PAR CÉLIA DE LAVERGNE, DIRECTRICE DE L’EAU ET DE LA BIODIVERSITÉ
AU MINISTÈRE DE LA TRANSITION
ÉCOLOGIQUE, DE LA BIODIVERSITÉ, DE LA FORÊT, DE LA MER ET DE LA PÊCHE
En tant que directrice de l’eau et de la biodiversité, je porte avec engagement et conviction les politiques publiques dédiées à la préservation et à la restauration des écosystèmes et de nos ressources naturelles, dans un souci constant de conciliation avec les activités économiques et l’aspiration au déploiement de nouvelles infrastructures de nos territoires. Et, les territoires d’outre-mer ont une résonance toute particulière pour moi. Deux grandes priorités guident notre action pour 2025 et les années à venir.
La première concerne la ressource en eau et sa préservation en quantité comme en qualité pour tous. Elle fait l’objet d’un plan national d’actions qui vient de fêter sa deuxième année. Certaines mesures spécifiques aux outre-mer viennent enrichir le Plan eau DOM qui continue de creuser son sillon et de faciliter la planification comme les soutiens à l’investissement pour sécuriser notamment l’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous.
Si la ressource en eau est indispensable, elle est malheureusement de plus en plus sous tension en outremer. La situation à Mayotte ou encore les contraintes chroniques ou épisodiques en Martinique et à SaintMartin sont des témoins criants de l’urgence à agir, sur laquelle l’État est pleinement mobilisé.
Collectivement, nous devons adopter des trajectoires de sobriété et optimiser le partage de l’eau entre usages, planifier et investir tout en anticipant les crises. La réutilisation des eaux non conventionnelles au travers de nouveaux leviers réglementaires est une véritable opportunité pour rendre disponible plus d’eau pour certains usages. La réforme de la DERU que nous allons accompagner contribuera à améliorer la qualité des rejets et à élargir l’accès à l’assainissement collectif, au bénéfice de la qualité de vie de l’usager et de la qualité des eaux littorales pour tous.
Deuxièmement, les outre-mer concentrent 80 % de la biodiversité française et sont au cœur de la Stratégie nationale biodiversité 2030 (SNB2030), reflet de l’engagement de la France au niveau mondial au titre de la convention sur la diversité biologique.
Le changement climatique et les pressions humaines fragilisent les milieux naturels. La crise Chido à Mayotte l’a illustré avec la destruction du couvert végétal et la dégradation des mangroves et récifs coralliens. Mais ces milieux remarquables sont aussi sources de services pour l’homme tant au quotidien – cycle de l’eau, alimentation, bois, etc. – que pour répondre aux crises (effet tampon des mangroves, etc.). La restauration des écosystèmes doit être un pilier de la reconstruction du territoire.
Plus largement, même si le règlement européen sur la restauration de la nature ne s’applique pas légalement aux outre-mer, ces derniers pourront définir une feuille de route que nous accompagnerons dans le cadre de la SNB2030.
Les territoires d’outre-mer portent des défis majeurs et peuvent devenir des exemples de réussite en matière de gestion de la ressource en eau et de préservation de leur biodiversité remarquable. La direction de l’eau et de la biodiversité sera présente pour accompagner les territoires.
Célia de Lavergne
EN OUTRE-MER, 30
% DES ESPÈCES MENACÉES SONT AFFECTÉES PAR DES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES
Une étude inédite publiée en avril par le Comité français de l’UICN révèle que sur 3 549 espèces évaluées menacées, quasi menacées ou éteintes en outre-mer, 1 016 sont ou ont été affectées par des espèces exotiques envahissantes (EEE).
Concernant plus spécifiquement la faune et la flore endémiques, l’étude souligne que 39,3 % des espèces menacées évaluées sont impactées par des EEE. Au sein des groupes biologiques endémiques, les EEE s’avèrent être une pression pour 95 % des reptiles ou encore 71 % des oiseaux menacés et quasi menacés.
On apprend aussi que « sur les 236 extinctions globales ou locales documentées dans les outre-mer depuis 500 ans, 102 (43%) seraient, partiellement ou totalement, liées aux conséquences des EEE. »
Ou encore que « les espèces éteintes, menacées ou quasi menacées affectées par des EEE sont inégalement réparties entre les territoires d’outre-mer. Les TAAF, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, La Réunion et la Guadeloupe sont, dans l’ordre décroissant, les collectivités où la proportion documentée des espèces éteintes, menacées et quasi menacées affectées par des EEE est la plus importante. »
+d’info ici : L’étude du Comité français de l’UICN
ACTU OUTRE-MER
PLASTIC ODYSSEY : L’EXPÉDITION
AUTOUR DU MONDE AU SERVICE DE L’URGENCE PLASTIQUE
Alors qu’à Nice la 3e Conférence des Nations unies sur l’Océan aura lieu du 9 au 13 juin, « chaque minute, 19 tonnes de déchets plastiques sont déversées dans l’océan », peut-on lire sur le site de l’expédition Plastic Odyssey. Le navire de recherche homonyme, véritable laboratoire flottant de 40 mètres de long, a quitté le port de Marseille le 1er octobre 2022 pour un tour du monde en trois ans et 30 escales, dont plusieurs dans les outre-mer français : la Guyane en juin 2023, la Martinique et la Guadeloupe le mois suivant, puis la Polynésie française en mars-avril 2024. Du 6 au 12 avril, c’était au tour de La Réunion d’accueillir Plastic Odyssey, dans le cadre du projet ExPLOI – Expédition plastique océan Indien.
L’objectif ? Sensibiliser, à chaque escale, les citoyens à la réduction de l’usage du plastique et accompagner l’émergence d’initiatives locales de recyclage pérennes grâce au partage en open source des technologies low tech embarquées à bord du navire.
Faire émerger les solutions du recyclage du plastique de demain.
Ci-dessus et ci-dessous : découverte du Cap La Houssaye à La Réunion. | Ci-dessus à droite : balade littorale à Saint-Martin sur le sentier de Grandes Cayes, avec l’association Mon École Ma Baleine, qui a présenté les animations pédagogiques « Les Sentinelles de la Mer ».
DES « BALADES LITTORALES » EN OUTRE-MER POUR FÊTER LES 50 ANS DU CONSERVATOIRE DU LITTORAL
À l’occasion de son 50e anniversaire, le Conservatoire du littoral organise tout au long de l’année une série de rencontres, visites, journées d’étude, inaugurations, ateliers, expositions, spectacles…. Faciliter l’accès du public et promouvoir l’ouverture des sites à tous constituent en effet l’un des piliers de l’approche du Conservatoire. Cet anniversaire se veut un moment de partage, célébration et sensibilisation avec une programmation riche d’événements.
Parmi les temps forts, 50 balades littorales se déploient d’avril à octobre dans toute la France sur autant de sites du Conservatoire du littoral, dont six en outremer. Chaque balade est conçue par les délégations de rivages du Conservatoire, en lien avec ses gestionnaires et partenaires, autour d’un angle de découverte original, spécifique aux sites parcourus, et de rencontres – avec des agents et gardes du littoral, naturalistes, artistes, paysagistes… – qui en éclairent les enjeux.
Ces sorties proposent une expérience sensible et des échanges, pour comprendre le littoral dans sa dynamique en constante évolution, façonnée par la nature, les éléments et les activités humaines.
À Saint-Martin, le sentier littoral de Grandes Cayes a accueilli quatre balades en mars et avril, pour sensibiliser à la protection des cétacés et aux méthodes d’observation. À La Réunion, la balade a aussi déjà eu lieu, le 12 avril au Cap La Houssaye, en partenariat avec l’OTI de l’Ouest, l’ARB et la Réserve naturelle marine.
Des ateliers d’aquarelle sur le pastoralisme, ainsi que des visites guidées autour de la savane et des pirates, ont attiré une centaine de personnes sur le site en présence d’Agnès Langevine, qui préside le conseil d’administration du Conservatoire du littoral.
À vos agendas : la prochaine balade ultramarine est programmée le 14 juin au cratère de Petite-Terre à Mayotte, entre lac Dziani Dzaha et plages de ponte de tortues. Le 21 juin, le public guyanais sera convié à arpenter les pripris de Yiyi. Une balade nautique se déroulera le 10 octobre à Canal-Cocotte en Martinique pour découvrir la mangrove via les cinq sens, et enfin, une excursion au marais de Port-Louis fera, le 18 octobre, le bonheur des participants en Guadeloupe.
+ d’info ici : Les 50 ans du Conservatoire du littoral
RENDRE LE LITTORAL ACCESSIBLE À TOUS, UNE MISSION PREMIÈRE DU CONSERVATOIRE
t O ut au l O ng de l ’ année 2025, le c O nservat O ire du litt O ral cél ÈB re ses 50 ans . Z OO m sur tr O is pr O jets en c O urs dans les O utre - mer qui illustrent la n O ti O n d ’ acc È s à la nature , au cœur des engagements de l ’ éta B lissement depuis sa créati O n en 1975.
L’ouverture au public des sites acquis et protégés par le Conservatoire du littoral et ses partenaires a été inscrite dans les textes fondateurs de l’établissement par la loi du 27 février 2002. Cependant, dès la création du Conservatoire en 1975, c’est une évidence : acheter des espaces naturels pour éviter la privatisation du littoral et permettre l’accès de tous au bord de mer est un enjeu tout à la fois environnemental et social.
Le choix de répondre au souhait de libre accès au littoral n’est cependant pas toujours compatible avec les nécessités de protection et des tensions apparaissent parfois entre les deux objectifs, entre une protection très défensive et une ouverture large pouvant aboutir à des dégradations.
Le Conservatoire a donc dû, comme d’autres institutions et avec ses partenaires gestionnaires, tracer un chemin d’équilibre : élaborer une doctrine tout en développant un grand sens pratique. S’il convient de faciliter l’ouverture à tous, il faut éviter l’artificialisation ou la banalisation des espaces naturels, respecter l’esprit de la loi Littoral en adoptant des aménagements légers et réversibles, utiliser des matériaux durables, veiller à leur parfaite insertion paysagère, réduire enfin la consommation énergétique et les coûts…
TÉMOIGNAGE
MATTHIEU DELFAULT, CHARGÉ DE MISSION AMÉNAGEMENT ET GESTION AU CONSERVATOIRE DU LITTORAL, ANTENNE DE GUYANE
« En Guyane, plus de 50000 hectares sont protégés par le Conservatoire du littoral. Parmi ces espaces, la Pointe Liberté, où un aménagement de sentier de 2,4 kilomètres est en projet, propose en bordure du littoral et jusqu’à l’embouchure de la rivière de Cayenne, une biodiversité extraordinaire entre marécages, mangroves et faune allant des aigrettes aux oiseaux migrateurs en passant par les cabiaïs – plus gros rongeurs du monde –et plusieurs espèces de félins : pumas, jaguars...
L’enjeu est d’ouvrir ce site d’exception au plus grand nombre par le biais d’aménagements les plus intégrés possibles, dans le respect de l’environnement. Les 400 premiers mètres seront intégralement accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Il est prévu que les travaux, d’une durée d’un an, débutent fin 2025. Ce projet est évalué à 269000 euros. »
Sur la Pointe Liberté, les
SAINT-BARTHÉLEMY
L’ENVIRONNEMENT DE L’ÎLE VU DU CIEL
n atif de s aint -B arthélemy , y annis d elvas
tém O igne à travers ses images aériennes de la B eauté des paysages insulaires a vec s O n
dr O ne , il parcO urt le ciel p O ur capturer des instants magiques sur terre cO mme sur mer . a vec parfO is , au pr O gramme , de magnifiques rencO ntres et tO uj O urs , un regard différent sur une île aux mille facettes
Yannis Delvas n’a pas débuté son parcours comme photographe. Tout d’abord, il voue une véritable passion pour le radiomodélisme, et les voitures ou bateaux radiocommandés n’ont aucun secret pour lui. Puis un jour, il découvre les ailes volantes et passe très vite au pilotage de drone.
