OUTRE-MER grandeur Nature n°27 _ mars-avril 2025

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ÉDITO

SUPÉRIEURE DES TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES (TAAF)

L’annĂ©e 2025 marque un jalon important dans l’histoire des Terres australes et antarctiques françaises, qui cĂ©lĂšbrent le 70e anniversaire de leur collectivitĂ©, mais Ă©galement les 30 ans du Marion Dufresne II

Créée par la loi n ° 55-1052 du 6 aoĂ»t 1955, la collectivitĂ© des TAAF administre cinq districts s’étendant sur plus de 80 % de l’hĂ©misphĂšre Sud entre le 11 e parallĂšle dans les Ăźles Éparses et le 66e parallĂšle en terre AdĂ©lie. Cela reprĂ©sente 20 % du domaine maritime français et 2,3 millions de km ÂČ de zone Ă©conomique exclusive (ZEE) qui octroient Ă  la France la position de 2e puissance maritime mondiale.

Depuis 70 ans, ces territoires d’exception, qui abritent l’une des plus fortes concentrations et diversitĂ©s d’oiseaux et mammifĂšres marins au monde, accueillent chaque annĂ©e, selon les bases, entre 40 et 100 personnels techniques, scientifiques et militaires chargĂ©s de prĂ©server ces sanctuaires de biodiversitĂ©, de conduire des programmes scientifiques de premiĂšre importance en matiĂšre de comprĂ©hension des changements globaux, et d’assurer la souverainetĂ© de la France.

Ces derniĂšres annĂ©es ont permis de reconnaĂźtre la valeur exceptionnelle de ces territoires Ă  l’échelle nationale et internationale avec l’inscription des Terres et mers australes sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco en 2019 – bien universel le plus vaste au monde depuis son extension en 2024 –, la crĂ©ation de la RĂ©serve nationale naturelle des Glorieuses en 2021 ou encore l’extension de la RĂ©serve naturelle nationale des Terres australes françaises en 2022. Avec le projet en cours de crĂ©ation d’une rĂ©serve naturelle nationale Ă  l’échelle de l’ensemble des Ăźles Éparses, les Terres australes et antarctiques françaises seront entiĂšrement couvertes par un statut de protection fort de l’environnement. La valeur intrinsĂšque de la terre AdĂ©lie est Ă©galement reconnue dans le cadre du Protocole de Madrid au TraitĂ© sur l’Antarctique relatif Ă  la protection de l’environnement. Tout cela constitue une belle reconnaissance, mais aussi, et surtout, une grande responsabilitĂ© pour les TAAF, qui doivent garantir la protection de ces environnements exceptionnels, Ă  travers des plans de gestion adaptĂ©s aux enjeux.

Cet anniversaire, c’est Ă©galement 70 annĂ©es d’aventures humaines extraordinaires qui ont laissĂ© un patrimoine culturel riche, dont nous nous efforçons d’assurer et de valoriser la mĂ©moire. À l’heure oĂč nous soufflons nos 70 bougies, nous nous tournons vers les enjeux majeurs qui nous attendent pour les prochaines dĂ©cennies, notamment l’adaptation de nos bases au changement climatique, qui concerne de façon trĂšs directe ces territoires : recul du trait de cĂŽte dans les Ăźles Éparses, fonte du glacier Cook Ă  Kerguelen Ă  l’horizon 2100, feux de vĂ©gĂ©tation... La rĂ©duction de l’impact des activitĂ©s humaines dans ces territoires isolĂ©s et la dĂ©carbonation de nos moyens constituent Ă©galement un enjeu fort, notamment en matiĂšre de transport maritime. Enfin, la consolidation de nos relations avec les pays du Sud de l’ocĂ©an Indien et les pays signataires du TraitĂ© sur l’Antarctique permettra de garantir un cadre propice Ă  la protection de l’environnement, Ă  l’exploitation durable des ressources halieutiques et Ă  la collaboration dans le domaine de la recherche scientifique.

Enfin, je saisis l’opportunitĂ© qui m’est donnĂ©e dans cet Ă©dito, pour saluer le courage des hivernants du district d’Amsterdam qui ont fait face Ă  un violent incendie mi-janvier, et la formidable solidaritĂ© maritime qui a permis de les Ă©vacuer et les mettre Ă  l’abri dĂšs les premiĂšres heures de la crise.

EN 2025, LE CONSERVATOIRE DU LITTORAL FÊTE SES 50 ANS !

Tout au long de l’annĂ©e, le Conservatoire du littoral cĂ©lĂšbre ses 50 ans de protection et de valorisation de nos littoraux. À cette occasion, l’établissement « souhaite mettre en pleine lumiĂšre le sens profond de sa mission de service public –protĂ©ger, valoriser, partager – ainsi que l’engagement de toutes celles et ceux qui y contribuent au quotidien afin de rendre possible l’expĂ©rience du littoral et des rivages lacustres au plus grand nombre, pour aujourd’hui et pour demain. »

ACTU OUTRE-MER

À VOS AGENDAS : 6 BALADES

LITTORALES EN OUTRE-MER

À travers de nombreux Ă©vĂ©nements partout en France, le Conservatoire rend hommage au travail collectif menĂ© depuis 1975, tout en partageant son ambition et sa stratĂ©gie pour les prochaines dĂ©cennies. Il s’agit de :

‱ faire connaĂźtre et aimer le littoral, l’établissement et son rĂ©seau de partenaires le plus largement possible ; ‱ valoriser l’action accomplie et continuer Ă  fĂ©dĂ©rer ; ‱ agir et se projeter Ă  l’horizon 2050.

La Réunion

Le 12 avril, Cap Lahoussaye, à la découverte de la savane

Mayotte

Le 17 ou 24 mai, balade au lac Dziani et sur les plages de Moya

Saint-Martin

Le 12 juin, visite de Grande Caye

Guadeloupe

Le 18 octobre, excursion au marais de Port-Louis

Martinique

Date restant à préciser, balade nautique en mangrove

Guyane

Juin (date à préciser), découverte des pripris de Yiyi

+ d’info ici : Dossier de presse des 50 ans du Conservatoire du littoral

En haut : vue sur la savane du Cap la Houssaye, Ă  La RĂ©union. | Ci-dessus, de gauche Ă  droite : le site de Grandes Cayes, sur le littoral de SaintMartin. | Les pripris de Yiyi, un lieu d’observation de la faune et la flore des marais de Guyane, accessible Ă  tout public. © Conservatoire du littoral

LE RELAIS DES OUTRE-MER CÉLÈBRE L’ANNÉE DE LA MER

L’annĂ©e 2025 a Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e par le prĂ©sident de la RĂ©publique comme l’AnnĂ©e de la Mer. Cette initiative cherche Ă  valoriser les Ă©cosystĂšmes maritimes et Ă  sensibiliser aux enjeux environnementaux, Ă©conomiques et culturels qui y sont liĂ©s.

Une sĂ©rie d’évĂ©nements vont se succĂ©der dans le cadre du Relais des outre-mer et, chaque mois, un territoire ultramarin sera mis Ă  l’honneur. Ces Ă©vĂ©nements souligneront le rapport Ă  la mer des territoires, la richesse de leurs cultures et patrimoines, ainsi que les enjeux de prĂ©servation de leurs espaces maritimes. Le grand public sera sensibilisĂ© aux questions environnementales liĂ©es Ă  l’ocĂ©an.

Le Relais des Outre-mer s’est ouvert en janvier en PolynĂ©sie française avant de poursuivre sa route Ă  La RĂ©union. Il est prĂ©vu qu’il valorise les TAAF en mars, la Nouvelle-CalĂ©donie en avril, Saint-BarthĂ©lemy en mai, Guyane en juin, la Guadeloupe en juillet, puis Wallis-et-Futuna en aoĂ»t, Saint-Pierre-et-Miquelon en septembre, la Martinique en octobre, Mayotte en novembre et enfin, Saint-Martin en dĂ©cembre.

Rappelons que la France possÚde le deuxiÚme plus grand domaine maritime au monde grùce à ses territoires ultramarins, qui représentent :

‱ 97 % de la zone Ă©conomique exclusive française (ZEE) de prĂšs de 11 millions de km2 ;

‱ 80 % de la biodiversitĂ© française ;

‱ 10 % des rĂ©cifs coralliens mondiaux.

LE PRIX « JEUNES CHERCHEURS

OUTRE-MER » 2025

L’Agence française de dĂ©veloppement (AFD) et les universitĂ©s partenaires des Actes de la recherche ultramarine (ARUM) lancent la deuxiĂšme Ă©dition du prix « Jeunes chercheurs Outre-mer ». L’objectif : soutenir et valoriser le travail des jeunes chercheurs en sciences Ă©conomiques et sociales qui travaillent sur les outre-mer français.

Ce prix AFD « Jeunes chercheurs Outre-mer » est organisĂ© sous forme d’un concours vidĂ©o inspirĂ© de « Ma thĂšse en 180 secondes ». Il permet Ă  des chercheurs – titulaires d’une thĂšse soutenue au cours des trois derniĂšres annĂ©es – de faire connaĂźtre leur sujet de recherche dans un langage accessible Ă  tous, en rĂ©alisant une prĂ©sentation convaincante de trois minutes dans une vidĂ©o face camĂ©ra.

La thĂšse doit porter sur un sujet de recherche thĂ©orique ou empirique dans une discipline relevant des sciences humaines, Ă©conomiques et sociales et doit s’intĂ©resser Ă  au moins un territoire ultramarin. Des sujets en lien avec le dĂ©veloppement soutenable sur le plan environnemental et juste sur le plan social, ou encore avec les consĂ©quences attendues du changement climatique – et ses implications en termes de stratĂ©gies d’attĂ©nuation et d’adaptation – vont ĂȘtre particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©s.

Les prix seront remis le 3 juin 2025, Ă  l’occasion de la confĂ©rence « Perspectives Outre-mer » de l’AFD. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 14 mars.

En 2023, le plan de réhabilitation des prairies débuté en 2020 a permis de produire 106 tonnes de fourrage sur 27 hectares.

SAINT-PIERREET-MIQUELON

CULTIVER L’AVENIR À MIQUELON !

A u sein de l A C olle C tivité territori A le , l A C ellule Agri Cole espAC es rur A ux et n Aturels (CA ern ) soutient les exploitA nts Agri Coles de M iquelon , en les A idA nt à AM éliorer les rende M ents et l A dur A bilité des pr Atiques l e point Ave C son respons A ble , d enis C oste

INTERVIEW

DENIS COSTE, RESPONSABLE DE LA CAERN À MIQUELON

‱ À travers la CAERN, la CollectivitĂ© territoriale investit pour dĂ©velopper la filiĂšre agricole ?

- Oui, et l’objectif est notamment d’alimenter notre marchĂ© local. En effet, aujourd’hui, plus de 95 % des produits alimentaires consommĂ©s sur l’archipel sont importĂ©s. Alors l’enjeu est, plus que jamais, de tendre vers une meilleure autonomie alimentaire. Pour cela, notre Ă©quipe apporte aux agriculteurs un soutien technique et matĂ©riel.

‱ Comment cela se traduit-il concrùtement ?

- La CAERN possĂšde un parc technique, dont des tracteurs et diverses machines agricoles. Elle prend en charge les opĂ©rations de prĂ©paration du sol, de fertilisation et de rĂ©colte du fourrage... Ce soutien est essentiel pour assurer la viabilitĂ© Ă©conomique des exploitations locales, car aucune d’entre elles n’aurait pu supporter de tels investissements. De plus,

Ă  la CAERN, nous assistons les exploitants dans des tĂąches variĂ©es : curage des Ă©tables, transport d’intrants, entretien des clĂŽtures de prairies... Nous sommes une Ă©quipe dĂ©vouĂ©e au dĂ©veloppement agricole.

‱ La « rĂ©habilitation » des prairies porte ses fruits ?

- Les terres de Miquelon-Langlade Ă©taient emplies de mauvaises herbes, de pissenlit et petite oseille en particulier. Cet Ă©tat dĂ©gradĂ© des sols a motivĂ© le lancement d’un plan 2020-2025 pour amĂ©liorer les rendements et la qualitĂ© de nos prairies. La finalitĂ© est d’y produire un fourrage de qualitĂ©, de rĂ©duire les importations et d’atteindre, Ă  moyen terme, l’autosuffisance alimentaire pour les cheptels de l’archipel. C’est en bonne voie !

Rédaction et interview : Stéphanie Castre

La CAERN s’engage aussi Ă  valoriser les dĂ©chets de ferme et de la mer en fertilisants naturels destinĂ©s Ă  Miquelon. Le goĂ©mon – algues marines ci-dessus – est ainsi rĂ©coltĂ© pour ĂȘtre transformĂ© en compost.
Photos de l’article
© CAERN / CT de Saint-Pierre-et-Miquelon

BARTHÉLEMY

UNE PÉPINIÈRE DESTINÉE À REVERDIR PLUSIEURS SITES DE L’ÎLE

A ve C l ’ A ide de l ’ A sso C i Ation i sl A nd n Ature experienCes sAint-bArth, l’AgenCe territoriAle de l ’ environneMent (Ate) rĂ©AMĂ©nAge depuis un A n s A pĂ©piniĂšre . d u 20 dĂ© C e M bre Ă  fin fĂ©vrier , des pl A ntAtions ont eu lieu C h A que vendredi

Afin de revĂ©gĂ©taliser certains points de l’üle avec des espĂšces indigĂšnes issues de sa pĂ©piniĂšre, l’ATE a lancĂ© des appels Ă  participation auprĂšs de bĂ©nĂ©voles. GrĂące Ă  eux, tous les vendredis matins, une session de plantation a ainsi pu ĂȘtre mise en place. « Nos plants proviennent de graines rĂ©coltĂ©es sur l’üle que l’on a fait pousser au sein de notre pĂ©piniĂšre. Ces plants Ă©tant grands dĂ©sormais, ils vont pouvoir reverdir certaines zones de l’üle », explique l’ATE.

Des membres de Island Nature Saint-Barth Experiences et des bĂ©nĂ©voles Ă©taient mobilisĂ©s sur le terrain, lors d’une session de plantation Ă  Toiny organisĂ©e au mois de janvier. © ATE

Par exemple, le 15 janvier, 13 espĂšces indigĂšnes ont Ă©tĂ© mises en terre au Fort Carl, ce morne couvert d’une forĂȘt littorale sĂšche qui domine la ville de Gustavia.

« Pour aider les plants Ă  se plaire dans leur nouvel endroit, un rĂ©servoir a Ă©tĂ© placĂ© sur le site afin de permettre un arrosage rĂ©gulier », prĂ©cise l’ATE. Le projet a par ailleurs offert l’occasion aux Ă©lĂšves de CM2A de Gustavia, dans le cadre de leur aire Ă©ducative, de mieux connaĂźtre la flore indigĂšne, tout en les sensibilisant Ă  l’importance de la prĂ©server.

L’OYA, UN SYSTÈME D’IRRIGATION ANCESTRAL ET ÉCOLOGIQUE

« De plus, des oyas ont Ă©tĂ© installĂ©s Ă  cĂŽtĂ© de chaque plante », ajoute l’ATE. EnterrĂ© prĂšs des vĂ©gĂ©taux, puis rempli d’eau, l’oya est un pot en argile cuite poreuse utilisĂ© pour diminuer les quantitĂ©s d’eau nĂ©cessaires Ă  l’arrosage. DistillĂ©e par capillaritĂ© Ă  travers la matiĂšre poreuse du pot, l’eau contenue dans l’oya ne s’écoule en effet que si la terre est sĂšche. Les racines des plantes vont alors naturellement se diriger autour de l’oya pour absorber l’humiditĂ© qui s’en dĂ©gage et dont elles ont besoin.

Selon Tiphanie Lelong, qui pilote le projet, « rĂ©introduire des espĂšces indigĂšnes comme les plantes Ă  fleurs Cordia dentata et Eugenia ligustrina, ou encore l’arbuste Jacquinia berteroi en danger d’extinction en France, cela permet de sensibiliser Ă  la richesse de notre biodiversitĂ© et de recrĂ©er un habitat adaptĂ© Ă  la faune indigĂšne. En 2025, c’est autant que possible de nos espĂšces sensibles et protĂ©gĂ©es que l’on souhaite rĂ©introduire dans le milieu. »

DĂ©jĂ  utilisĂ©s il y a 4 000 ans en Chine, les oyas, pots en terre cuite poreux, prĂ©sentent l’avantage de diffuser de l’eau de façon continue, en fonction des besoins de la plante. Ici, une installation au Fort Carl. Ce type d’initiative vise Ă  revĂ©gĂ©taliser certaines zones sĂšches de l’üle. © ATE

En 2024, 72 sociĂ©tĂ©s, essentiellement françaises, ont Ă©tĂ© autorisĂ©es Ă  exercer dans la RNN de Saint-Martin, notamment dans ces domaines d’activitĂ© : day charter, location de navire, de kayaks... © RNNSM

SAINT-MARTIN CANDIDATER

POUR EXERCER UNE ACTIVITÉ COMMERCIALE

EN RÉSERVE NATURELLE

p our exer C er une ACtivité Co MM er C i A le dA ns l A r éserve n Aturelle n Ation A le de s A int -M A rtin , il Convient de déposer s A CA ndidAture et de répondre à une « C h A rte de bonne Conduite », le prin C ipe étA nt de respe C ter l A rÚgle M entAtion environne M entA le en vigueur . l e point Ave C A shley d A niel , en C h A rge de C es dossiers de pA rten A ri At Ave C les AC teurs é Cono M iques

Tous les ans, le public est avisĂ© du renouvellement de la procĂ©dure permettant d’obtenir l’autorisation annuelle de pratiquer une activitĂ© commerciale, qu’elle soit maritime ou terrestre, au sein de la RĂ©serve naturelle de Saint-Martin (et de Saint-BarthĂ©lemy).

Le dĂ©pĂŽt de dossier inclut les piĂšces administratives prouvant la conformitĂ© rĂ©glementaire – française et/ ou internationale – de l’activitĂ© concernĂ©e. La sĂ©lection des dossiers est rĂ©alisĂ©e par un comitĂ© technique auquel participent le gestionnaire de la RĂ©serve et les services de l’État. L’autorisation est valable un an, mais peut ĂȘtre suspendue en cas d’irrĂ©gularitĂ©s constatĂ©es par le gestionnaire ou les autoritĂ©s compĂ©tentes. Tout constat d’activitĂ© commerciale non autorisĂ©e au sein d’une rĂ©serve naturelle entraĂźne des poursuites administratives ou pĂ©nales.

Rédaction : Stéphanie Castre

TÉMOIGNAGE

ASHLEY

DANIEL, CHEFFE DES GARDES À LA RÉSERVE NATURELLE NATIONALE DE SAINT-MARTIN

« Les professionnels n’ayant pas obtenu d’autorisation fin 2024 ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  candidater avant le 31 janvier. Les autorisations dĂ©livrĂ©es seront valables jusqu’au 31 octobre 2025. Parmi les rĂšgles Ă  respecter, on peut citer l’interdiction d’ancrer dans l’herbier, de chasser, pĂȘcher, nourrir les poissons, dĂ©truire les rĂ©cifs coralliens, de mettre de la musique ou encore d’utiliser des drones. À ce jour, le nombre de bateaux n’est pas limitĂ© dans la RĂ©serve, mais chacun d’entre eux ne peut embarquer plus de 28 passagers. »

MARTINIQUE

LA COMMUNE

DE BASSE-POINTE

LANCE UN CRI D’ALARME !

l e 16 dĂ© C e M bre 2024, Ă  b A sse - p ointe , un pA n de l A fA l A ise s ’ est effondrĂ© sur plus de deux MĂštres de lArge, touChAnt pArtielleMent une h A bitAtion . p our l A M uni C ipA litĂ© , il est urgent d ’ Agir ! le point AveC philippe truCA, le MA ire A djoint dĂ©lĂ©guĂ© Ă  l ’ AM Ă©n A ge M ent territori A l pour l A MA irie de b A sse - p ointe

INTERVIEW

PHILIPPE TRUCA, ADJOINT AU MAIRE DE POINTE-BASSE, DÉLÉGUÉ À L’AMÉNAGEMENT TERRITORIAL

‱ Quelle est la situation Ă  laquelle est confrontĂ©e la municipalitĂ© ?

