OUTRE-MER grandeur Nature n°25 _ novembre-décembre 2024

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grandeur Nature OUTRE-MER

ÉDITO

PAR MOUDJIBOU SAÏDI, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DE DEMBÉNIMAMOUDZOU (CADEMA)

Créée le 31 décembre 2015 par arrêté préfectoral, la Cadema, Communauté d’agglomération de DembéniMamoudzou, est un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre.

Elle rassemble les villes de Dembéni et Mamoudzou au sein d’un conseil communautaire de 42 élus, avec 100 554 habitants en 2024. Elle poursuit des missions essentielles pour améliorer la qualité de vie et l’organisation de notre territoire.

La Cadema s’engage quotidiennement dans la mise en œuvre de ses missions prioritaires : l’aménagement du territoire, la collecte et le traitement des déchets, la gestion de l’eau pluviale et de l’assainissement, la protection et la mise en valeur de l’environnement, ainsi que la résorption de l’habitat insalubre. Ces différentes missions structurent notre action pour garantir des services de qualité et une meilleure prise en charge des besoins de nos concitoyens.

Parmi les projets phares actuels, Caribus se distingue comme l’un des principaux leviers de mobilité pour les habitants de la communauté. Ce projet de transport collectif urbain vise à faciliter les déplacements et à améliorer le quotidien de milliers d’administrés. En ma qualité de président, j’accorde une attention particulière à sa réussite, car il incarne notre ambition de faire de la mobilité des personnes un pilier du développement de la Cadema.

La propreté de notre agglomération est également une priorité pour nous. Je veille personnellement, avec l’aide de notre équipe administrative et technique, à maintenir un cadre de vie propre et sain pour tous. L’accès à un logement digne pour chaque habitant est un autre objectif fondamental auquel je tiens, car il est la base d’une vie épanouie et sécurisée.

Enfin, nous poursuivons notre engagement dans la protection de l’environnement et dans le lancement de nouveaux projets structurants. En collaboration avec les services de l’État et les autres collectivités, nous œuvrons à faire de la Cadema un chef de file du développement durable de Mayotte.

Notre volonté est de construire une communauté qui réponde aux aspirations de ses habitants et se positionne en modèle pour l’ensemble du territoire.

Le projet Caribus est présenté p. 48-49 de cette édition. © Cadema

En Polynésie, l’archipel des Tuamotu, constitué d’atolls, pourrait en partie être submergé comme ici à Fakarava, forçant, à terme, les 16 000 habitants à migrer, « avec le risque de perdre leur culture et leur identité ». © Tahiti Tourisme | Michael Runkel

CHANGEMENT CLIMATIQUE : L’OUTRE-MER EN PREMIÈRE LIGNE

Les territoires ultramarins sont « les plus exposés », alors qu’ils portent une « responsabilité moindre », car ils ont « peu contribué aux émissions de gaz à effet de serre ». C’est ce que révèle un rapport publié par l’association « Réseau Action Climat » sur la France face au changement climatique, le 19 septembre. Le fait est que ces départements, régions et collectivités concentrent « 80% de la biodiversité française sur seulement 22% de la surface nationale ». Les effets liés au réchauffement représentent autant de menaces qui pèsent sur ces espaces.

Les « événements météorologiques extrêmes, comme les cyclones, les fortes pluies,lasécheresse » devraient s’intensifier. L’ouragan Irma, qui a frappé Saint-Martin en 2017, entraînant des dégâts humains et matériels considérables, « est le plus fort jamais enregistré dans cette région et est considéré comme représentatif de ce que seront les ouragans du futur ».

Les épisodes de sécheresse mettent en péril la forêt guyanaise, qui constitue à elle seule un tiers des forêts françaises. Les pics de chaleur, qui « seront de plus en plus fréquents », accélèrent le blanchissement des coraux, également perturbés par l’acidification des océans. Or, la destruction des récifs coralliens provoque un effondrement de la chaîne alimentaire, se répercutant sur l’accès à la nourriture, largement basée sur les produits de la mer, affectant, entre autres, les activités économiques – pêche, tourisme, etc. Enfin, la hausse du niveau de la mer préoccupe de plus en plus, et notamment dans le Pacifique. + d’info ici : Rapport du Réseau Action Climat

ACTU OUTRE-MER

FÊTE DE LA SCIENCE : LES DÉLÉGATIONS

IFREMER EN OUTRE-MER PARTAGENT LES

SCIENCES OCÉANIQUES

À l’occasion de la Fête de la science, les équipes des sites Ifremer de Polynésie française, Guyane, océan Indien, Nouvelle-Calédonie et Martinique se mobilisent dans leurs régions. Portes ouvertes, activités, conférences et ateliers, les propositions sont variées pour une immersion dans le monde de la recherche océanique. L’unité « Ressources marines en Polynésie française » de l’Ifremer a ainsi organisé un stand interactif pour les scolaires, tandis que la délégation Ifremer de Guyane a célébré les 40 ans de l’Institut à Cayenne, sur le campus regroupant l’Ifremer, l’IRD, le CNRS et l’Université de Guyane. La délégation Ifremer océan Indien a présenté au « Village Océan de savoirs » à Saint-Denis ses activités dans les domaines de l’halieutique, de l’environnement et de la biodiversité marine. Une exposition dédiée à l’Ifremer s’est tenue à la mairie de Nouméa. Enfin, le 21 novembre, la délégation Ifremer des Antilles françaises accueillera le lancement de la Fête de la science en Martinique, où des journées portes ouvertes et de nombreux autres événements sont programmés.

La Fête de la science célébrée en Polynésie française. © Ifremer

BESTLIFE2030 :

PLUS DE 5,5 MILLIONS D’EUROS DE SUBVENTIONS POUR L’OUTRE-MER

Le programme BESTLIFE2030 de l’Union européenne a annoncé en septembre l’octroi de 5,57 millions d’euros pour la conservation de la biodiversité dans les régions ultrapériphériques et les pays et territoires d’outre-mer. Ce financement, qui prendra la forme de 58 subventions dans le cadre du premier des quatre appels à propositions prévus, vise des initiatives à petite échelle essentielles à la protection des écosystèmes uniques, mais fragiles, de ces régions.

Ces actions permettront aux acteurs locaux de mettre en œuvre des projets de conservation ciblés, renforçant ainsi l’engagement de l’Union européenne en faveur du Cadre mondial pour la biodiversité (CMB) de la Convention sur la diversité biologique (CDB), et notamment de l’objectif 3, qui cherche à assurer une conservation équitable et efficace de 30 % de la planète d’ici à 2030, également connu sous le nom d’objectif « 30 x 30 ».

« Il ne s’agit pas seulement de conservation, mais aussi de veiller à ce que les communautés locales de ces régions s’approprient les actions qu’elles mettent en œuvre et prospèrent sur le plan social et économique, répondant ainsi aux normes internationales en matière de bien-être et de prospérité humaine », déclare James Hardcastle, chef de l’équipe chargée des zones protégées et conservées, qui souligne l’importance de ces subventions.

+ d’info ici : Communiqué de presse complet

Le Parc de la mer de Corail représente 1,3 million de km2, soit plus de trois fois les eaux bordant l’Hexagone.

LE PARC DE LA MER DE CORAIL

SUR LA LISTE VERTE DE L’UICN ?

La Nouvelle-Calédonie souhaite que le Parc de la mer de Corail – une des plus grandes aires marines protégées au monde créée en 2014 – intègre la Liste Verte de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).

Ce programme vise à reconnaître et accroître « le nombre d’aires protégées et conservées gérées équitablement et efficacement » en valorisant les sites et les pratiques exemplaires. Jérémie Katidjo-Monnier, membre du gouvernement calédonien en charge de l’environnement, a annoncé cette candidature lors du Congrès français de la nature de l’UICN le 26 septembre à Paris.

En cas de succès, l’archipel mélanésien rejoindrait la liste des 24 sites labellisés en France – pays qui en compte le plus grand nombre au monde – dont quatre en outre-mer : en Guyane, dans les Terres australes, à La Réunion et en Guadeloupe. Le Parc national de cette île des Antilles s’est d’ailleurs vu attribuer le renouvellement de son label lors du Congrès, marquant ainsi ses résultats en matière de conservation.

Récemment, la Nouvelle-Calédonie a également arrêté deux projets de délibérations relatifs à la déclaration de l’urgence climatique et environnementale et à la création d’un fonds de résilience dédié, qui doivent être examinés par les élus du Congrès local. Cette initiative s’appuie sur le dernier rapport du Giec – « les îles du Pacifique sont en première ligne face au réchauffement climatique mondial » – aux prévisions « alarmantes et déjà visibles », et s’inspire de décisions prises par ses voisins, comme la Polynésie française, qui a mis en place un plan climat 2030.

Un soutien régional ciblé, adapté aux spécificités des territoires.

Sur l’île de Saint-Pierre, la ZNIEFF de type I « Les Mornes » a pour habitat déterminant une lande basse arctico-alpine. © Fanny Lepareur

SAINT-PIERREET-MIQUELON

UN ARCHIPEL QUASI RECOUVERT DE ZNIEFF !

S aint -P ierre - et -M iquelon a la Particularité d ’ abriter S ur 95 % de S a S urface terre S tre de S Z one S naturelle S d ’ intérêt écologique , fauni S tique et flori S tique u ne Z nieff étant un territoire inventorié Par le S S cientifique S P our le caractère re M arquable de S a biodiver S ité

INTERVIEW

LEPAREUR, CHEFFE DE

PROJET ZNIEFF À L’UAR

PATRINAT 1

• En quoi consiste votre mission ?

- J’anime l’inventaire des ZNIEFF au niveau national. Ce vaste programme naturaliste et scientifique a été lancé dès 1982 par le Muséum national d’Histoire naturelle et le ministère chargé de l’environnement pour identifier et décrire en France des secteurs de plus grand intérêt écologique hébergeant la biodiversité patrimoniale. Le but est de créer un socle de connaissances, et de fournir un outil d’aide à la décision pour la protection de l’espace et l’aménagement du territoire, notamment. On dénombre plus de 20 100 ZNIEFF en France et 70 % des communes françaises en abritent au moins une. Les zones naturelles décrites dans les PLU sont des ZNIEFF, par exemple. Au-delà de l’échelon national qui définit la méthodologie, deux échelons interviennent pour inventorier les ZNIEFF. D’une part, celui de la région ou du territoire, incarné à Saint-Pierre-et-Miquelon par la DTAM 2 et le CSTPN 3 ,

qui respectivement pilote et valide les inventaires. D’autre part, les naturalistes et scientifiques locaux, comme Roger Etcheberry, Daniel Abraham ou Bruno Letournel apportent beaucoup de connaissances sur la biodiversité remarquable de Saint-Pierre-et-Miquelon.

• L’archipel est quasiment recouvert de ZNIEFF, comment expliquer cette spécificité ?

- Oui, il compte 40 ZNIEFFF, dont 35 de type I 4, qui désignent les espaces écologiquement homogènes les plus patrimoniaux. Les trois éléments les plus remarquables y sont la flore, l’avifaune et les habitats terrestres déterminants. Saint-Pierre-et-Miquelon abrite des milieux variés, non grignotés par l’urbanisation : tourbières, cordons dunaires, étangs, lagunes, boisements... Des travaux de mises à jour des données d’observation sur les taxons et les habitats sont actuellement en cours dans l’archipel.

• Un autre projet à Saint-Pierre-et-Miquelon ?

- L’inventaire de ZNIEFF marines ! Avant cela, il convient de lister les espèces et habitats marins déterminants. Les bancs de modioles, les herbiers de phanérogames ou les bancs de maërl, ces algues rouges calcaires, seraient par exemple de bons candidats !

Rédaction et interview : Stéphanie Castre

1 L’unité d’appui et de recherche PatriNat assure des missions d’expertise et de gestion des connaissances sur la biodiversité et la géodiversité pour ses tutelles : OFB, MNHN, CNRS, IRD. | 2 Direction des territoires, de l’alimentation et de la mer. | 3 Conseil scientifique territorial du patrimoine naturel. | 4 + d’info ici : https://inpn.mnhn.fr/programme/inventaire-znieff/presentation

« Sur les rives sauvages du Diamant, la nature offre un spectacle à couper le souffle. Le ciel, peintre capricieux, étale ses nuances de gris et d’or sur
entre jour et nuit, le temps ralentit. La lumière caresse les contours du paysage, révélant la beauté brute de cette terre de contraste. Un instant de grâce capturé, nous rappelant de prendre le temps de s’émerveiller devant les simples beautés qui nous entourent. » © Jean-Christophe Paulau

35 LAURÉATS POUR LA 14 E ÉDITION DES APPELS À PROJETS TEMEUM

d an S le cadre du P rogra MM e t e M e u M , 35 P rojet S lauréat S P orté S Par de S a SS ociation S , de S collectivité S et de S établi SS e M ent S P ublic S ultra M arin S ont été SélectionnéS cette année Par l ’ofb, qui Soutient ainSi de Manière oPérationnelle leS acteur S de la biodiverSité en outre-Mer .

UN PROGRAMME POUR LA BIODIVERSITÉ

DES TERRES ET MERS ULTRAMARINES

Depuis 2009, TeMeUm est destiné à faciliter la mise en œuvre d’actions en faveur de la biodiversité dans les outre-mer français. Le programme a été conçu pour répondre aux attentes spécifiques des acteurs :

• accéder à des aides financières même en tant que petite structure, pour de petits financements, grâce à des procédures administratives simplifiées ;

• disposer d’outils de formation efficaces et adaptés à des besoins spécifiques ;

• bénéficier de partage d’informations et de retours d’expériences de façon inter et intraterritoriale.

TROIS TYPES D’INITIATIVES SOUTENUES À TRAVERS TEMEUM

L’Office français de la biodiversité (OFB) propose un soutien financier à différentes initiatives : les microprojets, les compagnonnages et les projets partenaires. Cette année, 72 dossiers de candidature ont été déposés : 61 micro-projets, 8 compagnonnages et 3 projets partenaires. Une fois les dossiers instruits par les groupes d’instructeurs locaux, 35 projets lauréats ont été retenus, soit une enveloppe totale de 399 109 euros.

Parmi eux, 29 micro-projets ont été sélectionnés pour un montant cumulé de 353 744 euros. L’appel à microprojets TeMeUm accompagne de petites initiatives d’une durée limitée à un an en faveur de la biodiversité en outre-mer. Le montant maximal accordé cette année est de 15 000 euros pour des projets innovants ou favorisant un effet levier pour la biodiversité des territoires.

Zoom sur quelques projets lauréats représentatifs des zones géographiques ultramarines et des objectifs portés par TeMeUm : sensibilisation, restauration, conservation, renforcement de compétences…

UNE FORMATION PÊCHE DE LOISIR

PAR L’ASSO-MER EN MARTINIQUE

Ce micro-projet lauréat va sensibiliser les pêcheurs à la réglementation pour la pêche de loisir et aux bons gestes lors des actions de pêche. Il s’agira également de constituer un réseau de pêcheurs engagés prêts à faire remonter les informations sur leurs captures, et d’initier la démarche d’un meilleur encadrement de la pratique. Les formations auront lieu sur le terrain auprès des pêcheurs de loisir, dans une dizaine de communes et un module en ligne permettra d’élargir le public. Les consignes délivrées pourront concerner par exemple l’interdiction de capturer certaines espèces, l’interdiction de la chasse sous-marine nocturne ou encore de l’utilisation de filets de pêche, que ces derniers soient embarqués ou non.

Durée : 11 mois. Coût total : 27121€. Subvention : 13560€

Visuel illustrant le matériel autorisé aux pêcheurs de loisir. Zoomer sur l’image pour l’agrandir. © L’Asso-Mer

L’association Bwärä Tortues Marines, très investie dans la protection de ces animaux à Bourail en Nouvelle-Calédonie, va bénéficier, grâce à l’appel à projets TeMeUm, d’un compagnonnage avec l’association polynésienne Te mana o te moana. © Bwärä Tortues Marines

UN EXEMPLE DE COMPAGNONNAGE

AVEC BWÄRÄ TORTUES MARINES

Le porteur de cet autre projet vainqueur de l’édition TeMeUm 2024, Bwärä Tortues Marines, est une association calédonienne située à la Roche Percée près de Bourail, deuxième site de ponte de tortues dans le Pacifique Sud. Sa mission s’articule autour de trois volets : assurer dans la région le suivi des tortues de mer, reboiser certaines zones du littoral et des bassins versants, et enfin sensibiliser le public à la protection de la nature. Grâce à TeMeUm, un représentant de Bwärä Tortues Marines va bénéficier de deux semaines d’immersion en Polynésie française au sein de l’association Te mana o te moana, qui fait référence dans les territoires français du Pacifique en matière de suivi et de protection des tortues marines. Ce compagnonnage vise les trois objectifs suivants :

• échanger sur les bonnes pratiques pour améliorer les suivis et les succès de ponte ;

• favoriser les échanges sur les résultats saisonniers entre les deux structures ;

• capitaliser sur ce renforcement de compétences en formant au retour les autres membres de l’équipe de Bwärä Tortues Marines.

Durée : 15 jours. Coût total : 6120€. Subvention : 3500€.

