’y accéder à nouveau sans se blesser en piétinant les multiples débris dispersés par Irma. « La quantité de déchets générée par le cyclone nous a mobilisés chaque dimanche jusqu’à fin 2017 », se souvient Audrey Barbès, présidente de l’association Clean St-Martin, officiellement née 10 mois plus tard. « Nous avons repris le nom du groupe Facebook sur lequel nous communiquions ces rassemblements ». Un groupe ouvert à l’origine en 2015, en écho à l’initiative marseillaise « 1 Déchet par Jour », concept simple misant sur l’effet de « buzz » : ramasser tous les jours un déchet, le jeter à la poubelle et publier un selfie de cette action en invitant cinq « amis » à joindre le mouvement. Le groupe de Saint-Martin défendait lui aussi l’idée que l’addition des petits gestes individuels quotidiens pouvait avoir un impact conséquent dans la lutte contre les déchets sauvages. Depuis 2019 « le rendez-vous écocitoyen du mois », une matinée de nettoyage des plages, étangs ou quartiers de l’île, mobilise ainsi un nombre croissant de participants, une

trentaine en moyenne aujourd’hui. Si, davantage exposée aux courants marins, la côte Est nécessite des interventions plus fréquentes pour ramasser les déchets provenant de la mer, un constat fait par les équipes vient récompenser ces matinées d’efforts : la quantité de déchets évacuée diminue tout de même au fur et à mesure des opérations. L’association évolue de plus en plus vers la sensibilisation des publics à la réduction des déchets. « Nous communiquons dans la presse locale afin de marteler le message » explique Audrey Barbès, qui ajoute : « nous tentons ponctuellement de faire participer des jeunes venant d’associations sportives ou de quartiers prioritaires ». Un partenariat a par exemple été mis en place avec la Protection judiciaire de la jeunesse, pour que des mineurs ayant commis des délits viennent effectuer avec l’association des « mesures de réparation ». Enfin, cette année, en plus des collectes de déchets, Clean St-Martin va donner de son temps pour éveiller les consciences en milieu scolaire. Des actions sont déjà prévues avec deux classes de CM2 du quartier de Sandy Ground, dans le cadre du programme de l’Unesco pour l’éducation au développement durable.

L’association compte une trentaine de membres chaque année. Toutefois, il n’est pas nécessaire d’être membre pour participer aux opérations, qui sont ouvertes à toute la population. Clean St-Martin agit de façon totalement bénévole. Aucun des membres n’est rémunéré et jusqu’à ce jour, l’association a toujours fonctionné uniquement grâce aux cotisations (5 € par an) et aux divers dons. © Grégory Rohard

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MARTINIQUE LE PLAN DE GESTION DU PARC NATUREL MARIN VALIDÉ Ce

document stratégique identifie et priorise au

Le président du conseil de gestion Olivier Marie-Reine et le préfet de la Martinique Stanislas Cazelles. © Playbox Limited

sein du parc les grandes orientations pour les

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prochaines années, à savoir les décisions de

mesures de protection, de connaissance, de mise en valeur et de développement durable.

Olivier Marie-Reine, président du Parc naturel marin de Martinique, a réuni son conseil de gestion le 24 février à la Villa Murat au Robert. À l’issue de trois années de travail, recherches bibliographiques, études de terrain et concertations avec les acteurs du territoire qui agissent en faveur de la biodiversité, le plan de gestion a été adopté par l’ensemble des membres présents. Les réflexions préalables à l’élaboration de ce projet de territoire ont conclu qu’il devait : - s’articuler avec les autres acteurs et outils ; - valoriser, favoriser et encourager les bonnes initiatives ; - accompagner le changement ; - accompagner le territoire dans la mise en œuvre de projets respectueux de notre milieu marin ; - s’ouvrir et partager avec les territoires ; - sensibiliser, former aux métiers de la mer, favoriser l’essor d’activités qui respectent le milieu et le valorisent ; - partager la mer avec tous les Martiniquais et ceux qui viennent découvrir le territoire. Le plan de gestion désormais validé va être soumis à la consultation du public, puis présenté pour approbation au conseil d’administration de l’OFB.

Les membres du conseil de gestion posent pour symboliser leur attachement à la mer. © Playbox Limited

Voici de manière très succincte les huit finalités de gestion retenues, soit les buts à atteindre d’ici 15 ans : 1 - Des femmes et des hommes mobilisés pour faire vivre le lien entre la terre et la mer 2 - Une culture maritime vivante au sein du bassin caribéen 3 - Une gouvernance qui développe et incarne une ambition forte pour la mer 4 - La mer nourricière, par l’utilisation durable des ressources, garante de la pérennité des activités 5 - La mer, un espace de vie avec des activités et pratiques diversifiées, organisées et compatibles avec les objectifs de préservation du milieu marin 6 - Le bon état de l’eau et des sédiments 7 - Des habitats et des espèces en bonne santé 8 - Une présence en mer pour préserver le milieu marin

Comme tout parc naturel marin, celui de Martinique vise la connaissance et la protection du milieu marin ainsi que le développement durable des activités maritimes.

+ d’info ici : www.parc-marin-martinique.fr Programme d’actions 2021

Le conseil de gestion du parc est composé d’acteurs locaux et représentants des usagers du milieu marin. © Playbox Limited


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GUADELOUPE L’ARCHIPEL GUADELOUPÉEN AU SEIN DU SANCTUAIRE AGOA La zone économique exclusive (ZEE) de la Guadeloupe s’étend sur 86 000 km2. Elle fait partie intégrante du sanctuaire Agoa, qui comprend également les ZEE de la Martinique, de Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

Avec plus de 143 000 km , le sanctuaire géré par l’Office français de la biodiversité est la deuxième plus grande aire marine protégée française. Son objectif est la préservation des mammifères marins de la Caraïbe. En effet, en Guadeloupe comme partout sur la planète, ces géants des mers subissent de nombreuses pressions telles que la pollution acoustique, les pollutions physiques et chimiques, ou encore les mauvaises pratiques d’observation en mer. Les mammifères marins sont pourtant indispensables au maintien des écosystèmes marins dont l’Homme dépend. Afin d’améliorer la connaissance de ces majestueux animaux pour mieux les protéger, le sanctuaire Agoa, appuyé par le bureau d’étude Aquasearch, débute en avril une importante série de campagnes d’observation en bateau. Une partie aura lieu autour des îles du Nord entre le 8 et le 30 avril, et une autre autour des îles du Sud entre le 12 avril et le 2 mai. Les observateurs suivront un itinéraire prédéfini composé de plusieurs lignes droites, les transects. Le navire sillonnera une zone de 20 000 km2 autour de la Guadeloupe, soit 1 900 kilomètres de transects pendant 13 jours de navigation. Une seconde campagne aura lieu au second semestre 2021. 2

La baie du Grand Cul-de-sac marin, située dans le vaste sanctuaire Agoa. © Franck Mazéas

Cachalot aperçu au large de Vieux-Habitants. © Dany Moussa | Mon école, ma baleine

UN NOUVEAU SITE WEB POUR SENSIBILISER Pour en savoir plus sur les rôles écologiques des cétacés et sur les pressions qui les menacent, visitez le nouveau site du sanctuaire Agoa : https://www.sanctuaire-agoa.fr/ Vous y trouverez également des informations sur les actions mises en œuvre par l’équipe du sanctuaire et ses partenaires, des fiches sur les mammifères marins de la Caraïbe ou encore la réglementation qui vise à les protéger.