« En 2011, j’ai acquis l’un des premiers drones équipés d’une caméra embarquée et me suis fait la main là-dessus », se souvient le jeune pilote. Très vite, il passe sa licence ULM de l’aviation civile, un challenge personnel qui lui permet, dans la foulée, de prendre de fabuleux clichés de Saint-Barth vu du ciel. « À l’époque, les images aériennes étaient rares,
souvent réservées à des spécialistes dans le cadre de missions très spécifiques. L’usage du drone a démocratisé ces clichés et fait découvrir notre île d’une manière différente. » Aidé par un ami photographe, Yannis Delvas travaille ses images, apprend la technique et se lance dans l’aventure. Il crée alors St Barth Fly Cam et commence à travailler en tant que photographe aérien pour les courses de voile, les suivis de chantiers ou les événements locaux.
Après plus de dix ans à immortaliser la nature vue du ciel, Yannis possède une bonne connaissance de l’évolution de son île. Les plages qui avancent et reculent en fonction des houles, du sable qui apparaît ou disparaît selon les saisons. La plage de Flamands, totalement érodée par le dévastateur cyclone Irma, qui se reconstitue sous ses yeux au fil des mois. Mais aussi des constructions, de plus en plus nombreuses sur cette île d’à peine 21 km2. « Heureusement, nous avons de nombreuses zones vertes à Saint-Barth. Des zones qui le resteront, car elles bénéficient d’une protection », souligne Yannis Delvas.
Mais son plus beau souvenir reste lié à une rencontre. Par une belle mer d’huile, sans un souffle de vent, il capture un instant magique. Le ballet d’une baleine et de son baleineau fendant les eaux de la Caraïbe. Et gratifiant Yannis et son drone de sauts spectaculaires.
s aint - m artin est une île franc O - h O llandaise qui a B rite une B i O diversité excepti O nnelle m ais cO mment gérer la faune et la flO re lO cales quand deux réglementati O ns s ’ appliquent sur un même territO ire ? r encO ntre avec s a B rine B rismeur , cheffe de pr O jet de la n ature f O undati O n de s int m aarten , partie h O llandaise .
INTERVIEW
SABRINE BRISMEUR, CHEFFE DE PROJET DE NATURE FOUNDATION ST. MAARTEN
• Quel est l’objectif de votre fondation ?
- Sa mission consiste à préserver et améliorer nos écosystèmes naturels, aujourd’hui et pour les générations futures, grâce à diverses initiatives de gestion, de recherche, d’éducation et de politiques. Nous gérons aussi le parc marin de Man of War Shoal, une aire marine protégée et un site de plongée populaire au large de la capitale, Philipsburg.
• Comment protéger l’environnement sur une île avec deux nationalités et des lois distinctes ?
- C’est un défi majeur, car les écosystèmes ignorent les frontières politiques, mais sont affectés par les réglementations de chaque côté. Une priorité est de combler les lacunes de la législation environnementale de Sint Maarten, souvent moins stricte qu’à Saint-Martin, ce qui a des conséquences négatives transfrontalières. Par exemple, l’importation de certaines espèces invasives est interdite côté français, mais était permise côté néerlandais, facilitant leur introduction illégale. Nous collaborons avec la partie française pour conseiller notre gouvernement sur l’harmonisation des lois, afin d’assurer une protection équitable de nos écosystèmes sur toute l’île. C’est un travail de longue haleine.
• Quels sont vos liens avec la Réserve naturelle de Saint-Martin ?
- Nous coopérons de plus en plus avec la Réserve, une collaboration que nous souhaitons officialiser. Nos activités se chevauchant, nous échangeons des informations sur les écosystèmes partagés – récifs, herbiers, mangroves –, nous nous entraidons pour la recherche et participons ensemble à des actions éducatives bilingues. Nous orientons également les signalements du public entre nos organisations. Nous prévoyons de formaliser notre relation par un accord cette année pour un meilleur partage de données, du personnel, et pour des projets et recherches conjoints, ce qui nous réjouit énormément !
Rédaction et interview : Mariane Aimar
FONCIER ET ENVIRONNEMENT EN OUTRE-MER : LES
INTERCOMMUNALITÉS AU CŒUR DES SOLUTIONS
d epuis deux ans , i ntercO ’ O utre - mer m È ne un travail appr O f O ndi sur les enjeux f O nciers dans les territO ires ultramarins . d epuis dé B ut 2025, une attenti O n tO ute particuli È re est p O rtée à la gesti O n du patrim O ine pu B lic , un enjeu essentiel ... l e p O int dans cet article .
Cette dynamique autour de la gestion du patrimoine des collectivités d’outre-mer s’est concrétisée à travers la tenue de deux visioconférences. Organisés par Interco’ Outre-mer les 12 février et 12 mars, ces webinaires ont permis aux participants d’échanger sur les principales difficultés rencontrées sur le terrain, de partager des outils clés et de mieux comprendre la nécessité d’une gestion patrimoniale assumée.
SENSIBILISER AUX IMPÉRATIFS
DE GESTION PATRIMONIALE
AU SEIN DES COLLECTIVITÉS
Dédié aux élus, aux techniciens et responsables des collectivités désireux d’approfondir leurs connaissances dans ce domaine, le premier webinaire a traité des enjeux essentiels, des objectifs et des méthodes nécessaires à une gestion patrimoniale active de la part des collectivités ultramarines. Véritable levier de développement, la gestion optimisée du patrimoine représente notamment une source précieuse d’augmentation des revenus des collectivités, leur permettant de renforcer leur capacité à servir l’intérêt général et à mener à bien leurs projets de territoire.
QUELS OUTILS JURIDIQUES POUR AIDER LES COLLECTIVITÉS ?
Également ouvert à tous, le deuxième webinaire a permis d’évoquer les méthodes et outils pour mieux valoriser les biens des collectivités. Il a également aidé à mieux identifier le concept de domanialité, sa classification et ses implications juridiques.
Ces deux événements ont ainsi abordé des aspects fondamentaux et accompagné utilement les participants présents, tout en leur donnant la possibilité d’échanger avec des experts et leurs pairs.
TÉMOIGNAGE
LYLIANE PIQUION-SALOMÉ,
PRÉSIDENTE D’INTERCO’ OUTRE-MER
« Face aux contraintes environnementales croissantes, la gestion patrimoniale est devenue un levier stratégique pour les intercommunalités d’outre-mer. Dans des territoires où les risques naturels sont nombreux et les pressions sur le foncier importantes, bien connaître, entretenir et valoriser son patrimoine est un impératif.
Les intercommunalités sont aujourd’hui des acteurs forts du développement territorial. Mais pour exercer pleinement ce rôle, elles doivent être mieux outillées.
La réglementation relative à la gestion du foncier et du patrimoine est dense, parfois complexe, et nécessite un haut niveau de technicité. Il est donc essentiel que les intercommunalités se dotent d’une organisation interne structurée, et, lorsque cela est possible, de services dédiés à ces missions. Investir dans la gestion patrimoniale, c’est aussi sécuriser les relations avec les assureurs, en disposant d’une connaissance fine de ses biens, de leur usage, de leur état, de leur valeur. C’est enfin se donner les moyens d’anticiper, d’agir et de bâtir des projets adaptés aux réalités locales. »
À LA DÉCOUVERTE DES RICHESSES DE LA PRODUCTION LOCALE
d ans un m O nde de plus en plus glOB alisé , le désir de cO ns O mmer des pr O duits authentiques , p O rteurs d ’ une histO ire et d ’ un savO ir - faire lO cal , n ’ a jamais été aussi f O rt c ’ est dans cet esprit qu ’ a émergé le site p r O ducti O nlO cale . cO m , une platef O rme en ligne am B itieuse visant à mettre en lumi È re la richesse et la diversité de la pr O ducti O n martiniquaise .
Le site Productionlocale.com porté par l’association éponyme est né d’un double constat : en Martinique, l’accès à la production locale n’est pas aisé et fonctionne principalement par le bouche-à-oreille. En parallèle, la population est en attente de transparence et d’informations sur les produits consommés. Une attente renforcée par les récents mouvements contre la vie chère et la pollution des sols par le chlordécone. La création d’une plateforme digitale regroupant les producteurs locaux est donc apparue comme une solution concrète pour mettre en relation vendeurs et acheteurs. Après la création de l’association Production locale Martinique en 2022, le site a été lancé en janvier 2024 et il présente désormais une offre diversifiée des trésors de l’île.
DES PRODUITS POUR TOUS LES GOÛTS
Bien plus qu’un simple annuaire, Productionlocale.com se positionne comme un véritable écosystème numérique connectant directement les consommateurs avec les
producteurs, artisans et agriculteurs de la région. Que vous soyez à la recherche de fruits et légumes fraîchement récoltés, de confitures artisanales aux saveurs uniques, de créations artistiques originales ou encore de produits issus d’un élevage respectueux de l’environnement, ce site internet se veut la porte d’entrée privilégiée vers un univers de qualité et d’authenticité.
Rédaction : Mariane Aimar
Chaque producteur ou artisan dispose d’une page dédiée où son activité, ses produits et ses valeurs sont présentés. Des photos de qualité et des descriptions détaillées permettent aux consommateurs de se faire une idée précise de ce qu’ils achètent, favorisant ainsi une relation de confiance et de transparence.
« Aujourd’hui, avec plus d’un an de recul, nous sommes très satisfaits des retombées du site », nous indique Oriane Telle, déléguée générale de l’association. « Les producteurs ont pu se faire connaître, développer leur clientèle et les acheteurs ont découvert toute la richesse des produits martiniquais », se félicite-t-elle. D’autant que, comme partout, les producteurs et artisans portent de nombreuses casquettes et n’ont souvent que peu de temps pour développer leur communication et se faire connaître.
FAVORISER LES RENCONTRES
Le site Productionlocale.com encourage également la rencontre et l’échange entre producteurs et consommateurs. Des événements locaux, des marchés à la ferme et des ateliers sont régulièrement mis en avant, offrant ainsi des opportunités de découvrir les coulisses de la production et de tisser des liens directs avec ceux qui façonnent notre territoire.
SOUTENIR L’ÉCONOMIE LOCALE
En privilégiant les circuits courts et en valorisant le travail des acteurs locaux, Productionlocale.com contribue au dynamisme économique de la région. Les producteurs bénéficient d’une visibilité accrue et d’un canal de distribution supplémentaire, tandis que les consommateurs ont l’assurance d’acquérir des produits de qualité, souvent à un prix juste, tout en soutenant l’emploi et le savoir-faire de leur île.
UN AVENIR PROMETTEUR
Avec une interface en constante évolution et une communauté de producteurs et de consommateurs en pleine croissance, Productionlocale.com s’affirme comme un outil indispensable pour promouvoir la richesse de la production locale martiniquaise. Une manière de mettre en avant également des initiatives peu connues d’hommes et de femmes qui s’emploient, au quotidien, à tisser l’avenir de leur pays.
Petites bonites, saumons, thons, carangues et sargues jaunes... Claude est un spécialiste de la pêche au large et de la pêche au filet.
Oriane Telle coordonne au quotidien les actions de l’association.