- Il est important de rappeler que la commune de Basse-Pointe est situĂ©e sur la façade atlantique et donc trĂšs exposĂ©e aux vagues de l’ocĂ©an qui attaquent les falaises oĂč sont Ă©rigĂ©es de nombreuses habitations. Les phĂ©nomĂšnes pluvieux Ă©tant de plus en plus frĂ©quents, on observe des glissements de terrain qui ne font qu’amplifier l’érosion. La dĂ©stabilisation des sols fragilise les habitations et les infrastructures. La situation des quartiers Hackaert et Tapis Vert s’avĂšre aujourd’hui trĂšs prĂ©occupante.

‱ Un constat qui ne date pas d’hier ?

- En effet, ce contexte est connu depuis de nombreuses annĂ©es. Il y a sept ans, Ă  la suite d’une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par le Bureau de recherches gĂ©ologiques et miniĂšres (BRGM), nous avions dĂ©jĂ  fermĂ© une crĂšche du quartier Hackaert, qui prĂ©sentait un danger pour la sĂ©curitĂ© des enfants et du personnel.

le 16 dĂ©cembre. Ce glissement de terrain localisĂ© a fragilisĂ© les fondations de la maison photographiĂ©e ici et tĂ©moigne de l’urgence Ă  Ă©vacuer la quinzaine d’habitations Ă  risque.

‱ Selon vous, il y a donc urgence à agir ?

- Tout Ă  fait. Si, Ă  prĂ©sent, une quinzaine d’habitations est menacĂ©e, ce chiffre pourrait augmenter, touchant partiellement une cinquantaine de foyers.

Les falaises s’élevant Ă  prĂšs de 30 mĂštres, la vie des habitants se trouve en pĂ©ril. Dans l’une des maisons Ă  proximitĂ© immĂ©diate, un mur de cuisine ne tient que grĂące aux racines d’un arbre, le sol n’est plus droit, on passe la main Ă  travers les fissures du mur...

La prioritĂ© est de mettre les habitants en sĂ©curitĂ© et de leur trouver un logement qui corresponde Ă  leurs attentes. Ce qui n’est pas chose facile, car il s’agit de personnes ĂągĂ©es, installĂ©es depuis parfois plus de 30 ans, habituĂ©es Ă  leur environnement et qui se trouvent souvent dans des situations trĂšs prĂ©caires.

‱ Dans ce contexte, quelles solutions concrùtes avez-vous pu identifier ?

- En collaboration avec la DEAL, ainsi que l’École nationale supĂ©rieure de paysage (ENSPV) et l’École nationale supĂ©rieure d’architecture Paris-Est, nous travaillons sur des projets de planification, afin de trouver des solutions adĂ©quates.

Dans le cadre de la loi Climat et rĂ©silience, dont l’objectif est d’atteindre le « zĂ©ro artificialisation nette Ă  l’horizon 2050 », la mairie a proposĂ© de restaurer des maisons abandonnĂ©es – pour cause d’indivisions – ce qui Ă©viterait de construire sur des terrains agricoles.

Cette proposition pragmatique a Ă©tĂ© soumise Ă  la dĂ©lĂ©gation ministĂ©rielle qui s’est dĂ©placĂ©e dans notre commune le 16 janvier dernier pour constater les dĂ©gĂąts, rencontrer les habitants, obtenir des donnĂ©es chiffrĂ©es et prendre des photographies sur site.

‱ À quelles difficultĂ©s se heurte la mairie ?

- La commune a Ă  la fois besoin de financement et d’ingĂ©nierie. Elle ne peut se substituer Ă  l’État. Notre Ă©quipe municipale souhaite une simplification des procĂ©dures pour pouvoir accĂ©lĂ©rer les choses et obtenir des actions concrĂštes. Nous ne pouvons plus attendre, car la vie des habitants est menacĂ©e !

Rédaction et interview : Sandrine Chopot

Deux inspecteurs de l’Hexagone se sont rendus sur le site le 16 janvier pour proposer une stratĂ©gie de recomposition spatiale.

Sous l’effet de l’érosion du littoral, un pan de la falaise du quartier Haut du Morne s’est effondrĂ©

L’UPCYCLING AU SERVICE DE L’ART, DU DÉVELOPPEMENT ET DE L’OCÉAN EN MARTINIQUE

l e projet « f ilets du futur : M ode dur A ble et se C onde C h A n C e », fin A n C Ă© p A r l ’A gen C e

fr A nç A ise de dĂ©veloppe M ent (A fd ), A vo CAtion Ă  C rĂ©er une C olle C tion de M ode dur A ble en M A rtinique i l utilise des MAtĂ©ri A ux up C y C lĂ©s en lien A ve C l ’ o C Ă© A n et ACC o M p A gne l A rĂ©insertion so C ioprofessionnelle de sept fe MM es en situ Ation de prĂ© CA ritĂ©

Le fonds Metis est un dispositif de l’AFD qui soutient des initiatives artistiques visant l’atteinte des Objectifs de dĂ©veloppement durable. En vue de la confĂ©rence « OcĂ©an » des Nations unies qui se dĂ©roulera Ă  Nice en juin prochain, Metis a lancĂ© un programme ciblant cette thĂ©matique.

DES FEMMES D’ANTILLES ET D’AILLEURS


En Martinique, l’ONG fĂ©ministe D’Antilles et D’Ailleurs agit pour l’égalitĂ© des sexes en accompagnant et formant les populations vulnĂ©rables. Elle facilite l’insertion socioprofessionnelle des femmes et des jeunes filles victimes de violence et d’exploitation sexuelle, dont la majoritĂ© ont vĂ©cu des migrations intracaribĂ©ennes.


 ENGAGÉES POUR LA MODE DURABLE

Les sept femmes impliquĂ©es dans le projet « Filets du futur » suivent une formation en couture au sein de l’atelier « Made in Women ». Les designeuses Jaddict et Alba Royo se sont inspirĂ©es des parcours de ces personnes pour crĂ©er des tenues qui portent leurs rĂ©cits et, au-delĂ , font rĂ©sonner la voix des femmes confrontĂ©es Ă  la violence et Ă  la vulnĂ©rabilitĂ©. La collection s’ancre Ă©galement dans une rencontre : celle des femmes de l’atelier avec les acteurs du milieu marin de l’üle. Leurs Ă©changes autour de la gestion des dĂ©chets et de la fabrication de filets de pĂȘche ont donnĂ© naissance Ă  des piĂšces uniques, confectionnĂ©es Ă  partir de matĂ©riaux rĂ©cupĂ©rĂ©s auprĂšs des pĂȘcheurs et des centres nautiques, tels des filets, bouĂ©es, voiles ou dĂ©chets marins. Une maniĂšre de tisser des liens entre leurs rĂ©alitĂ©s, tout en insufflant une nouvelle vie Ă  ces Ă©lĂ©ments.

QU’EST-CE QUE L’UPCYCLING ?

Cette tendance de l’économie circulaire – qui signifie littĂ©ralement « recycler par le haut » – consiste Ă  valoriser des produits usagĂ©s ou en apparence inutiles, en leur donnant une qualitĂ© ou une utilitĂ© supĂ©rieure.

DES PARCOURS DE VIE LIÉS À L’OCÉAN

Si cette collection illustre le rĂ©cit de sept femmes, elle incarne plus largement le lien de toute une Ăźle Ă  l’ocĂ©an qui la borde. Intimement entrelacĂ© Ă  leurs histoires et Ă  la mĂ©moire vive des migrations, inexorablement liĂ© Ă  l’avenir de leurs territoires et aux dĂ©fis climatiques, l’ocĂ©an est ainsi le fil conducteur de cette initiative.

La clĂŽture du projet aura lieu en juin, dans la dynamique de la confĂ©rence des Nations unies sur l’OcĂ©an. L’organisation d’un dĂ©filĂ© de mode en Martinique offrira alors l’occasion de prĂ©senter une dizaine de crĂ©ations du projet « Filets du futur » et de sensibiliser Ă  la protection des ocĂ©ans, Ă  la lutte contre les violences faites aux femmes et pour l’égalitĂ© des sexes.

Des pĂȘcheurs martiniquais ont participĂ© Ă  ce projet socioartistique, Ă  travers notamment la fourniture de filets de pĂȘche usagĂ©s.

INTERVIEW CROISÉE

CAMILLE GUIGONNET, CHARGÉE DE PROJETS RÉGIONAUX À LA DIRECTION

RÉGIONALE OCÉAN ATLANTIQUE

DE L’AFD, ET LAVINIA RUSCIGNI, DIRECTRICE DE L’ONG

D’ANTILLES ET D’AILLEURS

‱ Comment ce projet « Filets du futur » est-il nĂ© ?

Camille Guigonnet - Le fonds Metis de l’AFD a pour ambition de soutenir des projets ayant une approche artistique Ă  fort impact social. Il encourage la crĂ©ation d’Ɠuvres d’art engagĂ©es et inspirĂ©es par des rĂ©alitĂ©s sociales concrĂštes. Ces projets doivent susciter l’émotion et se servent des arts pour dĂ©noncer la pauvretĂ©, lutter pour la protection de l’environnement ou encore les violences de genre

Lavinia Ruscigni - Chez D’Antilles et D’Ailleurs, nous avons une conviction trĂšs forte que toutes les femmes qui viennent Ă  nous, quel que soit leur parcours de vie, peuvent renaĂźtre de leurs cendres si elles sont bien accompagnĂ©es. La rencontre avec l’AFD s’est faite trĂšs naturellement autour du projet « Filets du futur », qui soutient le parcours de rĂ©silience de ces femmes, en y ajoutant une dimension artistique et Ă©cologique.

‱ Que retiendrez-vous de ce partenariat entre vos deux structures ?

Camille Guigonnet - À l’AFD, nous ne sommes pas outillĂ©s pour financer des projets « si petits ». C’est donc assez novateur pour moi de suivre un projet Ă  15 000 €, et je suis impressionnĂ©e de voir l’impact que peut avoir un tel budget ! C’est par ailleurs trĂšs riche de porter un projet en lien direct avec celles qui vont en bĂ©nĂ©ficier et de toucher du doigt une autre dimension du dĂ©veloppement, dont les rĂ©sultats sont concrets, immĂ©diats et particuliĂšrement efficaces

Lavinia Ruscigni - Le soutien apportĂ© par l’AFD va au-delĂ  du projet « Filets du futur ». Avec ce financement, D’Antilles et D’Ailleurs gagne en visibilitĂ© et en crĂ©dibilitĂ©. Ce partenariat nous donne plus de poids et va nous permettre de sĂ©curiser nos actions au-delĂ  du projet.

Sans parler des futurs partenariats que nous pourrons dĂ©velopper ailleurs dans la CaraĂŻbe, autour des parcours migratoires de ces femmes, qui remontent jusqu’au Guyana, au Suriname, en RĂ©publique dominicaine
 Ce ne sont pas les besoins qui manquent !

Le projet aide à valoriser ces femmes, en renforçant leur confiance en elles grùce à des ateliers de couture, de design et de collage.
Le fonds Metis de l’AFD contribue ainsi Ă  sensibiliser Ă  la protection des ocĂ©ans, en mettant en lumiĂšre la mode Ă©thique et responsable.

« À travers la crĂ©ation d’une collection de vĂȘtements upcyclĂ©s, nous transformerons des filets de pĂȘche rĂ©cupĂ©rĂ©s et des matĂ©riaux issus des

fonds marins en piÚces uniques, alliant créativité et engagement écologique », conclut la designeuse martiniquaise Jaddict. © Inés Aråmburo

LES CLÉS D’UNE MEILLEURE AUTOSUFFISANCE

ALIMENTAIRE EN MARTINIQUE

C o MM ent renfor C er l ’ A utono M ie A li M entA ire en M A rtinique ? u ne question qui en CAC he bien d ’ A utres , et dont les rĂ©ponses M obilisent le Con C ept de systĂš M es A li M entA ires . e xpli CAtions et exe M ples d ’ A ppli CAtion en M A rtinique .

De la fourniture d’intrants Ă  la consommation, en passant par la production, la collecte, la transformation et la distribution, un systĂšme alimentaire englobe toutes les Ă©tapes composant des chaĂźnes de valeur.

Les systĂšmes alimentaires sont, d’une part, conditionnĂ©s par des moteurs interfĂ©rant avec une variĂ©tĂ© d’acteurs et de flux de denrĂ©es : l’environnement biophysique et environnemental, les dynamiques territoriales, les infrastructures et technologies, les politiques publiques et la gouvernance, la dĂ©mographie et d’autres facteurs socioĂ©conomiques. D’autre part, ces systĂšmes produisent des impacts, Ă  la fois sur l’environnement, l’équilibre territorial et l’équitĂ©, la santĂ©, la sĂ©curitĂ© alimentaire et nutritionnelle et ont Ă©galement des consĂ©quences socioĂ©conomiques.

UN CONCEPT À L’INTERFACE

DE NOMBREUSES DISCIPLINES

L’analyse des systĂšmes alimentaires d’un territoire nĂ©cessite de cerner les freins, les leviers Ă  la production et les comportements des consommateurs.

Elle sollicite des compĂ©tences multiples : en agronomie, en Ă©cologie, en sciences des aliments ou en hydrologie pour connaĂźtre le systĂšme productif du territoire ; en Ă©conomie pour caractĂ©riser les relations d’échanges entre les diffĂ©rents acteurs ; en nutrition pour aborder la consommation ; en sociologie et en anthropologie pour analyser les comportements des acteurs.

Les recherches sur ces systĂšmes alimentaires sont par ailleurs souvent menĂ©es Ă  plusieurs Ă©chelles : micro, celle des individus et des mĂ©nages ; mĂ©so, pour s’intĂ©resser Ă  l’environnement alimentaire qui conditionne les choix ; mais aussi macro, celle des territoires, pour analyser les impacts Ă  grande Ă©chelle des comportements de chacun des acteurs.

L’étude de ces systĂšmes repose sur des donnĂ©es qualitatives et quantitatives collectĂ©es sur le terrain via des enquĂȘtes, entretiens et analyses statistiques.

Le rĂŽle de chercheurs tels que Sandrine FrĂ©guin-Gresh est essentiel pour dĂ©coder ces dynamiques complexes et ainsi mieux cerner les leviers d’action pour renforcer l’autonomie du territoire

Le secteur agricole de la Martinique doit faire face Ă  des contraintes structurelles : accĂšs limitĂ© aux ressources fonciĂšres, manque de ressources des agriculteurs, forte concurrence, pollutions diffuses, conditions biogĂ©ophysiques dĂ©licates... À cela s’ajoutent des effets de saisonnalitĂ©, des alĂ©as climatiques et une forte volatilitĂ© des prix, mais aussi un manque de disponibilitĂ© et un coĂ»t Ă©levĂ© de la main-d’Ɠuvre et des difficultĂ©s d’organisation de la profession. Tout ceci entraĂźne une offre locale quantitativement insuffisante, irrĂ©guliĂšre et chĂšre.

l es re C her C hes sur les systÚ M es A li M entA ires M enées

A u C ir A d jouent un rĂŽle dĂ©ter M in A nt , en lien Ave C les diffĂ©rents ACteurs . A CCo M pAgner l ’ innovAtion org A nis Ationnelle des ACteurs du territoire pA r l A Con C eption de sCĂ©nArios prospeCtifs ou engAger des disCussions AveC l’étAt et les Ă©lus loCAux pour Mieux rĂ©pondre Aux Attentes des professionnels et A ux besoins du territoire sont A utA nt de M issions A ssu M Ă©es pA r le C ir A d , qui Ɠuvre en pArtenAriAt AveC les ColleCtivitĂ©s loCAles, les instituts teChniques, les finAnCeurs, Ainsi que les ConsoMMAteurs, les produCteurs, les distributeurs et les trAnsforMAteurs l ’ obje C tif Ă©tA nt d ’ Ă©l A borer des solutions A d A ptĂ©es A ux Contextes spĂ© C ifiques des outre M er

INTERVIEW

SANDRINE FRÉGUIN-GRESH, ÉCONOMISTE AGRICOLE ET GÉOGRAPHE RURALE AU CIRAD, À L’UNITÉ MIXTE DE RECHERCHE ART-DEV 1 EN MARTINIQUE

‱ Comment vos travaux de recherche aident-ils à mieux saisir la question de l’autosuffisance alimentaire en Martinique ?

- Dans le cadre de l’objectif d’autonomie alimentaire au sein des cinq dĂ©partements et rĂ©gions d’outre-mer (DROM) Ă  l’horizon 2030 annoncĂ© par Emmanuel Macron, le ministĂšre des Outre-mer et l’AFD ont confiĂ© au Cirad une Ă©tude transversale et par territoire, pour mieux comprendre les freins et les leviers Ă  l’autosuffisance alimentaire dans les DROM.

PubliĂ© en 2021, ce rapport basĂ© sur l’expertise de nombreux contributeurs, dont le Cirad, a Ă©tĂ© poursuivi en Martinique par des recherches sur l’approvisionnement en denrĂ©es agricoles locales dans la restauration collective. Ces rĂ©sultats seront utiles Ă  la CollectivitĂ© territoriale de Martinique pour surmonter les divers obstacles identifiĂ©s.

‱ Quels sont les leviers à actionner pour renforcer la production alimentaire locale ?

- Cet Ă©tat des lieux sur les systĂšmes alimentaires ultramarins rĂ©alisĂ© en 2021 nous a permis de dĂ©gager sept leviers essentiels, dont certains doivent rĂ©pondre Ă  des enjeux majeurs comme l’étalement urbain, qui rĂ©duit les surfaces cultivables, dans un contexte de pollution diffuse des sols limitant la possibilitĂ© de produire local et sain en Martinique.

l es CA ntines sont un levier sur lequel s ’ A ppuyer pour soutenir l A produ Ction lo CA le , tout en sensibilis A nt les plus jeunes – et les A dultes Ă  tr Avers eux – A ux enjeux d ’ une A li M entAtion s A ine , de qu A litĂ© et dur A ble i l existe

CependAnt de Multiples freins Ă  l ’ ApprovisionneMent loCAl en CA ntine , tels que l A diffi C ultĂ© des petits produ Cteurs Ă  rĂ©pondre A ux pro C Ă©dures d ’ AC h Ats dA ns le CA dre de l A Co MMA nde publique ou en Core l ’ org A nis Ation en C uisine inAdAptĂ©e Ă  lA prĂ©pArAtion de repAs Ă  bAse d’ingrĂ©dients frAis

Le levier de l’alimentation est aussi central, au regard des problĂ©matiques de santĂ© publique affectant les populations antillaises : surpoids, obĂ©sitĂ©, diabĂšte, cholestĂ©rol, hypertension, etc.

Par ailleurs, le soutien équitable entre les différentes filiÚres agricoles reste un grand défi, qui nécessite des politiques publiques adaptées pour promouvoir un développement durable et résilient.

‱ Vos travaux actuels portent sur les comportements alimentaires liĂ©s Ă  la transition protĂ©ique des jeunes adultes. De quoi s’agit-il ?

- Nous avons lancĂ© en 2024 un nouveau projet financĂ© par l’ADEME et l’ARS, appelĂ© « Maracudja », basĂ© sur l’économie expĂ©rimentale, pour mieux comprendre l’environnement alimentaire et les facteurs de choix en faveur de la consommation de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales chez les jeunes.

Les rĂ©sultats permettront de proposer des recommandations aux acteurs publics pour accompagner cette transition alimentaire, dans un contexte de surconsommation des produits d’origine animale qui affectent Ă  la fois la santĂ©, mais aussi l’environnement.

La cantine du collĂšge Asselin de Beauville Ă  Ducos, en Martinique.

L’OFFICE

DE L’EAU MARTINIQUE EN SOUTIEN DES ACTEURS ÉCONOMIQUES DE L’ÎLE

d epuis plusieurs A nnĂ©es , l ’ o ffi C e de l ’ e A u M A rtinique ACCo M pAgne les C h AM bres Consul A ires en C h A rge des A ff A ires Ă© C ono M iques sur le territoire , pour une M eilleure gestion de l ’ e A u et de l ’ A ss A inisse M ent A u sein des entreprises MA rtiniqu A ises .