La carte des transects, dans le cadre des campagnes d’observations en mer qui débutent en avril. © Office français de la biodiversité

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PUBLI-COMMUNIQUÉ grandeur Nature

L’IFREMER LANCE UNE ÉTUDE SUR LA PÊCHE RÉCRÉATIVE EN MER AUX ANTILLES Plusieurs enquêtes sur la pêche de loisir en mer, réalisées en métropole entre 2004 et 2020, ont mis en évidence l’importance de cette activité adoptée par 2,5 millions de personnes et caractérisée par une grande diversité des pratiques, une répartition géographique hétérogène ainsi qu’une saisonnalité forte.

Pêche à la canne sur le ponton de Tartane en Martinique. © Ifremer | Jérôme Baudrier

Aux Antilles, la connaissance de la pêche récréative est beaucoup plus parcellaire. L’étude nationale de 2006 à 2008 a été la seule appliquée en outre-mer. Elle a révélé des taux de participation très élevés en Guadeloupe et Martinique, en comparaison aux autres DOM (Guyane, La Réunion) et à la métropole. Outre cette représentativité marquée, l’enquête démontrait des spécificités dans les régions ultrapériphériques. Des travaux entrepris dans certaines îles n’ont cependant pas permis de caractériser précisément la population totale d’usagers récréatifs et sportifs. L’étude exploratoire « RécréaFish » (cofinanceurs : ODE Martinique, OFB, Préfecture de Guadeloupe) a ainsi été lancée via un institut de sondage à l’automne 2020 à l’échelle des Antilles françaises (Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy). Pour la première fois, une estimation de la taille de la population résidente de pêcheurs de loisir pourra être menée sur chaque île. L’enquête vise aussi à caractériser

les impacts économiques de l’activité, mieux connaître le profil des pratiquants ainsi que leurs opinions sur la réglementation et la ressource. Des informations sur les principales captures ciblées par les pêcheurs seront collectées. Pour la seconde phase débutée en février, les sciences participatives sont à l’honneur puisque l’étude va nécessiter la mobilisation de volontaires pour décrire avec précision l’ensemble des sorties effectuées pendant l’année complète : dépenses engendrées, types de pêche, secteurs fréquentés, prises… Le recrutement de pêcheurs aux profils variés (situation géographique, régularité, techniques…) sera l’un des points clefs de la réussite du projet, ces travaux sur la pêche de loisir constituant aujourd’hui un volet indispensable à l’instauration d’une gestion écosystémique des pêches aux Antilles. Contact : Jérôme Baudrier | jerome.baudrier@ifremer.fr


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CIGUATERA : RECHERCHES SUR LES MICROALGUES À EFFETS NOCIFS La ciguatera est une intoxication alimentaire causée par des toxines synthétisées par des dinoflagellés benthiques (microalgues toxiques), qui se bioaccumulent dans certains organismes marins et les rendent impropres à la consommation. Aux Antilles, le taux d’incidence de la ciguatera est plus élevé dans les îles du Nord que celles du Sud, la Martinique formant une zone charnière. Malgré un arrêté préfectoral datant de 2002 limitant la commercialisation de certaines espèces de poissons en Guadeloupe, le nombre d’intoxications est en augmentation ces dernières années aussi bien en Martinique qu’en Guadeloupe.

Dinoflagellés benthiques observés au microscope électronique à balayage (MEB). © Ifremer | Nicolas Chomerat

Le projet CARMEN, cofinancé par la DAAF Martinique et l’OFB, a pour objectifs d’étudier la diversité des dinoflagellés et d’évaluer leur toxicité. Pour faciliter les analyses morphologiques, moléculaires et chimiques, des cultures cellulaires ont été établies à partir de dinoflagellés collectés dans les quatre îles des Antilles françaises. + d’info ici : projet CARMEN Contact : Aurélie Boisnoir | aurelie.boisnoir@ifremer.fr

RESSOURCES BIOLOGIQUES POUR L’AQUACULTURE MARINE : DE NOUVELLES ESPÈCES PROMETTEUSES La totalité de la production piscicole marine antillaise repose sur l’ombrine Sciaenops ocellatus. Cette dépendance à une seule espèce, qui plus est non indigène, représente en soi un frein au développement de la filière pour des questions commerciales, environnementales et économiques. En concertation avec les professionnels et les pouvoirs publics, le projet européen DREAM Antilles1 (Feamp Innovation 2016-2018) a permis d’identifier et d’acquérir des connaissances scientifiques et techniques sur 65 espèces caribéennes potentiellement envisageables pour diversifier la production. + d’info ici : projet DREAM Antilles

Contact : Jean-Claude Falguière | jean.claude.falguiere@ifremer.fr

Reproducteurs de croupia roche Lobotes surinamensis. 1

Parmi elles, le croupia roche et le vivaneau sorbe, retenus en raison de leur valeur commerciale et de leur potentiel en termes d’élevage, font désormais l’objet du projet « Diamant » (Feamp Innovation 2020-2022) portant sur le contrôle de leur reproduction. En 2020, pour la première fois aux Antilles, des pontes ont été enregistrées chez ces deux espèces et des larves viables ont même pu être obtenues chez la sorbe. Ces résultats demandent confirmation afin de pouvoir donner lieu à des travaux sur l’élevage larvaire, et à plus long terme éventuellement sur les premières productions de juvéniles.

Larve de vivaneau sorbe Lutjanus analis à l’éclosion.

Diversification aquacole et recherche sur les espèces autochtones marines des Antilles.

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GUYANE LA RÉSERVE NATURELLE RÉGIONALE TRÉSOR LANCE UNE NOUVELLE COLLECTION DE LIVRETS NATURALISTES L’association Trésor s’est lancée dans l’édition de mini-guides naturalistes de découverte d’une dizaine d’espèces les plus communément observées au long des sentiers dont elle a la gestion écologique : sentier du bagne des A nnamites et sentiers de la réserve naturelle Trésor. Ces guides illustrés visent à exposer l’état des connaissances acquises sur ces deux sites naturels et plus largement en Guyane. Pour entamer la collection, 10 groupes ont été retenus – Amphibiens, Lézards, Oiseaux, Palmiers, Araignées, Papillons Riodinidae, Libellules, Phasmes, Poissons, Graines – le choix définitif des espèces décrites étant directement lié à la quantité de données naturalistes produites, de manière à présenter avant tout les espèces les plus communes. Dans le cadre de ce projet de partage de connaissances et de sensibilisation des publics, l’association Trésor a reçu un appui financier de la fondation Remco Maas Geesteranus, en complément de la dotation courante attribuée par la collectivité territoriale de Guyane. L’identité graphique de la collection a été conçue par Géraldine Jaffrelot. Chaque livret est ensuite réalisé par le personnel de l’association ou par des spécialistes venus effectuer des inventaires in situ. De plus, le projet a bénéficié d’apports de connaissances, d’avis techniques et de certaines illustrations de la part de la communauté naturaliste et scientifique en Guyane et en métropole. Les trois premiers fascicules sont actuellement proposés au téléchargement : Palmiers, Phasmes et Libellules (liens sur les visuels ci-dessus). Quant aux sept autres, ils seront publiés dans le courant de l’année. L’équipe de l’association vous souhaite une belle lecture et, pour celles et ceux qui résident ou sont de passage en Guyane, de bonnes observations lors de vos prochaines sorties le long des sentiers de la réserve. Ces futures observations pourront se révéler très utiles et être communiquées au sein de la base de données participative Faune Guyane.

Orthemis discolor est l’une des libellules les plus fréquemment observées en Guyane. © Jean-François Szpigel

La Réserve naturelle régionale Trésor est née de l’initiative de la fondation hollandaise Trésor qui, au début des années 1990, racheta les terrains à l’évêché de Guyane dans le but d’en faire un site privilégié pour la protection et la promotion du patrimoine naturel guyanais. Sous l’autorité de la collectivité territoriale de Guyane depuis 2009, elle est gérée localement par l’association Trésor, en lien toujours étroit avec la fondation Trésor et le Conservatoire du littoral, propriétaire du site depuis 2015.