SEMAINE POUR L’EAU EN MARTINIQUE : UN GRAND
CHANGEMENT COMMENCE PAR DE PETITS GESTES…
d u 16 au 23 mars , la m artinique a vécu au rythme de la s emaine p O ur l ’ e au , un événement incOntOurnaBle Organisé par l’Office de l’eau martinique (Ode) et sOn réseau de partenaires. c ette initiative , en éch O à la j O urnée m O ndiale de l ’ eau du 22 mars , vise à sensi B iliser la p O pulati O n à la préservati O n et à la gesti O n dura B le de l ’ eau et des milieux aquatiques
L’EAU, UN ENJEU À LA FOIS
GLOBAL ET LOCAL
L’accès à l’eau potable reste un défi majeur à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, 2,2 milliards de personnes en sont privées, impactant des aspects fondamentaux tels que la santé, l’éducation et le développement économique. L’ONU a fixé, dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD), l’ambition de garantir un accès universel à l’eau potable et à l’assainissement d’ici 2030. Pourtant, les progrès sont lents et nécessitent une mobilisation collective accrue.
En Martinique, les enjeux liés à l’eau sont tout aussi prégnants. Entre périodes de sécheresse, pollution des cours d’eau et pressions humaines croissantes sur les milieux aquatiques, la nécessité d’adopter des comportements plus respectueux est impérative. C’est dans ce contexte que l’ODE, à travers cette semaine dédiée, invite chacun à agir à son échelle.
UNE SEMAINE D’ACTIONS ET DE SENSIBILISATION
Avec près de 100 actions menées sur tout le territoire par une soixantaine d’acteurs locaux, cette 6e édition s’est articulée autour de quatre axes majeurs :
• Connaître : comprendre le cycle de l’eau et l’importance des différents milieux aquatiques.
• Protéger : adopter des gestes simples pour limiter la pollution et préserver la ressource.
• Restaurer : soutenir la réhabilitation des milieux dégradés par l’urbanisation et les activités humaines.
• Valoriser : mettre en lumière le patrimoine aquatique à travers des activités éducatives et culturelles.
Durant la Semaire pour l’Eau, expositions, conférences, ainsi que sorties pédagogiques en rivière et en mer, spectacles et ateliers de sensibilisation ont été au programme pour toucher un public varié.
Michéla Adin, directrice générale de l’ODE Martinique lors du colloque.
Près d’une tonne de déchets plastiques a été transformée en œuvre d’art, pour dénoncer la pollution de l’eau et célébrer la mangrove.
« WE ARE WATER » : LA MARTINIQUE À L’INTERNATIONAL
Parmi les moments les plus marquants de cette semaine, l’opération « We Are Water » a offert une expérience inédite le dimanche 16 mars à Sainte-Anne, sur le site de l’Étang des Salines. Conçue comme une performance artistique immersive, elle a permis de mettre en avant les mangroves de Martinique.
Portée par des jeunes du Parlement mondial de la jeunesse pour l’eau appuyés de l’artiste Liina Klauss, le Secrétariat international de l’eau et la Direction du développement de la coopération suisse, l’idée d’une collaboration de plaidoyer s’est matérialisée en amont du 10e Forum mondial de l’Eau en 2024 à Bali (Indonésie), puis en Azerbaïdjan en novembre 2024, en marge de la COP29. La Martinique a donc accueilli avec succès la 3 e performance afin de célébrer la mangrove, cet écosystème tampon. Cet événement sera porté au plus haut niveau vers la Conférence des Nations unies sur l’Océan en juin à Nice et la Conférence des Nations unies sur l’Eau 2026 à Dubaï.
LE COLLOQUE « ÉDUCATION ET SENSIBILISATION À L’EAU ET AUX MILIEUX AQUATIQUES À L’AUNE
DU CHANGEMENT CLIMATIQUE »
Ce colloque s’est tenu le 18 mars 2025 à Madiana et a rassemblé plus de 100 experts, institutions et acteurs locaux. Les échanges ont porté sur les stratégies de sensibilisation, la formation aux métiers liés à l’eau et les innovations pédagogiques. Les tables rondes et ateliers ont exploré les initiatives en matière d’outils pédagogiques locaux, l’art comme outil éducatif et l’usage des milieux aquatiques pour l’apprentissage.
Cet événement a permis de dégager des pistes concrètes pour renforcer l’engagement citoyen et professionnel en faveur d’une gestion durable de l’eau et des milieux aquatiques.
AQUALIVE : UNE IMMERSION MUSICALE INÉDITE
Autre événement phare de cette édition, Aqua Live, organisé le 22 mars au Centre aquatique communautaire Pierre Samot, au Lamentin, a offert un spectacle inédit alliant musique et sensibilisation à l’eau.
La scène immergée dans le bassin de la piscine olympique a accueilli la troupe « Ti Kréol » pour un spectacle dédié aux petits et grands intitulé « Le Festival de l’Eau ». E.sy Kennenga et Jocelyne Béroard, artistes engagés, ont fait vibrer le public avec des performances live et des messages de sensibilisation.
L’événement a été l’occasion d’aborder avec émotion et créativité les enjeux liés à la préservation de l’eau. C’est encore la preuve que la musique peut être un vecteur puissant pour sensibiliser et rassembler autour des grands enjeux environnementaux.
Le spectacle Aqualive, un concert exceptionnel sur l’eau.
de l’innovation agricole Agreen Startup. Je me suis alors rendu compte que les gens étaient intéressés par mon initiative et qu’elle répondait à une forte demande sur le territoire.
Le véritable tournant de l’aventure a été de remporter ce concours Agreen Startup, qui a médiatisé le projet et suscité un véritable engouement. Mon entreprise Capr’îles a également été lauréate du prix national « innovation » d’Agreen Startup, qui m’a été décerné au Salon de l’Agriculture en 2024 !
• Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet ?
- L’ambition est d’avoir une ferme de cinq hectares, avec une trentaine de chèvres, ouverte à tous et à toutes. Je souhaite développer à la ferme des actions d’éducation populaire comme l’accueil de scolaires mais aussi une ouverture au grand public, avec la présence de maisons d’hôtes adaptées aux séjours en immersion rurale.
Du point de vue agricole, l’idée est que la ferme soit la plus écologique possible : les chèvres seront mises quasi exclusivement au pâturage, les « déchets » issus de la filière laitière – « petit lait » – seront donnés aux cochons et aux poules, des chiens seront utilisés pour garder les troupeaux et éviter les engins lourds qui tassent les sols, et enfin les pâturages seront entourés de haies pour favoriser la biodiversité.
Tous les modules de la ferme – fromagerie, accueil… –seront hébergés dans des containers pour avoir une empreinte la plus minime qui soit sur les sols et les artificialiser le moins possible.
• Vous utilisez des chèvres guadeloupéennes ?
- C’est le cœur de Capr’îles ! J’ai pu étudier, au cours d’un stage à l’INRAE Guadeloupe, la génétique et la production laitière des cabris créoles et m’assurer de la viabilité de l’élevage avec cette race locale. De plus, cette espèce est menacée et cela compte pour moi de participer à sa sauvegarde. Et puis, c’est une race plus résiliente, adaptée à notre climat : je pourrai donc mettre les animaux dans les champs, minimiser la nourriture en granulés et les soins vétérinaires, ce qui sera un gage de qualité pour les consommateurs, en espérant obtenir à terme un label « bio ».
• Où en est le projet actuellement ?
- J’ai pu me procurer mes cinq premières chèvres et une partie du reste du troupeau m’attend ! Le prix « Agreen Start Up 2023 » m’a permis d’avoir l’accord de la Région Guadeloupe pour la mise à disposition d’un terrain. Le projet a malheureusement pris du retard, car le foncier n’est toujours pas disponible, ce qui empêche le déploiement de la ferme... Je croise les doigts pour que la situation se débloque au plus vite !
Rédaction et interview : Lucie Labbouz
PROGRAMME « ENGAGÉS POUR LA NATURE » : ET SI
VOUS PASSIEZ À L’ACTION ?
« engagés p O ur la nature » est une initiative p O rtée par l ’O ffice français de la B i O diversité . démarche de prOgrÈs, elle se décline pOur les entreprises, les territOires et les partenaires qui décident d ’ agir en faveur de la B i O diversité c e la B el vise à renf O rcer la m OB ilisati O n de l ’ ensem B le de la s O ciété p O ur enrayer l ’ ér O si O n de la B i O diversité
Initié par le ministère de la Transition écologique, et par Région de France pour les territoires, le programme « Engagés pour la nature » a été créé pour mobiliser davantage de territoires, entreprises et partenaires autour de la biodiversité et la restauration du vivant. Il s’ouvre à tout type de structure juridique en France.
TERRITOIRES ENGAGÉS
POUR LA NATURE
Le volet « Territoires engagés pour la nature » a pour ambition d’impliquer les collectivités au profit de la biodiversité. Il vise à faire émerger, reconnaître, développer et valoriser des plans d’actions territorialisés, l’échelon local étant le mieux à même de répondre aux enjeux et spécificités de chaque territoire. Ce projet s’adresse aux communes et intercommunalités de toutes tailles, qu’elles soient débutantes ou initiées en matière de biodiversité.
ENTREPRISES ENGAGÉES
POUR LA NATURE
Le dispositif labellise également des entreprises qui, indirectement ou directement, ont un impact majeur sur l’environnement, tout en étant dépendantes d’un certain nombre de services rendus par la nature. Le rôle d’une « entreprise engagée pour la nature » est par exemple d’intégrer la biodiversité à sa chaîne de valeur ou de production, sa chaîne d’approvisionnement ou encore ses décisions d’investissements. Il peut s’agir également d’inspirer et d’essaimer en partageant son expérience et ses bonnes pratiques... Cela permet notamment à l’entreprise d’améliorer sa visibilité, tout en accédant à des outils (guide pédagogique, etc.) l’aidant à structurer un programme d’actions concret et à fort impact sur la biodiversité.
PARTENAIRES ENGAGÉS POUR LA NATURE
Enfin, le programme s’adresse aux associations environnementales, culturelles, sportives, d’élus et d’entreprises, aux fondations d’utilité publique, mouvements de jeunesse, syndicats de salariés et aux structures d’inclusion sociale. Toute organisation peut solliciter une demande d’adhésion, qu’elle bénéficie d’un large réseau ou se déploie à une échelle locale. L’association Globice Réunion, qui développe des programmes de recherche appliquée sur les cétacés, est aujourd’hui l’unique « partenaire » labellisé en outre-mer. En espérant que d’autres acteurs l’imitent prochainement ! + d’info ici : https://engagespourlanature.ofb.fr/
DORIS MIRRE, DIRECTRICE DES RESSOURCES ENVIRONNEMENTALES
À LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION
DU NORD GRANDE-TERRE (CANGT)
• La CANGT est reconnue comme « Territoire engagé pour la nature » depuis 2019. À quels enjeux de biodiversité ce label répond-il ?
- Cette reconnaissance met à l’honneur les actions en faveur du patrimoine naturel des cinq communes qui composent notre territoire. La CANGT abrite en effet 12 espaces naturels sensibles, deux réserves de chasse et faune sauvage, une réserve biologique et de nombreux espaces remarquables. La préservation des milieux
agricoles est un autre enjeu de taille pour ce territoire considéré comme le « grenier de la Guadeloupe ». Avec un linéaire côtier de 72 kilomètres, la CANGT a par ailleurs une forte vocation touristique, mais nourrit une volonté de limitation de l’étalement urbain. Nous sommes conscients de la biodiversité de notre territoire et souhaitons la valoriser de façon innovante. L’ambition est aussi de placer le citoyen au cœur de nos actions, d’où l’importance d’améliorer la prise de conscience de la richesse de notre patrimoine naturel.
• Sur quelles actions la CANGT s’est-elle engagée concrètement, dans le cadre de ce label ?
- Notre collectivité s’est engagée dans un programme d’actions afin d’améliorer ses connaissances, sa gestion du territoire, la préservation de sa biodiversité et la sensibilisation des citoyens. Quatre grands axes de travail sont en cours : la restauration de 10 mares publiques ; une cartographie des espaces colonisés par le typha, une espèce exotique envahissante ; la gestion résiliente et différenciée des espaces verts en ville ; et enfin, la restauration de mares agricoles.