UN ENGAGEMENT RENOUVELÉ POUR

UNE MEILLEURE GESTION DE L’EAU

L’ODE Martinique est partenaire de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Martinique (CCIM) et de la Chambre des MĂ©tiers et de l’Artisanat (CMA).

Depuis 2020, la CCIM et l’ODE collaborent Ă  travers une convention de moyens destinĂ©e Ă  sensibiliser et accompagner les entreprises dans leur gestion de l’eau et des milieux aquatiques. Cette initiative, reconduite pour la pĂ©riode 2025-2027, s’inscrit dans une dĂ©marche de continuitĂ© et de renforcement des actions engagĂ©es. En effet, plusieurs projets ont vu le

jour, comme des ateliers de sensibilisation auprĂšs des opĂ©rateurs touristiques et le lancement d’un appel Ă  projets pour les Ă©conomies d’eau dans les entreprises.

C’est en 2021, que la CMA et l’ODE ont lancĂ© un chantier commun afin de sensibiliser et accompagner les artisans dans l’amĂ©lioration de leurs pratiques en matiĂšre de gestion de l’eau et de prĂ©servation des milieux aquatiques. GrĂące Ă  cette convention, plusieurs actions concrĂštes ont Ă©tĂ© mises en place : un appel Ă  projets sur l’économie d’eau, des formations « Chantier propre » pour le BTP et des dispositifs de financement pour la rĂ©cupĂ©ration des huiles et graisses en partenariat avec l’éco-organisme Cyclevia.

L’ODE

DES OBJECTIFS CONCRETS POUR LES ENTREPRISES MARTINIQUAISES

Le renouvellement de cette convention a pour but de :

‱ Consolider la collaboration entre la CCIM et l’ODE pour mieux apprĂ©hender l’impact des activitĂ©s commerciales et industrielles sur l’eau et les milieux aquatiques.

‱ AmĂ©liorer la communication et l’accompagnement des entreprises en diffusant les aides disponibles via des actions concertĂ©es.

‱ Proposer un appui technique et des formations spĂ©cifiques aux acteurs Ă©conomiques.

Cette Convention AveC lA CMA, rĂ©visAble AnnuelleMent, s ’ insCrit dAns lA volontĂ© de l’ode d ’ AdApter ContinuelleMent ses ACtions Aux rĂ©AlitĂ©s du terrAin elle perMet Aux ArtisAns loCAux de bĂ©nĂ©fiCier d ’ un ACCoMpAgneMent stru C turĂ© pour une Meilleure gestion de l ’ eAu, tout en C ontribu A nt Ă  l A prĂ©serv Ation des ressour C es en e A u et des M ilieux A qu Atiques de l A M A rtinique .

Plusieurs actions clés sont prévues au programme 2025-2027, comme :

‱ Le financement d’un poste de chargĂ© de mission pour accompagner les entreprises sur les enjeux de l’eau et de l’assainissement.

‱ Les actions de formation et de sensibilisation en faveur des opĂ©rateurs touristiques et industriels.

‱ La mise en Ɠuvre d’une opĂ©ration groupĂ©e pour aider financiĂšrement les restaurateurs Ă  Ă©quiper leurs Ă©tablissements en systĂšmes de prĂ©traitement des graisses.

‱ Le renouvellement de l’appel Ă  projets « Économie d’eau dans les entreprises » avec une dotation s’élevant Ă  200 000 € sur deux phases.

D’un montant global de 888 000 € , ce programme est soutenu à hauteur de 579 000 € par l’ODE, soit 65 %.

UN ACCOMPAGNEMENT SUR MESURE DES ARTISANS MARTINIQUAIS

Le renouvellement de la convention avec la CMA de la Martinique dĂ©montre la dynamique et les enjeux de ce partenariat. DotĂ© d’un budget prĂ©visionnel de 397 000 €, dont 76 % financĂ©s par l’ODE, ce programme 2025-2027 repose sur ces axes stratĂ©giques :

‱ Un accompagnement renforcĂ© : recrutement d’un chargĂ© de mission assurant le relais entre ODE et artisans.

‱ Des actions concrĂštes sur le terrain : diagnostic eau et assainissement dans les entreprises, renouvellement de l’opĂ©ration « Garage propre » pour une meilleure gestion des huiles usagĂ©es.

‱ Des aides financiĂšres ciblĂ©es : lancement d’un nouvel appel Ă  projets pour favoriser l’économie d’eau dans les entreprises artisanales.

Rédaction
Mathilde
Edmond-Mariette
Minoton / ODE
Martinique

GUADELOUPE

RESTAURER L’HABITAT DE L’IGUANE DES PETITES

ANTILLES, AVEC LES DÉSIRADIENS

l ’ o ffi C e n Ation A l des forĂȘts ( onf ) g u A deloupe Ɠuvre Ă  re C onstituer l ’ h A bitAt n Aturel de l ’ igu A ne des p etites A ntilles , un reptile endĂ© M ique qui survit sur l A p ointe des C olibris , Ă  l A d Ă©sir A de . l A popul Ation de l ’ Ăźle est pleine M ent A sso C iĂ©e A u projet , qui A pour AM bition de s A uveg A rder C ette espĂš C e Ă  enjeu f A unistique et pAtri M oni A l MA jeur

Gestionnaire des parcelles appartenant Ă  l’État sur la Pointe des Colibris, l’antenne guadeloupĂ©enne de l’Office national des forĂȘts (ONF) a bĂ©nĂ©ficiĂ© pour ce projet de restauration d’une subvention de 740 400 euros de l’Office français de la biodiversitĂ© (OFB), dans le cadre de « Mission Nature 2024 »

L’ÉVOLUTION DE LA POINTE DES COLIBRIS, SUR L’ÎLE DE LA DÉSIRADE

La Pointe des Colibris a Ă©tĂ©, au fil des annĂ©es, « victime » de sa localisation excentrĂ©e Ă  l’ouest de la DĂ©sirade. D’abord dĂ©charge sauvage, elle a ensuite servi de dĂ©pĂŽt temporaire de matĂ©riaux issus d’un cyclone, puis a fait l’objet de dĂ©pĂŽts de sargasses lors des premiĂšres campagnes de collecte. Enfin, le site a Ă©tĂ© fortement modifiĂ© par des prairies de pĂąturage depuis de nombreuses annĂ©es.

UN REPTILE PROCHE DE L’EXTINCTION

Aujourd’hui, ces sources de dĂ©gradation ont Ă©tĂ© levĂ©es et il devient urgent de restaurer le couvert vĂ©gĂ©tal de la Pointe des Colibris, habitat de l’iguane des Petites Antilles qui, classĂ© par l’UICN en danger critique d’extinction, ne subsiste plus que sur une poignĂ©e d’üles et Ăźlets. La Pointe des Colibris, forĂȘt domaniale du littoral, est un site de premiĂšre importance pour l’espĂšce. Or, les effectifs y ont dĂ©clinĂ©, passant de 550 individus en 2012 Ă  150 en 2022.

UNE INITIATIVE ANCRÉE LOCALEMENT

Si le projet vise Ă  restaurer l’habitat de ce reptile emblĂ©matique, il prend en compte les usages et usagers du site, pour en valoriser la qualitĂ© paysagĂšre et offrir au public des amĂ©nagements adaptĂ©s.

INTERVIEW

MYLÈNE MUSQUET, DIRECTRICE RÉGIONALE DE L’ONF GUADELOUPE

‱ Quelle est pour vous la condition indispensable Ă  la rĂ©ussite de cette restauration Ă©cologique ?

- Ce projet de restauration de la Pointe des Colibris prĂŽne des solutions fondĂ©es sur la nature, qui s’inscrivent dans un temps long. La clĂ© de sa rĂ©ussite n’est pas seulement technique et Ă©cologique, elle rĂ©side dans la collaboration et la contribution des DĂ©siradiens Ă  cette initiative. Les opĂ©rations de plantation et d’amĂ©nagement ne pourront ĂȘtre efficaces si les travaux mis en place ne sont pas partagĂ©s, expliquĂ©s et surtout, coconstruits avec la population.

‱ Concrùtement, comment garantir l’ancrage du projet sur le territoire ?

- Nous avons pensĂ© le projet avec les Ă©lus de la DĂ©sirade pour qu’il se dĂ©roule de A Ă  Z ici, sur le

« L’iguane des Petites Antilles est une espĂšce en voie d’extinction et dont le nombre d’individus ne cesse de baisser. L’amĂ©nagement et la restauration Ă©cologique de la Pointe des Colibris (...) de façon concertĂ©e avec les Ă©lus, les riverains et les scolaires permettront de rĂ©duire les menaces que constituent les collisions routiĂšres et la perte de la vĂ©gĂ©tation naturelle, tout en sensibilisant les usagers aux enjeux de conservation de l’espĂšce ».

Nicolas ParanthoĂ«n, chargĂ© du projet Iguane des Petites Antilles Ă  l’ONF

territoire. Nous allons par exemple mobiliser le tissu socioéconomique local lors des différentes phases du projet.

Ainsi, une pĂ©piniĂšre ou un agriculteur dĂ©siradien sera mis Ă  contribution pour la production des plants, leur entretien et leur arrosage. La collaboration locale ira de la collecte des graines Ă  la production des espĂšces que nous replanterons. Il en sera de mĂȘme pour les travaux sur la piste d’accĂšs et les zones de stationnement. Ces acteurs Ă©conomiques seront des bĂ©nĂ©ficiaires directs de l’opĂ©ration, qui devient alors Ă  leurs yeux pleinement porteuse de sens

‱ Comment s’assurer de la bonne acceptation du projet sur le long terme ?

- Tout d’abord, nous travaillerons avec les usagers du site : les habituĂ©s qui pratiquent la pĂȘche Ă  la ligne ou la randonnĂ©e. L’objectif n’est pas de mettre la nature sous cloche, mais de prendre en compte les usages et besoins des riverains qui sont compatibles avec les nouvelles orientations de rĂ©habilitation du site, afin que le plus grand nombre puisse s’approprier les actions. Pour renforcer la communication et l’implication de tous, nous organisons aussi, avec le maire de la DĂ©sirade, des rĂ©unions publiques qui maintiennent le dialogue et facilitent la comprĂ©hension du projet.

Enfin, l’une des actions prĂ©vues concerne la crĂ©ation et l’animation d’une aire terrestre Ă©ducative Ă  l’issue des travaux. Les Ă©lĂšves pourront ainsi participer aux phases de collecte de graines, aux plantations... Tout ceci concourt Ă  une meilleure appropriation du site par l’ensemble de la population locale ! En haut de page : dĂ©pĂŽt de sargasses et remblai sur la Pointe des Colibris, avant le dĂ©marrage des travaux de restauration Ă©cologique. © ONF | Ci-dessus : MylĂšne Musquet, deuxiĂšme en partant de la gauche, en compagnie de reprĂ©sentants de l’OFB. © France-Antilles RĂ©daction et interview : Lucie Labbouz

Diurne et arboricole, l’iguane des Petites Antilles (Iguana delicatissima) peut mesurer jusqu’à 1,60 mĂštre de long. Herbivore, il se nourrit de feuilles, de fleurs et de fruits. © AnaĂŻg Dantec / ONF Guadeloupe | La Pointe des Colibris, sur l’üle de la DĂ©sirade. © ONF Guadeloupe

+ d’info ici : La vidĂ©o du projet de restauration Ă©cologique du site

Cette plateforme d’observation, installĂ©e en 2020, permet d’admirer la beautĂ© paysagĂšre de ce site qui accueille l’une des derniĂšres populations viables d’iguanes des Petites Antilles, une espĂšce en danger qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un Plan national d’actions. © ONF Guadeloupe

« ATTENTION, ON MARCHE SUR DES ƒUFS ! », UNE ACTION POUR LA FAUNE SAUVAGE LITTORALE

« porter une vision Ă©lArgie de l ’ espACe littorAl CoMMe un bien CoMMun, que nous Avons en pArtAge et dont nous soMMes responsAbles », est un MessAge-ClĂ© des 50 Ans du ConservAtoire du littor A l C Ă©lĂ©brĂ©s C ette A nnĂ©e . p A r M i les no M breux Ă©vĂ©ne M ents prĂ©vus , l A 6 e Ă©dition de l ’ opĂ©r Ation n Ation A le « A ttention , on MA r C he sur des Ɠufs ! » vA ĂȘtre l A n C Ă©e le 27 MA rs

« Attention, on marche sur des Ɠufs ! » est une campagne initiĂ©e en 2020 par le Conservatoire du littoral, l’OFB 1 , l’ONF 2 , la LPO 3 et Rivages de France, en partenariat avec un grand nombre d’associations et gestionnaires de sites naturels. Cette opĂ©ration, reconduite chaque annĂ©e durant plusieurs semaines, s’adresse aussi bien au grand public qu’aux institutionnels, Ă©lus et mĂ©dias. Elle appelle Ă  la vigilance les usagers des plages, des estuaires et bords d’étangs pour prĂ©server les espĂšces qui s’y reproduisent.

UNE OPÉRATION DÉPLOYÉE

SUR TOUS LES LITTORAUX DE FRANCE

L’objectif est ainsi de sensibiliser Ă  la fragilitĂ© des Ă©cosystĂšmes littoraux et au respect de la faune sauvage frĂ©quentant ces espaces souvent touristiques, en particulier durant la pĂ©riode de nidification des oiseaux. Depuis 2020, l’opĂ©ration « Attention, on marche sur des Ɠufs ! » a permis l’envol de plusieurs centaines de poussins, qui n’auraient pas survĂ©cu sans les interventions des Ă©quipes locales.

En outre-mer, l’action vise en prioritĂ© Ă  protĂ©ger les espĂšces d’oiseaux vulnĂ©rables, mais Ă©galement les tortues marines venant pondre sur les plages.

1 Office français de la biodiversitĂ©. | 2 Office national des forĂȘts. |

3 Ligue pour la protection des oiseaux.

TÉMOIGNAGE

STÉPHANIE LONGA, RESPONSABLE

EAU, MILIEUX HUMIDES ET CHASSES AU CONSERVATOIRE DU LITTORAL

« BasĂ©e Ă  Rochefort, je pilote depuis quatre mois “Attention, on marche sur des Ɠufs !” (OMSDO). Des consignes vont ĂȘtre vĂ©hiculĂ©es auprĂšs des usagers du littoral durant cet Ă©vĂ©nement, afin de limiter l’impact sur la biodiversitĂ© et les Ă©ventuels Ă©checs de reproduction des espĂšces. À l’occasion des 50 ans du Conservatoire, cette Ă©dition 2025 mettra en avant les actions menĂ©es avec nos partenaires et mobilisera de nombreuses classes, y compris en outre-mer ! »

En Guadeloupe, la Grande Saline de la Pointe des ChĂąteaux est un milieu fragile abritant la nidification de nombreux oiseaux. © Conservatoire du littoral| L’ülot M’tsamboro, un site majeur Ă  Mayotte pour la ponte de tortues marines. © FrĂ©dĂ©ric Larrey / Conservatoire du littoral

TÉMOIGNAGES

MÉDHY BROUSSILLON, DÉLÉGUÉ ADJOINT

POUR LES RIVAGES FRANÇAIS D’AMÉRIQUE AU CONSERVATOIRE DU LITTORAL

« La prĂ©sence d’Ɠufs d’oiseaux au sol est encore souvent considĂ©rĂ©e comme accidentelle, tant l’image du nid perchĂ© dans la vĂ©gĂ©tation est ancrĂ©e dans les consciences. Pourtant, certaines espĂšces telles que la petite sterne ou le gravelot de Wilson nidifient sur le sable ou les cayes et sont donc particuliĂšrement vulnĂ©rables au dĂ©rangement.

À la Pointe des ChĂąteaux, il est primordial de mettre Ă  distance les visiteurs par rapport aux habitats les plus propices Ă  la nidification de ces espĂšces. C’est pourquoi, en complĂ©ment des mesures rĂ©glementaires prises par la Ville de Saint-François et pour concilier les usages, nous installerons d’ici avril 2025 un poste d’observation et de sensibilisation sur l’avifaune des Petites Salines, en lien avec le sentier de dĂ©couverte autour du Morne Pavillon. »

JÉRÉMY AMIOT, RESPONSABLE DE L’ANTENNE DU CONSERVATOIRE DU LITTORAL À MAYOTTE

« Des panneaux de sensibilisation vont ĂȘtre placĂ©s Ă  Moya, en arriĂšre-plage, sur les sites de ponte de tortues vertes et imbriquĂ©es protĂ©gĂ©s par arrĂȘtĂ© de protection de biotope. L’association Oulanga na Nyamba va informer les usagers sur les bons gestes Ă  tenir en prĂ©sence de tortues et en cas d’émergences. Pour ne pas compromettre la montĂ©e des tortues, il est interdit d’accĂ©der aux plages de 18h Ă  6h, et si l’on observe des tortillons, il ne faut pas y toucher.

Nous agissons aussi avec Les Naturalistes de Mayotte et le Gepomay pour protĂ©ger le phaĂ©ton Ă  bec jaune, ou paille-en-queue. Accessible en bateau, l’ülot Pouhou est un site de nidification important, menacĂ© par le piĂ©tinement des Ɠufs et le dĂ©rangement des adultes qui y nichent. Enfin, nous luttons contre le rat noir, grand prĂ©dateur des Ɠufs de pailles-en-queue. »

Rédaction : Sandrine Chopot

FOCUS SUR LA BONNE GESTION DE LA RESSOURCE EN EAU À MARIE-GALANTE

dAns l ’ ArChipel guAdeloupĂ©en, MArie-gAlAnte, troisiĂšMe plus grAnde Ăźle des Antilles frAnçAises Ave C ses 158 k M 2 , se dĂ© MA rque d A ns le do MA ine de l A gestion de l ’ e A u , Ave C d ’ ex C ellents

résultAts . l e point Ave C j oh A nn l egr A s , de l A C o MM un A uté de C o MM unes .

LA NAPPE PHRÉATIQUE, UNIQUE RESSOURCE

D’ EAU POTABLE

DĂ©pourvue de grands cours d’eau permettant les prĂ©lĂšvements de surface, Marie-Galante s’alimente en eau grĂące Ă  sa nappe phrĂ©atique. Le systĂšme d’adduction local de l’eau potable est actuellement constituĂ© de sept forages rĂ©partis sur l’üle et pompant cette nappe, de huit rĂ©servoirs de stockage et de 240 kilomĂštres de rĂ©seau de distribution.

La nappe phrĂ©atique se renouvelle en permanence par la pluviomĂ©trie. Or, depuis quelques annĂ©es, les cycles de rechargement ont tendance Ă  se traduire par une rarĂ©faction des pluies dites « efficaces », c’est-Ă -dire modĂ©rĂ©es et longues. Comme ailleurs en outre-mer, on observe en effet Ă  Marie-Galante une intensification des pluies de courte durĂ©e, limitant l’infiltration de l’eau, qui ruisselle alors jusqu’aux ravines et Ă  la mer.

Par ailleurs, il convient de ne pas surexploiter cette ressource fragile qu’est la nappe phrĂ©atique, au risque d’y faire pĂ©nĂ©trer l’eau de mer. Se prĂ©munir du risque de salinisation de cette eau souterraine est en effet primordial, si l’on considĂšre notamment le coĂ»t trĂšs onĂ©reux qu’impliquerait la mise en place d’unitĂ©s de dĂ©salinisation comme Ă  Saint-Martin, Ăźle quant Ă  elle dĂ©nuĂ©e d’eau douce.

LE SOUTIEN DU PLAN EAU DOM

Dans le cadre du Plan eau DOM, les collectivitĂ©s ultramarines ont la possibilitĂ© de signer avec l’État et ses partenaires un contrat de progrĂšs. La CommunautĂ© de Communes de Marie-Galante (CCMG) a Ă©tĂ© la premiĂšre collectivitĂ© des Antilles Ă  signer un tel contrat, qui permet de bĂ©nĂ©ficier de travaux et d’ingĂ©nierie en faveur de l’eau et l’assainissement.