À une vingtaine de kilomètres de Roura, facile d’accès depuis Cayenne, la Réserve naturelle régionale Trésor, bien que de taille modeste (25 km2), abrite une biodiversité remarquable et des milieux variés : forêt haute sur sol drainé, forêt marécageuse, savanes humides et collines isolées.

+ d’info ici : Trésor Dessin : © Asso. Trésor


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ÎLE DE LA RÉUNION Cliquer sur le visuel pour l’agrandir.

+ d’info ici : EDF Agir Plus

L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE POUR ACCOMPAGNER LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE

La meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas ! À La Réunion, où la production d’électricité est deux à trois fois plus chère qu’en métropole, la maîtrise de l’énergie est un enjeu majeur. À travers ses offres Agir Plus, EDF aide durablement les foyers réunionnais à réduire leur consommation en énergie.

• Comment un particulier peut-il bénéficier des offres Agir Plus ?

NATHALIE DAMOUR CHEFFE DU SERVICE EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE D’EDF RÉUNION

- Pour accorder les primes aux particuliers, nous travaillons avec notre réseau de partenaires Agir Plus : solaristes 1, poseurs d’isolants, climaticiens, poseurs de brasseurs d’air. Les primes sont accessibles à tous, quels que soient les revenus de chacun. Lorsqu’un foyer est intéressé par des travaux, il est invité à se rendre sur le site internet d’EDF Réunion, sur lequel figure la liste de nos partenaires Agir Plus, ce qui lui permet de demander plusieurs devis. Il est ainsi possible de bénéficier de tarifs très avantageux, voire d’un reste à charge nul. Aujourd’hui, un foyer réunionnais qui souhaite isoler sa toiture ou s’équiper de brasseurs d’air peut le faire de façon gratuite. Pour information, la prime maximale (accessible à 70 % de la population réunionnaise, selon des critères de ressources) s’élève à 1 200 euros pour l’installation d’un chauffe-eau solaire, à 240 euros pour celle d’un brasseur d’air, à 15 euros du m2 pour une isolation de toiture et à 30 euros du m2 pour une isolation murale.

• Quel est le rôle de votre service à EDF Réunion ?

• Les offres Agir Plus sont-elles très demandées ?

- Notre rôle est d’aider les particuliers, entreprises et collectivités à réduire leur consommation d’électricité. Pour cela, nous leur apportons un financement afin qu’ils puissent réaliser des travaux ou s’équiper en matériel performant, moins énergivore. Notre activité est régie par le cadre territorial de compensation, un dispositif validé en 2019 par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) sur proposition du comité MDE (Maîtrise de la demande d’énergie) composé de l’Ademe, la Région Réunion, la DEAL et EDF. Le but était de réfléchir ensemble à des actions d’efficacité énergétique à l’échelle de l’île. Construit collégialement, ce cadre porté par EDF intègre une soixantaine d’actions d’économie d’énergie, avec des niveaux de primes associées financées par l’État, dont nous sommes chargés à EDF du versement.

Concernant les brasseurs d’air (plus de 3 500 installés en 2020), la demande dépasse largement l’offre. EDF Réunion recherche des partenaires Agir Plus dans ce domaine, car nous voulons éviter le développement de la climatisation. Par ailleurs, il faut savoir que la chaleur dans un logement provient à 70 % de la toiture. Quand on isole sa toiture, on peut gagner jusqu’à 5° C de fraîcheur ! Du coup, le fait de cumuler isolation et brasseurs d’air annule normalement le besoin d’un climatiseur. Cela étant dit, nous proposons aussi des primes pour le renouvellement des climatiseurs, avec du matériel économe en énergie. Pour conclure, nous pouvons dire que les actions de MDE portent aujourd’hui leurs fruits. Elles ont contribué à réduire la croissance de la demande en électricité de 8 % en 2000 à 1 % en 2020.

INTERVIEW

Contrairement à la filière de l’isolation qui est encore assez récente (avec un gisement de 16 millions de m2 sur l’île et environ 180 000 m2 isolés en 2020), celle du chauffe-eau solaire est mûre, 70 % des propriétaires de maisons individuelles en étant à présent équipés. 1

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PUBLI-COMMUNIQUÉ grandeur Nature + d’info ici : www.cirad.fr

LA RECHERCHE AU SECOURS DE LA BIODIVERSITÉ RÉUNIONNAISE : LA LUTTE CONTRE LES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES La pérennité des écosystèmes, la protection de l ’ environnement et le maintien de la biodiver sité font partie des thématiques prioritaires de recherche du

I ndien . L a

Cirad Réunion-Mayotte-océan

lutte contre les espèces exotiques

Cartographie des niveaux d’invasion par les espèces exotiques envahissantes dans les milieux naturels à La Réunion (© Cirad).

envahissantes (EEE), espèces dont l’introduction et la propagation menacent la diversité biolo-

… Et d’autres prometteurs !

gique, est un des axes stratégiques du

Le Cirad mène aussi d’autres travaux, mais cette fois-ci afin de trouver des voies de valorisations de ces EEE. C’est le cas de l’exploitation des peuplements d’Acacia mearnsii, un arbre introduit au XIXème siècle et classé dernièrement par la DEAL sur la liste départementale des EEE. Les estimations des spécialistes montrent que cette espèce pourrait constituer un gisement potentiel stratégique de « bois énergie ». Cette valorisation originale contribuerait à l’essor d’une nouvelle filière et participerait à la transition énergétique de La Réunion. Une affaire à suivre en partenariat avec l’ONF !

Cirad dans

la conservation des nombreux habitats naturels et le maintien de la diversité exceptionnelle des espèces indigènes et endémiques.

Le Cirad et le Parc national de La Réunion au chevet de notre flore remarquable Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, La Réunion est un hotspot de la biodiversité mondiale par sa richesse unique de plantes endémiques. Cependant, les plantes exotiques envahissantes sont une des menaces principales pour les forêts indigènes de l’île, ce qui, en chaîne, impacte les habitats et les nombreuses espèces qui les composent. À la demande du Département de La Réunion et de la DEAL du ministère de la Transition écologique, le Cirad et le Parc national de La Réunion, avec l’aide du CNBM et autres partenaires, ont mené une étude pour cartographier le degré d’invasion des habitats, afin d’orienter et prioriser les actions de lutte contre les EEE. Cet outil a identifié 60 000 hectares à fort enjeu de conservation dont 5 000 hectares prioritaires d’actions de correction.

Des travaux très concluants… Parmi les autres travaux réalisés par le Cirad et ses partenaires, la lutte biologique contre la vigne marronne, Rubus alceifolius, est un véritable succès. Introduite à la fin du XIXème siècle, la vigne marronne est devenue une réelle menace pour la biodiversité du fait de ses caractéristiques invasives et de sa capacité de recouvrement qui asphyxie les espèces indigènes. Jusqu’en 2007, la riposte menée était essentiellement mécanique et chimique, mais coûteuse et finalement peu opérationnelle en termes d’efficacité durable à grande échelle. En introduisant la tenthrède Cibdela janthina à La Réunion, un insecte prédateur naturel de la vigne marronne et originaire de Sumatra, le Cirad a trouvé un moyen de lutte biologique singulier qui s’est avéré à terme efficace et beaucoup moins onéreux que les luttes traditionnelles et ceci malgré une défiance au départ des apiculteurs.