À Futuna, la rivière Vainifao, zone clé pour la biodiversité (ZCB), abrite le poisson Stiphodon rubromaculatus. © Vie d’Ô douce

MIEUX CONNAÎTRE LES POISSONS D’EAU DOUCE À WALLIS-ET-FUTUNA

Ce micro-projet porté par l’association Vies d’Ô douce, implantée à Nouméa, a pour but de valoriser et faire découvrir la biodiversité des milieux aquatiques. Il s’inscrit à la suite de deux missions conduites à Futuna en 2023 pour inventorier les poissons et crustacés des rivières. Ce premier projet avait été financé par l’OFB, en collaboration avec le Muséum national d’Histoire naturelle et la Société Française d’Ichtyologie. Le microprojet lauréat de TeMeUm va permettre d’affiner ce travail par des analyses de l’ADN environnemental couplées aux prospections en plongée, en ciblant les espèces endémiques. Les résultats seront diffusés à travers, d’une part, la création d’un poster sur les poissons d’eau douce de Wallis-et-Futuna et, d’autre part, une série de restitutions orales auprès des acteurs coutumiers et des institutions locales.

Durée : 12 mois. Coût total : 24050€. Subvention : 6500€

UN EXEMPLE DE PROJET PARTENAIRE AVEC LE CEN DE GUYANE

L e Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de Guyane a également été récompensé à l’issue des appels à projets 2024 de TeMeUm, dans le cadre cette fois d’un « projet partenaire ». Celui-ci consiste à organiser, en mars 2025 à Awala-Yalimapo, deux journées d’échanges techniques sur le changement climatique à destination des gestionnaires d’espaces naturels de Guyane. Ce projet partenaire va impliquer une quinzaine de structures différentes, représentées au total par une cinquantaine de personnes. Il poursuit les deux objectifs suivants :

• fédérer les acteurs du territoire guyanais sur une question d’actualité dont le territoire doit s’emparer : le changement climatique ;

• sensibiliser les gestionnaires sur leur façon d’intégrer ce paramètre dans leurs réflexions et gestion de sites.

Durée : 7 mois. Coût total : 14957€. Subvention : 8900€

Les gestionnaires d’espaces naturels de Guyane vont se réunir pour échanger sur le changement climatique. © CEN de Guyane

+ d’info ici : http://temeum.ofb.fr/fr

Dossier de presse présentant les lauréats de l’édition TeMeUm 2024

La forêt des Hauts de l’Ouest, un écosystème ciblé par le projet de restauration écologique de La Voie Contée. | Ci-dessous : plantations participatives. | En bas : à Sainte-Rose, la forêt littorale de Bois Blanc sera également l’un des sites du micro-projet. © La Voie Contée

AIDER À RENFORCER DEUX HABITATS FORESTIERS MAJEURS À LA RÉUNION

Un dernier exemple d’initiative récompensée lors de cette édition TeMeUm 2024 : un micro-projet porté par La Voie Contée, association réunionnaise qui crée et produit des spectacles vivants pluridisciplinaires autour de l’éducation populaire et de la préservation de l’environnement. La Voie Contée s’engage ainsi à poursuivre et renforcer les actions de restauration écologique menées sur deux sites forestiers emblématiques et fortement dégradés de La Réunion : la forêt littorale et la forêt des Hauts de l’Ouest. Cela passe par des actions de lutte contre les espèces exotiques envahissantes (EEE) et par des plantations. Il va s’agir aussi de renforcer l’implication citoyenne, de sensibiliser et mobiliser les élèves et le grand public. Des ateliers artistiques seront par exemple proposés durant les chantiers de restauration des sites. Durée : 11 mois. Coût total : 11760€. Subvention : 9408€.

SAINTBARTHÉLEMY

UN INVENTAIRE INÉDIT

POUR COMPRENDRE LA PROLIFÉRATION DES ALGUES

Zubia, maître de conférences et chercheuse à l’UMR « Santé et services des écosystèmes polynésiens » (SECOPOL) de l’Université de Polynésie française, a réalisé un inventaire unique sur les algues de Saint-Barthélemy. © Jurgi Equiza

Saint-barthéle My fait figure de Pionnier danS la recherche Sur leS Macroalgue S deS antille S françaiSeS. Pour la PreMière foiS, une étude aPProfondie de ceS organiSMeS MarinS eSt Menée Sur l’île. initiée Par l’agence territoriale de l ’ environneMent, elle S ’ aPPuie Sur une Méthode génétique.

Face à la prolifération des algues dans le milieu marin, l’Agence territoriale de l’environnement (ATE) a fait appel à Mayalen Zubia, maître de conférences en écologie marine et experte des algues tropicales, pour assister les équipes scientifiques locales. L’objectif : mieux comprendre le lien entre la disparition des coraux et l’envahissement algal qui frappe le territoire.

UNE APPROCHE GÉNÉTIQUE

POUR UNE IDENTIFICATION PRÉCISE

Mayalen Zubia et Christophe Vieira, de l’Université de Jeju en Corée du Sud, ont ainsi collecté près de 400 spécimens dans 10 stations marines. Grâce au séquençage génétique, ils ont pu identifier un grand nombre d’espèces parmi les 232 morphotypes collectés. « Cette méthode permet de compléter les observations morphologiques traditionnelles et d’obtenir des données précises sur la répartition biogéographique des algues », indique la chercheuse basée en Polynésie française. Cet inventaire constitue un point de départ incontournable pour préserver la richesse naturelle des fonds marins et assurer la pérennité des récifs coralliens.

POURQUOI CETTE PULLULATION ?

La prolifération des algues est multifactorielle. Le déclin des récifs coralliens, souvent lié au réchauffement climatique et à la pollution, crée des habitats vacants

que les algues colonisent rapidement. Parallèlement, l’eutrophisation des eaux – apport excessif d’éléments nutritifs dans un milieu – causée notamment par les rejets d’eaux usées, fournit aux algues les nutriments nécessaires à leur croissance. Enfin, la surpêche des herbivores marins, tels les poissons et les oursins, déséquilibre l’écosystème en supprimant les principaux consommateurs d’algues. Face à cette situation, quelles sont les solutions ? « Il convient de mettre en œuvre des actions coordonnées pour améliorer la qualité physico-chimique de l’eau, réguler les activités anthropiques impactantes et favoriser la résilience des écosystèmes coralliens », souligne Mayalen Zubia.

Rédaction : Mariane Aimar

232 morphotypes – ou formes morphologiques caractéristiques – d’algues ont été identifiés lors de cet inventaire. © M. Zubia

Mayalen

EKOALG, UNE ASSOCIATION DÉDIÉE À L’ÉTUDE DES ALGUES

Constatant des connaissances lacunaires sur les algues dans les territoires qu’elle étudie, Mayalen Zubia a créé Ekoalg pour transmettre son expertise et pérenniser ses recherches en formant les gestionnaires locaux. L’occasion aussi d’élaborer des outils d’identification des espèces et des guides illustrés pour combler ce manque.

Ci-dessus : de nombreuses algues prennent possession des coraux morts ou dégradés. À la suite de cet inventaire à Saint-Barthélemy, Mayalen Zubia se rendra en cette fin d’année 2024 à Wallis-et-Futuna, pour y entreprendre une mission similaire. © Christophe Vieira

SAINT-MARTIN

PIGEON JOUNUD :

« IL NE FAUT PAS

ATTENDRE QUE L’ESPÈCE

PROLIFÈRE POUR AGIR »

Christopher Cambrone met en évidence dans sa récente étude l’invasion progressive du pigeon jounud à Saint-Martin. © Anthony Levesque

l a P ré S ence du P igeon jounud à S aint -M artin P ourrait M enacer la faune native de ce territoire in S ulaire aux re SS ource S contrainte S . é clairage de c hri S to P her c a M brone , docteur en écologie et coordinateur S cientifique de l ’ ong c aribaea i nitiative , dédiée à l ’ étude et à la con S ervation de la biodiver S ité caribéenne

INTERVIEW

CHRISTOPHER CAMBRONE, DOCTEUR EN ÉCOLOGIE

• Que sait-on du pigeon jounud et de sa présence à Saint-Martin ?

- Le pigeon jounud, ou Patagioenas corensis, est une espèce sud-américaine qu’on retrouve sur les îles néerlandaises d’Aruba, Bonaire et Curaçao, connectées avec la partie hollandaise de Saint-Martin. On suppose donc que c’est par le biais de l’homme que des individus sont arrivés sur l’île. Les premières observations remontent à début 2013, mais lors d’une visite récente sur l’île, nous avons constaté que la population était

très importante, en zone urbaine comme sur les espaces naturels de la côte.

• En quoi est-ce une menace pour la biodiversité ?

- Sur une île aux ressources limitées, le pigeon jounud vient concurrencer les espèces d’oiseaux locales comme la tourterelle à queue carrée ou la colombe à queue noire, que ce soit en termes d’accès à la nourriture, aux matières premières pour construire le nid, ou même aux sites de nidification. Si le pigeon jounud ne pose pas de problèmes imminents, on pense que c’est le meilleur moment pour prendre des mesures. Il ne faut pas attendre que l’espèce prolifère sur l’île pour agir.

• Quelles sont les mesures prises par les pouvoirs publics ?

- Malheureusement, aucune pour l’instant, malgré nos alertes. Les autorités sont pour l’instant concentrées sur d’autres espèces exotiques justement déjà bien implantées et qui causent beaucoup de dégâts et de dérangements, dont principalement le singe vert. Il est pourtant indispensable de déclarer le pigeon jounud comme « espèce exotique envahissante » à Saint-Martin, et de l’inscrire sur la liste des espèces chassables. Du côté néerlandais de l’île, il est plutôt envisagé de réaliser des campagnes de capture, car la chasse y est prohibée.

Rédaction et interview : Enzo Dubesset

LA COLLECTIVITÉ DE SAINT-MARTIN MOBILISÉE SUR LA PROBLÉMATIQUE INONDATION !

À traver S le dé P loie M ent de S on P lan d ’ étude S P réalable S au P rogra MM e d ’ action S de Prévention deS inondationS (P eP-PaPi), la collectivité de Saint-Martin S ’ inScrit Pleine Ment

dan S l ’ ada P tation au change M ent cli M atique .

Le constat est localement clair : les infrastructures ne sont plus adaptées, le régime des pluies change et la météorologie depuis deux années amène le territoire de Saint-Martin à faire face à une pluviométrie exceptionnelle.

C’est donc en application du simple principe de réalité que les pouvoirs publics travaillent depuis plusieurs années à accroître les connaissances en matière d’inondabilité pour mieux appréhender les infrastructures nécessaires à la gestion de ces volumes d’eaux pluviales, tant en termes d’adaptation de l’existant que de constructions nouvelles.

Ces cinq dernières décennies ont vu l’urbanisation exploser sur le territoire, poussée par l’avènement du tourisme et soutenue par les programmes de défiscalisation outre-mer.

La Collectivité de Saint-Martin affiche aujourd’hui une densité de population approximative de 600 habitants au km2, auxquels il faut ajouter la charge que représente pour les infrastructures publiques la fréquentation touristique, poumon de l’économie locale.

Le relief essentiellement escarpé de l’île a naturellement poussé ce développement urbain sur la frange

Illustration du phénomène d’atterrissement – accumulation d’alluvions notamment lors des phases de crues – des étangs de Saint-Martin, un écosystème précieux qui servait de pépinière aux poissons côtiers. Le risque est ici le comblement puis l’assèchement du plan d’eau.

Photos de l’article : ©
Collectivité de Saint-Martin

Ci-dessus, de gauche à droite : la gestion des exutoires par les engins de chantier, en permettant la reprise de l’écoulement des eaux, est indispensable pour prévenir les inondations, notamment en période de fortes pluies. | Illustration d’une inondation à Saint-Martin.

côtière en aval, donc des différents bassins versants, exposant de plus en plus d’habitations au risque d’inondation. Les étangs intérieurs qui jouaient historiquement le rôle de tampon dans l’écoulement des eaux de pluie ont une tendance à l’atterrissement et subissent encore des remblais trop nombreux, limitant leur rôle de régulateur dans ces flux hydrauliques. Ce risque d’inondation est encore accru par la tendance mondiale à l’élévation des océans, phénomène qui, sur des microsystèmes îliens tropicaux, ne manque pas d’accélérer l’érosion côtière et d’accroître le risque de submersion marine en cas de système dépressionnaire important. Ainsi, la Collectivité de Saint-Martin est-elle confrontée à une problématique vaste, à la fois terrestre et marine.

RÉDUIRE LA VULNÉRABILITÉ

AU RISQUE D’INONDATION

DES BIENS ET DES PERSONNES

C’est dans ce contexte complexe que s’inscrit le PEP-PAPI de la Collectivité de Saint-Martin, validé par les services de l’État en septembre dernier. Il doit répondre à la fois au besoin de rattrapage infrastructurel du territoire face à un développement ultra-rapide et à l’adaptation au changement climatique en visant un objectif très clair : la réduction de la vulnérabilité au risque d’inondation des biens et des personnes.

Cela passe par :

• une amélioration des connaissances en la matière, connaissances qui doivent aujourd’hui intégrer de nouveaux paramètres climatiques ;

• des réhabilitations d’infrastructures et des aménagements nouveaux dimensionnés à la hauteur du risque ;

• la profonde intégration de ce risque dans les projets d’aménagement du territoire ;

• une information / acculturation des publics accessible et complète ;

• la création de dispositifs d’accompagnement des publics situés en zone de risque dans l’aménagement de l’habitat, voire des abords.

Ce sont ainsi plus de 3 millions d’euros qui seront mobilisés dans les années à venir, assumés conjointement par l’État, au travers du fonds de prévention des risques naturels majeurs, et par la Collectivité de Saint-Martin. Ces financements permettront de mener à bien le Plan d’études préalables au Programme d’actions de prévention des inondations (PEP-PAPI), afin de mieux maîtriser le risque inondation sur un territoire qui fait face comme peu d’autres, au titre de son exiguïté et de sa position géographique, aux conséquences déjà particulièrement vécues du changement climatique.

Ci-dessus : l’érosion côtière, perte progressive de sédiments le long du littoral, est très visible sur certaines plages de Saint-Martin, comme ici au Galion. Ce phénomène, qui s’accélère avec le changement climatique, peut augmenter le risque de submersion marine.

Photos de l’article : © Collectivité de Saint-Martin Rédaction
Direction de l’Environnement / Igor Rembotte

MARTINIQUE

BALADE PARFUMÉE

EN TERRE CRÉOLE

a ux P ied S de la M ontagne P elée , à M orner ouge , a naï S cultive l ’ hi S toire de S on île et la terre de S e S Parent S . l e d o M aine de la v allée , niché entre deux cour S d ’ eau et autono M e en énergie , S ’ étend

S ur 17 hectare S dédié S à l ’ agriculture , à l ’ aquaculture et à l ’ agrotouri SM e a naï S y vend de S P roduit S en circuit court et accueille le S vi S iteur S P our Partager S a P a SS ion du terroir M artiniquai S .

INTERVIEW

ANAÏS CHARDON, GÉRANTE DU DOMAINE DE LA VALLÉE

de

propose des

boutique, une table d’hôtes valorisant les produits du terroir, des ateliers de découverte des plantes et produits « péyi »

– patate douce, dachine, igname, banane, cresson, fruit à pain... – sans oublier les visites guidées de la Maison de la Vanille.

développer un système de production vertueux, favoriser les espèces endémiques et valoriser le patrimoine local. Ils ont donc très rapidement ouvert leurs portes aux écoles, aux visiteurs, puis créé une table d’hôte et des hébergements. Ils ont aussi obtenu des labels comme « Bienvenue à la ferme ». Pour ma part, je suis impliquée dans le domaine depuis 2012 et j’ai repris officiellement le flambeau depuis quatre ans maintenant.

« MES PARENTS ONT ÉTÉ LES PRÉCURSEURS DE L’AGROTOURISME EN MARTINIQUE. AUJOURD’HUI, MON AMBITION EST DE FÉDÉRER LES ACTEURS MARTINIQUAIS POUR STRUCTURER LA FILIÈRE »

• Quel type d’agriculture défendez-vous ?

• Comment est né le Domaine de la Vallée ?

- Ce domaine, c’est une histoire familiale. Au départ, mes parents étaient entrepreneurs dans le bâtiment et, dans les années 90, ils ont décidé d’acheter un terrain et de se reconvertir en agrotourisme. Ils souhaitaient

- Notre ferme est certifiée en agriculture biologique et Ecocert. Pour moi, la traçabilité des produits et l’accès à une alimentation saine sont essentiels, permettant de passer directement du jardin à l’assiette. Nous cuisinons par exemple nos propres poissons Saint-Pierre élevés en aquaculture et proposons des jus de fruits

Vue aérienne du Domaine
la Vallée, une exploitation familiale de renom en Martinique qui
séjours à la ferme, une

fraîchement pressés à partir de nos récoltes. La production est principalement destinée aux activités du Domaine, mais nous vendons aussi nos surplus directement sur le site, sur rendez-vous.

« NOUS PRÔNONS LES CIRCUITS

ULTRACOURTS ET LES PRODUITS

ULTRAFRAIS ! »

Nous avons aussi développé un système de culture assez original, pourtant très ancien : l’aquaponie. Cette technique combine l’élevage de poissons, des tilapias, et la culture de plantes en circuit fermé : cresson, atoumo, zèb a pik, bois d’Inde, basilic, citronnelle... Dans ce système, toutes les espèces sont complémentaires et en équilibre, ce qui permet de produire en abondance et de manière écologique.

• Quelle place occupe la culture de la vanille au Domaine de la Vallée ?