Visite de la station d’épuration de DombliĂšre lors du comitĂ© de suivi du contrat de progrĂšs de la CCMG le 3 fĂ©vrier 2025, en prĂ©sence de Maryse Etzol, prĂ©sidente de la CCMG, Jean-Claude MaĂ«s, maire de Capesterre-de-Marie-Galante et ThĂ©o Gal, sous-prĂ©fet chargĂ© de l’eau et de l’assainissement. Cette station a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en filtres plantĂ©s de vĂ©gĂ©taux, une premiĂšre Ă  Marie-Galante. © CCMG

INTERVIEW

DURABLE À LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE MARIE-GALANTE (CCMG)

‱ Pouvez-vous nous dire un mot sur les trĂšs bons rĂ©sultats obtenus par la CCMG dans le cadre du Plan eau DOM ?

- Le niveau d’avancement de notre contrat de progrĂšs, qui s’achĂšvera en 2026, est assez Ă©levĂ©. Nous avons par exemple dĂ©jĂ  engagĂ© ou rĂ©alisĂ© 100 % des actions d’amĂ©lioration de l’eau potable et 65 % de celles dĂ©diĂ©es Ă  la meilleure performance de l’assainissement.

Ce contrat ambitieux vise ainsi Ă  coordonner un plan d’actions stratĂ©gique pour amĂ©liorer la gestion des services d’eau potable et d’assainissement sur l’üle. Le Plan eau DOM nous permet de bĂ©nĂ©ficier d’un programme pluriannuel d’investissements et de nous renforcer en termes d’ingĂ©nierie.

Je pense que le dynamisme de la CCMG dans les domaines de l’eau et de l’assainissement est liĂ© Ă  la taille de notre territoire, qui facilite les concertations entre acteurs, mais aussi Ă  la prĂ©sence d’élus locaux moteurs et forces de propositions. Il est Ă  noter que l’eau Ă  Marie-Galante est de trĂšs bonne qualitĂ© du fait qu’il n’y a pas eu ici de culture intensive de bananes ni de pollution des sols au chlordĂ©cone.

‱ En quoi la station d’épuration de DombliĂšre, inaugurĂ©e fin 2024, est-elle inĂ©dite ?

- Elle utilise des filtres plantĂ©s de vĂ©gĂ©taux, une solution rustique, low tech et performante. Les eaux usĂ©es sont dĂ©versĂ©es sur un filtre composĂ© de sable et de plantes, ces derniĂšres favorisant l’infiltration des eaux usĂ©es dans le sable. Cet amĂ©nagement Ă©cologique illustre aussi une volontĂ© d’aller au-delĂ  des exigences rĂ©glementaires, car nous l’avons dotĂ© d’une zone de rejet vĂ©gĂ©talisĂ©e unique Ă  l’échelle des Antilles-Guyane. Ce systĂšme complĂ©mentaire, petit plus du projet, vient parfaire le traitement de l’eau.

interview

StĂ©phanie Castre + d’info ici : VidĂ©o de prĂ©sentation de Dlo PĂ©yi

GUYANE

HADRIEN LALAGÜE : « J’AI TOUJOURS CHERCHÉ À MARIER MON ACTIVITÉ

DE PHOTOGRAPHE AVEC CELLE DE BIOLOGISTE »

INTERVIEW

HADRIEN LALAGÜE, DOCTEUR

EN BIOLOGIE ET PHOTOGRAPHE

NATURALISTE EN GUYANE

‱ En 2023, vos images vous ont fait gagner le prix Wildlife Photographer, dans la catĂ©gorie « Comportement, oiseaux ». Pouvez-vous revenir sur votre parcours ayant menĂ© Ă  cette consĂ©cration ?

- J’ai commencĂ© Ă  faire de la photo trĂšs jeune, aprĂšs m’ĂȘtre essayĂ© au dessin et Ă  la peinture, sans vraiment atteindre le niveau de satisfaction que j’espĂ©rais. J’ai longtemps vu la photo comme une activitĂ© purement de loisir. Parfois, prendre l’appareil, c’est simplement un prĂ©texte pour partir en balade ou passer du temps Ă  contempler un paysage.

En 2013, Ă  mes dĂ©buts en Guyane, quand je travaillais dans la recherche, je partais rĂ©guliĂšrement en forĂȘt, mais sans avoir forcĂ©ment d’objectif prĂ©cis. Je ne recherche pas un type de photo. J’aime les belles images, dĂšs qu’il y a un paysage esthĂ©tique, une lumiĂšre particuliĂšre, un animal dans une pose singuliĂšre... Les photos qui m’intĂ©ressent le moins sont celles centrĂ©es sur des objets du quotidien ou sur l’humain. Au contraire, je vois la photographie comme une façon de m’extirper du monde humain et de me rapprocher de la nature.

biologiste et photogrAphe en guyAne, hAdrien lAlAgĂŒe A Ă©tĂ© priMĂ© Au Wildlife photogrApher of the y e A r 2023, le plus prestigieux Con Cours intern Ation A l de photogr A phie de n Ature , dĂ© C ernĂ© pA r le M usĂ©e d ’ h istoire n Aturelle de l ondres r en Contre En haut de page : jeune caĂŻman Ă 

de rainettes singes (Phyllomedusa bicolor) Ă  Kourou. | Silures Ă  antennes (Ancistrusaff.hoplogenys) dans le fleuve Sinnamary, le mĂąle adulte ayant de curieuses excroissances molles autour du museau.

‱ À cĂŽtĂ© de la photo, vous ĂȘtes biologiste pour le bureau Hydreco, expert en milieux aquatiques. Quel lien faites-vous entre ces deux activitĂ©s ?

- Je pense que j’ai toujours cherchĂ© Ă  marier mon activitĂ© de photographe avec celle de biologiste, sans vraiment y parvenir, jusqu’à ces derniĂšres annĂ©es. DĂ©jĂ , quand je m’essayais au dessin, j’avais une approche scientifique et je m’amusais Ă  esquisser des squelettes, des oiseaux. Au fil des annĂ©es et des sorties, je me suis de plus en plus concentrĂ© sur des sujets que j’étudie par ailleurs dans le cadre d’une dĂ©marche scientifique. Je passe moins de temps qu’avant devant un coucher de soleil ou un animal qui ne fait pas partie de mes Ă©tudes. ConcrĂštement, avec l’association Guyane Wild Fish dans laquelle je suis engagĂ©, nous recensons les populations locales de poissons et, comme nous manquons d’illustrations d’espĂšces dans leur milieu, je tĂąche d’en faire le plus possible.

De mĂȘme, en dehors de mon poste, je travaille beaucoup sur les mygales et participe Ă  un projet scientifique sur les bromĂ©liacĂ©es de Guyane. À chaque sortie, je cherche Ă  avoir de belles illustrations pour pouvoir nourrir la littĂ©rature scientifique. La Guyane reste l’un de ces territoires oĂč il y a encore de vastes zones blanches pour le biologiste. Beaucoup d’espĂšces n’ont pas encore Ă©tĂ© bien photographiĂ©es.

‱ La photographie est-elle un moyen pour vous de sensibiliser le grand public, dans un contexte oĂč la biodiversitĂ© est, partout dans le monde, de plus en plus menacĂ©e ?

- L’écologiste amĂ©ricain Aldo Leopold disait que pour parvenir Ă  protĂ©ger la nature, il fallait la connaĂźtre, la voir et la toucher, mais que si on la touchait trop, il n’y aurait plus rien Ă  protĂ©ger.

Je pense que l’on est en permanence dans la quĂȘte de cet Ă©quilibre et qu’effectivement, il faut connaĂźtre les diffĂ©rentes espĂšces d’oiseaux ou la migration des poissons pour pouvoir diminuer l’impact que l’on a sur la nature. Certaines de mes photos sont reprises dans des ouvrages scientifiques et j’espĂšre qu’elles pourront aussi apparaĂźtre dans des livres Ă  destination du grand public, afin de faire dĂ©couvrir la richesse de ces Ă©cosystĂšmes mĂ©connus.

‱ Avec votre double casquette de biologistephotographe, vous ĂȘtes un tĂ©moin privilĂ©giĂ© pour saisir l’impact des activitĂ©s humaines et du dĂ©rĂšglement climatique sur la faune et la flore guyanaise. Que constatez-vous ?

- Il est impossible, a fortiori dans un Ă©cosystĂšme aussi riche que la forĂȘt guyanaise, de percevoir l’impact global du dĂ©rĂšglement climatique sur la biodiversitĂ©. D’autant que les zones Ă©quatoriales sont celles qui se rĂ©chauffent le moins rapidement.

En revanche, on constate une fragmentation de plus en plus forte de l’habitat. Les forĂȘts reculent en raison de l’extension des zones agricoles et de l’artificialisation des sols.

Et mĂȘme si la Guyane demeure trĂšs peu densĂ©ment peuplĂ©e et la forĂȘt, largement protĂ©gĂ©e, l’expansion humaine entraĂźne un recul indĂ©niable de la faune. En 10 ans, on a observĂ© une augmentation considĂ©rable de la pression humaine, qui est Ă©troitement liĂ©e Ă  la croissance dĂ©mographique et aux nombreuses activitĂ©s qui en dĂ©coulent.

RĂ©daction et interview : Enzo Dubesset + d’info ici : https://www.instagram.com/hadrien_ lalague/?hl=fr

Accouplement
© Hadrien LalagĂŒe
Ci-dessus : la riviĂšre ManarĂ©, un affluent de l’Approuague. | Yaya-sadine (Bryconops affinis) dans un affluent du fleuve Mana. | Ce serpent d’environ 1,50 mĂštre, le chasseur soulignĂ© (Chironus exoletus) frĂ©quente les lisiĂšres de forĂȘts, ainsi que les strates arbustives des savanes. Cette espĂšce diurne, couramment observĂ©e dans l’ouest de la Guyane, est inoffensive pour l’homme. © Hadrien LalagĂŒe
Amazonius germani, une grosse mygale arboricole endĂ©mique de Guyane. | Inselberg Mamilihpan au lever du soleil. Dans le sud-ouest de la Guyane, ce piton rocheux est connu pour abriter des peintures rupestres uniques en Guyane et de nombreux vestiges des premiers peuples d’Amazonie. | Mort et naissance, ombres et lumiĂšres ; restes d’un papillon Morpho melenaus dans le sous-bois. © Hadrien LalagĂŒe

Au crĂ©puscule, une chauve-souris (Glossophaga soricina) sort par une galerie terrestre du tronc de l’arbre creux dans lequel niche la colonie.

Un ocelot (Leopardus pardalis), fĂ©lin lĂ©ger (8 Ă  18 kg) mais puissant, dans les environs de Kourou. Photos de la page : © Hadrien LalagĂŒe
Lever de soleil sur la riviĂšre Tampok, un affluent de la riviĂšre Lawa qui se jette Ă  tour, en aval, dans le fleuve Maroni. © Hadrien LalagĂŒe

INTERCO’ OUTRE-MER DONNE LA PAROLE AUX INTERCOMMUNALITÉS DE GUYANE SUR LEURS PRIORITÉS EN MATIÈRE D’ENVIRONNEMENT

dAns Ce nuMĂ©ro de l ’ e-MAg, interCo ‘outre-Mer, rĂ©seAu des interCoMMunAlitĂ©s ultrAMArines, M et en AvA nt ses A dhĂ©rents en g uyA ne , A uxquels nous Avons posĂ© C ette question : « pourriezvous nous pArler d ’ un projet environneMentAl MAjeur Au sein de votre interCoMMunAlitĂ©,

ContribuAnt à répondre Aux défis Auxquels lA guyAne est Confrontée ? »

TÉMOIGNAGES

SERGE SMOCK, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DU CENTRE LITTORAL (CACL)

« La CACL investit plus de 263 millions d’euros dans la transition et l’autonomie Ă©nergĂ©tique du territoire.

Anticipant la fermeture prochaine du site de stockage de dĂ©chets des Marsouins, avec mes collĂšgues Ă©lus et les Ă©quipes de la CACL nous travaillons depuis des annĂ©es au dĂ©veloppement d’une filiĂšre pĂ©renne pour le traitement et la valorisation des dĂ©chets des trois territoires : CACL, CCDS et CCEG.

Afin de traduire cette ambition, l’Agglo a sĂ©lectionnĂ©, dans le cadre d’une dĂ©lĂ©gation de service public conception-construction-exploitation, le meilleur projet tournĂ© vers la mise en Ɠuvre d’une Ă©conomie circulaire dĂ©chets-Ă©nergie.

Celui-ci permet de sĂ©curiser la gestion des dĂ©chets sur le long terme, d’augmenter leur valorisation notamment surleplanĂ©nergĂ©tique,enproduisantdel’électricitĂ©pour plus de 40000 habitants, avec la construction d’une unitĂ© de valorisation Ă©nergĂ©tique et ainsi, de prendre en compte l’évolution dĂ©mographique de la Guyane. »

FRANÇOIS RINGUET, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DES SAVANES (CCDS)

« Du fait du changement climatique, nous avons Ă©tĂ© touchĂ©s de plein fouet par des pĂ©riodes de sĂ©cheresse extrĂȘme. Aussi, ai-je pris l’initiative l’annĂ©e derniĂšre de mettre Ă  disposition des agriculteurs qui en ont fait la demande de l’eau agricole, afin que les exploitations ne soient pas en rupture de production. Les agriculteurs des savanes ont pu ainsi bĂ©nĂ©ficier de la solidaritĂ© de la communautĂ© de communes.

Ce dispositif d’urgence vient en complĂ©ment des aides apportĂ©es Ă  travers le programme Leader et, chaque annĂ©e, deux agriculteurs sont financĂ©s afin qu’ils puissent participer au Salon international de l’agriculture (SIA) Ă  Paris. AprĂšs un appel Ă  candidatures, quatre agriculteurs ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s cette annĂ©e pour reprĂ©senter la diversitĂ© et la qualitĂ© des produits agricoles des savanes.

Nous avons prĂ©sentĂ© en avant-premiĂšre au SIA 2025 un « Guide de l’agriculture biologique – territoire des Savanes » qui rappelle les grands principes de l’agriculture biologique, la liste des agriculteurs bio du territoire, ainsi que les points de vente en Guyane. »

d’unitĂ© de valorisation Ă©nergĂ©tique portĂ© par la CACL, dans le cadre d’une dĂ©lĂ©gation de service public Ă  tranche ferme intĂ©grant les seules Ă©tudes de conception Ă  ce

SOPHIE CHARLES, PRÉSIDENTE DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE L’OUEST GUYANAIS (CCOG)

« L’ÉcopĂŽle Colibri est un projet ambitieux estimĂ© Ă  15 millions d’euros, que la CCOG pilote pour moderniser la gestion des dĂ©chets dans l’Ouest guyanais.

Conçu pour traiter plus de 25 000 tonnes de dĂ©chets par an, il regroupe une dĂ©chĂšterie, un centre de tri, une installation de stockage des dĂ©chets non dangereux (ISDND) et des Ă©quipements de pointe, des presses Ă  balles notamment, afin d’optimiser la logistique et de promouvoir le recyclage, basĂ© Ă  Saint-Laurent du Maroni.

En 2024, l’ISDND a accueilli 45 000 mÂł de dĂ©chets enfouis. L’objectif est de bĂątir une filiĂšre de valorisation adaptĂ©e aux rĂ©alitĂ©s locales, en protĂ©geant l’environnement. L’ÉcopĂŽle Colibri prĂ©voit aussi un espace pĂ©dagogique pour sensibiliser le grand public aux enjeux de la gestion des dĂ©chets.

À travers ce projet d’envergure, la CCOG affirme sa volontĂ© de doter le territoire d’infrastructures capables de relever les dĂ©fis environnementaux et de favoriser un dĂ©veloppement durable et rĂ©silient. »

fabrication d’huile essentielle crĂ©atrice d’emploi. © CCDS

LE MOT DE LYLIANE PIQUION-SALOMÉ, PRÉSIDENTE

D’INTERCO’ OUTRE-MER

« Je remercie chaleureusement les prĂ©sident(e)s d’intercommunalitĂ©s qui se sont exprimĂ©s ici dans cet article, et je tiens Ă  souligner le grand dynamisme des projets environnementaux Ă  l’Ɠuvre aujourd’hui en Guyane.

Dans un esprit de partage d’expĂ©riences, Interco’ Outre-mer initie des Ă©changes permanents avec ses adhĂ©rents. Il est de notre responsabilitĂ© de porter la voix de l’intercommunalitĂ© ultramarine au niveau rĂ©gional, en France hexagonale et au niveau europĂ©en, pour continuer de sensibiliser les pouvoirs publics sur les rĂ©alitĂ©s et prioritĂ©s de chacun de ces territoires. »

Projet
stade. © CACL | Inauguration de la déchÚterie Colibri par Sophie Charles en décembre 2024. © CCOG
Avec l’appui du Fonds vert, la CCDS valorise le bois de rose en bñtissant une filiùre de
Rédaction
Stéphanie Castre

ÎLE DE LA RÉUNION

LES SCOUTS DE LA RÉUNION

À L’ASSAUT DE L’OCÉAN

Sortie en bus jusqu’au port de Sainte-Rose pour ces scoots partis Ă  la dĂ©couverte du patrimoine marin rĂ©unionnais. © Dream’s life concept

M A lgrĂ© s A situ Ation dA ns l ’ o C Ă© A n i ndien entre M A uri C e et M A dAg A s CA r , l A r Ă©union ne s ’ est j AMA is tournĂ©e pleine M ent vers le gr A nd bleu . C’ est C e qu ’ ont ConstAtĂ© les s Couts de f r A n C e de l ’ ouest de l ’ Ăźle , seuls s Couts des outre - M er fr A nç A is Ă  ne pA s exer C er d ’ AC tivitĂ©s MA riti M es et n A utiques u ne tribu MA rine en tr A in de gr A ndir « ti pA s , ti pA s 1 ».

Tout commence il y a deux ans quand Tony Pipard, enseignant d’arts appliquĂ©s au Port, s’est rendu aux portes ouvertes du mouvement. « J’ai toujours voulu ĂȘtre scout, mais cela n’a pas Ă©tĂ© possible pour moi. J’avais donc fait les dĂ©marches pour y inscrire mes deux filles, mais faute de chef scout, on nous a mis sur liste d’attente. Je me suis portĂ© volontaire et ma femme Josette m’a emboĂźtĂ© le pas quelque temps aprĂšs. »

« SENSIBILISER LES JEUNES

RÉUNIONNAIS AU MONDE DE L’OCÉAN »

Breton et petit-fils de pĂȘcheur, Tony Pipard a eu envie de crĂ©er cette tribu de scouts marins. « Le but est d’abord de sensibiliser au monde de l’ocĂ©an, c’est pour cela que l’on a organisĂ© un tour de l’üle sur le patrimoine marin de La RĂ©union ».

Reboisement des plages pour favoriser le retour des tortues marines avec l’aide du centre KĂ©lonia de Saint-Leu, initiation Ă  la pĂȘche, kayak... Les jeunes ont Ă©galement Ă©tĂ© immergĂ©s dans l’histoire de leur Ăźle, avec notamment la visite du Lazaret de La Grande Chaloupe, lieu de quarantaine Ă©rigĂ© au XIXe siĂšcle afin d’éviter la propagation d’épidĂ©mies, et oĂč Ă©taient isolĂ©s les engagĂ©s venus travailler sur l’üle aprĂšs l’abolition de l’esclavage. « Sur les 37 jeunes qui Ă©taient prĂ©sents, seulement sept connaissaient cette partie de leur histoire. »

Camps en bord de mer, brevet de natation, certificat d’aisance aquatique et sauvetage en eaux vives, tel est le programme pour prĂ©parer au mieux les futurs matelots avant de les confronter Ă  l’ocĂ©an. Le souhait de Tony Pipard est d’organiser deux Ă  trois sorties Ă  voile par mois cette annĂ©e, mais cela a un coĂ»t : « Il nous faut trouver des partenaires et, par ailleurs, des accompagnants pouvant former les jeunes de la mĂ©canique Ă  la navigation. L’idĂ©e, c’est aussi d’acheter des kayaks pour rendre cette activitĂ© accessible Ă  tous. On a estimĂ© Ă  10 000 euros le budget nĂ©cessaire, dans un premier temps, pour vĂ©ritablement rĂ©ussir Ă  lancer notre activitĂ©. »

Tony Pipard (à gauche) et Josette Séraphin Pipard (à droite) en compagnie de leurs filles Lina et Luna, de Xavier et son pÚre Joe.