Prolifération de Rubus alceifolius au sein d’une forêt indigène de La Réunion (© Marion Dailloux | Cirad)

Prolifération d’Acacia mearnsii dans les massifs forestiers réunionnais (© Marion Dailloux | Cirad)


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L’ENVIRONNEMENT AU CŒUR DES PROJETS PORTUAIRES ET TERRITORIAUX Le Schéma directeur du patrimoine naturel (SDPN) reflète une volonté forte de port réunion : mieux connaître les milieux naturels du domaine portuaire, de façon à préserver les zones d’intérêt. Dans ce cadre, des inventaires en milieu marin ont révélé des pépites de biodiversité méconnues ! Premier port d’outre-mer et 4ème port français en termes de trafic de conteneurs, Port Réunion, nom commercial donné au Grand Port maritime de La Réunion, est l’un des principaux moteurs économique de l’île. Dans son Projet stratégique 2019-2023, Port Réunion accentue son engagement environnemental en affichant une ambition phare de « port responsable ». « La mise en œuvre des actions de notre Schéma directeur du patrimoine naturel (SDPN) sert cette ambition. Conscients de la richesse écologique de notre domaine mais manquant de connaissances, nous avons initié le SDPN fin 2015 selon une démarche volontaire, avec l’aide des collectivités et associations locales », précise Priscille Labarrère, responsable du service Environnement et aménagement de Port Réunion.

Autant de connaissances qui aideront à mieux prendre en compte le patrimoine naturel dans la politique d’aménagement du port. « Nous partageons ces données avec nos partenaires – État, collectivités, associations – dans une logique de gestion concertée visant le développement harmonieux du territoire réunionnais. » Avec le SDPN, Port Réunion se donne ainsi les moyens de préserver la biodiversité marine, en intégrant ses activités portuaires et industrielles dans un contexte plus large et en améliorant la connaissance des écosystèmes présents grâce à un réseau de partenaires scientifiques, y compris en zones profondes. + d’info ici : le SDPN de Port Réunion

Pour mieux connaître la biodiversité du territoire du port, des inventaires et suivis biologiques ont été réalisés sur un périmètre allant de la rivière des Galets à la Grande Chaloupe. Ils ont mis en évidence un patrimoine écologique insoupçonné : 78 espèces de coraux, 183 de poissons, 84 de macro-invertébrés, mais aussi une espèce jamais décrite de crinoïde, de magnifiques millépores et gorgones... Par ailleurs, au niveau terrestre, dans l’embouchure et le lit de la Ravine à Marquet et de la rivière des Galets, de même que sur le littoral, le SDPN a permis d’identifier 216 espèces de plantes, 12 bénéficiant d’un statut de conservation défavorable, dont trois protégées. Pour la première fois, la faune, la flore et les habitats naturels du domaine portuaire ont pu être recensés, identifiés et cartographiés. Une coulée boueuse de flan de volcan.

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Dans une zone de lahar 1 profond, les inventaires sur lesquels se base le SDPN ont permis d’identifier de riches peuplements benthiques de coraux, ou encore ici de gorgones. © Creocean

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MAYOTTE LA SENSIBILISATION POUR LUTTER CONTRE LE LAVAGE EN RIVIÈRE Comme chaque année, la Journée internationale d’action pour les rivières s’est déroulée le 14 mars. Un événement mondial né en 1997 au Brésil, lors du premier Sommet international des personnes affectées par les barrages, pour dénoncer les effets de ces aménagements : obstacle à la migration des poissons et à la circulation naturelle des sédiments, risque d’inondations en cas de rupture, mais aussi de sécheresses, car le gain de réserves en eau augmente les usages de la ressource... À Mayotte, la journée dédiée aux rivières a été relayée par la fédération Mayotte Nature Environnement (MNE). « L’occasion de célébrer des victoires au sujet de la conservation des rivières, des actions positives ayant eu lieu dans l’année, ou encore de dévoiler de nouveaux projets de sensibilisation », s’enthousiasme Houlam Chamssidine, président de MNE. Parmi ces projets, une vidéo conçue pour combattre la persistance de mauvaises pratiques observées dans les rivières : lavage de linge et de voitures notamment. Selon l’Insee, trois ménages mahorais sur dix ne possédaient pas l’eau courante à leur domicile en 2017. Concentrées essentiellement dans la partie nord de l’île, la vingtaine de rivières pérennes de Mayotte (Bouyouni, Ourovéni, Gouloué, Koualé...) constituent de ce fait un moyen d’accès à l’eau. Au quotidien, quantité de produits nocifs, lessive et eau de javel en particulier s’y déversent, portant atteinte à la nature et à la population : pollution de l’eau, asphyxie des poissons en raison de la prolifération d’algues due aux phosphates des lessives, écoulement jusqu’au lagon...

Une vingtaine de lavandières avaient ainsi été convoquées par le tribunal de Mamoudzou début 2019 pour un simple rappel à la loi, faute d’alternatives à leur proposer. Quant au lavage des véhicules en rivière, il est interdit sur l’île depuis juillet 2008. Pour faire évoluer ces habitudes coutumières préjudiciables à l’environnement, il faudra sans doute encore du temps, la mise en œuvre de solutions pérennes (lavoirs publics de proximité, zones aménagées avec lagunage...) et une communication forte pour sensibiliser aux dangers environnementaux et sanitaires associés à ces pratiques. Avec le soutien de l’ARS, en lien avec le ministère de la Justice et l’association Yes We Can Nette, la MNE a ainsi créé cette vidéo (ci-dessous) qui sera visible au tribunal par les futures lavandières en infraction et plus largement par le grand public mahorais, via des diffusions télévisées et radiophoniques, ainsi que sur les réseaux sociaux. Pour consulter le site de Mayotte Nature Environnement : MNE

Aperçu de la vidéo de sensibilisation de Mayotte nature environnement (cliquer sur l’une des images pour y accéder). © MNE


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L’ENTRETIEN RÉGULIER DES RIVIÈRES, UNE MISSION DE SERVICE PUBLIC DU DÉPARTEMENT En

tant que gestionnaire du domaine public fluvial, le

Conseil départemental de Mayotte1 a une obligation réglementaire d’entretien courant des cours d’eau et des berges à travers l’île. Toute l’année, les agents du service environnement se mobilisent pour veiller à remplir cette mission. Le 8 mars par exemple, alors que la population mahoraise était confinée en raison de la crise sanitaire, deux interventions simultanées ont eu lieu à Acoua et M’Tsangamouji, avec l’aide logistique d’équipes municipales de ces deux communes. En effet, les 20 et 21 février, de fortes précipitations orageuses se sont abattues sur Acoua, causant des crues, d’importantes inondations et de sévères dommages aux habitations riveraines. Les débits concentrés sur un resserrement de la rivière canalisé en aval ont en effet eu pour conséquence une montée soudaine des eaux. Des tôles contondantes de clôture arrachées par la crue, des arbrisseaux couchés et des amoncellements de déchets verts, mais aussi ménagers, étaient ainsi dispersés le long d’un tronçon de 100 mètres. Quant au déploiement des agents à M’Tsangamouji, il s’est agi de retirer du lit mineur un imposant manguier tombé en travers de la rivière. En pleine saison des pluies, cet arbre représentait un embâcle sérieux faisant courir un risque de débordement du cours d’eau et d’inondation des logements situés en aval et à proximité du site. Article L215-14 du Code l’Environnement : « L’entretien régulier a pour objet de maintenir le cours d’eau dans son profil d’équilibre, de permettre l’écoulement naturel des eaux et de contribuer à son bon état écologique ou, le cas échéant, à son bon potentiel écologique, notamment par enlèvement des embâcles, débris et atterrissements, flottants ou non, par élagage ou recépage de la végétation des rives ».

Le tronçonnage du manguier à M’Tsangamouji a permis de restaurer le libre écoulement de la rivière.

Ces opérations d’entretien ont pour objectifs principaux d’assurer le libre écoulement des rivières afin de réduire le risque d’inondations dues aux embâcles, et de préserver les écosystèmes des cours d’eau, et par extension du lagon.  Unique collectivité d’outre-mer responsable du DPF.