- Je me suis passionnée pour la vanille, cette orchidée délicate que l’on pollinise à la main. Je cultive 17 variétés incluant des vanilles rares, mais je me concentre principalement sur la vanille Bourbon (Vanilla planifolia) et la vanille dite « banane » (Vanilla pompona), pour une production annuelle d’environ cinquante kilos.

C’est peu, mais depuis décembre 2023, nous sommes reconnus Groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE) et filière d’excellence, ce qui est très encourageant. En 2021, j’ai fondé la Maison de la Vanille afin de dévoiler aux visiteurs les secrets de ce produit, des méthodes de culture à la préparation. L’espace muséal offre aussi une rétrospective historique.

« LA VANILLE OCCUPE

UNE PLACE PLUS IMPORTANTE QU’ON NE LE PENSE DANS L’HISTOIRE DE LA MARTINIQUE : EN 1928, LA PRODUCTION ANNUELLE

ATTEIGNAIT TROIS TONNES ! »

Aujourd’hui, la vanille française représente seulement 1 % de la production mondiale, mais nous visons la qualité plutôt que la quantité. Avec l’association des Producteurs de vanille et épices de Martinique PROVAE, dont je suis vice-présidente, nous avons rejoint le projet de fédération des producteurs de vanilles françaises pour collaborer avec nos homologues de Guyane, La Réunion, Tahiti... Chacun de ces outre-mer possède ses propres techniques d’affinage et son terroir, ce qui donne à nos vanilles des caractéristiques olfactives et aromatiques uniques.

Rédaction et interview : Romy Loublier

Lors des visites guidées, comme ici au cœur des plantations de vanille, Anaïs Chardon explique sa passion pour l’agritourisme et l’agriculture biologique. Elle transmet avec une grande générosité son savoir sur les techniques de l’aquaponie, les bienfaits de l’herboristerie créole, etc.
De haut en bas : la vanille est transformée avec le plus grand soin. | Aux pieds de la montagne Pelée. | Fresque illustrant le Domaine de la Vallée. | L’aquaponie, l’une des nombreuses activités pratiquées au sein de l’exploitation. | Anaïs Chardon au chevet de ses cultures.
Un « brunch à la ferme » est proposé tous les mercredis, vendredis et samedis. | Après deux à trois ans de soins attentifs, les premières floraisons de vanille émergent. Une technique précise consiste alors à féconder la fleur à la main pour qu’elle produise ses précieuses gousses.

L’ODE MARTINIQUE

AU CONGRÈS MONDIAL DES ÎLES SUR L’EAU

d e P ui S une di Z aine d ’ année S , l ’ o ffice de l ’ e au M artinique e S t un acteur bien i MP lanté dan S le S in S tance S régionale S et internationale S . e n S e P te M bre 2024, l ’ ode a Partici P é au P re M ier c ongrè S M ondial de S île S S ur l ’ eau , aux î le S f éroé .

La loi Oudin-Santini du 9 février 2005 introduit la possibilité aux Agences et Offices de l’Eau de consacrer jusqu’à 1 % de leur budget à des actions de coopération internationale. L’ODE Martinique développe cette mission depuis 2013 selon deux axes : la mise en œuvre de coopération régionale dans la Caraïbe et de coopération institutionnelle dans les instances de gouvernance des eaux internationales.

Ainsi, l’ODE Martinique participe régulièrement à des rendez-vous internationaux dans ses domaines d’expertise. Si l’hydro-diplomatie est répandue à travers le monde, un événement réunissant uniquement des territoires insulaires souverains et non souverains est inédit. Le Congrès mondial des îles sur l’eau est porté par l’Association internationale de la ressource en eau (IWRA) créée en 1971 et qui réunit différents pays du monde. Du 4 au 5 septembre 2024, 44 territoires insulaires dont trois territoires caribéens – la Martinique, la Jamaïque et Trinité-et-Tobago –ont participé aux échanges aux Îles Féroé.

Gaëlle Hiélard, cheffe de projets politiques de bassin et coopération régionale de l’ODE Martinique, a présenté deux sujets :

• le modèle de gestion de la ressource (MGR) , premier modèle hydroéconomique développé en France avec le soutien de l’Office français de la biodiversité. Cet outil d’aide à la décision pour la gestion de l’eau en Martinique résulte d’un programme de recherche et développement mené par l’ODE, mobilisant l’expertise d’économistes, d’hydrologues et d’ingénieurs en hydraulique. Ce modèle coconstruit prend en compte tous les usages de l’eau douce – consommation humaine, agricole, industrielle – et comporte trois volets : l’environnement, l’hydraulique (distribution selon les usages) et le coût de l’eau. Il vise à optimiser la gestion technique et financière des ressources en eau, afin de garantir les usages dans le respect des contraintes de la ressource. Les projections climatiques et démographiques ont été intégrées dans les calculs de la disponibilité des ressources exploitables.

de Danemark située au nord de l’Europe, à peu près équidistante de l’Écosse et de l’Islande.| Cérémonie d’ouverture du Congrès mondial des îles sur l’eau, qui se sont déroulées les 4 et 5 septembre aux Îles Féroé.

Paysage des Îles Féroé, province autonome du royaume

• le projet de coopération CARIBSAN , lancé en 2021, est dirigé par l’Office de l’Eau de la Martinique. Il est cofinancé par l’Union Européenne à travers le programme INTERREG Caraïbes au titre du Fonds européen de développement régional (FEDER), par l’Agence française de développement (AFD) et les ODE de Martinique et de Guadeloupe.

CARIBSAN vise à promouvoir le traitement des eaux usées par des technologies de filtres plantés dans les îles des Caraïbes. Cette technique écologique et résiliente face au changement climatique a été adaptée au contexte tropical. Ce projet est le fruit du travail d’un consortium d’acteurs français de la recherche (INRAE), de la coopération (IOWater & CAWASA) et d’acteurs caribéens de l’eau (WASCO à Sainte-Lucie, DOWASCO en Dominique, INRH à Cuba, Office de l’Eau de Guadeloupe).

Issu d’expériences réussies dans les îles françaises de la Martinique et de la Guadeloupe, CARIBSAN a vocation à encourager la mise en place progressive de cette solution fondée sur la nature dans les autres îles de la Caraïbe.

LES RÉSULTATS DU CONGRÈS

Parmi les résultats, on note une sensibilisation accrue à la gestion de l’eau douce aux Îles Féroé, ouvrant la voie à une discussion politique sur une éventuelle réforme de la loi sur l’eau dans cet archipel.

De plus, un protocole d’entente (MoU) signé par les gouvernements des Îles Féroé et de l’Île-du-PrinceÉdouard a permis d’établir le Dialogue de Tórshavn sur la gestion durable de l’eau douce dans les îles.

Un rapport politique du Congrès sur la régulation de l’eau douce dans les îles sera publié début 2025.

Enfin, le Congrès a participé à élaborer les fondations d’une communauté de pratiques sur la gestion de l’eau douce dans les îles, dirigée par l’IWRA, qui développera à l’avenir des synergies étroites via des initiatives mondiales alignées.

L’Office de l’Eau Martinique poursuivra sa contribution aux échanges avec les autres îles du monde.

Rédaction : Mathilde
Edmond-Mariette
Minoton / ODE Martinique

GUADELOUPE

et interview :

UNE EXPLORATION SCIENTIFIQUE POUR « REVISITER » LA BIODIVERSITÉ DES ÎLES DU SUD

l’agence régionale de la biodiverSité deS îleS de guadelouPe (arb-ig) et le MuSéuM national d ’hiStoire naturelle (Mnhn) coordonnent « la Planète r eviSitée deS î leS de g uadelou Pe », une exPloration de grande aMPleur viSant à inventorier la Petite biodiverSité Marine et terreStre de S île S du S ud de la g uadelou P e : le S S ainte S , M arie - g alante , la d é S irade et P etite - t erre

UNE CAMPAGNE NATURALISTE

DES

TEMPS MODERNES

Si les grandes explorations scientifiques qui ont lieu depuis le milieu du XVIIIe siècle ont permis d’obtenir des connaissances naturalistes généralistes, trois grands domaines restent encore mal connus : la biodiversité souterraine, celle des grands fonds marins et enfin la biodiversité dite « négligée », qui s’intéresse aux espèces de petite taille.

Après les deux missions marines Karubenthos menées conjointement en 2012 et 2015 par l’Université des Antilles, le MNHN et le Parc national de la Guadeloupe, La Planète Revisitée des Îles de Guadeloupe (LPRIG) mobilise du 27 septembre au 11 novembre 2024 plus de 100 chercheurs locaux, nationaux et internationaux pour explorer cette faune et cette flore méconnues. Pendant six semaines, des collectes sont réalisées chaque jour, puis apportées dans des laboratoires mis en place pour l’expédition, où les espèce vivantes sont triées, photographiées, puis

préparées pour préserver leurs tissus en vue du séquençage de leur ADN pour une identification moléculaire. Les échantillons seront ensuite envoyés à des spécialistes du monde entier qui les étudieront plus précisément et détermineront notamment si les espèces sont nouvellement découvertes. À l’issue de cette troisième mission d’exploration scientifique, la Guadeloupe deviendra l’île des Petites Antilles référente en matière de biodiversité marine et terrestre.

Laboratoire de terrain installé sur la petite île de Terre-de-Haut, aux Saintes, pour recueillir les espèces marines. © ARB-IG
Rédaction
Lucie Labbouz

INTERVIEW CROISÉE

JULIEN TOUROULT, DIRECTEUR DE PATRINAT À L’OFB, RESPONSABLE SCIENTIFIQUE DU VOLET TERRESTRE DE LPRIG, ET OLIVIER GROS, ENSEIGNANTCHERCHEUR À L’UNIVERSITÉ DES ANTILLES

• Dans quelle mesure cette expédition permet de « revisiter » la biodiversité guadeloupéenne ?

Julien Touroult - Cette expédition est la première de ce genre dans les îles du Sud, pour la partie terrestre. Elle va nous permettre de recenser les espèces présentes aujourd’hui, et de faire un premier état des lieux, d’une importance capitale à l’aube de la sixième extinction de masse des espèces.

Olivier Gros - Pour la partie marine, les expéditions Karubenthos en Guadeloupe et Madibenthos en Martinique ont délivré des résultats inattendus : plus de 300 nouvelles espèces ont été découvertes dans chacun des territoires, et seulement 40 % d’entre elles étaient communes aux deux îles.

En explorant ces îles situées entre la Guadeloupe et la Martinique, nous allons pouvoir mieux déterminer les aires de répartition des différentes espèces et préciser leur niveau d’endémisme.

Exemple d’espèce (Chrysobothris guadeloupensis) collectée lors de cette expédition en cours en Guadeloupe. © Julien Touroult / OFB

• Quelles seront les retombées de cette Planète Revisitée pour la Guadeloupe ?

Julien Touroult - Au-delà de la connaissance scientifique, les résultats des inventaires vont servir à identifier des zones à intérêt particulier à préserver. Nos recommandations pourront également permettre d’améliorer la gestion de certains sites naturels.

Aux Saintes, par exemple, les îles sont relativement bien conservées, mais les animaux en divagation qu’on rencontre dans la forêt – cabrits, poules, chats –produisent un impact énorme sur la biodiversité !

Olivier Gros - L’intérêt de ces missions pour la Guadeloupe est crucial ! 99 % de la biodiversité n’est pas visible à l’œil nu : la plupart des animaux mesurent quelques millimètres et il existe aussi une diversité microbienne extraordinaire. Il est indispensable de mieux connaître cette biodiversité de petite taille, car c’est elle qui fait tourner les écosystèmes.

Dans un tout autre domaine, la venue des étudiants de l’Université des Antilles sur le terrain avec nous représente une opportunité unique et aura des impacts dans les trajectoires individuelles des étudiants, ainsi que des retombées positives pour la Guadeloupe, à plus long terme.

UNE MISSION IMPORTANTE POUR L’AGENCE RÉGIONALE DE LA BIODIVERSITÉ DES ÎLES DE GUADELOUPE (ARB-IG) CRÉÉE EN 2021

« Pour cette expédition scientifique, notre jeune Agence régionale de la biodiversité s’est positionnée en partenaire clé du MNHN. Nous assurons, d’une part, la logistique de taille pour les missions dans les îles du Sud et nous avons, d’autre part, mis en place un programme pédagogique complet pour susciter des vocations chez les plus jeunes. En plus des week-ends ouverts au grand public, ce sont plus de 250 élèves qui prennent part à l’aventure LPRIG en visitant les laboratoires, en échangeant avec les chercheurs ou en participant à des ateliers pédagogiques conçus autour de la biodiversité guadeloupéenne », précise Marine Marie-Charlotte, chargée de mission « La Planète Revisitée des Îles de Guadeloupe » à l’ARB-IG.

De haut en bas : bupreste (Polycestadepressa) du littoral des Petites Antilles. © Julien Touroult / MNHN | Argiopeargentata. © Julien Touroult / MNHN
| Mission de repérage en 2023. © Julien Touroult / OFB ARB-IG | Tolumnia urophylla, fleur endémique des Petites Antilles. © Julien Touroult / MNHN
L’anolis marbré de La Désirade (Ctenonotus marmoratus desiradei) est un petit lézard endémique de La Désirade en Guadeloupe. © Julien Touroult / MNHN | Les espèces marines de petite taille sont également au cœur de l’exploration naturaliste. © Philippe Maestrati / ARB-IG / MNHN

GUYANE

DES VICTOIRES AU SERVICE DE L’ENVIRONNEMENT

en 2022, le MiniStre de l ’éconoMie accordait la Prolongation deS troi S conceSSionS Minière S d ’auPlata Mining grouP à Saint-élie. guyane nature environneMent (gne) et france nature e nvironne M ent ( fne ) ont conte S té ce S P rolongation S , arguant qu ’ elle S vont à l ’ encontre de S enjeux environne M entaux en P ré S ence l e P oint avec M atthieu b artha S , P ré S ident de gne

INTERVIEW

MATTHIEU BARTHAS, PRÉSIDENT DE GUYANE NATURE ENVIRONNEMENT

• La prolongation des concessions AMG que vous contestez n’a pas été annulée pour le moment. Quelle est la situation à ce jour ?

- Concernant le renouvellement des concessions minières, il est important de rappeler qu’il y a eu un changement au niveau de la réglementation environnementale. Autrefois, le code minier bénéficiait de plusieurs dérogations au droit de l’environnement. Aujourd’hui, la nouvelle législation impose que les impacts environnementaux des concessions soient pris

en compte et il n’est plus toléré qu’elles aient des impacts trop importants sur les intérêts protégés. Une étude de faisabilité environnementale, économique et sociale doit être produite. Mais en réalité, il ne s’agit que d’une modification de la nomination d’alors (notice d’impact). Nous assistons donc, non pas à une amélioration de la prise en compte de ces enjeux, mais au maintien du statu quo qui a pourtant montré ses limites.

• Peut-on parler néanmoins de « petite victoire » juridique ?

- Pour nos deux associations, plusieurs motifs d’illégalités sont à décrier : d’une part, l’Autorité environnementale n’a pas été saisie et, d’autre part, l’industriel a réalisé une étude d’impact très succincte. Le Conseil d’État nous a donné raison sur le premier motif. C’est une petite victoire au regard des interprétations du droit européen par l’État qui cherchait à alléger les procédures environnementales requises pour les concessions. Aujourd’hui, AMG dispose de 12 mois pour présenter à l’Autorité environnementale sa synthèse d’évaluation environnementale réalisée sur seulement 2,5 % de la surface totale des concessions, soit 2,8 km². Nous aurons accès à l’avis de l’Autorité environnementale et nous pourrons demander au juge, une fois saisi de nouveau, de se prononcer sur l’impact environnemental de cette exploitation minière.

dépôts

GUYANE NATURE ENVIRONNEMENT (GNE) EN QUELQUES MOTS...

Créée en 2010 par la volonté de trois associations guyanaises – Kwata, Gepog, Sepanguy – GNE est une fédération d’associations qui appartient à deux réseaux associatifs : Graine Guyane et France Nature Environnement. Son travail s’articule autour de ces trois actions principales : veiller et informer ; participer au débat public ; agir en justice. Elle abrite également la plateforme « Sentinelles de la nature », un outil numérique impulsé par FNE et mis en œuvre localement par GNE, qui permet au citoyen de signaler, sur le site dédié et sur l’application mobile, des atteintes à l’environnement, tout comme des initiatives favorables. « Il s’agit de créer une conscience écologique citoyenne grâce à une méthode active et participative. C’est aussi, grâce à la collecte de données, un élément de plaidoyer auprès des collectivités. »

l’environnement (dépôts de déchets, défrichements, destructions d’habitats protégés...) que les initiatives favorables (circuits courts, actions citoyennes...). © GNE

• D’autres petites victoires à nous citer ?

- Un autre dossier que nous suivons de près concerne des faits qui visent le CNES. Ces faits se rapportent au terrassement d’une mare qui abritait le leptodactyle ocellé, une grenouille protégée et rare en Guyane.

Une enquête a été menée par l’Office français de la biodiversité (OFB). Le Parquet a proposé au CNES une Convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) assortie d’une amende de 10 000 euros, alors que le préjudice écologique était chiffré à 10 millions d’euros et que le délit peut être sanctionné d’un montant de 750 000 euros d’amende lorsqu’il est commis par une personne morale. Le tribunal a invalidé la convention judiciaire.