FORMER LES CITOYENS DE DEMAIN

Selon Josette SĂ©raphin Pipard, Ă©galement chef scout et enseignante, cette nouvelle tribu de scouts marins est surtout un prĂ©texte pour accompagner au mieux des jeunes de tous milieux. « Le service militaire offrait l’opportunitĂ© aux jeunes d’acquĂ©rir une certaine autonomie vis-Ă -vis de leur famille, tout en assurant la mixitĂ© sociale. Le scoutisme peut permettre cela. On forme Ă©galement ces jeunes pour qu’ils puissent dĂ©crocher le brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA), puis devenir directeurs de camps et, enfin, chefs scouts. Dans le scoutisme, un jeune est formĂ© Ă  devenir un citoyen. »

Xavier est un scout de 12 ans, collĂ©gien Ă  La Possession. D’annĂ©e en annĂ©e, il a fait tomber les clichĂ©s sur ce mouvement auprĂšs de ses camarades. « J’étais le seul scout du collĂšge ; au dĂ©but, ils voyaient les scouts comme un truc de zoreils [gens venus de mĂ©tropole, NDLR] alors qu’il y a de tout, des Blancs, des Malgaches, des Chinois, des Malbars [descendants d’engagĂ©s venus de l’Inde, NDLR] Ă  l’image de La RĂ©union. On devient dĂ©brouillard, autonome. Maintenant, je sais faire Ă  manger pour toute la tribu et j’adore passer des moments avec eux en pleine nature. » Et les activitĂ©s ne manquent pas. Par exemple, le 30 mars, les scouts encadreront le Trail de la trisomie 21. Puis ils participeront au reboisement de la rĂ©serve du MaĂŻdo, l’un des sommets les plus emblĂ©matiques de l’üle.

Rédaction : Pierre-Yves Fouché

La RĂ©union recense aujourd’hui 309 adhĂ©rents scouts, dont 158 filles et 151 garçons. La tribu des futurs scouts marins de Saint-Paul reprĂ©sente dĂ©jĂ  73 jeunes et 25 bĂ©nĂ©voles, ce qui illustre un bel engouement pour les activitĂ©s sportives pratiquĂ©es sur l’eau. © SGDF Anne Mousse 974
Les jeunes scoots de La RĂ©union ont rĂ©cemment pu s’initier au kayak et aux jeux d’eau sur le site de l’Étang Saint-Paul.
SĂ©ance de pĂȘche traditionnelle Ă  la gaulette – longue tige de bambou utilisĂ©e comme canne – et concours de pĂȘche proposĂ©s au Port.

LA FORCE D’UN RÉSEAU D’ACTEURS

DYNAMIQUES AU SERVICE DE LA BIODIVERSITÉ

M ieux tr A v A iller ense M ble de MA niÚre à g A gner en effi CAC ité et bùtir des p A rten A ri Ats

dur A bles en f A veur de l A biodiversitĂ© , telle est l ’ AM bition de C Ă©line M A urer , dĂ©lĂ©guĂ©e

territori A le o C Ă© A n i ndien Ă  l ’ ofb depuis bientĂŽt un A n . r en Contre .

INTERVIEW

CÉLINE MAURER, DÉLÉGUÉE

TERRITORIALE OCÉAN INDIEN À

L’OFFICE FRANÇAIS DE LA BIODIVERSITÉ

‱ Quels sont les points communs entre votre mission actuelle et la prĂ©cĂ©dente exercĂ©e pour l’OFB en Nouvelle-CalĂ©donie ?

- La Nouvelle-CalĂ©donie, l’üle de La RĂ©union et Mayotte font partie des hotspots de la biodiversitĂ©, identifiĂ©s pour leur richesse remarquable mais aussi leur fragilitĂ©. Dans ces territoires, le tissu associatif est trĂšs dense, et je suis frappĂ©e par la dynamique des acteurs engagĂ©s en faveur de la biodiversitĂ©. Je n’ai pas encore beaucoup de recul, ayant pris mes fonctions en avril 2024, mais cette mobilisation est dĂ©jĂ  une Ă©vidence.

‱ Et les diffĂ©rences notables ?

- Dans le Pacifique, la dĂ©lĂ©gation territoriale (DT) de l’OFB en Nouvelle-CalĂ©donie et Ă  Wallis-et-Futuna a un fonctionnement particulier. En effet, ces deux territoires

possĂšdent la compĂ©tence en matiĂšre d’environnement. L’OFB intervient Ă  leur demande par voie de convention, pour la mise en Ɠuvre de leurs politiques environnementales et le dĂ©veloppement de partenariats.

Dans l’ocĂ©an Indien, plusieurs structures de l’OFB interviennent en complĂ©ment de la dĂ©lĂ©gation territoriale basĂ©e Ă  Saint-Denis et qui compte six agents : deux implantations de services dĂ©partementaux de police Ă  La RĂ©union et Ă  Mayotte, l’UnitĂ© technique et connaissance (UTC) Ă  Saint-Denis, ainsi que le Parc naturel marin de Mayotte. L’OFB participe aussi Ă  des projets dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).

Nos champs d’expertise sont le fruit de notre histoire. En Nouvelle-CalĂ©donie, l’implantation existait Ă  travers l’Agence des aires marines protĂ©gĂ©es (AAMP) avec un accompagnement historique du Gouvernement de la Nouvelle-CalĂ©donie en charge du Parc naturel de la mer de Corail. Alors qu’à La RĂ©union, les premiĂšres entitĂ©s Ă©taient l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA) centrĂ©s sur les volets faune et milieux aquatiques. Aujourd’hui, le pĂ©rimĂštre d’action de l’OFB englobe les milieux marins, aquatiques et terrestres.

Exemple

« NOUS ƒUVRONS AVEC

LES ENTITÉS

DE L’OFB, LES ACTEURS LOCAUX ET LES POLITIQUES PUBLIQUES. NOUS AVONS LA CHANCE D’AVOIR UN TISSU D’ACTEURS TRÈS RICHE. LA FORCE DU RÉSEAU DOIT NOUS PERMETTRE DE GAGNER EN EFFICACITÉ ! »

‱ Quelques projets phares à nous citer ?

- Notre dĂ©lĂ©gation territoriale Ɠuvre sur des missions d’appui aux politiques publiques et de mobilisation des acteurs. Dans le cadre de la solidaritĂ© interbassins, elle apporte un soutien financier consĂ©quent Ă  des investissements permettant de lutter contre les pressions sur les milieux. Par exemple, Ă  Mayotte, l’OFB soutient Ă  hauteur de 3,7 millions d’euros – coĂ»t total de l’opĂ©ration de 12 millions d’euros – la construction d’une nouvelle station d’épuration de l’ordre de 6 000 Ă©quivalenthabitants, dont la mise en service est prĂ©vue en 2025.

LaurĂ©ate de l’appel Ă  projets « Restauration Ă©cologique des milieux humides d’outre-mer », la CommunautĂ© intercommunale des villes solidaires (CIVIS) – dans le sud de La RĂ©union – bĂ©nĂ©ficie de notre accompagnement dans son projet de restauration Ă©cologique des berges et ravines de l’Étang du Gol. Aujourd’hui, le nombre d’espĂšces de l’avifaune a doublĂ© sur le site !

‱ Et enfin, vos ambitions ?

J’aimerais collaborer davantage avec l’Agence rĂ©gionale de la biodiversitĂ© (ARB) de La RĂ©union, pour aller encore plus loin dans notre mission de mobilisation des acteurs et des collectivitĂ©s locales.

Je souhaite poursuivre le dĂ©ploiement des Atlas de la biodiversitĂ© communale (ABC), qui permet Ă  toute collectivitĂ© de disposer d’une cartographie partagĂ©e des enjeux de biodiversitĂ© sur son territoire. J’ai Ă  cƓur aussi de participer au dĂ©veloppement du rĂ©seau des aires Ă©ducatives. À La RĂ©union, 50 Ă©tablissements sont engagĂ©s dans la dĂ©marche, et 10 Ă  Mayotte.

Enfin, parmi les nombreux projets Ă  mettre en Ɠuvre, il me semble important de faire connaĂźtre « Territoires engagĂ©s pour la nature », un label qui fait Ă©merger et valorise des plans d’actions portĂ©s par les collectivitĂ©s.

L’OFB soutient la construction de cette station d’épuration Ă  Koungou (Mayotte), dont le clarificateur est ici en phase de test d’étanchĂ©itĂ©.

UN COMITÉ DES FINANCEURS DE LA BIODIVERSITÉ À MAYOTTE

Depuis un an, ce comitĂ© accompagne les porteurs de projets et favorise les initiatives en faveur de la biodiversitĂ©, grĂące Ă  une meilleure collaboration des financeurs. « À Mayotte, aprĂšs le passage du cyclone Chido, nous souhaitons Ă©largir ce cercle de financeurs Ă  des fondations privĂ©es. On se rend compte, en mutualisant nos efforts, que l’on peut travailler sur une approche globale intĂ©grant Ă  la fois la biodiversitĂ©, la santĂ©, l’économie sociale et solidaire », se rĂ©jouit CĂ©line Maurer.

Dans la commune de Saint-Louis, l’Étang du Gol est une zone humide du littoral rĂ©unionnais abritant une biodiversitĂ© remarquable. © Cynorkis

Sortie pĂ©dagogique avec des Ă©lĂšves chargĂ©s de gĂ©rer l’aire terrestre Ă©ducative (ATE) de Chirongui, dans le sud de Mayotte.

LES ENFANTS, ACTEURS D’UN AVENIR PLUS VERT !

A lors qu ’ AvA n C e sur le front de M er de s A int - d enis le projet de forĂȘt urb A ine du b A r AC hois , 24 enfA nts de l A spl opĂ© ont Ă©tĂ© invitĂ©s pA r Ă© ri C k A b A reigts , MA ire de l A v ille , Ă  pA rti C iper

Ă  l A pl A ntAtion de vĂ©gĂ©tA ux test . u ne expĂ©rien C e enri C hiss A nte pour C es jeunes et leurs en CA dr A nts , qui Contribuent A insi Ă  l ’ AM Ă©n Age M ent de C e futur espAC e boisĂ© .

Site sanctuarisĂ© depuis un an, l’emplacement de la future forĂȘt urbaine accueille aujourd’hui la phase 2 du projet, qui consiste Ă  enrichir les sols avant les plantations. Un mĂ©lange de terre et de pierres est en place, couplĂ© Ă  des graminĂ©es de type prairie. La nature et la mĂ©tĂ©o travaillent ensemble pour permettre une rĂ©gĂ©nĂ©ration du sol sans intervention humaine, ni entretien ou arrosage, et le sol fait l’objet d’un suivi d’analyse chimique tous les six mois.

Ce projet ambitieux de la Ville de Saint-Denis s’inspire des travaux du botaniste japonais Akira Miyawaki, qui a dĂ©veloppĂ© une mĂ©thode de recrĂ©ation de forĂȘts indigĂšnes sur des sols appauvris et des sites en friche. Selon cette mĂ©thode, la future petite forĂȘt dionysienne fera se cĂŽtoyer une composition d’espĂšces adaptĂ©es aux embruns et Ă  la vie en bord de mer.

QUATRE ZONES TESTS DE COMPOST

Sur proposition du paysagiste et maĂźtre d’Ɠuvre Philippe Cretin du bureau d’études Sodexi, la Ville de Saint-Denis va profiter de ce temps de rĂ©gĂ©nĂ©ration pour tester divers types de compost. Le protocole a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© entre la Ville, le paysagiste, l’entreprise La Mare Espaces verts et le laboratoire LAMS 21, en fonction des potentiels disponibles sur l’üle.

Quatre zones tests dĂ©clinĂ©es sous forme de jardiniĂšres en bois de 100 m ÂČ ont ainsi Ă©tĂ© mises en place.

Tandis qu’une premiĂšre zone abrite un compost de dĂ©chets verts grossiers, de rĂ©sidus et poussiĂšres de pellets de bois, un autre espace va permettre de tester un compost issu de dĂ©chets verts fins. Une troisiĂšme zone renferme un mĂ©lange de rĂ©sidus de boues de stations d’épuration et de dĂ©chets verts gros calibre. Enfin, la derniĂšre parcelle est dĂ©diĂ©e aux rĂ©sidus de dĂ©chets alimentaires, Ă  partir du tri des bacs gris du nord et de l’est de l’üle.

« L’objectif est d’expĂ©rimenter ces types de composts aussi bien sur leurs performances que sur leurs contraintes. Un de ces quatre mĂ©langes sera mis en Ɠuvre sur l’ensemble de la parcelle avant de procĂ©der Ă  la plantation de la micro-forĂȘt durant la phase 3, qui consistera Ă  mettre en terre 22000 plants sur une surface de 5000 m2. C’est donc une Ă©tape dont nous attendons beaucoup, car les rĂ©sultats serviront aux amĂ©nagements paysagers futurs », explique NadĂšge Grenier-Duvert, cheffe de projet Ă  la direction des Grands projets de la Ville de Saint-Denis.

UNE CENTAINE DE PLANTS, SIX ESPÈCES

Le 4 dĂ©cembre dernier, durant une demi-journĂ©e, les enfants de la SPL OPÉ, Oser Pour l’Éducation, ont plantĂ© 100 plants de six espĂšces distinctes, dont cinq endĂ©miques de La RĂ©union et une endĂ©mique de Maurice : manioc bord de mer ; bois de tension ; baume de l’üle Plate (Île Maurice) ; bois de chenille ; bois d’arnette et bois de senteur blanc.

Cela reprĂ©sente 25 plants par zone expĂ©rimentale. Choisies pour leur rusticitĂ©, ces espĂšces figurent dans la liste des plantes qui peupleront ultĂ©rieurement la forĂȘt urbaine. « AprĂšs les travaux pratiques, nous avons pu Ă©changer avec les enfants, par exemple, sur l’histoire du bois de senteur blanc, qui aurait pu disparaĂźtre il y a quelques annĂ©es, ou leur faire observer la petite fleur blanche du manioc bord de mer », note NadĂšge Grenier-Duvert.

La Ville de Saint-Denis a pour ambition de partager ce projet pĂ©dagogique autour de la forĂȘt urbaine avec les petits Dionysiens. « Nous rĂ©flĂ©chissons Ă  l’élaboration de sĂ©quences coordonnĂ©es avec la direction des Espaces publics, de l’environnement et du cadre de vie, ainsi que la direction de l’Éducation, pour mobiliser encore davantage de jeunes autour du projet », conclut NadĂšge Grenier-Duvert.

INTERVIEW

JEAN-MAX BOYER, CONSEILLER MUNICIPAL DE SAINT-DENIS ET PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ PUBLIQUE LOCALE OSER POUR L’ÉDUCATION (SPL OPÉ)

‱ Quel regard portez-vous sur cette plantation rĂ©alisĂ©e par les enfants ?

- C’est une trĂšs belle opĂ©ration porteuse d’espoir pour la Ville de Saint-Denis et le futur de notre Ăźle. C’est aussi un symbole fort pour la SPL OPÉ, qui n’est pas

juste une garderie d’enfants, mais une association qui nourrit l’ambition d’un avenir plus prometteur, via des actions dĂ©clinĂ©es sur l’ensemble du territoire.

‱ Comment les jeunes ont-ils vĂ©cu l’expĂ©rience ?

- Ils ont appris Ă  planter, Ă  creuser des trous, Ă  dĂ©poter les arbres, Ă  bien les positionner en terre, Ă  remblayer
 Ils Ă©taient tous trĂšs investis, curieux, trĂšs pressĂ©s de mettre la main Ă  la pĂąte, de prendre l’arrosoir. Je tiens Ă  dire Ă  Madame la Maire, aux partenaires et animateurs que nous avons tous pris plaisir Ă  partager nos connaissances et notre savoir-faire avec les enfants.

‱ Un acte symbolique qui montre que chacun peut contribuer à un avenir plus vert ?

- Tout Ă  fait. Les enfants, dĂšs leur plus jeune Ăąge, en classe de maternelle, vont grandir avec les arbres. Ils sont les adultes de demain et ils pourront profiter de cette forĂȘt urbaine. Ils reprĂ©sentent un excellent vecteur de communication auprĂšs de leurs familles et seront les acteurs du sauvetage de notre planĂšte !

Rédaction
: Sandrine Chopot
Photos :
©
Ville de
Saint-Denis

En haut de page : animation avec un groupe d’enfants par la SPL OPÉ sur le site de la future micro-forĂȘt urbaine. | Ci-dessus : exemple de parcelle d’expĂ©rimentation de compost. | Page suivante : prĂ©sence d’Éricka Bareigts, maire de Saint-Denis, auprĂšs des enfants.

Photos : © Ville de Saint-Denis

LA VILLE DE SAINT-DENIS REMPORTE LE TROPHÉE DE L’ACHAT RESPONSABLE

Dans le cadre du marchĂ© d’amĂ©nagement de la micro-forĂȘt urbaine, la Ville a reçu le TrophĂ©e de l’Achat Responsable, remis par Brigitte Adame (Ă  gauche sur la photo), prĂ©sidente de la Maison de l’Emploi Nord 974, aux cĂŽtĂ©s de Serge Hoareau, prĂ©sident du Haut conseil de la commande publique de La RĂ©union (Ă  droite). Cette distinction rĂ©compense une initiative Ă©cologique et souligne aussi la capacitĂ© d’une collectivitĂ© Ă  intĂ©grer des enjeux environnementaux, sociaux et Ă©conomiques dans un projet d’amĂ©nagement urbain.

Le marchĂ© de la micro-forĂȘt intĂšgre en effet un volet social fort, avec prĂšs de 1 150 heures d’insertion prĂ©vues afin d’accompagner des personnes en difficultĂ© vers l’emploi.

Au centre, Fernande Anilha, Ă©lue dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  la commission d’appels d’offres et marchĂ©s des travaux, fournitures et services, a reçu le prix pour la Ville.

Par ailleurs, la Ville de Saint-Denis a veillĂ© Ă  travailler avec des TPE-PME locales, de maniĂšre Ă  valoriser le tissu Ă©conomique de l’üle, tout en respectant des critĂšres Ă©thiques rigoureux, dans le cadre de la StratĂ©gie du Bon Achat.

LES ÉCOSYSTÈMES CORALLIENS PROFONDS

DÉVOILENT LEURS SECRETS AU LARGE DU PORT

Ă  l ’ issue de qu Atre A nnĂ©es de re C her C hes pA ssĂ©es A u g r A nd p ort M A riti M e de l A r Ă©union ( gp M dlr ), l udovi C hoA r A u A brill AMM ent rĂ©ussi s A souten A n C e en dĂ© C e M bre dernier r en Contre Ave C l ’ un des r A res experts en f r A n C e des Ă© CosystĂš M es Cor A lliens M Ă©sophotiques ( e CM s ), qui vivent entre 30 et 150 M Ăštres de profondeur

INTERVIEW

LUDOVIC HOARAU, BIOLOGISTE MARIN ET DIPLÔMÉ D’UN DOCTORAT À L’UMR ENTROPIE, UNIVERSITÉ DE LA RÉUNION

‱ En quoi les communautĂ©s coralliennes formentelles des Ă©cosystĂšmes d’une immense valeur ?

- Les rĂ©cifs coralliens, qui recouvrent moins d’1 % de la surface des ocĂ©ans, abritent environ 30 % de la biodiversitĂ© marine mondiale. Ils protĂšgent aussi des millions de personnes en jouant un rĂŽle barriĂšre, et nous offrent de prĂ©cieux biens et services. On estime Ă  49 millions d’euros par an les services Ă©cosystĂ©miques qu’ils rendent Ă  La RĂ©union, entre la protection cĂŽtiĂšre, la pĂȘche rĂ©cifale, le tourisme et les loisirs.

Or, les coraux se dĂ©gradent inexorablement, du fait des changements environnementaux et autres pressions anthropiques. Sur l’üle, on note une diminution du corail vivant depuis les annĂ©es 1990. L’étude des Ă©cosystĂšmes coralliens mĂ©sophotiques (ECMs) n’a jamais Ă©tĂ© aussi urgente pour tenter de protĂ©ger les rĂ©cifs.

‱ Vos recherches ont ainsi portĂ© sur les ECMs ?