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L’intervention à Acoua a libéré la rivière des nombreux déchets qui s’y étaient accumulés. Les agents d’entretien des rivières du Bureau de gestion de l’eau ont ainsi évacué 21 sacs de 100 litres de déchets ménagers, 10 m3 de déchets verts, 2 m3 de ferraille et 5 m3 de bois débités.

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ASSOCIATION ACEEM : MDOUMBAJOU, L’ANCIEN PADZA REBOISÉ Membre

de la

Fédération

mahoraise des associations environnementales

(FMAE), l’Association

Moinatrindri (ACEEM) oeuvre depuis deux décennies au reboisement et à la valorisation d’un ancien padza1 à Bouéni, dans le sud de Mayotte. culturelle éducative et environnementale de

Au village de Moinatrindri, dans la commune de Bouéni, le lieu-dit de Mdoumbajou s’étend sur près de 10 hectares. Haoussi Boinahedja, président de l’ACEEM, a grandi ici. Quand il se remémore son enfance, d’aussi loin qu’il s’en souvienne, il a toujours connu la terre rouge du padza mise à nu, sans arbre. Il n’a jamais vu ici de cultures sur brûlis et pense que le padza s’est formé par érosion naturelle. « Quand j’étais petit, on se faisait glisser sur les collines, elles étaient dénudées. Nos mamas ne nous ont pas parlé de pâturages intensifs. » Les mamas, ce sont les femmes du village qui ont commencé, à la fin des années 1990, à planter de l’acacia (Acacia mangium) sur cette terre si érodée qu’elle évoquait un paysage lunaire. « Il a fallu partir de zéro, revégétaliser entièrement le padza », continue Haoussi Boinahedja. Vingt ans plus tard, après tous les efforts entrepris par les mamas et l’ACEEM, le site est métamorphosé. « On marche sur un matelas de feuilles, les makis sont revenus, les oiseaux sont là ». Et d’ajouter avec un sourire : « Dans notre société matriarcale, seuls les projets portés par les femmes aboutissent ! Au début, elles perdaient 30 % des acacias plantés, c’était difficile. Il a fallu beaucoup de patience pour arriver au résultat que nous avons aujourd’hui. » Un reboisement progressif a ainsi transformé Mdoumbajou, plant après plant, kashkazi après kashkazi, la saison des pluies en shimaoré. « Cela n’est possible qu’à cette période de l’année, de décembre à avril. Le reste du temps, le sol est bien trop sec pour que nous puissions fixer les plants en terre », nous explique le président de l’ACEEM, fier que son association créée en 1997 vienne d’être retenue avec cinq autres associations du sud de l’île par la FMAE 2, pour être accompagnée dans sa démarche de protection du lagon.

« L’acacia, qui a permis de reverdir le site, a fait son temps. On va l’éliminer peu à peu, car c’est une plante envahissante, et la remplacer par des essences indigènes : arbres fruitiers, plantes et fleurs médicinales... Mais il faut travailler délicatement car nous sommes sur un ancien padza, un sol très fragile que nous devons traiter avec précaution. » Une haie végétale est en projet à court terme, pour délimiter le terrain des propriétés privées voisines. Mais Haoussi, dont l’association ACEEM devrait devenir gestionnaire du site, nourrit un autre rêve : créer sur l’ancien padza un parc botanique aménagé en plusieurs espaces : pépinière, plants de vanille, d’agrumes, etc. Avec des bancs pour les promeneurs, une petite boutique qui procurerait quelques revenus à l’association... Un projet en cours de rédaction, susceptible d’attirer des touristes et de créer des emplois. Souhaitons-lui de faire de ce nouveau rêve une réalité.  Terre aux sols rougeâtres dégradée par une très forte érosion d’origine naturelle ou anthropique, où l’eau ne peut plus s’infiltrer. 2  Et ses partenaires dont la CCSud, le Parc naturel marin et le CD976. 1

Mdoumbajou dans les années 1990, puis après les efforts de reboisement pour stabiliser le site et ainsi protéger le lagon de l’envasement.


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TAAF Le parcours de la mission. © Sébastien Hervé | UBO-IUEM-LEMAR

CAP VERS LES MERS AUSTRALES À BORD DE L’EXPÉDITION SWINGS

L a campagne océanographique SWINGS, qui a eu lieu du 13 janvier au 8 mars, est une contribution majeure de la France au programme mondial Géotraces, qui élabore depuis 2010 un atlas des éléments chimique des océans. Le but : mieux comprendre le rôle de l’océan Austral dans la régulation du climat. Ils étaient 48 scientifiques de diverses nationalités à embarquer le 13 janvier à bord du Marion Dufresne, pour participer durant 52 jours à la campagne SWINGS (South West Indian Geotraces Section), initiée par deux chercheuses du CNRS : Catherine Jeandel, océanographe géochimiste du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (Legos) basé à Toulouse et Hélène Planquette, biogéochimiste marine du Laboratoire des sciences de l’environnement marin (Lemar) de Plouzané près de Brest. L’objectif principal de cette mission pluridisciplinaire qui a mobilisé des spécialistes en géologie, chimie, biologie, physique et climatologie : essayer de mieux comprendre les mécanismes qui séquestrent le CO2 atmosphérique dans ce secteur de l’océan Austral (voir la carte). En effet, les scientifiques estiment que cet océan absorbe environ 15 % des émissions de CO2 d’origine humaine, ce qui en fait un acteur majeur de la régulation du climat : en soustrayant de grandes quantités de gaz carbonique, l’océan Austral contribue à réguler la concentration des gaz à effet de serre, donc le climat. En revanche, il subit le changement climatique : le CO2 en excès génère une acidification de l’eau qui est nuisible aux micro-organismes en surface. Le plancton, soit plus de 95 % de la biomasse des océans, est ainsi impacté. L’océan peut absorber le CO2 de l’atmosphère via un processus qui est soit physique – par dissolution naturelle des gaz, favorisée par les eaux froides – soit biologique, par photosynthèse du phytoplancton. Sur ce second point, le phytoplancton a besoin de certains éléments chimiques présents dans l’eau de mer en infimes quantités. Or le réchauffement climatique a pour effet attendu d’altérer ces apports d’éléments nutritifs à l’océan. Ce sont ces « éléments traces » que ciblent les prélèvements de Swings : des sels nutritifs et des métaux-traces à la base de la vie marine, comme le fer, essentiel à la photosynthèse. « Pour les traces de fer, cela revient à rechercher la matière d’un trombone qui aurait été dissous dans 30 piscines olympiques ! », lance Hélène Planquette dans CNRS le Journal.

Au cours de ces huit semaines intenses d’exploration et de mesures, les scientifiques ont ainsi œuvré nuit et jour selon de très stricts protocoles, pour collecter sur toute la colonne d’eau et à l’aide d’équipements de pointe – utilisation de deux rosettes, carottage sédimentaire... – des échantillons contenant les précieux « traceurs ». Une fois analysés, les prélèvements devraient améliorer l’état des connaissances sur les éléments nutritifs clés pour le phytoplancton : d’où ils viennent, comment ils se transforment, comment ils sont transportés au gré des courants océaniques et enfin sédimentés dans les abysses. « Il est indispensable de déterminer les sources de ces éléments en traces. Arrivent-ils par les vents, par les courants, par les sédiments ou les sources hydrothermales profondes ? Comment sont-ils transportés au sein de l’océan : sous forme de particules ou dissous dans les courants ? Comment sédimentent-ils et à quelle vitesse ? », s’interroge Victoria Lascaux, membre de l’équipe Exploreur de l’université de Toulouse et auteure du journal de bord de l’expédition édité en partenariat avec CNRS Le Journal . « Une mission de l’ampleur de SWINGS est l’occasion rêvée pour récupérer une multitude de données et ainsi saisir l’ensemble des mécanismes permettant de séquestrer du CO2 dans cette région du monde » résume-t-elle. + d’info ici : Le journal de bord de la mission SWINGS