GNE va donc pouvoir se constituer partie civile dans cette affaire. En tant qu’association représentante de la société civile guyanaise, nous estimons qu’il est important que ce préjudice soit pris en compte.

• Quelles sont les principales actualités de votre association dans les prochains mois ?

- En partenariat avec le tribunal judiciaire de Cayenne, le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) et le parquet de Cayenne, GNE propose à présent un stage d’écocitoyenneté en guise d’alternative aux poursuites pénales. Des intervenants comme la DGTM, l’ONF, l’OFB et l’association Sepanguy sont conviés à présenter les normes environnementales, ou encore les impacts des activités humaines sur la nature, à travers diverses thématiques : eau, forêt, biodiversité, déchets...

Depuis avril 2024, nous avons organisé trois stages de citoyenneté environnementale et le dernier de l’année est prévu en ce mois de novembre. Ces stages pédagogiques sont proposés à des personnes mises en cause d’infractions de nature environnementale. Ils s’articulent autour d’une séquence théorique, suivie d’un volet pratique visant à résorber concrètement une atteinte à la nature. Parmi ces actions de terrain, on peut citer par exemple le ramassage de déchets en zone sensible, ou l’arrachage de plantes exotiques envahissantes. + d’info ici : https://federation-gne.fr/

Rédaction et interview : Sandrine Chopot

Les
sauvages sont régulièrement signalés sur l’application Sentinelles de la Nature, qui recense aussi bien les atteintes à

d’info ici : www.cirad.fr

LE CIRAD SE MOBILISE DANS LA LUTTE CONTRE

LA CWBD, NOUVELLE MALADIE DU MANIOC

SaiSonS deS PluieS 2021 et 2022. deS ProducteurS alertent la fredon guyane et la ctg du déPériSSeMent inexPliqué de leurS PlantS de Manioc. il S’avérera qu ’ il S ’ agit de la Maladie cWbd. r etour S ur l ’ enquête et le S action S du c irad , S ollicité Par la ctg P our M onter un P rojet .

Multiplication des bourgeons axillaires, disposition rapprochée des feuilles, plus courtes, avec des pétioles raccourcis : si les caractéristiques identifiées dans chacune des parcelles de manioc atteintes sont semblables, ces symptômes ne correspondent à aucune maladie jusqu’alors décrite en Guyane, ni même en Amérique du Sud.

En partenariat avec différents laboratoires, dont le Cirad, la Fédération régionale de lutte et de défense contre les organismes nuisibles (Fredon) mène alors des analyses destinées à identifier l’agent pathogène. Virus, bactérie type phytoplasme, champignon ? Une espèce de champignon détectée correspond bien à un pathogène connu en Asie, le Ceratobasidium Theobromae, mais les symptômes observés pointent également l’hypothèse d’une maladie à phytoplasmes 1

UNE MALADIE IDENTIFIÉE EN ASIE DU SUD-EST

Le Cirad collabore au Brésil avec la Société brésilienne de recherche agricole (Embrapa) sur ces deux pistes de recherche lorsqu’en décembre 2023, paraît dans la revue scientifique Nature une étude menée par des chercheurs du CIAT en Asie du Sud-Est, mettant en évidence la Cassava Witch Broom Disease (CWBD), ou maladie du balai de sorcière sur le manioc, associée au champignon Ceratobasidium theobromae

Puis, en mai 2024, à l’initiative du réseau Fredon dédié à la santé des végétaux, les chercheurs du CIAT viennent réaliser des prélèvements en Guyane, qui confirment la présence de ce champignon connu en Asie depuis les années 70, responsable de la Vascular Streak Dieback (VSD) sur le cacao et identifié comme

responsable de la CWBD depuis 2023, en Asie. La maladie est officialisée en juillet 2024 comme étant causée par Ceratobasidium sp. (espèce non précisée), à la suite de l’envoi des échantillons au laboratoire certifié de l’Anses 2 à Nancy.

Le projet SaniManioc naît d’une demande urgente de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), dès août 2023, mais aussi des conclusions d’un groupe de travail comprenant la DAAF, Fredon, la CTG et la Chambre d’agriculture de Guyane. Démarré en janvier 2024, le projet est financé à hauteur de 200 000 euros par la CTG, sur fonds propres.

Plant malade à Iracoubo. Les symptômes évocateurs apparaissent de cinq à six mois après contamination : jaunissement des feuilles (chlorose), formation de petites touffes de bourgeons (l’effet balai de sorcière), dessèchement des tiges avec brunissement interne des tissus et des vaisseaux conducteurs de sève. La photosynthèse étant perturbée, la croissance de la plante est bloquée et les plants végètent voire meurent. © Margaux Llamas | 1 Bactéries sans paroi infectant les plantes. | 2 Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

Construction d’une mini-serre à Saint-Georges-de-l’Oyapock par l’association Panakuh, qui fait partie des nombreuses structures partenaires de SaniManioc. © A. Panakuh | Champignon mis en cause. En Guyane, le manioc est un aliment de base produit dans le cadre d’une agriculture vivrière. La CWBD fait craindre une crise alimentaire et culturelle, du fait de la perte de variétés existantes transmises depuis des générations. © Cirad | Formation réalisée en octobre par le Cirad, pour que les producteurs sachent reconnaître les symptômes de la maladie, partagent leurs observations et adoptent des mesures de prévention : désinfection des outils et incinération précoce du matériel végétal malade, entre autres. © Cirad

INTERVIEW

MARGAUX LLAMAS, RESPONSABLE

AU CIRAD DU CENTRE DE RESSOURCES

BIOLOGIQUES (CRB) PLANTES

PÉRENNES DE GUYANE

• En quoi consiste le projet SaniManioc ?

- SaniManioc a pour objectif, d’une part, de former à la multiplication de micro-boutures saines, afin de relancer la production à l’échelle de chaque exploitation. D’autre part, ce projet a vocation à former des structures partenaires à l’animation de modules d’expérimentation pilotes dans les territoires concernés, à l’accompagnement et à la diffusion de techniques et bonnes pratiques de culture auprès des producteurs de manioc.

Cette décentralisation vise à permettre à chaque communauté de produire des plants sains de façon autonome, avec des pratiques adaptées.

• Comment collaborez-vous avec le Brésil ?

- L’Embrapa mène des études au Brésil, où la maladie est pour l’instant cantonnée aux municipalités d’Oiapoque, de Calçoene et de l’Amapa dans l’État d’Amapa. Nous coordonnons nos actions de recherche pour pouvoir élaborer des recommandations de gestion des parcelles malades et, à terme, mener des actions conjointes de lutte et de contrôle. Un projet à l’échelle régionale est en cours d’élaboration.

Nous essayons de capitaliser les expériences, par exemple par l’adaptation à nos variétés de Guyane des techniques de multiplication développées au Brésil et en Asie. Une hypothèse forte étant que la maladie progresse par des échanges de matériel végétal infecté, nous diffusons dans un premier temps des principes de prophylaxie (de prévention), pour éviter la circulation de bâtons de manioc malades.

• Quelle est la suite ?

- Le projet SaniManioc s’achèvera en décembre 2025, mais ce n’est que le début, car il s’agit d’un premier dispositif mis en place pour répondre à l’urgence.

Nous devons mieux connaître la maladie, son fonctionnement, son écologie et ses impacts. Le but est d’arriver à développer de nouveaux projets pour continuer à accompagner les producteurs de manioc guyanais. Nous souhaiterions également initier une démarche de sauvegarde de la diversité guyanaise du manioc, avec la création d’une collection des variétés utilisées en Guyane qui pourrait être conservée dans le cadre du CRB au Cirad.

Rédaction et interview : Axelle Dorville

ÎLE DE LA RÉUNION

LA PEINTURE POUR IMMORTALISER LA VIE AQUATIQUE

Rédaction et interview : Pierre-Yves Fouché

Pour cette édition de l ’ e-Mag , nouS vouS ProPoSonS une iMMerSion danS l ’ univer S de StéPhane b raud , arti S te P eintre autodidacte a M oureux de l a r éunion et qui a le talent de créer de S œuvre S unique S d ’ a P rè S nature , en P longée S ou S - M arine . S urno MM é le « P êcheur de bleu », il e S t l ’ un de S quelque S grand S P eintre S S ubaquatique S ré P ertorié S dan S le M onde

Stéphane Braud, artiste peintre métropolitain, arrive à La Réunion en 1981. Autodidacte, il débarque sur l’île pour démarrer sa carrière en tant que peintre professionnel et expose ses toiles dès son arrivée. En 1996, il commence la peinture sous-marine et fait partie des précurseurs de la pratique. Il effectue ses premières plongées sur l’île intense et l’île sœur – Maurice – puis à travers le monde. Après 22 ans de vie à La Réunion, il habite désormais dans un petit village près de Rome et revient régulièrement peindre la vie sous-marine dans l’ouest de l’île. Stéphane Braud est revenu en septembre pour peindre autour de Boucan Canot et être filmé par son ami James Caratini, spécialiste de la vidéo sous-marine.

Maurice, Martinique, Mexique, Îles Vierges britanniques, Îles Grenadines, Belize, Bahamas... Stéphane Braud est un éternel voyageur amoureux des plus beaux lagons. « J’étais fasciné par les bleus, ceux des mers chaudes surtout, j’ai beaucoup travaillé à les reproduire sur terre, mais la mémoire ne peut pas fixer tout ce que l’on voit dans l’océan. Au début, je

plongeais comme tout le monde, sans peindre et un jour, je me suis lancé. La première fois, c‘était avec l’un des créateurs de la discipline, André Laban, premier peintre sous-marin de La Calypso ! Je ne maîtrisais rien et j’avais peur. »

« JE SUIS ACCRO À LA PEINTURE

SOUS-MARINE. SOUS L’EAU, C’EST L’EXTASE. IL N’Y A PAS DE PROBLÈME DE PAGE BLANCHE »

Au bout de deux années de peintures sous-marines quotidiennes, les premières toiles de Stéphane Braud aboutissent et sa signature artistique devient reconnaissable. « Il y a un véritable travail de fond, des heures et des heures de travail, sous l’eau et dans l’atelier. On doit devenir humble face à la toile et ne pas se laisser griser en devenant impatient. C’est une passion, j’ai la chance d’être passionné et de ne pas voir le temps passer. »

En général, une toile lui prend environ 10 heures de travail, dont plusieurs sorties sous l’eau d’environ 40 minutes. Peindre dans l’océan est une discipline à part entière, où la plongée et la peinture s’entremêlent. « On utilise de la peinture à l’huile en tube, qui accroche sur une toile basique enduite au préalable. Il faut aller vite, à la spatule pour créer de la matière, au ressenti, avec de la spontanéité. Je termine ensuite ce que j’ai peint sous l’eau dans mon atelier, où j’ai le temps de découvrir le premier rendu et de continuer les retouches. Arrivé dans mon atelier, je n’ai qu’une envie, c’est de redonner à la toile ses dimensions naturelles pour créer un sentiment d’immersion. Je travaille alors sur grand format. »

Le matériel doit également être porté, descendu du bateau puis remonté, dans un mélange d’art, d’activité physique et d’observation. « Avant de partir peindre, je fais des repérages sous l‘eau, à la recherche d’un site qui me parle en fonction de la faune, de la flore, de la lumière et ensuite, j’y reste ». Le respect de l’environnement a toute sa place dans le travail de Stéphane Braud, qui utilise de la peinture écologique, et dont les plongées ne laissent aucune empreinte.

Des souvenirs de moments de grâce, en lien avec cette nature aquatique, le peintre en a plein les yeux : « Quand je travaille sous l’eau, je me sens

en apesanteur, je ressens la pression de l’eau, une belle lumière tamisée par la mer, sans le soleil qui nous écrase. Ce bien-être est l’une des choses que j’apprécie le plus dans mon travail. Au Mexique, on était parti en spéléologie et on est passé dans des cavernes sousmarines, avec de l’eau douce et calme percée de lumière, c’était magique. Au Bahamas, les lagons d’un bleu magnifique fournissent des coraux qui ressemblent à des champs de fleurs plantées. On se sent comme appartenir à un tout, connecté au grand bleu. »

UN AUTODIDACTE, AUJOURD’HUI

RECONNU PAR LES GALERIES D’ART

Stéphane a réalisé entre 300 et 350 peintures sousmarines à travers le monde, exposées en France et au Maroc uniquement, contrairement au reste de ses œuvres. « C’est une niche picturale, il faut que les gens aiment le bleu, la mer. Je ne peux pas m’en faire un revenu permanent pour l’instant. Mes peintures sont visibles à Paris, place des Vosges, ou encore à Marrakech. » Ses dernières œuvres sont entreposées dans ses différents ateliers, en attendant d’être sélectionnées par une galerie ou bien vendues directement.

+ d’info ici : Film « Stéphane Braud, Pêcheur de Bleu II », de Serge Marizy et James Caratini

Contact : peinturesousmarine@gmail.com

En haut : Stéphane Braud fait aujourd’hui partie de la très petite demi-douzaine de peintres subaquatiques répertoriés dans le monde. © James Caratini | Ci-dessus : toile « Cap La Houssaye ». © Stéphane Braud | Page suivante : toile « Tour de Boucan Canot ». © Stéphane Braud

À SAINT-DENIS, VILLE ÉCOLOGIQUE, PLANTER C’EST PERMIS !

P our S uivant S on engage M ent d ’ e M bellir et verdir l ’ e SPace urbain , la v ille de S aint - d eni S a initié officielleMent fin SePteMbre une action originale : le « PerMiS de Planter ». leS habitantS

P euvent dé S or M ai S Partici P er active M ent à la végétali S ation du do M aine P ublic co MM unal au P lu S P rè S de che Z eux et dan S le re SP ect d ’ une charte environne M entale

LA PARTICIPATION CITOYENNE

AU CŒUR DE CE PROJET FÉDÉRATEUR

À l’occasion de la Semaine européenne du développement durable, qui s’est déroulée cette année du 18 septembre au 8 octobre, la maire de Saint-Denis, Éricka Bareigts, a annoncé le coup d’envoi du Permis de planter. « Il y a un proverbe à La Réunion qui dit ”netoy devan out port”, car les anciens considéraient que, quand il y avait des invités, ces derniers vous jugeaient déjà depuis l’extérieur. Et, si c’est propre et fleuri, ils se disent que les gens chez qui ils vont font attention à eux. Avec le Permis de planter, c’est notre culture réunionnaise que l’on remet en avant. »

Cette démarche novatrice s’inscrit dans un objectif plus large de transformation écologique de la Ville de Saint-Denis, qui a vocation à améliorer le bien-être des Dionysiennes et des Dionysiens en renforçant la place de la nature en milieu urbain. « Chérir, fleurir, embellir, verdir, nourrir… vivre tout simplement. Le Permis de planter va dans la continuité de ce que nous véhiculons comme valeurs depuis le début de la mandature : construire une Ville Verte, qui respire et où il fait bon vivre », souligne Éricka Bareigts.

De petits panneaux vont ainsi fleurir à travers la ville pour indiquer l’emplacement de ces petits coins de nature de proximité, où il sera possible de jardiner des arbres aromatiques. Les jardiniers dotés du permis sont invités à laisser libre cours à leur imagination tout en respectant un passage disponible sur les trottoirs d’au moins 1,40 mètre pour ne pas gêner les autres usagers de l’espace public. « Le Permis de planter, c’est très intéressant, car on va autoriser les gens à planter des fleurs, des tisanes et des arbres endémiques devant chez eux. Ils vont ainsi participer à la vie de leur quartier, à l’embellissement de leur ville », s’enthousiasme Jean-Alexandre Poleya, élu délégué à la Ville Plantée.

UN PROCESSUS SIMPLE ET OUVERT À TOUS

i n SC ription : les majeurs dionysiens, désireux d’entretenir un espace vert à proximité de leur domicile, peuvent s’inscrire en ligne ou retirer un dossier à la mairie ou en mairie annexe.

validation : la mairie évalue la demande et peut, si nécessaire, organiser une visite de terrain.

obtention du perMiS : une fois le permis accordé, les bénéficiaires peuvent débuter leurs plantations.

Inauguration du Permis de planter le 26 septembre 2024 par la maire Éricka Bareigts, dans le quartier de Petite-Île. © Ville de Saint-Denis

TÉMOIGNAGE

CLAUDINE POUNOUSSAMY DERRIEN, DIRECTRICE GÉNÉRALE ADJOINTE VILLE ÉCOLOGIQUE

À LA VILLE DE SAINT-DENIS

« Avec 1 083 habitants / km2, la densité de population de Saint-Denis est élevée. De ce fait et pour faire face au changement climatique, il y a un véritable enjeu à trouver un équilibre entre la vie en milieu urbain et notre environnement, notre patrimoine végétal. Le Permis de planter s’inscrit dans la palette des projets de végétalisation de la ville. Nous avons voulu stimuler et développer des initiatives qui existent déjà spontanément, par exemple à Petite-Île, Marcadet, Vauban ou Montgaillard, en instaurant quelque chose de plus formel, pour que les citoyens soient reconnus dans leur contribution. »

SIX BONNES RAISONS DE CONTRIBUER À L’EMBELLISSEMENT DE LA VILLE

• Être acteur de son cadre de vie

• Embellir sa rue

• Créer du lien social

• Œuvrer pour la biodiversité

• Réduire les îlots de chaleur

• Assainir l’air

À QUOI S’ENGAGENT LES DÉTENTEURS DU PERMIS DE PLANTER ?