- Oui, j’ai souhaitĂ© Ă©tudier ces Ă©cosystĂšmes profonds, qui demeurent encore largement mĂ©connus et bien moins documentĂ©s que ceux de la zone euphotique, plus proches de la surface. Dans le sud-ouest de l’ocĂ©an Indien, il y a eu trĂšs peu de publications scientifiques sur le sujet. Pourtant, contrairement Ă  ce que l’on pourrait penser, les ECMs composeraient environ 70 % de l’habitat rĂ©cifal corallien au niveau global !

Les ECMs sont caractĂ©risĂ©s par la prĂ©sence d’organismes tels que les coraux dĂ©pendant de la lumiĂšre et autres organismes benthiques (vivant au fond des eaux) comme les algues, les Ă©ponges ou les antipathaires – Ă©galement appelĂ©s « coraux noirs » – qui forment un habitat sur des fonds situĂ©s entre ~ 30 et 150 mĂštres en rĂ©gions tropicales et subtropicales.

‱ Quel est votre sujet de thùse ?

- Ma thĂšse propose d’étudier l’écologie des ECMs Ă  La RĂ©union, avec trois axes principaux : la structure des communautĂ©s macro-benthiques ; les processus dĂ©mographiques et la connectivitĂ© gĂ©nĂ©tique des coraux ; et enfin les implications des ECMs pour la conservation, ce qui revient Ă  se poser notamment cette question : la zone mĂ©sophotique peut-elle ĂȘtre une zone refuge pour les coraux moins profonds, qui sont impactĂ©s par un grand nombre de menaces ? 1

‱ Pour ce faire, vous avez longuement explorĂ© les eaux au large du Grand Port Maritime ?

- Ma thĂšse a pour objet d’amĂ©liorer les connaissances et la conservation des ECMs Ă  La RĂ©union. Et elle vise notamment Ă  valoriser le patrimoine naturel marin du

À gauche : rĂ©alisation de photoquadrats par Ludovic Hoarau pour quantifier la structure des communautĂ©s benthiques de la zone mĂ©sophotique Ă  60 mĂštres de profondeur sur le rĂ©cif corallien Ă  Saint-Leu. Ce sont 40 photoquadrats qui ont Ă©tĂ© effectuĂ©s dans chacune des 60 stations Ă©chantillonnĂ©es, soit un total de 2 400 photoquadrats analysĂ©s. | À droite : la zone mĂ©sophotique (ici Ă  -54 mĂštres au Port) peut ĂȘtre un refuge important pour des espĂšces de poissons d’intĂ©rĂȘt commercial fort. © ECOMER / Hendrik Sauvignet

Grand Port Maritime de La Réunion. Pour ce travail de recherche, plus de 260 heures de plongée ont eu lieu en recycleur dans plus de 60 stations couvrant les eaux de Saint-Leu, Saint-Paul, du Port et les coulées de lave de Sainte-Rose. Cela a permis de caractériser la lumiÚre, la température, la salinité, de quantifier le recouvrement corallien, la densité des coraux et des cnidaires, cet embranchement auquel appartient le corail et qui inclut les gorgones et anémones de mer, etc.

Parmi toutes les stations Ă©tudiĂ©es sur l’üle dans la zone mĂ©sophotique, c’est au Port Est que le taux de recrutement corallien – ou le nombres de larves de corail qui ont pu se fixer sur le substrat et s’y dĂ©velopper avec les tout premiers polypes fabriquant leur squelette calcaire – s’est avĂ©rĂ© le plus fort ! Il s’agit de la premiĂšre Ă©tude mondiale sur le recrutement des coraux au-delĂ  de 50 mĂštres. Par ailleurs, nous avons dĂ©couvert au Port Ouest des forĂȘts animales marines 2 hĂ©bergeant une biodiversitĂ© extrĂȘmement riche et jusque-lĂ  trĂšs peu documentĂ©e. C’est un site exceptionnel qu’il convient de protĂ©ger en prioritĂ©, des fils de pĂȘche tout particuliĂšrement.

‱ En quelques mots, quelles sont les principales conclusions de votre thùse ?

- Pour ce qui est des espĂšces coralliennes Ă©tudiĂ©es, on constate l’existence d’une forte connectivitĂ© gĂ©nĂ©tique entre les diffĂ©rentes profondeurs et aussi d’un site d’étude Ă  l’autre. Cela va dans le sens de l’existence d’une zone refuge profonde pour quelques espĂšces coralliennes, une hypothĂšse qui reste encore trĂšs dĂ©battue par les scientifiques.

TÉMOIGNAGE

LUCIE PENIN, MAÎTRESSE DE CONFÉRENCE

À L’UNIVERSITÉ DE LA RÉUNION

« Les travaux de Ludovic Hoarau ont produit des résultats inattendus. Quand on compare les communautés de coraux à faible profondeur, elles se ressemblent. Tandis que plus profond, elles sont trÚs différentes les unes des autres. Les écosystÚmes marins du Port sont remarquables et cela aussi est une surprise !

Je m’intĂ©resse depuis 20 ans au recrutement des coraux. GrĂące Ă  cette thĂšse, nous bĂ©nĂ©ficions de connaissances nouvelles autour de La RĂ©union. Ayant travaillĂ© prĂ©cĂ©demment en PolynĂ©sie française et en Nouvelle-CalĂ©donie, je suis convaincue qu’il sera trĂšs intĂ©ressant de comparer cette Ă©tude sur les Ă©cosystĂšmes coralliens mĂ©sophotiques rĂ©unionnais avec celles menĂ©es dans les autres territoires ultramarins. »

2 Du fait que les coraux, coraux noirs et autres gorgones font partie du rĂšgne animal, ces habitats sont qualifiĂ©s de « forĂȘts

LE CORAIL A BESOIN DE QUATRE À SEPT ANS

POUR PASSER DU STADE JUVÉNILE

À L’ÂGE ADULTE

Ludovic Hoarau plonge au-dessus d’un rĂ©cif dĂ©couvert au large de la RĂ©serve naturelle marine de La RĂ©union (RNMR) dans la zone mĂ©sophotique, Ă  -45 mĂštres, au recouvrement corallien trĂšs important. La thĂšse de Ludovic montre l’importance de la conservation des ECMs pour la rĂ©silience des Ă©cosystĂšmes coralliens, et prĂ©conise un Ă©largissement de la RNMR vers le large. © ECOMER / Hendrik Sauvignet

Ci-dessus : forĂȘt animale marine composĂ©e de grandes gorgones du genre Subergorgia dans la zone portuaire. Cet habitat situĂ© Ă  50 mĂštres de profondeur prĂ©sente en effet une morphologie arborescente s’apparentant Ă  une forĂȘt. © ECOMER / Hendrik Sauvignet

EN ZONE MÉSOPHOTIQUE,

IL NE SUBSISTE QUE 10 % DE LA LUMIÈRE ENTRE -30 ET -40 MÈTRES ET 1 % ENTRE -60 ET -80 MÈTRES

Cet animal, un crinoĂŻde, a Ă©tĂ© photographIĂ© sur un corail noir au large de Saint-Paul, Ă  -58 mĂštres. La thĂšse de Ludovic Hoarau s’inscrit dans les objectifs du SchĂ©ma Directeur du Patrimoine Naturel du Grand Port Maritime, les premiers suivis de la biodiversitĂ© marine du port ayant dĂ©butĂ© en 2016. Ludovic a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une bourse CIFRE de l’ANRT avec le soutien du GPMDLR, de l’IRD et de l’UniversitĂ© de La RĂ©union.

Gorgones et coraux durs à -62 mÚtres. | Grands coraux tabulaires du genre Acropora à -45 mÚtres. © ECOMER / H. Sauvignet | Recouvrement exceptionnel de coraux du genre Leptoseris à -80 mÚtres. |Anémone et poissons-clowns à -50 mÚtres. © ECOMER / Ludovic Hoarau
Photographie
Ludovic Hoarau

MICHEL CHARPENTIER : « APRÈS CHIDO : LA FORÊT CONCENTRE

TOUS LES ENJEUX

DE LA BIODIVERSITÉ »

e n plus de son bil A n hu MA in trĂšs lourd –une qu A r A ntA ine de M orts A M ini MA et des Milliers de dispArus – le CyClone Chido AyAnt frAppĂ© MAyotte le 14 dĂ©CeMbre 2024 A rAvAgĂ© l A biodiversitĂ© lo CA le . M i C hel C h A rpentier , prĂ©sident de l ’ A sso C i Ation l es n Atur A listes de M Ayotte dresse un pre M ier bil A n

INTERVIEW

MICHEL

CHARPENTIER, PRÉSIDENT DE

L’ASSOCIATION

LES NATURALISTES DE MAYOTTE

‱ Deux mois aprĂšs le passage de Chido, que peuton dire de ses consĂ©quences sur les divers Ă©cosystĂšmes mahorais ?

- SituĂ©e au sein d’un point chaud de biodiversitĂ©, l’üle de Mayotte bĂ©nĂ©ficie d’un patrimoine naturel exceptionnel avec ses 5 % de forĂȘts naturelles. Toute l’üle a Ă©tĂ© touchĂ©e, mais pas de la mĂȘme façon. Le nord de Grande-Terre a le plus souffert, avec des forĂȘts entiĂšres ayant Ă©tĂ© comme moissonnĂ©es.

À mesure que l’on descend vers le sud de l’üle, les consĂ©quences du cyclone apparaissent un peu moins destructrices, mais le bilan reste exceptionnel. Dans les rĂ©gions modĂ©rĂ©ment touchĂ©es, un arbre sur deux a Ă©tĂ© dĂ©racinĂ©.

Du cĂŽtĂ© maritime, la tempĂȘte tropicale Dikeledi, qui a touchĂ© l’üle en janvier, a eu un impact au moins aussi important que Chido. La tempĂȘte a en effet ravagĂ© les rĂ©cifs, particuliĂšrement le rĂ©cif-barriĂšre, en premiĂšre ligne face Ă  la forte houle cyclonique.

‱ Comment se porte la faune endĂ©mique de l’üle, dont l’habitat a Ă©tĂ© partiellement dĂ©truit ?

- Il est encore un peu tĂŽt pour tirer un bilan prĂ©cis, mais il est certain que toutes les espĂšces liĂ©es Ă  la forĂȘt, comme le maki ou la roussette, ont eu des pertes et que leur mortalitĂ© va croĂźtre.

Photo
© Naturalistes de Mayotte

Outre les morts qui sont directement liés au passage du cyclone, ces espÚces frugivores ne trouvent plus de ressources pour subvenir à leurs besoins.

C’est la raison pour laquelle de plus en plus de makis sont contraints de s’approcher des villages. Ce phĂ©nomĂšne Ă©tait d’ailleurs dĂ©jĂ  perceptible en raison de la dĂ©forestation, mais s’est amplifiĂ© aprĂšs Chido. Il faut Ă©galement Ă©voquer la dĂ©socialisation et la perte de repĂšres provoquĂ©es par le passage du cyclone, particuliĂšrement problĂ©matiques pour les espĂšces communautaires comme le maki.

On apprĂ©hende aussi le sort de certains oiseaux, dĂ©jĂ  en situation critique, Ă  l’image du crabier blanc. Les cinq sites de nidification de cette espĂšce ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s aprĂšs le cyclone et on ignore si les crabiers ont rĂ©ussi Ă  se rĂ©fugier autre part. Enfin, le surcreusement des ravines, liĂ© aux fortes pluies et Ă  la houle cyclonique, a entraĂźnĂ© une forte Ă©rosion des plages oĂč viennent pondre les tortues vertes, ce qui a eu pour effet de dĂ©terrer des milliers d’Ɠufs.

Un Ă©lĂ©ment vient contrebalancer ce tableau assez sombre : la vĂ©gĂ©tation, mĂȘme mal en point, est en train de cicatriser un peu partout dans l’üle. Des arbres qui Ă©taient complĂštement effeuillĂ©s et Ă©branchĂ©s, mais encore vivants, ont commencĂ© un peu partout Ă  repartir.

‱ Au regard de ces diffĂ©rents Ă©lĂ©ments, comment apprĂ©hendez-vous l’aprĂšs-cyclone ?

- Du point de vue de la biodiversitĂ©, il faudra ĂȘtre particuliĂšrement vigilant sur deux points : certaines espĂšces pionniĂšres envahissantes risquent d’asphyxier la reprise de la vĂ©gĂ©tation naturelle. D’autre part, certaines personnes profitent de cette dĂ©forestation pour y faire de la culture sur brĂ»lis, et ce en toute illĂ©galitĂ©, ce qui morcelle un peu plus la forĂȘt et provoque des incendies non maĂźtrisĂ©s. Le maintien et l’extension du couvert forestier sont une exigence pour garantir la ressource en eau et prĂ©server la riche biodiversitĂ© de Mayotte pour les gĂ©nĂ©rations futures.

Si on regarde la reconstruction, je crains qu’on en vienne Ă  bĂ©tonner toute l’üle, sans trop de vigilance pour les zones de risques naturels : bords de riviĂšre, front de mer, zones humides, zones d’éboulement...

L’application du « ZĂ©ro artificialisation nette » est nĂ©cessaire pour prĂ©server les espaces naturels et la biodiversitĂ© de l’üle. De mĂȘme, je ne peux que dĂ©plorer la rĂ©apparition des bangas [bidonvilles] dans des ravines classĂ©es comme sites Ă  risques et dont on sait pertinemment qu’elles seront exposĂ©es aux prochains cyclones ou inondations.

‱ Comment penser, au contraire, la reconstruction de Mayotte dans une perspective Ă©cologique ?

- Une alternative au tout bĂ©ton serait de miser, au moins en partie, sur la construction en terre, dĂ©jĂ  utilisĂ©e dans l‘architecture traditionnelle mahoraise et qui constitue un matĂ©riau abondant, moins Ă©nergivore et de meilleure qualitĂ© thermique.

Ensuite, il faudrait profiter des budgets dĂ©bloquĂ©s dans le cadre de la reconstruction pour mettre en place une ambitieuse politique de suivi et protection des espaces naturels, en particulier forestiers, qui constituent le « chĂąteau d’eau » de l’üle.

Dans l’opinion publique, le passage du cyclone a accentuĂ© l’intĂ©rĂȘt croissant qu’il y a pour la biodiversitĂ©. Le sort des makis a particuliĂšrement touchĂ© la population, et j’espĂšre que cette sensibilitĂ© va s’élargir Ă  la forĂȘt toute entiĂšre, mais il y a des forces contraires trĂšs actives. De notre cĂŽtĂ©, nous tĂąchons d’essayer de sensibiliser les autoritĂ©s Ă  ces questions.

Rédaction et interview : Enzo Dubesset

DĂ©racinement d’un baobab sur une plage du sud. © Naturalistes de Mayotte | Mini-canyon creusĂ© dans le cordon littoral par la houle cyclonique et les pluies charriĂ©es par les ravines. Un nid de tortue est apparent Ă  mi-hauteur de la falaise. © Marc Allegri

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TERRE OUTRE-MER

À MAYOTTE, L’EAU VICTIME DE LA DÉFORESTATION

Six mois par an, Mayotte manque d’eau. Depuis 2017, en fin de saison sĂšche et en dĂ©but de saison des pluies, la distribution en eau potable est interrompue une Ă  deux fois par semaine sur toute l’üle. Une situation inquiĂ©tante, qui s’aggrave. Deux explications : les sĂ©cheresses devenues rĂ©currentes avec le dĂ©rĂšglement climatique, et surtout, la dĂ©forestation massive de Mayotte. Mais quel est le lien entre la dĂ©forestation et l’accĂšs Ă  l’eau potable ?

La vĂ©gĂ©tation permet Ă  la pluie de s’infiltrer dans la terre, beaucoup plus facilement et en profondeur que si le sol est Ă  nu. Une fois la pluie tombĂ©e, les forĂȘts Ă©mettent de la vapeur d’eau dans l’atmosphĂšre, qui favorise Ă  nouveau les prĂ©cipitations. Ce cycle permet aux nappes phrĂ©atiques et aux riviĂšres de se remplir.

Mais Ă  Mayotte, chaque annĂ©e, 250 hectares de forĂȘt sont dĂ©frichĂ©es. Des surfaces colossales pour une petite Ăźle d’à peine 374 km2. Le taux de dĂ©forestation annuel de Mayotte se situe entre celui de l’Argentine et de l’IndonĂ©sie, deux des pays oĂč sĂ©vit la plus forte dĂ©forestation au monde.

Cette dĂ©forestation s’explique en partie par l’explosion dĂ©mographique que connaĂźt l’üle : la population de Mayotte a triplĂ© en 30 ans.

Tous les jours, des arbres sont coupés ou brûlés partout à Mayotte, pour construire à la place des logements, ou produire du manioc et de la banane, pour nourrir la population la plus pauvre de France.

En cause Ă©galement, le Code forestier, qui tolĂšre les dĂ©frichements de moins de quatre hectares, comme dans de nombreux dĂ©partements de l’Hexagone. Une situation dĂ©noncĂ©e par les associations de dĂ©fense de l’environnement, qui rĂ©clament une rĂ©glementation adaptĂ©e Ă  la surface du territoire.

En plus d’une pĂ©nurie en eau, la faune et la flore de Mayotte sont Ă©galement en danger. Le lagon et les rĂ©cifs coralliens subissent l’érosion des sols. LessivĂ©es par les pluies, 20 000 tonnes de terre dĂ©valent chaque annĂ©e les collines, Ă©touffent les coraux et embourbent le lagon de Mayotte, l’un des plus beaux au monde.

En janvier 2021, des scientifiques du monde entier ont envoyĂ© une motion d’alerte aux responsables politiques locaux et nationaux. Le 4 mai 2021, la RĂ©serve naturelle nationale des forĂȘts de Mayotte a Ă©tĂ© créée. Mais selon la FĂ©dĂ©ration mahoraise des associations environnementales (FMAE) - CPIE MaorĂ©, si la dĂ©forestation de l’üle n’est pas enrayĂ©e d’ici cinq ans, c’est la ressource en eau et la survie de la biodiversitĂ© qui pourraient ĂȘtre compromises.

Visuel : © Valentine Dubois

MAYOTTE : QUELLE STRATÉGIE DE REFORESTATION ?

Ă  lA suite du pAssAge dĂ©vAstAteur de Chido, qui A CAusĂ© de grAves doMMAges Aux forĂȘts

MA hor A ises , le d Ă©p A rte M ent de M Ayotte solliCite une Aide d ’ urgenCe pour ACCoMpAgner

lA régénér Ation de C es é CosystÚ M es vitA ux pour l A préserv Ation de l A biodiversité et des ressour C es en e A u

INTERVIEW

ABDOU MOUSTOIFA, DIRECTEUR ADJOINT À LA DIRECTION DE L’AGRICULTURE, LA PÊCHE ET LA FORÊT DU DÉPARTEMENT DE MAYOTTE

‱ Pouvez-vous nous rappeler quelles sont les missions du DĂ©partement en ce qui concerne les forĂȘts de Mayotte ?

- À Mayotte, il y a deux grands propriĂ©taires de forĂȘts : l’État, avec ses 2 000 hectares de forĂȘts domaniales, et le DĂ©partement, qui possĂšde 6 000 hectares. Notre premiĂšre mission est de surveiller nos forĂȘts, une tĂąche plus que jamais cruciale depuis Chido. En effet, nous dĂ©plorons des infractions massives – dĂ©frichements et mises en culture illĂ©gales, cultures sur brĂ»lis... – qui

Les vents violents et les fortes pluies ont arraché les arbres, provoqué des glissements de terrain et détruit de vastes zones.

« 25 AGENTS DÉPARTEMENTAUX

ASSERMENTÉS POUR SURVEILLER NOS FORÊTS, CELA NE SUFFIT PAS

! »

entraĂźnent l’érosion des sols et l’envasement du lagon. Ensuite, nous devons entretenir la forĂȘt. Nous luttons par exemple contre les lianes envahissantes, Ă©vacuons le bois qui tombe et le recyclons Ă  la scierie de Coconi, oĂč nous avons aussi une unitĂ© de fabrication de charbon. Notre troisiĂšme mission consiste Ă  reboiser les zones qui ont du mal Ă  se rĂ©gĂ©nĂ©rer naturellement.

‱ Quelle est selon vous l’urgence du moment ?