(articles de Victoria Lascaux, du média Exploreur)

https://swings.geotraces.org/

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PUBLI-COMMUNIQUÉ grandeur Nature + d’info ici : https://fondationmersaustrales.fr/

UN PARTENARIAT INÉDIT POUR LA SAUVEGARDE DES RAIES DANS LES MERS AUSTRALES Ils se sont tous mis autour de la table depuis 2018, chercheurs, professionnels de la pêche, représentants de l’administration, pour élaborer ensemble un projet permettant de mieux connaître les espèces de raies présentes dans la zone d’activité de la pêcherie de légine australe autour des archipels de Crozet et Kerguelen (TAAF). En effet, la connaissance des milieux est la clef de voûte d’une gestion adaptée. Et c’est sous la forme d’une thèse, portée par le Muséum national d’Histoire naturelle et cofinancée par la Fondation d’entreprises des Mers australes (fondée par les armements réunionnais de pêche à la légine) et la collectivité des Terres australes et antarctiques françaises, gestionnaire de la pêcherie, que ce projet a vu le jour.

rencontrer tous les acteurs et de contribuer à l’amélioration des connaissances biologiques et des pratiques de pêche pour répondre aux enjeux de conservation de la pêcherie de légine des mers australes ».

La thèse en cours vise à mieux connaître les espèces de raies préDepuis le 1er novembre, Johanna Faure, sentes, leur cycle de vie (croissance, 23 ans, a débuté ses travaux de thèse fécondité), leur régime alimentaire, au sein du laboratoire BOREA1 à Paris, leur habitat et leur aire de répartisous la direction de Clara Péron et tion géographique, et aussi à estiGuy Duhamel. La doctorante n’est pas mer la taille des populations. Ainsi novice en la matière. Lors de son Maselle permettra de déterminer l’état ter 2 en Sciences de la mer spécialité de ces différentes populations de « Océanographie biologique, écologie raies et de comprendre l’impact marine » à Marseille, la jeune femme des captures sur leur dynamique. avait déjà étudié la pêcherie de légine L’ensemble de ces informations est pendant son stage de fin d’étude, et primordial pour permettre à l’admiavait intégré par la suite le laboratoire nistration de mettre en place des Johanna Faure. © Valentine Burnez BOREA en 2019, pour étudier les capmesures de gestion adaptées à cet tures accessoires de la pêcherie. environnement si particulier que sont les TAAF, et aux marins-pêcheurs La Fondation d’entreprises des Mers australes a égad’adopter les pratiques visant à protéger toujours plus lement obtenu pour ce projet un soutien financier du l’écosystème dans lequel ils évoluent. Trois compofonds Ocean Stewardship Council (OSF) du MSC (Marine santes : scientifique, professionnelle et administrative. Stewardship Council). Ce fonds vise à accompagner les Ne s’agit-il pas là des ingrédients de base d’une gestion parties prenantes d’une pêcherie certifiée dans leur proécosystémique pour une pêcherie ? Résultats attendus cessus d’amélioration continue des pratiques. En effet, la d’ici trois ans. Souhaitons bon courage à la doctorante ! pêcherie de légine australe fait l’objet d’une certification à travers le Syndicat des armements réunionnais de palangriers congélateurs (SARPC) depuis 2013. La pêcherie palangrière à la légine australe est d’ailleurs reconnue par beaucoup comme l’une des pêcheries les plus exemplaires au monde. Elle évolue dans la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, classée en 2019 au patrimoine mondial de l’Unesco, ce qui justifie les moyens déployés pour la recherche perpétuelle de l’excellence. Comme en témoigne Johanna Faure, « l’étude des milieux marins exploités implique un fort niveau de collaboration entre les scientifiques, les gestionnaires et les professionnels de la pêche. Je trouve cet aspect très stimulant. J’ai hâte de 1

Biologie des organismes et écosystèmes aquatiques.

Le navire Île Bourbon de l’armement Sapmer dans le golfe du Morbihan aux Kerguelen. © Sapmer


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

RÉDACTION : FRÉDÉRIC DUCARME

NOUVELLE-CALÉDONIE LES « FANTASTIQUES GRAND-MÈRES » QUI TRAQUENT LES SERPENTS DE MER DANS LA BAIE DE NOUMÉA D e M adame D oubtfire à A rsenic & vieilles dentelles en passant par Miss Marple, le cinéma nous a toujours appris à nous méfier des grandmères à l’air trop respectable. Et pourtant, qui se douterait, en les voyant, de ce que font ces sept retraitées qu’on voit souvent barboter dans la jolie baie des Citrons à Nouméa ?

Le tricot rayé, célèbre en Nouvelle-Calédonie, fait partie des serpents de mer les plus venimeux parmi la quinzaine d’espèces recensées localement. © Frédéric Ducarme

Sept dames affables et bien sous tous rapports, parfaitement insoupçonnables : anciennement enseignante, secrétaire, banquière, laborantine ou employée de l’hôpital… Vêtues de probité candide et de néoprène pour nager leurs trois kilomètres quotidiens, éclatant de rire dans leurs tubas entre deux descentes entre les eaux turquoise de la capitale néo-calédonienne, elles n’ont a priori pas grand-chose pour retenir l’attention. Mais alors, comment ces femmes sont-elles devenues les héroïnes d’un court-métrage primé, mondialement connu et au titre énigmatique, The Fantastic Grandmothers1 ? De Mitch Buckley, 2019 ; « Dugong d’argent » au Festival international de l’image sous-marine de Nouvelle-Calédonie en 2020.

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Il va falloir mettre la tête sous l’eau pour avoir la réponse : entre leurs palmes se faufilent furtivement de longs serpents de mer, de la famille des élapidés, qui compte les espèces les plus venimeuses qui soient. Nos fantastiques grand-mères sont en fait occupées à suivre ces reptiles pour étudier leur mode de vie, tout en les photographiant afin de recenser les différents individus, reconnaissables aux motifs uniques que forment les taches sur leurs flancs. Toutes ces observations, menées sous la houlette de leur amie Claire Goiran, enseignante-chercheuse à l’université de la Nouvelle-Calédonie, ont permis de révolutionner le peu qu’on croyait savoir sur ces animaux. Leurs données ont ainsi déjà permis la publication d’une étude scientifique 2, et plusieurs autres sont en cours. Ces serpents de mer, malgré leur venin foudroyant, s’avèrent en réalité des compagnons de baignade plutôt sympathiques : parfaitement conscients de n’avoir rien à craindre d’un quelconque prédateur, ils se laissent approcher très facilement, et semblent ne prêter aucune attention à ces femmes qui se relaient en apnée pour documenter leurs chasses du jour et leurs gracieuses acrobaties sousmarines. Seule la chercheuse Claire Goiran s’autorise – quand la science le nécessite – à les manipuler, et ils semblent se laisser faire docilement. Même en sachant cela, nombre de plongeurs n’osent cependant jamais s’approcher de ces animaux, tandis que nos courageuses grand-mères les fréquentent si assidument qu’elles les ont baptisés de noms amicaux, comme Riri, Emma ou Kaya et sa tache en forme de cœur... L’acrobatie photographique ne leur suffisant manifestement pas, les FGM ont aussi participé à la mise en place d’un ambitieux programme de télémétrie acoustique, qui a permis grâce à de petits émetteurs placés dans l’abdomen des serpents d’étudier leurs stratégies de chasse au poissonchat rayé, un poisson lui-même très venimeux 3. Les serpents ne sont d’ailleurs pas leur unique passion, puisque les FGM ont désormais élargi leurs protocoles d’observation aux antennaires (« poissons-pêcheurs » prédateurs d’affût proches des baudroies, extrêmement bien camouflés) et aux nudibranches (limaces de mer multicolores). Leur notoriété leur a aussi ouvert les portes de certaines institutions, et elles sont désormais éco-sentinelles pour la mairie de Nouméa, leur connaissance de la baie leur permettant de détecter précocement tout changement dans l’écosystème, comme une pollution ou une prolifération. Elles signalent également les œufs de requinsléopards à l’aquarium de Nouméa, qui s’occupe ensuite de les incuber dans des conditions favorables avant de relâcher les nouveaux-nés, et les autorités de la province Sud leur ont même octroyé l’autorisation exceptionnelle de s’approcher des tortues marines – espèces strictement protégées – pour les photo-recenser sur ce site. Photos de la page : © Claire Goiran (1 et 3) et Monique Mazière (2et 4), l’une des fantastic grandmothers.