Ce plan d’actions volontaire reflète l’engagement de la CANGT à intégrer les questions environnementales dans ses politiques publiques et ses actions.
Concrètement, la société s’occupe de reforester les sites dégradés en privilégiant des espèces pionnières, et de réensemencer leurs sols à l’aide de microorganismes comme des bactéries ou des champignons, essentiels à la vie biologique du sol. Le tout en s’adaptant à la spécificité des écosystèmes locaux.
« Après une activité minière, les sols ont été complètement lavés, au point d’être presque morts. Notre objectif n’est pas de recréer à l’identique le milieu tel qu’il était avant d’avoir été perturbé, mais d’arriver à réenclencher durablement le cycle forestier », nous explique Élodie Brunstein.
L’entreprise constate alors des résultats souvent très rapides en s’appuyant sur plusieurs bio-indicateurs comme le retour de la faune – via des pièges photos – ou la diversité microbienne. « Nous sommes par exemple très attentifs au retour des communautés de fourmis adaptées aux milieux forestiers, par opposition à celles qui évoluent dans les milieux ouverts. Quand on voit certaines espèces revenir sur un site, cela veut dire que le cycle est en train de se réenclencher », poursuit cette ancienne conseillère technique agricole.
REDORER L’IMAGE DE LA MINE
Sur leur première expérimentation lancée en 2012 sur un ancien site d’or alluvionnaire près de Saint-Élie, les résultats ont été visibles au bout de six à huit ans, date à laquelle, déjà, des arbres de 20 mètres de haut recouvraient le sol autrefois excavé. Si l’activité minière, a fortiori industrielle, entraînera toujours une perturbation durable de l’environnement et si le risque de pollution, notamment aux métaux lourds, n’est jamais nul quelles que soient les précautions prises, ces nouvelles capacités de restauration écologique ayant fait leurs preuves d’un point de vue scientifique, apparaissent prometteuses. Pour les artisans miniers guyanais, la restauration des sites est une obligation légale, mais aussi une opportunité de redorer l’image d’un secteur écorné par les affaires de pollution environnementale. La dernière d’entre elles, Gold’Or, dont les faits remontent à 2018, vient d’être renvoyée devant la cour d’appel de Fort-de-France, suite à la décision du 1er avril 2025 de la cour de cassation, cassant la condamnation en appel de l’entreprise.
Pourtant, alors que la Guyane semble en passe de renouer avec sa longue histoire minière, Solicaz se développe pour l’instant essentiellement à l’international et déclare travailler seulement avec une poignée de miniers locaux.
Rédaction et interview : Enzo Dubesset
PR é RAD-OI : UNE INTELLIGENCE COLLECTIVE POUR UN DÉVELOPPEMENT AGRICOLE DURABLE
c O mment participer activement à un dévelO ppement agricO le dura B le dans le sud - O uest du B assin ind O - O céanique ? c ’ est t O ute l ’ am B iti O n que n O urrit la pr é rad -O i , platef O rme
régi O nale en recherche agr O n O mique p O ur le dévelO ppement dans l ’ O céan i ndien .
LA PR é RAD-OI FÉDÈRE LES FORCES VIVES DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE DANS L’OCÉAN INDIEN
Née en 2014 d’une volonté régionale portée par la Commission de l’océan Indien (COI) et les autorités françaises de La Réunion, la PRéRAD-OI est un moteur de coopération scientifique agricole. Elle fédère 24 partenaires scientifiques et techniques, et s’appuie sur six réseaux régionaux thématiques.
Sa mission principale : partager des solutions durables adaptées aux contraintes climatiques, aux risques sanitaires et à la perte de biodiversité. Pour ce faire, diffuser les connaissances et innovations produites, appuyer la structuration de réseaux d’acteurs et de compétences, construire un observatoire régional des agricultures sont autant d’actions de la PRéRAD-OI.
ISABELLE MIALET-SERRA, ADJOINTE AU DIRECTEUR RÉGIONAL DU CIRAD RÉUNION - MAYOTTE - OCÉAN INDIEN ET ANIMATRICE DE LA PR é RAD-OI
« Animée par le Cirad, la PRéRAD-OI, outil singulier d’intelligence collective, se veut être un catalyseur de synergies partenariales pour les réseaux thématiques qu’elle fédère, favorisant la recherche, l’innovation et la formation pour accroître la visibilité et l’impact de la recherche régionale.
Son essence est ainsi de développer et partager des solutions innovantes concrètes, technologiques ou non, de même que des outils d’aide à la décision, à l’instar de l’Observatoire des agricultures de l’océan Indien. Pour cela, nous nous appuyons notamment sur les réseaux de compétences existants et favorisons la structuration de nouveaux réseaux, à l’image du travail réalisé ces 12 derniers mois sur la valorisation de la biomasse à des fins énergétiques. Notre ambition, à terme, est de participer collectivement à la structuration d’un pôle d’excellence en recherche agronomique dans l’océan Indien pour une sécurité alimentaire, nutritionnelle et sanitaire durable. »
UN OBSERVATOIRE DES AGRICULTURES
Initié par le Cirad sur la base de travaux conduits avec la FAO, l’Observatoire des agricultures du sud-ouest de l’océan Indien propose une méthodologie et des outils harmonisés pour documenter la diversité des systèmes productifs et leurs performances, au regard des enjeux du développement durable. Les premières études de faisabilité ont concerné l’île Maurice et Madagascar, permettant d’envisager le déploiement d’observatoires territoriaux dans deux contextes très différents et sur la base de partenariats spécifiques.
À l’avenir, il sera possible d’alimenter une plateforme de données accessibles aux agents de développement, aux organisations d’agriculteurs et aux chercheurs, rendant possibles des approches comparatives. Le but in fine ? Éclairer les décideurs dans le « design » de politiques agricoles et alimentaires, adaptées à la diversité des exploitations agricoles observées sur un territoire et à leurs besoins en investissements.
PIERRE-MARIE BOSC, RESPONSABLE SCIENTIFIQUE DU PROJET AU CIRAD
« Transition alimentaire, transition agroécologique, durabilitédessystèmesagricoles:Mauricefaitfaceà des défis qui requièrent des approches holistiques. Cela justifiedemieuxconnaîtreladiversitédes systèmes agricoles, grâce à des systèmes d’information qui permettront de définir des politiques publiques adaptées aux très grandes exploitations issues de l’histoire cannière, aux exploitations familiales variées et aux jardins domestiques principalement dédiés à l’autoconsommation, mais pouvant générer quelques revenus. »
UN RÉSEAU ÉMERGENT POUR VALORISER LA BIOMASSE À DES FINS ÉNERGÉTIQUES ET AGRICOLES
L’initiative de valorisation de la biomasse non alimentaire de la PRéRAD-OI s’appuie sur les réseaux, compétences et activités de la région, pour renforcer les dynamiques en cours, expérimenter et développer les usages de la biomasse dans l’océan Indien. « Nous souhaitons mobiliser les différents acteurs pour mener des études de faisabilité, soutenir des projets pilotes innovants et favoriser une collaboration intersectorielle », explique Anthony Benoist, chercheur au Cirad qui participe à ce travail.
De la production de biodiesel à partir d’huiles alimentaires usagées recyclées, à la production de biogaz basée sur des déchets de poissons, en passant par la combustion de bagasse de canne à sucre pour générer de l’électricité, plusieurs projets de démonstrateurs sont déjà recensés dans la région. « Cette initiative répond à l’impératif d’une gestion durable des ressources surexploitées, tout en limitant la dépendance aux énergies fossiles. Elle vise à favoriser un développement économique local en créant de la valeur ajoutée, notamment en milieu rural », conclut Patrick Rousset, chercheur et responsable scientifique du projet.
Rédaction
Axelle Dorville
- Effectivement. Depuis plus de 40 ans, la FFESSM organise le championnat français de photo-vidéo subaquatique, chaque année dans une région différente. Avec cette édition 2025, l’événement a signé son grand retour à La Réunion.
L’organisation de ce championnat a été confiée au comité régional de la FFESSM (CRESSM). L’objectif était de donner la possibilité aux photographes et aux vidéastes du territoire de se confronter à leurs camarades de métropole, mais également de leur permettre de gagner en notoriété, tout en montrant que l’île intense est une destination plongée méritant d’être connue. L’idée, c‘était aussi de valoriser la Réserve naturelle marine, où ont été réalisées les plongées, et de redonner une image apaisée de cette activité.
• Un événement d’envergure qui a accueilli des pointures ?
- Le championnat s’est déroulé sur trois journées, réunissant 60 plongeurs. Chaque concurrent a remis au jury six images, dont deux d’ambiance, une photo d’ambiance avec faune mobile, une macro-poisson, une macro non-poisson et une prise de vue rapprochée sur le thème de cette année : « Vie cachée ».
Parmi les compétiteurs, deux champions du monde de vidéo sous-marine, Laurent Maignot et François
Loqueneux, étaient présents, de même que Tony Vicara, notre champion de France en titre. Ont aussi participé Marc Debatty, ancien champion du monde de photographie sous-marine et Sébastien Ameeuw, champion de France 2023, puis du monde. En effet, le titre de champion de France et l’intégration en équipe de France, ouvrent ensuite l’accès à des épreuves internationales et même au Championnat du monde de photo et vidéo sous-marine !
• Des consignes environnementales particulières ont-elles été transmises aux participants ?
- Même si nous ne sommes pas des donneurs de leçons, des recommandations ont été faites en matière de sécurité et de protection de l’environnement. Chaque candidat a signé une charte du plongeur écoresponsable, avec des pratiques à respecter : interdiction de déplacer les animaux, de s’accrocher au substrat, d’utiliser des flashs pour photographier les tortues, etc. Afin de réduire notre impact carbone, une grande majorité du jury a participé en distanciel. De manière générale, lorsqu’on est photographe ou vidéaste subaquatique, on exerce cette activité avant tout, je crois, par amour pour la nature, avec la volonté de mettre en valeur la richesse des fonds marins.
Rédaction et interview : Sandrine Chopot
Les Réunionnais, comme Simon Deblock et Gildas Monnier, auteurs de cette image lauréate illustrant des apogons, ont brillé lors de ce 44e championnat de France. Trois binômes réunionnais – sur 21 binômes – sont entrés dans le top 5 du classement général en photo sous-marine.
+ d’info ici : https://plongez.fr/palmares-du-44emechampionnat-de-france-de-photo-et-video-sous-marine/ RETROUVEZ ICI LE PALMARÈS DU CHAMPIONNAT DE FRANCE DE PHOTO-VIDÉO SOUS-MARINE 2025 :
Cette murène ponctuée (Gymnothorax meleagris), photographiée par un plongeur réunionnais, a été primée dans la catégorie « poisson ».
l e p lan v élO , mis en place en 2020, vise à favO riser l ’ utilisati O n du vélO et autres m OB ilités d O uces dans la cO mmune de s aint - d enis . u n pr O gramme qui m OB ilise un réseau d ’ acteurs et de partenaires afin d ’ Offrir aux dyOnisiens un envirOnnement plus écOlOgique et accessiBle, dans une ville O ù circulent plus de 100 000 véhicules par j O ur
La Ville de Saint-Denis s’inscrit dans la communauté intercommunale du nord de La Réunion (CINOR), avec Sainte-Marie et Sainte-Suzanne. Elle regroupe 70 % de la population de cet ensemble, ce qui en fait le chef-lieu de l’île. En plus de son importance administrative et de son attractivité, Saint-Denis est un point de passage inévitable pour se rendre d’est en ouest, c’est pourquoi la circulation de véhicules motorisés y est particulièrement dense.