- Pour accomplir notre mission de surveillance, notre Ă©quipe compte seulement 25 gardes forestiers, lĂ  oĂč le besoin est estimĂ© Ă  une centaine d’agents, pas forcĂ©ment assermentĂ©s d’ailleurs – Ă  savoir pourvus du droit de verbaliser – car une simple prĂ©sence humaine avec un bon maillage territorial peut dĂ©jĂ  ĂȘtre efficace pour prĂ©venir de nouvelles dĂ©gradations.

Je pense que le DĂ©partement dispose de nombreux agents en Parcours emploi compĂ©tences (PEC), qui pourraient venir renforcer nos rangs. C’est la proposition de quelqu’un qui se bat pour la forĂȘt !

Cela étant dit, il faudrait sécuriser cette surveillance : nos équipes prennent des risques pour leur vie, en se retrouvant en pleine nature face à des individus parfois armés de machettes. Pourquoi ne pas faire intervenir

la SĂ©curitĂ© civile pour aider Ă  surveiller nos forĂȘts ?

Autre urgence, et non des moindres : nous avons dĂ©plorĂ© deux dĂ©parts de feux de forĂȘt en dĂ©but d’annĂ©e, heureusement stoppĂ©s du fait de la saison des pluies. Si nous laissons nos forĂȘts avec tous ces bois morts sans surveillance, le risque d’incendie va ĂȘtre exponentiel dĂšs l’arrivĂ©e de la saison sĂšche en mai.

‱ Qu’en est-il de l’entretien des forĂȘts ?

- Cela a Ă©tĂ© notre prioritĂ© numĂ©ro un aprĂšs Chido. Nous avons abattu un travail colossal pour dĂ©gager les sentiers et permettre Ă  nouveau l’accĂšs aux diffĂ©rents massifs. L’entretien a nĂ©cessitĂ© deux mois de labeur sur 320 kilomĂštres de pistes et 197 tronçons, avec l’aide de 80 hommes. Une Ă©tape franchie avec succĂšs. À prĂ©sent, nous souhaitons valoriser le bois qui jonche toute l’üle, pour les besoins de la population. Il va falloir remettre en Ă©tat la scierie dĂ©partementale, dont tous les Ă©quipements sont dĂ©truits. Et Ă©galement acquĂ©rir des scieries mobiles.

‱ En termes de reboisement, quelle stratĂ©gie a Ă©tĂ© identifiĂ©e ?

- Tout d’abord, un Ă©tat des lieux des forĂȘts dĂ©partementales rĂ©alisĂ© par drone montre qu’environ 70 % des forĂȘts de Mayotte ont Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©es.

Le DĂ©partement a acquis une expĂ©rience et une expertise dans ce mĂ©tier qu’est le reboisement. À chaque

« 70 % DES FORÊTS SONT DÉCIMÉES, OR LA LOI DU 24 FÉVRIER 2025

D’URGENCE POUR MAYOTTE

NE MENTIONNE PAS LE MOT “FORÊT” »

massif forestier correspond un plan d’amĂ©nagement de l’Office national des forĂȘts (ONF), qui est notre prestataire. On pourrait croire qu’en subventionnant directement des associations, celles-ci seraient en mesure de replanter les espĂšces forestiĂšres. Mieux vaut que les fonds parviennent au DĂ©partement et que ce dernier, avec l’ONF, encadre les associations, pour les former aux gestes et techniques du reboisement.

Depuis Chido, nous avons enchaĂźnĂ© les rĂ©unions, montĂ© des dossiers... Le constat est clair : nous devons reboiser 100 hectares par an Ă  Mayotte durant ces cinq prochaines annĂ©es. Avant Chido, nous avancions au rythme de 40 hectares par an. Sachant que plus de 100 hectares forestiers disparaissent chaque annĂ©e Ă  cause des brĂ»lis et des dĂ©frichements sauvages... Faute de moyens de surveillance supplĂ©mentaires, c’est un tonneau qui ne se remplira jamais !

‱ Une estimation du budget dont le DĂ©partement a besoin pour l’aide d’urgence aux forĂȘts ?

- Quand on additionne notamment ces besoins de reboisement, mais aussi la remise en Ă©tat de la scierie de Coconi, la mise en place d’une unitĂ© de charbon, le rĂ©amĂ©nagement complet de notre unitĂ© de production de plants Ă  Coconi, le recrutement d’ouvriers pĂ©piniĂ©ristes, etc., le budget global pour reboiser nos forĂȘts est Ă©valuĂ© Ă  27 millions d’euros sur cinq ans. Le Plan stratĂ©gique national (PSN) ne permettra pas d’atteindre cet objectif. Il faut donc trouver des sources de financement, et ce de toute urgence.

‱ Un mot pour les dĂ©cideurs qui nous lisent ?

- Nos forĂȘts sont dĂ©jĂ  plus vertes qu’au lendemain de Chido. Mais ce sont des herbes qui repoussent et bien souvent des espĂšces envahissantes. Sans plan d’urgence pour la surveillance, l’entretien et le reboisement de nos forĂȘts, nous allons au-devant de risques majeurs d’incendies, de pertes durables de la biodiversitĂ© et de crises de l’eau accentuĂ©es du fait des pertes considĂ©rables du couvert forestier.

La serre de Coconi permet au Département de Mayotte, expert dans ce domaine, de produire des plants en pépiniÚre.
Rédaction

UN PROJET PHARE DE LA CAGNM : LA RESTAURATION DE LA RIVIÈRE BOUYOUNI

l A C o MM un A utĂ© d ’A gglo M Ă©r Ation du g r A nd n ord de M Ayotte (CAgn M) est fiĂšre de vous

A nnon C er le l A n C e M ent offi C iel du projet de restA ur Ation Ă© Cologique de l A riviĂšre b ouyouni , l A urĂ© At du pre M ier A ppel Ă  projets du progr AMM e europĂ©en bestlife 2030, portĂ© p A r l ’ u nion intern Ation A le pour l A C onserv Ation de l A n Ature ( ui C n ).

Ce projet a vocation Ă  prĂ©server les ripisylves – flore arborĂ©e bordant un cours d’eau naturel – essentielles au maintien de la biodiversitĂ© et Ă  la gestion durable des ressources en eau sur les berges de la riviĂšre Bouyouni, dans le Grand Nord de Mayotte.

LE PROGRAMME BESTLIFE2030

Le BESTLIFE2030 est un programme europĂ©en dĂ©diĂ© Ă  la restauration des Ă©cosystĂšmes naturels, ainsi qu’à l’adaptation aux impacts du changement climatique. Il soutient des projets innovants qui ambitionnent de :

‱ prĂ©server les habitats dĂ©gradĂ©s ;

‱ protĂ©ger les espĂšces menacĂ©es ;

‱ gĂ©rer durablement les ressources naturelles ;

‱ sensibiliser les populations à l’environnement.

Ce programme alloue une subvention de 86 723 euros Ă  ce projet de la CAGNM, soit 95 % de financement.

En effet, le projet de restauration Ă©cologique de la riviĂšre Bouyouni a Ă©tĂ© retenu dans le cadre du premier appel Ă  projets BESTLIFE2030 en raison de son approche Ă©cosystĂ©mique – mĂ©thode de gestion tenant compte de toutes les composantes d’un Ă©cosystĂšme, dont fait partie l’ĂȘtre humain – et de son potentiel de reproductibilitĂ© Ă  l’échelle du territoire.

LA RIVIÈRE BOUYOUNI : UN PATRIMOINE NATUREL MENACÉ

La riviĂšre Bouyouni, l’une des principales riviĂšres permanentes de Mayotte, occupe une place stratĂ©gique pour la prĂ©servation de la biodiversitĂ© locale et l’approvisionnement en eau potable. Toutefois, la dĂ©gradation avancĂ©e de ses ripisylves compromet la qualitĂ© de ses eaux, tout comme la pĂ©rennitĂ© des habitats naturels qui en dĂ©pendent.

L’approche intĂ©grĂ©e du projet, de mĂȘme que le volet communication qui va ĂȘtre dĂ©ployĂ©, garantissent un impact positif durable tant sur l’environnement que sur la prise de conscience collective autour des enjeux Ă©cologiques de la riviĂšre Bouyouni. © CAGNM

UN PROJET AMBITIEUX

Le projet prĂ©voit la restauration Ă©cologique de plus d’un kilomĂštre de ripisylves Ă  travers des actions ciblĂ©es de replantation d’espĂšces vĂ©gĂ©tales indigĂšnes. Cette initiative s’inscrit dans une dĂ©marche intĂ©grĂ©e visant Ă  sensibiliser les populations locales Ă  l’importance des ripisylves et de leurs fonctions Ă©cologiques, essentielles pour la rĂ©silience environnementale du territoire.

UNE INTERVENTION MÉTHODIQUE

La replantation aura lieu sur 15 segments des berges de la riviĂšre. Ces zones prioritaires ont Ă©tĂ© identifiĂ©es dans le cadre d’une Ă©tude prĂ©alable conduite en 2024, avec l’appui d’une assistance Ă  maĂźtrise d’ouvrage mandatĂ©e par la collectivitĂ©. Ce diagnostic a permis de localiser avec prĂ©cision les sections nĂ©cessitant une intervention immĂ©diate et adaptĂ©e.

LES ÉTAPES-CLÉS DE LA RESTAURATION

MenĂ©e sur 30 mois, de novembre 2024 Ă  avril 2027, la restauration Ă©cologique de la riviĂšre Bouyouni s’articule autour de quatre phases.

La premiĂšre phase, qui va ĂȘtre initiĂ©e prochainement, consiste Ă  collecter les semences d’espĂšces indigĂšnes directement sur le bassin versant de la riviĂšre Bouyouni, pour prĂ©server leur origine gĂ©nĂ©tique et leur adaptation au milieu local. Cette phase intĂšgre :

‱ la sĂ©lection des espĂšces les plus adaptĂ©es, avec un objectif de 450 graines pour chacune d’entre elles ;

‱ la coordination avec des Ă©cologues forestiers ;

‱ le respect des quotas pour garantir la pĂ©rennitĂ© des populations vĂ©gĂ©tales existantes.

PrĂ©vue cette annĂ©e, la deuxiĂšme Ă©tape sera celle de la production en pĂ©piniĂšres. Les semences rĂ©coltĂ©es vont ĂȘtre cultivĂ©es dans des pĂ©piniĂšres locales pour produire 2 500 plants en godets forestiers, spĂ©cialement adaptĂ©s aux conditions climatiques et hydrologiques de Mayotte. Un suivi technique rigoureux sera assurĂ© afin de vĂ©rifier la qualitĂ© sanitaire et Ă©cologique des plants, jusqu’à leur transfert sur les sites de plantation.

Enfin, les jeunes plants seront mis en terre sur plus d’un kilomĂštre linĂ©aire de ripisylves dĂ©gradĂ©es au dĂ©but de la saison des pluies 2026-2027, pour maximiser les taux de reprise. Cette troisiĂšme phase inclut :

‱ la prĂ©paration des sites, Ă  travers le piquetage et l’élimination des espĂšces envahissantes ;

‱ la plantation selon un protocole prĂ©cis, adaptĂ© aux caractĂ©ristiques hydrologiques locales ;

‱ la protection des spĂ©cimens patrimoniaux prĂ©sents Ă  proximitĂ©.

OBJECTIFS ET IMPACTS ATTENDUS

La plantation de plus de 2 000 arbres et arbustes indigĂšnes aura pour effet de revitaliser les ripisylves et de rĂ©tablir leurs fonctions naturelles, tout en favorisant la conservation d’espĂšces menacĂ©es. Ce projet contribuera Ă  renforcer la rĂ©silience du territoire face Ă  l’érosion des sols, aux risques d’inondation et Ă  la pollution des ressources en eau. Enfin, les riverains et les jeunes seront sensibilisĂ©s aux rĂŽles essentiels des ripisylves dans le maintien des Ă©quilibres Ă©cologiques et la gestion durable des ressources.

Ce projet repose aussi sur une collaboration avec la Ville de Bandraboua ; le DĂ©partement de Mayotte, apportant son expertise sur les essences adaptĂ©es et assurant le suivi des travaux ; les porteurs du programme LESELAM (Lutte contre l’érosion des sols et l’envasement du lagon Ă  Mayotte) ; les associations locales, impliquĂ©es dans les actions de reboisement et la sensibilisation des publics.

Rédaction

TAAF

LES TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES

FRANÇAISES : 70 ANS

C onnues pour leur i MM ense intĂ©rĂȘt s C ientifique et Ă© C ologique , les t erres A ustr A les et A ntA r C tiques fr A nç A ises fĂȘtent leurs 70 A ns en 2025. l ’ o CCA sion de f A ire ( re ) dĂ© C ouvrir les M issions de l A C olle C tivitĂ© d ’ outre - M er siĂ©ge A nt Ă  s A int - p ierre , Ă  l A r Ă©union .

En Antarctique, l’annĂ©e 2025 s’est ouverte sur une avancĂ©e scientifique majeure. La campagne de forage Beyond Epica, conduite par des scientifiques europĂ©ens notamment issus du CNRS et de l’Institut polaire français Paul-Émile Victor (IPEV), a atteint de la glace datant de plus d’1,2 million d’annĂ©es. Cette dĂ©couverte permettra de reconstituer les Ă©volutions du climat et la composition de l’atmosphĂšre terrestre au-delĂ  de 800 000 ans dans le passĂ©.

Il s’agit lĂ  du dernier exemple en date de l’importance scientifique cruciale que revĂȘt l’Antarctique Ă  l’heure du dĂ©rĂšglement climatique et de la nĂ©cessitĂ© de s’investir dans cette rĂ©gion du monde trĂšs convoitĂ©e. La France compte en cela un avantage : les cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), qui fĂȘtent leur 70e anniversaire.

RĂ©unis sous une mĂȘme collectivitĂ© depuis 1955, les archipels de Crozet et Kerguelen, dĂ©couverts Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle par des explorateurs français, la Terre AdĂ©lie, foulĂ©e par Dumont d’Urville en 1840, les Ăźles Éparses et les Ăźles Saint-Paul et Amsterdam offrent plus de 2 millions de km ÂČ de zone Ă©conomique exclusive (ZEE) Ă  la France.

NOTORIÉTÉ SCIENTIFIQUE

Ces territoires dotĂ©s d’une biodiversitĂ© unique abritent deux rĂ©serves naturelles nationales et forment la deuxiĂšme plus grande aire marine protĂ©gĂ©e au monde. Les Ăźles Éparses abritent Ă  elles seules plus de 3 750 espĂšces marines, tandis que les Ăźles Australes – Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Asmterdam – accueillent plus de 50 millions d’oiseaux issus de 47 espĂšces, dont huit endĂ©miques.

GrĂące Ă  ses stations scientifiques et mĂ©tĂ©orologiques dont les premiĂšres datent des annĂ©es 50, et Ă  ses divers programmes de recherche, la France figure au premier rang mondial des publications scientifiques sur les rĂ©gions subantarctiques et Ă  la cinquiĂšme place concernant l’Antarctique. « Nos Ăźles subantarctiques sont des lieux parfaits pour mesurer le plus justement possible, par triangulation, les mesures sismographiques de l’hĂ©misphĂšre Sud. Elles sont un formidable outil de suivi et de prĂ©servation de la biodiversitĂ© Ă  travers, notamment, l’organisation de la pĂȘche Ă  la lĂ©gine [poisson Ă©voluant entre -300 et - 2 000 mĂštres] et les aires marines protĂ©gĂ©es », confirme Jimmy Pahun, dĂ©putĂ© et membre du conseil consultatif des TAAF.

Cette annĂ©e, les Terres australes et antarctiques françaises cĂ©lĂšbrent leurs 70 ans ! Des Îles Éparses Ă  la Terre adĂ©lie en passant par les Ăźles subantarctiques françaises, l’administration supĂ©rieure des TAAF assure depuis 1955 des missions de souverainetĂ©, de soutien Ă  la recherche scientifique et de protection de la biodiversitĂ© exceptionnelle de ces territoires français du bout du monde.

INVESTISSEMENTS NÉCESSAIRES

MalgrĂ© cet intĂ©rĂȘt, les TAAF font toujours face Ă  un dĂ©ficit de notoriĂ©tĂ©. Pour mieux faire connaĂźtre ces territoires, l’administration des TAAF prĂ©voit pour 2025 plusieurs Ă©vĂ©nements, comme des expositions Ă  La RĂ©union, ou encore le lancement d’une chaĂźne de podcasts et d’une page Instagram.

« MĂȘme si ce sont des territoires trĂšs lointains, il ne faut surtout pas que ce soient des territoires oubliĂ©s. [Je souhaiterais] qu’un jour, sur les cartes de France apprises par les enfants, figurent Ă©galement les territoires des TAAF », confie Isabelle Autissier, navigatrice et prĂ©sidente du conseil consultatif des TAAF.

Sur le terrain, l’ambition française fait aussi face Ă  plusieurs dĂ©fis, auxquels le One Planet - Polar Summit de novembre 2023, a apportĂ© quelques rĂ©ponses. Emmanuel Macron y a multipliĂ© les annonces, dont notamment la reconstruction de la trĂšs vĂ©tuste station antarctique Dumont d’Urville (DDU), ouverte en 1956, et la rĂ©novation de celle de Concordia, cogĂ©rĂ©e avec l’Italie, mais aussi la construction d’un nouveau

navire de recherche océanographique ou encore une hausse du budget français dédié à la recherche polaire.

Celui-ci devrait passer Ă  un milliard d’euros d’ici 2030, soit deux fois plus que les 500 millions dĂ©pensĂ©s entre 2017 et 2023. Une mesure on ne peut plus nĂ©cessaire aprĂšs des annĂ©es de dĂ©ficit chronique. En 2021, un rapport parlementaire alertait sur le budget de l’IPEV, de 16 millions d’euros par an jugĂ© « beaucoup trop faible », au regard de la concurrence. Son homologue, l’Australian Antarctic Division Ă©tant, par exemple, dotĂ© de 88 millions d’euros par an. À ce jour, ces mesures n’ont toutefois pas Ă©tĂ© financĂ©es concrĂštement.

Enfin, un autre chantier majeur viendra modifier le paysage austral dans les prochaines annĂ©es : le remplacement attendu du Marion Dufresne II, cĂ©lĂšbre ravitailleur des districts qui fĂȘte cette annĂ©e ses 30 ans, faisant Ă  double titre, de 2025, une annĂ©e symbolique pour les TAAF.

Rédaction : Enzo Dubesset

humaines et de protection de l’environnement, pour les futures gĂ©nĂ©rations. © Adrien Colomb + d’info ici : Le dossier de presse complet des 70 ans des TAAF (mise en ligne sur le site des TAAF prĂ©vue Ă  compter de mi-mars)

Retour de l’üle des PĂ©trels en Terre adĂ©lie. Les TAAF, qui cĂ©lĂšbrent cette
annĂ©e 70 ans de vie en milieu isolĂ©, reprĂ©sentent des terres de recherche scientifique, d’aventures

AttisĂ© par des vents violents, ce feu de vĂ©gĂ©tation qui s’est dĂ©clarĂ© le 15 janvier 2025 a menacĂ© les bĂątiments de la base Martin-de-ViviĂšs.

UNE ACTUALITÉ MARQUÉE PAR L’INCENDIE QUI A RAVAGÉ L’ÎLE D’AMSTERDAM

L’aprĂšs-midi du 15 janvier, l’incendie, dont l’origine reste inconnue, s’est dĂ©clarĂ© Ă  2,5 kilomĂštres de la base Martin-de-ViviĂšs prĂšs de la Pointe BĂ©nĂ©dicte, dite « Pointe B », oĂč est implantĂ©e l’une des stations de mesure de gaz Ă  effet de serre les plus renommĂ©es au monde, la deuxiĂšme plus ancienne aprĂšs HawaĂŻ.

À Amsterdam, sur cette Ăźle parmi les plus isolĂ©es de la planĂšte, rĂ©putĂ©e pour dĂ©tenir des records de puretĂ© de l’air, les flammes se sont rapidement propagĂ©es en direction de la base scientifique et sont devenues hors de contrĂŽle. Faute des moyens nĂ©cessaires pour circonscrire les flammes, la dĂ©cision s’est imposĂ©e d’évacuer toutes les personnes prĂ©sentes sur place.