Goiran, C., and Shine, R.. 2019. Grandmothers and deadly snakes: an unusual project in “citizen science”. Ecosphere 10(10):e02877. 10.1002/ecs2.2877. 3 Udyawer V, Goiran C, Chateau O, Shine R (2020) Swim with the tide: Tactics to maximize prey detection by a specialist predator, the greater sea snake (Hydrophis major). PLoS ONE 15(10): e0239920. doi:10.1371/journal.pone.0239920 2


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Cette success-story est donc avant tout une histoire de confiance : confiance entre des amies qui nagent ensemble et se surveillent mutuellement dans cet environnement magnifique mais sauvage, confiance entre elles et ces animaux avec qui la séduction a été réciproque, confiance aussi de la communauté scientifique, qui rechigne encore souvent à accepter la contribution d’« amateurs » qui n’ont pas passé tous leurs galons universitaires avant de mettre les palmes à l’eau. Confiance enfin des institutions locales qui ont vu dans ce projet fou un groupe de citoyennes motivées et fiables, capables de participer à des missions de service public telles que la surveillance de l’écosystème, la prévention, et la médiation avec les touristes peu au courant des dangers et des merveilles de la mer. De toute manière, une recherche française dont les effectifs s’amenuisent d’année en année ne peut qu’accueillir favorablement une contribution bénévole de qualité.

De tels groupes d’amis existent dans tous les outre-mer, qu’on sait être des destinations privilégiées par les retraités. À la Réunion, c’est aussi un retraité qui a coordonné un inventaire de la faune du lagon, photographiant avec une poignée d’amis près de 2 000 espèces marines, dont certaines n’avaient encore jamais été observées 4. Les Antilles, la Polynésie, la Guyane, Mayotte, ou Saint-Pierre -et-Miquelon fourmillent de bonnes volontés similaires qui n’attendent que cette confiance des institutions pour mettre leur passion au service de leurs concitoyens – ou un exemple pour se lancer. Pour qui sont ces passions qui sifflent dans nos têtes ?

Bourjon P., Ducarme F., Quod J-P., Sweet M., Involving recreational snorkelers in inventory improvement or creation: a case study in the Indian Ocean, Cahiers de Biologie Marine 59, 451460, DOI: 10.21411/CBM.A.B05FC714.

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Les images prises sous l’eau par les fantastic grandmothers ont par exemple permis de faire avancer les connaissances sur une espèce de serpent marin méconnu, l’Hydrophis major. Voici celui que les FMG ont surnommé « Blanco 2 » (et qui serait particulièrement sympathique !) ici photographié par Aline Guémas, l’une des sept grand-mères bénévoles. © Aline Guémas

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PUBLI-COMMUNIQUÉ grandeur Nature

RETOUR SUR LE MOIS DE SENSIBILISATION AUX HERBIERS SOUS-MARINS Moins

connus que les récifs coralliens ou mangroves auxquels ont les associe, les herbiers marins

sont pourtant un des plus importants écosystèmes côtiers de la planète.

Alors que s’est achevé le mois de mars consacré à la sensibilisation aux herbiers, revenons sur les précieux services qu’ils rendent à l’humanité et les menaces qui pèsent sur eux. Les herbiers marins s’étendent sur environ 300 000 km², ce qui semble peu au regard de l’immensité de l’océan (ils couvrent moins de 0,1 % des fonds marins), mais suffit à en faire un des plus vastes écosystèmes côtiers du fait de leur présence dans les eaux littorales de faible profondeur. Contrairement aux apparences, ces écosystèmes uniques ne sont pas constitués d’algues mais de plantes à fleurs, les phanérogames, formant de grandes prairies extrêmement complexes et productives, et d’une grande richesse biologique. Ces caractéristiques font des herbiers de véritables nurseries pour de nombreuses espèces du milieu marin qui viennent s’y nourrir, s’y reproduire, s’y abriter. Les herbiers marins sont ainsi un important soutien de la sécurité alimentaire car ils constituent le lieu de vie des juvéniles d’espèces d’intérêt commercial (morues, colin, etc.) sur lesquels reposent des pêcheries entières, et jouent un rôle indéniable dans l’approvisionnement alimentaire local des communautés avoisinantes. Les herbiers marins représentent également un haut lieu de biodiversité abritant des espèces emblématiques et protégées du milieu marin comme les tortues marines qui s’y nourrissent et s’y reproduisent, certains cétacés comme les dugongs ou les dauphins, ou encore une centaine d’espèces de raies et requins.

Sur le plan de la lutte contre le changement climatique, les herbiers marins jouent là encore un rôle indispensable. Ce sont en effet des puits de carbone très efficaces et on estime qu’ils stockent jusqu’à 18% du carbone capté par l’océan. Ce faisant, ils contribuent à atténuer localement des phénomènes tels que l’acidification des eaux, ce qui favorise l’adaptation des espèces calcifiantes à proximité. Enfin, leur localisation côtière fait des herbiers marins des écosystèmes tampons qui contribuent d’une part à réduire l’érosion du littoral en atténuant la houle et les effets des tempêtes, et d’autre part à filtrer les eaux en retenant nutriments et sédiments terrestres, ce qui améliore la qualité globale du milieu. Cependant, ces écosystèmes subissent de fortes pressions partout dans le monde et près de 30 % de leur surface a déjà disparu depuis la fin du XIXème siècle. Aujourd’hui encore, on estime que 7 % des herbiers marins disparaissent chaque année (à titre illustratif cela représente un terrain de football toutes les demi-heures). Les principales menaces sur les herbiers sont les pollutions d’origines industrielles et agricoles, l’aménagement du littoral et le changement climatique. Certaines pratiques de pêche ainsi que les dégradations physiques directes (ancrages, piétinement, etc.) constituent également des menaces importantes. Afin de préserver ces écosystèmes dans les outre-mer français (qui abritent environ un quart des espèces de phanérogames connues), l’IFRECOR continue de déployer son réseau de surveillance des herbiers marins et de développer des outils permettant d’améliorer leur suivi.