Une étude de 2021 a montré qu’à La Réunion, 266 700 personnes se déplaçaient pour aller travailler. La même année, jusqu’à 26 600 personnes entraient en voiture dans Saint-Denis pour cela, soit 3 500 de plus que 10 ans auparavant. L’objectif du Plan Vélo est de revoir la part modale des moyens de transport, en augmentant significativement celle de la bicyclette.
LA SENSIBILISATION
DES JEUNES CITOYENS
RÉSOLUMENT AU CŒUR DU PROJET
Le volet sensibilisation, inscrit dans la stratégie du Plan Vélo et mené par la Direction des Sports, permet l’apprentissage de la circulation à vélo de façon sécurisée.
Ce programme, qui combine des cours pratiques et des séances théoriques, rencontre un franc succès dans les écoles : cette année, 90 classes de CM1 en ont bénéficié.
Le but de cette démarche est ainsi de revaloriser le vélo auprès de la jeunesse, et de le présenter comme un facteur de liberté.
RETOUR SUR UN ÉVÉNEMENT DE SENSIBILISATION À L’ENVIRONNEMENT MULTI-ACTEURS
e n lien avec l ’ a nnée de la m er et dans le cadre de s O n p lan d ’ a ménagement et de d ével O ppement dura B le ( pa 2 d ), le g rand p O rt m aritime de l a r éuni O n ( gpmdlr ) a O rganisé , le 11 avril , une matinée de sensi B ilisati O n à la pr O tecti O n du milieu marin et de nettOyage de déchets sur la jetée est du p O rt O uest r étr O spective de l ’ événement
Ce sont près de 150 élèves de CM1 et CM2 baptisés pour cette occasion « les gardiens de la mer », qui ont aidé à débarrasser de ses déchets un périmètre côtier à proximité de la jetée. Les « marmailles » étaient accompagnés de leurs enseignants et tous scolarisés dans la Ville du Port, première Cité éducative de La Réunion, un label qui permet d’améliorer la prise en charge des jeunes dans les quartiers prioritaires, pour lutter contre l’inégalité des chances, dans et hors l’école. La commune est partenaire de cette action, de même que l’association Plastik’akoz, afin de sensibiliser les Réunionnais à l’urgence écologique provoquée par l’utilisation massive du plastique à usage unique. Au-delà du ramassage de déchets, les enfants ont ainsi pu améliorer leur connaissance des impacts de la pollution marine par le plastique.
En effet, plusieurs partenaires ont répondu présents. L’assocation Abyss a par exemple tenu un stand de sensibilisation au milieu marin, tandis que Réunion Propre a abordé la collecte et le tri des déchets. Sous le chapiteau de Orange PimpMyApp, a été révélée la prémaquette d’un projet numérique innovant, dédié aux enjeux marins et à la problématique des déchets. Sous un autre chapiteau, Ludovic Hoarau, doctorant du GPMDLR et de son Schéma Directeur du Patrimoine Naturel (SDPN), a présenté aux enfants la biodiversité marine qu’il a explorée à grande profondeur au large du Port. Cette matinée a d’ailleurs été organisée à la suite de ses découvertes [voir notre article ICI ], pour sensibiliser à la protection de ces richesses sous-marines jusque-là insoupçonnées.
Enfin, l’histoire du Port Ouest a été mise à l’honneur, grâce à Arnaud Prunier du GPMDLR, qui a présenté les évolutions de l’activité de dragage au fil du temps.
TÉMOIGNAGES
ANITA GERMOND, RÉFÉRENTE RSE 1
AU GRAND PORT
MARITIME DE LA RÉUNION (GPMDLR)
« Cheffe d’entreprise engagée dans l’accompagnement des transformations au sein des organisations, personnalité qualifiée au Conseil de Surveillance du GPMDLR, j’interviens bénévolement dans la mise en œuvre de sa démarche RSE.
Cette matinée de sensibilisation s’inscrit pleinement dans l’un des axes de cette démarche : l’ancrage territorial. En effet, le GPMDLR, au-delà de son cœur de métier industrialo-portuaire, souhaite développer des synergies et des actions citoyennes au service du territoire réunionnais.
Cette action expérimentale du 11 avril avec la Ville du Port n’aurait pu voir le jour sans l’appui de la Cité éducative et de ses relais. L’action a vocation à être reproduite d’ici fin 2025 sur un autre site, en dehors du Port. Plusieurs communes de l’île se sont inscrites dans cette dynamique des Cités éducatives. »
VINCENT CADET, RÉFÉRENT SCIENCES POUR LA CIRCONSCRIPTION DU PORT, DIRECTEUR DE L’ÉCOLE PRIMAIRE BENJAMIN HOAREAU
« Le Grand Port a sollicité la Cité éducative et j’ai été mis dans la boucle pour faire le lien avec les enseignants. Au total, cinq écoles du Port ont répondu présentes à cette matinée de sensibilisation et de découverte, qui a ravi aussi bien les enfants que les enseignants. L’action de ramassage des déchets a été appréciée et nous avons eu accès à des professionnels qui ont partagé leurs savoirs et expériences : Abyss à propos des baleines, Ludovic Hoarau en ce qui concerne la biodiversité sous-marine... Les enfants ont compris que tous ces acteurs s’inscrivaient dans une démarche globale de protection de la nature.
L’événement n’a pas pris fin le 11 avril, car une suite pédagogique est en cours : à partir des informations reçues, les enfants vont créer les messages, slogans, visuels, etc. de panneaux qui seront affichés sur le site de collecte des déchets. Un projet de sensibilisation du public, par les enfants eux-mêmes ! »
e n 2023, le gep O may 1 , ass O ciati O n naturaliste mah O raise , a OB tenu la délégati O n de gesti O n du lac K arihani , à t sing O ni , au n O rd - O uest de g rande - t erre c ette ZO ne humide est l ’ unique lac d ’ eau d O uce naturel de m ayO tte et un de ses principaux réserv O irs de B i O diversité l aurie g aillard , resp O nsa B le de gesti O n du site , a rép O ndu à n O s questi O ns
INTERVIEW
LAURIE GAILLARD, RESPONSABLE
DE LA GESTION DU SITE AU GEPOMAY 1
• Pourquoi considère-t-on le lac Karihani comme un hotspot de biodiversité à Mayotte et quelles sont vos démarches pour le protéger ?
- Le site du lac Karihani, d’une superficie de sept hectares, abrite le seul lac naturel d’eau douce de Mayotte et le premier réservoir alimentaire de Grande-Terre pour l’avifaune. Il est notamment très prisé des crabiers blancs, un oiseau endémique de l’océan Indien qui ne se reproduit que sur quatre îles et dont Mayotte accueille la deuxième population reproductrice. C’est une espèce inscrite sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en danger d’extinction au niveau mondial.
Au-delà de cet exemple, le lac rassemble de nombreuses espèces endémiques de Mayotte, dont deux des trois amphibiens recensés uniquement sur l’île,
la couleuvre de Mayotte, un serpent lui aussi en danger d’extinction, et des espèces de geckos. Plus largement, c’est une zone humide où l’on trouve quantité d’insectes dont des libellules qu’il est essentiel de protéger. Nous demandons d’ailleurs actuellement la labellisation Ramsar, qui permettrait la reconnaissance internationale de cette zone humide et l’obtention de fonds supplémentaires pour sa protection.
• Quels ont été les impacts du cyclone Chido, ayant frappé Mayotte le 14 décembre dernier, sur l’écosystème du lac Karihani ?
- Le lac est bordé par 3,9 hectares de forêt. Avec le passage du cyclone, la plupart des canneliers, une espèce végétale exotique envahissante (EVEE) qui composait une grande partie du couvert forestier, ont été arrachés. Les espèces indigènes, naturellement présentes sur l’île, ont quant à elles un peu mieux résisté du fait de leur adaptation au milieu. Bien que composée majoritairement d’espèces « invasives », cette forêt créait un microclimat permettant de rafraîchir l’atmosphère. Nous craignons désormais que, sans les arbres, l’eau du lac ne s’évapore plus rapidement lors de la prochaine saison sèche.
En ce qui concerne la faune, nous savons que la population de crabiers blancs a été très impactée, puisque ses cinq sites de reproduction, situés dans les mangroves de l’île, ont été rasés. Cependant, le nombre d’individus observés sur le site du lac Karihani a doublé par rapport à l’avant-cyclone, pour atteindre une quarantaine d’individus observés en févriermars. Cela laisse penser que le site joue un rôle de refuge notamment pour cette espèce.
• Quelles sont les actions du GEPOMAY en faveur de la restauration du site ?
- Notre objectif, dans l’immédiat, est d’éviter que les EVEE ne recolonisent les abords du lac. C’est un travail de fourmi car le sol est gorgé de graines et nous devons arracher les plantules à la main, une à une. Le cannelier n’est pas la seule espèce problématique. Nous avons aussi repéré des pousses d’avocat marron, de tulipier du Gabon et des herbacées comme le Lantana camara, très présentes à Mayotte. Paradoxalement, Chido nous a bien aidés en arrachant la majeure partie des arbres problématiques. Cela devrait nous permettre de mieux contrôler cette forêt à l’avenir. Nous sommes en train d’établir la liste que nous allons retenir pour nos opérations de plantation, et dans laquelle on retrouvera des essences de ripisylves indigènes.
• Et sur la promotion du lac auprès du public ?
- Le chemin qui fait le tour du lac a été dégagé et l’observatoire ornithologique a survécu à Chido, ce qui nous permet de poursuivre nos actions de sensibilisation, même si l’environnement a été grandement modifié. Nous faisons des animations scolaires. Dans le cadre des aires terrestres éducatives, deux classes du collège du village sont impliquées dans la gestion du site. Ces jeunes souhaitent nous aider à lutter contre les EVEE, à replanter des espèces indigènes et suivre la pousse des plants qu’ils ont eux-mêmes mis en terre. Nous prévoyons aussi d’agir avec les éleveurs qui ont des parcelles à proximité du lac, car les bonnes pratiques agricoles comme le jardin mahorais, le nonrecours aux pesticides ou la bonne gestion des déchets sont indispensables au maintien de la qualité du lac.
Rédaction et interview : Enzo Dubesset
EN MATIÈRE DE GESTION DE L’EAU À MAYOTTE, IL EST URGENT D’AGIR
!
d epuis 2023, m ayO tte c O nnaît une crise de l ’ eau inédite , en partie due à la sécheresse et à un manque d ’ infrastructures lO cales adaptées . a pr È s plusieurs années de cO ncertati O n , le d épartement de m ayO tte s ’ est récemment d O té d ’ un O ffice de l ’ e au (O de ).
DES BESOINS EXPONENTIELS
En février, le Comité de suivi de la ressource en eau élargi alertait sur le fait que le taux de remplissage en eau des deux retenues collinaires de Mayotte, situées à Combani et Dzoumogné, était inférieur à 50 %, en comparaison de 100 % l’année dernière. Cette saison des pluies 2024-2025 n’ayant pas suffi à les alimenter.
Aujourd’hui, la production d’eau potable à Mayotte, qui est de 38 000 m3/jour – sans compter les pertes dues aux fuites d’eau, évaluées à 11 000 m3/jour – ne couvre pas les besoins du territoire mahorais, estimés quant à eux à 45 000 m3/jour. Qui plus est, face à la forte croissance démographique qui caractérise l’île, la demande en eau ne va cesser d’augmenter, avec un besoin supplémentaire estimé, pour chaque nouvelle année à venir, à 2 500 m3/jour.
DES PROJETS SOUS-DIMENSIONNÉS
Pour remédier au déficit structurel d’eau potable sur l’île, le projet de construction d’une troisième retenue collinaire à l’Ourovéni, sur une surface de 65 hectares et dotée d’une capacité de stockage de trois millions de mètres cubes d’eau, devrait sortir de terre à l’horizon 2030. Le barrage de l’Ourovéni constituerait ainsi la principale réserve d’eau brute de l’île, complétant de manière indispensable les volumes stockés dans les retenues de Combani et Dzoumogné. Par ailleurs, la perspective de bâtir une seconde usine de dessalement pour Mayotte à Ironi Bé devrait permettre de générer une capacité de production supplémentaire de 10 000 m3/jour.