En campagne de pĂȘche dans les eaux de Saint-Paul et Amsterdam, le caseyeur langoustier Austral a Ă©tĂ© dĂ©routĂ© Ă  la demande de la prĂ©fĂšte, administratrice supĂ©rieure des TAAF. Les 31 personnes qui travaillaient sur l’üle d’Amsterdam ont pu ĂȘtre embarquĂ©es Ă  son bord le 16 janvier Ă  l’aube, avant de rejoindre le Marion Dufresne, lui-mĂȘme dĂ©routĂ© pour prĂȘter main forte Ă  l’opĂ©ration de secours.

LES FEUX, D’UNE AMPLEUR INÉDITE, AURAIENT RÉDUIT EN CENDRES PLUS DE LA MOITIÉ DE L’ÎLE

Selon un premier bilan de l’administration des TAAF, qui s’appuie sur des images satellites, 55 % de l’üle – de 58 km2 – aurait Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©. Plusieurs espĂšces endĂ©miques sont menacĂ©es. L’üle hĂ©berge notamment 65 % de la population mondiale d’albatros Ă  bec jaune, ainsi que l’albatros d’Amsterdam, en danger d’extinction avec 63 couples reproducteurs dĂ©nombrĂ©s et qui allait entrer en pĂ©riode de reproduction. Amsterdam abrite aussi le Phylica arborea, seul arbre des Terres australes françaises, dont la prĂ©cieuse pĂ©piniĂšre est partie en fumĂ©e.

Le 7 fĂ©vrier, une mission de reconnaissance a quittĂ© La RĂ©union sur le FlorĂ©al, frĂ©gate de la Marine, afin d’estimer les dĂ©gĂąts de l’incendie, d’enquĂȘter sur ses causes et d’envisager la rĂ©ouverture de la base.

RĂ©daction : StĂ©phanie Castre + d’info ici : Reportage de TF1 du 14 fĂ©vrier 2025

POLYNÉSIE FRANÇAISE

LA PERLICULTURE POLYNÉSIENNE VICTIME DE SES PROPRES DÉCHETS PLASTIQUES

Ramassage de dĂ©chets plastiques par les bĂ©nĂ©voles de l’association Te Hotu No Te Fenua (« le fruit de la terre »). © Temana Tevaitai

bouĂ©es, CordAges, grillAges, filets
 les objets en plAstique ont ACCoMpAgnĂ© le dĂ©veloppeMent de l A filiĂšre perli Cole en p olynĂ©sie fr A nç A ise , s A ns que le se C teur s ’ en inquiĂšte . A ux t u AM otu , des M illiers de tonnes de dĂ© C hets ont Ă©tĂ© relevĂ©s sur C h A que Atoll l e point sur l A situ Ation

En 2003, une premiĂšre Ă©tude rĂ©alisĂ©e Ă  la demande du Service de la perliculture recensait les impacts de l’activitĂ© sur l’environnement. Les rĂ©sultats ont montrĂ© que le collectage et le nettoyage avaient les effets les plus nĂ©gatifs. Le collectage entraĂźne un transfert des Ă©pibiontes – organismes qui vivent sur d’autres ĂȘtres vivants – entre atolls lors des transferts de nacres, tandis que le nettoyage favorise leur dispersion et multiplication Ă  l’intĂ©rieur du lagon.

Dans son rapport rendu fin 2021, la Chambre territoriale des comptes examinait la politique des ressources marines conduite par la PolynĂ©sie française depuis 2015. Elle a notĂ© que la premiĂšre reconnaissance visuelle des dĂ©chets par des plongeurs professionnels et une estimation du tonnage n’ont Ă©tĂ© diligentĂ©es Ă  Takaroa que « 12 ans aprĂšs le constat de pollution du lagon par les activitĂ©s de production. »

Selon les magistrats, la majoritĂ© des professionnels serait « nĂ©anmoins consciente que l’activitĂ© impacte l’environnement ». La mĂ©thode artificielle de culture des perles peut causer des dĂ©sĂ©quilibres Ă©cosystĂ©miques si les lagons sont surexploitĂ©s, prĂ©vient Plastic Odyssey qui souligne que tout le plastique utilisĂ© dans l’eau gĂ©nĂšre une grande quantitĂ© de microplastique. L’huĂźtre perliĂšre, animal filtreur par excellence, est particuliĂšrement vulnĂ©rable face Ă  cette pollution, puisqu’un adulte filtre jusqu’à 25 litres d’eau de mer par heure.

IDENTIFIER, RÉCUPÉRER, RETRAITER


La prise de conscience se traduit dans le budget Ă  compter de 2016, avec des Ă©tudes et actions conduites soit par la collectivitĂ©, soit dans le cadre du projet RESCCUE 1, cofinancĂ© par l’Agence française de dĂ©veloppement (AFD) et le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM). Une estimation Ă  Takaroa et Takapoto montre que 82 tonnes de dĂ©chets plastiques sont thĂ©oriquement produites chaque annĂ©e par les fermes perliĂšres, ainsi que 37 tonnes de bouĂ©es et 28 tonnes de cordes en polymĂšre. Des travaux d’identification et de cartographie des stocks de dĂ©chets ont Ă©tĂ© menĂ©s Ă©galement Ă  Manihi et Ahe. Aujourd’hui, on Ă©voque un stock historique cumulĂ© depuis 40 ans de plusieurs milliers de tonnes par Ăźle perlicole et une production annuelle de dĂ©chets constante estimĂ©e Ă  plusieurs centaines de tonnes par Ăźle.

L’évaluation des consĂ©quences environnementales n’est pas simple en raison de la grande hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© entre les Ăźles. La Chambre territoriale des comptes Ă©voque « une connaissance des enjeux, des obligations rĂ©glementaires, des gisements et des filiĂšres trĂšs imparfaites puisque les natures et gisements de dĂ©chets produits, et a fortiori les procĂ©dĂ©s usuels de gestion correspondants, et des coĂ»ts associĂ©s, sont totalement ignorĂ©s des perliculteurs. » La Direction des ressources marines (DRM) travaille Ă  la rĂ©duction des impacts

L’équipe de Plastic Odyssey a effectuĂ© des tests Ă  bord du navire en broyant des dĂ©chets plastiques issus de la perliculture. Elle a ensuite fabriquĂ© des planches en plastique recyclĂ© pour construire un banc qui a Ă©tĂ© offert Ă  la communautĂ© de l’atoll d’Apataki, dans les Tuamotu. © Plastic Odyssey | Taivini Teai, ministre en charge notamment de l’Environnement. © Gouvernement de la PolynĂ©sie française

nĂ©gatifs des fermes perliĂšres. Elle recherche des entreprises qui produisent des biomatĂ©riaux pour remplacer les grillages faits de plastique et assurer un suivi environnemental. Un systĂšme de collecte des dĂ©chets perlicoles a Ă©tĂ© mis en place sur diffĂ©rentes Ăźles afin qu’ils soient acheminĂ©s par bateau vers un centre d’enfouissement Ă  Tahiti.

TAIVINI TEAI :

« ENCOURAGER LE RÉEMPLOI, LE RECYCLAGE ET L’INNOVATION »

Taivini Teai, ministre de l’Environnement, a participĂ© le 11 fĂ©vrier 2025 Ă  l’ouverture du sĂ©minaire de l’Agence de l’environnement et de la maĂźtrise de l’énergie (ADEME) Pacifique sur le thĂšme de l’économie circulaire dans le Pacifique francophone. Il a rappelĂ© l’importance de repenser les modes de production, de consommation et de gestion des ressources afin de construire une Ă©conomie rĂ©gĂ©nĂ©rative : « Nous devons sortir d’un modĂšle linĂ©aire oĂč nous prenons, consommons et jetons. Il est impĂ©ratif de bĂątir une Ă©conomie oĂč chaque matiĂšre est valorisĂ©e et chaque produit a une seconde vie. »

Cet Ă©vĂ©nement est l’occasion de valoriser des initiatives locales telles que celles de l’association T ā t ā ’i, qui dĂ©veloppe un rĂ©seau de recycleries, ou encore de

l’entreprise Biobase, pionniĂšre dans la crĂ©ation de solutions alternatives aux produits plastiques.

RĂ©cemment, le Pays a adoptĂ© une loi visant Ă  rĂ©duire les produits Ă  usage unique et s’apprĂȘte Ă  dĂ©ployer son SchĂ©ma territorial de prĂ©vention et de gestion des dĂ©chets (STPGD). « Ce schĂ©ma vise Ă  encourager le rĂ©emploi, le recyclage et l’innovation », souligne Taivini Teai. Le document prĂ©voit notamment une rĂ©duction de 30 % des dĂ©chets Ă  enfouir d’ici 2032, mais Ă©galement une baisse de 40 % du tonnage des dĂ©chets alimentaires enfouis d’ici 2032, ou encore une augmentation du tonnage de dĂ©chets recyclables collectĂ©s de 60 % d’ici 2030.

Rédaction : Damien Grivois

NOUVELLECALÉDONIE

LA BIODIVERSITE

FACE AU CLIMAT SOCIAL

Pose de panneaux de sensibilisation Ă  la protection de la flore et des oiseaux marins sur l’ülot Ange Ă  PaĂŻta, par les Gardiens Des Îles. Depuis plusieurs annĂ©es, les bĂ©nĂ©voles de l’association nettoient, reboisent et protĂšgent cet Ăźlot situĂ© Ă  proximitĂ© de NoumĂ©a. © Gardiens Des Îles

l es Ă© M eutes qui ont Ă© C l AtĂ© en n ouvelle -C A lĂ©donie en MA i 2024 ont eu de no M breux i M pACts sur le territoire s i les dĂ©gĂąts MAtĂ©riels C on C ernent surtout n ou M Ă© A et les C o MM unes A lentour , C ’ est l A dyn AM ique de tout l ’ A r C hipel qui est A ujourd ’ hui bouleversĂ©e . C e C li MAt de C rise fr A gilise notAMM ent le se C teur environne M entA l et les efforts de C onservAtion .

INTERVIEW

MALIK OEDIN, CHEF DU DISTRICT FORESTIER OUEST EN PROVINCE NORD ET PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION GARDIENS DES ÎLES

‱ En tant que prĂ©sident associatif, comment dĂ©crirais-tu le climat social en Nouvelle-CalĂ©donie ?

- La situation s’est bien amĂ©liorĂ©e, mais le contexte reste incertain. Certains manques se font encore sentir trĂšs rapidement, comme par exemple en ce qui concerne le personnel mĂ©dical ou les secours. Depuis les Ă©vĂ©nements de l’an dernier, les offres de services sont rĂ©duites sur l’ensemble du territoire.

Les services restants sont dĂ©sormais regroupĂ©s autour de la capitale, NoumĂ©a. C’est ce qui a naturellement Ă©tĂ© observĂ©, et qui permet sans doute de prĂ©server l’activitĂ© Ă©conomique et administrative. MalgrĂ© un apaisement global, le pouvoir d’achat a diminuĂ©, ce qui fait persister une tension sociale.

‱ Et les impacts sur l’environnement ?

- En province Sud et particuliĂšrement Ă  NoumĂ©a oĂč se sont concentrĂ©es les Ă©meutes, on peut voir les consĂ©quences directes des mouvements sociaux sur la biodiversitĂ©. Entre autres, la destruction d’infrastructures a probablement gĂ©nĂ©rĂ© une forte pollution qui fragilise les Ă©cosystĂšmes locaux, notamment marins. La gestion de cette pollution est aujourd’hui l’un des soucis environnementaux dus aux Ă©meutes.

À l’échelle du territoire, on constate une augmentation de certaines pratiques telles que la chasse, la pĂȘche et le braconnage, afin de compenser le contexte financier difficile ainsi que des ruptures d’approvisionnement.

Pour gérer la crise, les fonds ont été essentiellement redirigés vers les secteurs sociaux et économiques, de maniÚre à favoriser leur résilience. On observe de façon générale que les décisions prises lors de ces crises sociales le sont souvent au détriment du secteur environnemental, qui passe alors au second plan des priorités.

‱ Comment rĂ©agis-tu face Ă  cette situation ?

- RĂ©cemment, une communication a Ă©tĂ© publiĂ©e grĂące au travail de l’association Gardiens Des Ăźles, que je prĂ©side. C’est une rĂ©flexion menant justement Ă  la conclusion que les investissements en faveur de l’environnement baissent lors de pĂ©riodes d’instabilitĂ© comme celles que nous traversons. Cette Ă©tude a pour but d’alerter la communautĂ© scientifique sur ce phĂ©nomĂšne. Il s’agit Ă©galement de donner des outils pour dĂ©fendre les financements Ă©cologiques en faveur du territoire. L’association Gardiens Des Îles agit aussi comme un catalyseur en embauchant de jeunes qui souhaitent travailler dans l’écologie, malgrĂ© un contexte actuel peu favorable Ă  l’emploi.

Enfin, en parallĂšle de mon travail associatif, j’occupe un poste dans la conservation de la biodiversitĂ©, notamment des forĂȘts au sein de la province Nord de la NouvelleCalĂ©donie. J’ai notamment beaucoup travaillĂ© sur la protection d’espĂšces, dont principalement les chauvessouris, Ă  travers le programme Horizon Roussettes.

‱ Peux-tu nous parler de ce programme ?

- On trouve chez nous quatre espĂšces de roussettes. Horizon Roussettes s’intĂ©resse particuliĂšrement Ă  deux d’entre elles qui sont trĂšs chassĂ©es : la roussette rousse et la roussette du Pacifique. Ces chiroptĂšres sont comptĂ©s tous les ans depuis 2010, il s’agit d’un des suivis d’espĂšces les plus robustes au monde !

Il fait appel aux sciences participatives qui permet aux habitants locaux, Ă  l’issue d’une formation, de compter annuellement les roussettes aux cĂŽtĂ©s des gardes nature pour suivre la tendance de la population. Les concertations issues du programme Horizon Roussettes ont servi Ă  proposer des mesures de gestion concertĂ©es de ces espĂšces.

Dans la situation actuelle, ce projet revĂȘt encore plus d’importance, car il Ă©value les effets du climat social sur les roussettes. Par exemple, il y a eu, depuis les Ă©meutes, des signalements d’individus qui troquaient ces chauves-souris contre des munitions [leur vente ayant Ă©tĂ© fermĂ©e de mai Ă  dĂ©cembre 2024].

‱ Pourquoi la roussette ?

- C’est d’abord un animal de premier ordre ici au niveau culturel : il fait mĂȘme partie des emblĂšmes de la Nouvelle-CalĂ©donie. La monnaie kanak est par exemple fabriquĂ©e en poils et os de roussettes.

Sur le plan biologique, ce sont de grandes pollinisatrices. La Nouvelle-CalĂ©donie prĂ©sente un fort taux d’endĂ©misme – un grand nombre d’espĂšces qu’on ne trouve nulle part ailleurs – ce qui implique une certaine complĂ©mentaritĂ© entre les espĂšces, et le fait que certaines plantes dĂ©pendent spĂ©cifiquement des roussettes pour assurer leur pollinisation.

Rédaction et interview : Justine Taugourdeau

+ d’info ici : Les roussettes dans la province Nord

PortĂ© par la province Nord et cofinancĂ© par l’OFB, le programme Horizon Roussettes cherche Ă  prĂ©server durablement les populations de roussettes, en prenant en compte les aspects socioculturels et en associant les habitants aux rĂ©flexions. © Nicolas Job / Province Nord

WALLISET-FUTUNA

MATILITE VALAO, UNE WALLISIENNE ENGAGÉE

p restAtAire en gestion d ’ entreprise et gĂ©rAnte du gite o C e A ni A Ă  W A llis , l A jeune fe MM e A reprĂ©sentĂ© son A r C hipel d A ns le CA dre de l A C op 29, org A nisĂ©e en nove M bre 2024 pA r l ’ u niversitĂ© du q uĂ©be C r en Contre

INTERVIEW

MATILITE VALAO, CHEFFE D’ENTREPRISE ET AMBASSADRICE DE L’ENVIRONNEMENT À WALLIS

‱ En 2024, vous avez bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une formation de l’ONU dĂ©diĂ© aux peuples autochtones ?

- J’ai obtenu une bourse dans le cadre du programme du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), dont la formation aide Ă  mieux dĂ©fendre les droits des populations autochtones. J’ai ainsi eu la chance de reprĂ©senter mon archipel.

L’érosion cĂŽtiĂšre est trĂšs marquĂ©e Ă  Wallis. Face Ă  la montĂ©e du niveau de l’ocĂ©an Pacifique, des pans entiers de plages ont disparu depuis ces derniĂšres dĂ©cennies. © Matilite Valao

Une prĂ©formation s’est dĂ©roulĂ©e pendant 15 jours Ă  l’UniversitĂ© du QuĂ©bec, puis j’ai suivi une formation au rythme beaucoup plus effrenĂ©, pendant un mois, Ă  GenĂšve. Depuis mon retour, je m’engage Ă  partager les connaissances acquises avec ma communautĂ©, afin de l’aider Ă  mieux dĂ©fendre ses droits.

Par exemple, Ă  Wallis-et-Futuna, nous faisons face Ă  des problĂšmes liĂ©s au foncier. En ce qui concerne l’érosion littorale notamment, des enrochements sont effectuĂ©s entre les propriĂ©tĂ©s privĂ©es des habitants et l’ocĂ©an, sans que ces derniers n’aient Ă©tĂ© consultĂ©s. Certes, l’action est menĂ©e en raison de l’érosion, mais je m’interroge par exemple sur le devenir des projets qu’ont ces foyers sur le littoral. Les habitants doivent faire valoir leurs droits.

Ouverture de la formation donnĂ©e par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, par Tovar da Silva Nunes (Ă  l’écran), ambassadeur et reprĂ©sentant permanent Ă  l’ONU. | La France comptait Ă  GenĂšve 11 reprĂ©sentants des peuples autochtones.

La replantation de palĂ©tuviers apparaĂźt, pour Matilite Valao, comme une solution pour attĂ©nuer les effets du changement climatique dans l’archipel. Il est Ă  noter qu’une expertise est primordiale dans ce domaine : souvent, dĂšs lors que les pressions sur les Ă©cosystĂšmes sont Ă©cartĂ©es ou que les connexions hydrologiques sont rĂ©tablies, les milieux se regĂ©nĂšrent d’eux-mĂȘmes (voir ICI le guide du FFEM).

‱ Vous avez ensuite Ă©tĂ© sollicitĂ©e pour participer Ă  la COP29 ?

- Oui, j’ai contribuĂ© Ă  la prĂ©paration de la COP 29, sous forme de visioconfĂ©rences entre experts de tous horizons, pour Ă©changer sur les visions de chacun.

‱ Quels messages avez-vous souhaitĂ© passer ?

- Il est important d’adapter les stratĂ©gies environnementales au contexte que nous vivons ici. Le changement climatique a fortement marquĂ© nos rivages, l’érosion cĂŽtiĂšre est fragrante Ă  Wallis, qui est une Ăźle plate, contrairement Ă  Futuna. Avant, la mangrove nous protĂ©geait. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et

le rĂ©cif, exposĂ© de plein fouet, blanchit. La vie marine en souffre. Alors, l’action phare que je prĂ©conise, tout comme le STE, est la replantation de nos mangroves. Nous devons nous appuyer sur les solutions connues par les peuples autochtones et, pour cela, il convient de recenser les pratiques traditionnelles.

Wallis est si petite, j’ai vraiment envie de la conserver. J’ai peur, car Ă  Wallis, la mer est notre garde-manger. C’est effrayant l’impact du changement climatique. Il fait de plus en plus chaud, il y a beaucoup trop de voitures... Dans le cadre de la gĂ©rance du gĂźte, en tant que simple prestataire, je laisse des consignes aux clients : limiter l’usage des climatiseurs et bien aĂ©rer les piĂšces, rĂ©duire l’utilisation de l’eau, faire le tri, etc. J’essaie de mettre en place de petites actions.

Rédaction et interview : Stéphanie Castre

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Rédaction : Stéphanie Castre, Lucie Labbouz, Enzo Dubesset, Sandrine Chopot, Pierre-Yves Fouché, Damien Grivois, Axelle Dorville, Justine Taugourdeau, Mathilde Edmond-Mariette Minoton, Naïza Soihiboudine, Caroline Marie Conception graphique : Océindia OcéIndia

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OUTRE-MER grandeur Nature n°27 _ mars-avril 2025 by oceindia - Issuu