• Ne pas utiliser de désherbant chimique

• Respecter la végétalisation déjà existante

• Exclure le plastique pour les pots et jardinières

• Choisir des végétaux adaptés au climat, résistants et, de préférence, d’origine locale

• Limiter sa consommation d’eau en récupérant les eaux de pluie ou en favorisant le paillage

• Ne pas cultiver d’aliments dédiés à la consommation humaine au ras du sol pour des raisons sanitaires

Le Permis de planter permet aux Dionysiens de devenir jardiniers sur divers espaces libres d’occupation et de végétaliser la capitale sous des formes variées : plantations en pleine terre, sur des espaces enherbés ou en friche, en jardinières mobiles, ou toute autre forme laissée à l’initiative et à la créativité du jardinier.

Le Permis de planter permet à chacun d’embellir et entretenir son espace de vie proche, tout en respectant le bon usage de la rue. Vous avez, devant chez vous, un espace délaissé, le pied d’un arbre, un trottoir qui ne demande qu’à être fleuri ? Votre rue vous paraît trop bétonnée et vous souhaitez l’égayer ? Le Permis de planter est fait pour vous ! © Ville de Saint-Denis

UN SENTIER IMMERSIF POUR DÉCOUVRIR

LA RÉSERVE NATURELLE DE L’ÉTANG

SAINT-PAUL

l e 17 S e P te M bre , c yrille M elchior , P ré S ident du d é P arte M ent de l a r éunion , inaugurait un Parcour S inédit P er M ettant à tou S le S P ublic S d ’ effectuer , S ur un P latelage en boi S , une boucle longue de 600 M ètre S dan S le P éri M ètre de la ré S erve r etour S ur le P rojet

PRÉSERVER ET VALORISER LES

ESPACES NATURELS DÉPARTEMENTAUX

Propriétaire de plus de 100 000 hectares d’espaces naturels et forestiers – 40 % de la superficie de l’île – le Département de La Réunion est le chef de file du réseau des gestionnaires d’Espaces naturels sensibles (ENS) et le principal financeur de la gestion de la forêt et des milieux naturels réunionnais. Chaque année, il consacre plus de 20 millions d’euros à la préservation et la valorisation de ce patrimoine exceptionnel. La Collectivité départementale s’attache, avec l’ensemble de ses partenaires, à rendre les espaces naturels accessibles et à favoriser leur appropriation par les visiteurs grâce à des aménagements dédiés : belvédères, aires d’accueil, itinéraires de randonnée, sentiers botaniques, etc.

UN ESPACE NATUREL SENSIBLE

D’IMPORTANCE INTERNATIONALE

Parmi ces sites patrimoniaux, la Réserve naturelle de l’Étang Saint-Paul – de 447 hectares, dont 40 % appartiennent au Département – héberge la plus grande zone humide littorale protégée de La Réunion et des Mascareignes. Labellisé Ramsar, ce réservoir de biodiversité est reconnu d’importance internationale. On peut y rencontrer le héron strié, la poule d’eau, le papangue, mais aussi l’anguille du Mozambique ou encore la loche des sables...

Cette réserve, site fragile d’une extrême richesse, représente depuis plus de 30 ans une zone prioritaire d’intervention du Département au titre de sa politique des Espaces Naturels Sensibles. En effet, l’Étang SaintPaul, en zone périurbaine, subit les conséquences directes de l’urbanisation, des remblaiements, des pollutions, des espèces invasives, du braconnage et des incendies. Au début du XXe siècle, on comptait 130 hectares de surface en eau, contre 14 seulement aujourd’hui !

Une zone humide essentielle qui permet de maintenir un équilibre, notamment dans la prévention des dangers naturels, puisqu’elle limite le risque d’inondation en cas de fortes pluies en retenant l’eau qu’elle restitue en période de sécheresse.

Une richesse naturelle, mais également culturelle, puisque l’Étang Saint-Paul, c’est aussi le berceau du peuplement de La Réunion avec de nombreux vestiges comme la Grande Maison de Savanna, le moulin à eau, la poudrière, l’usine sucrière…

RENDRE ACCESSIBLE À TOUS

CET ESPACE NATUREL REMARQUABLE

Désireux de valoriser et de rendre facile d’accès ce lieu d’exception à tous les publics, y compris aux personnes à mobilité réduite (PMR), le Département de La Réunion a engagé des travaux afin d’y réaliser un sentier d’interprétation, la « Boucle des viviers ».

Ainsi, en 2019-2020, une première phase a consisté à créer des places de parking PMR, à mettre en accessibilité le sanitaire existant et à aménager une aire de pique-nique adaptée à tous. Puis, la deuxième phase de travaux, étalée sur 2023-2024, a permis d’aménager un sentier d’interprétation accessible à l’ensemble des visiteurs, composé d’un platelage en bois fixé sur des passerelles en structure métallique. Le coût total du projet a été chiffré à 2 040 000 euros. €

Afin d’accompagner l’immersion des visiteurs dans le milieu, le sentier a été agrémenté de plateformes d’observation de la faune et de la flore, équipées de mobiliers d’interprétation scénographique sous forme de pupitres thématiques. L’installation de ces mobiliers s’est achevée en août 2024. Elle sera complétée dans un second temps par un outil multimédia destiné à offrir une visite autoguidée du parcours.

+ d’info ici : L’inauguration du sentier immersif

TÉMOIGNAGES

CYRILLE MELCHIOR, PRÉSIDENT DU DÉPARTEMENT DE LA RÉUNION

OLIVIER DE GERUS, CHARGÉ D’OPÉRATIONS AU DÉPARTEMENT DE LA RÉUNION

« C’est un espace dédié au bien-être. Nous avons investi près de deux millions d’euros, avec le soutien de l’Europe, pour que cet espace remarquable, unique au monde, soit accessible aux familles et aux personnes à mobilité réduite. Et tout cela a été fait dans le respect de la biodiversité. Le volet environnemental a été omniprésent lors de la conduite de ce projet d’aménagement ambitieux. Je suis convaincu que ce sentier immersif saura renforcer encore davantage l’attractivité de la Réserve, et permettre aux Réunionnais de profiter d’un lieu calme et paisible, au cœur même de Saint-Paul, offrant un espace d’évasion et de respiration pour ceux qui le souhaitent. »

« Je suis fier d’avoir piloté ce projet initié par notre direction du Tourisme et des Espaces naturels, dans une zone à fort enjeu écologique sans impacter l’écosystème delaréserve.Desmesuresdeprotectiondesmilieuxont été mises en place telles que la réalisation des travaux en saison sèche et hors période de nidification des oiseaux, l’évitement des secteurs et espèces protégés, l’accompagnement et la formation des ouvriers, ainsi que le suivi des travaux par un écologue expert, la gestion des déchets et des nuisances sonores. Ces travaux ont fait appelàunetechniqueinnovante:desmicro-pieuxvissés dans le sol marécageux à des profondeurs allant de deux à six mètres pour supporter l’ouvrage. »

Pascal Hoarau, directeur de la Réserve de l’Étang Saint-Paul et Cyrille Melchior, président du Département. | Coupure de ruban par Cyrille Melchior.
Rédaction

DES ÉCOSYSTÈMES MARINS INSOUPSONNÉS AUX

ABORDS DU GRAND PORT MARITIME DE LA RÉUNION

danS le cadre deS journéeS euroPéenneS du PatriMoine 2024 et de Son Plan d’aMénageMent et de d évelo PP e M ent d urable (Pa 2 d ), le g rand P ort M ariti M e de l a r éunion ( g PM dlr ) a eu le P lai S ir d ’ inviter de S jeune S à une M atinée exce P tionnelle dédiée à la découverte du Patri M oine naturel M arin ob S ervable P rè S de S S ite S de P ort r éunion

Ouvert sur le Port Ouest et l’océan, le jardin de l’une des Maisons des Ingénieurs, inscrit au titre des Monuments historiques, a accueilli cet événement culturel le 20 septembre au matin, dans ses espaces qui, depuis trois ans, verdissent au rythme de la restauration agroécologique menée sur le site par le GPMDLR.

FAIRE DÉCOUVRIR AUX JEUNES

LE PATRIMOINE NATUREL MARIN DE L’ÎLE

Cette matinée a permis de valoriser auprès du jeune public présent le patrimoine historique du port, tout en diffusant des connaissances sur la biodiversité peuplant les eaux à proximité. Au contact de spécialistes du milieu marin, les jeunes ont eu la chance d’entrevoir des écosystèmes insoupsonnés récemment découverts devant les sites du domaine portuaire.

Près d’une centaine d’élèves de CE2, collégiens, lycéens d’établissements de la Ville du Port ont ainsi répondu présents à l’invitation, issus de l’école élémentaire Francis Rivière, du collège Titan, du lycée Léon de Lépervanche et de l’ALEFPA – l’Association laïque pour l’éducation, la formation, la prévention et l’autonomie. Avec leurs accompagnants, ils ont visité tour à tour les stands animés par les partenaires du Grand Port Maritime : le musée régional Kélonia et les associations locales Globice, la SEOR (Société d’études ornithologiques de La Réunion), Abyss, Les Petits Débrouillards de La Réunion, tous réunis autour de la préservation de la faune marine.

La dynamique équipe PA2D – Plan d’Aménagement et de Développement Durable – du GPMDLR, qui s’investit volontairement en faveur du développement durable au sein du port a, quant à elle, proposé des ateliers créatifs aux plus jeunes sur l’Océan.

Ci-dessus : arrivée des classes sur le site des Maisons des Ingénieurs, au Port Ouest. | Dessins réalisés par les enfants durant la matinée.

Animation d’ateliers créatifs pour les plus petits par l’équipe PA2D. | Un autre moment fort de la matinée a été la restitution de « fonnkèr » (« poème » en créole) sur le thème de la mer et du port, créé spécialement pour cette occasion par les élèves du lycée Léon de Lépervanche.

Stand d’Abyss, experte en éthologie et bioacoustique des cétacés.

L’objectif de cette matinée était de faire découvrir aux jeunes la richesse du patrimoine marin de La Réunion et de les sensibiliser à l’importance de sa connaissance et de sa préservation, un pari réussi !

De haut en bas : stand de la SEOR pour la protection des oiseaux marins. | Stand des Petits Débrouillards et ses expériences scientifiques.

Rédaction
Chaurand
Stand de Kélonia, centre de soins consacré aux tortues marines. | Stand de Globice, ONG dédiée à la conservation des cétacés de La Réunion.

L’IFRECOR VALORISE LA RENCONTRE

ENTRE L’ART ET LES RÉCIFS CORALLIENS

l ’ i nitiative françai S e P our le S récif S corallien S ( ifrecor ) contribue de P ui S P lu S de 10 an S à de S P rojet S au croi S e M ent de la S cience et de S art S , en encourageant de S action S P édagogique S et culturelle S P our une M eilleure S en S ibili S ation du jeune P ublic

Le Plan d’actions pour la protection des récifs coralliens des outre-mer français, mis en œuvre en coordination avec l’IFRECOR, fait de la communication et de la sensibilisation un axe majeur de la protection des récifs coralliens et des écosystèmes associés.

DÉCOUVRIR, IMMERGER, TRANSFORMER

Parmi les très nombreuses actions de sensibilisation soutenues par l’IFRECOR, plusieurs projets culturels à vocation pédagogique ont été accompagnés dans le sud-ouest de l’océan Indien. Pilotés par l’Institut de recherche pour le développement (IRD), des outils de sensibilisation ont été conçus dès 2011 et réunis dans la mallette pédagogique MARECO dédiée aux enfants de 5 à 11 ans, et dont le graphisme s’avère particulièrement travaillé.

Cette mallette a été utilisée au sein d’écoles de l’océan

Indien 1 (Comores, Madagascar, Maurice, Mayotte, Seychelles, Réunion, Kenya, Tanzanie) dans le cadre de projets dont PAREO, « Patrimoine récifal de l’océan Indien entre nos mains ». Ce programme porte une attention particulière à la transmission. Il apporte, en premier lieu, des connaissances aux enfants grâce aux trois jeux contenus dans la mallette :

• un album de collage-coloriage, dans lequel le polype Polly invite les enfants à découvrir son milieu de vie et les menaces qui pèsent sur lui ;

• un jeu de sept familles sur la biodiversité récifale ;

• un jeu de plateau, où les usagers du récif corallien (pêcheurs, plongeurs, gestionnaires, riverains) doivent s’entraider et gérer le récif ensemble.

Les enfants sont ensuite emmenés sous l’eau pour se connecter véritablement avec le milieu marin, avant de réaliser une création artistique pour « transformer » toutes ces connaissances et les partager auprès d’un large public, avec leur propre sensibilité 2

Mallette pédagogique MARECO. © DR | Spectacle « Récif » cocréé par la compagnie Théâtre des Alberts et l’IRD.

FAIRE VIVRE DES ÉMOTIONS

Un spectacle jeune public de marionnettes a par ailleurs été cocréé par le Théâtre des Alberts à La Réunion et l’IRD. La pièce « Récif » – théâtre de marionnettes et vidéo sous-marine – qui est nourrie d’informations scientifiques, sensibilise à la préservation de l’environnement en faisant appel aux émotions du public. Et en plus de cette pièce à la scénographie pointue, une version plus mobile du spectacle a vu le jour afin d’être transportée au plus près des publics et dans les pays du Sud.

1 Et également dans le Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Vanuatu) et dans l’Hexagone. | 2 La jolie chanson « Si sa lé vré » (à écouter ICI ) a par exemple été coécrite avec l’artiste réunionnais Davy Sicard et les élèves de l’école primaire Estella Clain à Saint-Leu.

© LeStudioÉphémère

INTERVIEW

PASCALE CHABANET, DIRECTRICE DE RECHERCHE À L’IRD, SPÉCIALISTE EN ÉCOLOGIE DES POISSONS RÉCIFAUX

• Comment est née votre envie de travailler à la croisée des arts et de la science ?

- Il y a 30 ans, au début de ma carrière, la dégradation des récifs coralliens était déjà un sujet préoccupant. Malgré les alertes scientifiques, la tendance ne s’est pas inversée. J’ai voulu transmettre mes connaissances autrement et partager ma passion pour ces écosystèmes avec les jeunes. C’est ainsi qu’est née la mallette pédagogique MARECO, fruit de la collaboration entre cinq femmes 3 . Nous avons veillé à ce que les jeux allient rigueur scientifique et attrait graphique afin de capter l’intérêt des enfants. Ce projet représente une première étape dans ma volonté de lier les arts et les sciences pour sensibiliser à la protection des récifs coralliens.

• Pensez-vous que l’art puisse être au service de la protection de l’environnement ?

- Je suis convaincue que nous pouvons communiquer autrement sur la protection de l’environnement, pas uniquement de manière anxiogène. L’état de notre planète est inquiétant certes, mais la magie existe toujours, il y a encore de l’espoir. À mon sens, l’art est un vecteur idéal pour redonner cet espoir : il peut toucher un public plus large, l’émerveiller et l’inciter à agir.

C’est l’une des clés de voûte du programme PAREO, qui donne aux enfants le pouvoir d’agir et de s’investir à travers l’ébauche d’une création artistique.

• Le rôle de l’IFRECOR tout au long de ces années ?

- L’IFRECOR fait partie de l’aventure depuis plus de 10 ans ! Elle nous a accompagnés dès le début, notamment dans la période difficile de création de la mallette MARECO, quand peu de personnes croyaient à ce projet. Plus tard, l’IFRECOR nous a aidés à rééditer la mallette et nous permet aujourd’hui d’en diffuser les contenus en accès libre via son site internet. C’est une vraie avancée pour l’outil, ça lui donne une visibilité qu’il n’avait pas jusqu’alors. Tout le monde peut récupérer les fichiers et éditer la mallette, que ce soit par exemple dans l’océan Indien et la Caraïbe, où elle a été récemment adaptée avec des espèces locales !

+ d’info ici : La mallette pédagogique MARECO

RÉUNION DU COMITÉ NATIONAL DE L’IFRECOR DU 18 AU 21 NOVEMBRE 2024

L’événement aura lieu cette année au ministère des Outre-mer à Paris. Ce comité élabore notamment le programme d’actions national et assure le suivi des projets dans les collectivités ultramarines abritant des récifs coralliens et leurs écosystèmes associés, mangroves et herbiers : Guadeloupe, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Martinique, La Réunion, Mayotte, Guyane, les îles Éparses (TAAF), Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, Polynésie française.

Portrait
Labbouz
En haut : jeu de sept familles de la mallette MARECO. | Ci-dessus : jeu de plateau. © IRD / Célia Esnoult | 3 Pascale Chabanet, Jocelyne Ferraris, Alejandra Galvis, Laurence Ramon & Isabelle Ritzenthaler.
Photo : © IRD / Stéphanie Carrière

DES TRAVAUX POUR UN NAVIRE PLUS PERFORMANT ET

ÉCONOME

au Port, le Palangrier caP KerSaint, aPPartenant à c aP b ourbon, connaît une Moderni Sation technique de grande aMPleur ceS travaux, réaliSéS en collaboration avec leS chantierS Piriou, viSent à oPtiMiSer l’efficacité énergétique du navire et à aMéliorer la qualité deS ProduitS PêchéS

Construit il y a neuf ans pour affronter les eaux glaciales des îles Kerguelen et Crozet, le Cap Kersaint se distingue par son design unique, intégrant une rampe arrière et un « moon pool ». Il est équipé d’une propulsion diesel/électrique qui optimise la consommation d’énergie tout en réduisant son empreinte carbone, conformément aux ambitions élevées de Cap Bourbon de limiter son impact sur l’environnement.