Mais en attendant la concrétisation de ces projets, le territoire reste toujours limité en termes de réponse à fournir à la population. Il devient donc urgent d’agir !
INTERVIEW
MOHAMED ISSOUF, DIRECTEUR DE L’OFFICE DE L’EAU DE MAYOTTE
• Comment est né l’Office de l’Eau de Mayotte ?
- À la fin de l’année 2000, près de 35 ans après l’instauration des Agences de l’Eau en métropole, la loi d’orientation pour l’outre-mer créait, dans les DOM, les Offices de l’Eau, établissements publics rattachés aux départements. À Mayotte, il aura fallu attendre octobre 2024, pour que l’Office de l’Eau soit créé. Sur l’île, la crise de l’eau de 2023 a en effet montré qu’il manquait un opérateur local pour atteindre les objectifs fixés par le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), et qu’il n’existait pas d’acteur dédié au grand cycle de l’eau.
• Quelles sont vos missions ?
- Ce sont celles, classiques, d’un Office de l’Eau : formation, information, accompagnement des collectivités locales, programme pluriannuel d’investissement sur l’eau et coopération internationale. Nous allons travailler sur le grand cycle de l’eau, le petit cycle de l’eau étant du ressort du syndicat mixte Les Eaux de Mayotte (LEMA). On distingue en effet le grand cycle de l’eau, qui a cours depuis que la Terre existe, et le petit cycle, qui inclut captage, traitement, distribution et assainissement. Nous allons ainsi nous concentrer sur des missions d’entretien, de restauration, de reconquête des cours d’eau et de la biodiversité aquatique, sur le renforcement des berges, la mobilisation des eaux non conventionnelles, comme les eaux de pluie. Nous allons faire en sorte que les foyers aient la capacité financière d’investir dans des systèmes de récupération d’eau de pluie pour un usage non alimentaire, afin de diminuer la pression sur le réseau.
• Un partenariat 1 a été noué avec l’AFD ?
- Oui, et ce partenariat financier va nous permettre de lancer une étude pour évaluer l’impact de la perte de végétation liée au déboisement et au cyclone Chido. Nous pourrons alors modéliser ce qu’il va se passer dans les prochaines années. Une seconde étude, elle aussi financée par l’AFD, montrera comment mobiliser les eaux usées traitées, les eaux atmosphériques, ou encore les eaux de toiture, le gisement que cela représente, les moyens techniques et financiers nécessaires... Car ces eaux non conventionnelles pourraient avoir un usage, non alimentaire, industriel et agricole
• L’Office de l’Eau Mayotte va fonctionner avec une redevance en eau payée par les usagers ?
- Aucune redevance ne sera appliquée pour les trois premières années. Charge à nous de trouver des sources de financement. Le Conseil départemental de Mayotte nous apporte son soutien financier sur le fonctionnement de l’établissement. Au bout de trois ans, la situation nous permettra de mettre en place une redevance pour soutenir notre plan d’actions.
• Des projets avec l’ODE Réunion ?
- L’Office de l’Eau Réunion est un partenaire clé avec lequel nous travaillons depuis la préfiguration de notre structure. Le 15 avril, nous avons signé une convention de partenariat officialisant notre collaboration en présence de la ministre de la Transition écologique et énergétique, lors de sa visite à Mayotte. Nous allons nous appuyer sur l’expertise réunionnaise et profiter de retours d’expériences, pour être opérationnels le plus rapidement possible.
• Expliquer à la population la valeur de la ressource en eau, c’est aussi votre vocation ?
- La gestion de la ressource en eau ne concerne pas uniquement les acteurs institutionnels. Pour relever ce grand défi de l’eau, nous devons absolument réussir à embarquer la population mahoraise dans les actions qui seront mises en œuvre !
Rédaction et interview
:
Sandrine Chopot
L’ÉTAT DES RÉCIFS CORALLIENS ET DES MANGROVES DE
MAYOTTE APRÈS CHIDO ET DIKELEDI
e n l ’ espace d ’ un m O is , m ayOtte a été frappée par le cyclO ne c hid O puis par la f O rte tempête d i Keledi , faisant des dégâts humains cO nsidéra B les , et tO uchant durement les écO syst È mes de l ’ île , d O nt les récifs et les mangr Oves . B ilan tr O is m O is apr È s ces événements extrêmes
PREMIERS CONSTATS ET PERSPECTIVES
POUR CES ÉCOSYSTÈMES FRAGILES
Globalement, les observations révèlent une assez forte hétérogénéité de l’état des écosystèmes de l’île, avec des sites dévastés et d’autres plus préservés, suivant leur exposition. Quant aux récifs coralliens et aux mangroves, il semble que les côtes est et nord de l’île aient été plus impactées, mais cela reste une tendance, comme pour les environnements terrestres.
Alors que les mangroves, dont les feuilles ont parfois été arrachées par des vents de plus de 220 km/h, commencent à reverdir avec les pluies, la question de la résilience des écosystèmes et de l’éventuelle restauration écologique se pose au sein du territoire. Les acteurs de l’environnement refusent de céder à la panique et adoptent un suivi accru des milieux, en privilégiant une restauration passive, c’est-à-dire en limitant au minimum l’intervention humaine pour laisser la nature reprendre ses droits.
YOAN DOUCET, CHEF DE SERVICE INGÉNIERIE AU PARC NATUREL MARIN
DE MAYOTTE - OFB
« Au Parc naturel marin de Mayotte, nous avons eu de nombreuses pertes matérielles et avons dû faire face à de grandes difficultés, notamment pour nous déplacer sur l’île et en mer. Nous avons donc décidé de mobiliser nos efforts sur le recueil des constats de l’ensemble des acteurs du territoire pour avoir un premier aperçu global des dégâts causés par Chido et Dikeledi sur les écosystèmes marins et côtiers.
Nous réalisons aujourd’hui nos suivis habituels, que nous avons adaptés à la situation, pour préciser l’état de santé des récifs et herbiers. En ce qui concerne les mangroves, nous attendons les résultats du suivi mené par Lisa Macera [voir l’encadré page suivante].
La priorité est d’évaluer les dégâts pour pouvoir adapter nos mesures de gestion et de surveillance afin de réduire les pressions sur les milieux, principaux freins à leur régénération. »
INTERVIEW CROISÉE
GABRIEL BARATHIEU, PRÉSIDENT DE DEEP BLUE EXPLORATION, ET MANRIFA
MOUSTOIFA ALI, CHARGÉ DE MISSION
BIODIVERSITÉ OCÉAN INDIEN, AU COMITÉ FRANÇAIS DE L’UICN
• Comment évaluez-vous les dégâts après Chido et Dikeledi, respectivement sur les récifs coralliens et les mangroves de Mayotte ?
Gabriel Barathieu - Deep Blue Exploration, qui a reçu le prix coup de cœur de la Palme IFRECOR 2024, a une bonne connaissance du terrain. Nous avons ainsi pu réaliser une première évaluation dès fin décembre. Les tendances sont très variables, mais montrent sur certaines zones jusqu’à 50 % de casse, sachant que l’épisode de blanchissement d’avril 2024 avait déjà entraîné jusqu’à 80 % de mortalité par endroits.
Manrifa Moustoifa Ali - Le Pôle-Relais Zones Humides Tropicales, partenaire de l’IFRECOR, fait partie du « Comité des mangroves ». Après une analyse de terrain, nous avons à présent une idée générale de l’état des mangroves de Mayotte. Toutes ont été touchées
par Chido et Dikeledi, de manière non homogène, mais ce sont a priori les arrière-mangroves, dotées de peuplements d’arbres très hauts, qui ont subi les impacts les plus considérables.
• D’après vous, la résilience de ces écosystèmes suffira-t-elle à leur régénération ou faudra-t-il envisager des actions spécifiques ?
Gabriel Barathieu - À Mayotte, les récifs coralliens se portent relativement bien et ont déjà connu ce genre de phénomènes traumatiques par le passé. Chido a par ailleurs permis de broyer les colonies déjà mortes et de faire place nette pour de nouveaux coraux. Les récifs coralliens, si la pression anthropique reste limitée et maîtrisée, devraient par conséquent pouvoir se régénérer seuls s’ils en ont le temps, à savoir si aucun autre phénomène climatique comme un cyclone ou un épisode de blanchissement ne vient frapper Mayotte ces prochaines années.
Manrifa Moustoifa Ali - Nos mangroves sont très résilientes et en capacité de se reconstituer seules, mais les activités anthropiques comme la pression agricole pourraient nuire à cette régénération naturelle. Nous aurons donc besoin de matérialiser la limite entre zones naturelles et agricoles, et aussi d’initier des actions de lutte contre les espèces exotiques envahissantes, qui vont profiter des espaces ouverts pour se développer.
ÉVALUER L’ÉTAT DE SANTÉ DES MANGROVES POST-CYCLONE
« Nous avons développé, avec l’Université de Mayotte, et grâce au soutien de l’IFRECOR, une méthode d’évaluation rapide de l’état de santé des mangroves de Mayotte, post-Chido et Dikeledi. Ce protocole a été déployé en février et nous poursuivons les mesures avec les gestionnaires locaux. Les résultats seront disponibles en fin d’année », souligne Lisa Macera, experte des écosystèmes de mangroves, chercheuse postdoctorante à l’Université de Mayotte et à Créocéan océan Indien.
« L’ACTION MÉCANIQUE DES VAGUES ET DES DÉTRITUS CHARRIÉS A CASSÉ DE NOMBREUSES BRANCHES DE CORAUX, NOTAMMENT CELLES DES COLONIES DU GENRE ACROPORA QUI BORDENT LE TOMBANT DU PLATIER, ET SERVENT EN TEMPS NORMAL D’ABRI À LA FAUNE MARINE », OBSERVE GABRIEL BARATHIEU
l e cyclO ne tr O pical intense c hid O a causé d ’ immenses dégâts , tant sur les plans humain qu ’ envir O nnemental et matériel . u ne dure épreuve p O ur tO ute l ’ île et n Otamment p O ur le secteur de l ’ agriculture , qui a fait l ’ OB jet d ’ une campagne d ’ évaluati O n .
L’ensemble de Mayotte a été dévasté par Chido, qui a balayé l’île le 14 décembre. Tous les secteurs sont impactés et, parmi eux, l’agriculture, qui se distingue par son rôle clé dans l’économie locale, où elle représente 3,6 % du PIB, contre 1,8 % dans l’Hexagone. Alors que ce pan majeur de l’économie locale participe à la souveraineté alimentaire, à la préservation des paysages et des écosystèmes, et face à l’urgence de la situation, une évaluation rapide, précise et exhaustive des pertes agricoles s’est imposée comme un préalable essentiel à l’estimation des besoins « post-cyclone ».
C’est dans ce contexte que la CAPAM – Chambre de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte – avec l’engagement de ses agents, a pris l’initiative de mener une large campagne d’évaluation des impacts du cyclone Chido sur les exploitations agricoles. Cette analyse s’appuie sur des données collectées par la Chambre, en concertation avec les acteurs locaux et sur des ressources documentaires et statistiques notamment issues de la DAAF.
QUELS IMPACTS DE CHIDO SUR LES PRODUCTIONS AGRICOLES ?
Les pertes agricoles liées au cyclone sont estimées à 296,3 millions d’euros, réparties entre la production (154,2 millions d’euros) et les moyens de production (142,1 millions d’euros) incluant les coûts de replantation pour les cultures pérennes – cocotiers, citronniers, orangers... – et les infrastructures agricoles détruites. « Cette évaluation est une étape déterminante pour documenter les pertes, orienter efficacement les mesures de soutien aux agriculteurs, et renforcer à moyen terme la résilience du secteur agricole face aux aléas climatiques », estime la CAPAM.