+ d’info ici : https://ifrecor.fr/ressources-mangroves-et-herbiers/

Rapport des Nations unies « Herbiers marins : un poumon vert indispensable pour la planète et l’humanité » (rapport et synthèses en français) : https://www.grida.no/publications/479 © Franck Mazéas | Documentation IFRECOR


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© Fanny Kerninon

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WALLIS-ET-FUTUNA LE RÉSEAU DE SURVEILLANCE DES RÉCIFS CORALLIENS DE WALLIS, FUTUNA ET ALOFI À travers l’archipel, le service territorial de l’Environnement s’est doté d’un réseau de surveillance des récifs coralliens selon des techniques déployées en Nouvelle-C alédonie. Les 12 nouvelles stations ainsi créées en 2019 viennent compléter le réseau de six stations Polynesia M ana mis en oeuvre depuis 1999. La surveillance des récifs est réalisée une fois par an, à la même période de l’année, par les techniciens du service territorial de l’Environnement de Wallis-et-Futuna. L’objectif : surveiller l’évolution de l’état de santé des récifs coralliens sur la longue durée. En effet, ces derniers, qui forment l’un des écosystèmes de la planète les plus riches en biodiversité, sont en forte régression dans le monde car fragilisés notamment par le changement climatique, la pollution des eaux, la surpêche ou encore la recrudescence d’une étoile de mer, l’acanthaster pourpre (Acanthaster planci), un prédateur invasif redoutable. Les données collectées localement dans les 18 stations de suivi de l’archipel grâce à des observations faites en apnée – aucun prélèvement n’est effectué – servent de signaux d’alerte en cas de dégradations des récifs. Balisée par des piquets métalliques fixés au fond de l’eau, chaque station, constituée d’une portion de récif de 500 m2 elle-même divisée en quatre secteurs, a été choisie sur la base de critères écologiques, géomorphologiques et logistiques. Les zones retenues hébergent ainsi des récifs peu profonds situés à l’abri des houles et des vents dominants, représentatifs des différents types de coraux présents autour des trois îles et facilement accessibles aux plongeurs. Le protocole de suivi s’inspire de techniques standardisées qui ont été développées par l’ONG internationale Reef Check  et utilisées en Nouvelle-Calédonie, avec quelques adaptations locales (le suivi de certaines espèces de poissons pêchées à Wallis-et-Futuna par exemple). Dans chaque station, le travail d’inventaire repose sur quatre catégories d’observations : la nature du fond ou habitat récifal, le peuplement de poissons – diversité, densité, taille des espèces cibles prédéfinies – le peuplement de macro-invertébrés comme les oursins diadèmes, bénitiers ou encore trocas, et enfin sur les perturbations récifales : densité des invertébrés corallivores (Acanthaster et Drupella), coraux cassés récemment, coraux malades, détritus… Le croisement de ces informations permet de préciser l’état de santé des récifs par station, année après année.

Les techniciens assurant les suivis des récifs coralliens.

La première étape consiste à retrouver les piquets matérialisant la station. À l’aide d’un GPS, les observateurs balisent en surface le démarrage et la fin de la station avec deux bouées.


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Ci-dessus : la localisation des 18 stations de surveillance des récifs coralliens de l’archipel. Ci-dessous : dans chacune des stations, la nature du fond est répertoriée tous les 50 centimètres le long d’un ruban métré.

Florian Le Bail, chargé de mission Biodiversité au service territorial de l’Environnement de Wallis-et-Futuna : « L’état de santé des récifs sur l’archipel est variable en fonction des stations de suivi. Les résultats des premiers suivis indiquent cependant que ces récifs sont en état satisfaisant, notamment au niveau de la couverture corallienne. Ces résultats vont à l’encontre des précédentes études, qui indiquaient notamment une pauvreté corallienne au sein du lagon de Wallis. Il est probable que les processus naturels récents (recrutement corallien, survie post-installation des larves, croissance) aient été bénéfiques. »

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POLYNÉSIE FRANÇAISE ÉVÉNEMENT MAJEUR POUR LA BIODIVERSITÉ POLYNÉSIENNE : UN SITE DE PONTE DE TORTUES IMBRIQUÉES CONFIRMÉ AU FENUA

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À l’extrémité orientale de l’archipel des Tuamotu, L’atoll de Reao est désormais officiellement répertorié comme site de ponte de tortues imbriquées en Polynésie française. G râce à un partenariat avec l’asso ciation Clermont-Tonnerre, la Diren dit avoir pu « effectuer le suivi d’un site de ponte exceptionnel ». Même si les connaissances scientifiques sur les tortues de mer restent limitées en Polynésie française compte tenu de l’étendue du territoire et de la dispersion des îles, les études et le suivi des sites par la direction de l’Environnement (Diren) se poursuivent en collaboration étroite avec les associations de protection de l’environnement et surtout l’implication des populations locales. Les premières observations de tortues imbriquées émergentes à Reao ont eu lieu en mars 2017, avant de se répéter les années suivantes. C’est le renouvellement annuel des émergences de petites tortues de cette espèce sur l’atoll éloigné des Tuamotu qui a permis en mars de reconnaître l’existence du site de ponte de tortues imbriquées, une espèce classée en danger critique d’extinction par l’UICN. Cette découverte, qui a été confirmée par des analyses génétiques sur des échantillons prélevés sur place, représente selon la Diren

« une avancée remarquable dans la connaissance du cycle de vie des tortues marines présentes au fenua, car jusqu’à présent, seuls les sites de ponte de tortues vertes avaient pu être identifiés en Polynésie française ». La direction de l’Environnement forme chaque année des référents des espèces emblématiques dans les îles autres que Tahiti et Moorea, afin d’être au plus près du terrain pour mieux comprendre et suivre l’évolution de ces animaux très fragiles. Au total, sur les sept espèces de tortues qui vivent dans les océans, cinq ont déjà été observées en Polynésie française : • la tortue verte (Chelonia mydas) ; • la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) ; • la tortue luth (Dermochelys coriacea) ; • la tortue caouanne (Caretta caretta) ; • la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea).

La direction de l’Environnement de la Polynésie française tient à remercier l’association ClermontTonnerre, l’ensemble de la population de Reao et en particulier les enfants de l’île qui ont activement participé à cette découverte extraordinaire.

La « terre » ou le « pays » en tahitien.

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De petites tortues imbriquées venant d’éclore sur l’atoll de Reao, à 1 340 kilomètres de Tahiti. © Association Clermont-Tonnerre


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50 PHOTOGRAPHES ILLUSTRENT L’OUTRE-MER FRANÇAIS UN PATRIMOINE NATUREL INESTIMABLE ET MENACÉ UN PROJET INÉDIT, DURABLE, ITINÉRANT POUR SENSIBILISER À LA PROTECTION DE NOS TRÉSORS ULTRAMARINS

TÉLÉCHARGEZ ICI L’EXPOSITION « ESCALES OUTRE-MER » (LIBRE DE DIFFUSION POUR TOUTE UTILISATION NUMÉRIQUE)

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grandeur Nature

Fédérer l’outre-mer, favoriser les échanges, mettre en lumière les acteurs de terrain, les initiatives pour la protection de la nature et le développement durable

FÉVRIER 2021 - n°2

E-MER OUTR deur Nature gran

L’E-MAG ULTRAMARIN

OcéIndia

DE L’ENVIRONNEMENT

e - mer rnu , mini Stre deS outr ÉDITO | S ébaS tien leco enva hiSS ante de la flor e exot ique e guid un | UE MARTINIQ « twilight zone » ace du lago n à la MAYOTTE | de la Surf

SOMMAIRE

DOSSIER 3 4 6 7 8

TAAF |

IQU ORATIVE ENTRE SCIENTIF LA RECHERCHE COLLAB GAGNANT DUO UN RS, HEU PÊC ET

édito actu outre-mer Saint-Pierre-et-Miquelon Saint-Martin Saint-Barthélemy

9 12 13 15 20

Guadeloupe Martinique Guyane Île de La Réunion Mayotte

ES

24 TAAF 30 Nouvelle-Calédonie 32 Wallis-et-Futuna 33 Polynésie française

L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT LANCEMENT EN JANVIER 2021 10 PARUTIONS PAR AN, DONT 2 THÉMATIQUES SUPPORT D’INFORMATION GRATUIT ADRESSÉ AUX : décideurs publics acteurs ultramarins de l’environnement académies d’outre-mer internautes via de nombreux sites web et réseaux sociaux (page Facebook

« Outre-mer grandeur Nature »...)

Outre-mer grandeur Nature, un support proposé par OcéIndia aux Éditions Insulae 7 chemin Léona Revest - 97417 La Montagne, île de la Réunion Pour toute question ou proposition de sujet, merci de contacter : Stéphanie Légeron, directrice de publication | Mail : oceindia@icloud.com


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