UN CHANTIER PEU COURANT SUR L’ÎLE

Habituellement en mer pour la pêche à la légine en cette saison, le Cap Kersaint est actuellement à quai à La Réunion pour un arrêt technique débuté en août, visant principalement à moderniser son installation frigorifique et la partie usine, où le poisson est découpé, conditionné puis surgelé. Cette mise à niveau des équipements de surgélation permettra un traitement plus rapide des prises, améliorant ainsi leur qualité tout en réduisant la consommation d’énergie lors des longues campagnes dans les Terres australes.

Ces travaux, peu fréquents à La Réunion pour un navire de cette taille, illustrent l’engagement de l’armement réunionnais Cap Bourbon à renforcer la durabilité et la performance de ses opérations.

Le chantier sur le Cap Kersaint a prévu le remplacement des compresseurs – les machines vertes à droite sur la photo –ainsi que la réfection complète des « tunnels » de surgélation.

LE DODO PALMÉ, UN CLUB DE PLONGÉE SOUCIEUX DU BIEN-ÊTRE DES BALEINES

Structure créée en 2004 et baSée au Port , le d odo PalMé ProPoSe de PaSSer touS leS niveaux de P longée et offre , en tant qu ’ école de navigation , accè S aux P er M i S côtier et hauturier

Pendant la S ai S on , il organi S e au SS i de S randonnée S aquatique S à la découverte de S baleine S

Chaque année de juillet à octobre, les baleines à bosse s’approchent des côtes réunionnaises après un voyage de 5 000 à 7 000 kilomètres depuis les zones de nourrissage en Antarctique, pour s’accoupler et mettre bas. Afin d’aller à leur rencontre, le Dodo Palmé propose des randonnées en palmes, masque et tuba – départ en bateau du Port pour une durée d’environ 3h30 – encadrées par des professionnels de la plongée loisir. Des bénévoles de l’association TENDUA pour la sauvegarde de la biodiversité participent également à ces sorties, en partageant leurs connaissances avec les plongeurs.

UNE APPROCHE RESPECTUEUSE

DES MAMMIFÈRES MARINS

Pour cette saison 2024, le Dodo Palmé a mis un terme aux randonnées subaquatiques avec les baleines dès le 15 septembre, « afin de respecter ces magnifiques créatures et de réduire la pression exercée par les bateaux sur les dernières baleines présentes ».

TÉMOIGNAGE

EMMANUEL ROTHÉ, GÉRANT DU CLUB DE PLONGÉE DODO PALMÉ

« Je suis aussi vice-président de la filière Mer du Sypral, Syndicat des professionnels des activités de loisirs. Dans ce cadre, nous avons préparé pour la Préfecture des propositions pour réduire la pression sur les baleines. Un autre projet me tient à cœur en cette fin d’année : nous allons tenter de battre le record du monde de la plus longue chaîne humaine immergée. Objectif : 630 plongeurs s’étirant sur 500 mètres, pour montrer au monde la beauté du vivre ensemble à La Réunion ! »

MAYOTTE

L’ÉROSION, NOUVEAU DÉFI POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE DE MAYOTTE

S elon une étude P ubliée le 14 août dernier dan S la revue Science advanceS, la P re SS ion dé M ogra P hique et la défore S tation qu ’ elle engendre M enace la ca Pacité de l ’ île à S ubvenir à S e S be S oin S ali M entaire S et en eau P otable , déjà S ou S P re SS ion .

C’est un énième défi que devra relever Mayotte pour assurer sa souveraineté alimentaire. L’étude publiée le 14 août dans la revue Science Advances, par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (CEA-CNRS) dresse un tableau alarmant des menaces liées à l’érosion des sols de l’île.

Réalisée dans le cadre d’un projet plus vaste de lutte contre l’érosion, l’étude montre que l’accroissement de la déforestation liée à la pression démographique menace à court terme l’agriculture et l’approvisionnement en eau potable.

Depuis la départementalisation du territoire en 2011, Mayotte a vu sa démographie, déjà en augmentation constante depuis les années 2000, exploser. Et ce notamment en raison de l’immigration irrégulière provenant des Comores et de Madagascar dont les ressortissants sont attirés par les perspectives économiques et sociales de l’île, désormais française au même titre que l’Hexagone. L’Insee estime que Mayotte – d’une superficie de 374 km 2 – compte 321 000 personnes contre 212 600 en 2012.

MUTATION DES PRATIQUES AGRICOLES

En conséquence, l’urbanisation anarchique et le défrichement sauvage à des fins agricoles ne cesse de grignoter les espaces forestiers. « On observe que la pratique traditionnelle du jardin mahorais, un modèle agroforestier, tend à disparaître au profit de cultures plus intensives où le sol est à nu toute l’année, ce qui va faciliter les phénomènes d’érosion pendant la saison des pluies », détaille Anthony Foucher, chercheur au LSCE et coauteur de l’étude.

À cette période, les sols mis à nus sont lessivés et les sédiments, portés par les pluies, finissent leur course en aval jusque dans le lagon de Mayotte ou au fond des deux retenues collinaires de Grande-Terre, qui couvrent environ 80 % des besoins en eau potable de l’île. « Cet apport de sédiments va envaser le réservoir et diminuer sa capacité de stockage, dans un contexte où Mayotte connaît déjà de graves crises de l’eau », complète son collègue Olivier Evrard en référence aux récentes pénuries, causées à la fois par les fortes sécheresses de ces dernières années, l’augmentation des besoins et la vétusté des réseaux.

:

et mise en place de monoculture de banane sur le bassin versant de Dzoumogné, pour lutter contre l’érosion des sols. © Olivier Evrard | Dans le cadre de cette étude financée par l’Europe, l’État, l’ARS de Mayotte et le BRGM, collecte de carottes sédimentaires dans la retenue de Dzoumogné, l’un des principaux réservoirs de l’île destiné à l’alimentation en eau potable. © LSCE

Bien qu’il s’agisse d’une conséquence encore peu étudiée, ce phénomène risque également d’altérer la qualité de l’eau en raison des pesticides ou des métaux lourds contenus dans les sédiments qui pourraient contaminer l’eau des réservoirs.

PERTE DE TERRES AGRICOLES

Au-delà des tensions sur l’eau, le problème est aussi d’ordre alimentaire. À terme, une partie des sols défrichés risquent de perdre l’ensemble de la couche organique qui les rend fertile, et ce à un horizon de « quelques années », interpelle Anthony Foucher.

Enfin, ces changements d’usage des sols ont un impact sur la très riche biodiversité mahoraise tant dans le lagon, que dans la forêt.

Au rythme de défrichement actuel (1,2 % par an), celle-ci aura totalement disparu en 2070, privant d’habitat de nombreuses espèces endémiques à l’image du célèbre maki de Mayotte. Comme dans le reste du monde, la déforestation amplifie par ailleurs

le risque de catastrophes naturelles comme les inondations ou les glissements de terrain.

Si la dégradation des sols et la déforestation sont depuis longtemps visibles dans le paysage mahorais, cette étude, qui se base principalem ent sur la réalisation d’un carottage sédimentaire au niveau de la retenue collinaire de Dzoumogné, dans le nord de l’île, a permis pour la première fois de saisir l’ampleur et la rapidité de l’érosion. Ainsi, au moment de la poussée démographique post-départementalisation, entre 2011 et 2015, celle-ci s’est accélérée de 300 %. Après un ralentissement lié à des baisses de précipitations, la phase érosive s’est à nouveau accélérée entre 2019 et 2021.

Face à ce défi, les auteurs de l’étude appellent à des « mesures de conservation », comme le basculement vers un modèle agricole à la fois productif et maintenant un couvert forestier, dont l’inspiration est à chercher du côté du jardin mahorais. Le BRGM mène actuellement des expérimentations en ce sens.

Rédaction : Enzo Dubesset

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déforestation

LE CARIBUS, PREMIER RÉSEAU DE TRANSPORT

COLLECTIF INTERURBAIN DE MAYOTTE

Porté Par la coMMuniauté d ’aggloMération de MaMoudZou-deMbéni (cadeMa) dePuiS 2016, c aribu S e S t le P re M ier ré S eau de bu S à haut niveau de S ervice S ( bhn S) de M ayotte . S a P re M ière tranche , P a SS a M ainty - b aobab , S era livrée début 2025. c aribu S S ’ a PP rête ain S i à tran S for M er le S dé P lace M ent S S ur l ’ île , en favori S ant un M ode de vie P lu S durable

Premier réseau de transport collectif interurbain du territoire, Caribus déploiera ses quatre lignes de bus dans l’ensemble de la Communauté d’agglomération de Mamoudzou-Dembéni (Cadema) dont en particulier le grand Mamoudzou, qui connaît au fil des ans une problématique croissante d’engorgement de son trafic routier. Caribus a vocation à diminuer de manière significative les temps de trajets au sein de la Cadema, afin d’apporter un meilleur confort de vie aux usagers.

Loin de se réduire à l’implantation d’un simple réseau de bus, Caribus, dont le budget s’élève à 250 millions d’euros, est un ambitieux projet d’aménagement du territoire, qui englobe aussi bien la réfection des voiries, que le dévoiement des réseaux et canalisations, l’aménagement de parkings relais, ou encore la création d’espaces verts, de pistes cyclables et de zones piétonnes. Ce grand projet, qui arrivera à son terme en septembre 2027, offrira ainsi une alternative viable à la voiture individuelle en développant un service de transports publics intégrés, comprenant divers moyens

PRÈS DE 10 000 VOYAGEURS PAR JOUR

ATTENDUS SUR LES LIGNES CARIBUS À L’HORIZON DE SEPTEMBRE 2027 !

de locomotion, dont des modes actifs comme la marche et le vélo. Deux parcs relais au nord et au sud de Mamoudzou, et trois pôles d’échange multimodal – parking de la barge, Hauts Vallons et Passamainty – ont été intégrés au projet pour connecter différents modes de transport et faciliter les correspondances. Caribus s’inscrit aussi dans une logique de connexion avec les transports collectifs interurbains gérés par le Département de Mayotte – dont les futures lignes maritimes – de façon à garantir une mobilité fluide et efficace à l’échelle de l’ensemble du territoire.

Le réseau Caribus permettra de limiter les pollutions liées aux émissions d’échappement de monoxyde de carbone, ainsi qu’aux déchets issus de la production automobile et à leur traitement en fin de vie.

TÉMOIGNAGES

LUDOVIC MIHAI, DIRECTEUR MOBILITÉS DE LA CADEMA

« Fin 2027, quatre lignes stratégiques se déploieront de part et d’autre de la Cadema : des Hauts-Vallons à Passamainty, avec une extension jusqu’à Iloni au sud et Vahibé à l’ouest, et un itinéraire dans les hauteurs de la zone urbaine de Mamoudzou. Le maillage de Caribus a été pensé pour couvrir l’intégralité de notre communauté d’agglomération, y compris des villages reculés comme Ongojou, pour offrir la mobilité à tous les administrés, que ce soit en bus ou à vélo. Un petit mot sur les taxis, qui ont longtemps fait office de transports en commun sur l’île, en leur absence. C’était un pansement sur une grosse blessure, mais on ne les a pas oubliés. Nous allons associer les taxis au bout des lignes, sur le dernier kilomètre restant à parcourir pour que les usagers puissent rejoindre leurs domiciles depuis les stations de transports collectifs.

Enfin, à Mayotte, il y a une volonté politique forte de préserver le côté très naturel de l’île et Caribus est un projet qui s’inscrit résolument dans cette transition écologique du territoire. »

BADROU RADJAB, 4 E VICE-PRÉSIDENT DE LA CADEMA DÉLÉGUÉ À LA MOBILITÉ

« La première tranche du Caribus sera livrée début 2025, nous en sommes très heureux ! Les usagers pourront relier Passamainty au rond-point du Baobab sur une voie prioritaire, entièrement dédiée aux bus. En attendant, nous avons mis en place depuis décembre 2022 un service de navettes gratuites pour réduire les embouteillages aux abords du chef-lieu, avec des parkings relais à Hajangoua, Passamainty et Tsararano. Environ 3000 personnes utilisent chaque jour ces navettes, ce qui illustre leur succès.

Caribus a été imaginé en 2010 par la commune de Mamoudzou. Malgré des regards politiques différents, nous avons fait cause commune. C’est la force de ce projet immense, très innovant pour les communes de Mamoudzou et Dembéni, et qui va révolutionner le déplacement à Mayotte. Enfin, nous travaillons avec les autres intercommunalités de l’île, qui souhaitent elles aussi moderniser leurs modes de transport, pour faire en sorte que les déplacements des Mahorais soient à l’avenir le plus fluide et rapide possible. »

Stand exposant les étapes du projet Caribus. © Cadema | Plan 3D du futur site de maintenance et de remisage (SMR) des bus, qui sera équipé de panneaux photovoltaïques. « Les façades arc-en-ciel dynamisent le site et confèrent une dimension visuelle vibrante à l’ensemble. » © Richez Associés

L’AFD, UN ACTEUR CLÉ POUR RÉSOUDRE

DURABLEMENT LA « CRISE DE L’EAU » À MAYOTTE

l a di SP onibilité de l ’ eau e S t un P roblè M e M ajeur P our le territoire de M ayotte , S ou M i S au change M ent cli M atique et à une croi SS ance dé M ogra P hique forte d an S ce contexte , l ’ a gence françai S e de dévelo PP e M ent ( afd ) acco MPagne S ur l ’ île le S collectivité S de façon à a PP orter de S ré P on S e S à court et long ter M e à la P o P ulation

L’année 2023 a vu Mayotte plonger dans une crise de l’eau majeure : du fait d’un très faible niveau de pluviométrie, le territoire a dû faire face à l’une des plus grandes pénuries en eau de son histoire, avec un impact sévère sur la population. Aujourd’hui, alors que les réserves sont reconstituées, l’eau ne reste disponible qu’environ deux jours sur trois pour les Mahorais, et pour cause : la capacité de production de l’île plafonne à 40 000 m3 par jour, pour une consommation de 44 000 m3

ACCOMPAGNER LES INVESTISSEMENTS STRUCTURANTS À COURT TERME

L’AFD soutient le syndicat Les Eaux de Mayotte (LEMA) dans le cadre d’un contrat de progrès sur la période 2022-2026, mais aussi du Plan Eau Mayotte qui vient le renforcer afin d’accélérer les investissements, améliorer les performances du service d’eau potable et déployer un service d’assainissement performant. Concrètement, l’AFD contribue à un vaste programme

d’investissement de l’ordre de 700 millions d’euros, via un premier prêt de 25 millions d’euros et nombre de préfinancements de subventions. Cela permet de financer, à court terme, la recherche et la mise en place de solutions de production d’eau potable : résorption des fuites, campagnes de forages, projet de construction d’une usine de dessalement ou d’une nouvelle retenue collinaire, etc.

DÉPLOYER DES STRATÉGIES À LONG TERME

L’Agence contribue également au renforcement des capacités de LEMA, en finançant notamment la mise à disposition d’un expert sur le pilotage financier. L’AFD s’attache aussi à encourager une vision durable et intégrée de la ressource en eau, qui passe par la préservation des milieux naturels – notamment des forêts – ou encore par le recours, pour certains usages, aux eaux usées issues des stations de traitement ou aux eaux de pluie.

INTERVIEW CROISÉE

ROMAIN CHABROL, DIRECTEUR ADJOINT DE L’AGENCE AFD DE MAYOTTE, ET CÉLINE DEBRIEU-LEVRAT, DIRECTRICE DE PROJET

EAU POTABLE MAYOTTE, INSPECTION

GÉNÉRALE DE L’ENVIRONNEMENT ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

• Comment accompagner au mieux le territoire d’un point de vue institutionnel ?

Céline Debrieu-Levrat - La première conférence de suivi du Plan Eau Mayotte 2024-2027 s’est d’ailleurs tenue le 17 septembre et a permis de présenter ce programme à plus de 200 contributeurs. Le Plan Eau Mayotte a été pensé comme un véritable projet de reconstruction du service public de l’eau et de l’assainissement. Il s’est basé sur les documents d’urbanisme du territoire existants, mais aussi sur les retours d’expérience issus de la crise de 2023.

Ce plan prévoit notamment l’approfondissement

de la gouvernance, qui est d’ores et déjà engagée avec, par exemple, la réactivation du Comité Eau et Biodiversité (CEB) il y a quelques semaines.

Romain Chabrol - La gouvernance de l’eau fait l’objet d’une mobilisation de tous les acteurs, élus, services de l’État, société civile, en vue d’une mise à niveau. Dans la continuité du CEB, un Office de l’eau vient d’ailleurs d’être créé à Mayotte le 15 octobre : il jouera un rôle essentiel, comme une agence de bassin en métropole, pour faciliter les actions d’intérêt commun dans le domaine de la gestion durable de l’eau.

• Est-il possible de garantir une sortie de crise durable, sur le long terme ?

Romain Chabrol - Les investissements en cours à Mayotte, notamment ceux soutenus par l’AFD, sont des briques indispensables pour sortir de la crise de l’eau d’ici quelques années. Il faut pourtant penser dès aujourd’hui à des solutions à plus long terme, notamment au vu des pressions particulières sur l’eau liées au développement urbain et agricole de l’île.