D’après cette collecte de données ayant mobilisé une dizaine d’agents de la CAPAM et 14 enquêteurs terrain, les pertes de culture post-Chido s’élèvent sur toute l’île à 137 millions d’euros. Parmi elles, la banane et le manioc représentent respectivement 59 et 40 millions d’euros de pertes, recensées au sein de 4 312 exploitations. Quant aux dommages de production en élevage bovin, ils sont de l’ordre de 7,2 millions d’euros. Les volailles ont elles aussi été très fortement impactées, avec 8,85 millions d’euros de pertes. Autre chiffre marquant : un manque à gagner de 69,5 millions d’euros sur sept ans a été mis en évidence pour reconstituer le plein potentiel des cultures arboricoles de tubercules, coco, orange, papaye et citron.
Des dispositifs d’aides ont été validés, dont un forfait de 1 000 euros versé à chaque adhérent de la MSA (Mutualité sociale agricole) à Mayotte, mais aussi un soutien de 15 millions d’euros du ministère des Outre-mer pour compenser les pertes de récolte et de production, ou encore un accompagnement aux investissements dans le cadre du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER).
Le cyclone Chido, survenu
LES JEUNES S’ENGAGENT EN SERVICE CIVIQUE DANS LE NORD DE MAYOTTE
l a c O mmunauté d ’ a ggl O mérati O n du g rand n O rd de m ay O tte ( cagnm ) s ’ engage activement dans l ’ inserti O n pr O fessi O nnelle des jeunes issus des quatre c O mmunes de s O n territO ire . à travers le disp O sitif du service civique , ces jeunes O nt l ’ O pp O rtunité de cO ntri B uer à la vie lO cale tO ut en dévelO ppant des cO mpétences variées
DES MISSIONS AXÉES SUR LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT
Les volontaires en service civique (VSC) interviennent principalement sur des missions environnementales, un enjeu central pour le territoire du Grand Nord de Mayotte. Sensibilisation à la gestion des déchets, reboisement ou encore protection du littoral sont autant de projets auxquels ces jeunes sont amenés à participer. À travers ces missions, ils se familiarisent avec les problématiques écologiques locales et, à leur échelle, contribuent à préserver le patrimoine naturel de leur territoire.
UN RÔLE ESSENTIEL, APRÈS LES RAVAGES DE CHIDO ET DIKELEDI
À la suite de ces événements climatiques extrêmes, les VSC ont joué un rôle crucial dans la gestion des conséquences environnementales et sanitaires sur le territoire. Rapidement mobilisés, ils ont mené des diagnostics approfondis sur l’état des cours d’eau afin d’évaluer les dégâts causés par les crues et l’ampleur des accumulations de déchets urbains. Ce travail a permis au service de l’Environnement d’identifier les zones prioritaires d’intervention et donc de mieux protéger les populations.
De plus, les volontaires ont procédé au diagnostic des mangroves et des sentiers littoraux, avec la Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) et le Conservatoire du littoral, pour évaluer les dommages subis par ces écosystèmes sensibles et définir les actions nécessaires à leur préservation.
Enfin, dans une démarche proactive de prévention sanitaire, les VSC ont distribué des pastilles de chloration en partenariat avec l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, contribuant ainsi à sécuriser l’accès à une eau potable pour la population touchée par ces catastrophes naturelles.
VERS UNE INSERTION
PROFESSIONNELLE DURABLE
Au-delà de l’engagement environnemental, ces jeunes volontaires ont l’opportunité de découvrir d’autres domaines de compétences propres aux collectivités locales : projets de développement économique et d’aménagement du territoire, etc. Cette polyvalence est un atout précieux pour leur future insertion. En acquérant des compétences transversales et en se familiarisant avec le fonctionnement des collectivités territoriales, ces jeunes augmentent leurs chances d’intégration sur le marché du travail
UN TREMPLIN VERS L’AVENIR
La CAGNM se félicite de contribuer ainsi à l’insertion et à l’épanouissement des jeunes du territoire. En leur offrant un cadre d’apprentissage adapté et valorisant, elle participe à la construction de la jeunesse mahoraise et à l’avenir du Grand Nord.
TÉMOIGNAGE
MARIB HANAFFI, VICE-PRÉSIDENT TRAITEMENT, VALORISATION DES DÉCHETS ET DÉVELOPPEMENT DURABLE À LA CAGNM, MAIRE D’ACOUA
« Les VSC ont recensé les endroits sensibles, par exemple les rivières que les branchages et déchets risquaient d’obstruer. Ils ont distribué des pastilles pour potabiliser l’eau, alors que le nord de l’île a été privé d’eau et d’électricité pendant plus d’un mois après Chido. Ils ont sensibilisé à la propreté sur le territoire, avec une démarche peut-être plus captive que d’autres, car les jeunes savent parler aux jeunes et instaurent une relation de proximité avec les habitants. À l’avenir, j’aimerais que l’on puisse employer des VSC pour amener la population vers le tri sélectif, grâce dans un premier temps aux bornes de collecte Tri-O mises en place par Citéo dans chaque village. De même, les VSC pourraient promouvoir la déchetterie mobile du Grand Nord de la SIDEVAM, qui permet de déposer déchets électroniques, électroménager, ferrailles, encombrants, textiles et déchets verts. »
• Quelles sont les principales espèces touchées ?
- Ce virus, dont l’évolution est suivie sur d’autres continents, est appelé influenza « aviaire », car particulièrement répandu chez les oiseaux. Néanmoins, un grand nombre d’animaux différents, dont des mammifères marins, peuvent être impactés par ce pathogène. À Kerguelen et Crozet, on dénombre en tout trois espèces de mammifères marins, et entre cinq et sept espèces d’oiseaux marins concernées par l’épizootie, principalement l’éléphant de mer et le manchot royal. Il est cependant impossible d’évaluer le nombre d’individus ayant péri en raison du virus : puisque ces animaux passent un temps important en mer, ils peuvent difficilement être suivis en permanence. Quant à la transmission à l’homme, le risque apparaît faible, et la diffusion au sein de l’espèce humaine est aujourd’hui considérée comme impossible.
• Quel protocole de biosécurité est mis en place pour limiter la propagation de l’épidémie ?
- Bien que la contamination humaine s’avère peu probable, il est important de ne pas aggraver la propagation du virus. Les mesures de biosécurité mises en œuvre dans les TAAF sont similaires à celles appliquées lors de la gestion d’un virus humain : utilisation d’équipements de protection individuelle (EPI) tels que des gants, masques, lunettes et combinaisons, afin d’éviter la mise en contact avec les aérosols contaminés. Cela passe aussi par la désinfection systématique du matériel et le remplacement de certains équipements, lorsqu’une équipe de scientifiques change de zone d’étude. Il s’agit en fait de notre protocole de biosécurité habituel, qui a été renforcé dans le cadre de cette épizootie.
Il est en revanche difficile d’empêcher la transmission du virus entre les animaux. Le seul moyen serait la vaccination, d’ailleurs en cours d’étude pour l’influenza aviaire H5N1, mais cela serait logistiquement et financièrement inenvisageable étant donné le nombre d’individus à vacciner. En parallèle, la vaccination de la faune sauvage peut soulever des questions éthiques, car considérée comme intrusive. Cependant, la vaccination ciblée de certaines espèces en danger critique d’extinction doit être explorée. Tel est le cas de l’albatros d’Amsterdam, représenté par un très faible nombre d’individus et endémique de l’île éponyme, dont la survie pourrait être menacée par le virus.
THIERRY BOULINIER, DIRECTEUR DE RECHERCHE AU CNRS 1
« L’émergence de cette épizootie provient de l’île subantarctique de Géorgie du Sud, au large de l’Amérique du Sud. Ce virus est pathogène pour de nombreuses espèces, il s’est donc très vite propagé parmi la faune sauvage. Les symptômes sont variables, mais s’avèrent notamment neurologiques et incluent des lésions aux yeux. Dans le cadre d’un projet de l’Institut polaire (IPEV), nous étudions les possibilités de transmission entre espèces, chez les oiseaux et les mammifères. Pour cela, nous comparons les séquences de virus trouvés chez différents individus et réalisons des prélèvements sanguins, afin de détecter d’éventuels anticorps qui montreraient une réponse immunitaire.
Dans des territoires isolés comme les TAAF, la transmission se fait exclusivement via la faune sauvage. De bons protocoles de biosécurité permettent de limiter localement la responsabilité de l’espèce humaine dans la propagation. Néanmoins, il est probable que les modes d’élevage intensifs soient à l’origine de tels virus, très virulents et transmissibles. »
1 Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
s auvage elle est , sauvage elle entend B ien rester l a p resqu ’ île de t aiarapu O u t ahiti i ti , littéralement le « p etit t ahiti », est rattachée au reste de t ahiti par l ’ isthme de t arava O O n y tr O uve le f enua ‘ a ihere , « terre de B r O usse » et ultime espace encO re sauvage de l ’ île .
La Presqu’île est partagée entre les communes de Taiarapu-Est et Taiarapu-Ouest et couvre environ 25 000 hectares. Les célèbres falaises du Te Pari, qui nécessitent d’anticiper le flux et reflux des vagues pour les franchir, constituent la frontière entre les deux sections de commune. Géologiquement, avec seulement 800 000 ans, la Presqu’île est le cône volcanique le plus récent de Tahiti, le premier affichant 1,8 million d’année. Sa partie est, au-delà de Teahupo’o et Tautira, s’appelle le Fenua ‘Aihere, refuge de la biodiversité, uniquement accessible en bateau. C’est la « terre aimée des dieux », ou fenua here hia te atua, comme l’appellent les anciens en tahitien. C’est aussi, dans le langage moderne, « the end of the road »…
La Presqu’île abrite des terres domaniales mais aussi beaucoup de propriétés privées, occupées ou pas, détenues par de grandes familles de Tahiti. « Plusieurs fois, il y a eu des projets pour prolonger la route, mais nous nous y sommes toujours opposés » relate Annick Paofai, gérante d’une pension de famille très réputée auprès des surfeurs et présidente de l’association de défense du Fenua ‘Aihere. « La dernière fois, nous avons porté l’affaire devant le tribunal administratif de Papeete qui nous a donné raison ».
NI ROUTES, NI PYLÔNES
La dernière polémique a concerné le projet d’installation de pylônes par l’Office des postes dans cette
zone sauvage, mais à nouveau les propriétaires ont refusé l’installation de ces antennes-relais pour la téléphonie mobile.
« L’association a écrit aux autorités, aux opérateurs. J’ai moi-même proposé que l’on installe l’antenne sur une butte de 85 mètres de haut près de la pension Bonjouir, ce qui en plus aurait coûté beaucoup moins cher. Jamais de réponse… », regrette Annick Paofai. Elle semble toutefois plutôt rassurée puisque les politiques semblent aussi vouloir préserver cette zone sauvage. Édouard Fritch, l’ancien président du Pays pendant deux mandats, et Moetai Brotherson, le nouveau président indépendantiste, se déclarent opposés à l’édification de grands pylônes au Fenua ‘Aihere.