Céline Debrieu-Levrat - Le Plan Eau Mayotte repose sur trois volets indissociables et interdépendants. Son troisième volet s’intéresse en particulier à l’adaptation du territoire au changement climatique. Il prévoit de miser sur la nature et la résilience des écosystèmes, en particulier grâce à la reforestation, qui améliore l’infiltration de l’eau dans les sols, ou au développement de projets de recherche innovants prenant en compte le grand cycle de l’eau.

ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT À MAYOTTE :

FAIRE FRONT ENSEMBLE !

b a S é à o uangani et lancé S ou S for M e a SS ociative en 2022, le r é S eau d ’ éducation à l ’ environneMent et au dévelo PPeMent durable de Mayotte (r éSeau eedd 976) regrou Pe le S acteur S du territoire dan S ce do M aine , P our changer le S co MP orte M ent S et le S P ratique S . l e c on S eil dé Parte M ental de M ayotte joue un rôle clé dan S la M i S e en œuvre de S P rojet S .

Association pluridisciplinaire, le Réseau EEDD 976 rassemble des associations, collectivités, entreprises, établissements scolaires, mais également des personnes individuelles qui agissent en matière d’éducation à l’environnement et au développement durable. Sa particularité est d’avoir des membres qui sont à la fois acteurs et bénéficiaires du réseau.

FAIRE ÉVOLUER LES COMPORTEMENTS À L’ÉGARD DE L’ENVIRONNEMENT

« Notre priorité est de faire changer le comportement de la population mahoraise pour une meilleure prise en compte de l’environnement et du développement durable. Nos missions s’articulent autour de quatre axes forts : la mutualisation des moyens et des compétences ; la diffusion des informations ; l’accompagnement des acteurs de terrain ; le développement de projets collectifs innovants et expérimentaux. La plus-value du réseau est de faciliter les échanges d’information entre les acteurs locaux concernés par les sujets que nous portons, de leur apporter les outils nécessaires pour qu’ils puissent agir sur le terrain », nous explique Manuella Grimault, sa directrice.

UNE MALLETTE DÉDIÉE AUX TORTUES

Élaborée à l’initiative des Naturalistes de Mayotte, du Rectorat et d’acteurs dont le Conseil départemental, une mallette pédagogique a été consacrée aux tortues marines. « Elle contient un livret de l’apprenant, un guide pour l’enseignant ou animateur, un jeu de sept familles et une clé USB avec une quarantaine de ressources. Ces mallettes sont disponibles dans nos locaux. Nous mettons ainsi à disposition des enseignants du premier et second degré, mais aussi des animateurs nature, des outils pédagogiques pour faire connaître les tortues au plus grand nombre dans un objectif de protection », précise la directrice.

REJOIGNEZ LES JEUNES MILITANTS !

Vous avez entre 12 et 25 ans ? Vous souhaitez vous investir pour l’intérêt général, vous impliquer dans la protection de l’environnement et agir pour votre territoire, assister à des conférences, des sorties terrain, créer des projets ?

+ d’info ici : https://reseaueedd976.com/

Le Village Nature Nomade s’invite régulièrement dans les établissements scolaires, pour proposer des animations autour de l’éducation à l’environnement. © Les Naturalistes de Mayotte| Oulanga na Nyamba fêtait l’année dernière ses 25 ans d’action. © Oulanga na Nyamba

TÉMOIGNAGES

MALIDE MOUHAMADI, COORDINATEUR ANIMATION, LES NATURALISTES DE MAYOTTE

« Les Naturalistes de Mayotte sensibilisent le public à la protection de l’environnement terrestre et marin de l’île. Connaître la richesse de notre territoire pour mieux le préserver, c’est essentiel ! Tous les ans, avec le Rectorat de Mayotte et la Direction des affaires culturelles, nous organisons les Rallyes du Patrimoine qui permettent aux classes du primaire au lycée, à travers trois parcours de course ou de promenade, de découvrir le patrimoine local, comme les champs d’ylang ylang et de vanille, le séchoir à coprah... Et d’ici la fin de l’année, se tiendra le Village Nature Nomade, qui réunira les acteurs de l’éducation à l’environnement sur plusieurs jours d’animations au sein de sept établissements scolaires, touchant de 20 à 30 classes. Il s’agira de sensibiliser les élèves sur des thèmes comme l’eau et la santé, les risques naturels, l’érosion du sol et l’envasement du lagon, etc. »

HADIDJATI MOHAMED, ANIMATRICE DE L’ASSOCIATION OULANGA NA NYAMBA

« Oulanga na Nyamba signifie “Environnement et Tortues” en shimaore. C’est une association engagée dans la conservation du patrimoine naturel mahorais. Ses actions de prévention et de sensibilisation visent à préserver l’environnement et en particulier les tortues marines, qui sont fortement menacées à Mayotte par le braconnage. Un de nos projets phares est la construction du futur centre de soins et de découverte des tortues marines, dont la première pierre a été posée en juillet 2023. Du nom de “Ka’z a Nyamba”, ce centre mettra en valeur la tortue marine comme symbole de notre patrimoine, et les tortues marines en détresse y seront soignées. Son musée doté d’outils ludiques et interactifs fera mieux connaître les tortues et montrera l’importance de leur préservation. Il nous aidera ainsi à renforcer nos actions de sensibilisation et d’éducation à l’environnement auprès du public. »

Rédaction : Sandrine Chopot

LES « OPEA », TÊTES PENSANTES DES ROTATIONS DU MARION DUFRESNE

a lor S que la P rochaine rotation du Marion dufreSne ver S le S t erre S au S trale S e S t P révue P our le 19 nove M bre , retour S ur le M étier aty P ique de chargé ( e ) de S o P ération S et de S e x P édition S a u S trale S ou , dan S le jargon , o P ea

Comme chaque année, à l’approche de l’été austral, le Marion Dufresne va entamer deux rotations consécutives, entre l’île de La Réunion et les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).

Une mission essentielle qui permet d’assurer la relève du personnel et de ravitailler les quatre bases scientifiques françaises présentes sur les îles Kerguelen, l’île Amsterdam et l’archipel des Crozet, ainsi que l’îlot de Tromelin. Ces rotations qui durent environ un mois sont coordonnées par un OPEA, pour « chargé des Opérations et des Expéditions Australes ».

Quelques semaines avant le départ, ces agents des TAAF se mettent en retrait de leur travail habituel et organisent, en fonction des besoins qui remontent des différents districts, des partenaires et des directions (Environnement, Technique, Médical, Cabinet, etc.), l’expédition à venir. Au-delà du ravitaillement

en nourriture et en gazole et des relèves de personnel, les bases ont par exemple des besoins de rénovation permanents du fait de la rigueur du climat

MISSIONS ENVIRONNEMENTALES OU ARCHÉOLOGIQUES

« Souvent, on a aussi des demandes plus particulières comme des missions concernant les sites archéologiques locaux ou tous les besoins liés aux programmes scientifiques comme l’envoi de personnel sur des sites isolés nécessitant l’hélicoptère affrété sur le Marion. Notre travail,c’estdefaireletrienfonctiondesprioritésetdes contraintes et de coordonner toutes ces demandes », résume Mariane Benoît, l’OPEA qui commandera la prochaine expédition – l’OP4, 4e opération portuaire de l’année – dont le départ est prévu le 19 novembre.

Ci-dessus : entourée de ses collègues, Mariane Benoît est ici sur la « DZ » (Drop Zone) de l’hélicoptère embarqué sur le Marion Dufresne pour effectuer diverses opérations. | Page suivante : Mariane Benoît, en compagnie de Matthieu Picci, mécanicien d’Hélilagon.

Rédaction : Enzo Dubesset

Tous les ans, les quatre OPEA attitrés doivent chacun organiser une rotation avec, à chaque fois, quelques spécificités. Ainsi, la première rotation de l’été austral, partie le 22 octobre, est essentiellement dédiée au volet scientifique et particulièrement aux recherches de l’Institut polaire Paul-Émile-Victor (IPEV) qui a, par exemple, la tâche d’entretenir les nombreux refuges nécessaires aux missions de terrain. À la suite de cette rotation, la population des TAAF est presque deux fois plus importante que d’ordinaire, car il s’agit du moment de la passation de savoirs entre les agents de terrain fraîchement débarqués et les anciens. Ceux-ci profitent ensuite de la dernière « OP » de l’année pour retourner chez eux, après avoir généralement passé 13 mois sur base

« CHAQUE ROTATION A SA COULEUR »

Les deux opérations qui suivent sont celles de marsavril et du mois d’août. La première, qui correspond à la fin de l’été austral, a surtout une vocation de ravitaillement pour préparer l’isolement de cinq mois qui s’ensuit. En août, la mission du Marion Dufresne prend un ton plus institutionnel avec la présence du préfet, le renouvellement des chefs de districts et la relève d’une partie du personnel. « Chaque rotation a un peu sa couleur, mais c’est toujours une expérience très intense aussi passionnante que fatigante puisque pendant un mois, on fait du 6 heures – 21 heures non-stop », confie Mariane Benoît.

TÉMOIGNAGE

MARIANE BENOÎT, OPEA SUR L’OP4 2024 (NOV. / DÉC. 2024) ET ANCIENNE

CHEFFE DE DISTRICT DE CROZET

« Après avoir été cheffe de district sur Crozet, je suis retournée au siège des TAAF en tant que coordinatrice d’équipes de terrain, c’est là qu’on m’a formée pour devenir OPEA en 2023. Pour moi, il s’agit d’un métier qui demande beaucoup d’écoute, mais aussi une certaine autorité puisqu’on ne peut pas répondre à toutes les demandes. Il faut savoir dire non en fonction des priorités, au risque de mettre tout le monde en danger au cours de la mission.

Il faut aussi avoir une bonne capacité d’adaptation et être capable de changer de plan le jour J, le temps pouvant devenir catastrophique en quelques heures au point de nous empêcher de faire ce qui était prévu. Cela peut par exemple arriver d’avoir à poser une équipe en hélico sur un site, mais de ne pas pouvoir la chercher à cause d’un changement météo, la forçant à trouver un refuge à pied. »

Le Marion Dufresne au mouillage dans la Baie du Marin à Crozet, qui abrite une importante manchotière. © Lucie Pichot

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TERRE OUTRE-MER

ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT MARIN

– Allez, tu prends une plante. Qu’est-ce que c’est comme plante ?

– Du manioc marron.

– Tu peux emmener, s’il te plaît, les pelles et la pioche sur la plage. On va végétaliser quel côté de la plage ? Là-bas ? Donc allez-y.

Véronique Léandre est enseignante en classe de CM2 à l’école de Saint-Leu Centre, à La Réunion. Sur la plage, en face de son établissement, elle travaille avec ses élèves sur une aire marine éducative. Cela consiste à gérer de manière participative une petite portion de la plage et du lagon. « Cette année, nous mettons l’accent sur la végétalisation de la plage. Pour limiter l’érosion de la plage, il faut la végétaliser avec des espèces endémiques et indigènes de La Réunion, donc des arbustes comme le veloutier et le manioc marron en haut de plage et puis des lianes qui, elles, vont vraiment empêcher le sable de partir. »

En tant qu’enseignante, quel est l’intérêt pédagogique de travailler avec une aire marine éducative (AME) ?

« C’est un projet qui amène les élèves à être actifs, à s’investir et à être dans des apprentissages solides, puisqu’ils mettent du sens sur ce qu’ils apprennent. »

– On est en train de creuser un trou, pour ensuite planter le manioc marron.

– Ça vous plaît les enfants de faire ça ?

– Oui, j’adore.

– Qu’est-ce que vous aimez ?

– Là, on travaille, mais en fait on travaille sans s’en rendre compte. Donc on apprend plein de trucs, mais on ne s’en rend même pas compte !

– Les copains, vous êtes là pour me corriger, ça, c’est un raisin de mer ?

– Oui, c’est un raisin de mer, c’est exotique, ça a été amené par l’Homme, et s’il y en a, ben faut pas les planter...

La première aire marine éducative est née aux Marquises en 2012. Alors qu’une grande aire marine protégée était en train d’être mise en place dans l’archipel, les enfants ont réclamé leur propre aire marine éducative.

– Alors bonjour, moi, c’est Pauline Gaud, chargée d’animation au Centre d’étude et de découverte des tortues marines. Et donc, le CEDTM travaille sur la réhabilitation des plages de ponte. Les enfants, ça veut dire quoi, selon vous, la réhabilitation ?

– Vous essayez que les tortues reviennent pondre sur les plages ?

Oui, vous allez déjà entendu parler d’espèce migratrice ? Ça veut dire qu’il y a une zone où la tortue s’alimente et grandit, et une autre où elle se reproduit. SonGPSpourrevenirn’estpastrèsprécis.Arrivéeprès de La Réunion, elle va essayer de retrouver l’odeur de la plage où elle est née. On plante ces végétaux, car ils étaient présents sur place quand la tortue est née.

– L’atelier de granulométrie, qui est-ce qui veut en parler ? Je t’écoute...

En plus des interventions de scientifiques et d’associations, les aires marines éducatives permettent de mettre en application le programme scolaire. Aujourd’hui, il y a des AME dans de nombreuses écoles d’outre-mer comme de l’Hexagone.

Visuel
:
© Valentine Dubois

POLYNÉSIE FRANÇAISE

L’OBSERVATION DES BALEINES A-T-ELLE TROUVÉ SES LIMITES ?

De fin juin à fin novembre, les mégaptères remontent progressivement des Australes jusqu’aux Marquises, occupant de préférence les zones protégées des prédateurs du baleineau, tels que les requins ou les orques. © Mata Tohora

créé en 2002, le Sanctuaire deS MaMMifèreS MarinS de PolynéSie françaiSe accueille une vingtaine d ’eSPèceS de baleineS et de dauPhinS Sur ce territoire vaSte coMMe l’euroPe, ce qui caractériSe une diver S ité biologique élevée . M ai S le S baleine S à bo SS e S ont victi M e S de leur S uccè S à t ahiti et M oorea , où elle S S ont S an S ce SS e dérangée S Par le S activité S « d ’ ob S ervation »…

« Laissez les baleines en paix ». Cette inscription en grandes lettres blanches sur un mur du littoral de Punaauia, sur la côte ouest de Tahiti, traduit l’irritation grandissante face au succès – et aux dérives – de l’activité de « whale watching », l’observation des baleines, en Polynésie française. Avec 21 espèces de baleines à fanons, de baleines à bec et de dauphins recensées, les résidents et les touristes sont de plus en plus nombreux à observer les cétacés en mer. Cette activité commerciale a débuté en 1992 avec un seul opérateur, mais depuis une quinzaine d’années, les activités touristiques d’observation des mégaptères connaissent une croissance exponentielle, avec 45 prestataires en 2019, dont 29 bateaux à Moorea, l’île sœur de Tahiti. En 2024, on atteint une cinquantaine de bateaux de prestataires autorisés par la Direction de l’Environnement, auxquels s’ajoutent les plaisanciers

DES BALEINES… AGACÉES

Le docteur Agnès Benet, biologiste marin et fondatrice de l’association Mata Tohora, a réalisé une étude sur l’impact des activités humaines sur les populations de baleines à bosse pendant la phase de reproduction à Tahiti et Moorea, puis une autre à Bora-Bora.

Neuf réponses comportementales sont répertoriées : l’acceptation et l’indifférence (absence d’impact négatif), la fuite, le déplacement vers le large, la sonde suivie d’un déplacement, le changement de direction, la mise en déplacement, la mise en sécurité du baleineau et le saut suivi d’un déplacement. « En moyenne, dans 64% (Tahiti) et 57% (Moorea) des cas, les baleines montrent des signes de dérangement significatifs », révèle l’étude réalisée en 2019 pour le compte de la Direction polynésienne de l’Environnement

RESPONSABILISER LES PRESTATAIRES

Les huit dernières réactions présentent « un impact négatif très dommageable » pour les baleines à bosse car cela implique, entre autres, une perte d’énergie élevée et une mise en danger du baleineau. Le Code de l’environnement indique que les déplacements doivent se faire à moins de trois nœuds dans la zone d’observation au-delà de 300 mètres autour des cétacés, mais nombre d’observateurs transgressent les règles.

En plus du Code de l’environnement, certains whale watchers labellisés s’engagent désormais à respecter des règles d’approche écoresponsables.

Rédaction : Damien Grivois

POUR UN TOURISME RESPONSABLE

« 28 minutes de quiétude pour les baleines et leur nouveau-né sur 12 heures, entre 6h et 18h avec plus de 100 personnes dans l’eau autour d’un baleineau juste né ! Telle est la triste réalité d’une activité de loisir en pleine explosion... » Mata Tohora a lancé, sur la plateforme Mes Opinions, une pétition afin que cesse le harcèlement des baleines par des observateurs qui, très souvent, s’affranchissent des règles pourtant précises d’approche. Près de la moitié des baleines observées au repos sont remises en déplacement vers le large par le dérangement de l’Homme, exposant le baleineau au danger des prédateurs. Mata Tohora a créé un label pour les prestataires désireux de faire découvrir les cétacés dans le plus grand respect.

+ d’info ici : Pétition en ligne de Mata Tohora

UNE BALEINE JUVÉNILE PERCUTÉE

PAR UN NAVIRE SUCCOMBE À SES

BLESSURES LE 8 OCTOBRE À TAHITI

Mâchoire supérieure arrachée, évent endommagé. Ce juvénile a été signalé au large du récif de Papeete, puis s’est noyé. Mata Tohora porte plainte pour savoir ce qu’il s’est passé et éviter qu’un tel accident ne se reproduise.