Annick Paofai milite pour que le Fenua ‘Aihere soit classé parc naturel et protégé comme tel. « Le fenua ‘Aihere est un lieu très puissant où l’on ressent le mana, ce pouvoir, cette force de la nature, dans la roche, les marae [anciennes plateformes cérémonielles], la végétation, la pluie, les arcs-en-ciel », témoigne Annick Paofai. Selon elle, les surfeurs venus de l’étranger pour chevaucher la vague de Teahupo’o sont tous « très impressionnés » par cette force qui se dégage des vallées, qui hébergent d’ailleurs une importante flore endémique. « Je préside l’association de défense du Fenua ‘Aihere depuis longtemps et je n’y vais pas par quatre chemins, les gens le savent ! », s’amuse Annick Paofai. « Mais au final, tout le monde me félicite quand je fais le gendarme… »
un classement en tant que parc naturel, un point de vue partagé par les communes de l’est
LES COMMUNES DE L’EST DE TAHITI FAVORABLES AU PARC NATUREL
La Communauté de communes Terehēamanu réunit cinq communes rurales et périurbaines de l’est de l’île de Tahiti : Papara, Teva I Uta, Taiarapu-Ouest, Taiarapu-Est et de Hitia’a O Te Ra, composées ellesmêmes de 13 communes associées. Avec plus de 53 000 habitants, cette intercommunalité représente 24,5 % de la population de Tahiti et occupe plus de 70 % de son territoire.
« La biodiversité et sa préservation sont des sujets que les membres de la Communauté de communes veulent inscrire dans le développement du territoire, grâce à une faune et une flore terrestre et marine encore exceptionnelles », explique Jean-Yves Meyer, biologiste et expert en conservation, restauration et invasions biologiques dans les îles. Grâce au r ā hui, c’est-à-dire à l’interruption temporaire de pêche, la nature a pu reprendre ses droits au Fenua ‘Aihere, à Teva I Uta, Papara et à Tautira. Le Schéma directeur d’assainissement des eaux usées intégrera les zones sensibles qui incluent les plages et les rivières de Tereheamanu.
La création d’un parc naturel sur Tahiti Iti, prévue au titre du Schéma d’aménagement général de la Polynésie française (SAGE) est une opération que soutient la Communauté de communes et à laquelle elle souhaite être associée.
Vue de la pension de famille Bonjouir Lodge Paradise. Annick Paofai, sa gérante, milite activement pour que le Fenua ‘Aihere puisse obtenir
Guadeloupe Guyane Martinique Saint-Pierre-et-Miquelon La Réunion Mayotte Nouvelle-Calédonie Polynésie française Wallis-et-Futuna
TERRE OUTRE-MER
LE RETOUR DES PRODUITS TRADITIONNELS EN POLYNÉSIE FRANÇAISE
Banane, patate douce, taro, manioc, igname et uru, comme on appelle à Tahiti le fruit de l’arbre à pain... Ces produits de l’alimentation traditionnelle de Polynésie française ont déserté les assiettes, pour être remplacés par des produits d’importation : pâtes, riz, pain sont consommés en quantité par les Polynésiens.
Pour rééduquer le goût des Polynésiens et réorienter les productions agricoles du fenua, le projet Tavivat [Transition agroécologique vivrière et agrotransformation] vise à développer ces produits traditionnels.
Objectif [de ce projet 2024-2029] : fournir 25 % de produits vivriers traditionnels dans la part des féculents servis en restauration collective scolaire.
Marc Fabresse, secrétaire général par intérim de la Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire : « En fait, il faut savoir que l’on a une importation énorme en farine, en riz, en pâtes, en pain. Et on pourrait très bien remplacer ces produits par nos produits locaux. Cela apporte de la richesse à nos agriculteurs, cela apporte de la qualité nutritive dans nos assiettes. On a des problèmes de surpoids : 70% des gens sont en surpoids et on n’avait pas ce problème-là avant.
Donc aujourd’hui, au lieu peut-être de manger du pain et du riz constamment, pourquoi ne pas manger des aliments beaucoup plus nutritifs, beaucoup plus faciles à produire, dont on sait qu’on les produit dans des conditions excellentes, sans pesticides, sans engrais chimiques ? Pourquoi s’en priver ? »
De plus, ces productions sont parfaitement adaptées au territoire et résistent très bien au dérèglement climatique. « Ces plantes-là, elles poussent même s’il y a 1 °C de plus ou s’il pleut trop. Elles résistent aux cyclones, elles résistent aux variations de températures. Donc allons vers nos produits locaux, réorientons nos habitudes alimentaires et de production. Pour se rapprocher de notre identité culturelle, il faut peut-être, à un moment donné, être un peu chauvins et se dire : on va faire ce qu’on sait faire, cultiver local, manger local et arrêter d’importer des choses qu’on ne sait pas faire chez nous. »
Le projet Tavivat a également pour objectif de sensibiliser les Polynésiens aux richesses des produits vivriers traditionnels, qui sont bien plus nutritifs que les productions importées, des produits qui pourraient soutenir les Polynésiens dans leur quête d’une meilleure santé.
Photo
Cinà / Tahiti
Tourisme
• Comment fabriques-tu tes éponges ?
- Une fois que le fruit est sec, il suffit d’en ôter la peau, de retirer et récupérer ses graines pour les prochaines plantations, avant de le couper. Chaque luffa me permet de produire environ deux éponges végétales. Ensuite, elles sont acheminées auprès des particuliers qui me les commandent ou bien du magasin de vrac Boko, avec lequel je collabore. Pour le moment, j’en produis environ 450 à l’année, j’aimerais pouvoir en vivre, mais ce n’est pas suffisant.
• Tu es originaire de Lifou, pourquoi réaliser ce projet à Nouméa ?
- J’aurais aimé lancer le projet à Lifou. C’est chez moi, c’est sur des terres coutumières que j’aurais voulu faire pousser la luffa. Mais les problématiques de transport, l’enjeu logistique et la concentration des consommateurs dans le Grand Nouméa m’ont poussée à démarrer à Dumbéa. Je commence petit, sur la parcelle qui m’a été proposée, en attendant de trouver un espace plus étendu dans le Grand Nouméa.
Au fond, ce projet, ce n’est pas juste de l’agriculture ou de l’écologie. Il me permet de m’affirmer en tant que jeune femme kanak dans une société calédonienne
encore à mes yeux marquée par des inégalités sociales et ethniques héritées de l’histoire coloniale du pays. Ce projet me reconnecte à mon identité, il matérialise mes aspirations et mes valeurs. C’est une manière de reprendre du pouvoir sur ma trajectoire, de contribuer à une société plus juste, plus respectueuse du vivant. Je propose une alternative écologique aux éponges synthétiques. Mais derrière la luffa, c’est tout un cheminement personnel qui s’exprime. Et un message que je veux transmettre aux plus jeunes.
AURÉLIE AHMIM-RICHARD, CHARGÉE DE MISSION RÉGIONALE
BIODIVERSITÉ ET CLIMAT
À LA DIRECTION RÉGIONALE OCÉAN
PACIFIQUE DE L’AFD, ET HUBERT GÉRAUX, EXPERT CONSERVATION ET PLAIDOYER AU BUREAU NOUVELLECALÉDONIE DE WWF FRANCE
• Que dire de la dimension humaine du projet, au-delà de l’aspect « restauration » ?
Hubert Géraux - PERENNE est un projet que nous coanimons avec la Chambre d’agriculture et de la pêche de Nouvelle-Calédonie et autour duquel s’est créée une vraie communauté d’action pour la nature : les agriculteurs riverains, des associations pépiniéristes comme Wa Ereteu – qui rassemble les femmes de la tribu de Gohapin – et Bwärä Tortues marines, de même que la commune, le Gouvernement, la province Sud, les instances coutumières, le Conseil de l’Eau, la ZCO, le CIE, le RSMA, des collégiens de Bourail « ambassadeurs des ripisylves »... C’est humainement très riche !
Aurélie Ahmim-Richard - Pour illustrer cet aspect fédérateur, le dernier comité de pilotage a eu lieu en septembre 2024, quelques mois après les événements qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie et, malgré le contexte que nous connaissons, pour relancer le projet, tous les acteurs se sont mobilisés. Le WWF a vraiment su créer du lien entre eux.
Gorodité est l’une des neuf pépiniéristes de l’association des femmes de la tribu de
puisse se poursuivre, après plusieurs mois d’arrêt. Ce montant permettra de continuer les travaux engagés en faveur de la connaissance, de la restauration et de la communication diffusée quant aux solutions fondées sur la nature en Nouvelle-Calédonie.
Hubert Géraux - PERENNE a effectivement connu un coup d’arrêt en mai 2024, et nous avons dû organiser un nouvel agenda de travail. Bien que les chantiers aient été reportés, nous avons pu compter avec le soutien et la confiance de l’AFD et des autres bailleurs de l’Initiative Kiwa pour poursuivre le projet jusqu’en décembre 2025. Avec le recul et malgré les difficultés liées à cet arrêt temporaire, voir toute cette communauté d’acteurs, notamment les agriculteurs et les financeurs, désireux de poursuivre l’aventure, ça a été un des temps vraiment forts du projet !
+ d’info ici : Le projet PERENNE
• Les événements sociaux n’ont donc pas remis en question le projet PERENNE ?
Aurélie Ahmim-Richard - Alors que le projet bénéficiait à l’origine d’un financement de 300 000 euros de l’Initiative Kiwa, l’AFD et l’UICN ont accordé une enveloppe additionnelle de 100 000 euros pour qu’il
Parmi les pressions subies par les écosystèmes coralliens de Nouvelle-Calédonie, figurent les apports terrigènes liés à l’érosion des sols (extraction de ressources minérales, urbanisation littorale, déboisement, feux de brousse, espèces terrestres envahissantes : cerfs et cochons),
LES « ENFANTS DU LAGON » À WALLIS : CONNAÎTRE LA BIODIVERSITÉ POUR MIEUX LA PROTÉGER
d epuis 2012 sur l ’ île de w allis , l ’ ass O ciati O n « l es enfants du lag O n » sensi B ilise les jeunes générati O ns aux richesses du milieu marin et à la nécessité de préserver la B i O diversité . r encO ntre avec le créateur et président de cette structure dynamique , p ascal n icO mette
L’association est principalement subventionnée par le service territorial de la Jeunesse et des Sports. Son fondateur est un photographe retraité depuis huit ans, Pascal Nicomette, et moniteur passionné de plongée sous-marine qui anime un centre de plongée à Wallis et affiche des milliers de plongées dans l’archipel, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et bien d’autres spots internationaux. Il intervient régulièrement dans les écoles pour des campagnes de sensibilisation à l’aide de vidéos et de présentations Powerpoint.
« UN COMBAT À MENER »
« Ce matin, je suis intervenu pendant trois heures dans une classe de 6e sur la question de la protection des tortues », nous informait début avril Pascal Nicomette.
« Les tortues sont très importantes pour l’écosystème, car ce sont de grandes nettoyeuses, mais hélas, nous
sommes encore confrontés ici à du braconnage. La chefferie partage notre combat contre les braconniers. Nous sommes un des rares sites de ponte au niveau mondial de tortues imbriquées. » Autre cheval de bataille de l’association Les Enfants du Lagon : la lutte contre la pollution des plastiques. « Ces déchets viennent souvent d’autres archipels comme Samoa », dénonce Pascal Nicomette. « Nous en avons ramassé plus de 70 kg en une seule journée. »
WALLIS INDEMNE DES ÉTOILES DE MER ACANTHASTER
Mieux connaître pour mieux protéger, c’est le credo de l’association qui organise aussi des sessions d’apprentissage de la nage avec palmes, avec des cours de biologie marine. À raison d’une centaine d’enfants par an, ce sont environ 1 000 petits Wallisiens
En haut de page : sortie à Faioa avec les élèves de 6 e du collège de Teesi pour découvrir les traces de ponte des tortues vertes.
Fédérer l ’ outre-mer, Favoriser les éChanges, mettre en lumière les aCteurs de terrain, les initiatives pour la proteCtion de la nature et le développement durable
grandeur Nature OUTRE-MER
page faceBOOK « e-mag Outre-mer »
Un support proposé par aux Éditions Insulae 7 chemin Léona Revest - 97417 La Montagne, île de la Réunion Stéphanie Castre, directrice de publication | oceindia@icloud.com