TÉMOIGNAGE

ALIZÉE GANNE, BÉNÉVOLE AU SEIN DE MATA TOHORA DEPUIS SIX ANS

« Concernant l’observation des baleines, il y a de plus en plus de prestataires, que ce soit à Tahiti ou à Moorea. Ça pose problème dans le sens où ça suppose de plus en plus de bateaux auprès des baleines. La réglementation devrait changer en fin d’année 2024, avec la mise en place de quotas, mais nous n’en savons pas davantage. S’agira-t-il d’un quota global, d’un quota par île ou d’un gel du nombre de prestataires ? Les entreprises de whale watching pouvaient exploiter deux bateaux, elles n’auront désormais plus le droit que d’en utiliser un seul.

Je peux constater que les règles d’approche des baleines et des dauphins ne sont pas respectées lorsque je suis sur l’eau, ou même depuis mon domicile sur la côte ouest de Tahiti. Ces infractions concernent aussi bien des entreprises de whale watching que des particuliers. Le plus souvent, ce sont les distances qui sont le moins respectées, et ensuite, c’est la vitesse des embarcations. Souvent, quand les bateaux repartent, ils mettent les gaz rapidement, alors qu’au contraire, il faudrait garder un régime moteur le plus bas possible, et s’éloigner à l’allure de trois nœuds.

J’ai rarement constaté des observations de baleines dans le lagon – ce qui est interdit – mais je sais qu’à Moorea, c’est déjà arrivé. Les prestataires connaissent cette consigne et ils la respectent. D’après les études menées depuis des années par Mata Tohora, on constate que les baleines sont dérangées à partir de trois bateaux sur place. »

Ci-contre : un bateau et des nageurs bien trop près d’une baleine à bosse, au large du récif à Tahiti. | Une vingtaine de nageurs à proximité immédiate d’une baleine et de son petit. L’exemple d’une « mise à l’eau scandaleuse », dénonce l’association. © Mata Tohora

Observer une baleine et son baleineau sous l’eau est une expérience extraordinaire si l’approche, comme ici, est respectueuse des animaux.

L’auteur de cette photographie, le Docteur Olivier Betremieux, est vétérinaire bénévole pour Mata Tohora. © Real life is underwater

LE FONDS VERT « STOPPE L’EXTINCTION »

D’OISEAUX

ENDÉMIQUES EN POLYNÉSIE FRANÇAISE

P orté Par l ’ a SS ociation S o P M anu , le P rojet « S to P e xtinction », financé Par le f ond S v ert , a P our a M bition de S ortir le S cinq e SP

françai S e de la SP irale d ’ extinction dan S laquelle elle S S e trouvent actuelle M ent .

LE FONDS VERT, UN DISPOSITIF INÉDIT

DÉPLOYÉ PAR L’ÉTAT

Mis en œuvre depuis janvier 2023, le Fonds vert est un dispositif inédit créé pour accélérer la transition écologique dans les territoires. Porteur d’une ambition forte, le Fonds Vert soutient notamment des projets visant à sauvegarder des espèces menacées, à réduire les pressions sur la biodiversité ou encore à restaurer les habitats de ces espèces pour inverser la trajectoire du déclin de la biodiversité.

La Polynésie française, composée de 118 îles, bénéficie d’un patrimoine naturel d’une richesse spécifique aux milieux insulaires… mais particulièrement fragile. À ce jour, 50 espèces d’oiseaux endémiques ont déjà disparu, principalement en raison de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes qui en prédatent les œufs ou les poussins. Aujourd’hui, 30 espèces d’oiseaux endémiques sont toujours présentes, dont 20 particulièrement menacées et 10 risquant de disparaître à court terme. Parmi ces dernières, le projet Stop Extinction répond à l’urgence de sauvegarder les cinq espèces comptant moins de 200 individus.

TÉMOIGNAGE

CAROLINE BLANVILLAIN, COORDINATRICE DU PROJET STOP EXTINCTION PORTÉ

PAR LA SOCIÉTÉ D’ORNITHOLOGIE DE POLYNÉSIE (SOP) MANU

« Chacune de ces espèces a une histoire terrible, on n’a pas envie de les laisser disparaître dans l’indifférence générale. Et puis ces oiseaux représentent un trésor irremplaçable pour la Polynésie française et pour la Terre en général. S’ils disparaissent, on ne pourra pas revenir en arrière. Avec le projet Stop Extinction, dont les trois premières années sont rendues possibles par le Fonds vert, et dont la continuité sera garantie par un projet européen Life, nous avons enfin les moyens de nous mobiliser pour tenter de sauver ces espèces. De manière plus générale, il s’agit de réapprendre à vivre ensemble sur nos îles, en harmonie avec la nature. »

Vétérinaire et biologiste, auteure du Guide des oiseaux de Polynésie française, Caroline Blanvillain a consacré 25 ans de sa vie à la sauvegarde des oiseaux en Polynésie. À titre d’exemple, ses travaux sur le ‘ōmāma’o (monarque) de Tahiti ont permis de remonter les effectifs de 21 individus connus en 1998 à 148 en 2023.

POPULATION ACTUELLE : 19 INDIVIDUS

LE MONARQUE DE FATU HIVA ( POMAREA WHITNEYI)

Présent uniquement sur l’île de Fatu Hiva, dans l’archipel des Marquises, sa population ne compte plus que quatre femelles capables de pondre. Par ailleurs, les jeunes oisillons parviennent rarement à l’âge adulte car, sujets au stress, ils deviennent sensibles à la malaria aviaire et meurent avant de pouvoir se reproduire. L’UICN a placé cet oiseau sur la liste des 100 espèces les plus menacées au monde ! Avec l’accompagnement du Fonds Vert, l’association Manu a notamment pu initier un élevage en captivité des jeunes oisillons dans l’optique de les relâcher à l’âge adulte, lorsqu’ils seront suffisamment forts pour survivre.

LE MONARQUE DE TAHITI ( POMAREA NIGRA)

POPULATION ACTUELLE : 148 INDIVIDUS

Au début des années 2000, l’espèce ne comptait plus que 21 individus. Grâce aux actions mises en place par Manu ces 25 dernières années, en particulier à travers la dératisation, la population a été multipliée par sept. Le Fonds Vert va permettre d’étudier la faisabilité de dératiser l’île de Me’eti’a, située à une vingtaine de kilomètres de Tahiti et qui représenterait un habitat idéal supplémentaire pour le monarque de Tahiti.

© Benjamin Ignace
© Alain Petit

POPULATION ACTUELLE : 160 INDIVIDUS

LE PTILOPE DE RAPA ( PTILINOPUS HUTTONI)

Le ptilope de Rapa ne vit que sur l’île très isolée de Rapa, la plus à l’est de l’archipel des Australes et la plus méridionale de la Polynésie française. Cet oiseau souffre d’une destruction de ses habitats, en particulier en raison des pins Caraïbes ou des goyaviers de Chine particulièrement envahissants, qui étouffent les forêts indigènes de l’île. Pour sauvegarder la forêt endémique, l’association Manu a initié des actions de coupe de goyaviers de Chine, et installé des enclos pour empêcher les chèvres de disséminer leurs graines. Des comptages d’oiseaux en zones protégées et non protégées ont été effectués grâce aux Fonds Vert et permettront de mesurer l’efficacité des actions mises en œuvre.

© Roberto Luta

POPULATION ACTUELLE :

200 INDIVIDUS

LA GALLICOLOMBE ERYTHROPTÈRE ( ALOPECOENAS ERYTHROPTERUS)

La « tutururu » était présente sur au moins 24 îles et atolls des archipels de la Société et des Tuamotu-Gambier. Aujourd’hui, l’espèce ne subsiste plus que sur trois petits atolls inhabités du groupe Actéon, aux Tuamotu. La réintroduire sur l’île de Temoe augmentera ses chances de survivre aux aléas du changement climatique, aux tsunamis et à l’arrivée de pathogènes.

LE PUFFIN DE RAPA ( PUFFINUS MYRTAE)

POPULATION ACTUELLE : 120 INDIVIDUS

Il est le seul oiseau marin strictement endémique de Polynésie française. Sa population est estimée aujourd’hui à moins de 60 couples. La prédation des nids par les rongeurs et la destruction des habitats par les chèvres sont les premières causes du déclin de l’espèce. Le Fonds Vert a permis de dératiser manuellement deux motus à Rapa, où étaient présents les puffins. Les résultats devraient être visibles dès l’année prochaine. + d’info ici : https://www.manu.pf/stop-extinction/ Le Fonds Vert en Polynésie française

Rédaction
Lucie
Labbouz ©
Caroline Blanvillain ©
Caroline Blanvillain

NOUVELLECALÉDONIE

LE PARC PROVINCIAL ZOOLOGIQUE ET FORESTIER MICHEL CORBASSON APRÈS LES ÉMEUTES

Cette aire protégée au titre du Code de l’environnement est à la fois une réserve botanique, un arboretum et un parc zoologique.

S ur leS hauteur S de n ouMéa , Se cache une oaSiS de biodiverSité d ePuiS Sa création en 1962, le Parc Provincial Zoologique et foreStier Michel corba SSon conStitue un havre de Paix et un centre de con S ervation . i l re P ré S ente un lieu où la nature calédonienne e S t P rotégée et célébrée , abritant de S e SP èce S endé M ique S Par M i le S P lu S e M blé M atique S du territoire .

Aujourd’hui lieu de visite incontournable de la capitale, cet espace naturel de 36 hectares a été imaginé dans les années 60 par Michel Corbasson, ancien directeur des services des eaux et des forêts de Nouvelle-Calédonie. Il s’agissait d’abord de garantir la protection d’une des dernières parcelles de forêt sèche de Nouméa. « Michel Corbasson a été visionnaire, en comprenant que ce lambeau de forêt sèche allait probablement être le dernier sur Nouméa », raconte Aymeric Marchal, responsable technique du parc forestier. En effet, la forêt sèche a été négligée au profit de l’agriculture et de l’urbanisation.

Autrefois dominante sur la côte ouest de la Grande Terre, elle est à présent réduite à 2 % de sa superficie d’origine. Cette forêt dite sclérophylle, c’est-à-dire adaptée aux longues périodes de sécheresse et de chaleur, abrite une biodiversité unique avec plus de 400 espèces végétales et un taux d’endémicité de 60 %. Le Code de l’environnement de la province Sud, auquel est soumis le parc, implique des règles strictes pour la conservation des espèces et des écosystèmes. Chaque année, le parc réhabilite des parcelles de cette forêt menacée, en s’appuyant sur une pépinière pour assurer les plantations nécessaires à sa restauration.

Le parc abrite l’une des dernières parcelles de forêt sèche de la ville. Chaque année, cet

UNE ANNÉE 2024 CHAMBOULÉE, DES PROJETS REPORTÉS À LA SUITE DES ÉMEUTES EN NOUVELLE-CALÉDONIE

En prévision de 2024, l’équipe du Parc provincial zoologique et forestier Michel Corbasson avait planifié plusieurs projets ambitieux, dont notamment le réaménagement de l’aire de jeux pour enfants et la création d’un deck près de l’île des Lémuriens. Cependant, en raison des événements ayant sévi en Nouvelle-Calédonie en mai dernier, ces projets ont été reportés. Ils ne sont pas abandonnés, mais seront relancés lorsque la situation redeviendra plus stable

Les émeutes qui ont secoué le territoire ont impacté le parc provincial. Marianne Bonzon, sa responsable depuis 2022, rapporte que des intrusions ont eu lieu : « plusieurs animaux ont disparu, dont des biches, des roussettes noires et des grues du Japon ». En réponse, la sécurité a été renforcée, avec une surveillance 24 heures sur 24 pour prévenir de futurs incidents.

Malgré ces défis, l’équipe n’a jamais relâché ses efforts, les soigneurs ont continué à prendre soin des animaux. Avec la réouverture progressive du parc en août, les nourrissages pédagogiques ont repris. Ce lieu réunit plus de 600 animaux, dont 90 espèces de mammifères, de reptiles et d’oiseaux, pour beaucoup endémiques. Un refuge privilégié pour l’éducation et la sensibilisation à la préservation des espèces locales.

Rédaction : Manon Dejean

TÉMOIGNAGE

LISE GAVIN,

ANIMATRICE AU PARC

PROVINCIAL ZOOLOGIQUE ET FORESTIER MICHEL CORBASSON

« Durant la crise, j’ai rejoint l’équipe d’entretien pour participer à des tâches que je n’aurais jamais imaginé faire, comme la construction de decks. Les nourrissages pédagogiques ont dû réaménager leurs horaires, avec une fermeture avant la tombée de la nuit pour des raisons de sécurité. Une animation phare est celle des cagous, un oiseau emblématique du parc. Nous voulions qu’un maximum de personnes puissent y assister. Ces moments d’interaction sont essentiels pour les visiteurs, mais aussi pour les animaux. La crise nous demande également de nous adapter au public scolaire. Face à la baisse de fréquentation des écoles, l’équipe a décidé de se déplacer dans les établissements pour sensibiliser les enfants à la biodiversité calédonienne. Le métier se modifie et évolue au gré des aléas. » + d’info ici : Page Facebook du parc

Vue aérienne du parc, vestige de forêt primitive en ville. | On y observe des oiseaux comme le célèbre cagou (ci-dessus), des notous, loriquets, perruches à front rouge, corbeaux calédoniens, mais aussi des serpents, singes, lémuriens... L’équipe du parc participe ainsi « à la préservation et la réintroduction de certaines espèces en milieu sauvage et accueille chaque année environ 200 animaux sauvages endémiques, autochtones et parfois exotiques, dont une partie est relâchée après les soins des six soigneurs et deux aides-soigneurs qui travaillent quotidiennement dans le parc. »

WALLISET-FUTUNA

UN ÉTAT DE SANTÉ INQUIÉTANT POUR LES RÉCIFS CORALLIENS DE WALLIS

a ctuelle M ent en M i SS ion dan S l ’ archi P el , la biologi S te M arine S andrine j ob a SS ure de P ui S 2019 une S urveillance régulière de S récif S , nota MM ent au S ein du lagon de Walli S, qui Sont SouMiS à de fortS enjeux de P ré S ervation l e P oint S ur S e S ob S ervation S

TÉMOIGNAGE

SANDRINE JOB, INGÉNIEURE EN ENVIRONNEMENT MARIN, SPÉCIALISÉE DANS L’ÉTUDE DES RÉCIFS CORALLIENS

« À Alofi, les récifs sont restés stables. Ceux de Futuna sont en croissance, mais ceux de Wallis montrent un taux de mortalité important sur les récifs côtiers de l’île, et moindre sur ceux qui avoisinent la barrière.

Plongée de suivi des récifs coralliens à Wallis. © Sandrine Job

Cette dégradation a très probablement pour cause le réchauffement anormal des eaux du début de l’année 2024. Un blanchissement corallien important a en effet touché les récifs de Wallis, qui possède un lagon peu profond où les eaux se réchauffent rapidement. À l’inverse, les récifs de Futuna et Alofi, sous influence directe des eaux océaniques, sont demeurés dans le même état de conservation.

Le principal paramètre nous renseignant sur la vitalité des récifs est la couverture en coraux durs. De cela dépend l’abondance et la richesse des invertébrés –oursins, bêches de mer… – et des poissons. Rappelons que les récifs coralliens, de même que les herbiers marins, ont une importance capitale en tant qu’habitats, nurseries ou frayères de nombreuses espèces marines. Ils sont une source de nourriture, protègent nos côtes et jouent un rôle dans la régulation du climat.

Merci au Service territorial de l’environnement (STE) pour son accompagnement lors de cette mission que l’on espère dorénavant poursuivre à un rythme biannuel, afin de mieux comprendre le fonctionnement et la résilience des récifs de Wallis-et-Futuna face au changement climatique. »

Rédaction : Stéphanie Castre

Ci-dessus, une des zones de suivi des récifs et des herbiers de Wallis, à proximité de la zone portuaire de Mata’Utu. Le suivi « Feo » (« corail » en wallisien), financé par l’IFRECOR, comprend 12 stations de surveillance des récifs (huit à Wallis, deux à Alofi et deux à Futuna) ainsi que quatre stations de suivi des herbiers à Wallis. Les inventaires portent sur des listes d’espèces restreintes choisies par les agents du STE, qui donnent un message fort sur l’état de conservation des récifs et leur exploitation par l’homme. © William Roman

Ci-dessus : autour de l’île de Futuna (à gauche), les coraux ont peu souffert du blanchissement, tandis qu’à Wallis (à droite) la canicule marine a été dévastatrice pour les coraux durs et mous. © Sandrine Job

Fédérer l ’ outre-Mer, FavoriSer leS éChangeS, Mettre en

leS aCteurS de

leS initiativeS pour la proteCtion de la

et le développeMent

Un support proposé par aux Éditions Insulae 7 chemin Léona Revest - 97417 La Montagne, île de la Réunion

Stéphanie Castre, directrice de publication | oceindia@icloud.com

Rédaction : Stéphanie Castre, Lucie Labbouz, Romy Loublier, Axelle Dorville, Enzo Dubesset, Mariane Aimar, Sandrine Chopot, Pierre-Yves Fouché, Damien Grivois, Anne-Claire Pophillat, Manon Dejean, Mathilde Edmond-Mariette Minoton, Béatrice Tevanee, Igor Rembotte, Marie-Laure Chaurand, Caroline Marie Conception graphique : Océindia

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